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DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 [ NRP Avril 2016, n°31 Economie Beni Snous, les derniers berbères de Tlemcen Djamel Alilat L’Algérie consacre la langue berbère après une longue lutte Graffitis : Ce que disent les murs d’Alger « QUAND L’ART DESCEND DANS LA RUE » Droit Mémoire Société Mustapha Benfodil L’économie algérienne, un an après la chute des prix du pétrole Tewfik Abdelbari

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DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25

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NRP Avril 2016, n°31

Economie

Beni Snous, les derniers berbères de Tlemcen

Djamel Alilat

L’Algérie consacre la langue berbère après une longue lutte

Graffitis : Ce que disent les murs d’Alger

« QUAND L’ART DESCEND DANS LA RUE »

Droit

Mémoire

Société

Mustapha Benfodil

L’économie algérienne, un an après la chute des prix du pétrole

Tewfik Abdelbari

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Lamya TENNCI, Sid Ahmed ABED, Mehdi SOUIAH, Samir REBIAI, Laid Nasro OUENZAR

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

SociétéGraffitis : Ce que disent les murs d’Alger,Mustapha Benfodil,p.9

Culture : La fin des festivals de prestige?, Nait Messaoud,p.10

Economieretour sur la relation économique Algérie-UE(contribution),Abderrahmane MEBTOUL,p.11

un an après la chute des prix du pétrole, Tewfik Abdelbari, p.12

Droit

L’Algérie consacre la langue berbère après une longue lutte,p.13

Constructions inachevées/Les propriétaires ont un sursisjusqu’au mois d’août,Esaid Wakli,p.13

Mémoire

Beni Snous, les derniers berbères de Tlemcen, Djamel Alilat,p.14

Les premiers guillotinés de la guerre d’Algérie: les cas deFerradj et Zabana, Ait Benali Boubeker, p.15

Bibliographie, p.16

Dossier

« QUAND L’ART DESCEND DANS LA RUE »

Algérie : Street-art-le hip-hop en précurseur,Kamel Amghar , p.4

L’art urbain arrive à Alger,Asma Benazouz, p.5

Le graff au Maroc: L’art urbain qui fleurit,Dounia Hadni, p.6“InfidjART” à Oran Ou la révolte, Mohamed El Amine. ,p.6Le théâtre dans la rue à Mascara : une première dans la cité del’émir, A.Ghomch, p.7

Ahmed Amine Aitouche, l’enfant de Belouizdad n’en finit pas dese faufiler entre les murs, Nedjma Rondeleux,p.7

L’histoire des musiciens de rue à Alger : De Baba Salem à MohVita,Salim AGGAR, p.8

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N° 31, Avril 2016

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NRP, Avril 2016, n°31

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Editorial

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NRP, Avril 2016, n°31

Lamya Tennci

Qu’ils soient graffeurs, musiciens, rappeurs, danseurs oucomédiens, ils ont tous un point commun, celui d’investir la rue

et de l’utiliser comme un espace d’expression. Les uns avec des pinceaux ou des bombes aérosols,d’autres avec des instruments de musique ou simplement en usant de leur plume. Dans un espacepublic, à la périphérie d’un quartier populaire, dans une station de métro ou de bus, et partoutailleurs, la rue leur appartient, elle est en quelque sorte la tribune pour dire leur soif de liberté.

Loin des espaces culturels conventionnels et des salles de spectacles ordinaires, la rue «El Zenka»

en arabe dialectal, représente un espace urbain que les algériens d’aujourd’hui se sont réappropriésà travers les différentes villes du pays et ce malgré une décennie difficilement surmontable. Plusieursactivités culturelles et artistiques sont proposées à un public largement hétérogène, mêlant pourcela différentes expressions, du graffiti au street art en passant par le hip hop, la musique et le

théâtre de rue. Le street art, en est un exemple saisissant. Cet art aux multiples facettes, se veutêtre avant tout, un art éphémère et underground, ouvert à toutes les catégories de la société, duplus lettré au plus populaire et transformant ainsi les murs, trottoirs ou escaliers, bref tout recoinabandonné, en une infinité de formes et d’expressions intellectuelles, culturelles et sociales. D’Ahmed

Amine Aitouche surnommé «Sneak» en passant par El Seed, le graffeur franco-tunisien jusqu’auxgraffitis marocains, l’art du graffiti et du street art n’a pas cessé de nous émerveiller et de nousraconter cette autre jeunesse, parfois laissée à la marge, qui d’une certaine manière, veut exprimersa différence, dire qu’elle existe et se révolter contre El hogra.

La musique de rue fait aussi partie de cette espace d’expression ; différents groupes de musique

sillonnent les rues d’Alger, d’Oran, de Bejaïa et bien d’autres villes, avec des styles musicaux desplus diversifiés, attirant avec eux, une foule de gens, venus partager pour quelques instants, leurjoie d’être ensemble et casser, un temps soit peut, la monotonie du quotidien.

Même si ces pratiques urbaines tendent bien que mal à s’imposer et à s’ancrer naturellement dansle paysage culturel algérien, il n’en demeure pas moins qu’elles sont le reflet d’une société enébullition qui aspire à un avenir meilleur, répondant par là, par le biais de l’art et de la création, à

toute forme de violence. L’art de la rue est aussi cet art alternatif, sorte de contre-culture, qui veutparler et communiquer avec les citoyens afin d’établir le dialogue et surtout de ramener l’art jusqu’àleur cité…

« QUAND L’ART DESCEND

DANS LA RUE »

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NRP, Avril 2016, n°31

DOSSIERAlgérie : Street-art-le hip-hop en précurseur

«L’art, sous toutes ses facettes, doitêtre présent partout sur la place pu-

blique, à chaque coin de rue, au mar-ché, dans les quartiers populaires, àla gare ou à la station métro, dans lesdifférents moyens de transport, lesjardins publics...etc.», estime MarioPareja, artiste espagnol, en marged’une manifestation de l’Institut Cer-vantès d’Alger, dédiée aux arts ur-bains. Ce retour aux sources estaujourd’hui l’objet de rivalité entreles grandes métropoles au monde.En effet, chaque capitale œuvre à ladiversification et au développementdes cultures urbaines qui deviennentde plus en plus «tendance» et jouentun rôle prépondérant pour leurimage et, bien entendu, le tourisme.Le Rap, la Break Dance, le Popping,le Big Box, le Skateboard, le Freestyle, le Graffiti, le clown, entre tantd’autres disciplines, investissent denos jours la rue comme espace d’ex-pression directement accessible. Engros, le street art est un mouvementartistique contemporain qui trans-forme l’asphalte, les trottoirs, le bé-ton, les murs de la ville ou les pare-brises poussiéreux des véhicules enune infinité de supports et d’espa-ces à la libre expression culturelle.En Algérie, cette dynamique mo-derne a fait son apparition au coursdes années 1990 dans le sillage de ladynamique hip-hop. L’émergencetonitruante du rap avait, en effet,brisé le mur de la peur et des préju-gés pour ouvrir la voie à toutes cesexpressions osées et souvent consi-dérées comme subversives. «L’artde rue ouvre aux profanes leschamps de l’abstraction : peindre,dessiner ou sculpter devient acces-sible aux élites comme aux ouvriers,

aux jeunes, et aux moins jeunes, auxfemmes, aux hommes et à leurs re-

jetons. L’art se popularise, l’artse démocratise, l’art devient lavoix de ceux qui se scandali-sent !», se réjouit un internautealgérois dans une tribune ano-nyme mise en ligne surInternet. Le rap en était, donc,le précurseur. Intervenant dansun contexte de grave crise in-terne, l’avènement du rap pro-fite de cette conjoncture dou-loureuse et gagne vite les fa-veurs d’un public jeune, curieuxet avide de d’ouverture et denouveauté. On bravant le dan-ger ambiant, le rap rompt le si-lence pour exprimer les frustra-tions et les espoirs d’une jeu-nesse qui aime tant la vie. Plu-sieurs groupes investissent,alors, la scène algéroise avantde s’étendre au reste du pays.On citera des pionniers commeHammaBoy’s, MBS et Intik.D’autres noms, de la mêmeétoffe, émergeront ensuitecomme Tox et Double Kanonavant que la fièvre hip-hop n’af-fecte toutes les régions dupays. Ils sont aujourd’hui des di-zaines de bandes à opérer danstoutes les wilayas de pays. Laréputation ce mouvement rapa dépassé les frontières dupays. Des groupes commeMBS et Intik ont même réussi àse faire produire par de gran-des boites étrangères commeUniversal et Sony. Au Maroc eten Tunisie le cas algérien faitécole….

17 Juillet 2013

Kamel Amghar

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DOSSIER

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L’art urbain arrive à Alger

Si les murs d’Alger pouvaient parler,ils nous raconteraient une nouvellehistoire. Le street art, mouvement d’art contemporain regroupanttoutes les formes d’art réalisées dansla rue, ne cesse d’investir les rues

d’Alger. Après le tunnel desfacultés, les escaliers arc-en-ciel, lesinitiatives des artistes algérois semultiplient, donnant un soufflenouveau à la capitale. Aux moyensde quelques pinceaux et de bidonsde peinture, les artistes de rues’accaparent les murs de la ville et partagent leurs arts avec lescitoyens. La semaine dernière, lephotographe algérien, YoucefKrache, a pris l’initiative d’organiserune exposition de 220photographies représentant desscènes de vie algéroise quilongeaient la rue Didouche Mouradjusqu’à la place Audin. Son but est

de « rendre plus accessible l’art auxalgériens et d’établir unecommunication, un partage autourde la photo » précise-t-il. Après troisheures, et suite à l’intervention dequelques policiers, les artistes ont duretirer leurs œuvres. Néanmoins,pour Youcef Krache, « de tellesinitiatives doivent continuer à se

multiplier ». Le street art se déclinepar ailleurs à travers l’art du graffiti.La capitale avait accueill i ennovembre dernier l’artiste franco-tunisien el Seed. Il réalise une

« calligraffitis » sur l’une des façadesd’un immeuble de DidoucheMourad. Cette œuvre avait permisde réunir les différents artistesalgérois autour du street art, quis’organisent aujourd’hui en ungroupe et s’exprime dans lesespaces grisonnants et abandonnésde la ville. Ahmed Amine Aitouche

fait partie de ces artistes qui ontchoisi la rue pour s’exprimer.« Le street art est pour nous lapratique de notre libertéintellectuelle, sociale etculturelle. Le fait de poser sapensée chaotique sur un murest déjà une harmonieaccomplie avec la ville et seshabitants »a-t-il confié.

Cette énergie nouvellen’investit pas que le béton, ellehabite aussi l’âme d’unenouvelle génération. Cesartistes témoignent d’unevolonté de partage avec lescitoyens, de la recherche d’undialogue et veulent ainsi ouvrirle débat à travers la créationd’un circuit parallèled’expression. Sur les plages dela madrague, les jeunes quis’occupaient à plonger à plat ventre ont vu leurs attentions

captées par un jeune artiste,connu sous le nom de « ElPanchow».Les œuvres del’artiste sont devenues deséléments du décor. Alors quela jeunesse algérienne estconstamment la cible de toutesles critiques, Ahmed Aitouchemet l’accent sur la nécessitéde l’encourager, de lui ouvrir laporte de la culture poursecouer le conformisme. Enplus de rendre l’art plusabordable aux citoyens, lestreet art, de par la qualité desœuvres réalisées, vientbousculer les préjugés desgraff itis anarchiques et duvandalisme qui rendaientcertains quartiers « peufréquentables ». ….

Asma Benazouz

15 Juillet 2015

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DOSSIER

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Le graff au Maroc: L’art urbain qui fleuritART URBAIN - À Casablanca, Meknès, ouencore Tanger, les graffeurs marocainss’approprient les murs de leur ville...Galerie de témoignages de six graffeursqui racontent leur passion pour cet artde rue.

Le duo de Placebostudio, alias Brick topet Abid

Parcours: »Depuis 3 ans, nous sommes àCasablanca, on est marocain et on essayede développer le graff iti et dereprésenter le mieux possible la scènestreet art marocaine». PourquoiCasablanca? »On a eu le coup de coeurpour cette ville et un coup de pouce ànotre arrivée. On a eu la chance derencontrer le directeur de l’école ibnHbbous sur le boulevard de lmassira quinous a offert un très grand mur de 45mètres de large sur 5 mètres de haut!On a ainsi commencé par peindre lafresque «Casablanca», avec El Guerab etune femme voilée». Vos sourcesd’inspiration? »Personnellement, ce quinous inspire à Casa c’est la ville... autantsa banlieue que des quartiers commeMaarif ou encore son centre ville.» Lesplaces où vous aimez peindre? »Sidimaarouf où on a des murs autorisés dansdes résidences, un mur sur le boulevardde notre massira. Maintenant, si ça netenais qu’à nous, on peindrait toute laville! J’aime bien la côte de Ain Diab aussi,il y a quelques murs sympas là-bas, lamédina avec son architecture art déco.»

Ed Oner, alias Mohamed Touirs

Parcours: »Je viens de Berrechid et aprèsun an en arts appliqués à Casablanca, despotes que j’y ai rencontrés m’ont initiéau graffiti alors que je n’y connaissais rien.C’est ma passion dans la vie maintenant.»

Style: »Depuis 4 ans, je peux dire que j’aiune patte. J’aime peindre les murs deHay Mohammadi et des anciens abattoirsmais pas que. Je peins aussi dans d’autresvilles comme à Oujda, par exemple».

Dais, alias SaidSabbah

“InfidjART” à Oran Ou la révolte

Parcours: »J’ai découvert le graffà Meknès grâce à l’association deGhita Zniber qui amènerégulièrement des graffeurs poursensibiliser les jeunes meknesi àl’art urbain, entre autres. C’étaitmon cas il y a 7 ans et depuis, jem’amuse à peindre les murs delocaux abandonnés avecl’autorisation de lqaid bien sûr.Ainsi que dans «lhouma» (lequartier) de Sidi Said.»

Mevok, alias Ismail DoneUmlahi

Parcours: »Je suis Tangérois etpersonne ne m’a appris le graff.J’ai découvert «hadlfnn» (cet art)tout seul en tâtonnant surInternet. Avec le temps, j’ai faitdes rencontres et je me suis prisau jeu et senti une vive envied’investir les places abandonnéesde ma ville, Tanger. Si j’ai unregret, c’est le prix extrêmementélevé des bombes pour peindre,au Maroc. D’ailleurs, on ne peut seprocurer ses outils qu’àCasablanca...»

Ce jeudi, les artistes du groupeInfidjART de l’École supérieure desBeaux-Arts d’Alger ont été les hôtes dela ville d’Oran plus précisément au café«Indigo» pour peindre une fresque et dedébattre de leur situation. C’est dans unesprit bon enfant et accompagné par ungroupe musicale que les artistes Alger,d’Oran et de Mostaganem et d’ailleurs discutaient avec les amoureux de l’Artd’El-Bahia. Des discussions portantsurtout sur leur grève entamée depuisdéjà le 15 mars.C’était aussi l’occasion

pour les étudiants des écoles de l’Oranieen Art d’étaler leurs préoccupations.Eneffet, InfidjART est un mouvement derevendications initié par l’ensemble desétudiants grévistes del’École Supérieuredes Beaux-Arts d’Alger qui, selon leursdires se révoltent «contre la soumission,la souffrance et l’obscurantisme»ressenti dans l’établissement durant cesdernières années.

Une fresque d’InfidjArt à Miramar

Le samedi, après avoir participé àla balade urbaine d’Oran , unefresque Murale «GARAGEMENTAL » a été réalisée par lesartistes dumouvement InfidjArt de l’écoledes beaux-arts d’Alger, d’Oran etde Mostaganem et ce dans lequartier Miramar dans le cadre dela Résidence d’artistes Infidjart.Leprojet de la fresque murale a étécoordonné par l ’artiste «ELPanchow». Le mot GARAGE a étépeint en rétribuant les lettres àchacun des artistes qui en étaientresponsables de la réalisation.Lestravaux qui ont duré toute lajournée et ont fait jaillir une fresquemurale de la conception etperception de plusieurs jeunes etartistes ce qui a permis de créerun réel brassage des conceptionset des techniques. Une admirablefresque avec des couleurs vives,chargées d’expressions etexplicites.

11 Janvier 2015

Dounia Hadni

02 Mai 2015

Mohamed El Amine

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DOSSIER

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13 Juin 2015

Ahmed Amine Aitouche,

l’enfant de Belouizdad n’en finit pas de se faufiler entre les mursDe la terrasse de son grand-père àl’escalier de l’Institut françaisd’Alger, Ahmed Amine Aitouche atoujours privilégié les murs pourpeindre. A l’extérieur, depréférence, en ville, si possible, degrandes façades blanches, encoremieux. Comme tous les graffeurs,c’est ce qu’il préfère.Avec sabarbe blonde bien taillée, sesyeux clairs et un sourire fossette,Ahmed Amine Aitouche n’a pasvraiment la gueule de l’emploi.Et pourtant, l’enfant deBelouizdad à la tête d’angetague depuis ses 13 ans.

«C’était un jour de l’Aïd Seghir»,raconte l’artiste de 25 ans, « avecl’argent offert j’ai été acheté unebombe aérosol chez lequincailler, je voulais découvrirautre chose que les jouets et lesbonbons».

Punition

Après s’être exercé avec de simplestags dans la ville de Sétif où il passaitses vacances, il entreprend detaguer son nom de famille en grandsur la terrasse de son grand-père.C’est son premier vrai graffiti qui sesolde par sa première punitiond’artiste.«J’ai dû repeindre toute la

terrasse», se souvient-t-il. «Depuisque j’ai commencé à taguer, detoute façon, ça n’a été que despunitions après des punitions».

Face à ces menaces, Ahmed AmineAitouche a appris à se mouvoirrapidement et adroitement pour

échapper aux foudres des aînés,petit, puis aux mains des policiers,plus tard. Cette réalité lui a inspiréson surnom «Sneak», qui signifie se«faufiler» en anglais.

Union

Aujourd’hui, tout en continuant sesgraffitis et à être puni, Ahmed AmineAitouche étudie à l’école des BeauxArts d’Alger depuis trois ans. C’est làqu’il a commencé la calligraphie à

laquelle il s’est senti «immédiatement rattaché aupoint de délaisser le dessin «.

Quelques-unes de sescalligraffitis ornent d’ailleursdorénavant la Placette BenBoulaïd à Alger Centre qui a été

investie par les graffeursalgériens en novembredernier dans le cadre de laBiennale culturellepluridisciplinaire, Djart2014.

La suite après lediaporama:

«Nous n’avons jamais étébien vus, ni respectésmais grâce à cette unionqui nous permet de tisser

des liens, nous espérons fairechanger le regard sur notretravail»

Le théâtre dans la rue à Mascara : une première dans la cité de l’émir

Ce samedi, en arpentant la rue « DocteurKhaled » à proximité du théâtre régio-nal de Mascara, un spectacle d’une scènede théâtre se jouait à l’air libre, une pre-mière dans la cité de l’émir. AbelmoudjibAziz accompagné du percussionniste Mahrez Habib, s’illustre encore un fois dans une pièce intitulée « El Goual ».

Aziz, connu dans la région sous le sobri-quet de « Moustiquette », se donnait en spectacle en un one-man- show avecbrio et dextérité. Ses faits et gestes mesurés et ses propos pleins de mora-lité traitent d’un grand nombre de pro-blèmes dont souffre notre corps social mais aussi une sensibilisation accrue auxdangers qui guettent l’Algérie dans cespectacle vivant le nouveau contextegéopolitique qui prévaut dans la région,la foule qui s’est agglutinée tout autourde la scène était suspendue aux lèvresdu Goual, tant les paroles étaient toutsimplement significatives à plus d’un ti-tre de ce spectacle vivant, festival deréférence pour les pouvoirs publics, une référence en matière d’art de la rue et

de théâtre. Un spectacle, nous diraAbdelmoudjib, monté à l’occasion de lacélébration de la journée mondiale duthéâtre avec l’étroite collaboration duthéâtre régional de Mascara et la contri-bution de l’association 4e art de Mascara.Pour la première fois dans la vie de laville, une telle activité artistique hors paira drainé un grand nombre de férus decet art dans la rue et dans les balcons desmaisons, les femmes notamment sui-vaient avec un grand intérêt et applica-tion toutes le péripéties de cette scènequi a duré plus de deux heures, la pro-grammation de cette activité reconnueà la fois pour sa qualité et son ouvertureà tous et à toutes formes d’expressionsa constitué le grand marché du specta-cle de rue, de places publiques, squareset alentours de la ville aux artistes derue et à la grande assistance parmi lesspectateurs, afin d’offrir une autre vision académique que celle connue par legrand public dans les salles de repro-duction théâtrale des salles des planchesde cet art d’expression qui a pris ses quar-

tiers dans les rues de Mascara du-rant ces vacances scolaires. Le pu-blic découvre pour la première foisle théâtre itinérant, arts de la rue,spectacles sur les places et dansles jardins, un festival de ce prin-temps qui sort de l’ordinaire, du cadre classique et ouvre les por-tes des rues au théâtre grandeurnature. Le festival cultive toujoursle même objectif: le spectacle vi-vant au travers des associations cul-turelles et autres. Abelmoudjib etson copain Habib ont innové, ces artistes ont investi la rue et laplace de la ville, une première pour ce rendez-vous unique.

A.Ghomch

10 Avril 2015

Nedjma Rondeleux

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DOSSIER

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L’histoire des musiciens de rue à Alger : De Baba Salem à Moh Vita

Chose promis chose due, le maired’Alger Centre, d’obédiencedémocratique et républicaineappartenant au MPA, HakimBettache a accordé uneautorisation officielle au chanteurde rueMohamedDaha, alias MohVita comme le montre la photopubliée sur son mur facebookavec le fameux sésame. C’est lepremier artiste qui obtient uneautorisation pour chanter dans larue.

Hakim Bettache délivre lapremière autorisation à un

musicien de rue à Alger

Et pourtant la musique dans la rue àAlger a toujours existé, mais sousdes formes sociales différentes. Lepremier à arpenter la capitale àchanter c’étais Zedji Baba Salem,comme l’adécrit AbdelamadjidMeskoud danssa célèbre chanson nostalgie Elassima. Il si l lonnait Alger et sabanlieue offrant un spectacleinsolite et gai, empreint demagie, qui passait sous lesbalcons pour demander l’aumône etqui fait peur aux enfants. Vêtus detenues mi-sahariennes, mi-modernes, une ceinture oùplusieurs foulards de différentescouleur sont attachées, la têteenturbannée, et un collier de petitscoquillages blancs autour du cou. ilétait l’atractionganawi de l’époqueentre 70 et 80. Cette photo est lapremière a être prise de ce fameuxchantre de la rue.

La première image de Baba Salem

La rue, le terrain de la libertéd’expression artistique

Les autorités à l’époque n’avaientpas besoin d’accorder uneautorisation pour jouer dans la rue.Au delà de la polémiqueprovoquée par les policiers qui nese doutaient pas que cetteinterpellation allait engendré unvaste élan de solidarité, les gensdénonçaient la hogra et ont oubliéla question essentielle: Qu’est cequi a poussé un jeune à la force del’âge à jouer dans la rue à larecherche de quelques dinars deplus?Alger, n’est pas unemétropole comme Paris où laculture de la musique de rueest solidement installée et ancrée.Où les producteurs sillonnent à larecherche de la pépite rare.Verrons nous les danseurs faire du

break dance sur la place Audin,comme sur les champsElysées ? Verrons nous unjoueur d’accordéon lancerdes notes dans le métrod’Alger (Là encore il faut uneautre autorisation et deslignes plus longues pourinstaller le tempo). Non laproblématique est beaucoupplus culturelle et plus sociale.

On n’est plus à l’époquedu célèbre Bab Salem,un troubadour de couleurvenu du grand Sud qui danseet qui joue du bendir et dukarkabou attirant lesménagères des balconsalgérois et les enfants quijouent dans la rue. En 2016, àl’heure de facebook, de la 5Det du Galaxy S5, la musique est

avant tout un moyen decommunication qui a envahi laplace, pousser les barrières dela censure et atterri dans la ruecomme une expressionplurielle sans concession. C’estdevenu d’ailleurs une forme derevendication politiquepuisque désormais chaquesamedi, les jeunes branchésd’Alger se donnent rendez-vous à la place Audin pourexprimer leur amour pour lamusique et pour la vie.

17 Janvier 2016

Salim AGGAR

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NRP, Avril 2016, n°31

[SOCIÉTÉ]Graffitis : Ce que disent les murs d’AlgerHassou bina» (pensez à nous),«Nouridou ettarhil fawrane» (nousvoulons être relogés en urgence),«Koullouna Ghazza» (Nous sommestous Ghaza), «Nouridou ziyada lilmouâwaqine» (nous voulons uneaugmentation pour les handicapés),«Je t’aime Chouchou», «Tupac

love», «La Glacière cinima»… Unflorilège de graffitis que l’on peutvoir en longeant les murs dequelques quartiers de l’Algérois…Certains datent un peu. D’autressont plus frais. Ils disent avec desmots crus, sans langue de bois, le mal-être, la mal-vie, la précarité sociale,le désir d’ailleurs, la misère affective,les sens interdits… Bref, nos murssont bien plus parlants qu’il n’yparaît. Et malgré la concurrenceféroce du «mur» de facebook, les«écritures urbaines» continuent às’accrocher, à résister, à contesterles récits dominants dans uneproximité charnelle avec la cité, avecle réel. Elles racontent lesconvulsions d’une Algérie enmouvement, en perpétuellemutation. Non. Les murs n’ont pasque des oreilles, ils ont aussi unelangue…

Dans le registre social, nous avonsnoté un certain nombre de graffitisau contenu revendicatif trèsexplicite et bien précis. L’un desthèmes qui revient le plus souvent …est celui de la «rahla», l’exigenced’un logement, surtout aux abordsdes habitations menaçant ruinecomme c’est le cas du côté deMalakoff, près de Bologhine… Autredoléance explicite : l’appel à uneprise en charge plus digne despersonnes handicapées. Lu sur unmur … «Ir’faou lana minhate el

mouaquine, innaha la takf ina»(Augmentez-nous l’allocation pourhandicapés, elle ne nous suffit pas).La même réclamation est expriméesur une palissade jouxtant le grandrond-point du Val d’Hydra :«Nouridou ziyada lil mouaâqine»(Nous voulons une augmentation

pour leshandicapés)…

Certains tags etgraffitis sont unconcentré de lacolère populairecontre nosdirigeants etattestent d’unrejet viscéral del’incurie, del’injustice, del’incompétenceet de lacorruption àgrande échelleérigées enmode de

gouvernance sous nos cieux. Cegraffiti cinglant repéré sur un petitmur, à quelque 200 mètres de lamairie de Boufarik, résumeparfaitement ce sentiment :«Samhouna ki rana aychine.Akhtiwna !»( P a r d o n n e z -nous d’être envie. F ichez-nous la paix!).Une autrei n s c r i p t i o nmurale gravéesur la façaded’un immeubledécrépi deBelcourt, prèsd ’ u ncommissariat,témoigne dece marasmeg é n é r a l i s é :«Hassou bina»(Pensez ànous)…

Dernière rubrique de cette «revuede presse murale» non exhaustive :le registre moral et civique. En têtede liste, les graffitis exhortant lesusagers à ne pas jeter les ordures surla voie publique ou encore à ne pasutiliser les cages d’escalier commeurinoirs. Parfois, ces appels aucivisme n’hésitent pas à rudoyer lescontrevenants potentiels d’untonitruant «Matarmiche zeblek h’na

ya h’mar» (ne jette pas tes déchetsici, bourricot !). Les graff itis«hygiéniques» sont d’ailleurs les pluspartagés sur le mur de la ville.

… Sans parler de tous ces graffitiset autres pictogrammes«anticouples» enjoignant aux jeunestourtereaux de ne pas roucoulerdans tel ou tel endroit, mêmesoustraits aux regards. Un graffitihilarant qui a beaucoup circulé surfacebook décrète : «Mamnoumoumarassate al romancia» (interditde pratiquer le romantisme). Les«romantiques pratiquants», eux, nes’en laissent pas conter.

A défaut de vivre leur passion, ils seconsolent en l’écrivant et la criantsur tous les toits et les murs del’interdit. «Youcef Chouchou habibi… A+Y= Love» ... Autant de cœurstransis additionnés dans l’anonymatdes lettres solitaires en attendantune union en bonne et due formepar devers l’imam ... Sur unepalissade, à Béchar, cette déclarationd’amour un peu particulière « Je suisamoureux d’une fille qui s’appelle LaQuille ». Il s’agit sans doute d’unappelé du service militaire. Sur la

même page chaulée, il renchérit :«Vive la liberté», «Vive darna» (vivechez moi). Touchant…

Mustapha Benfodil

06 Octobre 2015

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NRP, Avril 2016, n°31

[SOCIÉTÉ]Culture : La fin des festivals de prestige?Le ministre de la Culture, AzeddineMihoubi, compte rationaliser lesdépenses publiques consentieshabituellement dans les activitésartistiques collectives ... «Mieux vauttard que jamais», pourraient s’écriertous ceux qui tiennent en hauteestime le domaine de la culture etqui doutent de la portée et del’efficacité du boucan actuel fait defestivals, de galas et de multiplesregroupements artistiques payés parl’argent du contribuable.

«Tous les festivals organisés àl’échelle nationale seront évalués»,affirme Mihoubi ; une opération qu’iljuge «normale et naturelle» et parlaquelle les pouvoirs publics

chercheraient à identif ier lesinsuff isances et les anomalies,particulièrement sur le planfinancier, instaurer l’efficacité etconférer plus de force à ces activités.Certains de ces festivals auxquelssont accordées des durées de 10 à 15jours, pourraient être ramenés à 5jours, par exemple, explique leministre. De même, les festivals quireviennent chaque année,pourraient bénéficier d’une autrecadence, par exemple une fois tousles deux ans. Mihoubi explique cettenouvelle vision par le souci de donnerde la crédibilité à ces activitésculturelles collectives et de sortir dela routine. On ne peut qu’adhérer àcette opération de«débroussaillement» etd’assainissement d’un créneau dans

lequel l’Etat s’est complètementinvesti sans grands résultats sur laformation artistique, la vraie détenteinstructive et la formation du bongoût. Cependant, la synchronisationde ces engagements de la part duministre de la Culture avecl’ensemble des mesures dugouvernement tendant à instaurerune politique d’austérité dans tousles domaines, n’a certainement riende fortuit. Elle participe de cet effortde «rationalisation» de la dépensepublique auquel appelle legouvernement…

Les superlatifs n’ont pas fait défautpour qualif ier ou dépeindre les«grandes réalisations» de l’Algérie

aussi bien dans les ouvrages detravaux publics dont on connaît leslimites…, que dans tout ce qui relèvede l’activité et de l’ industrieculturelles. Ces dernières sontcirconscrites, comme le reconnaît àdemi-mot le ministre de la Culture,dans la politique de prestige, enorganisant des festivals à un rythmeinfernal, sans qu’on n’en ait jamaistiré un quelconque bilan moral.Certaines autres activités se limitentdans le temps à un intervalle bienparticulier, à l’image du mois dupatrimoine matériel et immatériel(du 18 avril au 18 mai de chaqueannée).

En dehors de ce mois, il n’y a plus deplace pour le débat sur le patrimoinealgérien et l’affront du temps qu’il

subit en matière de dégradation etde pillage. Les bilans que donnentrégulièrement les services desécurité (gendarmerie et police) etles services des Douanes sur le voldes pièces archéologiques, donnentfroid dans le dos…

La dernière et «grandiose»manifestation culturelle en cours, àsavoir «Constantine, capitale de laculture arabe» est, pour celui qui suitles événements de près, plombée aumoins par deux handicaps qui sesituent en dehors de la premièrepolémique alimentée par l’absenceà la référence au passé amazigh del’Algérie.

Un grand nombre de spectacles, derécits poétiques et de pièces dethéâtre sont donnés presque sanspublic. Dans le cadre de la réflexionengagée par le ministre de la Cultureau sujet de la politique des grandesmanifestations culturelles, il y a lieude tirer des leçons de ces flops et deréorganiser de fond en comble laproduction de l’acte culturel…

17 Aout 2015

Nait Messaoud

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NRP, Avril 2016, n°31

[ECONOMIE]

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Après l’alerte sur les franchises,

retour sur la relation économique Algérie-UE (contribution)Au XXIème siècle, les batailleséconomiques se remportent grâceà la bonne gouvernance et lavalorisation du savoir.

1-Régler les différents : Selon mesinformations aux plus hauts niveauxdes autorités algériennes, «l’Algériequi a toujours respecté sesengagements internationaux seconformera aux règles régissant lecommerce international quiprévoient desr e s t r i c t i o n squantitatives (licences)lorsqu’un pays membrea des diff icultés debalance de paiements.Il n’est nullementquestion de romprel’Accord d’Associationqui la lie à l’Europe, sonprincipal partenaireéconomique étant ennégociation pour unpartenariat gagnant/gagnant ».

2.-L’évolution desé c h a n g e scommerciaux entrel’Algérie et l’Europe :

Pour 2014, les pays del’Union Européennesont toujours lesprincipaux partenairesde l’Algérie, avec lesp r o p o r t i o n srespectives de 50,67%des importations et de64,21% desexportations.

3.-Pour un partenariatgagnant/gagnant

L’Algérie afin de négocier en rapportde forces, il y a urgence d’unchangement de la mentalitébureaucratique, en ce XXIème sièclece ne sont pas les Etats quiinvestissent, jouant le rôle derégulateur, devant concil iereff icacité économique et uneprofonde justice sociale, mais lesopérateurs qui sont mus par lalogique du profit. […] L’extérieurest-il responsable de la montée enpuissance de la bureaucratiedestructrice et de la corruptiondominante ; l ’extérieur est-ilresponsable de notre mauvaise

gestion et du gaspillage de nosressources ? Enfin, l’extérieur peut-il engager à notre place les réformesstructurelles dont l’Etat de droit etl’économie de marchéconcurrentielle conciliant efficacitééconomique et une profonde justicesociale avec cette concentrationexcessive du revenu national auprofit de rentes spéculatives, et ceafin d’asseoir une production horshydrocarbures. Et si l’Europe ouvre

son marché à l’Algérie qu’exporteral’Algérie en dehors deshydrocarbures à l’état brut ou semibrut du fait du dépérissement de sontissu industriel ? Certes, lesinquiétudes étant légitimes car lesbaisses tarifaires sont un manque àgagner à court terme variant selonles sources entre 1,5 et 2 milliards dedollars par an du fait du dégrèvementtarifaire., mais prof itant auxconsommateurs qui ont un bas prixpar rapport au prix intérieurInvoquer la situation monoexportatrice de l’Algérie, ne tientpas la route, la majorité des pays de

l’OPEP étant membres de l’OMC(97% du commerce mondial et 85%de la population mondiale) dont ledernier en date étant l’ArabieSaoudite. […] Aussi, pour pouvoirattirer les investissements porteurs,le gouvernement algérien devraitdonc mette en place desmécanismes de régulation af ind‘attirer des investisseurs porteurs,évitant des changementspériodiques de cadres juridiques, des

actions administrativesbureaucratiques nontransparentes source dedémobil isation et quirisquent de faire fuir lesinvestisseurs sérieuxqu’ils soient locaux ouétrangers. Les réformesé c o n o m i q u e sindispensables pours’adapter tant à lamondialisation del’économie dont l’espaceméditerranéen et africainest son espace naturelqu’aux mutationsinternes impliquentl’instauration del’économie de marché( d é m o c r a t i eéconomique) qui estinséparable de l’Etat dedroit et de la démocratiesociale et politique…. Orle bilan de ces dernièresannées est mitigé : il fauttirer les leçons. Leconsensus tant au niveaunational est l’urgenced’objectifs politiques plusprécis et une nouvelleo r g a n i s a t i o ninstitutionnelle afin dedonner plus de

cohérence et une accélération dece processus complexe maiscombien déterminant pour l’avenirdu pays.

(*)Dr Abderrahmane MEBTOUL,Professeur des Universités, expertinternational et membre deplusieurs organisationsinternationales

28 Février 2016

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[ECONOMIE]

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L’économie algérienne,un an après la chute des prix du pétrole : des chiffres qui font peur

Trois économistes et professeursd’université, NourMeddahi,RaoufBoucekkine et RafikBouklia-Hassane passent en revue la situationde l’économie nationale ainsi que lesrécentes mesures dugouvernement.Dans un documentde 14 pages, les trois auteursdistillent également des conseils etmettent en avant des pistes poursortir de la crise. […]

Un diagnostic alarmant

Une bonne partie du document estconsacrée à un état des lieux précisde la situation depuis un an. Noséconomistes détaillent les menacentqui pèsent sur l’avenirde l’Algérie, sur le planéconomique.Une fortebaisse du dinar : undollar américain valait79,5 DA à la fin juin 2014,rappelle le document,contre 99,5 DA fin juin2015. Une évolution à labaisse de près de 20% dela valeur de la monnaienationale, note la mêmesource. Un déf icitbudgétaire abyssal : ledéf icit budgétaire aatteint 457,2 milliards dedinars durant le premiertrimestre de 2015,indique la note. À cerythme, le déficit annuelsur l’année en courss’élèverait à 1 828,8mill iards de dinars,s’alarment les auteurs.Lafonte du FRR : le Fonds de régulationdes recettes (FRR) est fortementsollicité pour combler le déficit. Pourl’année 2015, la ponction de 1 828,8milliards « réduirait le montant duFRR à 2 579,2 mds de dinars », noteles économistes. Au rythme actuel «et si rien n’est fait, le FRR s’épuiseraen mai 2017 », précisent-ils.Budgetd’équipement réduit : les dépensesd’équipements de l’État étaient de457,3 milliards de dinars durant lestrois premiers de 2015, « soit autantque le déficit budgétaire », soulignele document. Sur toute l’année, cesdépenses devraient atteindre les 1829,4 mds, « contre 2 493 mds dedinars pour l’année 2014 ». Celareprésente « une baisse de 26,6% ennominal et 31,5% en tenant comptede l’inflation (5%) ».La balance despaiements sera déficitaire : le déficitcommercial de l’Algérie s’est élevéà 6,4 milliards de dollars durant les 5

premiers mois de l’année en cours.Ce déficit devrait être proche de 16mds $ pour toute l’année 2015 […]Les exportations en chute libre :15,94 milliards de dollars durant les 5premiers mois de 2015, contre 28,31milliards à la même période de 2014,« soit une chute de 43,67% », selonles économistes. « Pas optimiste auvu du redressement de l’industrie duschiste américain et la perspectivedu retour du pétrole iranien sur lemarché », notent-ils. Baisse desimportations en valeur mais quasi-stabilité en volume : la baisse desimportations de la zone dollar (-10,2%) a été compensée par unehausse des achats de la zone euro

(+9,8%), indique le document. Unsimple changement de zone,semblent indiquer les auteurs. Ainsi,« nous pouvons conclure que pourles cinq premiers mois de l’année2015, le volume des importations estau même niveau que celui de lamême période de 2014 », selon eux.Inflation : l ’Off ice national desstatistiques (ONS) a évalué l’inflationannuelle à mai 2015 à 4,8%. « Elle estclairement en augmentation parrapport aux années 2013 (3,3%) et2014 (2,9%) », relève le document.

La réaction du gouvernement

Devant la « gravité de la situation »,le gouvernement semble résolu « àla nécessité d’ajustementsdouloureux », estiment leséconomistes […]

Dépréciation du dinar : la Banqued’Algérie ne va pas assez loin ?

La monnaie nationale a enregistréune baisse importante vis-à-vis dudollar (11,2%). Cela dit, l’euro etd’autres monnaies ont égalementbaissé par rapport au dollar. Le dinara donc peu perdu face à l’euro […]

Réduire les subventionsurgemment

« Nous avons souligné le caractèreantiéconomique et antisocial denombre des subventions actuelles »,explique les trois économistes. Cettepolitique est intenable, selon eux.

Pis, elle est injuste : « Lamoitié la moins aisée de lapopulation reçoit 28% dessubventions totales; lereste, soit 72%, va chez lamoitié la plus aisée »,selon les chiffres reprisd’une enquête duministère des Finances.

Lutter contre l’informel

La rumeur d’une possibleamnistie f iscale semblelargement insuffisante,voire dangereuse, auxyeux des économistes : «En Algérie, elle pourraitmême avoir à terme uneffet contraire car elledéculpabiliserait ceux qui jusqu’alors étaientpleinement dans lalégalité, qui seraient alors

tentés, voire incités, à tricher »,estiment-ils.[…]

Combattre le lobby desimportateurs

La réduction des importations est un« objectif crucial » aux yeux deséconomistes. Mais il faut que legouvernement fasse preuve de plusde sévérité dans la lutte contre « lelobby des importateurs ».Cela dit, lalimitation des importations ne doitpas empêcher « l’entrée de biens decapital à haute valeur technologiquecontribuant crucialement à la mise àniveau de nos industries parexemple. » […]

07 Juillet 2015

Tewfik Abdelbari

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NRP, Avril 2016, n°31

[DROIT]L’Algérie consacre la langue berbère après une longue lutteAprès une lutte de plus d’un demi-siècle, la population berbèred’Algérie a obtenu que sa langue, letamazight, soit reconnue dimanchecomme langue officielle, un cran endessous de l’arabe qui demeure cellede l’Etat.Le Parlement a adopté àune écrasante majorité une révisionde la Constitution qui établit que letamazight est désormais une« langue officielle » du pays tandisque l’arabe « est la langue nationaleet officielle » et « demeure la langueoff icielle de l?Etat ».Les élusconsacrent ainsi le tamazight, unelangue qui, sous ses différentesvariantes (chaoui, kabyle, mozabite,touareg), est parlée par environ 10millions de personnes, soit le quartde la population du pays d’Afrique duNord. Pour sa part, le français, bienque parlé couramment, n’a aucunstatut officiel et est enseigné dansles écoles comme une langueétrangère. L’off icialisation dutamazight a été saluée par le Hautcommissariat à l’amazighité (HCA),un organisme officiel chargé depuis1995 de la promotion de la langueberbère, suite à une « grève ducartable » d’un an en Kabylie. Cettemesure « signif ie que l?Etatmobilisera davantage de moyens etde mécanismes pour rattraper lesdéf icits accusés », a salué sonsecrétaire général, Si El HachemiAssad. Elle prévoit notamment lacréation d’une Académie tamazightqui sera chargée de réunir lesconditions de promotion dutamazight en vue de concrétiser, àterme, son statut de langue officielle.Le tamazight avait été jusque-là niéet ses militants pourchassés dans cepays dirigé par un parti unique quiavait fait le choix d’unir son peuplesous la bannière de l’arabité. En 1980,la question fit son irruption sur lascène publique après desmanifestations violemmentreprimées en Kabylie, où seconcentre l’essentiel de lapopulation berbérophone.

– Ouverture –

L’Etat a fait preuve à partir desannées 1990 d’une certaineouverture sur les revendicationsidentitaire et linguistique de cettepopulation. L’enseignement dutamazight a ainsi été introduit dansles établissements scolaires en 1995dans certaines régions du pays où leberbère est la langue maternelle. En2002, après des émeutes sanglantesdans cette même région qui ont fait126 morts, elle avait été reconnue

comme deuxième « languenationale » sur décision du présidentAbdelaziz Bouteflika. Six ansauparavant, en 1996, l’amazighitéavait été reconnue dans la nouvelleConstitution comme composante del’identité nationale aux côtés del’arabité et de l’islamité. Et unechaîne de télévision diffusant desprogrammes en langue tamazightdans ses déclinaisons a été lancée en2009. Mais plus 20 ans après lacréation du HCA, son enseignementest assuré seulement dans 22départements sur 48 et le nombred’apprenants estimé à 277.176 surplus de 10 millions d’élèves, selon desstatistiques du HCA. Sonofficialisation mettra du temps à êtreen place dans l’attente de sonuniformisation et d’un consensus sursa transcription, objet de vivescontroverses entre les partisans descaractères berbères (authenticité),latins (universal ité) ou arabes(islamité).

– ‘Hiérarchie aberrante’ –

Si cette reconnaissance dutamazight était réclamée depuisplusieurs décennies, sonofficialisation n’a pas fait que desheureux, ses défenseurs les plusfarouches exigeant « la parité » avecl’arabe. Le Front des forcessocialistes (FFS), qui milite aussi pourla reconnaissance de cette langue,avait demandé à ses députés deboycotter la réunion du Parlement.« Cette nouvelle Constitution a faitde l’officialisation de tamazight uneopération de diversion », ont estimédans une déclaration renduepublique cette semaine unevingtaine de militants pour lareconnaissance du tamazight. Parmieux figurent notamment l’ex-président et fondateur duRassemblement pour la culture et ladémocratie (RCD, opposition) SaïdSadi, une des f iguresemblématiques du printempsberbère d’avril 1980, et le plus vieuxmilitant des droits de l’Homme enAlgérie, l’avocat Abdennour Ali-Yahia(95 ans). Selon eux, la nouvelleConstitution aurait dû instaurer « laparité des langues arabe et tamazightpour clore un schisme » qui duredepuis la période de la colonisationfrançaise de l’Algérie (1830/1962).Mais, regrettent-ils, le texte « afficheune hiérarchie aberrante quimaintient le tamazight dans unedimension de stigmatelinguistique ». « Ce statut de langueofficielle exclue de l’Etat a un parfum

colonial insupportable », renchéritHend Sadi, un autre militanthistorique.

Les propriétaires des habitationsinachevées ont du souci à se faire.Le ministère de l’Habitat vient derappeler, à travers une note reprisepar plusieurs médias, que lescitoyens qui possèdent des maisonsinachevées doivent terminer lestravaux avant le mois d’aoûtprochain. Cela concerne enpremier lieu les citoyens qui ontentamé les travaux de leurs maisonsen 2008. Les autorités estiment que8 années sont largementsuff isantes pour achever laconstruction d’une maison.

Dans le cas où ces citoyens ne seconforment pas, le ministère del’Habitat va entamer des actions enjustice. Pis, les propriétaires n’aurontmême pas le droit de louer ou devendre ces biens. Pour donner lachance aux propriétaires desmaisons inachevées, legouvernement a mis en place desmécanismes de soutien. Acommencer par donner la possibilitéaux propriétaires de contracter desprêts bancaires à des taux bonifiéspour leur permettre d’achever leursconstructions. L’application de cetteloi, sortie en 2008, a été retardée aumoins à deux reprises. L’objectif desautorités étant de donner plus dechance aux citoyens de pouvoirterminer les travaux de leurshabitations. Des milliers de maisonsinachevées défigurent l’aspect desvilles et villages du pays. Certainspropriétaires ne se gênent mêmepas de louer des garages de maisonsà des prix forts sans pour autant sesoucier de l’aspect extérieur desdemeures qui restent en chantierparfois durant plusieurs décennies.

Constructions inachevées/Les propriétaires ont un

sursis jusqu’au mois d’août

Esaid Wakli

10 Mars 2016

07 Février 2016

AFP

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[MÉMOIRE]

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Beni Snous, les derniers berbères de TlemcenLa toponymie est restée profondé-ment berbère, tout comme l’archi-tecture de ses villages de terre et depierre accrochés aux flancs de mon-tagnes, abrités sous d’immenses fa-laises, suspendus au-dessus d’ouedset de vergers qui s’étagent encascades.Les noms des villages chan-tent encore la Numidie deMassenssen ou le royaume deYaghmorassen. Ils s’appellentTazemourth, Rouamane, Tssaresst,Tinatine, Tizi N tayma, Tafessra,Tirichine, Tadreqt, Aghrawen ou en-core Khemis. Les paysages rappel-lent les Aurès et la Kabylie, en plusexotique, mais nous sommes à l’ex-trême ouest de Tlemcen. Chez lesBeni Snous. Ils sont les derniers Ber-bères de Tlemcen. A partir de la villede Beni Boussaïd, au sud deMaghnia, nous sommes censés êtrerentrés en territoire berbère. Néan-moins, les pre-miers habitantsrencontrés nousindiquent qu’il ya longtemps quela contrée aperdu sa langueoriginelle. «Il fautaller plus loin. Ici,plus personne nela parle. Il y a en-core quelquesvieux qui s’ensouviennent ducôté de Zouia ouchez les BeniSnous», nous dit-on.La route versle pays des BeniSnous monte et serpente au milieudes oliviers puis des maquis jusqu’ausommet d’un haut plateau rocheuxdu nom de Ras-Asfour, là où les ca-sernes de l’armée…ressemblent…Le trafic de carbu-rant est la seule économie dans toutela région. Au bout de quelques kilo-mètres sur le plateau de Ras-Asfour,il faut bifurquer vers le nord et em-prunter une route qui longe une val-lée qui ne cesse de s’étrangler engorge pour afficher une beauté sau-vage. C’est au sein de ses gorges fée-riques que prend sa source la célè-bre Tafna.Le village d’El Khemis est bâti au-dessous de la falaise del’AzrouOufernane. C’est là que nousavons rendez-vous avec Zizi Abbes,anthropologue et natif de la région.Notre homme nous apprend que lesBeni Snous ou Aït Snous, se compo-sent de trois fractions. Khemis et At

Larbi, les Beni Bahdel et El Kef. «Il nereste plus que quelques vieilles per-sonnes à connaître l’amazigh.Les vil-lages ont éclaté à l’avènement duterrorisme. Les paysans se sont ré-fugiés dans les centres urbains, per-dant leur leur identité», dit-il. En par-lant des Beni Snous dans son Histoiredes Berbères, Ibn Khaldoun dit qu’ilss’attachèrent à la famille deYaghmorassen. «L’un d’eux, YahiaBen Moussa Es Senoussi, fut en 1327l’un des grands généraux du sultande Tlemcen», écrit-il.Dans ce canyonencaissé, les gens sont essentielle-ment cultivateurs. «Les anciens ontsystématiquement bâti les villagesavec une double protection : des fa-laises derrière et un oued devant»,dit notre anthropologue. L’architec-ture des maisons aux toits en terras-ses ressemblent à celles des chaouiasdes Aurès. Avec la Kabylie, les habi-tants partagent plutôt l’appellation,

car on les appelle les Kabyles…Surcette vallée plane encore le fantômedu roi Chachnaq, l’aguellid amazighqui aurait triomphé d’un puissantpharaon du nom de Ramsès, il y a prèsde trois millénaires. Après sa victoire,il serait revenu d’Egypte par cettevallée des Aït Snous, auréolé de pres-tige et accompagné de lions. C’est decette époque que daterait le fameuxcarnaval de l’Ayred (lion en berbère)que célèbrent les Beni Snous à cha-que nouvel an qui correspond au 12janvier.L’Ayred, l’une des survivan-ces d’une culture berbère millénairedans la région, est la tradition du nou-vel an marquée par un carnaval oùles jeunes gens se déguisent avecdes costumes et des masques et fontdes processions dans les ruelles duvillage en chantant des ritournelles.Ces fêtes durent plusieurs jours mar-

quant la fin de la saison des olives.L’Ayred ne subsiste plus que commefolklore que l’on montre à la télévi-sion lors des grandes occasions.Dansla pratique, il aurait presque entière-ment disparu. Les traditions ances-trales des Beni Snous sont très fragi-les. Elles disparaissent les unes aprèsles autres à grande vitesse. Le tapisberbère n’existe plus. Le village deTafessra, considéré comme l’un desplus anciens de la région. En effet, ilplonge ses racines très loin dans lapréhistoire, comme l’atteste encorel’existence des habitationstroglodytes.L’historien espagnolMarmol en parle dans son ouvrageL’Afrique. Selon lui, Tafessra est unegrande ville qui s’appelait Estazile.«Presque tous les habitants sont for-gerons et ont plusieurs mines defer »…Le grand géographe andalouEl Bakri cite Tafessra dans sa «Des-cription de l’Afrique Septentrionale»

sous le nom de Tizil.Aujourd’hui encore,les habitants de la ré-gion sont appelés lesAzaïls…Nous déci-dons de visiter la mos-quée antique qui a étésynagogue puis égliseavant de devenir mos-quée. La porte s’ouvresur une grande sourceaux eaux turquoisedans laquelle quelquesarbres jettent leursracines.L’eau est en-core partagée entreles habitants qui ex-ploitent des parcellesde terrain le long de

l’oued selon un système ancestralréglé sur la course du soleil dans leciel. Tafessera vous assure un vérita-ble voyage dans le temps. Les grot-tes qui ont servi d’habitation aux ha-bitants de la région dans l’antiquitésont toujours là. Quant à la «chelhia»des ancêtres, les gens ne la parlentplus. Seuls quelques vieux la connais-sent encore. Ils l’emporterontcomme un secret millénaire dansleur tombe. Le seul mot en tachalhithque nous ayons entendu est le mot«soussem» (se taire). Chez les AïtSnous la langue s’est apparemmenttue.

03 Mars 2016

Djamel Alilat

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NRP, Avril 2016, n°31

[MÉMOIRE]

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Les premiers guillotinés de la guerre d’Algérie:

les cas de Ferradj et Zabana

«Dès lors qu’on avait arrêté quel-qu’un, il fallait qu’il soit coupable.Quand une bombe avait éclaté, si onattrapait un type et qu’on trouvaitqu’il avait la tête du client, on ne s’enembarrassait pas plus», témoignagede Jean-Claude Périer, membre duConseil Supérieur de la Magistrature(CSM) en 1956.De façon générale,sous laIVe République, 142 Algérienssont guillotinés. Les 80 autres subi-ront le même sort après le retour dugénéral de Gaulle au pouvoir, en juin1958. Ces exécutions arbitrairescommencent un certain 19 juin 1956.Les premières victimes sontAbdelkader Ferradj Ben Moussa etAhmed Zabana.Bien que ce derniersoit connu des services de policepour son engagement politique ausein du PPA-MTLD, le premier est uninconnu des services jusqu’à ce qu’ilsoit arrêté pour la mise à feu d’unemaison des colons, le 7 mars1956.Quant à Ahmed Zabana, griève-ment blessé au moment de son ar-restation, il lui a été reproché sa par-ticipation à l’attaque d’une maisonforestière, le 4 novembre 1954.Deplus, l’engagement révolutionnairede Ferradjest sujet à caution. «Pourson supérieur, le capitaine Martini,Ferradj donnait satisfaction et rien nelaissait prévoir qu’il était en liaisonavec des hors-la-loi. Les autorités deson village, en revanche, estimentqu’il est anti-français, de mauvaisetenue et aime semer le désordre et

la panique», écrivent François Mayleet Benjamin Stora.Cela dit, au béné-fice du doute et quand tenu de l’étatde santé de Zabana, Mgr Duval parlede l’exécution d’un infirme. La con-damnation à mort est antinomiqueavec les principes républicains etavec l’esprit de l’État de droit. Or,pour la France, l’année 1956 est l’an-née où la République vacille sous lescoups d’estocades des ultras. «Unejustice soumise à une terrible pres-sion des européens d’Algérie, desmilitaires, des tribunaux d’exceptioninstallés à la suite de la promulgationdes décrets d’application des pou-voirs spéciaux, mais une justice qui adécidé d’entrer en guerre à son tour.Et son arme, c’est la guillotine», écri-vent-ils.Dans ce cas, le débat au seindu CSM est biaisé par le chantagepermanent du lobby colonial pourque le gouvernement frappe trèsfort. Bien que le CSM soit collégial,deux personnages importants -Fran-çois Mitterrand, ministre de la Jus-tice et René Coty, président de la Ré-publique- veillent à ce que les déci-sions ne déstabilisent pas la Républi-que. Selon les deux historiens, «surquarante-cinq dossiers d’exécutéslors de son passage place Vendôme,François Mitterrand ne donne quehuit avis favorables à la grâce (...) Onpeut le dire autrement: dans 80% descas connus, il a voté la mort».Et toutça, pour ne pas avoir à dos les ultrasqui ont, pour rappel, humilié le prési-

dent du Conseil quatre mois plus tôtà Alger.Pour conclure, il va de soi queles premières exécutions, le 19 juin1956, représentent un clin d’œil auxultras. Ainsi, malgré les engagementsélectoraux de Guy Mollet en faveurde la paix en Algérie, à son arrivéeau pouvoir, il change littéralement decap. En fait, tout commence lors dela journée des tomates, le 6 février1956, quand le président du Conseils’illustre par son recul face au chan-tage des ultras.Dans la foulée, leschoses vont s’accélérer à travers levote des pouvoirs spéciaux en mars1956, les exécutions en juin 1956 etenfin le rapt aérien de la délégationextérieure du FLN en octobre de lamême année.Pour ces raisons, onpeut dire que Guy Mollet n’a pas res-pecté le mandat que les métropoli-tains lui ont confié. Mais, sous la IVeRépublique, un président de Conseilpeut-il se mesurer à la coalition ul-tras-militaires de carrière ? En toutcas, à chaque fois que l’un d’eux sug-gère une voie libérale, sa chute sur-vient aussitôt. Du coup, toutes lesmesures tendant à rassurer les ultrassont de nature à prolonger la duréede vie de leurs gouvernements.

Ait Benali Boubeker

10 Avril 2016

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[BIBLIOGRAPHIE]

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