Revue RIS N°2

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N°2 Automne 2009 ÉDITORIAL Réseau d’Initiatives Solidaires REVUE RIS www.le-ris.org Le RIS, un nouveau virage. « Nous sommes sors de la crise ! », annoncent banquiers et traders. Par un stratagème subl, on amort le choc, on couvre d’un voile trompeur l’impasse dans laquelle notre mode de vie nous a conduits, on confisque notre moteur d’évoluon et on renvoie, sans état d’âme, la patate chaude à nos enfants, en refusant d’imaginer les épreuves plus terribles auxquelles ils seront nécessairement confrontés. Était-ce bien cee issue que nous aendions ? Cee prétendue sore de crise correspond-elle vraiment à nos aspiraons profondes ? Certes, nous ne combarons pas l’illusion en luant contre elle. À ce jeu-là, nous serions perdants. « Ne corrige pas le mauvais, mon serviteur, mais augmente le bon, il absorbera le mauvais autour de lui. ». (Dialogues avec l’Ange, p 151) Forts de cee réponse, des hommes et des femmes ont choisi de se servir des maladresses et des égoïsmes ainsi débusqués comme autant d’énergie de transformaon personnelle. Au sein du mouvement RIS, par le biais de quatre partages (1), ils se sont promis d’incarner, de façon toujours plus concrète, les valeurs de vérité et d’amour du Monde auquel ils aspirent. (Suite p.3) Sommaire Editorial ............................................................ 1 Chronique de Bernard Montaud ...................... 2 Témoignage des groupes ................................ 4 La «RIS-attitude» ............................................. 10 Interview : Luc Simonet....................... ............. 12 Coin de lecture ................................................ 14 Ils vivent l’avenir .............................................. 15 «Partager seulement ce qui me coûte car seulement ce qui me coûte me rapporte»

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La revue trimestrielle du Reseau d'Initiatives Solidaires

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N°2 Automne 2009

éditorial

Réseau d’Initiatives SolidairesREVU

ERIS

www.le-ris.org

Le RIS, un nouveau virage.

«  Nous  sommes  sortis  de  la  crise  !  »,  annoncent banquiers  et  traders.    Par  un  stratagème  subtil, on amortit  le choc, on couvre d’un voile  trompeur l’impasse dans  laquelle  notre mode de  vie  nous  a conduits,  on  confisque  notre  moteur  d’évolution et  on  renvoie,  sans  état  d’âme,    la  patate  chaude à nos enfants, en refusant d’imaginer  les épreuves plus  terribles  auxquelles  ils  seront nécessairement confrontés. 

Était-ce bien cette issue que nous attendions ? Cette prétendue sortie de crise correspond-elle vraiment à nos aspirations profondes ?Certes, nous ne combattrons pas l’illusion en luttant contre  elle.  À  ce  jeu-là,  nous  serions  perdants. «  Ne  corrige  pas  le  mauvais,  mon  serviteur,  mais augmente le bon, il absorbera le mauvais autour de lui. ». (Dialogues avec l’Ange, p 151)

Forts  de  cette  réponse,  des  hommes  et  des femmes  ont  choisi  de  se  servir  des  maladresses et  des  égoïsmes  ainsi  débusqués    comme  autant d’énergie de transformation personnelle. Au sein du mouvement RIS, par le biais de quatre partages (1), ils se sont promis d’incarner, de façon toujours plus concrète, les valeurs de vérité et d’amour du Monde auquel ils aspirent. 

(Suite p.3)

Sommaire

Editorial ............................................................ 1

Chronique de Bernard Montaud ...................... 2

Témoignage des groupes ................................ 4

La «RIS-attitude» ............................................. 10

Interview : Luc Simonet....................... ............. 12

Coin de lecture ................................................ 14

Ils vivent l’avenir .............................................. 15

«Partager seulement ce qui me coûtecar seulement ce qui me coûte

me rapporte»

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Chronique de Bernard Montaud

Chronique de Bernard Montaud

{Suite}

Nous avions convenu de  ne  tirer  la  chasse d’eau de nos toilettes qu’une  fois  sur deux,  dans  le  but d’expérimenter  une attitude  RIS  plus respectueuse  de notre  consommation en  eau.  Et  me  voilà donc parti avec cette expérience !

Oh  bon  sang,  je  ne savais pas à quel point cette  aventure  allait 

me  surprendre  et  m’entraîner  dans  des  contrées inconnues de moi-même ! Cela  parait  si  simple  au  début  :  bon,  je  ne  tire  la chasse d’eau de mes W-C qu’une  fois  sur deux, et je  note  le  nombre  de  fois  pour  pouvoir  calculer l’économie d’eau ainsi obtenue. A la fin du mois, de cette manière, je saurai très exactement combien j’ai économisé d’eau avec cette petite habitude RIS ! 

Oui mais voilà, malgré de nombreuses  précautions (carnet  sur  les  W-C, avec  crayon  disponible) il  m’arrivait  d’aller  aux toilettes  et  d’oublier de  noter  mon  passage. Comme la présence à soi est difficile dans certains lieux,  ou  comme  parfois  d’autres  urgences  nous accaparent  complètement  !  Bref,  il  me  fallut  faire une estimation moyenne de ma fréquentation de ce lieu, tout en constatant combien mon chemin était fragile si de simples W-C me faisaient perdre parfois la conscience de mes actes. Décidément,  il ne faut jamais oublier d’être modeste ! Jamais oublier que trois fois rien peut être plus fort que nos plus grands engagements spirituels. Quelle première leçon après trente ans de chemin, convenez-en !

Et puis je me suis appliqué à tirer la chasse d’eau une fois  sur  deux. Mais  très  vite  un  second  problème est apparu : l’encrassage de la cuvette des toilettes dans de telles conditions. Alors bien sûr, avec l’aide d’un détergent puissant, ladite cuvette retrouva très vite  sa  blancheur  virginale. Oui mais  voilà,  pauvre Bernard,  il  me  vint  peu  à  peu  deux  sentiments douloureux.  Tout  d’abord  je  ne  parvenais  pas  à  y gagner  spirituellement,  dans  toute  cette  affaire. Où  étaient  donc  l’expérience  spirituelle  et  le  gain intérieur  en  pareille  circonstance  ?  Je  ne  pouvais me contenter de seulement économiser de l’eau. Je le savais bien : dans  les attitudes RIS on gagne au-dehors une économie et au-dedans une expérience spirituelle. Mais, bon sang, où était-elle ? Et  puis,  secondement,  je  souffrais  désormais  de devoir  polluer  la  terre  avec  un  détergent  sous prétexte d’économiser de l’eau. Quelle bêtise, quel gâchis, allant à l’encontre du but escompté ! 

Il me fallut plusieurs jours pour enfin me résoudre à la balayette des W-C en remplacement de l’utilisation du détergent.  C’est  à  la  force du poignet,  avec un récurage énergique, que désormais je lutterais contre l’encrassage de la cuvette ! Et c’est là que se produisit 

le second miracle de cette expérience après la leçon de modestie !

Car  au  bout  de  deux  ou trois  jours  de  frottage efficace,  je  me  suis 

soudain perçu comme un acharné de  la blancheur virginale, une sorte de forçat de la propreté à tout prix ! Et soudain je l’ai eu sous les yeux, mon dialogue avec cette cuvette des W-C, tant mon passé se mit à défiler à chaque récurage de  la cuvette.  Il est écrit que  pour  ceux  qui  peuvent  entendre,  même  les pierres parlent ! Eh bien, je peux le dire autrement, même les cuvettes des toilettes parlent à ceux qui veulent bien écouter. 

Alors  défilèrent  mon  histoire,  mon  enfance  et  les diverses occasions où  il me  fallut être bien propre 

Dialogue avec la cuvette des WC

Privé de l’élan qui l’a fait naître, le RIS, fort de ses choix, a donc pris un second souffle qui lui permet de rester juste, même en l’absence de crise

"Partager seulement ce qui me coûte car seulement ce qui me coûte me rapporte"

Seuls  les  partages  qui  m’amènent  à  un  dépasse- ment élargissent mon être et me rapprochent de ma véritable grandeur. 

L’aventure  vers  un  inconnu qu’il  nous  est  difficile d’imaginer s’annonce bouleversante.Osons croire que nous serons nombreux à nous y risquer ! 

Dominique Hubert

pour  espérer  un  peu  d’attention  de  ma  maman. Alors cette cuvette devint tantôt l’histoire d’un petit garçon à la sortie de ses couches, tantôt ce lieu où durant mon enfance j’allais me cacher pour tousser sans  déranger  personne,  tantôt  cet  autre  lieu  où mes premières masturbations  coupables  de  saleté virent le jour. Il y eut même ce souvenir émouvant de  ma  première  grande  responsabilité  à  l’ashram 

d’Arnaud Desjardins : responsable des W-C ( cela ne s’invente pas  !  ) et mon application  forcenée pour essayer  d’attirer  quelque  peu  son  attention.  Il  me revint  aussi  combien  les  W-C  étaient  importants dans ma pratique spirituelle depuis trente ans, tant ce  fut  toujours  le  refuge  où  j’allais  pratiquer  en cachette mes VPA, Protocole et autres outils. Bref, sans entrer dans les détails, peu à peu je suis devenu curieux du curage de la cuvette, ne sachant jamais où il allait m’emmener. Décidément tout parle, tout peut parler à celui qui veut bien écouter !

Voilà, je voulais témoigner que même avec une cuvette de  «  chiottes  »  on  peut  y  gagner  spirituellement, et pas seulement faire une économie d’eau. A bon entendeur, salut ! 

«Même avec une cuvette de "chiottes"on peut y gagner spirituellement.»

(1) LES QUATRE PARTAGES :

. Partage des biens

(1) LES QUATRE PARTAGES : . Partage des biens . Partage des services . Partage des dialogues essentiels . Entraide envers les plus démunis ou la terre souillée.

éditorial {Suite}

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Témoignages des groupes

C’était mal parti !

Quand SKYPE vient au secours de la réunion RIS du groupe de Toul, alors le miracle arrive. En  juin 2009, Annie Bauer  réunit  son équipe dans sa  salle  à  manger,  mais  tout  n’est  pas  si  simple… Heureusement,  quand  on  y  croit,  une  autre dimension de nous-même apparaît,  qui peut nous émerveiller.

Au matin de notre réunion, le téléphone sonne : une défection suite à un problème de déplacement; et, par voie de conséquence, une deuxième défection due au covoiturage. C’est mal parti !Nous ne sommes plus que six et cela m’attriste. J’ai besoin de la présence, de l’énergie de chacun. C’est si riche et si encourageant quand tout le monde est là ! Quelqu’un manque, et me voilà comme amputée. C’est une famille, un corps, que cette équipe !

Bref  !  Cela  aurait pu  être  mal  parti. Mais,  heureusement, maintenant  il  y a SKYPE  ! Ca  ne  remplace  pas  la présence physique, mais, déjà,  c’est une  forme de présence. La famille est au complet. Désir profond, pour chacun, d’être là, avec les autres, à sa place, à l’œuvre. Et ça, c’est déjà un petit miracle !

Mais voilà ! SKYPE, c’est bien quand ça fonctionne ! Et là, c’est mal parti ! Une heure pour essayer de se connecter  convenablement  ! Quelle patience pour ceux  qui  sont  dans  l’attente  !    C’est  vraiment mal parti ! Ca devrait tourner au vinaigre ! Mais ce n’est pas  du  tout  ce  qui    arrive.  L’informaticien  déploie des  trésors  d’ingéniosité,  essaie  toutes  sortes  de pistes. Le correspondant, dans son envie d’être avec nous,  déploie,  lui  aussi,  des  trésors  de  calme,  de persévérance, d’écoute, de confiance. Et, autour de la table, chacun patiente agréablement, dans l’espoir de pouvoir, comme d’habitude, vivre cette réunion tous ensemble. On y croit !!!

Tout ceci en vain… Car, au bout d’une heure, il faut bien  admettre  que  l’un  de  nos  correspondants  ne pourra pas être  avec nous ce soir.

Nous  décidons  de  commencer  la  réunion.  Et,  tout à  coup,  au  bout  de  quelques  minutes  seulement,  surprise !!! Notre correspondant, que nous croyions perdu  pour  la  soirée,  nous  retrouve  enfin  et définitivement. Il a trouvé la solution à sa connexion. Si ce n’est pas un petit miracle ça aussi !  Pas de crise, pas d’énervement, pas de jugement, de la patience, le désir d’être ensemble, de prendre sa place dans l’équipe et le miracle arrive.Il y a de quoi être émerveillé.Pourtant, c’était mal parti !

Et  si  l’on y  regarde de près, de  très près, d’encore plus près, qu’est-ce qu’on découvre dans ces petits 

miracles  successifs  qui ont éclos en chacune des personnes présentes ? 

Rien  d’autre  que  de  la foi  et  de  l’amour  qui entraînent  chacun  vers une envie, une aspiration 

à  une  autre  vie,  une  autre  dimension  de  nous-mêmes, un vrai partage.

Le RIS c’est aussi tout ça !Et pourtant, c’était mal parti !

Annie Bauer

Témoignages des groupes{Suite}

Rendez-vous avec... la fête

Zut ! Samedi, j’ai rendez-vous RIS toute la journée ! Impression que l’horizon se bouche soudainement : j’ai  tellement  besoin  des  week-ends  pour décompresser ! 

Très  vite  pourtant,  mes fantômes  s’évanouissent en  regard de  l’expérience vécue  durant  toute  cette année.  Certes, mon petit ego  aime  se  sentir  libre de  tout  engagement, il  a  peur  des  gens,  des rassemblements,  des  connivences  dont  il  se  sent souvent exclu. Mais voilà, depuis plusieurs mois,  il a pris part à une aventure qui s’est révélée riche et enthousiasmante. Après quelques réunions dans les salons des uns et des autres, à nous essayer aux dialogues en vérité, à  lister  les  biens  à  partager,  les  services  à  rendre, surprise  !  Brigitte,  vivant  seule  et  passionnée d’agriculture biodynamique, nous propose de  faire l’expérience d’un potager, sur une parcelle qu’elle se réjouit de nous céder. Nos  rencontres  se  font désormais  chez elle. Après nos  échanges  «  RIS  »,  Brigitte  se  joint  à  nous,  se fait  pédagogue,  nous  parle  amoureusement  de  la terre  qui  a  besoin  d’être  nourrie,  nous  invite  à  la « dynamiser », à  semer  les  légumes qui nous  font envie, à ramasser au bon moment et à manger, sans plus attendre, les fruits de nos récoltes. Ne  pavanons  pas  :  notre  potager  en  ferait  sourire plus d’un ! À 40 kilomètres de nos lieux d’habitation à tous, il nous faut avouer que nous l’entretenons trop peu. Qu’importe ! Petit à petit, nous réapprivoisons des  gestes oubliés, avec davantage de conscience et d’amour pour notre terre nourricière. 

Que  me  reste-t-il  des  journées  comme  celle  qui m’attend  ?  Au  plaisir  d’œuvrer  autour  de  projets communs, à  la satisfaction de pouvoir apporter de l’aide à notre hôtesse, lorsqu’un groupe s’avère bien plus  efficace  qu’une  femme  seule,  s’ajoutent  les délices d’une complicité toujours plus grande entre nous,  la  saveur  de  réjouissances  toutes  simples, 

d’un lunch improvisé dans le  joyeux  bordel  d’une auberge  espagnole,  des petits sacs de haricots et de pommes de terre que l’on remporte tout fiers à la maison.

Bien sûr, pour nous imprégner totalement de l’esprit du « RIS », notre groupe va devoir  faire un pas de plus,  en  s’engageant  auprès  des  plus  démunis. Cette  nouvelle  aventure,  qui  prend  du  temps,  ne manquera pas de titiller mon petit « moi ». Mais je pressens que, là aussi, derrière mes peurs, la fête est au rendez-vous, si j’accepte de m’y risquer.  

Plus  que  trois  nuits  avant  la  prochaine  réunion « RIS » ! 

Dominique Hubert

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«De la foi et de l'amour qui entraînent chacun à une autre dimension de nous-

mêmes»

«Derrière mes peurs, la fête est au rendez-vous si j'accepte de m'y risquer»

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Bricolage du 1er mai

Le groupe Ris d’Amnéville sait relever ses manches.

Le  1er  mai  dernier  les  amis du  groupe  d’Amnéville  m’ont donné  un  coup  de  main  sacré pour  enlever  du  papier  peint, reboucher,  peindre,  poser  des baguettes dans ma salle à manger et dans ma cuisine. 

Je n’y arrivais pas toute seule, je me  sentais  démunie  :  démarrer un chantier,  c’était au-dessus de mes  forces.  Je  ne  savais  ni  quoi acheter ni quoi faire, ni comment commencer.Alors, j’ai osé demander de l’aide pendant  la  réunion.  C’était  un vrai dépassement pour moi qui ai si peur de dévoiler mes faiblesses et mes manques.

Ils sont venus comme une armée d’anges : Annie, Essan, Christian, Jean-Luc,  Jérôme  avec  sa  fille. D’abord Jérôme avait organisé le chantier. Première visite, choix des priorités, des achats à faire. Puis les  rôles  ont  vite  été  distribués. Chacun  a  reçu  sa  tâche,  simple, facile,  joyeuse. Les outils étaient prêts, le matériel disposé. 

au  semis  d’automne,  une destination agrément et potager.

Moi,  toute  joyeuse,  je  les  vois arriver,  ces  petits  elfes  de  la besogne, et c’est qu’ils ne tardent pas à s’y mettre, les courageux !Il  fait  beau,  la  vie  est  belle,  les hommes sont à retourner la terre, les femmes à désherber entre les pavés.Puis une idée germe : « Ces mottes d’herbe, c’est lourd à débarrasser :  on  va  lui  faire  un  compost  !  » Puis  :  «  On  va  le  lui  faire  beau, poétique,  en  arc  de  cercle…  »  Merci,  les  amis,  j’ai  aujourd’hui le plus artistique et plein d’amour compost du monde.

La journée est rythmée de pauses pour  se  désaltérer,  se  restaurer, se faire des massages…Puis,  une  partie  de  cartes endiablée, le « uno » où pénalités et injures fusent de toutes parts, nous  remet  les  pieds  dans  l’ego. Diable de vie !

Quelques témoignages font suite à la journée.

Nous  avons  tous accepté  de  donner  de notre  bonne  humeur, de  notre  simplicité  pour nous  engager  dans  une nouvelle expérience où  il fallait  un  peu  se motiver pour trouver du courage

Nous  avons  aussi donné  du  temps,  et  de l’argent pour les dépenses de  la  journée  :  l’essence ou la nourriture.

On  a  travaillé  par  étapes,  et  en musique, tout en prenant du bon temps  pour  boire,  discuter,  rire, se restaurer tranquillement d’un bon couscous à midi. 

Témoignages des groupes{Suite}

Samedi au jardin : coup de main

C’est samedi matin 5 septembre. Ca  commence  à  sonner  chez moi,  dans  ma  petite  maison  de Montigny-lès-Metz,  en  Lorraine. Les  téléphones  s’impatientent. «  On  va  bientôt  partir…  Ah,  on part… Eh, on arrive… Dis donc, on est là ! »

Les  Alsaciens  du  groupe  Jardin RIS  de  Strasbourg  débarquent en  Lorraine  avec  bêche,  pioche, râteau, sécateurs, tronçonneuse… L’objectif  :  toiletter  chez moi  un bout de jardin un peu désenchanté pour lui redonner une âme toute propre et relookée , une aptitude 

Maryse  parle  de  ses  gains intérieurs  :  «  J’y  trouve  la naissance  de  projets  communs, d’idées nouvelles de partages Ris au-delà du groupe initial. Je vois que je n’en ai pas fait de trop, j’ai su faire le juste. »Jean-Claude  ajoute  :  «  J’y  ai 

gagné  un  sentiment  d’utilité, J’ai  été  reconnu  en  tant  qu’être humain  apprécié  des  autres. J’ai  vécu  ce  temps  comme  une journée de bien-être, de calme et de bonheur. » Pascal lui aussi se réjouit de ce 

qu’il  a  découvert  et  reçu  :  «  J’ai gagné  à  être  utile,  à  partager mon  amour  et mon  savoir  pour le  règne  végétal.  J’ai  vécu  et créé  des  instants  concrets. Mon dépassement  a  été  d’être  à  ma place juste. »

Merci  la vie  :  j’ai pu me  tourner vers  le  vivant,  j’ai  expérimenté que  je  suis  aimée  et  que  peu à  peu  des  projets  nouveaux  et des  nouvelles  rencontres  me rejoignent et font sourire ma vie.

Martine Kochert

Témoignages des groupes{Suite}

Christian a été génial pour poncer et peindre la porte et pour nous faire des massages.

J’ai gagné à cela d’oser demander de  l’aide,  de  vivre  une  journée conviviale,  très  agréable,  de ressentir l’amitié de tous ces gens merveilleux.Le  lendemain,  Thomas  mon  fils m’a dit : « Allez,  je termine avec toi le chantier ! ». Un moment qui nous a rapprochés.

Martine Kochert

tourner nos garde-robes, changé de  vêtements  sans  dépenser d’argent.  Nous  nous  sommes 

d’abord  beaucoup  amusées, nous  avons  fait  des  défilés  qui étaient  autant  d’occasions  de rire de bon cœur ...  Et puis au fil des mois l’expérience a gagné en profondeur, chacune apportait un vêtement pour  l’autre, en disant « j’ai pensé à toi, je suis sure que cela t’ira bien ». Ainsi,  certaines  femmes  ont 

Troc de féminité

Corinne  Ferrer,  jeune  femme coquette  soucieuse  de  toujours rester  féminine  a  profité  de  ce talent  de  savoir  s’habiller  avec goût  pour  le  partager  avec  son groupe  RIS  à  Vienne.  Ce  groupe a donc pris une spécificité « troc de  féminité  ».  Cette  expérience qui  au  départ  se  voulait  un simple  partage  de  vêtements, s’est  transformée  en  une expérience  tournée  vers  l’autre où  la  beauté  de  l’autre  devient la préoccupation de chacun. Elle nous confie : L’idée  de  départ,  consistait  à venir  à  chaque  réunion  avec des  vêtements,  chaussures, accessoires  que  nous  avions dans notre armoire et que nous n’utilisions plus. Le principe était de donner ou de prêter, chacune se sentait libre. Ainsi nous avons fait  

osé  des  vêtements  différents ou  certains  accessoires.  Fortes du  regard  d’amour  du  groupe, certaines femmes ont tenté plus de  féminité  sans  que  ça  ne  leur coûte rien. Nous étions contentes d’amener des vêtements en ayant ce souci de savoir qui il embellirait. Malgré  la  crise  financière  que j’ai  traversée  cette  année,  j’ai pu  porter  des  nouveaux  effets grâce à la solidarité  et au regard bienveillant de celles qui ont vécu ces moments  avec moi.  Il m’en reste le goût d’un véritable partage, de féminité bien sûr, mais surtout de généreuses attentions des unes envers les autres.

Maryline Hubaud

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Témoignages des groupes{Suite}

Témoignages des groupes{Suite}

Quand l’Alsace cultive son potager

Depuis  cet automne  dernier, une  aventure  légumière  réunit six  protagonistes  : Marie-José,  Hélène, Marie-Laure,  Saraï, Pascal,  Jean-Claude, autour de la création et de l’entretien d’un jardin solidaire.

Cela   a commencé en septembre 2008. Lors d’une réunion Ris à Strasbourg, une proposition est faite : celle de partager un jardin. Qui est intéressé par ce projet ?  Six personnes du groupe adoptent ce choix, tandis que les autres préfèrent le bricolage.Pour  le  lieu  : Marie-José et Jean-Claude proposent leur terrain, à Strasbourg sud. Pour  le  projet  :  ils  optent  pour  une  expérience relativement modeste,  afin d’essayer une nouvelle aventure qui reste néanmoins légère.Et  les  voilà  occupés  dès  la  première  rencontre  à retourner un carré de pelouse. La séance suivante, ils  préparent  la  terre  en ajoutant  du  compost  et déjà  ils  s’émerveillent  : «  Nous  aurons  notre jardin collectif ! »

Très vite, ils se réunissent pour définir les cultures, la façon de travailler. Dans le  jardin, on plantera : concombres, tomates, salades, courgettes, carottes, poireaux, potimarrons, haricots et des œillets d’Inde comme fleurs curatives car elles attirent les insectes.Après  les  semis,  les  repiquages,  il  faut  s’organiser pour désherber, pour arroser. Un système de tours se 

met en place, on s’inscrit chacun son jour et si on ne peut pas, on trouve un remplaçant. Si les habitants ne sont pas dans la maison, ce n’est pas un problème, c’est ouvert, on connaît et on sait se débrouiller. Si les habitants sont là, raison de plus pour passer un bon moment  après  l’arrosage,  échanger  des  trucs et des astuces, parler de tout. Moments d’échanges super sympas.

Bien  sûr,  ce  n’est  pas  toujours  simple,  ceux  qui habitent loin râlent quelquefois. Il va falloir trouver des modalités, parce que dépenser 20 kms d’essence pour  donner  un  tour  d’arrosage,  ça  fait  cher  la salade au bout du compte… Il va falloir adapter des modalités,  calculer  ce qui  se gagne dans  ce qui  se perd apparemment… Par exemple, Pascal cultive de son côté, dans son jardin privé à Brumath une partie RIS : haricots, radis, blettes.

Jean-Claude,  qui  habite  sur  le  terrain  confie  ses interpellations : « Souvent les participants viennent quand ils ont le temps, et pas en fonction des besoins du  jardin. C’est donc moi qui assume  le quotidien. Dans  ces moments-là,  je  ne  sens  pas  l’implication des autres. »

Juin-Juillet  :  c’est  la  période  des  récoltes.  Nos jardiniers apportent des salades pour partager après 

les  assises.  Ils  organisent une Soirée du Jardin pour désherber  et  célébrer ensemble la concrétisation de leur projet. Cette  soirée  est  un 

moment  convivial  mais  aussi  crée  une  prise  de conscience :

« Quand j’allais dans le jardin les derniers temps, dit Jean-Claude,  j’avais  le  sentiment que  j’aurais pu  le faire seul, sans le RIS. Mais jeudi soir, je n’étais plus dans la dynamique d’enlever les mauvaises herbes. Après  le passage du groupe,  j’ai vu que  je n’aurais

jamais pu faire ça tout seul. Vraiment je ne l’aurais pas  fait.  C’est  une  prise  de  conscience  forte  de l’importance de chacun des êtres du groupe ».

Car le groupe Jardin est en priorité une occasion de partage, autour du travail, des récoltes, mais aussi des idées, des ressentis. Une occasion de grandir en humanité.« Moi aussi, dit Marie-José, mon goût commençait à faiblir. Mais quand j’ai vu les places vides faites par le désherbage,  ça m’a donné envie de continuer à semer  des  navets,  des  radis…  »  L’année  dernière, elle  avait  ressenti  une  certaine  contrainte  à  faire son  jardin  seule.  Cette  année,  elle  y  va  avec  joie, quelquefois rien que pour le contempler.

«  Finalement,  ajoute  Pascal,  par  cette  activité,  on découvre  le  vrai  respect  des  autres,  on  comprend que chacun a sa vraie place dans le groupe. »

Maryse  a  été  invitée  à  cette  soirée exceptionnelle  en  tant  que  responsable de groupe RIS : « Ce n’est pas  courant  comme soirée et c’est super, J’ai donné un coup de main au jardin, puis on a fait la cueillette officielle des  courgettes,  chacun  la  sienne,  et même celles réservées pour les absents !  J’ai vraiment bien aimé cette invitation et je l’ai prise comme un HONNEUR ! »

Finalement ce qui ressort, c’est la joie de cultiver  la  terre  ensemble,  de  remercier pour ce qu’elle nous donne,   On ne met rien  au  congélateur,  on  consomme  ce qui  vient  au  fur  et  à  mesure,  ce  que  laissent  les limaces  !   Elles  sont coriaces,  ces bestioles, même si elles paraissent mollasses, et prolifèrent avec les pluies.  Jean-Claude  les  noie  dans  de  la  bière  dont elles  raffolent.  «Dommage  pour  la  bière  perdue», regrette-t-il un peu. 

 Hélène, philosophe, pense qu’on pourrait apprendre à aimer  les  limaces. Quelle  serait  sa      recette  :  en gratin, en soupe, ou limace les yeux dans les yeux ? Non, peut-être veut-elle dire : aimer que la vie mette sur  notre  chemin  des  êtres,  des  événements  qui pimentent l’aventure, et nous disent que sur notre planète, après tout, nous ne sommes pas  les seuls à exister et à devoir nous nourrir. Une occasion de plus d’ouvrir nos yeux sur la nature, de l’approcher peu à peu. 

Martine Kochert

«Une occasion de grandir en humanité»

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Du bon usage de la crise La «RIS-attitude»

Du bon usage de la crise La «RIS-attitude»

{Suite}

valait mieux utiliser  le  savon que  certains  gels  qui demandent un rinçage sans fin. 

Alors,  aujourd’hui,  en  me  souvenant  de  Haïti,  de ce pays où, bien que vivant dans des conditions si sommaires, j’ai appris à avoir l’âme en paix, j’utilise juste  l’eau  qui  m’est  nécessaire,  à  la  douche  ou même au lavabo, parce que pour moi, à chaque fois cela prend vraiment tout son sens. Nadine Tribout

Une rivière asséchée

Port au Prince

comme  cadeau  ?  »  Et  je  suis  sûre  de  recevoir  à chaque fois quelque chose de beau.

Valérie Robert

Deux petites attitudes RIS ont récemment fait sourire ma vie

C’est à 500m de chez moi qu’habite une petite dame de 84 ans. Je la voyais passer de temps en temps dans le quartier avec  son  chien.  Et puis,  plus personne. Où avait-elle disparu ?

Cela  faisait  bien  plusieurs mois  que  je  n’avais  pas eu  l’occasion  de  lui  parler.  L’autre  jour  en  passant devant chez elle pour  la Nième fois, un pincement au cœur m’a saisie : « Tu n’as même plus le temps de rencontrer les gens de ta rue ! » m’a dit une petite voix intérieure. Alors,  avec  Léa  ma  fille,  nous  décidons  d’aller  lui rendre une petite visite. On sonne. Super contente de nous voir, la dame nous offre du café, des bonbons. Oui, son chien est mort, elle n’a plus de compagnon pour faire  le tour du quartier. Je  lui propose de  lui faire  de  temps  en  temps  une  petite  course.  Elle accepte,  enthousiaste.  On  se  quitte  comme  ça  en se  faisant  la bise  : « Moi,  c’est Gilberte, dit-elle et vous ? » Maintenant quand je passe devant chez elle en partant aux courses, je m’arrête pour lui demander si elle a besoin de quelque chose. Un service se met en place tout simplement. Ca me coûtait d’aller vers elle et maintenant, c’est une joie.

Le cadeau

Chez nous, on a fait un jardin et dans un coin on a créé un compost. C’est bien ! Mais depuis quelque temps,  je  rentre  le  soir  fatiguée.  Tout  est  à  faire  : rangements, s’occuper des enfants, repas, etc… Et ça me coûte de ressortir, de remettre chaussures, pull, pour  aller  déposer  les  épluchures  sur  le  compost. C’est  tellement  plus  facile  de  les  vider  dans  la poubelle !  Alors depuis quelques jours j’ai décidé de vivre l’instant conscient en sortant mes épluchures. Et à chaque fois, j’ai un cadeau. Tenez, avant-hier j’ai vu  au  fond  de mon  jardin  trois  chevreuils  de  tout près, juste devant moi. Merci la vie ! Chaque jour je peux me demander : « Que vais-je avoir aujourd’hui 

Une autre douche

J’ai un temps pratiqué  la « toilette au  lavabo », en alternance  avec  la  douche,  pour  me  tester  à  ce geste de solidarité. Mais à chaque  fois,  je  le vivais plutôt  comme  une  restriction  que  comme  un  jeu qui  m’amènerait  à  plus  de  conscience  :  une  fois de  plus,  je  n’avais  pu m’empêcher  de  transformer une proposition de pratique  visant  à  apprendre  le partage  fraternel,  en  ordre  venu  d’en  haut,  et  ça rechignait au-dedans !

Un jour, parce que je n’arrivais pas à sortir de mon magma matinal et que j’avais besoin de frotter mon corps  pour  le  réveiller,  j’ai  opté  pour  la  douche…  Tant pis pour la consigne !

Et  là…  je  me  suis  souvenue  de  la  douche  que  je prenais  le  soir,  lorsque  j’étais  dans  la  mission  de Mère Teresa, en Haïti. Là-bas, dans une salle de bain sans  lumière,  j’activais  ma  lampe-dynamo  pour  y voir un peu clair et repérer les blattes. De la pomme de la douche sortait un minuscule filet d’eau – non potable  –  et  je  me  débrouillais  avec  ça.  Il  faisait chaud, et la douche  c’était bon… mais je respectais cette eau si précieuse et n’en prenais que  le  strict nécessaire.  J’en  étais  d’ailleurs  tout  naturellement venue à la toilette au lavabo, tant le filet d’eau était mince...En  revivant  ce  souvenir  si  fort  ce  matin  là,  chez moi, j’ai compris que ce jeu qui nous était proposé n’était  en  rien  une  contrainte  mais  une  invitation à partager ce que d’autres vivent à  l’autre bout du monde - ou peut-être même souvent  tout près de chez nous - et j’ai eu envie de m’essayer à utiliser le moins d’eau possible. C’est cela qui m’a permis de découvrir,  ce que  je n’avais pas  compris  jusque  là, que ma nouvelle chaudière me permettait de tirer de  l’eau  chaude  sans  ouvrir  le  robinet  à  fond.  J’ai aussi découvert que si l’on voulait épargner l’eau, il 

Récupération d’eau de pluie et pratique sportive

Voici un peu plus d’un an, afin de recueillir l’eau de pluie,  nous  avons    raccordé,  à  la  gouttière de notre maison, deux cuves en plastique, d’un mètre  cube  chacune.  Ces  containers,  achetés en seconde main, ont déjà été remplis plusieurs fois et utilisés pour le jardin. Auparavant, notre arrosage  se  faisait  uniquement  par  le  réseau payant mais, grâce à l’installation de nos cuves et à la gratuité de l’eau,  nous avons pu doubler la  surface de notre potager et de nos massifs floraux, un vrai  régal pour  la  table et pour  les yeux ! Notre choix de légumes et la variété de nos fleurs se sont multipliés et, avec l’arrosage et le jardinage, nous y avons gagné de surcroît… la  pratique  d’un  exercice  physique  régulier  et tellement sain !

Monique Delavaud

Le saviez-vous ?

Aux  toilettes,vous  pouvez  économiser  au moins 10 000 litres d’eau par an par personne, en interrompant la chasse dès que le papier a disparu dans les tuyaux. La chose est réalisable sur  les WC à poussoir modulable ou à double poussoir, sachant que, sur ces derniers,  il  faut jouer avec le pouce et l’index pour faire cesser le  flux.  Plutôt  que  de  gaspiller  les  huit  litres d’une chasse habituelle, il est donc possible de n’en  utiliser  que  trois  et  voire  deux.  Faites  le calcul ! 

Economie d'eau

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Interview : Luc Simonet

Luc  Simonet  est  un avocat  de  55  ans.  En  octobre  2005, il  crée  la  Ligue des  Optimistes  du Royaume de Belgique, à  l’occasion  du  175e anniversaire  de 

l’indépendance de son pays et, en novembre 2008, il  cède  son  mandat  belge  pour  devenir  président d’ « Optimistes sans frontière ». 

Quels sont les objectifs de la Ligue des Optimistes ?

Nous  avons  pour  but  de promouvoir l’évolution des mentalités vers davantage d’optimisme,  et  de renforcer  l’enthousiasme, la  bonne  humeur  et  la pensée  positive,  la  tolérance,  l’audace  et  l’esprit d’entreprise,  la  fraternité,  ainsi  que  l’entente  des citoyens et des communautés.Nous sommes chacun responsables de notre propre bonheur,  comme  nous  sommes  responsables  de notre propre malheur.

Que pensez-vous de la crise?

De  plus  en  plus,  les  gens  se  rendent  compte  qu’il s’agit  d’une  véritable  révolution.  Il  va  falloir  vivre autrement,  sans  doute  avec moins  de matériel  et probablement  un  peu  plus  de  spirituel.  Je  pense qu’il  était  temps  que  cette  crise  se  manifeste  car nous  commencions  à  vivre  comme  des  fous.  Si  le reste du monde avait suivi notre modèle, ce serait la catastrophe totale, l’Occident étant assez gaspilleur. Je  tenais  ce  discours  bien  avant  la  crise,  en  2006.  

On nous a enseigné à  vivre dans  la peur. On nous a  parlé  de  la  survie  du  plus  fort,  de  la  victoire du  plus  puissant  et  du  succès  du  plus  habile.  On parle rarement de la gloire du plus aimant. 

Comment pourriez-vous dédramatiser le fait que beaucoup de gens perdent leur travail à cause de la crise financière ? Quels conseils pourrait-on leur donner ?

Chacun  est  responsable  de  son  propre  bonheur.  Le droit au travail, ça n’existe pas. Car si quelqu’un a le droit au travail, ça veut dire que quelqu’un d’autre a l’obligation de lui en donner, ce qui n’a pas de sens. Quand on vit en société, chacun est respnsable à son 

niveau individuel. Tout en s’exprimant  avec  tout  le respect  légitime  face  à la  douleur,  je  pense  que l’on  peut  dire  aux  gens qui ont perdu leur travail : 

«  Ne  pourriez-vous  pas  trouver  une  solution  en étant indépendants plutôt que de chercher du côté des contrats d’emploi ? » 

Cette perte d’emploi peut donc, selon vous, devenir une certaine opportunité pour leur avenir ?

La  réponse  dépend  des  personnes.  En  effet, beaucoup de gens sont  trop habitués à  la  sécurité et doivent apprendre à sortir des zones de confort. En  acceptant  ce  risque,  il  est  possible  de  devenir beaucoup  plus  aventurier  et  d’avoir  une  vie  plus belle que lorsqu’on exige le confort auquel on était habitué. Dans la vie on ne sait jamais ce qui est un malheur ou un bonheur, car un malheur peut amener du bonheur. Il faut surtout que les gens ne perdent pas espoir  et qu’ils  apprennent  à  courir  beaucoup plus de risques. 

L’article qui suit et l’affiche ci-contre sont issus de revues réalisées par des élèves de terminale dans le cadre de leur cours de religion sur le thème de La Crise. (Belgique)

Que devons-nous faire, nous les jeunes qui n’avons pas encore de travail ?

Ne  croyez  pas  que  c’est  la  première  fois  qu’il y  a  une  crise  et  ce  ne  sera  pas  la  dernière.  Nous  connaissons  des  ajustements  tout  à  fait normaux mais ce n’est pas pour ça qu’il n’y a plus de travail nulle part. Et si les entreprises ne vous offrent pas  de  boulot,  vous  créerez  vous-même  la  vôtre.  Vous devrez être beaucoup plus créatifs pour trouver de nouvelles formules.  On va devoir s’accommoder d’une  situation où  les gens ne vont plus «recevoir la  becquée»  .  Il  faut  arrêter  ce  système  où  tout le  monde  considère  qu’il  a  des  droits  car  il  n’y  a pas beaucoup de monde qui  parle de  ses devoirs. D’ailleurs quels sont les devoirs? Pour le découvrir, j’ai réuni un groupe de philosophes qui réfléchit à une Déclaration Universelle des Devoirs de l’Homme.

Depuis notre tendre enfance, on nous demande et nous nous demandons souvent quel sera notre boulot plus tard. Si nous n’en trouvons pas lorsque nous aurons fini nos études, comment ne pas nous sentir dévalorisés ?

Il  faut  trouver  d’autres  choses que  l’avenir  professionnel pour  se  valoriser.  Les  enfants devraient,  par  exemple,    tous pouvoir  entretenir  un  potager car  celui  qui  en  est  capable  a déjà  la  sécurité  intérieure  que jamais  il  ne mourra  de  faim.  Il découvre  la  fierté  de  pouvoir contribuer  aux  charges  de  sa famille.  Il  apprend  aussi  à  se nourrir  correctement.  Et  il  expérimente  l’esprit d’entreprise  ainsi  que  la  discipline,  car  un potager nécessite  des  soins  réguliers.  Par  ailleurs,  il  existe 

de  nombreux  jeunes  retraités  qui  s’ennuient  et se  sentent  complètement  dévalorisés.  À  ce  sujet, il  m’est  venu  une  idée  pour  laquelle  je  suis  en discussion avec le CPAS de la commune où j’habite : je voudrais  trouver dix  jeunes retraités  issus d’une commune de Wallonie, de Flandre et de Bruxelles, leur apprendre à créer un potager pour qu’ils aient ensuite à charge de l’enseigner à des enfants, ce qui créerait une activité inter-générationnelle. 

Quels conseils concrets pouvez-vous donner aux jeunes ?

Le conseil que je donnerais : « Prenez conscience de votre  chance  de  vivre  dans  nos  pays  privilégiés  et prenez la décision d’être optimistes à travers tout ! » Il y a une citation de Jean Dutour que  j’aime bien: «  Dans  une  situation  désespérée,  il  n’y  a  qu’une 

sagesse  :  c’est  l’optimisme aveugle ». Il faut se dire que, de toute manière, on s’en sortira et donc prendre la décision d’être heureux.     Je  crois  beaucoup  à l’intelligence  collective  des hommes  et  je  pense  que  le monde  sera  meilleur  après qu’avant.  Nous  connaîtrons des périodes difficiles mais très passionnantes  et  ce  sera  pour un mieux. Indépendamment de la question de savoir si on aura autant  de  fric  qu’avant.  Mais ce  n’est  pas  l’argent  qui  fait  le bonheur. 

Interview et affiche :Marie Mestdagh

Lien internet : http://www.liguedesoptimistes.be

http://optimistessansfrontieres.org/

Interview : Luc Simonet

{Suite}

KKrriissiissC'est la crise ! Relativise.

Comprendre la crise actuelle :explications des causes

Interview exclusive de Luc Simonet

La crise, une chance ?

Économie ou écologie ?

Économie en baisse Solidarité en hausse

«On parle rarement de la gloire du plus aimant»

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Coin de lecture

les Créatifs Culturels en France (Ed. Yves Michel)

Créatifs culturels ? Qui sont donc ces personnes que l’on  regroupe  sous  un  même  vocable  ?  Peut-être en  faites-vous partie sans  le savoir ? Pour vous en rendre compte,  lisez ce qui suit…Ces  “créateurs  de  nouvelles  cultures”  pourraient bien  constituer  la  base  de  profonds  changements économiques,  politiques,  sociaux  et  culturels  de notre  mode  de  vie  occidental.  N’apparaissant  pas comme  un  groupe  cohérent,  isolé  du  reste  de  la société,  il  représente  pourtant  17%  des  Français adultes, 17% de personnes qui ont choisi de penser globalement et d’agir localement autour de six pôles de valeurs communes : L’écologie et le développement durable qui englobent l’agriculture biologique, la consomm’action ainsi que les méthodes naturelles de santé.La  promotion  des  valeurs  féminines,  comme  la coopération, la solidarité et la non-violence. La primauté de l’être sur l’avoir et le paraître.Le  développement  personnel  qui  se  décline  en connaissance  de  soi,  ouverture  aux  autres  et  à  la dimension spirituelle de l’être. L’implication individuelle et solidaire dans la société, qui repose sur des actions locales.Le  respect  des  autres  cultures  et  de  leurs différences.

C’est  l’ouvrage  des  Américains,  le  sociologue  Paul H.  Ray  et    la  psychologue  Sherry  Ruth  Anderson, L’émergence des créatifs culturels  qui  a  inspiré l’enquête réalisée en France par le Club de Budapest, publiée dans ce livre.  L’objectif de l’étude n’est pas de définir un groupe de plus duquel certains seraient exclus, mais bien 

d’inviter  toute  personne  à  participer  à  la  prise  de conscience de ce vaste mouvement. Personnellement, la lecture de cette étude m’a permis de me sentir moins seule face à mes petites actions qui  m’apparaissent  toujours  comme  «  une  goutte d’eau  dans  l’océan  ».  Force  est    de  constater  que les valeurs prônées par le RIS sont aussi véhiculées, du moins en partie,  bien au-delà de nos groupes !  Ainsi, peut-être que les groupes RIS gagnerait à être mieux  identifiés dans la société pour attirer un plus grand nombre ?

Céline Brazeau

Ils vivent l’avenirÀ leur manière, d’autres cherchent aussi...

Erwin Laszlo, fondateur du club de Budapest.

Philosophe  des  sciences, auteur  et  co-auteur  de  47 livres,  traduits  en  20  langues. Fondateur  et  président  du club  de  Budapest,  Directeur du  Groupe  de  Recherche  sur l’Evolution Générale,  Président de  l’université  des  Economies et  des  Ethiques,  Editeur  du périodique  international 

« World Futures » (journal de l’évolution générale), Ervin  Laszlo  s’est  vu  attribuer  de  nombreux  titres internationaux et a été nominé à 2 reprises pour le prix Nobel de la Paix en 2004 et en 2005.

Parmi  ses  ouvrages,  on  peut  citer notamment    Management évolutionniste , Aux racines de l’univers, les défis du 3e millénaire , Sciences et réalité ...Dans  son  dernier  livre  «  sciences  et  champ akashique »,  l’auteur offre une vision nouvelle qui associe la science moderne et la sagesse des grandes traditions spirituelles.

Selon lui,  le champ akashique contient  la mémoire de  l’univers,  ce  champ  cosmique  conserve  et transmet  l’information.  L’univers  n’est  donc  pas constitué  uniquement  de  champ  d’énergie,  mais aussi d’informations du passé comme du futur. Erwin Laszlo  parle  désormais  d’un  champ  énergétique informationnel ou champ virtuel  (virtuel au sens où le nombre d’informations présentes dans ce champ ne sont pas réalisées) duquel surgit toute chose. Ce champ  akashique  serait  une  mine  d’informations avec lesquelles l’homme devrait se relier sans cesse pour appréhender les solutions à son évolution.Pour  en  savoir  plus,  voici  deux  extraits  d’une interview  qu’Erwin  Laszlo  a  donnée  au  magazine L’initiation.

Comment peut on rentrer en contact avec ces informations ?

 EL  Toute information peut traverser la distance et le  temps  en  quelques  instants,  il  suffit  de  s’ouvrir et  de  laisser  l’information  entrer.  Mais  pour  cela, un certain état de conscience est nécessaire.  Il y a différentes  techniques  pour  cela,  la méditation  en est une. En Inde, on appelle« diksha »  le pouvoir de communiquer à distance. C’est une technique, un moyen de pouvoir travailler avec le cerveau d’une façon quantique. Il faut savoir que  notre  cerveau  a  le  pouvoir  de  créer  en  lui  et autour de lui un champ magnétique qui lui permettra d’être beaucoup plus communicatif, intuitif et donc solidaire.

Beaucoup de gens sont touchés par les problèmes planétaires mais ils se sentent impuissants face à la force écrasante du système économique ; quelle serait la solution pour vous ?

EL : Je pense que nous devons cesser de vouloir lutter contre  ce  système qui,  de  toute  façon,  est  voué  à l’échec mais plutôt oser se lever et agir pour un autre monde.  Il est  temps de prendre conscience que  le destin de notre Terre dépend de notre orientation et  que  nous  avons  les  capacités  d’interagir  et  de participer  humainement  à  l’évolution  technique et  économique  du  monde  en  général.  Il  faudrait trouver un autre chemin qui soit en harmonie avec la  sagesse omniprésente dans  la nature. Mais cela exige  une  ouverture  d’esprit,  une  évolution  de  la conscience qui est d’ailleurs en train de se produire grâce notamment aux créatifs culturels. Un sondage en  Italie  a  révélé  que  35%  des  adultes  pratiquent déjà  une manière  de  vivre  créative  (de même  en Allemagne, en Hollande, en Norvège et au Japon) et que les hommes politiques et le monde des affaires ignorent ce mouvement.  Il  faut donc garder espoir et courage et continuer dans ce sens.  

Photo et extraits : copyright Magazine L’Initiation Pour en savoir plus sur Le RIS, connectez-vous sur le site www.le-ris.org

"Affiche du Forum des créatifs culturels en Belgique"

Page 9: Revue RIS N°2

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Ils vivent l’avenir{Suite}

À leur manière, d’autres cherchent aussi...

Le club de Budapest

Comme  à  chaque  parution,  nous  nous  ouvrons sur  d’autres  initiatives,  qui  comme  le  RIS,  tentent de rassembler des hommes et des  femmes autour d’un partage d’actions cherchant à faire progresser l’homme, le monde à sa mesure. « C’est  seulement en nous  changeant nous même que  nous  changerons  le  monde  »,  telle  est  la proposition  à  laquelle  se  consacre  Le  Club  de Budapest.       Association  informelle    internationale de personnes créatives dans différents domaines de l’art, la littérature, la spiritualité, les membres du club cherchent et utilisent leur créativité et leur spiritualité pour  augmenter  la  conscience  des  problèmes globaux et des opportunités humaines. Ils font des propositions  face  aux  turbulences  de  ce  début  de XXIe  siècle.  Au  cours  de  réunions,  de  journées,  ils partagent leurs recherches, transmettent le résultat de leurs expériences et mènent des actions globales tentant à impliquer tous les citoyens du monde. 

Officiellement fondé en 1993, Le Club de Budapest se  mit  à  entreprendre  sa  tâche  en  appelant  les artistes,  les  écrivains,  les  hommes  et  les  femmes des domaines spirituels à joindre leurs forces afin de répandre un nouvel éclairage sur  les problèmes et les opportunités auxquelles se trouvent confrontée l’humanité d’aujourd’hui et dans un avenir proche. «  Il  y a quelque chose qui peut être  fait, quelque chose  que  nous  pourrions  et  devrions  faire.  C’est de  prendre  appui  sur  l’exemple  d’Einstein  qui  a montré qu’on ne peut résoudre un problème  avec le même mode de pensée que celui qui a généré ce problème ».Erwin Laszlo (président et fondateur du club de Budapest).Essayer de penser d’une façon nouvelle et efficace, arrêter  de  créer  le  monde  de  demain  avec  les mentalités  d’hier,  créer  un  monde  nouveau  plus humain et plus supportable, voilà l’enjeu du Club de Budapest.Pour cela, devant la crise financière, les problèmes écologiques, la croissance de la population mondiale, l’apogée  pétrolière,  l’épuisement  des  ressources... 

Le  club  de  Budapest  parle  d’un  état  d’urgence mondial qui affecte aujourd’hui toutes les personnes et toutes les sociétés. Face à ce constat, changer le rythme actuel s’impose.

La Déclaration du Club de Budapest,  rédigée  le 30 octobre  2008  par  Erwin  Laszlo  et  David Woolfson fait  un  état  des  lieux  consternant  de  la  situation globale et propose une voie à suivre pour gérer de façon créative  le  futur. Pour eux,  la pensée étroite et  court-termiste  qui  nous  a menés  à  la  situation globale  actuelle  ne  peut  être  maintenue.  Aucune « recette rapide » ou « technologie miracle » ne nous sauvera des conséquences des valeurs erronées et des actions du passé. C’est seulement en engageant l’esprit humain dans toute sa créativité et sa sagesse potentielle que  l’on pourra donner naissance à de nouveaux modes de pensées et d’actions nécessaires. Nous devons reconsidérer radicalement notre vision du  monde  et  restructurer  nos  systèmes  tels  que l’énergie, l’économie, la gouvernance, les transports, la  nourriture,  l’utilisation  et  la  distributions  des ressources...

Mais n’oublions pas que toute crise porte en elle une opportunité  de  changement  et  de  transformation, et  en  effet  Le  Club  de  Budapest  espère  et  croit  à un mode  de  pensée  et  des  outils  différents    pour accélérer  l’émergence  d’un  monde  nouveau  pour échapper  aux  scénari  les  plus  pessimistes,  mais  il faut agir maintenant. Il propose une alternative en lançant un appel pressant   à  tous  les habitants de la planète afin qu’ils témoignent de l’état d’urgence mondial  et  de  leur  ferme  intention  de  contribuer à mettre en place un  changement  significatif dans tous les secteurs de la société. 

Maryline Hubaud

(renseignements sur ce manifeste « clubdebudapest.org »).