Le souci de soi chez Foucault

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    Le PortiqueNumro 13-14 (2004)Foucault : usages et actualits

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    Liane Mozre

    Le souci de soi chez Foucault et lesouci dans une thique politique ducare.Quelques pistes de travail

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    Rfrence lectroniqueLiane Mozre, Le souci de soi chez Foucault et le souci dans une thique politique du care. , Le Portique [Enligne], 13-14 | 2004, mis en ligne le 15 juin 2007. URL : http://leportique.revues.org/index623.htmlDOI : en cours d'attribution

    diteur : Association Le Jardinhttp://leportique.revues.orghttp://www.revues.org

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    Liane Mozre

    Le souci de soi chez Foucault et lesouci dans une thique politique du care.

    Quelques pistes de travail1 La place qui est faite la connaissance de soi-mme devient plus importante : la tchede sprouver, de sexaminer, de se contrler dans une srie dexercices bien dfinis place laquestion de la vrit de la vrit de ce que lon est et de ce quon est capable de faire aucur de la constitution du sujet moral , crit Foucault dans le troisime tome de sonHistoirede la sexualitintituleLe Souci de soi (1984). Et cest interroger ce terme de souci que nousvoulons nous attacher ici partir dune lecture croise de Foucault et du travail de Joan Tronto,

    Moral Boundaries. A Political Argument for an Ethic of Caresur le care 1comme dimension la fois thique et politique pour nous demander si le souci de soi voqu par lun peut tremis en rsonance et comment avec la dmarche de la seconde (1993, paratre en traductionfranaise 2004). Pour cela nous procderons en trois tapes sans perdre de vue le risque attach

    une telle entreprise qui se veut lheure actuelle davantage une esquisse problmatiquequune dmonstration pleinement aboutie. En premier lieu nous prsenterons largumentationde Foucault sur le souci, essentiellement partir des deuxime et troisime tomes de lHistoirede la sexualit, intitulsLUsage des plaisirs etLe Souci de soi (1984). Nous prsenterons

    ensuite le concept de care que nous traduirons par souci et/ou soin 2 dans le travail de Tronto.Nous tenterons dans une troisime partie de relever les convergences qui culminent notreavis dans la dimension politique qui nous semble au fondement de lentreprise conduite parces deux auteurs, mme si leur uvre ne peut tre rduite cet aspect que nous privilgions ici.

    La connaissance de soi chez Michel Foucault

    2 Rompant ds 1976 avec ce quil appelle lhypothse rpressive cense fonder le rapport

    que les socits modernes instaurent avec la sexualit, Michel Foucault introduit sa dmarcheautour dune volont de savoir laquelle il fait succder une analyse de lusage desplaisirs . Lanne de sa mort le troisime volume, Le souci de soi , clt cette Histoire dela sexualit. Sinterrogeant sur les racines de la dfiance lgard du plaisir depuis lclosion

    au xviie sicle dune conception nouvelle de la sexualit prenant appui sur une technologiede pouvoir centre sur la vie , Michel Foucault revisite lvolution des conceptions

    relatives au plaisir dans lAntiquit grecque entre le ive sicle avant Jsus-Christ et le ier

    sicle de notre re. Insistant sur limportance des modes de subjectivation (pratiques de soi),Foucault souligne que lon sintresse, dans lAntiquit, moins au respect de la loi strictosensu qu lattitude qui fait quon la respecte. Laccent est alors surtout mis sur le rapportque lindividu entretient lgard de soi, cest--dire finalement au recours, au travers de

    modes de subjectivation spcifiques3

    , des formes dascse dans lusage des plaisirs (chrsisaphrodision) qui sactualiseront tout aussi bien dans une pratique de sant, dans la gestiondomestique ou dans les pratiques de cour amoureuse lgard des garons en particulier, dansun mme rapport la vrit.

    3 La morale qui sous-tend un tel usage des plaisirs sinscrit dans ce que Foucault appelle les arts de lexistence dfinis comme des pratiques rflchies et volontaires par lesquellesles hommes se fixent des rgles de conduite, mais cherchent se transformer eux-mmes, se modifier dans leur tre singulier et faire de leur vie une uvre qui porte certaines valeurs

    esthtiques et rpondent certains critres de style 4. En ce sens lusage des plaisirs doit trecontenu et suppose dviter lexcs et lintemprance. Prendre son plaisir comme il faut ,

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    au moment opportun (kairos) permet dviter de tomber dans limmoralit qui dcoule chez

    les Grecs soit dun excs, soit dune position subjective de passivit 5. Prendre son plaisir nestjamais se laisser aller ses apptits comme le fait Diogne, mais se matriser, apprhenderle besoin, lui laisser lespace ncessaire qui lui permette de se dployer avant dtre satisfait.Cest le besoin qui doit rguler le plaisir et il ne doit tre assouvi quaprs une suspension, seule mme de conjurer lintemprance qui signerait un manque de matrise de soi. Cette culturede soi organise une pratique de lart de lexistence qui suppose une vritable conversion

    soi 6 que lon ne peut atteindre quau terme dun travail o la pratique dexercices permet de se commander soi-mme , de maintenir un empire sur ses plaisirs 7. Ce nest quau

    terme dun combat, dune lutte pour vaincre les virtualits excessives des aphrodisia 8 par

    ladoption dune attitude polmique avec soi-mme o il convient de se mesurer soi 9

    que lon agit comme un tre rationnel 10. Ainsi prendre soin de soi, consiste, non seulement

    prendre la mesure de ce dont on est capable 11, mais discriminer, slectionner et contrlerles reprsentations, tel un veilleur de nuit qui se tient lentre des villes, afin den faireun usage appropri. Se plaire ainsi soi-mme renvoie, selon Foucault, suivant Snque, un plaisir dfini par le fait de ntre provoqu par rien qui soit indpendant de nous et qui

    nchappe par consquent notre pouvoir : il nat de nous-mme et en nous-mme 12. Cestle prix payer pour atteindre lallgresse : Elle foisonnera condition dtre au-dedansde toi-mme sois heureux de ton propre fonds. Mais ce fond quel est-il ? Toi-mme et la

    meilleure partie de toi 13.

    Le care selon Joan Tronto

    4 Examinons prsent la manire dont Joan Tronto envisage le care. Adoptant une positionfministe, Joan Tronto met au jour la manire dont oprent ce quelle nomme les troisfrontires de la morale entre politique et morale ; entre point de vue universel et particulier ;entre public et priv qui maintiennent les femmes en situation doutsiders vinces de la viepublique. Ce faisant, elle cherche lucider les conditions de possibilit dun renversementdes termes qui fondent ces partages. Se demandant comment traiter de manire morale des

    autres distants que nous estimons semblables nous-mmes 14

    en pratiquant une politiquedu care, Tronto ne se rapproche-t-elle pas de lthique du souci (de soi) ?

    5 Quelle est, en effet, largumentation de Tronto ? Comme lont amplement montr lesthoriciennes du fminisme, les questions ayant trait la vie des femmes, des esclaves, desdomestiques et des travailleurs nont t envisages ni par la tradition philosophique ni par lesthories politiques. En proposant de prendre en compte cette dimension de lactivit humaine partir du concept de care, Tronto insiste sur la ncessit de repenser le cadre conceptuel qui aamen son viction du champ moral et politique. Cadre conceptuel que Tronto revisite en lesituant dans lvolution politique qui prside cette disparition qui date de lmergence de lasocit capitaliste. Prenant appui sur les analyses dveloppes par les philosophes cossais Hutcheson, Hume et Adam Smith , Tronto met laccent sur les richesses contenues, ses

    yeux, dans une morale formule en termes de sensibilit aux conditions particulires15

    , desympathie et de bienveillance lgard dautrui dfendue par ces auteurs. Elle observe quecette thique sappliquait dans la vie sociale avant que nintervienne lirruption sans partagede la logique marchande fonde sur lintrt personnel qui va simposer lavnement de lasocit capitaliste et conduire une reformulation de la question morale. Cette proto-moraleque Tronto dfinit comme une morale contextuelle , demande que chacun-e sastreigne

    une ducation la vertu, [au] sens des fins de la vie humaine [et] un sens moral 16.Loin de constituer seulement des prceptes abstraits ou moralisateurs, ces qualits, prochesde la conception de la vertu prne par Aristote, supposent une proximit non seulementphysique mais morale aux autrui dont on partage le monde et se traduit par une forme

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    de bienveillance de rciprocit qui dpend de la situation dans laquelle se trouvent lesindividus : Hume parle de sympathie tendue et Adam Smith dun sentiment deconvenance , de dcence ou de sympathie morale qui contraignent lindividu tenircompte de la situation des autrui . Dans cet univers hommes et femmes sont galementdots des mmes vertus morales et sobligent, dune certaine manire adopter activementla place de lautre . Cet optimisme thorique sera largement nuanc par A. Smith lorsdes dernires ditions de laRichesse des nations lorsquil observera la monte de la socit

    marchande avec les mises distance physiques et sociales quelle entrane. Lancienne moralesitue dans et contextualise par la proximit ne peut plus sexercer. Ds lors la moraleuniversaliste kantienne redessinera les contours des nouvelles arnes morales et partant,

    comme la galement montr Genevive Fraisse pour la Rvolution franaise 17, dattribuerlintervention morale aux femmes du mme coup assignes la sphre prive, lieu privilgi

    de production des sentiments, de lattention et du soin 18.6 Convoquer ainsi lapport historique des philosophes cossais permet Tronto de proposer

    une lecture alternative du souci moral susceptible de fonder le concept de care quelle cherche dployer en chappant au seul cadre universaliste kantien qui a permis, dans un doublemouvement, de faire concider le domaine du soin et du souci avec les tches dvolues auxfemmes et de lexclure dun univers politique dont les femmes ne font plus partie. Poursuivant

    son argumentation, Tronto rfute ensuite une conception essentialiste issue dune thoriepsychologique du dveloppement moral. Conduisant en 1958 une tude sur la nature duraisonnement moral, Lawrence Kohlberg a tabli une hirarchisation des types de jugement

    moral conformes, selon lui, une thique de la justice 19. Son assistante, Carol Gilligan (1982,

    1986) 20 a rcus cette approche, en estimant que devait tre prise en compte ce quelle appelle une voix (morale) difrente qui fonde une thique du souci et de la relation (ou desconnexions), du care ancre dans la responsabilit. Gilligan souligne que, cette posture moraleest engendre au cur mme de circonstances concrtes. Cest une pratique, une activit, aucur dexpriences quotidiennes et de problmes moraux qui se posent pour des personnesrelles au cours de leur vie de tous les jours. Gilligan a analys cette posture morale en termesde genre. On nest pas trs loign de la sympathie , de la bienveillance souhaites par

    les philosophes cossais .7 Pour autant lapport de Gilligan contribue-t-il vritablement renouveler lanalyse du souci

    ou, mieux, de redfinir sa place et partant, celle des femmes dans larne politique ?Lide selon laquelle hommes et femmes ont des capacits morales diffrentes nest-ellepas rcurrente au contraire en Occident, se demande Tronto ? Que cette ide penche, selonles poques ou selon les cas, en faveur ou au dtriment des femmes ne saurait cacher le faitque les sentiments moraux sont affects dune valence en termes de genre. En ce sens letravail de Gilligan ne sinscrit-il pas parfaitement dans le droit fil de la pense sur lactionen justifiant lexistence dune lite moralement comptente 21 en termes essentialistes.Elle se demande si les diffrences que Gilligan tablit entre hommes (thique de la justice) etfemmes (thique du souci, du care) ne pourraient sappliquer, par exemple, pour diffrencier

    les attitudes de femmes blanches des classes moyennes de celles de femmes afro-amricainespar exemple 22 ? Dans ce cas, lanalyse de Gilligan revient occulter et obscurcir ce quirelve bien davantage de diffrences de classe ou de race. Ds lors est-il encore possiblede considrer que leur voix diffrente permettrait aux femmes de se faire entendre danslarne politique ? Autrement dit, cette dimension dfinie par le genre serait-elle susceptiblede transformer le rapport des femmes la sphre politique et de moraliser cette dernire ?Ou, pour le dire autrement, de faire entrer la question thique dans larne politique dontelle est gnralement dissocie ? Cest ce point nodal que largumentation de Trontogagne en puissance lorsquelle pointe lapolitisme de lanalyse de Gilligan, restreinte auxrelations interpersonnelles, tout en maintenant intactes les frontires qui sparent les activits

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    du souci, du care de larne politique. Tronto va alors oprer une conversion de la pense endsenchssant le souci, le care de la dimension de genre et en problmatisant demble ceconcept un niveau politique.

    8 Sa dmarche propose, en effet, de rompre avec toute conception dun autre socialementhirarchise au profit dune acception o tout autre singulier pourra faire lobjet dun souci etdune sollicitude quivalents quelles que soient sa position et son attente. En dautres termes,mettre le souci, le care au centre de la vie humaine revient leur assigner une autre place dans

    la thorie morale et politique. La fragmentation actuelle des activits de souci et de care lesenferme dans un univers invisible et dvaloris dans nos socits et perptue ainsi le maintiendes structures de pouvoir et des privilges qui y sont attachs. La conception essentialiste deGilligan affine peut-tre lanalyse de formes mconnues de sensibilit des femmes, mais enles maintenant lcart de larne politique, perptue leur assignation des tches de souciet de care, socialement dvalorises et, ajoute Tronto, invisibilises, parce que socialementcruciales pour le fonctionnement des rapports sociaux. Le souci, le care doivent donc tredissocis dune dimension en termes de genre. Ils doivent, au contraire, concerner lensembledes autres humains, mais aussi tout notre monde matriel, animal, vgtal. Cest donc uneforme dcologie thique et politique tout autant qu une thique lgard dautrui que le careest appel sattacher, en tant qu activit gnrique qui comprend tout ce que nous faisons

    pour maintenir, perptuer et rparer notre monde de sorte que nous puissions y vivre aussibien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mmes et notre environnement, tous

    lments que nous cherchons relier en un rseau complexe, en soutien la vie 23. Sattachant identifier les besoins ou, mieux, les aspirations, le care, selon Tronto, se rapproche du soucivoqu par Foucault : il en appelle de la mme faon une conversion de soi, un style de vie, la vie comme uvre. Il sagit de se soucier daspirations non satisfaites ; de se charger derpondre de manire responsable aux attentes ainsi dtectes ; daccorder des soins, du care travers une activit pratique spcifique ; enfin, se soucier, de manire adquate de lautresuppose que ce souci convienne cet autre (ou cet objet). tre lobjet du care ne saurait,en effet, tre une position passive : lapprciation de lobjet du souci doit faire advenir celui-ci comme sujet dune nouvelle demande, conduisant dautres formes de souci, engendres

    dans le cours mme de linteraction. Place sous le signe de limmanence, cette demande doitconduire une action de la personne ou de lobjet dont on sest souci. Se rfrer une telledimension, immanente chaque situation particulire, permet que le souci de lautre chappe toute tentative de rification ou dinstrumentalisation charitable ou paternaliste. Car, Trontoinsiste sur ce point, se soucier de lautre ou dun lobjet quelconque implique ncessairementune position de dissymtrie, une position de pouvoir que lthique du souci ou du care quelledfend cherche contrecarrer, limiter, mme de manire partielle et relative, par une formede co-production ou mieux de co-cration ad hoc et singulire. Lobjet dont on se soucie doitpouvoir advenir en tant que singularit non rductible au seul besoin , un pur rceptaclede soins. Le souci, le care sdifient donc au cur dune trame sans cesse refaonner, (r)laborer et (re)ngocier entranant par l mme une prolifration dautres formes etactivits de care qui en dcoulent en cascade ; un processus qui traduit linfinit des besoinsou des aspirations, ceux-ci, Tronto veille le souligner, ne pouvant tous tre satisfaits.

    9 Le souci, le care deviennent alors, non plus des dispositions (fminines par exemple) mais unepratique. Ils font de chacun de nous un tre, on pourrait dire un monde, ayant, tout moment etde manire permanente, besoin quun-e autre se soucie de nous. Cest l la dimension thiqueradicale dveloppe par Tronto : nous sommes tou-te-s dpendant-e-s de la proccupationdautres qui se soucient de nous. Et ces autres qui se soucient de nous dont nous nereconnaissons pas toujours limportance ou la ncessit faonnent des pratiques qui nousconviennent et qui nous maintiennent en vie. En ce sens, comme les nourrissons, nous sommes,en tant qutres sociaux, tou-te-s faibles et dpendant-e-s du care qui nous est dispens.

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    Ainsi se dessinent les contours dune thique du souci, du care qui transgresse les frontiresinvalidantes entre le public et le priv et qui rend enfin compatibles justice et sollicitude pour

    tou-te-s. Ne peut-elle ainsi contribuer dvelopper une posture dengagement moral 24

    susceptible de favoriser lmergence dune voie nouvelle pour la dmocratie ?

    De quelques convergences10 un premier niveau, on pourrait sinterroger sur la pertinence de mettre ainsi en regard la

    conception du souci de soi dveloppe chez Foucault avec celle , en apparence fort loigne,du care comme souci de lautre, tel quil a t problmatis par Joan Tronto. Le souci de soiconcerne, Foucault le rappelle, le rapport que lhomme libre entretient avec lui-mme, avecses pairs, mais aussi avec des autres absolument incomparables en termes de statut et de place :les femmes, les enfants et les esclaves. La rgulation que lhomme antique doit imposer lgard de ses plaisirs (aphrodisia) doit sappliquer tous les domaines de sa vie, tant dans

    la vie publique que dans la sphre de loikos 25. La temprance en tant que qualit morale

    requise doit tre exerce tant sur le corps que sur les biens 26. Pourtant, se soucier ainsi desoi ncessite, Foucault le prcise, que lon en fasse un usage viril , actif. Cest, poursuitFoucault, cette virilit thique conue comme virilit sociale qui modle et faonne la virilit sexuelle . Requise galement pour les femmes, la temprance est galement rfre

    la virilit : dotes dune telle virilit vertueuse , les femmes ne peuvent cependant jamaisjouir dun exercice plein de la temprance, qui reste lapanage des seuls hommes libres.

    11 Un tel usage viril du souci de soi ninvalide-t-il pas demble le parallle que nous

    cherchons tablir entre les deux conceptions du souci ? La potesta sui 27, en effet, peutsembler plus proche dune position domnipotence que de la dimension propre au soucitel que lenvisage Tronto. Lexercice de rapprochement pourrait donc sarrter l, tant lesprmisses semblent loigns de prime abord. seconde vue pourtant, des convergencessemblent pouvoir sesquisser entre la question de la matrise dans lusage des plaisirs dontlhomme de lAntiquit grecque doit faire preuve, et lespostures morales quvoque Trontopour lexercice dune thique du care. Le rapport vertueux soi, qui seul peut procurerpouvoir (sur soi) et libert, se comprend en effet comme une raison pratique qui permet

    chacun de dterminer, comme lindique Aristote dans lthique Nicomaque : ce quondoit, comme on le doit, quand on le doit 28. Ces arts de faire, ces techne, ces procdures,peuvent, notre sens,tre rapprochs des divers moments dfinis par Tronto comme les tapesdu processus du care, o lon se soucie de rpondre une attente. Si cette auteure ne parlepas en termes de vertu, lhermneutique quelle propose de construire dans lapprciationdes attentes dun autre quelconque ne suppose-t-il pas eneffet le mme type de rapportagonistique soi, qui suppose de se dprendre de ce qui nous est le plus proche et leplusimmdiat, savoir notre propre intrt ? Si cest en recourant des exercices et des examensde conscience que le citoyen antique peut se soucier de soi de manire approprie, le rapport soi quil convient dlaborer pour donner consistance une thique du care ne suppose-t-il pas de la mme manire dexprimenter des outils mthodologiques ad hoc ? Se soucier

    de , dans lthique du care, suppose aussi de sy entraner, de se plier une discipline quipermette de se dprendre des positions charitables ou paternalistes habituellement de mise.Autrement dit, la conversion asctique exige dans la cit grecque nest peut-tre pas siloigne de celle quil conviendrait doprer dans nos socits aveugles et muettes sur le souci porter tout un ensemble dautres. Tout comme aujourdhui, les Grecs de lAntiquit, enmobilisant une pense pratique, recourent une techne, [d]un savoir-faire, qui en tenantcompte des principes gnraux, guiderait laction dans son moment, selon son contexte et

    en fonction de ses fins 29. Cette contextualisation pragmatique, qui constitue le meilleurcritre dapprciation de ladquation de la position morale, ne rappelle-t-elle pas les morales

    contextuelles dveloppes par les philosophes cossais au xviie sicle et lune des procdures

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    au cur de lthique du care telle que la dfinit Tronto ? Comme pour le citoyen grec, le soucidont il est question dans une thique du care suppose un choix, une volont dlibre de nepas faire pour ou la place de, mais dlaborer une posture qui donne voix lautre. En tantque pragmatique contextuelle, processuelle et immanente, cette thique du care suppose un

    rapport problmatique et polmique soi, elle suppose une comptence de la sensibilit 30

    ce que les fministes anglo-saxonnes appellent une connaissance situe qui, par dfinition,trouble les identits (professionnelles, culturelles et affectives) et embrasse lautre dans un

    ensemble labile et prolifrant daffects, de contacts et de relations.12 Mais cest galement un autre niveau que le rapprochement entre les analyses de Foucault

    et de Tronto peut tre clairant : celui du rapport au politique. Car le souci de soi, Foucault

    insiste sur ce point, consiste aussi et surtout faire de sa vie une uvre clatante 31.Ainsi, la temprance dans les conduites sexuelles, en tant que pratiques sociales o se lit encreux la manire duser des autres et de les traiter, ne concerne pas tout le monde dans lacit grecque. Elle nest que pour ceux qui ont rang, statut et responsabilit dans la cit .Cest l que stablit un lien entre ce que Foucault dfinit comme une pense pratique et ladimension thique et politique. Il revient en effet lhomme temprant, matrisant ses plaisirs,de dfinir ce quil faut faire, travers lusage dune techne, dun savoir-faire mobilis et misen uvre dans le cadre les lois communes (de la cit, de la religion et de la nature) au moment

    opportun, en tenant compte du contexte considr. Une telle dmarche suppose la sagesse,autrement dit la capacit de se commander soi-mme . Rsister et lutter, cest--direfinalement assurer sa domination sur les dsirs et les plaisirs, construit lattitude polmiqueavec soi-mme comme un travail, un processus pour lequel il convient de sexercer par desentranements, des mditations, des preuves de pense, des examens de pense. Se mesurerainsi avec soi-mme autorise, dune certaine manire, soccuper de la cit. De la mme faonpour Tronto, une thique du care suppose un travail dont laboutissement nest jamais atteint,puisque toute action visant se soucier dun autre ou dun objet quelconque requiert unelaboration, la mobilisation de comptences que seule une activit rflexive et processuelleest mme doffrir. Se soucier de suppose une forme de disponibilit que les anglo-saxons dfinissent comme la serendipity, capacit de savoir se saisir de toutes les opportunits,

    forme de vigilance telle que celle dont doit faire preuve un guetteur qui veille ne pas ignorerun danger. Ici, en loccurrence, il sagit de veiller ne pas mconnatre, ignorer, passer parinadvertance ct dun autrui dont il conviendrait de se soucier. Cette attention flottante,capable daccueillir lindiscernable et lindcidable, ncessite de dominer ses dsirs propres etde se reconnatre, encore une fois, comme pouvant galement avoir besoin que lon se souciede nous. Cest en ce sens que, Foucault et Tronto, en partant de prmisses fort loignes enapparence, ouvrent des pistes pour de nouvelles formes dthique.

    13 Dautres concordances peuvent tre signales entre leurs deux penses. Comme lanalyseFoucault, le sujet temprant na pas fait disparatre la vivacit des plaisirs et des dsirs, illes a matriss. Si Socrate ne se laisse pas sduire par Alcibiade, ce nest pas parce quil est purifi de tout dsir pour les garons, mais parce que lpreuve rend visible sa capacit y rsister. Le dsir nest pas ni, il est, grce lenkrateia, domin. Etcest cette capacit dominer ses plaisirs qui ouvre aux rapports avec la cit. Quand nous aurons ensemblepratiqu suffisamment cet exercice [askesantes], nous pourrons, si bon nous semble, aborder

    la politique 32. Seul un tel entranement peut constituer lindividu en sujet moral et faire

    de la cit le lieu o peut spanouir la libert. La libert 33 quil convient dinstaurer et deprserver, cest bien sr celle des citoyens dans leur ensemble, mais cest aussi, pour chacun,une certaine forme de rapport de lindividu lui-mme . En dautres termes, la forme de souverainet que lindividu exerce sur lui-mme est un lment constitutif du bonheuret du bon ordre de la cit .

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    14 Saffranchissant ainsi de la contrainte quimposeraient les plaisirs sils ntaient matriss,lhomme libre peut gouverner les autres de manire approprie, ce que ne permettrait pasune conduite soumise sans retenue leurs drglements. Selon pictte, ltre humain estdfini comme ltre qui a t confi au souci de soi . Les hommes doivent veiller sureux-mmes individuellement et collectivement, non par quelque dfaut qui le[s] mettraiten tat de manque et le[s] rendrait de ce fait infrieur aux animaux, mais parce que le dieua tenu ce quil[s] puisse[nt] faire librement usage deux-mmes, cest cette fin quil

    les a dots de raison 34. Lepimelea heautou, la cura sui comme exercice permanentdu soin de soi-mme 35 est donc avant tout pratique sociale, activit politique et nonrepli narcissique ou solitaire. Car cette anachorse en soi se dcline en une multitudedactivits sociales. Le terme depelemeia sapplique indiffremment pour voquer lesactivits du matre de maison, les tches du prince qui soccupe de ses sujets, les soins quondoit apporter un malade ou un bless, ou encore les devoirs quon rend aux dieux ou

    aux morts 36. Cest un labeur, qui demande un effort et du temps. Lepemeleia est uneactivit essentiellement sociale , cest un service dme qui signe une interdpendancemanifestant, en fin de compte, la fragilit de chacun-e. Car cette interdpendance invite se reconnatre commemalade ou menac par la maladie. Elle renvoie lagencement entrela personne se souciant de et la personne (ou lobjet quelconque) dont on se soucie. Le

    care concernant chacun-e de nous, mieux, nous tant ncessaire tout moment, ne cessedouvrir, transversalement aux institutions et aux pouvoirs instituants, des pratiques, desexprimentations, do peuvent merger de nouvelles attentes, de nouvelles aspirations dont ilconviendra de se soucier. Ces nouvelles attentes ne sont pas exclusivement personnelles, ellessont au contraire minemment sociales, et mme politiques, au sens o se reconnatre commemalade ou menac (comme lcrit Foucault) ou sadmettre comme dpendant dautrui tout moment (comme lcrit Tronto), permet de fonder un tre ensemble. Par dfinition jesuis l autrui dpendant (pour) dautres autrui , et cest cette reconnaissance, laccs cette dimension politique qui fait socit une socit fonde sur le souci de soi et de lautre.En ce sens, lthique du care propose une nouvelle forme de problmatisation du souci.La pratique de soi selon les Grecs, rappelle Foucault, doit permettre chacun de dcouvrir

    quil est en tat de besoin, quil lui est ncessaire mdication et secours 37

    . En ce point serejoignent de manire lumineuse une conception antique du souci de soi et une thique du care

    en devenir, travers cette commune assomption de la fragilit humaine 38 qui fait de chacun-e de nous un tre dont il convient de se soucier.

    15 Au terme de ce parcours hypothtique, il convient de faire retour sur quelques liberts quecette argumentation a prises avec le cur de la problmatique foucaldienne. Le parti de faireusage des textes de Foucault, de les faire travailler partir dune lecture du souci desoi qui relve dun bricolage conduit les couper en partie de leur logique interne. traverssonHistoire de la sexualit, Foucault voulait, on le sait, indiquer les ruptures entre une moraleantique des plaisirs ayant elle mme subi de profondes transformations et une dogmatique

    chrtienne fltrissant les plaisirs de la chair 39. Dans cette entreprise, le travail de Foucault

    demeure magistral et le dtournement que nous nous sommes autoris ici nest pas en mesureheureusement dy porter ombrage. Si nous nous sommes permis de tracer ici quelques cheminsde traverse, cest parce quil nous a sembl que la lecture que nous proposons permet, entablissant un lien avec le travail de Joan Tronto, doffrir un prolongement thique et politiquepour la socit qui est la ntre et de prolonger le dialogue engag avec Joan Tronto.

    16 Ce quil convient de ne pas perdre de vue, au terme de cette vocation, cest quen tout tatde cause se soucier de soi renvoie un rgime particulier de subjectivation, comme le montre

    de manire clairante Gilles Deleuze 40. Grce au dcrochement opr par Foucault, quiengendre ce que Deleuze appelle un plissement, une rflexion dans la pense grecque,

    sdifie la rgle facultative de lhomme libre 41, cest--dire celle de se commander soi-

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    mme. Ce double driv de la loi le commandement de la cit est imparti aux hommes libres, est un double facultatif qui rsulte dun effort consentir, dun travail entreprendre.En ce sens, poursuit Deleuze, le rapport soi comme nouvelle dimension (est) irrductible

    aux rapports de pouvoir et aux relations de savoir 42. Cest certainement en suivant une telleligne que le parallle que nous avons cherch tracer entre le travail de Foucault et celui deJoan Tronto prend consistance par lexprimentation dune thique politique et fministe ducare quirsiste aux rapports de pouvoir et aux relations de savoir actuels. Les mutations

    du capitalisme ne trouvent-elles pas un vis--vis inattendu dans la lente mergence dunnouveau Soi comme foyer de rsistance ? 43.

    Annexe

    Compte rendu des discussions

    Liane Mozre souligne avec vigueur que la notion de care est diffrente de celle de travail social puisquedans le processus du care, malgr la position de dissymtrie entre les individus, il ne sagit pas debienveillance comme dans le travail social qui prend les personnes dont on soccupe pour objet. Lecare est fondamentalement un processus dynamique dans lequel la personne dont on se soucie intervientactivement dans le processus. Le care ne se rduit jamais au travail social ni au monde des soins, mais aplutt voir avec lensemble du rapport de chacun, en tant que sujet politique, la cit.

    Notes

    1. Joan C. Tronto,Moral Boundaries. A Political Argument for an Ethic of Care, Routledge,1993. Nous traduirions indiffremment le terme polysmique de care par souci, soin ouexceptionnellement par celui de sollicitude.2. La traduction de louvrage de Carol Gilligan, In a Different Voice Une si grandediffrence (1982, 1986), choisit le terme de sollicitude que Herv Maury le traducteur de MoralBoundaries. A Political Argument for an Ethic of Carede Joan Tronto ne retient pour traduirecare que dans un nombre limit de cas. paratre en 2004.3. Sous le triple registre de lthique, des types dassujettissement et des formes dlaboration

    de soi.4. M. Foucault,LUsage des plaisirs, Paris, Gallimard, 1984, p. 16.5. Op. cit., p. 66. cet gard aussi, M. Foucault note dans un entretien avec H. Dreyfus etP. Rabinow ce que cette position implique dans le rapport aux femmes tres passifs parexcellence La morale grecque du plaisir est lie lexistence dune socit virile, lidede dissymtrie, lexclusion de lautre, lobsession de la pntration, cette menace dtrepriv de son nergie Tout cela nest pas trs attrayant , Michel Foucault : un parcoursphilosophique, Gallimard, 1984, etDits et crits, T. IV, p. 614. Voir galement Th. Laqueur,La Fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident,Paris, Gallimard, NRF Essais,1990.6. M. Foucault,Le Souci de soi, Gallimard, Paris, 1984, p. 90.7. M. Foucault,LUsage des plaisirs, op. cit., p. 74-75.

    8.Ibid., p. 87. De ces aphrodisia, non seulement rendus possibles, mais dsirables par un jeude forces dont lorigine et la finalit sont naturelles il convient de faire un usage modr afinquils ntendent pas leur domination sur tout lindividu. La raison devant lemporter sur lanature impose que lon sy livre de manire temprante, cest dire civilise (1984, II, p. 77).9.Ibid., p. 79.10. M. Foucault,Le Souci de soi, op. cit., p. 90.11.Ibid., p. 87. Ne peut-on le mettre en regard avec linterrogation de Spinoza : Que peutun corps ?12.LUsage des plaisirs, op. cit., p. 92.13.Le Souci de soi, op. cit., p. 92, et Snque, Lettres Lucilius, 23, 3-6 cit par M. Foucault.

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    14.Moral Boundaries. A Political Argument for an Ethic of Care, op. cit.15. Ou spcifiques ou quotidiennes ou locales en tant quopposes des proccupationsgnrales et identiques en toutes circonstances. Cet tat de fait sexplique, selon Tronto, parlexistence dune vie sociale organise autour de la proximit de tels autrui. Hutcheson voque cet gard par exemple les relations damiti, la frquentation, le voisinage.16.Ibid., p. 27.17. Genevive Fraisse, Muse de la raison. Dmocratie et exclusion des femmes en France,Paris, Gallimard, Folio/Histoire, 1995.18. Tout le travail de Tronto est centr autour dune nouvelle dfinition des tches politiquesdu fminisme quelle fonde sur le care qui doit informer une conception du politique quine soit pas fminine, mais authentiquement dmocratique au sens o elle pourrait prendreen compte le souci lgard de toutes les singularits. Nous ne pouvons ici dvelopper cepoint majeur de son travail car il dpasserait le cadre de cet essai, mais son originalit et sanouveaut lui confrent une porte de nature transformer la pense fministe, politique etthique aujourdhui.19. Lawrence Kohlberg, Essays in Moral Development, Harper and Rowes, 1981-1984, 2volumes.20. Carol Gilligan,In a Different Voice, Harvard University Press, 1982 ; traduction franaise,Une si grande diffrence, Paris, Flammarion, 1986.21. En cela, Gilligan ne smancipe pas, selon Tronto, des prsupposs qui fondent ladmarche de Kohlberg.22. Joan C. Tronto, op.cit., p. 83.23. Berenice Fisher, Joan Tronto, Toward a Feminist Theory of Care , Circles of Care :Work and Identity in Womens Lives, State University of New York Press, eds. Emily Abeland Margaret Nelson, 1991, p. 40, cit in Tronto, Op. cit., 1993, p. 103.24. Joan C. Tronto, op. cit.,p. 166.25.LUsage des plaisirs, op. cit., p. 15.26. Les femmes, dont la place est circonscrite au foyer, doivent tre traites avec temprancepar leur mari. Cest par un usage appropri de cette qualit morale que peut tre maintenue lapermanence de loikos, matrialisepar le mariage. Dans le cadre de la transaction sociale quescelle lunion des poux, il revient lhomme dassurer sa domination tant sur sa femme quesur les esclaves et sur les biens, relevant tous de cet univers soumis au rgne de la ncessit.

    27.Le Souci de soi, op. cit., p. 90.28.Ibid., p. 12.29.LUsage des plaisirs, op. cit., p. 7. Cest nous qui soulignons.30. Liane Mozre,Le Service doncologie pdiatrique de lInstitut Curie, indit, 1984.31.LUsage des plaisirs, op. cit., p. 71.32. Platon, Gorgias, 526 d.33. Qui, Foucault le rappelle de manire pertinente, na cependant pas tre comprise commelindpendance du libre arbitre (1984, II, p. 92).34.Le Souci de soi, op. cit., p. 65-66.35.Ibid., p. 63.36.Ibid., p. 70.37.Ibid., p. 80.

    38. Largumentation peut tre tendue au monde qui nous entoure, qui ncessite de la mmemanire, comme le dfinissent avec pertinence B. Fisher et J. Tronto (1991), que lon se souciede lui. Une ide qui permet de jeter un pont en direction de ce que Flix Guattari a dfinicomme une cosophie (1990),Les Trois cosophies, Galile.39. Voir ce sujet galement Peter Brown,Le Renoncement la chair. Virginit, clibat etcontinence dans le christianisme primitif, Paris, Gallimard, Bibliothque des Histoires, [1988]1995.40. Gilles Deleuze,Foucault, Paris, Minuit, 1986.41.Ibid. p. 108.42.Ibid., p. 109.

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    43. Gilles Deleuze,Foucault,op. cit. p. 123.

    Pour citer cet article

    Rfrence lectroniqueLiane Mozre, Le souci de soi chez Foucault et le souci dans une thique politique du care. ,Le Portique [En ligne], 13-14 | 2004, mis en ligne le 15 juin 2007. URL : http://leportique.revues.org/index623.html

    Droits d'auteur

    Tous droits rservs

    Rsum / Abstract

    Le souci de soi selon la lecture quen offre Foucault, en mettant laccent sur le processus detravail que chacun est amen entreprendre pour soi-mme et pour la cit, semble, en dpitde problmatisations partant de prmisses en apparence loignes, pouvoir tre rapproch duconcept de care dvelopp par Joan Tronto. Le care, en effet, suppose galement un processusde travail qui se fonde sur un rapport lautre en termes de proximit et de contextualisation. un second niveau, le souci de soi, comme le care, supposent un rapport la cit, en dautrestermes un rapport thique au politique.

    Foucault analyzing the care of the self shows that it implies an ongoing process of work onehas to undertake in order to mind the self and the City. Although Joan Trontos concept of careis not grounded on the same premises as those of Foucault, she also insists on the importanceof the process it supposes. Both highlight the political as well as ethical arguments in bothanalysis. In other words an ethical relationship to polity.