Mémoire de fin d’étude pratiques des prix de transfert... · 2018-04-09 · Les pratiques des...

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Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem 1 Groupe Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises Centre de Casablanca Mémoire de fin d’étude Option : Audit, Comptabilité et Contrôle de gestion Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal Rédigé par: Mlle MEZZINE Mariem Encadré par: Mr ISSADIK Omar Année universitaire : 2013-2014

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Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

1

Groupe Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des

Entreprises

Centre de Casablanca

Mémoire de fin d’étude

Option : Audit, Comptabilité et Contrôle de gestion

Les pratiques des prix de transfert :

Théorie et contrôle fiscal

Rédigé par: Mlle MEZZINE Mariem

Encadré par: Mr ISSADIK Omar

Année universitaire : 2013-2014

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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DEDICACES

A mes chers parents et mes chers frères qui

n’ont cessés de m’apporter soutien et

encouragements.

Je vous dédie ce mémoire en signe de mon

affection et de ma très grande

reconnaissance…

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Remerciements

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Il nous est agréable de nous acquitter d’une dette de reconnaissance auprès de toutes les

personnes, dont l’intervention au cours de ce travail, a favorisé son aboutissement.

Ainsi, nous exprimons notre profonde gratitude et nos vifs remerciements à notre encadrant

M. ISSADIK Omar pour sa patience, son soutien et ses conseils pertinents qui nous ont été

utiles pour mener à bien ce travail.

Nous nous adressons à M. Omar RAISSOUNI, directeur du contrôle fiscal à la direction

générale des impôts, et Mr Hassan BOULAICH, chef de service suivi des vérifications

grandes entreprises, pour leurs exprimer notre admiration pour l’accueil, l’assistance et sages

conseils pour le bon déroulement de ce projet.

Nos remerciements s’adressent également à l’ensemble des membres du jury qui ont bien

voulu évaluer notre travail.

Nous tenons à remercier vivement l'ensemble du corps professoral et administratif de l'Institut

Supérieur de commerce et d'Administration des Entreprises pour tout le baguage qu'ils nous

ont transmis et les innombrables conseils qu'ils nous ont fourni.

Nous sommes très reconnaissants à toutes les personnes qui ont contribué de prés ou de loin à

l’élaboration de ce travail. Cependant, nous ne pouvons citer tous les noms. Que tous ceux qui

ont contribué au bon déroulement de ce travail trouvent ici l’expression de notre profonde

gratitude.

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TABLE DES MATIERES

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Introduction ...................................................................................................................................9

Problématique du sujet .............................................................................................................. 11

Méthodologie de travail .............................................................................................................. 11

Plan de travail .............................................................................................................................. 12

Limites de l’étude ........................................................................................................................ 13

Partie I : La problématique des prix de transfert ................................................................... 15

Chapitre 1 : Principes de base et thématique des prix de transfert ................................ 16

Section 1 : Un aperçu historique de la question des prix de transfert ......................... 16

1- La notion de groupe ...................................................................................................... 17

2- Le principe de pleine concurrence (Arm’s Lenght principle) ........................................... 19

3- La notion de prix de transfert ........................................................................................ 19

4- Le lien entre les prix de transfert et la fiscalité .............................................................. 20

Section 2 : La position des prix de transfert dans les groupes de sociétés ................... 21

1- Objectifs de prix de transfert ........................................................................................ 21

2- Les prix de transfert comme un outil au service de la performance organisationnelle ... 22

3- Les prix de transfert et l’optimisation de la charge d’impôt ........................................... 23

Chapitre 2 : Cadre réglementaire des prix de transfert et méthodes de détermination

..................................................................................................................................................... 24

Section1 : La législation marocaine en matière des prix de transfert .......................... 24

1- Analyse du dispositif fiscal marocain en matière des prix de transfert ........................... 24

1-1Analyse du régime fiscal actuel ................................................................................... 27

Section 2 : Méthode applicable pour la fixation des prix de transfert ......................... 32

1- Méthodes traditionnelles fondées sur les transactions .................................................. 32

1-1La méthode des prix comparable sur le marché libre (Comparable Uncontrolled Price-

CUP) ................................................................................................................................. 32

1-2La méthode du prix de revente (Resale Price Method-RPM) ....................................... 34

1-3La méthode du prix de revient majoré (Cost Plus Method-CPM) ................................ 35

2- Les nouvelles méthodes : ............................................................................................... 37

2-1 Les méthodes transactionnelles de bénéfices ............................................................ 37

2-2 La méthode basée sur la répartition globale selon une formule préétablie ............... 40

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Partie II : La position de l’administration fiscale marocaine en matière des prix de

transfert et cas pratique .............................................................................................................. 43

Chapitre 1 : La démarche de l’administration fiscale marocaine en matière de

contrôle fiscal ............................................................................................................................ 43

Section 1 : l’organisation du contrôle fiscale au Maroc ................................................. 43

1- Pouvoir d’appréciation de l’administration fiscale ......................................................... 43

2- Procédés de détermination de la base imposable pour les bénéfices transférés

indirectement à l’étranger entre sociétés dépendantes ........................................................ 44

3- Limitation des dépenses engagées ou supportées à l’étranger par les sociétés étrangères

ayant une activité permanente au Maroc ............................................................................. 45

Section 2 : les moyens de l’administration fiscale ........................................................... 46

1- Le droit de communication ........................................................................................... 46

2- L’engagement du contrôle fiscal ................................................................................... 46

3- Le déroulement du contrôle fiscal ................................................................................. 47

4- La durée du contrôle fiscal ............................................................................................ 48

5- La clôture du contrôle fiscal .......................................................................................... 48

Chapitre 2 : Présentation et analyse du cas pratique ........................................................ 49

Section 1 : Présentation des entreprises et analyse de la relation de dépendances constatées

................................................................................................................................................. 49

1- Présentation des entreprises : ....................................................................................... 49

2- Analyse générale des relations intragroupe :.................................................................. 50

3- Analyse des relations commerciales entre les deux sociétés :......................................... 52

4- Variation des marges commerciales dans les sociétés : .................................................. 53

Section 2 : Evaluation des prix de transfert ........................................................................... 56

1- Pour la société DISTRIBUTION MAROC .......................................................................... 56

2- Pour la société DISTRIBUTION FRANCE .......................................................................... 57

3- Pour la société MUNDI .................................................................................................. 58

Section 3 : Conséquences fiscales ............................................................................................ 59

Section 4 : Résultats de l’étude et recommandations ............................................................. 61

Conclusion .................................................................................................................................... 65

Bibliographie ................................................................................................................................ 67

Annexes

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INTRODUCTION

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Introduction :

« Tout au long de ces dernières années, l’environnement économique international a été

marqué par des mutations profondes, rapides et complexes qui ont touché les méthodes

d’organisation et de gestion des entreprises, les systèmes de production, les circuits de

distribution et les pratiques du commerce à l’échèle national et international.

La libéralisation et l’ouverture de l’économie se sont principalement matérialisées pour la

majorité des pays en développement et des pays à économie en transition par l’adhésion à

l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et par la signature d’un certain nombre

d’arrangements préférentiels et/ou d’accords de zones de libre-échange. Ce nouveau contexte,

qui vise une intégration croissante de l’économie mondiale, offre aux industries des pays en

développement une grande opportunité d’ancrage dans l’espace économique des pays

développés qui représente le plus grand marché du monde et met par contre ces pays face à

l’impératif de la restructuration et de la mise à niveau de leurs industries.

Le Maroc, qui aspire à devenir un partenaire actif à l’économie mondiale, a ouvert son

économie, depuis son indépendance, à la concurrence internationale. Ces nouveaux

engagements pris par le Maroc au niveau macro-économique notamment l’adhésion à l’OMC

et la signature des accords de libre-échange dictent de nouveaux impératifs.

Cet accroissement de la mondialisation et cette ouverture ne cesse de générer une multitude

de groupes multinationaux qui exercent leur activité dans de nombreux pays aussi bien pour

des raisons de marché et que pour des raisons d’optimisation des coûts de productions,

augmentant ainsi les flux des transactions intra-groupes transfrontalières.

Dans l’application des principes d’imposition des entreprises multinationales, l’une des

questions les plus délicates qui se soit posée concerne la fixation des prix de transfert.

La problématique des prix de transfert est née et s’est développée aux Etats-Unis. Puis, elle

s’est exportée, dans l’ordre chronologique, en Asie, au Canada, en Europe, en Amérique

latine et enfin en Afrique.

Les contrôles axés sur les prix de transfert ne cessent d’augmenter et le montant des

redressements est également en hausse d’une année à une autre, sachant que les sommes en

question sont ceux effe.ctués en matière de TVA ce qui laisse entendre que la remise en cause

des différentes politiques de prix de transfert est devenue, un moyen d’accroitre les recettes

fiscales de l’Etat.

S’inscrivant dans une perspective de concurrence, les administrations fiscales ne cessent de

renforcer les moyens de vérification des prix de transfert.

A l’instar de ses homologues un peu partout dans le monde, l’administration fiscale

marocaine accorde une attention particulière aux relations intragroupes.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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Dans ce contexte, la Direction générale des impôts, manifeste sa volonté de disposer de

moyens supplémentaires pour améliorer l’efficacité de ses contrôles, et a ainsi mis en place

une brigade spécialisée en la matière.

Cependant le challenge de l’administration fiscale marocaine est double : les transactions

transfrontalières effectuées par les multinationales sur le territoire marocain devraient faire

l’objet d’un encadrement spécifique permettant de contrer toutes tentatives d’évasion fiscale

tout en continuant à assurer un environnement propice pour les IDE.

L’enjeu est national mais aussi international, puisqu’il s’agit aussi de limiter les risques de

double imposition qui peuvent résulter d’une différence entre deux pays sur la détermination

de la rémunération de leurs transactions internationales. L’OCDE réalise ainsi d’importants

travaux et son conseil a adopté une première version des « Principes applicables en matière de

prix de transfert » en 1995. Ces principes, au premier rang desquels figure celui de « pleine

concurrence », sont régulièrement actualisés et comportent des lignes directrices sur les

services intra-groupes, les actifs incorporels, les accords de répartition de coûts et les accords

préalables de prix.

Le sujet de ce présent mémoire s’inscrit dans le prolongement des premières réflexions qui

ont été menées sur le plan national en matière de l’aspect fiscal des prix de transfert dans le

contexte marocain. »

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Problématique du sujet :

A travers ce présent travail, nous essayerons de répondre à la problématique suivante :

L’administration fiscale marocaine veut s’assurer que les prix pratiqués lors des

transactions intragroupes ne correspondent pas à un transfert de l’assiette fiscale et

donc n’engendrent pas une perte de recettes fiscales. D’un autre coté, les entreprises

désirent réaliser les bénéfices les plus élevés possibles et s’assurer une certaine

sécurité fiscale. La difficulté est donc l’établissement d’un équilibre entre ces deux

préoccupations.

Notre problématique s’articule autour de l’identification des spécificités et des limites

de notre dispositif par rapport à la pratique internationale, comment l’administration

fiscale marocaine arrive à déterminer les redressements à effectuer lors d’un contrôle

fiscal et la détection de majoration ou minoration des prix de transfert.

Pour répondre à cette problématique, il est tout à fait légitime de se poser un certain

nombre de questions :

Dans quel cas il y a réellement « prix de transfert » ?

Selon quelles règles les redressements peuvent être réalisés par les administrations

fiscales ?

Quelles sont les méthodes qui permettent de déterminer les redressements à effectuer ?

Comment résoudre l’inévitable problème de double imposition générée au sein du

groupe par un redressement effectué dans un état ?

Méthodologie de travail :

La méthode que nous avons adoptée pour mener à bien ce travail s’est axée sur trois

étapes :

Etape 1: Définition de la problématique et son adoption

Cette première étape quoi qu’ayant beaucoup accaparé notre temps nous a permis de

définir les contours du sujet.

Elle nous a aidé à cerner la problématique du sujet et à définir les questions inhérentes au

thème.

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Etape II: Recherche bibliographique

Nous avons procédé à une recherche documentaire et bibliographique assez fournie. Cette

recherche a porté sur des ouvrages, thèses, mémoires, périodiques relatifs au thème choisi.

Durant cette étape, nous avons affronté une carence en matière des publications marocaines

sur les prix de transfert.

Etape III: Entretiens avec des professionnels

Pour éviter que notre étude ne reste confiner au niveau de la revue de la littérature théorique,

nous avons jugé nécessaire de faire une étude sur le terrain et partant de contacter des

professionnels (juristes, experts comptables, fonctionnaires à l’administration fiscale,

dirigeants de société).

Des entretiens avec ces professionnels ont été réalisés pour connaitre leur avis, collecter des

informations susceptibles de fonder leur propre évaluation de la législation marocaine est-elle

favorable ou défavorable à la pratique des prix de transfert ?

Ces responsables ont répondu généreusement à nos questions et nous ont donné des détails

pratiques sur l’aspect fiscal des prix de transfert.

Plan de travail :

Le présent travail est structuré en deux parties :

La première partie sera consacrée à l’analyse de la problématique des prix de

transfert : principe de base et cadre réglementaire ainsi que les risques liés à cette

problématique;

La deuxième partie traitera la position de l’administration fiscale marocaine en matière

de prix de transfert lors d’un contrôle fiscale et l’analyse d’un cas pratique

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Limites de l’étude :

Le présent travail ne peut prétendre à l’exhaustivité puisque l’étude de l’aspect fiscal des prix

de transfert est un domaine tellement vaste qu’il ne saurait être question de l’aborder dans son

ensemble.

Par ailleurs, ne seront traités que l’aspect fiscal. Constituant un aspect majeur des prix de

transfert, il méritait à lui seul un travail structuré, l’insérer dans un développement global

risquerait d’en minimiser l’importance.

Par conséquent, cette étude ne traitera pas les spécificités du diagnostic global des prix de

transfert dans les groupes de sociétés, ou encore l’étude des problématiques liées à

l’évaluation de prix de transfert et leurs impact sur le résultat, largement traitées dans les

ouvrages de base.

Egalement, notre travail n’a pas pour objectif de proposer une démarche d’audit ou encore

l’étude des outils de travail ou l’appréciation du commissaire aux comptes (CAC) en matière

des risques liés aux opérations intra-groupes.

Enfin, et dans un souci de clarté, notre cas pratique sera limité à l’étude de trois sociétés qui

ont connus un contrôle fiscal et c’est ce qui a relevé un point de prix de transfert. Il faut

cependant noter que l’intervention d’un nombre plus important d’entreprises constitue un

obstacle majeur suite à la confidentialité des informations requises sur les prix intra-groupes.

En effet, au niveau de chacune des sociétés, les conséquences seront parfaitement identiques.

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Partie I : La problématique des prix de transfert

Première partie

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Partie I : La problématique des prix de transfert

« L’objet de cette première partie est de faire une analyse des prix de transfert pour

faire ressortir :

- Un aperçu historique de la question des prix de transfert visant à expliciter la

notion de prix de transfert, la notion de groupe et le lien entre les prix de

transfert et la fiscalité ;

- La place et les objectifs des prix de transfert dans les groupes de sociétés visant

à les considérer comme un outil de gestion et une optimisation de la charge

d’impôt ;

- Une présentation des risques liés aux prix de transfert tels que les sanctions en

cas d’une documentation insuffisante, le risque de redressement entrainant une

double imposition et l’extension du risque à d’autres impôts ;

- Le cadre réglementaire des prix de transfert : analyse du dispositif marocain en

matière de prix de transfert avec une analyse de l’évolution historique du

régime fiscale des prix de transfert ;

- Et enfin, les méthodes applicable pour la fixation des prix de transfert (les

méthodes traditionnelles et les nouvelles méthodes).

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Chapitre 1 : Principes de base et thématique des prix de transfert

La problématique fiscale des prix de transfert est d’une grandeur nationale et internationale

puisqu’elle étudie les méthodes de fixation, d’analyse et d’ajustement des coûts et des prix

pratiqués entre une entreprise et ses filiales ou bien entre des filiales inter-liés juridiquement et

implantées dans le même pays ou bien des pays différents.

Une institution internationale, basée à Paris, qui s’intitule l’Organisation de Coopération et de

Développement Economiques (OCDE) qui regroupe 30 pays membres attachés à la démocratie

et l’économie de marché. Elle étudie les changements qui affectent la société et

l’environnement économique, technologique et la fiscalité internationale. Les deux principaux

sujets d’intervention de l’OCDE ont été les conventions fiscales internationales et les prix de

transfert.

La grandeur du sujet des prix de transfert préoccupe différents acteurs : Etat, Administration

fiscale, Entreprise multinationale… ; ce qui explique l’intérêt apporté aux principes OCDE

sachant qu’ils n’ont pas de force obligatoire.

L’administration fiscale marocaine assiste régulièrement aux réunions de l’OCDE et s’intéresse

à la problématique prix de transfert et de ce fait intègre les derniers développements de cette

institution.

Avant de traiter la problématique des prix de transfert lors d’un contrôle fiscal, il serait

prodigieux de commencer par des concepts et des notions afin de se situer par rapport au sujet

traité. On commencera par définir des notions liées au sujet afin de cerner le sujet de différents

points de vue et présenter la notion de groupe et prix de transfert.

Section 1 : Un aperçu historique de la question des prix de transfert

Dans cette présente section, nous allons présenter à travers un aperçu historique, un certain

nombre de notions de base afin d’analyser l’évolution des prix de transfert.

Ce sujet nous oblige d’utiliser des termes spécifiques. A cet effet, et avant de présenter

l’analyse du comportement de l’administration fiscale par rapport à la problématique des prix

de transfert. Nous allons commencer par la notion de groupe et présenter par la suite la notion

de pleine concurrence afin d’aboutir à la notion de prix de transfert. Le choix de commencer

par un certain nombre de notions avant d’arriver à la notion des prix de transfert est lié à la

compréhension générale de la problématique.

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1- La notion de groupe :

La notion de groupe d’entreprises ou de groupe se définit comme étant un accord entre

différents entreprises avec des personnalités morales distinctes, mais liés directement ou

indirectement, les liens peuvent être financiers (des titres de participations ou de contrôles) ou

bien des liens organisationnels (stratégie communs, conseil de directoire… etc.).

Le droit marocain, à l’instar de la plupart des législations, ne reconnaît pas au groupe de

sociétés l’existence juridique. C’est une entité purement économique qui reste dépourvue de

la personnalité morale, cette caractéristique permet de différencier avec les relations qui

existent entre une entreprise et ses succursales.

Afin de définir la notion de groupe, nous allons suivre le chemin des premiers auteurs qui ont

défini cette notion par son aspect économique.

1-1 L’aspect économique :

D’après Claude Champaud : « Le groupe est une unité de contrôle patrimonial destinée à

assurer une unité de décision économique »1.

L’auteur cherche à démontrer que la notion de groupe est liée à la notion de contrôle et de

prise de décision.

On peut évoquer la notion de groupe, une fois un certain nombre de sociétés ayant des

activités identiques, complémentaires ou bien diversifiés sont dirigés par une seule direction

économique afin de contrôler un patrimoine diversifié et partager le risque entre différents

secteur.

Pour avoir une idée générale sur l’aspect économique du groupe, on présente la définition de

cette notion au niveau du mémento « Groupes de sociétés » de Francis Lefebvre :

«…. un ensemble constitué de plusieurs sociétés ayant une existence juridique propre mais

unies entre elle par des liens divers en vertu desquels l’une d’elles, dite société, dite société

mère, qui tient les autres sous sa dépendance, exerce un contrôle sur l’ensemble, et fait

prévaloir une unité de décision »2.

On note que le groupe n’est pas un sujet de droit et ne constitue pas une personne morale, il

ne dispose pas de patrimoine propre et ne peut pas agir en étant une seule société. De ce fait,

on peut dire qu’un groupe ne peut agir ni en justice ni faire l’objet d’un redressement.

1C. Chapaud, Thése Rennes, 1962 « Le pouvoir de concentration de la société par action », cité par Laure Nuit-

Pontier dans « Les groupes de sociétés », collection le Droit en question, p.9. 2 Droit des affaires, tome 2, PUF, 1992, cité par Laure-Pontier dans « les groupes de sociétés » Collection le

droit en question, p 9

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On peut dire qu’un groupe existe si et seulement si deux éléments se réunissent :

- La dépendance financière, juridique et économique et qui s’explique par un droit

d’influence ;

- Une direction générale et unique apte à apporter une assistance technique et un aide en

gestion.

1-2 L’aspect légal :

La notion de groupe n’a pas d’existence juridique ni de personnalité morale, mais cette notion

est inter lié et approchée avec certaines notions voisines telles que : la notion de filiale, de

participation et de contrôle.

La loi 17- 95 sur les sociétés anonymes présentent des définitions au niveau de l’article 143

comme suit :

« Filiale : une société dans laquelle une autre société, dite mère, possède plus de la moitié du

capital »

« Participation, la détention dans une autre société d’une fraction du capital comprise entre

10% et 50% »

D’après ces définitions, on peut relever certains points :

- La notion de filiale est rattachée à la notion de société mère et par conséquent on

évoque la notion de groupe,

- La filiale est alliée à la notion de pourcentage et de contrôle +50%,

- Une participation est définit comme étant la fraction du capital sans évoquer la notion

de périmètre de contrôle,

L’article 144 de la loi 17-95 sur les sociétés anonymes (SA) définit la notion de contrôle

comme suit :

« Une société est considérée comme en contrôlant une autre :

- Lorsqu'elle détient directement ou indirectement une fraction de capital lui conférant la

majorité des droits de vote dans les assemblées générales de cette société;

- Lorsqu'elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d'un

accord conclu avec d'autres associés ou actionnaires qui n'est pas contraire à l’intérêt de la

société ;

- lorsqu'elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans les

assemblées générales de cette société. »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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A partir de cette définition, on retire une distinction entre le contrôle de droit qui est défini sur

la base de pourcentage direct ou indirect des droits de vote et le contrôle de fait qui résulte

l’ensemble des éléments qui permettent de justifier l’exercice du pouvoir de direction.

2- Le principe de pleine concurrence (Arm’s Lenght principle):

Les groupes effectuent des opérations et des échanges intra-groupes et fixent leurs prix de

transfert. Les entreprises cherchent à résoudre la problématique de transfert de bénéfice et de

double imposition, le principe de pleine concurrence prend la relève.

Selon ce principe, chaque entreprise multinationale doit appliquer le prix de marché ou bien le

prix de pleine concurrence pour ses opérations intra-groupes.

Avec plus d’explication, la multinationale doit appliquer le prix de marché comme s’il réalise

la transaction avec des tiers sans lien de dépendance.

Selon le principe de pleine concurrence, les contrats intra-groupes doivent être identiques au

marché.

La majorité des réglementations impose ce principe pour les transactions intra-groupe mais la

difficulté de l’application de ce principe est de taille, un certain nombre de points de faible

peut être relevés :

- Un prix de marché peut être connu pour les produits grands publics et standards, alors

que la question se pose pour des pièces uniques et des machines industrielles

fabriquées par un seul fabricant sur le marché.

- Un prix de pleine concurrence change d’après le marché d’approvisionnement et on ne

peut pas fixer un prix universel.

- Comment on peut déterminer un prix de marché pour des biens immatériels qui sont

composés par des budgets de recherche et développement difficile à unifier ?

- L’objet des regroupements d’entreprises est l’optimisation fiscale et l’annulation de

charge importante, l’application de ce principe annule ces opérations entre filiale et les

montages ne servent plus à diminuer la charge fiscale. Par conséquence, le principe de

pleine concurrence ne favorise pas l’union et les opérations intragroupes.

3- La notion de prix de transfert :

Dans les groupes, il existe de nombreuses relations et transactions entre leurs différents

membres. Les prix pratiqués pour les opérations effectuées entre les membres d’un groupe, ne

reflètent pas nécessairement le libre jeu des forces du marché.

La notion prix de transfert peut être définie comme suit : « les prix pratiqués pour toute

transaction réalisée entre sociétés affiliées, que le transfert soit commercial, financier ou

technique ».

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Dans un contexte international, l’Organisation de Coopération et de Développement

Economiques définit les prix de transfert comme étant « un prix auquel une entreprise réalise

une transaction (vente de biens corporels, incorporels ou un service) avec des entreprises

associés ». On peut considérer deux entreprises comme associées si l’une participe

directement ou indirectement à la direction, le contrôle ou détienne une certaine participation

au capital.

Les prix de transfert peuvent être écartés de ceux qui seraient constatés entre entreprises

indépendantes, pour des transactions identiques sur le marché libre et qui correspondent à des

prix de pleine concurrence selon le principe Dealing at Arm’s Lengt.

Tout au long du mémoire, on continue à évoquer la notion de prix de transfert et à la définir

sur d’autre aspect et point de vue.

4- Le lien entre les prix de transfert et la fiscalité :

Les prix de transfert relèvent d’une problématique fiscale de premier degré, puisque c’est

relatif à l’analyse des prix pratiqués entre deux entités dépendantes et implantées dans des

pays différents. L’importance des prix de transfert pour l’administration fiscale se caractérise

par la détermination de la répartition des revenus et des bénéfices imposables qui constituent

les recettes de l’administration fiscale.

Pour les opérations internationales effectuées entre des entreprises d’un même groupe, les

administrations fiscales des différents Etats ont une tendance naturelle à :

-Ne voir que les entités situées sur leur territoire (filiales ou succursale) et

- Vouloir les taxer comme une entité quelconque, sans prendre en compte le fait qu’elles

s’insèrent dans un groupe qui peut avoir son intérêt propre.

Constatation résultant de l’imposition au niveau de chaque Etat :

La constatation résultant de l’imposition au niveau de chaque Etat est naturelle et légitime dès

lors qu’il existe des frontières entre les Etats et qu’il n’est pas, indifférent que l’impôt soit

payé dans un tel Etat ou dans un tel autre. Cette approche complique la vie des groupes qui

doivent se demander, en permanence, si les transactions effectuées en leur sein sont normales

ou non.

Cette constatation est à la base du phénomène de prix de transfert qui sont des prix convenus

entre des entreprises associées, membres d’un groupe alors qu’ils ne l’auraient pas été si les

entreprises n’avaient pas été liées et si elles avaient respecté les prix de pleine concurrence.

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Pouvoir d’appréciation des administrations :

Tous les Etats, à l’exception des paradis fiscaux, considèrent que les prix des transactions

effectuées entre entreprises associées, doivent être redressés lorsqu’ils ne correspondent pas à

ceux qu’on aurait constatés entre des entreprises indépendantes.

On peut tirer que la thématique des prix de transfert pose des problèmes très complexes aux

administrations fiscales et aux entreprises multinationales elles-mêmes.

Section 2 : La position des prix de transfert dans les groupes de sociétés

Les prix de transfert prennent une place de plus en plus importante dans les groupes de

sociétés et surtout chez les administrations fiscales, puisqu’ils consistent à valoriser les

transactions intra-groupes en premier lieu, mais aussi à mettre en exercice un outil de gestion

des opérations et une optimisation de la charge d’impôt.

1- Objectifs de prix de transfert :

Au sein des multinationales et des entreprises regroupées, il est inévitable que les différents

divisions et entreprises de groupes réalisent des transactions intragroupes. Le coût d’échange

des biens et services est appelé prix de transfert.

La présence des prix de transfert dans les entreprises et compagnies multidivisionnelles est

indispensable pour un certain nombre d’objectifs que procure ainsi que pour un suivi de

croissance des multinationales, nous citerons ci-dessous les principaux objectifs des prix de

transfert interne ou ce que nous appelons les prix de cessions internes :

- L’utilisation efficace des prix de transfert permet une optimisation globale du bénéfice

groupe.

- La relation acheteur, vendeur favorise une maximisation du profit au sein du groupe.

- L’importance des prix de transfert se caractérise par l’obtention d’une évaluation

financière des différentes entreprises de groupes et la mesure de la performance

globale.

- Une adéquation et un alignement entre les décisions stratégiques et économiques du

groupe avec les différentes filiales et ses décisions deviennent mesurables

économiquement (la répercussion de l’adéquation).

- La possibilité de se « jouer » avec la fiscalité grâce aux prix de cession interne permet

de transférer des profits réels à des sociétés localisées dans pays ou des régions où le

pourcentage de taxation des bénéfices est moins important.

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22

En définitive, toute politique de prix de transfert et quel que soit la raison pour laquelle on

adopte ce mode de fixation de prix de cession, l’objectif reste le même c’est la maximisation

des profits du groupe.

On peut tirer le 1er constat : prix de transfert est un outil économique et de gestion

2- Les prix de transfert comme un outil au service de la performance

organisationnelle :

Les prix de transferts sont des facteurs puissants de performance globale puisqu’ils affectent

les incitations auxquelles les gestionnaires de filiale font face et joue un rôle important dans

l’évaluation de la performance des différentes filiales. Afin d’aboutir à cette performance, les

prix de tranfert doivent être fixés de manière adequate pour qu’ils aient l’effet désiré de

motivation et d’optimisation dans l’utlilisation des ressources.

La prise en considération des prix de transfert comme un outil de gestion consiste à le

décerner en :

-Un outil d’optimisation financière : Le choix de la méthode de fixation des prix de transfert

à partir du type de groupe et selon la situation permet d’augmenter les profits du groupe et

optimiser l’intérêt global des différentes filiales. Avec l’utilisation de cet outil, chaque

entreprise de groupe renforce sa position compétitive afin de participer à la maximisation du

profit général.

Au fur et à mesure que les choix de la politique de prix de transfert est pertinent, le groupe

serait en mesure de mettre en avant les entités les plus compétitives et les plus performantes,

afin de leur allouer, en priorité, les ressources disponibles au sein du groupe et d’avoir le

meilleur retour sur capital.

Quelle que soit la méthode utilisée, les prix de transfert ne peuvent satisfaire l’ensemble des

acteurs de l’entreprise, les intérêts de chacun de ces acteurs étant souvent contradictoires et

l’optimum global n’est toujours la somme des optimums locaux.

-Un outil de mesure des performances du groupe :

Un groupe permet d’améliorer l’information et les incitations et aide à renforcer la

coordination et le contrôle. La soumission à des transactions intra-groupe à des pressions

additionnelles comparativement aux autres transactions avec les entreprises externes.

La fixation d’un prix excessivement bas par une filiale par rapport au prix de pleine

concurrence afin de vendre au sein du groupe ne permet pas de refléter la réalité économique

et entraine une détérioration du résultat. On aura pour résultat l’augmentation des coûts de

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

23

produits. Alors on peut trancher que ses conséquences ne contribuent pas à servir l’intérêt

global du groupe (sans oublier l’intérêt propre à chaque entité).

Cependant, l’utilisation des méthodes de fixation des prix de transfert comme outil de mesure

des performances va permettre aux entreprises les plus performantes d’afficher les meilleurs

résultats.

3- Les prix de transfert et l’optimisation de la charge d’impôt :

Les groupes accordent un intérêt particulier aux prix de transfert comme moyen

d’optimisation fiscale qui trouve son origine dans l’absence de reconnaissance de l’intérêt de

groupe dans plusieurs législations, dont la législation marocaine.

Les prix de transfert font l’objet d’une attention particulière des autorités fiscales. Ceux-ci

peuvent en effet permettre des transferts de bénéfices transfrontaliers artificiels, c’est-à-dire

ne reflétant pas les conditions économiques et commerciales des transactions auxquelles ils se

rapportent. Dans un contexte de mondialisation des échanges et de concurrence fiscale accrue,

les Etats sont contraints de les contrôler s’ils veulent conserver la base imposable qui leur

revient.

En l’absence de toute législation, l’optimisation du rendement de l’entreprise serait largement

influencée par les différences entre les taux d’imposition des bénéfices des différents pays où

sont implantées les divisions. En effet, les entreprises pourraient alors minimiser leur charge

fiscale en fixant les prix de façon à ce qu’un maximum des bénéfices soit rapporté dans les

pays où le taux d’imposition est le plus faible. Cependant, les gouvernements ont intérêt , pour

leur part, à ce que les entreprises déclarent correctement leurs bénéfices pour éviter que leurs

recettes fiscales ne s’envolent dans des pays dont l’impôt sur les bénéfices des entreprises

sont moins élevé.

Les prix de transfert constituent une contrainte fiscale lourde pour les groupes, mais ils

contribuent à la réalisation d’objectifs qui dépassent la simple obligation de valorisation des

échanges. Ils peuvent mêmes être utilisés comme un instrument pour orienter les décisions

stratégiques ou justifier des décisions prises au préalable comme la restructuration d’une

filiale déficitaire ou l’abandon d’une branche d’activité moins rentable.

Lorsque plus de 60% des échanges mondiaux sont le fait d’entreprises multinationales,

l’importance des prix de transfert devient manifeste.

Ce problème fiscal ne peut être ignoré par les firmes multinationales puisque les contrôles

sont de plus en plus fréquents et les redressements de plus en plus lourds. »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

24

Chapitre 2 : Cadre réglementaire des prix de transfert et méthodes de

détermination

« Au niveau de ce chapitre, nous allons présenter un éclairage sur le cadre réglementaire des

prix de transfert au Maroc avec une exposition de l’évolution historique du régime fiscal.

Notre étude va porter sur les différents changements que la législation marocaine a connue

pour arriver à la législation actuel, le déroulement de l’analyse du dispositif actuel et une

proposition d’analyse de la loi de finance 2014 en France qui a évoqué un certain nombre de

changements pour la thématique prix de transfert.

En 2éme partie, nous allons traiter les méthodes applicables pour la fixation des prix de

transfert, les méthodes applicables se subdivisent en méthodes traditionnelles fondées sur les

transactions et les nouvelles méthodes basées sur la répartition globale selon une formule

préétablie.

Section1 : La législation marocaine en matière des prix de transfert

1- Analyse du dispositif fiscal marocain en matière des prix de transfert :

La non reconnaissance de l’intérêt supérieur du groupe et l’absence de texte qui réglemente le

droit de groupe donne une importance particulière à la législation entourant les prix de

transfert.

Alors les transactions nationales et internationales doivent respecter l’intérêt propre de chaque

filiale et le principe de pleine concurrence.

A cet effet, nous allons présenter l’évolution historique du régime fiscal des prix de transfert

avec une lecture comparatif du régime fiscal des prix de transfert entre 1968 et 2009 avec

l’article 213. Avant de procéder à l’analyse du régime fiscal actuel, nous allons évoquer

l’article 35 de la loi 24/86.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

25

1-1Evolution historique du régime fiscal des prix de transfert :

Aperçu historique du régime fiscal des prix de transfert au Maroc :

LDF 1968 : article 28 bis de l’Impôt sur les bénéfices professionnels(IBP)

D’après l’article 28 bis de l’IBP : « Pour l’établissement de l’impôt sur les bénéfices

professionnels dû par les entreprises qui sont sous la dépendance ou qui possèdent le contrôle

d’entreprises situées hors du Maroc, les bénéfices indirectement transférés à ces derniers,

soit par voie de majoration ou de diminution des prix d’achat ou de vente, soit par tout autre

moyen, soit incorporés aux résultats accusés par les comptabilités.

Il est procédé de même à l’égard des entreprises qui sont sous la dépendance d’une entreprise

ou d’un groupe marocain ou étranger possédant également le contrôle d’entreprises situées

hors du Maroc. Pour opérer les redressements prévus à l’alinéa précèdent, les produits

imposables sont, à défaut d’éléments précis, déterminés par comparaison avec ceux des

entreprises similaires exploitées normalement. »

On peut tirer un certain nombre de points :

-Une grande similitude par rapport à l’article 57 du CGI français ;

-L’article a fait référence à la notion de dépendance directe (entreprise sous la dépendance

ou possédant le contrôle d’une autre entreprise) ou indirecte (contrôle par l’intermédiaire

d’autres entreprises) ;

-Référence au principe de pleine concurrence (entreprises exerçant dans des conditions

normales) ;

-Application de la méthode de détermination des bénéfices basée sur les comparables.

Des dispositions en suspens :

1987 : Article 35 II de la Loi 24-86 relative à l’impôt sur les sociétés :

Entre 1986 et 1989 : le Maroc était entrain d’instituer l’IS et l’IR, une reprise des dispositions

citées à l’article 28 bis de la LDF 1968.

On cite les points suivants après analyse de l’article 35 II :

-Une reformulation du texte 28 bis de la LDF 1968 ;

-L’appréciation des prix de transfert ne concerne que les entreprises de droit marocain ;

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

26

-Restriction du champs de détermination des bénéfices en se référant uniquement aux prix

d’achat ou de vente de produits similaires et non aux bénéfices d’entreprises similaires ;

-Application de la seule la méthode fondée sur les comparables.

Loi de finance 2005 : article 4 du livre des procédures fiscales :

D’après l’article 4 alinéa II du livre des procédures fiscales :

« lorsqu’une une entreprise marocaine a directement ou indirectement des liens de

dépendance avec des entreprises situées au Maroc ou hors du Maroc, les bénéfices

indirectement transférés, soit par voie de majoration ou de diminution des prix d’achat ou de

vente, soit par tout autre moyen, sont rapportés au résultat fiscal ou au chiffre d’affaires

déclarés.

En vue de cette rectification, les prix d’achat ou de vente de l’entreprise concernée sont

déterminés par comparaison avec ceux des entreprises similaires ou par voie d’appréciation

directe sur la base d’informations dont dispose l’administration »

On relève les points suivants :

-Elargissement de l’appréciation des prix de transfert aux opérations entre entreprises

marocaines ;

-Elargissement de la régularisation au chiffre d’affaires (TVA)

-Maintien de la rectification du bénéfice à travers les prix d’achat ou de vente des entreprises

similaires ;

-Introduction du principe de la régularisation par voie d’appréciation directe sur la base

d’informations en possession de l’administration (référence aux prix internes de

l’entreprise).

Loi de finance 2007: article213 II du CGI : Reprise du dispositif du livre des

procédures fiscales :

On va analyser cet article et évoquer la notion de dépendance au niveau de 1-2.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

27

Loi de finance 2009 : Réforme du régime fiscal des prix de transfert :

-Les difficultés d’application du régime avant LDF 2009 :

La méthode des comparables basée sur la comparaison des prix des produits est quasi

impossible à mettre en œuvre ;

Hormis la méthode des comparables, les autres méthodes préconisées par l’OCDE ne

sont pas applicables ;

Aucune obligation de justification de la politique des prix de transfert n’incombe à la

société.

-Modifications apportées par la LDF 2009 :

Elargissement du champ de détermination des bénéfices transférés : référence à la

comparaison des bénéfices au lieu des prix des produits ;

Instauration de l’approche documentaire sur les prix de transfert.

1-2Analyse du régime fiscal actuel :

-Analyse de l’article 213-II :

Rappel du contenu de l’article 2013-II du CGI :

« Lorsqu’une entreprise a directement ou indirectement des liens de dépendance avec des

entreprises situées au Maroc ou hors du Maroc, les bénéfices indirectement transférés,

soit par voie de majoration ou de diminution des prix d’achat ou de vente, soit par tout autre

moyen, sont rapportés au résultat fiscal et/ou au chiffre d’affaires déclarés.

En vue de cette rectification, les bénéfices indirectement transférés comme indiqué ci-dessus,

sont déterminés par comparaison avec ceux des entreprises similaires ou par voie

d’appréciation directe sur la base d’informations dont dispose l’administration. »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

28

Spécificités de l’article 2013-II du CGI :

-Cet article retient le terme de « dépendance » et ne fait pas référence à la notion de « prise de

possession » ;

-Les effets de cet article concernent, en plus des opérations transfrontalières, les relations

maroco-marocaines ;

-Les informations dont dispose l’administration constitue une méthode de référence en cas

d’absence de comparables ;

-Le texte dispose : sont rapportés au « résultat fiscal » : et/ou « au chiffre d’affaires

déclarés »

Interrogations et problématiques :

-Vu que l’article 213 prévoit que « lorsqu’une entreprise marocaine a directement ou

indirectement des liens de dépendance avec des entreprises situées au Maroc ou hors du

Maroc »

Question : cet article peut-il s’appliquer également à une société mère marocaine pour les

opérations effectuées avec sa filiale étrangère ?

Réponse : l’article 213 II du CGI ne devrait s’appliquer qu’aux entreprises marocaines ayant

directement ou indirectement des liens de dépendance avec des entreprises situées au Maroc

ou hors du Maroc.

-Vu que l’article 213 II est étendu aux transactions entre deux sociétés dépendantes

marocaines (relations maroco-marocaines).

Cette extension du champ d’application de ce dispositif constitue une spécificité

marocaine, et ne correspond pas aux pratiques internationales, notamment, la pratique

OCDE.

Il serait souhaitable de ne l’appliquer, en ce qui concerne les transactions entre

sociétés dépendantes marocaines, que lorsqu’il y a des transactions entre sociétés

dépendantes marocaines, que lorsqu’il y a des conditions de droit ou de fait

démontrant l’existence d’un avantage fiscal exclusif et abusif (société bénéficiaire et

société déficitaire, société exonérée et société non exonérée).

-Vu que l’article 213-II prévoit une méthode alternative consistant, en cas d’absence de

comparables, à apprécier directement les prix de transfert en fonction des informations dont

dispose l’administration

Cette alternative pose des difficultés d’application et déroge aux recommandations de

l’OCDE.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

29

-Vu que l’article 213 II se propose de redresser le transfert des bénéfices au titre du résultat

fiscal et/ou du chiffre d’affaires.

Question : On peut s’interroger si un tel redressement concerne le chiffre d’affaires

proprement dit ou la TVA collectée ? Quid de la TVA récupérable ?

-Redressements rapportés au RF et ou au CA : si le redressement porte sur la TVA collectée,

on peut se demander si ce redressement peut, le cas échéant, bénéficier de l’exonération de la

TVA ?

Conditions d’application de l’article 213 II :

Deux conditions s’imposent en vue d’activer l’article 213 II du CGI :

-Existence d’un transfert de bénéfices ;

-Existence de liens de dépendance de droit ou de fait.

Concrètement, l’article 213-II n’est pas applicable en cas :

-D’existence de liens de dépendance sans transfert de bénéfices ;

-D’existence de transfert de bénéfices en l’absence de lien de dépendance.

-La notion de dépendance :

Toute la problématique des prix de transfert suppose l’existence d’un intérêt de groupe

transcendant l’intérêt des parties en cause.

L’existence d’un tel intérêt se traduit par un lien de dépendance entre les sociétés évoqué par

l’article 213. On présentera la définition doctrinale pour la notion de dépendance.

Dépendance de droit :

Elle se manifeste à travers les participations directe ou indirecte dans le capital :

-Dépendance directe (mère et filiale, sociétés non résidentes et leurs établissements stables ou

succursales) ;

-Dépendance indirecte (sociétés filiales apparentées à l’intérieur d’un même groupe qui lui-

même est sous le contrôle de la société mère).

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

30

Dépendance de fait :

Existence direct ou indirect d’un véritable pouvoir de décision qui permet d’imposer des

conditions économiques à une entreprise.

-Situation de monopole, de quasi monopole ou d’intérêts communs ;

-Dirigeants qui par leurs participations financières dans d’autres sociétés influent la gestion et

la prise de décision au sein de ces sociétés.

Pas de parallélisme avec la notion de dépendance définie par l’article 96 du CGI en

matière de TVA.

-Existence de transfert de bénéfice :

Par tout moyen de comparaison ou d’appréciation directe en respect du principe de pleine

concurrence. Les transferts indirects des bénéfices peuvent résulter selon la doctrine

administrative :

-De la majoration des prix d’achat de biens et services importés ou acquis localement ;

-De la minoration des prix de vente des biens et services exportés ou vendus localement ;

-De la pratique de taux d’intérêts réduits ou majorés ;

-De la pratique des prix excessifs pour les redevances et autres rémunérations ;

-De la prise en charge de frais de gestion excessifs ou fictifs ;

-De l’abandon de créances ou renonciation à des recettes ;

-D’opérations diverses de compensations.

- Les effets d’application de l’article 213 II du CGI :

Au Maroc, les effets d’application de l’article 213 II du CGI rejoignent la pratique

internationale, à savoir :

-Le redressement au titre de l’impôt sur les bénéfices, IS ou IR professionnel selon le cas et

-Le redressement au titre de l’impôt de distribution : de plus, l’application de ce dispositif

peut dans certains cas, avoir des conséquences sur le plan juridique (conventions

réglementées, abus des biens sociaux, responsabilité civile des dirigeants, droits des

minoritaires et abus de majorité).

Retenue à la source de 11.11% au titre des distributions, considérées occultes du point de vue

fiscal : »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

31

« -L’émission des rôles ne peut avoir lieu qu’après : accord du contribuable, décision non

contestée de la commission locale et décision de la commission nationale.

-Parfois, elle vient en cumul avec la retenue à la source de 10% prélevée sur les produits

perçus par les personnes non résidentes.

-Difficultés d’application dans le cas où la société bénéficiaire est ressortissante d’un Etat

ayant conclu une convention fiscale avec le Maroc.

L’approche documentaire : Droit de communication Article 214-II du CGI :

Pour les opérations effectuées avec des entreprises situées hors du Maroc, l’Administration

fiscale peut demander à l’entreprise imposable au Maroc communication des informations et

documents relatifs :

-A la nature des relations liant l’entreprise imposable au Maroc à celle située hors du Maroc ;

-A la nature des services rendus ou des produits commercialisés ;

-A la méthode de détermination des prix des opérations réalisées entre les dites entreprises et

les éléments qui la justifient ;

-Aux régimes et aux taux d’imposition des entreprises situées hors du Maroc.

L’entreprise concernée dispose de 30 jours pour communiquer à l’administration les

informations et les documents demandés.

A défaut de réponse dans le délai, ou de réponse ne comportant pas les éléments demandés, le

lien dépendance entre ces entreprises est supposé établi.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

32

Section 2 : Méthode applicable pour la fixation des prix de transfert

Selon l’article 9 de la convention OCDE, il ya :

- Des méthodes traditionnelles pour fixer les prix de transfert tel que : la méthode des prix

comparable, prix de revente et prix de revient majoré.

- Des méthodes nouvelles basées sur les transactions de bénéfice et la répartition globale

basée sur une formule préétablie.

1- Méthodes traditionnelles fondées sur les transactions :

Les méthodes traditionnelles sont fondées sur les transactions, elles sont au nombre de trois :

la méthode du prix comparable sur le marché libre, la méthode du prix de revente et la

méthode du prix de revient majoré.

Nous allons présenter chacune de ces trois méthodes et nous allons essayer de les illustrer.

1-1La méthode des prix comparable sur le marché libre (Comparable

Uncontrolled Price-CUP) :

Le principe :

Pour déterminer si un prix est conforme au prix de pleine concurrence, il faut apprécier quel

serait le prix pratiqué, pour des transactions comparables, entre entreprises indépendantes.

Cette méthode consiste à comparer le prix d’un bien transféré ou d’un service, dans le cadre

d’une transaction contrôlée à celui d’un bien ou d’un service transféré, dans des conditions

comparables. Une différence entre ces deux prix, peut indiquer que les conditions de la

transaction ne respectent par le principe de pleine concurrence.

Cette méthode est à retenir car elle constitue le moyen le plus directe pour mettre en œuvre le

principe de pleine concurrence. En pratique, cette méthode peut ne pas aboutir à un résultat

faute d’éléments de comparaison. Dans ce cas, on doit recourir à d’autres méthodes.

On ne doit pas écarter cette méthode sous motif qu’il ya pas de comparables exacts mais il

suffit que le comparable choisi partage les caractéristiques économiques de situations prises

en compte soient suffisamment comparables ou que des correctifs suffisamment fiables

puissent être utilisés pour éliminer l’incidence.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

33

Condition d’application :

Selon l’OCDE, la méthode des prix comparables sur le marché libre est applicable si l’une des

conditions suivantes est remplie :

-Aucune différence entre les transactions faisant l’objet de la comparaison ou entre les

entreprises effectuant ces transactions n’est susceptible d’avoir une incidence sur le prix de

marché libre ;

-Des correctifs suffisamment exacts peuvent être apportés pour neutraliser les effets de ces

différences.

Pour appliquer cette méthode, il faut identifier des situations comparables compte tenu des

caractéristiques des biens et des services en cause, des fonctions exercées et des risques

assurés, des clauses contractuelles, de la situation du marché et de la stratégie des entreprises.

Les avantages et les inconvénients de la méthode du prix comparable sur le

marché libre :

Avantages Inconvénients

-La méthode des prix comparables présente

l’avantage de la simplicité

-Les conditions d’application de la méthode

du prix comparable sur le marché libre sont

strictes.

-Méthode inadaptée à certaines prestations de

services et aux transactions portant sur des

produits élaborés.

Cette méthode est utilisée au Maroc, à condition, d’avoir accès aux informations nécessaires.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

34

1-2La méthode du prix de revente (Resale Price Method-RPM):

Le principe :

Le principe de la méthode du prix de revente est un prix auquel un produit acheté à une

entreprise associée est revendu à une entreprise indépendante. On retire de la première

opération une marge brute appropriée représentant le montant sur lequel le revendeur

couvrirait ses frais de vente et autres dépenses d’exploitation et à la lumière des risques

assumés. Le prix obtenu, après déduction de la marge brute peut être considéré, après

correction des coûts liés à l’achat du produit comme un prix de pleine concurrence, pour le

transfert initiale de propriété entre entreprises associées.

Cette méthode est utilisée surtout pour les activités de distribution, permet de comparer la

marge brute pratiqué sur un produit comparable vendu sur un marché comparable. Lorsque le

marché n’est pas comparable des ajustements sont nécessaires en termes de fonctions et de

risques assumés.

Détermination de la marge sur prix de revente :

Cette marge peut être définie par référence à la marge que le même revendeur réalise sur les

produits achetés et revendus dans le cadre de transactions sur le marché libre.

La marge sur prix de revente réalisée par une entreprise indépendante dans le cadre de

transactions comparables peut également servir d’indicateur.

Cette méthode peut être affectée par des différences ayant trait au mode de fonctionnement

des entreprises, comme le mode de gestion des stocks peut avoir une incidence sur la

rentabilité. Pour l’application de la méthode du prix de revente, les différences des produits

sont moins importantes.

Conditions d’application :

L’application de la méthode du prix de revente est conditionnée par :

-Aucune différence entre les transactions ou entre les entreprises effectuant ces transactions

n’est susceptible d’avoir une incidence sensible sur la marge sur prix de revente ;

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

35

-Des correctifs suffisamment précis peuvent être apportés pour supprimer les effets matériels

de ces différences.

Les avantages et les inconvénients de la méthode du prix de revente :

Avantages

Inconvénients

-Cette méthode est recommandée lorsque la

filiale est passive dans la conception du

produit.

-Cette méthode est simple à appliquer

puisqu’elle part d’un prix de vente final sur

le marché duquel on soustrait un niveau de

marge.

-Cette méthode est retenue par les PME car

elle permet de traiter sur un même pied

d’égalité les filiales de commercialisations

directes présentes dans des pays moins

stratégiques.

-Le prix de vente minoré d’une marge lisse le

niveau des marges commerciales par produit,

au niveau de la division distributrice.

-La société distributrice peut avoir tendance à

être agressive sur le marché alors que la

société productrice peut être en perte.

-La société distributrice peut être incité à

baisser les prix afin d’augmenter les

quantités vendues, quelle que soit la marge

globale du groupe.

Cette méthode est applicable au Maroc pour les opérations de commercialisation. La méthode

du prix de revient est une pratique courante pour les entreprises de distribution avec les

commissions sur les ventes.

1-3La méthode du prix de revient majoré (Cost Plus Method-CPM) :

Le principe :

Cette méthode permet d’obtenir le prix de pleine concurrence en ajoutant au coût de

production un taux de marge brute. Cette méthode s’applique avec la même logique que celle

du prix de revente minoré (RPM) mais la différence est qu’elle est fondée sur le coût de

production au lieu de la marge brute.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

36

Cette méthode consiste à facturer avec une marge, tout ou partie des coûts de la société livrant

des marchandises ou rendant des services à une société liée.

Il s’agit de déterminer pour les biens ou services transférés à un acheteur apparenté, les coûts

supportés pour un fournisseur dans le cadre d’une transaction entre entreprises associées. La

marge est appliquée au prix de revient, de faon à obtenir un bénéfice, compte tenu des

fonctions exercées et des conditions du marché.

En général, la méthode du prix de revient majoré est fondée sur des marges calculées, après

prise en compte des coûts directs et indirects de production alors qu’une méthode portant sur

la marge nette utilisera des marges calculées, après que les dépenses d’exploitation aient été

également prises en compte.

Conditions d’application:

Pour l’application de la méthode du prix de revient majoré, il faut que l’une deux conditions

suivantes soit remplie :

-Aucune différence entre les transactions faisant l’objet de la comparaison ou entre les

entreprises effectuant ces transactions n’est susceptible d’avoir une incidence sensible sur la

marge sur le prix de revient pratiqué sur le marché libre ;

-Des correctifs suffisamment exacts peuvent être apportés pour supprimer les effets de ces

différences.

Les avantages et les inconvénients de la méthode du prix de revient majoré :

Avantages

Inconvénients

-Cette méthode est adaptée aux transactions

sur des produits dont l’essentiel de la valeur

est constitué par les coûts de production.

-Difficulté de la fixation de la marge à

appliquer.

-Un manque de transparence au niveau de

l’acheteur qui est face à un prix de cession

dont il ne maitrise aucun paramètre.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

37

-L’acheteur est amené à subir des hausses de

son prix d’achat consécutives à une dérive du

coût de revient, sans pouvoir, toujours, les

répercuter sur le prix de vente au client final

Cette méthode est applicable dans le contexte marocain et notamment dans les activités de

production et de répartition de coûts.

Les méthodes traditionnelles sont le moyen le plus direct pour déterminer si les conditions des

relations commerciales et financières entre les entreprises associées sont des conditions de

pleine concurrence. Mais du fait de la complexité des situations dans lesquelles se trouvent

souvent les entreprises. L’application des méthodes fondées sur les transactions peut soulever

un grand nombre de difficultés pratiques.

Lorsque les données ne sont pas disponibles ou lorsque les données disponibles ne sont pas

d’une qualité suffisante pour qu’on puisse se fier uniquement ou de façon générale aux

méthodes fondées sur les transactions, il peut être nécessaire de se demander si et sous quelles

conditions d’autres méthodes peuvent être utilisées.

2- Les nouvelles méthodes :

Il y a d’autres méthodes qui permettent de se rapprocher des conditions de pleine concurrence

si les méthodes traditionnelles fondées sur les transactions ne sont pas suffisamment fiables.

Les nouvelles méthodes s’appellent les méthodes transactionnelles de bénéfices, elles se sont

inspirées de la nouvelle approche américaine de la détermination des prix de transfert.

2-1 Les méthodes transactionnelles de bénéfices :

Cette méthode consiste à prendre en compte les bénéfices réalisés, à la suite de transactions

particulières, entre entreprises associées.

La méthode de partage des bénéfices :

Le principe :

La méthode de partage des bénéfices consiste à partager un bénéfice entre des sociétés liées.

La répartition se fait, en fonction d’une base économiquement valable, dans un accord réalisé

en pleine concurrence.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

38

Détermination de la contribution de chaque entreprise :

La contribution de chaque entreprise est déterminée sur la base d’une analyse fonctionnelle et

évaluée, dans la mesure du possible, sur la base de données externe fiable relative au marché

qui est disponible.

L’analyse fonctionnelle tient compte des actifs mis en œuvre et des risques assumés par

chaque entreprise. Les critères extérieurs ayant trait au marché peuvent être les pourcentages

de partage des bénéfices ou les rendements observés dans les relations entre les entreprises

indépendantes exerçant des fonctions comparables.

C’est difficile de déterminer la valeur relative de la contribution de chacune des entreprises

associées aux transactions contrôlées.

Les avantages et les inconvénients de la méthode de partage des bénéfices :

Avantages

Inconvénients

-La méthode de partage des bénéfices ne se

fonde sur des transactions comparables et

peut être utilisée dans des cas où de telles

transactions n’ont pas été identifiées.

-La répartition des bénéfices repose sur la

répartition des fonctions entre les entreprises

associées elles-mêmes.

-Les données externes provenant

d’entreprises indépendantes sont utiles dans

l’analyse du partage des bénéfices pour

déterminer la valeur de la contribution de

chaque entreprise.

Aucune des deux parties à la

transaction ne peut se retrouver avec

un résultat extrême puisque l’analyse

porte sur les deux parties à la

transaction.

-Les données externes utilisées pour

déterminer la contribution de chaque

entreprise à la transaction contrôlée se

rattachent moins étroitement à la transaction

que dans les autres méthodes.

La répartition des bénéfices risque

d’être subjective.

-Il est difficile pour les entreprises associées

d’obtenir des informations concernant des

entreprises étrangères affiliées. Les

entreprises indépendantes n’utilisent pas la

méthode de partage des bénéfices pour

déterminer leurs prix de transfert.

-Il est difficile aussi de déterminer les

recettes et les charges globales de l’ensemble

des entreprises associées participant aux

transactions contrôlées car cela suppose

d’uniformiser les documents comptables et

de tenir compte des monnaies utilisées.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

39

La méthode transactionnelle de la marge nette :

Le principe :

La méthode transactionnelle de la marge nette consiste à déterminer, à partir d’une base

appropriée (par exemple, les coûts, les ventes ou les actifs) la marge bénéficiaire nette qui

réalise une entreprise, au titre d’une transaction contrôlée.

Cette méthode revient donc à allouer une marge nette et non brute, comme pour la méthode

du prix de revente, prédéterminée à l’entreprise considérée, les prix de transfert constituant la

variable permettant d’atteindre cet objectif de marge nette.

L’objectif de marge nette sera exprimé comme un pourcentage d’une grandeur telle que :

Le chiffre d’affaires, pour des sociétés de distribution, par exemple, lorsque la nature

commerciale de leur activité justifie que leur profit soit proportionnel au chiffre d’affaires ;

Les charges d’exploitation, pour des prestataires de service, par exemple, lorsque la valeur du

service rendu dépend de l’étendue des charges engagées pour le rendre et lorsque cela justifie

que leur profit soit proportionnel au chiffre d’affaires qu’elles génèrent ;

Tout ou partie de l’actif pour des façonniers, par exemple, ayant un outil de production

important et lorsque cela justifie que leur profit soit proportionnel aux investissements

réalisés.

Mode de détermination de la marge nette :

Selon le rapport de l’OCDE3, la marge nette obtenue par une entreprise, au titre d’une

transaction contrôlée devrait être déterminée par référence à la marge nette que cette même

entreprise réalise, au titre de transactions comparables, sur le marché libre. Lorsque cela n’est

pas possible la marge nette obtenue au titre de transactions comparables par une entreprise

indépendante peut donner des indications. Une analyse fonctionnelle de l’entreprise associée

et le cas échéant de l’entreprise indépendante est nécessaire pour déterminer si les transactions

sont comparables et quels sont les ajustements à apporter pour obtenir des résultats fiables.

Les avantages et les inconvénients :

Avantages

Inconvénients

-Les marges nettes sont moins sensibles aux

différences affectant les transactions que les

prix tels qu’utilisés dans la méthode du prix

comparable sur le marché libre ;

-La marge nette peut être influencée par

certains facteurs qui n’ont pas d’incidence ou

une incidence moins marquée sur les prix ou

sur les marges brutes, car les dépenses

d’exploitation sont fluctuantes d’une

3 Rapport de l’OCDE, paragraphe 326

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

40

-Les différences qui existent entre les

entreprises quant aux fonctions exercées se

traduisent souvent par des variations dans les

dépenses d’exploitation.

Les entreprises peuvent avoir un large

éventail de marges brutes mais

dégager des bénéfices nets d’un

niveau similaire ;

-Il n’est pas nécessaire de déterminer les

fonctions exercées et les risques assumés par

toutes les entreprises associées.

L’uniformisation de la présentation

des documents comptables de toutes

les entreprises associées n’est pas

nécessaire.

entreprise à l’autre.

-Du fait qu’elle n’est appliquée qu’à seule

des entreprises associées et que plusieurs

facteurs, sans rapport avec les prix de

transfert, peuvent affecter les marges nettes,

cette méthode peut s’avérer moins fiable.

-La marge nette peut être affectée par

plusieurs facteurs :

La menace de nouvelles entrées sur le

marché ;

La position concurrentielle ;

L’efficacité de gestion ;

La menace de produits de

substitution ;

La structure variable des coûts.

2-2 La méthode basée sur la répartition globale selon une formule préétablie :

Le principe :

La méthode de la répartition globale selon une formule préétablie consiste à répartir les

bénéfices globaux d’un groupe multinational sur une base consolidée entre les entreprises

associées localisées dans différents pays au moyen d’une formule prédéterminée et

automatique.

Cette méthode comporte trois composantes :

La détermination de l’unité à imposer ;

La détermination des bénéfices globaux ;

La détermination de la formule à appliquer pour répartir les bénéfices globaux.

Cette méthode repose généralement sur une combinaison des coûts, des actifs, des salaires et

des ventes.

La méthode de la répartition globale selon une formule préétablie a pour effet d’imposer un

groupe multinational, sur une base consolidée, c'est-à-dire qu’elle écarte l’approche par entité

distincte. Elle ne prend pas en compte l’efficience des entreprises, la situation géographique

etc.

La méthode de la répartition globale selon une formule préétablie se distingue des méthodes

précédentes par le fait qu’elle utilise une formule de répartition des bénéfices qui est

préalablement fixée pour toutes les entreprises du groupe multinational alors que les autres

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

41

Méthodes, comparent au cas par cas, les bénéfices d’une ou plusieurs entreprises associées

avec les bénéfices que des entreprises indépendantes comparables auraient cherché à réaliser,

dans des circonstances comparables.

La méthode de la répartition globale selon une formule préétablie a été, parfois, présentée

comme alternative au principe de pleine concurrence pour déterminer la répartition appropriée

des bénéfices entre différents pays.

Conclusion première partie:

« Les prix de transfert occupent une place importante au sein des groupes de sociétés. Cette

importance trouve son origine dans la nécessité de fixer des prix pour les divers échanges

intra-groupe, et d’autre part, dans les différentes opportunités offertes par les prix de transfert

en matière de gestion et de mesure des performances des sociétés du groupe.

Cette importance se trouve désormais amplifiée par le regain d’intérêt des administrations

fiscales envers ce sujet. Les méthodes de détermination des prix de transfert permettent de

s’assurer que les conditions qui régulent les relations commerciales et financières entre

entreprises associées sont conformes au principe de pleine concurrence. Il n’existe pas de

méthode utilisable en toute circonstance.

Les réglementations locales ou internationales qui traitent de la matière sont en perpétuelle

évolution, ce qui complique davantage la donné pour les groupes qui doivent manier leur prix

de transfert avec la plus grande prudence afin d’être en permanence accord avec les

réglementations en vigueur.

Une mauvaise détermination des prix de transfert représente des risques réels pour les groupes

et leurs dirigeants.

Les méthodes préconisées par le CGI marocaine reposent principalement sur la condition de

comparabilité des bénéfices et des transactions réalisés sur le marché libre, sinon sur

l’appréciation directe du fisc. Cependant, la méthode des comparables sur le marché libre

n’est pas toujours possible d’autant plus que les bases de données fiables ne sont pas

formalisées et/ou non disponibles.»»

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

42

PARTIE II : La position de l’administration fiscale marocaine

en matière des prix de transfert et cas pratique

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

43

Partie II : La position de l’administration fiscale marocaine en matière des

prix de transfert et cas pratique

Chapitre 1 : La démarche de l’administration fiscale marocaine en matière de

contrôle fiscal

Section 1 : l’organisation du contrôle fiscale au Maroc

« Le contrôle fiscal est un ensemble d’opérations qui permettent à l’administration fiscale

de s’assurer par une vérification sur place, de la fiabilité de la comptabilité d’un contribuable

et de confronter les divers éléments recueillis avec les déclarations souscrites.

1- Pouvoir d’appréciation de l’administration fiscale :

Erreurs portant sur l’aspect de conformité ou de régularité :

Il s’agit des erreurs de participation ou d’imputation qu’un simple contrôle permet de déceler

et de régulariser.

Erreurs portant sur l’image de sincérité :

« Sont considérés comme irrégularités graves :

- le défaut de présentation d'une comptabilité tenue conformément aux dispositions de l'article

31 cités avant;

- l'absence des inventaires prévus par le même article ;

- la dissimulation d'achats ou de ventes dont la preuve ; est établie par l'administration;

- les erreurs, omissions ou inexactitudes graves et répétées, constatées dans la

comptabilisation des opérations ;

- l'absence de pièces justificatives privant la comptabilité de toute valeur probante ;

- la non comptabilisation d'opérations effectuées par la société ;

- la comptabilisation d'opérations fictives.

Si la comptabilité présentée ne comporte aucune des irrégularités graves énoncées ci-dessus,

l'administration ne peut remettre en cause ladite comptabilité et reconstituer le chiffre

d'affaires que si elle apporte la preuve de l'insuffisance des chiffres déclarés. »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

44

2- Procédés de détermination de la base imposable pour les bénéfices

transférés indirectement à l’étranger entre sociétés dépendantes :

Le plus souvent, l’Administration évalue le chiffre d’affaires en appliquant un coefficient

de bénéfice brut sur achats ou prix de revient des marchandises vendues, dégagé par la

formule suivante :

STOCK D’ENTREE + ACHATS - STOCKS DE SORTIE

« Lorsqu'une société marocaine a directement ou indirectement des liens de dépendance avec

des entreprises situées hors du Maroc, les bénéfices indirectement transférés à ces dernières,

soit par voie de majoration ou de diminution des prix d'achat ou de vente, soit par tout autre

moyen, sont rapportés au résultat fiscal déclaré ».4

Les transferts indirects des bénéfices peuvent résulter notamment :

- De la majoration des prix d’achat de biens et services importés ;

- Diminution des prix de vente des biens et services exportés ;

- De la pratique de taux d’intérêts réduits ou majorés ;

- De la pratique des prix excessifs pour les redevances et autres rémunérations

- De la prise en charge des frais de gestion excessifs ou fictifs

- D’abandon de créances, ou renonciation à des recettes ;

- D’opérations diverses de compensation….

Méthode de contrôle et de rectification du résultat :

Pour la détermination du résultat fiscal des sociétés précitées, l’Administration recourt à la

méthode des études comparatives.

4 Paragraphe II de l’article 4 du livre de Procédure Fiscal.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

45

3- Limitation des dépenses engagées ou supportées à l’étranger par les

sociétés étrangères ayant une activité permanente au Maroc :

Nature des dépenses dont la déduction est admise et limitée :

-Frais de siège proprement dits

-Charges financières

Limites de la déduction de la quote part des frais de siège :

Dans la limite de 2% du chiffre d’affaires de l’établissement considéré.

« Lorsque l'importance de certaines dépenses engagées ou supportées à l'étranger par

les sociétés étrangères ayant une activité permanente au Maroc n'apparaît pas justifiée,

l'administration peut en limiter le montant ou déterminer la base d'imposition de la société

par comparaison avec des entreprises similaires ou par voie d'appréciation directe sur la

base d’informations dont elle dispose ».5

5 Paragraphe 3 de l’article 4 procédures fiscales

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

46

Section 2 : les moyens de l’administration fiscale

1- Le droit de communication :

Le droit d’obtenir communication de certains documents pour assurer le contrôle de la

sincérité des déclarations souscrites par les contribuables.

Etendue du droit de communication :

-Recueillir des informations dans les documents détenus par les administrations de l’Etat.

-Le droit de communication s’exerce normalement dans les locaux des contribuables

concernés.

Droit de communication est secret + professionnel

Difficultés pratiques du droit de communication :

Les grandes entreprises confient généralement leurs documents à une société d’archivage, ce

qui rend difficile de recueillir les différentes informations dont l’administration fiscale aura

besoin.

2- L’engagement du contrôle fiscal :

L’avis de vérification :

L’administration utilise souvent un imprimé modèle dénommé « Avis de vérification de

comptabilité » pour informer le contribuable qu’il va faire l’objet d’un contrôle fiscal.

Un avis de vérification de comptabilité mentionne explicitement :

-Les impôts et taxes qui sont soumis au contrôle ;

-Les années soumises à vérification. Généralement, l’administration fiscale utilise la mention

« exercices non prescrits »

-Le nom et le grade de l’agent vérificateur ;

-Le jour auquel débute la vérification. L’administration fiscale utilise la mention « le 16ème

jour à partir de la réception de l’avis de vérification » ;

-La signature du chef de brigade de vérification ;

-Le délai légal (minimum) qui doit être respecté entre la date de réception de l’avis de

vérification et celle de l première intervention est de 15 jours.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

47

Le lieu de vérification :

La vérification de la comptabilité de l’entreprise doit se dérouler sur place, au siège social ou

au principal établissement de l’entreprise.

3- Le déroulement du contrôle fiscal :

La compétence des vérificateurs :

-Ces agents doivent avoir au moins le grade d’inspecteur adjoint et doivent être

commissionnés pour procéder au contrôle fiscal.

-En matière de compétence territoriale, la loi n’a pas prévu de précision sur ce sujet. En

pratique : un agent du « service national des vérifications fiscales » peut intervenir par

exemple dans toute entreprise du territoire national ;

-Un agent du « service préfectoral des vérifications » peut intervenir dans toute entreprise

établie dans la préfecture concernée.

Les documents comptables à communiquer :

En pratique, le vérificateur demande souvent de lui présenter dans un premier temps :

-Le manuel d’organisation comptable ; -Le grand livre ;

-Les journaux ; -Les livres auxiliaires ;

-L’inventaire détaillé justifiant le contenu de chaque poste du bilan (stocks, clients,

fournisseurs …etc.) ;

-Le livre d’inventaire et le livre journal cotés et paraphés ;

-Les états de synthèse ; -Les journaux de paie ;

-Les pièces justificatives des charges et des produits.

La communication et la restitution des documents comptables :

La communication des documents comptables et sa présentation, dés la première intervention

du vérificateur, de la totalité des pièces comptables, juridiques et commerciales ; »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

48

« Présentation au fur et à mesure, à la demande du vérificateur, de diverses pièces dont il a

besoin. En principe, il fournit à la fin d’une séance la liste des documents qui lui sont

nécessaires pour la séance suivante.

-Emport des documents :

Hormis le cas d’une vérification effectuée en dehors des locaux de l’entreprise nécessitant un

déplacement des documents comptables, l’emport des documents reste en principe

exceptionnel parce que non nécessaire.

-Restitution des documents emportés :

Le vérificateur doit restituer les documents emportés dans leur intégralité.

4- La durée du contrôle fiscal :

La durée légale :

Le délai de vérification tel que prévu par ces articles est de six maximum pour les

contribuables dont le chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 50 000 000 DH, et de douze

mois pour ceux dont le chiffre d’affaires d’un des exercices vérifiés dépasse 50 000 000 DH.

Les interruptions du contrôle fiscal :

Le délai de contrôle ne tient pas compte des interruptions de la vérification pour défaut de

présentation des documents obligatoires.

« La durée de suspension de la vérification est arrêtée à la date de la communicat ion à l’agent

chargé du contrôle, qui en accuse réception : soit des documents et pièces comptables

demandés, soit d’une lettre confirmant l’absence des documents et pièces précités. »

5- La clôture du contrôle fiscal :

La fin des investigations :

A l’issue de son intervention sur place, le vérificateur est tenu d’informer le contribuable de la

clôture de la vérification par lettre recommandée avec accusé de réception. Cette obligation

est édictée par l’article 3 de la Procédure Fiscale.

Cas de renouvellement du contrôle :

A la fin du contrôle sur place, le vérificateur peut conclure que :

-Il n’y a pas d’anomalies pour ce qui est des déclarations fiscales.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

49

-La vérification a abouti à la constatation d’anomalies nécessitant un redressement des bases

initiales.

-L’administration peut procéder à un nouvel examen des écritures déjà vérifiées.

Chapitre 2 : Présentation et analyse du cas pratique

Notre étude porte sur des cas concrets et se compose de trois entreprises qui ont connu un

contrôle fiscal et dont la problématique des prix de transfert a été relevé et consiste un

pourcentage important de l’ensemble des redressements.

Notre travail réside à analyser des entreprises qui réalisent des pratiques frauduleuses en

terme des prix de transfert et ne respectent pas le principe de pleine concurrence.

Nous allons adopter une méthode d’analyse comme suit :

En premier lieu : une présentation des entreprises avec les différents points relevés, une

analyse de la relation commerciale entre les deux sociétés ainsi que les dépendances

constatés.

En deuxième lieu : une analyse de la problématique prix de transfert lors du contrôle de ces

trois entreprises avec une présentation des arguments annoncés par l’administration fiscale et

par le contribuable.

En troisième lieu: une conclusion de l’analyse avec les différents majorations établies. Une

présentation des résultats relevés et des méthodes utilisés afin de relever une irrégularité.

En dernier, nous allons présenter le résultat de notre étude avec les différentes

recommandations.

Section 1 : Présentation des entreprises et analyse de la relation de dépendances

constatées:

Pour l’étude de notre problématique, nous avons choisi trois entreprises relevant de secteurs

différents et qui ont été contrôlés fiscalement par l’administration fiscale. Nous n’allons pas

évoquer les noms des trois sociétés sous principe d’anonymat.

1- Présentation des entreprises :

-Présentation générale de la première entreprise MUNDI :

L’activité principale de l’entreprise étudiée est : L'importation, l'exportation, la production, le

traitement, le conditionnement et la commercialisation du riz et la fabrication et le

conditionnement de farine de riz et autres produits dérivés.

La forme juridique : Société Anonyme

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

50

L’entreprise en question a un capital social de 42.963.800 DHS détenu à 99.99% par un

groupe agroalimentaire dont le siège social se situe en Espagne. La production a démarré en

2001.

L’effectif de cette société est de 30 personnes fixes et en moyenne 50 personnes temporaires

recrutées pendant la période de la compagne.

La société est soumise à l’IS au plein taux soit 30% et elle est assujettie à la TVA.

-Présentation générale de la deuxième entreprise DISTRIBUTION MAROC :

L’activité principale de l’entreprise étudiée est : L'importation et distribution au Maroc, à

titre exclusif, des produits fabriquées par des sociétés du groupe. C’est une société spécialisée

à la distribution.

La forme juridique : Société Anonyme

L’entreprise en question est détenue par un groupe néerlandais constitué de différentes filiales

implantées dans différents coins du monde.

La société est soumise à l’IS au plein taux soit 30% et elle est assujettie à la TVA.

-Présentation générale de la troisième entreprise DISTRIBUTION FRANCE:

Une société française dont le capital est en totalité détenu par des personnes physique

appartement à la même famille, importe par l’intermédiaire de sa filiale établie à Hong-Kong

des produits manufacturés en provenance de l’Asie du Sud Est qu’elle revend en France aux

grandes surfaces de distribution.

Les deux premières entreprises sont assujetties au droit marocain, la troisième est assujettie au

droit français.

Nous allons établir une comparaison entre la deuxième et la troisième entreprise qui sont des

sociétés de distribution et non assujetties au même droit.

2- Analyse générale des relations intragroupe :

On va commencer avec les deux entreprises DISTRIBUTION MAROC et DISTRIBUTION

FRANCE.

Société DISTRIBUTION MAROC :

Sur le plan international :

-Les achats de produits sont effectués exclusivement auprès des sociétés néerlandaises.

-La société marocaine n’a conclu aucun contrat de propriété industrielle (transfert de

technologie, marque, etc.). Elle n’a procédé à aucun versement de redevance.

-Aucune convention de trésorerie ne lie la société vérifiée à des sociétés affiliées étrangères.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

51

-La société marocaine n’a procédé, sur la période vérifiée, à aucune distribution de

dividendes.

Sur le plan national :

La société vérifiée s’acquitte, auprès de plusieurs structures du groupe, de prestations

administratives, de crédit bail immobilier et informatiques.

Aucune convention de trésorerie ne lie la société à des sociétés affiliées sur le territoire

néerlandais.

Société DISTRIBUTION FRANCE :

Sur le plan international :

-La société française importe par l’intermédiaire de sa filiale établie à HONG-KONG.

-La filiale constitue une centrale d’achat situé à HONG KONG,

Sur le plan national :

-L’entreprise française s’approvisionne de sa filiale, aucun lien avec d’autres centrales d’achat

en France.

Société MUNDI :

Sur le plan international :

-L’entreprise comptabilise des rémunérations au titre d’assistance générale au profit de la

société mère en Espagne.

Sur le plan national :

-L’entreprise en question inscrit au niveau de sa comptabilité des avances faites par MUNDI à

ses filiales au Maroc. Ces avances sont assimilées à des prêts producteurs d’intérêts au taux en

vigueur sur le marché financier, soit 6.5%.

-Les prix de vente de semences de riz facturés à une filiale sont inférieurs à ceux facturés à

des indépendants.

-Une société de distribution s’accapare de la part la plus importante des ventes du riz en

raison de l’exclusivité.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

52

-Aucune convention entre la société vérifiée et la société de distribution n’a été présenté pour

mettre en évidence les conditions de vente et les prix pratiqués.

3- Analyse des relations commerciales entre les deux sociétés :

Société DISTRIBUTION MAROC :

Il a été observé que :

-Le fournisseur unique du produit est en fait la société mère néerlandaise de la société

marocaine ;

-Les relations contractuelles entre la société mère et sa fille ne sont réglés par aucune

convention, ce qui peut témoigner de la réalité d’une communauté d’intérêt ;

-Les rabais, remises et ristournes accordés à la clientèle marocaine sont refacturés à la société

néerlandaise ;

-Le coût financier des litiges (Vices techniques, Mauvaises spécifications, malfaçons, etc.) est

supporté par la société mère ;

-Les délais de règlement fournisseurs sont conformes aux usages de la profession (60 jours),

les escomptes de règlement accordés par la société mère à la société marocaine s’élèvent

2 500 000 DHS par an ;

-Le risque d’insolvabilité clients reste à la charge de la société marocaine ;

-Les achats sont réalisés « Maroco dédouanés » auprès du fournisseur néerlandais, c'est-à-dire

que la société marocaine ne supporte aucun frais, notamment les frais d’acheminement des

produits au Maroc.

Société DISTRIBUTION MAROC :

La société française a constitué une filiale à HONG-KONG afin de disposer sur place d’un

service d’achat qui puisse assurer dans les meilleures conditions commerciales, le suivi de ses

commandes et leurs livraisons.

Cette création a également eu pour but de mettre en place à HONG-KONG un système financier

permettant à la société mère française d’obtenir des délais de paiement plus longs de la part de

sa filiale. Les fournisseurs de la filiale lui consentent des délais de règlement de 40 à 45 jours,

délais conformes aux usages, et la filiale consent à sa mère des délais d’environ 4 mois et demi.

Aucun contrat ne régit les relations commerciales entre les deux sociétés. »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

53

« Avant la création de sa filiale, la société française s’approvisionnait directement sur le marché

asiatique. La filiale a conservé les anciens fournisseurs de sa société mère.

La filiale est le principal fournisseur de la société mère qui réalise par son intermédiaire 70% de

l’ensemble de ses approvisionnements.

La société de HONG-KONG a pour client quasi exclusif sa mère. Ses autres clients sont

essentiellement des grandes entreprises françaises de distribution qui s’approvisionnent

ponctuellement auprès d’elle, mais conservent la société française comme fournisseur principal.

Société MUNDI :

-L’entreprise en question inscrit au niveau de sa comptabilité des avances faites par MUNDI à

ses filiales au Maroc. Ces avances sont assimilées à des prêts producteurs d’intérêts au taux en

vigueur sur le marché financier, soit 6.5%.

-Les prix de vente de semences de riz facturés à une filiale sont inférieurs à ceux facturés à des

indépendants.

-Une société de distribution s’accapare de la part la plus importante des ventes du riz en raison

de l’exclusivité.

-Aucune convention entre la société vérifiée et la société de distribution n’a été présenté pour

mettre en évidence les conditions de vente et les prix pratiqués.

-Achats de matières premières auprès de sa filiale est supérieur à celui facturé par des

particuliers d’où une régularisation des prix pratiqués.

-La société comptabilise des rémunérations au titre d’assistance générale au profit de la société

mère.

4- Variation des marges commerciales dans les sociétés :

Pour la société DISTRIBUTION MAROC :

Le service vérificateur a constaté, lors de l’analyse des comptes de résultats, un tassement

significatif de la marge globale (nette de frais variables) du distributeur marocain.

Le tableau suivant traduit la situation rencontrée :

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

54

N

N+1

N+2

Marge brute

(en % du prix de

revente)

7.70%

7%

7.20%

Frais variables

(en % du prix de

revente)

1.30%

1.34%

1.90%

Marge nette de frais

variables

d’approvisionnement

(en % du prix de

revente)

6.40%

5.66%

5,30%

A la demande de justifications formulées par le service, deux séries d’explication ont été

avancées par la société vérifiée :

-Le lancement d’une nouvelle gamme de produits à compter de l’année N, avec

application d’une marge commerciale progressive, calculée sur le prix de revente, soit :

2% en N, 4% en N+1 et 8% en N+2.

Alors que d’ordinaire, la société distributrice applique, sur les ventes des produits

« groupe », une marge variant entre 8 et 9% ;

-La prise en charge, par la société marocaine, à compter de l’année N+2, des frais de

transport sur ventes, jusqu’alors assumée par une société sœur néerlandaise (soit

4 500 000 DHS ou 0.70% du chiffre d’affaires).

Pour la société DISTRIBUTION FRANCE :

Par manque d’information, nous ne pouvons pas constater les variations des marges

commerciales entre sociétés.

En ce qui concerne les modalités de rétribution de la filiale ont été établies lors de la création

de celle-ci. La société de HONG-KONG perçoit une rémunération assise sur le chiffre

d’affaires qu’elle réalise avec sa mère.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

55

Cette rémunération, fixée à 5% pour sa fonction commerciale et à 7% pour sa fonction

financière, est incluse dans ses prix de vente.

Les escomptes obtenus par la filiale ne sont pas répercutés à la société mère.

Pour la société MUNDI :

Le service vérificateur a constaté, lors de l’analyse des comptes de résultats, une

augmentation significatif de la marge globale du la société MUNDI.

Le tableau suivant traduit la situation rencontrée par marque de riz :

Marge brute

N

N+1

N+2

CIGALA

62.04%

76.99%

84.65%

MIURA

44.26%

69.68%

92.04%

ROCIO

43.95%

59.95%

83.91%

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

56

Section 2 : Evaluation des prix de transfert :

1- Pour la société DISTRIBUTION MAROC :

Le vérificateur a démontré que certains prix d’achats effectués par la société marocaine

auprès de sa mère néerlandaise avaient été majorés.

La méthode utilisée a été celle « du prix de revente moins » :

- Position du service concernant les charges constatées:

Position du service concernant le lancement d’une nouvelle gamme de produits au

Maroc :

S’agissant du lancement d’une nouvelle gamme de produits, le vérificateur a fait remarquer

qu’une politique du prix d’appel impliquant une baisse de marge peut être considérée comme

normale sur le plan fiscal dés lors que l’effort lié à la promotion des nouveaux produits est

partagé équitablement entre le producteur et le distributeur.

Au cas particulier, un partage équitable de l’effort de promotion commerciale aurait dû

conduire respectivement à des taux de marge de 4% et 6%, sur les prix de revente, en N et

N+1, compte tenu des circonstances propres à cette affaire.

Le vérificateur a considéré que la différence entre les marges de 4% et de 6% et celles

effectivement pratiquées de 2% et 4% sur le prix de revente constituait, au titre des achats

majorés, un transfert de bénéfice à la société mère néerlandaise. »

Position du service concernant les frais de transport sur vente imputés à la

société distributrice marocaine :

MAROC

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

57

« En l’absence de tout contrat et avenant, cette sujétion supplémentaire imposée au

distributeur l’année n+2, en dehors de toute contrepartie commerciale, a été considérée

comme anormale. En effet, les conditions de commercialisation restant inchangées, la prise en

compte des frais de transport sur vente aboutit à une baisse injustifiée de marge de l’entreprise

marocaine.

Il convient de manière générale d’être vigilant quant à la motivation des redressements. Une

évolution négative d’une marge dans le temps n’autorise pas, en l’absence d’autres éléments

de motivation, de démontrer l’existence d’un transfert de bénéfice. Il est de même de la

pratique d’un prix inférieur au coût de revient.

2- Pour la société DISTRIBUTION FRANCE :

Le service vérificateur a démontré que la création de la filiale a pour effet de lui transférer une

partie des bénéfices sous forme de majoration des prix d’achat.

- Analyse des liens juridiques unissant les deux sociétés :

Le service vérificateur a observé que la société de HONG-KONG simple « en tête juridique »,

se conduit en fait comme un mandataire de la société française et non comme une société de

négoce. Il agit, en effet, sur ordre et pour le compte de sa mère.

-la société de HONG-KONG ne dispose d’aucune liberté dans le choix de ses achats, elle

s’approvisionne en effet auprès des anciens fournisseurs de sa mère ;

-par ailleurs, elle ne supporte pas de coût de stockage puisque ses approvisionnements sont

directement liés aux commandes de la société mère ;

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

58

-de plus, elle ne supporte aucun risque commercial. En effet, son chiffre d’affaires est réalisé

à 80% avec sa mère et le reste directement avec les clients de celle-ci ; ses débouchés sont

donc assurés par la société française avec régularité et sans risque de rupture.

La rémunération de la fonction commerciale a pu être considérée comme excessive.

3- Pour la société MUNDI :

Le service vérificateur a observé un certain nombre d’anormalité concernant les prix de

transfert pratiqués par MUNDI :

En décembre 2013, la société a reçu la première lettre de notification dont les chefs de

redressement s’élèvent à 40,3 MDH et se détaillent comme suit :

Autres débiteurs :

L’Administration Fiscale a assimilé les avances faites par Mundi à ses filiales au titre

des exercices 2009 et 2010 à des prêts producteurs d’intérêts au taux de 6,5%, soient

des intérêts à réintégrer pour 1,6 MDH ;

Ventes de marchandises en l’état :

Le contrôle de l’Administration Fiscale a conclu que les prix de ventes de semences de

riz facturés à sa filiale sont inférieurs à ceux appliqués aux agriculteurs, soit une

minoration de CA de 2010 à 2012 pour 1,5 MDH ;

Ventes de biens de services :

Le contrôle de l’Administration Fiscale a conclu que les prix de ventes facturés par

Mundi à société de distribution ne correspondent pas au prix du marché de pleine

concurrence du fait de l’absence de convention de commercialisation écrite, soit une

minoration du CA de 6,8 MDH;

Achats de matières premières :

Le contrôle de l’Administration Fiscale a conclu que les prix d’achat de la matière

première auprès d’une de ses filiales sont supérieurs à ceux facturés par les

agriculteurs, soit une minoration du résultat de 10,7 MDH;

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59

Rémunérations Groupe :

L’Administration Fiscale a réintégré les prestations d’assistance technique du Groupe

au motif qu’elles ne correspondent pas à un service effectif, soit un montant à

réintégrer de 11,1 MDH ;

Frais de publicité :

L’Administration Fiscale a réintégré les notes de débit des frais de publicité facturés à

sa filiale qui prend en charge la distribution en l’absence d’un contrat écrit, soit un

total à réintégrer de 8,5 MDH ;

A ces chefs de redressement, s’ajoutent l’IS/PA et la TVA y afférents respectivement

pour 4,4 MDH et 2,8 MDH.

Dans sa réponse du 14 janvier 2014, la société a rejeté l’ensemble des rappels détaillé

ci-dessous.

Dans sa deuxième lettre de notification du 21 février 2014, l’Administration Fiscale a

maintenu l’ensemble des redressements précités.

En date du 17 mars 2014, la société a demandé le pourvoi devant la Commission

Locale de Taxation.

Aucune provision n’est constatée par la société au 31 décembre 2013.

Pour le cas MUNDI, nous ne pouvons pas analysés les conséquences fiscales

puisque le cas n’est pas encore traité à l’échelle local et national.

L’administration fiscale a utilisé la méthode des prix comparables pour

relever la majoration des prix de transfert. »

Section 3 : Conséquences fiscales

Présentation des conséquences des deux sociétés DISTRIBUTION MAROC et

DISTRIBUTION FRANCE, sous forme d’un tableau qui analyse deux conséquentes

majeurs :

-Transfert de bénéfices ;

-Sort des sommes réintégrées.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

60

Conséquences fiscales

Transfert de Bénéfices

Sort des sommes réintégrées

DISTRIBUTION MAROC

-Les achats effectués par la

société marocaine auprès de sa

mère néerlandaise avaient été

majorés, le vérificateur a

démontré qu’il était en

présence d’un transfert indirect

de bénéfices à l’étranger ne

relevant pas d’une gestion

normale de l’entreprise

Réintégration du

résultat de la société

marocaine la fraction

des prix retenue pour

excessive.

-Les sommes réintégrées dans

les bases imposables à l’IS

sont considérées comme

distribuées.

Ces distributions dont le

bénéficiaire est la société mère

néerlandaise sont soumises à la

retenue à la source qui prévoit

que ces produits sont à

l’application d’une retenue à la

source dont le taux est de 10%

lorsqu’ils bénéficient à des

personnes qui n’ont pas leur

domicile fiscal ou leur siège

fiscal au Maroc

DISTRIBUTION FRANCE

-Le service a réintégré dans les

bases imposables de la société

mère la majoration d’achat qui

s’élève globalement à 2.5%, en

application de l’article 57 du

CGI français.

-Les sommes réintégrées dans

les bases imposables à l’IS ont

été considérées comme des

revenue distribués.

Ces sommes ont été soumises à

la retenue à la source prévue

par la législation, le

bénéficiaire de ces

distributions étant la filiale sise

à HONG-KONG.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

61

Section 4 : Résultats de l’étude et recommandations

« -D’après notre étude, une grande partie des redressements établis sont à la base des prix de

transfert.

-L’administration fiscale utilise les différentes méthodes appréhendées par l’OCDE.

-D’après l’analyse de ces dossiers de contrôles des multinationales menée par

l’administration, on dégage deux principaux leviers d’optimisation fiscale utilisés par ces

firmes : le transfert des bénéfices par minoration ou majoration du chiffre d’affaires et le

treaty shopping.

- D’après nos cas d’étude, il gonflait artificiellement les frais de siège ou la valeur de biens ou

fournitures importés de la maison mère. Le fait d’imputer ces biens dans les charges

d’exploitation sur la base des prix de vente facturés à la filiale ou au client au Maroc, aboutit

de fait à une minoration du chiffre d’affaires imposable. La technique utilisée consiste à faire

en sorte que la valeur des achats soit similaire à celle des ventes. Le bénéfice est ainsi

transféré par le biais de la surévaluation des services et biens importés de la maison mère.

-On a soulevé lors de notre analyse que la détection de majoration de frais de siège est

complexe à détecter, même si la plupart des traités fiscaux signés par le Maroc traite

expressément de ce point. La difficulté tient au fait que les conventions en parlent en de

termes très généraux qui laissent donc la place à une large interprétation. Une zone grise dans

laquelle s’engouffrent les conseils qui assistent les multinationales, mais aussi les inspecteurs

des impôts.

-Lors de notre entretien à la direction générale des impôts, on reconnait deux problèmes

majeurs liés à l’appréciation des frais de siège : l’absence de définition précise de dépenses de

direction et de frais généraux d’administration et le caractère non probants des pièces établies

par le contribuable pour justifier ces frais.

-Pour le cas de l’entreprise DISTRIBUTION MAROC, les revenus transférables au pays bas

dont la convention avec le Maroc ne prévoit pas de retenue à la source sur les dividendes et

les rémunérations de prestations de services. Le fisc se focalise et donne plus d’importance

sur les missions de vérification des sociétés provenant de pays dont la convention fiscale ne

contient pas de retenue à la source de l’impôt.

-L’administration fiscale ne dispose pas de posture inconfortable lors des contrôles fiscaux à

cause de son pouvoir discrétionnaire et le manque d’éléments de comparabilité pertinent pour

fixer le juste prix de transfert.

- Les entreprises étudiées considèrent que la méthode du prix comparable n’est pertinente

qu’entre deux situations parfaitement comparables, elles ont considéré que l’administration

fiscale use de son pouvoir d’appréciation pour remettre en cause les prix de transfert pratiqués

par les multinationales installées au Maroc.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

62

-L’entreprise doit prévoir une documentation justifiant la fixation des prix conformément au

principe de pleine concurrence.

-Les contribuables contestent étendre le champ d’application de l’article 213 II du CGI aux

opérations effectuées entre les entreprises marocaines et leurs filiales étrangères.

-Limiter l’application de cet article aux opérations transfrontalières en introduisant, le cas

échéant, pour les besoins de contrôle des groupes marocains la notion d’abus de droit en

matière fiscale.

-Pour les opérations effectuées entre deux sociétés marocaines ayant fait l’objet de

redressement, prévoir la symétrie de redressement et la neutralité de la TVA.

-Eclaircir les modalités pratiques d’application de la retenue à la source pour le cas de la

société mère et filiale, toutes deux, marocaines).

-L’administration fiscale doit éclaircir le sort de la retenue à la source payée sur les

rémunérations ayant fait l’objet d’un redressement.

-L’analyse des résultats réalisés par les principales filiales de multinationales a révélé que

leurs résultats sont anormalement bas et tout à fait contradictoires avec leurs positions

respectives sur le marché marocain.

-La manipulation des prix de transfert est facilitée par le fait que les multinationales se

retrouvent dans des situations de concentration verticale, autrement disent elles occupent à la

fois une position de fournisseur et une position de client.

D’après notre étude et l’analyse de la réglementation des prix de transfert au Maroc, nous

proposons les ajustements suivants :

-Etendre le champ d’application de l’article 213 II du CGI aux opérations effectuées entre les

sociétés mères marocaines et leurs filiales étrangères.

-Limiter l’application de cet article aux opérations transfrontalières en introduisant, le cas

échéant, pour les besoins de contrôle des groupes marocains la notion d’abus de droit en

matière fiscale.

-Exiger formellement des grandes entreprises, au-delà d’un certain seuil, une documentation

probante justifiant la fixation des prix conformément au principe de pleine concurrence.

-Accepter, de façon doctrinale, les outils et méthodes de travail des instances internationales

en l’occurrence de l’OCDE.

-Prévoir la possibilité de validation de ces méthodes d’évaluation prévues par les pratiques

internationales auprès de l’administration fiscale par le biais des accords préalables de prix et

ceci doit être fait en étroite collaboration avec l’office de change.

-Pour les opérations effectuées entre deux sociétés marocaines ayant fait l’objet de

redressement, prévoir la symétrie de redressement et la neutralité de la TVA.

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

63

-Eclaircir le sort de la RAS payée sur les rémunérations ayant fait l’objet d’un redressement.

-L’administration fiscale marocaine devrait augmenter les diligences vis-à-vis des

contribuables opérant dans des secteurs tel que l’industrie, tout en veillant à maintenir le

niveau d’attractivité du Maroc vis-à-vis des capitaux étrangers. »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

64

CONCLUSION

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

65

Conclusion :

« Au Maroc, comme dans beaucoup d’autres pays ailleurs, il n’existe pas un droit spécifique

aux groupes. L’absence de la reconnaissance de l’intérêt du groupe se traduit par des

conséquences qui peuvent être lourdes pour les sociétés le constituant. En effet, cette situation

met les différentes entreprises appartenant à un groupe dans l’obligation de traiter entre elles

aux mêmes conditions qu’avec les entreprises extérieures au groupe, en respectant au mieux

le principe de pleine concurrence édicté par l’OCDE en matière de détermination des prix de

transfert. »

« Dans les groupes marocains, l’intérêt du groupe prend souvent le pas sur l’autonomie des

filiales, et les prix de transfert peuvent devenir un moyen « d’ajustement » des résultats

contrôlés, pour des motivations fiscales, stratégiques ou autres.

Les prix de transfert peuvent constituer un acte anormal de gestion au regard du droit fiscal et

du droit des sociétés. Ils peuvent également être constitutifs de délits tels que l’abus de biens

sociaux, l’abus de majorité…etc

L’administration fiscale ont une inclination naturelle à ne voir que les entités situées sur leur

territoire et à vouloir les traiter isolément, sans prendre particulièrement en compte le fait

qu’elles s’insèrent dans un groupe plus vaste qui peut avoir un intérêt propre. Cette approche

est légitime et naturelle dès lors qu’il existe des frontières entre les Etats et qu’il n’est donc

pas indifférent que l’impôt soit payé dans tel Etat ou dans tel autre.

Un équilibre est donc à trouver entre le souci, pour les vérificateurs, de sanctionner des

pratiques répréhensibles par la loi et la volonté des groupes de se développer

internationalement.

Dans la pratique des prix de transfert au sein des groupes internationaux, le risque fiscal est

omniprésent. Chaque Etat est partagé entre réduire la fraude sur son territoire et attirer les

capitaux et les entreprises susceptibles d’investir et de s’installer. Parallèlement, les

législations tendent à protéger les petits investisseurs et les salariés contre les agissements

abusifs de certains groupes. Enfin, les organisations internationales réfléchissent à une

reconnaissance de l’existence des groupes et à la mise en place des règles particulières visant

à protéger les intérêts des minoritaires, des salariés et des créanciers. »

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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BIBLIOGRAPHIE

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

67

Bibliographie :

1- Ouvrages :

Gianmarco MONSELLATO et Patrick RASSAT : « les prix de transfert » - édition

Maxima – 2010 ;

Maurice COZIAN : les grands principes de la fiscalité des entreprises- Litec – 2006 ;

Principes de l’OCDE applicables en matière de prix de transfert à l’intention des

entreprises multinationales et des administrations fiscales (édition 2010) ;

Mémento fiscal 2011- Editions Francis Lefebvre.

2- Etudes et enquêtes :

« Addressing the challenges of globalization », global transfer princing Survey 2010-

Ernst and Young;

3- Mémoires:

France BAUMERT, DEA de droit des affaires « La gestion des prix de transfert par les

sociétés françaises » 2004, Université Robert Schuman.

Mahat CHRAIBI, Mémoire d’expertise comptable, « la problématique des prix de

transfert », CEC-ISCAE.

Abdelmajid FAIZ, Mémoire d’expertise comptable, « l’appréciation par le

commissaire aux comptes des risques juridiques et fiscaux liés aux opérations intra-

groupe : Essai de comparaison entre le Maroc et la France », Novembre 2002. CEC-

ISCAE.

4- Lois et Circulaires marocaines :

Loi 15-95 formant code de commerce;

Loi 17-95 relative aux sociétés anonymes ;

Loi relative à l’impôt sur les sociétés ;

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

68

Loi relative à la taxe sur la valeur ajoutée ;

5- Publications professionnelles- Articles de presse :

Caroline SILBERZTEIN, L’observateur de l’OCDE n°276-277, décembre 2009-

Janvier 2010.

Jean MERCKAERT « Ile Maurice : L’autre paradis » FDM Janvier 2010.

Vittorio de FILLIPIS, « Paradis fiscaux, paradis perdus ? » LIBERATION, 18 Mai

2009.

Abashi SHAMAMBA « Impôts : Prix de transfert, l’arme conteste du Fisc »

l’Economiste, Edition n°3748 du 26/03/2012.

Abashi SHAMAMBA « Optimiser l’impôt à tout prix ? » l’Economiste, Edition

n°3748 du 26/03/2012.

6- Sites internet :

Site internet de l’OCDE : www.oecd.org/daf/fa_price/tr_price/trans_fr.htm

Site de l’OCDE Observateur : www.observateurocde.org

Site internet du Ministère des finances : www.finance.gov.ma

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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ANNEXES

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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ANNEXES :

Annexe 1 : Guide d’entretien

Annexe 2 : Aperçu des réglementations étrangères en matière de prix de

transfert

Annexe 3 : Comparatif des méthodes de fixation de prix de transfert

Annexe 4 : les lettres de notification pour la société MUNDI

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ANNEXE 1 : Guide d’entretien

- Comment l'administration fiscale marocaine procède lors d'un contrôle fiscal en

matière de prix de transfert (démarche)?

- Quelles sont les méthodes retenues par l'administration fiscale pour déterminer une

majoration ou une minoration des prix intra-groupes lors d'un contrôle fiscale?

-Lors d’un redressement fiscal, le pourcentage du coût des prix de transfert par rapport

à l’ensemble des redressements.

-Le changement qui s’installe par rapport à la position de l’entreprise : acheteuse ou

vendeuse

- Comment résoudre l’inévitable problème de double imposition générée au sein du

groupe par un redressement effectué dans un état ?

- Comment l’administration fiscale marocaine arrive à démontrer :

1) Le lien entre l’entité qui transfère et celle qui reçoit et

2) L’avantage accordé par rapport à ce qu’on appelle un "prix de pleine concurrence".

-Dans le cadre d’une vérification, l’administration fiscale et les contribuables

n’argumentent donc pas sur le même terrain :

L’administration cherche prioritairement à comparer des transactions et à faire valoir

leur éventuelle anormalité, afin de faire peser sur le contribuable la charge de la

preuve du non-transfert de bénéfices

les contribuables contre-argumentent par des raisonnements économiques en faisant

valoir des échantillons d’entités comparables, plus simples à constituer et à

documenter que des échantillons de transactions. Or, cette seconde approche est à la

fois plus fondée et mieux reçue, soit dans le cadre des négociations potentielles avec

d’autres États partenaires, soit pour emporter la conviction du juge dans l’hypothèse

d’une procédure contentieuse"

Comment vous arrivez à avoir un terrain d’entente ?

Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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Annexe 2 : Aperçu des réglementations étrangères en matière de prix de

transfert

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Les pratiques des prix de transfert : Théorie et contrôle fiscal MEZZINE Mariem

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Annexe 3 : Comparatif des méthodes de fixation de prix de transfert

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Annexe 4 : les lettres de notification pour la société MUNDI