Revue d'ArchéoPortail n°10

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Revue d'ArchéoPortail n°10

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LL''ÉÉDDIITTOO''

>>> Frédérick ANQUETILprésident d'ArchéoPortail

Petit voyage outre­atlantique pour ce numéro : direction Toronto,au Canada. Et plus précisément à l'Art Gallery of Ontario où, une foisn'est pas coutume, ArchéoPortail ne va pas vous présenter unevalorisation patrimoniale par l'usage des nouvelles technologies !

Nous vous ouvrons ici les portes d'un chantier de fouillesarchéologiques quelque peu mystérieux, à tel point que réalité et fictionfinissent par se confondre. Mais ne dévoilons pas ici le contenu de cedossier ; nous vous invitons plutôt à en prendre connaissance page 14.

Nous en profitons également pour rendre un dernier hommage àM. Philippe Glanzberg, lequel nous avait raconté avec beaucoupd'émotion le calvaire, né de la folie des hommes, qu'il avait pu vivredurant la Seconde Guerre Mondiale. Son histoire a été rapportée dans lenuméro 2 de La Revue d'ArchéoPortail.

Excellente lecture à toutes et à tous !

Culturellement,

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>>> L'ÉDITO'

>>> ACTUALITÉS INTERNATIONALES­ Quand la recherche spatiale éclaire le Passé

>>> ACTUALITÉS NATIONALES­ La grotte Chauvet filmée en 3D­ Visiter Paris à vol d'oiseau­ I­magine un monde en culture augmentée­ Bon vent, M. Glanzberg­ Les multiples facettes de la RMN

>>> DOSSIERArt Gallery of Ontario :visite d'une incroyable campagne de fouilles archéologiques

>>> ETUDE HISTORIQUE­ Une petite fille née sous une fleur de Lys

>>> L'ANNUAIRE DES ADHÉRENTS

SOMMAIRE>>> 02

>>> 04

>>> 08>> 08>> 09>> 10>> 11>> 12

>>> 14

>>> 21

>>> 26

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ACTUALITÉ INTERNATIONALE

En mai 2003, sur proposition de laFrance, le Conseil de l'ESA ­ Agence SpatialeEuropéenne ­ décide de construire le pas de tirde la fusée Soyouz en Guyane, projet néces­sitant l'extraction du sable dans des carrièressituées entre Kourou et Sinnamary.

En Guyane, l'archéologie préventive esteffective seulement depuis 1991. Conformé­ment à la loi de 1901, la zone d'aménagementfait l'objet d'une première série d'opérationspréventives en 2004 ; le diagnostic révèle surles futures carrières du CNES, destinées àpourvoir en sable la mise en place du pas detir, quatre sites susceptibles d'abriter des ves­tiges intéressants : Tania, Olga, Eva 1 et Eva2.

L'ensemble représente 5 ha ; la fouilleest installée sur le sommet nord­est d'unecolline de sable sur l'ancien rivage du socleprécambrien et sur les sédiments holocènes,dans la savane de Malmanoury.

Le service régional d'archéologie de laDRAC (SRAG) définit les zones devant êtrefouillées et celles devant être préservées.C'est ainsi qu'une colline située dans la carriè­re de sable blanc Eva 2, où les archéologuesde l'INRAP, unique opérateur archéologiqueagréé, avaient découvert lors de la phase dediagnostic qu'il y avait eu au moins deuxoccupations humaines distinctes et successi­ves durant les 3000 dernières années, faitl'objet d'une opération de fouilles ; les trois au­tres sites restent en réserve en cas d'oukasesur Eva 2.Lors de la campagne de fouilles pré­ventives, du 9 mai au 14 juillet 2005, deuxstrates superposées de deux époques dif­férentes sont exhumées :

Le premier niveau, à 0,20 m de profondeur,a été décapé à la pelle mécanique ; avec sessépultures et ses objets rituels, il date del'époque amérindienne contemporaine de lafin du XIXe siècle ; les structures sont princi­palement constituées de calages de poteauxformant un carbet (structure d'habitation

Sur le site du pas de tir de Soyouz, en Guyane, on s’active pour mettre à feu lafusée dans les meilleurs délais ; il y a quelques mois, l'effervescence était d'une touteautre nature, car les chantiers du futur ont offert là d'exceptionnelles occasions d'éclairerle passé.

QUAND LA RECHERCHE SPATIALEÉCLAIRE LE PASSÉ

Vue satellitaire du littoral de la Guyane au niveau deSinnamary (1. Plaine Côtière Récente : en blanc, leszones de dépôt de vases marines. 2. Plaine CôtièreAncienne : en noir, alignement des barres sableusesprélittorales. 3. Terres Hautes (socle précambrien). 4.La ville de Sinnamary. (photo M. Lointier).

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amérindienne) ; le matériel ramassé consistepour l'essentiel en poteries amérindiennes àbase de dégraissant de kwepi (écorce brûlée); quelques tessons coloniaux de grès et quel­ques objets en ferraille (hache, couteau, etc.)ont aussi été mis au jour, mais surtout de septsépultures, dont une dans un pot entier (potutilitaire servant d'urne funéraire) ; les corpsétaient disposés dans des tombes rondes enposition foetale. La présence d'une petite po­terie ancienne dans plusieurs tombes et d'unegrande quantité de perles en verre disposéessur les chevilles, le bassin, les bras (partie hu­mérale) et le cou suggère un rituel d'inhuma­tion amérindien ; cette manière d'inhumer,mais aussi le peu de matériel colonial et l'ab­sence de bouteilles (élément matériel généra­lement reconnu comme indicateur des sitescoloniaux), laisse penser que les Amérindiensde cette région, à la fin du XIXe siècle, avaientdes liens peu développés avec les colons.

Le sable a conservé l'empreinte des corpsCar les archéologues de Guyane sont

confrontés à une difficulté ignorée par leurscollègues du Vieux Monde : la présence depopulations amérindiennes au mode de viesans doute assez proche de celui pratiqué il ya plusieurs siècles, voire plusieurs milliersd'années, par les anciens occupants.

Aussi faut­il éviter le chevauchementdes données ethnographiques issues du mon­de contemporain et de celles datant de tempsplus anciens (« du reste, la plupart des Indiensactuels de Guyane ne sont arrivés qu'auXVIIIe siècle, et n'ont donc rien à voir avec lesvestiges des populations antérieures que nousdécouvrons » signale Sylvie Jérémie, adjointescientifique et technique de l'Inrap pour les

DOM).

La seconde strate, mystérieuse, à0,80 m de profondeur, se caractérise par dudébitage sur quartz et des amas de quartzqui datent probablement de l'époque précéra­mique (mésolithique), vers 1000 ans av. J.­C.selon la datation au C14.

Cependant, les chercheurs restent in­trigués par les données recueillies dans cettedernière strate : quelle est la fonction desamas de quartz retrouvés sur le sol ? Àquelle époque les occupants de ce site pré­historique ont­il réellement vécu ?

Les vestiges de cette époque sont in­connus en Guyane ou même sur le plateaudes Guyanes. La présence du filon de quartzqui affleure au sud et au sud­ouest de lacolline explique vraisemblablement l'attrac­tion humaine pour cet endroit, hypothèseconsolidée par la forte densité de débitage dequartz (éclats, nucléus et percuteurs), de ha­ches polies en diorite et d'amas de pierres.L'état de conservation des amas de quartzpermet de s'interroger sur leur fonction et leurdistribution spatiale. Ils sont inconnus àl'époque céramique ; cette situation sous­tend vraisemblablement la présence d'unnouveau type de vestiges ou d'une nouvelletradition précéramique en Guyane. A titre decomparaison, des amas de quartz identiquesmarquent des fours polynésiens. Ils peuventtraduire une méthode de cuisson signaléepar des stigmates de chauffe : des cupulesthermiques identifiées au cours de la fouille,des concentrations d'amas regroupant de dixà quinze structures peuvent matérialiser uncampement ponctuel ou plus saisonnier surla colline au cours du IIe millénaire av. J.­C.

Les réponses destinées à fixer un ja­lon chronologique pour cette phase de l'his­toire ancienne de la Guyane devaient êtreapportées par datation par thermolumines­cence, et ne manquèrent pas de surprendre :certes, l'étude de l'emplacement des énigma­tiques amas quartziques a corroboré les pre­

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Toutes les données initiales ont étébousculées. Avant le début des opérations,les archéologues étaient plutôt calés sur unechronologie allant de 800 à 1600 de notre ère(rapport INRAP 2008), puis les fouilles ontrévélé un village créole du XIXe siècle, puison a pensé à une chronologie remontant à2000 avant notre ère, avec toutefois un hiatusentre 2000 avant et 800 après, pour finir avecune estimation remontant à 4200 !

Fouiller des sites de cette période estexceptionnel en Guyane, une première ; unniveau de terre noire fortement anthropisée,d'une épaisseur d'environ un mètre a étéfouillée, et c'est une première ; le CNES estdevenu le temps des fouilles maître d'ouvra­ge d'une opération archéologique, et cettecollaboration, exemplaire, est une première.

Exemplaire sur le terrain de la con­naissance archéologique, le chantier l'estaussi sur le plan de la méthodologie scientifi­que. Pour s'adapter aux contraintes calen­daires spécifiques à ces fouilles, les cher­cheurs ont mis en œuvre une stratégie opéra­toire particulièrement adaptée au sol sableuxdu littoral guyanais. Utilisé efficacement aucours de fouilles archéologiques de janvier2009 à Saint­Laurent­du­Maroni, ce modeopératoire pourrait inspirer des opérations si­milaires en Guyane. Et pour cause : dans lesillage de ce chantier, des travaux collabo­ratifs intégrés au programme Amazonie 2, im­pulsé par le CNRS, devraient continuer àapprofondir nos connaissances sur l'activitédes premiers occupants de la Guyane.Un pas de tir pour les historiens !

Car les données dégagées de cechantier relancent le débat sur les influencesculturelles dans cette zone et permettent àSylvie Jérémie d'élaborer le scénario en l'étatdes connaissances actuelles : A quoi ressem­blait un village amazonien il y a 7000 ans, àl'époque des plus anciens occupants ? Était­ce un espace ouvert ? Était­il constitué d'une« grande place » avec des habitats autour,

mières hypothèses des archéologues ; com­me l'avaient suggéré d'emblée les scientifique,il s'agirait bien de structures de fours de cuis­son. Mais la date d'occupation, elle, a dû êtrerevue... de quelques milliers d'années.

« Nous sommes désormais sûrs que lastrate la plus profonde date de 4200 ans av.J.­C. », précise Martijn Van den Bel, responsa­ble scientifique de la mission. Une révélationd'importance, qui confère à Eva 2 le statut de« premier site proto­céramique amérindien deGuyane », renchérit Sylvie Jérémie. « Le faitque nous ayons trouvé des fragments depoteries sur un site aussi ancien tendrait àprouver que ses occupants ont commencé àutiliser la céramique 2 000 ans plus tôt que cequ'on savait jusqu'alors. »Le chantier du futur reprend ses droitssur le site

Après les deux mois de fouilles préven­tives, le terrain est restitué au CNES avec unelevée des contraintes archéologiques obtenueauprès du SRA, sur le site Eva 2 uniquement ;car si le sable venait à manquer, un autre sitelocalisé sur la carrière Tania devrait être fouilléavant sa destruction.

19 juillet 2005 : le CNES et l'AgenceSpatiale Européenne signent le contrat de dé­veloppement du programme d'implantation dulanceur Soyouz, événement sans précédentpour la coopération Europe/Russie.

Initialement prévu pour fin 2007, d'où larapidité des opérations ­ dans un esprit de co­opération remarquable entre les équipes del'INRAP et le CNES ­, le 1er tir de lancementd'un port spatial autre que Plesstectsk ou Baï­konour devrait avoir lieu au deuxième trimes­tre 2010.Un chantier exemplaire, qui a été le théâtrede nombreuses « premières »

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comme chez les actuels Yanomami ? A­t­ilexisté des sites urbanisés, des sociétés pluscomplexes et hiérarchisées, des chefferies,aujourd'hui totalement disparues ? Une hy­pothèse qu'un nombre grandissant de spécia­listes de l'Amazonie sont de plus en plus en­clins à accréditer, en particulier dans la partiebrésilienne.

Ce que nous savons désormais, c'estque la région a été occupée en continu, etque des groupes humains revenaient de fa­çon récurrente dans certains lieux pour y pré­lever du quartz, fabriquer des outils, des ha­ches ou des pointes de flèches ; les popu­lations de chasseurs­cueilleurs vivaient dansune mobilité permanente pour s'approvision­ner en matières premières, et notamment enminéraux tel que le quartz qui ne se rencon­trait pas n'importe où dans l'immense territoi­re de la forêt amazonienne ; et surtout elles lefont dès 5000 av. J.­C. Dans un espace quisemble structuré, souligne Mickaël Mestre,archéologue à l'INRAP.

Ainsi, parallèlement, deux histoirescontinuent à se développer, à Sinnamary,celle du futur et celle du passé, de la recons­truction de la culture amérindienne ; confron­tation excitante, bouleversante.

>>> Anne RENARD­AYRAULT

Sources :

­ site INRAP/Malmanoury/Eva2, dernière mise à jour10/2009­ « l'archéologie préventive est passée par là » (site duCNES, 09/08/2004)­ CNESMAG N°28, 01/2006­ CNESMAG N°43, 07/2009­ LATITUDES 5 N°67, janvier 2005, en ligne­ LATITUDES 5 N°70, octobre 2005, en ligne­ wwww.flashespace.com.html/avril09/25a_04_09.htm

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ACTUALITÉ NATIONALE

Le 18 janvier 1995, lors d'une confé­rence de presse de Jacques Toubon, ministrede la Culture, le monde découvrait l'existencede l'une des plus anciennes grottes ornées pa­léolithiques du monde : la grotte de la Combed'Arc ou grotte Chauvet, du nom de son inven­teur. Cette grotte venait d'être trouvée parhasard, le 18 décembre 1994, par trois pas­sionnés de spéléologie au cœur d'une falaisede l'Ardèche. Classée dès le 13 octobre 1995aux Monuments Historiques, ses peintures da­tant de l'aurignacien (environ 31 000 av. J.­C.)furent très rapidement identifiées comme deschefs­d'œuvre de l'art pariétal. De plus, ce siteétait un sujet d'étude sans précédent puisqueles activités anthropologiques y étaient trèsnettement visibles (ossements et restes d'ani­maux, traces de pas animales et humaines,charbons de bois provenant de torches...). Ace titre, l'ensemble des peintures et gravuresde la grotte fut interdit d'accès au public et pla­cé sous haute surveillance climatologique etbiochimique afin d'éviter les graves altérationsdont fut et est encore victime sa petite sœurLascaux(1), ouverte au public dès sa découver­te en 1940 et dont le sol avait été détruit pourterrassement. La grotte Chauvet n'a donc étévisitée que par de rares privilégiés et sa miseen valeur n'est pas aussi en pointe que cellede Lascaux(2). Seules une exposition per­manente présentée au village Vallon­Pont­d'Arc, le site Internet du Ministère de la Cul­ture, bien fait mais très sommaire, et des publi­cations spécialisées permettent de s'approcherau plus près des fresques. De ce fait, il sembleque ce joyau attise la curiosité et excite l'ima­gination.

Le grand réalisateur allemand WernerHerzog a visiblement rêvé souvent de la Com­be d'Arc puisque ce passionné d'art pariétalvient de réaliser un documentaire en trois di­mensions de la grotte, aidé par la Région

Rhône­Alpes, le Conseil Général de l'Ardè­che, le CNC, le Ministère de la Culture etArte. De nombreux relevés 3D de la grotteont déjà été faits depuis 1997 par un cabinetde géomètres experts pour définir des me­sures d'aménagement appropriées. Maisavec Werner Herzog, comme le réalisateur l'aprécisé dans une interview donnée au Dau­phiné Libéré le 27 avril 2010, même si labase du travail reste l'exploration scientifique,il s'agit d'un travail de cinéaste qui fait appelà l'émotion, à l'imagination. Werner Herzogest un artiste. Il puise son inspiration dansses sensations comme devaient le faire lesartistes qui ont choisi ce lieu pour s'exprimer.Pourquoi ce lieu ? Avait­il une magie particu­lière? Une énergie ? Les scientifiques se po­sent encore ces questions sans réponsecertaine. Mais, on peut imaginer qu'Herzogva nous offrir ce cadeau­là, palper ne serait­ce qu'une once de ce qu'on éprouve en pé­nétrant dans ce lieu auquel nous n'auronsprobablement jamais accès.

Aux dernières nouvelles, le documen­taire sera diffusé dans le courant de l'année2011 sur la chaîne Arte, sans l'aide de la­quelle le projet aurait pris beaucoup plus detemps.

Notons également qu'un comité scien­tifique pluridisciplinaire (préhistoriens, philo­sophes, écrivains, etc.), dirigé par JeanClottes, préhistorien spécialiste du paléolithi­que supérieur et de l'art pariétal, réalise ac­tuellement une restitution 3D de la grotte quisera visible sur Internet en 2014. Gardons dususpens. Nous y reviendrons bientôt pourfaire durer le plaisir !

>>> Clémence AYRAULT___(1) cf. Revue d'ArchéoP. n°2 sur la grotte de Lascaux(2) cf. Revue d'ArchéoP. n°7 sur la grotte de Lascaux

La grotte Chauvet est une des cavités préhistoriques les plus célèbres du monde.Une des plus fragiles aussi. Pour protéger les trésors qu'elle renferme, elle est conservéecomme une perle dans un écrin. Werner Herzog fait partie des privilégiés à y avoirpénétré pour y tourner un documentaire qui va permettre au grand public d'y déambulersans l'abîmer.

LA GROTTE CHAUVET FILMÉE EN 3D

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ACTUALITÉ NATIONALE

Un record : la plus grande image du mondeAu­delà d’une visite virtuelle, ce projet

est d’abord l’histoire d’un record, celui de laplus grande image du monde. Assemblée enSavoie, le nom du site en dit long sur cetexploit.

Le 8 septembre 2009, l’équipe installeson matériel en haut de l’église Saint­Sulpice :deux appareils Canon EOS 5D Mark II,montés sur une tête panoramique motoriséefabriquée par Kolor et sur chaque boîtier, unobjectif de 300 mm (F4) avec un doubleur defocale leur servent de support. Ils réalisent2346 clichés, assemblés ensuite par le logicielAutopano Giga en 3h14. Le résultat estbluffant : l’image présentée sur le site équivautà 26 milliards de pixels. Imprimées les photoséquivaudraient à la taille d’un terrain defootball(2).

Visiter Paris de chez soi comme si vous y étiez, l’œuvre d’une nouvelle version deGoogle Earth ? Non, mais un nouveau projet réalisé par Arnaud Frich et Martin Loyer,deux photographes, et la Société Kolor. En ligne depuis le 11 mars dernier et sur l’air dela Valse d’Amélie, le site paris­26­gigapixels(1) offre à nos yeux un Paname au décoraérien. Il permet d’observer dans les moindres détails les plus grands monuments de lacapitale mais aussi ses rues, ses toits et divers lieux de notre choix.

VISITER PARIS À VOL D’OISEAU

appareil CANON EOS 5D Mark II avec tête motorisée

Visiter Paname sur un tapis volantTrès maniable, la plate­forme de pré­

sentation permet de naviguer dans toutes lesdirections, de zoomer au maximum sur le lieude son choix, et pour se repérer dans l’espace

des points d’informations sont présents surl’ensemble de l’image. Ainsi, la CathédraleNotre­Dame ou la Tour Saint­Jacques par ex­emple deviennent accessibles et on se plaît àétudier de près les moindres détails de leurarchitecture avec précision et une parfaitenetteté sous des angles différents.

Quant aux autres monuments pari­siens, il suffit de cliquer sur les cartels de pré­sentation, le monument apparaît avec un pe­tit historique et le site internet de ce dernier.Y sont répertoriés la tour Eiffel, le muséed’Orsay, la Défense, le théâtre de l’Odéonpour ne citer qu’eux.

Mais visiter les toits de Paris n’est passans surprise. En effet, le 14 mars dernier, uninternaute avertit le site qu’il vient de décou­vrir un pistolet et une corde sur un toit. Lesautorités prévenues, le lieu fut fouillé mais iln’y avait plus rien, les photos ayant été prises6 mois plus tôt. Le mystère sur cette affairerestera sans doute entier.

Quoiqu’il en soit, l’exploit est confirméet le buzz créé pour le site de Paris non sansrappeler Google Earth. Mission réussie pourcette équipe qui avait déjà marquée son coupd’essai avec 2045 clichés de Harlem en 2006et présenté sur le site 13 gigapixels(3).Pour accéder à ce média :http://www.paris­26­gigapixels.com/index­fr.html

>>> Laurie COPPIN___(1) http://www.paris­26­gigapixels.com(2) « La plus grande image du monde assemblée enSavoie » (in : ) Le Dauphiné Libéré, le 18/03/2010(3) http://www.harlem­13­gigapixels.com/

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ACTUALITÉ NATIONALE

En 1967, dans son ouvrage The me­dium is the message, le philosophe et socio­logue Marshall McLuhan inventait l'expression« village planétaire » (Global village) pour qua­lifier les effets des technologies de l'informa­tion et de la communication sur la planète.Selon le concept avancé avec justesse parMcLuhan sur la mondialisation, l'universalitédes médias est telle qu'elle dissout toutes lesmicro­cultures du monde en une seule grandeculture. Ironie du sort, c'est aujourd'hui sur lesnouvelles technologies que nous comptonspour assurer, sinon la pérennité, au moins laconservation de ces cultures. Une seule gran­de culture technologique au service des cul­tures de l'humanité ? Imaginez un instant quecelles­ci vous parviennent sur votre mobile enun seul clic... Ou non, regardez plutôt... car, sila culture augmentée fut longtemps un douxfantasme, aujourd'hui elle existe bel et bien...

… et s'appelle CultureClic. S'inspirantdu concept de « réalité augmentée », l'entre­prise Proxima Mobile « le portail de servicesau citoyen sur téléphone mobile » a imaginéune nouvelle application pour téléphones grâ­ce à laquelle il est possible de consulter actua­lité et catalogue culturels géolocalisés. Aprèsappel d'offre, le projet a été développé par i­marginal, société de création de contenus etcontenants web, et piloté par la Cité desSciences et de l'Industrie. CultureClic a étéinauguré en février 2010 par le Ministère de laCulture et de la Communication et la secré­taire d'État chargée de la Prospective et duDéveloppement de l'Economie Numérique. Ilpermet de télécharger gratuitement sur tousles iPhone et bientôt 80% des portables reliésau web un véritable guide culturel portatifdonnant accès à plus de 1300 musées, institu­tions culturelles et monuments, et 500 docu­ments en Haute Définition ­ œuvres, tableaux,cartes, livres, gravures, extraits sonores ­

sélectionnés parmi, entre autres, les catalo­gues de la Réunion des Musées Nationaux(1),de la Bibliothèque Nationale de France(Gallica(2)) et du Muséum Nationale d'HistoireNaturelle(3). Grâce au partenariat de cesgrandes institutions, il est par exemplepossible de découvrir à quoi ressemblaientles lieux les plus prestigieux de notre patri­moine il y a quelques siècles, comme leLouvre ou le Pont Neuf, et de les situer surdes cartes interactives. Également, l'Agenda2.0 permet d'être informé de l'offre culturellede proximité, des dernières expositions, deshoraires d'ouverture des musées, de plus de600 évènements culturels et autres infor­mations pratiques extraites de l'agenda duPortail de la Culture(4), ainsi que du pro­gramme d'universcience(5). Enfin, CultureClicdeviendra aussi à terme un réseau socialculturel qui permettra de mettre en contact etréunir par goût et affinités les internautes detout le « village » hexagonal !

Pour l'instant, seules les villes deParis, Lyon, Bordeaux et Marseille bénéfi­cient des bienfaits de l'application Culture­Clic, mais celle­ci s'étendra bientôt à d'autresvilles et, pourquoi pas, villages et parcsnaturels.

Mais tout le monde n'a pas attendu lamise en place de CultureClic pour mettre lepatrimoine à la sauce technologie mobile.Depuis septembre 2009, la ville de Sarlat­la­Canéda, capitale du Périgord Noir fameusepour son patrimoine médiéval, fait découvrirses trésors avec des flashcodes installés surcinquante panneaux touristiques répartisdans la ville. Une première en France. Avecces code­barres en 2D, composés de picto­grammes carrés noirs et blancs, l'informationvient directement au visiteur sur son mobile.Le principe est simple et accessible à tous, à

Inventaires, catalogues, tableaux, enregistrements sonores, poèmes, horaires demusées et évènements culturels géolocalisés dans votre téléphone, ArchéoPortail s'inté­resse à un nouveau phénomène : la culture i­mobile.

I­MAGINE UN MONDE EN CULTURE AUGMENTÉE

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condition d'avoir un téléphone relié à Internet.Il suffit de télécharger l'application flashcodeet de prendre le code­barre en photo. Dé­cryptée, la page Internet contenue dans leflashcode est directement ouverte sur l'écrandu mobile. Le contenu de ces pages est évi­demment adapté et lisible sur ce type de sup­ports. C'est l'entreprise Orange, liée avec lacommune par une convention d'innovationtechnologique, qui a apporté le serveur et leslogiciels sans aucun coût pour la commune.L'installation est expérimentale et ne doit enaucun cas remplacer tous les services cul­turels mis à disposition des visiteurs deSarlat. Ce sont des compléments d'informa­tions. Un bilan sera fait en septembre 2010pour déterminer si les flashcodes sont utiliséspar les touristes. En cas de succès, le con­cept pourra être adopté par d'autrescommunes.

CultureClic, les flashcodes de Sarlat.La suprématie du téléphone se confirme, ycompris dans la culture. Pour des passionnésdu patrimoine que nous sommes, ces pers­pectives nous enchantent autant que desenfants gâtés face à un sapin fraîchementvisité par un Papa Noël généreux. Et pourcause, quoi de plus extraordinaire que depouvoir répondre en un clic à toutes lesquestions qui nous turlupinent lors de pérégri­nations dans nos magnifiques villes? N'ou­blions pas cependant de garder les yeux ou­verts sur le monde avec un esprit toujourscritique et en éveil. Car notre petit compa­gnon de téléphone ne remplacera jamais leplaisir du contact avec les autochtones, ni lebonheur de découvrir toutes ces sensationspropres à chaque lieu nouveau. Traitons lesflux avec parcimonie et discernement, et nezappons pas trop la culture par pitié ! Ellenous le rendra bien !

Pour accéder à ce média :http://www.cultureclic.fr

>>> Clémence AYRAULT

Sources :

­ http://www.cultureclic.fr­http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/coddat/co242.html­ http://fr.wikipedia.org/wiki/Flashcode

___(1) http://www.rmn.fr(2) http://gallica.bnf.fr(3) http://www.mnhn.fr(4) http://www.culture.fr/fr/agenda(5) http://www.universcience.fr

BON VENT, M. GLANZBERG

Le 24 mars 2010, du bord de sa quatre­vingt­dixième berge, Philippe Glanzberg s'enest allé vers d'autres rivages pour un derniervoyage. Il laisse dans son sillage un témoi­gnage que nous nous devons de relayer tantque nous pouvons : l'histoire du convoi n°62,qui, le 23 novembre 1943, emmena 1200 per­sonnes de Drancy vers le camp d'Auschwitz etdont il fut l'un des 29 rescapés. La dernièrefois que je l'ai vu, il m'avait dit regretter que lenuméro de son convoi n'ait pas été mentionnédans l'article(1) que nous lui avions consacré.C'est chose faite, je lui devais bien ça. MerciPhilippe pour vos paroles d'étoile. Nous feronsde notre mieux pour transmettre vos mes­sages et nous vous souhaitons bon vent pourvotre dernier voyage.

>>> Clémence AYRAULT___(1) cf. Revue d'ArchéoP. n°2

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ACTUALITÉ NATIONALE

Au­delà de l’institution, c’est son siteWeb qui mérite que l’on s’y arrête pour y étu­dier les multiples facettes qu’il contient. En ef­fet, celui­ci est autant une présentation com­plète de la RMN, un agenda des expositions,qu’elles soient passées, en cours ou à venir,qu’une porte ouverte aux nouvelles technolo­gies avec ses expositions virtuelles et sestéléchargements d’audioguides. Si nombre deces prestations se retrouvent sur beaucoup desites, il est vrai que celui de la RMN les réunit.

Placée sous la tutelle du Ministère de la Culture et de la Communication, la Réu­nion des Musées Nationaux (RMN) a pour missions principales la valorisation du patri­moine culturel et son accès auprès de tous les publics. Ses actions constamment renou­velées et enrichies ont également pour but d’enrichir le patrimoine de ses partenaires –musées, établissements publics et collectivités locales entre autre.

LES MULTIPLES FACETTES DE LA RMN

A la découverte de l’histoire de l’ArtLa RMN, par diverses actions, pro­

pose au visiteur de partir à la découverte del’histoire de l’Art. Au­delà des ouvrages spé­cialisés accessibles à la vente en ligne, unegrande partie du site propose des cours,classés par période (de la préhistoire au siè­cle d’or), thèmes (grands mouvements, tech­niques ou grandes figures), l’histoire parimage (chaque tableau aborde un sujet his­torique) ou encore des conférences concer­nant les expositions.

Ainsi, le contexte pictural et historiqueest abordé. Chaque courant ou période,agrémenté d’une peinture, est présenté dansles grandes lignes. Les informations s’entre­croisent et se retrouvent facilement, ce quipermet à celui qui découvre l’histoire de l’Artde suivre et d’approfondir progressivementses connaissances.

Si le site se présente comme un outild’étude, il est également une porte ouverteaux nouvelles technologies.RMN.Fr : une porte ouverte aux nouvellestechnologies

La RMN expose et propose des sujetsd’art et de civilisation en concentrant surtoutses présentations sur l’art du XXe siècle,dont les principales expositions ont lieu auGrand Palais à Paris.

Informer sur le vif, la RMN réussit cedéfi. Il existe entre autre un agenda qui dres­se un inventaire documenté de tous les évè­nements culturels présents et à venir. L’éven­tail est large puisque d’une visite bohême,

Saint Jacques le Majeur, Alonso Cano ­Paris, musée du Louvre © RMN / Hervé Lewandowski

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par celui de Fernand Léger à Biot pour ter­miner entre autre par ceux de Napoléon etAfricain de l’Île d’Aix. Avant de télécharger unMP3 ou MP4, une première écoute en ligneest possible. On peut ainsi choisir les extraitsqui se composent d’une introduction avecprésentation des lieux, puis celle des objets ousalles visitées. Selon le lieu, des explicationsscénarisées attireront aussi les enfants. Pourl’Île d’Aix, le baron Gourgaud, à l’origine desdeux musées, est mis en scène et racontecomment il a souhaité disposer les collectionset le pari est réussi : une ambiance est créée.

Charmé par les lieux, envie de partir envacances ou juste une idée de sortie du di­manche ? Pas de problème, le site vous pro­pose d’acheter les billets en ligne(1), téléchar­geables ou imprimables autant pour les mu­sées parisiens et franciliens que régionaux.

Enfin, pour ceux qui au contraire nesouhaitent visiter aucun lieu mais qui veulentse constituer une dvdthèque et une biliothèquespécialisées, des DVD, CD­rom ainsi que desouvrages sont proposés à la vente.

Faire connaître l’histoire de l’Art, l’ap­précier ou la découvrir, la RMN a mis en œu­vre différentes actions qui contribuent à valori­ser ce patrimoine auprès d’un large public.Doté d’un site très documenté et très riche enprestations diverses, le visiteur peut y resterdes heures si l’art le passionne. Site destinéaux particuliers autant qu’aux professionnels, ilouvre de grandes perspectives vers les nou­velles technologies en permettant le téléchar­gement d’audioguides ou de billets ou de vi­déos sur différents musées et expositions.Bref, un outil de recherche réussi et indis­pensable pour les férus d’art !Pour accéder à ce média :http://www.rmn.fr

>>> Laurie COPPIN___(1) http://www.rmn.fr/francais/acheter/des­billets­en­ligne/

l’intéressé peut choisir directement son infor­mation grâce à l’agenda détaillé. Il peut ainsichoisir la date, le lieu et le thème qui l’intéres­sent. Là encore beaucoup de diversité puis­qu’au­delà des expositions, ce sont des pro­jections de films ou de documentaires, desateliers pour enfants ou adultes, des visitesconférences, des spectacles ou des anima­tions qui sont proposés. Cependant, une re­marque intéressante est à soulever ; lorsqu’ilest demandé de voir les expositions qui sedéroulent à l’étranger (l’option est proposée),les résultats de la recherche ne se font pasattendre : les expositions étrangères sont…corses ?!?

Quoiqu’il en soit, les différents outils derecherche permettent de retrouver facilementles informations. Les archives qui recensentles expositions passées depuis 1999 à 2010,sont d’ailleurs classées par périodes histori­ques de la protohistoire au XXIe siècle, enpassant les autres civilisations et les thèmestransversaux. Chaque fiche se compose dutitre, des dates extrêmes, d’une présentationdétaillée et du comité scientifique chargé del’évènement. Ainsi, de son fauteuil, une « soi­rée expo » peut être organisée grâce à laporte ouverte aux nouvelles technologies. Eneffet, la Web TV qui recense des vidéos, desparcours numériques, des films, des confé­rences, des audioguides à télécharger et uneprésentation des métiers du patrimoine regor­ge de petits trésors. Par exemple, pour Tur­ner et ses peintres, récemment terminée, unemultitude de vidéos est proposée de la ren­contre du comité scientifique, à la scéno­graphie en passant par le parcours virtuel.L’ensemble est fourni, peut­être un peu tropparfois et on serait tenté de se noyer dansl’information.

Dans un autre style, le téléchargementd’audioguides permet de préparer au mieuxses visites. Une partie présente le conceptpuis en fonction de ses goûts, on peut opterpour l’audioguide d’expositions en cours oupassées, ou celui de musées. Les muséesnationaux prennent leurs ampleurs puisquede celui du Moyen Âge à Paris, nous passons

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Depuis la réouverture de la Galeried’Art de l’Ontario (Art Gallery of Ontario)en novembre 2008, le public peut accéderà un chantier de fouilles archéologiques encours dans la partie la plus ancienne dumusée appelée « The Grange ».

C'est D’Arcy Boulton Jr. ­ marchand ethomme politique peu influent à Toronto ­ qui fitconstruire cette grande demeure en 1817. Cemanoir restera la maison familiale des Boultonpendant une centaine d’années avant de de­venir un musée d’art en 1913. Après restaura­tion en 1973, l’édifice est réaménagé en mai­son historique. C’est grâce à la récente dona­tion de documents ayant appartenus à HenryWhyte, majordome des Boulton de 1817 à1857, que l’AGO a décidé de recruter uneéquipe d’archéologues (The AnthropologicalServices of Ontario). C’est ainsi que de mys­térieux artéfacts en cire d’abeilles, dont l’au­teur semblerait être une domestique irlan­daise appelée Mary O’Shea, ont pu être locali­sés et en partie extraits des fondations de lademeure. Ces fouilles dirigées par le DrChantal Lee avec l’aide d’une artiste alle­mande, Iris Häussler(1).

Les écrits du majordome, récemmentdécouverts par son arrière arrière neveu, ré­vèlent les habitudes étranges d’une immigran­te irlandaise qui dès son arrivée au service

des Boulton se met à collecter les restes desbougies consumées pour en faire ce queHenry Whyte qualifie de « boules de cire »(waxen globule).

Parmi les notes du majordome, les ar­chéologues ont pu étudier une carte de lapropriété comportant les emplacements où

Mary O’Shea avait dissimulé ces mystérieuxartefacts. Cette carte intitulée « Amber » ­telle que le majordome devait l’appeler ­ aservi de base aux archéologues pour effec­tuer les fouilles commencées fin 2007.

Si les raisons de cette pratique per­pétrée pendant près de 30 ans restent inex­pliquées, on sait que cette domestique étaitoriginaire de Kilkenny, un petit village du Nordde l’Irlande, et qu’elle est arrivée au Canadaen 1828 à l’âge de 17 ans. Beaucoup d’Irlan­dais ont immigré au Canada comme elle pouréchapper à la menace de la famine qui pritune ampleur considérable entre 1845 et1852. Face à ce manque d’éléments sur labiographie de l’auteur présumé de ces énig­

Carte réalisée par Henry Whyte

Sous­sol de The Grange

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matiques sculptures, le Dr Lee concentre sesefforts sur les matériaux utilisés, les techni­ques employées et leurs localisations dansl’édifice.

Le premier artefact présenté durant lavisite provient d’une partie du mur dans l’en­trée, auparavant dissimulée par les escaliers.L’objet consiste en un pot d’argile de formesphérique dans lequel a été versée de la cireliquide. Les résidus de sang humain prélevésde cet objet posent la question de l’aspect in­tentionnel ou accidentel de ce détail.

Dans la bibliothèque victorienne, trans­formée en laboratoire pour la circonstance, lesvisiteurs peuvent observer quelques uns desobjets issus des fouilles. L’étude des artefactsa révélé une évolution de la technique deréalisation divisée en quatre catégories. Dansla première catégorie sont regroupées lespetites boules de cire roulées à la main. Laseconde correspond à la technique utiliséepour l’artefact présenté dans l’entrée pourlaquelle la cire chauffée est versée dans le potd’argile. La troisième catégorie diffère desprécédentes de par l’abandon de la formesphérique ; il s’agit d’objets trempés dans lacire chaude. La dernière catégorie rassembleles moulages obtenus en versant la cireliquide dans un trou creusé dans le sol. Lesimages aux rayons X montrent que chacundes artefact contient des éléments organiquestels que des rognures d’ongles, des cheveux,

des plantes séchées, des os d’animaux. Laseule exception étant une poupée de porce­laine facilement identifiable aux rayons et surles croquis réalisés par l’anthropologue.

Au sous­sol, les visiteurs peuvent ac­céder au chantier sous la surveillance du gui­de chargé de les maintenir à bonne distancedu matériel et des artefacts toujours en place.Dans la cuisine par exemple, on peut voirsept petites globules de cire « sculptées »par la paume des mains d’Amber et incrus­tées dans le sol sous les briques. Ces boulesde cire contenant du sucre et de la cannellesont les premiers d’une longue série de plusd’une vingtaine d’objets.

Le public est ensuite conduit vers lecellier où se trouve, toujours encastré dans lesol, l’artefact le plus volumineux découvertsur le site. L’Objet n°17 présente une formeconique résultant de la forme du trou creusédans le sol pour y verser 15 litres de cire li­quide servant d’écrin à un os de daim ainsiqu’une tresse de cheveux humains. Les sil­lons des doigts visibles en positif sur le mou­lage de cire et la profondeur du trou semblentcorroborer la thèse du Dr Lee selon laquelleAmber aurait creusé à mains nues jusqu’à setrouver couchée au sol pour engager la tota­lité de son bras dans la cavité. Une copie del'objet se trouve dans le bureau du Dr Lee.

Images au rayons X et croquis de deux artefactsde cire contenant une poupée en porcelaine

et un crâne de lapin

Bureau du Dr Chantal Leeà droite : réplique de l'Objet 17

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Il semblerait que cet espace ait servid’atelier à Amber. En effet, un important stockde cire était entreposé ici dans des sacs detissu et sur l’établi aux côtés de pots d’argileprêt à l’emploi. La présence de bougies lais­se à penser que leur fabrication faisait proba­blement partie des tâches attribuées àAmber, lui permettant probablement de nepas attirer l’attention sur son « rituel ».

Parmi tout ces objets, une empreintede profil humain appliquée dans un bloc decire a révélé un visage qui n’a malheureuse­ment pas pu être identifié.

Il semble que les visiteurs s’accordentsur trois hypothèses, considérant Ambercomme une sorcière, une personne souffrantde troubles mentaux ou encore une artisteincomprise. Toutefois, le mystère reste entierjusqu’à la fin de la visite lorsque le guideremet aux visiteurs un document(2) rédigé parIris Häussler, une artiste conceptuelle pourqui Amber n’a que peu de secrets.

En effet, l’artiste explique que la dé­couverte archéologique est en fait une fictionbasée sur l’histoire de The Grange et del’immigration à Toronto. L’histoire racontéepar le guide et les sculptures sont issuesd’une réflexion de l’artiste sur l’histoire deslieux et la notion de concept et d’expériencedans l’art contemporain.

Il arrive que le public soit invité dans lebureau de l’anthropologue où celle­ci dort par­fois comme l’indique le lit défait. On peut yvoir une série de photos d'un modèle illustrantl’hypothèse du procédé de réalisation del’Objet 17.

Ainsi que le suggère le Dr Lee, le mo­dèle reproduit les étapes, à la manière desséries d’Eaedweard Muybridge, jusqu’à setrouver presque couché pour creuser aussiprofondément que possible. La jeune femmeprésentée sur la série de clichés se désha­bille, le Dr Lee supposant qu’Amber enlevaitses vêtements pour ne pas les salir avec laterre extraite du sol. Une copie du plan de lamaison dessinée par Henry Whyte est affi­chée à côté d’une carte de l’Irlande et d’unesérie de photos de fouilles archéologiques.Parmi les ouvrages sur le bureau on remar­que un exemplaire du roman de MargaretAtwood : La servante écarlate, dont le récitprésente quelques similitudes avec l’histoired’Amber.

La dernière étape de la visite mène levisiteur à ce que les archéologues ont appelé« la chambre secrète ». Ce nom vient du faitque cette pièce avait été scellée, il y a 150ans, par une couche de plâtre avant d’êtrerécemment réouverte.

Empreinte de profil humain

Ouverture donnant sur la « la chambre secrète »

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A l’origine du projet amorcé en 2007 àl’occasion de l’extension de l’AGO, DavidMoos, conservateur de The Grange, contacteIris Häussler dont il connaît et admire le tra­vail. Il souhaite qu’elle réalise une installationdans la plus ancienne demeure en briques deToronto qui est aussi le site d’origine del’AGO. L’artiste est alors initiée à l’histoire decette maison depuis sa construction jusqu’ànos jours. Constatant des manques impor­tants dans la chronologie du site et de sesoccupants, de même qu’une absence totaled’éléments concernant les domestiques,l’artiste décide de creuser ­ au sens proprecomme au figuré ­ dans l’histoire du Canadaet notamment celle des travailleurs immigrésqui ont participé à la construction du pays. Lafusion ­ confusion entre histoire et fiction ­ quiconstitue la base de ce projet est aussi unmoyen de critiquer les récents exemples demanipulations politiques de l’opinion publique.

Née en 1962 en Allemagne, IrisHäussler a grandi avec le mutisme cultivé au­tour de la question de la Seconde GuerreMondiale qu’elle condamne et considère com­me dangereux. Après l’Académie des Beaux­Arts de Munich elle se lance dans une ré­flexion sur la notion d’histoire à des échellesdifférentes depuis l’histoire individuelle àl’Histoire avec un grand « H ». He Named HerAmber est une petite histoire dans l’Histoiredu Canada. Cette démarche explique pour­quoi certains de ses projets semblentétrangement familiers par leur résonanceavec la mémoire collective.

Iris a intégré un certain nombre de ré­férences et de clins d’œil à des artistes com­me Jeff Wall dont les photos d’une cam­pagne de fouilles menée sur l’île de Green­wood entre octobre 2005 et janvier 2006 ontparticulièrement intéressé Iris qui s’est pro­curée le même type de container orange pourson installation. Les clichés représentent unamérindien observant un anthropologue creu­ser dans les ruines de son patrimoine culturel.L’artiste dénonce ici le manque de considé­ration dont souffrent encore les premiers peu­ples d'Amérique, qu’on appelle aussi lesnatifs.

Iris souhaitait que le public s’identifie àun personnage issu des classes les moins fa­vorisées, trop peu représentées dans les ou­vrages d’histoire au profit des riches pionniers.Cette personnification et l’imbrication entre fic­tion et histoire reflète l’intérêt d’Iris pour un ar­tiste comme Ilia Kabakov dont les fausses bio­graphies étaient destinées à expliquer l’histoiresoviétique.

L’élaboration du concept et de l’instal­lation du projet He Named Her Amber a duréune année entre sa première visite des lieuxjusqu’à la formation des guides. C’est en cré­ant ses sculptures que le personnage d’Ambers’est imposé à elle, tel un substitut lui per­mettant de mettre de côté son statut d’artiste,se libérant du contexte de la création artis­tique. Créer un personnage lui permet de dis­paraître en tant qu’auteur lorsqu’elle sculptemême si son désir de disparaître n’a pas étécompris ou accepté par les journalistes. Letitre de son ouvrage It wasn’t me était pourtantun manifeste.

L’usage de cire d’abeilles n’est pas unenouveauté dans le travail de l’artiste. Toutefois,pour ce projet il s’agissait d’utiliser un matériauauquel son personnage pouvait avoir accès,comme le Facteur Cheval qui collectait despierres pour ses sculptures. « Je ne voulaitpas la faire passer pour une voleuse » ex­plique Iris.

Image aux rayons Xde la sculpture contenant la poupée

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Une fois l’installation finalisée à l’AGOen octobre 2008, le recrutement et la forma­tion des guides a pu commencer. La majeurepartie d’entre eux a totalement adhéré au pro­jet élaborant leur propre façon de faire la vi­site en fonction de leur expérience en tantque conteurs, historiens ou historiens de l’art,ou encore en tant que descendants d’immi­grés irlandais, etc. Seuls trois guides parmiles quarante recrutés ont préféré ne pas fairepartie de l’aventure, en raison de désaccordssur le principe de dissimuler la vérité aupublic.

Dès l’origine, ce projet a suscité lacontroverse, soulevant des problèmes éthi­ques et des questions de légitimité. Certes,Iris désirait provoquer chez le public une re­mise en cause de leur confiance parfois aveu­gle dans les institutions, qu’elles soient cultu­relles ou politiques. Pour ce qui est de la re­mise en question de sa démarche, l’artistes’est intéressée à l’opinion des visiteurs com­me des guides et, pour ceux qui réduisentson installation à un détournement de l’his­toire sans fondement, Iris répond simplement:« Prouvez moi que tout est faux. Prouvez moique rien de tout cela ne s’est produit. ».

L’impossibilité de réfuter l’ensemble del’histoire d’Amber écarte pour elle l’idéequ’elle ait pu vouloir se moquer du public.Certains se sont même replongés dans l’his­toire de la maison et de la famille Boulton ouencore l’immigration irlandaise au Canadasuite à leur visite.

Les personnes opposées au projet ontsouvent mis en avant le manque d’authenti­cité comme argument. Une telle installationdans un lieu « classé » en tant que site natio­nal historique a déplu même si rien n’est réel­lement authentique dans cette demeure. Larestauration relève plus de la réinvention sansoublier que la grande majorité du mobilier

n’est pas d’origine. La destruction de la caged’escalier d’angle pour en reconstruire un enspirale dans les années 1970 illustre à quelpoint l’aspect historique n’est qu’artificiel.L’aménagement récent d’un lounge, occu­pant une surface importante de l’édifice, ré­duisant à néant les efforts visant à donner aubâtiment une allure de site historique, esttout aussi discutable.

Il a également été reproché à Iris lefait de ne pas informer les visiteurs de la di­mension artistique contemporaine du dispo­sitif. Mais c’est dans ce secret que résidel’essence même du concept. L’objectif étantde faire adhérer et participer le visiteur et sonimaginaire à la visite. Le fait de connaître aupréalable la nature du projet et l’interventionde l’artiste anéantirait l’objectif principal del’installation en faussant la perception et lerôle du public dans le concept. L’artisteexplique :

« Les gens n’ont pas besoin d’Iris Häusslerdurant cette expérience. ».

Même si certaines personnes quiétaient au courant ont tout de même appré­cié la visite, leur regard sur la mise en scèneet leur analyse du discours du guide a renduleur approche du concept totalement diffé­rente de celle des autres visiteurs. Ils n’ontpas intégré le projet en tant que participantsmais comme simples spectateurs. Ayantcompris ce principe, certains ont gardé le se­cret pour encourager d’autres personnes àen faire l'expérience.

S’il n’est pas averti au préalable, lepublic reçoit tout de même à la fin de la visi­te une lettre leur donnant les clés du con­cept, l’adresse d’un site Internet, ainsi que lacarte professionnelle du Dr Lee, permettantde contacter l’artiste par courriel. Le site del’ASO(3) créé par Iris est un prolongement del’installation puisqu’il s’agit de présenter lesmissions, les personnes supposées effectuerles fouilles et quelques photos des artefacts.La lettre remise au public à la fin de chaquevisite est également accessible en ligne toutcomme les coordonnées web du Dr Lee.

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Les messages reçus par Iris sont ré­vélateurs des diverses réactions du publicaprès la lecture du document, exprimant l’en­thousiasme, la fascination ou la déception etle sentiment d’avoir été dupés. Malgré tout,qu’il s’agisse de réactions positives commenégatives, chacun d’entre eux a d’abordressenti une certaine déception qui prouveleur engouement pour l’histoire d’Amber etses étranges sculptures.

Comme Marcel Duchamp utilisant lemusée pour donner à ses ready mades unedimension artistique, Iris a bénéficié du con­texte de la demeure historique pour donner àson projet une dimension archéologique. Ellesouhaitait réactualiser la réflexion sur la no­tion de musée et son influence sur la per­ception de œuvres exposées. Et comme àl’époque de Duchamp, beaucoup ont critiquéce projet accusé de décrédibiliser l’ins­titution.

A l'instar du projet Amber, on retrouveune démarche similaire dans une précédentevisite conceptuelle d'Iris, The Legacy ofJoseph Wagenbach, dans une maison àToronto. Il s’agissait de la maison d’un vieilhomme envahie de sculptures. Le bâtiment etson accessibilité au public étaient placéssous l’autorité du service des Archives Muni­cipales. La controverse suscitée par cetteœuvre a valu à Iris d’être accusée d’avoirrevendiqué des sculptures qui n’étaient pasd’elle.

La polémique qui semble la plus jus­tifiable concerne la longueur et le caractèredélibérément flou du document destiné à ré­véler le concept aux visiteurs. En effet, lalecture des courriels reçus par Iris prouve quebeaucoup de gens, n’ayant pas lu la lettre enentier ou n’ayant tout simplement pas com­pris le texte, continuent à poser des ques­tions sur l’avancement des recherches etexposer diverses interprétations de l’histoired’Amber. Des historiens, des psychiatres etquelques étudiants en archéologie mettent àdisposition du Dr Lee leurs expertises. Peut­être leur désir de croire en cette découverte

les a­t­elle empêchés d’intégrer le discoursde l’artiste.

L’objectif n’était pourtant pas d’être leplus convaincant possible. Certaines partiesde l’histoire et la mise en scène sont en effetdélibérément difficiles à croire. L’artiste a suintégrer quelques incohérences, laissant desindices tout au long du parcours. Le plus dif­ficile à croire étant l’accessibilité du public àun chantier de fouilles et au laboratoired’analyses, au milieu des artefacts et du ma­tériel des archéologues, parmi les containersplein de gravats. Comme l’a souligné unvisiteur archéologue : « C’est très rare d’avoirautant d’éléments sur un site de fouilles etdans un si bon état de conservation. C’estune sorte de chantier idéal pour un archéo­logue ».

L’artiste a ajouté quelques détailspleins d’humour comme, dans le bureau duDr Lee, l’illustration de la théorie un peu sau­grenue selon laquelle Amber devait se dés­habiller pour creuser sans se salir. La partied’écriture visible au microscope et que beau­coup ont prise pour du gaélique est en réalitéde l’allemand. Et comment croire que lachambre secrète ait pu rester secrète pen­dant toutes ces années ?

Containers pleins de gravats

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Beaucoup de visiteurs ont perçu la di­mension artistique des artefacts à travers lecôté obsessionnel du « rituel » d’Amber issude l’Art Brut dont Iris s’est inspirée. L’artistenourrit une réelle fascination pour ces per­sonnes qui ne pouvaient s’empêcher demettre en forme leurs obsessions, dédiantleur vie et sacrifiant même parfois leur propreconfort à quelque chose qui les dépassaient.Elle transcrit cette notion de pratique compul­sive dans d’autres installations comme OuTopos ­ a synthetic Memory en suturant unappartement de centaines de bougies arbo­rant les portraits de victimes de crimes et decriminels découpés dans des tabloïds.

L’intervention des guides a soulevé dif­férentes réactions selon qu’ils étaient consi­dérés comme des conteurs ou des menteurs.Quoi qu’il en soit ils font partie intégrante duconcept qu’ils sont chargés de transmettretout en interagissant avec le public posantdes questions et proposant diverses théories.Les guides était encouragés par l’artiste àcreuser dans leur propre vécu pour remplirleur rôle d’interprète tout comme les visiteursétaient encouragés à élaborer leur proprescénario en intégrant les informations don­nées durant la visite. A ce propos l’artiste dé­clare : « J’ai seulement donné la trame del’histoire ». Et cette idée est toute aussi vala­ble lorsqu’elle a elle­même joué le rôle deguide.

L’expérience a énormément plu auxvisiteurs sensibles au fait d’avoir fait partiedu concept de manière active. Certains ontprolongé l’expérience à travers leurs mes­sages, comme par exemple un groupe depseudo scientifiques bouleversés par cettedécouverte archéologique faisant écho àleurs propres recherches. Quelqu’un a mê­me écrit ­ à la première personne ­ l’histoired’Amber depuis sont départ d’Irlande jusqu’àson arrivée au Canada. Comme l’explique sibien l’artiste : « C’est difficile de dire oùcommence et où finit l’œuvre ».

Le travail d’Iris, qualifié d’art concep­tuel tactile consiste à faire l’expérience phy­sique et intellectuelle de la réflexion sur l’art,la société et la nature. Cette manière de pro­céder, ouvrant son esprit à des personnagesétranges aux histoires extraordinaires luidonne un rôle de sculpteur d’histoires. Lequalificatif de story­sculptor que j'ai proposépour faire référence à celui de story­teller(qui signifie conteur) semble avoir plu àl'artiste.

Entre matériel et immatériel, HeNamed Her Amber apparait comme uneoeuvre charnière entre les précédentes ins­tallations d'Iris visitées et une nouvelle formede sculpture proche de l'Objet 17, quiémerge dans le secret de son atelier. Maisceci est une autre histoire…

Pour accéder à ce média :http://www.haeussler.ca/amber/amber.html/

>>> Lucie DEBIEN

___(1) http://www.haeussler.ca/(2) http://www.haeussler.ca/amber/(3) http://www.anthserv.ca/

Sur le logo de l’équipe de fouilles, lareprésentation de Nanabozho, un person­nage mythologique amérindien conteur d’his­toires, était aussi un indice.

Logo de l'équipe d'archéologues

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Cette fillette reçut au baptême le nomde Philippe­Angélique de Froissy. Elle fut im­médiatement enlevée à sa mère et confiée àSieur Ponce Coche, valet de chambre du Ducd’Orléans, homme de confiance et complicede toutes ses galanteries, et qui deviendra letuteur de cette petite fille. Ponce Coche dem­eurait à Paris au Palais Royal, dès le prin­temps il partait rejoindre son épouse AnneBédauré et les enfants à la campagne dansun Château à Gagny. Sa femme était unepersonne très dévouée qui n’avait pu donnerd’enfant à son époux et qui compensait ce

manque d’affection en élevant tous les en­fants illégitimes (fruits des amours adultèresdu Régent) avec beaucoup d’attention.

C’est à Gagny, dans la propriété duChâteau de Maison Blanche, vaste et beaudomaine de 440 arpents (soit plus de 200hectares) qui s’étendait aux limites de Neuillysur Marne, offert à Ponce Coche par le Ducd’Orléans pour les services rendus, que s'estdéroulée avec beaucoup de mystères l’en­fance d’Angélique de Froissy. Cette vastedemeure comportait de nombreuses pièces.Au rez­de­chaussée 8 pièces, au premierétage 11 chambres et au deuxième étage 10chambres, sans compter les cuisines et dé­pendances(3). Ce grand nombre de piècespermettait à Anne Bédauré d'élever avecaisance tous les enfants adultérins duRégent, dont Charles de saint Albin.

Angélique connut une enfance agré­able entourée d’affection et sans problème.Mais après quelques années passées avecPonce Coche et Anne Bédauré, dans uneambiance protégée et choyée, elle fut placéedans le couvent de Saint­Denis où elle reçutune très bonne instruction, une éducationmondaine et religieuse. Pendant ses annéespassées au couvent, elle ne reçut jamais lavisite de sa mère. Les Religieuses de Saint­Denis n’auraient pas accepté qu’une comé­dienne vienne perturber leur couvent. Ellen’en sortit qu’à l’âge de 18 ans. Le désir duRégent était alors de voir sa fille entrer dansles ordres, mais tous les efforts furent vainset Angélique refusa de prononcer ses vœux.

ETUDE HISTORIQUE

Mademoiselle Christine­Antoinette Desmares, comédienne, née à Copenhague en1682, rencontra le Régent vers 1698. Elle était à l’apogée de son talent, sa beauté étaittrès remarquée, figure charmante, les yeux étincelants. Elle jouait principalement desrôles de soubrette, était adorée du public. Son portrait figurait encore il y a quelquesannées au foyer de la Comédie française(1). Elle était très admirée par le Duc de Luynes(2).Le grand succès de sa vie ne fût pas seulement le théâtre, mais les faveurs du RégentPhilippe II d’Orléans avec qui elle eut une longue liaison, et donna naissance à Paris en1700 à une jolie petite fille nommée Angélique.

UNE PETITE FILLE NÉE SOUS UNE FLEUR DE LYS

Mademoiselle Desmares ­ Gravure de Lépiciéimage Wikipédia

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Elle ignorait jusque là le secret de sanaissance, par ordre exprès du Régent quiavait interdit de lui révéler ce secret. Un jourle Régent la fit sortir de l’obscurité dans la­quelle elle avait vécu jusque là, et lui appritlui­même qu’il était son père. Selon les diresde la Princesse Palatine « lorsqu’Angéliqueeut connaissance de ce secret, elle fut trans­portée de joie »(4). D’autant plus, surprise,qu’elle s’était imaginée être la fille du Duc deLuynes… grand admirateur de sa mère.

Un évènement se produisit un jour,lors de leur présence au Théâtre–Français,où l’on donnait « Œdipe ». Angélique occupaitavec Madame le devant de la loge. C’estalors que Mademoiselle Desmares, qui jouaitle rôle de Jocaste, demanda qui était cettejeune fille si belle qui accompagnait la Prin­cesse. Elle apprit que cette jeune personnen’était autre que l’enfant qui lui avait été arra­ché des bras et qu’elle n’avait jamais puembrasser. L’émotion fut telle, qu’elle s’arrêtade jouer et ne put achever la représen­tation(7).

Quelques temps après sa sortie ducouvent de Saint­Denis et après concertationentre le Régent et Ponce Coche, l’orga­nisation de son mariage fut décidée dans lesplus brefs délais. C’est ainsi qu’Henri Fran­çois Comte de Ségur devint l’heureux élupour épouser Angélique. Elle viendra avecune dot de deux cent mille livres.

La cérémonie se fit en deux temps etle contrat de mariage fut établi à Paris le 10septembre 1718, en présence de person­nages illustres : son demi­frère, égalementfils naturel du Régent et élevé par PonceCoche, le Seigneur Charles de Saint AlbinAbbé de l’Abbaye Royale de Saint­Ouen etde Rouen, coadjuteur du prieuré de SaintMartin des Champs de Paris, ainsi que deJacques Barthelemi de la Brosse, prêtre etdocteur en théologie de la faculté de Paris, laDuchesse de Berry, Montseigneur le Duc deChartres, Mademoiselle, fille de son AltesseRoyale, ainsi que le Régent et Sieur PonceCoche son tuteur accompagné de DameAnne Bédauré son épouse. Du coté duComte de Ségur, le Marquis Henry Joseph deSégur et Dame Elizabeth Binet ses père etmère demeurant à Paris, dans leur Hôtel rued’Enfer, paroisse de Saint Séverin accom­pagnés des témoins(8).

Un incident se produisit pendant ledéroulement de cette signature du contrat demariage. En effet, « Monsieur D’Argouges, ditM. de Caumartin, parent de la famille deSégur, refusa de signer et il fallut un ordre duDuc d’Orléans pour qu’il s’exécute, mais defort mauvaise grâce »(9).

Le château de Maison Blanche

Après cette révélation, elle espéraitêtre reconnue par le Régent, mais il fallutattendre nombreuses années, seulement en1722 et après son mariage pour cette légiti­mation(5). Déçu par le refus de sa fille d’entreren religion comme il le souhaitait, le désir duRégent était maintenant de voir sa fille entrerdans la vie mondaine et de lui choisir unépoux.

C’était une jeune fille très belle, com­me le fut sa mère, douce et pleine l’esprit.Elle était parvenue rapidement à gagnerl’affection de son père, si bien qu’il la gardaauprès de lui jusqu’à son mariage. Il la traitaavec une grande bonté. La vieille Duchessed’Orléans « Madame La Palatine » commeon la nommait, lui témoignait également del’affection et s’occupait d’elle autant que sesdescendants directs. La Mère du Régent, «La Princesse Palatine », n’hésitait pas à semontrer en public avec la fille de lacomédienne(6).

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La cérémonie religieuse se fit dans lachapelle de Ponce Coche, seigneur de laMaison­Blanche, à Gagny, par Jacques Nico­las Adam, prêtre et curé de Gagny, aprèsavoir obtenu l’accord de Monseigneur le Car­dinal de Noailles, archevêque de Paris, pourla célébration de cette union dans la Chapelleprivée de Sieur Ponce Coche, le 13 septem­bre 1718, mais en l’absence de ses parents.Dès que le mariage fut annoncé, PonceCoche et son épouse Anne s’affairèrent auxpréparatifs de cette fastueuse cérémonie.C’est une jeune fille qu’ils ont élevée, PonceCoche en est le tuteur, ce n’est pas rien !

Le château avec ses nombreusespièces est en effervescence. Les huit piècesdu rez­de­chaussée, les onze chambres dupremier étage et les dix du second étage sontpassées en revue, astiquées. Marie­Blancheet Antoine Lefeuvre ainsi que Pierre Notairetous les trois domestiques des Châtelainssont affairés à nettoyer les cuivres, lesparquets mosaïques des chambres et de lagrande salle à manger. Pour se faire aider,des domestiques des alentours ont été sol­licités, dont la femme d’un vigneron de Mai­son Rouge et également une aide cuisinièrevenant de la ferme Guyot, afin de recevoir leshôtes de prestige dans les meilleures condi­tions. La famille Pluyette, fermier de la fermedu château, se prépare à fournir les légumesdu potager, les volailles et fruits de saison(10).Les nappes blanches sont amidonnées etrepassées avec grand soin, enfin le tout pourla fête !!! À cette époque tous les travauxménagers se faisaient à la main.

Le choix du menu étudié avec beau­coup de soin est prêt et, déjà, la cuisinière etses aides se préparent à exécuter des platsraffinés et succulents pour ce prestigieuxrepas.

Quant à Claude Gamelin, jardinier deson état, il prépare le parc, ratisse les caillouxdes allées, taille les rosiers et les roses fa­nées, nettoie la statue installée sur son socleau centre de l’allée bordée de superbes ar­bres menant au château.

C’est ainsi que le 13 septembre de l’an1718 à la sortie de la Chapelle, tout le mondese dirige vers le Château qui ouvre ses por­tes aux mariés, à leur famille, et aux invités,sans oublier le prêtre, curé de Gagny.

En pénétrant dans le vestibule, lesdames avec leur belle robe à panier frôlent lesol au carrelage à damier noir et blanc, ladouble porte s’entrouvre vers les salles àmanger et le salon. Les portes fenêtres lais­sent apercevoir la superbe marquise en ro­tonde recouverte de verdure bien taillée, parcette journée justement très ensoleillée.

Tous se pressent pour fêter l’évène­ment et prendre un remontant pour apaiserles émotions !

Les invités peuvent alors admirer dansla salle à manger les murs décorés de pâ­tisseries(11), la grande cheminée en marbreblanc veiné sur laquelle repose une superbependule en bronze, de chaque côté un can­délabre avec ses bougies. Au­dessus de lacheminée une grande glace entourée demoulures qui capte, par temps ensoleillé, laclarté et le reflet du parc arboré de grands etbeaux arbres.

Les hôtes du jour peuvent égalementadmirer sur un mur de la salle à manger la

Le vestibule du châteauet son superbe sol carrelé en damiers

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superbe tapisserie de la Manufacture Royalede Beauvais représentant une scène cham­pêtre, et sa particularité de tissage : entouréed’une bordure de guirlandes de fleurs vrai­ment remarquables. Dans chaque pièce setrouvent de majestueux lustres en bronze do­ré à pendeloques de cristal, avec coupellepour supporter les bougies.

La grande table nappée de blanc estdressée, garnie de petits bouquets de roses.Les assiettes de faïence, les couverts et lesverres disposés avec soin attendent les con­vives. Les serviettes pliées sont présentéessur les assiettes. La présentation des ser­viettes a été minutieusement choisie selonl’usage de l’époque, parmi les vingt­sept fa­çons de pliage inventées par les maîtres decet art(12).

Les repas se déroulaient en plusieursservices successifs. Imaginons ce qui auraitpu être servi ce grand jour de mariage :

Menu(13)

*****Consommé aux Xérès garni de quenelles

*****Carpe à la Maréchale

Pâté d’anguilles en brioche*****

Beignets de béatilles du couvent*****

Sorbet à l’ananas et au rhum*****

Langue de bœuf au concombreRôti de bécasses et de ramiersFilet de chapon à la princesse

*****Granité à la Romaine

*****Faisan à la broche et aux truffes

*****Entremets

Céleris et cardons au poivre*****

Gougères au Saint­GermainSorbet dans une croustade de gaufre

*****Mille­feuilles

Une pyramide de Fruits de saisonavec

Les Prunes noires de GagnyLes pêches de Montreuil et de Villemomble

À volonté les pains de Gonesse plusblancs et plus fins, pétris par les forains duvillage du même nom qui les vendaient surles marchés. Les béatilles(14), mets trèsapprécié, comportaient : crête de coq, riz deveau, cervelle d’agneau. Des dragées deVerdun sont placées sur la table, déposéesdans de petites abaisses de sucre musqué etambré. Le repas est accompagné de cham­pagne et de vins choisis dans les caves duChâtelain de Maison­Blanche.

Après les agapes, les invités se pro­mènent dans le parc. Le soir venu, aprèscette belle journée d’automne, ils peuventaccéder par le superbe escalier de bois ciréaux chambres du 1er étage ou celles du deu­xième étage, certaines donnant vers le parcet les autres au­dessus du perron de l’entrée.Certaines chambres possèdent de très bellescheminées en marbre gris ou blanc, uneautre de style gothique flamboyant(15) pourfaire une petite chauffe à cette époque del’automne, où les soirées tardives sont un

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peu fraîches. D’autres reprennent leur calè­che avec les chevaux restés maintenus à laborne près de l’entrée de la propriété(16).

La vie de cette nouvelle Comtesse deSégur avec son époux se déroulera sim­plement. La Comtesse sera reconnue detous, épouse et mère exemplaire, elle donnaitl’exemple d’un dévouement conjugal. Appe­lée « femme du monde », elle recevait dansses salons, réceptions qui rivalisaient avecles plus célèbres et les plus recherchées.

Philippe­Angélique de Froissy com­tesse de Ségur mourut à l’âge de 85 ans le15 octobre 1783 dans les écuries de Mont­seigneur le Duc d’Orléans (père du futurPhilippe Egalité), rue de Provence à Paris.Selon certains écrits, les obsèques d’Angé­lique Froissy Comtesse de Ségur auraient eulieu dans la Chapelle de la Vierge en l’égliseSaint­Eustache de Paris(17). Elle avait été lé­gitimée par le Régent, le 22 avril 1722 enmême temps que son demi­frère Charles deSaint Albin, Archevêque de Cambrai.

De son union avec Henri FrançoisComte de Ségur naquirent cinq enfants, donttrois décédèrent, comme cela se produisaitsouvent à cette époque :­ Une fille, Philippine­Charlotte née le 12juillet 1719.­ Une fille, Henriette, Elizabeth née le 20septembre1722.­ Le 20 janvier 1724 à Paris des jumeauxnaquirent : Une fille, Philippe­Angélique, quine survivra pas et un garçon, le seul,Philippe, Henri Marquis de Ségur et dont laprécoce valeur se mesura à coté de sonpère, aux batailles de Rocroy et de Lawfeld.Louis XVI, le nomma Ministre de la guerre etle conserva 7 années.­ Puis, naîtra Henriette­Césarine de Ségur le2 novembre 1726, décédée le 30 avril 1782.Elle avait épousé, Bertrand Gaich Baron dela Crozes, Chevalier de Saint louis.

Le seul fils survivant de la famille deSégur, Philippe Henri de Ségur, devenuMaréchal de France, fut incarcéré durant la

Terreur à la prison de la force(18). Il sera libéréen 1800 et se trouvant dans une très grandepauvreté, Napoléon 1er lui fit verser une pen­sion. Il mourut en 1801 et fut enterré au cime­tière du Père Lachaise.

Une précision : « La Comtesse deSégur » connue par ses écrits pour les en­fants (bibliothèque rose) n’était pas Angé­lique, mais Sophie épouse d’Eugène deSégur qui était lui­même arrière petit­fils dePhilippe­Henri de Ségur Maréchal de France.

>>> Micheline PASQUET___(1) Source : Pierre comte de Ségur, Le Maréchal deSégur (1724­1801) ministre de la guerre sous LouisXVI, Paris, E. Plon, Nourrit et Cie., 1895.(2) Source : extrait du livre « Le Maréchal de Ségurpar Pierre de Ségur ».(3) Source : acte notarié, archive privée.(4) Source extrait d’une correspondance de laDuchesse d’Orléans.(5) Source extrait d’une correspondance de laDuchesse d’Orléans.(6) Source : extrait du livre « Le Maréchal de Ségurpar Pierre de Ségur ».(7) Source correspondance de la Duchesse d’Orléans.(8) Extrait d’une lettre de la Marquise de Balleroy du 6novembre 1719.(9) Source : Archives municipales de Gagny.(10) Source : Archives municipales.(11) Nom donné aux reliefs ornementaux en stuc.(12) Source : Emile Magne, Images de Paris sousLouis XIV, Paris, Calmann­Levy éditeur, 1939.(13) Source : collection privée de menus sous LouisXIV.(14) Menues viandes délicates.(15) La cheminée gothique flamboyant se trouvantdans une des pièces du 1er étage.(16) Borne servant à attacher les chevaux se trouvantde chaque côté du château.(17) Source : revue nobiliaire, héraldique etbiographique, nouvelle série, tome 8.(18) Cette prison était un hôtel particulier construit en1698, transformé en maison de détention, qui servit deprison pour la Ville de Paris de 1780 à 1845.

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membre : Virginie Allardstatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Evreux (27)profession : attachée de conservation du

pat., Musée des instruments àvent, la Couture­Boussey.

membre : Frédérick Anquetilstatut : président ; infographiste ;

correspondant localcourriel : [email protected] : Evreux (27)profession : guide­conférencier / adj. du

patrimoine Ville de Gisors.membre : Laurent Antoinestatut : correspondant localcourriel : [email protected] : Bezannes (51)profession : infographiste 3d.membre : Christian Ayraultstatut : infographistecourriel : [email protected] : Colombiers Rochelle (17)profession : artiste peintre / sculpteur /

infographiste.membre : Clémence Ayraultstatut : trésorière ; infographiste ;

correspondante localecourriel : [email protected] : La Rochelle (17)profession : enseignante.membre : Marie­Laure Billodeaustatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Matha (17)profession : agent d'accueil office de

tourisme pays de Matha.membre : Michel Billodeaustatut : non actifcourriel : aucunville : Fontaine­Chalendray (17)profession :agriculteurcéréalieren

retraite.

membre : Anne Chapeletstatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Rochefort (17)profession : agent d'accueil Capitainerie.membre : Audrey Charrierstatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Saintes (17)profession : professeure des écoles.membre : Jean­Michel Charrierstatut : correspondant localcourriel : charrierjean­[email protected] : Saintes (17)profession : professeur des écoles.membre : Emmanuelle Colladostatut : infographistecourriel : [email protected] : Villenave d'Ornon (33)profession : fouilleuse archéo. Inrap.membre : Laurie Coppinstatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Paris (75)profession : archiviste ­ documentaliste.membre : Lucie Debienstatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Angoulême (16)profession : agent administratif.membre : Georges Durandstatut : non actifcourriel : [email protected] : Lagord (17)profession : secrétaire adj. association

Archéaunis.membre : Julie Gaboritstatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Angliers (17)profession : enseignante.

L'ANNUAIRE DES ADHÉRENTS

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électronique, INHA.membre : Micheline Pasquetstatut : correspondante localecourriel : [email protected] : Gagny (93)profession : retraitée.

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