Le Sphinx ch 4

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Tel un lapin dans son terrier Le Jeu, c'était un rythme à trouver. Ainsi, tandis que d'évidence les nordistes s'activaient à consolider leurs positions, Antoine s'installa confortablement dans son fauteuil, alluma une cigarette et laissa son esprit flotter librement, tout en profitant du paysage plus vrai que nature recréé par les Organisateurs de Gettysburg. C'était donc cela, Cemetery Ridge. Pas grand-chose, en vérité. Le lieu où les espoirs des Rebelles sécessionnistes avaient pris fin n'avait rien d'impressionnant. Les quelques photographies d'archives qu'il avait consultées avant la partie ne montraient qu'une prairie en pente douce. La réalité était à peine moins plate. Un vaste champ d'herbes hautes et de fleurs, au sol inégal, jalonné de quelques pommiers isolés. Une campagne comme une autre, un endroit où, le dimanche, les habitants des environs devaient venir pique-niquer. L'autre côté du champ était ceinturé par un muret. Les Fédéraux s'y étaient abrités. Dans Gettysburg, les seules vues dont les Joueurs disposaient étaient celles de Lee et Meade en 1863, autrement dit le panorama que leurs seuls yeux pouvaient voir. Antoine/Lee avança jusqu'à la lisière du bois qui protégeait ses troupes, puis il longea le sous-bois. Au passage du cavalier, les hommes se levaient, saluaient ou lançaient

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4e chapitre du thriller Le Sphinx

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Tel un lapin dans son terrier

Le Jeu, c'était un rythme à trouver. Ainsi, tandis que d'évidence les

nordistes s'activaient à consolider leurs positions, Antoine s'installa

confortablement dans son fauteuil, alluma une cigarette et laissa son

esprit flotter librement, tout en profitant du paysage plus vrai que

nature recréé par les Organisateurs de Gettysburg.

C'était donc cela, Cemetery Ridge. Pas grand-chose, en vérité. Le lieu

où les espoirs des Rebelles sécessionnistes avaient pris fin n'avait rien

d'impressionnant. Les quelques photographies d'archives qu'il avait

consultées avant la partie ne montraient qu'une prairie en pente

douce. La réalité était à peine moins plate. Un vaste champ d'herbes

hautes et de fleurs, au sol inégal, jalonné de quelques pommiers

isolés. Une campagne comme une autre, un endroit où, le dimanche,

les habitants des environs devaient venir pique-niquer.

L'autre côté du champ était ceinturé par un muret. Les Fédéraux s'y

étaient abrités.

Dans Gettysburg, les seules vues dont les Joueurs disposaient étaient

celles de Lee et Meade en 1863, autrement dit le panorama que leurs

seuls yeux pouvaient voir. Antoine/Lee avança jusqu'à la lisière du

bois qui protégeait ses troupes, puis il longea le sous-bois. Au

passage du cavalier, les hommes se levaient, saluaient ou lançaient

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des vivats: "Vive le Général!", "A bas les Fédéraux!". Les personnages

étaient moins réalistes que le paysage, et les hourras manquaient

d'imagination et de variété. Cependant les développeurs avaient su

représenter la ferveur que le passage de Lee provoquait parmi ses

hommes. D'une On sentait chez eux un grand espoir, à la hauteur de

la peur immense qui précède la bataille. En 1863, plusieurs milliers

d'entre eux s'étaient fait faucher par la mitraille au milieu de ce

champ baigné de soleil.

Il regagna sa tente de commandement et consulta la carte des

opérations, où les régiments gris et bleus étaient représentés par des

symboles. Un officier les déplaçait à mesure que les rapports

transmis par les observateurs signalaient des mouvements de

troupes.

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Progressivement libéré de toute contrainte et du stress initial, son

esprit se focalisait sur sa préoccupation essentielle: la meilleure

stratégie possible. C'était comme si ses pensées creusaient des

milliers de tunnels, forant dans toutes les directions jusqu'à ce cœur

palpitant, nœud de la décision à prendre. Il suffisait d'être patient.

Certains mouvements de troupes saccadés, hésitants, lui

confirmèrent qu’Aldrin s'occupait des troupes sur les flancs est et

ouest, les moins exposés, les plus mobiles, les plus susceptibles d’être

utilisés dans une opération coup de poing – essentiellement les

régiments de Newton, Sykes, Slocum et Williams. En revanche, le

front principal paraissait mieux organisé. Il était donc probablement

aux ordres de Tann. C'était d'ailleurs la position la plus facile à

défendre – ce qui correspondait à sa personnalité - et celle sur

laquelle, en 1863, Lee avait concentré l’essentiel de ses efforts. Tann

devait également tenir la colonne vertébrale de l’armée fédérale,

c'est-à-dire la route de Baltimore qui délivrait hommes, munitions et

vivres aux combattants du nord.

Antoine décida de tout miser sur cette interprétation.

Les rangs des spectateurs continuaient de grossir. Du coin de l’œil,

Antoine remarqua que Vicky venait d’entrer dans la salle. Son

idéogramme clignotait, comme pour l'encourager. Son cœur battit un

peu plus vite, mais il se reconcentra aussitôt. Après un long moment

de réflexion, Antoine communiqua enfin ses instructions à ses

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Généraux. Juste après, il se détendit. C'était toujours ainsi: faire un

choix le rongeait, mais une fois la décision prise, toute pression

s'envolait. Il ne regrettait jamais ce qu'il avait dit ou fait. Assumer une

décision n'était pas pour lui une question de principe, qui engage un

courage moral, mais une attitude naturelle. Lorsqu'il se rendait

compte qu'il s'était trompé ou qu'il avait commis une erreur, il ne se

morfondait pas longtemps. Il pouvait en regretter les conséquences,

mais de son point de vue il existait toujours un ou plusieurs moyens

d'en atténuer les effets – voire même de les retourner en sa faveur.

Antoine était un esprit spontanément positif. Il en était conscient et

savait que c'était là, sans doute, sa principale qualité en tant que

Joueur.

Dans la salle, les conversations par chat s'étaient interrompues,

comme si les spectateurs avaient deviné que l'Armée confédérée

allait attaquer. Soudain, appliquant les ordres d'Antoine, les canons

sudistes firent feu.

La simulation était d'un réalisme stupéfiant. L’immense grondement

des batteries d’artillerie résonna dans toute sa pièce. Sur ses écrans

de contrôle – plusieurs ordinateurs disposés en parallèle, certains se

concentrant sur certaines parties de la bataille, d’autres analysant les

statistiques du combat – et sur l’écran principal, la fumée recouvrit

rapidement une partie importante du terrain. Il fut bientôt

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impossible de voir autre chose que le rougeoiement lointain des

bouches à feu nordistes qui ripostaient aux tirs confédérés.

En 1863, à cause de la fumée dégagée par ses propres canons, Lee

n’avait pu procéder à une bonne estimation des dégâts que son tir de

barrage avait infligé à l’ennemi. Le silence progressif des batteries

nordistes lui avait donné l'impression que les rangs fédéraux étaient

décimés. Il avait ordonné à aux fantassins de Pickett de charger.

C’était un piège. Les canons nordistes avaient repris de plus belle,

faisant un carnage dans les rangs confédérés.

Mais cette même fumée qui avait aveuglé Lee pouvait aussi le cacher

aux yeux de son rival. Tandis que les boulets pleuvaient autour d'eux,

Antoine commença à faire refluer son corps d’infanterie vers

l’arrière, puis à le faire glisser le long de la colline. Il avait

préalablement élargi la ligne de ses batteries d’artillerie. La fumée

s’étendait maintenant sur une plus large distance, masquant

complètement le mouvement encerclant des confédérés.

Il s’agissait cependant d’une manœuvre extrêmement complexe à

exécuter. Non seulement ses troupes devaient procéder avec

précaution – ce qui obligeait Antoine à se montrer intraitable avec

ses officiers, et à les surveiller de près – mais il devait, dans le même

temps, détourner l’attention de ses deux adversaires. Il ordonna donc

au Général Ewell de se sacrifier en attaquant massivement à l’est. Il

savait qu’Ewell renâclerait – il l’avait fait à maintes reprises pendant

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la vraie bataille de Gettysburg – mais cela n’avait aucune importance.

La vérité de la bataille se situait ailleurs, au niveau de la route

d'approvisionnement. Antoine devait avancer à couvert le plus

lentement possible, puis surgir violemment contre les troupes

massées au sud-ouest de Cemetery Ridge.

Le public, qui disposait d'images des deux camps et de vues du ciel,

devait maintenant avoir compris la stratégie confédérée. Antoine se

demanda comment les spectateurs réagissaient. Et ce que Vicky

pensait. Evidemment, à ce stade du jeu, les protagonistes n'avaient

pas accès à la moindre information extérieure. La zone des chats et

des messages était grisée.

Antoine s’interrogeait aussi sur ce que ses adversaires mijotaient, de

leur côté. Il ne tarda pas à le découvrir.

Au moment où il estimait avoir massé suffisamment d’hommes pour

prendre la route d’assaut, les troupes qu’il avait laissées derrière lui

pour protéger les canons subirent une attaque surprise par l'arrière.

Les nordistes étaient parvenus, en un temps record, à contourner ses

défenses par l’ouest. Antoine fut tenté d’abandonner son plan initial,

de retourner illico en arrière pour protéger ses artilleurs. Il se retint.

Le sacrifice des canons était encore bien peu en regard de ce qu'il

espérait gagner. Si même ce n'était pas un coup de bluff à la manière

d'Aldrin.

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Un courrier lui parvint, porté par une estafette. Une seule ligne,

signée par Meade: "Nous proposons une reddition sans condition".

Son Lee virtuel déchira le papier en affichant une moue de dédain

plutôt crédible.

Il attendit encore quelques minutes, le temps que la situation au

nord s’éclaircisse. Comme il l’avait espéré, l’assaut nordiste avait été

de courte durée. Pourtant, les officiers sudistes qu’il commandait

étaient ébranlés et certains se demandaient déjà s’il était prudent de

poursuivre. Ewell profita de ce flottement pour ordonner à son

régiment de battre en retraite, sans qu’Antoine lui en ait donné

l’ordre. Le front nord dégagé, l’ennemi allait se concentrer sur le sud

et découvrir son stratagème. Il était temps d’agir.

Antoine disposa sa troupe d’infanterie en deux colonnes, puis il lança

l'ordre d'attaque. Lui-même resta en arrière, à mi-chemin entre son

point de départ et le lieu des combats. Il gardait ainsi une certaine

liberté de manœuvre, mais en contrepartie il ne verrait rien de

l'assaut crucial que ses troupes allaient engager.

Les spectateurs, en revanche, ne perdirent pas une miette du

spectacle. Plusieurs écrans retransmettaient les images, comme s’il y

avait plusieurs caméras sur place. Une journaliste, spécialisée dans

les reconstitutions historiques, commentait les manœuvres en voix

off. Cependant, les images vidéo retransmettaient des actions de

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combats qui, en elles-mêmes, ne signifiaient pas grand-chose. Des

soldats habillés de gris s'élançaient contre les positions défendues

par d'autres soldats vêtus d'uniformes bleus. Ailleurs, sur une autre

scène, un petit groupe de fantassins camouflés – Confédérés?

Fédéraux? – progressait lentement. Ailleurs encore, c'était une mêlée

en plein bois, où l'on ne distinguait pas les couleurs. On avait parfois

l'impression que les nordistes prenaient le dessus, puis on se rendait

compte que non, c'était plutôt le contraire. Heureusement, certains

des écrans proposaient une représentation symbolique des unités, ce

qui permettait aux spectateurs de suivre le déroulement général des

opérations et de rattacher un contexte topographique et un enjeu

militaire à chaque scène.

Antoine avait confié le commandement de la Division à Anderson, un

officier que Lee considérait comme l’un des plus prometteurs. Il resta

sans nouvelle pendant un long quart d'heure, puis vint un messager.

Anderson n'avait pas failli à sa réputation: la position était prise.

L’armée fédérale était désormais entièrement encerclée. Antoine eut

un instant de triomphe. Il pouvait presque lire, dans l’immobilité des

troupes nordistes, la stupéfaction d’Aldrin et Tann.

A partir de là, les évènements se succédèrent à grande vitesse,

comme une ligne de dominos qui s'écroulent. Des renforts venant de

Baltimore, ignorant tout du changement de situation, furent cueillis à

froid et durent décamper. Anderson captura trois chariots de

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ravitaillement et plusieurs caisses de munitions, ainsi que des

mitrailleuses Remington. Dans le même temps, Antoine donnait

l'ordre d'intensifier le tir de barrage de ses batteries de canon. Il fit

également porter la nouvelle à l'ensemble de ses Généraux. Le moral

de ses troupes augmenta considérablement, tandis que celui de

Meade s'effondrait brutalement. Comme prévu, les deux régiments

d’assaut d’Aldrin se décomposèrent en un instant. Ils étaient coupés

de leurs lignes, en territoire ennemi, et majoritairement composés de

soldats démoralisés, conscients d'avoir été sacrifiés. Si, comme il le

supposait, Aldrin dirigeait les régiments les plus aux nord, il suffisait

de leur mettre une forte pression pour qu’ils craquent

complètement. Aldrin était hors course.

Sur le terrain, la partie n'était pas encore gagnée. Certes, les flancs de

l'armée nordiste se délitaient à vue d'œil. Mais le Nord pouvait

encore s'en sortir, à condition de briser l’encerclement. Antoine prit

le temps de soigneusement réévaluer ses positions, tout en

continuant de pilonner Meade avec les obus que Washington lui

livrait, fort commodément, par la route de Baltimore. Tann était pris

au piège comme un rat. Le temps qu’il se réorganise, il aurait perdu

un quart de ses effectifs, et la moitié de ses points de moral. La

troupe fédérale serait au bord de la déroute dans moins d’une heure.

Le goût d'une belle victoire lui venait à la bouche. C'était ce moment

particulier où l'on comprend que tous les efforts consentis, qui

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pouvaient déboucher sur un échec, vont trouver leur récompense.

C'est le baiser accordé par la femme qui s'est longtemps refusée,

l'accord verbal de l'acheteur au terme d'une négociation âpre et

fertile en rebondissements, l'essai qui couronne une longue

domination territoriale. Le meilleur moment, pour un chasseur, n'est

pas celui où l'on considère la bête abattue, mais celui où on sent

qu'on l'a touchée.

Antoine rédigeait mentalement une proposition de reddition quand,

tout d’un coup, tout s’éteignit.

La première pensée qui lui vint à l’esprit était que la partie continuait.

Qu'il soit ou non connecté, ses soldats étaient programmés pour

suivre les instructions qu’il leur avait donnés. Le problème, c’était

que cela ne tiendrait pas longtemps. Dès que Tann se rendrait

compte qu’Antoine n’était plus aux commandes, il reprendrait du poil

de la bête. Privées de chef et d’instructions cohérentes, ses armées

se désagrègeraient. Il fallait que le courant revienne immédiatement.

Il se rappela alors que chez lui, une coupure de courant était

théoriquement impossible. Du moins, sa console multi-ordinateurs

était à l'abri grâce à une batterie de secours située au sous-sol de

l'immeuble, qui se mettait en marche automatiquement en cas

d'interruption électrique. Il était rigoureusement impossible que les

écrans s'éteignent, et pourtant ils étaient noirs.

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Le Cyclope avait dit en riant qu'il faudrait une explosion atomique

pour tout éteindre.

Depuis longtemps, un cauchemar hantait ses nuits. Il montait dans

une tour, où vivaient des réfugiés. Une guerre éclatait. Des avions

survolaient la ville en pleine nuit, puis une bombe nucléaire éclatait.

A cause de ce rêve récurrent, une part de lui était convaincue de la

proximité d'un holocauste nucléaire. Il avait appris que, dans certains

cas, l’effet thermique et le souffle étaient précédés par l’effet

Compton : un souffle électromagnétique tellement puissant qu’il

annihilait toute installation électrique ou électronique sur un

périmètre de plusieurs dizaines de kilomètres carrés.

Il s'aplatit sur le sol, se protégeant la tête avec les bras. Au bout d'un

instant, il se trouva complètement idiot. Il était en plein Paris. Si une

bombe avait explosé, il serait déjà mort. Pour se rassurer, il se dirigea

maladroitement, dans le noir, jusqu’à la radio à piles de sa table. Il

l’alluma : elle fonctionnait et n’annonçait pas la fin du monde. Il

l’éteignit. Les battements de son cœur se ralentirent. Il n’en

demeurait pas moins que la coupure de courant, conjuguée à la mise

hors circuit de sa batterie de secours, était tout à fait inexplicable. La

batterie était peut-être hors d’usage. Le Cyclope lui avait pourtant

assuré qu'elle était neuve. Quoi qu'il en soit, il fallait faire quelque

chose, et vite. Le Cyclope saurait quoi faire. Il s'apprêtait à sortir de

sa pièce pour rejoindre la porte d'entrée quand il entendit le bruit.

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Quelqu’un marchait dans le couloir. Des pas feutrés.

La chemise d’Antoine fut immédiatement inondée de sueur. Etant

donné les systèmes de sécurité dont il avait entouré son

appartement, la présence d’un intrus était une autre impossibilité qui

ne pouvait avoir qu'une seule signification.

Il allait mourir.

Il se glissa lentement sous la table, puis écouta. Il y avait plusieurs

personnes. Il crut distinguer une silhouette à travers les stores de la

porte vitrée. Puisqu’ils avaient coupé le courant, ils avaient

probablement vérifié qu’il était bien présent dans l’appartement.

Inutile de chercher à jouer à cache-cache, ils finiraient par le trouver.

Il se déplaça avec d’infinies précautions vers le meuble de gauche, où

se trouvait un revolver chargé. Il allait l’atteindre quand une voix à

son oreille dit calmement : « Ne bougez plus. » Au même moment, il

sentit un objet froid s’enfoncer dans son omoplate. Par réflexe, il leva

les coudes. « Ne bougez plus », répéta l’homme.

Antoine sentit, plutôt qu’il ne vit, d’autres silhouettes pénétrer dans

la pièce. Quelqu’un le palpa rapidement, puis lui braqua une lampe

torche sur le visage et lui demanda s’il était bien Antoine Férenque. Il

fut incapable de répondre. L’autre le prit par le col, le força à lui faire

face et lui reposa la question, plus brutalement. Il portait une cagoule

noire. Pétrifié, Antoine ne put répondre que par un grognement et un

hochement de tête. L’autre l’observa encore un instant, qui lui parut

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une éternité, puis il relâcha son étreinte. Il fit un signe de tête à son

comparse. Antoine sentit alors une vive brulure derrière la nuque et

l’instant d’après, tout devint noir.