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QUESTIONNEMENT La ville, lieu de tous les possibles ? Si le thème de la nature a occupé le début du cycle 4, a permis aussi de soulever des réflexions importantes sur la manière de la préserver, c’est que le monde dans lequel nous vivons est aussi urbain, et que cette place de la ville, dans nos vies et sur la planète, est omniprésente. Or les élèves ont sans doute eu l’occasion, sous forme de rédaction ou de débat, de traiter le sujet suivant : « Préférez-vous vivre à la ville ou à la campagne ? Pourquoi ? » Une telle question ne peut guère, à notre époque, donner des réflexions fécondes. En effet, beaucoup d’adolescents de la ville et de sa banlieue sont essentiellement citadins et ignorent ce qu’est la vie rurale ; ceux qui vivent loin de l’univers urbain en ont une image souvent inquiétante et négative. Le fait que ce thème est posé en question complémentaire donne la possibilité de le traiter de manière très libre et très ouverte. Ce que nous avons souhaité mettre en avant, –comme y invitent les programmes – c’est la complexité des relations entretenues avec les villes qui portent en elles-mêmes leurs richesses et leurs dangers. Développer la sensibilité des élèves, c’est aussi leur faire comprendre que toute qualité a son envers, que la nuance, la complexité, voire l’ambivalence font partie de la vie et qu’il importe de trouver son chemin au milieu de ces contradictions. Faire jouer ces oppositions en parlant de la ville n’est pas en donner une vision manichéenne, bien au contraire, c’est en dégager la dimension poétique là où on ne l’attend pas forcément, c’est trouver la force de vivre là où rien ne semble facile ; c’est comprendre que la friche urbaine contemporaine est le terrain où vont se construire les futurs citoyens. Cette étude est aussi l’occasion d’abandonner un certain nombre de clichés sur la ville : sa modernité sans âme, sa violence, loin du raffinement du passé… Nous avons précisément voulu montrer que toute cité se dresse sur sa propre histoire et que regarder la ville, c’est faire une sorte de promenade diachronique à travers les siècles. Aussi riche de ses monuments que des œuvres qu’elle a fait naitre dans l’imagination des écrivains, ou au travers des créations artistiques qui la peuplent, la ville est non seulement un lieu de vie mais aussi de culture intense. C’est le sens de nos choix. En effet, plutôt que de présenter « la » ville dans un anonymat indistinct, nous en avons distingué trois, dont l’identité historique et culturelle est à la fois source de rêve et d’inspiration, d’ombre et de mystère aussi : New-York, Venise et Paris. À chacune, nous avons associé une forme d’art qui nous parait représentative de ce qu’elle incarne : le cinéma pour la ville américaine, la peinture pour la cité vénitienne, la photographie pour les instants parisiens. New-York, ville rêvée, ville réelle, est sans doute celle dont les contrastes sont les plus violents. Ville de liberté et d’accueil pour les exilés du monde entier, elle peut devenir féroce et faire de la vie un parcours du combattant. Parcourue chaque jour par une foule immense, elle est aussi celle de la solitude et des désillusions. Mais elle s’affirme comme le lieu de tous les possibles, de tous les contrastes aussi, où les lumières de la nuit côtoient les arbres de Central Park. En perpétuel effervescence culturelle, elle est aussi un des centres où le jazz a trouvé son lieu d’expression. Venise, port elle aussi, ouverte sur l’orient, ville des richesses, des secrets et du raffinement, a, par sa fragilité même, hanté l’imaginaire des écrivains et des artistes. Nous avons souhaité montrer qu’elle continuait à alimenter la création, et les déambulations de Corto Maltese dans les ruelles vénitiennes sont autant de jeux de piste pour faire entrer les élèves dans les arcanes de la Sérénissime. De Paris, que n’a-t-on dit ? Là encore, pour éviter clichés et poncifs, nous avons tenté de proposer des documents qui à la fois confirment une réputation mais en même temps montrent des aspects contrastés de la ville, justifiant sa double identité de ville d’ombre et de lumière. Sa force de vie, ses fulgurances, transparaissent dans les photographies qui arrêtent l’instant sur ces images de bonheur suspendu. Sa part d’ombre se révèle dans les formes volontairement obscures de la littérature policière et devient le cadre idéal pour les intrigues inquiétantes. Dans tous les cas, ces villes – et bien d’autres auraient été tout aussi riches à évoquer – sont la source des arts et de la littérature. L’univers urbain est une création permanente, une poésie quotidienne, tant dans ses nouvelles architectures, où la nature peut entrer, que dans les œuvres d’artistes et d’écrivains qui ne cessent de la réinventer. 123 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 4 e – Livre Ressources

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QUESTIONNEMENT La ville, lieu de tous les possibles ?

Si le thème de la nature a occupé le début du cycle 4, a permis aussi de soulever des réflexions importantes sur la manière de la préserver, c’est que le monde dans lequel nous vivons est aussi urbain, et que cette place de la ville, dans nos vies et sur la planète, est omniprésente. Or les élèves ont sans doute eu l’occasion, sous forme de rédaction ou de débat, de traiter le sujet suivant : « Préférez-vous vivre à la ville ou à la campagne ? Pourquoi ? » Une telle question ne peut guère, à notre époque, donner des réflexions fécondes. En effet, beaucoup d’adolescents de la ville et de sa banlieue sont essentiellement citadins et ignorent ce qu’est la vie rurale ; ceux qui vivent loin de l’univers urbain en ont une image souvent inquiétante et négative. Le fait que ce thème est posé en question complémentaire donne la possibilité de le traiter de manière très libre et très ouverte. Ce que nous avons souhaité mettre en avant, –comme y invitent les programmes – c’est la complexité des relations entretenues avec les villes qui portent en elles-mêmes leurs richesses et leurs dangers. Développer la sensibilité des élèves, c’est aussi leur faire comprendre que toute qualité a son envers, que la nuance, la complexité, voire l’ambivalence font partie de la vie et qu’il importe de trouver son chemin au milieu de ces contradictions. Faire jouer ces oppositions en parlant de la ville n’est pas en donner une vision manichéenne, bien au contraire, c’est en dégager la dimension poétique là où on ne l’attend pas forcément, c’est trouver la force de vivre là où rien ne semble facile ; c’est comprendre que la friche urbaine contemporaine est le terrain où vont se construire les futurs citoyens. Cette étude est aussi l’occasion d’abandonner un certain nombre de clichés sur la ville : sa modernité sans âme, sa violence, loin du raffinement du passé… Nous avons précisément voulu montrer que toute cité se dresse sur sa propre histoire et que regarder la ville, c’est faire une sorte de promenade diachronique à travers les siècles. Aussi riche de ses monuments que des œuvres qu’elle a fait naitre dans l’imagination des écrivains, ou au travers des créations artistiques qui la peuplent, la ville est non seulement un lieu de vie mais aussi de culture intense. C’est le sens de nos choix.

En effet, plutôt que de présenter « la » ville dans un anonymat indistinct, nous en avons distingué trois, dont l’identité historique et culturelle est à la fois source de rêve et d’inspiration, d’ombre et de mystère aussi : New-York, Venise et Paris. À chacune, nous avons associé une forme d’art qui nous parait représentative de ce qu’elle incarne : le cinéma pour la ville américaine, la peinture pour la cité vénitienne, la photographie pour les instants parisiens.

▶▶ New-York, ville rêvée, ville réelle, est sans doute celle dont les contrastes sont les plus violents. Ville de liberté et d’accueil pour les exilés du monde entier, elle peut devenir féroce et faire de la vie un parcours du combattant. Parcourue chaque jour par une foule immense, elle est aussi celle de la solitude et des désillusions. Mais elle s’affirme comme le lieu de tous les possibles, de tous les contrastes aussi, où les lumières de la nuit côtoient les arbres de Central Park. En perpétuel effervescence culturelle, elle est aussi un des centres où le jazz a trouvé son lieu d’expression.

▶▶ Venise, port elle aussi, ouverte sur l’orient, ville des richesses, des secrets et du raffinement, a, par sa fragilité même, hanté l’imaginaire des écrivains et des artistes. Nous avons souhaité montrer qu’elle continuait à alimenter la création, et les déambulations de Corto Maltese dans les ruelles vénitiennes sont autant de jeux de piste pour faire entrer les élèves dans les arcanes de la Sérénissime.

▶▶ De Paris, que n’a-t-on dit ? Là encore, pour éviter clichés et poncifs, nous avons tenté de proposer des documents qui à la fois confirment une réputation mais en même temps montrent des aspects contrastés de la ville, justifiant sa double identité de ville d’ombre et de lumière. Sa force de vie, ses fulgurances, transparaissent dans les photographies qui arrêtent l’instant sur ces images de bonheur suspendu. Sa part d’ombre se révèle dans les formes volontairement obscures de la littérature policière et devient le cadre idéal pour les intrigues inquiétantes.

Dans tous les cas, ces villes – et bien d’autres auraient été tout aussi riches à évoquer – sont la source des arts et de la littérature. L’univers urbain est une création permanente, une poésie quotidienne, tant dans ses nouvelles architectures, où la nature peut entrer, que dans les œuvres d’artistes et d’écrivains qui ne cessent de la réinventer.

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1. Un décor grandiose

Photogrammes extraits de La Cinquième Colonne, d’Alfred Hitchcock p. 226

Exercez vos talents d’observateur• Il s’agit de la statue de la Liberté, monument embléma-tique de la ville de New York. Ce sont les doigts et la base du flambeau sur laquelle ils sont refermés qui permettent de la reconnaitre, bien que l’on ait rarement l’habitude de les voir en si gros plan. La silhouette de Manhattan à l’arrière-plan du second photogramme donne également une indication de l’endroit où le monument se situe.• Les deux hommes se trouvent au sommet de la statue de la Liberté. Cette très célèbre scène du film est l’épilogue d’une course-poursuite entre Robert Cummings, injustement accusé de sabotage, et Norman Lloyd, le véritable sabo-teur. Ce dernier, suspendu dans le vide, finit par tomber. On retrouve ici tous les ingrédients du thriller. À noter qu’Alfred Hitchcock avait finalement regretté d’avoir suspendu dans le vide « le méchant » et non le « gentil », pour des questions d’identification du spectateur.

DevinetteJe suis le gratte-ciel.

Photogramme du film Le Rebelle, de King Vidor p. 226

Entrez au cœur de New York• Derrière les larges baies du bureau, se dresse une multitude de gratte-ciels de hauteurs différentes.• Des photographies (ou des plans) de maquettes de gratte-ciels sont exposées dans le bureau de l’architecte ; ce bureau est lui-même situé à l’étage d’un gratte-ciel et entouré de buildings. Ce photogramme présente des images enchâssées

DOSSIER New York, ville de cinéma p. 226 à 229

Objectifs et démarches du dOssier▶▶ Le dossier « New York, ville de cinéma » ouvre le questionnement sur « La ville, lieu de tous les possibles ? » Bien que les élèves

soient très peu nombreux à avoir physiquement visité New York, ils en ont tous une représentation, essentiellement nourrie par le cinéma et plus encore par les séries dont ils sont très friands : ainsi de Gossip girl, How I met your mother, 24h chrono, Ghost whisperer, etc.

▶▶ Ce dossier invite les élèves à confronter leur horizon d’attente aux visions contrastées données par des cinéastes anglais et américains entre 1917 et 2013. Huit films sont ainsi présentés à travers des affiches, des photogrammes et des extraits vidéo. Avec les œuvres de Charlie Chaplin, Alfred Hitchcock et Woody Allen notamment, nous avons fait le choix d’œuvres patrimoniales qui enrichiront la culture cinématographique des élèves.

▶▶ Avec ce dossier, les élèves amorcent leur réflexion sur « les ambivalences des représentations du milieu urbain », qu’ils poursuivront avec le parcours « New York, ville rêvée, ville réelle » qui lui fait suite (p. 230-237).

▶▶ Après la découverte des œuvres et des activités proposées dans ce dossier, les élèves auront :– acquis ou enrichi leur culture cinématographique ;– découvert et manipulé le vocabulaire du cinéma ;– fait dialoguer des œuvres entre elles.

cOrrigé des questiOnnaires

de buildings, à la manière des poupées russes : c’est une mise en abyme très graphique.L’encadré « Repère artistique » permettra d’évoquer ce pro-cédé et d’inviter les élèves à en découvrir d’autres exemples.

Photogramme du film King Kong, de Cooper et Shoeddsack Affiche du film Elle et lui, de Leo McCarey p. 227

Découvrez les deux gratte-ciels les plus connus de New York• Le Chrysler Building se trouve à droite de King Kong sur la photographie : on reconnait les arcs en acier qui le sur-montent. Sa flèche coupe sur l’image l’un des ponts de New York situé à l’arrière-plan.• Sur le photogramme du film King Kong, le spectateur est placé à la même hauteur que le gorille géant, perché au som-met de l’Empire State Building, dominant ainsi tout New York. Dans l’affiche du film de Leo McCarey, Elle et lui, la caméra posée au sol est dirigée vers le sommet du gratte-ciel.C’est sur l’affiche d’Elle et lui que l’Empire State Building parait d’une hauteur vertigineuse. Le plan est filmé en contre-plon-gée. On attirera l’attention des élèves sur ce procédé et le pro-cédé inverse, la plongée, qui, généralement, écrase le sujet filmé, le rend plus petit (on peut renvoyer les élèves à l’atelier « La Bête humaine, de l’écrit à l’écran, p. 158, question 2, pour leur en donner un exemple).• Sur les photogrammes du film d’Alfred Hitchcock, le corps du saboteur, suspendu au-dessus de vide, parait plus petit que les doigts de la statue de la Liberté auxquels il est agrippé. Cooper et Shoeddsack mettent en scène un gorille géant dominant, au sommet de l’Empire State Building, une forêt de gratte-ciels. Ces images montrent la démesure de l’architec-ture new-yorkaise, œuvre humaine auprès de laquelle, cepen-dant, l’homme semble minuscule.

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2. Woody Allen, cinéaste amoureux de New York

Affiche du film Manhattan, de Woody Allen Extrait du texte de la voix-off lors de la scène d’ouverture p. 227

Devenez critique de cinéma• Pour Manhattan, Woody Allen a choisi le noir et blanc qui donne une vision mélancolique et poétique de New York. Il renouvelle l’expérience du noir et blanc pour Ombres et Brouillard et Celebrity notamment.• Dans une scène devenue célèbre, Woody Allen immortalise le pont de Queensboro qui occupe l’arrière-plan de l’affiche du film. Ainsi qu’on peut le voir sur le plan p. 231, ce pont et le pont de Brooklyn enjambent l’East river et permettent de relier l’ile de Manhattan aux deux boroughs qui leur donnent leur nom : Queens et Brooklyn.• Avec Manhattan, Woody Allen célèbre la beauté de New York dont il donne une vision « romantique », et certainement idéalisée : le texte de la voix off, lu par Woody Allen lui-même, montre la fascination du personnage principal qui « adorait » et même « idolâtrait » New York « au-delà de toute mesure ».

3. 8 millions de New-Yorkais, un melting-pot p. 228

Photogrammes du film L’Émigrant de Charlie Chaplin p. 228

Analysez le registre d'un film• Le photogramme et l'extrait du film correspondant montrent les exilés en quête du rêve américain, entassés sur un cargo surpeuplé soumis à un roulis incessant. Le sujet de l'exil, les conditions de voyage et le plan sur la jeune fille entourant le visage de sa mère qu'elle tente de réconforter émeuvent le spectateur. Le burlesque nait de la chorégraphie de Charlot, ballotté de bâbord à tribord par le roulis dont il exagère les effets : cette danse saccadée, malgré les corps épuisés des autres exilés à l’arrière-plan, fait rire le spectateur.

Ressource numériqueExtrait du film L’Émigrant, de Charlie ChaplinLa projection de l’extrait permet aux élèves de vérifier les hypothèses émises à partir des deux photogrammes. En outre, ils découvrent une séquence de film muet, dans laquelle la musique, plus qu’un habillage sonore, soutient la narration, la ponctue et souligne l’ambiance : ici piano et cuivres contribuent à la naissance du burlesque.

VIDÉO

• Les émigrés arrivent enfin dans la baie de New York : leur regard est attiré par la statue de la Liberté qui semble les accueillir. Dans le plan qui précède le photogramme, l'un des émigrés fait lever tous les autres, allongés les uns contre les autres, et désigne du doigt la statue. Tous se précipitent contre le bastingage. Suit un travelling sur la baie de New York. Le spectateur lit dans leurs yeux la fatigue, l'espoir et la curiosité.• Les émigrants portent tous une étiquette qui permet de les identifier (on lit distinctement les initiales « N.Y. » pour New York sur celle de Charlot). Vérifiée ensuite par les agents, elle leur permet de pénétrer sur le sol américain. Traditionnel-

lement ces étiquettes portaient le nom du bateau sur lequel les émigrés avaient voyagé.

Photogrammes du film Gangs of New York, de Martin Scorsese p. 228

Découvrez un film historique• La scène est vue du côté des « Dead Rabbits » qui voient les « Native Americans » marcher vers eux, les armes à la main, l'air déterminé, en ordre de bataille : Bill le Boucher se trouve à la tête du cortège d’une quarantaine d’hommes qui forment derrière lui un triangle.• Martin Scorsese montre que ceux qui émigrent à New York au milieu du xixe siècle ne sont pas les bienvenus et qu'il leur faut lutter pour s’y faire une place.

Rapprochez histoire et cinéma• Charlie Chaplin et Martin Scorsese près d'un siècle plus tard s'emparent du même thème : celui de l'immigration aux États-Unis et des conditions dans lesquelles les étrangers sont accueillis à New York.• La situation géographique de New York en fait le principal port américain d'immigration : les différentes vagues d'immi-gration, de l’arrivée des Hollandais à l’arrivée des Asiatiques, ont fait l'identité cosmopolite de la ville. Il s'agit donc d'un sujet inhérent à la ville de New York dont se sont saisis de nombreux artistes pour parler de la Grosse Pomme. Charlie Chaplin et Martin Scorsese ont tous les deux une histoire particulière avec New York : le premier fuit les États-Unis au moment du maccarthysme et témoigne de son exil dans Un roi à New York (1957). Le second, né de parents d’origine sici-lienne, passe son enfance dans le quartier de Little Italy qui sera une véritable source d’inspiration pour ses films.

On peut envisager ici de travailler avec d’autres disciplines et notamment avec le professeur d’histoire-géographie qui explore en 4e « les mobilités humaines transnationales » (thème 2). Il est également possible de faire travailler l’une des compétences du nouveau programme d’histoire des arts en faisant construire aux élèves « un exposé de quelques minutes sur un ensemble d’œuvres ou une problématique » à partir des supports riches et variés fournis dans le dossier.

3. 8 millions de New-Yorkais, des destins multiples

Photogrammes du film Diamants sur canapé, de Blake Edwards Photogrammes du film Inside Llewyn Davis, de Ethan et Joel Coen p. 229

Comparez deux films• Le contraste entre les photogrammes de Diamants sur canapé et ceux du film Inside Llewyn Davis est saisissant. Les premiers regorgent d’indices de luxe : longs gants noirs, lunettes de soleil, collier de perles (photogramme 1), masque de nuit bordé d’un galon doré et même bouchons d’oreilles à pampilles (photogramme 2) portés par Audrey Hepburn. Les suivants attestent par de nombreux détails de la pauvreté de Llewyn Davis : veste de velours défraichie, besace en cuir fati-

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guée, étui de guitare portant des traces d’usure. On remarque aussi que l’environnement diffère d’un film à l’autre : Holly Golightly, un café et un croissant à la main, admire la vitrine de la bijouterie Tiffany tandis que Llewyn Davis arpente les trottoirs enneigés de New York, serrant le col de sa veste pour se protéger du froid.

• Quelles que soient les circonstances, Holly Golightly est apprêtée, le teint de sa peau, son attitude, qu’elle soit dans la rue ou couchée paisiblement dans son lit, témoignent de sa bonne santé et de la vie douce et privilégiée qu’elle mène. Llewyn Davis, quant à lui, apparait vulnérable ; son visage, au teint rougi (photogramme 3) ou blafard (photogramme 4) et son regard perdu témoignent des conditions difficiles dans lesquelles il vit.

• Pour la dernière question, le professeur peut ici aborder la notion de mythe et demander aux élèves, quelle que soit leur réponse, de s’interroger sur ce qui a construit et nourri leur vision : BD, cinéma, séries, etc.

Faites une rechercheOn pourra citer des films noirs qui évoquent une situation économique difficile : d’autres films de Martin Scorsese, tel À tombeau ouvert (1999), ou La Cité sans voiles de Jules Dassin (1949), ou encore On the Bowery, le documentaire de Lionel Rogosin de 1956 sur les conditions de vie des laissés-pour-compte. On pourra leur opposer les comédies musicales dans lesquelles la ville est le théâtre magique de l’amour (pensons à Tous en scène de Vincente Minnelli, 1953).

PARCOURS UN THÈME New York, ville rêvée, ville réelle p. 230 à 237

Objectifs et démarches du parcOurs

Problématique : Comment la littérature offre-t-elle de New York la vision d’une ville de tous les possibles ?

▶▶ Ainsi que l’annonce la première double page, ce parcours propose plusieurs rencontres avec New York : littéraire d’abord, mais aussi photographique, picturale, etc. Le corpus rassemble textes et images qui couvrent près d’un siècle : de 1920 pour le texte d’Edith Wharton au début des années 2000 pour la photographie de Broadway.

▶▶ Les textes littéraires sont essentiellement romanesques, tant New York est pourvoyeuse d’histoires et de décors. Nous avons également choisi un extrait de journal intime (Carnets, d’Albert Camus) et le début d’un poème que Léopold Sédar Senghor dédie à New York. Pour la plupart américains, les écrivains dialoguent avec des écrivains français qui disent tout à la fois leur saisissement et leur fascination lorsqu’ils font l’expérience de la ville-mythe.

▶▶ Le corpus explore, en plus de la représentation littéraire de la ville, tableaux, photographies, sculpture et photogramme : la richesse iconographique n’a pas ici vocation d’illustration, mais conduit les élèves, dans l’esprit des nouveaux programmes, à tisser des liens entre les visions, les arts et les époques.

▶▶ Ce sont les « ambivalences des représentations du milieu urbain » (BO du 26 novembre 2015) que les élèves sont invités à interroger dans ce parcours : textes et images montrent la tension et les contrastes de New York la fascinante, entre rêve et désillusion, solitude et rencontres.

▶▶ Ce parcours vise à rendre les élèves capables de : – saisir la ville comme objet littéraire et artistique ;– interroger leurs représentations et les confronter à celles des écrivains et des artistes ;– écrire une page romanesque dans le décor new-yorkais.

OrganisatiOn du parcOurs et chOix des axes de lecture

1. Premières rencontres

Norman Parkinson, New York, New York, East river drive Berenice Abbott, Nightview, New York Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le Magnifique Jack Kerouac, Avant la route Photographies de Central Park, Broadway et plan de Manhattan p. 230-231

●● Pistes didactiquesCette double page ouvre le parcours « New York, ville rêvée, ville réelle » en donnant une place prépondérante aux docu-ments iconographiques. Les trois textes sont délibérément courts : il s’agit bien d’exposer, au sens photographique du terme, la ville au regard des élèves.

●● Proposition d’hypothèse de lectureCes images et ces textes correspondent-ils à l’idée que l’on se fait traditionnellement de New York ?

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2. New York, ville de tous les possibles

Tom Wolfe, Le Bûcher des vanités Paul Auster, La Cité de verre p. 232-233

●● Pistes didactiquesLes deux textes en regard permettent de faire émerger deux figures emblématiques : celle du jeune loup à qui Wall Street offre une ascension fulgurante, et celle, moins connue des élèves, de l’artiste, ici l’écrivain, que la ville inspire.

●● Proposition d’hypothèse de lecturePourquoi ces deux figures s’opposent-elles ?

3. New York, ville de contrastes

Albert Camus, « Pluies de New York », Carnets Edward Hopper, Nighthawks Léopold Sédar Senghor, « À New York », Éthiopiques p. 234-235

●● Pistes didactiquesLes textes d’Albert Camus et de Léopold Sédar Senghor donnent le point de vue de l’étranger, de celui qui, pour la première fois, est confronté à la mythique New York. Tous deux traduisent le concept esthétique du sublime dont l’ex-périence déclenche tout à la fois l’admiration et la crainte, la fascination et la répulsion.

En reliant le texte d’A. Camus au très célèbre tableau Nigh-thawks d’Edward Hopper, on invitera les élèves à comparer la manière dont écrivains et peintres s’emparent d’un même thème.

●● Proposition d’hypothèse de lectureComment littérature et peinture peuvent-elles révéler l’envers du décor new-yorkais ?

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit Arman, Manhattan p. 237

●● Pistes didactiquesLe texte de Louis-Ferdinand Céline permet de terminer la promenade littéraire et peut être comparé aux documents présentés dans la première double page : la verticalité – que matérialise la sculpture d’Arman – de l’architecture new- yorkaise, flagrante et esthétique sur les photographies de Berenice Abbott et de Central Park (p. 230-231), est ici abor-dée dans un registre plutôt comique.

●● Proposition d’hypothèse de lectureComment se manifeste la surprise des personnages décou-vrant l’architecture de New York ?

cOrrigé des questiOnnaires et des exercices

1. Premières rencontres

Norman Parkinson, New York, New York, East river drive Berenice Abbott, Nightview, New York Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le Magnifique Jack Kerouac, Avant la route Photographies de Central Park, Broadway et plan de Manhattan p. 230-231

▶▶ À l’écrit : Donner son point de vueL’objectif de cet exercice d’écriture court est de faire émer-ger les représentations des élèves. Il sera intéressant, à l’is-sue du parcours de reprendre cet exercice en en modifiant la consigne comme suit : « L’image que vous vous faites de New York, après avoir lu les textes et observé les images du parcours, vous donne-t-elle envie de vous rendre dans cette ville ? » On demandera alors aux élèves de confronter les deux textes qu’ils ont écrits.

Saisir les impressions produites par la ville1. F. S. Fitzgerald fait part de sa fascination pour New York et de l’émerveillement sans cesse renouvelé que cette ville produit sur lui, comme l’indiquent les nombreuses tournures hyperboliques : « toujours », « tout », « toute », « le monde », « follement ».2. Les buildings, emblématiques de l’architecture new- yorkaise, sont présents sur chaque photographie, qu’ils en soient le décor (Norman Parkinson) ou le sujet principal (Berenice Abbott). D’autres éléments caractéristiques de la Grosse Pomme permettent d’en identifier certains quartiers :

le gigantesque espace vert de Central Park, les affiches de spectacles de Broadway.3. De nouveau, on sollicite les élèves pour qu’ils expriment leurs impressions et leur point de vue sur la ville. On pourra mettre en relation leur réponse à cette question et leur pro-duction écrite (activité « Donner son point de vue »).4. De la course joyeuse du couple photographié par Norman Parkinson se dégage une impression d’ivresse et de légèreté : l’homme et la femme, main dans la main, sourire aux lèvres, semblent heureux et désireux de croquer la vie à pleines dents.5. « toutes les rues transversales ressemblaient à des canyons qui explosaient dans la nuit des lumières blanches » (l. 8-9)Bilan 6. New York est une ville spectaculaire et foisonnante, qui inspire artistes et écrivains.

2. New York, ville de tous les possibles

Leonardo di Caprio dans le film Le Loup de Wall Street, de M. Scorsese p. 232

Lecture d’imageTout dans le photogramme témoigne de la réussite et de l’ambition de Jordan Belfort, incarné par Di Caprio :– costume, cravate, montre en or et cheveux gominés attestent de sa position sociale, ainsi que le large fauteuil dans lequel il est assis ;– son air tout à la fois soucieux et déterminé et son regard qui toise littéralement le spectateur confirment l’image donnée par le titre du film : J. Belfort est un personnage conquérant ;

127© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 4e – Livre Ressources

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– enfin, la vue splendide sur la baie de New York indique l’em-placement privilégié de son bureau.On pourra également inviter les élèves à commenter le cadrage et la place occupée par l’acteur sur l’image.

▶▶ Graine de savoirL’expression à trouver est « jeune loup aux dents longues ».

Tom Wolfe, Le Bûcher des vanités p. 232

Comprendre le lien entre la ville et les aspirations du personnage1. Sherman McCoy conduit une Mercedes, travaille à Wall Street et vit sur Park Avenue ; il incarne le rêve américain.2. Cinq phrases exclamatives se succèdent les unes aux autres et témoignent de l’euphorie et de la fascination de Sherman McCoy pour New York. Il semble incrédule devant une telle réussite. Les termes écrits en italiques font presque entendre aux lecteurs ce que Mc Coy se dit à lui-même et traduisent son enthousiasme, l’ivresse de la réussite.3. Les deux adjectifs « magnétique » et « irrésistible » (l. 9), employés dans un chiasme (« roc magnétique, l’irrésistible destination »), montrent combien New York attire et aimante.4. La ville exerce une véritable fascination sur le personnage : il la compare à trois autres villes mythiques elles aussi (Rome, Paris et Londres). Pour Sherman McCoy, New York n’est pas seulement le symbole de l’ambition et de la réussite, elle en est l’incarnation : « et il était l’un de ces vainqueurs ! » (l. 10), « rêves » (l. 11).

Paul Auster, La Cité de verre p. 233

Suivre les déambulations d’un personnage1. « il vit ce jour-là un bon nombre de choses qu’il n’avait encore jamais remarquées. » (l. 3-5)2. « remonter vers le nord » (l. 8), « glissa vers la droite » (l. 8-9), « suivant l’orientation nord-est » (l. 9), « suivit jusqu’à la 14e rue » (l. 12), « faisant [...] un crochet à gauche » (l. 12-13), « coupa en diagonale » (l. 13), « remonter Park Avenue South » (l. 14-15), « mit cap au nord » (l. 15), « vira encore à droite » (l. 16), « remonter » (l. 17), « prit à droite » (l. 17), « gagna la 2e avenue » (l. 17-18), « tourna à gauche » (l. 18), « continua vers le nord » (l. 18), « vira à droite » (l. 19).3. Cette question s’appuie sur un relevé précis du texte et le plan de Manhattan disponible à partir du lienmini proposé.

Ressource numériqueTexte et plan de Manhattan à téléchargerL’activité de repérage et le tracé de l’itinéraire de Quinn pourront être réalisés en salle pupitre. Les élèves s’aident des relevés faits à partir de la question 3, balisent et numérotent chaque lieu identifié puis relient les points pour obtenir le dessin du parcours de Quinn. Cette activité demandant une lecture rigoureuse du texte et du plan, un travail en binôme est conseillé.

ACTIVITÉ

4. Quinn n’a pas de destination précise, c’est le seul plaisir de marcher qui guide ses pas. Sa déambulation est libre de tout but, c’est une errance poétique pour une approche inédite de la ville.

5. Quinn avait l’habitude de consigner dans le cahier rouge ses notes concernant l’affaire Stillman pour lesquels il menait une enquête.Dans l’extrait proposé, c’est l’écrivain et non le détective qui se met à écrire. Il abandonne l’investigation pour approcher sensiblement et poétiquement la ville.Bilan 6. Il est nécessaire d’établir avec les élèves la liste des consignes à respecter pour réussir cet exercice :– narration à la première personne ;– évocation (même rapide) de l’affaire Stillman ;– perception inédite de la ville pourtant très familière à Quinn ;– vocabulaire de l’architecture et des sensations (perceptions visuelles et auditives notamment).

3. New York, ville de contrastes

Albert Camus, « Pluies de New York », Carnets p. 234

Percevoir une ambiance1. Albert Camus découvre New York au cours d’un voyage aux États-Unis entre mars et mai 1946. Sa visite touristique se fait en taxi (l. 4).2. À la protection (« réfugié ») s’oppose le confinement et l’en-fermement (« pris au piège »).3. L’écrivain assiste à la métamorphose nocturne de New York en un « prodigieux bûcher » (l. 21). La métaphore filée se déroule tout au long du paragraphe : « murs noircis » (l. 22), « gigantesque incendie » (l. 24-25), « carcasses enfumées », « points de combustion » (l. 26).Bilan 4. Dans cette phrase, Albert Camus souligne l’un des étonnants paradoxes de la ville : bien qu’elle soit extrême-ment peuplée (« huit millions d’hommes »), on peut s’y sentir isolé, littéralement abandonné (« extrême pointe de la soli-tude »). Le lecteur perçoit ici le malaise de l’écrivain.

Edward Hopper, Nighthawks p. 234

▶▶ À l’écrit : Tisser des liens entre littérature et peintureLes personnages d’Edward Hopper sont assis dans un diner, comme soustraits au monde. Les larges baies vitrées et l’ab-sence de porte font ressembler le bar à une cage en verre, manière d’aquarium où barman et clients seraient prisonniers. Cependant, dans le tableau comme dans le texte, les vitres qui isolent sont également des protections : le bar pour les personnages d’E. Hopper est un refuge, comme le taxi dans lequel A. Camus a pris place.

Qu’il s’agisse du couple qui fait face au spectateur ou de l’homme de dos, les personnages ne se regardent ni ne se parlent. Seul le barman semble vouloir discuter. Le spectateur du tableau est saisi par la solitude des personnages, thème cher à E. Hopper, douloureusement éprouvé par A. Camus qui en ressent « l’extrême pointe ».

Les deux œuvres offrent une vision nocturne, mais invitent à regarder différemment : avec A. Camus, le lecteur est invité à regarder la ville à bord du taxi ; avec E. Hopper, le specta-teur, à l’extérieur du bar, regarde les Nighthawks (parfois tra-duit par « les noctambules », le plus souvent par « les rôdeurs de nuit » ou « les oiseaux de nuit ») attablés au milieu de la nuit.

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Léopold Sédar Senghor, « À New York », Éthiopiques p. 235

Percevoir les émotions du poète1. La première réaction de Léopold Sédar Senghor tient tout à la fois de la stupéfaction et de l’émerveillement : son trouble est évoqué par le verbe « confondre » (v. 1). La voix passive indique bien l’effet de saisissement. L’intimidation du poète se lit aussi dans l’anaphore aux vers 3 et 5 : « Si timide ».

2. L’adjectif « chauves » qui participe à la personnification de la ville sert à déplorer l’absence de végétation : la nature manque cruellement au poète.

3. Au bout de trois semaines passées à New York, L. S. Senghor est saisi par un malaise soudain, qui survient aussi rapidement que bondit un jaguar. On fera remarquer aux élèves la réfé-rence à la faune africaine pour dire la sensation pénible que produit sur lui l’univers de pierre et de métal.

4. « les fûts livides » renvoient aux « citernes » (l. 8) du texte d’A. Camus, « les têtes [qui] foudroient le ciel » aux « gigan-tesques sépulcres » (l. 10), « les trottoirs chauves de Manhat-tan » à la fin de « l’espoir d’une colline ou d’un arbre vrai » (l. 8-9).Bilan 5. Le poète tombe amoureux de New York à qui il s’adresse comme à une femme : « ta beauté » (v. 1), « tes yeux de métal bleu » (v. 3), « ton sourire » (v. 3). La personnification s’interrompt après le vers 6 lorsque commence à poindre le malaise.

▶▶ À l’oral : Mettre un poème en voixLe but de cet exercice est d’amener les élèves à préparer une lecture expressive du texte, nourrie par l’analyse des émo-tions du poète (cf. questionnaire). Le travail d’annotation est essentiel pour une mise en voix « éclairée » : il ne s’agit pas de « mettre le ton » mais de rendre compte de sa sensibilité et de sa compréhension du texte en l’interprétant.

Ressource numériqueTexte intégral du poème « À New York » à téléchargerOn fera lire avec profit la fin de la première section de ce poème : L. S. Senghor y montre comment la ville moderne déshumanise, fait perdre les valeurs et les sentiments humains. Les élèves, en préparant leur lecture, mesureront ainsi mieux l’écart entre la fascination émerveillée des premiers vers et le coup d’arrêt évoqué dans le vers « – C’est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar » dont ils soigneront l’interprétation.

ACTIVITÉ

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit p. 236

▶▶ À l’oral : Percevoir l’intention de l’auteurLa tonalité de l’épisode est comique : Louis-Ferdinand Céline veut faire sourire le lecteur en décrivant l’étonnement naïf de

Bardamu et de ses compagnons qui découvrent New York. Il crée un décalage presque burlesque entre l’admiration que suscite généralement New York et la stupéfaction de Bardamu qui interpelle le lecteur (« Figurez-vous », l. 7). On pourra faire remarquer aux élèves le suspense ménagé par l’auteur qui ne décrit ce que voient les galériens qu’après avoir évoqué leur vive réaction.

Saisir les impressions produites par la ville1. La surprise des galériens est mise en relief dès la première ligne : « Pour une surprise, c’en fut une ». « Tellement éton-nant » et « refusâmes d’abord d’y croire » témoignent de la sidération et de l’incrédulité des galériens devant le spectacle de la ville verticale.2. Les galériens sont stupéfaits, presque gênés : ils rient de l’incongruité de ce qu’ils voient et qu’ils ne peuvent rattacher à des images rassurantes et connues d’autres villes.3. Bardamu parle d’un « truc », il a entendu parler de réus-sites sociales fulgurantes (« Y a bien des gens […] fortunes », l. 21-24), mais il doute et craint que cela ne relève de la légende (« C’est pas sûr, ça se raconte seulement »).Bilan 4. C’est la verticalité de New York qui désoriente Bardamu et ses compagnons. Les villes qu’ils connaissent « sont couchées » (l. 11), « elles s’allongent sur le paysage » (l. 12) tandis que New York se tient « debout » (répété deux fois, l. 7 et 8), « ne se pâmait pas » (l. 13), « se tenait bien raide », […] raide à faire peur » (l. 14).

Arman, Manhattan p. 237

Tisser des liens entre littérature et sculpture1. Arman est un artiste, peintre, sculpteur et plasticien franco-américain connu pour ses accumulations. Dans cette sculp-ture, les limes sont placées verticalement, serrées les unes contre les autres.2. Le choix du métal renvoie au matériau utilisé pour la construction des buildings.3. « New York c’est une ville debout » (l. 8) pourrait être une légende de la sculpture d’Arman.

Activité d’expression p. 237

▶▶ Écrire la première page d’un romanCe travail d’écriture peut être mené en groupe. On peut envi-sager une séance de recherches au CDI ou en salle pupitre. Les élèves pourront réinvestir le travail fait à partir du texte de Paul Auster : ils sont désormais familiers des logiciels de navi-gation tels que Google Street View®.Lorsque les élèves ont écrit un premier jet, on pourra leur sug-gérer de l’échanger avec celui d’un autre élève ou d’un autre groupe chargé d’y surligner les informations essentielles en adoptant le code couleur de l’exemple proposé dans l’enca-dré « Méthode » : bleu pour le cadre spatio-temporel, vert pour les informations concernant les personnages, orange pour signaler les passages qui soulèvent des questions sur la suite de l’intrigue.

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DOSSIER Le Paris des photographes p. 238-241

Objectifs et démarches du dOssier

▶▶ En présentant la ville de Paris à travers la photographie, les auteurs du dossier ont voulu montrer la rencontre entre un art du regard, la photographie, et une ville où les arts visuels, notamment la sculpture et l’architecture, sont omniprésents.

▶▶ Le dossier présente également une réflexion sur l’histoire de la ville, sur les évolutions qu’a connues Paris, sur la survivance du passé dans le présent et la façon dont la photographie parvient à la capter.

▶▶ Enfin le dossier s’interroge sur ce qui peut devenir le symbole d’une ville, sur la façon dont un symbole représente une ville, et dont la ville excède la représentation contenue dans le symbole.

cOrrigé des questiOnnaires

Le quartier de la Défense et l’avenue de la Grande-Armée vus depuis l’Arc de triomphe p. 239

Analysez les différents plans d’une photographie• Au fond on voit tous les gratte-ciels hypermodernes du quartier de la Défense.• Au premier plan on voit les arbres de l’avenue, entourée par un grand nombre d’immeubles haussmanniens, datant sans doute, pour la plupart d’entre eux, de la fin du xixe siècle ou du début du xxe.• La vue aérienne a permis au photographe de montrer, sur une même image, les immeubles anciens du Paris tradition-nel et les tours construites ces dernières années.

Henri de Miller, Écoute, 1986 p. 239

Voir coexister deux formes d’art• Le rapprochement des deux œuvres produit un contraste saisissant : la structure de l’église est apparente, les arches qui forment les vitraux se reproduisent à l’identique et sont englobées dans une arche plus grande, tandis que l’œuvre moderne est caractérisée par une forme de dislocation, la tête d’homme n’étant rattachée à aucun corps, tout comme la main qui l’accompagne, la seule cohérence étant celle du geste, où le spectateur reconnait, à partir d’un nombre mini-mal d’indices, la posture d’écoute.

2. Paris et ses symboles

Erwin Blumenfeld, Sur la Tour Eiffel, 1939 p. 240

La tour Eiffel• Les armatures en fer et la petite taille des immeubles à l’ar-rière-plan nous font comprendre qu’il s’agit de Paris.• La jeune femme est debout sur le bord d’une planche de métal et fait voler sa robe dans le vide. Sa posture inspire au spectateur un sentiment de vertige : ce sentiment s’ajoute à la beauté de la robe et du mannequin pour impressionner le spectateur.

Louis Daguerre, Paris, boulevard du Temple p. 238

Découvrir la première prise de vue• Cette silhouette est celle de l’homme qui se fait cirer les chaussures. • Les autres passants n’apparaissent pas parce qu’ils bou-geaient : à l’époque le procédé de Louis Daguerre ne parve-nait à fixer que les éléments qui restaient immobiles pendant un temps suffisamment long.

1. Paris ancien, Paris moderne

Eugène Atget, l’église Saint-Séverin avant (vers 1899) et après la démolition des vieilles maisons (aout 1914) p. 238

Comparez trois vues d’un même lieu• Tous les immeubles qui entouraient l’église Saint-Séve-rin ont disparu en quinze ans. On voit encore une trace des anciennes maisons sur le côté droit de la photographie : les murs de l’église qui étaient recouverts par d’autres bâtiments n’ont pas exactement la même couleur que les autres et un mur à-demi démoli semble subsister à l’endroit où l’église forme un angle.• En quinze ans les souvenirs d’un homme ne s’effacent pas : alors que l’homme se souvient de l’ancienne forme de la ville, qui lui semblait devoir subsister à jamais, cette forme a disparu. En cela les souvenirs semblent plus solides que les pierres dont sont formés les bâtiments de Paris.

Théophile Féau, la construction de la tour Eiffel, vue du palais du Trocadéro, 1887-1889 p. 239

Voir se construire la tour Eiffel• La ville de Paris semble avoir évolué de façon très rapide à la fin du xixe siècle : la tour Eiffel, par exemple, a été construite en deux ans.

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Yves Saint Laurent et Catherine Deneuve portant le smoking créé par le couturier p. 240

La mode• Habituellement Catherine Deneuve est comédienne. Ici elle est plutôt mannequin.• Elle porte un smoking, un vêtement d’homme. En 1966 les femmes portaient plutôt des robes.• Sur cette photographie apparait une icône de la mode, Yves Saint Laurent et une icône du cinéma, Catherine Deneuve, qui porte des vêtements alors interdits aux femmes : c’est en ce sens que la photographie montre Paris comme la ville de la mode, du cinéma et de la libération de la femme.

Photogramme du film Paris, de Raymond Depardon, 1998 p. 240

La vie quotidienne• Cette scène se passe sur un quai de RER, manifestement dans un souterrain. Ce n’est pas un lieu touristique, c’est la vie quotidienne des Parisiens qui est montrée sur cette image. • De cette scène se dégage une impression de solitude, liée à la distance qui sépare les différentes silhouettes humaines présentes sur le cliché.• La rame de RER est un symbole de Paris parce qu’elle fait par-tie intégrante de la vie des Parisiens : la plupart des Parisiens, et des habitants de la banlieue autour de Paris, empruntent le métro ou le RER quotidiennement.

▶ Pour qu’un objet soit un symbole de Paris, il faut qu’il soit immédiatement reconnaissable comme étant situé à Paris : il faut donc qu’il soit connu de tous. Il faut en outre qu’il soit propre à Paris et qu’il n’apparaisse nulle part ailleurs. Enfin il faut qu’il soit lié à un aspect du mode de vie des Parisiens ou à une de leurs valeurs, comme la liberté ou l’ambition de rayon-ner sur le monde.• Très souvent les photographes ne représentent pas le sym-bole en entier, dans sa fonction de symbole, ils en repré-sentent un morceau, en laissant au spectateur la charge de deviner de quel symbole il s’agit, ou encore ils le montrent dans la fonction qu’il occupe quotidiennement, et non dans sa fonction de représenter Paris.

3. Les divertissements de Paris

Photographie d’une soirée à l’Opéra de Paris Paul Almasy, les quais de Seine à Paris p. 241

Se distraire à Paris• Les points communs sont que sur les deux images des gens sont réunis pour danser et s’amuser. La principale différence se situe dans le cadre : sur la première photographie on voit un palais aussi luxueux que possible, avec des gens très bien habillés, sur la seconde, ce n’est même pas une maison, c’est un quai de la Seine, sur lequel des étudiants habillés simple-ment dansent le rock and roll.• L’atmosphère qui se dégage de la première photographie est celle d’une fête officielle, marquée par les contraintes de l’étiquette qui caractérisent la haute société, sur la seconde l’atmosphère semble beaucoup plus simple et détendue.

▶ La justification du choix des adjectifs pour qualifier Paris devra prendre en compte les éléments vus dans les diffé-rentes photographies proposées.

Jean-Philippe Charbonnier, Bettina posant place Vendôme à Paris p. 241

Découvrir le luxe parisien• La jeune femme, en tenue très élégante, se tient devant la boutique d’un joailler.• Le personnage à gauche n’est pas montré en entier, parce qu’il semble moins important que le personnage central aux yeux du photographe. C’est sans doute le chauffeur de la jeune femme, qui l’a accompagnée pour la protéger de la pluie.

Dans un EPI reliant lettres et arts plastiques, comparer la représentation de Paris par la photographie et la représentation littéraire.

PARCOURS UN THÈME Paris, ville d’ombre, ville de lumière p. 242-249

Objectifs et démarches du parcOurs

Problématique : Comment Paris est-elle présentée comme source d’inspiration sans cesse renouvelée pour les écrivains et les artistes ?

▶▶ L’objectif est de montrer que Paris, dans la littérature, a été représenté comme une ville de contrastes.

▶▶ L’un des contrastes principaux est celui de l’ombre et de la lumière, qui concerne aussi bien l’aspect physique de la ville que son histoire ou encore les sentiments qu’elle évoque.

▶▶ Les élèves sont invités à retrouver ce contraste dans des œuvres appartenant à des genres très différents, le roman réaliste, le roman policier, le récit autobiographique, la poésie.

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3. Un amour mystérieux

Patrick Modiano, L’Herbe des nuits p. 246-247

●● Pistes pédagogiquesLa superposition de différentes strates temporelles constitue un trait caractéristique de l’écriture de Patrick Modiano dans ce récit : repérer cette superposition peut aider les élèves à comprendre l’extrait.

●● Proposition d’hypothèse de lectureComment le narrateur décrit-il la relation mystérieuse et ambigüe qu’il entretient avec Dannie ?

4. Paris comme source d’espoir

Louis Aragon, « Paris », La Diane française p. 248

●● Pistes pédagogiquesD’un côté le poème est à la fois ancré dans un moment de l’histoire, la Libération, de l’autre le poète parle du Paris éter-nel, des traits qui définissent Paris en tout temps : l’enseignant pourra montrer aux élèves la tension entre ces deux ten-dances.

●● Proposition d’hypothèse de lectureComment le poète célèbre-t-il la ville de Paris dans le poème ?

1. Paris sous l’orage

Émile Zola, L’Œuvre p. 242-243

●● Pistes pédagogiquesLe texte présente une description faite à partir d’un point de vue très particulier : le narrateur montre comment deux personnages voient la ville alors qu’il fait nuit et que la seule lumière est celle des éclairs : repérer ce dispositif de descrip-tion constitue un travail préparatoire important.

●● Proposition d’hypothèse de lectureComment la vision de la ville est-elle renouvelée par le dispo-sitif de description choisi par l’écrivain ?

2. Paris criminel

Fred Vargas, Pars vite et reviens tard p. 244

●● Pistes pédagogiquesL’obscurité dans ce texte joue un rôle important : l’enseignant pourra inviter les élèves à comparer le texte avec les photo-grammes du film de Régis Wargnier pour définir précisément ce rôle, en se demandant notamment comment le cinéaste parvient à faire voir l’action alors qu’elle se déroule dans l’obs-curité ou encore quelle est l’influence de l’obscurité sur la per-ception de l’intrigue par le lecteur et le spectateur.

●● Proposition d’hypothèse de lectureComment le narrateur parvient-il à créer un effet d’attente et un effet de surprise dans ce texte ?

cOrrigé des questiOnnaires et des exercices

OrganisatiOn du parcOurs et chOix des axes de lecture

1. Paris sous l’orage

Émile Zola, L’Œuvre p. 242-243

▶▶ À l’oral : Se repérer dans l’espaceLe repérage de cette rue, qui porte aujourd’hui un autre nom, est assez facile avec les outils numériques.

Étudier un dispositif de description originalEntrer dans la lecture. Le narrateur nomme « l’Hôtel-de-Ville » (l. 1), « les Halles » (l. 4), le « quai de la Grève » (l. 8), le « pont Louis-Philippe » (l. 9), le « quai de Bourbon » (l. 15), « l’île Saint-Louis » (l. 15), « l’ancien hôtel du Martoy » (l. 21), la « rue de la Femme-sans-Tête » (l. 21-22), le « quai des Ormes » (l. 42), la « coupole plombée de Saint-Paul » (l. 45-46), le « pont Marie » (l. 48). La description que le narrateur fait de Paris est précise au sens où il cite un grand nombre de noms corres-pondant à des lieux réels de la topographie parisienne, même si certains ont changé de nom.1. Claude est peintre : « c’était là que le peintre avait son ate-lier » (l. 20). Il est, comme le dit le narrateur, « amoureux » (l. 5) de Paris. Quand l’orage éclate il commence par courir pour

rejoindre son atelier, avant de se raviser et de reprendre une marche tranquille sous la pluie battante.2. La ville est décrite dans le deuxième paragraphe (l. 14 à 23) et dans le dernier (l. 39 à 53). À chaque fois c’est un éclair qui illumine la ville. 3. Les descriptions sont assez longues dans les deux cas, sept lignes la première fois et treize la seconde. La longueur des descriptions est sans rapport avec celle de l’éclair. 4. La première fois le personnage féminin est nommé « un corps vivant » (l. 27). Il est nommé ainsi parce que le narra-teur adopte le point de vue du personnage et que le person-nage ne sait pas qui se trouve dans l’encoignure de sa porte d’entrée.5. Dans la première description les couleurs évoquées sont la couleur du feu, à travers le verbe « alluma » (l. 17) et les « ténèbres » (l. 22). Dans la seconde description le narrateur évoque la couleur « violâtre » de la cité (l. 40), les maisons « grises » (l. 42), les « ardoises bleues » (l. 44), et enfin la Seine « noirâtre » (l. 47). Le son dont s’accompagne la vision que les personnages ont de Paris est celui du « tonnerre » (l. 23). 6. Ces impressions font naitre la peur dans le cœur du person-nage féminin : « ses yeux dilatés parcoururent avec effarement ce coin de ville inconnue » (l. 39-40).

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Bilan 7. La description est réaliste au sens où le narrateur cite un grand nombre de lieux qui existent véritablement à Paris et ne change en rien la topographie de la ville. En outre il donne beaucoup de détails dans ses descriptions : il décrit les « façades », un « balcon », une « rampe de terrasse », une « guir-lande sculptée » (l. 18-20). Cependant la lumière particulière provenant des circonstances dans lesquelles se fait la des-cription, une nuit d’orage, fait que la ville perd son apparence quotidienne et prend un aspect terrifiant, qui cause de l’effroi au personnage féminin et que le narrateur lui-même qualifie de « fantastique » (l. 41).

2. Paris criminel

Fred Vargas, Pars vite et reviens tard p. 244

Étudier une scène d’action, tirée d’un roman policierEntrer dans la lecture. Les éléments qui permettent de reconnaitre Paris dès les premières lignes du texte sont le « canal Saint-Martin » (l. 2) et le « quai de Jemmapes » (l. 3).1. Ce qui montre que les policiers ne comprennent pas ce que fait le jeune homme, c’est qu’ils font plusieurs hypothèses, dont certaines sont clairement fausses : au début le lieute-nant Retancourt pense qu’il compte « aller chez lui » (l. 5-6), avant de s’apercevoir qu’il s’arrête près du canal (l. 13-14), le lieutenant émet alors une autre hypothèse, « je crois qu’il attend quelqu’un » (l. 28-29), dont le commissaire Adamsberg se moque en disant que peut-être le jeune homme « prend le frais » (l. 30) ou qu’il « réfléchit » (l. 30).2. Les policiers ne cessent pas de faire des plaisanteries, alors qu’ils sont en train de suivre un individu potentiellement dan-gereux. Ainsi le lieutenant Retancourt se moque du jeune homme qu’ils suivent en l’appelant « le surhomme » (l. 8 et 28), et commente avec un certain humour noir l’inscription sur le panneau publicitaire : « Et mourir de plaisir ? Ce n’est pas encou-rageant comme planque » (l. 22-23). Les policiers semblent donc assez détendus, malgré le risque qu’ils courent.3. C’est le fait que les trois réverbères les plus proches de l’en-droit où s’est arrêté le jeune homme sont brisés qui donne à penser à Adamsberg que la situation est plus périlleuse qu’il ne le pensait (l. 39-41). Adamsberg comprend que le jeune homme a préparé l’endroit pour commettre une action crimi-nelle.4. Plusieurs expressions dénotent l’obscurité dans le texte, notamment « ce secteur presque noir » (l. 38-39), « une ombre » (l. 46) et « dans l’obscurité » (l. 52). Le jeune homme recherche l’obscurité pour commettre son crime sans se faire repérer.5. La première fois la victime est nommée « une ombre » (l. 46). Le moment de l’arrivée de la victime est le moment où le sus-pense est le plus fort parce que le lecteur comprend que ce que le jeune homme attendait est arrivé et qu’il va se passer quelque chose d’important. En même temps à ce moment les intentions du jeune homme ne sont absolument pas connues du lecteur, ce qui accroit le suspense. 6. Adamsberg ne s’attendait pas à ce que le jeune homme se conduise de cette façon : juste avant que le jeune homme ne se mette à frapper la personne qui s’est approchée de lui, le commissaire pensait que cette personne était un parent du jeune homme, et par conséquent un complice (l. 49-50).7. Il y a beaucoup plus d’évènements dans les lignes 54 à 68 que dans tout le reste du texte. Cela montre que ce n’est pas l’évènement qui crée le suspense, mais la création d’une attente de l’évènement.

Bilan 8. Le narrateur crée le suspense d’une part en créant une atmosphère propice aux actions criminelles, marquée notamment par la solitude (l. 2) et l’obscurité, d’autre part en donnant très peu d’informations au lecteur, ce qui le force à interpréter sans cesse, avec les personnages, les quelques signes donnés. Ainsi le lecteur se rend compte progressive-ment, avec les personnages, que la situation est sans doute dangereuse : au fur et à mesure qu’il s’en rend compte, la ten-sion augmente. En disant d’emblée toute la vérité au lecteur, le narrateur n’aurait pas donné le temps au suspense de se créer.

Ressource numériqueExtrait du film de Régis Wargnier, Pars vite et reviens tardConcernant les données spatio-temporelles, tout comme pour un récit littéraire, on fait observer :– que l’on est dans Paris (plaque de rue avec indication d’arrondissement derrière le personnage ; sculptures mobiles de Tinguely et Niki de Saint Phalle dans le bassin de Beaubourg) ;– que la tenue des personnages assemblés pour écouter Joss le crieur est contemporaine, tout comme celle des jeunes gens à la fin de la séquence sont contemporaines (jean, mini-jupe par exemple) ;– que, dans les premières images, la tonalité gris-bleu évoque bien les couleurs parisiennes.Les informations apportées par cette scène pour entrer dans l’intrigue sont les suivantes :– le crieur lit un message mystérieux, imagé, qui annonce une menace à la manière des prophéties apocalyptiques ;– la réaction de l’assistance, en particulier des jeunes gens, est sceptique, voire amusée. Le suspense ne devra monter que progressivement, c’est la vraisemblance de la situation de départ – la tenue du crieur avec son anneau à l’oreille a un air de « modernité » familière – qui va nous aider ensuite à basculer dans l’étrangeté de ce « rompol » comme le définit elle-même Fred Vargas. En effet, ce genre de roman policier n’est pas simplement un « polar » classique, il intègre des éléments de fiction enrichis d’une solide assise historique (cf. la formation de l’écrivaine).

VIDÉO

3. Un amour mystérieux

Patrick Modiano, L’Herbe des nuits p. 246-247

Étudier une description énigmatiqueEntrer dans la lecture. Deux époques principalement sont évoquées dans le texte, celle où le narrateur rencontre Dannie et celle, plus tardive, où il a été interrogé par Langlais et où il a vu un panier à salade devant le « 66 ». La seconde est évoquée dans les lignes 21 à 24, la première, dans tout le reste du texte.1. C’est la lumière qui cause le malaise du narrateur dans le premier paragraphe : « la lumière était si vive que je clignais des yeux » (l. 6-7). À l’intérieur du bar la lumière est trop forte et le narrateur se sent mal à l’aise, à l’extérieur c’est l’obscurité

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qui règne et cette obscurité amène un « soulag[ement] » (l. 14) pour le narrateur.2. La lumière constitue un danger pour les papillons : elle les attire et, s’ils s’en approchent de trop près, elle les brule. De même la lumière trop vive du café « 66 » constitue, selon le narrateur, un piège pour les clients : ils sont observés, surveil-lés, et finissent par être attrapés par les policiers. 3. Le narrateur exprime ses craintes à Dannie en lui soufflant à l’oreille le mot « rafle » (l. 27). Elle ne semble pas prendre au sérieux cette inquiétude, puisqu’elle « souri[t] » (l. 27) quand le narrateur lui dit ce mot et se moque de lui en lui disant : « Tu te crois à Pigalle » (l. 32).4. Le quartier de Pigalle était considéré à l’époque comme un quartier mal famé et dangereux, un quartier où se retrou-vaient notamment les bandits. C’est pourquoi le narrateur est étonné en décelant « une certaine familiarité » (l. 34) dans la façon dont Dannie prononce ce mot : en principe une per-sonne sans histoire n’a aucune raison de se rendre à Pigalle, ni même de prononcer le nom de ce quartier. 5. Ce qui montre le lien entre le narrateur et Dannie, c’est d’abord le fait qu’ils restent les derniers dans le café « 66 », bien après que tous les autres clients sont partis, ensuite le fait qu’ils rient ensemble lorsque le narrateur prononce une seconde fois le mot « Pigalle » (l. 33), enfin le fait que le narra-teur dit qu’il est prêt à affronter la rue de la Santé pourvu qu’il soit « avec elle » (l. 41). Ce qui lie les deux jeunes gens, c’est une forme de complicité. 6. C’est le silence particulièrement « profond » (l. 46) qui donne au narrateur l’impression d’être dans une ville de pro-vince. Cette impression montre que le narrateur se sent seul au monde avec son amie, alors qu’ils sont en plein cœur de Paris. En outre le fait que Dannie l’emmène dans des lieux où il ne va jamais, comme le café « 66 », et lui parle de lieux dont il ne parle jamais, comme Pigalle, crée chez lui une certaine perte des repères, dont l’impression d’être dans une ville de province est encore un signe.Bilan 7. Paradoxalement c’est la lumière qui crée ici une impression de danger, puisque le narrateur a l’impression, quand il est dans la lumière crue du bar, d’être observé et a peur d’être attrapé. En revanche dans l’obscurité il se sent plus à l’aise, comme s’il ne pouvait plus être repéré, qu’il pouvait continuer son chemin avec Dannie en passant inaperçu.

▶▶ À l’oral : Exprimer son avisPour justifier leur choix les élèves sont invités à mettre en rela-tion les couleurs et la lumière des illustrations avec celles qui sont décrites dans le texte.

4. Paris comme source d’espoir

Louis Aragon, « Paris », La Diane française p. 248

Comprendre le chant d’amour du poète pour sa ville1. C’est la Libération de Paris que le poète célèbre dans ce poème. L’autre allusion à cet évènement se trouve au vers 9, « au mois d’août refleuri ».2. Comme le montre la mention du « linceul » (v. 19) le poète pré-sente la Libération comme une résurrection ou une renaissance.3. L’anaphore principale est celle du mot « Rien » en début de vers, qui couvre les deux dernières strophes. À l’intérieur de cette anaphore générale se distingue une anaphore par-ticulière, caractérisée par la répétition de l’expression « Rien n’est si », suivie d’un adjectif (v. 12, 13, 15 et 19). Les adjectifs

ainsi mis en valeur sont « pur », « fort », « beau » et « grand ». Ils donnent l’image très positive d’une ville héroïque.Bilan 4. Le poète clame son amour pour Paris : ce qu’il aime dans Paris, c’est sa force, son courage, sa capacité à se révolter contre l’oppression et l’injustice. Il semble voir dans la Libéra-tion le signe du caractère insoumis de Paris, qui se serait déjà révélé dans les grandes occasions de l’histoire de la ville, la Révolution ou les grandes insurrections du xixe siècle. Le poète adresse ainsi une ode à la ville de Paris au moment où celle-ci a montré, en se soulevant contre l’occupant, en se libérant « soi-même » (v. 20), qu’elle était digne de son histoire et digne de représenter le peuple français, le « peuple vainqueur » que le poète nomme au vers 18.

Activités d’expression p. 248

▶▶ Décrire une promenade dans Paris la nuitL’enseignant pourra préciser le genre littéraire qu’il souhaite voir imiter par les élèves, soit le roman policier, soit le genre fantastique, soit le réalisme, soit l’autobiographie.

▶▶ Décrire un lieu de Paris qui incarne pour vous la modernitéLes consignes détaillées données dans le manuel précisent plusieurs contraintes d’écriture : l’enseignant pourra les étu-dier avec les élèves en leur montrant les moyens linguistiques qu’ils ont à leur disposition pour faire la description, notam-ment les adverbes de lieu, de temps et le lexique des émo-tions.

Ressource numériqueInterview • 5 min avec Jérôme Mesnager, peintre de rueLes réponses aux questions permettent de comprendre le sens des formes fantomatiques choisies par J.  Mesnager : dépourvues de vêtements, elles sont l’expression de l’homme sans aucune indication d’origine, de culture ou de pays ; telles des présences ressuscitées, elles rappellent par leur silhouette ce qui n’est plus dans la ville. La présence « vivante » et contemporaine du fantôme humain se fait le témoin de la disparition désormais invisible d’éléments du grand corps urbain de Paris. Une idée-clé à retenir de l’interview est bien celle de la fonction symbolique de l’art qui ne figure pas la réalité mais fait vivre de manière visuelle et poétique le passage du temps dans une expression sans cesse renouvelée, elle-même éphémère et durable à la fois.

VIDÉO

Comprendre une interview1. La « catastrophe naturelle » est le nom que donne Jérôme Mesnager aux immenses changements subis par la ville de Paris à partir des années 1980 : des quartiers entiers ont été rasés et remplacés par de nouveaux bâtiments. L’ambiance du Paris ancien a été perdue.2. L’artiste de rue, selon Jérôme Mesnager, est sensible à la disparition des anciens quartiers et de leur poésie, il place des « fantômes » sur les murs des nouveaux quartiers, notamment pour montrer tout ce qu’il a fallu détruire pour les faire sortir de terre.

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3. Le personnage de Jérôme Mesnager est un fantôme, mais un fantôme dynamique, il est musclé et il court. C’est une forme symbolique : tout le monde reconnait en lui un homme, une personne humaine, et en même temps il n’a aucune caractéristique qui permettrait de le définir comme appartenant à un groupe plutôt qu’à un autre. Il représente n’importe quel être humain.

4. Les bras levés symbolisent la nécessité de faire ce que l’on fait jusqu’au bout, de ne jamais baisser les bras. La ronde de Ménilmontant symbolise la multiculturalité du xxe arron-dissement, le fait que les différentes cultures du monde se retrouvent à Paris et dansent ensemble. C’est un hommage au tableau La Danse de Matisse.

1. Les « vedute »

Canaletto, Le Grand Canal depuis l’église de la Salute p. 250

Savez-vous observer ?• On demandera aux élèves de ne pas montrer les éléments dont ils parlent, afin qu’ils utilisent des connecteurs spatiaux précis.• Cette consigne oblige à regarder toute la partie inférieure du tableau. On distingue des personnages sur le parvis de l’église, sur les marches, et bien sûr sur les embarcations : des marchands, des gondoliers, des touristes. Tous ces person-nages, leurs gestes et la position des bateaux montrent une ville pleine d’animation.• Les personnages sur le canal sont vus d’en haut : le peintre donne l’impression de les voir d’un pont inexistant (voir ressource numérique) donc, plus vraisemblablement, d’un immeuble situé sur la rive opposée.

Ressource numériqueVisite de Venise à 360°Le lienmini p. 251, ouvrant un site Internet proposant des visites virtuelles de Venise à 360°, permet de rechercher les différentes vues présentées dans le dossier.

ACTIVITÉ

DOSSIER Venise en peinture p. 250 à 253

Objectifs et démarches du dOssier▶▶ Les œuvres picturales représentant Venise sont innombrables ; aussi a-t-il fallu faire des choix. Nous avons voulu d’une part

faire connaitre aux élèves une sélection d’œuvres emblématiques du patrimoine mondial, conformément aux programmes d’Histoire des arts, d’autre part assurer une cohérence avec ceux d’Histoire, en proposant des œuvres des xviiie et xixe siècles.

▶▶ La première partie est donc consacrée aux vedute de Canaletto. Sa peinture est à première vue réaliste ; elle était d’ailleurs prisée par les riches touristes soucieux de pouvoir montrer Venise, une Venise vivante et magnifiée. Nous avons pensé que le travail de Canaletto intéresserait les élèves aussi par sa prouesse technique ; son œuvre, en proposant des vues panoramiques, est en effet considérée comme annonciatrice de la photographie. Cet aspect est rapidement expliqué page 251 et il sera frappant de comparer les tableaux de Canaletto et les images de la visite virtuelle de Venise proposée en lienmini.

▶▶ La deuxième partie, intitulée « Représentation et impression de Venise », permet d’abord une comparaison du travail de Canaletto et de celui de Francesco Guardi, l’autre maitre de la veduta. Le professeur pourra se reporter au site http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/canaletto-guardi pour découvrir une courte vidéo sur l’œuvre des deux artistes.La page 253 est consacrée au xixe siècle, à travers deux œuvres de William Turner et de Claude Monet représentant chacune San Giorgio Maggiore. Il est évident que le réalisme du décor s’estompe ici au profit de l’impression laissée par la Sérénissime et sa lumière, que le reflet du décor dans l’eau compte tout autant que le décor lui-même.

▶▶ Une activité numérique permet une dernière confrontation entre l’art pictural et l’art photographique.

▶▶ Suggestion de problématiques : « Représentations de Venise : vues ou visions ? », « Comment les peintres voient-ils Venise ? »

cOrrigé des questiOnnaires

Canaletto, Le Môle avec Santa Maria della Salute p. 252

D’où voit-on la scène ?• Plusieurs lignes obliques guident le regard du spectateur : celle du quai, celles des gondoles amarrées.• Le ciel occupe plus de la moitié de la surface de la toile ; l’eau se situe dans la partie inférieure gauche et la surface qu’elle occupe est très largement recouverte par les embar-cations.• La scène semble être vue de l’étage d’un bâtiment. On pourra ici se reporter au lienmini p. 251, dans la partie « Riva Degli Schiavoni », pour découvrir le lieu.• À droite se trouve le palais des Doges, au second plan, le Môle et la place Saint Marc et à l’arrière-plan l’église Santa Maria della Salute.

2. Représentation et impression de Venise

Francesco Guardi, La Place Saint-Marc p. 252

Le jeu des différencesErratum : le tableau de Francesco Guardi est reproduit dans le manuel avec une symétrie horizontale. Dans le tableau original, le campanile se trouve bien sur la droite de l’image.

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La mise en commun des réponses permettra la construction d’un tableau dont on discutera les entrées :

Chez Canaletto Chez Guardi

Les couleurs Peu nombreuses à première vue, ocres dominants, quelques vêtements bleus et rouges ponctuent la scène.

Bleu du ciel dominant, nombreuses couleurs des vêtements.

L’angle de vue Vue panoramique, plongée sur les personnages.

Le peintre semble plus proche des personnages.

Les personnages Nombreux, dans les deux cas présence d’animaux, de personnages qui entrent et sortent des bâtiments.

William Turner, San Giorgio Maggiore au petit matin Claude Monet, San Giorgio Maggiore au crépuscule p. 253

Exprimez votre préférence• Il n’y a évidemment pas de réponse type à ces questions. La confrontation de celles des élèves permettra la rédaction d’un paragraphe sur l’une ou l’autre des œuvres. On pourra préa-lablement demander d’effectuer une recherche plus avancée sur les deux peintres et la technique qu’ils utilisent.

Ressource numériqueDeux vues de VeniseI. La Venise de Claude Monet• Le tableau de Claude Monet représente le palais Dario. Seule une gondole qui passe semble séparer le bâtiment du canal. En 1908, le peintre séjourne à Venise, au palais Barbaro situé presque en face du palais Dario.

II. La Venise photographiée• Le cliché a été pris du même endroit (ou d’un bateau ?).• Le regard se porte sur les bâtiments puis sur l’eau.

ACTIVITÉ

Le dossier entre dans la thématique « Culture et créations artistiques ». Il peut être relié aux programmes d’Arts plastiques, questionnement 1 « La représentation ; images, réalité et fiction – 1. La ressemblance : le rapport au réel et la valeur expressive de l’écart en art ».Il permet également de valider la compétence « Reconnaitre et connaitre des œuvres de domaines et d’époques variés appartenant au patrimoine national et mondial, en saisir le sens et l’intérêt ».En outre, il peut s’intégrer dans un travail d’Histoire des arts, dont l’un des attendus en fin de cycle 4 est : « Comparer des œuvres d’art entre elles, en dégageant, par un raisonnement fondé, des filiations entre deux œuvres d’époques différentes ou des parentés entre deux œuvres de différente nature, contemporaines l’une de l’autre ».

PARCOURS UN THÈME Venise, ville fragile, ville éternelle p. 254 à 259

Objectifs et démarches du parcOurs

Problématique : Comment peintres et écrivains expriment-ils leur vision de Venise, entre éternité et éphémère ?

▶▶ Troisième parcours du questionnement « La ville, lieu de tous les possibles ? », « Venise, ville fragile, ville éternelle » fait suite au dossier consacré à Venise en peinture.

▶▶ Largement illustré, ce parcours montre la Sérénissime sous ses aspects les plus emblématiques : l’eau, bien sûr, omniprésente, mais aussi l’architecture, l’artisanat et le carnaval. Pour aborder cette diversité, nous avons choisi des textes appartenant à des genres différents : trois poèmes, trois extraits de romans, un article de presse, des vignettes de bande dessinée, et pour rendre compte de cette fascination, des auteurs français (Théophile Gautier, Alfred de Musset) mais aussi étrangers (Ernest Hemingway, Thomas Mann, Eduardo Mendoza, Hugo Pratt).

▶▶ Venise est l’un des lieux les plus visités en Europe : la cité accueille chaque jour plus de touristes qu’elle ne compte d’habitants (les six quartiers qui composent le centre historique de la ville comptaient plus de 150 000 habitants au début du xxe siècle ; il en demeure environ 50 000 aujourd’hui). Elle est aussi sans aucun doute l’une des cités dont les artistes se sont le plus emparés, contribuant à la rendre éternelle. Mais elle est aussi fragile – et Byron déjà s’inquiétait de l’avenir réservé à la cité des Doges – tout autant que mystérieuse et festive, comme les masques de son carnaval.

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1. Venise, ville éternelle

Guy de Maupassant, « Venise » Théophile Gautier, « Sur les lagunes », Émaux et Camées Ernest Hemingway, Au-delà du fleuve et sous les arbres p. 254-255

●● Pistes didactiquesCette double page transporte les élèves au cœur de la ville et de sa singularité. Une citation de Guy de Maupassant et la rubrique « Graine de savoir » interrogent sur le nom même de la ville. Les textes 1 et 2 permettent de faire connaissance avec Venise, ville d’iles et de canaux mais aussi ville de tous les arts, comme le confirment les différentes iconographies que le professeur pourra faire commenter avant l’étude des textes.

●● Proposition d’hypothèse de lectureQu’est-ce qui fait de Venise une ville d’exception ?

2. Venise, ville de mystère et de fêtes

Alfred de Musset, « Venise », Contes d’Espagne et d’Italie Thomas Mann, La Mort à Venise Théophile Gautier, « Carnaval », Émaux et Camées p. 256-257

●● Pistes didactiquesCette double page continue à montrer Venise à travers les arts puisqu’elle associe la littérature, la photographie, l’archi-

tecture, la peinture et la musique. La page 256 montre une Venise mystérieuse et inquiétante, avec le poème d’Alfred de Musset et l’extrait de La Mort à Venise consacré à l’« étrange embarcation » qu’est la gondole. La page 257 offre un aperçu du carnaval, à travers le poème de Théophile Gautier, des photographies de costumes et de masques et une courte pré-sentation de la commedia dell’arte.

●● Proposition d’hypothèse de lectureDécouvrir les contrastes de la ville ; s’interroger sur ses ambi-valences.

3. Venise, ville fragile et menacée

Eduardo Mendoza, L’Île enchantée Lord Byron, « Miscellanées » Article du journal Le Figaro p. 259

●● Pistes didactiquesCette dernière double page se penche sur deux dangers qui menacent Venise : le phénomène de l’acqua alta et les navires de croisière géants.En fin de parcours, une activité d’écriture ayant pour support des vignettes de Fable de Venise d’Hugo Pratt permettra aux élèves de réinvestir ce qu’ils auront découvert de la ville. Cette activité peut également faire suite à l’étude des vedute propo-sée dans le dossier « Venise en peinture » (p. 250-252).

●● Proposition d’hypothèse de lectureS’interroger sur la complexité de la ville pour la protéger.

▶▶ Ce parcours, conformément aux programmes, vise à :– montrer comment Venise a inspiré et inspire encore les écrivains et les artistes qui la représentent dans sa diversité, sa complexité et ses contradictions ;– s’interroger sur les ambivalences des représentations de la cité : lieu d’histoire et de fêtes mais aussi lieu de l’inquiétude et du mystère ;– réfléchir aux dangers qui menacent la ville.

OrganisatiOn du parcOurs et chOix des axes de lecture

cOrrigé des questiOnnaires et des exercices

1. Venise, ville éternelle

Guy de Maupassant, « Venise » Théophile Gautier, « Sur les lagunes », Émaux et Camées p. 254

▶▶ Graine de savoirOn pourra notamment citer : la Venise du Nord (Bruges), la Grosse Pomme (New York), la Ville lumière (Paris) – voir les dossiers et parcours consacrés à ces deux villes dans le manuel, p. 226 à 249 – mais aussi la Ville aux cent clochers (Rouen), la Cité aux sept collines ou la Ville éternelle (Rome), la Ville rose (Toulouse)… On montrera ainsi la diversité des péri-phrases qui naissent de particularités géographiques (col-lines), architecturales (clochers, matériau rose traditionnel),

historiques (Rome), d’une comparaison avec d’autres villes emblématiques (Venise)…

Venise, une beauté singulièreEntrer dans la lecture. La lagune est une étendue d’eau salée peu profonde, séparée de la mer par un cordon parallèle au littoral appelé le lido. Celle de Venise mesure environ 50 km de longueur sur 10 de largeur.1. Le bleu du Grand Canal sur le tableau de Félix Ziem ren-voie au « bleu sillon » (v. 6) et à « l’azur des ondes » (v. 13) du poème de Théophile Gautier, les bâtiments rose orangé au « rose et blanc » (v. 12) et à la « façade rose » (v. 19). De plus, les camaïeux de bleus et de roses peints pour rendre les nuances de l’eau font penser à la « gamme chromatique » (v. 9) évo-quée par le poète.

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2. L’eau qui cerne Venise, la traverse, lui donne son identité, s’immisce dans les vers du poème : « canaux » (v. 1), « sillon » (v. 6), « gondole », « proue » (v. 7), « ruisselant » (v. 10), « Adria-tique » (v. 11), « sort de l’eau » (v. 12), « ondes » (v. 13), « esquif » (v. 17), « amarre » (v. 18), « mer » (v. 22).3. Les GN qui font référence à un élément qui caractérise Venise sont présentés ci-dessous dans l’ordre des strophes : – strophe 1 : « L’air du Carnaval » ;– strophe 2 : « Une gondole avec sa proue » ;– strophe 3 : « son corps rose et blanc » ;– strophe 4 : « Les dômes » ;– strophe 5 : « une façade rose » ;– strophe 6 : « ses palais ».4. La musique, traditionnellement associée à la poésie, est ici explicitement présente. Voici les mots qui l’évoquent : « L’air du Carnaval » (v. 1), « chanté » (v. 2), « ballet » de manière indirecte (v. 4), « on le joue » (v. 5), « manche de violon » (v. 8), « gamme chromatique » (v. 9), « mascarades » (v. 22) – on rappellera que le mot désigne d’abord un divertissement d’origine italienne qui mêle danse, poésie et musique.Sont également évoqués la danse, le théâtre (« ballet », v. 4, « mascarades », v. 22), l’architecture (« dômes », v. 13, « pilier », v. 18, « palais », v. 21).5. L’adverbe qui renvoie au passé disparu est : « jadis » (v. 2).Bilan 6. Le poème est tout à la fois rendu joyeux par l’évoca-tion du carnaval, de la musique et de la danse, et nostalgique puisque le poète renvoie à un passé révolu.

▶▶ À l’oral : Faire des liens entre les artsLa barcarolle est une pièce de musique vocale ou instru-mentale à rythme ternaire qui évoque le mouvement d’une barque. Le terme désignait à l’origine le chant improvisé des gondoliers et renvoie immédiatement à Venise et à ses canaux.

Ressource numériqueF. Mendelssohn, Barcarolle, op. 30 n° 6 en fa dièse mineurL’écoute de cet extrait permet de saisir l’analogie entre le rythme musical et celui de la gondole vénitienne. On peut le faire entendre avant la lecture pour demander aux élèves quel élément naturel il évoque. Idéalement, le professeur se procurera la version entière de ce morceau pour la faire écouter aux élèves.

AUDIO

Ernest Hemingway, Au-delà du fleuve et sous les arbres p. 255

▶▶ À l’oral : Se repérer dans l’espaceLes deux hommes se trouvent sur la route continentale au nord de Venise. Le professeur invitera les élèves à utiliser Google Maps® pour plus de précision.

Le professeur pourra établir un lien avec le programme de géographie, thème 1 : « En 4e on fait prendre conscience [aux élèves] des principaux types d’espaces et de paysages que l’urbanisation met en place, ce qui est l’occasion de les sensibiliser au vocabulaire de base de la géographie urbaine. »

Découvrir la fondation d’une ville1. Les bâtisseurs de Venise vivaient précédemment sur la terre ferme, au Nord, puis près d’un fleuve, la Sile, avant de s’instal-ler à Torcello, une ile située au nord de la lagune de Venise.2. L’envasement ou le déplacement de l’embouchure de la Sile provoqua des inondations, lesquelles attirèrent les mous-tiques et avec eux la malaria. C’est cette maladie qui poussa les anciens à quitter leurs terres.3. Ils décidèrent de s’établir à Venise parce que l’endroit était plus sain et facile à défendre pour un peuple de navigateurs.4. La basilique est comparée à un complexe de cinéma : « qui a l’air d’une espèce de ciné-palace ».5. Le contexte permet aux élèves de comprendre que le vapo-retto est un moyen de locomotion permettant aux ouvriers de rentrer chez eux après leur journée de travail, de passer d’une ile à l’autre. La proximité phonétique avec le mot « vapeur » leur fera deviner que le mot désigne un petit bateau à vapeur qui sert de transport en commun.6. Le mot « campanile » est un dérivé de « campana », la cloche, et désigne un clocher ou une tour élevée non loin d’une église et servant de clocher.Bilan 7. Torcello est la première ile de Venise à avoir été habi-tée par les Vénitiens. Burano est l’ile de la dentelle ; Murano, celle de la verrerie.

2. Venise, ville de mystère et de fêtes

Alfred de Musset, « Venise », Contes d’Espagne et d’Italie p. 256

Dégager une impression1. La scène se déroule pendant la nuit : les navires et les cha-loupes amarrés « dorment sur l’eau qui fume » (v. 13), « cou-chés en rond » (v. 12) sous « la lune qui s’efface » (v. 17). Le temps est nuageux : Alfred de Musset évoque la brume et décrit « un nuage étoilé demi-voilé » (v. 19-20).2. La nuit venue, Venise est déserte : « Pas un pêcheur dans l’eau ». Ses seuls habitants semblent être les « navires et cha-loupes » (v. 10) qu’Alfred de Musset rapproche au moyen d’une comparaison à des oiseaux échassiers : « Pareils à des hérons » (v. 11). Dans la strophe suivante, les bateaux « dor-ment » : il s’agit ici d’une personnification.Bilan 3. On attend ici que les élèves évoquent l’ambiance étrange de la nuit vénitienne : les bateaux qui semblent vivants bien qu’endormis, la statue du lion qui parait animée et le voile de brume qui enveloppe alors la ville créent une atmosphère fantastique.

▶▶ À l’oral : Faire des liens entre les artsL’enseignant peut demander à l’issue de l’écoute une lecture oralisée du même passage.

Ressource numériqueCharles Gounod, « Venise »L’extrait de cette adaptation musicale du poème composée par Charles Gounod en 1849 correspond à la première strophe du poème.

AUDIO

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Le professeur peut établir des liens avec l’éducation musicale : « Percevoir et décrire les qualités artistiques et techniques d’un enregistrement. – Les accents, les schémas intonatifs, les éléments expressifs du discours, le rythme, l’articulation ».

Thomas Mann, La Mort à Venise p. 256

Identifier un champ lexical1. L’étrangeté de l’embarcation tient à son origine médiévale et surtout à sa couleur noire qui rappelle celle des cercueils. La gondole est ici associée à l’idée de mort : l’inquiétude nait de la perception de l’étrange.2. Là où Théophile Gautier convoque la musique en rappro-chant la proue de la gondole d’un manche de violon, Thomas Mann renvoie à l’image de la hallebarde : les deux perceptions, l’une légère et esthétique, l’autre inquiétante et presque mar-tiale, s’opposent.3. C’est le champ lexical du bruit (ou de son absence) : « silence » (l. 10), « bruit des rames » (l. 10-11), « clapotis » (l. 11), « entendre, une voix mystérieuse » (l. 14), « murmurait » (l. 14-15), « parlait », « mots entrecoupés » (l. 15).

Théophile Gautier, « Carnaval », Émaux et Camées p. 256-257

Comprendre l’âme d’une ville1. On reconnait sur le tableau de Nicolas Lancret (1725) « Arle-quin, nègre par son masque » à gauche (v. 5) et le vieillard « Cassandre, son souffre-douleurs » (v. 8) encadrant « Le blanc Pierrot » (v. 11). Le professeur pourra également montrer le Pierrot peint par Watteau six ans plus tôt.Bilan 2. On attend des élèves qu’ils relèvent la duplicité de Venise : joyeuse, festive, baignée de lumière et de musique sous la plume de Théophile Gautier (p. 254), mais décor trou-blant dans la vision nocturne et brumeuse d’Alfred de Musset et environnement inquiétant et funèbre pour Thomas Mann. De même, le carnaval, divertissement multicolore et enjoué, comme le montrent les photographies p. 257, est aussi le lieu de la dissimulation : on ne sait qui se cache ni quelles sont les intentions derrière les masques.

3. Venise, ville fragile et menacée

Eduardo Mendoza, L’Île enchantée Lord Byron, « Miscellanées » p. 258

▶▶ À l’écrit : Se documenterL’acqua alta (ou hautes eaux) est un phénomène qui pro-voque la submersion d’une partie de la ville en raison des marées entre l’automne et le début du printemps. L’inten-sité du phénomène varie en fonction de celle de la marée, selon qu’elle est soutenue (« marea sostenuta »), très soutenue (« marea molto sostenuta ») ou exceptionnelle (« acqua alta eccezionale »). La hauteur de l’eau au-dessus du zéro géogra-phique peut ainsi s’élever de 80 à 140 cm.

Découvrir les particularités d’une ville1. Le texte d’Eduardo Mendoza évoque le phénomène de l’ac-qua alta : le niveau de l’eau monte et recouvre les rues de la ville. Des pontons surélevés, faits de planches posées sur des briques, permettent aux touristes de circuler. Fabregas, lui, a chaussé les snow-boots qui lui ont été prêtées.2. Les touristes « sautillaient en file indienne » (l. 5) tandis que Fabregas marche « comme un canard » (l. 4-5), progressant « laborieusement » (l. 10). E. Mendoza communique la bonne humeur des touristes qui s’amusent d’avoir les pieds dans l’eau et la contrariété de Fabregas, trempé car il a oublié de rentrer son bas de pantalon dans ses snow-boots. Le lecteur imagine d’autant plus son agacement que les touristes sont en vacances tandis que lui a décidé de s’établir à Venise.3. C’est la disparition de Venise sous les eaux que craint Lord Byron, ainsi que l’indiquent les termes « submergés » et « engloutiront ».4. Byron, amoureux de Venise, témoigne de son inquiétude et sa tristesse : il parait choqué de l’indifférence des Vénitiens à qui il semble reprocher d’être des témoins passifs et insensibles.

▶▶ Graine de savoirOn pourra demander aux élèves s’ils connaissent d’autres villes ou villages sur pilotis et leur demander par exemple de faire une recherche sur Ganvié, la Venise africaine.

Article du journal Le Figaro p. 259

Comprendre les dangers qui menacent Venise1. Les bateaux de croisière sont désignés par les GN suivants : « navires de croisière géants », « villes flottantes », « paque-bots », « géants des mers ».

Ressource numériqueL’article du Figaro dans son intégralitéLes questions 2 à 4 exploitent l’article dans son intégralité. Ce texte non littéraire permet une approche de l’argumentation.

ACTIVITÉ

3. « les bateaux de croisière » (dans le chapô) ; « ces « monstres ».4. Les défenseurs du patrimoine de Venise s’opposent aux acteurs économiques. Les premiers dénoncent les paque-bots, responsables de pollution visuelle et atmosphérique, de la destruction de l’écosystème et d’être une menace pour les rives et les fondations des édifices vénitiens ; les seconds sou-tiennent que ces bateaux de croisière sont un atout pour la croissance locale et le maintien du tissu économique et social, qu’ils représentent de nombreux emplois et une part impor-tante dans l’affluence touristique et enfin que la sécurité est désormais assurée par la présence de deux pilotes à bord et de deux remorqueurs.

Activité d’expression p. 259

▶▶ Écrire une carte postale à un(e) ami(e)Lorsque les élèves ont choisi une vignette, on pourra leur demander de dire ce qui a guidé leur choix, de commenter le format (à l’italienne pour la 3e vignette sur le manuel papier) et le cadrage. Ainsi les aide-t-on à suivre la troisième consigne d’écriture.

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Il est possible que les élèves négligent la citation d’un des extraits de textes du parcours suggérée par la consigne 4 : on pourra chercher en classe entière des liens possibles entre les images et les textes (voir la 2e vignette sur le lienmini, où Corto Maltese fait face à un lion, à mettre en relation avec le texte d’Alfred de Musset) et des formules pour introduire les citations (« comme l’écrit … », « J’ai emporté un roman de …, voici ce qu’il écrit :“ … ” »).

Ressource numériqueVignettes supplémentaires extraites de Fable de Venise, d’Hugo PrattOn invitera les élèves à cliquer sur les images pour les voir en grand format. Ils pourront ainsi imprimer la vignette de leur choix pour l’activité d’expression écrite.

ACTIVITÉ

ATELIER D’EXPRESSION Écrire et représenter sa ville rêvée p. 260 à 263

Objectifs et démarches de l’atelier

Objectif principal

▶▶ Les élèves découvriront différentes représentations de la ville, lieu de tous les possibles. À partir de la confrontation de textes littéraires allant du xviie siècle au xxie siècle, ils analyseront les éléments architecturaux et comprendront mieux le fonctionnement de ces villes totalement imaginaires. Illustrations, vignettes de bande dessinée, photographies, textes documentaires et supports numériques viendront faire écho à ces textes afin de permettre aux élèves de se représenter plus clairement, et progressivement, une ville qu’ils devront eux-mêmes décrire et expliquer. Les passages étudiés auront en commun un axe optimiste et aborderont la notion de verticalité indissociable des projets urbanistiques du xxie siècle dans les mégapoles. Les élèves seront aussi amenés à s’interroger sur ce que serait, selon eux, une ville idéale et pourquoi pas la ville du futur. Différents exercices d’écriture jalonnant cet atelier permettront de construire par étape la rédaction finale.

Les compétences travaillées au cours de cet atelier

▶▶ À l’oral : les élèves s’exerceront à exprimer leurs sensations, leurs émotions et à formuler un avis personnel à propos d’une ou plusieurs représentations de la ville. Ils pourront être invités à lire leur texte de manière expressive, claire et intelligible.

▶▶ À l’écrit : en réponse à une consigne d’écriture, les élèves sont invités à produire un écrit d’invention s’inscrivant dans un genre littéraire du programme, en s’assurant de sa cohérence et en respectant les principales normes de la langue écrite (« Comprendre » question 5, p. 260 ; « J’applique » p. 261 ; « Imaginer un parcours », p. 262 ; « Comprendre » question 3 p. 263).

Choix des œuvres

▶▶ Les extraits proposés mettent tous en évidence la fascination que la ville exerce en celui qui s’y promène, que ce soit par l’imagination ou par l’expérience réelle.

▶▶ Dans l’extrait des Histoires comiques des États et Empires de la Lune, de Savinien de Cyrano de Bergerac, un Sélénien explique l’architecture et le fonctionnement de la cité mobile à l’auteur : cet extrait permettra très vite d’aborder le texte à la fois descriptif et explicatif et de se demander quels seraient les avantages et les inconvénients de vivre dans une telle cité.

▶▶ À travers l’extrait de L’An 2440 de Louis-Sébastien Mercier, les élèves plongent dans un Paris rêvé et idéalisé par un auteur des Lumières qui, indirectement, critique les conditions de vie difficiles dans la capitale.

▶▶ Le court passage de Madame Bovary réussit le pari de transporter à la fois le personnage et le lecteur dans un autre lieu, magnifié par la présence de l’être aimé. Le plan de la ville, d’abord sur le papier, se dessine progressivement dans l’esprit de l’héroïne qui déambule avec passion dans les rues tant aimées, voire désirées. À sa suite, les élèves seront invités à rêver, à la manière d’Emma Bovary, en flânant dans les rues de villes « fantasmées » (fantômes ?) grâce à Google Maps®.

▶▶ Ces déambulations oniriques perdent un certain Little Nemo qui gravit les gratte-ciels de New-York avec autant de fascination que de crainte.

▶▶ Les souvenirs de voyages de Marco Polo, sous la plume d’Italo Calvino, offriront une peinture poétique et mystérieuse de Zénobie. La ville, dans le souvenir du voyageur, ressemble à un rêve qui n’a rien à voir avec la réalité. La ville devient désir, voire poème, car celui qui s’en souvient la reconstruit en esprit.

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1. Quand la littérature fait de l’architecture

Savinien de Cyrano de Bergerac, Histoires comiques des États et Empires de la Lune p. 260

Découvrir1. Les questions de découverte s’appuient sur une estampe du xviiie siècle représentant une ville volante. À partir de son observation, l’élève pourra commencer à donner sa propre définition de ce qu’est la ville.Cette illustration ne représente pas une « vraie » ville mais une ville imaginaire, improbable, utopique (du grec ou = « non »/topos = « lieu »), défiant les lois de la physique. En effet, com-ment imaginer une ville suspendue à un énorme ballon ? Il s’agit d’une ville mobile, nomade alors que la ville implique l’idée de fondations, d’ancrage dans la terre, de sédentarisa-tion (on pourra inclure la notion de paradoxe).Cette illustration représente un vaisseau aérien gigantesque, à plusieurs étages avec de nombreuses fenêtres attestant la possibilité de loger beaucoup d’habitants. Cette ville-navire est surmontée d’un énorme ballon propulsé probablement par du gaz auquel ont été ajoutées des voiles de bateau. Sur l’imposant ballon, outre le symbole royal d’un cor de chasse surmonté d’une couronne, on remarque une rangée d’habi-tations ainsi que d’autres habitations plus à l’écart de l’agglo-mération et plus prestigieuses, tel ce château à l’extrémité gauche du ballon, signe, peut-être, d’une certaine hiérarchie sociale. Autre détail plus curieux, des ailes déployées de part et d’autre de la sphère semblent parfaire l’ascension de cette ville volante. Enfin, et c’est le détail le plus saugrenu, un coq, ailes ouvertes, est debout sur le sommet du ballon.

Intertextualité et piste pédagogiqueLe film Le Château ambulant de Hayao Miyazaki (2004)Dans ce film d’animation japonais, inspiré librement du roman Le Château de Hurle de Diana Wynne Jones (1986), apparait un curieux château à l’architecture complexe, bigarrée, faite de bric et de broc. Il se déplace dans les airs et ne cesse d’évoluer tout au long du film. À l’oral comme à l’écrit, on pourrait proposer aux élèves de comparer ce dernier à l’estampe de B.A. Dunker.

2. Savinien de Cyrano de Bergerac est un écrivain du xviie siècle. Également militaire et inventeur de machines permettant d’aller sur la Lune, sa vie et sa personnalité (ainsi que son fameux nez !) ont inspiré Edmond Rostand, auteur de la pièce de théâtre Cyrano de Bergerac, en 1897.3. La particularité de cette ville est qu’elle se déplace. Elle est « mobile », comme l’illustre l’estampe décrite plus haut.Pour que cette cité puisse se mouvoir, elle obéit à certaines contraintes techniques :– quatre roues sont installées sous chaque logis afin que les habitations puissent glisser à l’aide du vent ;– ces habitations doivent être en « bois fort léger » (l. 4) pour faciliter le déplacement ;– de nombreux et imposants soufflets permettront d’appor-ter de l’air dans les nombreuses voiles de chaque habitant pour que la ville se déplace, tel un immense char à voile prêt

à décoller. Il faudra « moins de huit jours » (l. 11) pour que la quantité d’air suffise à faire bouger la ville.Les mots surlignés sont des connecteurs logiques (« de sorte que », « car ») et des repères temporels (« puis ») permettant d’expliquer comment cette ville se déplace. Ils sont néces-saires dans les textes explicatifs.4. Les monstres à vent correspondent aux soufflets cités plus haut. C’est grâce à eux que la ville imaginée par S. de Cyrano de Bergerac est en mouvement.La figure de style employée est la personnification car les soufflets, bien que simples pièces mécaniques de la ville, se gonflent d’air et semblent alors animés et effrayants lorsqu’ils crachent de l’air. Le verbe « vomissaient » (l. 12), faisant appa-raitre une autre personnification, insiste sur la monstruosité de ces soufflets. Cette ville effraie et impressionne à la fois car elle est extraordinaire.5. À l’aide de deux colonnes faisant apparaitre les avantages et les inconvénients, le professeur reportera les remarques des élèves sur cette ville afin qu’ils puissent construire leur rai-sonnement en employant les connecteurs logiques et tempo-rels leur permettant de développer une opinion de manière argumentée. Les avis peuvent être mitigés ; dans ce cas, l’élève n’oubliera pas d’employer les connecteurs appropriés (« cependant », « toutefois », « en revanche », « néanmoins », « bien que... », « même si »...).« Oui, cette ville me fait rêver car… » : voler, se déplacer, voir le monde d’en haut, respirer un air pur , forme de liberté, changer de paysage, s’adapter aux saisons, migrer comme les oiseaux, jamais de monotonie, découvrir d’autres peuples, idée d’une ville ouverte sur le monde qui l’entoure...« Non, cette ville ne me fait pas rêver car… » : peur de l’acci-dent, trop petit, vertige, besoin de poser les pieds sur terre, manque de végétation, besoin de stabilité, entretien compli-qué et incertain...Cet exercice peut être fait à l’oral et/ou à l’écrit.

Suggestion de ressources complémentaires« Les villes imaginaires », TDC n° 1019, 1er septembre 2011Dans cette revue, le professeur trouvera de nombreux extraits littéraires dans lesquels les écrivains présentent des villes et les « construisent » tels des architectes du rêve. Une excellente iconographie accompagne les textes.« La ville », revue Dada - La première revue d’art n° 173, 4 avril 2012La revue Dada est une excellente revue d’art adressée aux jeunes (de 6 ans à l’adolescence) mais aussi aux adultes curieux et soucieux de parfaire leurs connaissances en art. Le graphisme et l’iconographie sont de grande qualité. Dans ce numéro, des auteurs retracent l’histoire de l’apparition de la ville et explorent les particularités de plusieurs villes célèbres telles que New York, Tokyo, Mexico, Paris, Dubaï, etc. Un atelier de création d’un plan est proposé à la fin de la revue. Celui-ci pourrait aider la mise en œuvre de l’activité finale.

cOrrigé des questiOnnaires et des exercices

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2. S’émerveiller en ville

Louis-Sébastien Mercier, L’An 2440, rêve s’il en fut jamais p. 261

1. L’auteur donne une image positive, méliorative, de la ville. Paris devient une ville idéale, lumineuse et spacieuse, où il fait bon vivre.Les éléments architecturaux cités sont les suivants :– « fontaine » qualifiée de « belle » (l. 2) ;– « bâtiment » qualifiés de « commodes » et « élégants » (l. 8).Certains éléments architecturaux sont caractérisés par ce qu’ils ne sont plus, afin de montrer le contraste et souligner la perfection de ce nouveau Paris : « plus de ces cheminées funestes », l. 9 ; « les toits n’ont plus cette pente gothique qui [...] faisait glisser les tuiles » (l. 10-11) ;– « l’escalier » caractérisé par la proposition relative « où l’on voyait clair » (l. 12) ;– « une terrasse » dont il est précisé qu’elle est « ornée de pots de fleurs et couverte d’une treille parfumée » (l. 13-14) ;– « les toits » sont tous d’une « égale blancheur » et res-semblent à un « vaste jardin » (l. 15-16).2. Le champ lexical de l’eau, très présent dans les cinq pre-mières lignes de cet extrait, est le suivant : « fontaine », « cou-ler », « eau pure et transparente », « nappe d’argent », « cristal », « boire », « tasse salutaire », « eau coulait », « ruisseau », « lim-pide », « lavait abondamment ». Les adjectifs qui qualifient cette eau sont tous mélioratifs et insistent sur l’idée qu’elle est saine, propre, et semble même dotée de vertus médici-nales grâce à l’emploi de l’adjectif « salutaire », l. 4 (= bienfai-sant, profitable, qui conserve ou rétablit la santé). Cette ville idéale, véritable rêve urbain, semble indissociable de ce souci d’hygiène. En effet, à la fin du xviiie siècle, Paris est en pleine construction et l’insalubrité et le manque d’hygiène génèrent de nombreuses maladies dans la capitale. On comprend pourquoi les auteurs rêvent d’un autre Paris où les conditions de vie seraient idéales.3. L’émerveillement du narrateur est traduit par l’emploi d’un vocabulaire montrant qu’il est réceptif à son environnement. Tout d’abord, il qualifie sa promenade de « curieuse » (l. 1), signe d’un intérêt qui ira grandissant au fur et à mesure qu’il vagabondera dans la ville. L’eau « donnait envie ». Ensuite, le lieu semble accueillir le visiteur comme un hôte attendu : « chaque coin de rue m’offrait » (l. 1), « le sommet de chaque maison offrait » (l. 15). Enfin, à cette impression d’hospitalité s’ajoute l’émerveillement du promeneur souligné par l’emploi de nombreuses phrases exclamatives (« Quelle propreté ! », « Quelle fraîcheur ! », « Quel plaisir ! ») ou injonctives : « Regar-dez […] », « Voyez […] ».Les cinq sens sont sollicités dans cet extrait, ce qui montre la complète réceptivité du narrateur :– la vue : « belle », « nappe d’argent », « limpide », « voyez », « regardez », « où l’on voyait clair », « la vue », « pots de fleurs », « aperçue », « fleurs, fruits, verdure » ;– le goût : « boire », « tasse salutaire », « fruits » ;– le toucher : la « fraîcheur » de l’air est une sensation tactile ;– l’odorat : « fleurs », « treilles parfumées », « bon air » ;– l’ouïe : « fontaine »/« cristal » (qui évoque la transparence de l’eau comme le son pur et cristallin qu’elle produit).4. Le champ lexical de la hauteur est le suivant : « toits » (l. 10, 15), « pente » (l. 10), « montâmes » (l. 11), « haut » (l. 12), « escalier » (l. 12), « vue » (l. 14), « sommet » (l. 14), « terrasse » (l. 14, 15), « hauteur » (l. 16), « haut d’une tour » (l. 17). On fera

la remarque que ce champ lexical est particulièrement fourni entre les lignes 10 et 17.Les termes mettant en évidence l’ascension progressive du promeneur sont les suivants : « coin de rue » (l. 1) - « mon-tâmes » (l. 11) - « escaliers » (l. 12) - « terrasse » (l. 13) - « haut d’une tour » (l. 17). L’ordre de ces termes souligne bien le par-cours ascensionnel et progressif du narrateur.

▶▶ À l’écrit : Effectuer une rechercheLe roman d’anticipation L’An 2440, rêve s’il en fut jamais (1770), dont le titre évoque explicitement un Paris utopique, rêvé, est une dénonciation détournée de la capitale considérée comme un lieu où règnent la l’insalubrité, la misère, les injustices, un lieu bien éloigné de la description idyllique qu’en fait Louis-Sébastien Mercier. En faisant cette recherche, les élèves décou-vriront sur le site Internet proposé dans le lienmini un autre texte du même auteur, dénonçant cette fois-ci, sans détourne-ment, les difficultés qu’il y a à vivre dans une ville si mal conçue pour le peuple, au point d’en devenir cauchemardesque.On leur conseillera tout d’abord de faire deux colonnes repre-nant les avantages cités dans l’extrait du manuel ainsi que les inconvénients énumérés dans l’extrait proposé par le lien numérique.Ensuite, ils devront produire un texte d’une quinzaine de lignes composé de plusieurs paragraphes dans lesquels les opposi-tions apparaitront clairement grâce à l’emploi de connecteurs logiques exprimant l’opposition (ex : « En revanche », « toute-fois », « cependant », « tandis que », « alors que »...).

Ressource numériqueLien vers un site Internet consacré à Pariswww.paris-pittoresque.com• Ce site très instructif permet une plongée dans le Paris du xviiie siècle au xxe siècle. En allant dans la rubrique « Vie quotidienne », les élèves verront se décliner plusieurs chroniques (« L’air vicié », « Les Halles », « Les marchés », etc.) dont la plupart proviennent de l’ouvrage de Louis-Sébastien Mercier lui-même, intitulé Tableau de Paris, paru en 1782.• Lire la rubrique « Air vicié » permettra de découvrir une réalité surprenante et bien éloignée de la fiction proposée dans L’An 2440, rêve s’il en fut jamais, mais aussi d’aborder la notion de contraste. Ainsi, il apparaitra judicieux de commencer ce travail de comparaison en demandant aux élèves de relever les mots ou expressions du champ lexical de l’odorat présents dans cette chronique. Le texte étant relativement long (16 paragraphes), les élèves pourront travailler en binôme afin de lire chacun leur tour un paragraphe pendant que l’autre écrit sur une feuille les termes du champ lexical demandé. Certains termes de cette chronique, signalés par le professeur, seront à rechercher dans le dictionnaire, tels : « vicié », « se corrompre », « exhalaisons », « salubrité », « sépulcrale », « méphitique », « lie », « miasmes pestilentiels », « fétide ».• À l’issue de ce relevé durant lequel les élèves auront enrichi leur vocabulaire lié aux odeurs désagréables (on leur suggérera aussi l’adjectif « nauséabond »), il s’agira de relire une partie de la réponse 3 concernant le sens de l’odorat afin de faire apparaitre l’opposition entre le Paris historique et le Paris rêvé. Pour ce faire, ils devront employer des connecteurs logiques exprimant

ACTIVITÉ

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l’opposition (« or », « toutefois », « en revanche », « alors que », « tandis que », etc.). À l’aide de la rubrique « Le savez-vous ? » et du texte introductif p. 261, les élèves seront capables, en guise de conclusion, d’expliquer ce qui se cache derrière la description paradisiaque du Paris de L’An 2440.

IntertextualitéAprès avoir présenté brièvement l’intrigue, on pourra leur lire un extrait de l’incipit du célèbre roman de Patrick Süskind, « Le parfum », paru en 1985. Le professeur recueillera les commentaires à l’oral.

▶▶ Grammaire pour dire et pour écrire

J’appliqueLe principe est d’écrire « à la manière de », d’imiter un auteur en repérant quelques outils grammaticaux pour se préparer à l’activité finale. Des formulations heureuses pourront être reprises et les codes couleurs permettront aux élèves de visualiser très vite les procédés à réemployer dans l’exercice d’écriture « J’applique ».L’accent sera mis également sur les cinq sens sollicités qui per-mettront cet émerveillement : que voit, entend, sent, goute, touche le narrateur sur les hauteurs de la ville ? De la précision dans le vocabulaire sera attendue.

3. Rêver la ville

Gustave Flaubert, Madame Bovary p. 262

Comprendre1. Elle explore tout d’abord la ville en faisant glisser son doigt sur le plan (l. 4). Ensuite, elle ferme les yeux et poursuit son voyage en imagination.On remarque, paradoxalement, que l’héroïne voit mieux lorsqu’elle ferme les yeux : « elle fermait ses paupières, et elle voyait […] », l. 4-5. En effet, le plan lui offre une représenta-tion schématique de la ville (« les carrés blancs qui figurent les maisons », l. 3-4) alors que son esprit recréera les détails, ce qui lui permettra ainsi de mieux plonger dans cette ville tant dési-rée : « becs de gaz » (l. 5), « marchepieds » (l. 5), « grand fracas » (l. 6), « péristyle des théâtres » (l. 6). En esprit, non seulement elle voit mais aussi elle entend. Le pouvoir de l’imagination est plus fort que le simple déchiffrage d’un plan. Emma est transportée.Il serait intéressant de proposer aux élèves, à l’issue de l’étude de ce passage, de fermer aussi les yeux pour imaginer un lieu où ils aimeraient être. Ils pourraient alors décrire oralement, les paupières toujours closes, les images, les bruits qui appa-raissent dans leur imagination.2. On peut qualifier l’imagination d’Emma Bovary de riche, créatrice, féconde, prolifique, débordante, fertile, fructueuse...

▶▶ À l’écrit : Imaginer un parcoursPour cet exercice d’exploration qui consiste à voyager à tra-vers les images de Google Maps® mais aussi à travers sa propre imagination pour compléter, (re)créer, ce qui n’apparait pas

sur les images (bruits, odeurs, détails...), il sera conseillé de travailler longuement sur le vocabulaire, à l’aide d’un diction-naire, et de chercher notamment des adjectifs qualifiant les éléments de la ville choisie. Afin de souligner l’aspect positif du lieu, les élèves réemploieront les procédés grammaticaux vus dans le texte de Louis-Sébastien Mercier (p. 261).

Ressource numériqueLien vers le site Internet Google Maps®• Depuis 2005, ce service gratuit de cartographie en ligne permet de visualiser de nombreuses villes du monde entier avec beaucoup de précision grâce aux photos satellites. La qualité des images facilitera le travail d’observation des élèves et leur offrira un véritable voyage virtuel.• Pendant cette activité, il s’agira pour eux de décrire ce qu’ils voient mais aussi de dépasser l’aspect visuel afin d’imaginer ce qu’ils pourraient entendre ou sentir durant leur « périple ». Une prise de notes progressive leur permettra de construire leur texte définitif.• Également, on insistera sur la nécessité d’insérer des repères spatio-temporels afin d’ancrer cette déambulation dans le temps (la durée) et dans l’espace (les directions prises, situation des éléments décrits).

ACTIVITÉ

IntertextualitéLe professeur pourra proposer de lire le poème de Charles Baudelaire « L’invitation au voyage » et demandera à la classe pourquoi il lit ce poème. En effet, il est question d’un voyage imaginaire qui se transforme en tableau intérieur qu’il faut « voir » :

« […] Vois sur ces canauxDormir ces vaisseauxDont l’humeur est vagabonde ;C’est pour assouvirTon moindre désirQu’ils viennent du bout du monde.– Les soleils couchantsRevêtent les champs,Les canaux, la ville entière,D’hyacinthe et d’or ;Le monde s’endortDans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,Luxe, calme et volupté. »

Charles Baudelaire, « L’invitation au voyage », Les Fleurs du mal, 1857.

Windsor McCay, Little Nemo in Slumberland p. 262

Découvrir1. Trois vignettes composent cette bande.2. Les différents lieux représentés sont la ville et une chambre d’enfant. Il pourrait s’agir de New-York, étant donné les innombrables gratte-ciels qui envahissent les deux premières vignettes.

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Le paysage de la ville moderne est représenté par les ali-gnements d’immeubles colorés gigantesques, aux fenêtres innombrables. Cette architecture donne la sensation d’étouf-fer et d’envahir tout l’espace. Curieusement, cette immen-sité devient toute relative avec la présence des personnages démesurément grands par rapport aux immeubles. L’autre lieu, celui de la réalité, est une chambre d’enfant dans laquelle trône le lit défait de Little Nemo, un lit d’où tous ses rêves partent. On remarque que les murs de cette chambre n’ont aucun élément de décoration, comme si l’artiste avait voulu souligner le contraste entre une réalité plutôt fade et un décor imaginaire (ou onirique) très chargé et riche en détails.

Comprendre3. Dans les trois vignettes, on retrouve Little Nemo, mais celui-ci passe brutalement d’un lieu à un autre. On comprend qu’il s’agit d’un rêve en le voyant se réveiller dans sa chambre et en lisant les paroles de sa mère qui le ramènent à la réalité.4. Little Nemo a rêvé qu’il se perdait dans une ville moderne et labyrinthique. Bien qu’il ait grimpé en haut d’une tour pour voir où il se trouvait, accompagné d’un personnage à la tenue tribale, il ne parvient pas à voir autre chose qu’un horizon interminable et angoissant d’immeubles.« Phylactère » est l’autre mot pour désigner les « bulles » en bande dessinée, c’est-à-dire les paroles (ou parfois les pen-sées) des personnages rapportées directement.5. Les élèves pourront choisir de raconter les aventures de Little Nemo au présent de narration comme aux temps du passé. Ils n’oublieront pas d’introduire des passages narratifs et descriptifs et de préciser la chronologie à l’aide d’indices temporels. Les paroles seront insérées directement ou indi-rectement.

3. Réinventer la ville : entre terre et ciel

Italo Calvino, Les Villes invisibles Bosco Verticale à Milan, première forêt verticale au monde Projet Paris Smart City 2050 p. 263

1. Le point commun est la verticalité des villes, leur déve-loppement vers le ciel et non plus au sol. Les architectes ont conçu de telles tours pour pouvoir loger un maximum d’habi-tants sur peu de surface au sol et lutter contre la pollution.

2. Les termes surlignés mettent en évidence la verticalité, le caractère « effilé » et aérien de la ville de Zénobie.3. Même démarche que pour la question 5 sur le texte de S. de Cyrano de Bergerac (p. 260).

Un EPI peut être ici envisagé avec le professeur d’histoire-géographie. La rubrique « Le savez-vous ? » p.  263 est déjà une piste en soi qui pourrait se rattacher au thème 1 du programme de géographie, « L’urbanisation du monde ».

Activité finale p. 263

▶▶ Écrivez une carte postale à un(e) ami(e)Toutes les activités orales ou écrites de cet atelier préparent à cette activité finale par laquelle il s’agira de développer davantage la description et les commentaires sur cette ville désormais imaginaire et personnelle.

Il serait tout à fait envisageable, voire recommandé, de travailler la partie dessin de cette activité finale avec le professeur d’arts plastiques. Pour l’exposition au CDI des cartes postales, il s’agira aussi de réfléchir à l’affiche annonçant l’évènement au collège. Les professeurs de français et d’arts plastiques, à l’issue de ce travail, pourront décider de numériser tous les dessins et de concevoir un véritable livre d’art collectif (introduction, illustrations, textes des élèves, bibliographie...). Cela constituerait une très belle piste EPI.

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