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UNIVERSITE PARIS 12 VAL-DE-MARNE
FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL
******************
ANNEE 2010 N°
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT
DE
DOCTEUR EN MEDECINE
Discipline : Neurologie
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Présentée et soutenue publiquement le 22 octobre 2010
A
Créteil
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Par Magalie RABIN
Née le 03 janvier 1981 à Villeneuve Saint Georges
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POLYRADICULONEUROPATHIES INFLAMMATOIRES DEMYELINISANTES
CHRONIQUES :
RECHERCHE DE FACTEURS PREDICTIFS DE SEVRAGE THERAPEUTIQUE
JURY : PRESIDENT : Mr le Professeur Alain Créange
MEMBRES : Mme le Docteur Karine Viala
Mr le Professeur Emmanuel Fournier
Mr le Professeur Jean Michel Vallat
PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA
Mr le Professeur Alain Créange BIBLIOTHEQUE
UNIVERSITAIRE
DIRECTRICE DE THESE :
Mme le Docteur Karine Viala
Signature du Président de thèse Cachet de la bibliothèque
universitaire
2
REMERCIEMENTS
Pr Alain Créange : je vous remercie d’avoir accepté de présider le jury de ma thèse, et surtout
de votre participation à ma formation de neurologue, via votre rénovation récente de
l’organisation des cours du DES de neurologie.
Pr Emmanuel Fournier : je vous remercie d’avoir accepté de juger ce travail, et de ce que vous
m’avez enseigné dans le service.
Pr Jean Michel Vallat : je vous remercie d’avoir accepté de participer à mon jury de thèse, et
de votre accueil durant mon stage en inter-CHU dans votre service.
Dr Karine Viala : je te remercie de m’avoir proposé ce travail de thèse, et de tous les conseils
que tu m’as donnés pour mener le projet à terme. J’ai beaucoup apprécié de faire cette étude
avec toi, et j’espère qu’on aura à nouveau l’occasion de travailler ensemble sur un projet :
peut-être au cours d’une étude multicentrique quand je serai sur Limoges ?
Dr Gurkan Mutlu: je te remercie pour l’aide que tu m’as fournie pour la partie statistique de
ce travail de thèse, et pour tes nombreuses explications qui m’ont bien éclairé.
Anita, du laboratoire Sanofi Aventis: je vous remercie pour l'impression de mes exemplaires
de thèse, et pour votre bonne humeur permanente.
Dr Gaël Gallouedec, Dr Mohamed Khalil, Pr Laurent Magy, et Jean Pierre Gros: je vous
remercie de m’avoir initié à l’EMG, dans une ambiance très chaleureuse, lors de mon stage à
Limoges.
Merci à toute l’équipe du service de neurophysiologie du CHU Pitié Salpétrière pour ses six
mois passés en votre agréable compagnie. Et en particulier, un grand merci au Dr Thierry
Maisonobe et au Dr Pierre Bouche pour tout ce qu’ils m’ont appris, pour leur grande
disponibilité et leur gentillesse.
Merci à mes anciens chefs de cliniques pour tout ce qu’ils m’ont transmis : Raphael De Paz,
Bertrand Degos, Timothée Lenglet, Fabien Louillet, Marc Teichmann…
3
REMERCIEMENTS
A Manu : « La vie c’est comme une boite de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va
tomber »… moi j’ai eu la chance de tomber sur toi : « un mec sympa, que sa bonté perdra » !
A mes parents, que je remercie particulièrement pour leur soutien pendant toutes ces années
d’études…
A Mathieu et Corinne, pour notre complicité.
A toute ma famille, et particulièrement à mes grand-mères : Paulette (pour tous ses petits
conseils contre le stress lors de mes examens !) et Germaine, et à ma tante Josiane.
Une pensée également à mes grands-pères, Jacques et Raymond, qui ne sont plus là
aujourd’hui…
A mes amis et anciens co-internes : Blandine et Lionel, Athmane, Rainui et Belinda, Jean
Marie et Marie, Clotilde et Vincent, Armelle et FX, Nadège, Rabab, Priscilla, Aurélie,
Phintip, Chi-Tuan, Béatrice… : pour tous les bons moments passés ensemble.
4
TABLE DES MATIERES
I-/ INTRODUCTION……………………………………………………………. 6
II-/ RAPPELS SUR LES POLYRADICULONEUROPATHIES INFLAMMATOIRES
DEMYELINISANTES CHRONIQUES (PIDC)………………………………. 7
1-/ PIDC : QUELQUES MOTS D’HISTORIQUE……………………………. 7
2-/ PHYSIOPATHOLOGIE……………………………………………………. 7
3-/ EPIDEMIOLOGIE………………………………………………………….. 9
4-/ SIGNES CLINIQUES………………………………………………………. 12
5-/ PARAMETRES ELECTROPHYSIOLOGIQUES……………………….. 16
A-/ Electroneuromyogramme…………………………………… 16
B-/ Potentiels évoqués…………………………………………… 19
6-/ PARAMETRES BIOLOGIQUES………………………………………….. 19
7-/ PARAMETRES ANATOMOPATHOLOGIQUES………………………. 20
8-/ PARAMETRES D’IMAGERIE……………………………………………. 21
9-/ CRITERES DIAGNOSTIQUES……………………………………………. 22
10-/ HISTOIRE NATURELLE – PRONOSTIC………………………………. 27
A- Formes évolutives ……………………………………………. 27
B- Pronostic fonctionnel ………………………………………… 28
C- Facteurs pronostiques ……………………………………….. 29
11-/ THERAPEUTIQUE ……………………………………………………….. 32
A- Traitements conventionnels …………………………………. 32
B- Autres traitements …………………………………………… 35
C- Réponse au traitement selon la forme clinique…………….. 36
D- Notion de dépendance……………………………………….. 38
5
III-/ MATERIEL ET METHODES ……………………………………………. 39
IV-/ RESULTATS ……………………………………………………………….. 46
V-/ DISCUSSION ……………………………………………………………….. 65
VI-/ CONCLUSION …………………………………………………………….. 73
ANNEXES……………………………………………………………………….. 74
BIBLIOGRAPHIE .......…………………………………………………………. 77
ABREVIATIONS………………………………………………………………... 86
RESUME ...………………………………………………………………………. 87
6
I-/ INTRODUCTION
Les PIDC (Polyradiculoneuropathies Inflammatoires Démyélinisantes Chroniques) sont les
plus fréquentes des neuropathies dysimmunitaires chroniques. Elles sont néanmoins rares,
avec une prévalence estimée à 1-8,9 / 100 000 habitants (35,37)
La présentation clinique est hétérogène. Les premiers critères diagnostiques, proposés par
l’American Academy of Neurology (AAN) en 1991 (1), ont été discutés ces vingt dernières
années, leur caractère restrictif ayant été souligné. En 2006, un consortium européen a
proposé de nouveaux critères tenant compte de l’évolution du concept des PIDC. Ces critères
ont été actualisés en 2010 (66). Le diagnostic repose sur des éléments cliniques,
électrophysiologiques, biologiques, et parfois anatomo-pathologiques (biopsie nerveuse).
Sur le plan thérapeutique, trois traitements ont fait preuve de leur efficacité : la
corticothérapie, les immunoglobulines intraveineuses (IgIV), et les échanges plasmatiques
(EP). Néanmoins, parmi les patients traités, environ 40% sont dépendants du traitement (72),
avec la survenue d’une réapparition des symptômes à l’arrêt ou en cas de baisse du traitement
(espacement des cures d’IgIV ou des séances d’EP, diminution de la posologie des
corticoïdes).
La dépendance au traitement a une répercussion individuelle sur le malade en terme de qualité
de vie (fréquences des hospitalisations, absentéisme professionnel, exposition aux
complications et effets secondaires d’un traitement chronique, facteurs psychologiques…).
Cela constitue également un problème de santé publique inhérent au coût élevé des
traitements utilisés. Pourtant peu d’équipes se sont intéressées à cette problématique, et
jusqu’à présent les études thérapeutiques se sont concentrées sur l’efficacité des traitements.
L’objectif de ce travail est de rechercher s’il existe des facteurs prédictifs cliniques,
biologiques, ou électrophysiologiques, d’un sevrage en traitement conventionnel des PIDC
(corticoïdes, IgIV ou EP), sans rechute dans les 2 ans suivants l’arrêt du traitement.
Nous ferons dans un premier temps un rappel général sur les PIDC avant d’aborder dans une
seconde partie, le travail rétrospectif que nous avons mené.
7
II-/ RAPPELS SUR LES PIDC
1-/ PIDC : QUELQUES MOTS D’HISTORIQUE…
En 1859, Octave Landry rapporte un premier cas de « paralysie ascendante », puis en 1916,
l’équipe de Guillain G et Barré JA décrit deux autres patients présentant une symptomatologie
similaire, et met en évidence l’existence d’une dissociation albumino-cytologique à la
ponction lombaire.
Les premiers cas de polynévrites récurrentes sont rapportés dans les années 1890.
En 1953, Guillain G (18) rapporte des cas de neuropathies ascendantes démyélinisantes
d’évolution récurrentes ou chroniques ; puis Austin JH (2) montre une efficacité de la
corticothérapie dans certaines formes récurrentes de neuropathies ascendantes
démyélinisantes.
En 1969 « Thomas et al », décrit 5 patients présentant un syndrome de Guillain barré
chronique à rechute. (63)
Le terme de « polyradiculoneuropathie inflammatoire chronique » est utilisé pour la première
fois en 1975 par « Dyck et al », avec la description de 53 patients. (10)
2-/ PHYSIOPATHOLOGIE DES PIDC
Les PIDC sont considérées comme des maladies auto-immunes à médiation cellulaire et
humorale. Les différentes étapes de la pathogénèse, selon les connaissances actuelles sont
décrites dans deux revues de la littérature sur les PIDC (23, 64) :
1- Présentation, par les macrophages, d’un antigène aux lymphocytes T, dans le
compartiment systémique. A noter qu’actuellement, aucun antigène spécifique n’a été
mis en évidence, en dehors de rares cas de PIDC associées à un mélanome.
8
2- Activation des lymphocytes T dans le compartiment systémique (comme en
témoigne l’augmentation des taux d’interleukine 2 et de TNF), cette population
cellulaire T activées étant hétérogène : CD4+ et CD8+.
3- Migration des lymphocytes T activés à travers la barrière sang-nerf, via l’interaction
de leurs molécules de surface avec les molécules d’adhésion présentes à la surface des
cellules endothéliales. L’augmentation des molécules d’adhésion et des
métalloprotéinases de la matrice extracellulaire, dans le LCR et sur les biopsies
nerveuses des patients présentant une PIDC, ainsi que la réduction du taux des
protéines de jonction (« tight-juncion proteins ») claudin-5 et ZO-1 mise en évidence
sur les biopsies de nerfs de patients atteints de PIDC, témoignent de cette migration
lymphocytaire.
4- Dans le compartiment nerveux périphérique, les lymphocytes T activeraient des
macrophages, à l’origine de la libération de molécules neurotoxiques (NO, radicaux
libres, métalloprotéases, cytokines pro-inflammatoires…), et d’une augmentation de
l’activité phagocytaire des macrophages dirigée contre les cellules de Schwann.
5- Un défaut de fonction des cellules T régulatrices pourrait être impliquée dans la
pathogenèse des PIDC.
6- Parallèlement, il existe une réponse humorale, comme en témoignent :
- la mise en évidence de dépôts de compléments et d’immunoglobulines à la
surface des fibres nerveuses myélinisées,
- et l’induction d’une démyélinisation au niveau des nerfs de rats, après
injection intraneurale d’IgG purifiées issues de patients atteints de PIDC.
9
Schéma 1: Représentation schématique de la physiopathologie des PIDC (Hubertus Köller,
Bernd C. Kieseier, Sebastian Jander, and Hans-Peter Hartung. Chronic Inflammatory
Demyelinating Polyneuropathy. N Engl J Med 2005; 352:1343-56)
3-/ EPIDEMIOLOGIE
La prévalence des PIDC est estimée à 1,9-8.9/100 000 adultes selon les études.
Cependant, les études déterminant la prévalence des PIDC ont été réalisées à partir des
critères diagnostiques de l’AAN de 1991, qui manquaient de sensibilité, à l’origine d’une sous
estimation du nombre de patients PIDC. (28, 35, 37, 39, 41)
Seule l’équipe de « Rajabally et al » a publié en 2009 une étude épidémiologique sur une
population de 963 600 habitants (Leceistershir et Rutland, UK) en comparant la prévalence de
la PIDC selon les critères diagnostiques utilisés : pour cette population, la prévalence était de
1,97 /100 000 habitants avec les critères diagnostiques de l’AAN de 1991, et de 4,77 /
100 000 habitants en utilisant les critères de l’EFNS/PNS1 (51).
1 European Federation of Neurological Societies / Peripheral Nerve Society
10
Plusieurs études descriptives, portant sur des séries de 50 à 100 patients présentant une PIDC
(7, 10, 38, 40), ont mis en évidence les caractéristiques épidémiologiques suivantes:
- Légère prédominance masculine, avec un sexe ratio homme/femme de 1,5.
- Age moyen des patients au début de la maladie : 45 à 50 ans.
- Antécédent d’infection durant la période précédant le début de la maladie noté
chez 5 à 30% des patients selon les études.
Pathologies associées : La plupart des PIDC sont idiopathiques. Cependant elles peuvent être
associées à une autre pathologie, telle:
- Un diabète : L’équipe de « Sharma et al » a montré, sur une cohorte de 1127 patients
consultant en électrophysiologie (dont 49 présentaient une PIDC), que la fréquence de
PIDC était 11 fois plus élevée chez les patients diabétiques que chez les non
diabétiques, sans différence quel que soit le type de diabète. (57)
Cependant, 2 études épidémiologiques récentes montrent que le risque de développer
une PIDC n’est pas significativement augmenté chez les patients diabétiques par
rapport aux non diabétiques :
- L’équipe de « Laughlin et al » : sur une série de 23 patients présentant une PIDC,
1 seul était diabétique, soit 4% de la série ce qui correspondait au taux de diabète
de la population générale. (35)
- L’équipe de « Chio et al » : sur une série de 155 patients présentant une PIDC, 14
avaient un diabète, ce qui correspondait au nombre de patients diabétiques
attendus dans la population étudiée (Piémont et Vallée d’Aoste). (8)
A noter par ailleurs qu’aucun lien physiopathologique n’est actuellement établi entre le
diabète et la PIDC.
- Une gammapathie monoclonale : une immunoglobuline monoclonale est mise en
évidence chez environ 20% des patients ayant une PIDC. (16, 38)
- Un lymphome (Hodgkinien ou non Hodgkinien) : l’équipe de « Viala et al » a
rapporté une série de 26 patients ayant un lymphome et présentant une neuropathie
d’origine non iatrogène, et non liée à une activité anti-MAG. Parmi ces patients, 50%
avaient une polyneuropathie démyélinisante, tandis que 27% avaient une
11
radiculopathie d’origine infiltrative tumorale, et 23% une mononeuropathie multiple
axonale. Parmi les 13 patients ayant une polyneuropathie démyélinisante, 7 avaient un
lymphome B indolent, 4 une maladie de Hodgkin, et 2 un lymphome T. (71)
- Un cancer solide : Dans la littérature, on ne trouve que des observations de cas isolés.
Aucune série, ni revue de la littérature, n’est rapportée concernant l’association des
PIDC et des cancers solides.
- Une maladie systémique (sarcoïdose, connectivites)
- Une atteinte inflammatoire du système nerveux central (SNC) : peu de séries de
patients présentant une PIDC associée à une atteinte du SNC sont rapportées dans la
littérature. L’équipe de « Zéphir et al » a rapporté cinq patients présentant une sclérose
en plaque (SEP, définie selon les critères de Mac Donald) associée à une PIDC
(définie selon les critères de l’EFNS/PNS 2006). Chez ces cinq patients, les
manifestations neurologiques centrales ont précédé les symptômes périphériques de
plusieurs années (entre 2 et 23 ans). La particularité de ces patients est l’absence de
bandes oligoclonales mise en évidence dans le LCR. L’article reprend également les
case report décrivant des patients avec une atteinte démyélinisante du système nerveux
central et périphérique, où on note sur 15 patients avec analyse du LCR, une absence
de bandes oligoclonales chez 11 patients, alors que des bandes oligoclonales sont
classiquement présentes chez 90% des patients atteints de sclérose en plaque. (75)
La fréquence de l’association d’une PIDC et d’une atteinte du SNC est mal connue.
Dans la série de 100 patients présentant une PIDC rapportés par l’équipe de
« Bouchard C. et al », 5 patients avaient des manifestations neurologiques centrales,
dont 3 avaient des hypersignaux T2 périventriculaires à l’IRM. (7)
L’équipe de « Mendell et al » avait montré en 1987, sur une série de 16 patients ayant
une PIDC ayant une imagerie cérébrale à titre systématique, que des hypersignaux de
la substance blanche étaient présents chez 6 patients, dont 3 avaient une présentation
clinique compatible avec une SEP. (43)
A l’inverse, au sein d’une série de 150 patients atteints de SEP, l’équipe de « Zee et
al » a décrit 4 patients (3%) présentant une polyneuropathie démyélinisante (74).
12
- Une infection VIH : Les polyneuropathies sensitives axonales longueur-dépendantes
sont les plus fréquentes des neuropathies périphériques des patients VIH, mais on note
également des polyneuropathies inflammatoires démyélinisantes aigues (PIDA) et
chroniques (PIDC). Alors que les PIDA peuvent survenir à la phase de séroconversion,
les PIDC surviennent généralement à un stade plus avancé de la pathologie VIH (69).
- Une maladie de Lyme : aucune série de patients présentant une association entre
maladie de Lyme et PIDC n’a été rapporté jusque là à ma connaissance. Dans la
littérature, on retrouve seulement des descriptions de cas isolés.
- Une hépatite virale chronique, B ou C
4-/ SIGNES CLINIQUES DE LA PIDC
Par définition, dans les PIDC, la durée d’installation des symptômes doit être d’au moins 2
mois dans la définition classique, par opposition au syndrome de Guillain Barré (SGB).
Cependant des formes frontières ont été décrites par plusieurs auteurs, avec un mode de
présentation aigu ou subaigu, conduisant au diagnostic initial de syndrome de Guillain Barré,
secondairement remis en cause par l’évolution de la maladie (rechutes).
L’équipe japonaise de « Odaka et al » (46) décrit, parmi une série de 663 patients
diagnostiqués SGB, 11 patients (soit 1.7%) dont l’évolution ultérieure conduit finalement au
diagnostic de PIDC.
Dans la série de « Viala et al », ces formes sont retrouvées chez 8 des 146 patients PIDC
décrits (soit 5%) (72). La distinction entre le SGB et la PIDC à début aigu est d’autant plus
difficile qu’il existe parfois des fluctuations cliniques précoces chez les patients présentant un
SGB.
Aussi, l’équipe de « Ruts et al » (54) a réalisé une étude prospective à la recherche de facteurs
permettant de distinguer précocement les PIDC à début aigu, du syndrome de Guillain Barré
associés à des fluctuations cliniques précoces. Au cours de cette étude prospective, 164
patients ayant un diagnostic initial de syndrome de Guillain Barré ont été suivis sur une durée
de 1 an. Parmi ces patients, 8 (5%) ont finalement été individualisés comme présentant une
PIDC à début aigu, et 16 (10%) un syndrome de Guillain Barré associé à des fluctuations
cliniques précoces. Les facteurs identifiés dans cette étude permettant d’orienter précocement
13
vers une PIDC à début aigu plutôt que vers un syndrome de Guillain Barré associé à des
fluctuations précoces sont :
- La survenue du 1er
épisode de réaggravation clinique plus de 8 semaines après
le début de la maladie,
- Et /ou la survenue d’au moins 3 épisodes de réaggravation clinique
D’autant plus qu’il existe :
- Un déficit initial peu sévère (patient restant capable de marcher sans aide)
- Une absence d’anomalie des paires crâniennes
- Des anomalies ENMG « PIDC-like » (diminution des vitesses de conduction
motrice significativement plus fréquente dans le groupe de patients PIDC à
début aigu ; et pourcentage plus élevé d’autres anomalies de démyélinisation
sans significativité).
Il existe une hétérogénéité clinique importante, expliquant en partie les difficultés
diagnostiques.
Avant d’évoquer les différentes formes cliniques, il paraît essentiel de déterminer certains
signes cliniques particulièrement évocateurs de PIDC (25) :
- Déficit sensitivo-moteur affectant les 4 membres
- Déficit moteur proximal (fortement évocateur)
- Aréflexie ostéo-tendineuse généralisée
- Troubles sensitifs débutant aux membres supérieurs
- Atteinte associée d’un ou plusieurs nerfs crâniens
- Evolution par poussées (fortement évocateur)
14
Différentes formes cliniques :
- Forme classique :
Dans les séries de « Viala et al » (72), et de « Rotta et al » (53) cette forme représente
environ 50% des PIDC.
Elle se caractérise par un déficit sensitivo-moteur, à prédominance moteur, s’installant
sur au moins 2 mois, symétrique, impliquant les 4 membres, à la fois proximal et
distal. Une atteinte associée des nerfs crâniens est possible.
- Forme sensitive pure :
Dans leur ensemble, les formes sensitives pures représentent 5 à 15% des PIDC selon
les séries (10, 40, 47, 53).
Elles se caractérisent par une atteinte sensitive symétrique, distale, débutant soit aux
membres inférieurs, soit aux membres supérieurs, prédominant sur les grosses fibres,
avec au premier plan des paresthésies et une ataxie proprioceptive. Les réflexes ostéo-
tendineux (ROT) sont généralement diminués ou absents. La force motrice est
conservée.
Sur le plan électrophysiologique, 3 profils sont décrits :
- Un profil démyélinisant à l’étude de la conduction nerveuse motrice, retrouvé
dans 50% des formes sensitives pures de la série de « Viala et al » (72).
- Un profil électrophysiologique de type axonal, décrit par l’équipe de « Vallat
et al » chez 8 patients (issus d’une série de 44 patients ayant une PIDC) avec
un diagnostic anatomopathologique (biopsie nerveuse) de PIDC (65).
- Un profil avec étude de la conduction nerveuse normale, avec altération des
PES en faveur d’une atteinte démyélinisante proximale, de siège radiculaire
postérieure, dans 25% des cas. Ce troisième profil, décrit par l’équipe de
« Sinnreich et al » (60), est nommé CISP (Chronic Inflammatory Sensitive
Polyradiculopathy) dans la littérature.
- Forme motrice pure :
En 2001, l’équipe de « Sabatelli et al » (55) rapporte 4 patients présentant une forme
purement motrice de PIDC, issus d’une série de 49 patients atteints de PIDC (soit 8%),
répondant aux critères diagnostiques établis par l’AAN en 1991. Ces patients
15
présentent un déficit moteur proximal et distal, bilatéral, légèrement asymétrique, et
une abolition des ROT. Cette forme motrice pure se caractérise par l’absence d’atteinte
sensitive clinique, une étude électrophysiologique de la conduction sensitive normale,
et l’absence d’anomalie visible au niveau de la biopsie nerveuse (nerf sural). Durant la
période de suivi (1,5 à 14 ans), il n’est pas noté d’évolution vers une forme sensitivo-
motrice, les 4 patients gardant une forme motrice pure.
- Forme multifocale : le syndrome de Lewis et Sumner
En 1982, l’équipe de « Lewis et al » décrit 5 patients présentant une neuropathie
chronique, sensitivomotrice, asymétrique, multifocale, prédominante aux membres
supérieurs, parmi une série de 40 patients ayant une PIDC. Sur le plan
électrophysiologique, ces patients se caractérisent par la présence de blocs de
conduction moteurs multifocaux, persistants (36). Par la suite, d’autres équipes ont
rapportés des cas similaires, notamment l’équipe de « Verschueren et al » avec une
série de 13 patients, et l’équipe de « Viala et al » avec une série de 23 patients (70,
73).
Ces séries ont permis de déterminer notamment le mode de présentation initiale : dans
la série de « Viala et al », la symptomatologie débute au niveau d’un membre
supérieur chez 70% des patients. 74% des patients présentent un déficit unilatéral à la
phase initiale. La topographie du déficit est distale chez l’ensemble des patients de
cette série. Le déficit est initialement sensitivo-moteur chez 65% des patients, et
sensitif pur chez les 35% restants (par contre dans la série de « Verschueren et al », le
déficit initial est sensitif pur chez 8 sur 13, soit 61.5%). Sur le plan épidémiologique,
l’équipe de « Rajabally et al » observe une prévalence de 0,73 / 100 000 habitants pour
cette forme de PIDC, soit 15,2% des PIDC dans la population étudiée (51).
- DADS (Distal Acquired Demyelinating Symmetric Neuropathy) :
Les équipes de « Katz et al » (32) et de « Mygland et al » (45) ont décrit, parmi les
patients présentant une neuropathie démyélinisante symétrique acquise, un sous-
groupe présentant un déficit sensitif ou sensitivo-moteur, de topographie distale,
longueur-dépendante. Au sein de ces patients (DADS), une immunoglobuline
monoclonale est mise en évidence dans 2/3 des cas (majoritairement de type IgM),
associée à une activité anti-MAG dans 2/3 des cas. Cette forme clinique (DADS) peut
16
donc correspondre à deux entités : soit une neuropathie à anti-MAG (qui représenterait
50 à 70% des DADS), soit une variante clinique de PIDC.
- Au total, selon les critères établis par l’EFNS/PNS (66), une PIDC est cliniquement:
- typique s’il existe un déficit moteur symétrique proximal et distal, des troubles
sensitifs des 4 extrémités et une abolition (ou diminution) des réflexes ostéo-tendineux
des 4 membres, plus ou moins associés à une atteinte des paires crâniennes,
développés sur au moins 2 mois, et évoluant de façon récurrente ou progressive.
- atypique s’il existe une des atypies suivantes par rapport au tableau décrit ci-dessus :
- déficit prédominant en distal (DADS),
- déficit asymétrique (syndrome de Lewis et Sumner),
- déficit moteur pur
- déficit sensitif pur
5-/ PARAMETRES ELECTROPHYSIOLOGIQUES
A-/ Electroneuromyogramme (ENMG)
Selon les critères établis en 2006 par « l’European Federation of Neurological
Societies » (EFNS) et la « Peripheral Nerve Society » (PNS) et ré-actualisés en 2010,
(66) une PIDC « ENMG-définie » correspond à la mise en évidence d’au moins une
des anomalies évocatrices de démyélinisation, parmi celles décrites ci-dessous :
a) allongement de la latence distale motrice ≥ 50% de la limite supérieure de la
normale, sur au moins 2 nerfs ;
b) diminution de la vitesse de conduction motrice de ≥30% de la limite inférieure
de la normale sur au moins 2 nerfs ;
c) allongement de la latence des ondes F ≥ 20% de la limite supérieure de la
normale (ou ≥ 50% si l’amplitude distale du potentiel moteur est < 80% de la
limite inférieure de la normale) sur au moins 2 nerfs
d) absence d’onde F sur au moins deux nerfs (l’amplitude distale du potentiel
moteur devant être ≥20% de la limite inférieure de la normale sur ces 2 nerfs)
+ au moins un autre critère de démyélinisation1 sur au moins un autre nerf ;
17
e) présence d’un bloc de conduction (défini par une diminution d’au moins 50%
de l’amplitude du pic négatif du potentiel d’action moteur, lors de la
stimulation proximale par rapport à la stimulation distale ; l’amplitude distale
du potentiel moteur devant être ≥20% de la limite inférieure de la normale) sur
au moins 2 nerfs, ou sur 1 seul nerf + au moins un autre critère de
démyélinisation1 sur au moins un autre nerf
f) présence d’une dispersion temporelle (définie par un allongement de > 30% de
la durée du potentiel moteur proximal par rapport à celle du potentiel distal)
g) Allongement de la durée du potentiel moteur distal (intervalle entre le début du
1er
pic négatif et la fin du dernier pic négatif ≥ 6.6 ms pour le nerf médian, ≥
6.7 ms pour le nerf ulnaire, ≥ 7.6 ms pour le SPE, et ≥ 8.8 ms pour le SPI) sur
au moins 1 nerf + au moins un autre critère de démyélinisation 1
Les critères de PIDC « ENMG-probable » sont :
- la présence d’un bloc de conduction >30% (avec CMAP >20% LNI ; hors
nerf tibial postérieur) sur au moins 2 nerfs (en dehors du nerf sciatique
poplité interne),
- ou d’un bloc de conduction >30% sur 1 nerf + un autre critère de
démyélinisation 1.
Une PIDC est « ENMG-possible » si un critère de démyélinisation1 est mis en
évidence au niveau d’un seul nerf.
Une étude multicentrique européenne (49) a récemment permis de déterminer la
sensibilité et la spécificité de différents critères diagnostiques ENMG décrits dans la
littérature, dont les critères établis par l’EFNS/PNS en 2006. Les ENMG de 151
patients présentant une PIDC et de 162 patients (contrôle) avec une neuropathie
axonale ont été analysés en aveugle, et les patients ont été classés en utilisant
différents critères ENMG. Les critères d’inclusion dans le groupe PIDC étaient, dans
cette étude, la présence d’un déficit moteur proximal et distal se développant sur au
moins 2 mois, et évoluant de façon progressive ou par poussées. Les patients
1 parmi les critères « a à g ».
18
présentant un déficit moteur à prédominance distale, ou un syndrome de Lewis et
Sumner étaient également inclus, de même que les patients présentant une pathologie
associée de type diabète, ou Ig monoclonale (IgG, IgA, ou IgM sans activit anti-
MAG). A noter que les formes sensitives pures de PIDC n’étaient pas incluses dans
cette étude.
Cette étude a montré que les critères de l’EFNS/PNS offrent le « meilleur
compromis » actuellement, avec une sensibilité de 81.3% et une spécificité de 96.2%
pour le diagnostic de « PIDC définie ou probable », pour une étude de 4 nerfs moteurs
de façon unilatérale.
Selon les critères établis par l’EFNS/PNS, la classification électrophysiologique des
PIDC en 3 groupes - ENMG-définie, ENMG-probable, et ENMG-possible - repose
donc uniquement sur les données de l’étude de la conduction nerveuse motrice. Or,
des anomalies de la conduction nerveuse sensitive peuvent être évocatrices de PIDC:
- Altérations des potentiels d’action sensitifs prédominants aux membres
supérieurs,
- Réduction importante de la vitesse de conduction sensitive,
- Dissociation entre des troubles sensitifs marqués et des potentiels sensitifs
d’amplitude normale.
L’équipe de « Rajabally et al » (50) a récemment publié un article portant sur l’étude
de la conduction nerveuse sensitive chez 19 patients présentant une forme typique de
PIDC définie selon les critères EFNS/PNS de 2006 (25). La conduction sensitive chez
ces patients, était comparée à celle de 26 patients présentant une neuropathie sensitive
axonale longueur-dépendante. L’allongement de la durée du potentiel d’action sensitif
et la présence de blocs de conduction sensitifs sur les nerfs médians et suraux
apparaissent dans cette étude comme des marqueurs de démyélinisation plus
intéressants que le ralentissement de la vitesse de conduction sensitive, sur le plan
diagnostique. Selon cette étude, la mise en évidence d’un bloc de conduction sensitif
sur le nerf médian, ou d’un allongement de la durée du potentiel d’action sensitif au
niveau du nerf médian ou sural, a une sensibilité de 73,7% et une spécificité de 96,2%
pour le diagnostic de PIDC.
19
Il est également important de parler des limites de l’ENMG, cet examen étant pris en
défaut dans les cas suivants :
- Présence de lésions de démyélinisation de siège uniquement proximal des
voies motrices et/ou sensitives ;
- Existence dune perte axonale sévère masquant les signes de démyélinisation
B-/ Potentiels évoqués somesthésiques (PES)
Les PES permettent d’explorer le segment proximal des nerfs sensitifs périphériques,
non analysable par l’ENMG. Leur intérêt dans les PIDC est la possibilité de mise en
évidence d’anomalies de démyélinisation des segments proximaux, aidant au
diagnostic dans les formes atypiques, non « ENMG-définies ».
6-/ PARAMETRES BIOLOGIQUES : PONCTION LOMBAIRE
:
- Une dissociation albumino-cytologique (hyperprotéinorachie associée à <10
éléments nucléés/mm3) est mise en évidence dans 82 à 95% des cas selon les
séries, l’hyperprotéinorachie étant généralement modérée (en moyenne 1.3g/L). (5,
7,10, 16, 38)
- La normalité de la PL n’exclut en aucun cas le diagnostic de PIDC.
- A noter d’ailleurs qu’elle est normale dans 2/3 des cas environ chez les patients
avec une PIDC de forme multifocale (syndrome de Lewis et Sumner). (73)
20
7-/ PARAMETRES ANATOMOPATHOLOGIQUES
La biopsie nerveuse est réalisée au niveau d’un nerf sensitif (nerf sural, musculo-cutané
inférieur, ou radial superficiel). Le choix du nerf à biopsier est guidé par la clinique et
l’ENMG : il s’agit du nerf sensitif le plus atteint, de préférence au membre inférieur.
Les critères diagnostiques de PIDC à la biopsie nerveuse ont été définis par l’AAN en 1991 :
1- Critères majeurs :
- Présence certaine de lésions de démyélinisation / remyélinisation :
- par la technique de microscopie électronique sur au moins 5 fibres,
- ou par la technique de teasing sur plus de 12% des fibres
2- Critères mineurs :
- Œdème endo- ou périneural
- Infiltrats de cellules mononucléées (endo, péri, ou épi-neuraux)
- Prolifération schwanienne en bulbe d’oignon
- Variation importante du degré de démyélinisation des fibres d’un faisceau à
l’autre
3- Critères d’exclusion:
- Présence de lésions de vascularite, de dépôts amyloïdes, d’inclusions
intracytoplasmiques dans les cellules de Schwann ou les macrophages,
leucodystrophie métachromatique, d’axones dilatés par des neurofilaments,…
A noter que l’infiltrat inflammatoire (inconstant) est composé essentiellement de lymphocytes
T et de macrophages. La présence de clusters périvasculaires de macrophages (définis par le
groupement d’au moins 3 macrophages autour d’un vaisseau) au niveau de l’endonèvre est
particulièrement évocatrice de PIDC, comme l’a démontré l’équipe de « Sommer et al » (61)
en comparant les biopsies surales réalisées chez 65 patients présentant une PIDC ou une
neuropathie démyélinisante d’une autre nature : la présence d’au moins un cluster de
macrophages périvasculaire endoneural par faisceau oriente vers une PIDC (plutôt que vers
une neuropathie démyélinisante d’autre nature : héréditaire,…), avec une spécificité évaluée à
72% et une sensibilité à 75%.
21
Par ailleurs, la biopsie peut mettre en évidence (44):
- Des lésions de démyélinisation active :
- macrophages chargés de débris dans l’endonèvre
- fibres complètement démyélinisées sans signe de remyélinisation débutante
- Des lésions de dégénérescence axonale
L’équipe de « Bouchard et al » (7) a étudié, entre 1979 et 1994, une série de 100 patients
présentant une PIDC, à la recherche de facteurs pronostiques anatomopathologiques et
cliniques. Dans cette étude, parmi les 95 biopsies nerveuses réalisées, 68 montraient des
lésions purement démyélinisantes, 20 des lésions mixtes axonales et démyélinisantes, 5 des
lésions axonales prédominantes, et 2 étaient normales. La densité de fibres myélinisées était
inférieure à la moitié de la normale dans 47% des cas.
Il est cependant important de noter que la biopsie nerveuse a également ses limites : en effet,
sa normalité n’élimine pas le diagnostic de PIDC, les lésions de démyélinisation siégeant
parfois sur des segments proximaux, non accessibles à la biopsie.
8-/ PARAMETRES D’IMAGERIE
Critères à l’IRM
L’IRM des racines et plexus cervicaux et lombo-sacrés (séquences T1 + T2 + T1 gado,
coupes axiales et coronales) peut mettre en évidence une hypertrophie des racines et plexus
et/ou une prise de contraste des racines et plexus. Une étude réalisée en 1999 (14) portant sur
14 patients présentant une PIDC confirmée (selon les critères Ad Hoc Subcommunity 1991),
dont 11 avec une évolution récurrente-rémittente et 3 avec évolution progressive, avait montré
l’existence d’une hypertrophie des racines cervicales et du plexus brachial chez 8 patients.
Parmi ces 8 patients, 6 présentaient également une hypertrophie du plexus lombaire. Une prise
de contraste radiculaire ou plexique était mise en évidence chez 6 des 8 patients présentant
une hypertrophie des racines / plexus, et chez 1 patient sans hypertrophie. L’analyse des
caractéristiques cliniques des patients montrait une corrélation significative entre la durée
d’évolution de la maladie et la présence d’anomalie à l’IRM, avec des anomalies IRM plus
fréquentes pour une durée d’évolution plus longue de la maladie (15,9 +/- 14 ans dans le
groupe avec anomalies IRM contre 3,3 +/- 1,7 ans dans l’autre groupe). Par contre, aucune
corrélation ne fut démontrée entre l’âge des patients, leur sexe, le délai par rapport à la
22
poussée précédente, la sévérité de l’atteinte fonctionnelle, et l’existence ou non d’un
traitement en cours. Concernant le mode évolutif de la maladie, des anomalies IRM n’étaient
mises en évidence que dans le « groupe rémittent-récurrent », mais du fait d’un effectif de
patient trop réduit dans le « groupe progressif », cette corrélation ne peut être retenue.
9-/ CRITERES DIAGNOSTIQUES
En 1991, l’AAN a établi des critères diagnostiques (0), utilisés pour la sélection des patients
participant aux études d’efficacité des différentes thérapeutiques actuellement administrées, à
savoir les corticoïdes, les IgIV et les EP. Cependant, durant les dernières décennies, des
publications ont mis en évidence un manque de sensibilité de ces critères pour le diagnostic
de PIDC, certains patients échappant au diagnostic et donc également aux traitements
efficaces dans cette pathologie. De nouveaux critères diagnostiques ont été proposés par
différents auteurs. Les critères diagnostiques actuellement utilisés sont ceux proposés par
l’EFNS/PNS en 2006 (25), actualisés en 2010 (66). Ces critères reposent essentiellement sur
des éléments cliniques et ENMG ; mais également, lorsque le diagnostic reste incertain, sur
les résultats des examens biologiques (ponction lombaire), d’imagerie (IRM des racines et
plexus), des potentiels évoqués somesthésiques (PES) ou de la biopsie nerveuse.
Selon les critères diagnostiques définis par l’EFNS/PNS, on distingue, devant une
présentation clinique typique ou atypique (cf critères cliniques détaillés page 16):
- une PIDC définie, si :
- la PIDC est « ENMG-définie »,
- la PIDC est « ENMG-probable », associée à ≥1 autre critère mineur
- la PIDC est « ENMG-possible », associée à ≥ 2 autres critères mineurs
- une PIDC probable, si :
- la PIDC est « ENMG-probable »,
- la PIDC est « ENMG-possible », associée à ≥1 autre critère mineur
- une PIDC possible, si :
- la PIDC est « ENMG-possible »
- une PIDC (définie, probable, définie) associée à une maladie concomittante
23
Les critères diagnostiques “mineurs” définis par l’EFNS/PNS sont les suivants:
- Hyperprotéinorachie, associée à <10 éléments nucléés/mm3
à la ponction lombaire ;
- IRM montrant une prise de contraste et/ou une hypertrophie des racines
lombosacrées ; ou cervicale, ou du plexus brachial ou lombo-sacré ;
- Anomalie ENMG sur au moins un nerf sensitif :
- soit anomalie d’amplitude du potentiel sensitif du nerf médian ou radial
contrastant avec une amplitude normale au niveau du nerf sural,
- soit ralentissement de la vitesse de conduction sensitive à < 80% de la valeur
limite inférieure de la normale,
- soit altération des PES non liée à une atteinte du système nerveux central ;
- Amélioration clinique objective après un traitement immunomodulateur ;
- Signes de démyélinisation et/ou de remyélinisation à la biopsie nerveuse (avec les
techniques de teasing et/ou de microscopie électronique).
En 2008, le « French CIDP Study Group » (15) a décrit cinq situations, selon la présentation
clinique et les résultats de l’ENMG, avec une stratégie de prise en charge diagnostique
adaptée pour chaque situation. Cette stratégie est récapitulée dans le tableau 1.
24
CRITERES ENMG
PRESENTS
CRITERES ENMG
NON REUNIS
FORME CLINIQUE
CLASSIQUE
Situation A (clinique et
ENMG typiques)
Pas d’autre examen
nécessaire pour le diagnostic
Situation D (clinique
typique, mais ENMG non
typique)
- Etude des conductions
nerveuses sensitives
- Ponction lombaire
- PES
- IRM radiculaire et plexique
+/- Biopsie nerveuse
Situation C (contexte et/ou
évolution atypique1, pas de
réponse au traitement) :
- Poursuite du bilan à la
recherche d’un autre
diagnostic
+/- Biopsie nerveuse
VARIANTE CLINIQUE Situation B (clinique
évocatrice et ENMG
typique)
Pas d’autre examen
nécessaire pour le diagnostic
Situation E (clinique et
ENMG atypiques, avec
bilan de polyneuropathie
axonale négatif)
- Recherche d’arguments
évocateurs de PIDC2
- Etude des conductions
nerveuses sensitives
- Ponction lombaire
- PES
- IRM radiculaire et plexique
+/- Biopsie nerveuse
Tableau 1 : stratégie de prise en charge diagnostique, selon la situation clinique et ENMG
1 Présence d’une altération de l’état général, de signes extra-neurologiques (adénopathies,
lésions dermatologiques,…), de signes de perte axonale précoce et rapide…
2 Arguments évocateurs de PIDC : âge jeune, notion de poussées ou de rechutes, atteinte
rapide des membres ou des segments proximaux, importance de l’atteinte motrice par
rapport à l’atteinte sensitive, atteinte de la face et/ou du tronc, aréflexie diffuse, ataxie
proprioceptive
25
A noter que dans la série de 146 patients PIDC rapportée par « Viala et al » (72), 36 (soit
25%) n’avaient pas les critères de PIDC définie à l’ENMG selon les critères EFNS/PNS de
2006), avec donc la nécessité d’examens complémentaires pour confirmer le diagnostic de
PIDC.
Parmi ces 36 patients, l’utilité des autres examens dans la démarche diagnostique a été
analysée:
- La ponction lombaire montrait une dissociation albumino-cytologique chez
25 patients (70%)
- Des anomalies de la conduction proximale aux PES étaient présentes chez
15 des 22 patients testés (68%)
- L’IRM radiculaire et plexique n’a été réalisée que chez 5 des 36 patients,
dont 1 seul présentait des anomalies
- La biopsie nerveuse montrait des lésions de démyélinisation chez 17 des 18
patients biopsiés (94%)
Récemment, l’équipe de « Vallat et al » a publié une revue de la littérature sur les PIDC et
proposer un arbre décisionnel sur la conduite à tenir devant une suspicion de PIDC, réalisé à
partir des critères de l’EFNS/PNS et des données du « French CIDP Study Group » :
26
Schéma 2 : Prise en charge diagnostique des PIDC (arbre décisionnel).
(Tableau traduit en français, issu de l’article: « Chronic inflammatory demyelinating
polyradiculoneuropathy: diagnostic and therapeutic challenges for a treatable condition »
Lancet Neurol. 2010 Apr ; 9(4) : 402-12. Vallat JM, Sommer C, Magy L)
Neuropathie sensitivo-motrice, progressive ou récurrente, évoluant depuis plus de 2 mois.
Etude de la conduction nerveuse
Critères ENMG de l’EFNS / PNS absents
Critères ENMG de l’EFNS / PNS présents
Les critères suivants sont en faveur du diagnostic de
PIDC
Cliniques :
- Age jeune
- Evolution récurrente
- Atteinte des nerfs crâniens
- Faiblesse proximale
- Déficit prédominant aux membres
supérieurs
- Abolition diffuse des ROT
Electrophysiologiques :
- Faiblesse et amplitudes des potentiels
moteurs normales
- Ralentissement des vitesses de
conduction sensitive
- Amplitudes des potentiels sensitifs
abaissées au niveau des nerfs médian et
normales au niveau des nerfs suraux
Biologiques :
- Hyperprotéinorachie
Si au moins, un des critères suivants est présent :
- Anomalie à l’IRM des racines et plexus
- Anomalie des PES
- Anomalie à la biopsie nerveuse
LCR : Hyperprotéinorachie
PIDC
27
10-/ HISTOIRE NATURELLE - PRONOSTIC :
A-/ Trois formes évolutives sont décrites :
- Monophasique, définie par une installation initiale des symptômes, suivie d’une
phase d’amélioration plus ou moins complète, et d’une absence d’évolution par la
suite, sans traitement.
- Récurrente, définie par la survenue d’au moins 2 poussées, séparées d’un intervalle
libre de tout nouveau symptôme d’au moins 2 mois, la 2ème
poussée étant indépendante
d’une décroissance d’un traitement.
- Chronique progressive, définie par l’aggravation continue des symptômes, ou la
nécessité d’un traitement continu (cures régulières d’IgIV ou corticothérapie au long
cours).
Dans la série de « Mygland et al »1, comprenant 44 patients présentant une PIDC (définie
selon les critères AAN 1991), les différents modes d’évolution de la maladie se répartissent de
la façon suivante :
- Monophasique chez 30% des patients,
- Récurrente chez 11%,
- Chronique progressive chez 59%
Ces chiffres sont comparables à la série de « Bouchard et al », qui retrouve parmi 100 patients
ayant une PIDC, une évolution monophasique chez 41 %, récurrente chez 14%, et progressive
chez 45% des patients.
Le mode évolutif de type récurrent est ici moins fortement représenté que dans d’autres séries
(exemple : dans la série de « Mc Combes », 65% des patients étaient décrits comme ayant une
forme récurrente) (40), du fait de la définition des termes « évolution récurrente » et
« évolution chronique progressive » qui diffère d’un article à l’autre. Les patients présentant
une rechute contemporaine d’une décroissance du traitement sont classés dans le groupe
« récurrent » par certains auteurs, alors qu’ils sont classés dans le groupe « chronique
progressif » par d’autres auteurs, ces rechutes étant en rapport avec une dépendance au
traitement..
1 Onset and course of chronic inflammatory demyelinating polyneuropathy. Muscle Nerve 2005 ;
31(5) : 589-93.
28
B-/ Pronostic fonctionnel :
En 1999, l’équipe de « Lunn et al » (37) a réalisé une enquête de prévalence dans le sud-est de
l’Angleterre montrant alors parmi les patients présentant une PIDC (diagnostiquée selon les
critères établis par l’AAN en 1991), que la médiane du score de Rankin modifié1 était de 1.5,
avec 13% des patients ayant un score de Rankin modifié entre 4 et 5. Par ailleurs, environ la
moitié (54%) des patients avaient présenté un score de Rankin à 4-5 à un moment de
l’évolution de leur maladie.
Toutefois, cette étude a été réalisée à partir des critères diagnostiques établis par l’AAN en
1991, manquant de sensibilité. Certains patients, notamment ceux présentant des formes de
PIDC moins sévères, n’ont donc pas été pris en considération, car non diagnostiqués.
En 1999 également, l’équipe de « Bouchard et al » a publié une étude sur une série de 83
patients présentant une PIDC, suivis sur une durée moyenne de 6 ans après l’apparition des
symptômes (7). Au terme du suivi :
- 47% des patients n’avaient pas été traités, du fait de leur caractère pauci-
symptomatiques, et de l’absence de lésions actives sur la biopsie nerveuse ;
- 56% des patients avaient un bon score fonctionnel (score de Norris entre 60 et 81,
c'est-à-dire ne nécessitant pas ou peu d’aide pour les activités de la vie quotidienne)
- 11% des patients étaient décédés d’une complication de leur neuropathie
(insuffisance respiratoire, trouble de déglutition)
En 2006, l’équipe de « Kuwabara et al » a rapporté une série de 38 patients présentant une
PIDC (34), suivis pendant 5 ans après l’introduction d’un traitement :
- 26% des patients présentaient une rémission complète (échelle fonctionnelle de
Hughes2 à 0, et étude de la conduction nerveuse normale, après au moins 2 ans d’arrêt
du traitement);
- 61% présentaient une rémission partielle (score de Hughes à 1 ou 2), dont 26% sous
traitement et 34% sans traitement
- 13% présentaient une incapacité sévère (score de Hughes ≥ 3)
1 Score de Rankin modifié : voir en annexe 1
2 Echelle fonctionnelle de Hughes : voir en annexe 1
29
Dans la série de « Viala et al » (72), incluant 146 patients, avec un suivi moyen de 2,9 ans
(1,5 à 16 ans) :
- 40% des patients avaient un score de Rankin entre 0 et 1,
- 36% un score de Rankin à 2,
- 24% un score de Rankin >2.
Dans cette série, deux patients sont décédés d’une insuffisance respiratoire, survenue dans le
cadre d’une aggravation de leur déficit moteur. Cette complication exceptionnelle a été
rapportée dans plusieurs case reports (22).
C-/ Facteurs pronostiques :
- L’équipe de « Bouchard C et al » (7), en étudiant 83 patients présentant une PIDC sur une
durée moyenne de 6 ans, a mis en évidence les facteurs pronostiques suivants:
- La perte axonale à la biopsie nerveuse était retenue comme le principal facteur
pronostique, son importance étant corrélée à un mauvais pronostic fonctionnel à long
terme.
- L’importance des lésions de démyélinisation active constituait également un facteur
de mauvais pronostic, avec des lésions de démyélinisation active retrouvées au niveau
de 60% des fibres chez les patients grabataires, contre 21% des fibres chez les patients
autonomes à 6 ans de suivi. Ces lésions de démyélinisation active étaient définies par
la présence de macrophages au contact des fibres nerveuses, ou de macrophages
chargés de débris dans l’endonèvre, ou de fibres complètement démyélinisées sans
signe de remyélinisation.
- La sévérité des signes de démyélinisation à l’ENMG était plutôt associée à un
mauvais pronostic fonctionnel, mais de façon non significative, de même que
l’importance de l’hyperprotéinorachie.
- Sur le plan clinique: un âge de début jeune (<30ans) était associé à un meilleur
pronostic fonctionnel, de même que la présence d’un contexte d’infection dans les 6
semaines précédant le début de la maladie, et l’existence de douleurs à la phase initiale
de la maladie.
30
- Par contre, une atteinte motrice des 4 membres à la phase initiale, un mode
d’évolution progressif, et une atteinte associée du SNC constituaient des facteurs de
mauvais pronostic
- L’équipe de “Sghirlanzoni et al” (56), en étudiant l’évolution, sur une durée moyenne de 4,8
ans, de 60 patients présentant une PIDC (selon les critères AAN 1991) traités par
corticothérapie orale (+/- associée à un traitement immunosuppresseur, des échanges
plasmatiques, ou des IgIV), a mis en évidence 2 facteurs pronostiques :
- l’âge de début de la maladie < 45ans,
- l’absence de perte axonale associée à la démyélinisation, sur l’ENMG
Ces 2 facteurs sont associés à un meilleur pronostic. Une amélioration clinique (définie par la
diminution d’au moins 1 point sur l’échelle de Rankin) était notée chez 70% des patients ne
présentant pas de perte axonale, contre 43% des patients avec perte axonale.
- L’équipe de «Kuwabara et al» (33), en étudiant, de façon rétrospective, le profil de
démyélinisation de 42 patients à l’ENMG, a mis en évidence une relation entre le profil de
démyélinisation et l’évolution clinique:
- le profil de démyélinisation distale (défini par un allongement de la latence distale
motrice au delà de 125% de la limite supérieure de la normale) serait corrélé à une
bonne réponse au traitement, avec une évolution monophasique des symptômes
- le profil de démyélinisation intermédiaire (caractérisé par un ralentissement de la
vitesse de conduction motrice à moins de 80% de la normale inférieure, et/ou par la
présence de blocs de conduction moteur définis par une chute d’au moins 20% de la
surface du potentiel d’action moteur) serait corrélé à une évolution chronique
progressive, une résistance aux traitements, et un pronostic fonctionnel moins bon
- et le profil de démyélinisation diffuse (défini par une atteinte associée du segment
distal et du segment intermédiaire), corrélé à une dépendance au traitement.
- La même équipe a publié en 2006 une étude rétrospective, à la recherche de facteurs
pronostiques, portant sur une série de 38 patients présentant une PIDC (34) et suivis sur une
durée d’au moins 5 ans après l’introduction d’un traitement. Une installation subaiguë, une
topographie symétrique du déficit, un profil de démyélinisation distale, et une bonne réponse
à la corticothérapie initiale étaient plus fréquemment retrouvés chez les patients présentant
31
une rémission complète, mais le seul facteur qui était associé à une rémission complète à 5
ans de façon statistiquement significative était le profil de démyélinisation distal.
Pronostic des PIDC en cas de pathologie associée:
- Diabète associé : L'équipe de "Kalita et al" (31) a comparé l'évolution de 35 patients ayant
une PIDC, classés en deux groupes selon le fait qu'ils avaient (9 patients) ou non (26 patients)
un diabète associé à leur PIDC. Ils étaient traités par une corticothérapie de 6 mois, plus ou
moins associée à de l'aziathioprine, dans les deux groupes. Dans cette étude, les patients ayant
une PIDC idiopathique avaient, à 6 mois de suivi, une amélioration du score fonctionnel
(disability score) plus marquée que les patients ayant une PIDC et un diabète.
- MGUS associée :
L’équipe de “Simmons et al” (59) a comparé l’évolution à long terme d’un groupe de 69
patients présentant une PIDC idiopathique, à celle d’un groupe de 25 patients présentant une
PIDC associée à une MGUS :
- Un mode d’évolution progressif a été retrouvé chez la plupart des « PIDC associée à
une MGUS », alors que les « PIDC idiopathiques » présentaient une évolution plutôt
monophasique ou récurrente ;
- Le déficit s’installait plus lentement chez les patients ayant une PIDC associée à une
MGUS (durée allongée entre le début des symptômes et le nadir) ;
- Le déficit fonctionnel au moment de l’aggravation maximale du déficit neurologique
était moins sévères dans le groupe « PIDC associée à une MGUS », puisque 45,8% du
groupe « PIDC associée à une MGUS » avaient un score de Rankin 3, contre 77,3%
des patients dans le groupe « PIDC idiopathique » ;
- Par contre, l’état fonctionnel en fin de suivi était moins bon chez les patients du
groupe « PIDC associée à une MGUS » (Rankin<3 chez 72% des patients) que chez
les patients du groupe « PIDC idiopathique » (Rankin <3 chez 87% des patients).
- L’atteinte fonctionnelle était essentiellement liée à l’atteinte sensitive dans le groupe
« PIDC associée à une MGUS », et à l’atteinte motrice dans le groupe « PIDC
idiopathique ».
32
11-/ THERAPEUTIQUE
A- Thérapeutiques conventionnelles
Trois traitements ont fait la preuve de leur efficacité dans cette pathologie : la corticothérapie,
les immunoglobulines intraveineuses (IgIV), et les échanges plasmatiques (EP).
Cependant, environ 30% des patients ayant une PIDC ne répondent pas à ces traitements
immunomodulateurs (corticoides, IgIV, et EP), ni aux traitements immunosuppresseurs
(azathioprine, cyclophosphamide), comme le rapporte l’équipe de « Sghirlanzoni et al » (56).
Corticoïdes
Un seul essai a été réalisé contre placebo par l’équipe de « Dyck et al », en 1982, montrant
une efficacité de la corticothérapie par rapport au placebo :
Dans cette étude, 28 patients (issus d’un pool initial de patients) présentant une PIDC étaient
séparés en deux groupes : l’un recevant un placebo, et l’autre une corticothérapie débutée à la
posologie de 120mg/j de prednisone et arrêtée progressivement sur 12 semaines. Les patients
étaient évalués (score NDS) à l’introduction du traitement et 3 mois après. Dans le groupe
“placebo”, le score NDS à 3 mois était amélioré chez 5 patients, restait stable chez 1 patient,
et était aggravé chez 8 patients par rapport au score pré-thérapeutique. Dans le groupe
“corticoïdes”, le score NDS était amélioré chez 12 patients et aggravé chez 2 patients. La
différence entre le NDS initial et le NDS à 3 mois, était significativement différente entre les
deux groupes (médiane à -1.5 pour le groupe « placebo », et à +10 pour le groupe
« corticoïdes ») (12).
A noter, comme le signale Hughes RAC dans sa revue de la littérature en 2002, (24) que cette
différence d’efficacité entre le groupe « placebo » et le groupe « corticoïdes » n’apparaît plus
significative lors d’une seconde analyse, réalisée en intention de traiter, par Mehndiratta et
Hughes en 2001. Néanmoins, de nombreux auteurs rapportent une efficacité de la
corticothérapie chez environ deux tiers des patients.
L’équipe de « Van Schaik et al » a réalisé une étude multicentrique, en double aveugle,
portant sur une série de 40 patients, dont l’objectif était de comparer le taux de rémission à 1
an chez les patients traités par une corticothérapie orale classique (60mg de prednisolone
pendant 5 semaines, avec une décroissance progressive sur 6 mois) , par rapport à ceux traités
par des cures mensuelles de dexaméthasone per os (40mg de dexaméthasone, 4 jours par mois
33
pendant 6 mois), la dose cumulative de prednisolone (ou équivalent) sur 6 mois étant la même
dans les 2 groupes. Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les 2
groupes (67).
Immunoglobulines intraveineuses
3 grandes études ont été réalisées en double aveugle contre placebo, témoignant d’une
efficacité des IgIV:
- l’équipe de « Hahn et al » a également montré une efficacité des IgIV, au cours d’une
étude en cross over, incluant 30 patients présentant une PIDC définie selon les critères de
l’AAN de 1991 (à noter que les patients présentant une Ig monoclonale étaient également
exclus dans cette étude). Les patients étaient classées en deux groupes : un groupe traité
initialement par IgIV (0.4g/kg/j pendant 5 jours consécutifs) et l’autre par placebo, avec une
deuxième cure à J28 (ou J21 si détérioration clinique marquée) de placebo pour le premier
groupe, et d’IgIV pour le deuxième groupe. Une efficacité du traitement fut mise en évidence
chez 63% des patients, évaluée selon une échelle fonctionnelle (amélioration d’au moins 20
points sur l’échelle NDS : Neurological Disability Score) et le « grip test » (20).
- l’équipe de « Mendell et al » a rapporté une efficacité des IgIV lors d’une étude
multicentrique incluant 53 patients présentant une PIDC (définie selon les critères du groupe
européen INCAT) idiopathique (les patients avec un diabète, une Ig monoclonale, ou une
autre pathologie associée étant exclus de cette étude), séparés en un groupe traités par IgIV
(1g/kg/j pendant 2 jours consécutifs, puis 1g/kg à J21) et un groupe traité par placebo : une
amélioration significative de la force (score MRC) a été mise en évidence chez 76% des
patients à J42, associée à une amélioration du score fonctionnel de Hughes d’au moins un
point chez 1/3 des patients (42).
- l’équipe de « Hughes et al » (26), a réalisé une étude en double aveugle contre
placebo sur une série de 117 patients PIDC : ces patients recevaient des perfusions soit
d’IgIV, soit de placebo, au rythme de 1 cure toutes les 3 semaines pendant 24 semaines ; puis
en l’absence d’amélioration de leur score INCAT d’au moins 1 point, recevaient l’autre
traitement dans une seconde période. Les patients montrant une amélioration après 24
semaines de traitement poursuivaient avec le même traitement (phase d’extension). Une
amélioration du score INCAT d’au moins 1 point a été mise en évidence chez 54% des
patients traités par IgIV contre 21% des patients recevant le placebo, lors de l’évaluation à 24
34
semaines du début du traitement. Durant la phase d’extension (24 semaines), les rechutes
(définies par une augmentation de ≥ 1 point sur l’échelle de INCAT, par rapport au score
retrouvé lors de l’évaluation à l’entrée dans la phase d’extension) survenaient plus
tardivement chez les patients poursuivant un traitement par IgIV que chez les patients sous
placebo. Ainsi, au terme de la 24ème
semaine de la phase d’extension, 45% des patients sous
placebo avaient présenté une rechute, contre seulement 13% des patients du groupe traité par
IgIV.
- L’équipe de “Hughes et al” (27) a également comparé l’efficacité des IgIV à celle de
la corticothérapie orale : durant cette étude, 32 patients PIDC étaient séparés en 2 groupes, le
1er
recevant une cure d’IgIV (2g/kg) puis, après un intervalle libre de 4 semaine sans
traitement, une corticothérapie orale (60mg/kg/j pendant 15j, puis décroissance progressive
(diminution de 10mg/kg/j toutes les semaines) ; et le second groupe recevant le même
traitement, mais dans l’ordre inverse. Aucune différence significative n’a été mise en
évidence entre ces 2 traitements au niveau des différents paramètres étudiés : évaluation
motrice (MRC, grip test), score sensitif, score de Rankin modifié, test des 10mètres, test des 9
trous…
Echanges plasmatiques
- Une première étude prospective en double aveugle contre placebo a été réalisée par
l’équipe de « Dyck et al » en 1986, portant sur 29 patients, dont 14 traités par placebo et 15
par échanges plasmatiques pendant 3 semaines : une amélioration fonctionnelle significative
(évaluation par l’échelle NDS) a été mise en évidence chez 5 des 15 patients (soit 30%) traités
par EP (9).
- Une seconde étude a été réalisée en double aveugle contre placebo, en cross over, en
1996 par l’équipe de “Hahn et al” : 18 patients présentant une forme sévère (avec
retentissement sur la marche) de PIDC (définie selon les critères définis par l’AAN en 1991),
naïfs de traitement, ont été randomisés en 2 groupes, le 1er
ayant dans une première période
des « pseudo-échanges plasmatiques » tandis que le second avait des échanges plasmatiques
au rythme de 10 séances sur 4 semaines ; avec une inversion des traitements lors d’une
seconde période de 4 semaines, séparée d’un intervalle libre de traitement de 5 semaines. Un
effet bénéfique significatif des EP a été démontré chez 80% des patients, lors de l’évaluation
clinique (échelle NDS). Par contre une rechute était observée chez 66% des patients
répondeurs aux EP, survenant dans les 15 jours suivant l’arrêt du traitement (19).
35
- En 1994, l’équipe de « Dyck et al » a comparé, lors d’une étude en double aveugle
portant sur 20 patients, l’efficacité des IgIV à celle des EP dans le traitement des PIDC : les
patients recevaient dans une première période de 6 semaines soit des EP (2 fois par semaine
pendant 3 semaines, puis 1 fois par semaine pendant les 3 semaines suivantes), soit des IgIV
(0.4mg/kg une fois par semaine pendant 3 semaines, puis 0.2mg/kg pendant les 3 semaines
suivantes) ; puis après un intervalle libre de traitement (« wash-out »), les patients recevaient
l’autre traitement pendant une seconde période de 6 semaines. Aucune différence
significative n’a été mise en évidence entre ces 2 traitements concernant leur efficacité (11).
B- Autres thérapeutiques
Azathioprine:
Une seule étude (13) a été publiée concernant l’évaluation de l’efficacité de l’azathioprine
chez les patients atteints de PIDC. Cette étude, portant sur 27 patients, comparait l’efficacité
de la corticothérapie en monothérapie, par rapport à l’association [corticothérapie +
azathioprine], sur une période de 9 mois. Aucune différence significative n’avait été mise en
évidence.
Mycophénolate mofétil
Aucune étude n’a été publiée pour évaluer l’efficacité du mycophénolate mofétyl contre
placebo. Seules quelques études sur de petits effectifs de patients ont été réalisées :
- L’équipe de « Radziwil et al » a rapporté une série de 7 patients ayant une PIDC et
traités par mycophénolate mofétyl : parmi ces patients, 4 présentaient une
stabilisation ou une amélioration du handicap à 6 mois de l’introduction du
traitement (48).
- L’équipe de « Gorson KC et al » a réalisé une étude rétrospective portant sur 21
patients présentant une PIDC traités par mycophénolate mofétyl à la posologie de
2 grammes par jour, pendant une durée moyenne de 14 mois. Un effet bénéfique
modeste - stabilisation du déficit, avec possibilité de réduire les doses du
traitement immunomodulateur associé (corticoïdes ou IgIV) - a été démontré chez
environ 20% des patients (17).
36
- L’équipe de « Bedi et al » a étudié de façon prospective l’efficacité du
mycophénolate mofétyl chez 8 patients présentant une PIDC. Les patients
recevaient 2 grammes de mycophénolate mofétyl par jour, pendant une durée
moyenne de 15.2 mois. Une amélioration significative du score fonctionnel a été
notée chez les 8 patients, et chez 6 d’entre eux il a été possible de diminuer d’au
moins 50% la posologie du traitement immunomodulateur associé (corticoïdes ou
IgIV), voire de le suspendre (6).
C- Réponse au traitement selon la forme clinique
La réponse au traitement selon les formes de PIDC a été évaluée uniquement sur de petits
effectifs de patients :
- Formes sensitives pures : L’équipe de « Ayrignac et al » a réalisé récemment une
étude portant sur 70 patients ayant une forme sensitive pure de PIDC, suivis sur une durée
moyenne de 2,3 ans. Au sein de cette cohorte, 30% des patients ne nécessitaient pas de
traitement durant l’étude, car étaient pauci-symptomatiques. Parmi les patients traités, une
réponse favorable a été observée chez la majorité des patients, avec un taux d’efficacité des
IgIV et de la corticothérapie comparable à celui des formes classiques de PIDC (4).
- Formes motrices pures : dans la série de « Sabatelli et al » (55), les 4 patients décrits
sont non répondeurs à la corticothérapie, alors qu’ils sont franchement améliorés par les IgIV.
- Lewis et Sumner : Dans la série de « Viala et al », comprenant 23 patients, 33%
étaient répondeurs à la corticothérapie orale, et 54% aux IgIV. Parmis cette série, environ
40% des patients restent dépendants du traitement.
Quelques cas d’aggravation par la corticothérapie ont été décrits chez les patients présentant
une forme multifocale de PIDC, ces aggravations étant parfois dramatiques : l’équipe de
« Verschueren et al » rapporte le cas de 3 patients ayant présenté une aggravation sévère dans
les 3 à 8 semaines suivant l’introduction de la corticothérapie, avec la survenue d’une
tétraparésie sévère, associée à une atteinte des paires crâniennes, et pour 2 patients à une
insuffisance respiratoire. Aucune amélioration ne fut notée après les échanges plasmatiques,
37
mais par contre une amélioration fut observée sous IgIV (70). Ainsi, devant un tableau de
PIDC mutlifocale, la corticothérapie n’est pas conseillée en première intention.
- DADS: la réponse au traitement semble être similaire à la forme typique de CIDP, en
l’absence d’association à une Ig monoclonale (64).
- PIDC associées à un lymphome : l’équipe de « Viala et al » a décrit une série de 13
patients présentant une polyneuropathie associée à un lymphome : parmi ces patients, 4
présentaient une MDH, 2 un lymphome T, et 7 un lymphome B indolent. Sur un suivi moyen
de 28 mois, une récupération complète du déficit neurologique a été notée chez 4 patients, une
amélioration chez 4 patients également, et une stabilisation chez 1 patients, tandis que 4
patients ont vu leur déficit s’aggraver sous traitement. Le traitement le plus efficace chez ces
patients était l’association d’une chimiothérapie et d’un traitement par IgIV ou EP. Sur le plan
hématologique, une rémission complète a été observée chez 6 patients, tandis que 3 patients
sont décédés (d’une infection) (71).
- PIDC associées à un diabète: L’équipe de “Sharma et al” retrouve, sur une série de
26 patients présentant une PIDC associée à un diabète, une efficacité du traitement par IgIV
chez 80% des patients, se traduisant par une amélioration su score fonctionnel NDS1, quatre
semaines après la première cure d’IgIV. (58)
L’équipe de « Jann et al » retrouve globalement les mêmes résultats, puisqu’elle montre, sur
une série de 16 patients présentant l’association d’un diabète et d’une PIDC et suivis sur une
durée minimum de 24 mois, qu’il existe une efficacité du traitement par IgIV chez 87,5% des
patients (taux de réponse identique chez les 8 patients de la série ayant une PIDC
idiopathique) (30).
1 Neurological Disability Scale (NDS): voir annexe 1.
38
- PIDC associée à une MGUS : L’équipe de “Jann et al” a décrit l’évolution de 7
patients ayant une MGUS associée à une PIDC, au sein d’une série de 31 patients ayant une
PIDC. Au terme d’un suivi d’au moins 24 mois, les auteurs ont retenu que la réponse au
traitement par IgIV (déterminée par l’amélioration du score fonctionnel « NDS » d’au moins
quatre points) était moindre chez les patients présentant une MGUS associée à la PIDC
(71.5% de répondeurs aux IgIV, contre 87.5% chez les patients sans MGUS). Cependant,
l’amélioration était peut être sous estimée au sein de ce groupe, car le score « NDS» varie
plus volontiers en cas d’amélioration motrice que sensitive, or l’atteinte sensitive était
prédominante chez les patients ayant une MGUS associée (29).
D- Notion de dépendance au traitement:
Un patient considéré comme dépendant du traitement est un patient répondeur à l’un des
traitements majeurs de la PIDC, mais présentant des rechutes lors des tentatives de
décroissance du traitement, empêchant ainsi l’arrêt du traitement (72).
Peu d’auteurs se sont intéressés à ce problème de dépendance au traitement, qui concerne
pourtant de 39 à 46% des patients selon les séries.
Dans la série de 146 patients présentant une PIDC, rapportée par l’équipe de « Viala et al »
(72), le pourcentage de réponse au traitement, à 2.9 ans de suivi en moyenne, est évalué à
87%, avec chez les patients répondeurs :
- un sevrage dans les 6 mois suivants l’introduction du traitement chez 21%,
- un sevrage après au moins un an de traitement (en moyenne 15 mois) chez 33%,
- et une dépendance au traitement chez 46% des patients.
L’équipe de « Kuwabara et al » (34) montre, sur une série de 38 patients, l’existence d’une
dépendance au traitement chez 39% des patients à 5 ans de l’introduction du traitement. Dans
cette série les traitements utilisés sont :
- Corticothérapie chez 89%
- IgIV chez 45%
- EP chez 34%
- Association de 2 traitements chez 58%
39
III-/ MATERIEL ET METHODE
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique, dont l’objectif principal est de mettre en
évidence d’éventuels critères prédictifs précoces - cliniques et électrophysiologiques - de
sevrage thérapeutique chez les patients ayant une PIDC, répondeurs au traitement par IgIV,
corticoïdes ou EP.
Les patients de notre cohorte ont été sélectionnés à partir d’une base de données de 91
patients atteints de PIDC répondeurs aux traitements conventionnels de cette pathologie. Tous
les patients ont été pris en charge dans le service de neurophysiologie du CHU Pitié
Salpêtrière entre 01/2000 et 08/2010. Les dossiers ont été repris et étudiés aux 1er
et 2ème
trimestres 2010.
Les critères d’inclusion des patients dans cette étude sont :
1. Patient répondant à la catégorie de PIDC définie ou probable selon les critères de
l’EFNS / PNS
2. Réponse favorable à l’un des traitements majeurs des PIDC (IgIV, corticothérapie, ou
EP), c’est à dire présence d’une amélioration du score moteur (MRC) d’au moins 2
points et/ou une amélioration du score de Rankin d’au moins 1 point ; ou bien, dans le
cas des formes sensitives pures, diminution de l’EVA et/ou du score INCAT modifié1
d’au moins 2 points. La réponse au traitement est évaluée après une période variable
selon la thérapeutique administrée : après 1,5 mois de traitement par corticothérapie à
forte dose (1mg/kg/j), ou après au moins deux cures d’IgIV (à la posologie de 2g/kg
administrée sur 3 à 5jours), ou après 6 séances d’échanges plasmatiques (réalisées sur
1 mois).
3. Réalisation d’un ENMG avant l’introduction du « traitement actif »
4. Durée de sevrage d’au moins 18 mois, pour le groupe « sevrés »
5. Durée totale de traitement d’au moins 24 mois pour le groupe « dépendants »
1 voir annexe 3
40
Les critères d’exclusion sont les suivants :
1. Présence d’anticorps anti-MAG
2. Association à une autre pathologie auto-immune justifiant à elle seule un traitement
par corticoïdes, IgIV ou EP
3. Surcharge fonctionnelle importante rendant difficile l’appréciation de la réponse au
traitement
4. Les patients présentant un mode de début aigu, avec une seule rechute survenue dans
les deux mois suivant les premiers symptômes ont également été exclus, car
considérés comme ayant un syndrome de Guillain Barré avec rechute précoce.
Au sein de la cohorte, 2 groupes de patients ont été formés :
- Le groupe « sevrés », constitué de patients répondeurs à un des traitements majeurs
de la PIDC et ayant interrompu ce traitement sans rechute dans un délai d’au moins 18
mois après l’arrêt du traitement
- Le groupe « dépendants », constitué de patients répondeurs à un des traitements
majeurs, mais présentant des rechutes lors des tentatives de décroissance du traitement,
empêchant ainsi l’arrêt du traitement, plus de 2 ans après son introduction.
Les paramètres analysés chez les patients sont les suivants :
1. Paramètres épidémiologiques :
- sexe
- âge de début, défini par l’âge des patients au moment de l’apparition des 1ers
symptômes de la maladie
2. Paramètres cliniques, évalués au moment de l’introduction du traitement :
Topographie du déficit :
- atteinte limitée aux membres supérieurs, ou aux membres inférieures, ou
concernant à la fois les membres supérieurs et inférieurs
- déficit distal, ou proximal, ou mixte (distal et proximal)
- déficit symétrique ou non
Type de déficit : sensitif pur, moteur pur, ou sensitivo-moteur
41
Sévérité du déficit initial : évaluée par un score fonctionnel (Rankin) et un score
moteur (établissement d’un score « MRC modifié1 » coté sur 80 : cotation de 0 à 5
des muscles deltoïdes D/G – radiaux D/G – interosseux D/G – courts abducteurs
du pouce D/G - psoas D/G - quadriceps D/G – jambiers antérieurs D/G – triceps
suraux D/G)
Mode de début : aigu (installation des symptômes sur une période de moins de 4
semaines), subaigu (installation des symptômes sur 1 à 6 mois), ou progressif
(installation sur plus de 6 mois)2
Mode évolutif : évolution récurrente, ou progressive. Les patients ayant présenté
une ou plusieurs poussées de PIDC avant le début de notre prise en charge, ou
ayant présenté une rechute à distance de l’arrêt d’un traitement (au moins 6 mois
après l’arrêt) ont été considérés comme ayant une PIDC de forme évolutive
récurrente. Par contre les patients présentant uniquement des poussées de la
maladie contemporaines d’une diminution du traitement, ou survenant dans les 6
mois suivant son arrêt, ont été considérés comme présentant une maladie
d’évolution progressive.
3. Paramètres biologiques, évalués lors du bilan diagnostique (avant l’introduction du
traitement):
- Protéinorachie
- Présence ou non d’une Ig monoclonale (sur l’immunoélectrophorèse des protéines
plasmatiques)
- Présence ou non d’Ac anti-gangliosides
- Existence ou non d’un diabète associé
4. Paramètres électrophysiologiques
1 Le score MRC a été modifié par rapport au score d’origine, du fait des données disponibles dans les
dossiers (certains muscles : triceps brachial, ischio-jambiers, extenseurs des doigts étant
inconstamment évalués lors des testing rapportés dans les dossiers des patients de cette cohorte) 2 La définition des formes aigue, subaigue et chronique utilisée ici correspond à celle utilisée
par l’HAS pour la classification des neuropathies périphériques (Recommandations
professionnelles pour la prise en charge diagnostique des neuropathies périphériques, HAS
2007, pages 54 à 56).
42
Conditions de réalisation de l’ENMG :
Tous les patients ont bénéficié d’un ENMG des 4 membres. Les valeurs de la conduction
nerveuse étaient déterminées à partir de stimulations électriques percutanées supramaximales
des nerfs, associées à un recueil des potentiels d’action par électrodes de surface monopolaire.
Du fait du caractère rétrospectif de l’étude, le nombre de nerfs moteurs étudiés était variable
selon les patients. En moyenne, 6 à 8 nerfs ont été étudiés chez chaque patient lors de
l’ENMG pré-thérapeutique, parmi les nerfs médians, ulnaires, sciatiques poplités externes et
sciatiques poplités internes. Chez 10 patients l’étude de la conduction nerveuse motrice n’a
été réalisée que sur 4 ou 5 nerfs. Le nerf médian était stimulé au poignet et au coude chez tous
les patients ; et en axillaire et au point d’Erb chez la plupart des patients. Le nerf ulnaire était
stimulé au poignet, en sous et sus coude de façon systématique ; et en axillaire et au point
d’Erb chez la majorité des patients. Le nerf sciatique poplité externe (SPE) était stimulé à la
cheville, en sous et sus col du péroné. Enfin, le nerf sciatique poplité interne (SPI) était
stimulé uniquement à la cheville chez la majorité des patients. Seuls quelques patients (12)
ont eu une stimulation étagée (stimulation proximale au niveau du creux poplité) sur au moins
un des deux nerfs SPI.
Sur le plan moteur, les paramètres mesurés pour chaque nerf étaient :
- L’amplitude motrice distale (AMD) avec recueil respectivement sur le muscle
court abducteur du pouce (nerf médian), adducteur du 5ème
doigt (nerf cubital),
pédieux (nerf SPE), et long fléchisseur de l’hallux (nerf SPI), la valeur retenue
étant celle du 1er
pic négatif ;
- La latence distale motrice (LDM) ;
- La vitesse de conduction motrice (VCM) ;
- La latence de l’onde F, mesurée après stimulations supramaximales distales
répétées. Certains patients ont également eu une étude de la vitesse de conduction
proximale, calculée à partir de la valeur de la latence proximale des ondes F (2).
- Un bloc de conduction (BC) moteur était retenu si une diminution d’amplitude du
potentiel de plus de 50% était observée entre la stimulation distale et proximale.
43
Sur le plan sensitif, l’étude de la conduction nerveuse était limitée à la mesure des
amplitudes sensitives pour les nerfs cubitaux, médians, radiaux et suraux avec respectivement
stimulation au 5ème
doigt, 2ème
doigt, 1/3 inférieur du radius, et de la face postérieure de la
jambe et recueil orthodromique au poignet (pour le nerf médian et cubital), et antidromique au
1er
espace interosseux dorsal (nerf radial) et en rétromalléolaire externe. (nerf sural).
Enfin, l’examen électrophysiologique se terminait par une étude en détection, les muscles
explorés étant variables d’un patient à l’autre, selon le déficit clinique. A l’introduction, une
activité spontanée à type de fibrillation était recherchée et quantifiée de + (faible) à +++
(majeure).
Dans une première partie d’étude, les ENMG réalisés à la phase pré-thérapeutique (au
moment de l’introduction du « traitement actif ») ont été analysés. Les paramètres ci-
dessous ont été comparés entre les deux groupes :
o Paramètres qualitatifs :
1- Détermination du caractère « ENMG-définie » (ou non) de la PIDC, selon les
critères ENMG établis par l’EFNS/PNS.
2- Définition du profil de démyélinisation. Deux profils sont définis :
- le profil de démyélinisation « monosegmentaire », si les signes de démyélinisation
sont mis en évidence au niveau d’un seul segment : distal ou intermédiaire ou
proximal ;
- et un profil de démyélinisation « diffuse » si au moins 2 segments sont le siège de
signes suggérant une démyélinisation
Le segment distal est considéré comme atteint si les LDM sont allongées au-delà de
125% de la limite supérieure de la valeur normale sur au moins 2 nerfs.
Le segment intermédiaire est considéré comme atteint s’il existe un ralentissement des
VCM en dessous de 80% de la LNI, et/ou en présence de blocs de conduction, ou
d’une dispersion temporelle sur au moins 2 nerfs au niveau du segment intermédiaire.
Le segment proximal est considéré comme atteint si la latence de l’onde F est allongée
de plus de 20% de la limite supérieure de la normale (ou de plus de 50% si l’amplitude
distale du potentiel moteur est < 80% de la limite inférieure de la normale) ; ou en
l’absence d’onde F ; ou en présence de BC proximaux aux PES.
44
3- Evaluation de la présence d’éventuelles anomalies de détection au repos
(fibrillation).
o Paramètre quantitatif :
Pour chaque patient, le nombre de blocs de conduction (>50%) a été évalué.
Dans une deuxième partie de ce travail, pour chaque patient, l’ENMG initial a été
également comparé à un second ENMG :
- réalisé dans les 3 mois précédents ou suivants le sevrage complet, pour le groupe
« sevrés »
- réalisé environ 18 mois après l’introduction du « traitement actif » pour le groupe
« dépendants », le délai de 18 mois correspondant approximativement au délai entre
l’introduction du « traitement actif » et la date de l’ENMG de sevrage dans le groupe
« sevré ».
Les paramètres analysés sont :
- la présence de blocs de conduction sur le 2ème ENMG
- l’évolution des blocs de conduction sur le 2ème ENMG par rapport au 1er :
amélioration, aggravation, ou stabilisation.
- l’évolution des autres paramètres de démyélinisation sur le 2ème ENMG par rapport
au 1er : amélioration, aggravation, ou stabilisation.
Chez les patients ne présentant pas de nouvel ENMG réalisé dans les délais précisés
ci-dessus, cette comparaison n’a pas été réalisée.
L’évaluation des autres paramètres de démyélinisation a consisté en l’analyse de
l’évolution des latences distales motrices, des vitesses de conduction motrice, et de la
latence des ondes F.
On a considéré qu’il y avait une amélioration lorsqu’il existait sur au moins deux troncs
nerveux :
- Une diminution de la latence distale motrice d’au moins 1ms ;
- Et/ou une augmentation de la vitesse de conduction motrice d’au moins 10m/s ;
- Et/ou une normalisation de la latence d’une onde F
45
- En l’absence d’aggravation de la démyélinisation sur les autres troncs nerveux.
Au contraire, une aggravation était définie par la présence sur au moins deux troncs
nerveux :
- d’un allongement de la LDM d’au moins 1ms
- et/ou d’une diminution de la VCM d’au moins 10m/s
- et/ou de l’apparition d’un allongement de la latence d’une onde F, ou d’une abolition
d’une onde F par rapport à l’ENMG initial.
Les paramètres de démyélinisation étaient considérés comme stables en l’absence des
critères d’amélioration ou d’aggravation décrits ci-dessus.
5. Paramètres liés au traitement
Le « traitement actif» a été déterminé pour chaque patient. Il correspond au traitement :
- ayant entraîné une réponse favorable, et ayant fait l’objet d’un sevrage réussi chez
les patients du groupe « sevrés »,
- ayant entraîné une réponse favorable, mais dont la décroissance ou l’espacement
provoquait une rechute avec nécessité de maintenir ce traitement jusqu’à la fin de la
période d’analyse des dossiers, chez les patients du groupe « dépendants ».
Il peut s’agir d’une corticothérapie, de cures d’IgIV, de séances d’EP, ou de l’association de 2
de ces traitements.
Le délai d’introduction du « traitement actif » a été calculé pour chaque patient. Ce délai
correspond au temps écoulé (en mois) entre :
- l’apparition des 1ers symptômes de la maladie et la date d’introduction du
« traitement actif », en cas de forme d’évolution progressive ;
- l’apparition des premiers symptômes de la dernière poussée et l’introduction du
« traitement actif », en cas d’évolution récurrente
La durée totale de traitement au sein des deux groupes a été évaluée, ainsi que la durée de
sevrage (c'est-à-dire la durée écoulée entre l’arrêt total du traitement et la date de fin de
recueil des données de cette étude) pour les patients du groupe « sevrés »
46
6. Analyse statistique :
Les analyses ont été réalisées sur le logiciel « R » (version 2.8.0) avec l’utilisation des
packages « Design » et « rpart ». Les tests ont été bilatéraux et au risque de première espèce
de 5 % (test de Student pour les variables quantitatives et test exact de Fischer pour les
variables qualitatives). Les analyses ont été réalisées sur données complètes, sans imputation
de données manquantes (21, 52, 62).
Pour mémoire, on rappelle que la valeur du « p » permet de déterminer s’il existe une
différence statistiquement significative entre les deux groupes. On parle par de tendance
statistique si p<0,10, de différence statistiquement significative si p<0,05, de différence
fortement significative si p<0,01 et de différence très fortement significative si p<0,001. Par
contre la valeur du « p » ne donne pas de notion sur l’importance d’une différence éventuelle
entre les deux groupes. C’est en effet l’odds ratio qui permet d’évaluer, pour chaque
paramètre étudié, l’importance d’une différence entre les deux groupes.
Si l’on étudie la probabilité d’être sevré, l’Odds Ratio associé à la condition X correspond à :
[p(sevré) / p(non sevré) dans une condition X] / [p(sevré) / p(non sevré) dans une condition
Y], les conditions X et Y étant mutuellement exclusives.
IV-/ RESULTATS
Constitution de la cohorte
Parmi les 91 patients, ayant une PIDC et répondeurs à l’un des traitements conventionnels de
cette pathologie, issus de la base de données de notre service, 70 patients ont été inclus dans
notre étude. Ces patients ont été séparés en 2 groupes : le groupe « dépendants » et le groupe
« sevrés », comprenant respectivement 34 et 36 patients.
Paramètres épidémiologiques (cf tableaux 2 et 13)
Dans cette série, 39% des patients sont des femmes, et 61% des hommes. On retrouve autant
de femmes que d'hommes dans le groupe "dépendants", tandis que dans le groupe "sevrés", il
47
y a 72% d'hommes contre 28% de femmes. Statistiquement, on note une tendance à une
prédominance masculine dans le groupe "sevrés" (p <0.10) en analyse univariée. L’analyse
multivariée montre une différence significative concernant le sexe des patients, le sexe
féminin étant plus fréquemment associé à la dépendance au traitement. Cependant, cette
différence est minime : si l’on étudie la probabilité d’être sevré, l’odds ratio associé au sexe
féminin est de 0,07 (IC à 95% [0.01-0.7]).
L'âge moyen des premiers symptômes de la maladie est de 48,4 ans dans cette série. Il n'existe
pas de différence significative concernant l'âge moyen de début de la maladie entre les 2
groupes (p 0,57).
Total Dépendants Sevrés p
Sexe
- féminin
- masculin
27 (39%)
43 (61%)
17 (50%)
17 (50%)
10 (28%)
26 (72%)
0,09
Age moyen au
début de la
maladie (ans)
48,4 1
49.5 2
47.33
0.57
Tableau 2 : Répartition du sexe et de l’âge dans les 2 groupes.
Pathologies associées à la PIDC (cf tableau 3)
Diabète :
Dans cette série, 2 patients du groupe "sevrés" présentent un diabète de type II, et aucun n'est
diabétique dans le groupe "dépendants", ce qui ne représente pas une différence significative
(p 0,49).
1 écart type : 15,8; médiane : 49; intervalle interquartile : [37,2-57]
2 écart type : 11,3; médiane : 49,5; intervalle interquartile : [41,7-54,8]
3 écart type : 19,2; médiane : 47,5; intervalle interquartile : [30,5-61,3]
48
Pathologie onco-hématologique :
- 7 patients (21%) du groupe « dépendants » et 5 patients (14%) du groupe « sevrés »
présentent une immunoglobuline monoclonale, découverte lors du bilan de la neuropathie
chez tous les patients. Cette différence n’est pas statistiquement significative (p 0,53).
Il s'agit d'une immunoglobuline monoclonale de signification indéterminée (MGUS) chez les
7 patients du groupe "dépendants" et chez 4 patients du groupe sevré, tandis qu'un patient du
groupe sevré présente une maladie de Waldenström.
- 2 patients présentent un lymphome, tous deux dans le groupe « sevrés » :
- un lymphome T, avec localisation ganglionnaire, médullaire et hépatique, dont le
diagnostic a été contemporain de la neuropathie,
- et un lymphome du MALT, découvert 3 ans après le diagnostic de PIDC.
- Une leucémie lymphoïde chronique (LLC) a été diagnostiquée chez un patient du
groupe « dépendants », lors du bilan de la neuropathie.
Concernant les cancers solides, survenue chez deux patientes d’un adénocarcinome
mammaire, l’un précédant le début de la neuropathie de 5 ans, et l’autre diagnostiqué lors du
bilan de la neuropathie. Un dermatofibrosarcome a également été diagnostiqué chez une
patiente, 8 ans après le début de la neuropathie. Les trois patientes font partie du groupe
« dépendants ».
Pathologies inflammatoires :
Aucun patient du groupe « sevrés » n’a présenté de pathologie inflammatoire associée à la
PIDC. Par contre, 4 patients du groupe « dépendants » (dont trois femmes et un homme) ont
présenté une autre maladie inflammatoire :
- un syndrome de Goujerot-Sjögren, dont le diagnostic est antérieur à celui de la
PIDC ;
- une sarcoïdose (avec atteinte cutanée et adénopathies médiastinales) dont le
diagnostic précède de 11 ans les signes neurologiques ;
- un syndrome de Churg et Strauss (asthme et surdité), dont le diagnostic précède de
21 ans le début de la PIDC ;
- une sclérose en plaque de forme rémittente-récurrente, dont la première poussée
(NORB) a précédé de 8 ans le début de la PIDC.
49
Chez ces 4 patients, la dépendance au traitement est en rapport avec la PIDC (déterminée par
une rechute du déficit lors de la tentative de sevrage), et non avec l’autre pathologie
inflammatoire.
Pathologies infectieuses :
- Un seul patient, du groupe "sevrés", présente un antécédent de maladie de Lyme dans cette
série.
- 4 patients du groupe "sevrés" présentent une hépatite virale chronique (dont l’un a une co-
infection VIH-VHC); contre un patient dans le groupe "dépendants".
Total Dépendants Sevrés
Diabète 2 0 2
Pathologie onco-
hématologique
- MGUS
- Myélome /
Waldenström
- Lymphome
- LLC
11
1
2
1
7
0
0
1
4
1
2
0
Cancers solides 3 3 0
Pathologie
inflammatoire
4 4 0
Pathologie infectieuse
- VIH
- Lyme
- Hépatite virale
chronique
1
1
5
0
1
1
1
0
4
Tableau 3 : récapitulatif des pathologies associées à la PIDC selon les groupes.
50
Paramètres cliniques à la phase pré-thérapeutique (cf tableau 4 et 13)
- Le mode de début de la maladie est statistiquement différent entre les deux groupes
(p<0.01). Le mode de début est en effet majoritairement progressif (67%) dans le groupe
« dépendants », alors qu’il est généralement aigu (25%) ou subaigu (47%) dans le groupe
« sevrés ». En analyse univariée, le mode de début aigu est significativement plus fréquent
que le mode chronique dans le groupe « sevrés » par rapport au groupe « dépendants » : si on
étudie la probabilité de sevrage, l’odds ratio associé à un mode de début aigu est de 4,95 par
rapport au mode chronique (IC à 95% : [1.23-19.97]), et de même le mode de début subaigu
est significativement plus fréquent dans le groupe « sevrés » que dans le groupe
« dépendants », avec un odds ratio associé au mode de début subaigu de 5,34 par rapport au
mode chronique (IC à 95% : [1.68-16.95]).
Par contre, ces différences n’apparaissent pas significative en analyse multivariée.
- Concernant la topographie du déficit :
- Le caractère multifocal du déficit est significativement plus fréquent (p<0.01) chez
les patients du groupe « dépendants » (35%) que chez les patients du groupe « sevrés »
(8%). En analyse univariée, l’odd ratio d’être sevré en cas de forme multifocale est de
0.17 (IC à 95% : [0.04-0.66]). En analyse multivariée, cette différence est également
significative (odds ratio de 0.03 ; IC à 95% : [0-0.7]).
- Par contre on ne note pas de différence statistiquement significative concernant la
répartition proximo-distale du déficit (p 0.22). Le déficit est le plus fréquemment distal
au sein des deux groupes (59% des patients de la série), puis proximo-distal (39%),
alors qu’il est purement proximal chez une minorité de patients (1%).
- Concernant le type de déficit :
- On ne note pas de différence significative entre les deux groupes (p 0.62). Le déficit
est le plus souvent mixte, sensitif et moteur, dans les deux groupes (chez 64,4% des
patients). La forme sensitive pure concerne 34,2% des patients, alors que la forme
motrice pure ne concerne que 1,4% des patients de notre série.
51
- Une atteinte des paires crâniennes à la phase pré-thérapeutique est retrouvée chez
12% des patients du groupe « dépendants » et chez 28% des patients du groupe
« sevrés », ce qui ne représente également pas de différence significative (p 0.14).
- Concernant la sévérité clinique initiale :
- Aucune différence statistiquement significative n’est observée entre les deux groupes
(p 0.2) au niveau de l’évaluation du déficit moteur, avec un score « MRC modifié »
moyen de 71,1/80.
- Au niveau du score fonctionnel, on ne met pas en évidence non plus de différence
significative (p 0.68). Le score de Rankin moyen est de 2,5 chez les patients de cette
série. Le classement des patients selon leur score de Rankin et leur groupe (« sevrés »
versus « dépendants ») est détaillé dans le tableau 5.
- Concernant le mode évolutif, il existe une différence significative entre les deux groupes
(p<0.05), les patients du groupe « dépendants » présentant plus fréquemment un mode
d’évolution progressive (84% contre 56% des patients du groupe « sevrés »). En analyse
univariée, le mode d’évolution récurrent est significativement plus fréquent dans le groupe
« sevrés », avec un odds ratio de 4,28 (IC à 95% : [1.3-14.08]). Cette différence n’apparaît
plus significative en analyse multivariée.
52
Total Dépendants Sevrés p
Mode de début :
- aigu
- subaigu
- progressif
n= 69
13 (19%)
24 (35%)
32 (46%)
n= 33
4 (12%)
7 (21%)
22 (67%)
n= 36
9 (25%)
17 (47%)
10 (28%)
<0.01
Topographie du
déficit :
- distal
- proximal
- proximo-distal
n= 69
41 (59%)
1 (1%)
27 (39%)
n= 33
22 (67%)
1 (3%)
10 (30%)
n= 36
19 (53%)
0
17 (47%)
0.22
Déficit :
- symétrique
- multifocal
55 (79%)
15 (21%)
22 (65%)
12 (35%)
33 (92%)
3 (8%)
<0.01
Forme :
- sensitivo-motrice
- sensitive pure
- motrice pure
45 (64,4%)
24 (34,2%)
1 (1,4%)
21 (62%)
13 (38%)
0
24 (67%)
11 (31%)
1 (3%)
0.62
Atteinte des PC 14 (20%) 4 (12%) 10 (28%) 0.14
Evaluation
initiale :
- MRC moyen
- Rankin moyen
n= 62
71.1
2.5
n= 29
73.41
2.45
n= 33
69.12
2.54
0.2
0.683
Evolution :
- récurrente
- progressive
n=62
19 (31%)
43 (69%)
n=31
5 (16%)
26 (84%)
n=31
14 (45%)
17 (55%)
<0.05
Tableau 4 : Répartition des différents paramètres cliniques selon les groupes.
1 écart type : 10,1; médiane : 78,5; intervalle interquartile : [69-80]
2 écart type : 15,1; médiane : 72; intervalle interquartile : [64-80]
3 test de student
53
Total (n=62) Dépendants (n= 29) Sevrés (n= 33)
Rankin 1 7 (11%) 3 (10%) 4 (12%)
Rankin 2 28 (45%) 12 (41%) 16 (48%)
Rankin 3 17 (27%) 12 (41%) 5 (15%)
Rankin 4 9 (15%) 2 (7%) 7 (21%)
Rankin 5 1 (2%) 0 1 (3%)
Tableau 5 : Classement des patients selon le score de Rankin.
Paramètres ENMG à la phase pré-thérapeutique (cf tableaux 6, 7, 8 et 13)
La majorité des patients de notre série (80%) avait une PIDC « ENMG-définie » selon les
critères EFNS/PNS 2010 sur l’ENMG pré-thérapeutique, sans différence significative entre
les deux groupes. Parmi les 14 patients n’ayant pas une PIDC « ENMG-définie », 3 patients
avaient une PIDC « ENMG-probable », 11 patients une PIDC « ENMG-possible » (cf tableau
6).
Concernant le profil de démyélinisation, il n’existe pas de différence significative entre les
deux groupes (p 0.8) : la démyélinisation est diffuse (c'est-à-dire concernant au moins deux
segments nerveux) chez 64% des patients en moyenne, et « monosegmentaire » chez 36% des
patients. La répartition des patients selon le ou les segment(s) de nerf concerné(s) par la
démyélinisation est détaillée dans le tableau 8.
Concernant le nombre de blocs de conduction (définis par une diminution d’au moins 50% de
l’amplitude du potentiel) sur l’ENMG initial, il n’existe également pas de différence
significative entre les deux groupes (p 0.6), avec un nombre moyen de blocs de conduction de
1,4. La répartition des patients de chaque groupe selon le nombre de blocs de conduction est
détaillée dans le tableau 7.
En moyenne, 32% de patients présentent des anomalies de détection au repos sur l’ENMG
initial, sans différence statistiquement significative entre les deux groupes (p 0.2).
54
Total Dépendants Sevrés p
PIDC « ENMG-définie »
PIDC « ENMG-probable »
PIDC « ENMG-possible »
56 (80%)
3 (4%)
11 (16%)
27 (79%)
2 (6%)
5 (15%)
29 (81%)
1 (3%)
6 (16%)
1
Profil de démyélinisation :
- « monosegmentaire »
- diffus
n= 66
24 (36%)
42 (64%)
n= 32
11 (34%)
21 (66%)
n= 34
13 (38%)
21 (62%)
0.8
- Nombre moyen de blocs
de conduction
n= 70
1.4
n= 34
1.5 1
n= 36
1.3 2
0.6
Anomalies de détection au
repos
n= 68
22 (32%)
n= 32
13 (41%)
n= 36
9 (25%)
0.2
Tableau 6 : Paramètres électrophysiologiques
Dépendants Sevrés
1 BC 5 4
2 BC 5 9
3 BC 5 5
4 BC 4 1
5 BC 1 0
6 BC 0 1
Tableau 7 : Classification des patients selon le nombre de blocs de conduction à l’ENMG
1 écart type: 1,6; médiane: 1; intervalle interquartile: [0-3]
2 écart type: 1,5; médiane: 1; intervalle interquartile: [0-2]
55
Dépendants Sevrés
Profil distal 1 5
Profil intermédiaire 5 4
Profil proximal 4 4
Profil distal + intermédiaire 1 3
Profil distal + proximal 3 4
Profil intermédiaire + proximal 7 2
Atteinte des 3 segments 11 12
Tableau 8 : Détail des profils de démyélinisation selon les groupes.
Paramètres biologiques (cf tableaux 9 et 13)
Sur le plan biologique, une ponction lombaire a été réalisée au cours du bilan pré-
thérapeutique chez 59 patients, avec une protéinorachie moyenne de 0,94. Il y a une tendance
statistique (p 0.06) à une protéinorachie plus élevée chez les patients du groupe « sevrés »
(1,16g/L, versus 0,69g/L chez les patients du groupe « dépendants »).
L’ensemble des patients de cette série a eu une immuno-électrophorèse des protéines
plasmatiques lors du bilan de la neuropathie, avec mise en évidence d’une immunoglobuline
monoclonale chez 17% d’entre eux en moyenne, sans différence significative entre les deux
groupes (p 0.53). Seul un patient (avec une IgMκ monoclonale) présentait des anticorps anti-
gangliosides, de type anti-GD1b (à un taux de 1/2000), parmi les 29 patients chez lesquels la
recherche a été faite.
56
Total Dépendants Sevrés p
Protéinorachie (g/L) n= 59
0.94
n= 27
0.69 1
n= 32
1.16 2
<0.10
Ig monoclonale
- IgG κ
- IgM κ
- IgM λ
12 (17%)
7
4
1
7 (21%)
5
2
0
5 (14%)
2
2
1
0.53
Ac anti-gangliosides 1 (3%) 1 (n=15) 0 (n=14) 1
Tableau 9 : Paramètres biologiques
Paramètres liés au traitement (cf tableaux 10, 11, et 13)
Concernant le délai d’introduction du « traitement actif » par rapport au début des symptômes,
il existe une différence statistiquement significative entre les 2 groupes (p <0.01),
l’introduction du « traitement actif » se faisant plus tardivement chez les patients du groupe
« dépendants » (en moyenne 31,2 mois après le début du déficit) par rapport aux patients du
groupe « sevrés » (en moyenne 11,1 mois après le début des symptômes). (cf tableau 10)
Par ailleurs, il existe une différence significative (p <0.001) entre les deux groupes concernant
le type de « traitement actif» (cf tableau 10):
- dans le groupe « dépendants », les cures d’IgIV constituent le « traitement actif»
chez la majorité des patients (79%), suivies de la corticothérapie (9% des patients),
puis des échanges plasmatiques (6%) et de l’association [corticoïdes + EP] (6% des
patients).
- dans le groupe « sevrés », la corticothérapie est le « traitement actif» administré chez
42% des patients, suivi des IgIV chez 31% des patients, de l’association [corticoïdes +
IgIV] chez 11% des patients, des EP chez 8% des patients, et de l’association
[corticoïdes + EP] chez 8% des patients.
1 écart type: 0,45; médiane: 0,63; intervalle interquartile : [0,35-0,84]
2 écart type: 1,30; médiane: 0,70; intervalle interquartile : [0,49-1,26]
57
En analyse univariée, si l’on compare la répartition des patients sous corticothérapie en
monothérapie et des patients sous IgIV en monothérapie, on observe une différence
significative entre les 2 groupes : si l’on étudie la probabilité d’être sevré, l'odds-ratio du
traitement par corticoïdes par rapport aux IgIV est de 12,27 (IC à 95% : [2.95-50,98]). Cette
différence persiste en analyse multivariée, avec un odds ratio de 21,7 (IC à 95% : [2-232]). (cf
tableau 13)
Concernant le mode de prescription des différents traitements, il est globalement le même
dans les 2 groupes, puisque :
- les corticoïdes ont été utilisés en traitement de 1ère
ligne (c'est-à-dire en 1ère
intention)
chez 15 patients de chaque groupe,
- les IgIV ont été administrées en traitement de 1ère
ligne chez 19 patients du groupe
« dépendants » et 20 patients du groupe « sevrés »
- les EP ont été prescrits en traitement de 1ère
ligne chez 1 seul patient, du groupe
« sevrés ».
Concernant l’efficacité de la corticothérapie en monothérapie :
Globalement, dans cette série, 49 patients (70%) ont reçu une corticothérapie en monothérapie
depuis le début de leur maladie, dont :
- 30 patients dans le groupe « sevrés », parmi lesquels 18 patients (60%) ont eu une
efficacité de ce traitement1 ;
- et 19 patients dans le groupe « dépendants », parmi lesquels seulement 4 patients
(21%) ont eu une réponse favorable à cette corticothérapie.
Parmi les patients du groupe « dépendants » résistants à la corticothérapie en monothérapie,
12 ont ensuite été traités efficacement par IgIV, 1 par EP en monothérapie, et 2 par
l’association EP + corticoïdes.
1 dont un patient pour lequel les EP représentent le « traitement actif »
58
Concernant l’efficacité du traitement par IgIV en monothérapie :
Dans la série complète, 58 patients (83%) ont été traités par IgIV au cours de leur prise en
charge, dont :
- 33 patients du groupe « dépendants », avec une réponse favorable à ce traitement
chez 27 patients (82%) ;
- et 25 patients du groupe « sevrés », avec une efficacité de ce traitement chez 11
patients (44%).
A noter que parmi les 16 patients du groupe « sevrés » n’ayant pas répondu aux IgIV en
monothérapie :
- 2 patients n’ont eu qu’une seule cure d’IgIV,
- 3 patients ont eu seulement deux cures d’IgIV, l’un sans efficacité et l’autre avec une
efficacité partielle jugée insuffisante,
- et 1 patient a eu une amélioration significative de son déficit suite aux deux
premières cures, puis une absence d’efficacité de la 3ème
cure, d’où l’arrêt du
traitement par IgIV
- les autres patients ont reçu chacun au moins 3 cures, sans efficacité de celles-ci, ou
avec une efficacité lors des premières cures, mais cessant par la suite.
Parmi les 27 patients du groupe « dépendants » traités efficacement par IgIV, 12 (dont 2
présentant un syndrome de Lewis et Summer) ont eu auparavant un essai de traitement par
corticoïdes en monothérapie, sans efficacité de celui-ci.
Concernant l’efficacité des échanges plasmatiques en monothérapie :
Seulement 9 patients (soit 13%) ont eu des échanges plasmatiques en monothérapie, avec une
efficacité de ce traitement chez 2 des 3 patients du groupe « dépendants » ayant reçu ce
traitement, et chez 3 des 6 patients du groupe « sevrés ».
Concernant les autres traitements administrés :
- 15 patients ont reçu un traitement par Cellcept en association à leur « traitement actif », dans
le but d’aider au sevrage de ce dernier. L’introduction de Cellcept a permis un arrêt total
prolongé (plus de 2 ans) du traitement immunomodulateur chez 5 patients, et une diminution
de la fréquence d’administration du traitement immunomodulateur chez 3 patients. A noter
59
que 2 patients considérés comme « sevrés » sont actuellement toujours sous Cellcept, l’un à
la posologie de 500mg/j, et l’autre sous 1g/j.
- 11 patients ont été traités par azathioprine, dont 2 du groupe « sevrés » et 9 du groupe
« dépendants ». Le traitement a dû être arrêté pour mauvaise tolérance (nausées et/ou toxicité
hépatique) chez 6 patients, et a été jugé inefficace chez 3 patients. Le motif d’arrêt du
traitement n’est pas connu chez 2 patients (données manquantes).
- Parmi les patients ayant un lymphome associé à la PIDC, celui présentant un lymphome du
MALT a été traité par Rituximab pendant 2 ans, et celui présentant le lymphome T par CHOP
puis Campath. Dans les deux cas, la chimiothérapie a été arrêtée depuis plus de 2 ans. Les 2
patients sont actuellement en rémission complète sur le plan hématologique.
- Le patient présentant la LLC n’a pas reçu de traitement à visée hématologique, du fait de
l’absence d’indication (stade A de Binet).
- La patiente ayant une SEP associée à la PIDC a été traitée par Avonex de 2002 à 01/2003
(soit 3 ans avant le début de l’atteinte périphérique), puis par Imurel pendant 1,5 ans. Elle est
actuellement sous Cellcept + 10mg de Cortancyl par jour.
60
Total Dépendants Sevrés p
Délai d’introduction du
« traitement actif » par
rapport au début des
symptômes (mois)
20.7
28,8-8-[3-27]
31.2
31,9-19-[8-40]
11.1
22,0-4-[2,57-8]
<0.01
« Traitement actif» :
- corticoïdes
- IgIV
- EP
- Association
corticoïdes + EP
- Association
corticoïdes + IgIV
18 (26%)
38 (54%)
5 (7%)
5 (7%)
4 (6%)
3 (9%)
27 (79%)
2 (6%)
2 (6%)
0 (0%)
15 (42%)
11 (31%)
3 (8%)
3 (8%)
4 (11%)
<0.001
Echec :
- corticoïdes en
monothérapie
- IgIV en monothérapie
27/49 (55%)
20/58 (34%)
15/19 (79%)
6/33 (18%)
12/30 (40%)
14/25 (56%)
Tableau 10 : Présentation des paramètres liés au traitement selon les groupes
61
« Traitement actif»
= Corticoïdes en monothérapie
(n=18)
= IgIV en monothérapie
(n=38)
Avec échec
préalable des
IgIV
Sans essai
préalable des
IgIV
Avec échec
préalable
des
corticoïdes
Avec
efficacité
préalable
des
corticoïdes
Sans essai
préalable des
corticoïdes
Dépendants 2 1 12 1 1 14
2
Sevrés 6 9 3 2 6
Total 8 10 15 3 3 20
Tableau 11 : Détail des résultats des essais de traitements préalables à la mise en place du
« traitement actif» (chez les patients dont le « traitement actif» est une corticothérapie ou des
IgIV en monothérapie).
Patients dépendants :
La durée moyenne de suivi des patients du groupe « dépendants » depuis l’introduction de
leur "traitement actif" est de 61,7 mois (écart-type: 28,3 ; médiane: 54 ; intervalle
interquartile [42,2-71]). Au moment du recueil des données, 79% des patients sont dépendants
des IgIV, 9% de la corticothérapie, 6% des EP, et 6% de l’association [corticoïdes + EP].
A noter que 3 patients sont également sous Cellcept, en association aux IgIV pour l’un, et à la
corticothérapie pour les 2 autres.
1 dont 4 patients avec une forme multifocale de PIDC (Lewis et Sumner)
2 dont 8 patients avec une forme multifocale de PIDC (Lewis et Sumner)
3 parmi les 2 patients du groupe "sevrés", l'un a eu une très brève corticothérapie (10 jours) efficace
au cours d'une poussée a minima de sa maladie, puis comme traitement de fond des cures d'IgIV; et
l'autre était dépendant de la corticothérapie, d'où un relais par IgIV. Le motif d'arrêt de la
corticothérapie chez la patiente du groupe "dépendants" n'est pas connu (donnée manquante)
62
Patients sevrés :
En moyenne, les patients du groupe « sevrés » ont reçu leur « traitement actif» pendant 15
mois (écart-type: 13,3 ; médiane: 8,5). Parmi ces patients :
- 25% ont pu être sevrés dans les 7 mois suivant l’introduction du « traitement
actif »,
- 50% l’ont été entre 7 et 19 mois après le début du traitement,
- et 25% l’ont été après 19 mois de traitement.
La durée moyenne de sevrage des patients au moment de l’arrêt du recueil de données est de
45,9 mois (écart-type: 19,9 ; médiane: 42,5 ; intervalle interquartile: [28,7-60,8]).
Comparaison ENMG au sevrage / ENMG de contrôle (cf tableau 12)
Le « second ENMG » a été réalisé en moyenne 12.7 mois après l’introduction du "traitement
actif" chez les patients du groupe « sevrés », et 19.2 mois après le début du traitement chez les
patients du groupe « dépendants ».
27 ENMG ont été analysés dans chaque groupe, et comparés pour chacun des patients à
l’ENMG pré-thérapeutique.
En moyenne, 37% des patients présentent des anomalies de détection au repos sur le « second
ENMG », sans différence significative entre les deux groupes (p 0.25).
Des blocs de conduction sont mis en évidence sur le « second ENMG » chez 45% des
patients, avec une tendance statistique (p 0.09) à une plus grande fréquence de blocs de
conduction chez les patients du groupe « dépendants » (39%) par rapport aux patients du
groupe « sevrés » (31%).
Si l’on s’intéresse à l’évolution des blocs de conduction par rapport à l’ENMG pré-
thérapeutique, on note en moyenne une stabilisation du nombre de blocs de conduction chez
la majorité des patients (53%), diminution de leur nombre chez 30% des patients, et une
augmentation de leur nombre chez 17% des patients. Aucune différence statistiquement
significative n’est observée entre les deux groupes (p 0.26)
63
Concernant l’évolution des autres paramètres de démyélinisation par rapport au premier
ENMG, il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes (p 0.22). En moyenne,
on note une stabilisation des paramètres de démyélinisation chez 56% des patients, une
amélioration chez 35% des patients, et une aggravation chez 9% des patients.
Total « Dépendants » « Sevrés » p
Délai moyen entre
l’ENMG n°2 et
l’introduction du
« traitement actif »
(mois)
n=54
15,9
n=27
19.2
n=27
12.7
Anomalies de détection
au repos
n=51
19 (37%)
n=24
11 (46%)
n=27
8 (29%)
0.25
Présence de BC sur
l’ENMG n°2
n=53
24 (45%)
n=27
16 (59%)
n=26
8(31%)
<0.10
Nombre de blocs de
conduction :
- diminution
- stabilisation
- majoration
n=53
16 (30%)
28 (53%)
9 (17%)
n=27
7 (26%)
13 (48%)
7 (26%)
n=26
9 (35%)
15 (58%)
2 (8%)
0.26
Autres paramètres de
démyélinisation :
- amélioration
- stabilisation
- aggravation
n=54
19 (35%)
30 (56%)
5 (9%)
n=26
7 (27%)
15 (58%)
4 (15%)
n=28
12 (42,5%)
15 (53,5%)
1 (4%)
0.22
Tableau 12 : Analyse du « second ENMG »
64
Analyse univariée Analyse multivariée
OR IC à 95% OR IC à 95%
Sexe (F versus M) 0.38 [0.14-1.04] 0.07 [0.01-0.7]
Age (pour une différence de 20 ans) 0.84 [0.46-1.52] 0.81 [0.26-2.49]
Mode de début (aigu vs chronique) 4.95 [1.23-19.97] 0.15 [0.01-3.07]
Mode de début (subaigu vs chronique) 5.34 [1.68-16.95] 0.41 [0.03-5.06]
Type sensitif versus sensitivomoteur 0.74 [0.27-2]
Topographie proximo-distale versus
distale
1.97 [0.73-5.32]
Topographie MS versus MS et MI 0.31 [0.03-3.17]
Topographie MI versus MS et MI 1.56 [0.34-7.12]
Asymétrie du déficit 0.17 [0.04-0.66] 0.03 [0-0.7]
Atteinte des PC 2.88 [0.81-10.3]
Mode évolutif (récurrent versus
progressif)
4.28 [1.3-14.08] 6.54 [0.72-59.35]
MRC (pour une différence de 16 points) 0.63 [0.29-1.33]
Profil de démyélinisation
(monosegmentaire versus diffus)
1.18 [0.43-3.23]
Multibloc (au moins 2 blocs de
conduction)
0.84 [0.45-1.57]
Anomalies de détection au repos sur le 1er
ENMG
0.49 [0.17-1.37]
Présence d’une Ig monoclonale 0.62 [0.18-2.19]
Protéinorachie (pour une différence de
0.55g/L)
1.54 [0.87-2.73]
Délai symptômes – « traitement actif »
(pour une différence de 24 mois)
0.45 [0.24-0.84] 0.09 [0.01-0.55]
« Traitement actif »: corticoïdes versus
IgIV
12.27 [2.95-50,98] 21.7 [2-232]
Tableau 13 : Calcul des odds ratio (OR) et de l’intervalle de confiance à 95% (IC), en analyses
univariée et multivariée. (les chiffres apparaissant en gras sont ceux correspondant aux paramètres
pour lesquels il existe une différence significative).
65
V-/ DISCUSSION
Parmi les patients répondeurs aux traitements conventionnels de la PIDC, 39 à 46% des
patients sont dépendants du traitement, c'est-à-dire présentent des rechutes lors des tentatives
de décroissance du traitement, empêchant ainsi l’arrêt du traitement (34, 72).
Cette étude rétrospective avait pour objectif la recherche d’éventuels facteurs prédictifs
précoces de sevrage en traitements conventionnels des PIDC. Différents paramètres cliniques,
biologiques, électrophysiologiques, et thérapeutiques ont été analysés chez 70 patients séparés
en 2 groupes : un premier groupe constitué de 36 patients « sevrés », et un second constitué de
34 patients « dépendants ».
En analyse univariée, les 2 groupes se distinguent de façon statistiquement significative au
niveau des paramètres suivants :
- le mode de début de la maladie : dans le groupe « sevrés », le mode de début est
plus souvent aigu ou subaigu que dans le groupe « dépendants »;
- le mode évolutif de la maladie: dans le groupe « sevrés », le mode de type
récurrent est plus fréquent que dans le groupe « dépendants » ;
- le caractère multifocal du déficit : les patients avec un déficit multifocal sont
moins représentés dans le groupe « sevrés » que dans le groupe « dépendants » ;
- le type de « traitement étudié » : dans le groupe « sevrés », les patients sont plus
fréquemment sous corticoïdes que sous IgIV ;
- le délai entre l’apparition des symptômes et l’introduction du « traitement
étudié » : dans le groupe « sevrés », ce délai est significativement plus court que
dans le groupe dépendant.
En analyse multivariée, seuls les paramètres concernant le sexe, le caractère multifocal du
déficit, le type de « traitement actif », et le délai entre l’apparition des symptômes et
l’introduction du « traitement actif », sont significativement différents entre les 2 groupes.
Concernant les paramètres épidémiologiques, l’analyse multivariée a mis en évidence une
différence statistiquement significative entre les 2 groupes au niveau du sexe des patients, les
patients du groupe « sevrés » étant majoritairement de sexe masculin. Cette différence est
cependant minime.
66
Concernant les paramètres cliniques, on retrouve une différence statistiquement
significative entre les 2 groupes pour le caractère multifocal du déficit, qui est plus fréquent
dans le groupe « dépendants ». A noter que l’équipe de « Kuwabara et al » (34) avait déjà mis
en évidence qu’une topographie symétrique du déficit était plus fréquente chez les patients
présentant une rémission complète (définie par une absence de déficit au moins 2 ans après
l’arrêt du traitement), mais de façon statistiquement non significative.
Par contre, il n’apparaît pas de différence significative concernant les autres paramètres
topographiques analysés, à savoir l’atteinte des [membres inférieurs versus des membres
supérieurs, versus des 4 membres], et le siège [proximal versus proximo-distal versus distal]
du déficit ; ni concernant le type de déficit [sensitif pur, versus sensitivo-moteur, versus
moteur pur] ; ou l’atteinte associée des paires crâniennes.
Dans notre étude, l’analyse univariée met en évidence qu’un mode d’installation aigu ou
subaigu est significativement plus fréquent dans le groupe « sevrés », mais cette différence
n’apparaît plus significative en analyse multivariée : en effet il existe un facteur de confusion
qui est le délai entre l’apparition des symptômes et l’introduction du « traitement actif ».
L’équipe de « Kuwabara et al » (34) avait également mis en évidence qu’un mode de début
subaigu (installation des troubles sur moins de 6 mois) était plus fréquent chez les patients
présentant une rémission complète mais de façon statistiquement non significative.
Concernant le délai d’introduction du « traitement actif » par rapport au début des
symptômes, il est significativement plus court dans le groupe « sevrés ». On pourrait penser
que cette différence est liée au mode de début de la maladie, le délai d’introduction du
traitement étant logiquement plus court en cas de début aigu ou subaigu qu’en cas de début
insidieux, mais la différence de délai d’introduction du « traitement actif » entre les 2 groupes
reste statistiquement significative en analyse multivariée, c'est-à-dire lorsqu’on prend en
compte l’interaction des différentes variables entre elles, et notamment ici l’interaction entre
le délai [symptômes – traitement actif] et le mode de début de la maladie. Le délai
d’introduction du « traitement actif » est donc statistiquement différent dans les 2 groupes, de
façon indépendante.
Outre le mode de début de la maladie, le délai d’introduction du « traitement actif» peut
également être allongé en cas de résistance au traitement de 1ère
ligne, c’est à dire au
traitement administré en 1ère
intention (l’introduction du « traitement actif» est alors retardée
par l’échec du 1er
traitement). Cependant, ici la différence de délai d’introduction du
67
« traitement actif» entre les 2 groupes ne semble pas liée à un « effet de 2ème
ligne ». En effet,
le taux d’échec au traitement de 1ère
ligne est comparable dans les 2 groupes, puisque sur les
32 patients de notre série chez lesquels le « traitement actif » est un traitement de 2ème
ligne
(voire de 3ème
ligne pour certains), 16 patients font partie du groupe « dépendants », et 16
patients du groupe « sevrés ».
Enfin, le délai d’introduction du « traitement actif» est essentiellement fonction de la
précocité du diagnostic, d’où l’intérêt de la réévaluation récente des critères diagnostiques
afin d’améliorer leur sensibilité, mais aussi de la formation des neurologues sur cette maladie
rare.
Le graphique ci-dessous montre la probabilité d’être sevré selon le délai entre l’apparition des
symptômes et l’introduction du « traitement actif» :
68
Sur ce graphique, on observe que la probabilité de sevrage est élevée, aux alentours de 70 à
80%, si le délai d’introduction du traitement « actif » est inférieur à 7 mois, puis chute
rapidement passé ce délai.
Cependant, ce graphique a été obtenu à partir des patients de notre série, dans le cadre d’une
étude rétrospective, avec les biais qui lui sont propres (détaillés à la fin de la discussion). Il
n’est donc pas applicable à l’ensemble des patients présentant une PIDC. Il serait par contre
très intéressant d’étudier ce paramètre au cours d’une étude prospective, car la prise en
compte de cette donnée (si elle se confirmait lors d’études ultérieures) pourrait conduire à
modifier le mode de prise en charge des patients, en débutant plus précocement le traitement.
Concernant la répartition des patients selon leur « traitement actif », il existe dans notre
étude une différence statistiquement forte (p <0.001) entre les 2 groupes.
Si l'on s'intéresse aux « traitements actifs » les plus administrés chez les patients de notre
série, à savoir les IgIV en monothérapie et les corticoïdes en monothérapie, on constate que
leur répartition n'est pas superposable dans les 2 groupes: les IgIV représentent le « traitement
actif » chez 79% des patients du groupe "dépendants", contre seulement 31% des patients du
groupe "sevrés", et à l'inverse les corticoïdes apparaissent comme le « traitement actif » chez
9 % des patients du groupe "dépendants", contre 42% des patients "sevrés". En analyse
multivariée, cette différence est statistiquement significative : si l’on étudie la probabilité
d’être sevré, l’odds ratio associé à la corticothérapie est de 21,7 (IC à 95% : [2-232]) par
rapport au traitement par IgIV en monothérapie.
Comment interpréter cette différence ?
1- Cette différence ne semble pas liée à une différence de mode de prescription des
traitements dans les 2 groupes, puisque le taux de patients traités par corticothérapie en 1ère
intention est globalement le même dans les 2 groupes (15/34 pour le groupe « dépendants »
contre 15/36 dans le groupe « sevrés »), de même que le taux de patients traités par IgIV en
1ère
intention (19/34 dans le groupe « dépendants » contre 20/36 dans le groupe « sevrés »).
2- Par contre, le taux de cortico-résistance est plus élevé dans le groupe "dépendants" (79%)
que dans le groupe "sevrés" (40%). Cette constatation pourrait faire suggérer qu'une absence
de réponse à la corticothérapie serait un facteur prédictif de dépendance aux traitements
immunomodulateurs. Cette observation est d’autant plus intéressante que « Kuwabara et al »
69
(34) avaient également montré, dans leur série, qu’une bonne réponse à la corticothérapie
initiale était plus fréquente chez les patients présentant une rémission complète. Cette
différence n’était cependant pas statistiquement significative en analyse multivariée, car
corrélée au caractère multifocal du déficit (facteur confondant). En effet, il est rapporté que
les formes multifocales de PIDC (syndrome de Lewis et Sumner) sont associées à une cortico-
résistance, voire à une aggravation du déficit sous corticothérapie. Dans notre série, 12
patients du groupe « dépendants » (35%) ont une forme multifocale de PIDC, et parmi ces 12
patients, 4 ont été traités par des corticoïdes, sans efficacité (le déficit moteur de 2 patients a
même été aggravé sous corticoïdes). Les 8 autres patients n’ont pas reçu de corticoïdes. Par
contre, les 3 patients (8%) du groupe « sevrés » ayant une forme multifocale de PIDC ont tous
répondu favorablement à la corticothérapie.
3- L’autre hypothèse permettant d’expliquer la plus grande proportion de patients sous IgIV
dans le groupe « dépendants » que dans le groupe « sevrés » serait que les IgIV soient plus
« addictogènes » que les corticoïdes, en rapport soit avec un mode d’action différent, soit avec
le mode d’administration différent pour les 2 traitements (administration continue pour la
corticothérapie, et discontinue pour les IgIV). En effet, si l’on étudie le « taux de réussite du
sevrage »1 des différents traitements, il est nettement plus élevé pour la corticothérapie (82%,
soit 18/22 patients) que pour les IgIV (29%, soit 11/38 patients).
Concernant le « taux de réponse favorable » des différents traitements, c'est-à-dire la
proportion de patients répondeurs à un traitement par rapport au nombre de patients ayant
reçu ce traitement : on retrouve, dans notre série, un « taux de réponse favorable » global de
45% (22/49) pour la corticothérapie en monothérapie, et de 66% (38/58) pour les IgIV en
monothérapie.
Concernant la stratégie de sevrage thérapeutique : la stratégie de sevrage était fonction du
« traitement actif » administré. Pour un traitement donné, la stratégie était la même chez tous
les patients:
- pour la corticothérapie, il s’agissait d’une décroissance progressive : la prednisone
était débutée à la dose de 1mg/kg/j. Cette dose était maintenue pendant 6 semaines,
puis diminuée de 5mg/j toutes les semaines jusqu’à un tiers de la dose initiale, puis
1 Proportion de patients ayant pu être sevrés d’un traitement par rapport au nombre de patients
répondeurs à ce traitement
70
diminuée de 1mg/j toutes les semaines jusqu’à l’arrêt total du traitement (en
l’absence de rechute).
- pour les IgIV, il s’agissait d’un espacement progressif des cures, les cures étant
administrées à la fréquence d’une toutes les 4 semaines pendant 2 mois, puis
espacées d’une semaine supplémentaire selon la tolérance de la période intercure;
- pour les EP il s’agissait d’un espacement progressif des séances, les EP étant
administrés à la fréquence de 2 par semaine pendant 15 jours, puis un par semaine
pendant 15 jours, puis un tous les 15 jours pendant 1 mois, puis un par mois.
L’association à un traitement immunosuppresseur a également été tentée chez certains
patients:
- l’azathioprine n’a été efficace chez aucun des 11 patients ayant reçu ce traitement ;
- le mycophenolate mofetil a eu une bonne efficacité (sevrage du « traitement
actif ») chez 5 patients, et une efficacité moyenne (diminution du « traitement
actif », sans sevrage) chez 3 des 15 patients ayant eu ce traitement.
Concernant le profil de démyélinisation sur l'ENMG initial, aucune différence
statistiquement significative n'apparaît entre les 2 groupes, contrairement à ce que l'équipe de
« Kuwabara et al » (33) avait décrit dans une étude portant sur 42 patients.
Dans l'étude de "Kuwabara et al", les patients étaient répartis selon un profil distal,
intermédiaire, ou diffus, ce dernier étant défini par une atteinte mixte : distale et intermédiaire.
Le segment proximal n'était donc pas pris en compte dans leur étude. Or parmi nos patients,
les anomalies électrophysiologiques de démyélinisation concernaient uniquement le segment
proximal chez 8 patients (11%), le segment distal et proximal chez 7 patients (10%), et le
segment intermédiaire et proximal chez 9 patients (13%). Ne pas considérer le segment
proximal conduisait donc à ne pas classer correctement 34% des patients de notre série. Au
cours de notre étude, nous avons donc séparés les patients selon le niveau d'atteinte
"monosegmentaire", "bisegmentaire", ou "trisegmentaire" (les trois segments étant: distal,
intermédiaire, et proximal), à l'origine d'une répartition des patients en de nombreux sous-
groupes de petits effectifs (cf tableau 8). Afin de ne pas limiter la puissance de l'étude, nous
avons ensuite décidé de regrouper les patients selon le caractère "monosegmentaire" ou
"diffus" des anomalies de démyélinisation, le caractère diffus étant défini par des anomalies
de démyélinisation sur au moins 2 des 3 segments de nerf.
71
Dans notre étude, le profil diffus est réparti de façon superposable dans les deux groupes,
alors que dans la série de "Kubawara et al" ce profil était corrélé à une dépendance au
traitement.
La topographie des anomalies de démyélinisation sur l'ENMG pré-thérapeutique, ne constitue
donc pas, selon notre étude, un facteur prédictif de sevrage en traitement immunomodulateur,
de même que le nombre de blocs de conduction.
A noter que nous n’avons pas étudié l’importance de la perte axonale sur l’ENMG initial, ce
qui aurait éventuellement pu constitué un facteur prédictif de sevrage. Cette analyse n’a pas
été réalisée, car le caractère rétrospectif de l’étude rendait cette analyse difficile, avec un
risque élevé d’aboutir à une mauvaise conclusion. En effet, d’une part le nombre de nerfs
testés était variable selon les patients, et d’autre part, tous les ENMG n’ont pas été réalisés par
les mêmes opérateurs (la mesure des amplitudes des potentiels moteurs et sensitifs est moins
reproductible d’un examinateur à l’autre que celle des VCM ou des LDM).
Concernant l’analyse du « second ENMG », nous avons observé un
« comportement évolutif» des anomalies démyélinisantes (que ce soit les blocs de conduction
ou les autres anomalies de la conduction motrice) assez similaires dans les 2 groupes. Chez la
majorité des patients ces anomalies ont tendance à se stabiliser (56% des patients) ou à
s’améliorer (35%), très peu de patients ont une majoration des anomalies démyélinisantes.
Cette tendance à la stabilisation ou à l’amélioration avec une très faible fréquence
d’aggravation nous semble être plus le reflet de l’efficacité du traitement, qu’un éventuel
facteur prédictif de sevrage. Cette étude montre la persistance d’anomalies démyélinisantes
sans amélioration sur l’ENMG « pré-sevrage » chez 57,5% de patients qui vont finalement
pouvoir être sevrés dans un délai relativement court par rapport à cet ENMG. Nous pourrions
donc faire l’hypothèse que la persistance d’anomalies démyélinisantes au moment où l’on
envisage un sevrage, ne doit pas modifier le projet de sevrage. Toutefois, il est difficile
d’affirmer cela dans la mesure où la méthodologie de cette partie de notre travail présente des
écueils.
- D'une part, seulement 27 patients de chaque groupe ont eu une analyse du "second
ENMG", du fait de données manquantes en rapport avec le caractère rétrospectif
de l'étude :
72
- D’autre part, dans le groupe « dépendants », le choix de l’ENMG sélectionné
comme « second ENMG » est critiquable sur le plan méthodologique. En effet, la
date de tentative de sevrage est impossible à déterminer chez la majorité des
patients du groupe « dépendants » puisque, concernant les patients sous traitements
séquentiels (IgIV ou EP), ils rechutent souvent d’emblée en fin de période
intercure, avant même d’avoir tenté un sevrage proprement dit. Il a donc été décidé
de sélectionner l’ENMG réalisé à environ 19 mois du début du « traitement actif »,
délai auquel 75% des patients du groupe « sevrés » le sont. Par conséquent, le
"second ENMG" a été réalisé en moyenne 4 mois plus tard par rapport au début du
"traitement actif" chez les patients du groupe "dépendants" comparés à ceux du
groupe "sevrés".
Au final, nous pensons qu’une étude prospective serait intéressante à réaliser pour comparer
les ENMG de tous les patients ayant une PIDC à des temps définis (par exemple tous les 6
mois) par rapport au début du « traitement actif », afin de déterminer si l’évolution de certains
paramètres électrophysiologiques constitue réellement un facteur prédictif de réussite du
sevrage. En effet, à notre connaissance aucune équipe n’a actuellement publié d’étude
permettant de déterminer si la persistance d’anomalies de démyélinisation sur un ENMG de
contrôle, sous traitement chez un patient stable sur le plan clinique, est un facteur de risque de
rechute au sevrage, et à l’inverse si la normalisation de l’ENMG est un facteur prédictif de
réussite du sevrage. Or cette information paraît fondamentale pour aider le clinicien dans sa
stratégie thérapeutique.
Concernant les biais de l’étude :
D'une part, il s'agit d'une étude rétrospective, avec les inconvénients qui lui sont propres:
- Il existe des données manquantes, limitant la puissance de l'étude pour l'analyse
des paramètres concernant lesquels nous ne disposons pas d'information pour
certains patients.
- Par ailleurs, l'examen clinique et l'ENMG des différents patients ont été réalisés
par des examinateurs différents, or ces examens (surtout l'ENMG) sont opérateurs-
dépendants. Par exemple, le nombre de nerfs analysés à l’ENMG diffère d’un
patient à l’autre (contrairement à une étude prospective avec un protocole
d'examen standard, identique pour tous les patients), ce qui peut fausser
notamment l'analyse du nombre de blocs de conduction.
73
D’autre part, dans cette étude les patients ont été considérés "dépendants" si au moment du
recueil de données ils nécessitaient toujours un traitement après une période d'au moins 2 ans
de « traitement actif ». Or, 6 patients du groupe « sevrés » (soit 17%) l’ont été après 2 ans de
« traitement actif ». On peut donc penser que certains patients classés dans le groupe
« dépendants » seront peut-être sevrés ultérieurement.
VI-/ CONCLUSION
Parmi les patients traités pour une PIDC, environ 40% sont dépendants du traitement. Or peu
d’auteurs se sont intéressés à ce phénomène de dépendance, qui pourtant pose à la fois un
problème de qualité de vie pour les patients, et de coût économique pour la société. Il parait
intéressant de déterminer s’il existe des facteurs prédictifs de sevrage thérapeutique, afin
d’adapter au mieux la prise en charge de ces patients.
Dans notre étude, les facteurs suivants sont significativement plus fréquents chez les patients
sevrés que chez les patients dépendants : le sexe masculin, un déficit clinique symétrique, et
un délai bref entre l’apparition des symptômes et l’introduction du « traitement actif ».
Ces paramètres pourraient constituer des facteurs prédictifs de sevrage thérapeutique.
Par ailleurs, une cortico-résistance et un mode de début chronique de la maladie semblent plus
fréquents chez les patients dépendants.
Cependant il convient d’être prudent, car il s’agit d’une étude rétrospective et qui porte sur un
effectif relativement faible de patients. Ces résultats intéressants nécessitent donc d’être
confirmés par la réalisation d’une étude prospective.
En effet, la mise en évidence précoce de facteurs de risque de dépendance pourrait conduire à
modifier la stratégie de prise en charge des patients, par exemple en débutant au plus tôt le
traitement, ou en l’associant d’emblée à un immunosuppresseur, comme le mycophenolate
mofetil, cette stratégie ayant été efficace chez 30% de patients, ou en observant une
décroissance et/ou un espacement des doses de façon plus progressive.
74
ANNEXE 1
0 Aucun symptôme
1 Pas de handicap malgré la présence de symptômes : capable d’effectuer toutes les
taches et activités quotidiennes habituelles
2 Handicap léger: incapable d’effectuer les tâches du point précédent, mais capable de
s’occuper de lui-même
3 Handicap modéré: nécessite une aide pour ses soins quotidiens, mais capable de
marcher sans aide.
4 Handicap modérément sévère: nécessite une aide pour ses soins quotidiens, incapable
de marcher sans aide.
5 Handicap sévère: dépendance totale
Echelle de Rankin modifiée
(VAN SWIETEN JC, KOUDSTAAL MD, VISSER MC, SCHOUTEN HJ, VAN GIJN J.
Interobserver agreement for the assessment of handicap in stroke patients. Stroke 1988 ; 19 :
604–607).
0 Normal
1 Symptômes minimes, capable de courir
2 Capable de marcher 5 mètres sans aide
3 Capable de marcher 5 mètres avec aide
4 Déplacement en fauteuil roulant, ou alitement
5 Ventilation assistée
6 Décès
Echelle fonctionnelle de Hughes
76
ANNEXE 3
Score INCAT
SCORE SENSITIF MEMBRE
SUPERIEUR
MEMBRE
INFERIEUR
PIQURE
VIBRATION
COMPAS
TOTAL
Piqûre /vibration
0: normal
1: anormal à l'articulation inter phalangienne distale
2: anormal à la cheville ou au poignet
3: anormale au coude ou au genou
4: anormale à l'épaule ou à la hanche
Epreuve du Compas (index phalange distale face antérieure)
0: discrimination pour une distance< 4 mm
1: discrimination pour une distance comprise entre 5 et 9mm
2: discrimination pour une distance comprise entre 10 et 14mm
3: discrimination pour une distance comprise entre 15 et 19 mm
4: discrimination pour une distance > 20mm
Le score « INCAT modifié » correspond au score INCAT, sans l’épreuve du compas (non
réalisée de façon systématique dans le service).
77
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ABREVIATIONS
AAN : American Academy of Neurology
BC : Bloc de conduction
EFNS/PNS : European Federation of Neurological Societies / Peripheral Nerve Society
ENMG : Electroneuromyogramme
LCR : Liquide Céphalo-Rachidien
LDM : Latence distale motrice
PES : Potentiels évoqués somesthésiques
PIDC : Polyradiculoneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique
ROT : Réflexes ostéotendineux
SEP : Sclérose en plaque
SGB : Syndrome de Guillain Barré
SNC : Système nerveux central
87
ANNEE : 2010
AUTEUR : RABIN Magalie
DIRECTRICE DE THESE : Dr VIALA Karine
TITRE : Polyradiculoneuropathies inflammatoires démyélinisantes chroniques: recherche
de facteurs prédictifs de sevrage thérapeutique.
INTRODUCTION :
Parmi les patients répondeurs aux traitements conventionnels des polyradiculoneuropathies
inflammatoires démyélinisantes chroniques (PIDC), environ 40% sont dépendants du
traitement, c'est-à-dire présentent des rechutes lors des tentatives de décroissance du
traitement, empêchant ainsi son arrêt. Or peu d'équipes se sont intéressées à ce problème de
dépendance thérapeutique.
L'objectif de cette étude est de rechercher d’éventuels facteurs prédictifs précoces de
sevrage en traitements conventionnels des PIDC (immunoglobulines intraveineuses,
corticoïdes, échanges plasmatiques).
MATERIEL ET METHODE :
Il s'agit d'une étude rétrospective, portant sur une série de 70 patients présentant une PIDC,
répondeurs à l'un des traitements conventionnels de cette pathologie. Les patients ont été
séparés en 2 groupes selon qu'ils étaient dépendants du traitement, ou sevrés depuis au
moins 18 mois.
Différents paramètres cliniques, biologiques, électrophysiologiques, et thérapeutiques ont
été analysés chez l'ensemble des patients, et comparés dans les 2 groupes.
RESULTATS :
Les paramètres plus fréquemment retrouvés chez les patients sevrés que chez les patients
dépendants, de façon statistiquement significative, sont: le sexe masculin, une topographie
symétrique du déficit, et un délai bref entre l’apparition des symptômes et l’introduction du
traitement. Par ailleurs, une cortico-résistance et un mode de début chronique de la maladie
semblent plus fréquents chez les patients dépendants.
CONCLUSION :
La rapidité de mise sous traitement semble être un facteur favorisant la réussite du sevrage
thérapeutique. Raccourcir le délai diagnostique dans cette maladie rare par une meilleure
diffusion des connaissances, en particulier des formes atypiques, est donc un enjeu capital.
L'identification de facteurs de dépendance au moment du diagnostic pourrait modifier la
stratégie thérapeutique, en traitant plus précocement, en ralentissant la décroissance des
traitements, ou en introduisant plus rapidement un immunosuppresseur. Cependant les
résultats de cette étude doivent être confirmés de manière prospective, avant d’établir de
nouvelles règles de stratégie thérapeutiques.
MOTS CLES : polyradiculonévrite inflammatoire démyélinisante chronique, dépendance,
sevrage thérapeutique, corticoïdes, IgIV, traitement.
ADRESSE DU CHU : 8 rue du général Sarrail, 94010 CRETEIL CEDEX