L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

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L’approche relationnelle de soins : analyse ergonomique du travail auprès de préposés aux bénéficiaires afin de comprendre les déterminants de sa mise en œuvre Mémoire Amélie Lenelle Maîtrise en ergonomie sur mesure Maître ès arts (M.A.) Québec, Canada © Amélie Lenelle, 2016

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L’approche relationnelle de soins : analyse ergonomique du travail auprès de préposés

aux bénéficiaires afin de comprendre les déterminants de sa mise en œuvre

Mémoire

Amélie Lenelle

Maîtrise en ergonomie sur mesure

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

© Amélie Lenelle, 2016

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L’approche relationnelle de soins : analyse ergonomique du travail auprès de préposés aux

bénéficiaires afin de comprendre les déterminants de sa mise en œuvre

Mémoire

Amélie Lenelle

Sous la direction de :

Marie Bellemare, directrice de recherche

Louis Trudel, codirecteur de recherche

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Résumé

Ce mémoire de maîtrise présente les résultats de l’analyse ergonomique centrée sur

l’activité de quatre préposées aux bénéficiaires (PAB) travaillant dans trois centres

d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et ayant reçu la formation à

l’approche relationnelle de soins (ARS). L’hypothèse spécifique de ce projet est que des

facteurs de l’environnement de travail des PAB influencent la mise en œuvre des principes

enseignés lors de la formation à l’ARS.

Pour ce faire, une étude de cas en profondeur par observation in situ a été réalisée auprès

de quatre PAB. 44 soins d’hygiène en ont été extraits, puis analysés à l’aide d’une grille

d’objectivation de l’ARS. Des entretiens post-soin semi structurés ont été réalisés avec

chaque PAB, afin de recueillir leur perception du soin réalisé. Des entretiens

d’autoconfrontation ont complété l’étude.

Les résultats montrent que les éléments de l’ARS les plus souvent mis en œuvre sont

principalement reliés à la création de la bulle relationnelle et la communication alors que

ceux qui sont les moins souvent mis en œuvre concernent le toucher et le maintien des

capacités du résident. La connaissance préalable du résident ressort comme un facteur-

clé facilitant la mise en œuvre de l’ARS. Les PAB se soucient toujours de l’environnement

physique, mais elles le perçoivent comme un facteur nuisible à l’ARS, dont elles doivent

se préoccuper continuellement. Les contraintes temporelles perçues constituent pour

certaines une entrave à la mise en œuvre de l’ARS, alors que pour celles qui ont intégré

l’ARS dans leur quotidien, elle leur permet de gagner du temps.

Notre étude comporte toutefois certaines limites. Ainsi, certains éléments de la grille n’ont

pu être évalués étant donné le non accès aux dossiers des résidents. La grille

d’objectivation et le questionnaire post-soin se sont parfois avérés imprécis; les

verbalisations des PAB ont alors permis d’éclaircir les résultats bruts. Les outils pourraient

être plus sensibles à la mise en œuvre de l’ARS dans le travail réel.

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Table des matières

Résumé ............................................................................................................................................. iii

Table des matières ....................................................................................................................... iv

Liste des tableaux ........................................................................................................................ xi

Liste des figures .......................................................................................................................... xiii

Liste des photos .......................................................................................................................... xiv

Liste des acronymes ................................................................................................................... xv

Remerciements............................................................................................................................ xvi

INTRODUCTION............................................................................................................................. 1

Chapitre 1: PROBLÉMATIQUE ET QUESTION DE RECHERCHE.................................... 3

1.1. Le contexte des soins de longue durée................................................................ 3

1.2. Les approches de soins dites « axées sur la personne» (ASAP) ................ 5

1.2.1. Objectifs des ASAP ............................................................................................... 5

1.2.2. Démarches d’implantation des ASAP ............................................................ 6

1.2.2.1. Formation et conditions d’apprentissage ............................................ 6

1.2.2.2. L’adaptation de l’ensemble du contexte de soins ............................ 9

1.2.3. Évaluation des ASAP ......................................................................................... 11

1.2.4. Impacts documentés des ASAP .................................................................... 13

1.2.4.1. Impacts sur les résidents et la qualité des soins ........................... 13

1.2.4.2. Impacts sur les soignants .......................................................................... 15

1.3. L’Approche relationnelle de soins (ARS) ........................................................... 17

1.3.1. Origine de l’ARS .................................................................................................. 17

1.3.2. Objectifs de l’ARS ............................................................................................... 18

1.3.3. Formation à l’ARS ............................................................................................... 19

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1.3.4. Quelques données supplémentaires du projet PHARES ...................... 22

1.4. Questions de recherche ........................................................................................... 23

Chapitre 2: CADRES THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE DE L’ÉTUDE ................ 24

2.1. Cadre théorique : l'ergonomie centrée sur l'activité .................................... 24

2.1.1. Principaux concepts en ergonomie centrée sur l’activité .................... 25

2.1.1.1. La notion d’activité réelle ........................................................................ 27

2.1.1.2. Les notions de diversité et de variabilité ........................................... 27

2.1.1.3. Les notions de régulation et de marge de manœuvre ................. 28

2.1.2. Les modèles de référence ............................................................................... 29

2.1.2.1. Quelques modèles en ergonomie ......................................................... 29

2.1.2.2. Le modèle de Cloutier, adapté à cette recherche .......................... 32

2.2. Cadre méthodologique : l’analyse ergonomique du travail (AET)........... 34

2.2.1. Les observations directes en situation réelle de travail ......................... 34

2.2.2. Les verbalisations.................................................................................................. 35

2.2.3. L’autoconfrontation .............................................................................................. 36

Chapitre 3 : DÉMARCHE METHODOLOGIQUE ET PRÉSENTATION DU TERRAIN

DE L’ÉTUDE ................................................................................................................................... 39

3.1. Démarches de recrutement des participants ................................................... 39

3.1.1. Approbation éthique .......................................................................................... 39

3.1.2. Présentation du projet aux chefs d’unité .................................................. 39

3.1.3. Recrutement des soignants participants ................................................... 40

3.1.4. Recrutement des résidents ............................................................................. 41

3.2. Présentation du terrain de l’étude ....................................................................... 41

3.2.1. Caractéristiques de l’établissement et de sa clientèle ............................ 41

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3.2.2. Caractéristiques générales des différentes unités ................................. 43

3.2.3. Qu’est-ce qu’une unité prothétique? ........................................................... 43

3.3. Recueil des données .................................................................................................. 45

3.2.1. Échantillonnage des observations directes en situation réelle de

travail et des chroniques d’activité .........................................................................45

3.2.2. Verbalisations post-soin ................................................................................... 47

3.2.3. Entretiens d’autoconfrontation ...................................................................... 48

3.2.4. Bilan quantitatif sur les données recueillies ............................................. 49

3.4. Analyse des données ................................................................................................. 50

3.4.1. Réduction des données : choix des 44 soins d’hygiène ......................... 51

3.4.2. Analyse des chroniques d’activité à l’aide de la grille d’objectivation

de la mise en œuvre de l’ARS ....................................................................................... 52

3.4.2.1. Grille d’objectivation initiale ..................................................................... 53

3.4.2.2. Grille d’objectivation modifiée .................................................................. 54

3.4.3. Analyse des données d’observation à l’aide de la grille d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS ......................................................... 55

3.4.4. Analyse des données des verbalisations post-soin et des autoconfrontations ............................................................................................................. 55

Chapitre 4 : CONSTATS – 1ère partie : La situation de travail des PAB en CHSLD ........................................................................................................................................................... 57

4.1. Portrait des soignantes observées ....................................................................... 57

4.2. Caractéristiques des unités où se sont déroulées les observations ........ 58

4.2.1. Caractéristiques générales .............................................................................. 58

4.2.2. Caractéristiques de l’organisation des soins et du travail .................. 60

4.3. Les espaces de travail .............................................................................................. 62

4.3.1. Les chambres des résidents (individuelles et à deux) ......................... 63

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4.3.2. Les salles de bain (communes, à deux et seule) ................................... 65

4.3.3. La salle à manger et le salon des résidents ............................................. 66

4.3.4. Le bureau des soignants et les pièces connexes ................................... 67

4.4. Journée-type des PAB ............................................................................................... 68

4.5. Les principales tâches des PAB ............................................................................. 71

4.5.1. La toilette partielle ............................................................................................. 71

4.5.2. La toilette complète ........................................................................................... 71

4.5.3. La mise à la toilette et/ou le changement de protection sanitaire.. 72

4.5.4. L’aide aux repas .................................................................................................. 73

4.5.5. Les transferts de résidents ................................................................................ 75

4.5.6. Autres tâches .......................................................................................................... 75

4.6. Les outils de travail ................................................................................................... 75

4.6.1. Les outils de transmission d'information ................................................... 76

4.6.2. Les chariots de matériel de soins ................................................................. 77

4.6.3. Le bac de rangement des effets personnels des résidents ................ 78

4.6.4. Les outils aidant aux transferts des résidents ........................................ 78

4.6.5. Les chariots pour les repas ............................................................................. 80

Chapitre 5 : CONSTATS – 2ème partie : La mise en œuvre de l’ARS lors des

soins d’hygiène ............................................................................................................................ 82

5.1. Vue d’ensemble des soins d’hygiène observés .................................................. 82

5.2. Les éléments de l’ARS mise en œuvre lors des soins d’hygiène ................ 83

5.3. Les déterminants qui influencent la mise en œuvre de l’ARS ..................... 88

5.3.1. Le soignant et son équipe .................................................................................. 88

5.3.1.1. Le « profil ARS» de la PAB influence la mise en œuvre lors des soins .................................................................................................................................... 89

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5.3.1.2. Le travail en équipe: facilitant ou nuisible .......................................... 94

5.3.1.2.1. Le travail en équipe prescrit et le travail en équipe réel ......................... 96

5.3.1.2.2. Les stratégies observées lors du travail en équipe ................................. 97

5.3.2. Le résident ............................................................................................................. 100

5.3.2.1. Les caractéristiques du résident ............................................................ 101

5.3.2.2. La connaissance préalable du résident, un facteur clef pour la

mise en œuvre de l’ARS ............................................................................................. 102

5.3.2.2.1. Sources d’informations relatives à la connaissance préalable

du résident .................................................................................................................. 103

5.3.2.2.2. Les stratégies pour stimuler la collaboration du résident découlant de sa connaissance préalable ........................................ 108

5.3.3. L’environnement physique de travail .......................................................... 110

5.3.4. L’organisation des soins et du travail .......................................................... 111

5.3.4.1. La répartition des tâches et le travail prescrit ................................. 111

5.3.4.2. L’accès à l’information et les outils de communication ................ 113

5.3.4.3. Les contraintes temporelles .................................................................... 113

5.3.4.4. Les projets en cours ................................................................................... 114

5.3.4.5. La présence d’une tierce personne ...................................................... 114

5.4. Quelques effets observés de la mise en œuvre de l’ARS dans les soins 115

5.4.1. Effets sur les soignants ..................................................................................... 115

5.4.1.1. Satisfaction .................................................................................................... 116

5.4.1.2. Santé ................................................................................................................ 118

5.4.2. Effets sur les résidents ...................................................................................... 118

5.4.2.1. Comportement et collaboration ............................................................. 119

5.4.2.2. Autonomie ...................................................................................................... 119

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5.5. Conclusion ...................................................................................................................... 122

Chapitre 6 : DISCUSSION ..................................................................................................... 124

6.1. Portée de l'étude ....................................................................................................... 124

6.1.1 L'ARS est-elle mise en œuvre lors des soins ? ......................................... 124

a) L'ARS est très souvent mise en œuvre lors des soins d'hygiène ......... 124

b) Les soins prodigués sont satisfaisants du point de vue des PAB ......... 125

6.1.2 Quels sont les facteurs qui favorisent la mise en application de l'ARS

lors des soins ? .................................................................................................................. 125

a) La connaissance préalable du résident est un facteur-clé de la mise en

œuvre de l’approche. .................................................................................................. 126

b) Le travail d'équipe facilite la mise en application de l'ARS mais il peut

aussi être nuisible. ....................................................................................................... 126

c) L'environnement physique et organisationnel : plusieurs lacunes sont relevées ............................................................................................................................ 127

6.1.3 Autres constats : Des stratégies mises en œuvre par les PAB ........... 128

6.2. Limites de l’étude ..................................................................................................... 128

6.2.1. Restrictions liées à l’approbation éthique ............................................... 128

6.2.2. Diversité des soins et des contextes ......................................................... 129

6.2.3. Critique de certains outils de recueil de données ................................... 130

6.2.3.1. Questionnaire post-soin ............................................................................ 131

6.2.3.2. Grille d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS...................... 132

6.3. Réflexions de la chercheure ................................................................................. 133

6.3.1. L’accès à l’information au sujet du résident, et son amélioration . 134

6.3.2. Le développement de l’autonomie du résident ..................................... 135

CONCLUSION ............................................................................................................................. 137

Références bibliographiques ................................................................................................ 139

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Annexes ........................................................................................................................................ 149

Annexe A : Liste des publications du projet PHARES, suivie de l’article

scientifique publié par l’auteure du mémoire ............................................................ 150

Annexe B : Document de présentation aux chefs d’unité .................................... 160

Annexe C : Document de présentation aux soignants .......................................... 162

Annexe D : Dépliant explicatif sur la recherche ....................................................... 164

Annexe E : Formulaire de consentement .................................................................... 165

Annexe F : Chronique d’activité ..................................................................................... 173

Annexe G : Journal de bord – type ............................................................................... 175

Annexe H : Questionnaire post-soin ............................................................................. 176

Annexe I : Guide d’entretien d’autoconfrontation ................................................... 179

Annexe J : Grille d’objectivation de mise en œuvre de l’ARS initiale .............. 181

Annexe K : Liste des items maintenus de la grille d’objectivation de mise en

œuvre de l’ARS; Grille modifiée ..................................................................................... 185

Annexe L : Verbatims complets de l’avis des PAB concernant l’ARS ............... 186

Annexe M: Tableau des soins découlant de la toilette évaluative ou du SMAF ..................................................................................................................................................... 190

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Liste des tableaux

Tableau 1 : Facteurs de l’environnement de travail favorables à la mise en œuvre des ASAP selon les auteurs ............................................................................................................................ 10

Tableau 2 : Conditions organisationnelles favorables à l'implantation des ASAP selon différents auteurs, tel que recensé par Bellemare et al. (2015) ................................................... 11

Tableau 3 : Effets des ASAP sur les résidents et la qualité des soins ....................................... 14

Tableau 4 : Effets positifs et négatifs des ASAP sur les soignants selon les études recensées ...................................................................................................................................................... 16

Tableau 5 : Contenu de la formation à l’approche relationnelle de soins (tiré de Feillou et al., 2014) ........................................................................................................................................................ 21

Tableau 6 : Caractéristiques du terrain à l’étude .............................................................................. 42

Tableau 7 : Caractéristiques des différentes unités de travail des PAB observées ............. 43

Tableau 8: Bilan des observations réalisées et des épisodes de soins retenus pour analyse ........................................................................................................................................................... 50

Tableau 9: Répartition des 44 soins étudiés selon le motif de sélection à postériori et le contexte du soin .......................................................................................................................................... 52

Tableau 10: Profil sociodémographique des soignants ayant participé à l’analyse ergonomique ................................................................................................................................................. 57

Tableau 11 : Caractéristiques générales des différentes unités de soins de longue durée auxquelles appartiennent les PAB observées ................................................................................... 59

Tableau 12: Organisation du travail et des soins dans les différentes unités de soins de longue durée auxquelles appartiennent les PAB observées (I : infirmière et IA : infirmière auxiliaire) ....................................................................................................................................................... 61

Tableau 13: Quart de travail-type pour les trois différentes unités de l’établissement.......... 69

Tableau 14 : Répartition des toilettes analysées (n=44) selon le type, la PAB impliqué et le travail en équipe ou seule .................................................................................................................... 82

Tableau 15 : Items de la grille d’objectivation de l’ARS mis en œuvre dans les 44 soins d’hygiène observés, par ordre décroissant de fréquence (fr.) relative, et exemples ............. 84

Tableau 16: Fréquence relative moyenne de mise en œuvre de l’ARS lors des 44 soins selon un regroupement des items de la grille d’objectivation par thèmes ................................ 87

Tableau 17: Point de vue de chacune des PAB participantes sur l’ARS et temps écoulé depuis la formation ..................................................................................................................................... 90

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Tableau 18: Fréquence des réponses concernant la source d’information sur les résidents pour les 4 PAB ....................................................................................................................... 104

Tableau 19: Appréciation générale des PAB sur le déroulement du soin du point de vue de l’ARS pour les 44 soins observés ........................................................................................................ 116

Tableau 20: Fréquence et pourcentage des réponses concernant l’appréciation générale des soins observés pour l’ensemble des soins, les soins réalisés à deux et seule ............. 117

Tableau 21: Appréciation par la PAB du comportement et de la collaboration du résident durant le soin observé ............................................................................................................................. 119

Tableau 22: Répartition des soins observés (n=44) selon la position du résident lors du soin ................................................................................................................................................................ 121

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Liste des figures

Figure 1 : La personne en activité dans une situation de travail .................................................. 26

Figure 2 : Schéma à cinq carrés (tiré de Leplat et Cuny, 1977) ................................................. 30

Figure 3 : L’activité de travail (tiré de Guérin et al., 1997) ............................................................. 31

Figure 4 : Modèle de l’activité de travail et ses déterminants, adapté aux activités de soins d’hygiènes donnés par des soignants formés à l’ARS .................................................................... 32

Figure 5 : Modèle de Cloutier et al. adapté à cette étude, version finale incluant les principaux déterminants influençant la mise en œuvre de l’ARS, et ses effets .................... 122

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Liste des photos

Photo 1 : Exemple de chambre à deux lits sur une unité « standard » ..................................... 63

Photo 2 : Exemple d’une chambre individuelle sur une unité « standard » .............................. 64

Photo 3 : Exemple d’une chambre, individuelle, sur une unité prothétique .............................. 64

Photo 4 : Exemple d’une salle de bain individuelle sur une unité prothétique......................... 65

Photo 5 : Exemple d’une partie de salle de bain commune .......................................................... 66

Photo 6 : Exemple d’aide à l’alimentation ........................................................................................... 74

Photo 7 : Exemple d’un chariot de matériel utilisé par les PAB ................................................... 77

Photo 8 : Exemple d’un bac avec effets personnels ........................................................................ 78

Groupe de photos 9 : Différents outils aidant les soignants aux transferts des résidents : . 79

Groupe de photos 10 : Exemple de chariot et de plateau utilisés pour les repas .................. 80

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Liste des acronymes

- AMV : Approche milieu de vie

- ARS : Approche relationnelle de soins

- ASAP : Approche de soins dites axées sur la personne

- ASSTSAS : Association pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires sociales

- CHSLD : Centre d’hébergement et de soins de longue durée

- CSSS : Centre de santé et de services sociaux

- CSST : Commission de la santé et de la sécurité au travail

- CU : Chef d’unité

- I : Infirmière

- IA : Infirmière auxiliaire

- IRSST : Institut de recherché Robert Sauvé en santé et sécurité du travail

- MSSS : Ministère de la santé et des services sociaux

- PAB : Préposé aux bénéficiaires

- PDSB : Principe de déplacements sécuritaires des bénéficiaires

- PTI : Plan thérapeutique infirmier

- SLD : Soins de longue durée

- SST : Santé et sécurité du travail

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xvi

Remerciements

Cette aventure n’aurait pas pu avoir lieu sans le soutien inconditionnel de ma famille belge, de sang, et ma famille québécoise, d’adoption. Merci à chacun de vous, qui avez cru en moi à chaque étape, qui m’avez soutenue de façon inconditionnelle; Vous m’avez transmis cette force de caractère, cette envie de me battre jusqu’au bout! Merci à Bernadette et Guy, Christiane et Michel, Serge et Audette

Cette aventure n’aurait pas non plus avoir lieu sans la rencontre fabuleuse de Louis Trudel, ergothérapeute et ergonome, qui m’a suivie et épaulée dès mon arrivée au Québec, lors de mon équivalence de diplôme en ergothérapie. Vous m’avez transmis votre passion pour ces deux métiers et partagé votre immense bagage professionnel. Merci Louis

Cette aventure n’aurait pas existé sans le suivi sans relâche de Marie Bellemare, directrice hors pair, qui a été là du début à la fin de cette aventure, malgré la progression de celle-ci en dents de scie, causée par des pauses-bébé et les aléas de la vie. Vous avez trouvé les mots justes pour me guider, me ramener sur le chemin lorsque mon esprit se perdait, me transmettre votre vécu, me motiver et aussi me laisser prendre les pauses nécessaires. Merci Marie d’avoir toujours été là

Cette aventure n’aurait pas été aussi enrichissante si je n’avais pas rencontré tous ces ergonomes ou étudiants au sein du projet PHARES, mais aussi dans les cours, les couloirs, les colloques et congrès. Merci Annabelle, Isabelle, Johanne, Geneviève, Sylvie, Dominique, Daniel, Marie-Sol, Nathalie et Guy; Votre piqure a été contagieuse!

Cette aventure n’aurait pas pu se poursuivre sans la patience et la tolérance de ma petite famille, qui a été aussi courageuse que moi dans cette épreuve finale. Merci à Ludovic, Chloé, Mathéo et Corentin

Finalement, merci à tous mes amis, d’ici et d’outre-mer, qui ont suivi ma progression, et qui m’ont reboostée lors les creux ou les incertitudes!

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1

INTRODUCTION

Le contexte de travail actuel dans les centres d’hébergement et de soins de longue

durée (CHSLD) est caractérisé par un alourdissement de la clientèle et par une

difficulté de rétention du personnel, associés à d’importants et coûteux problèmes

de santé physique et psychologique. C’est dans ce contexte que de nouvelles

approches de soins se sont développées, dont celles dites "axées sur la personne".

Selon plusieurs études que nous développerons ultérieurement, ces approches

donnent des résultats intéressants.

L’approche relationnelle de soins (ARS) est une approche de ce type. Elle vise à

améliorer la qualité des soins autant que la santé des travailleurs, en misant sur

l’utilisation des capacités des résidents en CHSLD dans une perspective humaniste

et de respect de leur dignité. Cette approche a été diffusée de façon importante par

l'ASSTSAS (Association pour la santé et la sécurité du travail du secteur des

affaires sociales) dans les CHSLD mais n’avait toutefois pas été l’objet d’études

systématiques. C’est pourquoi, une première étude (exploratoire) a été mise sur

pied, le projet PHARES (Pratiques d’Humanisation par l’Approche RElationnelle de

Soins), qui a étudié le processus d’implantation de l’ARS dans les CHSLD au

Québec (Bellemare et al., 2015; liste complète des publications voir annexe A). Le

travail présenté dans ce mémoire s’inscrit dans cette recherche. D’autres travaux en

font aussi partie, tels que par exemples celui de Viau et al. (2013) et de Desrosiers

et al. (2014).

Le but de la présente étude est d'apprécier si l'ARS est mise en œuvre lors des

soins, par des préposées aux bénéficiaires ayant reçu la formation à l'approche.

L'étude consiste plus précisément à faire l’analyse ergonomique du travail de

soignants dans trois unités d'un CHSLD. Il sera ainsi possible de mettre en lumière

les éléments de la formation qui ont pu être intégrés au travail quotidien, de même

que les déterminants qui facilitent ou font obstacle à sa mise en application.

Le mémoire est divisé en six chapitres. Le premier chapitre traite de la

problématique du contexte de soins de longue durée et expose les résultats de la

recension des écrits effectuée sur les approches de soins dites axées sur la

personne, pour ensuite présenter l’ARS et énoncer notre question de recherche et

sa sous-question. Le second chapitre présente le cadre théorique en ergonomie

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2

centrée sur l’activité avec les principaux concepts et modèles utilisés, ainsi que le

cadre méthodologique qui a guidé cette étude. Le troisième chapitre précise la

démarche méthodologique et présente le terrain de l’étude. Les démarches de

recrutement des participants y sont expliquées, ainsi que les méthodes de recueil et

d’analyse des données. Les quatrième et cinquième chapitres présentent les

constats de l’étude en deux parties : les constats concernant la situation de travail

des soignants participant à l’étude et, ensuite, les constats concernant la mise en

œuvre de l’ARS lors des soins observés. Le chapitre six, quant à lui, porte sur la

discussion des résultats, où la portée de l’étude, mais aussi ses limites sont

abordées. Le chapitre se termine par une réflexion professionnelle, en tant

qu’ergothérapeute et future ergonome. Le mémoire se termine avec une conclusion

générale, suivie des références bibliographiques et de quelques annexes.

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Chapitre 1: PROBLÉMATIQUE ET QUESTION

DE RECHERCHE

Dans ce chapitre, nous nous intéressons tout d'abord au contexte de soins

de longue durée, pour ensuite traiter des approches de soins dites « axées sur la

personne » auxquelles s'apparente l'approche relationnelle de soins (ARS), objet de

la présente étude. Après une recension des écrits, l'approche étudiée sera

présentée et la question de recherche sera posée. Précisons que cette recension a

été principalement effectuée sur la base de données Webscience (mais aussi sur

googlescholar, PubMed etc.), pour la période allant de 1990 à 2008, puis une mise

à jour a été faite pour tenir compte des années 2008 à 2015. Les critères de

recherches principalement utilisés ont été les mots clefs : PAB/orderlies/patient care

attendants, ASAP/Person Centered (Care) Approach, gériatrie/geriatrics, soins de

santé/health care, soins d’hygiène, vieillissement/aging, soins longue durée/ long-

term care.

1.1. Le contexte des soins de longue durée

Dans un contexte de vieillissement de la population et d’accroissement du nombre

d’aînés en perte d’autonomie au sein de notre société, le système de santé s’efforce

de mettre en place des services de qualité aux aînés, notamment, au Québec, à

travers les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Le

contexte de travail actuel dans ces centres est caractérisé par un alourdissement de

la clientèle (Soulières et Ouelette, 2012; Bédard et al., 2005; MSSS, 2003) et par

une difficulté de rétention du personnel (Bédard et al., 2005), associé à d’importants

et coûteux problèmes de santé physique et psychologique (Shields et Wilkin 2006;

Vézina et al., 2011). De plus, la proportion de la clientèle présentant des atteintes

cognitives augmente (MSSS, 2003) et ces atteintes entraînent fréquemment des

problèmes de comportements (Cohen-Mansfield et Werner, 1999; Voyer et al.,

2005; Zeller et al., 2009) dits « agressifs » ou « perturbateurs ».

En effet, Winzelberg et al. (2005) rapportent que des symptômes psychologiques et

comportementaux de la démence seraient présents chez 55 à 85 % des personnes

hébergées en CHSLD. Ces comportements des résidents affectent non seulement

Page 20: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

4

leur propre qualité de vie (Winzelberg et al., 2005) et celle de leur entourage, mais

aussi celle des soignants (Brodaty et al., 2003; Evers et al., 2001; Hoeffer et al.,

2006).

Selon le rapport de Bellemare et al. (2015), « les soignants sont donc confrontés au

stress, à la surcharge de travail, au manque de temps, au manque de ressources,

de flexibilité et d’équipements, mais aussi à la précarité de la vie, aux

comportements agressifs de certains résidents, de leur famille ou des collègues

ainsi qu’à leurs propres limites ».

Au Québec, selon un sondage réalisé par l’Association pour la santé et la sécurité

du travail, secteur affaires sociales1 (l’ASSTSAS) (Viau-Guay et al., 2013;

Bigaouette, 2008), les problèmes de santé des travailleurs en CHSLD, tels que la

détresse psychologique, sont deux fois plus élevés que dans la population

québécoise. Les autres problèmes de santé et sécurité au travail recensés sont les

maux de dos chroniques, les accidents du travail et les agressions physiques.

L’ASSTSAS a donc développé dans les années 1980 un programme appelé

« Principes pour le déplacement sécuritaire des bénéficiaires » (PDSP) afin

d’enseigner aux soignants comment réaliser de façon sécuritaire des déplacements

de résidents en perte d’autonomie. Dans la pratique, l’ASSTASS a réalisé que leurs

principes ne répondaient plus aux besoins de formation des soignants. En effet,

ceux-ci étaient confrontés à des résidents ayant de plus en plus souvent des

atteintes cognitives qui perturbaient le bon déroulement des déplacements

sécuritaires, comme par exemple des comportements agressifs, et avaient un

impact sur la santé physique et mentale de ces soignants. L’ASSTSAS a donc

cherché à donner aux soignants des outils adaptés à cette préoccupation

grandissante: comment prévenir les comportements « agressifs », particulièrement

lors des soins d’hygiène (car ces soins sont ciblés comme générateurs de

problèmes de santé physique et mentale chez les soignants). Cette recherche de

1 L’ASSTSAS est une association sectorielle sans but lucratif, gérée par un conseil

d’administration paritaire et financée par les employeurs des établissements du secteur de la santé et des services sociaux, qui a pour mission d’offrir aux employeurs et aux travailleurs de son secteur des services de formation, d’information et de conseil professionnel en matière de santé et de sécurité du travail directement auprès des établissements.

Page 21: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

5

nouveaux outils a permis le développement de nouvelles approches de soins dites

« axées sur la personne» (ASAP) ou « person centered care ». Ces approches se

veulent une alternative ou un complément aux traitements pharmacologiques, et

visent la réduction des comportements perturbateurs des personnes atteintes de

démence (Kong et al., 2009; Cohen-Mansfield et Mintzer, 2005). L’ARS s’apparente

à ces nouvelles approches et s’en est inspirée.

Les deux prochaines sections de ce document vont faire un bilan des écrits au sujet

des ASAP et quelques données supplémentaires issues des écrits tout récents au

sujet de l’ARS émanant du projet PHARES.

1.2. Les approches de soins dites « axées sur la personne»

(ASAP)

Dans cette section, nous aborderons les différents aspects des ASAP (objectifs,

démarches d’implantation, évaluation), ainsi que leurs impacts sur les résidents et la

qualité des soins, de même que sur le soignants.

1.2.1. Objectifs des ASAP

Dans cette recension des écrits, il ressort que les approches de soins dites« axées

sur la personne» (ASAP) visent le maintien ou le développement d’un degré optimal

d’indépendance et d’autonomie chez les résidents (Davies et al., 1997; ITAC, 2001),

ainsi que la satisfaction de leurs préférences et de leurs besoins, en particulier les

besoins relationnels (tendresse physique, soutien verbal et émotionnel) et de dignité

(Hoeffer et al., 2006; Mickus et al., 2002).

En effet, tel que mentionné par Kitwood (2008), de telles approches sont basées sur

une conception « humaniste »2 des soins de santé, selon laquelle on doit

s’intéresser d’abord à la personne, à son expérience de vie et à ses capacités,

plutôt que de la caractériser uniquement par sa maladie ou sa démence. En soins

2 Définition du Larousse : Humaniste = qui met l’homme au centre de ses préoccupations

Page 22: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

6

de longue durée, ce principe se traduit par un ensemble de pratiques visant à la fois

à permettre aux résidents d’établir des relations (avec les autres résidents, avec les

soignants), d’être traités comme des personnes ayant une histoire de vie et des

intérêts qui leur sont propres, de vivre dans un environnement qui ressemble à un

milieu de vie et non à un milieu hospitalier (espaces physiques, organisation des

soins) ainsi que de pouvoir exprimer et voir respectés leurs préférences et leurs

besoins (McCormack, 2004).

Pour parvenir à maintenir ou développer l’autonomie et l’indépendance des

résidents ainsi que la satisfaction de leurs préférences et de leurs besoins, ces

approches s’appuient sur deux démarches complémentaires : l’acquisition de

compétences d’interaction physique et verbale par les soignants ainsi que

l’adaptation des pratiques de soins, de l’organisation du travail et de

l’environnement physique, pour répondre aux besoins des résidents et des

soignants. C'est ainsi qu'une étude d’Edvardsson et al. (2014) fait ressortir quatre

objectifs que doivent viser les soignants mettant en œuvre les ASAP : respecter la

prise de décision par le résident, un environnement significatif, un environnement

agréable et la personnalité des résidents. Par exemple, les suggestions concrètes

énumérées dans cette étude sont: offrir des choix au résident et les respecter, voir

le résident comme une personne importante/précieuse et écouter son histoire de

vie. Les résultats de cette étude rapportent notamment la connaissance de l’histoire

de vie du résident comme élément favorisant l’application des ASAP et supportant

l’idée que le résident est une personne capable de prendre des décisions valides.

1.2.2. Démarches d’implantation des ASAP

L'implantation d'une nouvelle approche de soins suppose une formation, des

conditions d'apprentissage adéquates, mais doit aussi s'accompagner de

changements dans le contexte de soins.

1.2.2.1. Formation et conditions d’apprentissage

Selon Baril-Gingras et al. (2007), la formation est l’une des mesures de prévention

auxquelles recourent le plus spontanément les employeurs. « On trouve dans les

écrits scientifiques des travaux qui confirment la contribution positive et essentielle

de la formation pour la prévention en santé et sécurité au travail, et qui donnent des

indications sur les facteurs favorisant son efficacité». Cependant, divers travaux

Page 23: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

7

suggèrent que « l’efficacité de la formation dépend entre autres des activités pré et

post formation, dont la réalisation dépend largement du milieu de travail. De plus, le

contexte dans lequel s’inscrit l’activité de formation aurait aussi un rôle déterminant

quant au transfert dans la pratique. »Les démarches d’ASAP comportent

généralement des activités de formation qui visent à outiller les soignants pour

pouvoir réaliser des soins où l’interaction résident-soignant est centrée sur la

dimension relationnelle et non uniquement sur le soin à réaliser. Le contenu de ces

formations porte à la fois sur des stratégies de communication verbale ainsi que sur

des stratégies d’interaction physique. De plus, selon Hoeffer et al. (2006), plusieurs

approches prévoient des mécanismes de suivi, de supervision ou de renforcement,

qui permettraient l’atteinte des objectifs d’apprentissage et de transfert dans la

pratique les plus probants et les plus durables (Bourgeois et al., 2004; Burgio et al.,

2002). Ce suivi peut prendre la forme de discussions de cas lors des réunions

d’équipes de travail (Buelow et al., 1998) ou encore celle d’un compagnonnage où

le formateur observe le soignant et lui fournit une rétroaction (Bourgeois et al., 2004;

Burgio et al., 2002) lui permettant de s’améliorer. Ekman et al. (2011), parlent

« d’établir des routines qui initient, intègrent et sauvegardent les ASAP dans la

pratique clinique quotidienne pour assurer que les ASAP soient systématiquement

et constamment mises en pratique, c’est-à-dire pas seulement lorsqu’on sent avoir

le temps». Les trois routines proposées dans cet article sont: 1) Initier le partenariat

en allant chercher les récits du résident; 2) Travailler le partenariat en prenant des

décisions d’un commun accord; et 3) Sauvegarder le partenariat en documentant

les récits du résident (par exemple au sujet de ses préférences, ses croyances et

valeurs).

Toujours selon Baril-Gingras et al. (2007), dans le cas de la formation :

Les processus de production de changements ont fait l’objet de réflexions particulièrement développées dans le domaine de la promotion de la santé. Green et Kreuter (1991) ont proposé le modèle PRECEDE-PROCEED (Predisposing, Reinforcing and Enabling Causes in Educational Diagnosis and Evaluation) dans lequel les comportements individuels et collectifs sont influencés par trois catégories de phénomènes : les facteurs prédisposant les comportements (comme les attitudes, les valeurs, les croyances…), les facteurs habilitants (comme les nouvelles habiletés, l’environnement, l’accessibilité des ressources, les politiques…) et les facteurs de renforcement (comme le support des pairs et des supérieurs). L’objectif des formations de prévention est d’intervenir sur les comportements, et parfois sur ces trois types de facteurs qui déterminent les comportements.

Page 24: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

8

Selon une étude menée par Fournier et al. (2004), il existe un écart entre la

formation et la pratique de travail et il en résulte des problèmes d’application des

connaissances et des retombées concrètes de la formation dans les milieux de

travail. Cette constatation introduit l’idée d’identifier de nouveaux moyens qui

favorisent un rapprochement entre formation et pratique, afin de contribuer à la

réalisation sécuritaire et efficace du travail.

Dans cette étude de Fournier, intervenir sur la situation de formation implique d’agir

de deux façons : premièrement, l’intervention propose des améliorations au plan

des conditions de réalisation de la formation comme aide à l’action et à

l’apprentissage en situation de formation ; deuxièmement, elle propose des

améliorations au plan du contenu de la formation comme moyen d’aider le

travailleur à affronter la réalité du travail. Intervenir sur la situation de travail signifie

d’aider, par différents moyens, le travailleur à agir de façon sécuritaire et efficace à

travers ses situations d’action. Ces moyens peuvent se matérialiser par du support

technique, des améliorations organisationnelles et de la formation continue au long

de la vie professionnelle.

L’objectif visé pour la formation est de connaître la formation actuelle pour la

conception et de cibler les stratégies efficaces et celles qui causent problèmes pour

agir et apprendre. En ce qui concerne la situation de travail, l’objectif est d’identifier

les aspects de l’activité à intégrer dans la formation et de cibler tant les situations

efficaces que celles plus problématiques pour assister l’opérateur dans son travail.

En effet, derrière un problème de formation, se cache un problème beaucoup plus

large de conditions de travail et de conditions de formation qui rendent plus difficiles

l’action et l’apprentissage. La formation à elle seule ne permettant pas de résoudre

le problème, la solution se situe alors dans une approche favorisant un ensemble

cohérent de moyens dont la formation n’est qu’une solution parmi d’autres. Cet

ensemble de moyens vise à intervenir autant sur les situations de formation que sur

celles du travail de manière à éliminer, à la source, les obstacles à l’efficacité et à

l’apprentissage. Comme il en sera question plus loin, en considérant l'implantation

de l'approche comme un projet organisationnel, l'ASSTSAS répond ici aux

conditions proposées par Fournier.

Selon Burgio et al. (2002) et Emilsson (2006), pour produire les effets recherchés et

transformer véritablement et durablement les pratiques en situation réelle, les

formations aux ASAP devraient s’inscrire dans des conditions d’apprentissage, de

Page 25: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

9

travail et organisationnelles favorables. Les conditions d’apprentissages favorables

seraient que la formation soit basée sur une analyse des besoins de formations

exprimés par les participants (Arnetz et Hasson, 2007) et adaptée à leurs

caractéristiques (styles d’apprentissage variés, sensibilités culturelles,

particulièrement dans les milieux urbains, degré de scolarité initiale (Aylward,

Stolee, Keat, and Johncox, 2003; Beck et al., 1999). De plus, un formateur formé

adéquatement est une condition importante (Beck et al., 1999). Enfin, les frais

d’inscription devraient être payés par l’employeur (Braun, Cheang, et Shigeta, 2005)

et les participants rémunérés durant la formation (CQVTSSQ, 2007; Braun et al.,

2005) et remplacés (CQVTSSQ, 2007; Lyne et al., 2006). Finalement, les soignants

devraient avoir accès à de la formation continue et à des possibilités de

perfectionnement.

1.2.2.2. L’adaptation de l’ensemble du contexte de soins

Selon les écrits recensés par Bellemare et al. (2015), l’implantation d’ASAP ne

s’appuie pas uniquement sur l’acquisition de compétences par les soignants mais

également sur une adaptation de l’ensemble du contexte de soins (pratiques de

soins, organisation du travail, environnement physique) de façon à ce que celui-ci

soit mieux adapté aux besoins et aux préférences tant des résidents que des

soignants. Cette adaptation devrait être portée par une préoccupation conjointe pour

la continuité des soins et pour les besoins des soignants (Cohen-Mansfield et

Bester, 2006). Enfin, l’environnement physique est également adapté (Hoeffer et al.,

2006; Glouberman et al., 2007), toujours dans la perspective qu’il s’agit à la fois

d’un milieu de vie pour les résidents et d’un milieu de travail pour les soignants.

Selon Cohen-Mansfield et Parpura-Gill (2007), les adaptations réalisées peuvent

porter sur les équipements utilisés (ex : serviettes douces pour le bain), la

décoration (normalisante, réduction des stimuli), l’environnement physique (chaleur,

éclairage) et la conception architecturale au sens large (organisation des unités et

interactions entre les différentes zones).

Dans son étude sur l’environnement de travail des ASAP, Sjörgen et al. (2014)

rapportent que les écrits étudiés font un lien étroit entre cet environnement de travail

et les ASAP et que certains éléments sont essentiels tels qu'un environnement

psycho-social positif, une organisation et un leadership soutenants. Sur ces

éléments essentiels, Wallin et al. (2012), arrivent à la même conclusion dans leur

Page 26: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

10

étude. A propos du rôle de leadership, Rokstad et al. (2015), concluent leur étude

en disant que les leaders doivent jouer un rôle de modèle actif, exposer une vision

claire et soutenir leur équipe dans leur processus de développement professionnel.

De plus, Emilsson (2006) rapporte que les conditions de l’environnement de travail

des soignants ont également une répercussion sur les retombées de l’implantation

des ASAP. Pour conclure, voici un tableau synthèse des facteurs de

l’environnement de travail favorables à la mise en œuvre des ASAP et les auteurs

qui les ont relevés:

Tableau 1 : Facteurs de l’environnement de travail favorables à la mise en œuvre des ASAP selon les auteurs

Facteurs favorables Auteurs

Reconnaissance salariale et non salariale adéquate

Stolee et al., 2005

Beck et al., 1999

Cohen-Mansfield et al., 2006

Harley, Allen, et Sargent, 2007

Avantages sociaux minimaux C. Beck et al., 1999

Contraintes temporelles faibles* Lyne et al., 2006

Weitzel, Robinson, Henderson and Anderson, 2005

Charge de travail (le ratio résidents-soignant, la répartition des résidents difficiles)

Cohen-Mansfield et al., 2006

Connaissance qu’a le soignant du résident

Cohen-Mansfield et al., 2006

Stabilité des affectations de soin

Cohen-Mansfield et al., 2006

Organisation du travail et possibilités de travail collectif (par exemple, la possibilité de réaliser un soin à deux soignants)

Cohen-Mansfield et al., 2006

Équipements de la chambre (ex : hauteur du lit)

Cohen-Mansfield et al., 2006

Environnement bâti de qualité (à la fois pour les résidents, leurs familles et les soignants)

Shaller, 2007

*: Notamment celles induites par des procédures (ex: avoir habillé tous les résidents avant le déjeuner) et les caractéristiques des résidents (en fauteuil roulant ou non, type de vêtement utilisé, avec velcro ou non, etc.).

Finalement, à un niveau plus macroscopique, Bellemare et al. (2015) abordent en

détails les conditions organisationnelles, qui ont également un effet notable sur la

Page 27: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

11

réussite de l’implantation des ASAP. Selon les écrits scientifiques recensés, pour

que l’implantation de telles approches soit optimale, il faudrait retrouver les

éléments apparaissant au tableau 2.

Tableau 2 : Conditions organisationnelles favorables à l'implantation des ASAP selon différents auteurs, tel que recensé par Bellemare et al. (2015)

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1996

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Sto

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et

al.,

2005

Encadrement de qualité par les supérieurs immédiats

v v

Soutien et engagement de la haute direction

v

Intégration de l’approche à la mission de l’organisation

v v v v

Réflexion, apprentissage et évaluation en continu

v v

Communication constante des progrès aux employés, aux résidents et proches

v v

Dégagement de ressources suffisantes

v

v

Échange de connaissances avec d'autres services ou organismes

v

Mesures favorisant la participation des résidents et de leur famille à toutes les étapes d’implantation

v

Mesures favorisant la participation des résidents et de leur famille ainsi que de l’ensemble du personnel (y compris le personnel à temps partiel) à la démarche d’implantation

v

1.2.3. Évaluation des ASAP

Dans les écrits étudiés, l’évaluation des ASAP porte rarement sur des résultats

concernant la mise en œuvre effective des compétences en milieu de travail,

notamment par des observations lors des soins. À cet égard, il semble que la

réalisation d’entrevues avec des soignants et des gestionnaires impliqués dans ces

projets permettrait de documenter les stratégies déployées pour faciliter

Page 28: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

12

l’implantation et relever les défis rencontrés (Johnson et al., 2005). De plus, les

études qui visent l’évaluation des connaissances acquises en formation s’appuient

généralement sur des dispositifs de recherche de type pré et post formation

(randomisés ou non, avec ou sans groupe témoin). Plus rarement, ces études

visent à mesurer non seulement les connaissances acquises mais également les

habiletés développées (Braun et al., 2005) ou encore le processus d’apprentissage

lui-même (Hansebo et Kihlgren, 2001).

En ce qui concerne la transposition des compétences acquises en formation en

situation réelle de travail, il ressort des écrits que cette dimension fait plus rarement

l’objet d’analyses (Beck et al., 1999) alors que plusieurs études indiquent pourtant

qu’à une acquisition de savoirs en situation de formation ne correspond pas

nécessairement une transformation des comportements en situation réelle

(Bourgeois et al., 2004; Aylward et al., 2003; Chao, 2005; Berthelette et al., 2001).

On peut aussi lire qu’une telle analyse en situation de travail devrait être réalisée

non seulement après la formation mais devrait aussi comporter un suivi évaluant la

durabilité des transformations dans le temps (par exemple trois ou six mois plus

tard), ce qui est rarement le cas (Bourgeois et al., 2004; Aylward et al., 2003; Beck

et al., 1999). Lorsqu’elles cherchent à évaluer la mise en œuvre de l’approche en

milieu de travail, les recherches procèdent 1) par un questionnaire d’auto-évaluation

complété par les soignants en situation de travail (Hoeffer et al., 2006; Boumans et

al., 2005) portant sur des variables telles : sentiment d'être bien préparé pour

réaliser le soin; évaluation de l'impact des comportements d’agitation des patients

sur leur capacité à réaliser le soin ; émotions ressenties ; 2) par des observations

directes des soins en situation réelle visant l’objectivation (en temps réel ou par

enregistrement vidéo) et l’évaluation de la concordance des comportements du

soignant avec ceux qui sont attendus (Hoeffer et al., 2006; Burgio et al., 2002;

Engelman et al., 2003), notamment (mais pas uniquement) du point de vue des

interactions verbales (nature et occurrence des instructions données au résident,

ton utilisé, directivité plus ou moins grande, contenu psychosocial, etc.) (Bourgeois

et al., 2004; Carpiac-Claver et al., 2007; Williams et al., 2005) ou encore 3) par des

groupes de discussion permettant aux soignants et aux gestionnaires d’analyser

collectivement les conditions de travail et organisationnelles favorables ou

défavorables à la mise en œuvre des compétences de soins (Stolee et al., 2005;

Cohen-Mansfield et al., 2006). Par ailleurs, il ressort des écrits que l’analyse de

cette mise en œuvre en milieu de travail devrait porter non seulement sur les

Page 29: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

13

comportements individuels mais aussi sur les conditions de travail et les

caractéristiques organisationnelles favorables ou non favorables à celle-ci. De fait,

même si la majorité des études soulignent l’importance de ces conditions favorables

(Stolee et al., 2005; Aylward et al., 2003; Beck et al., 1999; Boumans et al., 2005;

Dunberry et Péchard, 2007), peu d’entre elles s’y attardent. Des données

qualitatives seraient notamment nécessaires pour documenter les changements

organisationnels et ainsi comprendre le succès ou l’insuccès de l’implantation des

ASAP.

On retiendra donc ici que très peu d'études ont documenté la mise en œuvre des

ASAP par des observations directes des soins comme le permet l'analyse

ergonomique du travail.

1.2.4. Impacts documentés des ASAP

Selon toutes les études recensées et étudiées ici, les impacts des ASAP ne font pas

l’unanimité. Les études portant sur les effets recherchés sur les résidents et la

qualité des soins ne concluent pas toutes à la réduction des problèmes de

comportements ou à l’amélioration du bien-être des résidents; Les effets sur les

soignants peuvent ressortir comme négatifs. C’est ce que nous développerons dans

les points et tableaux suivants.

1.2.4.1. Impacts sur les résidents et la qualité des soins

Les résultats des recherches sur les effets de l’implantation d’ASAP ne font pas

l’unanimité quant à la réduction des problèmes de comportements ou à

l’amélioration du bien-être de résidents en soins de longue durée. Si plusieurs

études montrent des impacts positifs (par exemples les études de Mickus et al.

(2002) et de Sloane et al. (2004)), d'autres ne montrent pas d'effets (comme par

exemple l’étude de Beck et al. (2002)), tel que présenté dans le tableau 3.

En 1999, Opie, Rosewarne et O’Connor ont publié une revue systématique des

études des dix années précédentes sur les stratégies non-pharmacologiques pour

réduire les comportements perturbateurs de résidents. Malgré les limites

méthodologiques des 43 études recensées, dont 27 ont été qualifiées de pauvres,

ces chercheurs concluent à l’efficacité de diverses stratégies, dont la formation des

soignants et les modifications environnementales. La revue des écrits publiée par

Landreville et collaborateurs (2006) abonde dans le même sens : les auteurs

Page 30: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

14

suggèrent même que la formation aux soignants et les modifications de

l’environnement sont les approches les plus efficaces selon les études recensées, le

plus souvent des études quasi-expérimentales. Toutefois, plus récemment, à l’issue

de leur méta-analyse n’incluant que des essais cliniques randomisés, Kong et ses

collaborateurs (2009) soutiennent qu’une seule intervention non pharmacologique

liée aux ASAP (à savoir les « sensorial interventions ») permet de réduire

significativement les comportements perturbateurs des personnes âgées atteintes

de démence. Selon cette dernière méta-analyse, la formation des soignants, la

modification de l’environnement et l’utilisation d’activités, entre autres, n’auraient

pas d’effets bénéfiques à ce niveau.

Tableau 3 : Effets des ASAP sur les résidents et la qualité des soins

Auteurs Méthode Effets constatés Effets recherchés non

constatés

Beck et al. (2002) essai clinique

randomisé

Amélioration des

affects

Réduction des

comportements

perturbateurs

Sloane et al.

(2004)

dispositif

croisé

randomisé

Réduction de

l’agressivité et

l’agitation

-

Boumans et al.

(2005)

dispositif de

recherche

quasi-

expérimental

-

Augmentation du bien-

être Satisfaction des

résidents

Matthews, Farrell

et Blackmore

(1996)

Sans groupe

témoin

Réduction de

l’agitation verbale -

Mickus et al.

(2002) -

Diminution de la

fréquence des

comportements

perturbateurs

-

En conclusion, l’effet de l’implantation d’approches centrées sur la personne

présentant des déficits cognitifs sur la réduction des comportements perturbateurs

est loin d’être uniforme et concluant d’une étude à l’autre. De façon générale, les

études utilisant un dispositif de recherche rigoureux, comme l’essai clinique

randomisé, ne permettent pas de conclure à leur efficacité, sauf les approches

« sensorial interventions », qui ont démontré clairement un effet de réduction sur les

comportements perturbateurs, tel que cité plus haut).

Page 31: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

15

1.2.4.2. Impacts sur les soignants

Les impacts de l’implantation de telles approches de soins sur les soignants ne font

pas non plus consensus. Tel que détaillé dans le tableau 4, plusieurs études font

ressortir des effets positifs sur les soignants, que ce soit au niveau d’une diminution

du stress au travail et ses sources, du risque d’agression, du risques de troubles

musculo-squelettiques (TMS), du taux de roulement, du stress au travail ainsi que

ses sources et de l’épuisement professionnel; ou d’une augmentation de la

satisfaction personnelle et professionnelle et enfin d’augmenter la confiance et la

capacité à gérer des comportements d’agitation.

Par contre, d’autres études ont démontré la présence d’effets négatifs des ASAP

sur les soignants au niveau de la santé physique et mentale, et de la présence de

dilemmes ou contraintes. En effet, il ressort que les soignants sont parfois

confrontés à un dilemme entre leur rôle de professionnel à l’écoute des demandes

du résident et leur rôle de stimulation de l’autonomie et des capacités résiduelles du

résident; ces deux rôles vont parfois à l’encontre l’un de l’autre et alimentent les

dilemmes vécus par les soignants, qui peuvent engendrer un impact négatif sur leur

santé mentale.

Enfin, il faut toutefois prendre en compte dans la différence de tous ces résultats les

méthodes variées utilisées dans ces différentes études et de leurs objectifs propres,

non répertoriés ici qui influencent les résultats présentés.

Page 32: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

16

Tableau 4 : Effets positifs et négatifs des ASAP sur les soignants selon les études recensées

Auteurs et sujet étudié

Effets positifs sur les soignants

Effets négatifs sur les soignants

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Matthews, Farrell, et Blackmore (1996)

- - - - - - v - - -

Hoeffer et al. (2006); - - v - - - v - - -

Sloane et al. (2004) - - - - - - v - - -

Cohen-Mansfield et al. (2006)

- - - - - v - - - -

Hoeffer et al. (2006) - v - - - - - - - -

Shanti et al. (2005) - v - - - - - - - -

Edvardsson et Sandman (2003)

v - - - - - - - - -

Cohen-Mansfield et Bester (2006)

v v - - - - - - - -

Buelow, Winburn, et Hutcherson (1998)

v v - - - - - - - -

McCallion, Toseland, Lacey and Banks (1999)

- v - - - - - v - -

Wallin et al. (2012) v - - - - - - - v -

van den Pol-Grevelink et al. (2012)

v v - - - - - - - -

Drach-Zahavy (2009) - - - - - - - - v v

Schoot, Proot, Legius, Ter Meulen and De Witte (2006)

- - - - - - - - - v

Glouberman et al. (2007) - - - - - - - - v -

Dilley et Geboy, 2010 v - - - v - - - - -

McCormack et al., 2010 v - - - v - - - - -

McKeown et al., 2010 v - - - - - - - - -

Jeon et al., 2012 - - - v - - - - - -

Pour conclure cette section sur les connaissances des ASAP, il ressort que l’étude

ergonomique de soignants telle qu’elle est prévue pour cette présente étude puisse

probablement confirmer ou infirmer l’influence de plusieurs éléments de

Page 33: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

17

l’environnement de travail nommés ci-haut sur la mise en œuvre réelle de l’ARS.

Peut-être que cette présente étude pourra apporter des éléments nouveaux,

complémentaires ou supplémentaires et ainsi faire avancer les connaissances sur

l’ARS. Cette recension des écrits sur les ASAP va permettre d’orienter la recherche

ici présente.

1.3. L’Approche relationnelle de soins (ARS)

La recherche proposée ici s’intéresse à l’une de ces ASAP, l’approche relationnelle

de soins, ou ARS. Dans cette section, nous allons aborder l’origine de l’ARS, ses

objectifs et décrire le contenu de la formation.

1.3.1. Origine de l’ARS

Cette approche a été principalement développée sur la base de la formation intitulée

« La manutention relationnelle », conçue par Yves Gineste et Rosette Marescotti (à

la base diplômés universitaires en psycho-gérontologie en France). Tel qu’expliqué

sur leur site internet3, ceux-ci ont monté cette formation suite à leurs observations

du travail de soignants. Ces observations leur ont permis d’en ressortir les façons

de faire développées par les soignants qui combinaient des manutentions

sécuritaires tout en créant une relation avec le résident. La formation qui en découle

est une approche humaniste des soins : « Pour passer de la médecine

« vétérinaire » à une rencontre des « humanitudes4 », nous avons développé la

« philosophie de l'humanitude », basée sur l'approche émotionnelle et le respect

des droits de l'homme ». Les auteurs décrivent « l’humanitude » comme ceci :

« Pour rester en relation avec ces personnes « âgées » et partager avec elles

émotions et sentiments, il faut un prendre-soin fondé sur toutes les caractéristiques

qui permettent aux hommes de se reconnaître les uns les autres : l’humanitude ».

3 Source : www.cec-formation.net.pageperso_orange.fr (17 juillet 2014), http://www.igm-formation.net (14 avril 2016)

4 Le mot « humanitude » a été créé initialement par Freddy Klopfenstein (Humanitude, essai, Genève, Ed. Labor et Fides, 1980)

Page 34: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

18

A travers leurs observations, Yves Gineste et Rosette Marescotti se sont en effet

aperçus que « plus de 90% des gestes effectués en manutention sont inutiles, et

qu’au contraire, la toilette pouvait devenir l’acte soignant principal permettant de

conserver la santé des patients ». De plus, les auteurs rappellent qu’être soignant,

c’est « prendre soin d’une personne unique en essayant de l’aider à conserver sa

santé, et si possible à l’améliorer. C’est aussi se montrer solidaire, c’est-à-dire

prendre en compte d’une manière active le patient et ses problèmes ». Les auteurs

rajoutent l’importance de la toilette, ainsi que « ses objectifs sous-jacents : l’hygiène

mais aussi la communication verbale et non verbale, la réadaptation, la prévention

des dégradations (escarres, plaies, rétractions, syndrome d’immobilisme), le confort

du patient et du soignant, l’aspect économique et l’évaluation (observation et recueil

d’informations) ». Selon Gineste et Pellissier (2005 :193-194), « l’humanitude » « est

une philosophie de soins qui est avant tout une philosophie du lien, (…) pour ne

jamais oublier ces précieuses caractéristiques qui permettent à un humain de se

sentir quelqu’un et de le rester dans le regard de ses semblables ».

L’ARS a donc été développée en s’inspirant de la philosophie de soins de

« l’humanitude » dont nous venons de parler. L’ARS a été diffusée au Québec par

l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires

sociales (ASSTSAS) dans les établissements de soins de longue durée à partir de

2002. Elle s’insère dans le courant des approches de soins axées sur la personne

(Cohen-Mansfield et Mintzer, 2005; Kitwood, 2008). Depuis 2002, 35 établissements

ont implanté cette approche dans 73 sites et formé 162 formateurs, qui sont

maintenant accrédités pour donner la formation à leurs pairs. En effet, l’ASSTSAS

propose aux établissements de soins de longue durée de faire de cette approche un

véritable projet d’organisation en formant des formateurs internes aux

établissements qui, à leur tour, formeront l’ensemble de leurs collègues. Cette

approche s’inscrit dans la transformation des milieux de soins prolongés en milieux

de vie substitut, tel que le préconise le Ministère de la santé et des services sociaux

(MSSS, 2003).

1.3.2. Objectifs de l’ARS

L’approche relationnelle de soins vise à contribuer à une plus grande satisfaction au

travail et à l’amélioration de la santé et de la sécurité du travail des soignants,

notamment via la diminution des comportements perturbateurs des résidents

(Poulin, Bleau et Gineste, 2004; Poulin, 2005). Pour ce faire, l’ARS propose un

Page 35: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

19

ensemble de pratiques de soin (voir cahier du participant à la formation à l’ARS -

ASSTASS, 2007) permettant à la fois d’assurer une relation respectueuse avec les

résidents et de maintenir le plus longtemps possible leur autonomie lors des

activités de la vie quotidienne (Poulin, Bleau et Gineste, 2004; Poulin, 2005).

Cette approche préconise donc une relation de soins axée sur la personne en

s’appuyant sur les valeurs suivantes : (Gineste et Pellissier, 2005)

L’autonomie du résident

Le respect du résident et l’adaptabilité de/à celui-ci

La « Philosophie de l'humanitude »:

rapprocher le soignant et le soigné dans leur « humanitude », améliorer

les soins et le prendre soin des personnes en établissement et à

domicile, et accompagner ainsi les personnes âgées dans la tendresse

et le respect de l'autonomie, debout, jusqu'à la fin.

De plus, l’ARS vise aussi le développement de compétences chez les soignants tout

en leur assurant de meilleures conditions de réalisation des soins, tant sur le plan

physique que psychologique. N’oublions pas de souligner qu’une relation de soins

axée sur la personne telle que le préconise l’ARS est bénéfique pour le résident,

mais elle l’est aussi pour le soignant concerné, ce qui a un impact sur la santé de

celui-ci.

1.3.3. Formation à l’ARS

Le programme de formation consiste en une formation de base dispensée à un

groupe composé de dix soignants volontaires et d’un chargé de projet (six des dix

soignants savent qu’ils deviendront formateurs), selon trois étapes (Feillou et al.

2014) :

Un enseignement théorique hors situation de travail (deux jours),

entrecoupé de démonstrations en situations réelles de soins (telles que

des présentations interactives, du partage d’expérience, des

visionnements de vidéos ainsi que des démonstrations réalisées auprès

de résidents dans les unités de soins);

Une étape de «compagnonnage», au cours de laquelle chacun des

participants réalise deux soins en étant assisté par le formateur et

Page 36: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

20

partage une rétroaction avec lui; Cette étape visant le développement

d’habiletés pratiques pouvant être mises en œuvre en situation de soin;

Une rencontre de «consolidation» lors de laquelle les participants et des

cadres de l’établissement font le point sur les acquis et sur les suites à

donner dans l’établissement (trois heures).

Pour les futurs formateurs, la «formation de formateurs» qui vise

l’acquisition de compétences d’enseignement et de supervision de soins

(trois jours). Les formateurs sont ensuite chargés de déployer l’approche

en dispensant la formation de base à leurs collègues de l’établissement.

Selon le rapport de Bellemare et al. (2015) et tel qu’indiqué dans le tableau 5 :

Ces activités d’apprentissage concourent à trois principales visées. La première est de nature affective puisqu’elle vise à faire adopter aux personnes formées une posture relationnelle. Les deux autres visées sont de nature pratique, puisqu’elles visent à outiller les soignants formés à réaliser un soin relationnel d’une part, et, d’autre part, sélectionner et mettre en œuvre, individuellement et avec l’équipe de soins, des pratiques de soins favorisant l’autonomie du résident ou de la résidente.

Page 37: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

21

Tableau 5 : Contenu de la formation à l’approche relationnelle de soins

(tiré de Feillou et al., 2014)

Visée de formation

Principaux contenus

Adopter une posture relationnelle

Connaissances déclaratives

Principe de « l’humanitude », c.-à-d. préserver dans le soin ce qui est propre à la nature humaine, incluant la posture debout

Valeurs dans le soin : tendresse, dignité, autonomie, respect des besoins et des préférences

Réaliser un soin relationnel

Connaissances déclaratives

Processus de traitement de l’information chez les résidents (traitement des informations tactiles, mémoire, etc.)

Principes et effets de la communication

Effet Pygmalion (influence des attentes d’une personne sur le comportement d’une autre personne)

Habiletés pratiques

Mettre en œuvre l’approche initiale, i.e. entrer en relation dès le début du soin (se présenter, toucher, regarder la personne dans les yeux)

Stratégies verbales (annoncer ses gestes et les décrire au fur et à mesure; donner des consignes claires et positives; éviter la communication paradoxale; offrir des choix réalistes; faire du renforcement verbal)

Stratégies tactiles (toucher doux; abandon des prises en pince; techniques de massage pour les rétractions musculaires)

Stratégies permettant de demeurer centré sur le résident lors du travail en équipe

Favoriser l’autonomie du résident ou de la résidente

Connaissances déclaratives

Bienfaits du maintien de la capacité à se tenir debout, même quelques minutes par jour

Principe d’adaptabilité, i.e. s’adapter aux besoins, aux préférences et aux capacités des résidents

Habiletés pratiques

Définir, en équipe, la manière de prodiguer les soins en fonction des capacités et des besoins des résidents

Tenir compte des rétroactions des résidents lors des soins

Encourager les résidents à participer à leurs soins, dans la mesure de leurs capacités

Page 38: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

22

Maintenant que nous avons situé le contexte des soins aux personnes en perte

d'autonomie, que nous avons fait le point sur les approches de soins centrées sur la

personne et ce que nous savons de celles-ci et nous avons décrit en quoi consiste

l'ARS, nous sommes en mesure de formuler notre question de recherche.

1.3.4. Données supplémentaires du projet PHARES

Le projet PHARES, dont cette étude fait partie, a publié plusieurs documents

récemment (voir annexe A), dont certains éléments supplémentaires nous

intéressent ici.

Tout d’abord, l’étude de Desrosiers et al. (2014), dont le thème est « l’exploration de

l’association entre le degré de mise en œuvre de l’ARS et les comportements des

résidents lors des soins » démontre que le degré de mise en œuvre de l'ARS dans

les soins observés est estimé à 86,6% par des observateurs externes. De plus,

dans cette étude, il a été demandé aux soignants de se donner eux-mêmes un

score de degré de mis en œuvre pour ces mêmes soins. Ce score s’élève à 86.3%,

ce qui correspond au score donné par les observateurs externes. De plus, cette

étude fait le constat que le toucher serait une portion de la bulle relationnelle qui

serait moins souvent présente.

Ensuite, l’étude de Viau et al. (2013), dont le sujet est « l’analyse de questionnaires

post-formation de l’ASSTAS », rapporte que les soignants, lorsqu’ils sont interrogés

sur la stimulation et le maintien de l'autonomie du résident un mois après la

formation, jugent ces éléments comme étant les plus difficiles à intégrer dans leur

travail quotidien.

Page 39: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

23

1.4. Question de recherche

La recension des écrits nous a fait découvrir que la transposition des compétences

acquises en formation en situation réelle de travail fait rarement l’objet d’analyses

(Beck et al., 1999). Pourtant, plusieurs études indiquent qu’à une acquisition de

savoirs en situation de formation ne correspond pas nécessairement une

transformation des comportements en situation réelle (Bourgeois et al., 2004;

Aylward et al., 2003; Chao, 2005 et Berthelette et al., 2001). Nous souhaitons donc

vérifier si les apprentissages prévus par la formation à l’ARS sont présents lorsque

les soignants réalisent des soins, et ce qui influence cette présence ou non.

L’objectif principal de cette étude est donc, à l’aide de l’analyse ergonomique du

travail, d’observer les éléments de l’ARS mis en œuvre par les PAB formées lors

des soins d’hygiène en milieu réel de travail, d’en comprendre les déterminants, et

de mettre au jour les conditions de travail et organisationnelles favorables ou faisant

obstacle à l’implantation de l’ARS. Le déterminant est d’ailleurs vu par St-Vincent et

al. (2011) comme un «élément de la situation de travail qui est à l’origine de la

manière dont la personne réalisera son activité ».

La base de travail qui sert de point de départ à ma démarche de recherche est la

suivante : Lorsque les soignants tentent de mettre en pratique les principes

enseignés lors de la formation dans leur activité de travail, ils font face à des

difficultés qui déterminent leur mise en œuvre de certains des éléments enseignés

de l’ARS plutôt que d’autres.

Notre question de recherche est ainsi formulée: Dans quelle mesure les PAB en

CHSLD ayant reçu une formation à l’ARS mettent-ils en œuvre les éléments

enseignés dans leurs situations réelles de travail et quels sont les

déterminants influençant cette mise en œuvre?

De plus, à travers cette étude, nous avons aussi voulu répondre à la sous-question

suivante : Quel est le degré de satisfaction des PAB participantes face aux

soins donnés et à leur déroulement du point de vue de l’ARS?

Page 40: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

24

Chapitre 2: CADRES THÉORIQUE ET

MÉTHODOLOGIQUE DE L’ÉTUDE

Après avoir décrit l’ergonomie et ses principaux concepts, les modèles qui sous-

tendent cette discipline sont abordés, avec, comme trame de fond, le modèle de la

situation de travail centré sur la personne en activité, qui permet de mettre en

relation l’activité réelle des travailleurs avec différents éléments du cadre de travail.

Ensuite, le modèle le modèle de l’activité de travail et ses déterminants en situation

de soins de Cloutier, visant à expliquer les éléments de l’environnement influençant

l’activité de travail ainsi que les effets de celle-ci, est présenté car il sert de base à

cette étude; Sa version adaptée à celle-ci est ensuite présenté. Enfin, la méthode

d’analyse du travail réel sera abordée ici, incluant quelques notions essentielles

pour cette étude en ergonomie, ainsi que trois de ses principales méthodes.

2.1. Cadre théorique : l'ergonomie centrée sur l'activité

L’ergonomie est une discipline qui a évolué beaucoup au fil de son existence.

Actuellement, on peut en dire que:

L’ergonomie produit et mobilise des connaissances sur l’activité de la personne au travail dans la perspective d’améliorer les situations de travail en agissant sur diverses composantes (le dispositif technique, l’environnement physique, l’organisation du travail, l’organisation de la production de biens ou de services et l’organisation de la formation et les conditions d’apprentissage) (…) Son domaine de compétences englobe une démarche d’analyse de l’activité humaine et de conception des situations de travail, en interaction avec tous les acteurs concernés, pour améliorer autant la santé et la sécurité des travailleurs que l’efficacité et la qualité des systèmes de production de biens ou de services, et ce, dans une perspective d’efficience organisationnelle (St-Vincent et al., 2011: 30).

Les interventions réalisées en ergonomie visent principalement à augmenter la

marge de manœuvre (Durand et al., 2008) dont le travailleur dispose dans son

travail réel, afin de faciliter son activité et ainsi répondre adéquatement aux

exigences en termes de qualité, quantité et délais, sans mettre en péril sa santé et

sa sécurité.

L’ergonomie est constituée de deux principaux courants :

Page 41: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

25

le courant des « Human Factors », d’origine anglo-saxonne, qui « est

centrée sur les caractéristiques (anthropométriques, physiologiques,

cognitives…) des humains à prendre en compte pour la conception ou la

transformation des systèmes (par exemple les systèmes homme-

machines)» (Rabardel, 1998 : 9)

le courant centré sur l’activité des personnes au travail, qui s'intéresse au

travail réel pour comprendre l'activité et ses déterminants, afin de

concevoir, transformer et/ou améliorer la situation de travail étudiée, en

collaborant avec les personnes impliquées dans cette situation.

« L’ergonomie agit sur les dispositifs techniques et les moyens de travail,

sur les environnements de travail, sur l’organisation et sur les personnes

(compétences, représentations etc.) » (St-Vincent et al., 2011 : 30).

L’analyse du travail s’intéresse principalement à trois éléments : l’activité

réelle de travail, les conditions dans lesquelles cette activité est réalisée

et les conséquences de cette activité sur le travailleur et l’entreprise

(Rabardel, 1998).

Le présent mémoire s'inscrit dans ce courant de l’ergonomie centrée sur l’activité.

C'est ainsi que nous étudierons les personnes exerçant leur activité de soins en

situation réelle.

2.1.1. Principaux concepts en ergonomie centrée sur l’activité

Pour appuyer les explications suivantes des principaux concepts en ergonomie,

voici un schéma qui permettra de les comprendre dans leurs interactions et leurs

interdépendances : le schéma du modèle de la situation de travail de Vézina (2001)

adapté par St-Vincent et al. (2011 :39).

Page 42: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

26

Figure 1 : La personne en activité dans une situation de travail

(tiré de St-Vincent et al., 2011)

Dans ce schéma de la situation de travail centré sur la personne en activité réelle,

on voit que le travailleur en activité est au cœur de la situation de travail. Celui-ci se

caractérise par des déterminants internes (âge, sexe, expérience, caractéristiques

etc.) et des déterminants externes (conditions et moyens offerts par le milieu,

environnement social, tâches et exigences). Ces deux types de déterminants

influencent son activité qui se déploie selon trois dimensions (physique, mentale et

sociale). De plus, cette activité comporte de nombreux processus de régulation que

le travailleur enclenche, et ceci, à l'intérieur d'une zone de marge de manœuvre

disponible. Sur ce schéma, les conséquences de son activité réelle (santé physique

et mentale, production de bien /services, quantité et qualité) sont aussi clairement

présentées.

Finalement, ce schéma de la situation de travail est comme une photo prise à un

instant précis. Il faut en effet s’imaginer, que si l’exercice est réalisé à un autre

moment ou avec un autre travailleur, la situation de travail pourrait être différente et

Page 43: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

27

certains éléments abordés ici pourraient interagir différemment entre eux. La

situation de travail sera alors différente compte tenu de la diversité inter-individuelle,

de la variabilité intra-individuelle et de celle interne à l’entreprise.

2.1.1.1. La notion d’activité réelle

Lorsqu’on parle d’activité réelle de travail, on fait référence à un des postulats de

base de l’ergonomie « centrée sur l’activité » Ce postulat est : l’activité réelle de

travail diffère du travail prescrit (de Montmollin, 1997).

En effet, l’ergonomie distingue le « travail prescrit » du « travail réel ». La notion de

travail prescrit fait référence à tout ce qui est défini d’avance par l’entreprise dans

son cahier des charges ou dans ses descriptions de tâche. Ces informations sont

transmises au travailleur pour « définir, organiser, réaliser et régler son travail »

(Rabardel, 1998: 23). Par contre, la notion de travail réel fait référence au travail tel

qu’il est réellement effectué sur le terrain, par le ou les travailleur(s). Il y a toujours

un écart entre ce qui est demandé et ce qui est réalisé; entre « ce qui est prévu par

les concepteurs du travail et ce qui est fait réellement par les travailleurs » (St-

Vincent et al, 2011: 343). De plus, cet écart est « souvent ignoré, méconnu, voire

nié dans l’entreprise » (Rabardel, 1998: 23). Enfin, comme le souligne Clot (2008),

dans toute activité de travail, il peut aussi exister « l’activité empêchée », c'est-à-

dire celle que le travailleur aurait voulu mettre en œuvre mais qu’il n’a pas été

possible de réaliser. C’est cet écart entre l’activité réelle et le travail prescrit qui

intéresse la démarche en ergonomie et qu’elle tente de comprendre.

2.1.1.2. Les notions de diversité et de variabilité

Pratiquement, si un poste de travail est occupé par deux travailleurs différents, il en

résultera deux situations de travail spécifiques, qui pourraient se ressembler ou être

différentes. En effet, « les efforts, les raisonnements mis en œuvre, et la fatigue

résultante ne seront pas équivalents pour l’un et l’autre, même si le résultat produit

semble identique » (Guérin, 1998: 81). L'ergonomie reconnaît ainsi la diversité,

c'est-à-dire, la différence qu’il peut exister entre des individus ou entre des éléments

d’une entreprise, à un moment précis (synchronie). L’ergonomie recherche la

meilleure disposition pour répondre à cette diversité entre les populations et à

l’intérieur de chacune d’elles (Rabardel, 1997). « Cela implique la recherche de

l’adaptation et l’adaptabilité du dispositif technique, de l’organisation et de

Page 44: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

28

l’environnement à la diversité des hommes et des situations » (Rabardel, 1997:39).

De plus, les situations de travail peuvent aussi être influencées par la diversité dans

l’organisation ou l’environnement de travail, le matériel mis à disposition. Encore là,

il en résultera des situations de travail différentes.

La variabilité, quant à elle, se situe au niveau de la situation de travail, mais aussi

de l’individu et de son évolution dans le temps (diachronie). Selon Rabardel (1997:

40), « la variabilité est une caractéristique intra-individuelle ou interne à un

phénomène. Elle se définit de façon diachronique : il s’agit de différences dans le

temps». En effet, les ressources d’un être humain varient dans le temps, en fonction

de son état physique et mental, en fonction aussi de ses rythmes biologiques. Ces

variations sont à l’échelle de la journée, de la semaine, et même des périodes de

l’année (Guérin, 1998). De plus, la situation de travail, elle, n’est pas stable non plus

et évolue dans le temps en fonction d’éléments tels que l’organisation du travail, les

bris de matériel, le travail réel etc. En fait, la variabilité comprend tous les

changements, prévus ou imprévus, qui affectent l’activité du travailleur (St-Vincent

et al., 2011). Celui-ci doit sans cesse gérer cette variabilité et s’y adapter afin de

réussir à réaliser sa tâche.

Cette notion de variabilité est un concept très important en ergonomie, car elle est

présente dans tous les déterminants de la situation de travail, au sein des conditions

de réalisation du travail, au sein de la diversité des personnes et au sein de chaque

personne, et ce, dans toutes les échelles de temps. Le travailleur doit donc

constamment s’adapter aux conditions actuelles de sa situation de travail. Il fait

continuellement un compromis entre ses propres facteurs internes et les moyens

mis à sa disposition (facteurs externes) pour ajuster son activité et faire face à ces

variabilités afin d’atteindre l’objectif de la tâche et produire des résultats

satisfaisants pour lui-même (santé et sécurité) et pour son entreprise (quantité,

qualité et délais) (Bourassa et al., 1999).

2.1.1.3. Les notions de régulation et de marge de manœuvre

L’écart entre le travail prescrit et le travail réel ainsi que la variabilité dans le temps

des conditions internes (son état du moment, ses connaissances acquises, son

raisonnement, ses projets etc.) et externes (travail prescrit et moyens mis à sa

disposition) de sa propre activité, obligent le travailleur à développer des

automatismes, des patrons afin de continuellement mettre en œuvre des stratégies

Page 45: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

29

pour atteindre l’objectif de réaliser sa tâche, tout en conservant l’équilibre entre

celui-ci et sa santé. « Ce processus d’adaptation constant que le travailleur met en

œuvre face à la variabilité des exigences et des conditions de travail et face à sa

propre variabilité » est nommé en ergonomie processus de régulation (St-Vincent et

al., 2011: 37).

Les stratégies que le travailleur met en œuvre sont « les choix, modes opératoires

que la personne adopte, selon son état personnel, pour atteindre un objectif et

s’adapter aux caractéristiques de la situation de travail » (St-Vincent et al., 2011 :

343) .Ces stratégies peuvent être de deux types : soit d’arbitrage, soit d’adaptation.

En effet, le travailleur peut soit s’adapter à la situation pour réduire l’écart entre le

travail prescrit et le travail réel, soit arbitrer et faire un choix. Cette seconde situation

se présente « lorsque les éléments (sécurité, qualité, confort, quantité etc.) ont des

valeurs contradictoires » (Rabardel, 1997: 45). Le compromis qu’il va ainsi réaliser

peut être équilibré entre l’objectif de réaliser sa tâche et sa propre santé, ou non

équilibré. Un compromis n’est pas toujours possible, ou alors il se fait au détriment

de la production ou de la santé et sécurité du travailleur. De plus, l’atteinte à la

santé n’est pas nécessairement perceptible ou connue de façon immédiate. C’est

ainsi que l’on parle de limites dans le processus de régulation, ou de son efficacité.

Cette zone comprise à l’intérieur de ces limites est appelée en ergonomie «

la marge de manœuvre » (Rabardel, 1997).

La marge de manœuvre est donc cet espace possible de régulation de la personne

en activité; « l’espace des compromis possibles pour l’opérateur et les limites qu’il

ne peut ou ne doit pas franchir sans risques pour lui ou l’entreprise » (Rabardel,

1997: 45). « Cet espace varie selon les caractéristiques de la personne et selon les

exigences des tâches et des moyens offerts par le milieu de travail ». St-Vincent et

al. (2011 : 342)

2.1.2. Les modèles de référence

2.1.2.1. Quelques modèles en ergonomie

Les chercheurs en ergonomie conceptualisent depuis longtemps l’objet de leur

intervention qu’est la situation de travail à l’aide de schémas ou modèles. Ceux-ci

aident les ergonomes praticiens à guider leurs réflexions et leurs analyses dans le

but de transformer cette situation de travail. Ces modèles aident aussi les

Page 46: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

30

ergonomes chercheurs à avancer dans leurs études qui influencent et nourrissent

continuellement l’évolution de la discipline.

Le premier modèle intéressant pour cette étude est celui de Leplat et Cuny (1977) :

Figure 2 : Schéma à cinq carrés (tiré de Leplat et Cuny, 1977)

Dans ce modèle, communément appelé « le modèle à cinq carrés », l’activité de

travail est au centre de celui-ci. Cette activité est réalisée par un individu (avec ses

propres caractéristiques – conditions internes) dans un cadre précis fourni par

l’employeur (caractéristiques de la tâche – conditions externes). Le résultat de cette

activité a des effets sur le travailleur (santé, expérience etc.) et sur la performance

de l’entreprise (qualité, quantité).

Ensuite, voici le modèle de l’activité de travail, de Guérin et al. (1997 :50) :

Page 47: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

31

Figure 3 : L’activité de travail (tiré de Guérin et al., 1997)

Dans ce modèle, l’activité de travail est encore une fois l’élément central. Toutefois,

plusieurs nuances viennent s’y ajouter. L’activité de travail est un compromis que le

travailleur (ou l’opérateur) a réussi à faire entre la tâche prescrite (les prescriptions

données par l’entreprise et le cadre de réalisation de sa tâche) et la tâche réelle

(influencée par ses caractéristiques et variabilités personnelles), dans le cadre de

son contrat de travail. Ici aussi, les résultats de son activité de travail ont des

répercussions (positives ou négatives) sur la production (qualité, quantité, etc.) et

sur lui-même (santé, sécurité, compétences etc.)

On retrouve dans ces modèles plusieurs similarités avec celui de la situation de

travail selon St-Vincent et al. (2011) adapté de Vézina (2001), qui a déjà été

présenté et expliqué au début de ce chapitre (voir section 2.1.1). Les nuances qui

s’ajoutent dans ce dernier modèle sont les notions de régulation et de marge de

manœuvre (voir section 2.1.1.3), ainsi que la distinction de trois niveaux

d’implication du travailleur dans son l’activité, soit la dimension physique (gestes,

postures mouvements, etc.), mentale (émotions, préoccupations, prises

d’information, réflexions, prises de décisions etc.) et sociale (communications

verbales ou non verbales, implicites ou explicites).

Page 48: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

32

2.1.2.2. Le modèle de Cloutier, adapté à cette recherche

Dans le cadre de cette étude, le modèle choisi comme base d’analyse de l’activité

des PAB est le modèle de l’activité de travail et ses déterminants en situation de

soins de Cloutier et al., (1998), adapté à la situation étudiée ici puisqu'il a été

initialement développé dans le milieu des soins. Ce modèle s’intéresse aux

éléments de l’environnement influençant l’activité de travail ainsi que les effets de

celle-ci.

L’objet de notre étude est de comprendre le lien entre la formation à l’approche

relationnelle de soins donnée aux soignants en CHSLD et les éléments de cette

approche qu’on s’attend à voir appliqués (qui sont vus comme le travail prescrit)

d’une part, et d’autre part l’activité réellement mise en œuvre par ces soignants

suite à la formation reçue (qui est vue comme le travail réel, l’activité). L’objectif de

l’étude est donc d’observer ce lien, d’observer quels sont les éléments de l’ARS

réellement mis en œuvre dans l’activité de travail des soignants et d’identifier, à

l’aides de différentes méthodes, quels en sont les déterminants.

Figure 4 : Modèle de l’activité de travail et ses déterminants, adapté aux activités de soins d’hygiènes donnés par des soignants formés à l’ARS

Le résident et ses caractéristiques

Le soignant formé à l'ARS

et son équipe

Effets sur les

soignants

Effets sur le bien-être du

résident

-

Contexte

MACRO

L'environnement de travail L'organisation du travail

ACTIVITÉS DE SOINS D’HYGIÈNE

Page 49: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

33

Tel que modélisé à la figure 4, la mise en œuvre de l’ARS dans l’activité réelle de

travail de soignants en CHLSD, est influencée par quatre groupes de déterminants :

- soit le soignant et son équipe (caractéristiques sociodémographiques,

formation à l’ARS, représentations qu’ils se font de chaque résident en lien

avec leurs valeurs, croyances et attitudes (Bourassa et al. 1999),

dynamiques d’équipe, entraide, etc.),

- le résident et ses caractéristiques (niveau d’autonomie, collaboration,

compréhension des consignes, réactions face au soin, etc.),

- l’organisation du travail (temps disponible pour le soin, équipe de travail,

informations sur le résident, marge de manœuvre, etc.)

- et l’environnement de travail (espace, matériel disponible, outils et

équipements, etc.).

Le soignant réalise donc les tâches attendues au milieu de tous ces déterminants

de l’activité de travail, et doit jongler avec ceux-ci pour arriver à atteindre l’objectif

établi. De plus, ces déterminants peuvent être parfois des éléments facilitants et

parfois nuisibles dans la réalisation de son travail.

Finalement, l’activité réelle de soins d’hygiène ainsi réalisée a des répercussions

sur les soignants et sur le résident. Dans des conditions favorables, ces effets

peuvent être positifs (satisfaction au travail, qualité des soins, efficacité,

préservation de la santé et de la sécurité du travail, développement de

compétences, etc.). Dans des conditions défavorables, par exemple lorsque la

marge de manœuvre est faible, les effets de l’activité peuvent être négatifs, pour

l’organisation (mauvaise qualité de service, plaintes des familles, absentéisme,

accidents, etc.) et aussi pour la personne (usure, accidents, maladies

professionnelles, etc.). De plus, la notion de bien-être du résident est importante car

elle influence directement et positivement le bien-être du soignant et sa satisfaction

au travail.

Ainsi adapté, le modèle de Cloutier guidera nos réflexions et notre analyse de la

situation de travail des PAB lors des soins d’hygiène observés.

Page 50: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

34

2.2. Cadre méthodologique : l’analyse ergonomique du

travail (AET)

C’est l’analyse ergonomique du travail qui servira de cadre méthodologique à cette

étude. Nous verrons ici succinctement trois des principales méthodes couramment

utilisées en ergonomie, et qui seront mobilisées dans cette étude : les observations

in situ ou observations directes en situation réelle de travail, les verbalisations et les

autoconfrontations. Leur objectif commun est d’analyser la situation de travail afin

d’établir les liens entre ses différents éléments, pour ensuite cibler les déterminants

qui peuvent améliorer la situation de travail.

« Dans tous les cas il s’agit d’observer, de décrire et d’analyser les actes de

l’opérateur, pour rendre compte de la cohérence du travail » (Rabardel, 1998: 79).

2.2.1. Les observations directes en situation réelle de travail

La première méthode utilisée en ergonomie, est celle des observations en situation

réelle de travail, généralement relevées sous forme papier-crayon et parfois par

enregistrements vidéos. Elles permettent de recueillir des informations

principalement au niveau de l’environnement de travail (lieux physiques, matériel,

lumière et bruits), des conduites des travailleurs (actions, déplacements, postures,

direction des regards (Guérin, 1997), des dimensions de l’activité collective

(communications, interactions, etc.) et aussi « des actions spécifiques en lien avec

leur métier» (Rabardel, 1998: 79). Elles sont le point de départ du processus et la

base de l’analyse ergonomique. Elles permettent de décrire le travail réel, l’activité

observée, sous forme de relevés de faits.

Les observations peuvent être soit « ouvertes », souvent en début de processus,

afin d’établir un portrait global de la situation réelle de travail et d’y « voir

progressivement émerger les faits et les évènements » (Rabardel, 1998: 79); Soit

elles peuvent être « systématiques » lorsqu’elles sont guidées par des hypothèses

ou des constats provenant des observations ouvertes. « L’organisation des

observations se fait alors en fonction des hypothèses qui guident l’analyse »

(Guérin, 1997 : 211).

Ce point de vue sur la situation de travail est dit extrinsèque (il est externe, c’est

celui de l’ergonome) et il doit être complété par celui, intrinsèque, du travailleur sur

Page 51: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

35

sa propre activité (Guérin, 1997; Rabardel, 1998; St-Vincent et al., 2011). Deux

méthodes sont utilisées pour recueillir ce point de vue intrinsèque : les

verbalisations et les entretiens d'autoconfrontation.

2.2.2. Les verbalisations

Pour avoir une vision globale de la situation de travail et pour que les observations

de l’ergonome soient complètes et aient du sens, les informations ainsi recueillies

doivent être rapidement complétées par des verbalisations des travailleurs.

« L’activité ne peut être réduite à ce qui est manifeste et donc observable » (Guérin,

1997: 233). Cette seconde méthode utilisée en ergonomie permet de documenter le

point de vue intrinsèque en recueillant des informations telles que les motifs de

l’activité, les raisonnements, les choix, les connaissances, les décisions et la

planification des actions qui influencent l’activité, qui ne sont pas visibles ou

observables. « L’ergonomie prend en compte l’être humain comme acteur

intentionnel dont les actions sont finalisées en situation de travail » (Rabardel, 1998:

17). Pour ce faire, il est donc important, et même indispensable, de compléter

rapidement les observations ergonomiques par une période d’échanges, spontanés

et/ou provoqués par l’ergonome, où le travailleur va expliquer ses actions et surtout

les raisons qui l’ont poussé à réaliser ces actions. « Les verbalisations sont

nécessaires pour comprendre pourquoi le travailleur adopte un mode opératoire

plutôt qu’un autre et donner un sens aux observations » (St-Vincent et al, 2011 :

152).

Les verbalisations seront alors basées sur l’activité observée, et seront

« simultanées » (c’est-à-dire durant l’activité) ou « consécutives » (c’est-à-dire après

l’activité, à l’aide d’un support) à celle-ci. « C’est à partir de cas concrets que

peuvent s’opérer des échanges détaillés à propos d’évènements et d’actions

effectivement constatés par l’observateur et vécus par l’opérateur » (Guérin, 1997:

231). « La mise en mots d’habiletés manuelles intégrées » (St-Vincent et al, 2011 :

153) est difficile à réaliser et l’ergonome accompagne le travailleur dans cette

démarche. « Les verbalisations ainsi provoquées font parfois découvrir aux

opérateurs eux-mêmes la complexité de ce qu’ils font et des conséquences qui en

résultent » (Guérin, 1997: 234).

Les verbalisations sont donc une source d’information essentielle à l’analyse

ergonomique du travail, car elles permettent, à l’aide du discours des travailleurs, de

Page 52: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

36

« reconstruire les représentations cognitives des travailleurs, la signification de leurs

actes et le sens de leur activité » (Rabardel, 1998 : 79) et « aident l’ergonome à

approcher le travail de l’opérateur du point de vue de ceux qui en parlent, et surtout

du point de vue de celui qui le réalise concrètement » (Rabardel, 1998: 143).

Finalement, les verbalisations du travailleur peuvent apporter des réflexions à

l’ergonome et l’orienter vers d’autres périodes d’observations, avec d’autres

variables ou circonstances de travail et/ou amener des questionnements et des

améliorations sur les conditions de recueil d’informations (Guérin, 1997).

2.2.3. L’autoconfrontation

Cette troisième méthode est souvent utilisée, en ergonomie, à la fin de toutes les

observations, et complète les verbalisations, en apportant une vision plus

macroscopique de l’activité de travail de la personne observée afin de s’assurer que

le chercheur possède une bonne compréhension de la situation de travail (Clot et

al., 2000). Elle se réalise souvent dans un local fermé, pour plus de confidentialité,

et est idéalement enregistrée ou filmée. L’autoconfrontation requiert de trouver du

temps dans l’horaire du travailleur en dehors de son activité de travail. C’est une

méthode qui permet de recueillir les commentaires du travailleur à l’intention du

chercheur en étant confronté à des enregistrements vidéo, audio et/ou à des extraits

de relevés d’observations de sa propre activité (Clot et al., 2000).

À l’aide de ces différents supports et ainsi remis dans le contexte de l’activité

observée, l’ergonome demande au travailleur de commenter son activité et

d’expliquer ensuite ce qui s’est passé pour lui durant celle-ci. « Il faut que le

travailleur puisse s’appuyer sur des repères concrets lui permettant de se

remémorer les circonstances et la séquence de ses actions et de ses décisions (…)

Le travailleur dit ce qu’il fait, ce qu’il aurait pu faire ou ne pas faire» (St-Vincent et al,

2011 : 153) en voyant les traces de son activité.

Ensuite, l’ergonome sort du contexte de cette situation précise pour arriver à

aborder l’ensemble de son activité de travail, l’ensemble de ces situations qu’il a

observées. « L’autoconfrontation permet également d’aborder le sens que donne le

Page 53: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

37

travailleur à cette activité, d'exprimer les affects5. Elle permet également d’inscrire

cette activité dans le contexte plus global du travail et de la réalité de l’entreprise »

(St-Vincent et al, 2011 : 153-154). Les observations de l’ergonome « servent alors

de référence et de comparatif avec d’autres configurations particulières de la

situation de travail » (St-Vincent et al, 2001 : 136). Les conséquences du travail

peuvent aussi être abordées (Guérin, 1997), ainsi que les questionnements et les

réflexions que les observations ont créés chez l’ergonome; Celui-ci pourra

confronter et/ou valider certaines de ses hypothèses d’analyse de la situation de

travail (St-Vincent et al, 2011).

En conclusion, cette méthode d’autoconfrontation questionne plus précisément le

sens que donne le travailleur à son activité, sa manière de gérer et de planifier des

tâches et situations multiples, ses réactions aux imprévus, ses stratégies de

régulation, l’utilisation de son bagage professionnel antérieur, l’intégration de ses

apprentissages, ses sources de prise d’informations, mais aussi ses raisonnements,

ses formes d’anticipation, ses activités empêchées ou non réalisées (St-Vincent et

al, 2011), la variabilité de ses tâches et de son état, etc. De plus, selon Hansebo et

al. (2001), cette méthode apporte aux travailleurs une meilleure compréhension de

leurs actions et les aident à développer leurs compétences professionnelles.

Finalement, par cette méthode, « le travailleur fournit les premières relations entre

les déterminants, l’activité de travail et les effets du travail puisqu’il est lui-même au

centre de ces interactions » (St-Vincent et al, 2011 : 136); et c’est justement un des

objectifs précis de cette étude.

Enfin, il est important de réaliser que pour les deux dernières méthodes

mentionnées (verbalisations et autoconfrontation), la relation de confiance établie

avec l’ergonome/la chercheure est très importante pour que le travailleur soit à l’aise

de verbaliser et d’expliquer ses mécanismes psychiques internes. De plus,

l’ergonome/la chercheure doit avoir une écoute ouverte, prêt à entendre tout ce que

le travailleur dit ou veut dire, et être capable de guider sa réflexion et ainsi « faciliter

la mise en mots » (St-Vincent et al, 2011 : 136). Certains sujets sont parfois difficiles

5 Terme scientifique désignant l’expérience affective par opposition à son aspect intellectuel ou cognitif. Source : Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.

Page 54: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

38

à aborder pour le travailleur, et le contexte dans lequel l’autoconfrontation est

réalisé va permettre ou non qu’il s’ouvre sur ces sujets plus délicats (conflits entre

collègues, résidents perçus comme difficiles, dangers, peurs etc.) (St-Vincent et al,

2011). Ainsi jumelées aux données d’observations, de telles verbalisations

contribuent à constituer une description valide de l’action telle que vécue du point de

vue de l’acteur (Theureau, 2004) ainsi que de donner un sens aux observations de

la chercheure selon le vécu des soignantes.

Page 55: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

39

Chapitre 3 : DÉMARCHE METHODOLOGIQUE

ET PRÉSENTATION DU TERRAIN DE L’ÉTUDE

Dans ce chapitre, les démarches de recrutement des PAB participantes sont

expliquées, incluant les documents distribués. Par la suite, les outils de recueil et

d’analyse des données sont décrits. Enfin, le terrain de l’étude est présenté, avec

ses caractéristiques propres ainsi que celles des différentes unités participantes.

3.1. Démarches de recrutement des participants

Cette étude se situe dans un projet plus large où 35 établissements ont été sollicités

pour participer à la recherche du projet PHARES. Un de ces établissements a été

ciblé pour participer à la présente étude, qui est une partie du projet. À la suite de

l’approbation du projet de recherche par le comité d’éthique concerné, le

recrutement des participants volontaires a été amorcé: trois unités ont été choisies

puis des soignants ayant eu la formation à l’ARS ont été recrutés.

3.1.1. Approbation éthique

Le projet a été examiné par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université

Laval et approuvé le 4 février 2010 (numéro d’approbation : 2008-316 / 04-11-2009).

Une demande de modification au projet initial (phase 3) a été soumise au Comité

d’éthique de la recherche de l’Université Laval en octobre 2010 et acceptée en

janvier 2011. Cette modification a ensuite été entérinée par le CÉR principal le 2

mai 2011. Il faut noter que le comité d’éthique a demandé que les observations de

la chercheure se limitent aux soins d’hygiènes partiels n’exposant pas la nudité du

résident ou de la résidente ainsi qu’aux soins donnés à des résidents aptes à

consentir à la recherche. L’autorisation du Comité d’éthique à la recherche de

l’Université Laval a été renouvelée le 14 mars 2012 et le 16 novembre 2012.

3.1.2. Présentation du projet aux chefs d’unité

Les chercheurs et la responsable de l’ARS de l’établissement ont ciblé des unités

où les soignants étaient formés à l’ARS et qui pourraient être intéressés à participer

à l’étude.

Page 56: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

40

Une première rencontre a été réalisée par la chercheure, accompagnée d’un autre

membre de l’équipe de recherche et de la responsable de l’ARS de l’établissement,

afin de présenter le projet aux chefs des unités préalablement ciblées et afin de

répondre à leurs questions éventuelles (document de présentation voir annexe B).

Les trois chefs d’équipe ont été rencontrés lors de deux rencontres différentes.

L’objectif de ces rencontres était de vérifier leur intérêt pour l’étude et d’obtenir leur

accord pour y faire participer leur unité. Après avoir donné cet accord, les trois chefs

d’unité ont organisé une rencontre avec leurs équipes de soignants et la

chercheure.

3.1.3. Recrutement des soignants participants

La chercheure a ensuite réalisé, durant une réunion de début de quart de travail de

jour une courte présentation (10 minutes) du projet de recherche et de l’implication

demandée aux soignants participants éventuels (document de présentation voir

annexe C). Les trois équipes ont été ainsi rencontrées, chacune à leur tour. Un

document a été remis à chaque soignant présent à la rencontre incluant les

coordonnées des chercheurs (dépliant voir annexe D). Les soignants volontaires ont

indiqué leur intérêt verbalement et ont remis leurs coordonnées à la chercheure. Par

la suite, un formulaire de consentement (voir annexe E) à participer à la recherche a

été remis et expliqué à chaque soignant volontaire.

De plus, les chefs d’unité ont remis le document de présentation aux soignants

absents, en leur expliquant brièvement la recherche. Deux soignants absents lors

des rencontres ont ainsi transmis leur intérêt à participer à la recherche. Au total, 23

soignants ont reçu la présentation du projet (un pour l’unité A, dix pour l’unité B,

douze pour l’unité C) et il y a eu au final six soignants volontaires (un pour l’unité A,

trois pour l’unité B et deux pour l’unité C). Les quatre soignants qui ont finalement

participé à l’étude ont été retenus selon un critère de travail à temps plein suivi

d’une pige aléatoire. Chacun d’eux a signé le formulaire de consentement.

Page 57: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

41

3.1.1. Recrutement des résidents

La démarche de recrutement des résidents a été réalisée en collaboration avec les

PAB. Les chefs d’unité ont initialement identifié les résidents aptes à consentir, sur

la base de leur dossier (ceux qui avaient un mandat d’inaptitude6 étaient

automatiquement écartés). Elles en ont informé les PAB participantes à l’étude ainsi

que la chercheure. Dans les jours précédents les séances d’observations, les PAB

participantes ont brièvement expliqué l’étude aux résidents aptes à consentir, en

leur indiquant ce que cela impliquait concrètement de leur part. Le feuillet explicatif

(dépliant voir annexe D) était alors remis aux résidents. Les résidents ont ainsi pu

poser librement leurs questions, et exprimer leur accord ou leur désaccord à y

participer, et ce, jusqu’au moment des séances d’observations. Ensuite, avant ou en

début de chaque séance, la liste des résidents aptes à consentir était revalidée avec

la chef d’unité. Puis, au moment des séances d’observations, la PAB observée

présentait la chercheure à chaque résident. Celle-ci prenait contact avec lui et

vérifiait s’il avait des questions sur l’étude. Le consentement de chaque résident

était alors redemandé par la PAB et le retrait, même durant les observations était

possible.

3.2. Présentation du terrain de l’étude

Dans cette section, l’établissement participant sera décrit et les caractéristiques des

différentes unités de l’établissement seront présentées.

3.2.1. Caractéristiques de l’établissement et de sa clientèle

L’établissement qui a participé à cette étude est un Centre de santé et de services

sociaux de taille importante, avec plus de 1200 lits7 répartis dans plusieurs CHSLD

6 « Une personne est inapte lorsqu’elle est incapable de prendre soin d’elle-même ou d’administrer ses biens. (…) Sur le plan juridique, il y a besoin de protection via un mandat d’inaptitude lorsqu’une personne inapte doit être assistée ou représentée dans l’exercice de ses droits civils ». Source : site web du curateur public de Québec (www.curateur.gouv.qc.ca/cura/fr/majeur/inaptitude/protection/index.html), 15 août 2015

7 Source : Ministère de la santé et des services sociaux

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42

(aussi appelés « installations »), et qui se situe en milieu urbain. La clientèle qu’on y

retrouve présente majoritairement des démences, des pertes cognitives et des

pertes d’autonomie fonctionnelle liées au vieillissement.

Les CHSLD et les unités choisies pour participer à l’étude l’ont été suivant des

critères de variabilité des milieux, des clientèles et de la formation reçue à l’ARS.

Ces choix ont été réalisés par l’équipe de recherche, en collaboration avec les

acteurs-clés de l’établissement. Le tableau 7 résume les caractéristiques du milieu.

Tableau 6 : Caractéristiques du terrain à l’étude

Taille de l’établissement (en lits d’hébergement permanents)

environ 1200 lits

Taille des installations (en lits d’hébergement permanent)

CHSLD 1 environ 150 lits CHSLD 2 environ 250 lits

Temps écoulé depuis l’implantation de l’ARS dans l’établissement

Plus de 2 ans

Types d’unités concernées

1 unité prothétique et 2 unités régulières

Clientèle de 85 ans et plus8

Dans l’établissement : 45% Dans le CHSLD1 : 35% Dans le CHSLD 2 : 44%

Les observations ont été réalisées dans trois unités différentes : une unité avec un

mandat spécifique, à savoir une unité prothétique avec une clientèle présentant de

multiples pathologies ainsi que des comportements d’errance, et deux unités

régulières ou traditionnelles, sans mandat particulier.

8 Source : Données de l’enquête sur le déploiement de l’ARS et la perception de son impact -section 1.2 du rapport Bellemare et al. (2015) et données fournies par le milieu

Page 59: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

43

3.2.2. Caractéristiques générales des différentes unités

Tableau 7 : Caractéristiques des différentes unités de travail des PAB observées

Caractéristiques Unité A Unité B Unité C

Type d’unité de soins de longue durée

prothétique (1 secteur)

traditionnelle (2 secteurs)

traditionnelle (3 secteurs)

Clientèle Tendance à errer, déambuler, être désorientée

Multiple (mais pas d’errance)

Multiple (mais pas d’errance)

Nombre de lits Par secteur : 12 lits dans 12 chambres

Par secteur : Environ 30 lits dans 17 chambres

Par secteur : 25 à 30 lits dans 17 chambres

3.2.3. Qu’est-ce qu’une unité prothétique?

L’unité prothétique diffère d’une unité traditionnelle par un aménagement à

caractère familial et des chambres uniquement privées. Cette unité est conçue pour

ressembler à la maison et se veut chaleureuse. Elle comprend des indices visuels

d'orientation, des indices sonores, des indices d’intimité et de socialisation, des

adaptations fonctionnelles, de personnalisation et de sécurité (Villeneuve, 2002).

Il y a bien sûr plusieurs versions d’unités prothétiques, avec des variantes. Mais,

selon Goumain et Ledoux (2002), certains principes semblent se dégager dans la

plupart des unités prothétiques rencontrées, tels qu’une ressemblance avec le

milieu familial et en référence avec le passé ; des chambres privées ; un soutien à

l’orientation spatiale par la redondance des indices et des points de repère ; un

parcours de déambulation et une sécurité des issues; un contrôle des stimuli

sensoriels et un accès direct à un jardin clôturé ou à une terrasse extérieure

sécuritaire.

L’unité prothétique dans laquelle se sont déroulées les observations ici est aussi

appelée par les soignants qui y travaillent « îlot » ou « milieu de vie ». En

comparaison à une unité « traditionnelle », c’est une unité où les règles sont moins

strictes, où l’horaire des tâches et activités est plus souple, pouvant ainsi s’adapter

à l’humeur et l’état de chacun et où le ratio soignant/résidents est moindre (douze

Page 60: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

44

résidents versus quinze résidents par équipe de deux soignants). Les heures de

visite sont aussi élargies.

Le vouvoiement n’est pas une obligation comme ailleurs dans les CHSLD, et les

soignants vouvoient, tutoient ou appellent les résidents par leur nom de famille, leur

prénom ou même leur petit nom en fonction de ce qui « parle » le plus à la

personne, en fonction de son vécu, de ses habitudes ou de ses préférences. La

déambulation, puisqu’il s’agit d’un des critères d’admission, est permise. C’est aussi

une unité accueillant les usagers désorientés, errants, fugueurs (qui ont souvent des

comportements plus difficiles lorsqu’ils se retrouvent dans une unité classique).

Page 61: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

45

Le couloir (exemple illustré ci-dessus9) est décoré, accueillant et mène aux pièces

communes (exemple illustré ci-dessus d’un salon « familial »10 et d’une salle à

manger11) et disponibles en tout temps. Les résidents peuvent aller dans les

chambres les uns des autres et utiliser toutes les salles de bain. Il arrive même

qu’un résident fasse une sieste sur le lit d’un autre. Toutes les armoires sont

fermées à clef dans les chambres, pour éviter le mélange des effets personnels,

sauf un tiroir pour chaque résident, pour qu’il puisse y fouiller et trouver des repères

de son histoire personnelle. Chacun peut décorer et meubler sa chambre à sa

guise. Cette unité est en général leur dernière demeure. Il y a une chambre

palliative, où des soins de confort sont dispensés au besoin, car les résidents y

finissent leur vie dans la plupart des cas. Il y a environ 33% de décès par année,

selon la PAB observée dans cette unité.

3.3. Recueil des données

3.2.1. Échantillonnage des observations directes en situation

réelle de travail et des chroniques12 d’activité

Les deux premières PAB observées sont nommées les PAB A01 et B02. Elles

travaillent dans les unités A et B d’un même bâtiment et ont été observées sur des

périodes s’échelonnant sur cinq semaines entre la date du 16 février 2011 et du 23

mars 2011. La PAB A01 a été observée durant quatre demi-journées (3AM et 1PM).

La PAB B02 a été observée durant deux demi-journées (2AM). Celle-ci a quitté le

travail pour un congé de maladie durant l’étude pour un problème physique et n’a

plus retourné nos appels. Elle n’a pas repris le travail durant la période

d’observations.

9 Source : couloirilot-hlguemene.fr (3 mars 2015)

10 Source : salonilot-residencedumanoir.com (3 mars 2015)

11 Source : samilot-vivrevieux.blogspot.com (3 mars 2015)

12 La chronique d’activité consiste en un relevé des actions et des communications en fonction de l’écoulement du temps.

Page 62: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

46

Les deux autres PAB sont nommées les PAB C03 et C04. Elles travaillaient dans

les trois sections de l’unité C d’un second bâtiment. Elles ont été observées sur une

seconde période de quatre semaines, du 5 avril 2011 au 5 mai 2011 durant trois

demi-journées chacune (2AM et 1PM). Au total, 45 heures d’observations ont été

réalisées auprès de ces quatre PAB et notées sous forme de chroniques d’activités

(voir annexe F). La chronique d’activité est un outil qui permet de restituer

l’enchaînement réel du travail du soignant observé, ainsi que toutes les

particularités et les évènements survenus. Cet outil rend possible une vue

d’ensemble de l’activité réelle du travailleur, mais permet aussi d’utiliser les

informations qu’il contient pour effectuer par la suite des analyses quantitatives de

ces données. (Rabardel, 1998; St-Vincent et al., 2011). De plus, d’autres

informations pertinentes relatives à l’environnement physique et organisationnel de

travail des soignants ont été recueillies durant les pauses et les divers échanges

(plans des unités, équipements des salles de bain et pièces connexes,

fonctionnement des équipes de travail, etc.).

Le choix des demi-journées observées a été réalisé par la chercheure en

collaboration avec la PAB observée. Les critères étaient principalement les horaires

de la PAB et de la chercheure, et aussi des particularités qui ressortaient comme

intéressantes à aller observer suite aux observations déjà effectuées (par exemple :

autre dyade de travail avec une autre collègue dont la PAB dit qu’elle applique plus

ou peu/pas l’ARS, autre dyade avec collègue remplaçante, périodes où l’horaire est

plus chargé, tâches différentes ou rajoutées, changement de zone de travail,

toilettes particulières, AM/PM, lendemain de pleine lune (la PAB dit que les

résidents sont toujours très énervés ces jours-là, jour de tempête hivernale, etc.). En

tout, presque qu’une centaine de soins (95) ont été observés par la chercheure sur

un total de 45h.

De plus, après chaque demi-journée d’observation, la chercheure prenait le temps

d’analyser ces chroniques d’activités en faisant ressortir ce qui avait été dit, fait et

observé à travers un journal de bord transmis aux membres de l’équipe de

recherche. Ainsi, ses réflexions et questionnements étaient rapidement partagés, et

le cas échéant, discutées (journal de bord-type voir annexe G).

Page 63: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

47

3.2.2. Verbalisations post-soin

Les verbalisations post-soin sont recueillies lors d’entretiens semi-dirigés. Ces

verbalisations sont notées sous forme papier-crayon, à l’aide d’un questionnaire

préétabli par l’équipe de recherche, développé sur base la du manuel du formateur

(ASSTASS et CEC, 2007).

Ce questionnaire post-soin (voir annexe H) comporte six questions à choix multiples

et/ou ouvertes dont les thèmes sont : la collaboration et le comportement du

résident, l’appréciation générale du déroulement du soin, la satisfaction ressentie

par la soignante, les facteurs ayant facilité ou nui à la mise en œuvre de l’ARS, les

sources d’information sur l’état du résident et l’utilité perçue de la formation à l’ARS

pour ce soin.

Ce questionnaire post-soin est administré verbalement à la suite des soins

observés, la plupart du temps directement après le soin en question. Parfois, si ce

n’est pas possible avant, il est administré durant la pause de mi-quart de travail, ou

à la fin du quart de travail. La durée de passation du questionnaire post-soin est

d’environ trois à quatre minutes. Souvent, les PAB commentent leurs réponses,

surtout celles concernant les facteurs qui ont facilité ou nui à la mise en œuvre de

l’ARS. Ceux-ci sont alors pris en note par la chercheure, dans la colonne

« commentaire » du document.

Ces verbalisations, réalisées via le questionnaire post-soin, étaient effectuées pour

environ quatre ou cinq soins par quart de travail. Le choix des soins qui étaient

l’objet de ces questionnaires s’est réalisé selon différents critères, principalement

selon la présence d’une difficulté et/ou d’une variabilité d’un élément, observée par

la chercheure et/ou verbalisée par la PAB:

- Difficulté de comportement du résident lors du soin

- Problème technique (manque serviette, couche, vêtement)

- Interruption (collègue qui arrive, chute d’un autre résident, autre résident qui

rentre dans la chambre, soucis de selles …)

- Soin réalisé en collaboration avec des collègues différents et/ou qui ont des

approches différentes

- Différentes stratégies utilisées au cours d’une même tâche, en fonction du

résident présent

Page 64: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

48

- En fonction des observations qui ressortent des chroniques d’activité ou des

discussions post-soin des séances précédentes

- Etc.

Dans l’unité A, le questionnaire post-soin était rempli en position debout dynamique

(en marchant dans le couloir, en cherchant un résident ou lors d’un rangement de

matériel). Sur l’unité B (et parfois sur l’unité C), le questionnaire était la plupart du

temps rempli dans un local fermé, durant la pause de mi-quart ou de fin de quart, la

chercheure et la PAB y étant seules, assises à une table. Sur l’unité C, il était

souvent administré dans un coin d’un local à aire ouverte avec un possible passage

d’une tierce personne (résident(s), autre PAB).

Il arrivait souvent que la PAB parle à voix basse ou fasse des signes lorsqu’elle

voulait faire comprendre par exemple que le soin s’était mal passé à cause d’une

collègue, et la discussion se poursuivait alors plus tard, durant les observations,

lorsque la PAB se sentait « en confiance » pour aller plus loin dans sa verbalisation.

3.2.3. Entretiens d’autoconfrontation

Trois des quatre PAB ont été rencontrées lors d’entretiens dits d’autoconfrontation,

d’une durée d’une bonne heure chacun, dans un local fermé. Ces entretiens ont été

enregistrés et par la suite retranscrits. Au cours de ces entretiens

d’autoconfrontation, les soignantes ont commenté les extraits des relevés

d’observations de la chercheure. Ceux-ci ont été choisis selon les recommandations

du guide d’entretien d’autoconfrontation de l’équipe de recherche (voir annexe I),

ainsi qu’en fonction d’éléments qui ont retenu l’attention de la chercheure lors de sa

prise de notes des observations des quarts de travail. Par exemple, lorsqu’une PAB

lui exprime un inconfort lors d’un soin ou lorsqu’elle lui parle d’une situation

particulièrement difficile; lorsqu’une tension avec l’autre soignante est palpable mais

non verbalisée; lorsqu’un choix de la PAB n’est pas compris par la chercheure et

qu’elle a besoins d’éclaircissements ou lorsque certains éléments de l’ARS attendus

sont absents. Elles ont ainsi pu documenter la dimension non visible de l’activité

par leurs verbalisations concernant les émotions ressenties, leurs interprétations

des situations ou comportements, les réflexions sous-jacentes à leurs prises de

décisions, les connaissances qu’elles ont appliquées dans l’action, etc.

Page 65: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

49

Ces entretiens d’autoconfrontation avaient pour objectif d’aller plus loin dans la

réflexion que les entretiens post-soin, qui portaient spécifiquement sur le soin qui

venait d’être observé. En effet, l’objectif était d’amorcer une démarche d’analyse

plus macroscopique, en lien avec le modèle de Cloutier adapté, présenté

précédemment. Les thèmes abordés autour de certaines situations de travail

«typiques» observées, ont été l’ARS, mais aussi les déterminants de l’activité,

l’organisation et l’environnement de travail, l’équipe de travail, les résidents,

préoccupations et stratégies des PAB de même que les effets sur les soignants et la

relation de soins, etc. Ces entretiens d’autoconfrontation ont pu aider la chercheure

à avoir une vision plus globale et précise de la situation réelle de travail de chaque

PAB complétant les observations et analyses déjà réalisées.

3.2.4. Bilan quantitatif sur les données recueillies

Comme le montre le tableau 6, environ 95 épisodes de soins ont été observés

durant toute la période d’observations mais au final, ce sont 44 de ceux-ci qui ont

fait l’objet d’une analyse approfondie, selon des critères présentés plus loin. Il est à

noter que les informations recueillies pour les toilettes totales au bain sont

uniquement des observations auditives ou observations indirectes (derrière le

rideau) durant la période du bain (car l’observation de soins incluant une nudité

complète du résident n’était pas autorisée par le Comité d’éthique). Toutefois, la

toilette partielle au lit précédant souvent la toilette complète au bain, ainsi que les

déplacements et le retour à la chambre étaient acceptés et observés.

Page 66: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

50

Tableau 8: Bilan des observations réalisées et des épisodes de soins retenus pour analyse

Observations réalisées :

Unité A

(PAB A01)

Unité B

(PAB B02)

Unité C

(PAB C03 et C04)

TOTAL

(4 PAB)

Nombre d’heures 16h

(4x1/2journée)

8h

(2x1/2journée)

11h

(3x1/2journée)

10h

(3x1/2journée)

45h (12x1/2j)

Nombre de quarts de travail

3 en AM

1 en PM

2 en AM

2 en AM

1 en PM

2 en AM

1 en PM

9 en AM

3 en PM

Nombre d’épisodes de soins observés

30

15

24

26

95

Nombre d’épisodes de soins analysés en détails

10

7

15

12

44

Autoconfrontation

(AC)

Oui

Non

-Arrêt de travail-

Oui

Oui

3

3.4. Analyse des données

Une fois toutes ces données recueillies, différentes méthodes ont été utilisées afin

de permettre l’analyse des données et répondre à la question de recherche posée,

c’est-à-dire : « Dans quelle mesure les soignants en CHSLD ayant reçu une

formation à l’ARS mettent-ils en œuvre les éléments enseignés dans les

situations réelles de travail et quels sont les déterminants influençant cette

mise en œuvre? Et quel est le degré de satisfaction des PAB participantes

face aux soins donnés et à leur déroulement du point de vue de l’ARS? »

L’analyse de ces données s’est déroulée sur deux niveaux afin de, premièrement,

donner une vue d’ensemble (chroniques d’activité) sur le travail des PAB observées;

ces résultats sont présentés dans le chapitre 4; et deuxièmement, une analyse plus

précise au niveau du soin, dont les résultats apparaissent dans le chapitre 5.

Mais, voici d’abord l’explication des méthodes utilisées : la réduction de l’échantillon

et l’analyse des données à l’aide d’une grille d’objectivation.

Page 67: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

51

3.4.1. Réduction des données : choix des 44 soins d’hygiène

Un tableau-synthèse retraçant l’ensemble des soins documentés a été constitué

avec les catégories suivantes : unité, soignant impliqué, quart de travail, type de

soin (alimentation, hygiène, médication, élimination, autres), caractéristiques du soin

(lieu, position du résident, durée, effectué seul ou en équipe) et présence de

verbalisations (entretien post-observations et/ou autoconfrontation). Au total, sur les

95 soins observés, 50 soins d’hygiène et d’alimentation ont été finalement analysés

finement et documentés et 44 ont été retenus à des fins d’analyse plus spécifique

du point de vue de l’ARS.

Les trois critères principaux utilisés pour aboutir à ces 44 soins sont :

- La quantité et la richesse des données disponibles, en particulier la

présence de données multiples de verbalisation (questionnaire post-soin et

retour lors de l’autoconfrontation) liées au soin concerné;

- Un seul type de soins a été retenu, soit les soins d’hygiène (les soins

d’alimentation, trop peu présents dans les données, ont été écartés pour

cette étude)

- La représentativité par rapport aux divers éléments de variabilité rencontrés

lors des soins (variété des soignants, des résidents, des contextes, des

dyades13 de soignants, des positions des résidents lors des soins, des

interruptions etc.)

Le troisième critère, celui de la représentativité de l’échantillon des 44 soins face au

travail quotidien des PAB observées, s’est basé sur le jugement de la (ou des) PAB

participante(s) et de la chercheure, à la suite des observations recueillies à l’aide

des chroniques d’activité. Comme le montre le tableau 9, l’échantillon est composé

de : 18 soins jugés à postériori « difficiles » (à cause du peu de collaboration du

résident, liée principalement à des problèmes de comportements ou cognitifs, ou de

contraintes de l’environnement, ou encore du travail à deux); de 12 soins jugés

« faciles » (à cause de la bonne collaboration du résident ou de la bonne

connaissance de celui-ci, ou du travail à deux); et de 6 soins jugés ni « faciles » ni

13 Équipe de deux soignants travaillant ensemble pour réaliser un même soin

Page 68: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

52

« difficiles » mais comportant néanmoins des particularités qui rendaient leur étude

intéressante.

Tableau 9: Répartition des 44 soins étudiés selon le motif de sélection à postériori et le contexte du soin

Motif de sélection du soin

Contexte du soin* Nombre Nombre cumulé

Fréquence relative (%)

Soin jugé « difficile »

Collaboration difficile du résident

8

18

41% Environnement contraignant

7

Travail en équipe (dyade) non efficace

3

Soin jugé « facile »

Bonne collaboration du résident

8

20

45% Connaissance préalable du résident

7

Travail en équipe (dyade) efficace

5

Soin jugé ni « facile » ni « difficile » mais avec particularité

Vêtement manquant, gestion d’une plaie, lavage de cheveux, coupe d’ongles, etc.

6

6

14%

TOTAL 44 44 100%

* Contexte du soin perçu à postériori par la PAB participante, à la suite du soin réalisé, en prenant du recul lors de nos échanges post-soin

Les 44 soins d’hygiène retenus totalisent à eux seuls 9.4h des 45h d’observations.

De plus, pour approfondir la réflexion, ces 44 soins ont été décortiqués et analysés

finement à l’aide d’un tableau intitulé « chronique détaillée », où l’on retrouve : le

déroulement de l’action en mettant en parallèle les repères temporels,

l’environnement physique, les actions et communications des soignants, les actions

et communications des résidents, de même que tout autre élément de contexte jugé

pertinent.

3.4.2. Analyse des chroniques d’activité à l’aide de la grille

d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS

Afin d’analyser finement les soins réalisés d’un point de vue de l’approche

relationnelle de soin et d’évaluer son degré de mise en œuvre, une grille

d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS a été utilisée. Cette grille a été

développée par un membre de l’équipe de recherche à partir « du cahier du

Page 69: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

53

participant à la formation à l’ARS (ASSTASS, 2007), des composantes utilisées par

l’ASSTSAS pour l’évaluation et la rétroaction par le formateur lors de la phase de

compagnonnage et d’un outil maison provenant d’un milieu de soins de longue

durée québécois » (Bellemare et al., 2015). Les items d’objectivation ainsi créés ont

ensuite été discutés, améliorés et validés par l’équipe de recherche et les

conseillers de l’ASSTSAS. Enfin, un pré-test au sein de cette recherche a conduit à

d’autres améliorations afin de rendre l’outil utilisable et réaliste pour la suite de cette

recherche.

3.4.2.1. Grille d’objectivation initiale

Concrètement, la grille d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS est composée

de 25 items, regroupés en 9 catégories : (grille initiale complète, voir annexe J)

- le contact initial (4 items)

- la bulle relationnelle (7 items) qui comprend le regard (1 item), la parole (3

items) et le toucher (3 items)

- la communication (4 items)

- le travail en équipe (3 items)

- l’attribution du soin (2 items)

- l’environnement (1 item)

- et l’approche générale (4 items)

A la fin de chaque période d’observation d’un quart de travail et sur base des

chroniques d’activité détaillées, la chercheure indique pour chaque item à quelle

fréquence les comportements attendus du soignant étaient présents lors du soin. Un

score est attribué à chaque item :

- pour les six items de la catégorie prise de contact : score à deux niveaux :

présent (1) ou absent (0)

- pour les autres items : score à 4 niveaux : la plupart du temps (3), assez

souvent (2), quelquefois (1) ou rarement/jamais(0)

- La cote « sans objet » ou « non applicable » est utilisée pour les items

concernant le travail en équipe lorsque le soin est réalisé par un seul

soignant ou lorsque le contact avec le résident est débuté dans le couloir et

que le PAB n’a donc pas à frapper à la porte avant d’entrer.

Page 70: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

54

Le score total donne une indication de la mise en œuvre de l’ARS durant ce soin,

sur un total maximum de 58 (pour le travail d’une PAB seule) ou 67 (pour un travail

en équipe). Ainsi, plus le score obtenu est élevé, plus l’ARS est appliquée.

3.4.2.2. Grille d’objectivation modifiée

Au cours de la recherche, certains items se sont avérés difficiles à coter car les

informations nécessaires (dossier médical, plan d’intervention) n’étaient absolument

pas disponibles pour les coter objectivement. Ils ont donc été écartés de la grille

d’objectivation de l’ARS, afin de ne pas biaiser les résultats. Ces items sont :

*item 11 : « Utilise la méthode pour faire relâcher les tensions musculaires

(rétractions) lorsqu’indiqué »

*item 23: « Choisit le bon soin en fonction des capacités du résident et de son

plan d’intervention »

De plus, d’autres items étaient aussi difficiles à coter de façon objective étant donné

le non accès aux informations nécessaires tel que mentionné ci-haut. Ces items

étaient principalement en lien avec le maintien de l’autonomie du résident, comme

par exemple l’item 19 « Respecte l’autonomie du résident, sollicite sa

participation ». Ces items ont été toutefois maintenus dans la grille car ils ne

nécessitaient pas un accès absolu au dossier médical ou au plan d’intervention pour

être cotés et pouvaient toutefois être apprécié par la PAB participante, la

chercheure et être en plus triangulé avec les observations d’autres soins réalisés

avec les mêmes résidents à d’autres moments. Bien entendu ces données ne sont

pas totalement objectives, mais retirer ces items de la grille aurait eu un impact

considérable sur cette étude et nous avons préféré avoir ces données avec la

qualité qu’elles ont plutôt qu’aucune donnée sur un thème aussi important qu’est le

maintien de l’autonomie pour l’ARS.

Finalement, les scores totaux maximum ont donc été ramenés à un total maximum

de 52 (pour le travail d’un PAB seule) ou 61 (pour un travail en équipe).

La grille modifiée (liste des items maintenus, voir annexe K) comporte donc 23

items, dont 3 en lien avec le travail en équipe. C’est cette seconde liste d’items qui

sera utilisée dans l’analyse des données de notre étude.

Page 71: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

55

3.4.3. Analyse des données d’observation à l’aide de la grille

d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS

Par la suite, chaque soin retenu a été coté avec la grille d’objectivation modifiée de

la mise en œuvre de l’ARS. Les items ayant reçu la cote 3 (= la plupart du temps)

ou la cote 2 (= assez souvent) ont été considérés comme mis en application alors

que ceux ayant obtenu la cote 1 (= quelquefois) ou 0 (= rarement/jamais) ont été

considérés comme non mis en application. (Et, pour les items 1 à 4 n’ayant que

deux choix de réponse, la cotation utilisée a été de : 1 = présent, donc mis en

application ou 0 = absent, donc non mis en application.) Ensuite, la fréquence

d’application de chaque item a été calculée avec comme dénominateur le nombre

de soins totaux où l’item a pu être estimé (44 pour la plupart des items, 28 pour les

soins donnés en équipe de deux, etc.). Avec ces résultats de fréquence relative, la

fréquence absolue (en %) a ensuite été calculée pour chaque item. Finalement, les

items ont été classés en ordre décroissant selon leur fréquence absolue, afin de

répondre à la première partie de la question de recherche : « Quels sont les

éléments de l’ARS le plus souvent mis en œuvre lors des soins d’hygiène? »

Finalement, de nouveaux regroupements (7) d’items ont été créés afin de rendre

plus claire la lecture des résultats ainsi obtenus :

- Prise de contact initiale avec le résident

- Environnement

- Création de la bulle relationnelle (regard, parole) et communication

- Création de la bulle relationnelle (toucher)

- Travail d’équipe centré sur le résident

- Adaptation au résident en cours de soin

- Maintien de l’autonomie

3.4.4. Analyse des données des verbalisations post-soin et des

autoconfrontations

Les réponses aux six questions (à choix multiples ou mixtes) des verbalisations

post-soin ont été colligées dans un tableau récapitulatif. Les résultats des questions

à choix multiples ont été transformés en fréquences absolues et classés par ordre

décroissant. Les résultats des questions ouvertes ont été catégorisées et classées

afin d’en retirer des lignes essentielles pouvant être aussi traitées en fréquences

Page 72: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

56

absolues. Les thèmes abordés par les verbalisations, c’est-à-dire la collaboration et

le comportement du résident, l’appréciation générale du déroulement du soin, la

satisfaction ressentie par la soignante, les facteurs ayant facilité ou nui à la mise en

œuvre de l’ARS, les sources d’information sur l’état du résident et l’utilité perçue de

la formation à l’ARS, font donc l’objet d’un tableau récapitulatif des réponses

obtenues auprès des PAB, classées par ordre décroissant de fréquences absolues.

De plus, des liens ont été réalisés entre ces éléments entre eux ainsi qu’avec les

autres données obtenues dans cette étude (par ex : les liens entre les perceptions

du soignant recueillies après le soin et son appréciation du comportement du

résident et le degré de mise en œuvre de l’ARS).

Les données des autoconfrontations, sont ici utilisées de manière complémentaire,

pour venir appuyer ou expliciter les données recueillies avec les différents outils

cités précédemment, ou parfois les contredire.

Les données des verbalisations et des autoconfrontations viennent entre autres

répondre à la seconde partie de la question de recherche : « Quels sont les

déterminants facilitant ou nuisant à la mise en œuvre de l’ARS lors des soins

d’hygiène? »

Dans les chapitres 4 et 5 seront abordés les constats qui ressortent de cette étude

sur la mise en œuvre de l’ARS par les PAB observées dans les 44 soins d’hygiène

retenus.

Page 73: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

57

Chapitre 4 : CONSTATS – 1ère partie : La

situation de travail des PAB en CHSLD

Ce chapitre expose la première partie des résultats de l'analyse ergonomique du

travail. Il s’agit ici de décrire les différentes composantes de la situation de travail.

Après avoir présenté le portrait des quatre PAB observées, nous nous intéresserons

aux caractéristiques des unités de soins, notamment à l'organisation du travail puis

aux espaces de travail. Nous terminerons par une description d'un quart de travail

type et des principales tâches réalisées.

4.1. Portrait des soignantes observées

Comme le montre le tableau 10, les quatre soignants recrutés étaient tous des

femmes et occupaient un poste permanent de préposée aux bénéficiaires (PAB). Le

féminin et le terme PAB sont donc utilisés pour désigner les quatre personnes

participant à l’étude. Ces PAB avaient entre 30 et 46 ans et travaillaient dans trois

unités différentes. L'une d'entre elles était nouvelle sur son unité alors que les trois

autres y travaillaient depuis un nombre d'années variant entre 2,5 et 8 ans et

avaient occupé des postes de PAB antérieurement dans d'autres unités ou

établissements.

Tableau 10: Profil sociodémographique des soignants ayant participé à l’analyse ergonomique

PAB A01 B02 C03 C04

Unité A B C C

Genre Femme Femme Femme Femme

Statut socio-professionnel

PAB PAB PAB PAB

Age 46 ans +- 45ans 30 ans 41 ans

Ancienneté dans l’unité

2 ½ ans

« Nouvelle »

(- de 6 mois)

7 à 8ans

4 ans

Ancienneté dans l’établissement

14 ans « Nouvelle »

(- de 6 mois)

12 ans 9 ans

Statut d’emploi Permanent Permanent Permanent Permanent

Page 74: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

58

4.2. Caractéristiques des unités où se sont déroulées

les observations

Les observations se sont déroulées dans trois unités différentes, toutes avec leurs

propres caractéristiques et leur propre organisation.

4.2.1. Caractéristiques générales

Comme le montre le tableau 11, l'unité A se distingue des autres par le fait qu'il

s'agit d'une unité prothétique. Destinée aux personnes qui font de l'errance, elle

héberge moins de résidents (n=12), est fermée à clé et dotée de chambres

individuelles. Les unités B et C sont quant à elles dites « classiques ». Elles peuvent

héberger 57 et 90 résidents respectivement, le plus souvent dans des chambres à

deux résidents.

Page 75: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

59

Tableau 11 : Caractéristiques générales des différentes unités de soins de longue durée auxquelles appartiennent les PAB observées

Caractéristiques

Unité A Unité B Unité C

Type d’unité Unité prothétique

Unité classique

Unité classique

Nombre de secteurs

1 2: avant-arrière (en L)

3 : A, B et C (en étoile)

Accès Unité fermée. Accès avec clef (employés) ou sonnette (visiteurs)

Unité ouverte.

Accès « libre »

Unité ouverte.

Accès « libre »

Clientèle Résidents avec troubles d’errance, de déambulation, de désorientation

Multiple

(pas de trouble d’errance)

Multiple

(pas de trouble d’errance)

Nombre de résidents au moment de l'étude et sexe

12 résidents:

9 femmes et 3 hommes

57 résidents

Secteur Arrière : 27 résidents dont 11 hommes et 16 femmes

-Secteur Avant : 30 résidents (répartition inconnue car non observé)

74 résidents :

55 femmes et 19 hommes

Nombre de lits (par secteur et total)

12 lits dans 12 chambres (dont 1 palliatif)

25-30 lits dans 17 chambres par secteur

= environ 60 lits

25 à 30 lits dans 17 chambres par secteur

= environ 75 à 90 lits

Caractéristiques des couloirs

Large et décoré, pour marcher/déambuler

Standards, sans décoration

Exigus, rendant difficiles les croisements de matériel

Caractéristiques des chambres

Individuelles, personnalisées

Beaucoup à 2 résidents, qques-unes individuelles.

Tailles variables

Autant individuelles que à 2 résidents. Étroites

Caractéristiques des toilettes

Une dans chaque salle de bain (accessible par 1 ou 2 chambres).

+ dans le couloir

Une dans chaque chambre derrière un rideau (très peu utilisée).

+ dans le couloir

Presque aucune dans la chambre (ou rendues non fonctionnelles).

+ dans le couloir

Page 76: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

60

… Caractéristiques

Unité A

Unité B

Unité C

Caractéristiques des salles de bain

Individuelles, pour 1 ou 2 chambres (toilette et lavabo) et 1 grande commune

1 grande simple ou double commune par secteur

1 de taille moyenne par secteur.

Horaire précis à respecter (1h/dyade)

Salles communes : salle à manger et salon

2 pièces différentes, décorées et chaleureuses. Musique douce, télévision.

Terrasse extérieure.

Salle à manger/salon « standards » 1grande pièce.

Télévision.

Fumoir connexe.

Salle à manger/salon « standards ».

1grande pièce.

Télévision.

Fumoir connexe.

4.2.2. Caractéristiques de l’organisation des soins et du travail

Comme le montre le tableau 12, l’organisation du travail et des soins dans les unités

B et C sont assez semblables avec des horaires précis et des équipes de travail

changeantes, alors que l’unité A, qui est l’unité prothétique, présente une

organisation plus souple et une équipe de travail stable. De plus, dans ce tableau,

les notions de travail prescrit et réels commencent déjà à émerger. Dès à présent,

les termes d’infirmière et d’infirmière auxiliaire seront remplacés par les lettres I et

IA.

Page 77: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

61

Tableau 12: Organisation du travail et des soins dans les différentes unités de soins de longue durée auxquelles appartiennent les PAB observées (I :

infirmière et IA : infirmière auxiliaire)

Caractéristiques Unité A

Unité B Unité C

Équipe de soins de jour : PAB et IA

1 équipe régulière de 1 PAB et 1 IA

+ remplaçants attitrés à cette unité + personnel de nuit attitré + équipe de ménage attitré)

Par secteur :

2 équipes de 2 PAB

+ 1 IA

+ actuellement 1 personne supplémentaire en retour au travail limité aux travaux légers

Par secteur :

2 équipes de 2 PAB

+ 1 IA

En sous-effectif actuellement.

1 secteur plus lourd : 2 PAB supplémentaires aident de 7h à 7h30 (pour 2 ou 3 toilettes partielles et/ou mise au déjeuner)

Infirmière 1 pour 2 unités, donc au besoin

1 pour l’unité (pour les 2 secteurs)

1 à 2 pour l’unité (pour les 3 secteurs)

Rapport de début de quart de travail

Avec personnel de nuit et l’IA à 7h30. Durée : 2 à 3 min

Les 2 secteurs ensemble à 7h30. Distribution des feuilles de route14.

Durée : 10 min

Par secteur, à 7h30.

Distribution des feuilles de route. Durée : 10-15 min

Réunion d’équipe - 1x/sem mercredi en pm (réunion formelle)

-Tous les am, l’I passe sur l’unité (échanges informels)

1x/semaine mercredi en pm (les 2 secteurs ensemble) : résidents et dossiers en cours

-1x/semaine mercredi pm (les 3 secteurs ensemble) : discussion clinique ou sur problématique, formation ou projet) +

-Réunion multidisciplinaire et avec famille au besoin

14 La feuille de route est l’outil principal de transmission de l’information utilisé par les PAB sur les unités « traditionnelles ». Elle contient toutes les informations relatives aux tâches de travail de chaque soignante ou de chaque équipe de deux PAB (voir section 4.6.1)

Page 78: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

62

… Caractéristiques Unité A Unité B Unité C

Nombre de soins à réaliser par jour

PAB : 6 toilettes partielles et IA : 4 toilettes partielles.

+ 2 toilettes complètes en dyade/ jour

= 8 résidents/PAB

Par PAB : 6 à 7 toilettes partielles.

+ 2 bains en dyade /jour

= 8 (ou 9) résidents /PAB

Par PAB :6 à 7 toilettes partielles

+ 2 bains en dyade /jour

= 8 ou 9 résidents /PAB

Répartition des tâches/résidents

Répartition journalière claire entre PAB et IA. Toilettes complètes à deux sont déplacés selon l’humeur des résidents, l’organisation

Répartie quotidiennement par la feuille de route, pour chaque PAB.

Elles s’y conforment

Donnée quotidiennement sur feuille de route, par équipe de 2 PAB. Elles se les répartissent ensuite entre elles

Rotation des équipes

Non. Personnel stable. Spécifique à l’unité prothétique

Oui. Changement de secteur à chaque mois

Oui. Changement de secteur à chaque mois

Roulement du personnel (rapporté par les PAB)

Non. Stabilité

Roulement moyen Roulement moyen à élevé. Beaucoup de remplaçants peu habitués.

Travail d’équipe réel observé

PAB observée travaille principalement seule (sauf pour les 2 toilettes complètes)

PAB observée travaille surtout seule.

Équipe fragmentée.

Peu d’entraide observée

PAB observées travaillent surtout en équipe de 2. Beaucoup d’entraide observée et naturelle mais aussi des tensions observées/ exprimées/rapportées

4.3. Les espaces de travail

Les PAB réalisent diverses tâches dans diverses pièces des unités. Elles travaillent

principalement dans les chambres des résidents, mais aussi dans les salles de bain,

à la salle à manger, ainsi que dans les bureaux. Voici une description des différents

espaces de travail rencontrés lors des observations.

Page 79: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

63

4.3.1. Les chambres des résidents (individuelles et à deux)

Elles sont la plupart du temps à deux lits, et exigües. Chaque résident y a son lit

électrique, sa table de chevet, son fauteuil, sa table ajustable en hauteur (qui

permet de manger au lit/fauteuil) et une commode à quatre ou cinq tiroirs, par

dessus laquelle est souvent installée un téléviseur et il y a un rideau blanc qui

sépare les deux ‘zones individuelles’.

Photo 1 : Exemple de chambre à deux lits sur une unité « standard »15

Chaque résident a aussi un rangement sous forme de placard intégré au mur (sur le

mur opposé à la fenêtre), qui se ferme avec une clef. Chaque chambre comprend

une fenêtre, un lavabo et une toilette (séparée par une vraie porte ou un rideau) ou

une salle de bain. Les PAB observées rapportent que déplacements autour du lit et

les utilisations des outils de transferts sont difficiles étant donné le côté exigu des

chambres.

Les chambres individuelles ont toutefois une superficie allant d’une fois et demie à

deux fois celle d’une « zone individuelle » dans une chambre à deux.

15 Source : www.ici.radio-canada.ca (11 août 2015)

Page 80: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

64

Photo 2 : Exemple d’une chambre individuelle sur une unité « standard »16

Les chambres de l’unité prothétique, individuelles, sont « personnalisées » selon les

goûts et les désirs des résidents. Il arrive même que les familles leur apportent un

meuble personnel.

Photo 3 : Exemple d’une chambre, individuelle, sur une unité prothétique17

16 Source : www.abbie143.skyrock.com (11 août 2015)

17 Source : www.pages.videotron.com (11 août 2015)

Page 81: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

65

4.3.2. Les salles de bain (communes, à deux et seule)

Pour la plupart des chambres sur l’unité A (prothétique), il y a une salle de bain

entre deux chambres, avec une porte donnant vers chaque chambre (qui peut être

barrée) et un crochet en hauteur (où la PAB suspend le « kit » de vêtements). On y

retrouve une toilette avec deux barres latérales sur la gauche, ainsi que du papier

toilette attaché sur la barre latérale gauche. Il y a aussi un petit évier sur la droite

avec de l’eau chaude/froide (et des robinets à visser pour fermer l’arrivée d’eau

situés sous l’évier). Il y a aussi une petite armoire à clef en hauteur avec les

débarbouillettes, les culottes d’incontinences, les langes, la crème etc., ainsi que

quelques flacons situés au-dessus (produits désinfectants, savon etc.) et un

distributeur de papier brun sur le côté. Les effets personnels tels que le parfum, le

déodorant, la brosse à dents/cheveux etc. se trouvent la plupart du temps dans une

petite armoire fermée à clef directement dans la chambre.

Photo 4 : Exemple d’une salle de bain individuelle sur une unité prothétique

(en excluant la zone de douche ici présente)18

Les unités « classiques » B et C, comportent aussi quelques chambres possédant

leur propre salle de bain, qui ressemble fortement à celles de l’unité A, sauf qu’il y a

un seul accès, à une seule chambre et que les armoires ne sont pas fermées à clef.

18 Source : www.euro.components.com (11 août 2015)

Page 82: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

66

Toutes les chambres à deux (donc sur les unités ‘classiques’ B et C) ne comportent

pas de salle de bain intégrée. Les soins d’hygiène de ces résidents se font

quotidiennement au lit, au fauteuil ou au lavabo (pour les plus autonomes) et

hebdomadairement dans la salle de bain commune de l’unité.

Les salles de bain communes19 sont en général équipées d’un bain thérapeutique

avec ou sans porte latérale, d’un ou de plusieurs rideaux blancs autour, d’un

pommeau de douche muni d’un long cordon, d’un thermostat de pièce indépendant,

d’étagères/chariots/armoires de rangement pour le matériel et le stockage de celui-

ci (produits nettoyants pour le corps, produits désinfectants pour le nettoyage de la

salle, débarbouillettes, essuies, coupe-ongles, etc.). Souvent, les PAB se sont

organisées pour y avoir un poste de radio.

Photo 5 : Exemple d’une partie de salle de bain commune20

4.3.3. La salle à manger et le salon des résidents

Ce sont généralement les deux pièces communes à tous les résidents d’une même

unité (mis à part une éventuelle pièce pour fumer). Elles sont souvent à aires

ouvertes et en face du bureau des soignants. La section salle à manger comprend

19 La description de ces salles de bain communes est générale, étant donné qu’il y a eu très peu accès durant les soins donnés.

20 Source : www.chu.poitiers.fr (11 août 2015)

Page 83: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

67

plusieurs tables et chaises, souvent disposées en groupe de quatre à huit places.

Les tables sont parfois à hauteur variable, pour adapter celle-ci en fonction du

résident et de sa chaise/fauteuil.

La section salon comprend toujours une télévision assez grande, des

fauteuils/divans, des petites tables basses et quelques revues. Ces pièces sont

souvent très lumineuses. On y retrouve des décorations telles que des cadres, des

photos des résidents lors d’activités spéciales et un espace de communication ou

l’on peut retrouver par exemple le menu de la semaine, un calendrier visuel, les

prochaines activités à venir, les anniversaires des résidents etc.

4.3.4. Le bureau des soignants et les pièces connexes21

Sur l’unité A, il n’y avait pas de bureau des soignants. Leurs dossiers et autres se

trouvaient dans une armoire fermée à clef située dans la salle à manger. Sur les

unités « classiques » B et C, le bureau des soignants est partagé entre tous les

soignants et se trouve physiquement au centre de l’unité; il est partagé entre les

infirmières (I), les infirmières auxiliaires (IA) et les PAB. Cet espace n’est

physiquement pas fermé, de sorte que les soignants qui s’y trouvent peuvent rester

alertes à ce qu’il se passe dans les espaces communs et les couloirs. On y retrouve

des comptoirs pour qu’ils puissent écrire leurs notes au dossier au besoin, un

pigeonnier pour recevoir leur courrier professionnel, des téléphones pour réaliser

des contacts professionnels, ainsi que des classeurs contenant les dossiers des

usagers (Il est à noter que les PAB n’ont pas accès aux dossiers des usagers). La

salle de stockage et de préparation des médicaments pour les infirmières y est

souvent annexée, avec une porte pour la fermer à clef.

La salle de réunion des unités « classiques » B et C est une salle à usages

multiples, qui est utilisée lors des réunions d’équipe, lors des pauses des soignants,

lors des rencontres avec les familles, etc. Dans l’unité A, les réunions se font dans

le salon, ou au besoin, dans une salle à l’extérieur de l’unité.

21 Dans le cadre de mes observations, j’y suis très peu ou pas entrée.

Page 84: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

68

La salle de stockage du matériel est remplie d’armoires/étagères pleines de matériel

tel que différents produits de nettoyage/désinfection, des serviettes/débarbouillettes,

des langes/culottes d’incontinence, des gants de latex, des sacs poubelle/linge, des

sacs de linges des résidents souillés, des racks avec le linge des usagers propres à

distribuer etc. Parfois cette salle de stockage est à même la salle de bain commune.

4.4. Journée-type des PAB

Le tableau 12 montre la journée-type des PAB travaillant sur le quart de jour,

observées dans les trois unités. En général, leur quart de travail commence à 7h30

(sauf deux PAB sur l’unité C qui commencent à 7h) par un rapport de début de quart

et finit à 15h30 (sauf pour deux PAB sur l’unité C qui terminent à 15h) par un rapport

de fin de quart.

Les matinées sont principalement consacrées aux soins (toilettes, partielles et

complètes, et repas du déjeuner et du dîner). L’horaire des après-midis est moins

structuré et s’adapte aux activités des résidents, qui font par exemple une sieste ou

reçoivent de la visite. Les soignants en profitent alors pour réaliser leurs autres

tâches (préparation/gestion du matériel, du linge, réunions) ou reprendre du temps

et quitter plus tôt. Le tableau 13 décrit l’enchaînement détaillé des activités d’une

journée-type pour chaque unité. Ces informations ont été recueillies au cours des

quarts de travail observés. Les informations manquantes ont été complétées par la

suite par questionnements lors des entretiens.

Page 85: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

69

Tableau 13: Quart de travail-type pour les trois différentes unités de l’établissement

Unité A

Unité B22

Unité C

Quart de travail de nuit

Début du quart de travail

7h30 7h30 7h30

Mais parfois : 7h00 à 7h30 : Aide pour 2 ou 3 toilettes partielles dans la section ‘plus lourde’ et/ou des préparations au déjeuner

Rapport de quart de travail

Mini rapport à 7h30

(2-3min)

De 7h30 à 7h40 De 7h30 à 7h40/45

Levée des résidents et déjeuner

. De 7h30 à 7h45 : Tournée de préparation des levées (sort kit, met dans sdb)

de 7h45-8h30: Levées des résidents, aide habillage, mise à la toilette, toilettes partielles

de 8h30-9h15 : Déjeuner commun à la salle à manger, puis accompagnement de qques résidents au salon ou à leur chambre

De 7h40 à 9h00 : Préparation des résidents pour le déjeuner (micro-toilette et installation assise au lit/fauteuil), distribution du déjeuner en chambre, aide à l’alimentation, aide à allumer/tenir la cigarette pour pouvoir fumer, ramassage des plateaux

De 7h45 à 8h45 : Discussions régulièrement à 2 PAB pour se répartir les tâches (15 toilettes dont 2 bains/ 2 PAB), Préparation des résidents pour le déjeuner (micro-toilette et installation assise au lit/fauteuil), distribution du déjeuner en chambre, aide à l’alimentation, +début des toilettes partielles/habillage à travers, ramassage des cabarets

Début des Soins

(Déjà en cours) 9h 8h45-9h

Pause 15min entre 9h et 10h, dans le salon, avec les résidents

de 9h45 à 10h00 : (lorsque possible)

de 10h00 à 10h15 (ou 10h30-10h45)

22 Il faut noter que dans l’unité B, il n’a pas été possible de faire des observations après 11h.

Page 86: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

70

Unité A Unité B Unité C

Suite des soins

10h00-11h30 : mises à la toilette, tâches connexes (rangement serviettes, vérification matériel pour les soins dans les chambres, faire lits) et discussion de cas avec IA et I éventuellement

10h00-11h15 : Fin des toilettes partielles et bain + réponse aux ‘lumières’/appels (++)

10h15-11h30 : Suite des toilettes en chambre et toilettes totales au bain (selon horaire précis), préparation au dîner, réponse aux appels s’il y en a

Repas des résidents

11h30-12h30 : Rassemblement à la salle à manger commune pour le repas (11h45 : Arrivée des plateaux)

Non documenté 11h30-12h15 : Distribution des repas en chambre, aide à l’alimentation, ramassage des plateaux

Pause de midi

11h15-12h00 (ou 12h30-13h15)

11h15-12h00 12h15 à 13h00 (ou 11h45-12h30)

Tâches en PM

12h30-13h30 : Tournée de mises à la toilette

Non documenté 13h00-14h00 : Tournée couches/mise au lit/repos/transferts

13h30-15h30: Tâches connexes (remplir armoires, commander matériel, ranger linge résidents dans armoires, sortir poches sales); Pause; Accueil/Gestion des visites; Soins personnels (bain, rasage…); Mises à la toilette au besoin; Collation; Discussion de cas avec IA; Rapport de fin de quart; Reprise de temps

14h00-14h15 : Tournée de collation

14h15-14h30 : Pause

14h30-15h30 : Tâches connexes (tournée linge propre/sale résidents, lavage bain, lavage des protèges-hanches et des filets pour lève-personne, soins des pieds (5/mois/PAB), remplir armoires et chariot); Mise à la toilette au besoin; Réponses aux « lumières »/appels/chutes; Réunion d’équipe hebdomadaire; Réunions multidisciplinaire au besoin; Rapport de fin de quart; Reprise de temps

Fin du quart de travail

15h30 15h30 15h00 ou 15h30

Quart de travail de soir

Page 87: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

71

4.5. Les principales tâches des PAB

Les tâches réalisées observées par les PAB sont principalement liées aux soins

d’hygiène (toilette partielle, toilette complète et mise à la toilette/changement de

protections sanitaires), à l’alimentation et aux transferts. Ces tâches principales sont

détaillées dans cette section. Les PAB ont par ailleurs aussi des tâches connexes à

réaliser, qui sont tout aussi importantes, car elles permettent de réaliser au mieux

leurs tâches principales et d'’accompagner les résidents dans tous leurs besoins

quotidiens. Ces tâches connexes sont développées à la fin de cette section.

4.5.1. La toilette partielle

La toilette partielle est une tâche fréquente car réalisée quotidiennement pour

chaque résident (sauf s’il y a des accidents et des besoins supplémentaires). Elle se

réalise au lit (assis ou allongé), au fauteuil ou debout (partiellement ou totalement)

devant une marchette ou le lavabo. Cette toilette partielle est réalisée en fonction

des capacités fonctionnelles de chaque résident, de leur degré de participation au

soin (et souvent de leurs préférences) et de leur équilibre en position debout. Le

choix de la sorte de toilette à réaliser pour tel résident est prédéfini par l’équipe de

soins (excluant les PAB). Elle comprend le lavage de la poitrine, des aisselles et des

parties génitales, puis l’essuyage de ces différentes parties; Ensuite et avec une

autre serviette, le lavage du visage, des yeux et des mains, puis l’essuyage de ces

différentes parties. Parfois elle inclut aussi le lavage/essuyage du dos. Elle se

conclut avec un habillage complet. Parfois, un brossage des cheveux, des dents

et/ou un rasage de la barbe pour les hommes est aussi réalisé.

4.5.2. La toilette complète

La toilette complète23 est moins fréquente et est réalisée la plupart du temps par une

équipe de deux soignants. La description des tâches prévoit que chaque résident

23 Il est à noter que les informations recueillies au cours de cette recherche pour les toilettes complètes au bain sont uniquement des observations auditives ou observations indirectes (derrière le rideau) durant la période du bain (car l’observation de soins incluant une nudité complète du résident n’était pas autorisée par le Comité d’éthique). Toutefois, la toilette de préparation qui se fait au lit (souvent au niveau des parties

Page 88: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

72

reçoit une toilette complète par semaine, sauf si les besoins sont plus grands

(débordements importants de couche, maladie, meilleure collaboration au bain que

lors d’une toilette partielle au lit etc.). Elle se réalise, selon les capacités du résident,

au bain dans la salle de bain commune, ou au lit, ou une combinaison des deux

(souvent toilette du haut du corps au lit, du bas du corps au bain). Une toilette

complète comprend le lavage et l’essuyage de tout le corps, incluant les cheveux,

oreilles et pieds. La plupart du temps, les soignantes réalisent la toilette complète en

alternant les parties du corps qui sont dénudées, afin qu’il n’y ait pas nudité totale,

dans le but de garder la chaleur, pour le bien-être du résident et par respect envers

celui-ci.

4.5.3. La mise à la toilette et/ou le changement de protection sanitaire

La tâche de mise à la toilette consiste à stimuler la personne à réaliser ses besoins

sur la toilette, même si elle porte une quelconque protection. Cette tâche est

souvent réalisée après chaque repas, et avant/après la mise à la sieste. La

soignante stimule/accompagne le résident à venir à la salle de bain, à se déculotter,

à s’asseoir sur la toilette et à faire ses besoins. Parfois, elle le stimule par des mots,

des sons, avec le robinet d’eau ouvert à côté de lui ou en le laissant seul pour qu’il

soit plus à l’aise. Ensuite, la soignante revient pour le stimuler/aider à s’essuyer, se

relever, se rhabiller, se laver/sécher les mains et sortir de la toilette. Sur l’unité A, on

utilise des « grenouillères » pour éviter que certains résidents n’aillent « jouer dans

leurs selles ». Cette grenouillère ressemble grosso modo à un cache-couche pour

enfant et permet de rendre inaccessible la protection sanitaire.

Cette tâche de mise à la toilette a été peu observée dans les unités « classiques ».

En effet, seulement quelques résidents plus autonomes sont ainsi amenés à la salle

de bain par des soignants. Les résidents totalement autonomes se rendent à la

toilette seuls. La plupart des résidents reçoivent plutôt un changement de protection

sanitaire debout/assis ou allongé sur le lit.

intimes), qui constitue la première étape de la toilette complète au bain, ainsi que les déplacements et le retour à la chambre étaient acceptés et observés.

Page 89: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

73

La tâche de changement de protection se réalise la plupart du temps en fin de

matinée et après la sieste de l’après-midi, la plupart du temps alors que le résident

est couché dans le lit, ou en position debout avec prise d’appui sur un meuble, une

marchette ou un lavabo. Les PAB ont le même mode opératoire que pour les

toilettes partielles, c’est-à-dire qu’elles prennent des gants, des débarbouillettes et

une protection sanitaire propre dans leur chariot, puis entrent dans la chambre et

réalisent le changement de protection, avec toilette intime et transfert si nécessaire.

Elles réalisent donc « une tournée de changement de protection sanitaire » comme

elles en font une pour les toilettes le matin.

4.5.4. L’aide aux repas

Les PAB observées réalisent plusieurs tâches en lien avec les repas. Tout d’abord,

elles font une tournée des chambres pour réveiller les résidents, les saluer et les

installer dans leur chambre en position assise ou semi-couchée (au lit ou au

fauteuil) pour prendre leur déjeuner ou les inciter à se rendre à la salle à manger

(pour les plus autonomes). Ensuite, lorsque les chariots de plateaux de déjeuner

arrivent de la cuisine, elles les distribuent rapidement en avançant progressivement

les chariots dans les couloirs. Souvent, elles se sont réparti les « zones » d’avance

(salle à manger, couloir avant/arrière, gauche/droit etc.), pour être plus rapides et

efficaces. La plupart du temps, une ou deux soignantes s’occupent uniquement des

résidents dans la salle à manger, et partent avec un chariot, et toutes les autres

distribuent les repas aux chambres. Lorsqu’elles apportent le plateau à chaque

résident, elles assistent partiellement celui-ci en fonction de ses capacités (nomme

les éléments/ingrédients, explique ce qu’il faut en faire, ouvre les contenants, met

de côté le plat ou dessert ou breuvage pour structurer le résident ou éviter des

dégâts, initie le mouvement, donne la première bouchée etc.).

Page 90: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

74

Photo 6 : Exemple d’aide à l’alimentation24

Elles terminent la distribution des plateaux par les résidents ayant besoin d’une

assistance totale ou presque, et prennent le temps de les aider à manger tout leur

repas (en général, un(e) PAB donne le repas à un(e) résident(e)). Lorsque ceux-ci

ont terminé, elles refont le chemin inverse, pour ramasser les plateaux, en laissant

au besoin leur dessert ou leur breuvage aux résidents n’ayant pas terminé.

Il ressort de nos observations une tendance à servir à la salle à manger tous les

repas dans l’unité A, la plupart des repas dans l’unité B et une minorité des repas

dans l’unité C. Dans cette dernière unité, la majorité des repas sont donc servis en

chambre. Le critère rapporté par les PAB observées qui définit où est donné le

repas est l’autonomie du résident dans la prise du repas et dans son déplacement.

On peut penser que l’exigüité des couloirs de l’unité C y est aussi pour quelque

chose.

La tournée des repas du midi fonctionne sensiblement de la même manière.

Souvent, il y a par la suite une mise au lit (avec un changement de protection

sanitaire) afin que les résidents puissent faire leur sieste.

24 Source : www.ch.avranches-granville.fr (11 août 2015)

Page 91: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

75

4.5.5. Les transferts de résidents

Les PAB réalisent souvent des transferts pour aider au déplacement des résidents

moins autonomes. Il peut s’agir de les transférer de la position allongée sur le dos à

la position allongée latérale, ou à la position assise (au fauteuil de chambre,

gériatrique, roulant ou de douche), ou à la position debout (avec ou sans canne,

avec marchette ou avec station-debout). Ces transferts sont réalisés à une ou deux

soignantes, avec l’aide de différents outils d’aide au transfert (voir section 4.6.2 ci-

dessous).

4.5.6. Autres tâches

Les soignants ont aussi plusieurs autres tâches à réaliser, qui seront peu

développées ici car elles sont moins en lien avec l’ARS ou ont peu été observées

durant les quarts de travail de présence : tournée de « bonjours » en début d’après-

midi si elles ont le temps, aller se présenter lorsqu’un nouveau résident est arrivé,

distribution de la collation en matinée et en après-midi, préparation/rangement du

matériel, rangement/nettoyage de la salle de bain commune, gestion du linge

sale/propre des résidents (lavé à l’extérieur, une à deux fois/semaine), nettoyage de

certains vêtements des résidents (trop souvent utilisés pour être envoyés dans le

nettoyage à l’extérieur), soins des pieds (cinq résidents/mois/PAB – unité C), tâches

logistiques, interactions avec les familles/visiteurs, coaching/formation des

‘nouveaux’, entraide, activités spéciales thématiques (fêtes) etc.

4.6. Les outils de travail

Voici une description des principaux outils de travail rencontrés lors des

observations des PAB. Il sera d’abord question des outils de transmission

d’information puis des équipements, tels que les chariots de matériel, les bacs

contentant les effets personnels des résidents, les outils d’aide au transfert des

résidents et les cabarets et chariots pour les repas. Il y a bien entendu toute une

variété de ces outils et, sur chaque unité, ils diffèrent un peu, mais une description

sommaire ici est intéressante, afin d’expliquer au mieux le contexte dans lequel les

observations de cette étude ont été réalisées.

Page 92: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

76

4.6.1. Les outils de transmission d'information

Les trois outils de transmission de l’information disponibles pour les PAB lors des

observations réalisées sont :

- les rapports de quarts de travail quotidiens (outil verbal)

- les réunions d’équipe hebdomadaires (outil verbal)

- et la « feuille de route » (outil papier)

De par leur titre d’emploi, les PAB n’ont pas accès aux dossiers des résidents et ne

peuvent donc pas obtenir d’informations via cet outil.

Selon les observations réalisées, cette « feuille de route », est l’outil principal de

transmission de l’information utilisé par les PAB sur les unités « traditionnelles »,

soit les unités B et C. Elle est réalisée et mise à jour par l’I et/ou l’IA. Elle contient

plus précisément toutes les informations relatives aux tâches de travail de chaque

soignante ou de chaque équipe de deux PAB c’est-à-dire le nombre de toilettes

partielles/complètes à réaliser, les tâches connexes (par exemple, distribuer les

collations, distribuer le linge propre, ramasser le linge sale), l’horaire de l’utilisation

de la salle de bain commune. De plus, s’y trouvent les informations détaillées et « à

jour » relatives aux toilettes à réaliser avec chaque résident, incluant toutes les

particularités à appliquer (toilette à réaliser seule ou à deux soignants, au

lit/lavabo/chaise, utilisation de tel produit spécifique, surveiller l’état des

escarres/plaies/blessures et avertir l’IA, mettre ensuite le résident au fauteuil, lui

parler fort/doucement, se placer à gauche/droite, utilisation des culottes de taille

S/M/L/XL, mettre vêtements adaptés etc.).

Par contre, sur l’unité prothétique (unité A), cette « feuille de route » n’est pas

utilisée; La transmission d’informations se fait principalement verbalement, de

manière « organisée » lors des échanges d’informations en début de quart de

travail, ou de manière informelle, durant la journée et/ou au fil des évènements ou

besoins.

Page 93: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

77

4.6.2. Les chariots de matériel de soins

Chaque chariot est partagé par les deux PAB d’une équipe (sauf dans l’unité A où il

n’y a aucun chariot et dans l’unité B, section avant où il y a un chariot pour deux

équipes de deux PAB). Elles sont en charge de les vérifier avant de débuter leur

tournée et de les remplir à la fin de leur tournée. Ces chariots sont principalement

équipés de gels désinfectants pour les mains, débarbouillettes, draps, piqués, gants

de latex trois tailles, sac pour le linge sale, sac poubelle, feuille de route. Elles le

font avancer dans le couloir pour qu’il soit toujours vis-à-vis des chambres dans

lesquelles elles réalisent leurs soins.

Photo 7 : Exemple d’un chariot de matériel utilisé par les PAB25

Pour éviter l’encombrement des couloirs des unités observées (déjà trop étroits), les

PAB rangent les chariots dans la salle de réserve ou dans les salles de bain

communes lorsque les soins sont terminés.

Sur l’unité prothétique observée, il n’y a pas de chariot de matériel. Tout le matériel

est placé dans les salles de bains et les chambres des résidents, la plupart du

temps sous clef. La réserve se trouve dans les placards barrés de la salle de bain

commune et dans le couloir y menant.

25 Source : www.asstass.qc.ca (11 août 2015)

Page 94: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

78

4.6.3. Le bac de rangement des effets personnels des résidents

La plupart du temps, il y a un bac situé dans la table de chevet comprenant le savon

du résident, son shampoing, ses crèmes, sa brosse/peigne, son déodorant/parfum,

sa brosse à dent et dentifrice, son nécessaire de rasage (hommes) / maquillage

(femmes). Tous ces effets personnels sont fournis par la famille. Une fois installée

pour le soin et les produits retirés du bac, la PAB le remplit d’eau chaude, puis le

dépose sur la table haute, pour débuter le soin.

Photo 8 : Exemple d’un bac avec effets personnels26

4.6.4. Les outils aidant aux transferts des résidents

Les principaux outils utilisés pour aider les soignantes à réaliser les transferts sont

la station-debout ou verticalisateur, le lève-personne sur rail installé au plafond avec

filet amovible, la chaise de douche, le lit électrique à hauteurs variables et à

barrières amovibles, et enfin les piqués.

26 Source : www.youtube.com (11 août 2015)

Page 95: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

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Groupe de photos 9 : Différents outils aidant les soignants aux transferts des résidents : le verticalisateur27, le lève-personne sur rail28, la chaise de douche29 et le lit électrique30

27 Source : www.equimed.ca (11 août 2015)

28 Source : www.medicaltronik.ca (11 août 2015)

29 Source : www.usergo.com (11 août 2015)

30 Source : www.ici.radio-canada.ca (11 août 2015)

Page 96: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

80

4.6.5. Les chariots pour les repas

Les chariots utilisés dans les unités observées sont de grands chariots dans

lesquels sont insérés les plateaux pour les repas avec couvercle. Ils sont à

roulettes, en métal, ouverts (donc sans portes/parois), avec deux accès latéraux

pour insérer les plateaux. Ces chariots peuvent atteindre une hauteur d’environ 1

mètre 60 centimètres. Sur chaque rangée, deux plateaux sont accessibles par

chaque accès latéral.

Groupe de photos 10 : Exemple de chariot31 et de plateau32 utilisés pour les repas

Les plateaux et chariots sont remplis dans la cuisine du CHSLD, et apportés par un

employé de la cuisine jusqu’à l’entrée de l’unité, selon un horaire théoriquement

précis. Dans la réalité, les chariots arrivent avec une précision d’environ 15 minutes.

Lorsque les repas sont terminés, les soignants rapportent les chariots avec les

plateaux « vides » devant les ascenseurs ou à l’entrée de l’unité. Un employé de la

cuisine repasse les chercher ultérieurement.

31 Source : www.astelos-sante.com (11 août 2015)

32 Source : www.lapresse.ca (11 août 2015)

Page 97: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

81

Sur l’unité A, les déjeuners sont apportés dans des plateaux, mais les dîners et

soupers sont apportés « en vrac » dans des plats et ce sont les soignantes qui font

le service dans les assiettes des résidents et les servent à table, « comme à la

maison ».

Au cours de ce chapitre, nous avons présenté les soignantes observées ainsi que le

cadre dans lequel elles exercent leur travail de même que les tâches qui sont les

leurs. Nous allons maintenant nous intéresser à la mise en œuvre de l'ARS lors des

soins d'hygiène afin de répondre à notre question de recherche.

Page 98: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

82

Chapitre 5 : CONSTATS – 2ème partie : La mise

en œuvre de l’ARS lors des soins d’hygiène

Maintenant que nous avons décrit la situation globale des PAB, ce chapitre

sera consacré à la mise en œuvre de l’ARS lors des soins d’hygiène.

Nous présentons brièvement une vue d’ensemble des soins d’hygiène observés et

leur contexte avant d’aborder les éléments de l’ARS mis en œuvre. Ensuite, en

recourant au modèle de Cloutier et al., des déterminants qui influencent cette mise

en œuvre sont identifiés. Finalement, quelques effets de cette mise en œuvre de

l’ARS, rapportés par les PAB participantes, sont présentés; ces effets portent sur les

soignants et les résidents.

5.1. Vue d’ensemble des soins d’hygiène observés

Comme le montre le tableau 14, les 44 soins analysés sont répartis entre les quatre

PAB (entre deux et six soins par PAB), comprennent surtout des toilettes partielles

(n=38), et dans une moindre mesure des toilettes complètes (n=6, observées de

manière auditive uniquement). Finalement, on peut noter que plus de 60% de

l’ensemble des soins analysés (n=28) ont été réalisés en dyade, parmi lesquelles

toutes les toilettes complètes.

Tableau 14 : Répartition des toilettes analysées (n=44) selon le type, la PAB impliqué et le travail en équipe ou seule

PAB Toilettes partielles

Toilettes complètes

TOTAL

Seule à deux

Seule à deux

A01 5 3 0 2 10

B02 3 3 0 1 7

C03 2 12 0 1 15

C04 6 4 0 2 12

Sous-total 16 22 0 6 44

Page 99: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

83

5.2. Les éléments de l’ARS mise en œuvre lors des soins

d’hygiène

A la suite de la récolte de toutes les données d’observation, une analyse précise de

la mise en application de l’ARS lors des 44 soins d’hygiène retenus a pu débuter.

Celle-ci a été réalisée à l’aide de la grille d’objectivation modifiée telle que décrite

dans le chapitre 3. Les résultats ainsi obtenus permettent d’ébaucher une réponse à

la question de recherche posée initialement, c.-à-d. dans quelle mesure les PAB en

CHSLD ayant reçu une formation à l’ARS mettent-ils en œuvre les éléments

enseignés dans leurs situations réelles de travail et quels sont les déterminants

influençant cette mise en œuvre?

Pour y répondre, les items de la grille d’objectivation modifiée ont été calculés pour

chacun des 44 soins à l’aide des données recueillies. Ils ont ensuite été classés par

ordre décroissant de fréquence relative, tels que présentés dans le tableau 15. Des

exemples y ont été rajoutés pour chaque item, afin d’aider le lecteur à visualiser les

différents items et la précision avec laquelle chaque soin a été observé.

Enfin, dans le but de cibler les déterminants influençant cette mise en œuvre, les

items de la grille d’objectivation modifiée ont été regroupés par thèmes et une

fréquence moyenne a été calculée pour chacun d’eux dans le tableau 16. Une

analyse de ces résultats a ensuite été réalisée et sont détaillés dans la section

concernant les déterminants qui influencent la mise en œuvre de l’ARS.

Page 100: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

84

Tableau 15 : Items de la grille d’objectivation de l’ARS mis en œuvre dans les 44 soins d’hygiène observés, par ordre décroissant de fréquence (fr.) relative,

et exemples

Numéro des items et libellé (et exemples)

Fr.

ab

so

lue

Fr.

rela

tiv

e (

%)

*25 : Se soucie de l’environnement de soin

Exemples : Ferme le rideau mitoyen, vérifie si le matériel est à portée de mains

44/44 100%

*4 : Prend contact avec le résident

Exemple : Regard, parole, toucher

43/44 98%

*20 : Reconnaît les feed-back verbaux et non verbaux du résident

Exemples : Hochement de tête, grimaces

42/44 95%

*21 : Adapte son intervention en fonction des feed-back du résident

Exemples : Prend de l’eau plus froide, questionne

42/44 95%

*16 : Ne parle pas en même temps que sa collègue 26/28 93%

*5 : Regarde le résident, sollicite son regard

Exemple : Cherche à créer le contact visuel, se penche, se met à sa hauteur

41/44 93%

*3 : Établit la relation avant de commencer la tâche

Exemple : S’annonce, annonce le soin

40/44 91%

*22 : Cherche à maintenir une bonne relation tout au cours du soin

Exemple : Évite d’emmener le résident sur des sujets qui le fâche

40/44 91%

*12 : Évite les communications paradoxales

Exemple : Réaliser le soin rapidement tout en disant au résident de prendre son temps

35/41 85%

*17 : Est dirigée uniquement vers le résident et la tâche en cours

Exemple : ne se laisse pas distraire par une tierce personne

23/28 82%

*18 : Respecte l’entente quant au maintien de la relation avec le résident

Exemple : n’arrête pas le soin pour parler à la voisine

23/28 82%

*14 : Adapte le type de communication aux capacités du résident

Exemple : Par imitation, en utilisant l’histoire de vie du résident

36/44 82%

Page 101: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

85

… Numéro des items et libellé (et exemples)

Fr.

ab

so

lue

Fr.

rela

tiv

e (

%)

*6 : Annonce ce qu’elle va faire avant de poser un geste 34/44 77%

*7 : Parle durant le soin

Exemple : A une conversation ou décrit ses gestes

33/44 77%

*15 : Donne des consignes claires au résident

Exemple : Une idée à la fois, un geste/mouvement à la fois

33/44 75%

*10 : Maintient le contact physique avec le client; annonce si elle doit le quitter

26/40 65%

*1 : S’informe préalablement du résident

Exemple : Auprès des collègues

28/44 64%

*2 : S’annonce/frappe avant d’entrer dans la chambre du résident 23/38 60%

*9 : Procède avec douceur

Exemple : Pas de griffe, pas de pince

7/13*** 54%

*19 : Respecte l’autonomie du résident, sollicite sa participation

Exemple : Lui demande de réaliser une partie du soin avec elle

23/44 52%

*24 : Cherche à maintenir la capacité du résident à se tenir debout

Exemple : Lui demande de se lever pour une partie du soin

18/42 43%

*13 : Suggère des idées positives au résident, est un motivateur

Exemple : Le motive en lui parlant de la visite qu’il va recevoir

15/44 34%

*8 : Offre des choix d’action réalistes au résident

Exemple : Ce vêtement-ci ou celui-là? Vous vous lavez le visage ou les oreilles?

12/43 28%

A ce stade, il est important de clarifier un élément de ce tableau: le dénominateur

utilisé dans les calculs de fréquence absolue. En effet, celui utilisé ici est, pour la

plupart du temps, 44 (= nombre de soins observés et analysés). Par contre, pour les

soins réalisés seule, le dénominateur de la fréquence absolue devient 28, pour les 3

items touchant le travail d’équipe (items *16, *17 et *18, car 28 des 44 soins sont

réalisés par une PAB seule).

De plus, certains items ont une fréquence absolue calculée sur une base autre que

les dénominateurs 28 ou 44 cités plus hauts, pour des raisons bien précises

énoncées par les PAB participantes et basées sur leurs perceptions :

Page 102: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

86

L’item 12 « Évite les communications paradoxales » est calculé sur une base

de 41 soins car cet item ne s’applique pas à 3 des 44 soins observés; Dans

ces 3 cas, il n’y avait pas de communication verbale étant donné la surdité

perçue du résident.

L’item 10 « Maintient le contact physique avec le client; annonce si elle doit

le quitter » est calculé sur une base de 40 soins car cet item n’a pas été

appliqué volontairement par la PAB observée dans 4 des soins observés

étant donné la distance physique qu’elle voulait établir entre le résident et

elle durant le soin; Stratégie qu’elle adopte pour éviter que certains résidents

ne la touche à leur tour (« C’est un résident aux mains baladeuses »).

L’item 2 « S’annonce/frappe avant d’entrer dans la chambre du résident »

est calculé sur une base de 38 soins car cet item ne s'applique pas à 6 des

44 soins observés; Dans ces 6 cas, le lieu de prise de contact avec le

résident est un espace commun (salle à manger, salon ou couloir) dans un

milieu prothétique et le principe de s’annoncer ou de frapper à la porte de la

chambre avant d’entrée n’est pas applicable.

L’item 9 « Procède avec douceur » est calculé sur une base de 13 soins car

les 31 autres soins se déroulaient avec des résidents majoritairement

autonomes, avec qui ces techniques n’étaient pas requises.

L’item 24 « Cherche à maintenir la capacité du résident à se tenir debout »

est calculé sur une base de 42 soins car 2 des 44 soins étaient réalisés avec

des résidents grabataires, qui ne se levaient plus de leur lit, sauf avec un

lève-personne.

L’item 8 « Offre des choix d’action réalistes au résident » est calculé sur une

base de 43 soins car 1 des soins réalisés l’était avec un résident « lourd »,

qui ne pouvait répondre ni verbalement ni visuellement au sujet d’un choix

d’action.

Tel que mentionné plus haut et afin de faire ressortir les déterminants

influençant la mise en œuvre de l’ARS dans les soins observés, les items de la

grille d’objectivation ont été regroupés par thème et une moyenne des

fréquences relatives des items constituant chaque thème a été calculée. Les

thèmes ont ensuite été classés, selon leur moyenne, par ordre décroissant

dans le tableau 16.

Page 103: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

87

Tableau 16: Fréquence relative moyenne de mise en œuvre de l’ARS lors des 44 soins selon un regroupement des items de la grille d’objectivation par

thèmes

Thème Fr. relative moyenne (%)

Numéros des items de la grille d’objectivation modifiée et exemple

Environnement

100% *25

Ex : Se soucie de l’environnement de soin Adaptation au résident en cours de soin

95% *20-21

Ex : Reconnaît les feed-back verbaux et non verbaux du résident et s’y adapte

Travail d’équipe centré sur le résident

86% *16-17-18

Ex : Est dirigée uniquement vers le résident et la tâche en cours

Création de la bulle relationnelle33 (regard, parole) et communication

83% *5-6-7-12-14-15-22

Ex : Annonce ce qu’elle va faire avant de poser un geste; Décrit ses gestes

Prise de contact initiale avec le résident

78% *1-2-3-4

Ex : S’annonce/frappe avant d’entrer dans la chambre du résident

Création de la bulle relationnelle – toucher

59% *9-10

Ex : Maintient le contact physique avec le client; Annonce si elle doit le quitter

Maintien de l’autonomie

39% *8-13-19-24

Ex : Lui demande de réaliser une partie du soin avec elle; Lui demande de se lever pour une partie du soin

Ces deux tableaux (15 et 16) classent par ordre d’importance les éléments de l’ARS

mis en œuvre lors des soins d’hygiène observés et nous donnent des réponses

brutes à la question de recherche de cette étude. L’environnement de soin arrive en

première place de ce qui est mis en œuvre par les PAB lors de tous les soins

observés (100%). Les places suivantes sont occupées par des thèmes centrés sur

le résident (adaptation au résident en cours de soin - 95% et travail d’équipe centré

33 La bulle relationnelle se réfère à la relation établie avec le résident durant le soin

Page 104: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

88

sur le résident - 86%). De plus, on y voit aussi que la création de la bulle

relationnelle de façon générale a un haut résultat (83%), excepté la sous-catégorie

du toucher dans la bulle relationnelle, qui a un résultat plus bas (59%). La prise de

contact initiale ressort avec un résultat haut aussi (78%). Finalement, le maintien de

l’autonomie du résident arrive en dernier avec 39%.

Ces résultats, bruts, vont être maintenant mis en perspectives avec d’autres

résultats recueillis dans cette étude afin d’être étudiés dans leur ensemble, afin de

bien les comprendre et mieux les cerner. Dans la section suivante, nous irons

analyser les déterminants influençant ces items de la grille d’objectivation; les

déterminants influençant la mise en œuvre de l’ARS.

5.3. Les déterminants qui influencent la mise en œuvre de

l’ARS

Nous venons de voir la fréquence de mise en œuvre d’éléments de l’ARS,

majoritairement ceux qui sont le plus souvent mis en œuvre, mais dans l’ensemble

des soins, quels sont les déterminants qui influencent cette mise en œuvre de

l’ARS?

Pour répondre à cette question, nous allons étudier en détails les informations

recueillies auprès des PAB participantes à travers les observations directes, les

verbalisations post-soin et les autoconfrontations. Ces informations sont présentées

ci-dessous en fonction des quatre « quadrants »de notre modèle de référence (voir

chapitre 4, modèle de Cloutier et al. adapté), c.-à-d. le soignant et son équipe, le

résident, l’environnement de travail et finalement l’organisation du travail.

5.3.1. Le soignant et son équipe

Ce sujet est le premier des quatre « quadrants » de notre modèle de référence (voir

chapitre 4, modèle de Cloutier et al. adapté).

Des différences dans le degré de mise en œuvre de l’ARS ont été observées entre

les quatre PAB participantes. On parlera ici de « profil ARS » de chaque PAB

participante, en lien avec leur point de vue sur l’ARS. Il sera aussi question du

Page 105: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

89

travail en équipe de deux, puisque les dyades observées présentent aussi des

variabilités importantes, qui influencent le degré de mise en œuvre de l’approche.

5.3.1.1. Le « profil ARS» de la PAB influence la mise en œuvre lors des soins

Le terme de « profil ARS » a été développé suite à cette observation de grande

variabilité entre les quatre PAB participantes34. Ce « profil ARS» est teinté non

seulement par leur profil sociodémographique (vu dans la section 4.1), mais aussi

par leurs valeurs, leurs intérêts et leur engagement face à l’ARS (formation et mise

en application), ainsi que leur point de vue sur l’ARS (voir tableau 17; et verbatims

complets voir annexe L).

34 Par soucis de confidentialité auprès des 4 PAB participantes, nous les avons renommées, de manière aléatoire, PAB W, PAB X, PAB Y et PAB Z.

Page 106: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

90

Tableau 17: Point de vue de chacune des PAB participantes sur l’ARS et temps écoulé depuis la formation

PAB W PAB X PAB Y PAB Z

Temps écoulé depuis la formation à l’ARS

3-4 ans 3-4 ans 9 ans, ancienne formatrice interne

10 mois

Point de vue sur l’ARS :

Appréciation globale

Ne me sert à rien

Aidante Merveilleuse, résultats extraordinaires

Aidante

Utilité, efficacité Jamais trouvée utile

Utile Elle fait gagner du temps

Très utile

Effets sur résidents

Permet de leur mettre des limites : tous les hommes ici sont charmeurs

Facilite leur collaboration

Aide à diminuer leur agressivité

Facilite leur collaboration

Effets sur elle-même

ND Amène à faire plus attention au respect du résident; plus à l’aise de demander de l’aide d’un autre collègue au besoin

Apporte de la satisfaction face au soin réalisé

Stimule et développe la communication non verbale

Effets sur le soin ND Permet de prendre le temps avec le résident

Nécessaire pour bien faire le soin; Rend le soin plus facile

Permet de se mettre à la place des résidents

Il ressort de ce tableau que la PAB W a une appréciation faible de l’ARS, le trouvant

peu utile ou efficace, même si elle a reçu la formation il y a peu (3-4ans); Elle

perçoit toutefois un point positif à l’ARS, celui de mettre des limites aux résidents

masculins.

Par contre, les trois autres PAB participantes ont une appréciation forte de l’ARS, la

trouvant facilitante, aidante, et même aidant à leur propre satisfaction.

Ce tableau a guidé une réflexion approfondie, nommée plus haut « profil ARS » de

chaque PAB participante, car tous ces éléments qui le constituent ont un impact

direct sur la mise en œuvre de l’approche par les PAB observées lors de leur travail

au quotidien.

Page 107: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

91

Ainsi, les figures (6 à 9) qui suivent comparent le degré de mise en œuvre de

chaque PAB participante à la moyenne du groupe (nommé comme « Tous les

soignants »).

Figure 6 : Comparaison de la mise en œuvre de l’ARS par la PAB W à la moyenne de la mise en œuvre des quatre PAB

Sur la figure 6, la courbe de mise en œuvre de l’approche par la PAB W est la

plupart du temps inférieure à la moyenne des quatre PAB. Pour deux catégories,

elle est égale à la moyenne des quatre PAB : la catégorie 1 qui est l’environnement

(dont les quatre PAB se soucient à 100%) et la catégorie 5 qui est la prise de

contact initiale avec le résident. Ce résultat va dans le même sens que son « profil

ARS », peu en faveur de l’ARS. En effet, cette PAB croit très peu en la pertinence et

ne voit pas l’intérêt d’appliquer l’ARS dans son quotidien de travail. Elle dit d’ailleurs

ne plus se souvenir très bien de cette approche. En bref, la figure ci-dessus

démontre qu’elle applique peu l’ARS, et est en adéquation avec son « profil ARS».

Environnement

Adaptation au

résident

Travaild'équipe

centré surrésident

Bullerelationn

elle etcommuni

cation

Prise decontactinitiale

Bullerelationn

elle -toucher

Maintiende

l'autonomie

PAB W 100,0% 71,4% 62,5% 68,8% 78,6% 21,4% 29,6%

Tous les soignants 100,0% 95,5% 86,4% 82,6% 78,8% 63,5% 39,3%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

PAB W Tous les soignants

Page 108: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

92

Figure 7 : Comparaison de la mise en œuvre de l’ARS par la PAB X à la moyenne de la mise en œuvre des quatre PAB

Sur la figure 7, la courbe de mise en œuvre de l’approche par la PAB X est tout le

temps égale ou légèrement supérieure à la moyenne des quatre PAB, sauf pour la

catégorie 6 qui est la création de la bulle relationnelle - toucher. Pour cette

catégorie, elle a un résultat légèrement inférieur à la moyenne, ce qui pourrait être

expliqué par sa personnalité « plus réservée » selon sa propre description. Ce

résultat va dans le même sens que son « profil ARS », en faveur de l’ARS. En effet,

cette PAB croit en l’aide que l’ARS peut apporter aux soignants, surtout au niveau

du respect et de la collaboration du résident. En bref, la figure ci-dessus montre

qu’elle applique réellement l’ARS, et est en adéquation avec son « profil ARS».

Environnement

Adaptation au

résident

Travaild'équipe

centré surrésident

Bullerelationn

elle etcommuni

cation

Prise decontactinitiale

Bullerelationn

elle -toucher

Maintiende

l'autonomie

PAB X 100,0% 100,0% 94,4% 91,7% 100,0% 60,0% 47,9%

Tous les soignants 100,0% 95,5% 86,4% 82,6% 78,8% 63,5% 39,3%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

PAB X Tous les soignants

Page 109: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

93

Figure 8 : Comparaison de la mise en œuvre de l’ARS par la PAB Y à la moyenne de la mise en œuvre des quatre PAB

Sur la figure 8, la courbe de mise en œuvre de l’approche par la PAB Y est

supérieure à la moyenne des quatre PAB, sauf pour la catégorie 5 qui est la prise

de contact initiale avec le résident (en lien avec la promiscuité dans cette unité qui

fait qu’elle est tout le temps en contact avec les résidents). Ce résultat va dans le

même sens que son « profil ARS », très en faveur de l’ARS. En effet, cette PAB

était elle-même une formatrice interne et croit énormément en la pertinence et

l’intérêt d’appliquer l’ARS dans son quotidien de travail. En bref, la figure ci-dessus

démontre qu’elle applique l’ARS, et est en adéquation avec son « profil ARS».

Environnement

Adaptation au

résident

Travaild'équipe

centré surrésident

Bullerelationn

elle etcommuni

cation

Prise decontactinitiale

Bullerelationn

elle -toucher

Maintiende

l'autonomie

PAB Y 100,0% 100,0% 100,0% 92,6% 61,8% 78,6% 50,0%

Tous les soignants 100,0% 95,5% 86,4% 82,6% 78,8% 63,5% 39,3%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

PAB Y Tous les soignants

Page 110: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

94

Figure 9 : Comparaison de la mise en œuvre de l’ARS par la PAB Z à la moyenne de la mise en œuvre des quatre PAB

Sur la figure 9, la courbe de mise en œuvre de l’approche par la PAB Z est égale ou

légèrement inférieure à la moyenne des quatre PAB, sauf pour la catégorie 6 qui est

la création de la bulle relationnelle - toucher. Pour cette catégorie, elle a un résultat

très supérieur à la moyenne, ce qui pourrait être expliqué par son origine ethnique

différente, caractérisée par une culture du toucher importante, tel qu’elle le

mentionne. Ce résultat va dans le même sens que son « profil ARS », en faveur de

l’ARS. En effet, cette PAB croit en l’aide que l’ARS peut apporter aux soignants,

surtout au niveau de la communication et de la collaboration du résident. En bref, la

figure ci-dessus montre qu’elle applique l’ARS, et est en adéquation avec son

« profil ARS».

À l’aide de ces quatre figures, nous avons montré un lien entre le « profil ARS » qui

semble influencer la mise en œuvre de cette approche dans le quotidien de travail…

mais qu’en est-il de cette mise en œuvre lorsque les PAB effectuent le soin à deux?

C’est ce que nous allons développer dans la prochaine section.

5.3.1.2. Le travail en équipe: facilitant ou nuisible

Le travail en équipe, ou en dyade, est ressorti des données recueillies comme un

facteur facilitant la mise en œuvre de l’ARS pour 22 des 28 soins réalisés en équipe

de deux. Pour les six soins restants, le travail en équipe a été rapporté comme

Environnement

Adaptation au

résident

Travaild'équipe

centré surrésident

Bullerelationn

elle etcommuni

cation

Prise decontactinitiale

Bullerelationn

elle -toucher

Maintiende

l'autonomie

PAB Z 100,0% 100,0% 87,2% 75,2% 71,7% 92,9% 29,3%

Tous les soignants 100,0% 95,5% 86,4% 82,6% 78,8% 63,5% 39,3%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

PAB Z Tous les soignants

Page 111: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

95

nuisant à la mise en œuvre de l’approche par les PAB. Il faut préciser que les

dyades observées lors de cette étude sont constituées d’une des PAB participantes

et d’une seconde collègue, pouvant être différente d’une journée à l’autre ou d’un

soin à l’autre. Celle -ci peut être une autre PAB, une infirmière auxiliaire ou une

infirmière. Cette collègue peut être une habituée de l’unité/du résident/de l’ARS, une

remplaçante, une intérimaire, une nouvelle, etc. Autant de variantes pouvant

influencer la collaboration lors du soin.

Si on regarde plus en détails les raisons qui ont poussées les PAB participantes à

répondre que le travail en équipe est un facteur nuisant à la mise en œuvre de

l’ARS pour 6 des 44 soins observés, on découvre que :

- Pour 5 de ces soins, la PAB participante n’était pas en accord ou pas à l’aise

avec la manière dont l’autre soignante réalisait le soin (« Ma collègue n’a

pas le PDSB ni l’ARS, du coup elle ne stimule pas le résident mais fait les

choses à sa place en tirant, bousculant », « La gestion du soin à deux s’est

mal passée (…) on parlait et donnait des consignes toutes les deux en

même temps, du coup, je me suis mise en retrait », « Moi, si je l’avais fait

seule, j’aurais été plus rapide et efficace, mais j’étais avec ma collègue qui

aime prendre son temps avec le résident et en plus elle le connaît bien,

alors, je me suis effacée », « Ma collègue ne faisait pas tout, je devais

compléter (…) je veux bien croire que c’est parce qu’on vient de changer de

module et qu’on est pas à jour sur l’évolution du résident depuis le dernier

soin avec lui, mais là je trouve que c’était limite et qu’elle faisait mal son

boulot, alors je rajoutais des petits bouts après »)

- Pour le dernier des 6 soins, la PAB a interprété le travail d’équipe dans un

sens plus large que celui de la dyade lors du soin en cours; En effet celle-ci

rapporte être insatisfaite du travail d’équipe en référence à son collègue de

nuit : « Mon collègue de nuit n’a pas fait son travail en changeant la couche

tôt ce matin, donc on se retrouve avec une présence de selles et nous

devons donc faire une changement de couche supplémentaire pour y

palier». Par contre, pour la dyade du soin en cours, elle rapporte en être

satisfaite.

Il ressort de ces différentes raisons énoncées par les PAB que le travail en équipe

peut être un élément nuisant à la mise en œuvre de l’ARS lorsqu’il n’y a pas

Page 112: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

96

consensus sur la manière de réaliser le soin en équipe et lorsque cela crée un

malaise pour la PAB participante.

Un « profil ARS » pour chaque dyade n’a toutefois pas pu être réalisé étant donné

l’importante variabilité des dyades, par contre, la chercheure a constaté que les

quatre PAB observées utilisaient souvent les mêmes stratégies dans un même type

de situation de travail en équipe quand celui-ci nuisait à la mise en œuvre de l’ARS :

le « retrait ». Ce point sera développé dans la section 5.1.3.1.2.2 sur les stratégies

observées lors du travail d’équipe.

5.3.1.2.1. Le travail en équipe prescrit et le travail en équipe réel

Lorsque les PAB ont été questionnées sur les raisons pour lesquelles elles

réalisaient le soin en équipe, la plupart nous ont répondu que « c’est ce qui est

demandé, ce qui a été décidé en haut ». Il s’agit donc d’un mode opératoire

« prescrit ». Il est inscrit sur leur feuille de route, et parfois communiqué ou modifié

lors des réunions de début de quart de travail ou d’équipes. Cette prescription

repose sur différents facteurs liés au résident (par exemples, comportement

particulier, collaboration difficile en lien avec un comportement difficile ou

perturbateur, obésité), au type de soin (par exemples, une toilette complète, un

transfert difficile, la nécessité d’une infirmière auxiliaire pour accomplir un acte

réservé).

Selon les données recueillies, ces facteurs à l’origine du travail à deux « prescrit »,

ne sont pas toujours très clairs pour les PAB participantes, pas toujours compris, et

pas toujours « à jour ». En effet, lors des verbalisations, trois des quatre PAB

rapportent que parfois, elles choisiraient de faire certains soins seules, avec certains

résidents, à certains moments de la journée, ou en fonction de l’humeur ou du

comportement du résident au moment-même du soin. De plus, les quatre PAB

mentionnent que ce travail en équipe « prescrit », s’il ne leur semble pas

nécessaire, leur fait perdre du temps (car elles trouvent que « le travail en équipe,

s’il n’est pas nécessaire, fait perdre du temps à une des deux soignantes »), mais

elles arrivent toujours à finir ce qu’elles ont à faire (en utilisant une stratégie qui

consiste à raccourcir le temps utilisé pour réaliser des tâches connexes (ranger du

linge, remplir les armoires, etc.) dont elles maîtrisent la durée). De plus, elles

rapportent que si la dyade est harmonieuse, elles aiment mieux travailler en équipe

que faire le soin seule.

Page 113: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

97

Lors des périodes d’observations, il est arrivé trois situations où les PAB

participantes n’ont pas réalisé le travail en équipe tel que prescrit et c’est une des

deux soignantes qui a réalisé le soin seule. Cette décision a été est motivée par une

raison différente chaque fois: une incompatibilité dans l’horaire des soins réalisés

par les deux soignantes ce jour-là (pas disponibles au même moment et au bon

moment); une décision informelle du collectif de travail (devançant la mise à jour à

venir de la liste des tâches) ; une occasion saisie, compte tenue de la bonne

collaboration du résident une fois le soin débuté à deux.

La situation inverse se produit aussi parfois : il arrive aux soignantes de réaliser des

soins en équipe, même si ce n’est pas prescrit, parce que le comportement du

résident le requiert, parce qu’il collabore peu ou pas, parce qu’il a fait une chute (et

que cette information n’est pas encore intégrée dans la feuille de route), parce qu’un

équipement n’est pas disponible ou est défectueux, parce que la PAB en charge du

soin connait pas/peu le résident, parce qu’elle est nouvelle dans l’unité, parce que

« ça va plus vite à deux pour ce résident, pour ce soin-là», etc.

On peut donc dire que le travail en équipe « prescrit » n’est pas toujours le travail en

équipe « réel ». Les outils de communication, pas assez à jour, en sont la cause qui

ressort le plus souvent dans les verbalisations. Par contre, dans la majorité des cas,

ces différences entre le travail en équipe prescrit et le travail en équipe réel mises

en évidence ici sont dans l’objectif d’une meilleure adaptation au résident, et dans

ce sens en faveur d’une mise en œuvre de l’ARS.

5.3.1.2.2. Les stratégies observées lors du travail en équipe

Lorsque le soin est donné par une dyade de deux soignantes, différents modes

opératoires ont été observés, dont certains révèlent des stratégies d’adaptation à la

dynamique de la dyade. Voici trois modes opératoires observés:

-La collaboration : Ce mode opératoire est souvent adopté lorsque les deux

soignantes ont la même vision de l’approche, du soin à effectuer et des capacités

du résident. Elles se complètent et sont alors en harmonie; aucune des deux ne

prend le leadership.

Exemple : extrait de l’autoconfrontation avec la PAB Y :

Donc, pendant le soin, il y a comme un « feeling » qui se crée entre nous deux. Si c’est moi qui va vers le lavabo en premier, qui prend la

Page 114: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

98

débarbouillette… Donc, c’est moi qui vais laver… L’autre va prendre la serviette sèche. Elle va l’essuyer. Non, on n’a pas besoin de se dire : « Je vais faire ça. Tu vas faire ça. Je vais faire ça. ». C’est sûr que, si c’est quelqu’un « d’inhabitué», quelqu’un qui ne connaît rien, là, je vais plus diriger. Mais sinon, ça se fait tout seul. Je pense qu’on initie le mouvement, puis, l’autre complète, et inversement (…) Ici, on travaille souvent avec les mêmes collègues, alors je sais d’avance que ça va être facile de faire les soins à deux quand c’est avec collègue M, mais moins avec ma collègue N (…) Parfois même, si je sais que je travaille avec une avec qui ça clique bien et que je sais qu’on va être efficaces, je fais un peu plus de soins à deux ce jour-là, pour prendre de l’avance sur les autres soins de la semaine à faire en équipe de deux.

-La prise du leadership : Ce mode opératoire est souvent adopté lorsque la

soignante se sent plus à l’aise de gérer le soin, lorsqu’elle connaît mieux l’état

actuel du résident ou les évènements récents à son sujet, ou parfois lorsqu’elle veut

éviter que sa collègue ne prenne le leadership (lorsqu’elle sait qu’elle ne partage

pas sa vision, qu’elle n’aime pas sa façon de faire). Ce leadership est pris avec ou

sans concertation, avec ou sans collaboration dans cette décision. Exemple : «La

dernière fois qu’on a fait ce soin ensemble, je n’ai pas aimé et comme elle poussait

ce résident, alors, je me suis imposée. Je me suis placée face au monsieur et je lui

ai parlé dans les yeux. Je lui ai expliqué comment le soin allait se dérouler… pour

lui, mais aussi pour lui annoncer à elle comment je voulais qu’il soit réalisé. Elle a

suivi et ça s’est très bien passé » (Soin 40).

-Le retrait : Ce mode opératoire est adopté lorsque la soignante se sent mal à l’aise

dans le soin en cours ou lorsqu’elle juge que sa participation adéquate serait sans

effet ou nuisible pour le soin. La soignante reste présente et participe au soin, mais

en prenant uniquement une position « de support» à l’autre soignante. Par

exemple :

* lorsque la soignante ne veut pas laisser paraître l’incompatibilité de la dyade à

travers le soin donné (« Il n’y avait pas une belle complicité. Je prenais le temps

d’expliquer au résident ce que j’allais faire alors que ma collègue le poussait et le

tirer pour le faire directement. Je me suis du coup mise en retrait » : Soin 6),

* lorsqu’elle connaît peu ou pas le résident (« J'ai moins de contact avec le résident,

je me suis effacée »: Soin 23), lorsque le résident dirige sa communication vers sa

collègue (meilleur lien, plus habituée – « Mme ne parlait aujourd’hui qu’avec ma

collègue de dyade, j’ai respecté cela et je me suis donc effacée » Soin 38),

Page 115: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

99

* lorsque le résident refuse de collaborer avec elle (« Mme était vraiment de

mauvaise humeur aujourd’hui et ne voulait pas me voir, ne voulait pas que je

m’occupe d’elle. J’ai été cherché ma collègue (de dyade) et c’est elle qui a fait le

soin. Mme s’est calmée et a coopéré » : Soin 48),

* lorsqu’elle veut laisser sa collègue gérer le soin dans un but d’apprentissage ou

d’évaluation (stagiaire, nouvelle collègue – « J’aurais fait en plus le dos, la bouche,

le visage. Je lui ai laissé oublier ces zones sans intervenir pour les biens de la

formation, mais je suis repassée après pour le faire » : Soin 23).

On voit dans ces exemples de retrait que d’opter pour ce mode opératoire a un but

d’appui du travail de sa collègue. Par contre, lorsque l’harmonie dans la dyade n’est

pas bonne, on remarque que les PAB restent centrées sur le soin en cours et le

respect du résident, « quoi qu’il arrive dans la dyade », et qu’elles s’adaptent à la

dynamique en cours.

Finalement, il est important de noter que, lors de cinq soins (sur six) pour lesquelles

les PAB ont rapportés que le travail d’équipe nuisait à la mise en œuvre de l’ARS,

elles ont toutes utilisées la stratégie de retrait.

Pour conclure sur le thème du travail en équipe, il ressort des données recueillies,

que tous les soins réalisés en dyade qui se sont bien déroulés selon les PAB

participantes et pour lesquels il y a eu mise en œuvre de l’ARS possédaient un point

commun : une collaboration harmonieuse dans la dyade des soignants qui le

réalisaient. Cette collaboration harmonieuse permettant la création d’une bulle

relationnelle (incluant le résident mais aussi les deux soignantes) facilitant le soin;

bulle relationnelle si importante dans l’ARS, qu’on pourrait élargir et appeler « bulle

de l’ARS ».

De plus, il ressort des données recueillies que la présence de cette « bulle de

l’ARS », créée par les soignantes autour de ces soins, permet de compenser ou de

récupérer la présence d’éléments perturbateurs tels qu’un environnement nuisible,

la présence nuisible d’un autre résident, un contexte défavorable et même parfois

un imprévu ou une perturbation.

Par exemple dans le soin 21, lorsque les soignantes sont arrivées pour lever la

résidente au début de leur quart de travail, la couche de celle-ci était souillée (car le

collègue de nuit ne l’avait pas changée au petit matin). La résidente en était très

Page 116: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

100

fâchée et refusait de se faire manipuler. Cet imprévu a été habilement géré par la

PAB participante en détournant l’attention de la résidente sur le temps qu’il faisait

dehors, tout en proposant à celle-ci de porter une couche propre avant l’arrivée de

sa visite pour pouvoir aller prendre l’air rapidement avec elle. Pendant ce temps, sa

collègue changeait la couche sans intervenir verbalement. La résidente a collaboré,

était de bonne humeur et faisait même remarquer aux soignantes les oiseaux qui

passaient devant sa fenêtre. La PAB m’a expliqué par la suite qu’elle savait que

cette résidente serait collaborante si elle trouvait un sens au soin et qu’en plus elle

avait hâte de recevoir la visite de sa famille en matinée. La PAB a rapporté être

satisfaite du déroulement de ce soin malgré l’imprévu et satisfaite du travail en

dyade avec sa collègue, mais insatisfaite par rapport au travail d’équipe avec son

collègue de nuit.

Un autre exemple, celui du soin 30, démontre que la « bulle de l’ARS » permet de

compenser un environnement nuisible : La PAB participante me rapporte que la

chambre de cette résidente est exiguë et sa disposition ne permet pas un soin

sécuritaire. En entrant, elles saluent la résidente et lui annoncent le soin qu’elles

vont réaliser et qu’elles vont d’abord déplacer les meubles. Elles en rigolent toutes

les trois. Une discussion entre la résidente et la PAB participante débute pendant

que sa collègue déplace le fauteuil, la table de chevet et recentre le lit. Le soin

commence ensuite, dans une « bulle de l’ARS » sereine et agréable.

Par contre, au fil de ces observations et de leur analyse, il ressort clairement que

pour arriver à créer cette « bulle de l’ARS », la connaissance préalable du résident

est très importante; c’est ce thème que nous allons aborder dans la prochaine

section.

5.3.2. Le résident

Ce sujet est le second des quatre « quadrants » de notre modèle de référence (voir

chapitre 4, modèle de Cloutier et al. adapté).

Un des déterminants principaux qui est rapporté par les PAB participantes comme

influençant la mise en œuvre de l’ARS, ou le besoin de l’appliquer plus intensément,

est le résident lui-même et ses caractéristiques personnelles. Il ressort en effet que

le résident a une influence significative sur la mise en œuvre de l’ARS lors du

déroulement du soin : Pour le quart des soins observés les PAB rapportent que les

Page 117: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

101

caractéristiques du résident ont « nui » à la mise en œuvre de l’ARS, ou plus

précisément « complexifié » celle-ci; Alors que pour les trois autres quart des soins,

elles rapportent que les caractéristiques du résident, mais surtout leur connaissance

de celles-ci, ont facilité la mise en œuvre de l’approche. C’est ce que nous allons

voir ici en détails.

En effet, la connaissance préalable du résident ressort clairement des données

recueillies comme étant le facteur clé influençant la mise en œuvre de l’ARS, pour

98% des soins observés. En effet, les verbalisations des PAB participantes à ce

sujet sont très explicites. Enfin, sachant que cette connaissance préalable du

résident facilite leur travail, elles vont à la recherche de celle-ci, lorsque cette

information ne leur arrive pas. Nous développerons ici les différentes sources

d’information de cette connaissance. Finalement, nous développerons les stratégies

des PAB observées pour aller chercher la collaboration du résident, qui découlent

de cette connaissance préalable.

5.3.2.1. Les caractéristiques du résident

Tel que mentionné plus haut, les PAB rapportent que les caractéristiques du

résident ont « complexifié » la mise en œuvre de l’ARS dans le quart de soins

observés (25%). Elles entendent par ces caractéristiques : le genre du résident (par

exemple c’est le cas lorsqu’une soignante réalise un soin auprès d’un résident

homme : « Celui-ci aura tendance à avoir une main baladeuse alors qu’une

résidente femme ne l’aurait pas » soin 19), sa compréhension des consignes (« Si

on lui avait laissé plus de temps pour comprendre ce qu’on lui demandait, il aurait

participé » soin 11; « Lorsqu’on est deux soignantes, il ne comprend pas bien et est

vite mêlé » soin 40), son comportement lors du soin (« On a voulu faire conversation

avec la résidente mais elle n’a pas aimé et a grimpé dans les rideaux » soin 31), ses

préférences et habitudes antérieures (« On fait toujours attention à ne pas lui

donner d’ordres, elle n’aime pas, à cause de son passé… Parfois on tourne autour

du pot ou on fait de l’humour pour lui demander de participer » soin 39), etc.

Pour les trois autres quarts des soins (75%), les PAB participantes rapportent que

les caractéristiques du résident, et leur connaissance de celles-ci, ont facilité la mise

en œuvre de l’approche. C’est le cas par exemple lorsque le résident est capable de

participer au soin («Elle a voulu essayer de se laver le visage, je l’ai laissée faire car

je savais qu’elle savait déjà laver ses bras » soin 38), lorsque le résident est connu

Page 118: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

102

de la PAB (« Je connais bien la dame, on a une bonne complicité. La bulle

relationnelle est comme présente dès que nous nous disons bonjour » soin 5),

lorsque la communication verbale ou non verbale est possible (« La résidente

écoutait ce qu’on lui disait, elle regardait nos gestes et on voyait qu’elle suivait le

déroulement du soin, même sans savoir communiquer verbalement » soin 30),

lorsque les préférences et habitudes du résident sont connues par la PAB (« Je sais

que cette résidente n’aime pas se sentir inférieur, plus basse physiquement que

nous… du coup, je fais la majeure partie de sa toilette assise et elle collabore

vraiment mieux; le moment que nous passons ensemble est du coup de meilleure

qualité » soin 38).

Ces exemples de soins observés nous démontrent à quel point les caractéristiques

du résident ont une influence sur la mise en œuvre de l’ARS lors du déroulement du

soin, mais ils démontrent aussi l’impact considérable de la connaissance préalable

du résident par la PAB; c’est ce que nous allons maintenant développer.

5.3.2.2. La connaissance préalable du résident, un facteur clef pour la mise en

œuvre de l’ARS

Toutes les données recueillies auprès des PAB participantes nous rapportent que

c’est LE facteur clé dans la mise en œuvre de l’ARS, pour 43 des 44 soins observés

(98%). Le soin pour lequel ce facteur n’a pas été aidant était un soin réalisé avec un

nouveau résident, dont le pour lequel la PAB n’avait reçu aucune information.

Les commentaires des PAB au sujet de la connaissance préalable du résident sont

très explicites : « Je sais comment l'aborder et initier le mouvement» (Soin 8); « Ça

aide de connaître la personne. Je sais quoi faire. Mme n’aime pas se faire

manipuler pour rien » (Soin 14); « Je discute avec le résident au sujet des membres

de sa famille (car je les connais, je suis du même coin) et le soin se fait tout seul »

(Soin 21); « Mme est capable de se tourner. On peut lui demander de nous aider »

(Soin 33); « Dans la journée, je lui parle et elle est plus sympa. Il faut lui expliquer

beaucoup pour obtenir sa collaboration » (Soin 41); « Surprise! Elle a commencé à

se laver, c'est la 1ère fois, Je vais voir si elle le refait dans les prochains jours. Je

vais réessayer, valider, surveiller (car encore hier, elle s’était habillée avec deux

bobettes!) » (30).

Page 119: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

103

5.3.2.2.1. Sources d’informations relatives à la connaissance préalable du résident

Lorsqu’on questionne les PAB sur leurs sources de cette connaissance des

résidents, il est intéressant de comprendre comment elles s’organisent pour y avoir

accès : en effet, aucune PAB rapporte avoir accès ni à une présentation de cas en

réunion d’équipe hebdomadaire précédent l’arrivée du résident, ni au dossier

médical ou à la toilette évaluative35. De plus, elles rapportent que par leur titre

d’emploi, elles n’ont pas le droit d’accéder aux dossiers médicaux des résidents;

Elles pensent que les résultats de la toilette évaluative, s’ils existent, se trouvent

dans ces dossiers.

Comme le présente le tableau 18, la connaissance préalable des résidents que les

quatre PAB participantes rapportent se bâtit grâce aux soins déjà effectués avec ce

résident, les discussions entre collègues, les réunions de quart de travail et l’histoire

de vie du résident36. Les discussions avec la famille et la feuille de route sont aussi

parfois une source d’information rapportées par les PAB. Voici ci-dessous le tableau

détaillé de leurs réponses à ces sources possibles de connaissance préalable du

résident.

35 Toilette évaluative = portrait détaillé des capacités et incapacités du résident à participer à ses soins d’hygiène, réalisé par un(e) ergothérapeute. Exemple voir annexe M.

36 Histoire de vie = photos, journal du client, documents laissés par ses proches pour mieux le connaître

Page 120: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

104

Tableau 18: Fréquence des réponses concernant la source d’information sur les résidents pour les 4 PAB

Sources TOTAL A01 B02 C03 C04

(sauf 1 soin = nouveau résident)

Soins déjà effectués avec ce résident

4/4 PAB Oui Oui Oui Oui

Discussions entre collègues

4/4 PAB Oui Oui

+ TS37

Oui Oui

Réunions d’équipes

3/4 PAB Non Oui Oui Oui:

Inf. Au rapport le matin

Histoire de vie du résident

2/4 PAB Non Non Oui Oui:

Info à hauteur du lit

Autre :

2/4 PAB Oui :

Famille

Non Oui :

Feuille de route

Non

Accès au dossier

0/4 PAB Non Non Non Non

Données de la toilette évaluative

0/4 PAB Non Non Non Non

Les réponses des PAB à cette question nous font réaliser qu’elles ont toutes accès

à de l’information concernant les résidents principalement durant leur travail

quotidien effectué auprès du résident, que ce soit par des discussions informelles

entre collègues ou par un historique personnel de soins avec ces résidents. La

plupart des PAB (3 sur 4) rapportent aussi recevoir de l’information concernant les

résidents lors des réunions de début de quart de travail. De plus, la PAB B02

mentionne recevoir régulièrement de l’information de la part de la travailleuse

sociale de l’unité.

Comme il est indiqué au chapitre 4, il n’y a pas de réunion formelle de début de

quart de travail dans l’unité A; la transmission d’informations se fait principalement

37 TS = travailleuse sociale

Page 121: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

105

verbalement, de manière informelle, durant la journée et au fil des évènements ou

besoins. Par contre, la PAB de cette unité mentionne qu’une riche source

d’information concernant les résidents est leur famille. Dans cette unité prothétique,

le contact avec la famille est vraiment très présent, tout en étant une des tâches

importantes de la PAB (c.-à-d. prendre contact avec la famille, échanger avec eux

pour connaître l’histoire du/de la résident(e), connaître ses préférences, ses irritants,

ses habitudes, etc.), pour garder ce milieu plus « familier » pour le résident. Ce

contexte favorise la prise de temps par la PAB pour échanger avec la famille des

résidents, plus que dans les unités « classiques ».

Ensuite, les deux PAB de l’unité C mentionnent qu’elles ont actuellement, grâce à

un projet en cours de panneau d’information personnalisé placé à la tête du lit du

résident qui donne rapidement accès à l’information quant à l’histoire de vie du

résident (voir la section 5.3.4.4. sur les projets en cours) avec ses besoins

particuliers, ses aides à la marche mais aussi ses préférences, comment il/elle

aime se faire appeler, sa routine etc. Par contre, on peut voir dans le tableau 18 que

la PAB B02 mentionne n’avoir aucun accès à l’histoire de vie du résident.

De plus, une seule des quatre PAB, la PAB C03, rapporte qu’une de ses sources

d’information concernant les résidents est la feuille de route. Toutefois, la PAB C04

qui travaille sur la même unité qu’elle, ne rapporte pas la feuille de route comme

source d’information. Ceci pourrait être expliqué par la perception qu’elles ont

chacune de cette fameuse feuille de route et l’utilité qu’elles lui trouvent. En effet,

lors des observations en situation réelle de travail, la PAB C03 s’y est référée à

plusieurs reprises pour organiser ses soins, gérer ses interventions et décider de

l’approche qu’elle allait prendre avec chaque résident. Elle a mentionné à plusieurs

reprises l’utilité de ce document, comme information de base, même s’il n’est pas à

jour et qu’elles en savent souvent plus que son contenu. Par contre, lors des

observations en situation de travail de la PAB C04, elle se référait beaucoup moins

au plan de travail, tout en exprimant son insatisfaction face à son côté incomplet et

pas à jour, et avait plutôt tendance à questionner ses collègues ou même parfois le

résident lui-même. Nous avons donc ici deux visions différentes d’un même outil de

travail, qui somme toute, semble manquer de mise à jour pour être vraiment efficace

et utilisé tel qu’il devrait l’être.

Page 122: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

106

Finalement, aucune des quatre PAB participantes n’a rapporté comme source

d’information concernant le résident le dossier médical du résident et les données

de sa toilette évaluative.

Par ailleurs, lors de l’arrivée d’un nouveau résident, les PAB rapportent avoir peu

d’informations à son sujet au rapport de début de quart de travail. Ce qui est

transmis, ce sont des observations des autres soignants, sous la forme

d’interrogations, mais pas d’informations précises et/ou pratiques sur ses capacités

pour aider la PAB à réaliser les soins, ni d’éléments de son histoire de vie. (« On ne

sait pas sa routine. Il est réticent. Il s’est couché habillé hier soir. Nous sommes en

période d’évaluation et d’adaptation mutuelle » - Soin 34). Les PAB rapportent que

malheureusement les informations transmises officiellement lors de l’arrivée d’un

nouveau résident se font lors d’une réunion d’équipe, la plupart du temps après

l’arrivée dudit résident.

Par contre, sur les trois unités participantes, les observations ont permis de ressortir

que les soignants se transmettent souvent des informations de façon informelle, la

plupart du temps sur l’état des résidents et leur évolution, de façon verbale et « sur

le vif ». En effet, il y a beaucoup de connaissances et d’informations qui sont

transmises d’un ou plusieurs soignants à un ou plusieurs autres soignants, en pleine

tâche de travail. Souvent, ce sont les informations qui ont été recueillies dans les

derniers jours, les dernières heures, voire les dernières minutes par l’ensemble du

personnel soignant au sujet de chaque résident. La plupart du temps, ces

informations ne se trouvent pas encore sur la feuille de route et n’ont pas été

transmises au cours d’une réunion d’équipe (mais par contre, souvent au cours d’un

transfert de quarts de travail, aux soignants présents). Ces informations peuvent

concerner la nouvelle technique pour arriver à ce que le résident participe au

maximum à son soin, ou un nouveau ‘truc’ qui lui permet de manger de façon plus

autonome, ou un moment idéal dans la journée où il collabore plus, ou une tâche

qui vient d’être reportée à cette après-midi à sa demande, etc.

En résumé, on peut décrire ainsi les transmissions informelles d'information:

Par écrit :

o via des papiers collés sur les portes des chambres ou de la salle de bain

commune afin d’avertir le collègue, par exemple sur les changements

réalisés sur l’horaire prescrit des toilettes totales (unité prothétique A)

Page 123: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

107

o via le tableau d’information collé sur le mur à la tête de lit du résident

(projet pilote à venir - unité C), avec des pictogrammes

Oralement:

o à sa collègue directe (équipe de deux PAB): durant un soin à deux,

durant deux soins réalisés en parallèle dans une même chambre avec

deux résidents différents ou dans la salle à manger, en parlant fort d’une

chambre à l’autre, dans le couloir entre deux tâches/soins ou en

préparation d’un nouveau soin et en période de pause

o aux autres collègues, aux autres équipes de deux PAB : la plupart du

temps dans le couloir (entre deux tâches/soins ou en préparation d’un

nouveau soin), mais aussi en parlant fort d’une chambre à l’autre, en

période de pause, avant/pendant/après les réunions de quart et

d’équipe, via le talkie walkie (projet pilote en cours – unité C). Lorsqu’il y

a une rotation des équipes, un retour de congé ou la présence de

nouveaux/remplaçants, ces échanges se font d’emblée plus

rigoureusement et sont plus complets.

Ces transferts informels d’informations sont très fréquents et démontrent une

excellente entraide et collaboration, en général, entre les soignants. Ceux-ci savent

qu’ils ont besoin de toutes ces informations afin de réaliser adéquatement leurs

soins et leurs tâches, et qu’ils ont besoin de prendre l’initiative de se les transmettre

entre eux. Ces stratégies font d’ailleurs ressortir le peu d’outils formels efficaces et

efficients disponibles. D’ailleurs, lorsque ces informations ne sont pas ou peu

transmises, ils en voient les répercussions sur leurs soins et sur la relation avec les

résidents. Cela a pour effet de créer des tensions entre eux, car ils sont fâchés que

les soignants ne leur aient pas transmis ces informations à temps. De plus, lorsqu’ils

y a des tensions entre des soignants, ils réagissent en coupant cette transmission

informelle d’informations (sauf les informations nécessaires de base), ce qui a pour

conséquence de rendre le travail plus difficile aux soignants ciblés et de les isoler

dans la dynamique d’entraide.

En conclusion, il ressort que les sources principales d’information des PAB

observées concernant les résidents sont en lien avec le travail réel quotidien

effectué auprès du résident par les PAB et l’échange informel de ces informations

entre elles. Ensuite, vient l’information transmise formellement durant les réunions

d’équipe de quart de travail, ainsi que les échanges avec la famille. La feuille de

route et les réunions d’équipe ressortent peu comme une source d’information

Page 124: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

108

concernant la connaissance préalable du résident, ou alors étant peu à jour ou

arrivant trop tardivement.

5.3.2.2.2. Les stratégies pour stimuler la collaboration du résident découlant de

sa connaissance préalable

À travers les réponses développées par les PAB et leurs verbalisations, il ressort

que la connaissance préalable du résident (toutes sources confondues) est à la

base des stratégies de l’ARS utilisées durant le soin pour stimuler sa collaboration.

Quelques exemples en sont donnés ici.

- Trouver des moyens de gestion des émotions du résident:

*« Au début, elle résistait, elle a réagi car son amie était partie. (A la chercheure : Notre stratégie est de faire le soin des deux dames en même temps, chacune par une soignante et chacune dans leur propre chambre (individuelle). Si elles ne se voient plus, elles ne sont pas inquiètes, mais si elles voient l’autre seule dans le couloir, elles paniquent et résistent. Ensuite, les deux dames se retrouvent toutes les deux à nouveau ensemble et prêtes). Après avoir capté son attention, elle a collaboré » (Soin 4)

* « C’est toujours difficile au début. Mais, je suis habituée avec elle, j’ai un bon contact. Le contact est à créer mais après c’est ok. Quand elle est couchée, elle est plus difficile…. C’est toujours comme ça! Alors, on s’adapte et on se prépare en conséquence ou on revient plus tard. Il ne faut pas verbaliser à ce sujet car elle réagit négativement » (Soin 43)

- Utiliser les capacités connues du résident:

* « Le contact est difficile. Elle est hyperactive. Je lui laisse toujours le temps de comprendre. Prendre le temps, puis, elle collabore et m’aide » (Soin 6)

* « Madame s'est essuyée cette fois, alors que c'était plus pour l'occuper; C’est ma stratégie habituellement » (Soin 8)

* « La stratégie ici c’est un intervenant qui interagit à la fois, qui donne une consigne à la fois. Il n’y a pas besoin de répéter et elle participe » (Soin 9)

Page 125: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

109

- Parler de son histoire de vie connue pour lui changer les idées durant le

soin:

* « J’ai argumenté par contre pour que Monsieur collabore. Au départ il voulait bien; Il a accepté lors de l'approche, au déjeuner, mais c’était difficile une fois rendu dans la salle de bain avec la remplaçante (nouvelle, pas connue). Monsieur voulait se cacher les parties intimes, comme toujours. J’ai détourné son attention : j’ai chanté, parlé de sa conjointe et je sentais que je pourrais avoir sa collaboration malgré tout; J’ai un bon lien avec lui » (Soin 2)

- Utiliser les informations transmises lors des réunions d’équipe afin de

rendre le soin le plus agréable possible :

* « Cette dame allait beaucoup mieux avant, elle en a reperdu. En réunion, on a su qu’elle a fait une chute jeudi, il y a quelques jours, et elle a tout reperdu » (Soin 11)

* « Cette dame est épuisante, autoritaire, dure avec nous. C'est elle qui décide. Elle est méprisante avec les soignantes. Elle a des capacités mais elle se laisse aller. Madame fait toujours des demandes qui nous mettent en échec. Il y a eu une discussion de cas en réunion d’équipe sur cette dame justement, pour mieux la comprendre, mieux intervenir et de façon uniforme » (Soin 43)

* « La réussite de l’intervention dépend de ‘la bonne personne au bon moment’. Au besoin, on fait un changement de soignante, c’est ce qui a été dit de faire avec elle. Quand elle est couchée, on sait qu’elle sera incohérente car elle est fatiguée et donc plus difficile, pas collaboratrice et dérangée par notre présence » (Soin 38)

Tout ceci démontre comment les PAB tentent de stimuler la collaboration du

résident lors du soin… mais, qu’en est-il vraiment de cette collaboration? C’est ce

que nous développerons dans la section 5.4.2 concernant les effets sur le bien-être

des résidents.

Pour conclure cette section sur les facteurs liés aux résidents comme influençant la

mise en œuvre de l’ARS, il ressort que la connaissance préalable du résident est un

élément-clé facilitant la mise en œuvre de l’ARS. Dans le quotidien actuel des PAB

participantes, les sources de cette connaissance sont majoritairement informelles et

en lien avec l’esprit d’équipe. Les PAB participantes sont conscientes de

l’importance de cette connaissance préalable du résident, et vont à la source

chercher ces informations dès qu’elles en ont besoin. Ceci nous amène à parler de

l’influence des ressources offertes par l’organisation sur la mise en œuvre de l’ARS.

Page 126: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

110

5.3.3. L’environnement physique de travail

Ce sujet est le troisième des quatre « quadrants » de notre modèle de référence

(voir chapitre 4, modèle de Cloutier et al. adapté); Il comprend les espaces de travail

(chambres, salles de bain, couloirs, salles communes, etc.), le type d’unité

(prothétique ou traditionnelle), ainsi que la disponibilité et les caractéristiques des

équipements (encombrement, usure, utilisation, lieu de stockage, etc.).

Selon les données recueillies, l’environnement physique du soin est un facteur très

préoccupant pour les PAB participantes, pour 100% des soins observés, toutes

unités confondues. Par contre, lors des verbalisations, les PAB travaillant sur les

unités traditionnelles rapportent des insatisfactions face à leur environnement

physique, et c’est dans ce sens qu’elles perçoivent leur environnement comme un

facteur très préoccupant; Alors que les verbalisations de la PAB travaillant sur l’unité

prothétique reflètent sa satisfaction face à son environnement physique, elles

reflètent aussi sa vigilance constante face à l’adaptation de celui-ci au soin à

donner, et c’est dans ce sens qu’elle le perçoit comme un facteur préoccupant.

Quand on analyse plus en détails les données recueillies, les PAB travaillant sur les

unités traditionnelles rapportent être préoccupées continuellement par leur

environnement physique car elles doivent composer avec, en le gérant et le

modifiant sans cesse, afin que le soin qu’elles y donnent soit sécuritaire pour tous,

c.-à-d. pour le résident et pour elle(s)-même. Elles perçoivent que cet

environnement physique est inadéquat et mal adapté. De plus, elles ont le souci d’y

être les plus efficaces possible, en fonction de chaque soin à donner (ex : sortir le

fauteuil gériatrique de la chambre du résident afin d’avoir assez de place autour du

lit pour le contourner durant le soin à donner au lit; avoir assez d’espace autour du

lève-personne pour ne pas cogner le résident à un meuble encombrant ou autres

lors du transfert; à la fin du soin, placer le lit contre le mur du fond lorsque le

résident est assis dans son fauteuil et qu’il va recevoir de la visite, etc.). Les PAB

participantes, rapportent en général que leur environnement physique de travail

« est vieux, usé, étroit, mal aéré » mais aussi « peu/pas sécuritaire et énergivore ».

Lors des séances d’observation, la chercheure a entre autres assisté à un échange

entre plusieurs soignants (PAB, infirmières et physiothérapeute) sur l’état désuet et

non sécuritaire de certains équipements toujours en fonction sur les unités. C’est

donc la gestion de leur environnement physique qui occupe et préoccupe les PAB

participantes, Elles voient celui-ci comme un facteur nuisible à la mise en œuvre de

Page 127: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

111

l’ARS car celui-ci les empêche en quelque sorte de se centrer sur le soin et la bulle

de l’ARS.

Par contre, les verbalisations recueillies auprès de la PAB travaillant sur l’unité

prothétique au sujet de l’environnement physique sont positives. Tel que décrite

précédemment, cette unité est plus récente, les espaces de travail et de vie sont

plus spacieux, volontairement moins encombrés, les chambres sont individuelles et

plus grandes, etc. La PAB qui y travaille se dit donc plus satisfaite de son

environnement physique de travail que les autres PAB participantes.

5.3.4. L’organisation des soins et du travail

Ce sujet est le dernier des quatre « quadrants » de notre modèle de référence (voir

chapitre 4, modèle de Cloutier et al. adapté). Nous allons aborder ici la répartition

des tâches et le travail prescrit, l’accès à l’information et les outils de

communication, les contraintes temporelles, les projets en cours et finalement la

présence d’une tierce personne.

5.3.4.1. La répartition des tâches et le travail prescrit

Selon les verbalisations des PAB, la répartition des tâches n’est pas toujours juste

et équitable, la rotation des équipes est parfois irrégulière. Les PAB rapportent que

cela crée des tensions et des insatisfactions, qui influencent la mise en œuvre de

l’ARS car elles se disent préoccupées par ces déséquilibres. Par contre, des

échanges volontaires d’horaire ou de tâches sont possibles. Toutefois, les PAB

rapportent que ces éléments leur prennent du temps et de l’énergie, qu’elles

n’utilisent du coup pas pour mettre en œuvre l’ARS.

Une des principales difficultés rapportées concerne la rétention du personnel

régulier et le remplacement lors des vacances et maladies. Lors des périodes

d’observations, il n’y a qu’une unité sur les trois qui est constitué d’une équipe

régulière complète, les deux autres étant en sous-effectifs. Certains soignants

engagés via des agences de location de personnel sont toutefois temporairement

présents sur place, sporadiquement, ce qui demande formation et supervision de la

part de l’équipe régulière. Les PAB participantes estiment que ce travail

supplémentaire consistant à «superviser les temporaires », est souvent plus lourd

que de compenser le travail du collègue manquant en se le répartissant entre elles.

De plus, elles rapportent à plusieurs reprises dans leurs verbalisations que ce rôle

Page 128: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

112

de « superviser les temporaires » à tendance à les disperser dans leur travail

quotidien et influence négativement non seulement la mise en œuvre de l’ARS,

mais aussi leur niveau de stress et leur humeur. Par exemple, lors du soin 23, la

PAB participante s’est mise en retrait, car elle « formait une nouvelle »:

J’étais en fait très mal à l’aise car je voulais voir comment elle allait réaliser le soin, sans intervenir, mais elle a oublié de laver trois régions et n’avait pas le bon ordre du point de vue hygiène (…) Ca m’a énervée et j’hésitais entre intervenir, pour le bien de la résidente, ou faire le suivi à ma collègue une fois sorties de la chambre (…) En plus, avant de quitter, j’ai dû moi-même terminer le soin et laver le visage, la bouche et le dos qu’elle avait oubliés (…) Du coup, l’ARS a été très peu appliqué dans ce soin.

Le rythme auquel elles fournissent certains soins en est aussi influencé : elles sont

plus lentes qu’habituellement lorsqu’elles réalisent des tâches en « supervisant les

temporaires », et doivent compenser en étant plus rapides pour d’autres tâches

qu’elles réalisent sans les temporaires; Ce qui a encore une fois selon elles un

impact sur la mise en œuvre de l’ARS.

Un autre point qui ressort des verbalisations recueillies concernant les tâches est le

travail prescrit versus le travail réel. En effet, les PAB rapportent qu’il y a souvent un

décalage entre le travail prescrit, demandé, écrit sur leur feuille de route et le travail

réel, tel qu’il est effectué au jour le jour, par chacune d’elles. Par exemple, certains

soins prescrits comme devant être réalisés à deux soignants ne sont pas ou plus

nécessaires d’être réalisés à deux, et d’autres se font à deux soignants même si ce

n’est pas prescrit. La conséquence de ce décalage entre le travail prescrit et le

travail réel est rapporté comme lourd et négatif pour la mise en œuvre de l’ARS;

lourd car la décision de ne pas réaliser le travail tel que demandé mais plutôt tel

qu’elles le jugent adéquat est lourde à prendre (et pourrait avoir des conséquences

s’il y avait un accident ou un incident); négatif pour la mise en œuvre de l’ARS car

du coup un résident reçoit des soins réalisés différemment par chaque soignante en

fonction de l’application ou non du travail prescrit par la soignante ou de sa décision

d’y aller selon sa perception des besoins du résident; en plus de la préoccupation

que cela crée pour elle, et qui peut éventuellement la déconcentrer de la réalisation

du soin, selon l’approche, en tant que tel.

De plus, le travail prescrit comprend aussi le temps prévu théoriquement pour

chaque tâche; temps qui selon les PAB participantes n’est souvent pas réaliste.

Leur stratégie face à cette difficulté est d’essayer de gagner du temps en réalisant

Page 129: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

113

par exemple plus rapidement certaines tâches (la plupart du temps ce sont des

tâches connexes et non des soins) plus faciles ou moins exigeantes, en collaborant

avec les autres collègues (une va porter plusieurs sacs de linge sale plutôt que

chacune le sien), ou en minimisant leurs déplacements sur les unités (en

réorganisant les différentes tâches). Encore une fois, cette différence entre le travail

prescrit et le travail réel peut avoir tendance à déconcentrer les PAB et ainsi avoir

un impact sur la réalisation de leur tâche, ainsi que de la mise en œuvre de l’ARS à

travers celle-ci.

5.3.4.2. L’accès à l’information et les outils de communication

Tel que déjà décrit et expliqué dans les sections 4.5.1. et 4.6.1 sur la transmission

des informations et les outils de communication, la feuille de route est rapportée par

les PAB participantes comme peu souvent à jour, ce qui a un impact direct sur la

mise en œuvre de l’ARS lors des soins donnés aux résidents.

En plus des données disponibles peu à jour, l’information est peu accessible aux

PAB car celles-ci n’ont officiellement pas accès aux dossiers des usagers.

L’information qu’elles reçoivent provient donc des feuilles de route et des réunions

d’équipe. L’information la plus à jour qu’elles reçoivent provient toutefois des

échanges informels, tel que mentionné dans la section 4.6.1. Ces échanges

informels ont été observés quotidiennement durant les séances d’observations et

sont rapportés par les PAB comme une aide précieuse au niveau de la sécurité, de

l’efficacité, ainsi que comme une belle marque d’entraide et d’esprit d’équipe.

5.3.4.3. Les contraintes temporelles

Les réponses des PAB participantes à ce sujet sont variées et opposées! Une PAB

pense que l’ARS lui fait gagner du temps, une autre pense qu’elle n’a pas le temps

de l’appliquer et les deux autres sont mitigées (même si les résultats montrent

qu’elles appliquent généralement l’ARS). Les contraintes temporelles auxquelles les

PAB sont soumises constituent donc, pour certaines ou lors de certains soins, une

entrave à la mise en œuvre de l’ARS. Certaines des PAB observées rapportent en

effet qu’entre le travail prescrit (dont l’horaire est très chargé) et l’implication que

leur demande la mise en œuvre de l’ARS pour certains soins, elles n’y arrivent pas

dans le temps. C’est principalement le cas de la PAB qui se dit moins à l’aise ou

moins convaincue par l’ARS. Elles supposent par contre que lorsque l’ARS leur sera

Page 130: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

114

une approche acquise et « spontanée ou automatique » pour tous les soins réalisés,

cela leur fera gagner du temps. Mais en attendant, elles disent qu’elles n’ont pas ou

pas toujours le temps pour penser à l’appliquer et à comment bien l’appliquer.

Par contre, la PAB participante qui a intégré l’ARS dans son quotidien rapporte que

la mise en œuvre de l’approche lui permet de gagner du temps, et de maintenir une

qualité de relation avec les résidents. Les trois PAB participantes qui appliquent

l’ARS disent d’ailleurs que tout le monde devrait appliquer l’ARS, qu’elle rend les

soins « plus humains, plus harmonieux, plus collaboratifs et même plus efficaces, et

que tout le monde y gagne au final ».

5.3.4.4. Les projets en cours

Lors des périodes d’observations, quelques projets sont en cours, en période

d’essai ou de rodage. Toutes les PAB questionnées trouvent ces projets motivants,

intéressants et stimulants. Elles y voient une préoccupation de leurs supérieurs à

améliorer leur quotidien, une écoute à leurs propositions et un souci d’amélioration

continue. C’est le cas de l’unité C, où un projet de communication par walkie talkie

entre les PAB et l’IA est à l’essai. Ces appareils permettent aux PAB de prévenir

immédiatement l’IA lorsqu’elles ont besoin d’elle pour évaluer rapidement une plaie

par exemple et de lui donner le numéro de la chambre afin qu’elle les rejoigne

(plutôt que de rhabiller le résident, puis de revenir avec l’IA plus tard). Un autre

projet en cours sur cette même unité est un panneau d’information personnalisé

placé au-dessus de chaque tête de lit de résident, comprenant des informations

pertinentes aux soins, à la communication et aux aides nécessaires pour chacun.

Ainsi, les informations seront visibles, identiques et idéalement à jour (les soignants

pourraient effectuer des modifications directement sur le panneau, au besoin, pour

être à jour). Les soignants pourront alors se fier à ce panneau-là plutôt que de courir

après les informations à jour auprès des collègues ou de s’échanger les

informations de façon informelle. Ces projets en cours sont rapportés comme

humainement et professionnellement stimulants, et allant dans le sens de

l’application de l’ARS par tous.

5.3.4.5. La présence d’une tierce personne

Pour plus de la moitié des soins observés où il y a présence d’une tierce personne

(56%), celle-ci est rapportée par les PAB comme nuisant au soin en cours ou à la

Page 131: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

115

bulle relationnelle établie avec le résident. En effet, que ce soit la présence d’un

résident, d’un autre soignant (excluant le soignant qui fait équipe pour le soin

observé) ou la présence d’un membre de la famille, les PAB rapportent que cette

présence aboutit souvent à une interruption dans le soin ou dans la bulle

relationnelle créée autour du soin. Le contact est alors perdu, le fil de conversation

brisé, le lien de confiance parfois à refaire; la mise en œuvre de l’ARS en est donc

aussi perturbée.

Après avoir fait le tour de ces facteurs pouvant influencer la mise en œuvre de

l’ARS lors des soins, il sera maintenant question des effets de cette mise en œuvre.

5.4. Quelques effets observés de la mise en œuvre de l’ARS

dans les soins

Dans les sections précédentes, nous avons étudié les éléments de l’ARS mis en

œuvre lors des soins d’hygiène observés, puis nous avons pris connaissance des

différents déterminants rapportés par les PAB participantes qui influencent cette

mise en œuvre. Dans un contexte plus macroscopique, nous allons maintenant

regarder quelques effets de cette mise en œuvre de l’ARS lors des soins observés

sur les principaux acteurs : les soignants mais aussi les résidents. Toutefois, des

données concernant les observations directes des résidents n’ont pas pu être

réalisées mais PAB participantes ont été toutefois questionnées au sujet du

comportement et de la collaboration du résident aux soins ainsi que de leur

autonomie.

5.4.1. Effets sur les soignants

Les PAB ont été questionnées sur leur satisfaction d’un point de vue de l’ARS face

au déroulement du soin observé et le sujet de leur santé a aussi été effleuré. Cette

section présentée ici va tenter de répondre à notre sous-question de recherche :

Quel est le degré de satisfaction des PAB participantes face aux soins donnés et à

leur déroulement du point de vue de l’ARS?

Page 132: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

116

5.4.1.1. Satisfaction

Lorsqu’on demande aux PAB observées si elles sont satisfaites du soin réalisé et de

son déroulement d’un point de vue de l’ARS, elles se disent largement satisfaites

pour l’ensemble des 44 soins. Comme le montre le tableau 19, elles se disent très

satisfaites pour 73% des soins et satisfaites pour 20%.

Tableau 19: Appréciation générale des PAB sur le déroulement du soin du point de vue de l’ARS pour les 44 soins observés

Degré de satisfaction Fréquence %

Très satisfaisant 32/44 73%

Satisfaisant 9/44 20%

Plutôt insatisfaisant 3/44 7%

Très insatisfaisant 0/44 0%

Les quatre PAB participantes expriment que, dans la réalité, si elles arrivent à

atteindre l’objectif de réaliser le soin, même si elles appliquent peu ou pas l’ARS (ou

que l’harmonie dans la dyade entre soignantes est moins bonne), elles sont

satisfaites « car l’important au final c’est de faire le soin malgré tout »; C’est dans ce

cas-là qu’elles disent d’un soin qu’il « se déroule bien ».

Toutefois, pour les 7% des soins restants, elles se disent plutôt insatisfaites; Ces

insatisfactions-là sont ressenties comme « lourdes et difficiles à accepter ». « Car

c’est un travail avec des êtres humains… et si je ne suis pas satisfaite du soin, c’est

qu’il y a eu quelque chose qui s’est mal passé et je n’aime pas ça, pour le résident »

(extrait d’autoconfrontation - PAB C04).

Si on pousse l’analyse de ces données plus loin, en séparant les réponses à cette

même question en fonction des soins réalisés seule ou en équipe de deux, on peut

voir que les PAB se disent satisfaites ou très satisfaites pour 100% (16/16) des

soins réalisés seules et pour 89.3% (25/28) des soins réalisés à deux (comme le

montre le tableau 15).

Le travail en équipe semble ici en cause. Ces données viennent corroborer nos

résultats concernant le travail d’équipe dont nous avons parlé plus tôt. Nous avons

donc étudié les résultats du tableau 14 en séparant ceux-ci pour les soins réalisés

seules et les soins réalisés à deux. Voici ce que cela donne, au tableau 20 :

Page 133: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

117

Tableau 20: Fréquence et pourcentage des réponses concernant l’appréciation générale des soins observés pour l’ensemble des soins, les

soins réalisés à deux et seule

Appréciation

générale du soin

Ensemble des

soins (n=44)

Réalisé à 2

(n=28)

Réalisé seule

(n=16)

Fréquence % Fréquence % Fréquence %

Très satisfaisant 32 73% 20 71.4% 12 75%

Satisfaisant 9 20% 5 17.9% 4 25%

Plutôt

insatisfaisant

3 7% 3 10.7% 0 0

Très insatisfaisant 0 0 0 0 0 0

Total 44 100

%

28 100% 16 100

%

Si on regarde en détail le contexte des soins réalisés à deux pour lesquelles les

PAB se disent plutôt insatisfaites du point de vue de l’ARS, on découvre que dans

deux des trois cas, il s’agit d’un manque de complicité dans la dyade des soignantes

ainsi que de la présence de deux approches différentes voire même contradictoires

(« une veut laisser au résident le temps de comprendre les consignes alors que

l’autre veut faire à sa place en le « tirant-poussant »). Pour le troisième cas,

l’insatisfaction provient d’un problème de manque de communication dans un

changement d’horaire, la résidente a été levée de son lit plus tôt pour aller chez la

coiffeuse, son déjeuner, incluant des liquides, a été pris plus tôt; le rendez-vous a

finalement été annulé mais l’information n’a pas abouti et la résidente est restée

levée au fauteuil, et a souillé sa protection sanitaire plus tôt qu’habituellement. « La

simple vérification de la serviette sanitaire au fauteuil aurait dû automatiquement

être remplacée par un changement de serviette sanitaire au lit (car levée depuis

plus longtemps, avec une prise de liquides depuis plus longtemps), ce qui aurait

diminué le nombre de transferts inutiles et désorganisé, mais tout de même réalisés

dans la bonne humeur générale et contagieuse ». L’insatisfaction rapportée vient ici

de l’information qui n’a pas été communiquée concernant le changement d’horaire

de la dame qui aurait impliqué un changement de tâche et surtout de lieu de

réalisation de la tâche.

Page 134: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

118

Dans ces trois cas d’insatisfaction des PAB participantes, on retrouve l’accès à

l’information, qui a été relevé à plusieurs reprises dans les sections précédentes,

ainsi le travail d’équipe. Il ressort ici que le pairage dans les dyades de travail est un

élément important qui pourrait être pris en considération dans l’organisation du

travail, afin d’augmenter la satisfaction des soignants, et probablement aussi la mise

en œuvre de l’ARS (car les dyades choisies pourraient faciliter sa mise en œuvre si

les soignantes qui travaillent ensemble partagent la même vision de l’approche).

De plus, la satisfaction des PAB participantes face aux soins réalisés du point de

vue de l’ARS semble un effet du déroulement du soin très important pour elles. À

travers les verbalisations, elles rapportent leur malaise (durant le soin mais aussi

après) lorsque des soins se déroulent mal ou moins bien. Par contre, elles

rapportent aussi combien elles se sentent bien, efficaces, utiles et à leur place

lorsque les soins se déroulent bien, et encore mieux quand c’est dans la bonne

humeur ou lorsqu’ils se terminent par un sourire, une tape amicale, un

remerciement de la part du résident.

5.4.1.2. Santé

Le thème de la santé des PAB n’a pas été directement abordé; Par contre, trois des

quatre PAB ont évoqués spontanément quelques effets de la mise en œuvre de

l’ARS au niveau de leur santé : un niveau de stress plus bas, un plus grand plaisir à

venir travailler, moins de douleurs au dos ou de douleurs musculaires (« car on

force moins physiquement »), moins de tensions accumulées, un contexte de soin

et de travail moins « agressif ou hostile », une ambiance de travail plus humaine. En

conclusion, leurs verbalisations au sujet de l’ARS du point de vue de leur propre

santé vont toutes dans le sens de celle-ci : « l’ARS améliore ma propre qualité de

vie au travail, à court et long terme, en plus de celle des résidents dont je

m’occupe ». La quatrième PAB, qui croit moins à l’ARS, n’a pas abordé le sujet de

sa santé.

5.4.2. Effets sur les résidents

Dans cette étude, des données concernant les observations directes des résidents

n’ont pas été autorisées par le Comité d’éthique. Toutefois, les PAB participantes

ont été questionnées au sujet du comportement et de la collaboration du résident

Page 135: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

119

aux soins ainsi qu’au sujet de leur autonomie. Voici les quelques éléments qui en

sont ressortis.

5.4.2.1. Comportement et collaboration

Comme le montre le tableau 21, il ressort que le comportement et la collaboration

des résidents à leur soin a été évaluée comme étant bien ou très bien pour 81% des

soins observés et médiocre ou difficile pour 19% des soins observés.

Tableau 21: Appréciation par la PAB du comportement et de la collaboration du résident durant le soin observé

Comportement et

collaboration du résident

Fréquence

(n=44)

% % cumulé

Très bien 16 36% 81%

Bien 20 45%

Médiocre 3 7% 19%

Difficile 5 12%

Total 44 100% 100%

Si on analyse les verbalisations des PAB quant aux soins où elles ont qualifié la

collaboration et le comportement comme étant médiocre ou difficile, on retrouve

principalement des comportements du résident plus fermés, plus hostiles voire

agressifs, de la non compréhension de la situation, etc. qui aboutissent à une

collaboration difficile, ou plus difficile à obtenir.

Mais, en général, on peut dire que les PAB trouvent que les résidents collaborent

bien à leurs soins. Par contre, même s’ils collaborent bien, l’autonomie des

résidents semble difficile à maintenir.

5.4.2.2. Autonomie

L’autonomie du résident est un des objectifs majeurs de l’ARS et celle-ci passe

notamment par le maintien de la position debout. Or, nos résultats indiquent que

parmi les éléments de l’ARS mis en œuvre lors des soins d’hygiène observés, la

Page 136: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

120

catégorie concernant la stimulation de l’autonomie du résident obtient un score de

39% de mise en œuvre, le plus bas des sept catégories considérées.

Rappelons que, tel qu’expliqué dans la section 3.4.2.2, ces items étaient difficiles à

coter de façon objective étant donné le non accès aux informations nécessaires,

contenues dans le dossier. Il avait été décidé de les maintenir dans la grille car ils

pouvaient toutefois être appréciés par la PAB participante, la chercheure et être

triangulé avec les observations d’autres soins réalisés avec les mêmes résidents à

d’autres moments. Bien entendu ces données ne sont pas totalement objectives

mais nous avons préféré avoir ces données avec la qualité qu’elles ont plutôt

qu’aucune, sur un thème aussi important qu’est le maintien de l’autonomie pour

l’ARS.

Comme nous l’avons vu, le peu de transmission des informations sur les capacités

des résidents pourrait expliquer ce résultat et amener les PAB à sous-estimer les

capacités. En effet, une des hypothèses est que les PAB participantes ne mettraient

pas certains éléments de l’ARS en œuvre, compte tenu des perceptions qu’elles se

font des incapacités du résident.

Dans ces cas, les résultats de la toilette évaluative pourraient confirmer les

incapacités perçues, ou au contraire, aller dans un sens de plus grande autonomie

du résident, et ainsi guider les PAB dans leur stimulation et le maintien de

l’autonomie des résidents.

Un autre facteur pourrait également expliquer la faible mise en application du

maintien de l'autonomie. Il s'agit des contraintes temporelles entourant les tâches de

travail. En effet, il est parfois plus rapide de faire « à la place » du résident que de le

laisser faire.

Enfin, dans le tableau 22, si l'on s'intéresse à la position dans laquelle est le

résident lors du soin, on constate que dans un soin sur deux, le résident est couché

au lit.

Page 137: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

121

Tableau 22: Répartition des soins observés (n=44) selon la position du résident lors du soin

Position du résident Fréquence Fréquence relative

Debout 3 7%

Assis-debout 4 9%

Assis Sur la toilette (unité prothétique)

9

7

20.5%

16%

Autre : bord du lit, fauteuil/chaise, lavabo etc.

2 4.5%

Couché au lit 22 50%

Complète au bain 6 13.5%

Total 44 100%

Par ailleurs, ce tableau nous indique clairement que la stimulation à la position

debout est appliquée totalement pour 7% des soins observés (3 soins sur 44) et

partiellement pour 9% supplémentaires (4 soins sur 44). Si on additionne ces

résultats, on peut dire que la position debout est partiellement stimulée lors de

seulement 16% (7) des soins observés. C’est un point que nous développerons

dans la section discussion.

Page 138: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

122

5.5. Conclusion

Pour conclure ce chapitre sur la mise en œuvre de l’ARS lors des 44 soins

d’hygiène observés, voici le schéma de Cloutier et al. adapté et mis à jour suite aux

principaux déterminants influençant la mise en œuvre de l’ARS ressortis de cette

étude, de même que les quelques effets identifiés de cette mise en œuvre.

Figure 5 : Modèle de Cloutier et al. adapté à cette étude, version finale incluant les principaux déterminants influençant la mise en œuvre de l’ARS, et ses

effets

RÉSIDENT: connaissance préalable, collaboration et comportement, caractéristiques

PAB/ÉQUIPE: « Profil ARS », travail en équipe prescrit/réel, dyades, partage d'informations sur les résidents

Effets sur les soignants:

Satisfaction, Santé

Effets sur le résident:

Comportement et collaboration stimulation de l’autonomie

Contexte MACRO

L’ORGANISATION ET L’ENVIRONNEMENT DU TRAVAIL: environnement physique, contraintes temporelles, travail prescrit, répartition des tâches, accès à l’information, outils de communications, sources d’informations, équipements, projets en cours, tierce personne

MISE EN ŒUVRE DE L’ARS LORS DES

SOINS D’HYGIÈNE

Page 139: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

123

En bref, ce qui ressort de cette étude et que nous avons vu ici en détails dans les

chapitres précédents au niveau des éléments de l’ARS les plus souvent mis en

œuvre lors des soins observés sont en lien avec l’environnement, l’adaptation au

résident, le travail d’équipe centré sur celui-ci, la communication et la création de la

bulle relationnelle ou bulle de l’ARS. Par contre, les éléments de l’ARS qui sont

ressortis comme étant moins souvent mis en œuvre lors des soins observés sont la

stimulation et le maintien de l’autonomie, et le toucher dans la bulle relationnelle (ou

maintien du contact physique durant le soin).

Les déterminants qui influencent cette mise en œuvre de l’ARS sont, principalement

la connaissance préalable du résident. En effet, c’est LE facteur clé qui est ressorti

de cette étude. Par contre, les données recueillies montrent qu’actuellement ses

sources sont principalement informelles. L’environnement organisationnel ne ressort

pas comme un déterminant facilitant, ou pas comme les PAB participantes

l’aimerait. Le travail d’équipe a soulevé toute une réflexion concernant les dyades et

la collaboration harmonieuse ou non qui s’y opère, mais, globalement, c’est un

déterminant qui aide à la mise en œuvre de l’ARS. De plus, l’environnement

physique du soin est ressorti comme un facteur très préoccupant pour les quatre

PAB participantes à l’étude; ce déterminant est ressorti comme nuisant à la mise en

œuvre de l’ARS pour tous les soins; les quatre PAB le trouvent peu sécuritaire et

peu adapté. Finalement, les avis des PAB participantes sont différents concernant le

temps et les contraintes temporelles auxquelles elles sont soumises : une des

quatre PAB le trouvant nuisant à la mise en œuvre de l’approche, deux autres étant

mitigées alors que la quatrième trouve que l’approche lui fait gagner du temps.

Finalement, les quelques effets observés de la mise en œuvre de l’ARS lors des

soins d’hygiène observés, semblent être positifs, que ce soit au niveau de la

satisfaction et de la santé des quatre PAB participantes, qu’au niveau du

comportement et de la collaboration perçus des résidents. Par contre, il ressort de

cette étude que la stimulation et le maintien de l’autonomie des résidents sont plus

difficiles à appliquer, causés entre autres par le manque d’informations pour les

PAB sur les capacités du résident.

Page 140: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

124

Chapitre 6 : DISCUSSION

Dans ce chapitre, les faits saillants de cette étude seront repris et mis en relation

avec la recension des écrits, dont certains proviennent du projet PHARES, de

manière à cerner la portée de l'étude d’analyse ergonomique du travail. Ensuite, les

limites de l’étude seront exposées. Enfin, nos réflexions en tant qu’ergonome vous

seront proposées.

6.1. Portée de l'étude

L'analyse ergonomique du travail des PAB présentée dans cette étude nous a

permis de répondre à nos deux questions de recherche et de réaliser d'autres

constats.

De plus, les résultats préliminaires de cette présente étude ont fait l’objet d’une

conférence et d’une publication lors du 45e congrès de l'Association canadienne

d'ergonomie / ACE (2014, voir annexe A), ainsi que d’une communication présentée

à l’ARUC (alliance de recherche Université Communauté Innovation) le 11 mars

2015 à l’Université Laval.

6.1.1 L'ARS est-elle mise en œuvre lors des soins ?

a) L'ARS est très souvent mise en œuvre lors des soins d'hygiène

Les résultats de notre analyse montrent que l'ARS est très souvent mise en œuvre

lors des soins. Si l'on décortique les différents éléments objectivant la mise en

œuvre de l'approche, il apparaît que la majorité d'entre eux sont mis en œuvre dans

plus de 80% des soins observés. Qu'il s'agisse d'adapter l'environnement physique,

de créer et maintenir la bulle relationnelle au cours du soin, ces éléments sont

fortement présents. Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus par

Desrosiers et al. (2014) qui montrent que le degré de mise en œuvre de l'ARS est

estimé à 86,6% par des observateurs externes, et 86.3% par les soignants eux-

mêmes.

Par contre, même si l'on observe des variations entre les PAB participantes dans le

degré de mise en œuvre de l'ARS, il ressort que, dans plus de la moitié des soins

observés (61%), la stimulation et le maintien de l'autonomie du résident s'avèrent

Page 141: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

125

des éléments moins souvent mis en application. Ces résultats confirment ceux de

l’étude de Viau et al. (2013), qui rapporte que les soignants jugent ces éléments

comme étant les plus difficiles à intégrer dans leur travail quotidien. Par ailleurs,

notre étude montre que le toucher serait une portion de la bulle relationnelle qui

serait moins souvent présente, comme le constatent également Desrosiers et al.

(2014).

b) Les soins prodigués sont satisfaisants du point de vue des PAB

De plus, notre étude montre également que les PAB sont satisfaites des soins

qu'elles ont prodigués dans 97% des soins. Notre dispositif de recherche ne peut

toutefois nous permettre d'établir un lien de causalité entre la satisfaction et la mise

en œuvre de l'ARS lors du soin. Dans l'étude de Desrosiers, et al, (2014), on peut

lire que la satisfaction des soignants face aux soins donnés est moindre, soit de

69%. Une hypothèse pour expliquer cette différence pourrait être que dans notre

étude, nous n’avons eu accès qu’à l’observation de soins réalisés avec des

résidents aptes à consentir, alors que l'étude de Desrosiers et al. (2014) incluait des

résidents avec plus d'atteintes cognitives, puisque la majorité des résidents

participants étaient inaptes à donner leur consentement. Or, selon les PAB X, Y et

Z, les soins donnés à ce type de résidents sont plus difficiles, plus exigeants, plus

demandants, ce qui permet de supposer que la satisfaction face aux soins réalisés

serait alors moindre.

6.1.2 Quels sont les facteurs qui favorisent la mise en application de l'ARS

lors des soins ?

Plusieurs études ont déjà souligné l'importance de certains facteurs pour favoriser

les approches de soin centrées sur le résident (tels que, par exemple, des

conditions d’apprentissage, de travail et organisationnelles favorables, selon Burgio

et al. (2002) et Emilsson (2006) ou l’adaptation de l’environnement physique, selon

Hoeffer et al. (2006) et Glouberman et al. (2007) – Détails voir tableaux 1 et 2).

Plus particulièrement et en lien avec le projet PHARES dont cette étude fait partie :

Selon les résultats des questionnaires d’évaluation remplis par les soignants

participants un mois après la formation reçue à l’ARS, présentés dans l’étude de

Viau et al. (2013), les éléments suivants ressortent : « La connaissance préalable

du résident », « L’adaptation du déroulement du soin aux caractéristiques du

Page 142: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

126

résident », « L’importance du partage d’informations sur les résidents entre les

soignants », « La présence d’équipements adaptés » et « Un aménagement

approprié des lieux de travail ». Ces constats se retrouvent également dans la

présente étude.

a) La connaissance préalable du résident est un facteur-clé de la mise en œuvre de

l’approche.

Notre étude montre clairement que le fait de connaître le résident est un facteur clé

qui favorise la mise en œuvre de l'ARS. Ce qui semble renforcer l’importance de la

dimension relationnelle du soin. Par contre, aucune PAB participante rapporte avoir

accès ni à une présentation de cas en réunion d’équipe hebdomadaire précédent

l’arrivée du résident, ni au dossier médical ou à la toilette évaluative38. Elles vont

plutôt chercher les informations dans leur quotidien de travail, à travers les

échanges informels au sein de l'équipe soignante, afin d’assurer une mise à jour en

continu de leurs connaissances sur le résident. Ceci leur permet d’adapter leurs

soins au résident et ainsi faciliter la relation et le maintien du contact tout au long du

soin. De plus, il ressort de cette étude que la connaissance préalable du résident

permet aux PAB de développer des stratégies pour aller chercher la collaboration

du résident.

b) Le travail d'équipe facilite la mise en application de l'ARS mais il peut aussi être

nuisible.

Le fait de faire le soin à deux découle initialement de la prescription apparaissant au

plan de travail mais la PAB peut en décider autrement, selon l'état du résident et le

déroulement de sa journée. Lorsque la relation entre les soignants participant aux

soins est harmonieuse, la mise en application de l'ARS s'en trouve facilitée et

d'ailleurs, dans de telles conditions, les PAB préfèrent travailler en équipe.

L'harmonie est présente lorsque les membres de la dyade présentent un « profil

ARS » fort, c'est-à-dire qu'elles partagent les valeurs sous-jacentes à l'approche et

la jugent utile pour le déroulement des soins.

38 Toilette évaluative = portrait détaillé des capacités et incapacités du résident à participer à ses soins d’hygiène, réalisé par un(e) ergothérapeute. Exemple voir annexe M.

Page 143: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

127

Par contre, nous avons aussi montré que les soins perçus comme moins

satisfaisants par les PAB avaient tous été réalisés en dyade et que près de un soin

sur quatre réalisés à deux (6/28) n'est pas satisfaisant. Il faut toutefois noter que

même lorsque la PAB n'est pas d'accord avec la façon de faire de sa collègue, elle

donne priorité au bon déroulement du soin.

c) L'environnement physique et organisationnel : plusieurs lacunes sont relevées

L’environnement ne facilite pas toujours la mise en œuvre de l’approche, qu'il

s'agisse de l’environnement physique de soin ou de l’environnement

organisationnel.

En effet, les chambres et salles de bains de dimensions restreintes nécessitent que

les PAB procèdent à des adaptations de leur espace en vue du soin.

L'aménagement des unités « classiques » avec leurs couloirs étroits et une

disposition de l'espace éclatée, ne facilite pas les échanges d'information entre les

soignants et nuit à l'entraide.

En ce qui concerne l'environnement organisationnel, la présence de personnel

temporaire est un facteur qui nuit à la mise en application de l'approche. Ce constat

peut être mis en relation avec l'importance de connaître le résident pour mettre

l'ARS en œuvre comme nous l'avons déjà évoqué. De plus, certaines PAB

observées rapportent qu’entre le travail prescrit (dont l’horaire est très chargé) et

l’implication que leur demande la mise en œuvre de l’ARS pour certains soins, elles

n’y arrivent pas dans le temps. Par contre, les PAB qui ont bien intégré l'approche

jugent que l'ARS leur permet de gagner du temps.

Le fait que les ressources offertes par l'organisation ne soient pas toujours

favorables à la mise en œuvre de l'ARS est également soulevé dans l'étude de Viau

et al. (2013) où on peut lire que, à partir de l'avis des soignants enquêtés, « les

conditions organisationnelles constituent (…) un facteur majeur pour limiter les

possibilités d’intégration de l’ARS dans leurs pratiques ». Par ailleurs, ces auteurs

rapportaient déjà que les éléments facilitants l’application de l’ARS sont, entre

autres, « la présence d’équipements adaptés » et « un aménagement approprié des

lieux de travail »; éléments qui sont aussi ressortis de notre présente étude.

Page 144: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

128

Par ailleurs, les outils de transmission d'information sur les résidents ne semblent

pas être à la hauteur des besoins des PAB. Ils s'avèrent souvent non à jour quand

ils ne sont pas muets sur les capacités des résidents et leur histoire de vie.

6.1.3 Autres constats : Des stratégies mises en œuvre par les PAB

Les résultats de notre étude permettent d’illustrer concrètement la réalité de travail

des PAB participantes et les éléments l’influençant, et ainsi d'alimenter le débat

global sur l’ARS, et proposer des pistes pour des recherches futures. Il nous semble

important de creuser la controverse professionnelle autour des contraintes

temporelles créée par des points de vue divergents sur le temps gagné ou perdu, de

même que le travail en équipe de deux, puisqu'il semble être une source

d'insatisfaction. De plus, le travail « prescrit » contenu dans les feuilles de route

semble nuire à la mise en œuvre de l’ARS car il retire la possibilité à la PAB de

réaliser le soin dans des conditions optimales de mise en œuvre de l’ARS, c.-à-d.

selon la préférence du client, son état du moment, l’adaptation à ses besoins, la

stimulation de son autonomie et éventuellement le fait de le réaliser seule ou en

dyade. Une piste de solution à étudier pourrait être de donner plus de latitude dans

l’organisation et le planning des soins, afin de s’adapter au résident, et non l’inverse.

6.2. Limites de l’étude

Malgré son intérêt, cette étude comporte certaines limites telles que la limitation des

soins observés par le comité d’éthique (voir ci-dessous)), le nombre restreint de

soignants participants et les outils pas toujours bien adaptés à l’objectif visé. Ces

limites ont pu affecter notre compréhension du travail réel des soignants et de la

mise en œuvre de l’ARS. Une certaine prudence est donc nécessaire face à

l’interprétation des résultats obtenus dans cette étude exploratoire.

6.2.1. Restrictions liées à l’approbation éthique

Il faut savoir que l’approbation éthique du CSSS participant a été très difficile à

obtenir. Nous avons dû nous limiter aux observations du travail des soignants lors

de soins donnés à des résidents aptes à consentir. Ceux-ci étaient décrits par une

des PAB comme étant « les résidents qui comprennent bien ce qu’il se passe autour

d’eux, ceux qui ont le moins de comportements perturbateurs, le moins de

résistances aux soins et offrent une meilleure collaboration ».

Page 145: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

129

À plusieurs reprises, les PAB participantes ont soulevé ce qu'elles considéraient

comme une « aberration ». En effet, celles-ci trouvent qu’il aurait été très intéressant

pour les résultats de l’étude que des soins plus difficiles avec des résidents non

aptes à consentir soient observés et analysés du point de vue de l’ARS, car « c’est

dans ces cas-là qu’elle est la plus importante, la plus aidante, la plus frappante »

(PAB Z) et « Je trouve que d’observer aussi des cas non aptes auraient été

intéressants par rapport à l'application de l'ARS. Ce sont souvent avec eux que les

soins sont difficiles, le contact aussi, la gestion des comportements et, selon moi,

avec eux que l'ARS est importante à appliquer » (PAB Y).

De plus, l’approbation éthique a aussi été limitée aux observations du travail des

soignants lors de toilettes partielles. Nous n’avions pas l’autorisation de « voir » une

nudité totale. Cette notion de nudité totale comprend toutes les toilettes complètes

en chambre et les bains/douches dans les salles de bain communes. La possibilité

de faire ce type de recherche en recourant à des séquences vidéo offrirait des

avantages certains pour se rapprocher encore plus du travail réel et de la diversité

des situations de travail. Dans ce cas le problème de la nudité pourrait être encadré

strictement plutôt que banni.

Les soins observés se sont donc déroulés avec des résidents aptes à consentir et

consentants à notre présence, pour des soins d’hygiène partiels au lit, au lavabo ou

à la toilette, en position couchée, assise ou debout et réalisés à un ou deux

soignants. Les données recueillies et les résultats obtenus sont donc uniquement en

lien avec ces caractéristiques. Par contre, lors des verbalisations et

autoconfrontations, les PAB participantes ont abordé globalement tous les soins

qu’elles effectuent dans leur réalité de travail et ont soulevé des difficultés non

observées dans le cadre de cette étude mais qu’elles vivent dans leur travail

quotidien.

6.2.2. Diversité des soins et des contextes

Cette étude est de type compréhensive et mise sur la plus grande diversité

possible des situations de travail et de leur contexte. Par contre, il y a présence

d’un biais de participation: En effet, l’établissement participant, les unités, les

chefs d’unité et les PAB participantes ont tous décidé volontairement de

participer à cette étude. On peut présumer que leur acceptation est motivée par

le projet d’une manière ou d’une autre, que ce soit par l’ARS elle-même, parce

Page 146: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

130

qu’ils y sont impliqués, parce qu’ils aiment participer à l’enseignement et la

recherche, etc. Les résultats de cette étude en sont donc quelque part

influencés. Toutefois, il est ressorti des données recueillies qu’une des PAB

participantes appliquait moins l’ARS. Cela a été très intéressant dans notre

analyse de prendre en compte la variété des données et « profils ». Il pourrait

être intéressant de réaliser la même étude avec un groupe témoin composé de

personnes n’étant peu ou pas adhérentes à l’ARS ou mieux, ne la connaissant

pas. De plus, l’étude porte ici sur un seul établissement, avec trois de ses

unités et le travail de quatre de ses PAB. L’échantillon de cas étudiés de cette

étude gagnera en diversité en augmentant le nombre d’établissements. Par

contre, cette étude converge avec les études semblables (Viau et al., 2013 et

Desrosiers et al., 2014), ce qui renforce sa validité externe.

Le choix des 44 soins : Tel que vu dans la section sur la réduction des données

dans le chapitre sur la démarche méthodologique (3.4.1), sur les 95 soins

observés au total, 44 ont été retenus à des fins d’analyse plus spécifique du

point de vue de l’ARS. Ces soins ont étés sélectionnés selon trois critères :

quantité et richesse des données, soins d’hygiène et représentativité de

l’échantillon face au travail quotidien des PAB. Ce troisième critère s’est basé

sur le jugement de la (ou des) PAB participante(s) et de la chercheure, à la suite

des observations recueillies à l’aide des chroniques d’activité. Ces 44 soins ont

donc été volontairement choisis, ce qui pourrait créer un biais.

L’étude gagne donc en profondeur ce qu’elle perd en étendue. Elle a donné un

modèle utile au stade des connaissances actuelles sur l’implantation de l’ARS et

perfectible lors d’études futures.

6.2.3. Critique de certains outils de recueil de données

Au cours du déroulement de cette étude, un outil a été modifié : la grille

d’objectivation de mise en œuvre de l’ARS (voir section 3.3.2 sur cet outil). En effet,

2 des 25 items la constituant ont été retirés, car ils étaient difficiles à coter

objectivement, étant donné le non accès aux informations nécessaires (dossier

médical, plan d’intervention des résidents). Par la suite, lors de l’analyse des

données recueillies, il s’est avéré que des éléments dans deux outils différents, soit

le questionnaire post-soin et cette grille d’objectivation, mériteraient aussi d’être

modifiés, améliorés afin qu’ils correspondent mieux à la réalité observée, aux

préoccupations rapportées par les PAB dans cette étude, dans le but d’évaluer le

Page 147: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

131

plus adéquatement possible la mise en œuvre de l’ARS dans le travail réel des

soignants participants. Il faut aussi noter que la qualité métrologique de ces outils

n’a pas été étudiée.

6.2.3.1. Questionnaire post-soin

Ce questionnaire, permettant le recueil des verbalisations post-soin a été décrit à la

section 3.2.2. et est disponible à l’annexe H. Pour rappel, il a été préétabli par

l’équipe de recherche, développé sur base du manuel du formateur (ASSTASS et

CEC, 2007). C’est la question concernant les facteurs ayant facilité ou nui à la mise

en œuvre de l’ARS qui nous préoccupe ici : « Quels sont, de votre point de vue, les

facteurs qui ont facilité ou nui à la mise en œuvre de l’approche dans ce soins

spécifique? ». Le choix de réponses offert aux PAB était alors « facilité », « nui » ou

« ni l’un ni l’autre ». Celui-ci ne permettait pas de répondre avec des nuances, telles

que « n’a pas facilité » ou « n’a pas nui ». C’est comme si elles pouvaient

uniquement répondre par « noir » ou « blanc » ou « ni l’un ni l’autre », ce qui ne

permet pas de voir toutes les nuances de gris. Ce choix de réponses limité a eu

comme impact que les réponses, données et résultats manquaient de nuances et

n’étaient pas toujours en adéquation avec les observations recueillies. Par contre,

les verbalisations ont permis d'avoir accès à certaines nuances exprimées par les

PAB à cet égard. Faire une suggestion pour l’améliorer?

De plus, lorsque les données recueillies ont été analysées, il est ressorti que les

libellés de certains facteurs proposés aux PAB pour répondre à cette question ont

été interprétés différemment par les PAB et par les chercheurs lors de la création du

questionnaire. Il s’agit ici des catégories : contraintes temporelles et procédures et

consignes. Il y a en effet une inadéquation entre les réponses des PAB aux

questions fermées, les observations recueillies et les verbalisations après les soins.

Celles-ci montrent que les PAB ont interprété différemment les questions énoncées

du questionnaire post-soin que ce que les chercheurs voulaient questionner. Par

exemple, la catégorie procédures et consignes est abordée dans le sens du travail

prescrit pour les chercheurs (ce qu’on s’attend du travail des PAB, les consignes

qu’elles reçoivent pour effectuer adéquatement leur travail), alors que les PAB l’ont

interprété dans le sens des consignes qu’elles donnent au résident durant le soin

(ex : « Pour les résidents hommes, la consigne que je leur donne est qu’ils n’ont pas

le droit de me ‘toucher’… et ils la respectent la plupart du temps »). Elles répondent

donc que les consignes sont un facteur facilitant (parce que de donner des

Page 148: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

132

consignes aux résidents les aident dans la réalisation du soin), alors que les

observations et verbalisations post-soin concernant les consignes qu’elles reçoivent

sont plutôt un facteur nuisant. De ce fait, les données brutes de ces catégories n’ont

pu être utilisées telles quelles, sans remise en contexte et sans parallèle avec les

autres données recueillies. Si ce questionnaire était réutilisé, il faudrait vérifier

comment il est interprété en utilisant un pré-test. Si je réutilisais ce questionnaire, je

remplacerai les termes « procédures et consignes » par le terme « travail prescrit ».

En effet, ce terme, en plus d’être ergonomique, fait référence à une prescription, à

une demande arrivant « d’en haut », qui serait à l’opposé de l’interprétation des

quatre PAB dans cette étude qui fait référence aux consignes qu’elles donnent aux

résidents. Enfin, étant donné que c’est un terme peu connu dans le milieu médical,

les soignants à qui on posera cette question risquent de questionner ce terme plutôt

que de « foncer » dans l’interprétation du terme « consignes » qu’ils utilisent

régulièrement dans leur quotidien de travail.

6.2.3.2. Grille d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS

Cet outil, déjà modifié au cours du terrain de cette étude, présente d’autres

lacunes :

- Les trois items concernant le travail en équipe (*16-17-18) n’abordent pas et

ne font pas ressortir les difficultés perçues et rapportées par les PAB

participantes au niveau du travail d’équipe. Par contre, l’item *12 peut parfois

faire ressortir les difficultés du travail d’équipe, mais il n’est pas intégré dans

la section « travail d’équipe ».

- Tel que décrit à la section 5.3.2.2.3 sur le travail d’équipe, différents modes

opératoires peuvent être adoptés par les soignants. Face à un travail

d’équipe insatisfaisant, les PAB observées ont souvent adopté comme

stratégie le retrait; du coup, les PAB observées obtiennent une basse

cotation pour les items d’objectivation de l’ARS qui mesurent l’interaction

avec le résident car elles sont en retrait, effacées et communiquent peu avec

le résident.

- La cotation des items 1 à 4 de prise de contact initial reflète parfois mal ou

peu la réalité. En effet, sur l’unité prothétique, le contact est quasi constant

et la prise de contact n’est de ce fait pas nécessaire; Mais la cotation de la

PAB qui y travaille a du coup été moindre puisqu’il n’y avait pas de prise de

contact initial observé.

Page 149: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

133

- La cotation sur la stimulation et le maintien de l’autonomie des résidents

aurait pu être plus précise si les dossiers médicaux, incluant les plans de

traitements et les toilettes évaluatives avaient été accessibles à la

chercheure.

Cette grille a subi quelques modifications pour être utilisée également dans

l’étude de Desrosiers et al. (2014). Les chercheurs ont procédé à un traitement

différent des données, établissant un score de mise en œuvre de l’ARS dans

des soins observés par deux observateurs, l'un ayant pour sujet le soignant et

l'autre, le résident. Ils ont ensuite tenté d’établir une corrélation entre ces scores

et les comportements des résidents. Leur critique de la grille est « qu’elle a été

développée spécifiquement pour cette étude » et que « ses qualités

métrologiques n’ont pas été mesurées ».

Finalement, malgré les limites des outils, les difficultés ont pu être compensées ou

aplanies en utilisant les données multiples recueillies à travers les observations, les

verbalisations (formelles et informelles) et les autoconfrontations, qui ont été une

source importante de remises en contexte et d’éclaircissements des résultats bruts

provenant des outils permettant les nuances nécessaires à la compréhension de la

réalité de travail des PAB participantes. Toutefois, pour une éventuelle poursuite ou

une réutilisation de ces outils, les améliorations mentionnées ci-dessus seraient

nécessaires afin de rendre les outils plus proches de la réalité des soignants et de la

mise en œuvre de l’ARS dans leur travail réel.

6.3. Réflexions de la chercheure

À la suite des données recueillies, de l’analyse qui en est ressortie et compte tenu

de mon bagage professionnel initial comme ergothérapeute, il me faut aborder deux

sujets. Ceux-ci me semblent importants comme apport à l’ergonomie et à tous ceux

qui liront ce document ayant à cœur le travail des soignants et que l’ARS :

Le premier concerne l’amélioration d’un déterminant du travail des

PAB observées: l’accès à l’information au sujet du résident par les soignants, et

particulièrement les PAB, afin de bien faire leur travail

Le second concerne les effets sur le résident : le développement de l’autonomie

du résident (maintien et stimulation) et la position debout

Page 150: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

134

6.3.1. L’accès à l’information au sujet du résident, et son amélioration

Tel qu’indiqué précédemment, les PAB participantes rapportent ne pas avoir accès

au dossier médical, ni à la toilette évaluative lorsqu'elle existe. Dans les unités, cette

réalité est très contraignante. Par contre, comme le montre le projet de « panneau

d’information personnalisé » accroché à la tête du lit du résident (section 5.3.4.4. sur

les projets en cours), il serait possible de leur donner malgré tout accès à certaines

informations en utilisant d’autres moyens que le dossier lui-même.

Comme ergothérapeute, il m’est arrivé à plusieurs reprises, lors de mes

emplois/visites en CHSLD, d’apercevoir un « Tableau de soins » découlant de

l’évaluation « SMAF39 », souvent nommée toilette évaluative par les PAB (voir

annexe M), discrètement collé à un mur ou derrière une porte de chambre ou sur le

pied de lit de résidents40. Cet outil est un instrument de mesure de l’autonomie

fonctionnelle et il permet d’observer la performance du résident lors de la réalisation

d’activités. Il est rempli par un(e) ergothérapeute à la suite d'une évaluation de

l’autonomie du résident et couvre 21 fonctions de la vie quotidienne (se nourrir, se

laver, s’habiller/se déshabiller, entretien, continence vésicale et fécale, utilisation,

etc.), en ce qui concerne la mobilité, la communication, les fonctions mentales et la

gestion des tâches domestiques. Chaque fonction est cotée sur une échelle de 0

(=autonome) à - 3 (=nécessite de l’aide physique totale), selon des critères précis

obtenus par observation, sur ce que le résident fait. Une fois l’évaluation réalisée et

le « Tableau des soins » rempli, celui-ci permet aux soignants d’avoir en un coup

d'œil une idée du niveau d’autonomie, des capacités et du besoin d’aide du résident

lors des activités de la vie quotidienne.

En tant qu’ergonome, je vois un grand intérêt à développer l’utilisation de cet outil et

le promouvoir. En effet, si ce tableau était plus répandu et utilisé, les PAB, mais

aussi les autres soignants, auraient une idée claire des capacités des résidents. Ce

profil des capacités du résident serait alors basé sur une évaluation précise et

39 Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle (SMAF), réalisé par Hébert, Carrier, Bilodeau (1983). Source : Ministère de la Santé et des Services Sociaux, 14 août 2015

40 Il faut noter que l’affichage de ce document est toutefois conditionnel à l’autorisation du résident ou de son représentant légal

Page 151: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

135

complète, sur des faits, et non sur des interprétations ou des comportements. Les

données de l’évaluation seraient alors inscrites sur le « Tableau des soins » et

seraient visibles dans la chambre du résident. Celui-ci permettrait ensuite une

uniformité dans la réalisation des soins par les tous soignants, étant donné qu’ils

auraient tous accès à la même information, de la même source et au même

moment. Par contre, la problématique de la mise à jour va demeurer, mais sous une

autre forme : en effet, qui va décider qu’il y a de nouvelles informations à inscrire,

qui va en avoir la charge, à partir de quand on inscrit un changement, qui va

demander à l’ergothérapeute une réévaluation de l’autonomie fonctionnelle du

résident, etc.

Finalement, il est important de souligner que les projets en cours cités dans la

section 5.3.4.4. (Walkie talkie pour joindre rapidement l’IA et le « panneau

d’information personnalisé » accroché à la tête du lit de chaque résident) seraient

d’excellentes améliorations à développer sur les autres unités, car ces projets ont

comme objectifs de mieux connaître le résident, de maintenir et développer son

autonomie; ce qui va aussi dans le sens d’une meilleure mise en œuvre de l’ARS.

6.3.2. Le développement de l’autonomie du résident

Nos résultats des éléments de l’ARS mis en œuvre lors des soins observés (section

5.2) rapportent que la catégorie concernant le maintien de l’autonomie du résident

est mise en application seulement pour 39% des soins observés. Aussi, les résultats

concernant les effets de la mise en œuvre de l’ARS sur les résidents (section

5.4.2.2), et plus précisément sur leur autonomie (le tableau 18) montrent que la

position debout est stimulée (totalement ou partiellement) lors de seulement 16%

des soins observés. Pourtant, la position debout est un des principes de l’ARS.

La réflexion soulevée ici n’est pas que la totalité des soins auraient pu être réalisés

debout, mais bien qu’une plus grande proportion que ces 16% auraient

probablement pu être réalisés debout, en totalité ou en partie. En effet, si on se fie

au nombre dénominateur utilisé pour calculer la fréquence absolue dans la grille

d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS (voir section 5.2) de l’item 24

« Cherche à maintenir la capacité du résident à se tenir debout »; celui-ci est calculé

sur une base de 42 soins car, selon la perception des PAB, 2 des 44 soins étaient

réalisés avec des résidents grabataires, qui ne se levaient plus de leur lit, sauf avec

un lève-personne. De plus, si on se fie au matériel présent dans la chambre du

Page 152: L'approche relationnelle de soins: analyse ergonomique du ...

136

résident, celui-ci est aussi un indicateur d’une certaine capacité du résident à se

tenir debout avec aide (par exemple, si une marchette est placée à côté de son lit,

on peut imaginer qu’il est capable de l’utiliser, qu’il en a besoin pour se déplacer;

Donc, il a une certaine autonomie, en étant aidé par cette marchette. Par contre, à

l’aide de cet indice, on ne sait ni la distance ni la durée de cette utilisation possible).

Au final, parmi les 44 soins observés, on sait que 7 d’entre eux ont été réalisés en

stimulant le résident à se mettre partiellement ou totalement debout et 2 soins avec

des « résidents grabataires, au lit ». La réflexion en ergonomie nourrie ici par cette

étude soulève donc la question de la stimulation de l’autonomie et des capacités

résiduelles des résidents pour les 35 autres soins, et pourquoi leur autonomie est si

peu stimulée.

Ces résultats montrent en effet qu’il y a un réel problème au niveau du

développement, ou du moins du maintien, de l’autonomie des résidents. Quand on

sait à quel point cette autonomie est si importante du point de vue de l’ARS, de

l’humanitude, mais aussi de la santé de chacun de ces résidents, il apparait clair

que des améliorations sont à explorer, à questionner, à tenter. Une des pistes de

réflexion que je lance dans ce mémoire est l’accès pour tous les soignants à

l’information concernant l’état fonctionnel du résident et son autonomie, tel

qu’abordé ci-dessus à l’aide de l’outil « Tableau de soins » qui pourrait être

accessible à tous en tout temps en étant placé à un endroit visible proche du lit du

résident. Si ce « Tableau de soins » était visible et utilisé par tous, la stimulation et

le développement de l’autonomie des résidents seraient améliorés et le travail des

soignants en serait probablement influencé, dans un sens positif. En effet, en

connaissant les capacités réelles des résidents, les soignants se poseraient moins

de questions à savoir comment faire le soin, comment stimuler l’autonomie, quel

collègue fait le soin différemment et pourquoi… Les soins seraient plus uniformes

d’un soignant à l’autre, plus adaptés à chaque résident (dans le sens de stimuler un

maximum ses capacités et le cas échéant de développer son autonomie); Les soins

stimuleraient plus la position debout et feraient plus participer le résident, et donc

moins forcer le soignant. Cette perspective pourrait donc avoir un impact

considérable sur le travail des soignants en CHSLD, sur la mise en œuvre de l’ARS

mais aussi au niveau des effets sur les soignants et les résidents.

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137

CONCLUSION

Notre étude a permis d’observer le travail réel de soignants, et de mieux

comprendre comment est appliquée l’ARS et pourquoi elle l’est ou non en analysant

les déterminants des situations de travail.

Il ressort principalement de notre étude que l’ARS est une approche qui est mise en

application dans la plupart de ses éléments, et ce, même si les soignants ont eu la

formation depuis un certain temps. On constate également que le fait de créer une

bulle relationnelle autour du soin est important et que l'ARS est jugée aidante dans

la réalisation des soins. Le fait de connaître le résident est un grand atout pour la

mise en application de l'ARS. Par contre, il ressort de notre étude que le maintien

et la stimulation de l’autonomie du résident sont très difficiles à appliquer, mais nous

proposons que l’accès aux données de la toilette évaluative pourrait y remédier.

L'étude montre aussi que la source majeure d’informations concernant le résident

ne réside pas dans les outils mis à la disposition des PAB mais plutôt dans leurs

échanges informels, réalisés avant/durant/pendant les soins. De plus, certains

éléments de l’environnement de travail (physique, organisationnel, dyade etc.)

peuvent avoir un gros impact sur la réalisation du soin et limitent actuellement

l’application de l’ARS. En effet, l’environnement est perçu comme un facteur nuisible

à l’ARS, car les PAB ont une préoccupation continuelle de le gérer et le modifier, car

elles le trouvent inadéquat et mal adapté. L'étude constate également que, les avis

concernant les contraintes temporelles sont contradictoires, car, pour certaines, le

temps disponible est une entrave à la mise en œuvre de l’ARS, alors que pour

celles qui maîtrisent l’ARS, le fait de la mettre en œuvre leur permet de gagner du

temps. Finalement, les PAB se disent satisfaites en grande majorité des soins

réalisés.

Les résultats de cette étude présentent certaines limites du fait du petit nombre de

participants, de l'interdiction imposée par le comité d'éthique de la recherche

d'observer certaines situations et des outils de recueil de données. Ils sont donc à

relativiser. Par contre, cette étude a permis de soulever et de discuter certaines

pistes d’amélioration, telles que l’optimisation de l’accès aux informations à jour sur

les résidents et une meilleure connaissance du niveau d’autonomie du résident.

Pour ma part, cette étude a été une source d’apprentissage infinie, tant au niveau

de mes compétences en ergonomie, qu’au niveau de l’analyse de toutes ces

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138

données hyper intéressantes, qu’au niveau humain. De par ma formation

d’ergothérapeute, j’étais à l’aise avec ce « milieu de travail », mais j’ai adoré

l’observer, l’analyser et le décortiquer comme ergonome. L’ARS a été pour moi une

découverte et un espoir dans des soins meilleurs pour nos aînés, qui sont une

richesse pour toutes les générations à venir. J’adhère vraiment à cette philosophie

de respect des aînés et d’humanitude. Mon cheminement a été long et parsemé

d’imprévus, mais je revenais à cette étude avec un grand plaisir et un certain recul

qui a permis une bonne maturation du sujet. J’en ressors enrichie et prête à

embarquer dans cette nouvelle profession qui me passionne : comprendre le travail

des travailleurs pour l’améliorer.

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Annexes

Liste des annexes:

A) Liste des publications du projet PHARES, suivie de mon article scientifique

publié (chapitre 1)

B) Document de présentation aux chefs d’unité (chapitre 3.1.2)

C) Document de présentation aux soignants (chapitre 3.1.3)

D) Dépliant de présentation de la recherche (chapitres 3.1.3 et 3.1.4)

E) Formulaire de consentement à participer à la recherche (chapitre 3.1.3)

F) Chronique d’activité (chapitre 3.2.1)

G) Journal de bord-type (chapitre 3.2.1)

H) Questionnaire post-soin (chapitre 3.2.2)

I) Guide d’entretien d’autoconfrontation (chapitre 3.2.3)

J) Grille d’objectivation de la mise en œuvre de l’ARS initiale (chapitre 3.3.2.1)

K) Liste des items maintenus dans la grille d’objectivation (chapitre 3.3.2.2)

L) Verbatims complets de l’avis des PAB concernant l’ARS (chapitre 5.3.1.1)

M) Toilette évaluative ou SMAF (chapitres 5.3.2.2 et 6.3.1)

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Annexe A : Liste des publications du projet PHARES, suivie

de l’article scientifique publié par l’auteure du mémoire

Adapter les soins d'hygiène aux résidents : obstacles et facilitateurs en soins de longue durée au Québec. Feillou I., Bellemare M., Viau-Guay A., Desrosiers J., Trudel L. Source : Ergonomie et société : quelles questions, quelles réponses? : 48e congrès de la Société d'ergonomie de langue française / SELF 2013, (48e : 28-30 août, 2013 : Paris, France), 2013

Améliorer la santé au travail des soignants par l'approche relationnelle de soins : les défis de l'implantation en CHSLD. Bellemare M., Feillou I., Viau-Guay A., Trudel L., Guyon A. C., Godi M. J., Desrosiers J. Source : In Diversité des interventions, diversité des populations : quels enjeux, quels défis pour l'ergonomie? : 45e congrès de l'Association canadienne d'ergonomie / ACE, (45e : 7-9 octobre, 2014 : Montréal, Canada), 2014

Analyse de l'implantation de l'approche relationnelle de soins : étude de cas dans un CHSLD. Bellemare M., Guyon A. C., Feillou I., Viau-Guay A., Trudel L., Desrosiers D. Source : Colloque "Qualité de vie au travail et pratiques de prévention en santé et en sécurité du travail" : Savoirs sans frontières : Congrès de l'Association francophone pour le savoir / ACFAS (81e : 6-10 mai, 2013 : Québec, Canada), 2013

Analyse qualitative de la perception des soignants au regard des facteurs d'intégration et de maintien des acquis d'une formation à l'approche relationnelle de soins en CHSLD. Feillou I., Viau-Guay A., Bellemare M., Desrosiers J., Trudel L. Source : in Curiosité diversité responsabilité : Congrès de l'Association francophone pour le savoir / ACFAS (79e : 9-13 mai, 2011 : Sherbrooke, Canada), 2011

Approche relationnelle de soins et comportements de résidents en établissement de soins de longue durée. Desrosiers J., Viau-Guay A., Bellemare M., Trudel L., Feillou I., Guyon A. C. Source : Congrès international francophone de gériatrie et gérontologie, (10e : 14-16 mai, 2014, Liège, Belgique), 2014

La formation à une approche centrée sur la personne en soins de longue durée: analyse de l'activité de soignants en contexte d'alimentation. Viau-Guay A., Feillou I., Bellemare M., Trudel L., Desrosiers J., Guyon A. C. Source : Colloque "Innover dans la tradition de Vygotsky: Contribution des approches historico-culturelles à la construction des connaissances en contexte d'apprentissage formel et informel : Savoirs sans frontières : Congrès de l'Association francophone pour le savoir / ACFAS (81e : 6-10 mai, 2013 : Québec, Canada), 2013

La mise en œuvre de l'approche relationnelle de soins par des préposés aux bénéficiaires lors de soins d'hygiène et les facteurs qui l'influencent. Lenelle A., Bellemare M., Trudel L., Feillou I., Viau-Guay A., Desrosiers J. Source : Diversité des interventions, diversité des populations : quels enjeux, quels défis pour l'ergonomie? : 45e congrès de l'Association canadienne d'ergonomie / ACE, (45e : 7-9 octobre, 2014 : Montréal, Canada), 2014 et communication présentée à l’ARUC (alliance de recherche Université Communauté Innovation) le 11 mars 2015 à l’Université Laval – Relations Industrielles, Québec, Canada

L'approche relationnelle de soins: une discussion sur le transfert des apprentissages. Viau-Guay A., Bellemare M., Feillou I., Trudel L., Desrosiers J.,

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151

Robitaille M.-J. Source : Investir et s'investir en prévention, c'est judicieux : Colloque ASSTSAS 2011, (3-4 mai, 2011 : Boucherville, Canada), 2011

L'approche relationnelle de soins : qu'en pensent les soignants? Guyon A. C. Source : Objectif prévention, vol. 34, no 4, 2011, p. 12-13

Le soin relationnel en CHSLD : De la formation à l'approche relationnelle de soins, à la réalité du travail des préposés aux bénéficiaires. Feillou I., Bellemare M., Viau-Guay A., Trudel L., Desrosiers J., Robitaille M.-J. Source : Préposés aux bénéficiaires et aides-soignantes: entre domination et autonomie, Aubry, F., Couturier, Y. (éds), Québec, Presses de l'Université du Québec, 2014, p. 51-71 (collection santé et société)

L'implantation de l'approche relationnelle de soins visant à améliorer la SST des soignants en CHSLD: point de vue des différents acteurs clés impliqués. Guyon A.-C., Trudel L., Bellemare M., Viau-Guay A., Desrosiers J. Source : Colloque RRSSTQ : Savoir pour mieux agir en SST : Congrès de l'Association francophone pour le savoir / ACFAS (80e : 7-9 mai, 2012 : Montréal, Canada), 2012

L'implantation d'une approche de soins visant la prévention des problèmes de SST chez les soignants en soins de longue durée: analyse de l'activité de préposés aux bénéficiaires. Feillou I., Viau-Guay A., Bellemare M., Trudel L., Desrosiers J. Source : Colloque RRSSTQ : Savoir pour mieux agir en SST : Congrès de l'Association francophone pour le savoir / ACFAS (80e : 7-9 mai, 2012 : Montréal, Canada), 2012

L'organisation du travail : contrainte ou ressource pour la santé? Le cas du travail de soin auprès des personnes en perte d'autonomie. Bellemare M., Trudel L., Viau-Guay A., Feillou I., Godi M. J., Desrosiers J. Source : Dix ans ont passé. Et les dix prochaines années? : 10e Journée Ergonomie, (10e : 2-3 novembre, 2014: Sao Paulo, Espagne), 2014

Person-centered care training in long-term care settings: usefulness and facility of transfer into practice. Viau-Guay A., Bellemare M., Feillou I., Trudel L., Desrosiers J., Robitaille M.-J. Source : Revue canadienne du vieillissement, vol. 32, no 1, 2013, p. 57-72

Réaliser des "soins relationnels" à la suite d'une formation en établissements de soins de longue durée : quelles conditions favorables? Bellemare M., Trudel L., Viau-Guay A., Guyon A. C., Feillou I., Desrosiers J., Godi M. J. Source : Ergonomie et société : quelles questions, quelles réponses? : 48e congrès de la Société d'ergonomie de langue française / SELF 2013, (48e : 28-30 août, 2013 : Paris, France), 2013

Relationship-based care and behaviours of residents in long-term care facilities. Desrosiers J., Viau-Guay A., Bellemare M., Trudel L., Feillou I., Guyon A. C. Source : Le vieillissement...du niveau cellulaire au niveau sociétal : 42e Réunion scientifique et éducative annuelle de l’Association canadienne de gérontologie / ACG2013, (42e : 17-19 octobre, 2013 : Nouvelle-Écosse, Halifax), 2013 et Current Gerontology and Geriatrics Research, vol. 2014, 2014, 8 p

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La mise en œuvre de l’approche relationnelle de soins par des préposés aux

bénéficiaires lors de soins d’hygiène, et les facteurs qui l’influencent

LENELLE AMÉLIE

Département des relations industrielles, Université Laval, 1025 av. des Sciences Humaines, Québec (Qc) G1V 0A6, Canada

BELLEMARE MARIE, TRUDEL LOUIS, FEILLOU ISABELLE, VIAU GUAY ANABELLE

Université Laval, Québec (Qc), Canada

DESROSIERS JOHANNE

Université de Sherbrooke, Sherbrooke (Qc), Canada

Source : Diversité des interventions, diversité des populations : quels enjeux, quels défis pour l'ergonomie? : 45e congrès de l'Association canadienne d'ergonomie / ACE, (45e : 7-9 octobre, 2014 : Montréal, Canada), 2014

RÉSUMÉ : L’approche relationnelle de soin (ARS) est inspirée de la philosophie de l’humanitude et du respect de la dignité des résidents. Elle mise sur la qualité de la relation de soin et sur l’utilisation des capacités des résidents pour améliorer la santé au travail des soignants. Des analyses ergonomiques du travail de 4 préposées aux bénéficiaires (PAB) en CHSLD nous démontrent que la relation et la communication sont bel et bien mises en œuvre mais qu’il leur est par contre difficile de stimuler et de maintenir l’autonomie des résidents. Questionnées, les PAB se disent toutefois satisfaites en grande majorité des soins réalisés. La connaissance préalable du résident est un facteur-clé facilitant la mise en œuvre de l’ARS, même si les PAB ont peu ou pas accès au dossier médical. L’environnement du soin, quant à lui, est un facteur préoccupant pour elles car les PAB doivent souvent jongler avec celui-ci afin que le soin reste sécuritaire pour elle et pour les résidents.

Mots-clés : soins d’hygiène, résidents, préposés aux bénéficiaires

1. INTRODUCTION

Le contexte de travail actuel dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) est caractérisé par un alourdissement de la clientèle et par une difficulté de rétention du personnel, associé à d’importants et coûteux problèmes de santé physique et psychologique. C’est dans ce contexte que de nouvelles approches de soins se sont développées, notamment celles dites « axées sur la personne » (ASAP), dont l’approche relationnelle de soins (ARS). Cette approche, implantée par l’association sectorielle paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS) dans plusieurs CHSLD du Québec vise à améliorer la santé des travailleurs en misant sur la qualité de la relation de soin et sur l’utilisation des capacités des résidents, dans une perspective humaniste et de respect de leur dignité. L’ARS a été développée sur la base de la méthodologie de

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soins (http://www.igm-formation.net/index.php) laquelle s’appuie sur la philosophie de soins de l’humanitude (3). Elle s’insère dans le courant des approches de soins axées sur la personne (2; 4). La formation proposée par l’ASSTSAS se distingue par sa dimension expérientielle forte et le fait qu’elle s’insère dans un projet d’établissement plus large, mené par un chargé de projet interne. L’ASSTSAS propose ainsi aux établissements de soins de longue durée de faire de cette approche un véritable projet d’organisation en formant des formateurs internes aux établissements qui, à leur tour, formeront l’ensemble de leurs collègues. L’approche, qui s’inscrit d’ailleurs dans la transformation des milieux de soins prolongés en milieux de vie, tel que le préconise le Ministère de la santé et des services sociaux (5), vise à contribuer à une plus grande satisfaction au travail et à l’amélioration de la santé et de la sécurité du travail des soignants, notamment via la diminution des comportements perturbateurs des résidents (6; 7). Pour ce faire, l’ARS propose un ensemble de pratiques de soin permettant à la fois d’assurer une relation respectueuse des résidents et de maintenir le plus longtemps possible l’autonomie des résidents lors des activités de la vie quotidienne (6).

La présente étude s’inscrit dans un projet plus large sur l’implantation de cette approche et vise à comprendre dans quelle mesure l’ARS est réellement mise en œuvre par les préposés aux bénéficiaires ayant reçu la formation. Plus particulièrement, nous avons cherché à répondre à la question suivante : suite à une formation reçue, quels sont les éléments de l’approche relationnelle de soins le plus souvent mis en œuvre lors des soins d’hygiène et quels sont les facteurs qui influencent la mise en application ? Nous avons recours ici au modèle de la situation de travail (8; 9) qui permet de mettre en relation l’activité réelle des soignants avec différents éléments du cadre du travail.

2. MÉTHODE

2.1 Recrutement des participants :

Les chercheurs ont présenté le projet d’étude lors de réunions de quart de 4 unités d’un établissement et 4 préposées aux bénéficiaires (PAB) ont participé à l’étude en donnant un consentement libre et éclairé. Il s’agit de 4 femmes, dont l’âge varie entre 30 et 46 ans avec une ancienneté se situant entre 8 et 14 ans. Ces PAB ont reçu la formation à l’ARS à un moment variant de 10 mois à 9 ans avant l’étude. Par ailleurs, les résidents aptes devaient donner leur consentement pour que l’étudiante chercheure puisse observer les soins (les résidents déclarés non aptes à donner leur consentement n’étaient pas observés).

2.2 Recueil des données :

Des observations in situ (tableau 1) d’une durée totale de 45 heures ont été relevées sous forme de chronique de quart et pour chaque soin observé, un entretien post-soin était réalisé avec la PAB. Cet entretien permettait de recueillir le point de vue du soignant sur plusieurs aspects du soin dont les suivants : une appréciation générale de son déroulement, la satisfaction ressentie, les facteurs ayant facilité ou nui à la mise en œuvre de l’approche dans le soin et les sources d’information sur l’état du résident. Des données ont ainsi pu être récoltées sur 50 soins, d’hygiène et d’alimentation. Les soins d’hygiène (n=44) ont été retenus pour l’analyse.

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Tableau 1 : Répartition des séances d’observation sur les 3 unités selon la durée et le nombre de soins d’hygiène observés pour chaque PAB

Unité A Unité B Unité C TOTAL

PAB A01 B02 C03 C04 4

Nombre de séances avant-midi

3

2

2 2

9

Nombre de séances après-midi

1 0 1 1 3

Durée totale (h) 16 8 11 10 45

Nombre de soins d’hygiène observés

10

7

15

12

44

2.3 Analyse des données : Une grille d’objectivation de l’ARS a été élaborée. Basée sur le cahier du participant à la formation (1), elle comporte 25 items. Le degré de mise en œuvre de chaque item a été estimé pour chacun des soins. La cotation utilisée (pour les items 5 à 25), appliquée au déroulement de chaque soin, est de : 3= la plupart du temps, 2= assez souvent, 1= quelquefois, 0= rarement ou jamais et aussi SO= sans objet (par exemple pour les items concernant le travail en équipe lorsque le soin est réalisé par un seul soignant ou lorsque le contact avec le résident est débuté dans le couloir et que le PAB n’a donc pas à frapper à la porte avant d’entrer). Les items ayant reçu la cote 3 ou la cote 2 ont été considérés comme mis en application alors que ceux ayant obtenu la cote 1 ou 0 ont été considérés comme non mis en application. Pour les items 1 à 4, la cotation utilisée est de : 1= présent ou 0= absent. La fréquence d’application de l’item a été calculée avec comme dénominateur le nombre de soins où l’item pouvait être estimé. De plus, 2 items de la grille ont été retirés de l’analyse parce qu’il était impossible de les apprécier sans avoir accès au dossier médical du résident. Enfin, les items ont été classés par fréquence puis regroupés par catégories, et finalement une moyenne pour chaque catégorie a été réalisée.

3. RÉSULTATS

3.1. Éléments de l’ARS le plus souvent mis en œuvre lors des soins d’hygiène :

Les éléments de l’ARS qui ressortent de la grille d’objectivation comme étant le plus souvent mis en œuvre lors des soins d’hygiène observés (tableau 2) sont, par ordre décroissant, en lien avec : l’environnement de soin (1 item - 100%); l’adaptation au résident en cours de soin (2 items - 95%); le focus gardé sur le résident pendant un soin en équipe (3 items - 86%); la création de la bulle relationnelle et la communication verbale et non verbale (7 items - 83%); la prise de contact initiale avant de débuter le soin (4 items - 78%). Par contre, les éléments de l’ARS moins souvent (moins de 60%) mis en œuvre lors des soins d’hygiène observés sont en lien avec la création de la bulle relationnelle au niveau du toucher (2 items - 59%) et le maintien de l’autonomie (4 items – 39%).

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Tableau 2 : Classification des items de la grille d’objectivation de l’ARS appliqués, par ordre décroissant de fréquence (Fr.)

Numéro des items et libellé

Fr.

abso

lue

Fr.

rela

tive %

Environnement : 100%

*25 : Se soucie de l’environnement de soin 44/44 100%

Adaptation au résident en cours de soin : 95%

*20 : Reconnaît les feed-back verbaux et non verbaux du résident 42/44 95%

*21 : Adapte son intervention en fonction des feed-back du résident

42/44 95%

Travail d’équipe centré sur le résident : 86%

*16 : Ne parle pas en même temps que sa collègue 26/28 93%

*17 : Est dirigée uniquement vers le résident et la tâche en cours 23/28 82%

*18 : Respecte l’entente quant au maintien de la relation avec le résident

23/28 82%

Création de la bulle relationnelle (regard, parole) et communication (verbale et non verbale) :

83%

*5 : Regarde le résident, sollicite son regard 41/44 93%

*22 : Cherche à maintenir une bonne relation tout au cours du soin

40/44 91%

*12 : Évite les communications paradoxales 35/41 85%

*14 : Adapte le type de communication aux capacités du résident (par imitation, en utilisant l’histoire de vie du résident…)

36/44 82%

*6 : Annonce ce qu’elle va faire avant de poser un geste 34/44 77%

*7 : Parle durant le soin (a une conversation ou décrit ses gestes)

33/44 77%

*15 : Donne des consignes claires au résident (une idée à la fois) 33/44 75%

Prise de contact initiale avec le résident : 78%

*4 : Prend contact avec le résident (regard, parole, toucher) 43/44 98%

*3 : Établit la relation avant de commencer la tâche (s’annonce, annonce le soin)

40/44 91%

*1 : S’informe préalablement du résident 28/44 64%

*2 : S’annonce/frappe avant d’entrer dans la chambre du résident 23/38**

60%

Création de la bulle relationnelle - toucher : 59%

*10 : Maintient le contact physique avec le client; annonce si elle doit le quitter

26/40 65%

*9 : Procède avec douceur (pas de griffe ni de pince) 7/13***

54%

Maintien de l’autonomie : 39%

*19 : Respecte l’autonomie du résident, sollicite sa participation 23/44 52%

*24 : Cherche à maintenir la capacité du résident à se tenir debout

18/42 43%

*13 : Suggère des idées positives au résident, est un motivateur 15/44 34%

*8 : Offre des choix d’action réalistes au résident 12/43 28%

** Item 2 : 6/44 réponses qui sont non applicable car le lieu de prise de contact avec le résident est une zone commune dans un milieu prothétique. *** Item 9 : total de

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13 soins car la plupart des soins se déroulaient avec des résidents assez autonome, avec qui ces techniques n’étaient pas requises.

3.2. La satisfaction des PAB

Lorsqu’on les questionne sur leur satisfaction quant au déroulement de ces soins, elles se disent satisfaites pour 93% des soins observés (très satisfaites pour 73% et satisfaites pour 20%), comme le montre le tableau 3. En réalité, elles expriment que si elles arrivent à atteindre l’objectif de réaliser le soin en appliquant plus ou moins l’ARS, elles se disent satisfaites « car l’important au final c’est de faire le soin malgré tout ».

Tableau 3 : Appréciation générale des PAB sur le déroulement du soin

Valeurs Fréquence %

2 : Très satisfaisant 32/44 73%

1 : Satisfaisant 9/44 20%

-1 : Plutôt insatisfaisant 3/44 7%

-2 : Très insatisfaisant 0/44 0%

3.3. Les facteurs facilitant la mise en œuvre de l’ARS

Après chaque soin observé, lorsque nous les questionnons sur les facteurs facilitent l’application de l’ARS, elles nous répondent ceci:

Tableau 4 : Facteurs favorables et nuisibles à la mise en œuvre de l’ARS

Facteurs

Fréquence

Favorable Neutre Nuisible

Connaissance préalable du résident 43/44 (98%)

0/44 (0%)

1/44 (2%)

Procédures, consignes 40/44 (91%)

0/44 (0%)

4/44 (9%)

Contraintes temporelles 39/44 (89%)

1/44 (2%)

4/44 (9%)

Autres personnes (ex: collègue, autre résident, famille)

23/44 (52%)

15/44 (34%)

6/44 (14%)

Environnement de soin : espace de travail, organisation du travail (ex : répartition des tâches), disponibilité et caractéristiques des équipements

37/44 (84%)

0/44 (0%)

7/44 (16%)

Caractéristiques du résident (ex : comportement, préférences personnelles)

33/44 (75%)

0/44 (0%)

11/44 (25%)

Il peut paraître étonnant que les procédures et les contraintes temporelles ressortent comme des facteurs favorables .Il y a une inadéquation entre les réponses des PAB aux questions fermées et les verbalisations recueillies durant et après les soins. Celles-ci montrent que les PAB ont interprété différemment les questions énoncées du questionnaire post-soin. Par exemple, le facteur procédures

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et consignes est abordé dans le sens du travail prescrit, alors que les verbalisations des PAB l’abordent dans le sens des consignes données au résident (ex : « Pour les résidents hommes, la consigne que je leur donne est qu’ils n’ont pas le droit de me ‘toucher’… et ils la respectent la plupart du temps »). De plus, le choix de réponse offert (favorable, neutre ou nuisible) ne permettait pas aux PAB de répondre ‘Ce facteur n’est pas favorable’ ou ‘Ce facteur n’est pas nuisible’. Toutes ces nuances nous sont possibles grâce aux recueils des verbalisations des PAB et nous permettent de mettre en contexte les résultats du tableau 4 ci-dessus. En conclusion, nous pouvons rapporter que les facteurs qui sont mentionnés par les PAB comme facilitant la mise en œuvre de l’ARS dans ces soins observés sont principalement la connaissance préalable du résident (ex : connaître son histoire de vie pour lui changer les idées) pour 98% des soins observés, ensuite les procédures et consignes données au résident pour 91%. Par contre, les éléments mentionnés par les PAB comme nuisant à la mise en œuvre de l’ARS sont les caractéristiques du résident lui-même pour 25% des soins (ex : réagit négativement aux questions), l’environnement de travail pour 16% des soins (ex : espace de travail, équipements, organisation du travail comme la répartition des tâches), ensuite la présence d’une tierce personne dans la pièce pour 14% des soins (ex : autre résident, autre PAB, famille) et finalement les contraintes temporelles pour 9% (ex : faire x soins avant l’heure de la collation). De plus, à propos des sources d’information par lesquelles les PAB nourrissent cette connaissance préalable du résident, elles sont : les discussions entre collègues (4PAB/4), les soins déjà effectués avec ce résident (4PAB/4), les réunions d’équipes de quart de travail (3PAB/4), la connaissance de l’histoire de vie du résident (2PAB/4), les discussions avec la famille (1PAB/4) et le plan de travail (1PAB/4). Par contre, aucune des PAB ne mentionne connaître préalablement le client par des documents officiels comme le dossier médical ou les données de la toilette évaluative (portrait détaillé des capacités et incapacités du résident à participer à ses soins d’hygiène, fait par un professionnel).

4. DISCUSSSION

Les éléments de l’ARS les plus souvent mis en œuvre sont globalement reliés à la création de la bulle relationnelle (sauf le toucher) et la communication alors que ceux qui sont les moins souvent mis en œuvre concernent le maintien des capacités du résident et le toucher. Par contre, même si certains éléments ne sont pas appliqués lors d’un soin, notamment ceux en lien avec le maintien des capacités des résidents, les PAB vivent tout de même une satisfaction face au déroulement du soin. Ces résultats confirment les perceptions exprimées par les soignants lors de la formation, notamment la difficulté appréhendée à maintenir l’autonomie du résident (10). En effet, selon les résultats de l’étude, les éléments de l’ARS tels qu’offrir des choix réalistes au résident, le stimuler à participer au soin, maintenir sa capacité à se tenir debout et lui suggérer des idées positives sont nettement moins souvent mis en œuvre par les PAB. Elles ne mettraient pas certains éléments en pratique, compte tenu des perceptions qu’elles se font des incapacités du résident ainsi que des contraintes temporelles entourant leurs tâches de travail. Les résultats de la toilette évaluative aurait pu confirmer les incapacités perçues, ou au contraire, aller dans un sens de plus grande autonomie du résident.

Cette étude nous apprend que la connaissance préalable du résident est un facteur extrêmement facilitant à la mise en œuvre de l’ARS. Nous pouvons en effet affirmer que le quotidien de travail avec ces résidents ainsi que les échanges informels entre collègues sont les principales sources d’informations dont disposent préalablement

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les PAB observées concernant les résidents pour qui elles vont réaliser des soins. Les réunions d’équipe semblent apporter des informations intéressantes mais toutefois plus globales, et elles ne surviennent que lorsqu’il y a des difficultés rencontrées par l’ensemble de l’équipe soignante avec certains résidents ou lorsqu’il y a des gros changements dans l’évolution de l’état des résidents. Par ailleurs, lors de l’arrivée d’un nouveau résident, la réunion d’équipe et les informations qui y sont transmises semblent arriver après le résident lui-même. Finalement, les sources d’information peu riches ou peu disponibles sont l’histoire de vie du résident, le plan de travail (car peu à jour), les discussions avec la famille (car pas vraiment dans les turs tâches des PAB et leur horaire) et finalement la toilette évaluative et le dossier médical, qui ne sont pas accessibles aux PAB.

Cette étude nous apprend aussi que les PAB observés se soucient de l’environnement physique et ce, dans 100% des soins, comme le prescrit l’ARS. Toutefois, l’environnement est perçu comme un facteur nuisible à l’ARS. Ces résultats s’expliquent par la préoccupation continuelle des PAB de gérer et modifier leur environnement de travail, inadéquat et mal adapté, afin qu’il soit sécuritaire pour elles et le résident, et qu’elles y soient le plus efficace possible, en fonction de chaque soin (ex : sortir le fauteuil pour avoir assez de place pour contourner le lit pour le soin au lit; à la fin du soin, placer le lit contre le mur lorsque le résident est dans son fauteuil et qu’il va recevoir de la visite).

Notre dernière réflexion concerne les contraintes temporelles perçues par les PAB. En effet, les contraintes temporelles auxquelles elles sont soumises constituent, pour certaines, une entrave à la mise en œuvre de l’ARS, alors que pour celles qui ont intégré l’ARS dans leur quotidien, il semble que la mise en œuvre de l’approche leur permette de gagner du temps.

Notre étude comporte certaines limites. Ainsi, certains éléments de la grille n’ont pu être évalués étant donné le non accès aux dossiers des résidents. De plus, la grille d’objectivation, basée sur la formation théorique à l’ARS, et le questionnaire post-soin se sont avérés, à quelques reprises un peu en décalage face à la réalité du travail des PAB. Par contre, les verbalisations des PAB, ont été une source importante de remise en contexte et d’éclaircissement des résultats bruts provenant des outils. Plusieurs modifications pourraient être apportées à ces outils afin de pousser plus loin l’évaluation de la mise en œuvre de l’ARS dans le travail réel.

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5. Bibliographie

(1)ASSTSAS. (2007). Approche relationnelle de soins. Cahier du participant. Montréal:

Association sectorielle paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires

sociales (ASSTSAS).

(2)Cohen-Mansfield, J., Mintzer, J. (2005). Time for Change: The Role

of Nonpharmacological Interventions in Treating Behavior Problems in Nursing Home

Residents With Dementia. Nursing 19 (1): 37-40 (3).

(3)Gineste, Y., Pellissier, J. (2005). Humanitude: Comprendre la vieillesse, prendre soin des Hommes vieux. Paris: Armand Collin.

(4)Kitwood, T. (2008). Towards a Theory of Dementia Care: The Interpersonal Process. Ageing and Society, 13(01), 51.

(5)MSSS. (2003). Un milieu de vie de qualité pour les personnes hébergées en CHSLD.

Orientations ministérielles (p. 33). Québec, Canada.

(6)Poulin, P. (2005). Approche relationnelle de soins: la rencontre des humanitudes. Objectif prévention, 28(1), 3-5.

(7)Poulin, P., Bleau, J., &Gineste, Y. (2004). La formation à l’approche relationnelle de soins, la rencontre des humanitudes. Vie et vieillissement, 3(2), 32-40.

(8) St Vincent M., Vézina N., Bellemare M., Denis D., Ledoux E., Imbeau D. (2011). L’intervention en ergonomie. Éditions Multimondes. IRSST, 360p.

(9)Vézina, N. (2001). La pratique de l’ergonomie face aux TMS : ouverture à l’interdisciplinarité. In Les transformations du travail, enjeux pour l’ergonomie. Comptes rendus du 36e Congrès de la Société d’ergonomie de langue française et du 32e congrès de l’Association canadienne d’ergonomie, 3-5 octobre 2001.

(10)Viau-Guay, A., Bellemare, M., Feillou, I., Trudel, L., Desrosiers, J., Robitaille, M.-J. (2013). Patient Centered Care training in long-term care settings: analyse of trainees’discourses on usefulness and facility of transfer into practice. Canadian Journal on Aging, V.32, (1).

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Annexe B : Document de présentation aux chefs d’unité

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Annexe C : Document de présentation aux soignants

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Annexe D : Dépliant explicatif sur la recherche

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Annexe E : Formulaire de consentement

Faculté des sciences sociales

Département des relations industrielles

FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT

ANALYSE ERGONOMIQUE DE L’ACTIVITÉ

Soignants formés à l’approche relationnelle de soins

INFORMATION

TITRE DU PROJET DE RECHERCHE

Ce projet de recherche s’intitule « L’approche relationnelle de soins : mieux comprendre son implantation et explorer son impact en CHSLD ».

CHERCHEURS RESPONSABLES DU PROJET DE RECHERCHE

Ce projet de recherche est réalisé sous la direction de madame Marie Bellemare, professeure agrégée au Département des relations industrielles de l’Université Laval, de monsieur Louis Trudel, professeur titulaire au Département de réadaptation de l’Université Laval, de madame Johanne Desrosiers, professeure titulaire à l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement et de madame Anabelle Viau-Guay, professeure adjointe au Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage de l’Université Laval. L’équipe de recherche comprend également madame Marie-Josée Robitaille, membre de la direction de l’ASSTSAS (Association pour la santé et la sécurité au travail, secteur affaires sociales).

NOM DES ORGANISMES SUBVENTIONNAIRES

Cette recherche reçoit le soutien financier des Instituts de recherche en santé du Canada et de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail.

PRÉAMBULE

Nous sollicitons votre participation à un projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de participer à ce projet et de signer ce formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire, de comprendre et de considérer attentivement les renseignements qui suivent. Ce formulaire peut contenir des mots que vous ne comprenez pas. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles aux chercheurs responsables du projet ou aux autres membres du personnel affecté au projet de recherche et à leur demander de vous expliquer tout mot ou renseignement qui ne vous est pas clair.

NATURE ET OBJECTIFS DU PROJET DE RECHERCHE

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Le but de cette recherche est de faire le bilan de l’implantation de l’approche relationnelle de soins (ARS), une pratique instaurée depuis 2003 par l’ASSTSAS dans plus de 80 installations d’hébergement et de soins de longue durée pour améliorer la relation de soins. L’amélioration de la relation de soins se traduirait d’une part, par une meilleure qualité des soins pour le résident et, d’autre part, par une meilleure santé au travail pour les soignants.

Cette recherche vise à 1) Dresser un état de situation de l’implantation de l’ARS dans les CHSLD du Québec 2) Mettre au jour les facteurs favorables ou faisant obstacle à l’implantation de l’ARS 3) Explorer l’impact de la mise en œuvre de l’ARS sur les résidents (comportements) et les soignants (satisfaction au travail et sentiment de compétence). Menée en étroite collaboration avec les partenaires du réseau de la santé, cette étude produira des connaissances destinées à soutenir les milieux dans leur volonté d’offrir une qualité de soins tout en préservant la santé physique et mentale des soignants.

Environ 16 soignants formés à l’ARS (4 par établissement, dans 4 établissements différents) seront recrutés pour l’analyse ergonomique du travail.

DÉROULEMENT DU PROJET DE RECHERCHE

Votre participation est sollicitée pour deux activités de recherche : le questionnaire sociodémographique et l’analyse ergonomique du travail.

Questionnaire sociodémographique

Le questionnaire sociodémographique des soignants comporte des questions relatives à l’âge, au sexe, à l’expérience de travail et aux formations suivies. Ce questionnaire sera utilisé par l’équipe de recherche afin de vous caractériser en tant que participants à l’étude.

Analyse ergonomique du travail

L’analyse ergonomique du travail vise à décrire votre travail tel qu’il se déroule réellement, et, plus particulièrement les stratégies individuelles et collectives utilisées pour mettre en application l’ARS dans le travail quotidien. Il ne s’agit pas de porter un jugement sur votre travail mais plutôt de comprendre les facteurs qui sont favorables à la mise en œuvre de l’approche dans l’activité quotidienne des soignants ou qui au contraire lui sont défavorables. L’analyse se base sur des observations de votre activité et des discussions avec un membre de l’équipe de recherche.

Cette collecte de données comprend des observations de l’activité des soignants qui ont été formés à l’ARS (quatre participants), recueillies sous la forme d’une chronique d’activité soit un relevé des actions et des communications en fonction de l’écoulement du temps. Ces informations seront recueillies sur papier ou à l’aide d’un support électronique pendant 4 demi-journées pour chaque soignant. Aucun enregistrement vidéo ne sera réalisé.

Vous pourrez être observé lors des soins d’hygiène en autant que le résident ou, s’il est inapte à consentir, son représentant légal, ait donné son consentement et que le résident ne manifeste aucune opposition à être observé. S’il n’est pas possible de vous observer lors d’un soin d’hygiène, vous serez invité à donner votre point de vue sur le soin lors d’un entretien de quelques minutes après le soin portant sur les

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éléments suivants : votre appréciation générale du comportement et de la collaboration du résident; votre appréciation générale du déroulement de ce soin en fonction des buts visés par l’ARS; l’activité empêchée (ce que vous auriez voulu réaliser mais qui n’a pas été possible); les facteurs qui ont facilité ou limité la mise en œuvre de l’approche dans ce soin spécifique; les compétences construites durant la formation qui vous ont été utiles au cours du soin.

Lorsque l’observateur aura complété sa période d’observations auprès de vous, vous serez rencontré individuellement et invité à commenter l’ensemble des résultats de l’observation de votre activité lors d’un entretien individuel (appelé entretien d’autoconfrontation simple) d’environ 1 heure. Cet entretien sera enregistré (audio seulement). Les questions posées par l’observateur visent à comprendre ce qui dans l’activité de travail, vous pose problème ou encore à mettre en lumière certaines stratégies que vous utilisez pour vous acquitter de votre tâche. Les questions sont du type : « Ici, je remarque que ça ne semble pas facile (courte description). Qu’est-ce que vous cherchiez à faire à ce moment ? Qu’est-ce qui selon vous aurait pu vous aider à faire autrement ?».

COLLABORATION DU SUJET AU PROJET DE RECHERCHE

Votre participation à ces activités implique :

De compléter un questionnaire sociodémographique (durée : 5 minutes) qui vous sera remis lors de la première journée d’observations.

D’être observé dans votre activité de travail durant au maximum quatre demi-journées par un représentant de l’équipe de recherche, qui prendra des notes (aucun enregistrement audio ou vidéo).

Dans certains cas, lorsqu’un soin d’hygiène n’aura pu être observé, de répondre à quelques questions au sortir du soin (durée maximale de 10 minutes).

De participer à un entretien d’autoconfrontation (individuel) d’une durée d’une heure qui sera enregistré (audio).

Mentionnons que votre employeur a consenti à ce que ces activités se déroulent sur vos heures de travail.

RISQUES ASSOCIÉS AU PROJET DE RECHERCHE

Il n’y a aucun risque connu à la participation à la recherche.

INCONVÉNIENTS

Si vous manifestez un inconfort durant ou après votre participation à la recherche, nous vous suggérons d’en discuter avec un membre de l’équipe de recherche. Il pourra vous être suggéré de consulter un professionnel du Programme d’aide aux employés de votre employeur. Il s’agit d’un service confidentiel et gratuit.

AVANTAGES

Votre participation à ce projet de recherche constitue une occasion privilégiée de réfléchir, individuellement et avec vos pairs, à votre pratique de soins et à la mise en œuvre de l’approche relationnelle de soins dans votre quotidien. Par ailleurs, les

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résultats obtenus pourraient contribuer à l’avancement des connaissances dans ce domaine. De plus, le fait d’étudier les démarches d’implantation de l’ARS constitue une contribution pratique importante pour les établissements, les patients et les soignants œuvrant dans le secteur des soins de longue durée.

PARTICIPATION VOLONTAIRE ET POSSIBILITÉ DE RETRAIT

Votre participation à ce projet de recherche est volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer. Vous pouvez également vous retirer de ce projet à n’importe quel moment, sans avoir à donner de raisons et sans subir de préjudice, en faisant connaître votre décision au chercheur responsable du projet ou à l’un des membres du personnel affecté au projet.

Les chercheurs responsables du projet de recherche, le comité d’éthique de la recherche du Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke ou les organismes subventionnaires peuvent mettre fin à votre participation, sans votre consentement, si de nouvelles informations indiquent que votre participation au projet n’est plus dans votre intérêt, si vous ne respectez pas les consignes du projet de recherche ou s’il existe des raisons administratives d’abandonner le projet.

Toute nouvelle connaissance acquise durant le déroulement du projet qui pourrait affecter votre décision de continuer d’y participer vous sera communiquée sans délai verbalement et par écrit.

CONFIDENTIALITÉ

Durant votre participation à ce projet, le chercheur responsable ainsi que son personnel recueilleront et consigneront dans un dossier de recherche les renseignements vous concernant. Seuls les renseignements nécessaires pour répondre aux objectifs scientifiques de ce projet seront recueillis. Votre dossier peut aussi comprendre des renseignements tels que votre nom, votre sexe, votre ancienneté ou votre titre d’emploi.

Tous les renseignements recueillis demeureront strictement confidentiels dans les limites prévues par la loi. Afin de préserver votre identité et la confidentialité des renseignements, vous ne serez identifié que par un numéro de code. La clé du code reliant votre nom à votre dossier de recherche sera conservée par les chercheurs responsables.

Les chercheurs responsables du projet utiliseront les données à des fins de recherche dans le but de répondre aux objectifs scientifiques du projet décrits dans ce formulaire d’information et de consentement. Ces données seront conservées pendant 5 ans après la fin du projet dans un classeur sous clef accessible seulement aux chercheurs et dans un local verrouillé. Par la suite, la destruction des données (incluant les questionnaires) se fera de manière sécuritaire.

Les résultats de recherche pourront être publiées dans des revues spécialisées ou faire l’objet de discussions scientifiques, mais il ne sera pas possible de vous identifier, ni d’identifier votre établissement.

À des fins de surveillance et de contrôle, votre dossier de recherche pourra être consulté par une personne mandatée par le Comité d'éthique de la recherche du Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke ou par l’établissement, de même que par une personne nommée par un

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organisme autorisé. Toutes ces personnes et ces organismes adhèrent à une politique stricte de confidentialité.

Vous avez le droit de consulter votre dossier de recherche pour vérifier les renseignements recueillis, et les faire rectifier au besoin, et ce, aussi longtemps que les chercheurs responsables du projet détiennent ces informations. Cependant, afin de préserver l'intégrité scientifique du projet, vous pourriez n’avoir accès à certaines de ces informations qu'une fois votre participation terminée.

INDEMNISATION EN CAS DE PRÉJUDICE ET DROITS DU SUJET DE RECHERCHE

Si vous deviez subir quelque préjudice que ce soit dû à votre participation au projet de recherche, vous recevrez tous les soins et services requis par votre état de santé, sans frais de votre part.

En acceptant de participer à ce projet, vous ne renoncez à aucun de vos droits ni ne libérez les chercheurs et les organismes subventionnaires ou l’établissement de leur responsabilité civile et professionnelle.

IDENTIFICATION DES PERSONNES-RESSOURCES

Si vous avez des questions concernant le projet de recherche ou si vous éprouvez un problème que vous croyez relié à votre participation au projet de recherche, vous pouvez communiquer avec la coordonnatrice du projet de recherche:

Anne Céline Guyon

Coordonnatrice de la recherche

Département des relations industrielles

1025, avenue des Sciences-Humaines

Québec, Québec G1V 0A6

Tél. : (418) 656-2131 poste 3777

Courriel : [email protected]

Vous pouvez également communiquer avec la chercheure principale, le CÉR principal ou encore le commissaire aux plaintes de votre établissement :

Marie Bellemare

Chercheure principale

Département des relations industrielles

1025, avenue des Sciences-Humaines

Québec, Québec G1V 0A6

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Tél. : (418) 656-2131 poste 3779

Courriel : [email protected]

Dre Gina Bravo

Présidente, CÉR principal

Comité d’éthique de la recherche sur le vieillissement

1036, rue Belvédère Sud

Sherbrooke, Québec J1H 4C4

Tél : (819) 821-1170 poste 45386

Pour toute question concernant vos droits en tant que sujet participant à ce projet de recherche ou si vous avez des plaintes ou des commentaires à formuler vous pouvez communiquer avec le

Bureau de l’Ombudsman de l’Université Laval :

Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320

2325, rue de l’Université

Québec (Québec) G1V 0A6

Renseignements-Secrétariat : (418) 656-3081

Télécopieur : (418) 656-3846

Courriel : [email protected]

SURVEILLANCE DES ASPECTS ÉTHIQUES DU PROJET DE RECHERCHE

Le Comité d’éthique de la recherche du Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke a approuvé ce projet de recherche et en assure le suivi administratif annuel. De plus, il approuvera au préalable toute révision et toute modification apportée au formulaire d’information et de consentement et au protocole de recherche le cas échéant.

CONSENTEMENT DU SUJET DE RECHERCHE

J’ai pris connaissance du formulaire d’information et de consentement. Je reconnais qu’on m’a expliqué le projet, qu’on a répondu à mes questions et qu’on m’a laissé le temps voulu pour prendre une décision.

Je consens à participer à ce projet de recherche aux conditions qui y sont énoncées.

Analyse ergonomique du travail (observations et autoconfrontation simple)

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Une copie signée et datée du présent formulaire d'information et de consentement me sera remise.

_____________________________________ _______________

Nom et signature du sujet de recherche Date

SIGNATURE ET ENGAGEMENT DE LA PERSONNE QUI A OBTENU LE CONSENTEMENT

Je certifie qu’on a expliqué au sujet de recherche les termes du présent formulaire d’information et de consentement, que l’on a répondu aux questions que le sujet de recherche avait à cet égard et qu’on lui a clairement indiqué qu’il demeure libre de mettre un terme à sa participation, et ce, sans préjudice.

Je m’engage avec l’équipe de recherche à respecter ce qui a été convenu au formulaire d’information et de consentement et à en remettre une copie signée au sujet de recherche.

_________________________________________________ _____________

Nom et signature de la personne qui obtient le consentement Date

___________________________________________________________________

Fonction

Département des relations industrielles

1025, avenue des Sciences-Humaines

Québec, Québec G1V 0A6

Tél. : (418) 656-2131 poste 3779

Courriel : [email protected]

PARTICIPATION À UN ÉVENTUEL PROJET DE RECHERCHE

Il se peut que les résultats obtenus suite à cette étude donnent lieu à une autre recherche. Dans cette éventualité, autorisez-vous le chercheur principal de ce projet à vous contacter et à vous demander si vous seriez intéressé(e) à participer à une nouvelle recherche ?

Oui

Non

TRANSMISSION DES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant le 31 janvier 2012.

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Souhaitez-vous recevoir un résumé de la recherche?

Oui Non

Si oui, veuillez indiquer votre préférence quant à la procédure de transmission du résumé :

Par la poste Par courrier électronique

L’adresse postale ou électronique à laquelle je souhaite recevoir un résumé des résultats de la recherche est la suivante :

______________________________________________________________________________________________________________________________________

Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité (e) à informer la coordonatrice de la recherche de la nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document.

Anne Céline Guyon

Coordonnatrice de la recherche

Département des relations industrielles

1025, avenue des Sciences-Humaines

Québec, Québec G1V 0A6

Tél. : (418) 656-2131 poste 3777

Courriel : [email protected]

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Annexe F : Chronique d’activité (exemple)

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Étude ergonomique - Chronique

d’activité analysée

Soin

Date : 2011/ am PAB observée : Quart de travail observé : (JdeB ) Heure du début de la période d’observation analysée : Heure de fin de la période d’observation analysée : Situation : Durée : Contexte : Caractéristique du résident : Préoccupations ou stratégies exprimées lors de tout ce soin : Objectivation ARS en tout temps durant ce soin : Légende utilisée : IA : infirmière auxiliaire régulière Inf : infirmière régulière, qui supervise 2 unités PAB2 : Autre PAB avec qui la PAB observée est jumelée cette journée-là

Description extrinsèque

Description intrinsèque

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Annexe G : Journal de bord – type

Objectif(s) de l’activité pour l’équipe de recherche : Réaliser une observation d’un demi-quart de travail et des observations fines de soins. Créer un climat agréable pour la soignante, les résidents, et observer finement 3 soins.

1 : Introduction : Réintroduire l’analyse ergonomique et les objectifs. Vérifier s’il y a des questions, interrogations, préoccupations.

2 : Objectif de la phase : Analyse ergonomique du travail

Mettre au jour les facteurs favorables ou faisant obstacle à l’implantation de l’ARS : Décrire les stratégies individuelles et collectives pour mettre en œuvre l’ARS au quotidien.

3: Déroulement

-Réaliser les observations en prenant note des actions/verbalisations/communications/déplacements en fonction du temps écoulé

-Réaliser des observations fines d’au moins 3 soins

-Réaliser les entretiens post-soin de ces 3 soins

4 : Préoccupation éthique de la recherche, et de la phase 3a :

- Vérifier que les résidents observés soient ‘aptes’ à consentir à ma présence - Ne pas déranger, ne pas les agiter, ne pas les blesser dans leur intimité - Ne pas déranger le travail de la soignante - Me retirer lorsque je ressens que c’est nécessaire - Interagir adéquatement avec les résidents, les familles et les autres

soignants 5 : Discussion de la suite, d’un point de vue logistique :

- Prochaines séances d’observations à planifier - Bonnes journées à venir, qui seraient intéressantes en fonction de certaines

variables observées ou autres

6 : Préoccupations et commentaires de la chercheure suite à cette période d’observations :

-Comment améliorer mes techniques d’observation? Comment mieux faire comprendre mes objectifs, mes besoins de recherche? Comment améliorer ma relation avec les résidents/familles/soignants? Ma gestion de l’énergie? Autres

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Annexe H : Questionnaire post-soin

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Annexe I : Guide d’entretien d’autoconfrontation

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Annexe J : Grille d’objectivation de mise en œuvre de l’ARS

initiale

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.

Annexe K : Liste des items maintenus de la grille

d’objectivation de mise en œuvre de l’ARS; Grille modifiée

Numéro de l’item

Libellé de l’item

*1 S’informe préalablement du résident

*2 S’annonce/frappe avant d’entrer dans la chambre du résident **

*3 Établit la relation avant de commencer la tâche

*4 Prend contact avec le résident

*5 Regarde le résident, sollicite son regard

*6 Annonce ce qu’elle va faire avant de poser un geste

*7 Parle durant le soin

*8 Offre des choix d’action réalistes au résident

*9 Procède avec douceur ***

*10 Maintient le contact physique avec le client; annonce si elle doit le quitter

*12 Évite les communications paradoxales

*13 Suggère des idées positives au résident, est un motivateur

*14 Adapte le type de communication aux capacités du résident

*15 Donne des consignes claires au résident

*16 Ne parle pas en même temps que sa collègue

*17 Est dirigée uniquement vers le résident et la tâche en cours

*18 Respecte l’entente quant au maintien de la relation avec le résident

*19 Respecte l’autonomie du résident, sollicite sa participation

*20 Reconnaît les feed-back verbaux et non verbaux du résident

*21 Adapte son intervention en fonction des feed-back du résident

*22 Cherche à maintenir une bonne relation tout au cours du soin

*24 Cherche à maintenir la capacité du résident à se tenir debout

*25 Se soucie de l’environnement de soin

** Item 2 : ne s'applique pas à 6 des 44 soins car le lieu de prise de contact avec le

résident est une zone commune dans un milieu prothétique.

*** Item 9 : total de 13 soins car la plupart des soins se déroulaient avec des

résidents assez autonomes, avec qui ces techniques n’étaient pas requises

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Annexe L : Verbatims complets de l’avis des PAB concernant

l’ARS

PAB W :

JdeB – PAB W : ARS: Cela ne me sert à rien. Cette formation est très loin, mais je ne l'ai jamais trouvée utile.

PAB X :

ACS/ARS : il faut l’appliquer, même si la personne ne parle pas. Nommer ce que l’on fait. La personne est alors plus souple. Doucement. Prendre son temps. En face d’elle. Lui parler. Personne plus calme, moins agressive. Collabore beaucoup plus. Encore plus important dans les unités prothétiques, mais important partout.

Est-ce que ça prend plus de temps? Oui, ça prend plus de temps. Y aller doucement, être en face, expliquer ce que l’on va faire. Douceur.

Des fois c’est la folie, vous courez beaucoup. Vous prenez le temps pareil!? Oui oui si t’aimes ta job, consciencieusement, t’es obligé de le faire tout le temps. Tu cours mais quand tu arrives avec la personne, tu appliques l’ARS. Sans ça, ça ne marchera pas. Nous on court dans les corridors mais devant la personne, on prend le temps. 12-13min pour faire une toilette partielle. Un bain prend 30min. Dans le lit, 15-20min. Même si tu cours, on est obligés de prendre le temps pour la relation avec la personne, c’est le respect. La majorité des employés travaillent comme ça, les réguliers en tout cas. Par contre, y’a des patients, même si tu appliques l’ARS très bien, parfois ça ne marchera pas. Parfois, la personne ne t’aime pas, alors on va chercher une autre collègue.

PAB Y :

JdeB – PAB Y : "l'ARS, on l'a ou on l'a pas... C'est plus au niveau de la personnalité, du caractère, plutôt que de la formation. Je ne pense pas que je travaillais très différemment avant. Faut l'avoir c'est tout"

ACS – PAB Y : Bien, c’est pour avoir, dans le fond, des bons résultats avec nos… C’est pour avoir le bon… Dans le fond, c’est pour avoir le bon résultat. Je veux dire. Tu veux faire un soin avec quelqu’un… Moi, si je n’ai pas ça. Je rentre dans une chambre. Je ne dis pas de bonjour. Je dis, je ne me présente pas… Bien là, la présentation, ouain… entre guillemets, mais… Je veux dire. Je ne pourrais pas arriver… Si la personne est agressive en plus. Puis, j’arrive avec la débarbouillette, puis en plein visage en partant… Tu sais, c’est… C’est essentiel. On en a besoin pour faire le soin qu’on veut faire, puis réussir notre soin. AL : Ok. Donc, pour la qualité du travail et le résultat. PAB Y : Oui, oui, oui. Pour la qualité du travail, la

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qualité du soin. Puis, on est ici pour ça dans le fond, leur donner des bons soins. Alors, si tu n’as pas l’approche… C’est sûr que avant, il y avait des gens qui ne l’avaient pas… on n’avait pas la formation. C’était… Mais, ils réussissaient à se débrouiller. Mais, au moment où, tout chacun… Regarde. C’était merveilleux. On voyait des résultats extraordinaires. C’était beaucoup plus facile. Puis, surtout au niveau de l’agressivité. Si les gens sont un peu plus agressifs. Avec l’approche, c’est numéro un. Tu sais. Mais, en tout cas… Moi, je dis que je l’applique à 90 % du temps. Puis, j’embarque dans le jeu. On embarque dans la « game ». Tu te bats là. Quand tu sors de là, tu en as là. Mais, si tu appliques l’approche, en principe… Tu sais, dans le fond. C’est d’être satisfait de ton soin. Ça peut prendre deux fois plus de temps. Tu sais. Des fois, si tu n’as pas l’approche avec un client, ça peut te prendre deux fois plus de temps. Puis, les gens pensent que c’est l’inverse. Que vu que tu appliques l’approche : « Ah ! Ça va être long. Ça va prendre plus de temps. ». C’est le contraire. Ça prend moins de temps.

PAB Z :

ACS – PAB Z: C’est très utile, parce que ça nous évite de… pas de manger des claques, mais de l’agressivité. Parce qu’on travaille avec une clientèle qui est agressive, une clientèle qui a une démence. On travaille avec toute sorte de monde, des gens qui entendent moins, voient moins. Ça fait que, c’est important le toucher, le regard, puis même la gestuelle. Tu peux faire comprendre juste en gesticulant, en faisant des signes, en faisant un paquet d’affaires… Tu sais, tu n’es pas obligé de parler pour dire à quelqu’un que tu vas lui laver son visage, que tu vas faire n’importe quoi. Ça fait que, pour ça, si déjà… une base là. Quand tu as compris ça, bien ça va déjà mieux dans ton travail. Les patients vont déjà… Si tu arrives, puis que tu enlèves les couvertes. Le patient devient saisi, les bras dans les airs. Là, en partant… ça fait que là, tu vas avoir de la misère à le revirer. Tu vas avoir de la misère à tout faire les manipulations. Il n’y aura plus de… il va avoir peur. Ils ont peur les patients. AL : Pour démarrer le soin, il faut que ce soit dans un contexte où la personne est plus à l’aise, c’est aidant cette approche-là… PAB Z : Tu te trouves à avoir un regard visuel. Tu as un regard avec le toucher. Parce que tu arrives, la personne dort. Il faut toujours que tu te mettes à leur place. Si tu es dans ton lit, puis que tu te fais réveiller… tu fais le saut. Bien là, en plus que tu es mêlé. Tu ne sais pas où tu es. Puis là, tu ne sais pas… puis souvent… Ce qu’on a remarqué, c’est qu’on a beaucoup de gens qu’on pense qu’ils ont été agressés. Tu sais, aujourd’hui, il y a beaucoup moins d’agression… dans les couples. Mais avant, les hommes… les femmes c’étaient des torchons pour eux autres. Ça fait qu’il y a beaucoup beaucoup de madames qu’on a connaissance, quand on vient pour laver les parties génitales…là ça crie, ça se croise les jambes. Bien, on ne le sait pas… on est convaincu que peut-être, les maris n’étaient pas doux. Aujourd’hui, c’est différent. Personne ne dénonçait personne. Ça fait que, juste ça… Ça fait qu’en plus, si on venait de l’agresser, de lui tirer les couvertes, déshabille, on s’habille, « let’s go » on se lève… c’est assez pour que quelqu’un devienne agressif. Ça fait que, en ayant une approche de toucher, de regard, de parler, déjà la personne est en confiance. Puis là, elle est plus calme. Puis là, tu peux lui dire ce que tu fais. Ça fait qu’elle est avertie, ce n’est pas un choc. Ça fait que c’est pour ça qu’avec l’ARS, ça va beaucoup mieux avec les patients. AL : Il faut les préparer vraiment avant… PAB Z : Bien, c’est ça. Il y a beaucoup moins d’agressivité. AL : Ok, excellent. Donc, toi, ce que j’entends, c’est que tu trouves ça vraiment très intéressant et très aidant. PAB Z : C’est très utile. C’est que nous…

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D’emblée, moi je le faisais. Puis, quand ils nous ont formés, c’est ce que j’ai dit à la fin de la formation. J’ai dit : « Oui, c’est peut-être un rappel pour moi. » Parce que moi, je trouvais qu’il n’y avait pas… oui, il y a des affaires qu’on ne pensait pas… que ça embarquait dans l’ARS… tu sais, leur laisser leur autonomie, puis tout. Mais… tu sais, je leur ai dit : « Il faudrait vraiment que tous les nouveaux employés… il faudrait vraiment qu’ils soient formés comme ça. ». Ça serait pour eux autres que la formation serait le plus utile… de l’embarquer dans le cours de PAB, dans le cours d’infirmière, dans le cours d’auxiliaire. Moi, je pense que ça serait là… AL : Que ça soit une des formations de base qui soient données. PAB Z : C’est ça ! Comme autant que l’hygiène, l’ARS ça devrait être autant que l’hygiène. AL : Ok. Toi, tu dis que tu le faisais déjà avant. Pourquoi tu le faisais déjà avant. Pourquoi tu l’appliquais… C03 : Parce que, quand j’ai fait mon cours, nous, en tant que préposés, on n’avait pas de mannequin. Ça fait que nous, on était en chandail à manches courtes. Puis nous, on se lavait entre nous. Tu sais, c’est sûr, on restait habillé. Mais, la sensation de se faire laver par quelqu’un… quand tu n’as jamais fait ça dans un lit. Puis là, on jouait des personnages. On jouait des patients. Tu sais, je suis paralysée d’un bord. Ça fait que là, ils nous faisaient vraiment mettre dans la peau. Les leviers… Quand une personne n’est jamais embarquée dans un levier, elle ne peut pas savoir ce que c’est. Quand tu te fais tourner. Quand tu n’as pas de notion de où est-ce qu’il est ton lit. Tu te tournes… c’est comprenable. Ça fait que moi… on l’a tous fait dans nos cours ça. Toutes les techniques, on se les faisait un versus l’autre. AL : Ok. Donc, tu t’imagines ce que… PAB Z : C’est ça. Je le sais quand tu les tournes, qu’ils peuvent avoir peur… parce que tu ne le sais pas… tu es couché. Tu as peut-être… Il te reste quoi ? Six pouces, dix pouces dans ton lit… puis là, si quelqu’un te tourne et qu’il ne te le dit pas. C’est sûr que tu vas te revirer de sur le dos. Tu vas avoir peur de tomber. C’est pour ça que moi… tu sais, ça fait que là, s’il me disait : « Ayez pas peur, on vous tourne. Je vous tiens. », puis tout ça. Ça fait que juste le fait qu’ils te font ça, puis qu’ils te le disent. Bien, tu as confiance en eux. Bien correct, il m’a dit qu’il me tenait. Peut-être qu’il ne me tiendra pas, mais au moins il me l’a dit. Ça fait que là, on se laissait tourner. Mais, juste ça, ça… AL : Ok. C’est intéressant ça. PAB Z : Oui. Puis, j’ai vu aussi un épisode de ER en anglais. La madame est paralysée. Elle entend tout ce qui se passe. Dans sa tête, elle parle. Elle est sur la table de l’urgence. Puis là, ils l’ont « strappé » de partout. Dans sa tête, elle parle. Puis elle leur dit : « Mes enfants sont chez nous. Mes enfants sont chez nous. Puis, j’ai si, puis c’est ça. ». Puis là, telle affaire. Puis là, elle leur dit… parce qu’ils lui posent des questions… mais, tu l’entends. Après ça, dans le vrai, tout ce qu’elle dit c’est : « Ahanana, ahnanna. ». Elle est convaincue qu’elle parle. Ça fait que là, si personne ne prend le temps de regarder, puis d’écouter, puis de lui poser des questions : « Avez-vous des enfants ? ». Tu sais, elle aurait fait signe que oui, parce qu’elle entendait tout. Ça fait que, depuis que j’ai vu cet épisode-là, je me suis dit : « Mon dieu, c’est vrai! ». Tu sais, ils ont peut-être… peut-être bien qu’ils essayent de nous faire comprendre quelque chose. Ça fait que, les patients, les personnes âgées, c’est la même chose. Les personnes avec des démences… AL : Donc, tu vas plus souvent leur parler en leur disant une question pour qu’ils répondent oui ou non ? Pour qu’ils puissent éventuellement embarquer… PAB Z : C’est ça. Pour que tu puisses… une question avec développement.. tu essaies de trouver un sujet, que de quoi ils veulent te parler. Parce que… nanannanna… des fois, ça va juste être ça… qu’ils peuvent te faire un signe oui de la tête. C’est international… oui puis non. Ça fait que, c’est beaucoup aussi le facial. Ça ne veut pas dire parce que tu ne parles pas, que tu n’es pas capable de communiquer. Ça fait que, depuis cet épisode-là… en tout cas, je le prendrais cet épisode-là et je le mettrais dans des cours pour l’enseigner! C’était vraiment… ça m’a… AL : Mais c’est vrai que ça doit être très

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frappant, puis tu dois réaliser d’autres choses… PAB Z : Bien oui! Parce que… puis elle, elle se fâchait. Parce que là, ils ne l’écoutaient pas. Puis là, elle était là, elle était paralysée d’un bord, mais elle frappait de l’autre bord. Puis là, ils voulaient la contentionner. Elle est pas agressive la madame. Elle vous parle de ses enfants. AL : Elle n’est pas écoutée… PAB Z : C’est ça. Tout le monde joue autour, tout le monde joue autour. Tout le monde… personne ne s’occupait… bien, au lieu de… puis là, à un moment donné, il y a quelqu’un qui est venu, puis lui a parlé à côté d’elle. Puis là, elle a fait des signes de tête en voulant dire : « Oui, oui, oui, non, non, non ! ». Puis là, ils ont compris. Ça fait que tout ça, ça en fait beaucoup d’affaires, mais… AL : Ah, oui. C’est intéressant. Par rapport à l’approche, toi, tu dirais que tu l’appliques fort, que tu l’applique tout le temps, que tu l’appliques la plupart du temps ? PAB Z : Je l’applique pas mal tout le temps. AL : Pas mal tout le temps. PAB Z : Oui. Même quand c’est quelqu’un qui ne répondra pas, qui va être comme grabataire. Moi, j’aimerais ça me faire dire ce qu’on me fait. Ça fait que, je fais aux autres ce que je voudrais qu’on me dise aussi là… AL : Donc, c’est vraiment très intégré. PAB Z : Oui.

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Annexe M: Tableau des soins découlant de la toilette

évaluative ou du SMAF

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