Regards de l'agam n°27 economie la logistique, une filière ancrée dans le territoire
Regards de l'agam n°32 societe quand la jeunesse s’invite dans les enjeux métropolitains
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s o c i é t é
av r i l 2 0 1 5 : N ° 3 2
portrait
portrait
chiffres-clÉs
350 000jeunes de 15-29 ans en 2011 au sein de
la métropole Aix-Marseille-Provence soit 19% de la population contre 22%
pour le référentiel
24,9 % des 15-29 ans déclarent être à la recherche d’un emploi en 2011,
soit 4 points de plus que le référentiel
17 % des 15-29 ans sont sans diplôme
en 2011, contre 13% pour le référentiel
32 % des 15-24 ans sont à temps partiel
et 1 sur 2 occupe un emploi précaire en 2011 ; autant qu’au sein du référentiel
Quand la jeunesse s’invitedans les enjeux métropolitains la jeunesse est une période de la vie qui a eu tendance à se prolonger ces dernières
décennies, notamment en raison de l’allongement des études, mais aussi des difficultés
d’insertion croissantes des jeunes.
au sein de la métropole aix-Marseille-Provence, l’allongement des études a permis une im-
portante progression des niveaux de diplôme, mais qui reste moins profitable qu’ailleurs.
Malgré un fort recul de l’échec scolaire sur les vingt dernières années, le rattrapage tend
à être moins rapide. l’une des caractéristiques du territoire est, en effet, la forte présence
de jeunes sans diplôme. Par ailleurs, on observe une moindre fréquence de la poursuite
d’études au-delà du Bac+2. Concernant l’insertion professionnelle, malgré une progression
de la demande d’emploi des jeunes durant la crise moins rapide qu’à l’échelle nationale,
en 2011 un jeune sur quatre déclare être au chômage. Un tiers des jeunes en emploi est à
temps partiel et un sur deux occupe un emploi précaire.
l’un des principaux enjeux du territoire concerne la lutte contre l’échec scolaire, en parti-
culier dans les territoires les plus défavorisés. il constitue également un enjeu de cohésion
sociale. Face à de nouveaux entrants de plus en plus diplômés sur le marché du travail et
à une faible disponibilité des emplois, être détenteur d’au moins un premier niveau de
diplôme devient incontournable pour les jeunes afin d’éviter des difficultés d’insertion
professionnelle sur le long terme. De surcroît, l’évolution des niveaux de diplôme de la
population a également un impact sur le développement économique du territoire, tou-
jours en recherche de compétences. la lutte contre le chômage des jeunes passe aussi
par la mobilisation d’autres moyens d’actions (mobilité, lutte contre les discriminations…).
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2 Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains
La jeunesse : une période de plus en plus longue
la sociologie définit la jeunesse bien plus comme un
passage qu’un état, une phase intermédiaire d’apprentis-
sage des rôles adultes. Ce processus comprend diverses
étapes : la fin des études, avoir un emploi stable, quitter le
domicile parental, se mettre en couple, avoir des enfants
(étapes qui ne seront néanmoins pas nécessairement
toutes réalisées). 1 le franchissement de ces étapes est
aujourd’hui nettement plus long que par le passé, et ses
contours sont moins définis. D’un point de vue statistique,
la période de la jeunesse peut désormais concerner les
15-29 ans et non plus seulement les 15-24 ans. l’allonge-
ment des études, mais également du temps d’accès à un
emploi stable, contribuent au prolongement de la période
de la jeunesse. Selon le CrEDOC, "entre 1979 et 2010, la
proportion d’étudiants dans la tranche d’âge 18-29 ans est
passée de 16% à 30%". 2 Et la part des jeunes de 15 à 24 ans
en CDi est passée de plus de 60% au début des années 90
à 50% en 2009.
les modes de socialisation des jeunes sont également
plus complexes, avec le passage du modèle de "l’identi-
fication", à celui de "l’expérimentation" (O. Galland) 3. le
premier modèle, celui de la reproduction sociale d’une
génération à l’autre, tend à s’épuiser. les jeunes sont en
effet souvent plus diplômés que leurs parents et ne sont
pas forcément en mesure de suivre la même voie profes-
sionnelle, en raison de la transformation de la structure so-
cioprofessionnelle. les jeunes auraient également de plus
grandes aspirations de mobilité sociale. ils doivent donc
désormais construire par eux-mêmes leur identité et leur
statut social, dans un monde en perpétuelle mutation. la
famille continue néanmoins de jouer un rôle important,
sur un mode moins autoritaire, mais plus d’accompagne-
ment et de soutien.
Aix-Marseille-Provence : moins de jeunes, mais un solde migratoire positif
au sein de la métropole aix-Marseille-Provence (aMP),
350 000 jeunes de 15 à 29 ans sont recensés par l’insee
en 2011. ils sont proportionnellement moins présents
que dans les grandes aires urbaines comparables : 19%
de la population, contre 22% pour les aires urbaines de
comparaison 4. les jeunes sont davantage représentés
dans les territoires de la métropole qui abritent une forte
population étudiante : aix-en-Provence, les 1er, 5e et 6e
arrondissements de Marseille (entre 23% et 27%). la faible
proportion des jeunes dans la population métropolitaine
fait, en partie, suite à un recul de 2% de leur nombre
durant les cinq dernières années, tandis que l’ensemble
de la population progresse (+2%), notamment en raison
d’une forte hausse des plus de 60 ans (+11%). Cette évo-
lution tranche avec celle des aires urbaines du référentiel,
pour lesquelles on constate une hausse du nombre de
jeunes (+2%), même si elle reste moins rapide que pour
l’ensemble de la population (+4%).
Pour autant, si on observe les migrations résidentielles des
jeunes de 20 à 29 ans sur la période la plus récente dispo-
nible (2003-2008), on constate que le solde migratoire est
positif pour aMP (+ 2 170 jeunes). le territoire se révèle
attractif pour les jeunes en formation (+ 4 700 personnes).
Néanmoins, une partie des jeunes semble le quitter pour
accéder à l’emploi, puisque le solde migratoire est négatif
pour les 20-29 ans au chômage (- 810 personnes) et ceux
en emploi (- 1 700 personnes). On retrouve cette tendance
au sein de la communauté urbaine de lille (dans des pro-
portions plus importantes), tandis que Grand lyon enre-
gistre un solde positif pour toutes les catégories de jeunes.
les Jeunes... De qui parle-t-on ?
1. Les Jeunes d’aujourd’hui : quelle société pour demain, Credoc, déc. 2012 2. Op. cit. p 21 3. Sociologie de la jeunesse, Olivier Galland, Éditions Armand Colin, 2001 4. Quatre aires urbaines prises en compte : Lille, Bordeaux, Lyon et Toulouse. Les aires
urbaines sont des espaces homogènes de par leur continuité géographique et de par les déplacements domicile-travail
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N taUx DE ChôMaGE DES 15-29 aNS EN 2011 - aix-MarSEillE-PrOvENCE
TAUX DE CHÔMAGE (au sens du RP)
moins de 15%
de 15% à 20%
de 20% à 25%
de 25% à 30%
de 30% à 35%
de 35% à 40%
de 40% à 44%
Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains
Une dégradation des conditions d’insertion des jeunes en France
Si l’allongement des études constitue une évolution favo-
rable quant à la progression des niveaux de diplôme de
la population, l’accès plus tardif à un emploi stable, mais
aussi la hausse du chômage, fragilisent les jeunes. les
difficultés d’insertion des jeunes sont en effet croissantes.
Selon le CrEDOC, "depuis plus de trente ans, le taux de
chômage a toujours été plus élevé pour les jeunes que
pour les plus âgés. En période de difficultés conjonctu-
relles, le taux de chômage des jeunes a tendance à sur-
réagir, l’emploi des jeunes servant de variable d’ajuste-
ment parmi d’autres." 5 l’écart entre le taux de chômage
des jeunes et de l’ensemble des actifs s’est donc creusé
en réaction aux difficultés économiques. Entre 1990 et
2009, d’une part, la proportion de jeunes en CDi a reculé
de plus de 10 points à l’échelle nationale, alors qu’elle a
légèrement progressé pour l’ensemble des salariés (de
76% à 78%) ; d’autre part, le taux de chômage des jeunes
(au sens du Bureau international du travail) est passé de
15,4% à 23,7% (+8,3 points), tandis que celui de l’ensemble
des actifs est resté relativement stable (de 7,9% à 9,1% soit
+ 1,2 point). 6
D’importantes difficultés d’accès à l’emploi dans notre territoire…
au sein de la métropole aMP, on observe des difficultés
d’insertion particulièrement importantes pour les jeunes.
Elles sont également nettement plus marquées que pour
l’ensemble des actifs. ainsi, en 2011, 24,9% des 15-29 ans
déclarent être à la recherche d’un emploi, contre 15%
pour l’ensemble des actifs (rP insee). Ce taux est de quatre
Des difficultés d'insertion croissantes
5. Op. cit., p197 6. Données Insee enquête emploi 2009 - CREDOC
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points supérieur à la moyenne des grandes aires urbaines
comparables. les taux de chômage des jeunes sont parti-
culièrement élevés au sein des arrondissements défavo-
risés de Marseille (entre 30% et 44% dans les 13e, 16e, 2e,
1er, 15e, 3e et 14e arr.), ainsi que dans la commune de Berre-
l’Étang (33%), ou encore celle de Port-de-Bouc (37%).
les conditions d’emploi des jeunes se caractérisent quant
à elles par une forte précarité, mais autant qu’au sein du
référentiel. 32% des 15-24 ans sont à temps partiel au
sein de la métropole (42% pour les jeunes femmes et 24%
pour les jeunes hommes), contre 18% de l’ensemble des
actifs. Ces taux sont équivalents à ceux observés au sein
des grandes aires urbaines comparées. la part des jeunes
salariés à temps partiel est plus élevée au sein notamment
des territoires abritant une forte population étudiante (1er,
5e, 6e arr. et aix-en-Provence), ainsi que dans le 3e arrondis-
sement de Marseille qui est particulièrement défavorisé et
le 13e arrondissement (entre 36% et 44%). De surcroît, un
jeune métropolitain sur deux occupe un emploi précaire
(hors CDi et fonction publique), contre 15% pour l’en-
semble des actifs, à l’image des taux observés au sein du
référentiel. Parmi les communes les plus concernées, on
retrouve istres, Martigues, Salon-de-Provence et les 1er, 3e,
5e et 9e arrondissements de Marseille (entre 54% et 60%).
…mais une dégradation moins rapide qu’à l’échelle nationale durant la crise
Entre janvier 2009 et janvier 2015, le nombre de deman-
deurs d’emploi de moins de 25 ans a progressé de 27%
au sein des Bouches-du-rhône (soit + 5 500 jeunes), pour
atteindre 26 000 jeunes en janvier 2015 (cat. aBC) 7. Cette
hausse importante reste néanmoins inférieure à celle ob-
servée à l’échelle nationale (+30%). la progression de la
demande d’emploi des jeunes est également bien en deçà
de celle de l’ensemble des actifs (+48% pour les Bouches-
du-rhône et +57% en France), en lien, notamment, avec
les mesures gouvernementales à l’attention des jeunes
(emplois d’avenir…). Cet écart est néanmoins à relativiser.
En effet, les jeunes peuvent renoncer à s’inscrire à Pôle
emploi, soit par découragement, soit parce qu’ils n’ont pas
de droits au chômage. En France, on estime à 1,9 million
le nombre de jeunes de 15 à 29 ans qui ne seraient ni en
emploi, ni en formation, et dont près de la moitié (900 000
jeunes) ne chercherait pas d’emploi (NEEt : not in employ-
ment, education or training) 8.
Par ailleurs, au fil des mois, on constate que les jeunes ont
fortement subi les effets de la crise en début de période,
et plus longuement sur notre territoire qu’à l’échelle natio-
nale. En effet, au sein des Bouches-du-rhône, la progres-
sion de la demande d’emploi des moins de 25 ans est plus
Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains
7. Statistiques du Marché du Travail-Pôle Emploi / Direccte-Sepes, traitement Agam
8. L’emploi des jeunes peu qualifiés en France, P. Cahuc, S. Carcillo et K. F. Zimmermann, Les notes du Conseil d’analyse stratégique n°4, avril 2013
Paroles d’acteur
isabelle langloisChargée de mission Éducation
au GIP Politique de la ville
“ Nous sommes en pleine phase de construction des nou-veaux contrats de ville, qui prendront le relais des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) pour la période 2015-2020. Ces nouveaux contrats proposent une nouvelle approche de la jeunesse dans une logique de travail en réseaux et de diagnos-tic partagé. Jusqu’à présent le CUCS de Marseille était struc-turé en sept thématiques : habitat et cadre de vie, éducation, santé, culture, emploi, prévention de la délinquance, citoyen-neté et accès aux droits... portées par le GIP Politique de la Ville pour l’action sociale envers les habitants et par le GIP Marseille Rénovation urbaine pour le traitement urbain des quartiers. La jeunesse était abordée dans ces 7 thématiques dont l’édu-cation qui regroupe 3 champs : la famille, le monde scolaire et les loisirs. Mais, ces trois sphères ne peuvent pas être cloi-sonnées, c’est tout l’objet des contrats de ville. Aujourd’hui, on travaille sur ces axes bien sûr, mais l’entrée est avant tout un "projet jeunesse". Cette notion de parcours et de public plutôt que thématique est une véritable avancée. Elle apporte une approche globale et transversale de la jeunesse. C’était une demande très forte des associations et des institutions. Aujourd’hui, certains ne voient les jeunes qu’à travers le prisme de l’échec : décrochage scolaire, difficultés d’insertion professionnelle, délinquance. Poser un regard bienveillant sur eux, c’est leur faire confiance et les voir comme des ressources plutôt qu’un danger pour la société. Comment les aider à de-venir adulte et leur donner leur place dans notre société ? Dans le contrat de ville, un volet important est donné à la "partici-pation des habitants, au pouvoir d’agir". Les jeunes sont majo-ritaires dans ces quartiers, comment peuvent-ils être force de propositions ?L’enjeu majeur est de concentrer les actions et de faire levier pour améliorer les conditions de vie urbaine et sociale. Il est nécessaire de raccrocher les habitants de ces quartiers au reste de la ville et de renforcer le droit commun au sein de ces quar-tiers pour y parvenir. ”
les missions locales au service des jeunesActeur incontournable auprès des jeunes de 16 à 25 ans, les mis-sions locales les accompagnent depuis plus de 30 ans dans leur recherche d’autonomie. Chaque jeune peut bénéficier de réponses individualisées pour définir son projet professionnel et les étapes de sa réalisation, pour établir son projet de formation et l’accomplir, pour accéder à l’emploi et s’y maintenir. La mission locale assure des fonctions d’accueil, d’information, d’orientation et d’accompagne-ment pour résoudre l’ensemble des problèmes que pose leur inser-tion sociale et professionnelle en mobilisant les partenaires locaux, des entreprises et les collectivités locales. La Mission Locale de Marseille est la plus importante structure de France avec 29 relais répartis sur l’ensemble de la commune et 197 salariés. Elle anime notamment les mesures et dispositifs nationaux, régionaux et locaux : CIVIS, emplois d’avenir, mise en place de la garantie jeune.
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5Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains
Le niveau de diplôme : premier déterminant de la capacité d’insertion
le niveau de diplôme constitue le premier déterminant
de la capacité et de la qualité de l’insertion profession-
nelle (emploi stable, rémunération…). l’insee 10 montre
que le taux de chômage des personnes sorties depuis un
à quatre ans de formation initiale est de 47% lorsqu’elles
n’ont pas ou peu de diplôme (au maximum le Brevet des
collèges), tandis que ce taux chute à 28% avec un premier
niveau de formation (CaP-BEP), 22% avec un Baccalauréat
et 10% avec un niveau supérieur.
le taux de chômage est également lié à l’ancienneté sur
le marché du travail. toujours selon l’insee, le taux de
chômage passe de 20% pour un débutant sur le marché
du travail, à 12% pour une ancienneté de 5 à 10 ans et à
8% au-delà de 10 ans. Néanmoins, l’expérience profession-
nelle ne pallie que partiellement et que progressivement
le handicap que constitue l’absence de diplôme. ainsi, le
taux de chômage des non diplômés est de 31,5% avec une
ancienneté de 5 à 10 ans, soit un niveau qui reste supérieur
à celui d’un débutant avec un CaP-BEP (28%).
Mais d’autres facteurs interviennent dans l’accès à l’emploi.
Selon le CErEQ 11, un jeune issu de l’immigration (parents
nés à l’étranger), à niveau et parcours scolaire équivalents,
a un risque de chômage près de deux fois supérieur à celui
d’un jeune dont les parents sont nés en France. le lieu
d’habitation a aussi un impact, même s’il reste de moindre
ampleur : le risque de chômage est multiplié par 1,5 pour
les jeunes domiciliés en ZUS 12. autre facteur de difficulté
d’insertion, la nécessité de mobiliser un réseau pour trou-
ver un emploi. Selon l’insee, 21% des 18-29 ans ont mobi-
lisé leur réseau pour trouver l’emploi qu’ils occupent. De
surcroît, le réseau se révèle d’autant plus important que le
niveau de diplôme est faible (36% des non diplômés ont
mobilisé leur réseau pour trouver leur emploi contre 11%
pour les niveaux supérieurs à Bac+2) 13. On observe égale-
ment un lien entre l’exercice d’une activité professionnelle
et la possession du permis (avoir le permis favorise-t-il
l’accès à un emploi ou l’inverse ?). En effet, à Marseille, les
jeunes qui occupent un emploi sont nettement plus fré-
quemment détenteurs du permis de conduire (69% hors
CUCS 14 et 65% en CUCS) que les chômeurs (36% hors
CUCS et 26% en CUCS). Et 61% des 18-24 ans utilisent leur
voiture pour aller travailler 15.
la formation : un élément clé de l'insertion
9. STMT - Pôle emploi, Dares. Calculs des CVS : Direccte Paca / Sese, traitement Agam
10. Enquêtes emploi, 2012
11. Parcours d’insertion et sentiment de discrimination des secondes générations en ZUS, Y. Brinbaum et C. Guegnard, in Les Nouvelles ségrégations scolaires et professionnelles, CEREQ, mai 2011
12. Zone Urbaine Sensible
13. Enquête Emploi 2009 Insee, traitement CREDOC
14. Contrat Urbain de Cohésion Sociale
15. Exploitation Enquête Ménages Déplacements 2009, Agam
rapide que celle de l’ensemble des actifs jusqu’à la fin de
2e trimestre 2010 9. a l’échelle nationale, ce changement de
tendance s’opère plus tôt (dès le premier trimestre 2010).
Par la suite, la hausse du chômage des jeunes restera en
deçà de celle de l’ensemble des actifs. On notera égale-
ment que si la demande d’emploi des jeunes se maintient
à un niveau élevé en début de période, on observe une
situation plus proche de la moyenne nationale à partir du
2e trimestre 2012, et même plus favorable à partir du 2e
trimestre 2014.
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6 Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains
Une forte présence des jeunes sans diplôme
la métropole aMP se caractérise par une forte présence
de non diplômés : 17% des 15-29 ans sont sans diplôme
en 2011, soit un niveau nettement supérieur à celui ob-
servé au sein du référentiel (13%). les taux les plus élevés
sont notamment observés au sein des arrondissements
défavorisés de Marseille (entre 21% et 34% dans les 1er,
2e, 3e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements), ainsi que dans
les communes de Marignane (20%), Salon-de-Provence
(20%), Port-de-Bouc (26%) et Berre-l’Étang (30%).
Sur les vingt dernières années, l’échec scolaire a néan-
moins fortement reculé au sein de la métropole. les 16-24
ans sans diplôme représentaient 30% de la population
non scolarisée en 1990 ; ils ne sont plus que 19% en 2011.
Ce recul (-11 points) correspond à celui du référentiel.
Néanmoins, au sein du référentiel, les aires urbaines de
Bordeaux et de lille, qui enregistraient en 1990 un niveau
de jeunes sans diplôme proche de celui de la métropole
aMP (respectivement 28% et 30%), connaissent un rattra-
page plus rapide (respectivement -15 points et -13 points).
ainsi, en 2011, Bordeaux fait état d’une part de jeunes sans
diplôme désormais dans la moyenne (13% contre 14%
pour lyon et 12% pour toulouse). lille reste à un niveau
plus élevé (17%), mais de 2 points inférieurs à la métropole
aMP. On notera le recul particulièrement important enre-
gistré par Pertuis (de 37% à 13%), Port-de-Bouc malgré des
N Part DES 16-24 aNS SaNS DiPlôME aU SEiN DES airES UrBaiNES Et DE la MÉtrOPOlE aix-MarSEillE-PrOvENCE
10%
15%
20%
25%
30%
RP1990 RP1999 RP2006 RP2011
AU Toulouse
AU Lille
AU Lyon
AU BordeauxAix-Marseille-Provence
Source : Insee 2011, traitement Agam
PART DES NON-DIPLÔMÉS
de 30% à 34%
de 25% à 30%
de 20% à 25%
de 15% à 20%
de 10% à 15%
inférieure à 10%
N Part DES 15-29 aNS SaNS DiPlôME - aix-MarSEillE-PrOvENCE
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7Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains
taux encore élevés (de 47% en 1990 à 26% en 2011), ou en-
core de Gardanne (de 33% à 13%). la baisse est d’environ
10 points pour Marseille (de 33% à 22%), vitrolles (de 27%
à 16%), Martigues (de 29% à 19%), ou aix-en-Provence
(de 22% à 13%). Berre l’Etang peine à faire reculer l’échec
scolaire durant cette période (de 33% à 28%), ainsi que
Miramas (de 29% à 23%).
autre spécificité de la métropole aix-Marseille-Provence,
le territoire enregistre une moindre fréquence de pour-
suite d’études au-delà de Bac+2. Seuls 15% des 15-29 ans
sont titulaires d’un diplôme supérieur à Bac+2 contre 20%
en moyenne dans grandes aires urbaines comparables.
les taux sont particulièrement bas (entre 5% et 12%) dans
les 3e, 11e, 13e, 14e et 15e arrondissements de Marseille, ainsi
que dans les communes Port-de-Bouc, Berre-l'Étang, Mira-
mas, Fos-sur-Mer, istres, Marignane et Salon-de-Provence.
a l’inverse, les 1er, 2e, 5e, 6e, 7e et 8e arrondissements et
aix-en-Provence enregistrent des taux élevés (entre 21%
et 32%).
Une réussite scolaire corrélée à l’origine sociale
Si le diplôme a un impact déterminant sur la capacité
d’insertion des jeunes, son obtention n’est pas neutre so-
cialement. a l’échelle nationale, l’insee montre que, statis-
tiquement, le premier déterminant du niveau de diplôme
d’un élève est le niveau de diplôme de ses parents. Une
personne dont le père est non diplômé a 17% de chances
pour les hommes et 20% pour les femmes de décrocher
un Baccalauréat ou plus, contre 74% des hommes et 79%
des femmes dont le père détient le Baccalauréat ou plus 16.
les inégalités scolaires s’observent de fait dès l’école pri-
maire et les écarts tendent à se creuser au fur et à mesure
de l’avancée dans la scolarité 17. Mais d’autres facteurs
interviennent qu’ils soient sociodémographiques (être
d’origine étrangère, le sexe…), familiaux (familles mono-
parentales ou nombreuses), économiques, ou liés à l’école
(organisation de l’école, orientation…) 18. Ces facteurs se
conjuguent et se renforcent entre eux, amplifiant la vulné-
rabilité de certains jeunes ou groupes de jeunes au décro-
chage scolaire.
Paroles d’acteur
Michèle rouZierCoordinatrice du bassin Littoral Nord
de la Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire
“ La lutte contre le décrochage scolaire (nous disons plutôt maintenant le raccrochage et la persévérance scolaire) est une thématique prioritaire du gouvernement et de l’acadé-mie. La mission regroupe 62 personnes au sein de l’académie d’Aix-Marseille. Elle dépend de financements européens, du ministère de l’Éducation via le rectorat, et de la région. Nous intervenons avec plusieurs dispositifs sur la prévention des ruptures, et surtout sur des actions de formation pour les jeunes de plus de 16 ans sortis du système sans qualifica-tion, uniquement sur les lycées, mais aussi en appui technique auprès des équipes des collèges du secteur. L’objectif est de remobiliser les élèves meurtris par l’échec vers une forma-tion et un projet professionnel. Nous travaillons en parte-nariat étroit avec les éducateurs de l’ADDAP13 (Association départementale pour le développement des actions de pré-vention), avec les familles et nous allons jusqu’à contacter les entreprises pour des stages. Il faut beaucoup de médiation, d’information et de communication pour que ça fonctionne. La solidarité interprofessionnelle est essentielle. Nous travail-lons en étroite collaboration avec les acteurs des établisse-ments (CPE, enseignants, assistantes sociales et conseillers d’orientation-psychologues), mais nous cherchons également d’autres partenariats pour élargir le champ des possibles. Par exemple, nous avons établi depuis deux ans un partenariat avec le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Il est nécessaire, auprès de ces jeunes, de retravailler leur per-ception de l’échec. Bien sûr il y a un manque d’investissement, mais il ne faut pas oublier l’environnement social et urbain dans lequel ils vivent. On cherche des leviers, des partenaires et on les suit dans la durée pour reconstruire de la cohérence dans des parcours chaotiques. On met de l’huile dans les rouages du système éducatif, notre rôle est d’apporter de la souplesse pour que les jeunes puissent se réinvestir dans un esprit de bienveillance. Le dispositif de "passerelle", par exemple, est emblématique. Il permet aux jeunes entrés dans une filière, de changer en cours d’année et ça marche ! ”
16. Enquête Formation et Qualification Professionnelle de 2003, Insee, parmi les 25-59 ans
17. Les inégalités de réussite à l’école élémentaire : construction et évolution, J.P. Caille et F. Rosenwald, Insee, France, portrait social - Édition 2006
18. Le décrochage scolaire : perspective générale, Éducation et francophonie, Jeunes à risque : État de leur situation, R. Ouellet, vol. XXII, no 1, avril 1994
la mobilité sociale et résidentielle des jeunes en questionEntretiens avec des jeunes Marseillais sur leurs difficultés d’insertion En 2013, le Conseil de développement de Marseille Provence Métropole a réalisé des entretiens de groupe auprès de jeunes Marseillais en difficulté d’insertion. Au total, 26 jeunes on été interviewés, âgés de 18 à 26 ans, aux profils et lieux d'habitation différents. L’Agam analyse ces entretiens.
Pour les jeunes interviewés, l’accès à un emploi stable se confond avec l’entrée dans le statut d’adulte, au travers de l’autonomie financière et résidentielle. Ils adhérent à un modèle plutôt classique. Ils souhaitent par le travail pouvoir subvenir aux besoins de la famille qu’ils fonderont, avoir une maison, une voiture, partir en vacances…, "être comme les autres". L’accès à un emploi stable s’accompagnerait d’une mobilité géographique, puisqu’ils sont nombreux à souhaiter quitter leur lieu de résidence : "tant que tu vis dans un HLM, c’est que tu n’as pas réussi". L’accès à l’emploi per-mettrait ainsi de rompre avec la précarité et par la même avec une forme d’exclusion sociale et territoriale. Les jeunes souhaitent offrir à leurs enfants un environnement disposant de plus de possibilités (scolarité, cadre de vie…) et échapper aux stigmates de leur lieu de résidence.
Les jeunes abordent en effet la question de la relégation des quartiers dans lesquels ils vivent. L’école notamment y offrirait moins de possibili-tés (concentration de l’échec scolaire, pas les mêmes chances de réussite selon la situation familiale, manque d’aide de l’institution scolaire). De surcroît, ils ont le sentiment d’avoir été catalogués très tôt : "les bons élèves d’un côté, les mauvais de l’autre", "tu feras un petit chemin, un petit métier". Cette situation s’accompagnerait par la suite de choix d’orienta-tion restreints et souvent contrariés, pouvant conduire à des impasses sco-laires et professionnelles : "ce n’est pas mon projet, c’est leur projet à eux".
Concernant l’accès à l’emploi, les jeunes expriment un certain désarroi face à leurs difficultés d’insertion : "on cherche mais on ne trouve pas". Le chômage et la précarité des emplois, sont en effet plus marqués pour cette catégorie d’âge. Les jeunes identifient bien cette période de la vie comme moins propice à l’accès à l’emploi, notamment au regard de leur faible expérience professionnelle. Ils citent également des facteurs liés aux discriminations à l’adresse, ou encore à un accès plus limité à la cooptation. Ils expriment également le souhait de participer pleinement à la vie sociale, au même titre que les autres actifs : "laissez-nous notre chance", "il faut faire avec les jeunes et pas sans eux". Malgré les difficultés qu’ils rencontrent, lorsqu’on demande aux jeunes de se projeter à trois ans, ils se révèlent plutôt optimistes quant à la réalisation de leurs projets professionnels et personnels.
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s o c i é t é
A Marseille, des territoires précarisés qui subissent un fort échec scolaire
la ségrégation territoriale a également un effet sur la
réussite scolaire des élèves 19. D’une part, quel que soit
le niveau socioculturel de leurs parents, les enfants sont
beaucoup plus souvent en retard à l’école quand ils ha-
bitent dans un voisinage où le taux de retard scolaire des
autres enfants est fort (que le faible niveau socioculturel
des autres familles soit associé ou non) 20, même si les
différences de contexte pèsent toujours moins que les
caractéristiques individuelles sur la réussite des élèves 21.
D’autre part, les choix résidentiels et les choix scolaires des
ménages s’interpénètrent et ont un impact en matière de
ségrégation urbaine et scolaire 22 : les collèges situés dans
les quartiers populaires ou mixtes sont ainsi plus ségré-
gués que les secteurs de recrutement eux-mêmes.
a Marseille, dans les collèges situés dans les quartiers prio-
ritaires, 66% des élèves en moyenne sont issus de caté-
gories sociales défavorisées, contre seulement 19% des
élèves hors CUCS. les résultats des évaluations d’entrée
en 6e montrent des écarts significatifs : le taux de réussite
médian à ces examens (français et mathématiques) n’est
que de 47% en CUCS contre 60% hors CUCS. les difficultés
ont tendance à s’accumuler avec l’avancée de la scola-
rité et se traduisent par une moindre poursuite d’études.
10% des élèves quitteront le système éducatif après la
3e dans les territoires CUCS, soit deux fois plus que dans
le reste du territoire marseillais. Et lorsqu’ils accèdent au
second cycle, les élèves scolarisés en CUCS s’orientent plus
fréquemment vers la voie professionnelle (1/3 seulement
accède à une seconde générale).
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Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaiseLouvre & Paix – La Canebière – CS 41858 13221 Marseille cedex 01Tél : 04 88 91 92 11 - e-mail : [email protected]
Directeur de la publication : Christian BrunnerRédaction : Aurélie Soulier, Isabelle ColletConception / Réalisation : Pôle graphique AgamMarseille - Avril 2015Numéro ISSN : 2266-6257
Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains
19. Observatoire des quartiers, Zoom éducation, Agam, GIP Politique de la ville de Marseille, décembre 2012
20. Composition sociale du voisinage et échec scolaire, une évaluation sur données françaises, D. Goux & E. Maurin, Presses de Sciences Po, Revue économique, 2005/02, vol. 56, pp. 349-361
21. J.P. Caille & F. Rosenwald, op. cit. p. 134
22. Les effets de l’assouplissement de la carte scolaire, M. Oberti, E. Préteceille, C. Rivière, rapport de recherche réalisé pour La Halde et le ministère de l’Éducation nationale, janvier 2012