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porte mal la distance. Enceinte de 8 mois, elle dé- cide finalement de venir accoucher chez elle, au- près des siens. Quelques jours après la naissance, un de ses frères, proche de l’entreprise, appelle la police et la dénonce. Des policiers viennent la cap- turer dans la nuit et l’emmènent au tribunal de San Marcos. Sur le chemin, des villageois sont préve- nus de l’arrestation de Crisanta et décident de blo- quer la route. La voiture de police est stoppée par les paysans, Crisanta et son bébé libérés. Des actes de solidarité se multiplient dans le département, mais aussi au niveau national et international. Crisanta devient une des principales figures de la résistance contre l’activité minière au Guatemala, mais fragilisée, elle souhaite avant tout reprendre une vie normale, dans son village. Un temps éloi- gnée de la lutte, elle est approchée par la multina- tionale qui lui propose un poste et une forte rému- nération, mais elle refuse. Sollicitée ensuite par des ONG, elle préfère s’engager dans la politique locale en participant au comité civique lors des dernières élections. Le 18 mai 2012, un tribunal guatémaltèque or- donne le retrait du poteau électrique de son terrain et annule le mandat d’arrêt contre elle et les sept autres femmes. Cette victoire, symbolique mais importante, débute la récupération du territoire d’Agel par ses habitants. Elle signifie aussi l’échec de la stratégie de criminalisation et de persécution de la deuxième multinationale aurifère mondiale. Certes, l’exploitation de la mine durera jusqu’en 2017 et les conséquences sociales et environne- mentales de sa présence se feront encore sentir pendant longtemps. Cependant , les communautés de San Miguel ont prouvé par leur lutte, que les multinationales aussi puissantes soient-elles, ren- contreront toujours sur leur chemin des hommes et des femmes aussi déterminés que Crisanta pour défendre leurs droits. Dans ce numéro 199 de Solidarité Guatemala, nous retraçons le parcours de certaines figures de la résistance guatémaltèque qui, comme Crisanta, ont marqué toutes celles et ceux qui ont eu la chance de les rencontrer. Alors que la situation po- litique et sociale continue de se dégrader, ces per- sonnes prouvent par leur engagement qu’il est pos- sible de vaincre la peur et même de gagner quelques luttes sociales, peu importe l’adversaire ou les intérêts politiques et économiques en jeu. ■ la n° 199 juillet - août 2012 Sommaire Édito p. 1 Doña Crisanta et des figures de la résistance guatémaltèque par Grégory Lassalle Talents p. 2 Caja Lúdica : graines d’espoir pour la jeunesse urbaine et rurale par Amandine Grandjean et Quentin Boussageon Grupo Sotz’il : création artistique des jeunes de la communauté maya Kaqchikel par Vanessa Góngora Entretien p. 6 Edgar Pérez Archila, avocat défenseur des droits humains au Guatemala Par Quentin Boussageon, Vanessa Góngora et Marilyne Griffon Portrait p. 8 Procureure Générale de choc pour Ministère Public à l’agonie par Cynthia Benoist Brèves p. 9 Agenda p. 11 Collectif Guatemala p. 12 Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel/Fax : + 33 (0)1.43.73.49.60 [email protected] http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/ Permanence : Du lundi au vendredi 10h-18h Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Cynthia Benoist, Quentin Boussa- geon, Amandine Grandjean, Vanessa Góngora, Marilyne Grif- fon, Grégory Lassalle, Isabelle Tauty, Martin Willaume. D oña Crisanta Pérez Bamaca habite dans la communauté Maya Mam d’Agel, à San Miguel, située à moins de 500 mètres à vol d’oiseau de l’en- trée de la mine Marlin. En 2004, contre une somme d’argent dérisoire, elle accepte que la multinationale Goldcorp Inc. installe un poteau électrique sur son terrain pour permettre l’acheminement en énergie de la mine d’or. Elle ne pensait pas qu’il serait si près de sa maison, si imposant et avec autant de câbles. Elle entame alors un dialogue stérile avec l’entreprise qui refuse de le retirer. En 2006, des paysans bloquent l’entrée de la mine. Ils disent avoir été trompés lors de la vente de leur terre et sollicitent une renégociation. L’entreprise refuse et demande l’intervention des forces de l’ordre. La police déloge les paysans et la justice émet des mandats d’arrêt contre sept paysans. En 2007, dans un climat social de plus en plus ten- du, Crisanta décide de passer, elle aussi, aux actes. Elle jette un câble sur les fils électriques au-dessus de chez elle, coupant ainsi l’approvisionnement en électricité de l’entreprise qui est obligée d’arrêter ses activités pendant plusieurs semaines. Les ac- tionnaires de la multinationale s’inquiètent. Gold- corp porte plainte. La police intervient. Entre temps, les femmes d’Agel se sont solidarisées et empêchent les forces de l’ordre de rentrer chez Crisanta. La justice émet un mandat d’arrêt à l’en- contre de huit femmes accusées de « terrorisme ». En 2009, un nouveau conflit éclate. La compagnie minière veut étendre ses activités dans la commu- nauté voisine de Saqmuj. Crisanta, dont la famille possède des terres dans cette commune, prend la tête de la lutte. Avec son enfant dans les bras, elle campe devant les chantiers de l’entreprise : « C’est facile pour vous. Vous buvez de l’eau en bouteille alors que nous, nous vivons de nos sources d’eau. Si la mine continue à exploiter, nous n’au- rons plus d’eau ». La tension monte. L’entreprise ne veut pas négocier. Une de ses voitures est brû- lée par des centaines de villageois. Crisanta, ab- sente au moment des faits, est malgré tout accusée. Le lendemain, le Ministère Public, accompagné des avocats de Goldcorp et de policiers, vient la capturer. Mais Crisanta est déjà partie se cacher. Son exil durera plusieurs mois. Éloignée de sa maison, de sa famille et de ses enfants, elle sup- 1 Guatem Solidarité Lettre des adhérents du Collectif Guatemala Bimestriel Solidarité Guatemala n°199 juillet - août 2012 Doña Crisanta et des figures de la résistance guatémaltèque Par Grégory Lassalle

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Lettre à l'Adhérent du Collectif Guatemala

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porte mal la distance. Enceinte de 8 mois, elle dé-cide finalement de venir accoucher chez elle, au-près des siens. Quelques jours après la naissance, un de ses frères, proche de l’entreprise, appelle la police et la dénonce. Des policiers viennent la cap-turer dans la nuit et l’emmènent au tribunal de San Marcos. Sur le chemin, des villageois sont préve-nus de l’arrestation de Crisanta et décident de blo-quer la route. La voiture de police est stoppée par les paysans, Crisanta et son bébé libérés. Des actes de solidarité se multiplient dans le département, mais aussi au niveau national et international. Crisanta devient une des principales figures de la résistance contre l’activité minière au Guatemala, mais fragilisée, elle souhaite avant tout reprendre une vie normale, dans son village. Un temps éloi-gnée de la lutte, elle est approchée par la multina-tionale qui lui propose un poste et une forte rému-nération, mais elle refuse. Sollicitée ensuite par des ONG, elle préfère s’engager dans la politique locale en participant au comité civique lors des dernières élections. Le 18 mai 2012, un tribunal guatémaltèque or-donne le retrait du poteau électrique de son terrain et annule le mandat d’arrêt contre elle et les sept autres femmes. Cette victoire, symbolique mais importante, débute la récupération du territoire d’Agel par ses habitants. Elle signifie aussi l’échec de la stratégie de criminalisation et de persécution de la deuxième multinationale aurifère mondiale. Certes, l’exploitation de la mine durera jusqu’en 2017 et les conséquences sociales et environne-mentales de sa présence se feront encore sentir pendant longtemps. Cependant , les communautés de San Miguel ont prouvé par leur lutte, que les multinationales aussi puissantes soient-elles, ren-contreront toujours sur leur chemin des hommes et des femmes aussi déterminés que Crisanta pour défendre leurs droits. Dans ce numéro 199 de Solidarité Guatemala, nous retraçons le parcours de certaines figures de la résistance guatémaltèque qui, comme Crisanta, ont marqué toutes celles et ceux qui ont eu la chance de les rencontrer. Alors que la situation po-litique et sociale continue de se dégrader, ces per-sonnes prouvent par leur engagement qu’il est pos-sible de vaincre la peur et même de gagner quelques luttes sociales, peu importe l’adversaire ou les intérêts politiques et économiques en jeu. ■

la n° 199 juillet - août 2012

Sommaire

Édito p. 1

Doña Crisanta et des figures de la résistance guatémaltèque par Grégory Lassalle

Talents p. 2

Caja Lúdica : graines d’espoir pour la jeunesse urbaine et rurale par Amandine Grandjean et Quentin Boussageon

Grupo Sotz’il : création artistique des jeunes de la communauté maya Kaqchikel par Vanessa Góngora

Entretien p. 6

Edgar Pérez Archila, avocat défenseur des droits humains au Guatemala Par Quentin Boussageon, Vanessa Góngora et Marilyne Griffon

Portrait p. 8

Procureure Générale de choc pour Ministère Public à l’agonie par Cynthia Benoist

Brèves p. 9

Agenda p. 11

Collectif Guatemala p. 12

Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire

75011 Paris - France Tel/Fax : + 33

(0)1.43.73.49.60 [email protected]

http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/

Permanence : Du lundi au vendredi 10h-18h Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Cynthia Benoist, Quentin Boussa-geon, Amandine Grandjean, Vanessa Góngora, Marilyne Grif-fon, Grégory Lassalle, Isabelle Tauty, Martin Willaume.

D oña Crisanta Pérez Bamaca habite dans la communauté Maya Mam d’Agel, à San Miguel, située à moins de 500 mètres à vol d’oiseau de l’en-trée de la mine Marlin.

En 2004, contre une somme d’argent dérisoire, elle accepte que la multinationale Goldcorp Inc. installe un poteau électrique sur son terrain pour permettre l’acheminement en énergie de la mine d’or. Elle ne pensait pas qu’il serait si près de sa maison, si imposant et avec autant de câbles. Elle entame alors un dialogue stérile avec l’entreprise qui refuse de le retirer. En 2006, des paysans bloquent l’entrée de la mine. Ils disent avoir été trompés lors de la vente de leur terre et sollicitent une renégociation. L’entreprise refuse et demande l’intervention des forces de l’ordre. La police déloge les paysans et la justice émet des mandats d’arrêt contre sept paysans. En 2007, dans un climat social de plus en plus ten-du, Crisanta décide de passer, elle aussi, aux actes. Elle jette un câble sur les fils électriques au-dessus de chez elle, coupant ainsi l’approvisionnement en électricité de l’entreprise qui est obligée d’arrêter ses activités pendant plusieurs semaines. Les ac-tionnaires de la multinationale s’inquiètent. Gold-corp porte plainte. La police intervient. Entre temps, les femmes d’Agel se sont solidarisées et empêchent les forces de l’ordre de rentrer chez Crisanta. La justice émet un mandat d’arrêt à l’en-contre de huit femmes accusées de « terrorisme ». En 2009, un nouveau conflit éclate. La compagnie minière veut étendre ses activités dans la commu-nauté voisine de Saqmuj. Crisanta, dont la famille possède des terres dans cette commune, prend la tête de la lutte. Avec son enfant dans les bras, elle campe devant les chantiers de l’entreprise : « C’est facile pour vous. Vous buvez de l’eau en bouteille alors que nous, nous vivons de nos sources d’eau. Si la mine continue à exploiter, nous n’au-rons plus d’eau ». La tension monte. L’entreprise ne veut pas négocier. Une de ses voitures est brû-lée par des centaines de villageois. Crisanta, ab-sente au moment des faits, est malgré tout accusée. Le lendemain, le Ministère Public, accompagné des avocats de Goldcorp et de policiers, vient la capturer. Mais Crisanta est déjà partie se cacher. Son exil durera plusieurs mois. Éloignée de sa maison, de sa famille et de ses enfants, elle sup-

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Guatem Solidarité

Lettre des adhérents du Collectif Guatemala Bimestriel

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Doña Crisanta et des figures de la résistance guatémaltèque

Par Grégory Lassalle

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Talents

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dans les rues. L'idée de ce festival est poé-tique, elle suggère qu'il peut y avoir plu-sieurs Octobre pour faire cette révolution, et pas forcément par les armes mais en provoquant un mouvement de jeunes, artis-tique, qui surgit après la guerre civile, avec l'intention d'occuper de nouveau les rues, et les espaces publiques pour que les gens puissent exprimer ce qu'ils ressentent, ce qu'ils pensent : former la critique sociale. Ces deux collectifs s’organisent alors pour développer l’expérience du festival afin de former ensemble une structure permanente : c’est ainsi que naît Caja Lúdica. A ses dé-buts, les premiers ateliers s’organisent dans la rue, dans le Parc central, parfois sur des terrains de basket ou de football, ou à proximité des marchés de quartier. Les jeunes, venant du Limón, de la Zone 18, de la Zone 7, Villa Nueva, et d’autres secteurs des alentours de la capitale1, se rassem-

blaient pour des ateliers théâtre, de cirque, de musique, de poésie avec l’intention de générer une sorte d’équipe, qui serait ca-pable d’assumer l’art comme forme de vie mais aussi comme une méthodologie pour continuer de provoquer et d’enseigner. Nous l’appelons “méthodologie ludique Action - Participation - Transformation”: à partir de l’art et du ludique, en participant et en apprenant, on transforme des idées, non seulement ses propres idées mais en pensant transformer notre environnement. C’est ainsi qu’a commencé Caja Lúdica. Notre politique est d’ouvrir et de consolider des espaces pour l’art et la culture, pour le dia-logue, les rencontres mais aussi les forma-tions, fondamentales selon nous. Nous croyons que la connaissance de soi-même est importante : tu te connais bien toi-même, tes aptitudes, tes capacités… et ensuite tu te lies à ton environnement et tu peux y apporter des changements.

C omment s'est formée Caja Lúdica? Samy : Caja Lúdica est un col-

lectif d'artistes qui se forme en 2000. Il regroupe deux collectifs dont Arte Urbano qui, dans le Guatemala de l'après-guerre, recommence à utiliser l'espace public pour présenter ses idées et en débattre, pour provoquer et générer des réflexions sur comment vit la société guatémaltèque. En ce sens, nous avons intégré des valeurs que nous continuons de défendre comme briser les peurs, briser le silence et la méfiance. L'autre influence vient d'une organisation de Medellín, en Colombie, qui développe le travail via l'art et la culture dans les quartiers où s'est implanté le trafic de drogue. De ces deux expériences qui se rejoignent, naît un festival : “Octubre Azul”, qui évoque la Révolution d'Octobre 1944, et dont l'objectif est de retourner

Caja Lúdica : graines d’espoir pour la jeunesse urbaine et rurale Par Quentin Boussageon et Amandine Grandjean

Samy Ochoa fait partie depuis 8 ans du collectif artistico-ludique Caja Lúdica qui agit pour l'émancipation des jeunes dans la société guatémaltèque. Il partage avec nous son expérience de militant au sein de cette organisation sociale et culturelle qui, mê-lant l'art à la culture, accompagne des processus de formation et d'incidence politique dans différentes régions du Guatemala.

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Talents

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Quentin- Peux-tu développer sur les formations de Caja Lúdica? Samy- Nous avons créé deux formations de gestion culturelle et d’animation culturelle, qui incluent une formation politique, et historique, sur le sens de la culture dans un pays comme le Guatemala, où il y a une grande diversité culturelle. Je pense que les richesses culturelles et écologiques de ce pays sont fondamentales, pour nous mais aussi pour le monde. Aussi, je suis con-vaincu qu’il y a autre chose, quelque chose de très énergétique : au Guatemala, il y a des énergies présentes qui font qu’on est heureux d’y être, malgré la cruauté que vit ce pays. L’Université de San Carlos s’est alliée à Caja Lúdica, reconnaissant l’importance de générer des espaces artistiques et cul-turels, nous donnant ainsi une accrédita-tion académique. Nous nous étions aper-çus que beaucoup de parents ne laissaient pas leurs enfants assister aux ateliers, parce que les diplômes ne venaient pas d’une “école”. Avec ce soutien, il est plus facile d'obtenir l’autorisation des parents. L’intérêt du collectif est de géné-rer des capacités chez les jeunes, pour leur permettre d’assumer un sens critique de la vie et que la culture puisse être mo-teur de changement. Quentin- Comment arrivez-vous dans les communautés villageoises? Samy- Le déclic est la comparsa. Les instituteurs d’un village nous appellent pour faire une comparsa: c’est public, pleins de couleurs et de joie alors les gens ressentent ces bonnes vibrations et se sentent connectés. A partir de ces acti-vités ponctuelles, comme les ateliers

théâtre ou les batucadas, nous proposons ensuite aux jeunes de former un groupe afin de pouvoir construire avec eux un processus à plus long terme, c’est ainsi que nous intégrons de nouveaux groupes de jeunes. En mai dernier, Caja Lúdica a participé à une importante rencontre artistique, la 11ème « Bienal de La Habana » à Cuba2, avec pas moins de 40 pays représentés. Comme chaque année, le collectif Caja Lúdica a organisé une comparsa lors de la manifestation du 30 juin, journée de commémoration des victimes de la guerre civile, qui a eu lieu cette année à San Juan Sacatepequez, en solidarité avec les 12 communautés en résistance contre la cimenterie Cementos Progreso, et qui protestent contre l’ouverture d’une nouvelle caserne militaire. Ils y ont ap-porté le son de leurs tambours et lu des

extraits de poésie politique.

Et malgré la perte de 4 compagnons ces dernières années, le collectif Caja Lúdi-ca continue sa lutte pour apporter espoir, joie, soif de vivre et de se battre pour le changement, aux personnes qui croisent leur chemin.

A la mémoire de Fu, que l'on se rappelle éclatant de rire sur sa chaise roulante, de Gordo et Chucky, qui parcouraient les quartiers et les rues vêtus de leurs larges pantalons et leur nez rouge, de Victor el Mono, qui continue à danser et sauter du haut de ses échasses... Por la vida ! ■ 1 Quartiers populaires, comme celui dans le-quel a grandi Samy, un de ces quartiers aujour-d'hui communément appelés “zones rouges”. 2 www.cubadebate.cu/noticias/2012/05/08/la-11-bienal-de-la-habana-no-deja-morir-la-utopia-del-arte

Activités dans une communauté Maya Q'eqchi' Marche du 30 juin

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L ’histoire et l'héritage du peuple maya kaqchikel cou-lent dans les veines des membres de Sotz’il, de jeunes

artistes de la communauté El Tablón, située à quelques kilomètres du Lac Atitlán, dans le département de Sololá. A l'origine de ce mouvement, la famille Guarcax, forte d'une longue tradition d’engagement pour le développement communautaire et la transmission des coutumes et traditions mayas kaqchikels. Les jeunes de la famille et des proches, rassemblés autour de Lisandro, ont fondé en 2001 le centre culturel Sotz'il Jay ou la Maison de la Chauve-Souris. Le sym-bolisme est fort. Sotz'il, la chauve-souris, est en effet l’animal totem qui apporta le feu au peuple maya. Elle représente aussi le clan à la tête du peuple kaqchikel jus-qu'à l'arrivée des Espagnols à la cité-forteresse de Iximché en 15241.

Talents

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« Nqarayij chi ronojel qasamaj nk’atzin chi nkitamab’ej nk’aj chïk winaqi »2 « Nous désirons que tous nos efforts se traduisent en la connaissance de l'autre. »

A travers une étude approfondie du « Memorial de Sololá » -ouvrage compi-lant la tradition orale de l'histoire et la mythologie du peuple maya kaqchikel-, le groupe Sotz'il se livre à un exercice de « décolonisation culturelle et sociale » afin de redonner sa place à l'ordre maya, reconstruire et favoriser l'échange cultu-rel, principalement dans les communau-tés et auprès des plus jeunes. En effet, dans un pays où plus de 60% de la popu-lation est d'origine maya, l'espace pour ce genre de manifestations artistiques est quasi inexistant ou réduit au folklore pour touristes. De ce travail de recherche naît la création musicale et théâtrale du groupe. Pour les représentations de leurs compositions musicales, le groupe se pare de l'habit traditionnel des kaqchikels : la veste blanche avec la silhouette noire de la chauve-souris au dos et aux poignets, la

Grupo Sotz’il : création artistique des jeunes de la communauté maya Kaqchikel

Par Vanessa Góngora

Equinoxe du 21 mars 2011. Instant magique et bouleversant, resté gravé dans nos mémoires : une foule multicolore et multicultu-relle assiste silencieuse, sous la lumière de la pleine lune, à la première d’ « Oxlajuj B'aqtun », la nouvelle création du groupe Sotz'il. Une nouvelle force vive jeune et pleine d'espoir semble renaître après l’assassinat du guide spirituel et fondateur du groupe, Lisandro Guarcax, quelques mois plus tôt.

Les frères humain et jaguar, Jun Ajpu’ et Yaxbalamkej, symboles du soleil et de la lune, interprétés para Gilberto Guarcax Gonzalez et Cesar Guarcax Chopén (photo de Tainá Azeredo)

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Talents

jupe à carreaux noirs et blancs et le pan-talon à rayures où prédominent le bleu, le violet, et le bordeaux. Ils étudient et fa-briquent leurs propres instruments de musique traditionnelle. Le résultat est l'album Jom Kamasotz' enregistré en 2009 : dix morceaux reproduisent l'es-sence même des énergies naturelles (l'eau, le feu) et vitales (des ancêtres, los abuelos y abuelas), autour des percus-sions, flûtes et ocarinas, sans oublier l'instrument guatémaltèque par excel-lence : le marimba3. Lors des représentations de leur dernière oeuvre théâtrale -Oxlajuj B'aqtun-, sept personnages ou plutôt « forces my-thiques » évoluent à l'intérieur d'un im-mense cercle, parsemé d'aiguilles de pin et représentant les points cardinaux, les quatre coins de l'univers maya. Là en-core, la richesse des costumes -des ani-maux et des dieux- ainsi que le symbo-lisme des peintures corporelles marquent la volonté de reproduire les traditions pré-hispaniques mayas dans leur intégralité. Au travers d'une danse mêlant attraction, lutte et déséquilibre entre les forces de l'univers, le groupe Sotz'il soulève ce questionnement : l'humanité est- elle prête à honorer ces forces, à leur donner une place pour ainsi trouver l'harmonie ?4

C'est donc cet héritage de peuple leader et combattant qui semble se matérialiser dans la force brutale des percussions de leurs compositions musicales et de la vivacité de leurs chorégraphies aériennes. De belles initiatives fleurissent même dans l'adversité Au cours du mois d'octobre 2010, ont eu

lieu à Sololá, puis à Guatemala Ciudad deux festivals réunissant une multitude d'artistes pour rendre un ultime hom-mage à leur compagnon Lisandro Guar-cax assassiné en août 20105. Rosa Chávez, artiste q'iché, déclame devant l'assistance le poème Ri Akux Nikotzijan

-Ton cœur fleurit-, à la mémoire de Li-sandro (voir encadré). Ce titre, devien-dra plus tard le nom d'une singulière ini-tiative du groupe Sotz'il : le mouvement d'artistes Ri Ak'u'x. De nombreux artistes mayas, des organi-sations culturelles de la société civile et plusieurs autorités mayas se retrouvent

tout au long de l'année 2011 afin de po-ser les bases de ce mouvement artistique comme mécanisme de transformation sociale. Ils réfléchissent et échangent autour de quatre axes : le rôle de l'ex-pression artistique maya, la fonction so-ciale de l'art maya, les centres culturels de langue maya et la persécution des artistes. Leur but est de trouver une alter-native civile à ce qu'offre le système éta-bli. Finalement en mai dernier, le mouve-ment lance son premier programme de soutien aux initiatives artistiques mayas, «l'Art pour la transformation sociale ». Les projets retenus recevront un appui financier, seront suivis par le mouvement Ri Ak'u'x et participeront au Festival In-ternational des Peuples Autochtones, qui aura lieu en février 2013 au Guatemala. Anastasio Guarcax, père de Lisandro, résume parfaitement la substance du mouvement « trouver l'unité dans la di-versité » et souligne également un point essentiel « c'est à la jeunesse de cons-truire cette plateforme afin d'articuler un mouvement social de changement et de promotion de l'art ». ■

Le coeur de Tat* Lisandro Guarcax ne cesse de fleurir Que mon cœur fleurisse lorsqu'il cessera de pomper de l'encre rouge, qu'il se couvre de petites épines et de fleurs jaunes, qu'on le peigne avec du nij* et qu'on y dessine des animaux et des oiseaux bicéphales. Que mon cœur se défasse dans la terre et qu'il grandisse dans un arbre de pin, qu'il regarde à travers les yeux d'un hibou, qu'il marche sur les pattes d'un coyote, qu'il parle avec l'aboiement d'un chien, qu'il guérisse dans le quartz des cavernes, qu'il grandisse avec les bois d'un cerf. Que mes cœurs soient liés à un serpent chamarré pour qu'ils ne se trompent pas de maîtresse, pour leur laisser un indice, pour les retrouver sur le chemin d'ici aux autres mondes.

* Tat est le nom que reçoive les autorités mayas âgées ou décédées et les guides spirituels. Le nij est une teinture naturelle de couleur rouge.

1 Érigée sur une colline, à 90 km à l'ouest de Guatemala Ciudad, Iximché devient autour de 1470 la capitale du royaume maya kaqchikel, lors de la dissolution de l'union avec le peuple q'iche. Son rapide développement manifeste la vision et le pouvoir des deux clans les plus importants du peuple kaqchickel: les Sotzil et les Xajil. Devenue la première capitale du royaume du Guatemala à l'arrivée en 1524 du conquistador espagnol Pedro de Alvarado, elle fut rapidement abandonnée par les kaqchikeles en raison des taxes imposées par les espagnols. 2 Citation de Lisandro sur le site du groupe : www.gruposotzil.org 3 Instrument à clavier de la famille des percus-sions, le marimba guatémaltèque est un cousin lointain du xylophone africain. www.marimba.fr 4 Synopsis de Oxlaluj B'aqtun élaboré par le Groupe Sotz'il. 5 Deux autres membres de la famille Garcax, Ernesto et Emilio, ont été assassinés en février 2009. En février 2012, sept personnes ont été reconnues coupable de l'enlèvement et assassi-nat de Lisandro.

Kukumatz (Mercedes Garcia Ordonez) repré-sente la sagesse et le cycle du temps et de l’espace (photo de Bernardo Euler Coy)

Site consacré à la mémoire de Lisandro Guarcax et au mouvement d'artistes Ri Ak'u'x.avec toutes les actualités du groupe Sotz’il et notamment un documentaire 2012 La Palabra Maya sur la spiritualité maya. http://tucorazonflorece.blogspot.fr/

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Entretien

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plus que le conflit armé inclut des poli-tiques de terreur ; un terrorisme d'Etat qui a semé la peur et l’horreur dans la population civile victime. Une peur encore présente aujourd'hui. Il en a donc beaucoup coûté aux victimes pour arriver à dépasser l’hor-reur et affronter les différentes affaires qui ont été instruites ces dernières années.

A l’heure actuelle, on ne note pas encore des résultats probants, mais on commence

à voir une transition vers un Etat démocra-tique, en construction. On ne peut pas en-core parler de démocratie juste parce qu’il y a des élections tous les quatre ans avec un Président élu. Nous n'avons toujours pas d’Etat de Droit où la loi serait la même pour celui qui possède comme pour celui qui n'a rien, la même pour celui qui gou-verne comme pour celui qui est gouverné.

Il existe donc un ensemble de facteurs qui fait que ces affaires, à tous les égards ré-préhensibles aux yeux du monde civilisé, ont bénéficié d’un mur d'impunité des dé-cennies durant et que ce n’est que mainte-nant que ce mur commence à tomber. A

présent, il reste à mettre à l'épreuve le sys-tème judiciaire et son indépendance.

Réforme du système judiciaire

EP : Maintenant que cela est dit, comment est –ce que je vois tout cela ? C’est un pro-cessus ; il y a des plaintes. Ces affaires n’ont pas été présentées l'année dernière ou il y a deux ans. Elles l’ont été il y a des décennies, et disons que certaines ont vu

leur procédure avancer.

A une époque, le système judi-ciaire était quasiment inopé-rant sur ces cas. D'abord parce que conformément aux Ac-cords de paix [1996], il y a eu une réforme des procédures judiciaires pour que les juge-ments ne soient plus inquisi-toires, avec un juge qui or-donne et dirige les enquêtes, mais se fondent dans un sys-tème mixte où c’est le Procu-reur du Ministère Public qui a le monopole de l'action pénale pour enquêter sur les crimes et soutenir l'accusation devant les juridictions compétentes. Or cette étape de transition, d’un ancien processus inquisi-toire vers un processus mixte et oral, a mis presque une dé-

cennie à se mettre en place.

La pratique a mis en évidence plusieurs erreurs techniques du code. Elles ont été surmontées par la suite grâce à des re-formes qui ont fourni les outils nécessaires pour affronter réellement le crime. Je parle du crime en général, mais cela inclut aussi les cas de graves violations des droits hu-mains commises au Guatemala. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons pas avoir, j'insiste, un Etat démocratique sans avoir un Etat de droit. Donc, si le système judi-ciaire n'est pas en mesure d'instruire des procès envers les responsables présumés de graves violations des droits humains -

L e 17 juin 2011 restera comme une date historique avec la pre-mière arrestation pour crimes de génocide et crimes contre l’hu-

manité au Guatemala avec la mise en ac-cusation d’un ancien chef des forces ar-mées : Héctor Mario López Fuentes, au-teur intellectuel des massacres dans la région Ixil, entre 1982 et 1983. Une grande victoire 12 ans après le début de la première plainte, pour Edgar Pérez, les victimes, leurs proches et tous ceux qui attendent justice pour les crimes commis durant le con-flit armé (1960-1996).

Depuis, 3 autres personnes ont été arrêtées pour génocide, dont deux ex-chefs d’Etat : les géné-raux à la retraite Oscar Hum-berto Mejía Víctores (1983-1986) en juillet 2011, et José Efraín Ríos Montt (1982-1983) en janvier 2012. Ont été égale-ment condamnés cinq ex-kaibiles (troupes d’élite de l’armée gua-témaltèque crées lors du conflit armé) pour les 201 personnes massacrées à Dos Erres, ainsi que quatre anciens membres des patrouilles d’autodéfense civile (PAC) et un responsable mili-taire pour leur participation au massacre de 268 habitants de Plan de Sanchez.

Comment expliquez-vous les récentes condamnations et arrestations pour des plaintes déposées il y a des années pour crimes de guerre, crimes contre l’huma-nité et génocide ?

Edgar Pérez : Personnellement, je pense qu'une page de l'histoire est en train de se tourner dans le pays. La complexité cultu-relle du Guatemala a rendu difficile la re-vendication de la mémoire historique et la rupture du mur de l'impunité qui entoure les graves violations des droits humains commises durant le conflit armé. D’autant

Edgar Pérez Archila, avocat défenseur des droits humains au Guatemala

Propos recueillis par Quentin Boussageon et traduits par Vanessa Góngora et Marilyne Griffon

L’avocat guatémaltèque Edgar Fernando Pérez Archila travaille depuis de nombreuses années sur les procès emblématiques de la lutte pour la justice, la vérité et la réconciliation au Guatemala. Lauréat du prestigieux prix International Human Rights La-wyer 2012 décerné par l’Association du barreau américain BAR, fondateur et directeur du cabinet juridique des droits humains au Guatemala CJDHG, Edgar Pérez est à l’origine des premières comparutions pour génocide.

Edgar Pérez avec Aura Elena Farfán (FAMDEGUA) © Vanessa Góngora, 2011

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Entretien

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comme la torture, la disparition forcée, les exécutions extrajudiciaires ou sommaires, les massacres et le génocide - qui sont évi-dentes et pour lesquelles il existe des preuves, nous ne pouvons pas considérer le système judiciaire comme démocratique. Car il n’est pas capable de juger, dans le futur ou dans le présent, des hauts fonction-naires dont la responsabilité devrait être de promouvoir la défense et le développement de ces garanties fondamentales.

On se trouve donc dans une nouvelle phase. Nous faisons face à une vague croissante d'insécurité dans le pays qui peut, ou non, être perçue comme une séquelle de ce qui s’est vécu durant le conflit armé. C'est aux anthropologues et aux sociologues d'analy-ser cela, mais il est vrai que plusieurs sché-mas du conflit armé se répètent dans ce que nous vivons aujourd'hui. Sauf qu’actuelle-ment, même si certains crimes impliquent effectivement des fonctionnaires qui vio-lent de façon délibérée certains droits fon-damentaux, dans la grande majorité des cas, ce ne sont pas des actes commis par des agents de l'Etat, ou bien alors les crimes sont commis par des agents de l'Etat impliqués dans le crime organisé ou d'autres activités criminelles.

La Commission Internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG)

EP : Ce phénomène a ainsi entraîné le Guatemala à promouvoir notamment, de-vant les Nations Unies, la création d'un organisme international qui soutienne la lutte contre l'impunité. Ce sera d’abord la CICIACS1 puis finalement la CICIG2. Le Commissaire précédent3 a débuté cette ex-périence inédite des Nations Unies qui con-siste à aider le Guatemala à démanteler le crime organisé. Il est donc venu sans plan de travail défini en amont. Ce n’est qu’une fois ici qu'il a dû mettre un programme en place.

La première chose qu’il a réalisée a été de promouvoir au Congrès de la République, des réformes de la procédure pénale et d’appuyer des lois qui puissent être utili-sées comme des outils adéquats à la lutte contre le crime organisé. Ces réformes et lois ont mis en place, par exemple, la léga-lité des écoutes téléphoniques et la protec-tion efficace des témoins du crime organi-sé. Il y a également eu la création des juges et tribunaux de Alto Riesgo pour juger cer-tains délits4 . Tous ces nouveaux instru-ments juridiques ont eu, à mon avis, un

résultat positif dans cette transition vers un Etat démocratique de droit.

Et puis finalement l'année dernière, la chambre pénale de la Cour Suprême de justice a promu des réformes du Code de procédure pénale pour que les droits des accusés soient les mêmes que ceux des victimes, comme la tutela judicial efecti-va5 ou le thème d’une réparation digne pour les victimes.

Justice Internationale

EP : Tout ceci a été effectué sur la base des obligations internationales en matière de droits humains, que l’Etat du Guate-mala a assumées, et également sur la base des sentences réitérées de la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme [CIDH] qui sont nombreuses. Plus de 15 affaires ont déjà été portées devant la Cour, avec un même schéma : celui d’un Etat du Guatemala qui ne remplit pas ses obligations de mener un procès juste, simple et rapide et affaiblit les garanties fondamentales et de procédure de tout procès équitable, reconnues par la Con-vention Américaine des droits de l'Homme. Sans compter que l'état viole également d'autres droits fondamentaux des victimes.

Tout cela a contribué à ce que dans les deux dernières années, les affaires de graves violations des droits humains ont un peu avancé. Par exemple dans le cas de Dos Erres, ce n’est pas parce que l'Etat lui-même était disposé à juger. Il a fallu se rendre devant la CIDH pour qu'elle con-damne l'Etat et c'est grâce à cette condam-nation que le procès a pu avancer. Mais il existe d'autres exemples, comme celui de l'affaire Bamaca6, pour lesquels l’Etat re-fuse de suivre la sentence.

Enfin, il est important de dire que des per-sonnes avec une véritable volonté ont fait avancer ces affaires. Actuellement, la Procu-reure générale [Claudia Paz y Paz] qui en plus de se consacrer aux affaires de droits humains, appuie les procureurs et le parquet des droits humains. Ces personnes ont sans aucun doute permis les avancées dans ce genre d'affaires. ■

1 Commission pour l’enquête sur les groupes illégaux et les organisations clandestines de sécurité au Guatemala (CICIACS), créée suite à la convention du 7 janvier 2004 passée entre les Nations Unies et le gouvernement du Guatemala qui n’a jamais été mise en place, suite à l’opposition du Congrès qui craignait l’ingérence de la commission dans les affaires internes du pays. 2 La CICIACS a été renommée Commission Internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) et une nouvelle convention entre les Nations Unies et le gouvernement du Guatemala a été ratifiée par le Congrès de la République en août 2007. 3 Carlos Castresana est le premier mandaté à la tête de la CICIG au Guatemala de septembre 2007 à juillet 2010, remplacé par le costaricien Francisco Dall’Anese, toujours en poste. 4 Juges et tribunaux spéciaux, entrés en fonction en juin 2011 pour juger les cas à haut risque (narcotrafic et crimes contre l’environnement) et haut profil comme les accusations de génocide. 5 Littéralement « tutelle judiciaire effective », terme de la juridiction espagnole et portugaise sur les droits à la Justice (libre accès, droit d'être défendu, de faire appel, etc.). 6 Cas de torture et disparition forcée en mars 1992 d'Efraín Bamaca Velásquez, Commandant Eve-rardo de l'organisation guérillera URNG.

Report du procès de Ríos Montt Le procès pour génocide et crimes contre l’hu-manité de l’ancien chef d’Etat José Efraín Ríos Montt (1982-1983) a été suspendu temporaire-ment. Le 28 juin dernier, la Cour d’Appel a en effet accepté le recours provisoire de la dé-fense. Les avocats du général ont présenté un recours basés sur la loi de réconciliation nationale (LRN) de 1996 qui établit une amnistie pour les crimes politiques commis durant le conflit armé (1960-1996). La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) avait pourtant recommandé en 2009 de ne pas appliquer la LRN dans de tels cas. L’Association des familles de détenus et dispa-rus du Guatemala (FAMDEGUA), défendue par Edgar Pérez, a déclaré faire appel de cette décision. L’avocat a regretté ce « grand pas en arrière dans l’accès à la justice qui renforce l’impunité au Guatemala ». Le directeur du Groupe d’Appui Mutuel (GAM), Mario Polanco, s’est dit « préoccupé par les pouvoirs énormes qui protègent ce gé-néral de l’armée accusé de graves violations des droits humains ». Les soupçons sont forts concernant le trafic d’influence dans les hautes sphères du système judiciaire pour arriver à bloquer le procès en cours. Pour plus d’information, écouter l’interview de Mario Polanco sur Radio Nederland : www.rnw.nl/espanol/article/guatemala-retrasa-la-justicia-a-r%C3%ADos-montt

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Portrait

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N ée en 1966, Claudia Paz y Paz Bailey a une longue trajectoire dans la défense des droits hu-mains. Elle a notamment fondé

l'Institut d'études comparées en sciences pénales du Guatemala (ICCPG) et l'Unité de protection des défenseurs des droits humains (UDEFEGUA). Avec un tel passif, on comprend facilement pourquoi son arrivée a provoqué un grand espoir de changement au sein du Ministère Public, dont les nombreux dysfonctionne-ments font régulièrement la Une des jour-naux. En effet, le Guatemala est un pays où le taux d'impunité atteint des proportions invraisemblables : le taux de résolution d'enquêtes n'y atteint pas 2%. Clairement, cela signifie que 98% des crimes restent impunis. Ce chiffre représente à lui seul toute l'impuissance du système de justice, vérolé par la corruption et les jeux d'inté-rêts des différents groupes de pouvoir.

Il s'agissait donc d'un défi de taille pour l'avocate militante des droits humains. Son diagnostic a été rapide : l'appareil de jus-tice est gangrené, infiltré par le crime orga-nisé et la corruption. Le traitement a donc été un traitement de choc : purger le Minis-tère Public de ses éléments nuisibles et le restructurer pour qu'il puisse répondre plus facilement aux enjeux actuels. Ainsi, de nombreux fonctionnaires du MP démis-sionneront ou seront remerciés. D'autre part, certains départements voient leurs effectifs renforcés, pendant que d'autres sont créés. C'est notamment le cas du Dé-partement sur la traite des personnes, créé en avril dernier1.

Dans les faits, les deux ans de Claudia Paz y Paz à la tête du MP ont vu des moments forts, voire historiques pour le Guatemala. C'est par exemple sous son impulsion qu'ont été arrêtés trois capos du trafic de drogues, réclamés par les États-Unis. Parmi eux, Juan Ortiz, accusé d'être l'auteur intellectuel de l'assassinat de plusieurs militants qui luttaient contre les pratiques de l'entreprise espagnole Unión Fenosa, dont le leader et défenseur des droits humains Víctor Gálvez, tué de trente-cinq balles en octobre 2009.

L'autre processus marquant de la gestion de Paz y Paz au MP est l'ouverture d'infor-mations judiciaires et de procès dans des

cas de génocide. L'arrestation de Héctor López Fuentes, ex-chef de l'État Major de Ríos Montt (1982-83), a ouvert la voie pour que soient arrêtés quelques semaines plus tard Mejía Victores et Ríos Montt lui-même, actuellement assigné à résidence. En 2011, les condamnations de cinq ex-militaires, dont un colonel, à plus de 6 000 ans de prison dans le cas du massacre des Dos Erres, en 1982, ont symbolisé un pré-cédent significatif dans la lutte pour la jus-tice et pour la reconstruction de la mémoire historique du conflit armé interne (1960-1996). Au-delà de l'événement historique, c'est une reconnaissance du travail que mènent depuis des décennies les organisa-tions de familles de victimes et de défense des droits humains.

Évidemment, ces évolutions récentes ne font pas l'unanimité dans le pays et diffé-rents secteurs de l'oligarchie traditionnelle, économique et militaire tirent à boulets rouges sur la Procureure. Ainsi, la défense de Ríos Montt a tenté de la récuser en affir-mant que la procureure « exerce une persé-cution illégale » contre l'ancien dictateur2. L'élection, en novembre dernier, de Otto Pérez Molina à la présidence de la Répu-blique a soulevé beaucoup d'interrogations au sein de la société civile qui craignait une possible éviction de Claudia Paz y Paz. Cependant, contrairement à plusieurs de ses prédécesseurs, Pérez Molina semble avoir adopté une stratégie plus consen-suelle, sans doute pour éviter de se mettre d'emblée à dos la communauté internatio-nale, principale soutien de la Procureure. Le soutien que reçoit Paz y Paz de l'extérieur

1 « Aprueban la creación de Fiscalía Contra la Trata de Personas », El Periódico, 25 avril 2012 www.elperiodico.com.gt/es/20120425/pais/211279/ 2 « Abogado de Ríos Montt promueve antejui-cio contra la Fiscal General », El Periódico, 11 avril 2012 www.elperiodico.com.gt/es/20120411/pais/210648/ 3 « Pillay destaca lucha contra la impunidad », Siglo XXI, 19 juin 2012 www.s21.com.gt/alta-comisionada/2012/06/19/pillay-destaca-lucha-contra-impunidad

est notable et lui vaut son lot de critiques sur l'interventionnisme étranger et de tirades patriotiques. Elle est d'ailleurs la protagoniste d'un film documentaire en préparation : « Paz y Paz : Inside the Prosecutor's Office », dans lequel est montré son combat et son engage-ment contre l'impunité.

La Haute Commissaire des Nations unies pour les droits humains, Navi Pillay, a ré-cemment affirmé que le Guatemala avait « réalisé de grands progrès dans la lutte contre l'impunité ». « Je veux souligner le courage de la Procureure générale au mo-ment d'entamer des actions judiciaires dans des cas sensibles, y compris les violations aux droits humains dans le passé et les activi-tés du crime organisé »3, a déclaré Mme Pil-lay, tout en notant les efforts encore à fournir pour le respect des droits humains.

Malgré l'existence de forces hostiles à son travail, Claudia Paz y Paz a réussi à s'imposer à la tête du MP et est parvenue à mener à bien un certain nombre de réformes structu-relles qui étaient depuis longtemps néces-saires à un meilleur fonctionnement de la justice. De plus, sa forte volonté de mener au procès les responsables de crimes du conflit armé interne fait naître d'immenses espoirs dans un pays qui tente toujours de panser les plaies du passé. D'autre part, son implication, avec la Commission Internationale contre l’Impunité au Guatemala (CICIG), dans la poursuite des chefs du trafic de drogues la place à l'avant des grands enjeux actuels du Guatemala.

Espérons que les deux prochaines années lui permettront de continuer ce travail et notam-ment le processus de transformation du MP en une institution publique transparente et neutre, tâche qui à elle seule demande déjà un grand courage. ■

Procureure Générale de choc pour Ministère Public à l'agonie

À deux ans de la prise de fonction de Claudia Paz y Paz à la tête du Ministère Public (MP) et à mi-mandat, retour sur le travail de la Procureure Générale de la République dont la nomination, rappelons-le, avait suscité beaucoup d'espoirs.

par Cynthia Benoist

Claudia Paz y Paz

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Brèves

Attentat contre une défenseur des droits humains, Yolanda Oquelí Le 13 juin 2012, la leader communautaire Yolanda Oquelí Veliz a été la cible d’hommes non identifiés qui ont bloqué son véhicule avant de lui faire face et de lui tirer dessus. Elle rentrait chez elle après avoir avait quitté le blocage pacifique de l’entrée de la mine d’or El Tambor, située à 28 km au nord-ouest de la capitale, Guatemala Ciudad. Yolan-da Oquelí a dû être hospitalisée pendant plusieurs jours. Son état est critique, mais stable. Une balle est restée coincée entre les poumons et la colonne vertébrale, mais n’a heureusement pas heurté les organes vitaux. Elle avait reçu de nombreuses menaces au cours des derniers mois, depuis que les habitants des communautés de San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dont Yolanda est l’une des porte-parole, se sont

organisés dans un « Front de résistance du Nord de la région métropolitaine » (FRENAM). Depuis le 2 mars 2012, ils bloquent l’accès à la mine pour empêcher le matériel d’arriver et dénoncer le fait qu’aucune consultation publique n’ait été mise en place par le gouvernement guatémaltèque avant d’étendre la licence d’exploitation du projet minier El Tambor de l’entreprise cana-dienne Radius Gold Inc. et de sa filiale Exploración Mineras de Guatemala (EXMIGUA), le 27 février dernier. Jusqu’à cette date, les principaux concernés, habitants des communautés de San José et San Pedro n’étaient pas au courant du projet et des 12 li-cences d’exploration sur leur territoire.

Dernière minute: nouvelle attaque d’une défenseur des droits humains

Le 4 juillet, des membres du Conseil des Peuples K'iche's en lutte pour la défense du territoire et des ressources naturelles ont été attaqués, de retour d'une manifestation pacifique contre l'exploitation minière, dans le Quiché. Parmi ces personnes, se trouvait la leader Lolita Chávez, une des figures emblématiques de la lutte pour la défense du territoire de la région ouest du pays (altiplano). Lolita Chávez participait le 1er juillet, avec Crisanta Pérez (de San Migual Ixtahuacán, voir edito), à la rencontre « Femmes en Résistance – la lutte pour la défense du territoire et des ressources naturelles » où elles partageaient réflexions et expériences, sur les impacts de l'activité minière -spécialement sur les femmes-, les résistances pacifiques et les stratégies de lutte, dans la région affectée par le projet El Tambor. Des dirigeantes communautaires des départements du Quiché, de Santa Rosa et de San Marcos, ainsi que les femmes de San José del Golfo et San Pedro Ayampuc (département de Guatemala) ont par-ticipé à cette rencontre. Cette nouvelle attaque prouve la criminalisation du mouvement social au Guatemala et l’augmentation des menaces envers les défenseurs.

Monseigneur Ramazzini, évêque de la lutte, nommé à Huehuetenango A la surprise générale, le 14 mai dernier, Monseigneur Álvaro Ramazzini a été nommé à la tête du diocèse de Huehuetenango par le pape Benoît VI en remplacement de Mgr. Rodolfo Bobadilla Mata, qui prend sa retraite. Après 23 ans passés comme évêque du diocèse de San Marcos, la nouvelle a surpris et attristé tant la population marquense que Ramazzini lui-même. Il s’était en effet caractérisé dans le département pour la lutte et la défense des classes marginalisées et des migrants ainsi que pour son engagement dans le mouve-ment d’opposition à la mine d’or Marlin de San Miguel Ixtahuacán. Mgr. Ra-mazzini avait ainsi marqué un changement profond avec son prédécesseur en prenant part aux manifestations et aux protestations, tout en étant attentif aux problèmes socio-économiques de la population de son diocèse. En cela, l’évêque fait partie de la branche de l’Eglise Catholique qui accompagne les mouvements de revendications sociales et paysannes de défense du territoire.

A partir du 14 juillet 2012, il assumera officiellement ses fonctions d’évêque de Huehuetenango. Il a déclaré vouloir poursuivre son engagement, en mettant son expérience des conflits sociaux à San Marcos au service de la population huehueteca.

Voir la biographie vidéo de Mgr. Ramazzini sur : www.youtube.com/watch?v=8DphuBp8xZE&feature=player_embedded

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Brèves

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Des avancées dans le cas de l’assassinat de notre compañera Emilia Quan Le 7 décembre 2010, la sociologue et défenseur des droits humains Emilia Quan était lâchement enlevée puis assassinée dans le départe-ment de Huehuetenango. Selon l’enquête menée par le Ministère Publique guatémaltèque, Emilia aurait été victime d’un gang perpé-trant des vols de voiture. Un des membres de ce gang, Jordy Paolo Cruz Bailon, a été arrêté et condamné le 6 juin 2012 à six ans de prison ferme. Si l’Unité des Défenseurs des Droits Humains (UDEFEGUA) félicite l’organisme judiciaire guatémaltèque pour cette avancée, les amis et la famille d’Émilia doutent qu’elle ait été tuée seulement parce qu’elle se trouvait au mauvais endroit au mau-vais moment. L’enquête continue puisqu’il reste des responsables de sa mort en liberté et permettra peut-être de connaître ce qui s’est réellement passé. Emilia Quan

Le démantèlement des Archives de la Paix : un coup dur pour les efforts de récupéra-tion de la mémoire historique Le Secrétaire de la Paix, Antonio Arenales Forno, a annoncé le 28 mai dernier le licenciement des fonc-tionnaires chargés de la gestion des Archives de la Paix et le démantèlement de cette institution créée en 2008 par le président Alvaro Colom pour digitaliser et analyser les archives militaires et notamment le Diario Militar. Elle avait permis de publier neuf livres sur les violations des droits humains durant le con-flit armé (massacres, disparitions forcées, adoptions illégales, archives de la police, …) et comportait déjà plus de deux millions de documents déclassifiés où apparaissent les noms de nombreux civils et militaires et notamment ceux des présidents Jorge Serrano Elias et Otto Pérez Molina. Les experts des Archives de la Paix ont apporté des pièces importantes dans le cadre des procès en cours pour génocide et contribué ainsi à un début de récupération de la mémoire historique. Le Secrétaire de la Paix assure que les Archives n’avaient plus lieu d’être, la fonction d’enquête apparte-nant aux organisations de défense des droits humains et au Ministère Public. Face aux nombreuses protes-tations des syndicats et des ONG, le président Otto Pérez Molina a nié la fermeture des Archives et assuré qu’il s’agissait uniquement d’une réduction de personnel. Il n’a pourtant pas remis en cause les déclara-tions de son secrétaire qui par ailleurs a nié devant la Commission interaméricaine des droits de l’Homme tout acte de génocide durant le conflit armé au Guatemala dans l’affaire du massacre de Río Negro, Baja Verapaz.

Justice universelle et crimes de genre La plainte pour le génocide commis dans la région Ixil a son équivalent, sous le principe de la justice universelle, en Espagne. Ce principe veut que les crimes contre l'humanité -de par leur atrocité- puissent être jugés par les juridictions nationales des Etats qui le reconnaissent. Cette page noire dans l'histoire du Guatemala figure dans la plainte déposée par Rigoberta Menchú à l'Audience Nationale (AN) espagnole en 1999. Depuis des années les dossiers en Espagne et au Guatemala se complètent et ce, malgré les nombreux recours à l'encontre de la légitimité de la juridiction espagnole, reconnue finalement en 2005. En juin 2011, l'organisation Women's Link Worldwide (WLW) avec le Center for Justice and Accountability (CJA) ont sollicité à l'AN d'élargir spécifiquement son enquête aux crimes perpétrés contre les femmes (violations sexuelles, stérilisations forcées et esclavage sexuel) pendant le conflit armé. Le juge Santiago Pedraz, en charge du dossier, a accepté d'étendre les recherches et le 16 juin dernier, Paloma Santiago, avocate de WLW, arrivait au Guatemala pour réaliser une expertise de genre sur 15 femmes victimes de cette violence. Ce n'est qu'un début, mais la voix de femmes sort enfin du silence et de l'impunité dans lesquelles elles se trouvaient jusqu'à maintenant au yeux de la justice. Voir le reportage « Mujer, violencia y silencio en Guatemala » : http://periodismohumano.com/mujer/mujer-violencia-y-silencio-en-guatemala.html

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Brèves et bloc notes

11 Solidarité Guatemala

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AGENDA

Des nouvelles du terrain - Quentin Boussageon termine sa mission au Guatemala au mois d’août. Intégré à l'équipe mobile, il a accompli de nombreux voyages d'accompagnement notamment dans la région de Rabinal et Chimaltenango récemment. - Maxime Verdier, recruté par le Collectif en mai dernier, partira au Guatemala, en août pour rejoindre l’équipe des accompagna-teurs. Nous lui souhaitons un bon voyage et un bon début sur place! Le nouveau site du Collectif Guatemala bientôt en ligne

Grâce à l’aide de notre stagiaire Alexandre, élève de l’école d’informatique IRIS, le Collectif Guatemala prépare la nouvelle ver-sion de son site internet qui sera lancée prochainement. Vous pouvez toujours suivre notre actualité sur les réseaux sociaux: Face-book (www.facebook.com/pages/Collectif-Guatemala/306648622711418) et Twitter (twitter.com/ColGuatemala).

Le Collectif Guatemala au festival Tempo Latino (26-29 juillet)

Dans le cadre du festival de musique Tempo Latino, organisé à Vic-Fezensac dans le Gers, plu-sieurs membres du Collectif Guatemala se déplaceront pour parler du Guatemala et de nos pro-chaines activités avec la tournée de septembre et les formations des prochains accompagnateurs. L’occasion également d’écouter Calle 13 ou Toto la Momposina.

Week end d’orientation les 20 et 21 octobre prochains

Ces deux journées de formation visent à présenter la situation actuelle du pays et la mission d’accompagnement international. Si elles sont organisées dans le cadre du recrutement d’accompagnateurs pour le terrain, elles sont également destinées à toute per-sonne intéressée par nos activités. Des entretiens téléphoniques auront lieu début octobre pour sélectionner les candidats intéres-sés par un départ sur le terrain.

Postulez en envoyant votre candidature (CV + lettre de motivation) à [email protected]

Trois ans après le coup d'État au Honduras et quelques jours après celui du Paraguay À Paris, ce 28 juin, a eu lieu un rassemblement pour marquer les trois ans du coup d'État au Honduras. En effet, c'est en 2009 que Manuel Zelaya avait été expulsé du pays par les forces armées honduriennes. Quelques mois plus tard, des élections précipitées étaient organisées et voyaient l'ac-cession au pouvoir de Porfirio Lobo. Peu suivies par la population, les ré-sultats furent néanmoins reconnus par la communauté internationale avec empressement. Pourtant et selon le communiqué de Alerte Honduras, « la violence s'est accrue considérablement depuis le coup d'État contre tous ceux qui résistent pour défendre les libertés et les droits fondamentaux du peuple. L'expropriation, la torture, les menaces de mort font de nouveau partie du quotidien des Honduriens comme lors des pires périodes de son histoire. Victimes de la répression exercée par le pouvoir d'État qui crimi-nalise les luttes sociales, nombre de syndicalistes, dirigeants, militants ho-mosexuels et transsexuels, féministes et membres des communautés indi-

gènes et afro-descendantes sont également tombés sous les balles de groupes paramilitaires qui sévissent en toute impunité. » Reporters sans frontières soulignait aussi que 23 journalistes ont été assassinés dans le pays depuis le coup d'État. Durant l'activi-té, plusieurs personnes ont aussi tenu à rappeler la récente situation au Paraguay où le président Lugo a été destitué au terme d'un procès politique de 48 heures, le 22 juin dernier, ce qui pour de nombreux observateurs équivaut à un coup d'État déguisé.

Convocation à la prochaine réunion du Collectif Guatemala le jeudi 23 août à 19h30

Lieu: CICP, 21 ter, rue Voltaire —75011 Paris

Cette réunion sera l’occasion d’aborder la prochaine tournée organisée dans la deuxième quinzaine de septembre.

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité internationale. Il est composé d’associations et de particuliers, dont une bonne dizaine de membres actifs, sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis octobre 2002, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’un permanent à mi-temps. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles).

Les activités du Collectif au Guatemala ● L’accompagnement international √ des populations indigènes victimes du conflit armé impliquées dans des procès contre les responsables de violations massives des droits de l'Homme, √ des personnes menacées du fait de leurs activités militantes. Comment ? √ à la demande des groupes ou personnes menacées, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 6 mois sur le terrain. Pourquoi ? √ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information. Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeurs, de tous hori-zons, désirant s’engager pour une durée minimum de 6 mois. Des ses-sions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont intégré au projet international d’accompagnement ACOGUATE. ● L’outil vidéo √ organisation d’ateliers vidéo destinés aux membres d’organisa-tions communautaires pour la réalisation documentaire √ soutien à la diffusion de ces films à la capitale et dans les com-munautés √ réalisation de film-documentaires comme outil de campagne et de sensibilisation en France

Les activités du Collectif en France

● L'appui aux organisations de la société civile guatémal-tèque qui luttent pour plus de justice et de démocratie √ en relayant des dénonciations de violations des droits de l'Homme, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendica-tions, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentants de dif-férentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques et financiers.

● L’information et la sensibilisation du public français Sur quoi ? √ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits de l'Homme, √ l'action des organisations populaires, indiennes et paysannes.

Comment ? √ par la diffusion d’une lettre à l’adhérent bimensuelle, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, dé-bats, réunions, projections documentaires √ par des réunions mensuelles ouvertes à toute personne inté-ressée.

● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala √ associatifs, √ institutionnels. Contact: [email protected]

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Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif) 15 €

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