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N o 124- novembre 2007 - ISSN 1246-077X

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Les mmétaphores nne mmanquent ppas ddans lla ppresse ppour qqualifier cce

mois dde nnovembre cchargé een cconflits DDoit on ss’étonner dde cce

calendrier aalors qque nnous ssommes fface àà uun pprésident eet uun

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Revue de la Fédération SyndicaleUnitaire3.5, rue de Metz75010 ParisTél. : 01 44 79 90 30Fax : 01 48 01 02 52Internet :http://www.fsu.fr Mél :[email protected]@fsu.frN°CP : 0710-S07429N° ISSN : 1246-077 XDirecteurde la publication :Gérard AschieriRédaction :Marianne BabyJean-Michel Drevon,Émmanuel GuichardazÉlizabeth Labaye,Claudie Martens,Jacques Mucchielli,Conception :agence Naja

Publicité :Com d’habitudepublicitéClotilde Poitevin25, rue Fernand-Delmas19100 BriveTél. : 05 55 24 14 03

GMF p. 2LeSite p. 31CASDEN p32

Compogravure : CAGImpression : SIEP

Prix au numéro :0,40 €Abonnement : 4 €Si vous changezd’adresse, veuillezcommuniquervos nouvellescoordonnéesà votre syndicat.

Gérard AAschieri

socialesEurope, le traité en débat

Manque de logements sociaux

publiquesLa Fonction publiqueen conférence

éducativesTableau blanc interactif

Formation des enseignants

cultureLa cité de l’immigration

rencontreJérôme Deschamps

Unitairesédito

sommaire

La ppolitique aagricole ccommune

Créée een rréforméeen lla ppolitiqueagricole eeuropéenneconnue ssous lle nnom ddePAC eest cconfrontée àà llamondialisation oorganiséepar LL’OMC SSon aavenir ffaitdébat

DDOOSSSSIIEERR

Fonction ppublique : par iintérêt ggénéralAu mmoment ooù llegouvernement ss’attaqueau sstatut dde lla FFonctionpublique iil ffaut rrevenirsur sses ffondements ssonhistoire eet sses vvaleursC’est bbien ddu sservice ddel’intérêt ggénéral qqu’il eestquestion

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MÉT

IER Aménagement

La vie économique nécessite d’aménager les terri-toires : infrastructures, carrières, aménagementsfonciers... La direction régionale de l’environne-ment (DIREN) de Bretagne, service déconcentré duMEDAD s’emploie à ce que des erreurs d’aménage-ment, souvent irréparables, n’aient plus lieu. YvesBillon y travaille comme technicien dans le service«évaluation et développement durable». Il parti-cipe à la rédaction des avis concernant les projetssoumis à étude d’impact ( projets d’urbanisme,d’aménagement routier, d’infrastructure...). Ainsiquand le pays de Rennes redéfinit son schéma decohérence territoriale ou son plan de déplacementurbain pour les 15 à 20 ans à venir,Yves participe àla rédaction de l’avis de la DIREN sur les impacts envi-ronnementaux d’un tel projet. Sur cette base lepréfet rédige l’avis de l’Etat . Dans le cadre du pro-jet « Bretagne grande vitesse » il étudie l’impactenvironnemental des tracés des lignes ferroviaires,

les impacts de suppressions de passage à niveau etdes raccordements routiers, dans un souci de pro-tection de l’environnement et de développementdurable. Agriculteur à l’origine, il a travaillé dans lesservices vétérinaires avant de rejoindre la DIREN.Comme la plupart de ses collègues, son parcoursest atypique et davantage motivé par les enjeuxenvironnementaux que par les perspectives de car-rière. « On fait nous-mêmes notre poste » résume-t-il pour expliquer son quotidien : Son travail d’ex-pertise s’appuie sur un réseau construit au fil dutemps avec les autres DIREN, les services spécialisésdu ministère, les relations avec les représentants desassociations. Si Yves a choisi de militer au SyndicatNational de l’Environnement, c’est parce qu’il consi-dère que le syndicalisme ne s’arrête pas à la défensedes conditions de travail, du revenu, de l’emploimais qu’il doit aussi s’interroger sur la finalité socialeet écologique du travail et de l’activité humaine.

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

La conférence internationale de Bali du 3 au14 décembre pilotée par l’ONU, doit pour-suivre les négociations officielles sur la ré-duction des gaz à effet de serre pour ladeuxième phase du protocole de Kyoto(2013-2017). Dans le protocole de Kyotode 1997 trente-six pays industrialiséss’étaient engagés à réduire, entre 2008et 2012, leurs émissions de gaz à effet deserre d’au moins 5 % par rapport au niveaude 1990. Au total, cent soixante-quinzepays ont maintenant ratifié le traité, qui estentré en vigueur en février 2005 mais sansla Chine ni les États-Unis. L’urgence d’éta-blir un accord avec l’ensemble des pays etnotamment les États-Unis sera donc aucœur de cette conférence. L’Europe pro-pose de réduire les émissions de gaz à ef-

fet de serre de 30 %d’ici 2020; Les États-Unis en revanche re-fusent de s’engagersur des cibles interna-tionales, le Présidentaméricain refusant lesystème des quotas etdu commerce de CO2prévus par le protoco-le de Kyoto et préfé-rant orienter les dé-bats vers des objectifsnon contraignants. Les21 partenaires del ’ A s i e - P a c i f i q u e(APEC) ont, dans cet-te logique, adopté un

appel mentionnant « une aspiration à ré-duire de 25 % le rapport de la consomma-tion d’énergie et de la production d’ici à2030 ».L’enjeu pour Bali sera pourtant d’aller au-delà des objectifs et des règles du protocolede Kyoto, en impliquant tous les pays d’ici2009. Difficile quand les deux parties affi-chent des stratégies opposées! Ajoutons àcela que les efforts des pays industrialisésresteront vains s’ils ne sont pas étroite-ment coordonnés avec l’action des grandspays émergents - l’Inde, la Chine, leMexique, le Brésil, l’Afrique du Sud, AprèsBali il ne restera que la conférence dePodznan en décembre 2008 en Pologne, etcelle de Copenhague en 2009.

CLAUDIE MARTENS

Unedic/Anpe

Le texte d’orientation « pourun service public de l’emploirefondé » présenté parChristine Lagarde reprendtoutes les orientationsgouvernementales déjàannoncées. Pour la FSU et leSnu-Anpe,l’objectif politiqueest d’abord de contrôlerles chômeurs par la maîtrisedes sanctionset des radiations. Le projet de nouvelleinstitution exclue toutcaractère public.Sa déclinaison régionalerisque d’amener une régionalisation rampanteproductrice d’inégalitésd’intervention endirection des chômeurscomme des entreprises.La répartition du financementdu nouvel organisme entrel’État et le régime d’assurancechômage est confuse.Enfin, se pose la questionde la représentativité dans lesinstances de pilotage du futurorganisme. Pour la FSUet le Snu-Anpe, (1er syndicatde l’Anpe) le maintien d’unereprésentativité limitéeaux 5 confédérations poseraitle problème de la démocratiesociale. La FSU a demandéun rendez-vous d’urgenceà François Fillon et àla ministre Christine Lagarde.

YvesBillonTechnicien del’environnementà la DIRENde Bretagne

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Après Kyoto, Bali

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FONCTION PUBLIQUE

Les fédérations defonctionnaires CGT,CFDT, FO, FSU, UN-SA, SOLIDAIRES,CFTC; rejointes de-puis par la CGCn’ont pu que consta-ter que leurs deuxrevendications prio-ritaires, le pouvoird’achat et l’emploipublic, ne sont tou-jours pas prises encompte par le gou-vernement.Sur le plan salarialet face aux exi-gences d’augmenta-tion de la valeur dupoint d’indice pourun réel maintien dupouvoir d’achat de tous, et de refonteglobale de la grille indiciaire, sont pro-posées par le gouvernement des « me-sures concrètes et ciblées » ridicules envolume et qui ne concernent qu’une pe-tite partie des agents de la Fonction pu-blique.Face aux exigences d’un service publicde qualité et de proximité, répondant en-

core mieux aux be-soins de toute lapopulation, basésur des emplois pu-blics statutaires, ilest répondu par lePremier ministre :« Moins de services,moins de person-nels, moins d’É-tat », confirmé parla suppression deplus de 22 000postes dans le pro-jet de budget 2008.L’unité s’est faitesur les exigences enmatière de salaires,d’emploi public, dedéfense du servicepublic, de ses mis-

sions et du statut de la Fonction Publique. Après le succès du 18 octobre et alorsque le gouvernement vient d’annoncerl’allongement de la durée de cotisationpour obtenir une retraite au taux maxi-mum à 41 annuités en 2012, la FSU etd’autres organisations continuera à y ajou-ter la question des retraites.

JEAN-MICHEL DREVON

25 novembreJournée internationale

de lutte contre les violencesfaites aux femmes.

Depuis plusieurs annéesles femmes du monde entierse réunissent, manifestent à

cette date pour dénoncerles violences dont elles

sont victimes.En France cette année du

fait de la date, un dimanche,des actions auront lieule samedi ou le lundi.

À Paris, le Collectif Nationaldes Droits des Femmes

(CNDF) appelle à unrassemblement le samedi 24à 15h30 devant le ministère

de la justice avec commemots d’ordre ou

revendications : dénoncerles doubles violences,

mettre en avantl’internationalisation

des violences et demanderune Loi cadre contre les

violences faites aux femmesen France. Un projet de Loi-cadre à l’initiative du CNDF,

a été édité ennovembre 2006 aux éditions

Syllepse.

Pouvoir d’achat : les grands écartsSelon l’INSEE, de 1998 à 2002, le pouvoir d’achat desFrançais a augmenté en moyenne d’environ 3,4 % par an.Entre 2003 et 2006 il n’augmente plus que de 1.9 % paran. Ce ralentissement s’explique d’abord par la faibleprogression des salaires et la persistance d’un chômagemassif. 15,1 % des salariés sont rémunérés au niveau dusalaire minimum (ils étaient 8.6 % en 1991), près de 40 %gagnent moins que 1,3 smic. Dans le même temps la partdes dépenses contraintes (logement, chauffage,remboursement de crédits…) ne cesse d’augmenter dansle budget des ménages, atteignant 75 % pour les plusmodestes confrontés aux hausses des prix des loyers,du fioul ou des produits de première nécessité.Les écarts se creusent : les 3500 foyers fiscaux les plusriches ont vu leurs revenus augmenter de 42,6 % ces huitdernières années. Pendant la même période 90 % desfoyers fiscaux ont du se contenter d’une hausse moyennede 4.6 %. Cette véritable explosion des inégalitéss’explique par l’envolée des très hauts salaires, des plusvalues boursières et des revenus des capitaux mobiliers.

Le chef de l’État a déclaré faire du pouvoir d’achatune priorité nationale. Le gouvernement organisaitle 23 octobre dernier une conférence sociale Etat-patronat-syndicat sur cette question. Mais après avoirfait voter cet été une baisse historique de la fiscalitépour les plus riches, il s’en tient aujourd’hui côté salaireà une seule mesure : la détaxation des heuressupplémentaires. Et Nicolas Sarkozy dans son discoursdu 18 septembre dernier entend décrocher les règlesactuellementcontraignantes deréévaluation du SMIC*.

Claudie Martens

*Le SMIC doitréglementairementaugmenter d’au moins50 % de la hausse dupouvoir d’achat salairemoyen horaire ouvrier.

Tous en grèvele 20 novembre

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s oc ia lesFranchisesvotées

Malgré l’oppositionmajoritaire auxfranchises,opposition quis’est manifestée selon desvoies diverses (initiativesdes collectifs,manifestationnationale du 13 octobre,vote de motions dans lesCPAM et CRAM,lettres auxparlementaires, etc.),l’assemblée a voté le PLFSSle 26 octobre. C’estmaintenant le tour du sénat,et des initiatives sontprogrammées dans lesdépartements et à Parispour maintenir la pression.Il est clair que, comme la loiDouste – Blazy dont l’échecen matière de déficitest patent, les franchisesn’auront aucun rôle ence domaine. L’objectif réelest d’aller vers de nouveauxdésengagements faisanttoujours plus porter l’effortfinancier sur les malades.Au delà du maintienet du développement d’uneprotection sociale solidaire,il s’agit non seulementde repenser l’organisationdu système de santé, maisaussi d’agir sur les conditionsde travail génératricesde pathologies lourdeset coûteuses,comme surcelles des conditions de vie,d’alimentation, de logement.C’est bien sur l’ensembledes terrains que doitse construire unealternative aux politiquesmenées en matière de santéet de protection sociale.

GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT

Timides débuts

Un large consen-sus s’est exprimésur la gravité desenjeux et la né-cessité d’avancerdes propositionsconcrètes. Ils’agit donc d’uneétape décisive fa-ce à la crise envi-ronnementale quimenace la planè-te, même si onest loin de la « ré-volution verte » annoncée.On peut noter de premières avancéesconcernant les transports, le logement, ledéveloppement des énergies renouve-lables, la santé. Mais, outre le flou des fi-nancements et des délais, de nombreusesambiguïtés demeurent sur le gel des cul-tures OGM, la réduction de l’utilisation despesticides, le nucléaire. Sans engagementbudgétaire chiffré,les bonnes intentionsrisquent de se heurter aux orientationséconomiques du gouvernement et aux dik-tats du MEDEF, aux blocages de la FNSEAnotamment, en ce qui concerne les poli-tiques énergétiques,agricoles, des trans-ports, d’aménagement du territoire…C’est-à-dire l’essentiel !En matière de fiscalité, l’engagement -positif - de création d’une taxe« climat-énergie » a comme contre par-tie l’allégement annoncé de la taxationdu travail dans le cadre de la « neutrali-té » des prélèvements obligatoires, avec

pour conséquence l’aggravation des dé-ficits sociaux ! Le gouvernement conti-nue ainsi à opposer l’environnemental etle social.La FSU a regretté que ne soit pas créé unservice public de l‘environnement, et glo-balement l’absence de proposition sur lerôle de l’État, son organisation, sesmoyens en terme d’outils de contrôle, enterme juridique.De même l’éducation à l’environnementest absente alors qu’elle est essentiellepour avancer vers une prise de conscien-ce, dès le plus jeune âge, et le dévelop-pement de comportements « respon-sables ».Il faudra poursuivre la mobilisation pouraller vers des changements et des actionsarticulant transformation des comporte-ments individuels et mise en cause desmécaniques du système économique res-ponsables de la situation actuelle.

ELIZABETH LABAYE

Le Grenelle de l’environnement s’est achevé Il confirme une réelleprise de conscience et le manque de volonté pour des décisionsfermes

Les millions de l’UIMMFin septembre, le parquet a ouvert une enquête préliminaire sur des retraitsde fonds suspects sur les comptes de l’UIMM, la plus importante composante duMEDEF, effectués ces dernières années par Denis Gautier-Sauvagnac, présidentde cette organisation. Des retraits en liquide, de près de 6 millions d’eurosdont une partie a été retrouvée au domicile même de M. Gautier-Sauvagnac.En guise de contre-attaque, plusieurs dirigeants patronaux ont laissé entendrequ’une partie de ces fonds pouvaient servir à « fluidifier le dialogue social »,autrement dit à tenter de corrompre des responsables syndicaux lorsde négociations ou de conflits… Au-delà de ces accusations, la justice à doncdu pain sur la planche. Il est de toute façon urgent de rediscuter des questionsrelatives à la démocratie sociale: signature des accords - représentativitésyndicale – financement des organisations…

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En 2000, suite au traité de Nice, leConseil européen cherche à rendrel’Union « plus démocratique, plustransparente et plus efficace ». UneConvention élabore, entre 2002et 2003 un traité établissant uneConstitution pour l’Europe, qui doitremplacer les traités existants. Cetraité constitutionnel, ratifié par 18États membres sur 27, est rejeté parréférendum en France et aux Pays-Bas

en 2005. LeRoyaume-Uni etla Pologne quantà eux, ne poursui-vent pas le pro-cessus de ratifi-cation. Pour sortirde la crise, unrapport et d’in-tenses négocia-tions aboutissent,en juin 2007 àBruxelles, à la dé-cision de rédigerun « traité modi-ficatif » pour ren-forcer « l’effica-cité et lalégitimité démo-cratique de

l’Union élargie, et d’améliorer la co-hérence de son action extérieure ».Nicolas Sarkozy, fraîchement élu, quia défendu dans sa campagne l’idéed’un « mini-traité », a évidemmentsaisi l’occasion et un texte définitifest sorti du sommet de Lisbonne. Letexte, rendu public le 5 octobre, de-vrait être signé début décembre, ou-vrant le procéssus de ratification parles différents pays, pour être appliqué

dès janvier 2009. Sous quelle forme ?Ne prendre aucun risque semble êtrela préoccupation du président et de lamajorité des responsables politiques.Et de faire comme si la question nevalait pas la peine d’être débattueet soumise à l’avis des Français. Pour-tant c’est un texte compliqué, éla-boré en moins de trois mois, et né-gocié dans la plus grande opacité.296 articles en 147 pages qui ne peu-vent être compris qu’en regard destraités de Maastricht et de Nice, 69pages de protocoles précisant les trai-tés, et 63 pages de « déclarationsunilatérales ». En fait, l’informationdes citoyens et le débat démocra-tique ne paraissent pas être la pré-occupation des dirigeants, bien déci-dés par ailleurs à ne pas recourir à laratification par référendum qui avaitété l’occasion d’un véritable débaten 2005.Pour la FSU une telle attitude n’est pasacceptable: elle définira dans ses ins-tances sa position sur le fond maisd’ores et déjà elle souligne qu’il estimpératif que le débat ait lieu et queles citoyens puissent s’en saisir et s’ex-primer démocratiquement.

MARIANNE BABY

UNION EUROPÉENNE

Traité modificatif : en débattre vraiment

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Quelques éléments du traité Institutions :•Un président du Conseil Européen

nommé pour 2 ans et demi,renouvelable une fois.

•Un « Haut représentantpour la politique étrangère ».

•Une commission réduiteà 18 membres à partir de 2014,soit les 2/3 des États membres,avec un système de rotationégalitaire et des mandats de 5 ans.

•Parlement : un rôle renforcé,une diminution du nombrede parlementaires. 751 contre 785aujourd’hui, le nombre par paysétant fixé par un systèmeproportionnel avec un maximumde 96, un minimum de 6.

•vote à la majorité qualifiée pour

la plupart des domaines, unanimiténécessaire pour la politiqueétrangère, la sécurité sociale,la fiscalité, la culture.

Laïcité :Le préambule fait toujoursréférence aux héritages religieux,mais toute référence au dialogueentre l’UE et les religions a disparu.

Droits fondamentaux :La charte des droits fondamentauxne paraît plus in extenso,mais il y est fait référence.Elle sera proclamée le 12 décembreet s’appliquera partout saufau Royaume-Uni et en Pologne.

Services publics :La nécessité pour les États membresd’assurer les conditions économiqueset financières aux services d’intérêtéconomique général (SIEG)de remplir leurs missionsest explicitement reconnue, ce quiet une avancée par rapport au TCE.Ils sont cependant soumis,sauf dérogation, à la concurrence.

Économie :La stabilité des prix devientun objectif de l’Union, et non plusseulement de la Banque centraleeuropéenne. L’expression trèscontestée de « concurrence libreet non faussé » a disparu mêmesi elle reste la basse des échanges.

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s oc ia lesRelaxezFlorimond

Deux mois de prison avecsursis ont été requis lundi22 octobre contre FlorimondGuimard militant FSUmarseillais du Réseauéducation sans frontières(RESF), pour «rébellion »contre des policiers lorsd’une action contrel’expulsion d’un parentd’élève en 2006. Lejugement du tribunalcorrectionnel d’Aix-en-Provence a été mis endélibéré au 21 décembre. Près de 3000 personnes ontmanifesté leur solidarité àAix-en-Provence, restantdevant les grilles du tribunalet scandant «Florimondrelaxe ». À la sortie del’audience, F. Guimard s’estdit «serein ». « Je pense queje vais être relaxé, mêmele procureur a demandé queles faits soient requalifiésen rébellion mais dansce cas, ce sont 250personnes qui devraient êtrepoursuivies pour rébellion ».

Si à la SNCF, à EDF/GDFet à la RATP ce sont lesrégimes spéciaux quiont cristallisé le mou-vement et assuré uneunité qui a permis unegrève exceptionnelle(75 %), s’est expriméeplus largement, avecdes modalités diverses,la volonté de combattreles politiques gouver-nementales dans lafonction publique ter-ritoriale, contre la fu-sion ANPE/Unedic et laréforme aux impôts, àla Poste ou dans l’édu-cation.La question de la reconduction s’est po-sée à la RATP et à la SNCF. Le gouverne-ment qui avait préparé l’opinion à un af-frontement, a fourni à la FGAAC(conducteurs autonomes) les conditionsde son retrait. En même temps il ouvraitdes « négociations » tout en affirmant quel’essentiel – les 40 ans et la décote –n’était pas négociable. Dans ces condi-tions l’intersyndicale à la SNCF (CGT –FO – CFTC – SUD Rail – UNSA – CFE-CGC)décidait d’appeler à la grève reconduc-tible à partir du mardi 13 novembre 2007à 20h00 rejoint depuis par la CFDT. Demême à EDF-GDF et à la RATP les orga-nisations syndicales se mettent en ordrede bataille comme les salariés de l’Opé-ra, déjà en grève en octobre.

Après le succè du 18, l’appel des fédéra-tions de fonctionnaires est une nouvelleétape de la montée en puissance des mo-bilisations. Cette première journée « fonc-tion publique » arrive dans un contexte quivoit d’autres forces sociales se mettre enmouvement. C’est le cas des marins-pê-cheurs qui contribue à poser la questiondu pouvoir d’achat et même de leur sur-vie. C’est celui des étudiants qui com-mencent à se mobiliser contre la loi Pé-cresse. Les avocats et des magistratsappellent à une grève le 29 contre la ré-forme de la carte judiciaire. Le présidenta beau courir sur tous les fronts, le déca-lage entre les discours et les réalités de-vient de plus en plus explosif.

JEAN-MICHEL DREVON

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LUTTES

Après le 18 octobre !

test ADNLors de l’examen du projet de loi sur l’immigration deBrice Hortefeux, le député UMP Thierry Mariani a faitadopter un amendement instaurant la possibilité derecours aux tests ADN pour prouver les liens de filiationdans la procédure de regroupement familial. Cettedisposition a soulevé une vague d’indignation dans toutle pays. Celle-ci a même atteint les rangs de l’actuelle majoritéet on aura vu un ancien premier ministre – Dominique de Villepin - signer la pétition initiée parSOS-Racisme et Charlie Hebdo!Le Sénat a remanié le texte initial, mais la commission

mixte paritaire députés/sénateurs n’a finalementpas saisi l’occasion qui lui était donnée d’abandonnerdéfinitivement l’utilisation des tests génétiques.À la suite de son adoption par le parlement, le PS,le PCF et le Modem ont saisi le Conseil Constitutionnel.Pour la FSU, le recours à de tels tests, dont l’usage a étéfixé par les lois bioéthiques, touche à des élémentsfondamentaux de la personne humaine et, de ce fait,à des règles éthiques qui ne peuvent pas et ne doiventpas relever d’enjeux politiques à courte vue.Cette disposition, même amendée, reste inacceptableau regard du droit élémentaire à vivre près des siens.

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Le succès du tant sur le plan des grèves que des manifestationsmontre les potentialités d’un mouvement social qui semblaittétanisé depuis l’élection présidentielle

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dit la fondation Abbé Pierre : le chiffre rappelle l’énormité du manque de logementssociaux

Le 16 décembre 2006, apparaissaientles premières tentes le long du canalSaint-Martin. Le mouvement des «en-fants de Don Quichotte » faisait rapi-dement tâche d’huile, les associationsqui œuvraient depuis de longues an-nées dans le domaine du logement(DAL, Emmaüs, Secours Populaire...)leur emboîtant le pas pour finalementcontraindre le gouvernement del’époque à rédiger, dans l’urgence,une proposition de loi sur « le loge-ment opposable».Aujourd’hui, malgré les engagements,la loi n’est toujours pas mise en œuvreet les tentes réapparaissent...Fin septembre, le ministère du loge-ment s’était pourtant «délocalisé » –pour une dizaine de jours – en pleincœur de Lyon, Place Bellecour. Ins-tallés dans des Algécos, aux alluresde chantier, Christine Boutin et sescollaborateurs entendaient « mobiliserl’ensemble des acteurs de la chaîne dulogement ». L’opération, qui a coûté labagatelle de 300 000 euros, aura eu unsuccès médiatique limité. Surtout, el-le n’aura rien réglé sur le fond.À l’approche de l’hiver en effet, lesmobilisations des mals-logés et dessans-logis se multiplient et viennentrappeler que, dans ce domaine comme

dans d’autres, les pro-messes n’ont pas ététenues.Et pourtant la situationne cesse de s’aggraver.La fondation AbbéPierre estime à plus de900 000 le nombre depersonnes privées d’undomicile personnel :locataire ou sous loca-taire d’un meublé enreprésentent plus dela moitié, mais il y a400 000 personnes enhôtel, en logement defortune ou en camping, logés chez destiers.La crise du logement s’amplifie avec lahausse du prix de l’immobilier, la spé-culation... Une part de plus en plusgrande de la population, y comprisdes salariés, peine à trouver un loge-ment économiquement et géographi-quement accessible, et pas seulementen région parisienne. Les jeunes, lesprécaires, les étudiants, sont les plustouchés par ce phénomène.À Paris par exemple, on dénombre en-viron 100 000 demandeurs de loge-ment social, pour 8 000 attributionsannuelles. De nombreuses communes

ne respectent pas la règle des 20 % delogements sociaux, et la productionde logements sociaux reste histori-quement faible.La FSU revendique la transparence dunombre de logements vacants dans lepublic, des critères d’attributions et deleur mise en œuvre, la présence deslocataires et des associations dans lescommissions, l’application de la loi deréquisition. Il faut en finir avec l’ha-bitat insalubre, fournir un effort im-médiat de construction de logementsocial et prévoir un plan de program-mation sur la durée.

EMMANUEL GUICHARDAZ

HIVER

Manque de logements sociaux

Depuis le 3 octobre près de 300 familles campent rue de la banque à Paris d’où ellessouhaitent attirer l’attention sur les conditions de logement ou d’absence de logementqu’elles vivent au quotidien : exploitées par des hôteliers marchands de sommeil,hébergées dans des foyers indignes, expulsées de leur logement, elles font directement les

frais du nombre très insuffisant de logements sociaux dans ce pays.Plusieurs fois délogées par les forces de l’ordre, méprisées par laMinistre du logement Christine Boutin qui a qualifié de « meute »ce type de rassemblement, ces familles sont soutenues par lesassociations du droit au logement (DAL, Comité des Sans Logis),de très nombreux artistes (Romane Bohringer, Guy Bedos, CaroleBouquet, Emmanuel Béart, Enki Bilal…), des organisations politiques et des syndicats.Plusieurs personnalités parmi lesquelles Gérard Aschiéri, se sontsuccédé depuis le 16 octobre pour installer des « tentes solidaires ».La FSU dénonce l’acharnement policier dont les familles sontrégulièrement victimes et demande au gouvernement d’assurer leurprotection.

Rue de la Banque : la « meute » résiste !

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pub l iques

Alors que le Grenelle de l’environne-ment a débouché sur l’objectif d’ame-ner la part du fret non routier à 25 % dufret total, la SNCF mène, en catimini,une politique visant à réduire de faitcette activité.Déjà, le plan mis en œuvre parM. Véron, ex-directeur de Fret SNCFentre 2004 et 2006, et approuvé par laCommission Européenne, a fait chuterle trafic de 47 milliards de tonnes kilo-mètre à 40, supprimé près de 7000emplois de cheminots, fermé 4 triages,100 gares principales fret et plus de 100points de dessertes, a réduit le parc delocomotives de 24 % et le parc dewagons de 21 %, divisé par deux lesagences commerciales fret (de 70 à36), supprimé 6 centres de taxationssur 7…Il aurait mis ainsi sur la route, 950000camions supplémentaires !Les décisions prises cet été en cati-mini par la direction de la SNCF, sielles sont mises en application, vien-nent aggraver encore cette situation etseront désastreuses de conséquences.Concrètement il s’agit de fermer 262gares au trafic de wagons isolés à par-tir du 30 novembre 2007. Une déci-sion apprise fortuitement, sans concer-tation ni avec les organisationssyndicales ni avec les collectivitéslocales ou les territoires concernés.La conséquence de cette mesure, quivise à privilégier le fret « rentable »,limite cette activité au transport decertains produits (sidérurgie, chimieet automobile), traditionnellementsitués sur la partie Est du territoire, etl’abandonne ainsi la moitié Ouest.Par ailleurs, le scénario de la filialisa-tion du fret semble engagé. Les orga-nisations syndicales CGT, CFDT, FO,CFTC, Sud-Rail, Unsa, et CFE-CGC ontécrit en commun à ce sujet à la prési-dente de la SNCF, Anne-Marie Idrac, enmars dernier. Cette mesure a égale-ment été dénoncée dans la plate-formede la grève du 18 octobre.Actuellement, chaque train de fretcoûte plus qu’il ne rapporte. Mais lessyndicats, qui contestent vivement leschoix de la SNCF, avancent des propo-sitions concrètes pour relancer cetteactivité: la SNCF, grâce au maillagede gares dont elle dispose encore, peutoffrir des solutions globales et com-

Ça ne fretille pas assez...

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Le Comité National du FIPHa un nouveau président

Le Comité National du FIPHFP a élu, lors de sa séance du 7 novembre, unnouveau président en la personne de Didier Fontana, Délégué ministériel auhandicap au ministère des Finances, à l’unanimité des suffrages exprimés (14voix).L’ensemble des organisations syndicales avait exprimé un consensusfavorable à cette candidature. Après la démission de son directeur et lelimogeage de la précédente présidente, il était nécessaire que les conditionsd’un travail collectif au sein de l’établissement public où les rôles de chacunseront pleinement respectés, soient réunies. Par ailleurs, le ministère de lafonction publique a annoncé qu’il n’y aurait finalement pas de gel descontributions des employeurs pour 2008, répondant en cela à une exigenceexprimée par les organisations syndicales.

plémentaires aux chargeurs, et auréseau de petites et moyennes entre-prises, qui constitue désormais le pilierdu tissu économique des territoires.Au regard de la diversification et descapacités de production de ces entre-prises, le « wagon isolé » (par opposi-tion au train entier reliant un seul char-geur et un seul destinataire), est uneoffre pertinente pour transporter des

petits et moyens lots et constitue unealternative au train entier d’une part etau tout routier d’autre part.Mais cela suppose un changement radi-cal dans la politique menée actuelle-ment par l’entreprise publique. Lessyndicats de cheminots sont deman-deurs d’une véritable concertation à cesujet.

MARIANNE BABY

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Le ministère de la Fonction Publique aorganisé 3 tables rondes: pouvoir d’achat,dialogue social, parcours professionnels,qui donnent lieu à de nombreux groupesde travail. La FSU y défend les revendi-cations, avance ses propositions etdénonce les régressions qui pèsent sur lestatut des fonctionnairesLors de la conférence sur le pouvoird’achat, les syndicats ont défendu unefonction publique de carrière et le main-tien du pouvoir d’achat de chacun et detous, loin des mesurettes pour quelques-uns annoncées par le ministre Woerth loinégalement de l’administration qui pré-tend inclure les changements d’échelondans la mesure du pouvoir d’achat et veutpromouvoir une rémunération individua-lisée. L’action sociale, sur laquelle pèsentdes menaces importantes et la protec-tion sociale complémentaire doivent êtretraitées en tant que telles, et non dans un« paquet » pouvoir d’achat au détrimentde mesures salariales fortes.Sur le dialogue social, on peut se réjouirque la question de la représentativité soitposée. La FSU a rappelé que l’audienced’un syndicat devait se mesurer au moyend’une élection sans interdit de candida-ture. Mais le rôle des commissions admi-nistratives paritaires pourrait être remisen cause par l’administration qui voudraitbien restreindre leurs compétences audébat général sur les orientations de lagestion des personnels, sans examen desdécisions individuelles de gestion. Ce quidonnerait plus de prérogatives aux chefs

de service sur la carrière des personnels.La conférence sur les parcours profes-sionnels traite de questions majeurescomme celles du recrutement, de la for-mation ou de la mobilité. Mais le gouver-nement a prévenu : son objectif, c’estl’individualisation des parcours profes-sionnels, l’individualisation de la « relationmanagériale », la réforme des concours.Malgré les demandes de la FSU, les ques-tions de la santé au travail, des conditionsde travail ne font pas partie des préoc-cupations gouvernementales, même s’ilest prévu un groupe de travail sur hygièneet sécurité. Cet aveuglement, au momentoù le gouvernement n’ a à la bouche quele travailler plus et plus longtemps, aurade lourdes conséquences.

ELIZABETH LABAYE

TABLES RONDES

La Fonction Publiqueen conférences

RetraitesLa commission de garantie des retraites recommande de porter la duréede cotisations à 41 annuités d’ici 2012.Sous l’argument du partage des gains d’une espérance de vie qui s’accroît,en présentant comme inéluctable cette nouvelle étape d’allongement dela durée d’assurance, la commission feint d’ignorer la pénibilité au travail,la mise à l’écart des seniors par les employeurs, les inégalités face au travailet à l’emploi, les carrières courtes des femmes et les effets ravageursdu chômage et de la précarité, l’insertion plus tardive des jeunes dans la vieprofessionnelle. Si les salariés partent en retraite le plus tôt possible, c’estparce que la réalité sociale et économique, celle des conditions de travaildans les entreprises et les services, leur impose ce « choix ». Le gouvernementest responsable, quant à lui, de son choix, celui de la baisse des pensions.Pour la FSU, il faut débattre d’autres choix, pour des financements solidaireset pour plus de justice sociale, à l’occasion du « rendez-vous » de 2008.

Salaires :provocation

ministérielleEric Woerth réunissant les

fédérations de fonctionnairesle 26 octobre a indiqué

qu’ayant à choisir entre desmesures générales

nécessairement faibles et desmesures ciblées et concrètes,

il préférait les secondes.4 mesures ont été annoncées :- extension de l’indemnité defin de corps (pour les agentsstagnant depuis 3 ans en fin

de carrière) aux fins degrade: 400 euros en catégorie

B et 700 euros en catégorieA: 25000 agents concernés- paiement aux personnels

hospitaliers de 30 % desheures supplémentaires faites

et non rattrapées ounon payées

- possibilité pour lesfonctionnaires ayant un

compte épargne temps de sefaire payer 4 jours pris

prélevés sur ce CET- possibilité offerte aux agents

de catégorie B au-delàde l’indice 380 de faire

des HS payéesCes mesures dérisoires par

leur contenu et par le nombred’agents concernés et qui

pour l’essentiel consistent àpayer le travail fait,

constituent une fin de non-recevoir aux demandes

unanimes des organisations etmanifestent un véritable dénide dialogue social. Une raison

supplémentaire d’assurer lesuccès de la grève.

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À l’école primaire de La Croix-en-Brie,le TBI a fait son apparition il y a deuxans et demi, dans le cadre d’un projetde dotation départementale quicomprenait initialement sept tableaux,avec les ordinateurs portables, lesvidéo-projecteurs et les logicielsadaptés, une formation et deséchanges réguliers autour despratiques liées à cet outil.Las ! En fait de formation, Jean-Michel, le directeur, n’a eu droit qu’àune « présentation commerciale » duproduit, sur une demi-journée. Leséchanges de pratiques étaient bienprogrammés, mais faute de rempla-cement, les sept expérimentations sesont déroulées séparément.Pourtant, Jean-Michel ne regrette passon tableau : « c’est un outil génial !». Dans la pratique, il l’utilise danstoutes les disciplines. Il est vrai que leTBI est l’outil idéal pour mettre enrelief, déplacer, coller, revenir enarrière...Son seul regret ? Que la formation etles échanges n’aient pu avoir lieu,pour une utilisation optimale. Il estime

que cet outil n’est finalement utiliséqu’à 20 % de ces capacités.Récemment interrogé lors de la polé-mique sur le poids des cartables, leministre de l’éducation nationale adéclaré vouloir inciter les élèves àlaisser leurs livres à la maison, enles remplaçant par l’utilisation enclasse des nouvelles technologies :clés USB, e-books et... tableauxinteractifs, dont il se déclare un« ardent défenseur ».Dans la pratique, le TBI avance, maislentement. Officiellement lancée en2003, l’opération a été régulièrementrelancée et on compte actuellementprès de 2000 tableaux interactifs dans

le primaire et environ 3000 dans lesecondaire. Si la progression estrapide, le nombre de dispositifsinstallés et surtout utilisés restemodeste au regard du nombre d’éta-blissements. Il y a bien sûr le coût del’équipement (au tableau numérique,il faut ajouter le vidéo-projecteur etl’ordinateur, sans compter les autresaccessoires, facultatifs : ardoisesnumériques, claviers sans fil...), maisaussi et surtout la formation et leséchanges sur les utilisations possibles.Le tableau noir (ou blanc), non numé-rique mais tout aussi interactif, aencore un avenir...

EMMANUEL GUICHARDAZ

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Tableau blanc interactifFUTUR

TBI : vous connaissez ? Lancé en le tableau blanc du XXIe siècle a fait son apparition

Révolutionnaire !

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TBI ou TNI ?Le Tableau Blanc Interactif (TBI), encore appelé Tableau NumériqueInteractif (TNI) est un dispositif composé d’un écran interactif, d’unvidéoprojecteur et d’un ordinateur. Le vidéoprojecteur projette l’imagecalculée par l’ordinateur. L’utilisateur intervient sur le TBI, qui envoie lesinformations à l’ordinateur qui renvoie la nouvelle version de l’image vers levidéoprojecteur et ainsi de suite.

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ACTION

Face aux suppressions massives d’emploisdans la fonction publique, au projet deréforme du statut des fonctionnaires, àl’absence de négociations sur les salaires,sept fédérations de fonctionnaires, CGT,CFDT, FO, FSU, UNSA, SOLIDAIRES, CFTCappellent à l’action le 20 novembre. Encohérence avec cet appel, les fédérationsde l’Éducation FAEN, FERC-CGT, FSU,SGEN-CFDT, UNSA Éducation appellenttous les personnels de la maternelle àl’université à la grève mardi 20 novembrepour dénoncer les 11 200 suppressions

dans l’Éducationnationale, la remiseen cause d’objectifsde réussite pour tousdans le systèmeéducatif, le dévelop-pement de la préca-rité et le chômage demilliers de collègues.Le 20 novembre ils’agit aussi d’exiger lerespect des statuts, dela qualification, larevalorisation desmétiers de l’éduca-tion, par des mesurespour les carrières etles rémunérations, laformation.L’UNEF appelle égale-ment les étudiants àfaire du 20 unejournée d’action dansles universités ». Leslycéens de l’UNL et dela FIDL appellent leslycéens à participermassivement à lamobilisation du 20Novembre pourdénoncer « la poli-tique du gouverne-ment qui poursuit ledémantèlement duService Public d’Édu-cation ».Au-delà de cettejournée, la FSU avec

les autres fédérations de l’éducationappelle également à poursuivre et ampli-fier la campagne d’opinion lancée par 17syndicats et associations de parentsd’élèves, d’élèves et de mouvementspédagogiques en faisant largement signerla pétition « Améliorer la réussite scolairede tous les jeunes, il n’y a rien de plusurgent », en faisant voter la motion, endistribuant le tract commun. Elle travailleà construire dans ce cadre une initiativede manifestation nationale

CLAUDIE MARTENS

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Universitésbloquées

Le mouvement decontestation de la loi LRU

(« libertés et responsabilitésdes universités »)

s’intensifie dans lesuniversités : dix sur 85

étaient bloquées mercredi 8,des assemblées générales ont

eu lieu dans 45 universitéssur 84. Jeudi 9, (au momentoù nous imprimons) la quasi-

totalité des facultésmobilisées de même qued’autres universités ont

prévu de nouvelles AG, pourpréparer une première

journée de manifestations,prévues dans de nombreusesvilles de France : Paris, Lille,

Toulouse, Rennes, ... àl’appel du collectif étudiant

contre l’autonomie desuniversités (CECAU).

Après une rencontre avec laministre Valérie Pécresse,

l’UNEF a appelé à « amplifierle mouvement » et à

« décider de la grève dans unmaximum d’universités » surune plate-forme élargie auxrevendications budgétaires.

Le SNESUP dans uncommuniqué le 8 novembre

s’inscrit pleinement dans lesmanifestations du 9 et dans

leur convergence avecl’appel à la grève

du 20 novembre. Il appelle à« l’amplification de la

mobilisation pour mettre enéchec la loi LRU,

obtenir son abrogationet pour participer à

l’élaboration d’une loi programme universitaire répondant

aux véritables besoins dupays, des étudiants et

des personnels. »

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Toute l’éducationen grève le 20 novembre

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Les IUFM mettent en œuvre la réformeamorcée par la décision de les intégreraux universités. Cette intégration estprévue par la loi d’orientation sur l’écoledu 23 avril 2005. D’un point de vue statu-taire les IUFM disposent de 3 ans poureffectuer cette intégration. À ce jour8 IUFM sur 31 l’ont réalisée : Versailles,Marseille, Créteil, Limoges, Grenoble,Pays de la Loire, Lyon et Champagne-Ardennes. Tous les autres devront en avoirfait de même d’ici avril prochain. Laplupart des décrets devraient êtreprononcés au 1er janvier 2008.Pour la FSU, cette intégration a le méritede reconnaître la nécessité d’une forma-tion intellectuelle de haut niveau pourles enseignants. Elle les situe du côté desmétiers de conception, et offre un cadreau développement des recherches enéducation et à leur diffusion. Elle permetune meilleure cohérence avec les cursuslicence. Oui, mais... si tout s’articuleassez bien en théorie, encore faudrait-ilmaintenant une forte volonté pour fairecoller ces principes à la réalité. Et ce,dans un contexte de réforme contestéedes universités...Intégrés ou non, les IUFM mettent enplace le nouveau cahier des charges de laformation. Celui-ci, dont la FSU a dénoncéle cadrage trop peu contraignant, fixe unréférentiel de 10 compétences pour le

futur professeur : les IUFM disposent d’unelarge marge de manœuvre tant au niveaudes plans de formation que de l’évaluationdes stagiaires.Les problèmes rencontrés dans les IUFMsont, du coup, sur plusieurs champs. L’in-tégration aux universités pose, au-delà duchoix parfois obscur de l’université dési-gnée, de nombreuses difficultés techniquesen particulier dans la structuration desinstances. Dans les «conseils d’école inté-grée» qui remplacent les anciens conseilsd’administration et conseil scientifique etpédagogique des IUFM, la représentationsyndicale est mise à mal. De plus, la dispa-rité des situations entraîne une pagaillesans précédent au niveau des élections. Lamise en place des nouvelles formationsaboutit elle aussi à une grande dérégula-tion. La reconnaissance universitaire de laformation, laissée au libre arbitre local, enest un exemple criant. La mise en placedisparate des formations pour les titu-laires première année en est un autre.Les syndicats de la FSU ont écrit à XavierDarcos et Valérie Pécresse, ainsi qu’à M.Geoffroy, député chargé d’une missionsur les IUFM, afin de les alerter sur lasituation. Ils ont rencontré M. Baranger,président de la CDIUFM, qui reconnaît unecertaine désorganisation qui pourraitperdurer quelques années...

MARIANNE BABY

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Formationdes enseignants

MaternelleLongtemps donnée en modèle,l’école maternelle françaiseest aujourd’hui remise enquestion. Comment la rendreplus efficace dans la prise encharge des inégalités sociales ?Un groupe d’étude,comprenant des représentantssyndicaux, des associations deparents d’élève, la présidentede l’AGEEM, des directricesd’école maternelle, une IEN,mis en place par la DGESCO,et dirigé par Madame Bouysse,Inspectrice générale, aformulé huit recommandationsà Xavier Darcos.Clarifier les programmes,donner à l’apprentissage de lalangue une priorité absolue,assurer la scolarisation desmoins de trois ans dans lessecteurs situés dans unenvironnement socialdéfavorisé, améliorerconcrètementles dispositifs de liaison avecl’école élémentaire, favoriserla concertation desenseignants, définir lescompétences attendues etpréciser la spécificité del’évaluation à l’écolematernelle, renforcer laformation initiale et continue.Il faut aussi mieux organiserl’accompagnementprofessionnel des nouveauxenseignants, améliorerl’accueil des enfants et deleurs parents, faire despréconisations nationales auxcollectivités territoriales pourl’équipement et lefonctionnement de l’écolematernelle. Pour le SNUipp,la place de la maternelle doitêtre réaffirmée et un nouvelélan doit luiêtre donné. Il a écrit auministre pour lui faire part deplusieurs réserves notammentau sujet de la réécriture desprogrammes, de l’évaluation,de l’absence de propositionssur les maîtres surnuméraires,de la scolarisation des 2 ans,et de celle des enfants ensituation de handicap.

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Revaloriser endépensant moins?La commission sur l’évolution du métier d’enseignant présidée par Marcel Pochard poursuitses travaux et ses auditions La FSU a ainsi été reçue le octobre le SNES et le SNEP le le SNUipp le

COMMISSION POCHARD

Donner la parole aux personnelsLe SNES a diffusé en octobre un questionnaire sur les métiers d’enseignantde CPE de COPSY L’objectif est de donner la parole aux personnelssur les réalités de leurs métiers et porter cette parole par des initiativesen direction des médias et des pouvoirs publics avant la publicationdu Livre Vert par le comité Pochard. Plus d’un millier de réponsesindividuelles sont d’ores et déjà remontées, des contributions collectivesd’établissement sont attendues d’ici la mi-novembre. Dans ces premiersretours sont fortement affirmés, la volonté de préserver la libertépédagogique, le rejet de la bivalence, le refus de l’élargissementdes pouvoirs des chefs d’établissements, en particulier pour l’évaluationdes enseignants, la question du pouvoir d’achat et l’exigenced’une revalorisation, la nécessité de la prise en compte de l’augmentationde la charge de travail.

Lors de son audience, laFSU a insisté sur la néces-sité de lier la réflexion surle métier d’enseignant àune politique ambitieusepour les jeunes, etrappelé les exigences dela FSU pour une école dela réussite de tous, quis’attaque résolument àl’échec scolaire.Le SNUipp a notammentexprimé ses exigencesquant au quatrième thème(la reconnaissance de lafonction enseignante et larevalorisation) qui passeselon lui par la transfor-mation de l’école, et laprésence de plus demaîtres que de classes. Ence qui concerne la revalo-risation salariale, lesyndicat a rappelé quel’intégration dans le corps des profes-seurs des écoles n’en a pas été une.Le SNES et le SNEP se sont déclarésinquiets suite à leur audition, sur laphase de négociation qui devrait suivrela rédaction du livre Vert. En effet,volonté de promouvoir la bivalence desenseignants en collège, de renforcerune autonomie des établissementsautorisant des déréglementations peutêtre vue comme un moyen d’adapter lesystème éducatif aux milliers desuppressions de postes annoncées etde réduire les ambitions éducatives.Les questions posées par les membresde la commission portent finalementassez peu sur le métier d’enseignant(rien sur formation, revalorisation,conditions de travail, etc.), mais plutôtsur les structures, le fonctionnementdu système (autonomie des établisse-ments, projets, rapport entre nationalet local...).Le calendrier annoncé par le minis-tère prévoit que la commission élabored’ici décembre un état des lieux argu-

menté sous la forme d’un livre vert.Suivront pour le printemps 2008 lespropositions du gouvernement «pourmoderniser et revaloriser la fonctionenseignante» dans un livre blanc.Pour la FSU et ses syndicats, il s’agit entout état de cause de faire en sorteque le « livre Vert » soit bien le reflet

de la réalité du métier enseignantaujourd’hui. Une certitude en toutcas : les restrictions budgétairesactuelles offrent bien peu de margesde manœuvre à une commission quiprétend « revaloriser la fonction ensei-gnante».

EMMANUEL GUICHARDAZ

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La riche histoire des pauvres Les pauvres ont-ils existé, existent-ils encore aujourd’hui ? Cette question peut se poser à la lecture des programmes

d’histoire du collège et du lycée ou en feuilletant quelques manuels. La pauvreté se dessine en creux, mais quasiment

jamais dans la figure du pauvre. Les pauvres n’apparaissent finalement que dans le cadre d’une intégration relative

renvoyant l’idée d’une « bonne pauvreté ». Pourquoi un si grand vide de l’enseignement alors que de nombreuses

études existent ?

Du 17 au 25 novembre, la 10e Semaine de la solidaritéinternationale vous invite à participer à plus de 5000 animationsoriginales et conviviales partout en France.

Grand rendez-vous national et décentralisé, la Semainede la solidarité internationale est l’occasion pour des milliersd’acteurs - associations, collectivités, écoles, universités,syndicats (dont la FSU), comités d’entreprises, etc. -de proposer au public des pistes concrètes pour agiren citoyen(ne) solidaire.

Promouvoir les droits de l’homme, acheter équitable, épargneret voyager solidaire, respecter l’environnement, s’engagercomme volontaire de solidarité internationale, devenirbénévole… toutes les thématiques de la solidarité internationaleseront à l’honneur.

Marchés équitables, expositions, projections de films, jeux,conférences, repas du monde, ateliers multimédias, concerts…les acteurs de la solidarité internationale vous proposent desanimations qui mêlent découverte et réflexion.

Prendre conscience des enjeux qui traversent notre monde,s’engager en faveur de plus de justice et de solidarité… c’estl’objectif de la Semaine de la solidarité internationale.

Le monde bouge… Et vous ?

La solidarite internationale, c’est l’affaire de tous

Commande à l’Institut de recherches de la FSU, 01 44 79 90 41 ou [email protected] euros par livre, 4 euros à partir de 10 exemplaires.

Et si le problème était ailleurs, si l’histoire qu’on enseigne

aujourd’hui ne voulait pas aborder un problème qui dérange,

qui montre la face négative de nos sociétés ? Pour aborder

cette question, il faut mener une réflexion sur l’enseignement

de l’histoire sociale. Cet ouvrage propose quelques pistes.

Enseigner les pauvres et la pauvreté : un devoir de (re)connais-

sance pour les oubliés de l’histoire et un devoir civique pour en

finir avec le mépris.

Les textes de ce livre ont été préparés pour les Rendez-vous

de l’Histoire de Blois, en octobre 2006. Laurent Albaret,

Hélène Latger et Jean-François Wagniart ont assuré

la coordination de l’ouvrage.

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DOSSIER

CCoommmmee llee rreeccoonnnnaaîîtt llee rraappppoorrtt dduuccoonnsseeiill dd’’ÉÉttaatt ddee :: «« LLee ssttaattuutt ddee llaa ffoonnccttiioonn ppuubblliiqquuee aappeerrmmiiss qquuee ssee ccoonnssttiittuuee eenn FFrraannccee uunneeffoonnccttiioonn ppuubbll iiqquuee iinnttèèggrreepprrooffeessssiioonnnneellllee eett iimmppaarrttiiaallee aauussssiibbiieenn aauu sseerrvviiccee ddee ll’’ÉÉttaatt qquuee ddeessccoolllleeccttiivviittééss tteerrrriittoorriiaalleess eett ddeessééttaabblliisssseemmeennttss ppuubblliiccss »»

Dossier réalisé parMarianne Baby, Jean-Michel Drevon, Émmanuel Guichardaz, Élizabeth Labaye, Claudie Martens.

La France, comme la plupart des états européens,s’était dotée d’une Fonction publique moderne, c’est-à-dire bénéficiant d’un statut opposable au pouvoirpolitique, pour la faire échapper au favoritisme et à l’ar-bitraire et lui permettre d’assurer son service d’intérêtgénéral. Si les monarchies du nord de l’Europe (maisaussi les USA), ont adopté une Fonction publique d’em-ploi, la France, comme les principaux états du sud aopté pour une Fonction publique de carrière.Le statut de la fonction publique, applicable à l’ensembledes fonctionnaires de l’État, n’a été adopté par le Par-lement qu’en 1946, en partie contre la volonté des orga-nisations syndicales de fonctionnaires. Mais les élémentsessentiels de ce statut (soustraction des agents publics aurégime du droit commun du travail, principe du recrute-ment par concours, principe de la carrière, exigenced’un tableau d’avancement préalable à toute promo-tion, consultation d’un conseil de discipline avant toutesanction, régime statutaire et réglementaire…) s’étaientprogressivement mis en place depuis la fin du XIXe siècle,au travers de textes spécifiques pris dans chaque minis-tère et de la jurisprudence du Conseil d’État.Si le rapport du conseil d’État de 2003 rend hommage

par intérêt généralFonction publique:par intérêt général

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Pourquoiun statut ?

Le statut n’est pas un privilège. Il futmême à l’origine vécu comme unecontrainte forte (engagement à vie,mutations géographiques…), nécessi-tant des contreparties (le salaire desfonctionnaires devait être de 20 %supérieur à celui du privé!) et ce n’estque la généralisation de la précarité,du chômage de masse et la remise encause des acquis sociaux, qui en ontfait une garantie recherchée. Lagarantie d’emploi et de déroulementde carrière, à la fois enviée et

décriée, sont en effet indispensablesà la mise en œuvre des missions deservice public. Par le statut le fonc-tionnaire devient dépositaire et res-ponsable d’une partie de l’intérêtgénéral.Mais d’abord son caractère national.Même si tous les agents de la fonctionpublique n’ont pas la qualité de fonc-tionnaire (15 % de non titulaires etde précaires au sein de fonctionpublique), même si depuis la loi Gal-land en 1987 la comparabilité entre la

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à la Fonction publique1, sa principalefonction ensuite, est de rechercher toutce qui permettrait de revenir sur cefameux statut. On sait que depuis lesannées 79 (Thatcher) et 80 (Reagan)s’appuyant sur l’entrée en crise desmodèles sociaux d’après guerre, lesgouvernements ont mis en œuvre desréformes obéissant aux logiques mana-gériales (du New Public Management) età la concurrence « libre et non faus-sée ». On en a vu les méfaits danspresque tous les pays.Si la France a particulièrement résistéà cette offensive c’est sans aucundoute, aussi, à l’existence des statutsqu’elle le doit. Que ce soit dans lesentreprises publiques (Poste, Télécom,EDF, SNCF…) ou dans les servicespublics, c’est toujours le statut qui estle premier « obstacle » à lever pourpouvoir « réformer ». Et le régime desretraites en fait partie!Face aux résistances la solution réside,la plupart du temps, à faire cohabiterle maintien du statut pour le « stockexistant » et la création d’un contratpour les nouveaux recrutés. C’est exac-tement ce que proposent le présidentet son gouvernement à travers le pacte« service public 2012 ». La « fonctionpublique du xxie siècle » qu’il propose,repose sur le non remplacement d’unfonctionnaire sur deux partant à laretraite et sur l’individualisation desrémunérations, via le mérite et lesheures supplémentaires. L’abandon duconcours d’entrée, l’instauration d’un« pécule de départ » vers le privé et lechoix ouvert aux nouveaux recrutésd’un contrat de droit privé « négocié degré à gré » recrutés détruiraient défi-nitivement le statut de la fonctionpublique. Il s’agit là comme le souligneAnicet Le Pors d’une véritable « contre-révolution culturelle » sans mandat dupeuple français. Car ce qui est en jeu,au-delà du statut des fonctionnaires, estbien la qualité du service et son égalitéterritoriale et sociale.

(1) Par statut de la Fonction publique, il fautentendre à la fois les dispositions législatives etréglementaires constitutives du statut géné-ral, mais aussi les textes spécifiques à chaquestatut particulier et la grille de rémunération.

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La Constitution de 1958 fixant plus net-tement la répartition entre loi et règle-ment, un nouveau statut général a étépromulgué par l’ordonnance n° 59-244du 4 février 1959 relative au statutgénéral des fonctionnaires.La réforme des années 1983-1986 aconservé l’économie générale des sta-tuts de 1946 et 1959, mais l’a étenduaux autres fonctionnaires : agents descollectivités territoriales et des éta-blissements hospitaliers. La loi du13 juillet 1983 constitue ainsi le titre I

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du statut général des fonctionnaires.

fonction publique territoriale et lafonction publique d’État a été réduite,la mise sur pied en 1983-1984 d’unefonction publique « à trois versants »(État, collectivités territoriales, éta-blissements publics hospitaliers) main-tient un cadre national qui vise à assu-rer sur tout le territoire national etpour tous les citoyens une égalitéd’accès dans le respect des règles decontinuité, d’impartialité et de neu-tralité politique.La garantie d’emploi et de carrièreest indispensable à l’indépendance età la capacité de résistance du fonc-tionnaire aux pressions tant d’élusque de « petits chefs » tentés demettre en œuvre en fonction de leurorientation telle ou telle politique. Sipendant longtemps le principal dangervenait d’un risque d’adaptation à lacouleur politique de l’élu, c’estaujourd’hui à la dérive faisant del’usager un « client » et du servicepublic un marché qui se doit d’êtrerentable, que le fonctionnaire doitrésister. Le service de tous, et d’aborddes plus démunis, s’accommode maldes logiques performantes basées surune « efficience » d’abord financière.C’est d’ailleurs pour casser ces outilsde résistance que les fusions de corps,la remise en cause des gestions sta-tutaires au profit des gestions fonc-tionnelles sont mises en avant au nomde la « modernisation » indispensable.Comme le préconise la GPEEC (gestionprévisionnelle des effectifs desemplois et des compétences) « L’accèsà un poste de responsabilité doit êtrela reconnaissance d’une compétenceet non d’une ancienneté ou de l’ap-partenance à un corps. »Le recrutement dans le cadre d’unconcours par un jury indépendant estbien sûr la clé de voûte de ce statut.D’une part il doit garantir, même s’ilreste beaucoup à faire, l’égalité d’ac-cès de tous les citoyens « sans autredistinction que celle de leurs vertus etde leurs talents » aux postes de lafonction publique. D’autre part ilassure l’indépendance du recrutementcontre toutes les logiques de lobbyingou partisanes. En séparant le grade(qui appartient au fonctionnaire) del’emploi il permet cette indépendanceet cette impartialité dont les usagerssont les premiers bénéficiaires.Il reste beaucoup à faire pour que lesobjectifs et la réalité coïncident. Maisc’est d’un fonctionnement plus démo-cratique dont les usagers et citoyens,les fonctionnaires ont besoin, et nond’un retour de l’arbitraire.

Outre la saignée des suppressionsd’emplois, un départ en retraite nonremplacé sur deux pendant 2 quin-quennats soit environ 230000 emplois,(mais « nous irons plus loin au fur et àmesure de l’avancée des réformes, atenu à préciser le président !), c’esttoute la conception de la Fonctionpublique qui est en cause dans cette« refondation » sarkozienne, avec uneredéfinition des missions des fonc-tionnaires,et l’attaque contre le statutqui veut remplacer par l’individua-lisme et la concurrence les valeursd’égalité, de solidarité inscrites dansle statut et faire fi d’une gestion pari-taire transparente.Pour certains emplois de la fonctionpublique, les « nouveaux entrants »pourront choisir « entre le statut defonctionnaire ou un contrat de droitprivé négocié de gré à gré»,ce quidonnerait selon le président « la sou-plesse et du sang neuf », remettant encause dans la foulée le concours,garan-tie d’égalité, de non discrimination,même si des efforts doivent être faitspour en améliorer le contenu et lapréparation. Refusant d’augmenter lessalaires, le président prétend remédierà la baisse du pouvoir d’achat desfonctionnaires par l’individualisation

des rémunérations pour tenir compte« du mérite, de l’expérience, desrésultats. », de fait quelques gainspour une minorité et la stagnation oula baisse pour la masse des person-nels. Le « travailler plus pour gagnerplus » aggrave encore les inégalités.Déclarant vouloir améliorer la mobi-lité, il s’est déclaré favorable « à ceque l’on ouvre à tous les fonction-naires la possibilité de quitter la Fonc-tion publique contre un pécule ». Ils’agit en fait d’alimenter la politiquede suppression d’emplois et de cer-taines missions.Cette réforme annoncée, qui va s’ap-puyer sur la Révision Générale desPolitiques Publiques (RGPP), va entraî-ner une moindre qualité des servicespublics, et des difficultés d’accès pourtous. Avec la disparition des corps, lafonction publique risque de voir despersonnels, dont la qualification nesera plus un élément de la carrière,choisis sur entretien, gérés au bonvouloir de la hiérarchie,affectés peut-être à d’autres missions que les leurs.En cette époque où les injonctions dupolitique se font pressantes sur lesfonctionnaires, on ne peut que rap-peler combien le statut est une garan-tie d’indépendance indispensable.

L’idée d’un statut général des fonc-tionnaires est née dès la fin du XIXe

siècle, mais n’a pas abouti sur le planlégislatif que bien plus tard.Il est vrai que le but poursuivi alorsétait plus la mise au pas des agents,l’interdiction de toute expression, quele développement de leurs droitssociaux et professionnels !Le premier statut général est celuiélaboré par le régime de Vichy, maisil n’est jamais entré en vigueur et aété déclaré nul au moment de la Libé-ration.L’ordonnance n° 45-2283 constitue lapremière étape de la réforme de lafonction publique entreprise à la Libé-ration. Elle crée notamment une Direc-tion de la fonction publique, aujour-d’hui Direction générale del’administration et de la fonctionpublique (DGAFP), et l’ENA.

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Révolution culturelleou dynamitage?

Historique

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Ailleurs en Europe

entreprises privées en développant larecherche de la rentabilité, les rap-ports de type commercial ou contrac-tuel et en privilégiant la satisfactiondes citoyens pris en leur qualité deconsommateur de services publics,

Ainsi au Royaume Uni toutes les acti-vités de l’administration publique sontévaluées en permanence pour déter-miner si elles peuvent être soit sous-traitées à l’extérieur soit totalementprivatisées. Les tâches «politiques »restent dans les mains des ministères,et les tâches administratives et degestion sont confiées à des agencesautonomes; Chaque agence est dirigéepar un fonctionnaire dont le pouvoirest considérable dans la gestion desagents. Tous les trois ans, le travailaccompli par les agences fait l’objetd’un audit complet au terme duquel ilpeut être décidé, de les privatiser.Au niveau de la fonction publique ter-ritoriale, le système du CompulsoryCompetitive Tendering rendu obliga-toire en 1988 consiste à mettre sys-tématiquement en concurrence lesservices publics locaux et les sociétésprivées dans le cadre d’appelsd’offres.

Autre exemple, la réforme italienneau début des années 1990. Les agentssont désormais recrutés par contratindividuel, sous un statut de droitpublic pour les agents de l’État, dedroit privé pour les agents des collec-tivités locales, les droits et obliga-tions, la notation, l’avancement, larémunération et l’organisation du tra-vail étant négociés dans chaque admi-nistration locale dans le respect deconventions nationales. La promotiondes agents privilégie aujourd’hui l’éva-luation des mérites et des résultats. Lapart de l’intéressement dans la rému-nération est passée de 15 % à 40 %. Leshauts fonctionnaires sont soumis auxrègles de droit privé avec un contrat àdurée déterminée ne pouvant dépasser5 ans.

A contrario, à l’Est, face au déve-loppement de la corruption, certainsétats comme la Russie, qui pendantla période de transition démocratiqueavait opté pour une fonction publiqued’emploi, se sont retournés vers desmodèles à dominante statutaire, don-nant à leurs agents publics une carrièrerégulière et professionnalisée, res-pectant aussi des obligations.

Les États de l’Europe du Nord(Royaume-Uni, Suède…), imprégnésd’une tradition monarchique où lefonctionnaire servait directement lesouverain ont développé une culturede gestion administrative basée sur lanégociation et le contrat et l’adop-tion d’une fonction publique d’em-ploi ; Les États de l’Europe du Sud(Espagne, Italie, France mais aussiAllemagne) marqués par des mouve-ments révolutionnaires, ont posé dansdes statuts, les principes d’une admi-nistration neutre, impartiale et égali-taire, garantissant les principes fon-damentaux de la démocratie, etadopté une fonction publique de car-rière guidée par la notion d’intérêtgénéral et de service public.

Dans les années 1980-1990, un vastemouvement de réforme, le« NewPublic Management » né au Royaume-Uni a traversé la plupart des pays d’Eu-rope occidentale notamment enEurope du Nord. Il repose sur le pos-tulat selon lequel les dépensespubliques doivent être contingentéeset aiguillonnées en permanence parla concurrence et donc sur le rappro-chement des modes de gestion des

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Depuis la loi du 19 octobre 1946 lestatut général des fonctionnaires aconstamment évolué. Ce premier sta-tut démocratique est étroitement liéaux avancées réalisées à la Libérationaprès la 2ème guerre mondiale. Loind’être sclérosé il représente une com-posante du pacte républicain. Lesattaques qu’il subit touchent à deséléments essentiels de notre cohé-sion sociale, à l’opposé d’ une visionprogressiste de l’évolution de l’admi-nistration.

Quels sont d’après vous les principesfondateurs auxquels il faut resterattaché?La réforme de la fonction publiqueque j’ai initiée en 1983-84 repose surtrois principes fondateurs caractéris-tiques de la conception française :l’égalité, l’indépendance, la respon-sabilité. Ainsi le fonctionnaire, citoyenà part entière, n’est pas un sujet dupouvoir politique, ni de l’administra-tion, mais assume une responsabilitéimportante car il sert l’intérêt général.

La société française bouge. Quellessont les évolutions nécessaires ?Le statut doit continuer à évoluerencore en fonction des besoins descitoyens à l’égard des administrationsde l’État et des autres collectivitéspubliques, notamment territoriales.L’impact des évolutions technologiqueset notamment l’informatique concerneau premier plan l’administration. Lafonction publique est un modèle socialpour l’ensemble de la société. Ellereprésente une référence qui pour-rait, dans une certaine mesure, êtretransposée pour concevoir un « sta-tut du travail salarié » tout au long dela vie.

Peut-on observer la Fonction Publiqueen France, et donc les services publics,sans considérer le contexte de mon-dialisation des échanges, de l’écono-mie, de la communication?Notre fonction publique, souvent qua-lifiée «d’exception française», est unedes expériences les plus anciennesd’organisation administrative au ser-vice de l’intérêt général. A l’étranger,

Anicet le Pors « au service de l’intérêt général »

Nos services publics offrent des garan-ties aux usagers. Il faut trouver lesformes adéquates pour recueillir leursavis et leurs attentes en prenant appuisur une évaluation sérieuse des poli-tiques publiques.

Comment comprendre l’adhésion,même relative de l’opinion publique àla volonté de diminution du nombre defonctionnaires, alors que cela conduiraà la réduction des services publics?Ceux qui mettent en avant l’intégrationforcée de notre pays dans l’union euro-péenne telle qu’elle est aujourd’hui etveulent assujettir à toute force notresociété à une mondialisation dominéepar le mouvement du capital et la ren-tabilité rencontrent en France une fonc-tion publique animée par une logique dedémocratie et d’efficacité sociale. Notrefonction publique est un obstacle à la

logique du marché. Il y aune contradiction entrenotre conception de lafonction publique, etle contrat prôné

aujourd’hui parNicolas Sarkozy, àl’instar demodèles étran-gers.

La loi, comme leprécise l’article 6

de la Déclara-tion des

droits de l’homme et du citoyen, estl’expression de la volonté générale.Les fonctionnaires en sont les acteursde premier rang. Nous avons donc debonnes raisons de défendre la concep-tion française au plan international etnotamment, dans le cadre de l’Europeactuelle.

l’image de la fonction publique fran-çaise est associée aux notions d’effi-cacité, de compétence et de non cor-ruption. Elle y sert souvent deréférence aux réformes statutaires.En Allemagne, il n’y a que 700 000fonctionnaires au sens où nous l’en-tendons en France. Ils y occupent desfonctions régaliennes mais ne dispo-sent que de droits sociaux réduits.Les autres fonctions sont assurées pardes employés sous contrat. Cetteimportance des contrats affaiblit laposition du fonctionnaire vis-à-vis despressions politiques ou de l’arbitraireadministratif.

Quelles sont les problématiquesactuelles ? Comment se déclinent-t-elles pour les fonctionnaires et lesusagers?Deux conceptions de la fonctionpublique s’opposent. La Fonctionpublique d’emploi organise uncertain nombre de métierssans perspective d’évolutionsignificative et dont lesrémunérations relèventd’un cadre plus ou moinscontractuel. Dans la fonc-tion publique de carrière,le fonctionnaire est titulairede son grade, et son emploiest à la disposition de l’admi-nistration. Cette séparationcaractérise la spécificitéfrançaise. Ceci étant, il fau-drait modifier lestatut généralpour améliorerla mobilitéinsuffisante, lesconditions dedétachementd’une admi-nistration àl’autre, lapromotion et l’accès des femmes auxemplois supérieurs de la fonctionpublique. Il faut abroger la loi Gal-land de 1987, qui avait marqué unretour de la fonction publique territo-riale vers une fonction publique d’em-ploi et encouragé le recrutement decontractuels.

DOSSIER

Anicet le Pors est conseiller d’État ancien ministre de laFonction publique

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Pour la FSU, l’évolution de la fonc-tion publique, loin d’être un tabou,est une nécessité. Une évolution démo-cratique ne peut se construire qu’avecles personnels et les usagers qui doi-vent être entendus sur les objectifset les moyens à mettre en œuvre. Celapasse en particulier par le dévelop-pement de la concertation et du rôledes comités techniques paritaires.Le volet managérial des différentesréformes de l’État, qui se succèdentdepuis plus de 20 ans, vise toujours auxmêmes objectifs: remise en cause des« corps » jugés archaïques et respon-sables de tous les blocages, individua-lisation des carrières avec un pilotagepar le chef de service le plus proche,favorisée par la LOLF, mutualisationdes services et des personnels à traversune déconcentration poussée, déve-loppement de la précarité et intro-duction du CDI (contrat à durée indé-terminée) pour rapprocher le droit dela fonction publique du droit commundu travail. La « territoriale » et sescadres d’emplois beaucoup plus« souples » sont souvent pris pourmodèles.Pour la FSU, le rapprochement sou-

haitable des trois versants de la Fonc-tion Publique n’est pas celui-là. Lacréation d’un statut unique a constituéune avancée pour tous les fonction-naires, introduisant les principes decomparabilité des situations et de droità la mobilité. Le meilleur de chaquesituation devrait servir de référence envue d’une unification. En particulier,pour la FPT la réussite au concoursdoit déboucher sur un recrutement.Pour toute la fonction publique, larequalification des emplois, la recons-truction de la grille de rémunération,l’augmentation des volumes de pro-motion, la lutte contre la précarité, ledéveloppement de la formation pro-fessionnelle, le respect de l’égalitéde traitement dans la gestion des car-rières et des mutations, la revitalisa-tion de la concertation et de la négo-ciation sont des enjeux majeurs d’uneévolution favorable de la fonctionpublique.Si le concours reste pour la FSU le modede recrutement de référence elleentend bien combattre la précarité à lafois par l’arrêt du recrutement « horsstatut » mais aussi par la titularisationde tous ceux qui ont été contraint d’ef-

Les concours dansla fonction publiqueLes trois fonctions publiques nepeuvent, comme un employeur privé,recruter librement les fonctionnaires.L’accès y est subordonné à la réussited’un concours qui permet d’assurerl’égalité entre les candidats et quigarantit l’indépendance dufonctionnaire par rapport aux pouvoirspolitiques ou financiers. Si certainsconcours sont ouverts à tous, auxconcours externes (à tel ou tel niveaude qualification) s’ajoutent lesconcours internes (permettant unemobilité professionnelle auxfonctionnaires), des concours réservés(pour la titularisation d’agentscontractualisés depuis longtemps surdes CDD), des concours troisième voie(favorisant l’accès à la fonctionpublique de personnes issues dusecteur privé, ou associatif, voired’élus locaux), des concours sur titres(répondant à un recrutement surdossier selon certaines situations,n’excluant pas des tests). La FonctionPublique est structurée sur 3 niveauxde concours correspondant aux niveauxde qualification requis pour les postes.Les concours de catégorie Ccorrespondent à des recrutements sansdiplôme, ou de niveau brevet, CAP ouBEP ; les postes concernés sont despostes d’exécution. Les concours decatégorie B sont ouverts aux candidatsau moins titulaires du baccalauréat. Lespostes concernés sont des postes derédaction et d’application. Lesconcours de catégorie A sont ouvertsaux candidats au moins titulaires d’undiplôme universitaire de niveau bac +3(parfois niveau bac +5). Les postesconcernés sont des postes de direction,d’encadrement et de conception.Pour la FSU, le recrutement parconcours est une garantie contre lesdiscriminations. C’est par la formation,la préparation aux concours, desprocédures de pré-recrutements(allocations ou statut de fonctionnairestagiaire) que la fonction publique seraouverte à tous.

Défendre et trans f

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DOSSIER

Il existe en France trois grandes fonc-tions publiques (État, territoriale ethospitalière), qui ensemble, emploient5,18 millions de personnes au31 décembre 2005 hors emplois aidés,soit un salarié sur cinq. Près de la moi-tié appartient à la fonction publique del’État (49 %), 31 % à la fonctionpublique territoriale et 20 % à la fonc-tion publique hospitalière. Chaquefonction publique est régie par desdispositions particulières à caractèrenational. Les différentes fonctionspubliques ont vu leur statut généralunifié par la loi du 13 juillet 1983 (titreI - statut général) tout en précisant etpréservant les spécificités de chaquesecteur : Titre II pour les fonction-naires de l’État ; Titre III pour les fonc-tionnaires territoriaux ; Titre IV pourles fonctionnaires hospitaliers. Lesmagistrats et militaires sont régis parun statut particulier. Les emplois de lafonction publique sont répartis en troiscatégories hiérarchiques, chaque caté-gorie étant elle-même constituée denombreux corps correspondant géné-ralement aux diverses filières desmétiers.Les emplois de la fonction publiqued’État (2,543 millions pour l’État dont350000 militaires) se répartissent entreles administrations cen-trales de l’État et lesservices déconcentrés.Il s’agit dans le premiercas des services cen-traux des ministères,situés généralement àParis, ayant en chargela conception et la coor-dination des actions del’État au niveau natio-nal. Dans le deuxièmecas, ils concernent lesactions de l’État auniveau de la région etdu département (pré-fectures, rectorats,directions départemen-tales…). De nombreuxfonctionnaires exercentleurs fonctions dans lesétablissements publicsd’enseignement (uni-versités, lycées, col-lèges), ainsi que dansles établissementspublics administratifs

Un seul statut,trois fonctions publiques

rattachés aux différents ministères.Troisième volet de la décentralisation(1982), la création de la fonctionpublique territoriale (1984) a suivi leslois de transfert de compétences(1983) confiant aux collectivitéslocales la responsabilité de servicesd’intérêts locaux. La fonction publiqueterritoriale (1,613 million d’agents), enproportion croissante, représente plusdu quart de l’ensemble des fonction-naires. Elle regroupe l’ensemble desemplois des collectivités territorialeset de leurs établissements publics.La fonction publique hospitalière, telleque la définit la loi du 9 janvier 1986concerne aujourd’hui 1,02 milliond’agents. Elle regroupe, à l’exceptiondu personnel médical (médecins, bio-logistes, pharmaciens et orthodon-tistes), l’ensemble des emplois desétablissements suivants : les établis-sements d’hospitalisation publics ; lesmaisons de retraite publiques; les éta-blissements publics ou à caractèrepublic relevant des services départe-mentaux de l’aide sociale à l’enfance;les établissements publics pourmineurs ou adultes handicapés ouinadaptés ; les centres d’hébergementet de réadaptation sociale publics ouà caractère public.

fectuer des missions sans forcément laformation, ni les qualifications néces-saires. De même elle n’ignore pas quele tri social qui s’opère au cours de lascolarité se traduit par une FP peuconforme à la société. Si la FSU n’estpas favorable aux mécanismes de « dis-crimination positive » elle défend lesprérecrutements et la reconnaissancedes qualifications comme moyens de« l’ascenseur social ». Si la FSU consi-dère les corps comme le meilleur cadrestatutaire, elle ne s’oppose nullementà des fusions rendues logiques par lesdiverses évolutions.La mobilité est une aspiration maisaussi un droit à conquérir à tous lesniveaux de la fonction publique. La FSUrevendique toujours la mise en œuvrede dispositifs de seconde carrière.Le caractère national n’empêche nul-lement la prise en compte des spéci-ficités locales. Pour leurs carrières,les personnels aspirent à l’égalité detraitement et à la transparence. Lesdiscriminations sexistes doivent êtrecombattues et l’égalité hommesfemmes dans la fonction publique quia une valeur constitutionnelle doitêtre respectée et renforcée.

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Le ppo int ssur…c’est ddemain

Créée en réformée en la politique agricole européenne connue sous le nom de PACs’inscrivait dans un contexte de surproduction La hausse des prix agricoles comme lamondialisation organisée par L’OMC pèsent sur les négociations qui s’ouvrent en

Le calendrier•Septembre 2007 : la commission lance

une consultation dans la perspective dela réforme de la PAC en 2013.

•Novembre 2007 : communication de lacommission sur la PAC et rapport du gou-vernement sur les objectifs pour 2013

•Janvier 2008 : Position de la France surle bilan et l’état de la PAC.

•Printemps 2008 publication par la commis-sion d’un rapport sur la réforme budgétaire

•2009 : négociation du budget de l’UE etdu financement de la PAC.

En 1957 l’objectif de la PAC est d’as-surer la sécurité alimentaire de la CEE.Avec la préférence communautaire,elle garantit des prix stables et proté-gés. La production s’accroît considé-rablement, les profits des grandsgroupes agroalimentaires aussi. Lesdégâts environnementaux ne préoccu-pent alors que très peu gouvernementset populations. Mais dans les annéesquatre-vingt,avec la crise de surpro-duction, apparaissent quotas etjachères, pour réduire les stocks,enmême temps que se développent aidesdirectes et subventions à l’exportation.La réforme de la PAC en 92 et les

culteurs aux subventions,et leur per-mettre de vivre du prix de vente deleurs denrées. Il pourrait profiter de laprésidence française de l’UE pouravancer.Car le contexte a également changé ducôté des prix. Ceux du maïs et dubeurre ont progressé de 50 %; ceuxdu blé et de la poudre de lait de 90 %.Si les consommateurs s’inquiètent, lesproducteurs voient la vie en rose,d’au-tant qu’ils voient arriver la fin desjachères et des quotas.

Pourquoi les prix montent-ils ?

Depuis 2000 la consommation dépassela production, la consommation aug-mente notamment dans les pays àforte population Inde, Chine, parcequ’elles consomment aujourd’hui plusde viande… et achètent donc plus decéréales (pour l’alimentation animale).Et les modes de consommation ali-mentaire occidentaux se sont répan-dus,faisant reculer d’autres culturesvivrières.Les stocks ont donc diminué,ne laissantque peu de marge ; en cas de mau-vaise récolte dans un pays producteur,les prix montent alors très vite.Cette crainte de la pénurie ajoute aucontexte d’insécurité alimentaire quise développe : accroissement démo-graphique, réchauffement climatique,OGM… Les crises sanitaires se sontmultipliées mettant en cause des pro-duits de grande consommation,et lesméthodes d’élevage ou de fabrication(viandes, produits laitiers, fromages,charcuterie, etc.). Le développementdes biocarburants engendre une polé-mique au moment où se fragilisent lesproductions à finalité alimentaire.En Europe, pour la Confédération Pay-sanne, « les effets conjugués de lalibéralisation des échanges, de laréforme de 2003 et de la réductiondu budget de l’UE vont se traduire parune aggravation de la dépendance ali-mentaire de l’Europe vis-à-vis des paystiers (par exemple augmentation desimportations de viande bovine) ».

accords agricoles dans le contexte dela naissance de l’OMC (Uruguay Round)en 1994 visent à adapter l’agricultureaux règles du commerce mondial. Labaisse des prix agricoles favorisent lesfirmes agroalimentaires ; la libéralisa-tion économique s’étend.Face aux tenants de la libéralisationdes échanges, et aux pays peu bénéfi-ciaires qui clouent au pilori une PACcoûteuse,mais aussi à tous ceux quidénoncent les inégalités de réparti-tions des aides agricoles, et les effetsde la PAC en matière environnemen-tale et de santé publique, le gouver-nement français continue à défendre,avec la FNSEA, une PAC « tradition-nelle », productiviste,dangereuse pourl’environnement et consommatrice desubventions.En 2013, l’Europe aura dû supprimertoutes ses subventions aux exporta-tions. À ce moment la PAC pourraitêtre démantelée, dans l’intérêtaujourd’hui des industries agroali-mentaires ; et faute d’une volonté demettre en œuvre une véritable alter-native pour un développement agri-cole durable.Cependant, les choses pourraient bou-ger avant :Nicolas Sarkozy a affirmé vouloirdéfendre 4 principes : assurer l’indé-pendance et la sécurité alimentairede l’Europe,contribuer aux équilibresalimentaires mondiaux, préserver leséquilibres des territoires ruraux parti-ciper à la lutte contre les changementsclimatiques. Il a également précisévouloir réhabiliter la fonction de « pro-ducteur alimentaire » des exploitants,mettre fin à la dépendance des agri-

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La politique agricole

Le gouvernement français continue à défendreavec la FNSEA une PAC « traditionnelle »

productiviste dangereuse pour l’environnementet consommatrice de subventions

La politique agricole

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Une autre PAC est possible

Il est donc indispensable de rappeler leprincipe fondamental de la souverai-neté alimentaire, d’impulser uneagriculture respectueuse de l’envi-ronnement ; une agriculture qui main-tienne les paysans sur les territoires,avec des prix suffisamment rémuné-rateurs, liés aux coûts de production,et des aides redéfinies tournées versles zones rurales défavorisées, etconditionnées au respect de l’envi-ronnement.

ELIZABETH LABAYE

questions à

Quels sont aujourd’hui lesenjeux de la PAC?La PAC se retrouve tirailléeentre les intérêts divergentsdes Etats-membres. Les aspi-rations néolibérales, notam-ment du Royaume-Uni, fusti-gent le coût budgétaire d’unepolitique qui consomme prèsde la moitié du budget euro-péen et souhaitent undémantèlement des outils derégulation des marchés.Les aspirations néomercan-tiles (représentées notam-ment par la France et les syn-dicats agricoles majoritaires)soutiennent quant à elles uneintervention forte de l’Étatautour du soutien aux expor-tations et de l’augmentationde la production et de la pro-ductivité. Dans ce cadre pei-nent à se faire entendre lesaspirations sociétales pourune politique soutenant unnouveau modèle de dévelop-pement agricole répondantaux exigences environne-mentales, sociales et à la soli-darité avec les pays pauvres.

Quelles politiques alterna-tives?D’abord agir pour des prixqui prennent en compte ladimension sociale et envi-ronnementale de l’agricul-ture, donc des prix qui per-mettent de couvrir les coûtsde renouvellement de sys-tèmes de production etd’écosystème cultivés réel-lement durables.En visant ensuite une stabili-sation des marchés agricoleset une assurance des pro-ducteurs contre les aléasmultiples d’ordre naturel ouéconomique qui pèsent surleur activité.Enfin, il faut créer une redis-tribution au profit des régionsles moins favorisées, pourcouvrir les différentiels deproductivité liés aux condi-tions naturelles ou historiquesde production.

Et l’agroalimentaire?Au-delà du seul secteur agri-cole, une régulation du par-tage des marges au sein des

Aurélie Trouvécoprésidente d’ATTAC

maître de conférenceen économie sur lesquestions agricoles

et élémentaires

Aurélie Trouvé :« Un dossier central pour la présidence française »

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circuits de transformation etde distribution.Une élimination des pratiquesde dumping destructrices, etplus largement un renforce-ment de la cohésion entreles pays riches et les payspauvres.Un bilan de santé de la PACétant prévu en 2008, ce dos-sier sera central pour la pré-sidence française de l’Unioneuropéenne qui aura lieu ausecond semestre. Il faudraalors faire entendre ces reven-dications et alternatives.

Le prix du maïs a progressé de

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éducat ivescu l ture l les

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Tomi Ungereren son musée

C’est la première foisqu’un musée public estdédié à un artiste deson vivant. Originaired’Alsace, TomiUngerer, dessinateurde réputationinternationale, voit sonœuvre consacrée à

Strasbourg, dans uneélégante villa de la findu XIXe siècle qui ouvreses portes le2 novembre. Lacapitale alsacienneconserve depuislongtemps les milliersde dessins donnés parl’artiste, connu enFrance pour ses livrespour enfants. Lenouveau muséeprésentera au publicl’ampleur de sonœuvre: outre sesdessins et livres pourenfants, ses affichespublicitaires,illustrations satiriqueset, peu connues,ses œuvres érotiques.Villa GreinerStrasbourg

Photos denovembre

En novembre, laphotographie estcélébrée par moultesmanifestations.Dernière née, labiennale des imagesdu monde-Photoquaipropose une expositionde photographies enextérieur sur les quaisde la Seine et uneexposition intérieuredans divers monuments

de Paris, au musée duQuai Branly, à l’ENSADet à l’ESA.Jusqu'au 25 novembrewww.photoquai.frClin d'œil à Photoquai,L’Issue présentera EnAttendant la Biennale :quatre jeunes talentsqui ont récemmentexposé pour lapremière fois : ColineIrwin, Thibaut Derien,Stéphane Bergouhniouxet Matthieu Malaud.Jusqu'au 2 décembrewww.lissue.comÀ Pantin, c’est lefestival Photos etLégendes. Dédié à lacréation contempo-raine, il présenteœuvres plastiques,sonores, corporelles,photographiques vidéoset courts métrages surle thème Écosystèmes.Du 8 au 30 novembrewww.ville-pantin.fr

Le réalismeCourbet

Gustave Courbet (1819-1877) a introduit etrevendiqué la notionde réalisme dans lapeinture. L’expositionque le Grand Palais

consacre à l’artiste entémoigne: aux côtésdes cent vingt œuvresprésentées, soixantephotographies attestentune vraisemblance, enparticulier pour lespaysages. Au nom duréalisme, Courbet a faitentrer dans l’œuvred’art le mondecontemporain, sesvisages, ses costumes,ses mœurs jusqu’àl’impudeur de l’intimeavec L’Originedu monde.jusqu’au 28 janvierLe Grand Palais

Cinémas etcultures d’Asie

En novembre depuis 13ans, les salles obscureslyonnaises migrent versl'Asie. Le FestivalCinémas et Culturesd'Asie rayonne en unequarantaine de lieux.De l'Inde au Japon enpassant par la Chine,avis aux curieux ducontinent asiatiqueavec 50 courts et longsmétrages provenantde 12 pays.Du 6 au 11 novembrewww.asiexpo.com

Ecos duFestiventuLe Festiventu a soufflé pendant cinqjours sur Calvi début novembre.Ce festival n’est pas un festival commeles autres. Avec constance, depuis

sa création en 1992, le Festival du Ventreprésente un engagement obstinépour l’environnement. L’événement estincontournable aujourd’hui dans le sensoù il constitue le théâtre de rencontreset d’échanges, par le biaisde conférences, concerts, spectaclesde rue, œuvres de plasticiens, sportsaériens, nautiques et de glisse etateliers d’animation pour les enfants.La secrétaire d’État à l’écologie,Nathalie Kosciusko-Morizet, a dû elle-même faire le détour, pour marquersa présence dans un Festiventuqui d’année en année fait toujoursplus d’émules. Quelques milliersde personnes ont participé auxconférences de Pierre Rabhi, PatrickViveret, Chantal Jacquet, Boris Cyrulnik(sur le bonheur, eh oui !) ou HervéKempf (sur son livre Commentles riches détruisent la planète).Dans le cadre du festival du vent,l’Ademe a diffusé en avant-première lacharte internationale des éco-festivalsqui promeut une attitude responsablesur les événements en terme detransport, de déchets, d’eau, de bruit.Concilier éphémère et durable n’esten effet pas chose simpleet le Festiventu a fait des efforts pourle recyclage sur place des activitésd’un évènement qui draine des milliersde personnes. On attend maintenantle bilan carbone du festival du vent.

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C’est à Lille

La Piscine, musée d’art etd’industrie de Roubaix,accueille jusqu’au20 janvier 2008 descéramiques que MarcChagall a réalisées dans lesannées cinquante, déclinantle couple, la religion, lecirque, les fables de la Fontaine. Les vases, plats etsculptures sont souvent accompagnés de leurs dessinspréparatoires ou de peintures.L’art contemporain crée l’événement à Lille avecl’exposition Passage du Temps: la Fondation ducollectionneur François Pinault, installée à Venise,présente ses œuvres pour la première fois en Franceet c’est au Tri Postal. Jusqu’au 1er janvier 2008, desœuvres monumentales, photos, cinéma et installationsvidéos présentent le choix d’un grand collectionneurde la création des années soixante-dix. Édifiant!

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Avignon: le festivalmis en débat

Le 8 octobre dernier, après que leurmandat a été renouvelé, les deuxdirecteurs du Festival d’Avignon, Hor-tense Archambault et Vincent Bau-driller, se sont prêté à une manifesta-tion peu commune : un face à faceavec le public. Salle Benoît-XII. Plu-sieurs centaines d’avignonnais sontvenus poser questions et livrer impres-sions sur l’édition 2007 du festival.Une rencontre qui éclaire singulière-ment la problématique du théâtred’aujourd’hui. En voici un extrait.

Populaire le théâtre ?

« Lorsque Jean Vilar a créé le festi-val, son intention était d’ouvrir lethéâtre au plus grand nombre, de lerendre populaire, qu’en est-il aujour-d’hui» ? interroge l’un des spectateurs.Hortense Archambault : « Ce qui achangé depuis 47 c’est le populaire. Laculture de masse n’existait pas à lacréation du festival. Aujourd’huicomme hier, les plus instruits vont authéâtre. Ce qui nous intéresse n’estpas de définir ce qui est populaire,c’est comment intéresser le plus grandnombre, c’est le renouvellement dupublic. Le Cid est une œuvre difficile àcomprendre mais on la connaît ou on lareconnaît simplement parce qu’on l’aapprise à l’école. Je pense qu’on ne vapas seul au théâtre. On y va pour lapremière fois accompagné, ensuite latransmission fait son œuvre. Il n’y ajamais eu beaucoup d’ouvriers qui sontvenus au festival. Ni aujourd’hui ni en1947. Ce qu’il n’y avait pas en 47, c’estla télé.

La rencontre du public ?

Vincent Baudriller: les grands metteursen scène, les grands auteurs ne sontpas forcément connus du grand public,surtout s’ils ne font ni télévision nicinéma. Cela ne diminue en rien leurart, leur talent. La question est : com-

Que ppensent lles sspectateurs ddu ffestival ?? PPour rrépondre àà ccettequestion HHortense AArchambault eet VVincent BBaudriller oont iinvité llesAvignonnais àà een ddébattre Témoignages

ment diversifier le public, l’augmenter?On a augmenté le public des moins de25 ans. Ils sont 12% aujourd’hui, 7% ily a quatre ans. Nous entretenons unpartenariat avec trois lycées d’Avi-gnon. Le festival accueille les ensei-gnants qui accompagnent leur classe,les régions qui envoient des écoliers.Partis de 0,600 lycéens sont venus auFestival en 2007. Et nous essayonsd’augmenter les capacités d’accueilpendant le festival des classes qui vien-nent de tous horizons. Il n’y a pas assezde places dans les internats, il fautfaire des efforts.Puis Hortense Archambault lance: «Jevous retourne à tous la question : et sichacun s’engageait à amener au festi-val quelqu’un qui n’a jamais vu unepièce de théâtre ? »

PAULINE RIVAUD

Artistes associés2008 : portraitsPour la 61ème édition du Festivald’Avignon, placée sous le signe du"mystère", ce n’est pas un maisdeux artistes qui seront associés à laprogrammation artistique: lemetteur-en-scène italien RomeoCastellucci et la comédienne ValérieDréville.Romeo Castellucci a fondé en 80 laSocietas Raffaello Sanzio. Après saconfrontation aux textes classiques,la compagnie a lancé un vasteprojet basé sur un système dereprésentation inédit s’inscrivantdans la continuité du Théâtre de lacruauté imaginé par AntoninArtaud. Pour Castellucci, le théâtre“doit être dérangeant”.Valérie Dréville, formée à l’Ecole deChaillot, a débuté avec AntoineVitez. Sa collaboration avec AnatoliVassiliev débute dès ses années à laComédie Française. Elle mèneégalement une carrière au cinémaavec Godard, Garrel, Resnais… et àla télévision avec Companeez,Santelli… Après Thérèse philosopheà l’Odéon, elle est attendue enmars 2008 dans une créationd’Edward Bond Chaises.

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Les deux directeurs du Festival d’AvignonHortense Archambault (à gauche) et VincentBaudriller (à droite)

À Avignon le spectateur de théâtrea la parole Publique

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Le ppo int ssur…

La Cité nationale de l’histoire de l’im-migration (CNHI) a été inaugurée le 10octobre 2007 en pleine polémiquesuscitée par les aménagements autourde la nouvelle loi sur… l’immigration,en l’absence de son ministre et duprésident de la République.

La France aime les symboles, ils l’ai-dent à se réconcilier avec les dou-leurs de son histoire. Ainsi en va-t-il de

Une litanie de malaises

Le Quai Branly a ouvert ses portesavec le succès qu’on lui connaît, leMusée de l’homme se réorganise dou-cement, la Cité de l’immigration aattendu jusqu’à aujourd’hui pourexister. Or pour son ouverture, legouvernement français ne sera repré-senté que par Christine Albanel,ministre en charge de la culture et dela communication. Ni le président dela République ni le ministre de l’im-migration, de l’intégration et del’identité nationale n’y assisteront.Est-ce là un symbole du malaiseengendré par l’immigration aujour-d’hui en France ?

Un musée d’histoires

Avec ou sans les honneurs de la Répu-blique, la Cité de l’immigration aouvert ses grandes portes sur deuxcents ans d’histoire des populationsimmigrées en France depuis le XIXe

siècle. Elle devient ainsi un lieud’éducation. Installée dans le Palaisde la Porte dorée, vestige des expo-sitions universelles du XIXe siècle etdes manifestations coloniales, la CNHImarque la fin du Musée des artsd’Afrique et d’Océanie dont les col-lections sont désormais au musée duQuai Branly.À l’étage du bâtiment, sur plus de1100 m2, l’exposition permanente estbaptisée « Repères ». Elle est struc-turée en trois parties. "Emigrer" relatel’expérience migratoire tout en fai-sant le lien entre histoire collective ethistoires individuelles, cette exposi-tion analyse les raisons du départ, lechoix de la France, le voyage, la fron-tière, la construction de l’étrangerpar le juridique et par le regard del’autre. "Vivre en France" traite de laquestion de l’habitat (exclusion etentre soi), du travail et du creuset."Diversités" apporte un éclairage surl’apport de cultures d’origines trèsdiversifiées à la civilisation françaiseautour des questions de la langue,des identités et pratiques religieuses,de la diversité au coin de la rue et,enfin, des multiples enrichissementsdes cultures étrangères dans ledomaine artistique. La présence

Depuis l’idée de sa création la Cité nationale del’histoire de l’immigration a traversé une genèsecahotique (voir POUR ) Son ouverturen’échappe pas aux difficultés

La discrète Cité de l’imm

La Cité nationale de l’histoire del’immigration (CNHI) a été inaugurée le 10

octobre 2007

Tomber la frontière, c’est le thème duFestival Strasbourg méditerranée 2007se déroule du 24 novembre au 8décembre 2007.La Cité a souhaité inscrire un colloquedans le cadre de la 5ème édition du Fes-tival qui cette année porte sur le thèmede la Frontière. Strasbourg est parailleurs une ville emblématique dans lesrelations franco-allemandes.Le colloque intitulé L’image des étran-gers en France et en Allemagne: XIXe etXXe siècles aura lieu les 29 et 30novembre. Il prépare l'exposition «Étranger – Fremder en France et en Alle-magne (XIXème et XXème siècles) » pro-

duite par laCNHI au Palaisde la Portedorée enpartenariatavec leDeutsches Histo-risches Museum de Ber-lin, prévue du 15 décembre 2008au 15 mars 2009. Il s’agit essentielle-ment d’une rencontre à vocationd’échanges et de réflexion entre spé-cialistes pouvant intéresser tous les par-tenaires des échanges franco-allemands,notamment dans le domaine des migra-tions et de l’intégration.

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l’immigration. Jacques Chirac annonçaen avril 2002 le projet d’une Citénationale de l’histoire de l’immigra-tion, coïncidant avec celui de muséedes arts premiers et son corollaire ledémantèlement du Musée del’homme. Ce qui se voulait un symbolede cohésion nationale a dans la réalitésemé la zizanie. La mission du muséede rendre à la mémoire nationale lerôle positif et majeur joué par deuxcents ans d’immigration n’a pu s’im-poser au cours du gouvernement socia-liste. C’est un gouvernement de droitequi a décidé de son existence maisson ouverture au public se fait dansune indifférence remarquable. Uneassociation d’historiens, avec à sa têteGérard Noiriel et Pierre Milza, a relayéet porté l’idée d’un musée de l’im-migration il y a plus de quinze ans.Huit universitaires sur les douze asso-ciés au projet de la CNHI ont démis-sionné en mai 2007 des instances offi-cielles de la CNHI (tout en lasoutenant) pour protester contre l'ins-tauration "inacceptable" d'un minis-tère de l'identiténationale.

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La Cité nationale de l’histoire de l’immigration aouvert ses grandes portes sur deux cents ansd’histoire des populations immigrées en Francedepuis le XIXe siècle. Installée dans le Palais de laPorte dorée, ancien musée des colonies, elledevient ainsi un lieu d’éducation.

Est-ce-que la démission deshistoriens du comité scienti-fique en mars dernier ne des-sert pas la CNHI ?Dans les pays du « Nouveaumonde» qui se sont construitspar l'immigration, celle-ci estperçue positivement, commeà la source de la Nation, elleest objet de fierté, et lesmusées qui s'en saisissent n'ontpas de problèmes d'image, onle voit par exemple à NewYork avec Ellis Island. Mais enFrance, l'immigration est plu-tôt perçue comme unensemble de problèmes, dedifficultés, de tensions et d'in-quiétudes: les historiens quiont démissionné en incarnenten fait une vision beaucoupplus positive et constructive.

Le succès de fréquentationdes premiers jours de sonouverture ne condamne-t-ilpas le gouvernement qui aignoré son inauguration ?Il existe dans la société fran-çaise des attentes par rapport

à cette Cité, un public poten-tiel important, pour qui il fautvaloriser l'histoirede l'immigration, la connaître,ne serait-ce, très souvent, quepour des raisons familiales etd'origine. En se refusant àinaugurer la CNHI, du moinspour l'instant, le pouvoir quiétait au même moment entrain de faire passer une loiparticulièrement dure pourl'immigration, a symbolique-ment marqué ses préférencespour des représentations quicorrespondent plus auximages et aux demandes duFront national, que pour uneprésentation ouverte etconfiante de l'immigration.

Vous parlez de la représen-tation de l'immigration, qu'en-tendez-vous par là ?En simplifiant: on peut sereprésenter l'immigration dedeux façons opposées. La pre-mière insiste sur ce qu'ellecoûterait à la France, sur lamenace qu'elle ferait courir

à l'identité nationale, sur lesdérives délinquantes, voireterroristes, qu'elle apporte-rait, sur la violence des ban-lieues qui lui est alors impu-tée. La seconde plaide pourque l'on regarde concrète-ment les réalités, passées etprésentes, l'apport des vaguesmigratoires à la vie collectivede notre pays, le fait que sou-vent, si l'on remonte à deuxou trois générations,nousavons au moins un ascendantvenu de l'étranger. Il faudraitaller plus loin, noter qu'il ydes phénomènes migratoiresdiversifiés, des personnes quicirculent sans s'installer, desdiasporas, des groupes qui tra-versent notre pays pour allerailleurs, etc.

Michel Wieviorka est présidentde l’Association internationale

de sociologie directeur d’étudesà l’EHESS directeur du Cadis

d’oeuvres d’art contemporain et unescénographie innovante évitent deplomber ce qui pourrait être un récitdifficilement supportable.

Entre vérité cruelle et valorisation

Le parti pris du musée est la valori-sation des apports de l’immigration enFrance. Dans son discours d’inaugu-ration, Mme Albanel, a présenté laCNHI comme un "élément majeur dela cohésion sociale et du pluralismeculturel" et rappelé que “C'est unmusée qui concerne l'histoire de 20 à25% de la population de la France… ”Le musée aurait eu besoin de plusd’encouragement. Sa tâche est plutôtardue: apaiser l’agressif clivage natio-nal/étranger au profit de la mise envaleur de la mémoire collective de ladiversité ethnique, culturelle, socialefondée sur des expériences person-nelles le plus souvent douloureuses.Et plus simplement que la Francen’occulte plus l’immigration volon-taire ou forcée qui est partie inté-grante de son histoire.

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« L'immigration est perçue comme un problème»

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“Un lieu qui mêletous les arts”

Comment vivez-vous votre nomi-nation à la tête de cette véné-rable maison?Avec à la fois de la fierté et duplaisir. Celui de diriger un lieuunique qui mêle à la fois l’artlyrique, l’art dramatique et lacomédie, et où ont été écritesquelques-unes des plus bellespages de notre patrimoinelyrique. Depuis sa fusion avant-guerre avec l’Opéra de Paris,l’établissement avait perdu unepart de son identité. Puis, aumoment de l’ouverture del’Opéra Bastille, on a redétachél’Opéra Comique sans lui donnerles moyens d’être une maison deproduction au sens lyrique duterme.Grâce au soutien des pouvoirspublics, j’ai l’occasion et lesmoyens de faire vivre cette bellemaison sur son répertoire, en luirendant à la fois sa vocation etson identité.Cette maison a cette mémoire,et beaucoup de spectateurs ontla nostalgie de cette salle. C’estvraiment une maison, pas unbateau comme l’Opéra Bastille ;ici on entretient une relation deproximité avec le public ;nos 1200 places sont toutes trèsprès de la scène. Avec une acous-tique sublime, que les travauxactuels ont encore permis d’amé-liorer, nous disposons d’une salletrès bien proportionnée à sonrépertoire. Ce qui ne manquerapas d’avoir des effets positifs surla formation de l’orchestre, etpermettra aux chanteurs de pou-voir travailler dans la nuance plusque dans la puissance vocale.

Strict retour au répertoire ououverture à d’autres genresmusicaux ou lyriques?Les travaux engagés (améliora-tion de l’acoustique, créationd’une fosse d’orchestre modu-lable et de dessous-de-scène)vont rendre à la salle Favart sonéclat dans son écrin; ce qui nouspermettra également d’ouvrirnotre salle à des genres qui yétaient ignorés, par exemple le

baroque, et pour lequel cethéâtre est merveilleusementbien proportionné. Je n’ai doncpas eu beaucoup de mal à y fairevenir des gens comme John EliotGardiner (qui dirigera L’Étoiled’Emmanuel Chabrier du 13 au23 décembre 2007), ou WilliamChristie (qui dirigera Zampa deFerdinand Hérold du 10 au21 mars 2008).Il y aura aussi beaucoup dechoses à faire du côté des jeunesartistes ; l’Opéra Comique estl’endroit où ils pourront fairedes « pas de côté » à côté dechefs célèbres ; où de jeuneschefs d’orchestre et artistes pas-sionnés, avec des formationsmusicales indépendantes, pastoujours institutionnalisée, trèscomplices, sauront dégager descouleurs et des passions diffé-rentes. Au contraire d’une insti-tution (avec son orchestre et seschœurs devant s’adapter à tousles répertoires), le bonheursera d’entendre salle Favart,des formations très différentes,sur des partitions elles aussitrès différentes, sur Porgy andBess de Gershwin comme sur

Cadmus et Hermione de Lully !Autre aspect important, mainte-nir le répertoire, qui appartientà chacun mais qui était au bordde l’oubli et encore trèsméconnu d’un large public.L’opéra ayant souvent une imageélitaire, de grande bourgeoisieargentée en frac au milieu desdorures… Une image qui continued’intimider des gens, à la foiscultivés et socialement défavo-risés, qui seront victimes de cesfrontières entre genres. Un répertoire, c’est un trésor àfaire partager. Les mœurs chan-gent, aujourd’hui on ne trouveplus automatiquement sesracines au même endroit, et jeveux défendre et faire vivre en ledéveloppant, un patrimoine qu’ilne faut surtout pas figer dans laseule nostalgie.

Vous offrez une politique tari-faire particulièrement modéréepour l’Opéra?On a obtenu un prix des placestrès modéré au regard du coût,(50 % des places à un prix égal ouinférieur à 30 euros), en main-tenant les places « au paradis »à 6 euros. On s’est également préoccupédes laissés pour compte de laculture ; avec l’association desAmis et Mécènes de l’Opéra-Comique (AMOC) nous avonsvoulu favoriser le soutien à l’ac-tivité artistique avec un aspectsocial très important, dans lecadre de l’action « Un mécènedeux regards » qui permet d’of-frir une place gratuite à quel-qu’un de défavorisé. Et nous pro-poserons aussi un chèque pourles moins de 28 ans, acheté50 euros et de valeur double.

PROPOS RECUEILLIS PAR

MICHEL ANGOT

Jérôme DDeschamps vous venez d’être nommé pour cinq ans à la direction de l’OpéraComique

JÉRÔMEDESCHAMPS

Auteur etmetteur en

scène dethéâtre créateur

avec MachaMakeieff des

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Un forum de l’Institut de recherches de la FSUTravail et syndicalisme

Les 22 et 23 janvier 2008Au Conseil Régional d’Ile de France

61 rue de Babylone 75007 Paris

Intensification du travail, stress et souffrance au travail, suicides sur le lieu de travail, mais aussi

transformation du travail pour qu’il retrouve sa valeur socialisatrice et épanouissante. Le forum organisé

par l’Institut de recherches avec la participation de la FSU, de la CGT, de la CFE-CGC, US-Solidaires,

…, propose des échanges entre chercheurs et syndicalistes sur le travail.

Comment parler vraiment de travail? Qu’est-ce qui se joue dans l’activité de travail? La demande syndicale

de transformation du travail n’amène-t’elle pas à interroger l’activité syndicale?

Inscrivez-vous maintenant auprès de l’Institut de la FSU : [email protected].

Le programme du forum est consultable sur www.institut-fsu.fr Vous pouvez aussi vous procurer « Nouveaux Regards » n° 37-38 qui comporte un dossier important sur le travail.

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