Le Bateau Lavoir, la « rive gauche » nantaise Durant...

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Nombreuses furent les compagnies de spectacle qui firent rire aux éclats ou pleurer les Nantais de tous âges. Parmi celles-ci on peut citer : Le Clou, La Cloche, la Compagnie Francine Vasse, la troupe Couturier, le Théâtre Chabot, la Compagnie des Cigales, le Réveil Nantais, la Revue Delrue, Bonne-Garde, la Compagnie Nelly Daviaud, le Manteau d'Arlequin, Comœdia, Le Luth, Les Seize… et beaucoup d’autres, dont Royal de Luxe, qui perpétuent la tradition d’un théâtre populaire de qualité, en permanente évolution. Le Bateau Lavoir, la « rive gauche » nantaise D urant dix ans, de 1968 à 1978, un vrai bateau-lavoir fera cabaret à Nantes sur l'Erdre. Mouloudji, Jean-Marie Vivier, Hélène et Jean-François, Félix Leclerc, Tri Yann, Alan Stivell, Patrick Couton, le poète Henri Gougaud ou Gilles Servat… certains y ont PERSONNAGES PITTORESQUES 161 Gilles Servat et Patrig Lemasson au Bateau-Lavoir.

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Nombreuses furent les compagnies de spectacle qui firent rireaux éclats ou pleurer les Nantais de tous âges. Parmi celles-ci onpeut citer : Le Clou, La Cloche, la Compagnie Francine Vasse, latroupe Couturier, le Théâtre Chabot, la Compagnie des Cigales, leRéveil Nantais, la Revue Delrue, Bonne-Garde, la Compagnie NellyDaviaud, le Manteau d'Arlequin, Comœdia, Le Luth, Les Seize… etbeaucoup d’autres, dont Royal de Luxe, qui perpétuent la traditiond’un théâtre populaire de qualité, en permanente évolution.

Le Bateau Lavoir, la « rive gauche » nantaise

Durant dix ans, de 1968 à 1978, un vrai bateau-lavoir feracabaret à Nantes sur l'Erdre. Mouloudji, Jean-Marie Vivier,

Hélène et Jean-François, Félix Leclerc, Tri Yann, Alan Stivell, PatrickCouton, le poète Henri Gougaud ou Gilles Servat… certains y ont

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Gilles Servat et Patrig Lemasson au Bateau-Lavoir.

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brûlé leurs premières planches,rencontré leur premier public.« C'était un nouveau moyen d'ex-pression », expliquent Patrig etSoizig Lemasson, le couple qui atenu ce cabaret flottant. « À Paris, ily avait toute la clique rive gauche etrien en province. Pour les poètes etles chanteurs, on ne trouvait aucunlieu pour s'exprimer ». Alors, avecleurs petits bras et leurs grandesidées, les voilà à l'œuvre. Ils réamé-nagent ce bateau-lavoir en bar àmusique. Le « Bateau-Lavoir Les Balladins »s'installera à hauteur du 30 bd.

Van- Isghem et accueillera ainsi la fine fleur de la chanson française.Ce bateau-lavoir, le dernier en Bretagne, y est d'ailleurs toujoursancré, occupé par les mêmes propriétaires. Au milieu d'autrespéniches, on peut le découvrir en flânant sur la sympathique pro-menade qui longe l'Erdre.

La revue Bonne-Garde

La revue Bonne-Garde a fêté son cinquantenaire en jan-vier 1999. À l’origine de celle qui a fait (et fait encore) rire

des générations de Nantais, on tombe sur un certain MarcelGuého. Il crée la revue dans le vieux patronage situé salle duFrère-Louis, quartier Saint-Jacques. Les filles ne seront acceptéesqu'au début des années cinquante (!).

Marcel Guého tiendra les rênes de la troupe de 1948 à 1973,date à laquelle il rendra l’attelage à Yvon Laigle. La revue présen-te un nouveau spectacle satirique chaque début d'année, aprèscelui de « La Cloche ». Bonne-Garde n’a manqué son rendez-vousavec le public qu’une seule année, en 1943, lors des travaux deson cinéma toujours en activité de nos jours.

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Le théâtre Chabot et Guignol

En 1906, dans un palque (chapiteau sans bâche au-dessusdes spectateurs), situé sur les places Viarme, Bretagne ou

Waldeck-Rousseau, les Nantais découvraient des pièces dethéâtre telles que « Le Bossu » ou « Les deux orphelines », misesen scène et conçues par la famille Chabot, avec une vingtaine decomédiens.

Parmi les théâtres ambulants, celui de la famille Hubert etGeneviève Chabot était le plus important. L'une de leur petite fille,Marguerite, fille de Georgina Chabot, rencontrera en 1920 unacteur de la troupe, Edgar Créteur…

En 1938, les Créteur monteront une baraque en planches sur lecours Saint-Pierre. Ce fameux Guignol du cours, ancré à tout jamaisdans l'imaginaire des Nantais, connaîtra ses heures de gloire aprèsla Seconde guerre mondiale. Près de la cathédrale, de 1938 à 1966,il accueillera 200 marionnettes, 50 décors et pas moins de 600000spectateurs dont le petit et futur cinéaste Jacques Demy. Le théâtredes marionnettes rejoindra ensuite le quartier du Champ de Mars.Quel petit Nantais d'hier n'a pas assisté au tour du monde en ballonet en 80 jours du compatriote Jules Verne?

Monique Créteur et ses marionnettes

Monique Créteur, née à Vertou en 1931, un soir de repré-sentation, avait donc de qui tenir. Elle perpétue toujours

cette tradition et a fondé la Maison de la Marionnette à Nantes.« Aujourd'hui », écrit la journaliste Sarah Guilbaud dans Presse-Océan (6 décembre 1998), « Monique Créteur abrite ses trésors aufond d'une cour de la rue Paul Bellamy, où reposent, suspendus,Hansel et Gretel, le Petit Chaperon Rouge, la Belle et la Bête,Scapin…

Des marionnettes du milieu du siècle dernier. Et d'autres venuesdes Indes, de Ceylan, de Chine. Certaines voyagent encore ou sontexposées ». Et de conclure : « On se prend à rêver d'un petit castelet,installé au parc de Procé, au Jardin des Plantes, dans un square oudans une rue, pour voir renaître des marionnettes. Et Guignol ».

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La Cloche

« Pour chasser la mélancolie,Les soucis et les noirs chagrins,Si Nantes nous donne ses vins,La « Cloche » donne la folie ! »

Sur la photo ci-dessous, on aperçoit quelques pionniers decette revue aujourd’hui plus que centenaire. Tout à gauche,

on distingue la pianiste Geneviève Ricordel qui donna des cours àdes centaines d'enfants nantais. Cette image fait partie de la col-lection des filles de Joseph Peignon. On notera que leur papa allaitentrer à La Cloche dès 1907. Il n'avait alors que 19 ans…

C'est aux environs de l'église Sainte-Croix, sur le pont de la Belle-Croix très exactement, que démarre la légende. Le 8 janvier 1896,cinq Nantais viennent de poser les bases d'une revue artistique et

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littéraire ; ils lui cherchent encore un nom. Les douze coups deminuit du carillon de Sainte-Croix le leur fournit. « Et pourquoi pasLa Cloche, s'écria le président Poher? » La Cloche était née et suc-cédait ainsi au « Clou », une société créée par l'architecte Laffont, lebâtisseur de La Baule.

Les premiers revuistes de la Cloche furent Georges Péaud etAuguste Bouvron, au lendemain de la Première guerre mondiale.Les anciens présidents avaient pour nom Carbonnier, Vinet,Bagaud, Thibaudeau… On citera pêle-mêle : Aubernon père et fils,Guépin, Aubin, Riou, Bourasseau, Clavier, Chomaud pour l'écrituredes textes. Les chanteurs et chanteuses, Josette May, Malvine Grey,Sylviane Robert… Quand un artiste désirait être immortalisé enphoto, il allait dans le passage, en face Decré, dans les studiosBourgeois.

C'est J'Aubernon, qui, après avoir fait carrière dans la publicité,préside, pour le passage du millénaire, cette revue où se mêlenttoujours chansons, music-hall, sketches parodiant la vie de la villeet les actualités de l'année.

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C’est dans l’atmosphère enfumée du « Santeuil », près du passage Pommeraye, dans larue du même nom, que se réunissaient souvent « au sommet » les membres de La Clocheet tout ce que Nantes comptait d’artistes et de noctambules. C’était aussi la succursale desjournalistes de Presse-Océan, une annexe en quelque sorte de l’imprimerie.