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Randonner avec mes boucs… 550 kms
Marina Militon
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Marina Militon
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1ère
ETAPE Mardi 01 mai 2012
Château Garnier / Saint Secondin
10 KM +
Je suis installée à une terrasse, il est 19h52. En arrivant, j’apercevais ce
petit café sur la place à Saint Secondin. J’étais contente de constater qu’un
jour férié, j’allais pouvoir boire une bonne bière fraîche et me restaurer.
D’autant que je n’avais pas beaucoup mangé ce midi, seulement des barres
céréales et bus mon eau qui s’était réchauffée, car nous avions eu une
journée très chaude !
J’étais partie ce matin à 10h30.
La maison d’Aude et Simon-Pierre était en effervescence, mon départ
suscitait beaucoup d’interrogations et de doutes !
Allais-je réussir ? Les boucs allaient-ils suivre ? Et la Pippa ? Et les
voitures ? Et les gens ? Et la pluie ? Et le soleil ? Et le petit orteil (gloups) !
Un peu excitée par ces préparatifs, je m’étais levée de bonne heure, et
après un petit déjeuner des plus sympathiques avec mes amis, je me
dirigeais vers l’enclos des boucs pour les sortir et les attacher à la grange
pour les seller plus facilement.
J’avais revu hier encore mes bagages ! Mais cela me semblait encore
bien lourd !
J’accrochais les sacs aux bâts. Je n’étais pas rassurée. Je savais que si
les boucs étaient trop chargés, et de surcroît, je savais qu’ils n’avaient pas
d’entraînement, je risquais de voir mon périple, écourté. Car sans mes
boucs, je ne pouvais pas continuer !
Je resserrais et desserrais la sous-ventrière. Il m’était dit de mettre
l’équivalent d’une main entre le ventre et la sangle. Ce que je fis !
Je mis à Pippa son joli manteau fluorescent, que j’avais taillé dans un
gilet de sécurité ! Maintenant, elle l’acceptait bien. Ce qui ne fut pas le cas,
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sur les trois derniers entraînements où le manteau la gênait et, de sa
bouche, elle le tirait pour s’en défaire !
Peut être avait-elle compris à cet instant, que quelque chose allait se
produire et qu’elle devait écouter et accepter ce manteau !
Je mis à mes jambes les jambières que j’avais confectionnées. Elles
avaient des bandes fluorescentes. Elles servaient à protéger mes bas de
pantalons de la terre, de la boue ! J’avais taillé un « dos nu » dans un gilet
de sécurité. Il me semblait que c’était important qu’on nous voit.
Les sacs également avaient leurs bandes fluorescentes.
Simon-Pierre devait m’accompagner jusqu’à la moitié du chemin.
Alain et Josette arrivaient, quand je descendis les marches de la terrasse
pour accéder à la grange.
Ils faisaient partis de la solidarité qui s’était mis en place, suite à ma
demande sur internet.
Voilà, j’y étais, là ! Enfin, prête à faire ce long voyage ! Qu’allait-il
m’arriver ?
Aude et leurs filles nous ont dit au-revoir ! J’avais un pincement au
cœur ! Ils m’avaient reçue, tous les deux avec leur grand cœur, beaucoup
de joie était dans cette maison, les deux petites filles y participaient
largement !
Nous prîmes le chemin pour accéder à la petite route et ainsi reprendre
la D36.
Route droite et peu fréquentée. Nous marchions tous d’un pas tranquille.
Je ne tenais pas les boucs en laisse, elles étaient accrochées, entourées sur
les croisillons du bât. Pour cette première journée, il n’était point question
de vitesse. Il fallait vérifier que les animaux étaient bien !
Le soleil était au rendez-vous. Et comme à leur habitude, les boucs
marchaient entre les personnes qui se trouvaient devant, et les personnes
qui se trouvaient derrière. Encadrés, peut être étaient-ils plus rassurés !
Je vérifiais pendant tout le voyage, la sangle, les sacs. J’étais inquiète !
Pourvu que tout tienne !
J’avais dressé la Pippa à se mettre sur le côté gauche, longeant ainsi la
route. Je l’avais dressée aussi, afin qu’elle se vautre dans le fossé quand
une voiture arrivait. Ainsi, dans le cas de problèmes avec les boucs sur la
route, je savais que Pippa gérait sa randonnée !
Nous marchions ainsi, profitant du soleil, discutant de tout et de rien !
Le paysage était plat ! Magnifique ! Sauvage !
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Je surveillais régulièrement les bêtes, regardant leurs pattes, vérifiant les
sacs ! Je leur lançais des mots d’encouragement ! Ils ne savaient pas, eux,
qu’il y avait 500 kilomètres à faire !
A mi parcours, Aude avait récupéré Simon-Pierre. On en avait profité
pour s’allonger sur le bas côté. Je devais me reposer un peu ! J’avais
étendu la bâche, les boucs se sont couchés près de moi, et à l’ombre des
arbres on se reposait.
Maintenant nous avions pris la D29. On continuait, toujours, marchant,
vérifiant, abreuvant les bêtes. Je n’avais point trouvé d’eau sur le chemin et
j’avais donc utilisé ma gourde pour donner à boire aux boucs et à Pippa.
Mais ce fut une erreur, car elles boivent beaucoup et moi je n’avais plus
d’eau ! J’avais soif !
Arrivant sur un axe important, nous devions traverser la D741.
J’ordonna un « stop ». Tout le monde s’arrêta. Je récupérai les mécates. Il
y eut quelques confrontations entre les trois boucs. La hiérarchie devait se
mettre en place. Et hop un coup de corne à Titan, et un autre à Typhon !
Tornade, dès le premier jour, s’imposait en maître ! Je glissais les cordes
dans ma main gauche, respectant la position des animaux par rapport à
moi. Tornade sa corde était courte, puis c’était Typhon, et enfin Titan était
derrière. Quant à Pippa, j’avais accroché une longe suffisamment grande, à
la bretelle droite du sac à dos, je pouvais attachée ma chienne, elle gardait
ainsi une certaine liberté !
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Le carrefour passé, je relâchais tout le monde. Titan commençait à avoir
sa patte avant qui partait dans tous les sens, qu’avait-il ? Rien de grave
j’espère !
Nous sommes arrivés à Saint Secondin, après dix kilomètres sous le
soleil. Il était 16 heures !
Nous nous sommes dirigés vers le centre équestre qui avait eu la
gentillesse d’accepter de m’héberger pour cette première nuit.
Nous nous sommes installés sur la pelouse, attendant le propriétaire,
qu’il puisse me diriger vers le local. J’ai débâté les bêtes et je les ai
installées à brouter. Nous, on en a profité pour boire, une soupe ou un café
pour les autres, car il me restait de l’eau chaude dans la thermos.
Le propriétaire arriva, sourire aux lèvres, nous souhaitant la bienvenue !
Nous avons parlé de mon périple, puis il m’a emmenée vers les écuries, un
box était réservé pour les boucs. Ils allaient être bien, de la paille, un seau
d’eau, du foin… que du bonheur !
Puis, il se dirigea vers un bâtiment, en ouvrit la porte et je découvris une
grande salle. C’était la salle des cavaliers. Il y avait, un coin cuisine, une
radio, des chaises, des tables, bref, tout pour que demain je puisse faire un
petit déjeuner tranquille ! J’étais heureuse !
J’étais heureuse car tout se passait bien pour cette première journée…
alors, peut être que demain sera mauvais ?… mais ce soir j’étais bien ! Le
soleil avait été au rendez-vous, alors que, depuis des jours la pluie
tombait ! Certaines personnes m’avaient même téléphoné pour savoir si je
repoussais mon départ car il pleuvait ! Waouuuh… Elles ne se rendaient
pas compte que je partais pour quarante jours ! Et que, s’il fallait qu’à
chaque goutte d’eau, je cesse de marcher, je n’étais pas arrivée chez moi !
Maintenant, mes compagnons de route, étaient prêts à me quitter. Me
laissant seule avec mes bêtes. Je les remerciais vivement de m’avoir
accompagnée pour cette première journée, mémorable ! Je leur présentais,
avant de partir mon carnet de voyage pour qu’ils y inscrivent quelques
notes.
Après avoir mis les boucs dans le box, je montais à l’étage pour
découvrir la chambre. Je fus surprise de l’odeur de renfermé de cette pièce
et j’ouvris de suite la fenêtre. Cela donnait sur les pâtures, les chevaux,
j’avais un beau cadre visuel !
C’était une chambre destinée aux stagiaires du centre équestre. Deux lits
de 90, une table, une douche, un WC. C’était sommaire mais cela me
suffisait j’étais contente !
Je décidais de prendre le lit le plus éloigné de la porte, au cas où, s’il y
avait eu un stagiaire de prévu pour cette nuit, je me sentais mieux sur
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l’autre emplacement. Le lit était recouvert d’une couverture. Je tirais sur la
couverture et je fus surprise de voir que la couche était sale… ! Le drap de
dessous avait des tâches, des grosses tâches ! Je ne pouvais pas dormir
dans un tel lit. J’étais un peu… beaucoup déçue !
Toutefois, je n’avais pas le choix ! Il fallait utiliser le lit, car le sol
n’était pas propre et je n’envisageais pas de mettre le matelas pneumatique
par terre !
Je remis la couverture sur le drap. J’étalais le matelas pneumatique non
gonflé, afin qu’il ait toute sa largeur. Le sac de couchage dessus… mon lit
pour la nuit était prêt !
Je pris une douche. J’ai mis du NOK à mes pieds pour éviter
l’échauffement dû aux frottements lors de la marche, ce qui pourrait
provoquer des ampoules. Et je repartis dans le bourg avec Pippa, vers ce
bistrot ouvert un premier mai !
Je viens de terminer un plat qui m’a fait du bien, un croque-monsieur !
Pippa me regarde et je lui donne mes frites car elle aime ça !
En même temps, la femme du bistrot m’a offert une bière, et là… je suis
à trois bières… yessss… ainsi cela me permettra de bien dormir d’un trait
sans penser trop à ce voyage et ses inconvénients !
Dans le sac à dos, j’avais emmené le Notepad, et au bistrot j’ai pu
obtenir la clé de sécurité pour la wifi. Je regardais mes mails.
Valentin me manque, et je dois dire, qu’il est dommage qu’il ne soit pas
avec moi, car je vis des moments exceptionnels ! Il préfère se morfondre !
Il préfère s’apitoyer sur son sort ! Mais fais comme tu veux Valentin !
Toutefois, si tu veux venir sur une étape, vient…. lâches toi !
Il est 20H10 je vais bientôt rentrer me coucher. Demain, j’ai
15 kilomètres à faire et il faut que je vois le problème des bagages…
Je me glisse dans le sac de couchage, je suis pratiquement toute habillée
car j’ai froid. La fenêtre est ouverte et la fraîcheur de la nuit commence à
se faire sentir dans la chambre. On est que début mai et les nuits sont
encore froides voire certaines, gelées ! J’ai mis le gilet en polaire avec la
capuche, ainsi mes longs cheveux sont protégés et n’iront pas frôler les
parties sales du lit. Je restais ainsi, droite, sur le dos, n’osant bouger !
J’ai hâte d’être à demain pour voir comment cela va se passer ! Je
devrais être accompagnée d’une femme sur le trajet, si elle ne se désiste
pas !
Je m’endormis en pensant : très, très bonne journée… sous le soleil… tu
me manques mon Valentin !
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EXTRAIT DU CARNET DE VOYAGE
« on est parti ! Du soleil, de la bonne humeur, des animaux adorables de
docilité. On ne peut que souhaiter bonne route à Marina. Gros bisous.
Alain »
« j’ai été très heureuse de faire ta connaissance et de t’accompagner. Je
te souhaite plein de bonnes choses pour l’avenir. Josette »
MON AVIS
Pendant ce périple de quarante jours, je n’ai vu qu’une seule fois
quelqu’un équipé d’un gilet fluorescent, d’un sifflet et appliquant une
méthode de marche.
Je pense que les fabricants devraient confectionner, TOUT leurs
vêtements et accessoires, pour les randonneurs, avec des bandes
fluorescentes. Surtout en tant que piéton, car, nous risquons beaucoup à
être sur la route.
COURRIERS
« Coucou Valentin,
Devines… Je suis à une terrasse, chez Francis, j’ai déjà bu deux bières
et sa femme m’en a offert une troisième ! Je suis paf ! Son mari, est entrain
de me préparer un plat chaud. j’ai faim car ce midi je n’ai pas mangé
grand-chose !
Si tu savais… mon Valentin… comme je suis bien ! Je suis heureuse,
mais tu me manques ! Je regrette que tu ne sois pas avec moi.
Il y en a marre que tu ne saches pas ce que tu veux… ! Tu fais chier
mon Valentin ! Tu te refuses à des sentiments, un coup tu es bien, trente
secondes après, tu es mal ! Un coup, tu m’aimes, trente secondes après, tu
ne m’aimes plus ! Si tu savais comme la vie pourrait être trop top… !
Mes boucs, sont supers trop tops mignons… ! Je les aime… ! Je ne sais
même pas comment, j’ai pu m’en passer pendant deux ans ! Ils ne sont pas
tenus en laisse, et ils me suivent sans problème. J’en ai pris trois au lieu de
deux. Ils sont trop mignons.
Dommage, que tu ne sois pas là, tu me manques ! Je pense trop souvent
à toi…. hohoho… la bière fait effet mon pote !!!
Bon je te laisse, tu peux me téléphoner, si tu n’es pas trop occupé… !
Mais, si tu as l’occasion de me rejoindre sur la deuxième partie du
voyage… viens… ! Je t’aime idiot… tu m’énerves… !!
Allez, plein de gros bisous super tendres !
Ta Marinette que tu refuses d’aimer…… TU ME MANQUESSSSSSSS »
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« Tais toi et marches, ma puce !!
Je suis très heureux, que cette 1ere étape se soit bien passée. Attention à
la bière, elle te fait dire des choses tristes, bois plutôt du champagne, tu es
si romantique après…
Moi, c est ménage dans toute la maison, je trie ma vie, et je jette
beaucoup. Trop de choses n’ont plus lieu d’être… ! Faire table rase, pour
mieux repartir…
Je pense à toi, ma puce, ne t’inquiètes pas. Vis pleinement cette
aventure et médites…
Je t’embrasse très fort et très tendrement ! »
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2ème
ETAPE Mercredi 02 mai 2012
86 Saint Secondin / 86 Labas
17 KM + 5 KM (erreur de trajet) + 10 KM = 32 KM
Encore beaucoup d’inconnues ! Encore beaucoup d’inquiétudes ! Les
bagages vont-ils aller ? Et les boucs ? Non entraînés à un tel périple, vont-
ils survivre ?
Hier, je portais un sac à dos qui avoisinait les quinze kilogrammes !
Beaucoup trop pour moi ! Mais bon, fallait que mes boucs soient bien !
Donc, j’avais délesté leurs bagages.
J’ai passé une bonne nuit. La fenêtre était grande ouverte, et je me suis
réveillée comme à mon habitude vers 4 heures du matin, avec les nausées,
peut être, me semblaient-elles, un peu plus prononcées que les autres fois,
à la limite du vomissement. Peut être que l’odeur de cette chambre y était
pour quelque chose.
J’ai pu me rendormir, mais avec difficultés alors que le jour pointait son
nez.
Gentiment, à 6H30 j’étais réveillée ! La clochette du collier à Pippa
retentissait dans la chambre. Ce soir, il faudra que je lui enlève, même pour
elle, cela doit être gênant !
Après avoir fait ma toilette de chat, mis sur mes pieds la crème NOK
pour éviter les ampoules, j’entrepris de faire les bagages et de les peser.
Bon, je pense que j’y suis arrivée ! On verra sur le chemin.
J’ai habillé Pippa de son joli manteau fluo et nous sommes parties
chercher des croissants et du pain pour ce midi.
En rentrant, pendant que le café se faisait, j’ai branché l’ordinateur, le
téléphone portable, la batterie de l’appareil photo, et j’ai déchargé les
photos que j’avais faites, afin de les mettre sur le blog.
Aujourd’hui, direction Labas. 17 kilomètres.
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Je descendais les bagages. Les selles, quant à elles, étaient au box.
Après le petit déjeuner, je fis la vaisselle, essuyais et rangeait celle qui
séchait depuis plusieurs jours. Je nettoyais la table, remis les chaises à leur
place. Je passais un coup de balai partout, ainsi que dans la chambre. Je
laissais un endroit rangé !
J’allais à l’écurie, j’ouvris la porte et les boucs me suivirent. Au
passage, je récupérai les selles. J’accrochais « les garçons » solidement à la
clôture afin de mieux les bâter, car ils bougent quand même les bougres !
Un au-revoir au propriétaire sans oublier de le remercier pour son
hospitalité, et je pris le chemin qui menait à ma deuxième étape !
Des enfants m’accompagnèrent jusqu’à la sortie du village. Ils me
mirent sur le bon chemin ! Les gens dans le bourg regardaient surpris par
cet équipage. Certains s’aventuraient à me demander « mais que faites-
vous ? » « où allez-vous ? » « quel est votre but ? » pour terminer par
« bon courage et bonne route »…
11H40, on vient de s’arrêter dans un chemin de campagne. Titan souffle
comme un bœuf ! Il peine petit père ! Pourtant ce matin en le bâtant, j’ai
changé de selle car l’autre était trop petite. Il est long et large de poitrine,
Titan ! Il a donc la selle bleue, mais cela ne l’empêche pas de souffler et de
baver blanc.
Je vais patienter un peu, le temps qu’il retrouve des forces.
Il fait chaud, trop chaud ! Les mouches sont là, sur nous, elles nous
gênent, enfin, moi surtout !
Pippa est vannée aussi. Pendant tout le trajet, elle était un peu loin
derrière moi. Cela m’agaçait, car les boucs ont peur d’elle et, elle aussi a
peur des boucs ! Et cela générait une tension que je ressentais en les
maintenant.
Elle est restée, ainsi, tout le temps dernière nous ! Et ce fut pénible, car
au lieu que les boucs soient derrière moi, à marcher tranquillement, ils
étaient devant, faisant des à-coups. Les boucs voient parfaitement sur
l’arrière, leurs yeux étant positionnés sur le côté, un simple hochement de
tête, leur permettait de surveiller la Pippa. Quand elle se rapprochait, eux
avançaient plus vite et moi je les freinais… bref c’était fatiguant.
Sur ce parcours, il y a un peu de route, et les automobilistes, comme je
le présentais, ne ralentissent pas. Parfois les boucs se sont un peu emballés,
mais c’est surtout moi qui avais peur de l’accident. Donc, à moment donné,
j’ai pris un chemin, pas sûr que je sois dans la bonne direction.
Pippa est couchée à mes pieds, à l’opposé des boucs. Elle n’est pas
rassurée. Et les boucs se sont installés à portée de main, tout contre moi !
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Tout est calme ! Je n’ose bouger de peur qu’ils se relèvent et cassent cette
plénitude qui s’est installée.
Après plusieurs minutes de repos, nous reprîmes la route. Cette fois,
Pippa est passée devant nous. Ouf ! Plus facile à gérer, ainsi les boucs
restent derrière moi !
Pippa trottine devant nous, mais, au bout d’un certain temps, elle
s’arrête. Mais, continue, lui dis-je ! Je me rapprochais d’elle, quand j’ai vu
que le chemin s’arrêtait… là… et que je ne pouvais pas continuer ! Zut
alors ! Crottes de mes biques ! Tout ce chemin qu’il faut rebrousser ?? Et
les boucs qui peinent ! Zut ! De plus, il fait très chaud, ce qui n’arrange pas
le moral ! En même temps, il aurait beaucoup plu, je ne suis pas sure que
mon moral aurait été mieux !
Nous étions déjà bien fatigués, tous !
Bon ! Prenant le chemin du retour, je maudissais ces maires qui ne
faisaient pas la politique de réouverture des chemins et ces agriculteurs qui
avaient pris possession de ces derniers en les labourant, et ainsi, s’en
approprier ! Et pourtant, j’étais en possession d’une copie de la carte IGN
au 25000ème
et ce chemin y était noté…. Et normalement j’aurais dû aller
jusque de l’autre côté ! Zut ! Crottes de mes biques !
J’avais bien rallongé l’étape de quatre kilomètres à l’aise !
J’arrivais donc sur la D101 quand je reçus un coup de téléphone, c’était
Alain. Cet homme qui était venu marcher avec moi hier.
Il voulait renouveler l’expérience aujourd’hui et marcher encore un peu
avec moi et les bêtes.
On s’est donc, donné rendez-vous à un lieu-dit.
Je l’ai vu arriver sur cette petite route de campagne, et tout de suite la
fatigue qui commençait à peser sur mes jambes, s’est envolée comme par
miracle, me redonnant un coup d’énergie, puisée, je ne sais où ! J’étais
contente qu’il soit là !
Après avoir marché, encore, nous sommes arrivés sur une petite place
herbée et ombragée. J’ai dessellé tout le monde et nous nous sommes
reposés une bonne heure. Allongée sur la bâche, je m’endormie…
*
* *
Appelle les pompiers, je fais un infarctus….
Je m’y attendais depuis des années en me disant qu’un jour ou l’autre je
connaîtrais cet incident dans ma vie ! Mais récemment, avec TOUT le
travail que j’avais, je DEVAIS ABSOLUMENT tenir le coup… JE
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M’ETAIS INTERDITE D’ETRE MALADE…. Non, non pas
maintenant… surtout pas !!
Avec mes bêtes (mais heureusement que je les ai ! Un peu de travail,
mais tellement de Bonheur !
Avec les chambres d’hôtes, le travail pour installer les 3 chambres des
combles qui sont à faire entièrement !
Avec mon boulot, qui n’avance pas comme j’aimerais, avec les risques
et les conséquences que cela peut avoir… !
Avec l’extérieur, le jardin… ! Tout ce travail, pour que l’ensemble soit
propre et pour lequel, je n’y suis jamais arrivée !
NON ce n’est pas sympa que cela m’arrive aujourd’hui !
Pourtant, des signes m’avaient mis la « puce à l’oreille ».
Tel le soir où le renard est venu, pour prendre ma cane. Je suis montée
en vitesse et je lui ai tendu ma fourche à plusieurs reprises sans pour autant
le frapper, MAIS rapidement, j’ai donné la fourche à Sylvain, et c’est là,
que penchée, les mains sur mes genoux je reprenais mon souffle avec
difficultés….
Tel le contour de mes yeux, noir.
Tels mes réveils en sursaut, car je n’arrivais plus à respirer sans une
petite douleur…
NON il fallait que je tienne le coup… trop de travail…
C’est donc ce lundi 26 octobre 2009…
Nous nous sommes levés tôt, pour d’une part, déposer Johan à une gare
en île de France. Il était venu apporter sa moto pour l’hiver, comme il le
fait depuis trois années, et d’autre part, récupérer Yannis, le petit fils à
Sylvain, pour les vacances. Alors que je déposais mon bol de petit déjeuner
dans l’évier, j’ai eu un premier petit malaise. Je m’adossais au plan de
travail, et les mains sur les genoux, je tentais de respirer, pensant à une
bouchée de pain un peu grosse à passer dans le gosier.
Rapidement, une grande fatigue… ! Je me dirigeais vers la chambre,
pour m’allonger, mais me relevant aussitôt, car je fus prise par une douleur
horizontale dans la cage thoracique !
Je me dirigeais vers le salon, tout en disant « je fais un infarctus, appelle
les pompiers ! » Voyant que personne ne bougeait, pensant que je
plaisantais… « sautes ! dis-je dans un ultime effort » C’est alors que
Sylvain pris le téléphone !
Assise sur la méridienne ! Recroquevillée sur moi-même ! Essayant de
trouver la meilleure position pour souffrir le moins possible. J’entendais
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par bribe la conversation du téléphone, « IN FAR CTUS » disais-je agacée
par ces multiples questions posées par la standardiste !
« HA MEAU DE BUIRE » disais-je agacée, car si cette information
n’était pas spécifiée, je SAVAIS que les pompiers n’allaient pas trouver de
suite, et que pendant ce temps je souffrais… !
Enfin, il raccrocha !!
Toujours recroquevillée sur le bras de la méridienne, je tentais de
respirer par petits bouts pour éviter les grosses respirations douloureuses !
Maintenant la douleur partait de la main gauche jusqu’à l’épaule droite !
Ne sachant pas trop comment mettre mon bras, plié, allongé, derrière, le
long de mon corps… ! Ce ne fut qu’en le laissant pendouiller que j’y
trouvais un certain repos, tout relatif !
Je suais, je suais, mes cheveux dénoués étaient collés par l’humidité que
dégageait mon corps. Vous savez, comme une belle nuit d’amour
« heinnnn Marcel…. tu t’en souviens ????!!!! » (gloups !!) MAIS SANS
LE PLAISIR !!
Le téléphone retenti… Johan saute dessus et décroche… ce sont les
pompiers… Pufff… ! ils n’ont pas trouvé la maison… ha meau de buire !!!
poufffff ! et je souffre, et je souffre… ils n’ont pas de GPS chez les
pompiers ??
Johan leur explique puis raccroche… « ça va aller maman, ils arrivent,
ils sont là, t’inquiètes pas, » me dit il pour me rassurer. Pas facile pour un
fiston de voir sa mère souffrir, quoi faire ? quoi dire ?
Enfin, ils arrivent, hormis leur sens de l’orientation qui laisse à désirer
(hein les filles il n’y a pas que nous qui sommes mauvaises en
orientation….), ils sont vraiment très gentils !!!
Enfin, je souffle, je suis rassurée, le calvaire va bientôt finir !
Ils posent quelques questions, me demande de m’allonger ! Non, non
j’ai plus mal en m’allongeant ! Donc ils m’ont assise… « allez donc
chercher une serviette. Vous voyez bien qu’elle est en sueur » ordonna un
pompier !
« Ne vous inquiétez pas le SAMU arrive » me dit un autre ! QUOI !??
On ne me soulage pas ? Et pourquoi le SAMU n’est pas arrivé en même
temps… ???? Pensais-je… Je souffre je souffre !
Enfin, ils sont là !
Une infirmière me pique les deux mains, perfusions et autres… Prise en
main, je me sens rassurée !
« J’ai mal » lui dis-je, « je vous mets de la morphine » répondit-elle,
« ça va aller… »
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« Bon, on l’emmène à Château Thierry » Ils déplacent la méridienne, afin
qu’elle soit parallèle à leur brancard, je pense, waouh, la poussière qu’il doit
y avoir dessous, et qu’ils vont voir : grosse cochonne me disais-je !
Ils me soulèvent, et dans une ultime entente, me déplacent.
C’est alors, qu’ils tirent de chaque côté un drap ou autre étoffe blanche.
Ma vision me semble réduite sur le côté, sûrement due à la fatigue, et je
vois ces deux lés, vous savez les séries policières, quand ils enferment les
cadavres dans leur sac blanc… Criiiiiiii, on entend la fermeture éclaire se
refermer, OU BIEN je me disais, c’est un linceul comme celui du Christ…
« non, non refermez pas, je ne suis pas encore morte » leur dis-je sur le ton
de la plaisanterie ! Mais je pense qu’ils ne l’ont pas pris ainsi. Me rassurant
de suite. Je crois que le sourire accompagnant une blague, ce jour là, fut
plus un rictus. Et les yeux pétillants confirmant bien que c’était une blague
fut sur mon visage, plus un front crispé par la douleur.
C’est ainsi que je ne crois pas qu’ils aient pensé que je blaguais !
Et nous voilà partis sur Château Thierry. Glong, glong, faisait le
camion… je dirais année 1957 ??
Arrivé à l’hôpital… « ha non… On ne peut pas vous prendre en charge,
il faut aller à Reims… »
C’est loin Reims me disais-je !
En fin de compte, quand j’ai reçu les fiches d’intervention du SMUR, ils
sont arrivés à Buire à 7h08 pour repartir à 7h40, et arriver à l’Hôpital à
7h45. Je repartais à 8h55, le temps qu’ils me fassent une radio et des
prélèvements sanguins. Pour arriver à Reims à 10h.
Et hop, nous voilà repartis. Heureusement, ils m’ont mis de la
morphine, l’oxygène et autre potion magique afin que la douleur s’apaise !
Entre fatigue et moment de lucidité, le voyage paru plus court que je ne
le pensais.
Je me retrouvais, d’un seul coup dans une pièce, entourée de têtes à
toque. Ils ont commencé à me dévêtir, ils m’ont fait l’épilation du maillot
de bain… puffff… je ne pars pas en vacances, donc pas besoin… ! Ha oui !
épilation intégrale… bon ben tant pis… ! Puis, ils m’ont badigeonnée de
produit antiseptique, mais GLACIAL. Les tremblements ont commencés,
les claquements de dents, puis je pense que je me suis évanouie, tellement
que cela me semblait fort comme contraste, entre ces moments de sudation
importante et ce moment glacial, à moins que ce soit la quantité de
morphine qui m’est basculée de vie à trépas… non je rigole… !!
A mon réveil, j’étais dans une chambre jaune, douleur dans la poitrine,
bandage en bas du ventre, avec poing de compression, et grande fatigue
bien entendu !
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Donc, de la coronographie, je n’ai rien vu !! Ils m’ont posé un stent.
Voilà… une expérience de plus… que la vie est belle avec toutes ces
nombreuses expériences… gloups !!!
Plaisanterie à part, (je ne puis m’en empêcher !) je vais bien ! Fatiguée,
mais bien ! Pas trop le moral, mais bien ! Beaucoup de travail que je ne
peux pas faire et cela m’agace, mais je vais bien !!!
En tout cas, merci pour ceux qui ont pris de mes nouvelles et qui se sont
inquiétés.
Et surtout, merci à toi, Sylvain, qui sans lui, il aurait fallu, qu’en plus de
cet infarctus, organiser la fermeture de ma maison, le soin de mes bêtes,
bref… merci !
Et puis merci à mes petits chéris de fiston, ils sont mignons mes p’tits
gars ! Je suis fière d’eux ! Et j’espère, qu’ils savent que je les aime fort !
Voilà, je suis sortie hier, 31 octobre 2009, à 14 h de la Clinique de
Reims !
*
* *
A 16 heures, nous reprenions la route. Constatant l’heure et le reste des
kilomètres à faire, soit environ sept, je commençais à me dire que la
journée n’était pas terminée ! Le moral dans ce cas-là, n’était pas au beau
fixe !
Nous devions repasser devant la voiture d’Alain, quand je lui demandais
de prendre dans sa voiture les bagages des boucs pour les alléger, compte
tenu de tous ces kilomètres à faire encore ! Et d’aller les mettre à Labas. Il
accepta volontiers. Et c’est ainsi, que nous avons terminé l’étape dans de
meilleures conditions !
J’ai continué, seule, avec mes bêtes. Elles boitaient, Pippa aussi ! Tout
le monde était fatigué, quand je vis deux voitures s’arrêter, huit portes
s’ouvrir, et une multitude de bras, de jambes et de têtes en sortir. Comme
des araignées déployant leurs pattes !
C’était mes hôtes qui venaient à ma rencontre pour me guider sur des
chemins plus directs. Ouf ! Je fus envahis par un petit bonheur, de voir tout
ces gens se mobiliser pour moi ! Je repris courage !
La fin du voyage fut très agréable ! Rires et discussions allaient bon
train ! Ils m’expliquaient qu’ils étaient réunis pour un après midi
« couture », quand Alain est venu, et leur a expliqué où je me trouvais.
Sans hésiter avec leur bonne humeur, le petit groupe composé
principalement de femmes, est parti à ma rencontre.
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Elles m’ont fait passer par des chemins, que je n’aurais jamais trouvés,
sans leur aide. Ces chemins étaient aussi fort agréables pour mes bêtes.
Nous passions dans des villages et les gens se connaissaient. Je sentais que
le petit groupe était un peu fier de marcher à côté de mes boucs. L’aspect :
« ha ! Il arrive, enfin, quelque chose d’émoustillant dans notre patelin » me
plaisait bien !
Leurs hommes nous attendaient pour l’apéritif ! J’avais hâte d’y être,
car j’avais soif ! Soif de tout, de repos, d’eau, d’alcool !
Nous avons dîner tous ensemble, et nous avons discuté longtemps ce
soir-là, et pourtant j’étais fatiguée ! Les boucs étaient attachés aux queues
de cochon que j’avais achetées. Très bien ces ustensiles ! Mes hôtes étaient
super sympathiques !
Au moment où je voulais me lever pour monter ma tente, j’entendis une
voix qui me dit « non, laisses, je crois que Eloise a prévu quelque chose »
J’étais ravie, il est vrai que j’étais fatiguée, et un bon lit était le bienvenu !
Eloise m’emmena vers trois caravanes installées sous un abris. Elle en
ouvrit une. De suite je fus saisie par l’odeur de renfermé et de vieille
caravane ! J’eu un moment d’hésitation, mais bon, je ne dis mot ! Le lit
était préparé ! Je remerciais mon hôtesse, qui quitta les lieux.
Je regardais tout autour. Au dessus du lit trois fenêtres, j’entrepris
d’ouvrir celle qui se trouvait au pied du lit, mais je ne pus. Je soulevais le
rideau, la vitre en plexiglass était opaque ! Je laissais tombé. Et je me
dirigeais à l’opposé, où j’avais une autre fenêtre mais celle-ci, je pus
l’ouvrir. L’air frais rentra dans cette chambre ! Je soufflais un peu, je me
disais que j’allais enfin respirer !
Je pris mon nécessaire de toilette, et je me suis dirigée vers un bloc
extérieur. C’était les sanitaires et ils étaient communs aux caravanes ! Il y
avait une douche, un lavabo, un WC séparé et un espace cuisine bien
agencé, et équipé de vaisselles et de gamelles ! Le lieu était propre et
agréable ! J’étais rassurée !
Je pus me laver les dents, faire mon petit pipi, j’en profitais pour
prendre une bonne douche. Je me séchais, quand une porte s’ouvrit et un
homme apparut « oups, excusez-moi ! Je croyais qu’il n’y avait personne »
me dit-il confus ! J’avais rapidement mis la serviette sur mon corps, et tout
aussi confuse je lui répondis « désolée » ! Il referma sa porte. Je terminais
ma toilette et juste avant de quitter le bloc, je frappais trois coups à cette
porte à accès direct. J’entendis « oui ? », « place libre » lui répondis-je.
« merci ».
Je quittais les lieux avec un petit sourire en pensant à la tête du
monsieur à la vue de ma nudité !
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Je me glissais avec beaucoup de difficultés dans les draps. Je mis une de
mes serviettes de toilette à l’emplacement de ma tête. J’étais fatiguée, je
me suis dit, « je vais dormir et demain sera bien. »
Malheureusement, toute la nuit j’ai eu du mal à respirer, cette odeur de
caravane et de plus, le matelas, en mousse, était très vieux. Il ne faisait plus
office de matelas. C’est ainsi que toute la nuit, j’ai dormi sur une planche.
J’avais mis un linge sur le nez pour filtrer tout ça. Cela m’empêchait
réellement de respirer convenablement. Déjà, avec l’insuffisance
cardiaque, j’ai souvent du mal à trouver l’air, mais cette nuit là fut
pénible….
Me réveillant en sursaut, assise sur le lit, je tentais de happer quelques
bouffées d’oxygène ! Les douleurs dans la poitrine étaient bien présentes et
me tiraillaient le thorax ! Les douleurs dans le cou et la machoire, toutes
ces douleurs ont fait que cette nuit-là fut infernale !
COURRIERS
« MERCI pour ton joli bouquet de muguet.
2ème
étape : merdique ! Titan est trop fatigué, Pippa boite, moi je suis
HS !
J’ai fait je ne sais pas combien de kilomètres ! aucune idée, mais dans
l’état où nous sommes je pense que c’est “très” beaucoup !
Demain, j’aviserai, mais il faut que je vois si ma petite troupe est apte à
continuer. je ferai peut être une journée de repos, à voir… je suis crevée. Je
loge chez Eloise et elle est venue avec beaucoup de gens me rejoindre pour
me ramener chez elle ! Bon, à suivre ma puce, tu vois les jours se suivent
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et ne se ressemblent pas ! Il faut peut être ajuster pour que tout le monde
continue ! Un petit moral mais demain ira mieux ! Bisous, bisous tendres,
mon chéri ! Ta Marinette »
*
* *
Il faisait noir dans la caravane, je n’arrivais pas à dormir, je n’arrivais
pas à respirer, cherchant désespérément l’oxygène ! Inspirant
profondément mais tout se bloquait ! Cette impression de suffoquer, et la
douleur dans le thorax, ce point au milieu de la poitrine, mais quand donc,
tout ça va se terminer ?
Je n’arrivais pas à m’endormir et pourtant j’étais fatiguée ! Mon esprit
vagabonda….
Après mon infarctus, la vie continua ! J’avais du mal à monter dans mon
bois pour soigner mes bêtes. A cette époque, j’avais beaucoup de poules,
coqs, poussins, canards, et j’avais mes quatre boucs. Buire vivait au rythme
des naissances, des chants des coqs, et des gazouillement de tous ordres !
Il faisait bon à vivre chez moi ! Il y avait de la vie !
Nous rentrions dans l’hiver, et je me demandais comment j’allais faire
pour entretenir tout ça !
Sylvain m’avait annoncé peu de temps avant l’infarctus, qu’il voulait
me quitter ! Ha ! Pas pour une femme, car nous étions toujours ensemble,
et je ne sais pas quand, il aurait pu rencontrer une autre femme, donc j’étais
sûre que ce n’était pas pour cette raison !
Mais tout simplement, qu’il en avait marre de cette vie ! Il en avait
marre des animaux ! Il en avait marre des chambres d’hôtes ! Il en avait
marre des travaux ! Bref, il voulait faire autre chose ! Faire plus de moto !
Ne plus travailler !
Je pense qu’il n’a pas été suffisamment patient ! Nous n’avons pas été,
non plus suffisamment courageux pour bien avancer dans tous ces travaux
et ainsi, nous dégager plus de temps, pour nous !
Un jour, il m’a reproché de ne pas l’avoir retenu ! Mais Sylvain, tu
connais ma position sur tout ça !
« si tu es mal avec quelqu’un, quittes-le ! La vie est trop courte pour ne
pas réaliser ses rêves, alors va ! ». D’autant, qu’il ne m’avait pas laissé le
choix, m’informant sans délai de son désir de quitter la maison.