Tout l'Ufc / n°150 - Le vieillissement

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U fc tout l’ Le péril vieux ? LE MAGAZINE DE L’ UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ / mai / juin / juillet 2012 / numéro 150

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Magazine de l'Université de Franche-Comté numéro 150 Thème : le vieillissement

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Ufctout l’

Le périlvieux?

LE MAGAZINE DE L’UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ / mai / juin / juillet 2012 / numéro 150

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Au cours du premier trimestre 2012, de nouveaux

projets du PRES Bourgogne-Franche-Comté ont

obtenu des financements dans le cadre

des Investissements d’avenir.

Les lauréats

SOMMAIREINSTITUTIONLes lauréats page 2

FORMATIONSRevaloriser les masters page 3

La formation continue : il fallait y penser page 4

INITIATIVES ÉTUDIANTESBien affûté page 5

DÉVELOPPEMENT DURABLEStudents challenge page 6

Dossier : page 7

Le vieillissementLes enjeux de l’âge page 8

Anticiper sa vieillesse page 9

Un certain regard sur le grand âge page 10

La mémoire qui flanche ? page 12

La vie en rose... page 14

Le mouvement : un conservateur naturel page 16

La question de l’aide page 18

Une vocation page 20

Une nécessaire transversalité page 22

La vieillesse a de l’avenir page 23

Une retraite au vert page 24

Le droit de vieillir page 25

PUBLICATIONS page 26

AGENDA page 26

Futurama page 28

La physique sur la place page 28

Tout l'Ufc - mai / juin / juillet 2012 - N°150Direction de la Communication

Université de Franche-Comté

1 rue Goudimel - 25030 Besançon Cedex

[email protected]

http://www.univ-fcomte.fr

http://tout-l-ufc.univ-fcomte.fr

2 U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

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Pour plus d’informations

En complément de la formule papier du

magazine tout l'Ufc, retrouvez des brèves

d'information, publiées régulièrement,

ainsi qu’une version électronique des

anciens numéros sur le site :

http://tout-l-ufc.univ-fcomte.fr

no150tout l’Ufc

PREStoutl’Ufc

Le PRES compte deux laboratoires d’excellence (Labex) supplémentaires.

ACTION est un projet national porté par l’institut FEMTO-ST, à l’interface

des nanotechnologies et de l’informatique, qui a obtenu 8 millions

d’euros1. Son objectif est de concevoir de nouveaux systèmes

miniaturisés dits « intelligents », c’est à dire capables d’adaptation et

d’anticipation.

Le labex LipSTIC, également coordonné par le PRES, s’intéresse

aux lipoprotéines comme moyen de développer de nouveaux traitements

anti-cancéreux et anti-inflammatoires plus efficaces et mieux tolérés.

Il bénéficiera de 6 millions d’euros.

OSCILLATOR-IMP est un nouvel équipement d’excellence (Equipex)

porté par FEMTO-ST, en partenariat avec UTINAM, et financé par l’État

à hauteur de 4 millions d’euros. Il vise à créer une plate-forme mondiale

pour la mesure de la stabilité d’oscillateurs, horloges et autres systèmes

de synchronisation.

FEMTO-ST est également impliqué dans le Réseau fibre métrologique à

vocation européenne (REFIMEVE+) qui a remporté 6,7 millions d’euros.

Ce réseau Européen va distribuer une fréquence étalon via Internet, pour

contribuer à des mesures de temps extrêmement stables.

L’unité de recherche Chronoenvironnement de l’Université de Franche-

Comté fait partie des 21 laboratoires investis dans le projet CRITEX qui

a obtenu un financement total de 7 millions d’euros. Ce parc national

d’équipements innovants permettra de décrire le fonctionnement

de différents types de bassins versants. Son but : développer

une compréhension globale des mécanismes et anticiper les effets du

changement climatique.

Les formations sont également concernées, avec deux projets Idefi

(Initiatives d’excellence en formations innovantes). TalentCampus, porté

par le PRES Bourgogne-Franche-Comté, utilisera 5,3 millions d’euros

afin de créer des ateliers pour repérer, développer et capitaliser les talents

de publics variés. Quant au réseau Figure, il disposera de 10 millions

d’euros pour mettre en place une filière de formation en ingénierie dans

les universités d’une douzaine de villes.

1 Il s’agit généralement de sommes qui sont versées sur 8 ans.

http://www.pres-bourgogne-franche-comte.fr

Directeur de la publication : Jacques Bahi,

Président de l’Université

Directrice de la Communication :Maryse Graner

Rédaction :Delphine Gosset

Tél. 03 81 66 58 87

Photographies :Ludovic Godard

Tél. 03 81 66 58 95

Conception graphique :Noir sur Blanc

Impression : Imprimerie Simon (6 500 ex.)

ISSN 1166 7672

Diffusion :Olivia Cœurdevey / Corinne Busi

Tél. 03 81 66 58 86 / 58 09

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Depuis le 5 avril, Jacques Bahi est le nouveau

président de l’Université de Franche-Comté.

Parmi les ambitions de son programme figure

le renforcement de l’attractivité des masters.

Nous l’avons interrogé sur la façon dont il envisage

l’évolution des formations.

Revaloriser les masters

- Pendant votre campagne, vous avez mentionné la faible attractivité

des masters de l’UFC1. Comment comptez-vous résoudre ce problème ?

Tout d’abord, faible attractivité ne signifie pas mauvaise qualité.

Nous avons de très bons masters, mais ils n’attirent, en moyenne, que

peu d’étudiants venus d’autres universités. Cette situation est d’autant

plus paradoxale que nos laboratoires de recherche obtiennent

au contraire de très bonnes évaluations. Pour remédier à ce problème,

je propose d’améliorer la cohérence de l’offre de formation, au sein

du PRES2 Bourgogne-Franche-Comté, et de renforcer davantage les liens

entre enseignement en recherche.

- Quelles modifications envisagez-vous pour l’offre de formation ?

La carte de formations de l’UFC est florissante. Certains diplômes sont

redondants avec ceux de nos partenaires au sein du PRES. Il s’agit de

réfléchir à la pertinence des parcours et à d’éventuels regroupements,

d’unir nos forces pour obtenir, à terme, des diplômes plus visibles et plus

attractifs.

- Les masters étant déjà adossés aux laboratoires de recherche, comment

peut-on renforcer davantage ces liens ?

De nouvelles instances pourraient se charger de déterminer les axes

d’une meilleure articulation des contenus des enseignements aux

spécificités des recherches locales. L’objectif de ces « pôles » serait de

rénover progressivement l’offre de formation, à tous les niveaux, du DUT

au doctorat, pour proposer des cursus dont les possibilités d’insertion

professionnelle auraient été soigneusement étudiées en concertation avec

les employeurs.

- Cela suppose-t-il une restructuration des composantes de l’Université qui

se chargent de la pédagogie ?

Non. Les composantes : UFR et IUT, ainsi que les écoles d’ingénieurs,

garderont l’entière responsabilité de la conception des formations et de

la mise en œuvre de la dynamique enclenchée par les pôles. Je propose

une réflexion menée de façon collégiale entre toutes les parties prenantes.

Il n’est pas question d’imposer ce modèle dans toutes les disciplines car

il n’est pas forcément pertinent dans toutes les filières. Je serai cependant

satisfait si, dans le courant de mon mandat, nous parvenons, à mettre

en place un ou deux de ces pôles. Dans des secteurs comme celui

des sciences pour l’ingénieur, par exemple, les conditions me semblent

réunies pour tenter l’expérience.

1 Cette évaluation est celle de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGSIP).2 Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) qui inclut actuellement l’Université de Franche-Comté, l’Université de Bourgogne et les écoles d’ingénieur ENSMM et Agrosup Dijon.

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Contact :Jacques Bahi

[email protected]

FORMATIONStoutl’Ufc

Le parcours de Jacques Bahi à l’UFC en quelques dates

1991 obtient son doctorat

en mathématiques appliquées

1992 devient maître de conférences

à l’IUT de Belfort-Montbéliard

1998 obtient son habilitation à diriger

les recherches en mathématiques

1999 devient professeur des universités

en informatique à l’UFC

2000 crée la filière Produits et services multimédia

2000 crée et dirige l’équipe de recherche

Algorithmique numérique distribuée

2002 devient directeur adjoint

du Laboratoire d’informatique de l’UFC

2008 crée le master Algorithmique

haute performance et modélisation

2008 est élu vice-président

du Conseil scientifique de l’UFC

2010 est chargé des Investissements d’avenir

pour le PRES Bourgogne-Franche-Comté

2012 est élu président de l’UFC

Jacques Bahi est professeur des universités à l’UFRSciences et techniques de Besançon et membre

du département Informatique des systèmes complexes(DISC) de l’institut FEMTO-ST. Sa spécialité :

l’algorithmique numérique et le calcul distribué.

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Ouverture au public :

- du lundi au jeudi de 9h à 11h30

et de 14h à 16h30

- le vendredi de 9h à 11h30.

Possibilité de rendez-vous auprès

d’un conseiller en dehors de ces horaires.

Renseignements à l’accueil.

http://formation-continue.univ-fcomte.fr

Un ensemble de dispositifs permettent d’être rémunéré pendant ses

études ou, au moins, de faire prendre en charge le coût pédagogique

de sa formation. La Région Franche-Comté, par exemple, finance

chaque année près d’une centaine d’inscriptions en deuxième année

de master ou en licence professionnelle. Pôle emploi fait de même en

attribuant des aides individuelles pour les chômeurs. Dans les deux cas,

il faut que leurs projets professionnels concernent des secteurs porteurs

en termes d’embauche.

Pour s’inscrire sous statut « formation continue », il faut être en situation

de reprise d’études après s’être engagé dans la vie active pendant une

durée minimale d’un an. En d’autres termes, il faut être salarié (ou l’avoir

été) et être demandeur d’emploi. Ainsi, les étudiants qui ont travaillé

pendant leurs études en contrat de professionnalisation ou en contrat

d’apprentissage peuvent bénéficier de ce statut, même s’ils n’ont pas

interrompu leur cursus.

Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans tous les dispositifs

existants : congé individuel de formation (CIF), de formation professionnelle

(CFP), de reclassement et autres congés de reconversion. Les conseillers

du service formation continue de l’UFC sont là pour valider les projets et

pour aider à mobiliser des financements en montant des dossiers

correspondant à la situation de chacun.

« Malheureusement, on nous sollicite souvent trop tard » regrette Laurence

Treps, conseillère en formation continue. « La demande auprès du financeur

doit être déposée avant la rentrée, sous peine d’être refusée. Pour les CIF par

exemple, les dossiers doivent être remis longtemps à l’avance : début mai ».

Le service formation continue gère aussi les demandes de financement d’une

procédure de validation des acquis de l’expérience (VAE) qui permet d’acquérir

tout ou partie d’un diplôme. Il suit l’établissement des contrats et des

conventions, facture les frais de formations et veille au respect de la

réglementation. « D’une certaine manière, il fait partie intégrante des différents

services de scolarité au sein de l’université, en administrant un profil particulier

d’étudiants » tient à souligner Gérard Dupuis, directeur de ce service.

La formation continue :il fallait y penserTous les diplômes de l’Université

de Franche-Comté (UFC) peuvent être

suivis en formation continue.

Un régime auquel on ne pense pas toujours,

alors qu’il peut s’avérer intéressant,

en particulier sur le plan financier.

Contact :Service formation continue

Tél. 03 81 66 61 21

[email protected]

MDE - Maison des étudiants

36 A avenue de l’Observatoire

25030 Besançon cedex

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FORMATIONtoutl’Ufc

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INITIATIVES ÉTUDIANTEStoutl’Ufc

Bien affûtéUn groupe d’étudiants en DUT Génie mécanique et productique (GMP)

a fabriqué une machine destinée à l’entretien des skis de l’U-sports.

L’U-sports propose du ski de loisirs aux

étudiants et aux personnels de l’Université.

Ses soixante paires de skis et quinze

snowboards nécessitent de l’entretien, après

chaque saison mais aussi pendant, pour des

réparations. « La préparation des skis à la main

nous prenait quasiment trois mois sur

l’année », raconte Claude Parratte, directeur

adjoint responsable des activités de

promotion des sports. C’est la raison pour

laquelle il a commandé à un groupe

d’étudiants en DUT Génie mécanique et

productique une machine pour automatiser

partiellement cet entretien. Un travail que

Pierre Gaigner, Denis Gorgulu, Cyrille Laporte

et Vivien Boillot ont mené à bien dans le cadre

d’un projet tuteuré, répondant à un cahier des

charges précis. La machine devait à la fois

permettre d’affûter les carres des skis, mais

aussi de poncer leur semelle. Reprenant le

travail commencé par un précédent groupe,

les étudiants ont terminé la conception de

l’appareil et entamé sa fabrication, résolvant

un certain nombre de problèmes techniques :

choix des moteurs électriques, adaptation du

système permettant d’assurer la rotation de

la meule, limitation des vibrations… en bref,

un exercice pédagogique concret et pratique.

La sécurité de l’appareil a même été contrôlée

par un inspecteur de l’Apave. La machine,

installée dans les locaux de l’U-sports depuis

octobre, fait gagner un temps considérable à

Antoine Gressier, l’étudiant qui se charge de

l’entretien des skis. « Un appareil conçu et

fabriqué par des étudiants, pour d’autres

étudiants et géré par un étudiant ! » résume

Claude Parratte.

Vivien Boillot, étudiant en DUT Génie mécanique et productique,fait une démonstration de l’utilisation de la machine à affûter les carres dont il est l’un des concepteurs.

Contacts :Claude Parratte

U-Sports

Tél. 03 81 66 63 62

[email protected]

http://u-sports.univ-fcomte.fr

Jean-Emmanuel Lafarge

Département Génie mécanique

et productique

IUT Besançon-Vesoul

Tél. 03 81 66 68 76

[email protected]

http://iut-bv.univ-fcomte.fr

La machine à affûter les carres et à poncer les semelles de ski conçuepar les étudiants.

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Des étudiants de l’IUT sont partis en voiture

dans le désert marocain pour une course aux couleurs

du développement durable.

Le Students challenge est un raid automobile

international éco-responsable destiné aux

étudiants. Pour gagner la course, les

participants sont évalués sur leur capacité

d’orientation et leur régularité plutôt que sur

leur vitesse. Chaque équipe compense ses

émissions de CO2 en reversant de l’argent

à une association qui soutient des projets

de développement durable dans des pays

du Sud.

Treize jours de voyage, 10 000 km, 10 heures

de route quotidiennes… Le 16 février,

repabtisé « green day », était le point

culminant du circuit de Meknes à Ouarzazate.

Ce jour-là, les étudiants sont allés planter des

palmiers dattiers dans le village de

Tamsguidate, créant à la fois une barrière

végétale pour lutter contre la désertification

et une source de revenus pour les habitants.

Le lendemain, ils sont allés remettre dans des

écoles les fournitures scolaires et sportives

qu’ils transportaient dans leurs véhicules.

Trois équipes de l’IUT Besançon-Vesoul ont

participé à ce challenge1. Celle de la licence

professionnelle Assistant marketing et

communication des PME s’est partagé les

rôles : Régis Meyer et Margaux Sutter, pilote

et co-pilote, ont réalisé la course tandis que

Chloé Beaudoin et Milan Bernard se sont

chargés de la communication. Ils ont démarché

de nombreux sponsors et récolté des fonds,

puis ont assuré la couverture journalistique de

l’évènement, au jour le jour, via un site web, une

page Facebook et une application iPhone qu’ils

avaient eux-mêmes créés.

Ces étudiants motivés ont également conçu

une exposition pour faire découvrir au public

bisontin les débuts de l’écologie marocaine.

À l’heure actuelle, celle-ci repose surtout sur

les initiatives de quelques individus engagés.

Chloé Beaudoin et Milan Bernard sont allés à

la rencontre de certains d’entre eux. Ils ont

ainsi fait le portrait d’un artisan de Marrakech

revenu aux techniques ancestrales de la

teinture végétale, d’un enseignant-chercheur

à l’initiative du premier écomusée du Maroc,

d’un collectif de femmes qui produit de l’huile

d’argan biologique, d’un couple de belges

créateur d’une ferme d’écotourisme et enfin

d’un gardien de chantier naval d’Essaouira qui

utilise des cordages recyclés et du bois issu

de cultures raisonnées.

Cette exposition, intitulée « L’écologie

marocaine s’expose », a été financée par le

Fonds de soutien et de développement des

initiatives étudiantes (FSDIE) de l’Université.

Après avoir été présentée à la Maison des

étudiants en mars et avril, elle sera à nouveau

visible l’an prochain dans les bibliothèques

universitaires.1 Les deux autres équipes appartenaient au département Géniemécanique et productique.

Contact :Chloé Beaudoin et Milan Bernard

[email protected]

http://www.facebook.com/sc.infocom

http://www.studentschallenge.com

DÉVELOPPEMENT DURABLEtoutl’Ufc

De gauche à droite : Chloé Beaudouin, Régis Meyer, Margaux Sutter et Milan Bernard, avant le départ du raid.

Students challenge

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LE DOSSIERtoutl’Ufc

Faut-il avoir peur de vieillir ? Faut-il craindre le vieillissement annoncéde la population ? Le vieillissement est-ilvraiment un problème ? L’Université sepenche sur cette question de société…

Le péril vieux ?

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8 U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

LE DOSSIERtoutl’Ufc

Avec l’amélioration de nos conditions devie et le développement de la médecinedepuis une cinquantaine d’années,l’espérance de vie s’est considérablementallongée. La proportion des plus de 60ans augmente chaque année, tandis quecelle des moins de 15 ans diminue. En Europe, on prévoit un picdémographique de 2015 à 2035,quand tous les baby-boomers serontretraités.

Le monde entier est concerné : lenombre de personnes âgées augmentede 2 % par an. Dans certains payscomme la Chine ou le Brésil, levieillissement de la population estbeaucoup plus rapide qu’en Europe. En France, le phénomène n’est pasnouveau : la quantité des plus de 60ans a mis plus de 110 ans à doubler. En 1928, on en parlait déjà…

Le fait que la Commission européenneait voulu faire de l’année 2012 « l’annéeeuropéenne du vieillissement actif »témoigne de l’intérêt des pouvoirs publicspour la question. Celui-ci soulève en effetun certain nombre de problèmes :économiques, médicaux et sociauxnotamment. Comment financer lessoins de santé et les retraites ?Comment gérer la dépendance d’un

nombre croissant d’individus ? Commentappréhender le vieillissement au travailalors qu’il y a, en France, une fortediscrimination à l’égard des plus de 55ans sur le marché de l’emploi ?

L’accroissement de la population desseniors nécessite une adaptation de lasociété. D’aucuns y voient l’opportunitéde développer certains secteurs éco-nomiques : les services à la personne,par exemple, mais aussi la santé,

la domotique, l’ergonomie, l’urbanisme,les transports (avec des équipementsadaptés à la perte d’autonomie)… Les actions du Pôle de gérontologie inter-régional Bourgogne-Franche-Comté vonten ce sens (cf. encadré ci-contre). Le secteur gérontologique crée des emplois. Dans certains territoires commela Creuse, dont la population est vieillis-sante, les embauches liées à la prise encharge des personnes âgées ont favorisél’installation de jeunes ménages.

Le vieillissement est une question d’avenir : à la fois parce qu’il pose des problèmes démographiques, économiques et sociaux, mais aussi parce qu’il peut être source de développement économique et pourvoyeur d’emplois.

Les enjeux de l’âgeVieillir n’est pas toujours bien assumé dans nos sociétés.

C’est pourtant un phénomène physiologique normal, avec son lot d’éléments positifs, notamment l’accumulation

d’expériences et de connaissances.

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9U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

Le vieillissement

Le pouvoir grisLes personnes âgées représentent un certain poids électoral. Leur participation à la vie politique et citoyenne varie cependant d’unpays à l’autre. Jean-Philippe Viriot-Durandal, enseignant-chercheur à l’Université de Franche-Comté et professeur associé à l’Université de Sherbrooke (Canada), explique :

« Il existe aux USA un véritable lobby gris. L’État providence étantfaible et les groupes de pression privés puissants, des contre-pouvoirs ont du se constituer pour défendre les intérêts des seniorsface à l’État et aux entreprises privées. En France, en revanche,comme dans beaucoup de pays d’Europe du Sud, le phénomèneest moins marqué et surtout, nettement moins professionnalisé. Au nord de l’Europe, notamment au Danemark et en Angleterre, des contre-pouvoirs puissants se sont constitués. Si on considère la manière dont les politiques publiques permettent aux personnesâgées de s’impliquer dans les collectivités locales ou les organismessanitaires et sociaux, comme les hôpitaux ou les maisons de retraite,la France a encore beaucoup à apprendre de l’étranger ».http://www.reiactis.org/reiactis

Jean-Philippe Viriot-Durandal est président du REIACTIS (Réseau de recherche international sur l’âge, la citoyenneté et l’insertion socio-économique), qu’il a créé en 2006. L’objectif de ce réseau scientifique est de promouvoir la recherche et les échanges autour des questions liées au vieillissement et à la citoyenneté, puis de diffuser les connaissances gérontologiques dans le monde académique et au-delà, auprès des élus, des professionnels et des acteurs de la société civile. Il est à l’origine d’un colloque international organisé en collaboration avec le Pôle de gérontologie interrégionalqui a rassemblé plus de 160 intervenants venus de 27 pays différents au mois de janvier dernier à Dijon.

Le pôle de gérontologieinterrégionalLe Pôle de gérontologie interrégional (PGI)a été créé en 2010 pour coordonner et développer le réseau des acteurs de lagérontologie en Bourgogne et en Franche-Comté. Il rassemble des partenaires privéset publics dans une organisation dédiée à l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées.Il chapeaute par exemple des études sur les individus qui leur viennent en aide,ou sur l’offre de service des EHPAD. L’un de ses objectifs est la valorisationindustrielle de la recherche. Parmi lesexemples de réalisations, on peut citer la création d’un pain enrichi en nutrimentsqui font défaut dans l’alimentation despersonnes âgées. Le PGI est constitué d’un conseil d’orien-tation et d’un groupement d’intérêts économiques (GIE). Ce dernier rassembleles deux centres hospitaliers régionauxuniversitaires, les universités de Bourgogneet de Franche-Comté, l’Institut régional du vieillissement de Franche-Comté, le gérontopole de Dijon et la caisse d’assurance retraite et de santé au travail(CARSAT).

http://www.pole-gerontologie.com

Même si on en a rarement conscience, le troisième et le quatrième âge sepréparent dès l’entrée dans la vie de couple ou dans la vie active. Le choixmême de la forme du couple (mariage, pacs, concubinage) est déterminantsur les conditions du vieillissement. En cas de décès du conjoint, c’est lemariage qui offre la plus grande sécurité juridique au survivant.

Souscrire un complément de retraite ou une assurance vie, réaliser certainsplacements ou profiter de la vie, transmettre ses biens ou les conserverinflue sur les ressources dont disposera la personne lorsqu’elle aura cesséson activité professionnelle.

« Il y a encore quelques années, les jeunes se montraient plutôt hostiles au faitque leurs parents consomment une partie de leurs biens pour préparer leurvieillissement ou prendre en charge leur dépendance. Mais les mentalitéssemblent évoluer et les enfants apprécient souvent positivement cette attitude,considérant qu’elle préserve la dignité de leurs parents et les dispense d’avoir àaider financièrement ces derniers » constate Catherine Philippe, spécialiste dudroit de la famille.

La vieillesse, on y pense rarement avant d’y être confronté. Ses conditions économiques sont pourtant déterminées par des choix amorcés dès les débuts de l’âge adulte.

Anticiper sa vieillesse

« Les défis territoriaux face au vieillissement »,sous la direction de Jean-Philippe Viriot-Durandal, Christian Pihet et Pierre-Marie Chapon, éditions La documentation française (2012).

Contact : Catherine PhilippeTél. 03 81 66 67 [email protected]://crjfc.univ-fcomte.fr

À lire…

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10 U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

Le vieillissement évoque souventl’image de personnes âgées décrépites,malades et dépendantes, une réalité quine concerne pourtant qu’une minoritéd’entre elles (environ 5 %). Ce tableaueffrayant marque cependant les esprits.Comme la vieillesse fait peur, oncherche à l’enrayer par une prise encharge médicale. « Depuis la fin de laseconde guerre mondiale, la médecine aété tellement porteuse d’espoir qu’on ena presque nié la finitude de l’homme et,avec elle, le vieillissement lui-même »,constate le docteur Régis Aubry.Isabelle Moesch, sociologue, renchérit« Si on cherche à guérir le vieillir, c’est,en quelque sorte, pour guérir le mourir ».La France fait partie des pays européensqui ont particulièrement médicalisé leurapproche du vieillissement. Plus onvieillit, plus on passe de temps àl’hôpital. Or, c’est une institution, avecses règles qui ne laissent pas toujourssuffisamment de place aux proches, niaux rituels qui pourraient leur être utiles.

Aux Pays Bas, au contraire, la fin de viese déroule à domicile. « Dans lessociétés du nord de l’Europe, malgré unindividualisme marqué, l’approche duvieillissement est différente. L’homme aintégré sa propre finitude dans sonschéma de vie » affirme Régis Aubry.

Nous vivons dans une société qui arompu avec l’idée que la mort faisaitpartie d’un cycle. « On parle de fin devie comme s’il n’y avait plus rienensuite. On ne pense plus en termes detransmission » regrette Isabelle Moesch.

Pourtant, les personnes âgées ontaccumulé de l’expérience, dont ellesont tiré des leçons et des capacitésd’analyse. Il y a un sens à vieillir,même si peu de rituels marquentencore les différentes étapes de la viecomme autant de pas vers la sagesse.

« En Afrique, plus l’individu vieillit, plusil est sage et plus on le respecte, mêmes’il est dément ! » raconte Régis Aubry.La culture de la rapidité et de laperformance qui imprègne la sociétéactuelle laisse peu de place aux

LE DOSSIERtoutl’Ufc

Vieillir est mal perçu dans une société qui se focalise sur la jeunesse et la performance. Un médecin spécialistede l’éthique et une sociologue de l’UFCanalysent nos stéréotypes culturels etleurs conséquences. Propos croisés.

Isabelle Moesch est enseignante à l’UFRdes Sciences juridiques,

économiques, politiques et de gestion

(SJEPG), chercheur au Laboratoire

de sociologie et d’anthropologie(LASA) et chargéed’études à l’institut

régional du vieillissementde Franche-Comté.

« Seule image en vogue actuellement, celle de vieux

à l’aspect jeune et dynamique… »

Un certain regard sur le grand âge

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11U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

personnes âgées chez qui levieillissement s’accompagne d’unralentissement du corps et parfois del’esprit. Seule image en vogue actuellement,celle de vieux à l’aspect jeune etdynamique… Cette vision optimisted’une vieillesse active n’est toutefoispas envisageable pour chacun. « Il nefaut pas que ce modèle devienne undiktat, sous peine d’exclure beaucoupd’individus » prévient Isabelle Moesch.Dans une société où la valeur del’homme est étroitement liée à sacapacité à produire, la dérive utilitaristen’est pas loin. Le spécialiste de l’éthiquemet en garde : « Quand il va falloirassurer un niveau de vie digne à desretraités dont le nombre va bientôt égalercelui des actifs, dans un monde soumis àdes contraintes économiques majeures,le risque d’ostracisme à l’égard des vieux,jugés non-utiles, est grand ». En ce quiconcerne la politique menée à l’égarddes personnes âgées en situation deperte d’autonomie, Isabelle Moesch

juge stigmatisant le choix même duterme de « dépendance », alors que laplupart des pays de l’OCDE raisonnenten termes de soutien à l’autonomie. « Lejapon va plus loin en parlant toutsimplement de solidarité, sans distinguer,d’ailleurs, le vieillissement du handicap »,déclare-t-elle.

Régis Aubry conclut « en concentrant lespersonnes âgées dans des lieuxspécialisés, on est en train de créer unenouvelle norme : celle de l’exclusion. Or,il est important que la vieillesse, et mêmela mort, soient présentes aux yeux desenfants : elles donnent du sens à la vie ».

Le 31 mai se tiendra à l’UFR SLHS une journée d’étude sur les enjeux que représentent le vieillissement et la perted’indépendance pour la collectivité. Elle seral’occasion de présenter et discuter les travaux menés dans le cadre du projetCONREP (Concertation et expérimentationdans les réponses institutionnelles aurisque-dépendance). Plusieurs laboratoires de l’UFC et l’espaceéthique Bourgogne-Franche-Comté partici-pent à ce questionnement philosophiquesur l’autonomie, l’indépendance et l’organi-sation de la solidarité. Cette manifestation,organisée par les philosophes de l’équipe« Logiques de l’agir », est ouverte au grandpublic, sur inscription.

Pour réfléchir à la prise en charge de la dépendance par la collectivité

Contact :Emmanuel Picavet

Laboratoire Logiques de l’agir (EA 2274)

UFR SLHS

[email protected]

http://slhs.univ-fcomte.fr/rech/philolab/agir.html

Régis Aubry est médecin, enseignant à l’UFR Sciences médicales et pharmaceutiques (SMP), responsable du département « Douleurs-soins palliatifs »du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Besançon, secrétaire général de l’Espace éthique Bourgogne-Franche-Comtéet président de l’Observatoire national de la fin de vie.

Le vieillissement

Contacts :Régis Aubry

[email protected]

http://medecine-pharmacie.univ-fcomte.fr

Isabelle Moesch

[email protected]

http://sjepg.univ-fcomte.fr

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LE DOSSIERtoutl’Ufc

On associe souvent le vieillissementau déclin intellectuel. Les résultats de la plupart des études scientifiquestémoignent en effet d’une diminutiondes performances en termes de mémoire, d’apprentissage, d’attention…« Il y a cependant un décalage énormeentre le tableau catastrophique décritdans la littérature scientifique et ce quel’on observe dans la vie de tous lesjours avec des personnes âgées qui sedébrouillent très bien ! » remarqueAndré Didierjean, psychologue. Selonlui, ce contraste s’explique par le fait quebeaucoup d’expériences en laboratoirefont appel à des tâches qui sont nouvelles pour les personnes âgées,

tandis que la plupart de nos actionsquotidiennes relèvent de comportementsdits « experts » : des routines auto-matisées qui résistent très bien auvieillissement.

Il n’existe pas une, mais des mémoires,dont les mécanismes diffèrent. La mémoire « implicite », par exemple,est un registre que les enfants sollicitentbeaucoup lorsqu’ils apprennent à parler.En baignant dans la langue, sans mêmey réfléchir, ils s’en imprègnent et enrepèrent les régularités. On peut ainsiacquérir de nouvelles connaissancesde manière inconsciente. Cette mémoire est bien conservée chez les

personnes âgées. Les chercheurs dulaboratoire de psychologie l’ontconfirmé avec une expérience simulantdes tirages du loto. Les participantsassistaient à des tirages qu’ilscroyaient aléatoires, alors que les séries de nombres suivaient en réalitécertaines règles de construction. Les tests réalisés par la suite ont montré qu’ils avaient appris ces règlesà leur insu, car ils trouvaient familièresd’autres séries de nombres construitesde façon identique. Dans ce type d’apprentissage implicite, les seniorsont des performances similaires àcelles des jeunes. Il en va de mêmepour la mémoire « procédurale », cettemémoire des gestes qui persiste avecle temps. L’adage selon lequel « le vélo, ça ne s’oublie pas », reflèteune réalité.

La mémoirequi flanche ?

Si les enfants sont les champions de l’apprentissage, avec l’âge, on fait moins confiance à sa mémoire.Pourtant, ses mécanismes ne sont pas tous défaillants.

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Le vieillissement

André Didierjean a mené, en collabo-ration avec des collègues parisiens1,une expérience impliquant de jeunesadultes, des personnes âgées enbonne santé et d’autres atteintes parla maladie d’Alzheimer.

Ces sujets ont dû apprendre un gestede golf : le « putting », en utilisantdeux méthodes faisant appel à différents types de mémoire. Quandl’apprentissage passe par la mémoiredite « déclarative », qui suppose de réfléchir consciemment à la directionet à l’intensité de ses propres mouve-ments, les vieux apprennent beaucoupmoins bien que les jeunes. En revanche,s’ils font appel à leur mémoire procédurale, avec une technique quiconsiste à ajuster progressivement ses gestes de manière instinctive enpartant d’une distance proche du trou,puis en s’en éloignant, ils ont des performances identiques. Quant aux patients Alzheimer, si le recours àla première méthode ne leur permetpratiquement aucun apprentissage, ils réussissent étonnamment bien avec

la seconde… Ces résultats donnent à réfléchir sur le fonctionnement complexe de la mémoire dont certainsprocessus sont sauvegardés, mêmelors du vieillissement pathologique.

1 Marc Verny de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et François Maquestiaux et Guillaume Chauvel de l’Université Paris sud.

« Il n’existe pasune, mais des

mémoires, dontles mécanismes

diffèrent ».

Contact : André DidierjeanLaboratoire de psychologieUFR Sciences du langage, de l’homme et de la sociétéTél. 03 81 66 51 [email protected]://slhs.univ-fcomte.fr

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Sandrine Vieillard, enseignante-chercheuse à l’UFC, s’intéresse aux modifications qui s’opèrent, au cours du vieillissement, sur le traitement et la régulation des émotions.

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LE DOSSIERtoutl’Ufc

De nombreuses études ont montréque, si on les compare à de jeunesadultes, les personnes âgées onttendance à privilégier les informationsde nature positive et à mieux lesmémoriser. Elles sont plus promptesà se désengager de situationsdésagréables et font plus souventréférence à des émotions positives. Ce phénomène surprenant peuts’expliquer par un changement dansles motivations des individus. Alorsque les jeunes seraient dans unelogique d’expérience de vie, les aînés,conscients du temps qui leur reste àvivre, s’orienteraient vers le maintiende leur propre bien-être1.

Cela signifie-t-il que les seniorscontrôlent plus efficacement leursémotions ? « Pas forcément », répondSandrine Vieillard, enseignante à l’UFRSLHS et chercheuse au laboratoire de psychologie. « Le traitement des émotions fait appel à des aptitudescognitives2 et à des zones du cerveaudont on sait qu’elles déclinent avec l’âge. S’il est peu probable que la régulation émotionnelle soit meilleure, ellepeut cependant s’opérer différemment3. »Pour approfondir la question, elle achoisi de travailler avec de puissants

vecteurs émotionnels comme lamusique, les odeurs, mais aussil’humour, là où toutes les recherchesprécédentes utilisaient des images oudes souvenirs autobiographiques. Les résultats de ses premières expé-riences avec des extraits musicaux exprimant différentes émotions montrent que, comparativement auxjeunes adultes, l’attention des auditeursâgés est gênée par la tonalité menaçantede certains morceaux.

« Cela suggère une plus grande vulné-rabilité face aux situations stressantes,ce qui est peu compatible avec l’idéed’un contrôle plus efficace des émo-tions », explique-t-elle. Sandrine Vieillard a également proposéà des sujets jeunes et âgés de classerdes extraits musicaux en différentescatégories. Tandis que les jeunes les classent spontanément selon deuxdimensions : le caractère agréable ou désagréable et l’intensité forte ou faible, les vieux n’utilisent qu’uneseule dimension où ces deux aspectsse confondent. « Ce résultat est enfaveur de l’hypothèse selon laquelle laperception des émotions serait simplifiéepour être parfois distordue dans le senspositif3 ».

Elle poursuit actuellement ses recherchesavec le projet STREEM (Stratégies de régulation émotionnelle : approchesmultimodale, vie entière et interculturelle)4.Dans le cadre de ce programme de recherches, elle explore l’expérienceémotionnelle d’individus de différentesclasses d’âges confrontés à des stimulations agréables et désagréables,en mesurant notamment leurs réactionsphysiologiques. Elle s’intéresse égale-ment à la façon dont ils parviennent à contrôler leurs émotions, soit grâceà l’effet d’une interférence extérieure(par exemple une image humoristique),soit par un effort volontaire. L’imageriecérébrale va lui permettre de compléterses expériences en mettant en lumièrel’activité des zones du cerveau impliquées dans le traitement et la régulation des émotions.

La vie en rose...

Serait-ce un signe de sagesse ? Les personnes âgées ont tendance à porter un regard positif sur les choses. Cette évolution dans les processus émotionnels intéresse les psychologues.

Contact : Sandrine VieillardLaboratoire de psychologie (EA 3188). Tél. 03 81 66 53 [email protected]://psychologie.univ-fcomte.frhttp://mshe.univ-fcomte.fr

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1 Cette théorie a été développée par Laura Carstensen, chercheur en psychologie à l’Université de Stanford(Californie).2 Le terme « cognition » fait référence à tous les processusde traitement de l’information impliquant la mémoire, l’attention etc.3 Il s’agit d’une hypothèse alternative à celle de LauraCarstensen, développée par Guisela Labouvie-Vief, chercheur en psychologie à l’Université de Genève.4 D’autres chercheurs : J.L. Millot, du Laboratoire de neurosciences de l’Université de Franche-Comté, et E. Bigand, du laboratoire d’étude de l’apprentissage et du développement (LEAD) de l’Université de Bourgognecollaborent à ce projet soutenu par la Maison des sciencesde l’homme et de l’environnement (MSHE) Claude-Nicolas Ledoux et financé par l’Agence nationale pour la recherche (ANR).

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Il faisait plaisir à voir, ce vieux monsieurqui arborait un large sourire en essayantde renvoyer un ballon, même si, à chaquemouvement de recul, il manquait de perdre l’équilibre. Un étudiant qui se tenait en permanence derrière lui l’aidaitchaque fois à se rétablir. On pouvait observer ce genre de scène le 22 mars,lors de la journée « personnes âgées »organisée par des étudiants de l’U-sports.Des pensionnaires de maisons de retraiteétaient conviés à participer à des animations sportives. Il s’agissait plusprécisément d’activités physiquesadaptées, une spécialité des étudiantsen licence APAS1. L’un d’entre eux :Flavien Boulon, explique : « Cet atelierpermet de travailler le souffle et la musculature du tronc, tout ens’amusant ». Il montre un petit groupeoù, sous les encouragements d’étudiants déguisés en cosmonautes,une vieille dame vise un mobile en

forme de planètes. Ailleurs dans le gymnase, dans un décor évoquant laplage, un autre groupe joue auxboules. Le jeu nécessite de se pencheren avant, un exercice qui peut être utile,par exemple pour s’entraîner à enfilersoi-même ses chaussettes.

« Quand on commence à éprouver desdifficultés de mouvement, on a tendanceà devenir sédentaire, mais c’est un cercle vicieux. Conserver une activitéphysique est au contraire le meilleurmoyen de garder de la mobilité et, par conséquent, de l’autonomie »explique Jacqueline Callier, enseignante-chercheuse à l’U-Sports. Fabienne Mougin Guillaume, actuelle responsablede la licence, complète : « Il est impossiblede lutter contre le vieillissement. En revanche, on peut retarder l’apparitionde ses effets secondaires : perte muscu-laire, perte d’équilibre, prise de poids…L’activité physique renforce même des rythmes biologiques souvent désyn-chronisés ».Il faut toutefois rester prudent. Les étudiants de la filière APAS2

apprennent à évaluer les aptitudes etles limites de leur public afin de leurproposer des pratiques parfaitementsécurisées. « En tant que professionnelsde l’animation ou de la conduite de

projets, ils auront affaire à des groupesde condition physique très hétérogènes »précise Jean-Luc Tinchant, enseignant.

Autre intérêt de ces activités physiques :elles se pratiquent en groupe et sont un excellent moyen de socialisation pour des individus qui vivent parfois ensemble dans une même institutionsans véritablement entrer en contact.

Une vieille dame souriante prénomméeLucie s’esclaffe « C’est sensationnel. Je suis déjà venue l’année dernière etqu’est-ce qu’on a ri ! J’admire ces jeunesqui nous consacrent du temps parce qu’ilfaut avouer que nous, les vieux, qu’est-cequ’on peut râler… »1 Licence Activités physiques adaptées et santé.2 L’U-sports propose actuellement une deuxième année de master STAPS avec une spécialisation APAS. Un master APAS co-habilité avec l’Université de Bourgogne ouvrira à la rentrée 2012.Les activités physiques adaptées ne s’adressent pas seulement à un public de personnes âgées mais aussi aux personnes handicapées.

La pratique d’activités physiques adaptées permet de lutter contre deux problèmes liés au vieillissement : la perte d’autonomie et l’isolement.

LE DOSSIERtoutl’Ufc

Le mouvement : un conservateur

Chaque année depuis maintenant quatre ans, des pensionnaires de foyersd’hébergement se rendent pendant une journée à l’U-sportspour une journée d’animationsorganisée par les étudiants de la licence APAS.

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La rencontre avait de quoi déconcerter des étudiants plutôthabitués à manipuler des capteurs. Dans le cadre d’uncours de communication, on leur a demandé d’animer des ateliers dans un établissement d’hébergement pourpersonnes âgées dépendantes (EHPAD) : « Le Doubs rivage », à Montbéliard. Le public n’était pas conquisd’avance, comme l’ont constaté ceux qui ont été accueillisfraîchement par certains pensionnaires. Joëlle Monnot,animatrice dans l’établissement, les a rassurés sur ce premier contact parfois difficile : « Nos résidents sont nombreux à souffrir de pathologies lourdes. Ils se savent diminués et craignent le regard que vous allez porter sur eux ».Les étudiants se sont cependant prêtés au jeu en proposantdes activités variées : du découpage au scrap-booking, enpassant par la démonstration de robotique… Les ateliersles plus classiques, comme le loto ou la chorale, ont eu un succès rapide. « Nos pensionnaires y sont habitués : ils savent qu’ils en sont capables » explique l’animatrice.Pour des choses plus nouvelles, il a fallu convaincre, mettreen confiance, rassurer. « Ils étaient souvent d’accord pourregarder, mais pas pour participer » constate un étudiant.Beaucoup ont dû adapter leurs activités aux difficultés sensorielles ou motrices rencontrées par certains résidents. Il leur a aussi fallu composer avec ceux qui s’énervent, s’endorment, s’en vont ou changent brutalement de comportement. Mais au final, l’expériencea été profitable sur le plan humain, avec beaucoup d’amusement et des moments d’échanges chargés d’émotion.«Sur le plan pédagogique, les étudiants ont compris la nécessitéde se mettre au niveau de leur public et de trouver des astuces pour motiver des individus parfois fermés »rapporte Christine Bolou-Chiaravalli, l’enseignante à l’origine du projet1.

1 Ce projet sera reconduit l’an prochain et bénéficiera d’un Bonus qualité formation (BQF).

Animation inattendue

Des étudiants en DUT Mesures physiques se sont improvisés animateurs dans une maison de retraite.

Contact : Christine Bolou-ChiaravalliIUT Belfort-Montbé[email protected]://www.iut-bm.univ-fcomte.fr

Le vieillissement

naturelContacts :

Jean-Luc TinchantFutur responsable de la licence Activités physiques adaptées et santéTél. 03 81 66 67 [email protected]

Fabienne Mougin-GuillaumeResponsable du futur master Activités physiques adaptées et santéTél. 03 63 08 25 [email protected]

http://u-sports.univ-fcomte.fr

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LE DOSSIERtoutl’Ufc

Être dépendant, c’est avoir besoin dequelqu’un pour réaliser des gestesquotidiens. Généralement, on trouvede l’aide au sein de sa propre famille.Dans une fratrie, il y a toujours un « aidant principal », désigné de manièreimplicite. « Le choix de cette personneest rarement discuté. Il dépend de l’histoiredes relations familiales. Classiquement, il s’agit d’une femme figurant parmi les aînés », déclare Magalie Bonnet,psychologue. Mais notre société évolue : les familles sont moins nombreuses, parfois recomposées, eton ignore totalement les formes queva prendre l’aide aux personnes âgéesdépendantes dans ces nouvellesconfigurations. Avec le vieillissementde la population, non seulement laquantité de personnes dépendantesva croître, mais les aidants potentielsvont aussi être de plus en plus âgés.Or, comment épauler son parent centenaire quand on est soi-mêmeoctogénaire et malade ?

Le rôle d’aidant est difficile. Selon lessituations, il peut être parfaitementaccepté ou, au contraire, vécu de façondramatique. Quand on prend en chargeson conjoint atteint d’une pathologielourde, on s’épuise. Il n’est pas rare que l’aidant décède avant l’aidé. D’où l’importance des associations quiproposent assistance et conseils1. Les structures de répit, qui permettent

de soulager temporairement les familles,se développent2. La société a prisconscience de la nécessité de soutenirces aidants familiaux sur lesquels elles’appuie beaucoup. On fait désormaisde « l’aide aux aidants ». Dans cetteperspective, le Pôle de gérontologieinterrégional Bourgogne-Franche-Comté(cf. article page 9), a lancé une vasteétude sociologique, psychologique, médicale et économique, pour mieux les identifier et connaître leurs besoins3.

Quand toutes les autres solutions possibles ont été épuisées, le placementdans un établissement spécialisé est envisagé. « L’image de la famille qui sedébarrasse du vieux à la première occasion dans une maison de retraiteest un stéréotype qui ne reflète pas la réalité » conteste Magalie Bonnet.Les pensionnaires de ces établissementsy entrent tardivement, à 85 ans enmoyenne, mais surtout à des stades de perte d’autonomie de plus en plusavancés. Aujourd’hui 45 % de la clientèledes EHPAD4 est atteinte de pathologiescomme la maladie d’Alzheimer. Le personnel soignant, déjà débordé,peine à répondre aux besoins de cespatients. Comment éviter la négligenceet rester bientraitant dans des conditionsd’exercice qui risquent d’empirer ? « Ces professionnels doivent être formésà gérer et comprendre les comportementsagressifs de malades atteints de la

Magalie Bonnet est enseignante-chercheuse enpsychologie à l’Université de Franche-Comté. Elle s’intéresse aux répercussions du vieillissement,qu’il soit pathologique ou normal, sur le groupefamilial. Elle travaille également sur la relationd’aide, à la fois dans la famille et dans les milieuxprofessionnels.

La question de l’aide

Que faire quand un proche perd son autonomie ? Quelles difficultés rencontrent ceux qui l’aident ?

Comment assurer la prise en charge des personnes âgées dépendantes ?

Ces interrogations vont devenir cruciales dans un contexte de vieillissement de la population.

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maladie d’Alzheimer » souligne MagalieBonnet. Cette enseignante-chercheuseaccompagne actuellement un nouveaudispositif d’accueil à Belfort destiné auxpersonnes chez qui cette maladie génèred’importants troubles du comportement.« Il s’agit de déterminer quel type de relation nouer avec ces personnes pourqu’elles soient moins agitées », explique-t-elle.

Régis Aubry, médecin et professeur à l’UFC a de son côté soutenu la créationd’une maison de vie, à Besançon. Ce lieu, destiné à procurer une meilleurequalité de vie, en dehors de l’hôpital,aux personnes en situation de soins palliatifs, les accueille avec leurs familles.

L’objectif de ces structures expé-rimentales est de trouver des solutionsnouvelles aux problèmes posés par le vieillissement de la population.« Notre société n’a tout bonnement paspensé que le progrès médical pourraitgénérer de la dépendance. A l’heure oùl’individualisme est de mise, il faudraitau contraire recréer des solidarités, prévoir des emplois de proximité, repenser les organisations urbaines...Cette question devrait être mise à l’ordre du jour du débat public » insisteRégis Aubry.

1 L’association française des aidants, par exemple, organise des « cafés des aidants ». Ces réunions animées par un psychologue et un travailleur socialpermettent de débattre autour d’un thème introduitpar une conférence.2 Pour donner un peu de répit aux aidants, on peut envisager de l’aide à domicile, mais aussi un accueil de jour, ou encore un hébergement temporaire dans un EHPAD. Les structures de répit sont multiformes. Leur développement et leur diversification est l’un des objectifs du plan Alzheimer mis en place par le gouvernement.3 Cette étude, baptisée « cohorte des aidants » est prévuesur 10 ans. Elle vise à identifier des profils d’aidantsconfrontés à certaines pathologies et à identifier leurs problèmes, afin d’envisager de nouveaux modes de soutien.4 Établissement d’hébergement pour personnes âgéesdépendantes

Contact : Magalie BonnetLaboratoire de psychologie - UFR SLHS Tél. 03 81 66 54 [email protected]://psychologie.univ-fcomte.fr

Le vieillissement

« L’image de la famille qui se débarrasse du vieux à la première occasion dans une maison de retraite est

un stéréotype qui ne reflète pas la réalité »

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Dans une salle du département Carrièressociales où s’entassent des affiches et divers objets faits main, quatre étudiants de deuxième année de DUTnous présentent l’exposition qu’ils ontréalisée. L’assortiment de témoignagesmanuscrits, de poèmes, de photos et de dessins qu’ils exhibent restitue la richesse des échanges qui ont eu lieulors de la semaine bleue1, en octobre.Cette semaine-là, près de 150 étudiantsde l’IUT sont allés rencontrer des personnes âgées en maison de retraitepour leur proposer des animations.

Ce petit groupe de jeunes gens motivésparticipait à l’évènement pour la secondefois. L’an passé, c’est précisément ce quia déclenché leur intérêt pour un publicavec lequel ils n’avaient pas d’affinitésparticulières. Jusqu’alors, Mélanie Girardconnaissait uniquement l’animation auprès d’enfants. « Au contact des

personnes âgées j’ai découvert deséchanges et des émotions complètementdifférentes. J’ai eu le déclic » raconte-t-elle. Un autre de ces étudiants,Alexandre Demongeot, constate : « Ils ont le dialogue facile et la discussionpeut partir d’un rien. J’aime beaucoup les entendre raconter ce qu’ils ont vécu,la guerre en particulier ». Autre motivation essentielle sur laquelleils s’accordent tous : la satisfaction dese sentir enfin utiles. Sophie Georgess’exprime avec aisance : « C’est un public en demande, mais qui ne saitpas forcément traduire ses besoins, en particulier dans les cas de démencesénile. Quand on parvient à leur veniren aide, c’est vraiment gratifiant ».Thomas Parrain, pour qui ce DUT correspond à une réorientation aprèsun an passé dans une filière totalementdifférente2, observe : « Nous sommes

là pour améliorer la qualité de leur finde vie. Il ne s’agit pas seulement de leurprodiguer des soins élémentaires, mais aussi de satisfaire leurs envies.Dans l’EHPAD3 où j’interviens, nous emmenons régulièrement un ancienchampion de natation à la piscine etnous allons donner à une vieille damel’occasion de voir son idole en concert ». L’intervention de ces animateurs permet aux personnes hébergées eninstitution de « garder la tête haute »,selon les termes employés par FlorentPuppis qui est à la fois enseignant etdirecteur de l’animation et de la viesociale dans un grand groupe de maisons de retraites. « La grande dépendance génère beaucoup d’angoisse.La présence de ces jeunes est une véritablebouffée d’oxygène qui leur redonne dupunch ». Il semble très fier de ce petitgroupe d’étudiants qu’il a encadrés.

Une vocation Nous avons rencontré des étudiants de l’IUT de Belfort-Montbéliard qui ont choisi de travaillerauprès de personnes âgées. Ils font preuve de détermination et de maturité.

Alexandre Demongeot, Thomas Parrain, Mélanie Girard et Sophie Georges, étudiants en DUT Carrières sociales, ont choisi de s’occuper de personnes âgées.

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Guillaume Guthleben, enseignant au département Carrières socialesde l’IUT de Belfort-Montbéliard, a travaillé une dizaine d’années à la confédération de gérontologie, un lieu de ressources etd’observation sur les questions liées au vieillissement à l’hôpital. Il est co-responsable de la licence professionnelle FVPI. Dans le cadre d’un travail de réflexion sur leurs représentations de la vieillesse, il propose aux étudiants une initiation à la collecte de récits de vie. Cet exercice consiste à aller interroger despersonnes âgées sur leur histoire, pour la rédiger ensuite.

« J’ai réalisé mon premier récit de vie avec ma propre grand-mèrechez qui on avait diagnostiqué un début de démence. L’exercice lui aété profitable puisque pendant les 7 années suivantes, son état ne s’estpas détérioré. Au cours de mon expérience ultérieure, j’ai pu constaterqu’au-delà de l’intérêt de la transmission d’une histoire familiale aux générations suivantes, l’exercice a des bénéfices indéniables surles personnes interrogées. Il favorise l’estime de soi et les revalorisedans leur entourage. En institution, il permet de changer le regard des professionnels sur leurs résidents et de tisser des relations qui se focalisent sur autre chose que sur leurs besoins en fin de vie.»

Deux d’entre eux étaient en effet en situation d’échec au début de l’annéeprécédente. Aujourd’hui ils ont trouvéle secteur qui les intéresse et vontprobablement poursuivre leurs études.

La prochaine étape pourrait bien être la licence professionnelle Interventionsociale, spécialité Famille, vieillissementet problématiques intergénération-nelles (FVPI)4, proposée dans ce mêmeIUT. Parmi les étudiants qui ont choiside préparer ce diplôme, deux étudiantesoriginaires de Dijon et de Montpellier témoignent.

Pauline Clauzel est déterminée. Une foissa licence de psychologie en poche, ellea voulu se tourner vers un métier pratique : « J’en avais assez de la théorie.Je me suis rendue compte que j’avais le feeling avec les personnes âgées et que travailler avec elles ne me dérangeait pas. Au contraire, je les

trouve touchantes ». Pour le moment,elle s’épanouit en concevant les animations d’un club de loisirs pourseniors, dans le cadre de son stage.

Léa Larosa a un parcours différent. La licence de psychologie dont elle estégalement titulaire date d’une vingtained’années. À l’époque, elle s’intéressaitdéjà à la gérontologie mais les formationsspécifiques étaient rares. Après avoirlongtemps assumé des fonctionscommerciales qui, de son propre aveu,ne lui convenaient absolument pas,elle a décidé de reprendre des études.

Cette année de formation à Belfort l’a confortée dans son choix. « J’aimele côté totalement décomplexé des personnes âgées par rapport au regardqu’on pourrait avoir sur elles. Je leconstate souvent quand j’anime desateliers théâtre : il n’y a pas de tabous,on parle librement ».

Ces six étudiants semblent intimementconvaincus d’avoir trouvé leur voie.Leurs propos donnent à réfléchir surune orientation à laquelle peu dejeunes pensent spontanément maisqui offre cependant des débouchés :les métiers de l’intervention auprèsdes personnes âgées.

1 La semaine bleue, ou semaine nationale des retraités et personnes âgées existe depuis les années 1950. Elle vise à informer et sensibiliser l’opinion publique sur la contribution des retraités à la vie économique, sociale etculturelle, sur les préoccupations et difficultés rencontréespar les personnes âgées, sur les réalisations et projets des associations. Le petit groupe interviewé ici a joué les coordinateurs bénévoles et chapeauté les étudiants de première année. 2 Il s’agissait d’un DUT Services et réseaux de communication (SRC)3 Établissement d’hébergement pour personnes âgéesdépendantes4 Cf. article page 7 dans Tout l’Ufc Hors série numéro 16

Récits de vie

Contacts : Florent PuppisTél. 03 84 58 77 [email protected]

Informations sur les formations : [email protected]él. 03 84 58 76 00Département Carrières sociales IUT Belfort-Montbéliardhttp://www.iut-bm.univ-fcomte.fr

Contact : [email protected]

Pauline Clauzel et Léa Larosa terminent leur licence professionnelle

et espèrent travailler dans le secteur gérontologique.

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LE DOSSIERtoutl’Ufc

La prise en charge du vieillissement, au niveau individuel ou, plus globalement,à l’échelle d’une population, nécessite lescompétences de spécialistes d’horizonstrès divers. De nombreux professionnelssont concernés, depuis l’infirmière quiexécute des soins à domicile jusqu’àl’économiste qui s’interroge sur les pensions de retraite.

Pour découvrir les rôles respectifs dechacun des intervenants qui gravitentautour des personnes âgées et leurcomplémentarité, les étudiants de la licence professionnelle Famille, vieillissement et problématiques inter-générationnelles (FVPI) sont invités àparticiper à un « rallye des métiers »dès le début de l’année universitaire.Ils prennent ainsi conscience de la nécessité d’agir en concertation avecd’autres professionnels pour mieux répondre aux besoins des personnesâgées. Leur formation évite l’hyper-spécialisation, en prévision d’un décloisonnement qui devrait s’opérer,à l’avenir, dans ce secteur.

Le master Coordination des fonctionsdans le champ de la santé a étéconstruit dans ce même esprit de décloisonnement. Proposé à la foispar l’Université et l’Institut régional dutravail social (IRTS) de Franche-Comté, il répond à un besoin de formation un métier en devenir : celuide « coordinateur ». Cette fonctionconsiste à faciliter les échanges entreles différents acteurs du domaine gérontologique1 qui travaillent actuel-lement de manière juxtaposée pour lesamener à harmoniser davantage leuraction. Les enseignements dispensésdans ce master relèvent aussi bien du champ de la santé que du domainedes sciences humaines et sociale.

Le master Vieillissement et société (cf. article ci-contre) se distingue également par son caractère transversal.Il inculque aux étudiants une culture pluridisciplinaire et pragmatique surla question gérontologique, en croisant les approches sociologique,psychologique, juridique, économique,philosophique, sportive et médicale.Cinq composantes de l’Université (UFRSLHS, SMP, STAPS, SJEPG et IUTBM2) sont d’ailleurs associées àce master.

Au vu de la richesse des enseignements et travaux de recherche trouvant leur application dans ce secteur, les enseignants-chercheurs continuent à travailler sur des projets de formationstransdisciplinaires, en partenariat avecdes acteurs éco-nomiques. Il s’agit de développerun vivier d’expertsimmédiatement opé-rationnels dans tousles métiers touchant,de près ou de loin, aux personnes âgées.

1 Ce master ne concerne pas uniquement le champ du vieillissement, mais la santé en général. 2 UFR Sciences de l’homme, du langage et de la société. UFR Sciences médicales et pharmaceutiques. UFR Sciences et techniques des activités physiques et sportives. UFR Sciences juridiques, économiques, politiques et de gestion, IUT Belfort-Montbéliard.

http://formations.univ-fcomte.fr

Une nécessaire transversalitéUne question aussi complexe que le vieillissement ne peuts’appréhender que de façon interprofessionnelle et coordonnée. C’est la raison du caractère pluridisciplinairedes formations proposées à l’Université dans ce secteur.

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Le vieillissement

L’image négative du vieillissementdans notre société ne donne guèreenvie de s’y intéresser, encore moinsd’en faire l’objet de son futur métier.Changer le regard des étudiants sur ce sujet est précisément l’objectif du master Sociologie, spécialité Vieillissement et société, co-dirigé par

Magalie Bonnet. « Vieillir n’est pasune maladie ! Il faut plutôt

l’envisager comme une succession d’étapes dans lavie de chacun, avec son lot d’interrogations et deremises en question, qui sont autant d’occasionsd’évoluer », remarque-t-elle.

Ce master, proposéconjointement parl’Université deFranche-Comté et celle de Bour-gogne1, introduitune approche dif-férente de celledes formations

classiques en gérontologie. Il envisagele vieillissement non pas sur son versant pathologique et médical maisplutôt en tant que phénomène normalet sociétal. Il engage les étudiants à réfléchir aux bouleversements individuels et familiaux, mais aussi professionnels,engendrés par l’avancée en âge. La réflexion va au-delà de l’échelle individuelle et aborde des probléma-tiques liées à l’économie, l’aménagementdu territoire et l’organisation de la société.

Les sujets de stage ne manquent pas d’intérêt : enquêter sur le vécu de l’après-retraite, travailler sur les questions de maltraitance et de bien-traitance en institution, identifier les freins culturels qui empêchent lespersonnes âgées immigrées d’avoiraccès aux campagnes de prévention sanitaire qui leurs sont destinées ou encore recenser toutes les initiatives enfaveur des personnes âgées existantdans une communauté d’aggloméra-tions afin de les mutualiser.

Ces exemples témoignent de la variétédes projets à mener dans un secteuroù l’offre de services est en pleine évolution. Avec ce master, l’objectifest de former des professionnels capables d’inventer de nouvelles solutions face aux nombreuses questions que le vieillissement pose etva poser à l’avenir.

1 Les enseignements se déroulent pour moitié à Dijonet pour moitié à Besançon. Michèle Dion, spécialiste des données démographiqueset statistiques sur le vieillissement de la population(Centre Georges Chevrier, UMR CNRS 5605) assure la co-responsabilité du master pour l’Universitéde Bourgogne.

Masters• Santé publique, spécialité Santé publique

et environnement

• Santé publique, spécialité Les fonctions

de coordination dans le système de santé

• Psychologie, spécialité Psychologie cognitive

et neuropsychologie

• Sociologie, spécialité Vieillissement et société

• Sport, spécialité Activités physiques adaptées

et santé (à la rentrée 2012)

Licences professionnelles• Intervention sociale, spécialité Famille, vieillissement

et problématiques intergénérationnelles

• Santé, spécialité Réfraction, analyse

et prise en charge des déficits visuels

DUT• Carrières sociales, option Services à la personne

DIU • Coordination médicale d’établissement

d’hébergement pour personnes âgées dépendantes

• Gérontopsychiatrie

• Mandataire judiciaire à la protection des majeurs

• Soins palliatifs et accompagnement

DE • Masseur-kinésithérapeute

• Orthophonie

DESC• Médecine de la douleur et médecine palliative,

orientation médecine palliative

La vieillessea de l’avenir

Le master Vieillissement et société proposeune réflexion globale et originale pour de futurs porteurs de projets dans le secteurde la gérontologie.

Contact : Magalie BonnetResponsable du master Sociologie, spécialité Vieillissement et sociétéTél. 03 81 66 54 [email protected]://slhs.univ-fcomte.fr

23U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

Form

atio

ns

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24 U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

LE DOSSIERtoutl’UfcLE DOSSIER

La sociologue Isabelle Moesch a menél’enquête dans 46 communes du Doubset du Jura pour étudier le vieillissementen milieu rural1. Elle a conduit près de200 entretiens qui lui ont permis demettre en évidence l’importance del’ancrage territorial dans la façon dontest vécue la retraite.

Pour les personnes qui appartiennent àde vieilles familles bien enracinées dansles villages, le passage à la retraite estune transition qui s’effectue en douceur.Elles ont déjà leur place au sein duvillage, une place qui n’est pas remiseen cause par leur changement de statutprofessionnel.

D’autres, après avoir été mobiles aucours de leur carrière, souhaitent revenir

dans leur village d’origine pour leursvieux jours. Or, celui-ci a changé et ilsne le reconnaissent pas. Très demandeursde services, ces « néo-ruraux » cherchentà dynamiser leur commune et sontsouvent très impliqués dans la vieassociative.

On trouve aussi à la campagne despersonnes d’origine plus modeste quiont trouvé les moyens d’accéder à lapropriété tardivement, au moment de laretraite. Elles s’installent là où les tarifsimmobiliers le leur permettent, souventdans des territoires un peu relégués oùelles n’ont pas d’attaches. « Ce sont desdéracinés, à la recherche de lien, et pourlesquels les politiques sociales sont unevéritable nécessité » explique IsabelleMoesch.

Elle résume : « On distingue troisgroupes de populations pour lesquels lesenjeux de l’intégration sociale sont trèsdifférents. Le premier a déjà sa place, lesecond cherche à retrouver une place

qu’il a perdue et le troisième se chercheune place sur tous les plans :géographique, social, économique,relationnel… » résume-t-elle.

Son enquête révèle également desdifférences liées au genre. Chez lesfemmes, traditionnellement vecteursde liens sociaux en milieu rural, latransition vers la retraite s’effectueavec davantage de continuité que chezles hommes pour qui cette période de questionnement identitaire peuts’avérer plus difficile.

1 Cette enquête a été réalisée en collaboration avec le Laboratoirede sociologie et d’anthropologie de l’UFC, et en particulier avec Dominique Jacques-Jouvenot, enseignante-chercheuse en sociologie, spécialisée en sociologie rurale.

Une retraite au vert

Parmi les gens qui passent leursvieux jours à la campagne, ontrouve des profils sociologiquestrès différents.

Contact :Isabelle Moesch

[email protected]

Laboratoire de sociologie et d’anthropologie

Institut régional du vieillissementhttp://www.irv-fc.org

http://sjepg.univ-fcomte.fr

Page 25: Tout l'Ufc / n°150 - Le vieillissement

25U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

«Dès que la santé d’une personne âgéedécline et qu’elle commence à perdreun peu d’autonomie, sa famille atendance à la prendre en main et, assezrapidement, à décider à sa place. Cettetransition s’effectue parfois avec lacomplicité de la personne elle-mêmequi trouve normal que d’autres prennentle relais ; le droit n’envisage passemblable solution ! De même lorsquele senior n’est pas d’accord avec leschoix réalisés par sa famille, on oubliesouvent que la personne âgée, à moinsqu’elle n’ait été placée par le juge entutelle ou en curatelle, dispose desmêmes droits à décider de sa vie etassume les mêmes responsabilités quen’importe quel autre adulte ; on peuttout à fait être à la fois dépendant etautonome dans ses choix, mais encorefaut-il être informé de son statutjuridique.

Souvent, quand surviennent les premiersincidents physiques, des chutesrépétées, par exemple, la question dumaintien à domicile se pose, en balanceavec celle du risque. La personne âgéecourt-elle un danger en restant seulechez-elle ? Il incombe à l’entourage defaire un bilan entre les avantages et lesinconvénients posés par le lieu de vie entenant compte des aspects affectifs quisont inhérents au logement. Le droitprévoit d’ailleurs que, même placée sousun régime de protection, la personnechoisit sa résidence et que son logementest conservé à sa disposition aussilongtemps qu’il est possible. Il est fondamental de noter quel’individu âgé, fût-il dépendant, resteune personne à part entière, le droitprocédant à des aménagements de sasituation « lorsqu’elle est dansl’impossibilité de pourvoir seule à sesintérêts en raison d’une altération,médicalement constatée, soit de ses

facultés mentales, soit de ses facultéscorporelles de nature à empêcherl’expression de sa volonté » et lui assurantune protection spécifique lorsqu’elle faitpreuve de vulnérabilité ».1 La tutelle et la curatelle sont deux mesures de protection qui concernent tant les décisions concernant la personne (logement, santé…) que le patrimoine de celle-ci. La curatelle est une mesure d’assistance, la tutelle entraine la représentation de la personne protégée.

L’UFR SJEPG propose une formation, le DU « Mandataire judiciaire à la protection des majeurs »,destinée aux personnes qui gèrent des tutelles ou des curatelles.

Le vieillissement

Le droit de vieillirLa prise en charge d’un parent âgé en perted’autonomie s’accompagnesouvent d’une infantilisationde cette personne. Catherine Philippe, juriste,donne son point de vue à ce sujet.

Quelques ouvrages sur le droit et le vieillissement réalisés auCRJFC

« Le droit des seniors de A à Z »,sous la direction de CatherinePhilippe, éditions ASH et PUFC(2007).

« Droit et vieillissement de la personne », sous la direction de Jean-René Binet, éditions Litec(2007).

Contact : Catherine PhilippeTél. 03 81 66 67 [email protected]

Centre de recherches juridiques de l’Université de Franche-Comté (CRJFC)UFR Sciences juridiques, économiques, politiques et de gestion (SJEPG)http://crjfc.univ-fcomte.frhttp://sjepg.univ-fcomte.fr

Catherine Philippe est spécialiste du droit de la famille.

À lire…

Page 26: Tout l'Ufc / n°150 - Le vieillissement

26 U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

Expositions> Vallée miroir - vallée mémoireDu 20 avril au 31 mai Maison des étudiantsCampus de la Bouloie (Besançon)La vallée de la Brévine a longtemps étésculptée par son glacier. Lac lumineux,inquiétantes tourbières et ciel changeantsont mis en valeur par des images signéesGeorges Pannetton, ancien photographede l’Université de Franche-Comté.

> Eyjafjallajökull Volcan islandais à panache

Du 9 mai au 20 juilletBU Lucien Febvre (Belfort)Photographies de Patrick Marcel priseslors de l’éruption du volcan islandais en 2012 dont le panache de cendres a bloqué l’espace aérien.

Spectacle vivant> Actéon10 et 11 mai à 20h30Gymnase - Espace culturel de l’ IUFM -Fort Griffon (Besançon)Les étudiants de la section Musicologieprésentent un spectacle alliant théâtre,musique et danse pour faire découvrirl’univers du baroque à la française.Gratuithttp://www.fcomte.iufm.fr

> Match d'improvisation France-Québec

10 mai à 20hSalle Jenny d’HéricourtCampus de la Bouloie (Besançon)Tournoi de matchs d’improvisation organisé par la Ligue universitaire d’improvisation (LUDI).Tarifs normal 7 €, réduit 5 €http://ludiarti.free.fr

> Présentation des travaux du DEUST Théâtre

14 et 15 mai à 19h

Petit théâtre de la

Bouloie (Besançon)Les étudiants de la promotion 2010-2012 présentent plusieurs piècesqu’ils ont choisies, mises en scène et dans lesquelles ils sont eux-mêmesacteurs.

Le lundi :Les Présidentes de Werner Schwab Comédie de Beckett La Terre du désir du coeur de Yeats

Le mardi :J’étais dans ma maison et j’attendaisque la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce Le diable en partage de Fabrice Melquiot Gratuit

Traitement et accompagnement durant l’amaigrissement.Almundena Sanahuja

Presses universitaires de Franche-Comté, 2011

Plutôt que de recommander, comme cela se fait classiquement, une

restriction alimentaire, aux jeunes filles qui souffrent de problèmes de

surpoids, Almundena Sanahuja, psychologue clinicienne et chercheur

associé au laboratoire de psychologie de l’UFC (EA 3188), propose une

nouvelle approche thérapeutique. Elle part du principe que ces

adolescentes présentent des troubles de l’image du corps et que leur

obésité constitue pour elles une forme d’enveloppe surprotectrice sans

limites. C’est pourquoi elle propose de les accompagner, tout au long

de leur processus d’amaigrissement, par un travail sur l’image de soi et

un « ré-enveloppement » psychique qui

passe par une série d’ateliers et de soins.

Cet accompagnement aide les jeunes

filles à se sentir mieux dans leur peau et

facilite leur intégration sociale ainsi que

leur stabilisation pondérale. Almundena

Sanahuja a testé l’efficacité de cette

méthode au cours de son travail de thèse,

qui lui a valu le prix jeune docteur en

2010. Elle détaille sa méthode dans un

ouvrage qui ne s’adresse pas seulement

aux psychologues et aux étudiants, mais

aussi aux professionnels de la santé et de

l’éducation.

http://presses-ufc.univ-fcomte.fr

L’adolescente face à l’obésité

Françoise Bouvier, enseignante-chercheuse

en droit à l’UFR STGI, mène dans son ouvrage

une étude à la fois juridique, sociale et historique,

sur la question de l’avortement. Elle analyse le rôle de l’Eglise, puis

du pouvoir royal, l’originalité de la position des révolutionnaires,

la décriminalisation survenue dans les années 1920 et le ressaut de

la répression, notamment sous le régime de Vichy. Elle relate ensuite

le passage d’un avortement interdit à un avortement toléré puis à

un droit à l’avortement, avec l’émergence des mouvements de femmes

à partir des années 1950, la dépénalisation partielle en 1975 puis le vote

de la loi Guigou.

L’auteure s’interroge : depuis 1975, le nombre d’avortements reste

constant en France (environ 200 000 par an), malgré un recours

croissant à la contraception. Pourquoi ? Elle interviewe différents

professionnels : médecins, psychologues, psychanalystes, sages-

femmes… pour en chercher les raisons dans le psychisme féminin

et conclut que les manques en matière de contraception n’expliquent

que partiellement cette situation.

Elle propose enfin un essai de définition du statut de l’embryon et

de sa part d’humanité, cette question étant intimement liée à celle

de l’avortement.

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp

PUBLICATIONStoutl’Ufc

Maternités et libertésAvortement, contraception, statut de l’embryonFrançoise Bouvier

L’Harmattan, 2012

Almundena Sanahuja

Page 27: Tout l'Ufc / n°150 - Le vieillissement

27U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É

AGENDAtoutl’Ufc

> L’Ogresse6 juin à 18h et 7 juin à 20h30

Petit théâtre de la Bouloie - BesançonPar le Théâtre de l’EnergumènePrésentation du travail réalisé par la compagnie Valkyrira en résidence,dans le cadre du dispositif émergence de la Ville de Besançon. Spectacle de masques et marionnettes.Tarif unique 3€

Pour tous ces spectacles, Réservation conseilléeService culturel du CROUS

Tél. 03 81 48 46 61 http://www.crous-besancon.frrubrique Culture

> Atteintes à sa vie15 et 16 juin

Nouveau théâtre - CDN (Besançon)Les étudiants du DEUST Théâtre participent à une pièce de Martin Crimp qui décline 17 moments clé de la vie d’une femme inconnue.http://www.nouveautheatre.fr

> Et si nous sommes marqués pour mourir…

27 et 28 juillet à 21h

Château de Joux (Pontarlier)Dans le cadre du festival des nuits deJoux, les 23 élèves sortants du DEUSTthéâtre revêtent les noms des monarquesimmortalisés par William Shakespearedans un spectacle mis en scène par le responsable de leur formation : Guillaume Dujardin. Dans les lignées des rois maudits, mégalomanes, nous retrouverons Henri IV, Henri V, Richard II, Richard III…http://www.lesnuitsdejoux.fr

Cinéma> Rubber9 mai à 20 h 30Petit Théâtre de la Bouloie (Besançon)Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d’un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.Gratuit.http://www.crous-besancon.frrubrique Culture

> 2 Days in Paris23 mai à 20 h 30Petit Théâtre de la Bouloie (Besançon)Marion, photographe et Jack, architecte d'intérieur partent en voyage à Venise puis décident de faire une courte escapade amoureuse à Paris où Marion a toujours des attaches…Gratuit.http://www.crous-besancon.frrubrique Culture

> Rhizomeawards

11 mai à partirde 17h30Grand amphi-théâtre-UFRSTGI-CampusPortes du Jura(Montbéliard)Les étudiants de première année de masterProduits et services multimédia présententles courts métrages en image de synthèsequ’ils ont réalisés autour du thème « Ces objets qui nous nourrissent ». Gratuit.http://psm-serv.pu-pm.univ-fcomte.fr

Concerts> Chorale & orchestre

universitaire24 mai à 20h30Gymnase-Espace culturel de l’IUFMFort Griffon (Besançon)La chorale universitaire de Besançon etson ensemble Vocal jazz, en partenariatavec l’orchestre universitaire, proposentdu jazz, du blues, du gospel, des chantsdu monde, des musiques de films etmême de la musique baroque…Gratuit.http://chorale.assos.univ-fcomte.fr

> Big Band Universitaire et L'Jazz Big Band

15 mai à 20h30Gymnase-Espace culturel de l’IUFMFort Griffon (Besançon) Dernier concert de la saison Jazz au campus. Le Big Band universitaire présente son travail de l’année. Au programme : des chansons, des standards du jazz et du funk. L’JBB, formation bourguignone incluantdes musiciens étudiants joue un répertoirediversifié : swing, bossa, funk ou encoresamba. Gratuit.http://jazzaucampus.jimdo.com

Conférences> Réflexions sociolinguistiques

sur la cohésion sociale urbaine15 mai à 14hGrand salon - UFR SLHS (Besançon)Conférence de James Archibald (UniversitéMcGill, Montréal) organisée par le laboratoireELLIAD.

> La hiérarchie des cinq sensdans la médecine antique et renaissante

25 mai à 14h30Salon Préclin - UFR SLHS (Besançon)Conférence de Magdalena Kozluk (Université de Lodz, Pologne) organiséepar l’ISTA.http://ista.univ-fcomte.fr

> La communication des plantes

22 mai à 14hAmphi B- UFR STGI - Campus Portes du Jura (Montbéliard)Conférences en écologie chimique organisées par le laboratoire Chrono-environnement. Après une introductiongénérale sur les interactions chimiquesdes plantes, quatre exemples concretsseront détaillés.http://chrono-environnement.univ-fcomte.fr

> Éducation et totalitarisme24 et 25 maiAmphithéâtre de Fourcroy, Fort-Griffon,IUFM (Besançon)Journées d’études ouvertes à tousconsacrées à la question de l’éducationdans des univers totalitaires et plus particulièrement dans des pays d’Europecentrale et orientale. http://www.fcomte.iufm.fr

> L'autorité de Galien dans l'ars emblematica aux XVIe

et XVIIe siècles15 juin à 14h30Salon Préclin - UFR SLHS (Besançon)Conférence de Magdalena Kozluk (Université de Lodz, Pologne) organisée par l’ISTA.http://ista.univ-fcomte.fr

Thème « La Vie étudiante ». Envoi des productions au CROUS de Besançon avant le 16 mai.http://www.crous-besancon.fr

Concours > Concours de la bande dessinée, de la photo et du film court

Page 28: Tout l'Ufc / n°150 - Le vieillissement

AGENDAtoutl’Ufc

Voitures volantes, villes sous-marines…

L’avenir ne manquait pas de piquant dans l’imaginaire

de nos grands-parents. Le musée des maisons comtoises

propose une rétrospective du futur vu du passé.

Un groupe d’étudiants a contribué à l’exposition.

Au musée de plein air de Nancray, on s’interroge sur le passé pour mieux appréhender

le présent. On découvre par exemple ce que les techniques de construction

traditionnelles peuvent apporter aux bâtiments écologiques d’aujourd’hui. C’est dans

cette perspective de lien « passé - présent » que le thème de l’exposition « Futurama »a été choisi.

Celle-ci illustre la vision que les générations précédentes ont pu avoir de leur avenir.

On y retrouve des classiques de la science-fiction qui font encore partie de la

mythologie actuelle, comme les vaisseaux spatiaux et les extra-terrestres, mais aussi

des choses oubliées qui font sourire aujourd’hui comme des publicités vantant les

bénéfices de la radioactivité sur l’organisme, des appareils destinés à implémenter

des connaissances dans le cerveau en dormant, ou encore des photos de femme

policier ou médecin, ce qui, en 1902, paraissait complètement délirant.

Une partie de l’exposition provient de la Maison d’ailleurs, «musée de la science-fiction,

de l’utopie et des voyages extraordinaires », situé en Suisse à Yverdon-les-bains.

Un petit groupe d’étudiants en licence professionnelle Métiers de l’exposition

et technologies de l’information (METI) s’est chargé de la rédaction des textes et de la

conception scénographique de l’exposition, sous la houlette de Mathieu Sabarly,

responsable du service culturel du musée et intervenant dans leur formation.

Chacun des étudiants : Julien Gazziero, Janig Le Bourvellec, Amandine Mazan et

Camille Secretant, s’est chargé de réaliser une scénographie inventive relative à un

thème : l’espace, les transports, la maison du futur, le laboratoire…

Deux visions du futur sont mises en balance : l’une optimiste, l’autre, pessimiste.

Cette promenade ludique dans un passé aux accents de science-fiction montre bien

une chose : la vision que l’on a de l’avenir est étroitement liée aux inquiétudes,

ou au contraire à l’espoir, suscités par le présent.

> Championnats de France universitaire de course d’orientation -12 et 13 mai

Besançon, Mérey-sous-Montrond, Epeugney, Rurey

Ce parcours de spécialistes devrait rassembler une centaine

de participants dont deux membres de l’équipe de France

qui sont des étudiants Franc-Comtois. Les gagnants seront

qualifiés pour les championnats du monde.

> Championnats de France universitaire Elite de Hand-ball

Les 30 et 31 mai - Palais des sports (Besançon)

Ce championnat de France élite, le premier du genre

organisé à Besançon, clôturera l’année du Comité

régional sportif universitaire (CRSU). Il réunira 4 équipes

filles et 4 équipes garçons du plus haut niveau de

pratique. Parmi ces équipes figurera celle de l’Association

sportive universitaire (ASU) de Besançon, qui s’est

classée 3ème lors de ces mêmes championnats l’année

dernière. Championne de France en 2010, l’ASU

Besançon avait participé au championnat européen où elle avait fini

6ème. Cet évènement est aussi l’occasion de mettre en valeur le travail

du centre de handball universitaire bisontin.

http://sport-u-besancon.com

Des physiciens proposent

un après-midi de découvertes

et d’expériences au centre-ville

de Besançon.

La dernière minute du 30 juin 2012

comptera 61 secondes… Une seconde

supplémentaire qui permettra de

maintenir le temps d’origine atomique

en cohérence avec celui, beaucoup plus

instable, défini par la rotation de

la Terre… La date sera donc idéale

pour s’interroger sur la physique

fondamentale, ses évolutions récentes et

les grandes questions qui restent encore

en suspens…

Ce jour-là, les physiciens de l’institut

UTINAM1 seront présents au centre-ville

de Besançon, place Pasteur, pour

répondre aux interrogations des passants

et leur proposer des expériences.

Comment fabriquer de l'électricité à partir

de la chaleur ? Le moteur à énergie propre

existe-t-il ? Quels sont les états de

la matière ? Quels sont les secrets

de la force centrifuge ? Comment

définit-on le temps ? Ces questions,

parmi beaucoup d’autres, seront

abordées lors de cette manifestation à la

fois festive et instructive qui permettra

aussi de découvrir les recherches

menées à l’Université.

1 Univers, transport, interfaces, nanostructures, atmosphère et environnement, molécules. UMR 6213 UFC/CNRS

Contact :Jérémy Querenet

Mission culture scientifique

Tél. 03 81 66 20 99

[email protected]

http://sciences-en-culture.univ-fcomte.fr

http://www.utinam.cnrs.fr

La physiquesur la place

La Fabrikà sciences, sur le Campus de la Bouloie,

est désormais ouverte gratuitement au public

le dimanche de 14h à 18h.

Jusqu’au 30 juin elle propose l’exposition

« Et pourtant… elle tourbe ! Voyage au pays des tourbières ».

Jusqu’au 26 août au Musée des maisons comtoises (Nancray)Le 10 juin, journée spéciale d’animations

http://www.maisons-comtoises.org

30 juin, de 14h à 18h Place Pasteur (Besançon)