Le Probleme Des Réfugiés Devant l'Opinion - Revue P.E 1949

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    1/7

    Politique trangre

    Le problme des rfugis devant l'opinionFrancis Blanchard

    Citer ce document Cite this document :

    Blanchard Francis. Le problme des rfugis devant l'opinion. In: Politique trangre, n2 - 1949 - 14 ann . pp. 167-172.

    doi : 10.3406/polit.1949.2817

    http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1949_num_14_2_2817

    Document gnr le 14/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/polithttp://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1949_num_14_2_2817http://www.persee.fr/author/auteur_polit_1654http://dx.doi.org/10.3406/polit.1949.2817http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1949_num_14_2_2817http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1949_num_14_2_2817http://dx.doi.org/10.3406/polit.1949.2817http://www.persee.fr/author/auteur_polit_1654http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1949_num_14_2_2817http://www.persee.fr/collection/polithttp://www.persee.fr/
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    LE PROBLME DES RFUGIS DEVANT L OP INION

    La deuxime guerre mondiale

    nous a

    valu

    de connatre un

    problme des

    rfugis

    de proportions

    absolument

    inhumaines.

    En mai 1945, lorsque

    les

    armes

    allies

    eurent

    vaincu

    le

    Reich,

    8

    millions

    de personnes

    ont

    t

    dnombres,

    qui appartenaient aux populations chasses, dracines, dport

    es une manire

    scientifique par

    les

    Allemands pour le travail obligatoire.

    Les

    Allis,

    qui les dcouvrirent dans les ruines de

    l Allemagne, organi

    srent immdiatement leur

    rapatriement. Dans

    l espace de

    trois ou

    quatre

    mois,

    5

    millions de

    personnes taient rentres. Mais, dans

    le mme

    temps

    o ces rapatriements

    se poursuivaient

    une cadence acclre, on s aper

    cevait

    que

    des centaines

    de

    milliers

    de personnes

    refusaient

    de

    rentrer

    dans

    leur pays d origine, soit pour des raisons politiques, dans

    la

    mesure o elles

    refusaient

    d accepter

    les

    rgimes

    qui

    s taient

    instaurs

    dans

    ces

    pays, soit

    pour d autres raisons, par exemple

    la modification du

    trac des frontires

    qui

    leur valait de

    perdre la nationalit

    qu elles

    avaient

    avant leur dportation*

    C est dans

    ces

    conditions

    que

    les Nations Unies se voyaient saisies, ds

    1946, d un problme dont les incidences humaines, sociales, conomiques

    et

    politiques dpassaient trs

    largement

    les possibilits de chaque nation,

    problme qui exigeait une intervention

    et

    une action internationales. La

    disparition

    de

    l U.

    N. R. R.

    A., qui s occupait des

    personnes

    dplaces

    cette

    poque, mais dont

    l activit essentielle tait le secours aux pays prou

    vs

    ar

    la

    guerre,

    est

    l origine

    de

    la

    dcision

    prise

    par

    les

    Nations

    Unies,

    le 15 dcembre 1946,

    de

    crer une organisation internationale pour les rfu

    gis,

    dont l Assemble fixait cette poque le mandat d une manire

    extrmement

    prcise.

    Le

    problme des

    rfugis est

    ainsi

    n d un

    double refus : celui de cen

    taines

    de

    personnes

    de

    rentrer

    dans

    ce qui tait

    leur

    patrie

    d origine,

    et celui

    des puissances

    occupantes occidentales,

    Angleterre, tats-Unis,

    France, de

    contraindre

    ces

    gens rentrer, et volont

    de leur part de leur

    accorder le

    droit

    d asile

    dont le principe a t inscrit dans

    la

    Dclaration des Droits de

    l Homme,

    vote rcemment

    par

    l Assemble

    gnrale des

    Nations

    Unies.

    Le

    budget de

    l O.

    R. I.

    est thoriquement

    de 150 millions de dollars,

    ce

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    168 FRANCIS BLANCHARD

    qui reprsente

    peu

    prs quatre

    fois

    le budget des Nations Unies. Ds lors,

    les pays ont t extrmement rticents pour se dcider adhrer 1*0. R. I.,

    laquelle ils

    taient tenus de fournir des contributions

    fixes

    par un barme

    tabli par

    l Assemble

    des

    Nations

    Unies.

    (La

    France

    apporte,

    par

    exemple,

    1*0. R. I.

    une

    contribution de

    6

    millions

    de

    dollars.) Il

    est nanmoins

    encourageant

    de

    noter que certains

    petits

    pays, trs prouvs par la guerre,

    comme la Belgique

    et

    la Hollande n ont

    pas

    hsit

    et

    ont t

    parmi

    les pre

    mires nations adhrer l O.

    R.

    I., alors que des pays trs

    puissants

    et

    trs

    riches ont, jusqu

    prsent,

    nglig de remplir

    ce

    qu on peut considrer

    comme un devoir de morale internationale.

    Des

    raisons politiques expliquent aussi

    la

    lenteur mise par

    certains

    pays

    se joindre aux autres.

    Au

    lieu de

    ne

    considrer

    que

    l aspect

    humanitaire

    du

    problme,

    ils ont

    mis

    l accent

    sur

    l aspect politique

    et

    ils ont

    pris

    le parti

    de se dtourner de l Organisation. En ralit, les opinions publiques natio

    nales ont ragi avec une

    incroyable apathie.

    Elles

    eussent

    d

    exiger de leurs

    gouvernements que des efforts fussent faits en commun pour que le fardeau

    que reprsente

    la

    masse des

    rfugis et des personnes dplaces soit

    rparti

    d une

    manire

    gale

    entre

    toutes les

    puissances. Cette rserve excessive a

    provoqu

    l association de

    quelques nations

    de bonne volont dans une

    commission

    prparatoire

    qui s est inspire du mandat et des principes

    de

    la

    future organisation. Cette

    commission

    est

    entre en activit le

    1er

    juillet

    1

    947.

    A

    la

    date

    du

    1er

    novembre

    1948,

    l organisation

    fournissait

    des

    services

    matriels 705 000 personnes dplaces,

    c est--dire

    l entretien, l assi

    stance,

    le rapatriement

    et

    le rtablissement.

    Parmi 550 000 personnes

    abrites dans les centres

    d hbergements,

    il

    y

    avait, au Ier novembre 1948,

    130

    000 Polonais,

    1

    26 000 Baltes,

    124

    000

    Juifs

    (la plupart

    d origine polonaise) et 90

    000

    Ukrainiens. Il y

    avait galement

    un

    groupe spcial

    de

    13 000 Chinois, rsidant

    avant

    la guerre dans diff

    rents territoires

    de

    l Asie du Sud-Est, Indonsie, Singapour,

    Indochine,

    Philippines

    et

    qui ont t dplacs par suite des

    vnements

    de

    guerre.

    L organisation

    se

    proccupe

    d assurer

    leur rapatriement.

    On

    compte

    135

    000 units familiales reprsentant 412 000 individus

    et 138

    000 per

    sonnes

    absolument

    isoles.

    En

    fait,

    c est

    de plus

    d un million

    de

    personnes que

    l Organisation

    doit

    s occuper

    actuellement.

    Ce sont les ressortissants

    de

    l Organisation,

    parce qu elles rpondent,

    si j ose dire, des dfinitions prcises

    contenues

    dans

    la

    Charte de l O. R. I., qui rglent les conditions dans lesquelles les

    rfugis peuvent se rclamer

    de l Organisation

    ;

    elles

    visent

    galement

    l exclusion

    de certaines catgories de personnes comme

    les criminels

    de

    guerre

    et

    les

    rfugis d origine*

    ethnique

    allemande.

    Le

    mandat de

    l O.

    R. I.

    est

    tout

    d abord

    d hberger

    les

    rfugis

    et les

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    LE

    PROBLME

    DES RFUGIS 169

    personnes dplaces, ensuite de

    les nourrir.

    Il a

    donc fallu tablir

    un rseau

    de ravitaillement qui trouve

    sa source

    dans diffrents pays,

    aux

    tats-Unis

    en particulier, et

    qui permet l importation de produits qui

    viennent s ajou

    ter

    une

    maigre

    ration fournie

    gratuitement par

    l Allemagne.

    Il

    faut

    ensuite

    les vtir, les

    chauffer,

    veiller

    sur

    leur sant (2 500 mdecins

    et

    2 000 infi

    rmiers eux-mmes des rfugis, viennent aider le personnel mdical de

    l O.

    R.

    L). L tat

    de

    sant est bon en gnral, excellent

    mme

    si

    on le comp

    are l tat

    de

    sant des

    diffrentes

    populations

    d Europe occidentale. L

    taux

    de

    mortalit est

    bas

    et

    le

    taux

    de natalit

    relativement

    lev.

    Pourvoir aux

    besoins matriels

    des

    rfugis est une

    tche

    passive

    .

    L important, c est de rgler le

    sort

    de

    ces rfugis. L Organisation

    s y

    emploie par deux

    moyens, soit en les rapatriant, soit en les rtablissant

    dans

    diffrents

    pays

    d accueil.

    Du

    1er

    juillet

    1947

    au

    30

    novembre 1948,

    l O. R. I. a rapatri 59 000 personnes,

    principalement

    destination

    de

    la

    Pologne et

    de

    la

    Yougoslavie. Dans le mme

    temps,

    elle a

    fait migrer

    328 500 personnes.

    La diffrence

    entre ces

    deux chiffres

    a conduit un

    cer

    tain nombre

    de

    gens prtendre

    que

    l Organisation tait

    engage

    dans des

    activits politiques, visant dtourner d une

    manire

    systmatique les

    personnes dplaces du

    rapatriement.

    Je voudrais faire justice de cette

    accusation. .

    Le rapatriement est poursuivi sur une base parfaitement

    volontaire

    ; ne

    rentrent

    dans

    leur

    pays

    d origine

    que

    les personnes

    qui

    se

    portent

    candi

    dates

    au

    rapatriement.

    A celles qui, craignant des* perscutions religieuses,

    politiques, raciales, refusent de

    rentrer

    dans leur pays d origine

    et

    opposent

    des

    raisons

    valables leur retour, celles-l l Organisation ouvre

    la

    voie de

    l migration.

    Sur 8 millions

    de

    rfugis

    dnombrs

    en

    Allemagne

    en mai

    1945, 7 millions sont rentrs

    dans

    leur pays d origine et 328 000 ont

    migr

    dans des pays

    d accueil.

    La

    proportion

    des gens qui ont renonc

    leur

    pays

    est

    donc modeste.

    Le

    15

    dcembre

    1946, en

    mme

    temps

    qu elle crait

    l O.

    R. I.,

    l Assemb

    l

    ecommandait

    aux

    pays membres

    d accepter,

    sur leur

    territoire,

    une

    part

    quitable

    des

    rfugis et

    personnes

    dplaces non

    rapatriables

    .

    Mais, comme

    il tait

    craindre, les pays d accueil n acceptrent d ouvrir des

    ngociations

    que

    dans

    la

    mesure o

    ils pourraient trouver

    une main-d uvre

    bon march qui

    comblerait

    des dficits dans des mtiers ingrats ou dsert

    s t

    ceci

    en dpit des appels

    solennels

    lancs par l Assemble. Ainsi se

    dveloppa

    un malentendu

    entre

    les pays d accueil

    et

    l Organisation.

    M.

    Wil

    liam Tuck,

    directeur gnral

    de

    l O.

    R. I., disait lui-mme

    en mai

    1948 :

    Nous

    ayons

    trop peu

    de

    temps, trop peu

    d argent, trop

    peu

    de bateaux,

    et,

    ce qui est

    le

    plus grave, trop peu

    de

    charit

    chrtienne

    entre

    les nations.

    C tait traduire

    la fois

    le maigre soutien financier qu on obtenait des

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    170 FRANCIS

    BLANCHARD

    gouvernements

    et

    l gosme cynique

    des nations que ne voyaient

    dans

    les

    rfugis qu un moyen de satisfaire

    certains

    intrts conomiques. Une

    rigoureuse slection mdicale et professionnelle tait impose, le choix

    tombait

    de

    prfrence

    sur

    les

    clibataires.

    L attitude

    ferme

    de

    M.

    Tuck a

    contribu amliorer un

    peu la

    situation.

    Si

    le plan de

    rpartition quitable

    envisag par les

    Nations

    Unies n a

    pas mme

    reu

    de

    commencement

    d application, les

    pays d accueil en ont accept

    cependant les principes

    :

    accueil ds familles

    tout

    entires,

    augmentation

    du nombre des immigrants.

    Au cours des derniers

    mois,

    les tats-Unis ont vot l admission de

    205 000

    rfugis et personnes dplaces,

    l Australie a

    accept de

    prendre

    200 000

    rfugis, premire tranche d un programme

    plus

    ambitieux ;

    le Canada est prt en prendre 100

    000.

    On espre

    ainsi

    disposer

    de

    500

    000

    personnes.

    L Organisation

    a

    pris

    des

    mesures

    pour acheminer

    cette

    anne 380 000 rfugis,

    et

    autant l anne suivante. Il

    est

    facile

    d imaginer

    ce que

    reprsente,

    du

    point de

    vue

    administratif

    et du

    point de

    vue

    tech

    nique

    un programme de

    cette

    envergure.

    (L Organisation

    dispose,

    par

    exemple,

    actuellement, de 30

    navires qui sillonnent sans arrt les mers.)

    La ralisation de

    ce

    programme sera extrmement longue. Les conditions

    qui

    figurent dans la

    loi amricaine

    sont telles qu elles

    rendent

    difficile

    l admission

    de tous

    les

    candidats

    l migration aux tats-Unis. De sorte

    qu il

    n est

    pas

    absolument sr qu en

    dpit

    des

    dcisions

    prises un

    pr

    ogramme

    de

    cette

    envergure

    puisse

    tre

    men

    bien

    dans

    un

    temps minimum.

    Est-ce dire

    que,

    si

    ce programme est

    excut, le problme des rfugis

    sera rgl? Certains faits

    interdisent d aller

    si loin.

    Le

    problme au dbut

    de 1949

    n est

    pas celui

    qui

    avait

    t tudi par l Assemble gnrale des

    Nations Unies en 1946. Le mandat

    que

    celle-ci avait

    fix

    tait prcis

    et

    limitait l activit de

    i O.

    R. I. aux seules personnes

    dplaces

    se

    trouvant

    en

    Allemagne

    du

    fait des vnements de

    guerre.

    Depuis, de

    Pologne et

    de

    Roumanie, plus

    de 200 000

    Juifs ont

    reflu

    sur

    l Allemagne,

    dont 125

    000

    se trouvent encore dans les centres d hbergement. Le rythme des arrives

    de

    rfugis

    politiques s est

    accru

    au

    cours de ces

    derniers

    mois,

    et

    parmi

    eux

    20 000 Tchques. L O. R. I.

    est donc

    aux prises

    avec

    de nouveaux pro

    blmes qui

    excdent

    largement

    son mandat

    et ses moyens.

    Pour concilier

    ses

    devoirs humanitaires avec une saine apprciation

    de

    ses ressources,

    I O.

    R.

    I. dut inaugurer une politique visant

    limiter l assi

    stancematrielle aux seules personnes se

    trouvant

    dans la dtresse. Cette poli

    tique a entran de longs

    et

    difficiles dbats au sein

    du

    conseil

    d administ

    ration

    e

    l Organisation.

    Quatre-vingt

    mille rfugis ont trouv

    ainsi le

    chemin

    des centres d hbergement au cours des

    six

    derniers mois.

    Il y a d ailleurs des cas o l Assemble gnrale des Nations Unies cre

    des organisations spciales, pour les rfugis

    arabes,

    par exemple.

    Cinq

  • 7/23/2019 Le Probleme Des Rfugis Devant l'Opinion - Revue P.E 1949

    6/7

    LE PROBLME DES RFUGIS 171

    cent cinquante

    mille

    rfugis arabes

    sont

    dans un

    tat

    de dtresse matrielle

    et

    morale

    absolument indescriptible. Tandis

    que

    l Assemble discutait

    ce

    problme, des tlgrammes arrivaient tous

    les

    jours

    Paris

    pour signaler

    que

    des

    enfants

    mouraient

    par

    dizaines.

    Un

    petit

    tat-major fonctionne

    Beyrouth, qui essaye de soulager

    leur

    misre

    effroyable. Parmi d autres

    problmes, je mentionnerai seulement encore

    celui

    des rfugis hindous.

    L ignorance

    ou

    la

    superstition ont fait fermer trop de

    portes.

    Ces per

    sonnes

    dplaces, ces

    victimes

    des

    rgimes totalitaires sont,

    contrairement

    ce que certains disent, des lments extrmement

    sains moralement

    et

    physiquement,

    et

    trs

    attachs

    aux principes dmocratiques. Au service

    de leurs convictions

    et

    de leurs esprances,

    ils

    apportent leur sant

    et

    leur

    jeunesse.

    Parmi

    les

    hommes, 24

    p. 100

    ont

    moins

    de

    dix-huit ans,

    61

    p. 100 ont

    de

    dix-huit

    quarante-cinq ans.

    Parmi les femmes,

    28

    p.

    100

    ont

    moins de

    dix-huit ans,

    57

    p. 1

    00

    sont ges

    de

    dix-huit quarante-cinq

    ans.

    Au point

    de vue

    professionnel,

    s il

    est vrai que

    nombre de spcialistes,

    mineurs,

    bcherons, sont dj partis pour diffrents pays d accueil dans des

    conditions qui

    n taient

    pas trs

    satisfaisantes,

    nous

    l avons

    vu,

    il reste,

    d aprs

    une tude

    systmatique

    laquelle nous

    avons

    procd

    rcemment :

    Ouvriers

    qualifis 28

    p.

    100.

    Agriculteurs

    22

    Employs

    de

    maison.. 12

    Professions librales 7

    La proportion des ouvrires qualifies

    est trs

    leve chez les femmes,

    particulirement dans

    le textile

    et la

    confection.

    Parmi les professions librales, je citerai

    3

    000 mdecins, 250 chirurgiens,

    200 chirurgiens-dentistes.

    N y a-t-il

    pas un dfi

    au bon sens dans

    le

    fait que ces centaines

    de

    milliers

    de personnes

    vivent,

    depuis

    bientt

    quatre

    ans,

    dans une

    oisivet force

    peu prs

    complte,

    qu elles consomment

    alors

    qu elles ne

    produisent

    rien

    dans

    une rgion du

    monde

    et

    une poque o

    tous

    les hommes et

    toutes

    les

    femmes devraient tre

    associs

    aux tches de

    la

    reconstruction

    et

    de

    la

    pro

    duction Les Nations

    Unies

    vont-elles se dclarer impuissantes librer

    ces

    gens? Il n est pas question pour eux de demeurer en Allemagne, o ils

    constitueraient,

    dans

    les

    conditions actuelles, un

    foyer

    de troubles dans une

    Allemagne surpeuple, encombre de ses propres

    rfugis.

    Sept millions

    de

    rfugis

    d origine

    allemande ont en effet trouv

    asile

    sur

    le

    territoire

    depuis

    la

    fin

    de

    la

    guerre,

    la

    suite

    des dcisions de

    Potsdam

    et

    de

    certaines

    dcisions prises unilatralement par

    diffrents

    pays.

  • 7/23/2019 Le Probleme Des Rfugis Devant l'Opinion - Revue P.E 1949

    7/7

    17 2

    FRANCIS BLANCHARD

    II

    importe que

    le problme des

    rfugis soit

    rgl

    non seulement

    au bnf

    ice

    es

    personnes

    en

    bonne

    sant, des

    producteurs,

    mais au bnfice

    de

    certaines

    catgories qui sont pour

    l instant tragiquement

    mprises, et

    parmi elles

    non

    seulement

    les intellectuels, mais encore les

    infirmes,

    les

    inaptes

    partiels

    ou totaux, les incurables,

    toutes

    personnes qui ne rpondent

    pas aux conditions

    fixes

    par

    les pays d accueil.

    En

    septembre 1948,

    Genve,

    au conseil gnral

    de

    l O.

    R.

    I., un grand dbat s est tenu, sur l ini

    tiative

    de

    la

    dlgation franaise,

    sur ces dernires

    catgories de gens inaptes

    physiquement.

    Un

    appel a t fait

    la conscience humaine et l opinion

    publique.

    Je tiens

    ici

    souligner que

    la France est

    certainement un des pays qui a

    fait le plus

    pour soutenir la

    cause

    des rfugis. Le problme des rfugis

    est en

    France

    un

    problme

    trs

    ancien.

    Pour

    ne parler

    que

    de

    l poque

    con

    temporaine je citerai l accueil des Russes

    blancs,

    des Armniens et des

    rpublicains espagnols. Si

    la

    France n a pris que 22 000 personnes dpla

    ces epuis

    le

    1er

    juillet

    1947, il

    ne

    faut

    pas oublier qu elle a recueilli prs

    de 600 000

    personnes

    avant

    cette dernire guerre et qu elle reoit

    tous

    les

    jours des

    rfugis

    politiques,

    en nombre

    important. Les

    initiatives prives

    se sont

    multiplies,

    et c est peut-tre en dfinitive la solution du problme ;

    le souci qui les inspire

    est

    celui qui

    doit

    inspirer l action nationale

    et

    inter

    nationale

    :

    redonner

    aux

    rfugis la

    condition

    qu ils ont

    perdue,

    la

    condition

    d hommes.

    Francis

    BLANCHARD.