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Dossier DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 [ NRP Avril 2015, n°26 Mémoire Le e-commerce s’implante doucement mais sûrement en Algérie Nejma Rondeleux La nouvelle loi sur la signature et la certification électronique redessine l’avenir du e-Commerce en Algérie Elle porte le nom et l’histoire de l’Emir Abdelkader Elkader, une ville américaine qui promeut une autre vision de l’Islam Nadir Kadi « Tous connectés… Que recherchent-ils ? » Droit Economie Société La cohésion sociale vient par les médias Lachichi Mohamed-Chérif

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DossierDOSSIER

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[

NRP Février 2015, n°25

[

NRP Avril 2015, n°26

Mémoire

Le e-commerce s’implante doucement mais sûrement en Algérie

Nejma Rondeleux

La nouvelle loi sur la signature et la certification électronique

redessine l’avenir du e-Commerce en Algérie

Elle porte le nom et l’histoire de l’Emir Abdelkader

Elkader, une ville américaine qui promeut une autre vision de l’Islam

Nadir Kadi

« Tous connectés…

Que recherchent-ils ?   »

Droit

Economie

SociétéLa cohésion sociale vient par les médias

Lachichi Mohamed-Chérif

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéro

Ryad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Fatima-Zohra ABDLLILAH,Ghalem DOUAR,

Lamya TENNCI, Sid Ahmed ABED, Mokhtar MEFTAH, Samir REBIAI, Laid Nasro OUENZAR

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 • Courriel: [email protected]

Site web: www.cdesoran.org

SociétéLa cohésion sociale vient par les médias, Lachichi Mohamed-Chérif, p.11-12

Viols, agressions et frustration sexuelle en Algérie, Abdou

Semmar,p.12

DroitLa nouvelle loi sur la signature et la certification électroniqueredessine l’avenir du e-Commerce en Algérie., p.13

Violences à l’égard des femmes : Que cesse l’impunité!,

Bouredji Fella,p.14

EconomieLe e-commerce s’implante doucement mais sûrement en Al-

gérie, Nejma Rondeleux, p.15

Entreprises Algériennes : Le web marketing pour fidéliser et

conquérir, Rachid Debouci, p.16

MémoireInscription de S’beiba au patrimoine immatériel de l’Unesco.

A la redécouverte de soi, Amar Naït Messaoud,p.17

Elle porte le nom et l’histoire de l’Emir Abdelkader Elkader,une ville américaine qui promeut une autre vision de l’Islam,Nadir Kadi, p.18

Bibliographie, p.19

Dossier

« Tous connectés…

Que recherchent-ils ?  »

Les médias alternatifs en Algérie : Amine Sayeh, p.4-5

Entretien avec Majda Nafissa RAHAL,l’une des «twittos» les plus

actives en Algérie, p.5-6

Réseaux sociaux, les Algériens accros au Facebook, Ouzzani S,

p.6-7

Tous connectés, mais tellement isolés, p.7-8

Communication sociale en Algérie sur Facebook:

Du virtuel à la réalité, L.M. Amina p.8-9

Sites de rencontres musulmans: Le business de l’amour

«halal».,. p.9-10

[email protected]

N° 26, Avril 2015

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NRP, Avril 2015, n°26

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Editorial

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NRP, Avril 2015, n°26

Lamya Tennci

Ils ont l’impression que par un simple clic le monde leur appartient, ils n’hésitent pas à

partager, twitter, poster des images, des vidéos ou même leurs photos, celles de leurs

amis ou de leurs familles. Entre exhibitionnisme, rage de dire, être à la page, informer mais

aussi s’informer ou tout simplement trouver son âme sœur sur la toile. Tous les moyens

sont bons pour faire partie de cette grande communauté du réseau social.

Il est vrai qu’avec l’avènement de l’internet, l’Algérien est entré dans une nouvelle ère

où l’information lui arrive plus vite que les médias classiques avec son lot de réactions et de

commentaires, lui permettant ainsi d’exprimer une opinion, de se sentir concerné dans ce

pays qu’il partage avec des milliers d’autres algériens, peut-être même de tenter d’être

simplement un citoyen !

Que ce soit Facebook, Twitter et pleins d’autres encore…Tous ces réseaux sociaux font

désormais partie de notre quotidien. Leur ampleur grandit de manière importante. Ces

nouveaux médias ont su capter toute une frange de la société qui pour une raison ou une

autre, partage cette envie de s’exprimer, de se dévoiler et de lever le voile sur un ensemble

de tabous et de frustrations en tous genres. Les utilisateurs de ces réseaux sociaux peuvent

se permettre ainsi de briser tous les interdits imaginés ou imaginables, réels ou irréels, en

déjouant jusqu’à leur propre identité, avec humour, sur un ton décalé ou en cultivant un

esprit critique.

Cependant, si le réseau social constitue un formidable média qui permet d’acquérir des

avantages interminables, cela explique-t-il suffisamment cet engouement que lui réservent

les internautes ? Pourquoi avons-nous aujourd’hui tant besoin d’être en contact avec les

autres, avec d’autres communautés «virtuelles» ? Sommes-nous en présence d’une crise,

d’un manque de lien social ou au contraire d’un surplus de relations… Quoi qu’il en soit,

les réseaux sociaux offre du moins l’avantage d’être de formidables analyseurs de la société

algérienne.

« Tous connectés…

Que recherchent-ils ? »

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DOSSIER

LES MÉDIAS ALTERNATIFS EN ALGÉRIE :

Un nouveau regard sur l’actualité

Le média alternatif, c’est quoi ?

L’usage d’Internet s’est démocratiséen Algérie. Selon des statistiques del’Union Internationale desTélécommunications, 72%d’internautes en Algérie sont âgésentre 15 et 19 ans. 40% des algériensse connectent tous les jours oupresque et le Net est utilisé en 2013par environ 28% de la population(contre 56% au Maroc et 44% enTunisie). Avec un nombre d’abonnésInternet qui est passé de 2.339.338en 2013 à 9.816.143 au 30 novembre2014… les médias alternatifs quinaissent sur le web à l’instar des sitesd’informations en ligne, les blogs, lesweb TV et les web radio, ont imposéun nouveau traitement del’information et se sont imposés depar leur singularité et leur traitementdifférent de l’actualité qu’ils passenten revue et exploitent pour une plusgrande clarté. En Algérie, désormais,les différents médias alternatifsapportent un complémentindispensable à la justecompréhension des événements quise déroulent quotidiennement. A ladifférence des médias classiques,ces médias-ci abordent les sujetsselon une certaine organisation del’actualité et incitent les internauteset les acteurs de l’info à traiter lesinformations de l’actualité d’un angledifférent af in d’éveiller enpermanence la consciencecitoyenne et imposer de nouvellespistes de réflexion. Lacommunication alternativedéveloppe une communicationdifférente de celle produite par lesmédias institutionnels, différente dudiscours hégémonique d’unesociété. Elle est plus critique, plusengagée, plus militante, elles’occupe du non-dit ou du non-couvert par les autres médias. Il fautdire que les médias alternatifs quicommencent à s’imposer sur lascène algérienne sont loin deressembler à l’appareil journalistiquetrop conformiste imposé par lesmédias classiques. Grâce au web,une meilleure ouverture estpossible, une liberté d’expressionbien plus large, même si soumiseégalement à des règles et deslimites… Grâce au web, ces médiaspeuvent donner une actualité encontradiction, interpeller lesinternautes et évoquer des sujetstrès sensibles… Grâce aux médiasalternatifs, les lecteurs prennentconscience de l’existence d’une

autre alternative médiatiqueconstruite sur de l’ informationdirecte !

Le média alternatif, véritableconcurrent de l’information

classique

Le média alternatif est désormais unvéritable concurrent del’information classique de parl’influence qu’il exerce sur l’actualiténationale et mondiale et son côtéinteractif qui enrichit l’informationgrâce aux critiques des internautes.Quand nous parlons d’un nouveaumonde de l’information, ce n’estdonc pas uniquement en se basantsur la nature du traitement del’information, mais sur la rapidité decelle-ci puisque le média alternatifpermet également un traitementplus rapide de l’information grâce auweb. Si les médias classiques et lesmédias alternatifs développentpratiquement le même typed’information… la différence résidedans le fait que les médias alternatifsfavorisent systématiquement despôles médiatiquement populistes, etcontribuent à instruire l’informationau profit de celle-ci tout en ouvrantle champ aux internautes pourréagir... Grâce au web, tout cesystème de communication seregroupe à travers de vastes réseauxqui inextricablement se rejoignentpour enfin se reconnaître dans lemême idéal : la liberté d’expression! …

Les médias alternatifs, levier de lalutte pour la liberté d’expression

Internet a donné un second souffleaux médias en donnant naissance àla presse alternative, une presserelativement plus ouverte…Lesmédias alternatifs en Algérie sontaujourd’hui des médias citoyens

différents des grands groupesde presse, à la ligne éditorialedistincte, s’opposant de cettefaçon aux médias de masse. Ilsoffrent des informations qui seveulent à contre-courant destendances dominantes. Ilsvéhiculent également des idéeset des informationshabituellement peu diffuséesdans les grands médiascommerciaux dont la libertéd’expression est souventenchaînée par d’autresconsidérations. Dans notrepays, aujourd’hui, les médiasalternatifs revêtissent desformats différents tels que : lejournalisme en ligne, lesmagazines en ligne… et autressupports virtuels,... Cependant,pour que ces médias…puissent s’imposer et apporterun discours différent que celuides médias traditionnels, lanécessité d’être indépendants’impose. En effet, pourpouvoir jouir d’une marge deliberté d’expression, cesmédias doivent êtreautonomes, loin de lamanipulation.

Sites internet d’information,un nouvel espace

d’expression

Parmi les sites algériensd’information les pluspopulaires f igurent AlgérieFocus, TSA, El Watan, Elkhabar,Echourouk et bien d’autressites… Ces sites, qui réalisentsouvent des chiffres de visitesimpressionnants, ont imposéune nouvelle presse alternativeet ont contribué à façonnerl’opinion publique en ouvrant ledébat sur des sujets trèssensibles…Parmi ces sites

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DOSSIER

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figure TSA, le premier site internetd’information très célèbre enAlgérie. En effet, en 2014, ce site aterminé en tête des médiasfrancophones algériens sur Internet.Ainsi, sept ans et demi après sonlancement, ce média alternatif aconsolidé sa position de premiermédia francophone internetalgérien, avec plus de 3.2 millions devisiteurs et 9.5 millions de pagesvues en janvier 2015, selon lesdonnées de Google Analytics, l’outild’analyse d’audience de Google…Parmi eux, 77% sont des lecteursfidèles…

Ces jeunes web-humoristes qui sesont imposés à travers les médias

alternatifs

L’influence des médias alternatifs estindéniable au sein de la sociétéalgérienne. Le traitement différentde l’information imposé par cesnouveaux médias n’apporte pasuniquement un nouveau regard surl’actualité, mais permet de briser lestabous, de jouir de plus de libertépour se montrer plus critique vis-à-vis de la société et de véhiculer desidées neuves qui permettent defaçonner l’opinion publique et laguider vers d’autres horizons. Dansce sens, la naissance sur la toilealgérienne de jeunes web-humoristes qui n’hésitent

pas à aborder l’actualité avec unregard critique a apporté unenouvelle dimension au traitement del’information. Cette nouvelle

génération d’humoristes quiraillent les sujets de société lesplus sensibles ne cesse de créerle buzz en Algérie... Ils semoquent ouvertement de lapolitique et des politiciens deleur pays, critiquent le système,dénoncent les tabous, etmettent l’accent sur les fléauxsociaux les plus délicats dansune société qui préfèresouvent garder le silence…

Janvier 2015 / N°97

Amine Sayeh

Entretien avec Majda Nafissa RAHAL,

l’une des «twittos» les plus actives en AlgérieVous souvenez-vous de la naissancede votre compte Twitter ?

Je me rappelle avoir créé un compteTwitter pour le site edudz.net(@edudz) que je gérais à l’époque.Ayant accroché au concept de ceréseau social, j’ai décidé de créeraussi un compte personnel. C’estainsi qu’a commencé mon aventuresur Twitter.

Comment vous êtes-vous décidée àassurer l’animation de ce compte ?

Eh bien je dois avouer que l’activitésur mon compte fluctue selon mesoccupations et évolue avec mescentres d’intérêts. Lorsque je passepar des périodes de forteoccupation, je deviens un fantômesur Twitter. Sinon, en temps normal,j’essaie de partager les liens,informations et articles intéressantsau moment où je les trouve (c’est leprincipe même de Twitter après tout!). Je n’hésite pas aussi à partagermes opinions et parfois meshumeurs avec mes chers followers.

Comment caractérisiez-vous le tonet le contenu de votre compteTwitter ?

Le ton que j’emploie estrespectueux sans être formel.

Quant au contenu, il tourne souventautour de mes centres d’intérêtpersonnels : technologies, web,entreprenariat, développementpersonnel…

A votre avis, quel est le contenu quisuscite le plus d’engagement et demobilisation ?

Je dirais qu’il y a deux types decontenus qui suscitent deux formatsd’engagements différents. Quand jepartage quelque chose depersonnel, je reçois en généralbeaucoup de « mentions», cela

engendre une véritableconversation, et un partage«peer-to-peer » avec lesfollowers. Sinon, quand c’estplutôt un lien vers un article ouautre, l’engagement peut êtreestimé au nombre de retweetsou de favoris, sansnécessairement susciter uneconversation.

Pourquoi à votre avis Twittermanque encore de notoriétéen Algérie ?

J’ai envie de dire : parce quel’Algérien n’aime pas se casserla tête. Plus sérieusement, jepense qu’il y a plusieurs raisons,et que celles-ci ne sont passpécifiques aux Algériens. Lapremière est tout le jargon quientoure ce réseau social, les «retweets», « mention », «follower », «following »,…peuvent en rebuter plus d’unet ceci constitue selon moi laprincipale raison pour laquellebeaucoup ne franchissentjamais le pas pour devenir actifssur Twitter. Quand vouscomparez à Facebook dont lejargon s’inspire beaucoup de lavie réelle quotidienne, ladifférence saute aux yeuxdirectement. La deuxième

Twitter en chiffres

- 350 000 000 000. C’est le nombre de tweets écrits depuis la création du site en 2006.

- Contrairement à Facebook qui compte 1.23 milliard d’utilisateurs, Twitter en compte 241 000 000.

- près de 80 000 c’est le nombre approximatif d’utilisateurs de Twitter en Algérie.

- 82 300. Le Maroc est le premier utilisateur de Twitter au Maghreb avec 82 300 utilisateurs.

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raison est peut-être le peu d’intérêtque lui trouvent certains. Si jecontinue ma comparaison avecFacebook, son intérêt est clair : pourrester en contact avec ses amis,chatter, être à jour des nouvelles dumonde,… Pour Twitter par contre,beaucoup ne réalisent pas l’intérêtqu’il y a de communiquer sur ceréseau et cette relation de «follower- followé» (qui n’est pasnécessairement réciproque). Ladernière raison (même s’il y a en asûrement beaucoup d’autres quej’oublie, étant loin d’être uneexperte en réseaux sociaux) est lefait que les marques et lespersonnalités (stars) algériennes (àquelques exceptions près) n’ont pasencore une stratégie decommunication incluant Twitter, oualors celle-ci est calquée sur celleemployée sur Facebook sans tenterd’adapter ça aux spécif icités deTwitter. Dans certaines régions dumonde, les marques offrent uneréelle valeur ajoutée à leursfollowers : régler des problèmes entemps réel (je pense notamment àAir France qui a un véritable serviceclient 24/24h pour répondre à leurclientèle), offrir des promotions,

demander l’opinion de leursfollowers,…Bref, un véritableengagement et un échange dont lesdeux bénéf icient. Quand nousaurons aussi cela, peut-être que çapoussera certains à rejoindre Twitter!

Twitter dans le monde arabe

Selon une infographie publiée enjuin dernier et se basant sur lesdonnées du Dubai School ofGovernment, l’Egypte et la Tunisiesont les deux pays arabes quiaccusent un retard considérabledans l’usage de Twitter avec 0.1%pour les tunisiens et 0.26% pour lesEgyptiens. Le taux reste nettementinférieur au moment où nouscontinuons à évoquer l’influencequ’ont joué les réseaux sociaux dansles révolutions arabes. Les pays duGolf arrivent par contre en tête deliste des pays comptant le plus grandnombre d’utilisateurs de Twitter dansle monde arabe avec 1.311.882 enmars 2012. Le Kuwait, le Bahreïn etle Qatar arrivent en premièrespositions avec successivement8.13%, 4.28% et 2.22%. L’Egypte est

en 9ème position avec un tauxde pénétration de 0.26%, tandisque le taux de pénétration dela Tunisie avoisine les 0.1% soitseulement 10 800 tweeples, cequi la place en 12ème position,juste devant la Libye (0.07%), etderrière des pays commel’Arabie Saoudite (1.37%), laPalestine (0.36%), Oman(0.23%) et la Jordanie (0.57%).Selon cette infographie, cesont les pays relativementcalmes qui ont connu uneaugmentation dans l’usage dece réseau de microblogging,contrairement aux pays danslesquels des mouvements derévolutions ont étéenregistrés, ce qui signifie quel’usage des réseaux sociaux n’apas eu une véritable influencesur les mouvements qu’ontconnu ces pays.

Février 2014 / N°86

Réseaux sociaux, les Algériens accros au facebook

Mark Zuckerberg s’attendait-il à untel succès en inventant Facebook ?En effet presque 10 ans après sacréation, Facebook est devenu unphénomène technologique etsocial, qui a un très grand impact surses utilisateurs. Le site compte desmilliards d’utilisateurs à travers lemonde, et l’Algérie n’est pasépargnée par cephénomène.

La question qui se pose est :tous ces utilisateurs deFacebook, commentutilisent-ils ce site ? Il leurapporte quoi de nouveau ?Ce site a-t-il changé leur vie ?De ces questions, plusieursétudes ont été faites afin decomprendre l’impact du sitesur les gens. En dernier lieu,Wilhelm Hofmann del’université de Chicago, aanalysé le comportement de250 personnes de chaque tranched’âge (entre 18 et 85 ans) habitant laville allemande de Würzburg,pendant qu’ils essayaient de ne pasutiliser les réseaux sociaux pendantune semaine. Les sujets ont étédurant toute la semaine questionnéssur le fait qu’ils aient eu envied’utiliser les médias sociaux, sur laforce de cette envie, et s’ils ontsuccombé à cette envie.

Il leur a été aussi demandé si cetteutilisation entrait en conflit avecd’autres activités de la vie réelle.Hofmann a enregistré 10 558rapports de ces sujets durant lasemaine, dont 7827 signalant undésir de se connecter aux réseaux

sociaux. Et sans surprise, à mesureque la journée avançait, le désir dese connecter devenait de plus enplus grand, impliquant dessentiments de stress et de fatiguecroissants. Cet impact de Facebookn’est pas seulement porté sur lesEuropéens, mais notamment sur lesAlgériens, ces derniers sontvulnérables et résistent difficilementdevant la technologie. Pour rappell’Algérie compte presque 2 millions

de comptes sur ce site. Unchiffre important vu quel’internet n’est pas généraliséà travers le pays. Maiscomment ces gens (en généraldes jeunes) util isent-ilsFacebook ?

Nous avons posé laquestion à certainespersonnes choisies auhasard pour avoir leursavis sur Facebook. Enpremier l ieu nousavons trouvé Sofianequi a dit « quand je meréveille le matin à8h30, la premièrechose que je fais, estd’ouvrir mon compteFacebook. « En outreDjaafer nous arépondu en posantune question  «  jefaisais quoi sur le net,

quand Facebook n’existait pas?!!  » il a rajouté que la premièrechose qu’il fait en allumant sonpc, c’est de jeter un coup d’œilsur Facebook, bien avantd’ouvrir sa boite mail ».

Par contre Mohamed a dit  » j’aiun compte Facebook, mais jene l’utilise pas beaucoup, sesite n’a aucune utilité  » et il estallé loin en disant que  »

Ouzzani S.

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DOSSIER

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Facebook ne respecte pas laconfidentialité de ses utilisateurs,une fois Facebook m’a demandémon numéro de téléphone pouraccéder à mon compte, que veut-ilde mon numéro de fil ?, Facebook aun but bien précis, et loin  » a-t-ilrajouté

En Algérie, l’impact de Facebook esttellement grand. Les pagesalgériennes se sont inspirées de lavie quotidienne des citoyens. Enutil isant des mots du dialectetypiquement algérien comme ce quiest le cas de : « Tekariidj el djazairi  », «  1.2.3 viva l’Algérie  »,  « Intik  »,« Rouhi 3awni yemak ya tafla  »,  « Zawaliya club  » et bien d’autres

pages. L’utilisateur trouve un refugedans ces pages. Celles-ci utilisentl’humour pour oublier la dureté de lavie.

L’individu algérien utilise le site pourgarder contact avec la famillelointaine, chose très importantedans la société algérienne, surtoutque cette dernière est musulmane,et la religion islamique a toujoursincité à l’union familiale. En outrefacebook permet de faire denouvelles connaissances, ce quirend le monde vraiment petit. Deces points plutôt positifs, Facebooka pu gagner une place importantedans la vie des individus. Leur vie achangé radicalement.

Un autre point important àrappeler, Facebook a toujoursété accusé de ne pas respecterles conf identialités de sesutil isateurs, mais ce point « noir », n’a pas limité sonutilisation. Les gens négligentcet aspect négatif... Malgréque ce soit leur vie qui estexposée devant les inconnus,ils prennent le risque etutilisent le site naïvement…

26 Janvier 2014

Tous connectés, mais tellement isolésSmartphones, tablettes, ordinateurs et consoles. Ces instruments à la technologie très avancée, entrés de plain-pied dansnotre quotidien, envahissent et chamboulent les relations humaines... A moins de savoir contrôler cette dépendance qui a

vite fait de s’installer. Plongée dans la dimension virtuelle.

… Aujourd’hui, les écrans ontcolonisé notre vie. Les jeux en lignedes enfants, les tweets de la mère,et le portable du père qui sonne àtable sont devenus une partieintégrante du quotidien. Tout lemonde est connecté, partout,n’importe quand, au restaurant,dans les moyens de transport, au lit,dans les salles d’attente, etc.Facebook, Twitter, Google, autantde noms devenus courants surInternet aujourd’hui. Des millionsd’utilisateurs, peu importe leur âgeet culture, passent des heures et desheures à interagir sur les réseauxsociaux. C’est probablement pourcela que personne aujourd’hui neconteste l’importance démesuréedu temps personnel et familialconsacré aux écrans. Selon uneétude réalisée par le centre «PewGlobal Attitudes» portant sur 24 pays,l’Egypte est classée en 3e positionavec un taux d’utilisation d’Internet

de 44 %, alors que le Liban estpremier (57 %), suivi de la Jordanie(47 %). S’agissant des réseauxsociaux, les Egyptiens viennent entête du classement avec un taux de88 % d’utilisation, puis les Tunisiensavec 85 %. Pour les smartphones, 23% d’Egyptiens abonnés au téléphonemobile ont des smartphones contre12 % de Tunisiens et 37 % de Chinois.

On clique, on «tweete», on «like», onpartage, on demande, etc. Plusconcrètement, la mobilité etl’hypercommunication sont demise…Branchés près de 24/24, nouspouvons nous parler à n’importequel moment et, pourtant, plusieursse sentent déconnectés commejamais de leur famille et de leurcommunauté. De plus, nombreuxsont les gens qui sentent aujourd’huila nostalgie des moments dediscussion privilégiés où ils peuventenfin se retrouver tous ensemble…

SA VIE A TOURNÉ AUCAUCHEMAR

« Il est là sans être avec nous» :une phrase prononcéefréquemment par les femmesen désignant leurs maris.Naglaa, femme au foyer,confie que sa vie a tourné aucauchemar à cause deFacebook. «J’en ai assez demon mari qui passe plus detemps sur l’ordinateur ou autéléphone qu’avec moi... » Lasociologue Nadia Radwanepense que le «réseautage» etles nouvelles technologies del’information ont un effetnégatif sur la structurefamiliale. Les réseaux sociauxont non seulement remplacéles relations intimes établies ausein des familles, mais ont aussitué le dialogue entre lesmembres d’une même famille.Beaucoup de parents ontcessé de parler à leurs enfantset passent beaucoup de tempsla tête penchée sur leurtéléphone. Parents et enfants,chacun devant ses multiplesécrans, oublient qu’ils sonttous dans la même pièce. C’estdevenu une scène communedans les foyers. Certains ontmême recours au téléphoneportable, comme lien privilégiéavec leurs enfants, leur donnantainsi l’illusion que les nombreuxtextos échangés dans lajournée sont une véritableconversation. «C’est uneerreur, prétend Radwane, quiestime que la prolifération desSMS dans la journée a eu unimpact négatif sur la qualité de

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DOSSIER

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la communication parents enfants.On s’imagine que puisqu’onéchange des SMS avec son enfant,on a une bonne relation avec lui»…C’est là l’ironie... La sociologuen’oublie pas de donner l’exemple deFacebook, qui a reformulé la viesociale des jeunes. «Aujourd’hui,l’amitié se résume à mettre desphotos sur son site, à parler de soiaux autres et à entretenir uneconversation absolumentsuperf icielle avec une centained’amis. C’est complètementnarcissique et ne pourra pas apporterune véritable relation», précise-t-elle.

STRESS ET FATIGUE

Le psychologue Mohamad Abdallahestime que l’usage abusif de l’écraninduit une hyper-sollicitationpermanente, une dégradation desrelations entre les personnes, unesource de stress et de fatigue. Il nousprive du temps de repos, de réflexionet de présence au mondeindispensable au bien-être et aubien-penser. «Nous attendonsdavantage de la technologie etaccordons moins de temps etd’importance aux relationshumaines »…

FABRICATION DU SOCIAL

Cependant, les possibilités de sebrancher et de se connecterrisquent d’augmenter à l’avenir etperturber la fabricationtraditionnelle du social. Plusieurspersonnes ont senti leurs relationsfamiliales se distendre du fait de latrop forte présence de ces outilsmobiles à l’intérieur du foyer. «Jem’inquiète que les enfants nesachent plus ce que c’est que seraconter une histoire ou regarderquelqu’un dans les yeux, qu’ilsoublient qu’être connecté, c’estaussi partager l’espace avecquelqu’un, et pas seulement êtrerelié à lui par la technologie», lâcheSouad, femme divorcée.Exaspérée et inquiète de voir sesenfants immergés dans leurordinateur envoyer des Whatsappà longueur de journée, elle a décidéde tout débrancher. Elle a annoncéà ses trois enfants (14, 15 et 18 ans)qu’ils allaient faire durant unesemaine une merveilleuseexpérience, un grand voyage dansla vraie vie … en vidant leur maisonde tous ses écrans, c’est-à-dire :quatre ordinateurs, quatretéléphones portables, une consolede jeux, deux iPad et deuxtéléviseurs. Les enfants quipassaient de 7 à 8 heures par jouren compagnie d’un écran auraient

préféré renoncer à boire, ou àmanger que de s’éloigner deleurs écrans. Mais lesbénéfices du sevrage furentmultiples : l’un a repris avecpassion l’étude de soninstrument de musique, l’autredont la chambre était un bac àlinge sale géant retrouva lesens de l’ordre, la troisième semit à cuisiner et à écrire unroman. «Nous sommesredevenus plus proches les unsdes autres. Les enfants nefuyaient plus les repas pourretourner dans leur bullemultimédia mais s’attardaient àtable pour discuter ensembleface à face, sans avoir besoinde s’envoyer des SMS, d’êtrebranchés sur un ordinateur», seréjouit Souad du charmefamilial enfin retrouvé…

08 mai 2014

Communication sociale en Algérie sur Facebook:

Du virtuel à la réalitéDepuis les années 2000 sedéveloppent en Algérie l’utilisationde réseaux sociaux, en tête de liste :Facebook, en pleine expansiondepuis plus de deux ans en Algérie.Les jeunes, les moins jeunes lesintellectuels, les «hittistes»l’utilisent.… Facebook passe dusimple classique qui existait avantcomme MSN ou SKYPE endéveloppant une communication engroupe à un outil d’échanges etd’information de masse.

Pourquoi communication de masse?

Parce que Facebook s’est développéen média de masse à l’égale dechaines d’information par sapopularité, le nombre de sesutilisateurs et des informations qui ycirculent. De nos jours, et au vu desa grande util isation par lesalgériens, on en arrive à sedemander à quoi peut bien servir ceréseau au sein de notre société ?...Deux personnes, un groupe ou touteune société, communiquent,interagissent et se créent entre euxdes relations durables. Une société

a, donc, un ou plusieurs modèles decommunication adaptés à sesbesoins pour représenter les idéesdes individus, la société civiles’organise autour de groupes pourcommuniquer et informer.

La communication sociale, qui existeau sein d’une société, peut-être, plusau moins, eff icace si lesprotagonistes ont les moyens detransmettre leurs messages. Engénéral, nous communiquonsfacilement dans une sociétédésenclavée qui ne limite pas seslibertés, en faisant valoir un principedémocratique. Les Algériens, après«Octobre 883 , ont eu un champ deliberté ouvert qui leur a permis dedévelopper une consciencepolitique et de se réorganiser autourd’un nouveau modèle sociétal qui estle l ibéralisme. Après cetteouverture, l’algérien a été submergépar une grande diversité de partispolitiques et d’associations, il a fallu,alors, s’organiser autour d’un seul

modèle et ne pas s’éparpiller.Suite à cela, la communicationsociale ne se limitait plus àcommuniquer pour informer,comme au temps du partiunique où l’on priorisél’adhésion par patriotisme, maisà dialoguer pour émanciper lescitoyens à un changementsociétal et politique parconviction et par libre arbitre,qui est le point focal deséchanges. En 1992, l ’étatd’urgence est décrété etl’Algérie se ferme de nouveau.Le modèle sociétal acquit estreprit et la société civiletravaille à renforcer ses liens età sauvegarder sa liberté et celledes citoyens. La décennienoire a fait rétracter lacommunication socialejusqu’aux années 2000 oùl’Algérie émerge doucementet la nouvelle générationcommence à redécouvrir uneliberté perdue. Après cettepériode creuse, la nouvellegénération, celle qui a accès àla parabole, à Internet, qui voit

L.M. Amina,

licenciée en sciences politiques

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comment le monde vit en dehors del’Algérie, se découvre dans unesociété ou un vide politique et socialest flagrant; quand ceux-ci voientdans le monde se développer desmodèles de communication toujoursplus rapide et plus large couvrant unespace mondial, informant etincitant au développement. Al’exemple des réseauxsociaux…Parmi ces réseaux, l’un vase démarquer.

En 2004 Facebook fait son apparitiondans les universités américaines eten 2006 il devient accessible à tous.Le monde découvre le Facebook.Une photo, des informationsrelatives à la personne, despublications constantes avec desimages sur ce que l’on fait, desdiscussions et des échanges avecdes individus autour du monde. Iloffre aussi la possibil ité auxorganisations, entreprises ouinstitutions d’avoir une page pour lesreprésenter. C’est alors que l’ondécouvre à Facebook un autrechamp de communication plusimportant, un champ decommunication au niveau mondial,l’opportunité que saisiront les jeunesdu monde arabe pour interagir avec

le monde de la démocratie, et deredynamiser la communicationsociale à leur niveau. L’effet de lamondialisation est plus important etplus visible désormais. Le langagepolitique utilisé pour parler de ladémocratie et de la liberté est lemême dans le monde arabe et dansles pays développées…

Les utilisateurs algériens, endécouvrant Facebook en dehors dela photo et des commentaires, ont,d’une manière directe, influençaientsur la communication sociale établiedans la société en se créant despages, en rassemblant, valorisant lesactions et initiatives mise en œuvreet donc renvoyer une imageinnovante et vivante de cerassemblement et de cettecommunauté qui sort du virtuel. Lesjeunes algériens sont devenus alorsacteurs.

Nous pourrions expliquer cettenotoriété acquise auprès des jeunespar le manque de reconnaissancedans le monde réel, dans la société.Les jeunes sont mis à part alors quesur cette plateforme ils s’imposentpar leurs idées et transmettent auxautres une image pour affirmer leur

position sociale par le biais dece qu’ils pensent et ce qu’ilspourront réaliser et ce qu’ilsréalisent…

Facebook, dans la sociétéalgérienne, a modif iéremarquablement lacommunication socialeclassique militante pour unecommunication socialeinteractive impliquant ainsi lesjeunes et développant unesociabilité active où peuventse rencontrer les différentsacteurs sociaux pour unemeilleur interprétation etvision de l’adhésion et l’actionsociale. Grâce à ou en dépit dece réseau social, unchangement encouru sur lesmœurs est clairementremarquable sur nos jeunes Ila pu développer chez certainsune conscience politique etchez d’autres, il a toutsimplement déteint la partiepéjorative de la mondialisation.

06 Juillet 2014

Le business de l’amour «halal».

SITES DE RENCONTRES MUSULMANSLes sites de rencontres pour les musulmans connaissent un grand succès sur le Net. De nombreux Algé-

riens et Algériennes se sont laissés tenter, espérant trouver, si Dieu le veut, l’âme sœur sur la Toile.

Vous êtes musulman et vousrecherchez un musulman ou unemusulmane pour un mariagemusulman..». Là, au moins, il n’estpas possible de s’y tromper : larécurrence des mots «islam»,«valeurs» et «traditions» sontsuff isamment distillées dans lespages du site Meetarabic pour attirerdes jeunes qui cherchent l’âme sœursans offenser leurs principes. Lessites de rencontres à consonancemaghrébine font florès sur le Net. Ilsportent des noms tels que Inchallah,Mektoube, Lehlal, muslima.com,meetarabic. Le design est moderneet le discours est simple : touspromettent aux célibataires de leurfaire rencontrer la perle rare afin de«partager» leur vie dans «le respect,la religion et des valeurs ethniquescommunes».

«VALEURS COMMUNES»

«Sur les autres sites, on ne trouve pasles profils recherchés, il y a beaucoupde plaisantins. Là au moins il y a desgens sérieux, des Algériens et desMaghrébins avec lesquels nous avonsbeaucoup de choses en commun»,nous explique Naïma, 27 ans etcélibataire. Inscrite au site Inchallahdepuis près de deux mois, elle n’y apas encore trouvé l’amour. «Je nedésespère pas», dit-elle dans ungrand sourire. C’est que dans cegenre de sites, il est d’usage dementionner ses préférences, seshobbies, mais aussi son rapport à lareligion. Certains sites de rencontres,à l’exemple de e-moqabala,…soumettent un questionnaire à leursinscrits pour savoir s’ils auraientrecours à l’usure, à la zakat, ou s’ilsont déjà consommé un verred’alcool. Le visage encadré par unfoulard bariolé, la jeune assistante dedirection nous confie : «Je ne

m’imagine pas épouser unhomme qui ne fait pas la prière,c’est mon principal critère desélection.»

Les sites de rencontres ditsmusulmans prennent ainsi lesoin de confectionner desslogans sur mesure. Celui deLehlel.com proclame qu’ils’agit d’un site réservé aux«relations sérieuses et halal».«Notre volonté première, ditRachid Dhimane, gérant deLehlel.com, est de permettreà des personnes de faire desrencontres, et ce, dans lerespect de valeurs communes.Effectivement, la religion faitpartie des critères de certainsinscrits et notre équiped’administrateurs veille auquotidien à ce que certainesrègles et bonnes mœurs soientstrictement respectées. Ainsi,

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toutes les annonces et photos sontvisionnées une par une avant d’êtrepubliées. En cas d’annoncessuspectes ou de photos douteuses,lehlel.com se réserve le droit derefuser l’inscription.». L’idée de créerun site communautaire dédié à larecherche de l’âme sœur lui estvenue à l’observation de sonentourage. «Je me suis renducompte, souligne-t-il, que l’on étaitloin de l’époque de nos parents oùl’on pouvait rencontrer son mari ousa femme à 18 ans, échanger quelquesmots et se marier dans les mois quisuivent. Aujourd’hui, les personnesde ma tranche d’âge, les 25-35 ans,finissent leurs études de plus en plustard, pensent davantage à leursloisirs, à s’amuser, à voyager. Ils nepensent pas à rencontrersérieusement une personne pourconstruire leur vie». Le fait est,d’après lui, que les hommes et lesfemmes sont plus «exigeants» voire«méfiants» et laissent moins de placeà la rencontre lorsqu’ils sont abordésdans la rue.

LA PART DU DESTIN

«Beaucoup de personnes dans monentourage me disent ne pas savoir oùrencontrer des personnes deconfession musulmane quirépondraient à tous leurs critères,dans un cadre sécurisé, et ce, sans quecela prenne des années», explique-t-il, précisant que les Algériens ou lesémigrés d’origine algérienne

présents sur le site lehlel.comreprésentent environ 35% desinscrits. «Le point commun à toutesces personnes est qu’elles ont toutesdes critères bien définis pour cetterencontre. Autrement dit, ellessavent ce qu’elles veulent et surtoutce qu’elles ne veulent pas…»,explique Rachid Dhimane enréfutant l’appellation «sitecommunautaire » : «L’origine et lacommunauté auxquellesappartiennent les inscrits ne sont quedes critères parmi tant d’autres. Il nefaut pas voir dans notre site autrechose qu’un lieu permettant larencontre de personnes qui saventdéjà très bien ce qu’elles recherchent,nous ne faisons que leur apporternotre aide avec un lieu sécuriséfacilitant l’échange. Notreparticipation s’arrête ici, le reste c’estle destin !»

Sur la Toile, la concurrence est rudeet le nombre de sites de rencontresspécialisés est croissant. Le siteInchallah serait, à en croire NissafHajaj, 37 ans, directeur de la sociétéCAJIS qui l’édite et l’agenceComsore, leader en Algérie,revendiquant pas moins de 2,5mill ions de membres depuis lacréation du site en 2010. Il compteenviron 300 000 inscrits en Algérieet 600 000 inscriptions d’originealgérienne. Le responsable du siteInchallah dénombre, en moyenne,57 unions observées par jour… Quipeut-on croiser sur ces sites ? Il y

aurait, à en croire NissafHadjadj, deux types de profils: d’un côté, des personnesâgées entre 18 et 30 ans jamaismariées qui recherchent pour83% d’entre elles le mariage. Ilsreprésentent environ 80% desinscrits. De l’autre, lespersonnes de plus de 45 ansqui cherchent une deuxièmechance en amour après unpremier divorce…Lesconcepteurs du site insistentsur le fait que l’islam auquel ilsadhèrent n’est point celui quiest «instrumentalisé de part etd’autre, politisé ou mêmecommercialisé». L’explosiondes sites religieux nerépondrait aucunement,d’après Nissaf Hajaj, à une«explication sociologique» : «Ils’agit simplement, dit-il, d’unetendance de fond observée surle web qui tend à laspécialisation des sites. Onl’observe aisément sur les sitesde e-commerce qui sespécialisent fortement. Lessites de services n’échappent àcette règle et on voitapparaître des sites pourtoutes les religions et plusglobalement pour toutes lesconvictions (religieuse,politique…)».

Derrière l’aspect religieux, lebusiness reprend vite sesdroits. Le site Muslima.com estgéré par Cupid Media, leaderinternational des sites derencontres et basé enAustralie. La compagniepossède pas moins de 35 sitesde niches, dont un site derencontres pour les parentscélibataires, l’un pour leschrétiens et un autre pour lesNoirs.

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[SOCIÉTÉ]La cohésion sociale vient par les médias

… Avant d’aborder sa conférencesur «Le rôle des médias dans unedémocratie moderne», Aled Eirugs’est attaqué au thème de saconférence en estimant d’embléeque l’une des questionsfondamentales qui se posent,dans le cas d’espèce, est de savoir«dans quelle mesure les médiasdoivent être indépendants dugouvernement». Cette façon devoir les choses implique, selon lui,de s’assurer que legouvernement n’a pas de «droitde regard» sur les médias.Reconnaissant les diversespressions politiques et autrescontraintes financières exercées,l’orateur n’en estime pas moinsprécisément que le rôle desmédias est justement de«responsabiliser l’État etd’examiner ses actions ainsi quecelles du Parlement». Si cetterelation médias - gouvernementest différente de par le monde etque sa complexité varie selon lessituations, le diplomate anglaisplaide pour une «séparationofficielle» entre le gouvernementet les rédactions… D’après lui,couvrir ce qui est «négatif» doitêtre perçu d’abord comme unepreuve d’amour. Interrogé surl’irruption d’un nombreincalculable de médias, Aled Eirugestime que l’essentiel reste«l’efficacité» : «Le nombre ne faitpas la qualité forcément. Plus demédias ne signif ie pas demeilleurs médias. La questionfondamentale est de savoir dansquelle mesure le média jouit de laconfiance de son public.D’aprèslui, tout est question de«crédibilité» : «Le public doit êtresûr que vous êtes indépendant detoute influence politique et del’emprise d’autres éléments.Pour cela, vous devez sans cessemontrer votre intégrité et votrehonnêteté. Quant au public, ilsera toujours enclin à connaîtrevotre origine et d’où vousvenez…» C’est pour cela, selonlui, que les médias régionauxjouissent aujourd’hui d’une plusgrande confiance : «Ce défi est lemême à travers le monde !»

…la pluralité est une questioncruciale». Elle offre, selon lui,différentes perspectives. «Car ledéfi est de disposer surtout d’uneinformation sous différentsangles.» Ainsi, dans un contextedifficile pour la presse écrite, où ilest coûteux d’imprimer desjournaux à la manièretraditionnelle, la «diversité»prend aujourd’hui tout son sens.Les secteurs public et privé sont,selon lui, tous les deuxindispensables à ladémocratie….le secteur privé a,lui, un rôle important à jouernotamment pour le«changement et les idées àinjecter dans la société». Sur cepoint, les pressions des politiciensne passent pas toujours.L’orateur en veut pour preuve lefait que la scène politique apportede nouveaux développements àl’industrie de la presse…Lejournaliste a pour responsabilitéde refléter la vérité, sur ce qui sepasse sous ses yeux… Cela nesignifie pas pour autant que legouvernement agisse enconséquence sur ce qui se passeensuite sur les écrans….Lejournaliste a pour responsabilitéde refléter la vérité, sur ce qui sepasse sous ses yeux… Cela nesignifie pas pour autant que legouvernement agisse enconséquence sur ce qui se passe

ensuite sur les écrans… Pourl’hôte de Liberté, la société enentier y gagnerait car, selon lui,«la cohésion sociale vient par ledébat et l’analyse». Et sûrementpas par l’imprimatur qui a étéimposé, rappelle-t-on, auxjournalistes algériens. «Lapluralité est importante pourtoute société arabe ou autre. Elleoffre la compréhension de l’autre.D’ailleurs, l’une des missions duBritish Council est de promouvoirle dialogue dans le monde.»

Facebook plus fort que la presse?

Aled Eirug plaide clairement «pourune société inclusive où toutes lesvoix sont entendues». C’estpourquoi il ne dédaigne pas lesréseaux sociaux auxquels iltrouve quelques vertus. Cesréseaux informels ont eu unimpact politique et socialimportant. …Il faut considérer lesnouveaux médias tels Facebookou Twitter comme un outil. Sivous êtes pessimiste, vous allezdire que parler de soi est, sommetoute, secondaire. Mais si vousêtes optimiste, vous direz quecette technologie est un moyenqui renforce les médias pouravoir davantage d’informations.Les nouvelles technologiesoffrent des services aussi

Aled Eirug, membre du British Council, au Forum de “Liberté”

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[SOCIÉTÉ]

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05 Avril 2015

Viols, agressions et frustration sexuelle en Algérie :

«Nous avons besoin d’une révolution des esprits».

«Les viols et les agressions sexuelles dont sont vic-times les Algériennes prouve, aujourd’hui, que nousvivons dans une non-société», note d’emblée la so-ciologue WahibaDjani…»Nous avons plus que ja-mais besoin d’une révolution des esprits pour pou-voir lutter convenablement contre ces fléaux horri-bles. A cause du conservatisme ambiant, les espritssont complètement fermés dans notre pays. On nefera que régresser, si nous n’adoptons pas un nou-veau discours social sur les viols et agressions sexuel-les» …Qu’il faut cesser d’utiliser la «religiosité» pourbloquer les «esprits». «L’Islam condamne et punitvigoureusement ces crimes. Mais dans notre so-ciété, la parole n’est même pas encore libérée sur lesujet», regrette notre interlocutrice, qui propose deproduire un nouveau discours social pour aborderla délicate question de la frustration sexuelle quiperturbe considérablement la jeunesse.Rappelons

que le débat sur le tabou qui caractérise les consé-quences de la frustration sexuelle en Algérie, ne datepas d’aujourd’hui. En juin 2010, HayetAbboud, cher-cheuse à Faculté des Sciences humaines et des scien-ces sociales à l’université Mentouri de Constantine,a publié une brillante étude concernant la violencesexuelle en Algérie, qui «souvent tue» parce qu’elleest un «tabou infranchissable». Selon elle, la vio-lence sexuelle «continue jusqu’à nos jours à faire desravages dans toutes les couches de la société: fem-mes, enfants des deux sexes, et bien sur les hom-mes. Le silence trône majestueusement sur toutes

les sphères de la société».

louables que les médias. Et puis,la responsabilité dans le partagedes informations est unequestion qui concerne tous lesmédias en général.» Il avouera,pour sa part, avoir mordu àl’hameçon et qu’il ne faisaitqu’essayer de moins utiliserFacebook que ses enfants (rires).Interrogé, par ailleurs, si le BritishCouncil avait l’intention de sedévelopper sur le territoirealgérien ou s’il allait continuer àpromouvoir la langue anglaiseuniquement à Alger, Aled Eirug

semble avoir été pris audépourvu.

A cette question très «terre-à-terre», le diplomate a misnotamment en exerguel’importance de l’Algérie dans larégion, soulignée, à cetteoccasion, par la présence auforum de Liberté de SonExcellence l’ambassadeur duRoyaume-Uni, Sir Andrew Noble.«Pour la généralisation del’anglais, nous avons notammentlancé, en étroite collaborationavec le gouvernement algérien,

une formation pour lesenseignants. Cela dit, nous avonsencore du pain sur la planche»…Sur ce point, il est à parier, eneffet, que dans un pays de plus enplus sous influence française, «laperfide Albion» aura fort à faire…

14 Avril 2015

Lachichi Mohamed-Chérif

Abdou Semmar

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[DROIT]

28 Mars 2015

La nouvelle loi sur la signature et la certification électronique

redessine l’avenir du e-Commerce en Algérie

En effet, il fallait un cadre juridiquepour protéger les transactionscommerciales électroniques de lafraude et des attaquesinformatiques.

Enfin un cadre juridique pour le e-commerce en Algérie

La loi 15-04 met fin au vide juridiquequi caractérisait les activités ducommerce et des échangesélectroniques en Algérie.Désormais, la prolifération destransactions à distance, telles que lesboutiques en ligne ou les échangesd’informations avec les institutionspubliques, sera régie par la nouvelleloi, sous l’égide de l’Autoriténationale de certif icationélectronique. La certif icationélectronique constitue le pivot du e-commerce, il est question desécuriser les échangesd’informations confidentielles et destransactions commercialesélectroniques en termes deconfidentialité, de confiance etd’authentification. Ce procédé sertà facil iter l’ identif ication dessignataires ou des partiesconcernées par l’échange. 

L’enjeu n’est plus seulement desécuriser le e-paiement, il s’agit ausside signer, certifier et garantir unenvironnement de confiance entreles différents parties de latransaction. Pour se faire, une clécryptographique privée est utiliséepour créer une signatureélectronique, ainsi le chiffrementdes données transmises garantira laconfidentialité des échanges.

Création d’autorités indépendantes

La loi 15-04 inclue la création de troisautorités chargées de délivrer lesautorisations ainsi que du suivi et ducontrôle des prestataires de servicede la certification électronique : 

·L’Autorité administrativeindépendante  créée auprès duPremier Ministre appelée l’Autoriténationale de certif icationélectronique.

·L’Autorité économique de lacertif ication électronique placée

auprès de l’Autorité de Régulationde la Poste et desTélécommunications (ARPT).

·L’Autorité gouvernementale decertification électronique instauréeauprès du Ministre de la Poste et desTIC.

L’article régissant l’hébergementnumérique des données

personnelles

L’Article 5 de la loi de certificationélectronique stipule que toutes lesdonnées et informationspersonnelles recueillies par lesprestataires de service ainsi que lesbases de données qui lescontiennent « doivent êtrehébergées sur le territoire national», et ne peuvent pas être transféréesen dehors de celui-ci. 

Donc, l’article 5 encourage lestockage des données personnellessur des serveurs hébergés enAlgérie, par conséquent les serveursbasés géographiquement aux USAou au Népal par exemple sontinterdits par la présente loi.

Sanctions et emprisonnements

Le prestataire de service de lacertification électronique encouredes sanctions pécuniaires etadministratives en plus dedispositions pénales en cas de nonrespect de la politique de l’Autoritééconomique de la certif icationélectronique. Les amendes variententre 2 000 000 et 5 000 000 Da, alorsque les peines de prisons sont d’unedurée de 3 mois allant jusqu’à 3 ansselon la nature de l’infractionperpétrée.

Principaux fournisseurs de lasignature et de la certif icationélectronique en Algérie

Algeria e-banking Services (AeBS ) :C’est une entreprise de droitalgérien crée en janvier 2004, etspécialisée dans la création de portailde services bancaires en ligne. AeBSse présente en tant qu’acteur deréférence dans la modernisation desservices bancaires et des systèmes

de paiements électroniques enAlgérie. On compte parmi ses clientsdes banques publiques et privées :BDL, Société Générale, BNPParibas...etc. 

Open Trust : Une entreprisefrançaise reconnue mondialement,et qui traite plus que 30 projetsgouvernementaux dans 20 pays.Open trust assure la protection destransactions, des identités, desdocuments et des échangesnumériques. De plus, le Cloud SaaS(Software as a Service) est au menu,au profit de clients de différentsprofils : des gouvernements, desinstitutions f inancières ou desindustriels.

Un autre pas en avant...

Le commerce électronique avanced’un autre pas en avant, n’empêcheque le chemin vers unetransformation numérique efficaceest encore long. Certes, la loi sur lasignature et la certif icationélectronique va accélérer latransformation numérique deplusieurs secteurs notammentl’administration, le commerceélectronique et le e-banking, ycompris le e-paiement, mais d’autresdispositions législatives restent àpourvoir pour sécuriser etréglementer les transactions e-commerciales. D’autres paysprécurseurs dans le e-commercedisposent d’un arsenal de lois etd’autorités indépendantes régissantle marché virtuel où rien n’est laisséau hasard, jusqu’à la possibilité, parexemple, pour l’internaute dedisposer d’un droit de regard, deconsultation et de suppression desinformations personnelles leconcernant et qui sont stockées surun serveur donné...en Algérie, on enest encore loin malheureusement !.

Un autre saut numérique (après la 3G, la 4G, l’e-Paiement ...) remodèle le destin du commerce électronique enAlgérie, c’est une nouvelle loi tant attendue et prêchée par tous les protagonistes de la scène numérique natio-nale. La nouvelle loi 15-04 publiée au journal officiel du 10 février 2015 a pour objet de fixer les règles générales

relatives à la signature et à la certification électronique. 

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[DROIT]Violences à l’égard des femmes :

Que cesse l’impunité !Les nouveaux textes de loi portantprotection de la femme contre laviolence étaient hier en débat àl’APN. La nouvelle mouture, fruitd’un long combat, n’a pas les faveursdes islamistes alors que la violencereste une plaie béante dans lasociété.

Une injure dans la rue, une mainbaladeuse dans un bus, une gifle,une brimade puis l’agressiondécomplexée, facile, qui a de trèsfortes chances de rester impunie,puisqu’en Algérie, la violence contreles femmes est rendue ordinaire parun code pénal plus que permissif.Puisqu’en Algérie, la violence à

l’égard des femmes est presqueculturelle. La loi prévoit des sanctionsen cas d’atteinte à l’ intégritéphysique d’une personne, quellequ’elle soit.

Néanmoins, cette loi ne suffit pas àprotéger les femmes contre lescoups et blessures, les mariagesforcés, les viols, les intimidationsnombreuses qu’elles subissent ausein même de leurs familles... Desmembres du mouvement associatifmilitent depuis des années pour lacréation d’une loi-cadre spécifiquepour lutter contre les violences faitesaux femmes.

Le projet de loi portant amendementdu code pénal pour renforcer cettelutte, examiné et adopté au moisd’août dernier par le Conseil desministres, a été débattu àl’Assemblée populaire nationale(APN) hier, et bien qu’il ait été jugé«insuffisant» par des militants des

droits de la femme, il susciterésistance. A l’APN, lors du débat,des voix se sont élevées pourencourager le pardon, la docilité encas de violences conjugales.

A l’APN, un peu comme partout dansla rue, on craint l’émancipation desfemmes, leur présence. Le texteprévoit «des sanctions enversl’époux coupable de violencescontre son conjoint ayant entraînéune incapacité temporaire, unhandicap permanent ou uneamputation», mais les poursuitessont abandonnées, «si la victime

décide de pardonner à sonconjoint».

Le texte prévoit également «dessanctions contre l’abandon del’épouse enceinte ou non, contre lespressions ou intimidations visant àpriver l’épouse de ses biens, àl’encontre de l’auteur d’agressionssexuelles contre la femme»,aggravées si le «prévenu est unparent de la victime ou si celle-ci estmineure, handicapée ou enceinte».Le texte prévoit aussi desdispositions «contre les violencesattentatoires à la dignité de la femmedans des lieux publics».

Des membres du mouvementassociatif féministe ont très vite saluéle fait que le gouvernement prenneen charge un tel débat public maistout en critiquant des clauses«dangereuses», telles que le principede «l’abandon des poursuites en casde pardon de l’épouse», qui banalise

la violence conjugale et ne protègepas la femme contre toutes lespressions sociales et familiales quil’empêchent souvent de porterplainte contre son mari.

Peur et banalisation

La banalisation de la violence àl’égard des femmes a atteint un telpoint que la vie en société sembles’être déf initivement organiséeautour de cette colère et cetteoppression projetées sur elles. Loindes bancs et débats de l’APN, laréalité est pourtant pire que l’idéequ’on s’en fait. Près de 12 000femmes se plaignent chaque annéede violences (auprès des services desécurité, d’associations, etc.).

Très souvent les auteurs de cesviolences restent impunis. Raisonpour laquelle, beaucoup de femmesn’osent même pas s’en plaindre,notamment par peur desreprésailles. D’abord, parce que cesviolences commencent dans lesfoyers, avec plus de 60% des cas(coups et blessures, viols,intimidations, agressions…).

Elles se poursuivent dans la rue, oùune violence insidieuse sévit,amenant les femmes à presser lepas, à fuir l’hostil ité constantequ’elles croisent, à déserter unespace public où elles dérangent, oùelles filent la démarche presquecoupables. D’année en année, ellessont pourtant de plus en plusnombreuses à rejoindre l’universitéet à travailler. Les femmes seraientplus qualifiées que les hommes dansle monde du travail, selon la dernièreenquête de l’ONS sur les dépensesde consommation et le niveau de viedes ménages (2011).

Elle révèle que 44,4% des salariés desexe féminin avaient un niveauuniversitaire, contre 10,70%seulement pour les salariésmasculins. Pourtant, ellesn’accèdent que très difficilement,voire rarement à une évolution decarrière normale, à des postes-clésou à responsabilité. Celle-là est uneautre forme de violence.

04 Mars 2015

Bouredji Fella

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[ECONOMIE]

Le e-commerce s’implante doucement mais sûrement en Algérie

Malgré l’absence du paiement enligne, les sites d’e-commerce semultiplient en Algérie. Faute deréglementation pour cadrer lesecteur, leur qualité demeure, pourl’instant, inégale. Bon an, mal an,cependant, le secteur seprofessionnalise sous l’impulsiond’entrepreneurs algériens etétrangers qui misent sur uneexpansion rapide de ce nouveaumarché une fois les entravestechnologiques et législatives levées

(….) Les premiers sites de e-commerce algériens sont apparus àpartir de 2012. eChrily.com (achète-moi) fait partie des sites pionniersdans le secteur de vente en ligne. Ilest né en juillet 2012 à l’initiative deAbderezakBoudjerda, un jeunecadre du secteur pétrolier.

Les précurseurs

Six mois plus tard, en janvier 2013, latoile algérienne accueillait deuxnouveaux sites algériens de e-commerce: Tbeznyss.com, lancé le12 janvier, spécialisé dans la vente deproduits électroniques etNechrifenet.com, créé le 16 janvier,proposant des produitsd’équipement maison,électroménager, puériculture, etc.

Comme eChrily.com, Tbeznyss.comutilise le paiement en ligne parcompte virtuel prépayé epay.dz pour

l’achat des marchandises. Un servicede livraison à domicile a aussi été misen place pour la wilaya d’Alger et sapériphérie.

Tâtonnements

«Notre projet arrive peut-être un peutôt compte tenu de la situationactuelle du commerce en ligne enAlgérie», confiait le fondateur du siteNechrifenet.com, DjamelBendjaber, au moment du

lancement. Ce commerçant de 48ans, à la tête d’une société dedistribution, au chiffre d’affaires de400 millions de dinars pour l’année2012, a entrepris depuis deux ansd’importants investissements dansle e-commerce, à travers la sociétéAlgérie Cyber Market.

«On n’a rien inventé, on n’a fait quecopier des modèles existant en lesadaptant à l’Algérie», prend soin depréciser Djamel Bendjaber. Enl’absence de cartes de crédit,Nechrifenet.com propose unpaiement par virement ou parchèque. A défaut d’un service postalefficace, la livraison s’effectue àtravers un réseau de points relais.

Qu’importe le résultat, pour DjamelBendjaber, le but d’Algérie CyberMarket est avant tout de construireun modèle afin de se positionner surun marché encore vierge. Ce

Nejma Rondeleux

16 Aout 2014

commerçant passionné encourageainsi la création de sites de e-commerce quels que soient lesmoyens. «Je préfère de petitesinitiatives, même imparfaites, querien du tout car la compétition créela qualité», avoue-t-il.

Un cadre juridique à définir

Pour hisser le e-commerce au rangde véritable activité économique,l’Algérie manque de cadre légal. Al’heure actuelle, toutes les pratiques

se côtoient : les noms de domainevarient du «.dz», au «.com» enpassant par le «.fr», sans réelleexplication.

Mais la multiplication des sites de e-commerce algériens a contraint lesautorités concernées à s’emparer dusujet. L’ancien ministre duCommerce, Mustapha Benbada, aainsi annoncé fin janvier 2013 la miseen place «d’une petite commission»composée des représentants duministère du Commerce, de laJustice et des Télécommunicationsaf in d’élaborer une plate-formeréglementaire pour le e-commerceet la signature électronique.

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[ECONOMIE]Entreprises Algériennes :

Le web marketing pour fidéliser et conquérirLa communication en ligne se place, peu à peu, en Algérie au cœur des décisions managériales. De nombreux

opérateurs économiques privés et publics considèrent, aujourd’hui, la communication en ligne comme un

paramètre important et l’intègrent dans la réflexion et la stratégie corporate.

La rude concurrence qui caractérisele marché et la multiplication dessupports de communication ontpoussé les plus récalcitrants parmi lespatrons d’entreprise à réfléchir à unestratégie marketing capable de bâtirl’avantage concurrentiel et dégagerla différenciation pour construireune attitude favorable à leurstratégie.

Bien que peu développé en Algérieen comparaison avec les autres pays,le webmarketing, c’est-à-dire lapromotion par les entreprises deproduits on-line, a fait son entréedans le monde de l’entreprisealgérienne après l’éclosion dunumérique, l’étendue prise par lestechnologies de communicationmodernes et l’importance desmédias sociaux qui ont permis uneinteractivité jamais connue dansl’histoire de la communication.

Elles sont, en effet, de plus en plusnombreuses les entreprisesalgériennes, tous secteursconfondus, à se placer sur la toilepour louer les performances de leursproduits.

A côté des procédés marketingtraditionnels, utilisant les supportsmédias et hors médias, les dirigeantsd’entreprise, en Algérie et ailleurs,investissent chaque jour un peu plusinternet faisant ainsi de la nébuleuseweb le plus grand vecteur de tousles temps et le moins… cher surtout.

C’est en fait, la révolution opérée parle web 2.0 qui a bouleversé le monde

des médias et fait de lacommunication en ligne unealternative sérieuse aux médiastraditionnels.

En Algérie, ce sont, vers les années2005 -2006, qu’apparaissent lespremières expériences sur le webmarketing grâce aux « purs players», ces acteurs qui proposent desservices exclusivementéconomiques.

Ce sont eux qui ont été à l’origine duweb business.

Qu’il s’agisse d’emploitic.com pourle recrutement, ouedkniss.com pourles petites annonces,prodelapresse.com, qui met enliaison la presse et les acteurséconomiques, les sites web sedéveloppent et marquent leurterritoire en s’imposant commeacteurs incontournables dans lafoule numérique qui gagne l’Algérie.La culture web s’installe, seconsolide et pousse les entreprisesà prendre conscience des bienfaitsdu web marketing.

Rachid Debouci

Expert en média marketing

c’est à cette période aussi que lesAlgériens découvrent les métiers duwebmarketing et prennentconnaissance des missions liées à laprésence en ligne de l’entreprise. Unnouveau langage propre à la planèteweb fait son entrée dans le mondede l’entreprise.Création du contenu,optimisation du référencement,mise en place d’outils de mesure deperformance du site, autantd’expressions prononcées par lesgestionnaires d’entreprise quiprennent ainsi la mesure de ce quepeuvent engendrer, en termes destratégie marketing, les campagneset les actions en ligne, comme lanewsletter, l’emailing, le suivi desconsommateurs et la veilleconcurrentielle.

Mais, c’est incontestablement lesréseaux sociaux comme Facebook,Twitter, Linkedin et Viadeo, pour neciter que ceux-là, qui donnent lavéritable mesure de l’intérêt portépar les entreprises au webmarketing.

On est rentré ainsi de plein-pied dansla culture de la gratuité, del’instantanéité et surtout del’interactivité.

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[MÉMOIRE]

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Inscription de S’beiba au patrimoine immatériel de l’Unesco.

A la redécouverte de soiL’inscription du rite festif la S’beiba,pratiqué dans la région de Djanetprincipalement au cours del’Achoura, sur la liste représentativedu patrimoine immatériel de l’huma-nité, devrait être regardée commeune avancée notable de la culturealgérienne, celle qui tire sa sève destemps immémoriaux et qui constitueune continuité historique sur l’airegéographique du Tassili. C’est là uneréhabilitation de ce qui constitue undes fondements de l’identité nord-africaine dont le socle primaire estl’amazighité. C’est le comité del’Unesco pour la sauvegarde du pa-trimoine culturel immatériel qui a priscette décision hautement significa-tive et valorisante, non seulementpour le rehaussement de la place dela culture et de l’histoire de l’Algériedans le concert des nations, maisaussi pour la réha-bilitation internede notre moi na-tional, souventenvahi et avachipar un long com-plexe de tout cequi vient del’étranger. Que lavérité soit dite.Lorsque la télévi-sion nationalenous montrait lesimages de ces ri-tuels de danses,de gestes, dechants, avec leshabits traditionnels de ces popula-tions touarègues, bien des téléspec-tateurs regardaient les scènes sousl’œil «coupable» de l’exotisme depacotille, cela lorsqu’ils ne sont pastotalement distraits. Il a fallu la per-sévérance des concernés, des asso-ciations culturelles conscientes deleur mission historique et l’engage-ment du Centre national de recher-ches préhistoriques, anthropologi-ques et historiques (CNRPAH) ainsique de quelques esprits lucides del’étranger, pour permettre à ce pa-trimoine vivant de la culture algé-rienne d’accéder à la prestigieuseconsidération de l’Unesco. L’acteacquiert toute son importance nonseulement en raison de la profon-deur historique de la pratique de laS’beiba, mais aussi du message depaix qu’il charrie et qui trouve toutesa portée dans le contexte mondiald’aujourd’hui marqué par des guer-res ouvertes ou latentes et des con-flits d’intérêt que l’on tente de pré-senter comme des conflits de civili-sation. En effet, les rituels de la fêtede la S’beiba étaient destinés à scel-

ler la paix retrouvée, instaurée pardes sages, entre deux tribus de larégion du Tassili des Ajjer après unelongue période de voisinage belli-queux au cours de la haute antiquité.Après le classement, au cours de cesdernières années, sur la liste del’Unesco, du précieux chant Ahellildu Gourara, étudié et vulgarisé parfeu Mouloud Mammeri, et du légen-daire instrument à cordes, l’Imzad,accompagnant jusqu’à ce jour lechant targui, cette partie du grandSud algérien voit ainsi un autre élé-ment de son authenticité culturelle,la S’beiba, côtoyer le fond culturelet universel de l’humanité et béné-ficier de la considération et de la pro-tection de la plus haute instance cul-turelle du monde, l’Unesco.  S’agis-sant de la portée interne de ce clas-

sement, il est évident qu’elle doit in-terpeller tout le monde et toutes lesinstances afin d’en faire non seule-ment un signe de fierté nationale,mais surtout un instrument pour al-ler de l’avant en matière de recon-naissance et de promotion du fondsculturel algérien venant du fond desâges. C’est le ministère algérien desAffaires étrangères qui a rendu uncommuniqué suite à cette procédurede classement, en soulignant que«l’inscription de la Fête de la S’beiba,une pratique ancestrale de la régionde Djanet, sur la liste représentativedu patrimoine culturel immatériel del’humanité, constitue une reconnais-sance du rôle de ce rituel dans le dia-logue et la cohésion sociale en con-tribuant à la paix et au respect mu-tuel entre les communautés». Le mi-nistère ajoute qu’il s’agit là d’un «en-couragement au maintien des tradi-tions ancestrales de l’Algérie qui fa-vorise l’amélioration de la visibilité dupatrimoine culturel immatériel engénéral». L’on aurait souhaité que,en plus du ministère des Affaireétrangères, le ministère de la Culture

fasse état de la portée d’une telleopération d’inscription sur la liste dupatrimoine de l’Unesco, et surtoutqu’il en tire les conséquences enmatière de soutien dont devrait bé-néficier le segment de la culture na-tionale inhérent à l’histoire anciennedu pays, et ce quels que soient leslieux et les sites qui l’abritent, au sud,au nord, à l’est, au centre ou à l’ouestdu pays. Cependant, il se trouve quele sud algérien regorge de vestigeset de repères identitaires très forts,souvent plus parlants et surtoutmoins touchés par l’action dévasta-trice de l’homme. Ainsi, le prolonge-ment africain de l’Algérie se fait à tra-vers ces territoires maternels, foyersd’une grande civilisation contempo-raine des Pharaons et de l’ancienneMésopotamie; certains faciès sontcarrément antérieurs à ces deux

grandes civilisa-tions. Ce qui sep r é s e n t ea u j o u r d ’ h u icomme un désert,l’un des plus ari-des espaces de laplanète, n’a pastoujours été souscette forme. Lestravaux d’HenriLhote, de Men-del, de NadiaMechriSaâda etde Malika Hachidmontrent quec’est là un espace

humanisé, habité et civilisé, bienavant que les sociétés les plus pro-ches de la mer Méditerranée s’orga-nisent en États ou en  empires.Aujourd’hui, la perte matérielle de cepatrimoine constitue le musée à cielouvert du Hoggar-Tassili, et la partieimmatérielle est enracinée dans lamémoire infaillible des habitants dela région; outre dans la mémoire, elleest aussi inscrite dans les pratiques,les gestuelles, les chants et lescroyances de ces communautés. Cequi est aujourd’hui attendu des pou-voirs publics, des scientifiques et desassociations, c’est de travailler à ren-dre de plus en plus visible ce patri-moine multimillénaire de l’Algérie, delui donner les moyens de sa protec-tion, de sa promotion et de sa diffu-sion, loin de l’exotisme de bas étagetel qu’il est colporté jusqu’ici par lesmédias, les manuels scolaires et quel-ques politiciens en mal d’inspiration.

2 Décembre 2014

Amar Naït Messaoud

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[MÉMOIRE]Elle porte le nom et l’histoire de l’Emir Abdelkader

Elkader, une ville américaine qui promeut une autre vision de l’Islam

Nadir Kadi

L’aura de l’Emir Abdelkader, per-sonnage central de l’histoire dupays, dont l’action politique est àl’origine de la création même del’Etat algérien moderne, et l’undes précurseurs de la défense dudroit en temps de conflit, une con-ception de l’humanité qu’il mitnotamment en pratique en pro-tégeant des populations de con-fession chrétienne de Damas, atrès tôt dépassé le seul cadre al-gérien et musulman, à tel pointqu’une petite ville américaineporte son nom depuis sa créationen 1846 au nord-est de l’Etat del’Iowa.Elkader, tel est son nom,car plus facilement prononçablepour les Anglophones. Cepen-dant, le lien de la ville avec l’Emiralgérien aurait néanmoins puts’arrêter ici, n’était la promotionqu’en font ses habitants, réunisau sein du programme culturel «Abd el-Kader Education Project »,du parcours et de l’enseignementde l’Emir Abdelkader. Par ailleurs,l’initiative, au-delà de son aspecthistorique, apparaît égalementpour ses promoteurs comme uneoccasion de donner à découvrir àleurs concitoyens une vision apai-sée de la religion musulmane.Partant, en effet, du constatqu’en « dépit de la longue et pro-fonde interaction avec le Moyen-Orient et d’autres sociétés musul-manes, les Américains ne connais-sent que très peu de choses sur

les musulmans, leur croyance,leur communauté, leurs rêves ouleurs peurs ». Créé en 2008, avecpour objectif de « restaurer lamémoire historique d’un remar-quable personnage, dont l’impor-tance est aujourd’hui plus grandeque jamais », un homme « que leprésident Lincoln a honoré (…)comme un humaniste pour avoirsauvé des milliers de chrétiens en1860 », soulignent les fondateursdu projet sur le site(www.abdelkaderproject.org), leprogramme « Abd El-Kader Edu-cation Project », notamment basésur le travail de John W. Kiser,auteur de l’ouvrage Commanderof the Faithful, The Life and Timesof Emir Abd el-Kader, 1808-1883,est aujourd’hui désireux de met-

tre en avant « d’autres histoiresde musulmans dont l’exemplepeut inspirer musulmans et nonmusulmans ». Ajoutant dans cesens qu’il « est nécessaire (…)d’équilibrer les images presqueexclusivement négatives des mu-sulmans présentés par les médias», il est, par ailleurs, à rappeler quele programme « Abd el-Kader Edu-cation Project » organise des ren-contres annuelles, accueille no-tamment des auteurs, des profes-seurs d’universités, mais aussi desétudiants qui participent auxcompétitions d’écriture histori-que du programme. La dernièreédition avait notamment eu lieuavec la participation de l’ambas-sade d’Algérie à Washington.Pour rappel, la ville d’Elkader, quireste, à l’échelle des Etats-Unis,peu peuplée, avec moins de 1 500habitants, est jumelée depuis1984 à Mascara. L’histoire veutqu’elle ait été nommée ainsi parses trois fondateurs, Timothy Da-vis, John Thompson, ChesterSage, en hommage à la résistancede l’Emir Abdelkader face au co-lonialisme. Une partie de son mu-sée, le « Carter House Museum »,lui est notamment consacrée.

01 Février 2015

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[BIBLIOGRAPHIE]

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[REVUE]

On pense en général que les harkis, ces Algériens inté-grés à l’armée française pendant la guerre d’indépen-dance, ont soit réussi à s’enfuir en France, soit été “mas-sacrés” en 1962. En réalité, la plupart d’entre eux n’ontpas été tués, et vivent en Algérie depuis un demi-siècle.Une réalité historique difficilement dicible en Algériecomme en France

Le Dernier TabouLes "harkis" restés en Algérie après l'Indépendance

PIERRE DAUM Editions Actes Sud,2015

Moyen-Orient

n° 21, Janvier-Mars 2014

Editions Areion Group

[FILM]

Aux origines du MALG

Abderrahmane Berrouane

Editions Barzakh,2015

Rares sont les « Malgaches », les membres du fameuxMALG (Ministère de l’Armement et des Liaisons généra-les) créé en 1960 par Abdelhafid Boussouf, qui ont livréleur témoignage écrit.Abderrahmane Berrouane, ditSaphar, est de ceux-là. Il lui aura sans doute fallu un cer-tain courage pour oser écrire à la première personne ettenter de se défaire des réflexes de silence et de secretassociés à ce groupe réputé pour son opacité.

Trois ans déjà ont passé depuis les soulèvements histori-ques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Les « prin-temps arabes » ont mis en lumière une révolution cultu-relle qui marquera la région. Car, trois ans plus tard, leWeb est devenu un espace d’expression et de libertéque même les États les plus répressifs ont du mal à con-trôler.

Les Terrasses (Es-Stouh) de Merzak Allouache

[MUSIC]

souad massi El Mutakallimun