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I.P.S.M.A
L’accueil du patient au bloc opératoire,
éthique de la relation.
Rédigé par :
Charlotteau Nicole Espreux Anne Tondu Cédric
3° année de cadre en soins de santé
Année académique 2004 – 2005
Supervisé par : M. Mengal Y.
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« L’hôpital est un établissement
public où les malades ont
leurs maux à dire. »
(Serge Mirjean)
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Sommaire.
I. Description de deux cas vécus.
II. Mise en évidence des problèmes éthiques
rencontrés. III. La législation.
IV. Responsabilité éthique de l’infirmière.
V. Débat au sein du groupe de travail.
VI. Conclusion.
VII. Bibliographie.
Notes aux lecteurs : les citations d’auteurs sont
en italique dans le texte.
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I. Description de deux cas vécus
Démarche de soin et actions mises en place par deux
IBODE, lors de l’intervention de M. Olivier. (Le métier d’infirmier(e) de bloc opératoire édition Masson 2004)
Laure et Elisabeth sont toutes deux responsables pour la semaine de la salle où est prévue l’intervention de M. Olivier. Elles se concertent donc le mardi à 14 heures afin de décider qui assurera le rôle d’infirmière circulante pour cette intervention. C’est Elisabeth qui en prend la responsabilité et qui, de ce fait, rendra visite à M. Olivier dans sa chambre afin d’établir un premier contact. A son arrivée dans le secteur d’hospitalisation, Elisabeth rencontre l’infirmière de l’unité de soins. Elles échangent des informations à propos du patient et Elisabeth s’enquiert d’éventuels problèmes liés à son état de santé et à l’intervention prévue. L’infirmière précise que M. Olivier n’a pas exprimé de problèmes particuliers. Elisabeth consulte alors le dossier de soins infirmiers où il est noté que M. Olivier est arrivé à 10 heures. Son bilan préopératoire a été complété. Son âge (46 ans), son poids (75 kg) et sa taille (1,80m) sont précisés ainsi que son statut familial et professionnel. Son état psychologique ne paraît pas perturbé. Il ne semble pas être trop inquiet mais dit « être pressé que l’intervention soit réalisée ». Elisabeth poursuit son recueil d’informations par l’étude du dossier médical contenant les antécédents médicaux, les observations du chirurgien et de l’anesthésiste. La nature de la pathologie à traiter et le type d’intervention prévue y sont notifiés. Le traitement de la hernie hiatale de M. Olivier est prévu sous coelioscopie. Par ailleurs, il est précisé que M. Olivier est prévenu de la technique envisagée et qu’il est également informé que l’opérateur pourrait être contraint de la convertir en un geste classique, c'est-à-dire une laparotomie. Ensuite, Elisabeth rend visite à M. Olivier dans sa chambre et se présente : « Je suis infirmière de bloc opératoire. Si vous le souhaitez, je peux vous expliquer le déroulement et les différentes étapes de votre passage au bloc opératoire. » M. Olivier semble rassuré par cette démarche puisqu’il ne connaît pas le bloc opératoire ; en revanche, il se montre bien informé de son problème et de l’intervention qu’il doit subir. Il exprime son inquiétude face à la douleur postopératoire éventuelle. Bien que le chirurgien l’ait au préalable rassuré sur ce point, cela reste pour lui une inconnue. Elisabeth lui précise alors que la coeliochirurgie diminue de manière très significative les douleurs postopératoires et par là même la durée d’hospitalisation. Elle l’informe que le début de son intervention est prévu à 8h30 et que le brancardier du bloc opératoire viendra le chercher dans son lit à 7h45.
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Elle lui demande si on lui a expliqué les raisons de la douche dans la soirée et pourquoi il devra ôter ses bijoux avant son départ pour le bloc opératoire. M. Olivier confirme qu’il a très bien compris l’importance de cette préparation. Elisabeth l’informe également de son passage postopératoire immédiat en salle de réveil, sous la responsabilité d’un médecin anesthésiste et que, à son réveil complet, il sera reconduit dans sa chambre. Elisabeth s’assure une dernière fois de la bonne compréhension des informations données. Enfin elle lui précise qu’elle l’accueillera à son arrivée et veillera à sa sécurité et à son confort. Effectivement, M. Olivier arrive dans le sas d’entrée du bloc où il est accueilli et pris en charge par Elisabeth. Content de la voir, L. Olivier esquisse un sourire de soulagement. Elisabeth, aidée du brancardier, le transfère avec douceur sur la table d’opération. Elle lui recouvre les cheveux d’une traditionnelle « charlotte » et lui protège les pieds de surchaussures. M. Olivier est ensuite recouvert d’un drap chaud et conduit en salle de préparation où l’attend l’équipe anesthésique. Elisabeth est attentive, elle le rassure en lui tenant la main et en le regardant. Elle veille à ce que l’endormissement se déroule dans le calme. M. Olivier est dans une situation particulière et difficile. Sa position allongée, dans une tenue vestimentaire réduite à une chemise, contribue à son état d’angoisse auquel s’ajoute le bruit, le froid, la lumière agressive, les mots des uns et des autres... C’est un instant au cours duquel Laure et Elisabeth ont une action fondamentale. Ce patient leur fait confiance. Elles privilégient la relation et mettent en œuvre tous les moyens nécessaires pour assurer sa sécurité et son confort.
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Extrait d’une lettre envoyée par une patiente à la
direction de nursing d’un hôpital de la région de
Charleroi. …. J’ai dit au revoir à mon mari, on m’appelait en salle d’opération. Il ne pouvait pas m’accompagner, les infirmières m’ont dit « ça va aller madame, ils en ont vu d’autres… ». Qui ils ? Moi c’est la première fois que je me fais opérer ! Une porte s’ouvre quand j’arrive, c’est la salle d’opération et là j’ai le cœur qui bat un peu plus vite. Je me retrouvais dans un lieu inconnu, froid, face à des personnes que je ne connaissais pas et qui m’impressionnait par leur tenue vestimentaire parce que je ne pouvais voir que leurs yeux. Moi je les voyais mais eux semblaient ne pas me voir. Une dame s’approche de moi avec un masque sur la figure et me dit : « C’est vous la prothèse totale de hanche ? ». Non, non je viens juste pour une ar… du genou vous savez la caméra…, ma phrase n’était pas terminée qu’elle était déjà partie. Une autre dame vient me chercher, me dit bonjour, et m’installe sur une table dure et froide. Elle me dit « j’arrive ma petite dame » et s’en va. Me voilà abandonnée, j’ai peur, j’ai froid, je tremble, j’ai honte, je n’ai qu’une fine blouse sur moi, je suis ridicule, c’est atroce. J’entendais des bruits, beaucoup de bruits métalliques et étant sur la table d’opération je ne pouvais voir ce qui se passait autour de moi: je me sentais seule et en danger. Un Monsieur s’approche, se présente : c’est l’anesthésiste, mais pas le même que j’ai vu en consultation, « vous êtes bien madame XX », oui bien sûr en attend-il une autre ? Il me questionne ; je pense : j’ai déjà rempli un formulaire, le docteur en consultation m’a déjà demandé ces questions… Enfin il me dit « on va dormir à présent madame » oui enfin je n’attends plus que ça, quoiqu’il se passe je veux dormir ! La dame de tout à l’heure est revenue et d’autres personnes aussi. Il y avait beaucoup de monde, trop de monde. La dame me tenait la main, mais tout en me tenant la main, elle parlait en disant : « T’as fait ça, t’as pris ça…. ».
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II. Mise en évidence des problèmes éthiques
rencontrés dans le deuxième extrait.
Plusieurs problèmes sont présents :
� L’absence de communication avec le patient. � Le non respect de la personne. � Le non respect de la pudeur. � Le non respect de l’application de l’art infirmier. � La violence consensuelle.
La communication. Les soins infirmiers sont avant tout de nature relationnelle et
nécessitent du temps ainsi qu’une présence.
Les infirmières de salle d’opération savent que tous les patients sans
exception arrivent avec ses peurs et ses angoisses.
Le rôle du soignant consiste donc à prendre en compte le désarroi du
patient et établir une relation qui le mette en confiance.
Qui dit communication dit mise en commun, échange.
Le patient a le droit de verbaliser ses craintes.
Or on constate fréquemment dans les salles d’opération que l’aspect
relationnel est occulté par l’aspect technique.
L’infirmière de bloc arrive au vestiaire, délaisse ses vêtements civils,
endosse un « pyjama » identique pour tous, cache ses cheveux dans
un bonnet, puis pose un masque sur son visage cachant son nez et sa
bouche. Ce rituel se répète chaque jour, abandon d’une identité
extérieure commune pour revêtir sa nouvelle identité.
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Questionnons notre entourage et regardons dans la littérature le
pourquoi de ce rite d’évitement de la relation ?
- se protéger de la responsabilité qu’implique la relation ;
- éviter l’implication à l’autre, c’est se départir de toute
responsabilité, c’est resté en retrait ;
- avoir besoin de cet éloignement symbolique pour conserver son
efficacité professionnelle ;
- l’acte chirurgical est perçu comme violent, l’intégrité du corps n’est
pas respectée ;
- l’évitement est une protection face aux malheurs ou aux douleurs
des autres ;
- est une protection aussi à ses propres doutes et aux angoisses
personnelles que renvoie la relation à l’autre ;
- le masque est tellement bien assimilé à la fonction, qu’il devient
nécessaire de réfléchir quand on souhaite l’enlever ;
- le masque est un voile protecteur :
Il permet de cacher ses états d’âme ;
Il permet de cacher ses peurs de l’intervention qu’on maîtrise mal ;
Il permet de cacher son angoisse devant un corps déchiqueter qui
arrive en urgence.
- les plus jeunes manquent de temps pour établir une quelconque
relation avec le patient ; ils sont en quêtes de maîtrise technique
qu’ils privilégient par rapport à la relation au patient.
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Le respect de la personne. Un journaliste racontait que, de passage dans un établissement de
gérontologie, il avait entendu un cadre soignant inciter les membres
de l’équipe à dire « bonjour » : « Dire bonjour, expliquait-il, c’est déjà
animer »! Et lui de s’étonner : « bonjour… au revoir… merci ! », ce
n’est pas de « l’animation » c’est la vie, la vie toute simple, avec ses
échanges, ses paroles normales entre des êtres humains qui se
veulent civilisés ! »
Les droits de la personne malade sont bien sûr tout simplement les
droits de la personne.
Le corps du patient n’est pas une chose, « objet » de soins, ni un
moyen qui viserait la réussite de celui qui l’utilise.
Il n’est pas « la prothèse totale » il est lui, unique, libre et conscient.
D’une extrême banalité, le tutoiement systématique, le papi, mamie
pour une personne âgée, le « ma petite dame » sont des usages qui
peuvent déplaire, s’avérer blessant pour la personne soignée.
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La pudeur. Les expressions de la pudeur sont physiques et verbales. Plus
exactement, elle suscite des réactions de réserve, à la fois dans le
comportement corporel et dans le langage.
Sans la pudeur, il n'est pas de monde véritablement humain et cette
étrange contrainte, qui épargne tous les autres êtres sexués de la
planète constitue, pour notre espèce, une condition de la vie en
société.
Ce problème de la pudeur, dans la pratique médicale est aussi ancien
que l'art de guérir.
Hippocrate, père de la médecine occidentale, recommandait de ne pas
dénuder les malades sans nécessité, surtout en présence des
proches. Il conseillait de le faire avec tact.
La prise en charge au bloc opératoire est vécue parfois comme une
agression physique mais aussi souvent psychologique à cause de la
nudité que l’on impose au patient.
Angoissé par l’imminence de l’intervention, nu sur un brancard, il est
dépossédé de tout ce qu’il représente dans la vie.
Le patient a le droit au respect de sa personne surtout si il est
prémédiqué et endormi.
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Le non respect de l’application de l’art infirmier. La patiente est laissée seule, presque nue, elle a froid.
On n’insistera jamais assez sur la nécessité d’entourer le malade des
besoins essentiels qui lui assureront le bien être optimal au cours de
son séjour dans le milieu hospitalier.
Bien sûr, ces facteurs de confort sont bien connus du personnel
soignant mais leurs importances ne s’est-elle pas perdue dans la
masse des techniques de soins qui évoluent constamment et
envahissent les tâches infirmières.
L’art infirmier a une dimension excessivement large et ne doit pas
s’appauvrir par l’observation stricte de règles trop scientifiques.
Il doit user des moyens et des temps d’actions : « faire quelque
chose pour quelqu’un, lui venir en aide, contribuer à son bien être, à
sa sérénité, même dans les situations les plus désespérées »
Parle t-on alors de manque de temps ou de négligence vis-à-vis du
patient ?
Le confort est un concept de premier ordre dans les soins de nursing.
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Le non respect de la déontologie des praticiens de l’art infirmier. Ce code précise les valeurs et les éléments qui doivent guider la
pratique infirmière.
Art. 4 - Le praticien de l’art infirmier assure une dispensation
globale des soins infirmiers répondant aux besoins des individus.
Art. 11 - Dans l’exercice de son art, le praticien de l’art infirmier
oeuvre au respect des droits, des valeurs, des us et coutumes et des
convictions de l’individu.
La violence consensuelle. C'est une forme de violence quotidienne, physique et psychologique,
qui ne choque plus personne tant elle est ancrée dans la pratique,
commise ouvertement avec un consensus général comme
l'infantilisation des patients, le manque de communication ou la cohue
de la salle de réveil.
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III. La législation. Les droits de l'Homme :
Les droits de l’homme sont une série de droits moraux et juridiques
que leurs fondateurs estiment dus à chaque être humain.
Son fondement est le désir d'égalité entre les hommes.
Ses points initiaux concernaient principalement la liberté, la sûreté,
la propriété et la résistance à l'oppression (déclaration de 1789).
Des versions ultérieures y ajoutèrent des questions de dignité et de
bien-être (éducation, santé...).
Les droits civils
• le droit à la vie (article 3 de la DUDH…)
• l’interdiction de la torture, des traitements cruels, inhumains et
dégradants.
• Les droits sociaux
• droit à la santé et à la protection sociale
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Les droits du patient
Le droit à la prestation de soins de qualité, tenant compte des
connaissances et des moyens disponibles.
Le patient a droit au respect de sa dignité et de son autonomie.
Implication :Il est important que chaque discipline dispose
d’effectifs et de moyens suffisants pour réaliser ses objectifs
nobles puisque ceux-ci dépendent des moyens disponibles.
Le droit à l’information.
Le patient doit être informé dans un langage compréhensible de
son état de santé.
Le patient peut être accompagné pour recevoir l’information.
Une information écrite peut-être exigée par le patient.
Cette information peut être refusée par le patient pour autant
que la méconnaissance de la maladie ne pose pas danger pour le
malade ou l’entourage (BK, HIV…).
L’arrêté Royal du 10 novembre 1967, relatif à l’exercice de l’art de
guérir donne une définition de l’art infirmier.
a. observation et constatation de symptômes et réactions tant
physiques que psychiques du patient afin de rencontrer ses
différents besoins et de collaborer à l’établissement du
diagnostic par le médecin ou à l’exécution du traitement médical
en vue des soins que requiert son état…
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La conception des soins selon Virginia Henderson
Le patient est vu globalement devant satisfaire 14 besoins
fondamentaux.
Dont :
1) Respirer
2) Boire et manger
3) Éliminer
4) Se mouvoir
5) Dormir
6) Se vêtir et se dévêtir
7) Maintient de la T°
8) Propreté et protection
9) Sécurité, éviter les dangers
10) Communiquer
11) Agir selon ses croyances et ses valeurs
12) S’occuper en vue de se réaliser
13) Se recréer, se divertir
14) Apprendre
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Qu'est-ce qu'un Hôpital Promoteur de Santé ?
Qu'est-ce qu'un Hôpital Promoteur de Santé ?
Un Hôpital Promoteur de Santé inclut les concepts, les valeurs et les
normes de Promotion de la Santé dans sa structure organisationnelle
et dans sa culture. Il développe des démarches visant à permettre
aux individus qui le fréquentent (patients, membres du personnel,
public) d'améliorer la prise en charge de leur santé.
Il adhère aux principes édictés par la charte de Budapest (1992)
et la déclaration de Vienne (1997).
Charte de Budapest (1992) Objectifs du réseau des hôpitaux promoteurs de Santé :
1. Mettre en place des mesures pour permettre le développement
des perspectives, des objectifs et des structures orientées
vers la santé.
2. Développer une identité (culture d’entreprise) qui inclut la
santé.
3. Mettre en place une prise de conscience de l’impact de
l’environnement hospitalier sur l’état de santé des patients, du
personnel et de la communauté. La construction et la disposition
interne de l’hôpital devraient être adaptées pour diminuer les
préjudices potentiels.
4. Encourager une participation active du patient en fonction de
ses capacités spécifiques.
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5. Encourager les démarches participatives d’amélioration de la
santé.
6. Créer des conditions de travail compatibles avec la santé du
personnel.
7. S’efforcer de faire de l’hôpital un modèle pour les services de
santé et les lieux de travail.
8. Assurer une collaboration entre les initiatives de promotion de
santé de la communauté et les autorités.
9. Améliorer la communication et la collaboration entre
l’institution de soins et les services sociaux et de santé de la
communauté.
10. Améliorer le réseau des aides à domicile disponibles pour le
patient.
11. Identifier les groupes cibles spécifiques dans l’hôpital avec
leurs besoins particuliers.
12. Reconnaître les échelles de valeurs, les croyances et les
cultures différentes des populations qui fréquentent
l’institution.
13. Créer des conditions de support, d’environnement humain et
matériel favorables pour les patients chroniques.
14. Assurer la qualité de la nourriture des patients et du
personnel.
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15. Augmenter la quantité et la qualité des informations données
au patient de même que la communication avec celui-ci.
Développer des programmes éducatifs vers le patient et sa
famille.
16. Développer les programmes de formation du personnel.
17. Développer une base de données épidémiologiques spécifiques
et la communiquer aux autorités.
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Déclaration de Vienne (OMS, 1997)
D'après la charte d'Ottawa sur la Promotion de la Santé (1986), la
charte de Ljubljana sur la réforme des soins de santé et la
déclaration de Budapest des Hôpitaux Promoteurs de Santé (1991),
un hôpital promoteur de santé devrait :
1. Promouvoir la dignité humaine, l'équité et la solidarité, l'éthique
professionnelle, reconnaître les différences dans les besoins,
les valeurs et les cultures des différentes populations.
2. Etre orienté vers le développement de la qualité, le bien-être
des patients, des proches et du personnel, vers la protection de
l'environnement et la concrétisation du rôle d'enseignement de
l'organisation.
3. Se focaliser sur la santé dans une approche holistique et pas
uniquement sur l'aspect curatif Se centrer sur l'offre des
meilleurs services de Santé possibles afin de faciliter le
processus de guérison et contribuer à la prise en charge de leur
Santé par les patients.
4. Utiliser les ressources de manière efficiente en respectant
l'aspect coût efficacité, et attribuer les ressources avec,
comme critère, la contribution à l'amélioration de la santé.
5. Entretenir des collaborations étroites avec les autres niveaux
des services de santé ainsi que la communauté.
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IV. Responsabilité éthique de l’infirmière.
La responsabilité éthique est exclusivement infirmière dans le cas
vécu.
C’est bien parce que les soins infirmiers sont centrés sur la personne
humaine et son bien être que l’infirmière dans sa pratique quotidienne
est au cœur des problèmes éthiques.
Un environnement de stress chronique. L'environnement semble responsable de la mobilisation des
ressources des soignants.
Cette attention de tous les instants, cette vigilance constante, amène
une difficulté de la capacité à se régénérer. Cette tension interne qui
reste présente même quand l'individu semble s'y habituer, ne lui
permet plus vraiment de trouver les bénéfices secondaires à son
travail, si nécessaires à la mobilisation de ses ressources.
De surcroît, la patience et l'écoute en pâtissent également, amenant
l'infirmier à faire preuve d'irritabilité ou même d'indifférence.
Aucune remise en question n’est possible puisque l'analyse semble
être comme bloquée par un épuisement moral envahissant, mais dont
la compagnie est devenue habituelle.
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La violence ne va être que le symptôme visible par tous d'une
déshumanisation professionnelle.
Lutter contre le stress, réclamer le temps nécessaire à l’action
pour qu’elle soit correctement effectuée permet de travailler
sereinement dans un milieu qui ne l’est pas du tout.
Une absence d'écoute. Bien que l'équipe serve de recueil aux émotions et ressentis des
individus, la discussion pendant les temps privilégiés que sont les
pauses à l'office, ne peut remplacer l'oreille experte et neutre d’un
intervenant extérieur.
Celle-ci peut déceler les dysfonctionnements invisibles de l'intérieur,
offrir une écoute attentive que l'équipe n'est sûrement plus en état
d'assurer.
L'écoute pour vider les trop pleins, pour remettre les personnels sur
le chemin de l'humanité, manque dans ces services coûteux en
énergie, cela amène inévitablement de la part des équipes des
comportements déviants.
Dans les services dit « difficiles » (urgences, psychiatrie, salle
d’opération, réanimation.), où l'intensité du vécu affectif, la peur
d'avoir mal, ou de faire mal prédominent, le fonctionnement devient
vite épuisant moralement et physiquement.
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Un des signes caractéristiques de cette intense fatigue, dans un
milieu qui ne permet aucun aveu de faiblesse, est l'exagération de sa
propre souffrance lors de la mort d'un patient, ce qui serait la seule
forme de souffrance acceptée comme noble dans cet endroit où les
sentiments de peur et de doute sont proscrits.
Le déni de la dangerosité, le poids des habitudes et la baisse d'une
réelle vigilance, nés d'un environnement vécu pourtant comme
dangereux, mènent les soignants sur le chemin de l'épuisement
professionnel, surtout quand le cadre institutionnel est vécu comme
un ennemi, manquant de réactivité face à des problèmes réels et
sous-estimés.
Le soignant doit pouvoir disposer de l’opportunité de se confier,
d’évacuer sa surcharge émotionnelle.
Une structure d'écoute des soignants fait défaut dans chacun
des services et pourtant serait un traitement prophylactique du
passage à l’acte de violence.
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Une institution vécue comme rigide. La responsabilité de l'institution et du cadre semble également être
mise en cause, non pas dans la survenue de la crise, qui est
plurifactorielle, mais bien dans la gestion et la prévention de celle-ci.
En effet, en face d'incidents qui se multiplient, de personnels
revendicatifs et qui ont l'impression (justifiée) de n'être points
écoutés, le cadre se doit de représenter l'institution.
Cette écoute est visiblement vécue comme un soutien partiel, action
positive de rappel des règles de bonne conduite dans une optique
disciplinaire, uniquement lorsque le service est en plein chaos, pour
désigner quelques responsables et ne s'attacher qu'à la forme de la
violence et non son fond.
S'attachant au fond plus qu’à la forme et s'inscrire dans la durée
semblent être les maîtres mots d'une gestion efficace dans un
contexte de violence.
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V. Débat au sein du groupe de travail.
Une démarche de soins individualisée en bloc opératoire, c’est en cela
que nos actes sont infirmiers et non uniquement techniques.
Réaliser une démarche de soins, c’est d’abord recueillir les
informations nécessaires au déroulement de l’intervention sur le
futur opéré, c’est ensuite accueillir cette personne en tenant compte
de ses besoins, de ceux de l’équipe médico-chirurgicale et
paramédicale, et de la situation.
Nombreux (ses) infirmiers (ères) réalisent de bons soins techniques
en bloc opératoire, peu se soucient de connaître et de soigner
l’individu derrière l’opéré.
En fin de programme, les infirmiers (ères) ont la satisfaction d’avoir
accompli leur devoir : le chirurgien a pu opéré pendant sa vacation
tous les malades qu’il avait inscrit au programme et même réaliser
quelques interventions urgentes !
Lors de cette course à l’acte, l’infirmier (ère) a-t-il (elle) respecté
chacun de ses patients ?
A-t-il (elle) répondu à leurs besoins physiques et psychiques ?
A-t-il (elle) rencontré le malade dans sa chambre ?
Mais cette démarche est-elle acceptée par les équipes ?
Ou est-elle réservée aux anesthésistes ?
Ou bien est-elle considérée comme une perte de temps ?
Le cadre infirmier s’engagerait-il par rapport au corps médical, à la
direction de l’établissement ?
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Pour proposer des améliorations, il faut faire une analyse complète et
objective des contraintes qui pèsent sur ces professionnels.
Quels sont les freins et les obstacles rencontrés ?
- L’architecture des bloc opératoire imposant la promiscuité,
l’agitation, le bruit réduit les possibilités d’échange, anéantit
la communication respectueuse et le respect de la pudeur ;
- les distances importantes que doit parcourir l’infirmière dans
les blocs pluridisciplinaires pour accueillir son patient ;
- le manque de communication inter service, la préparation
incomplète des patients (dépilation, tenue adaptée,
prémédication à une heure cohérente,...), entraîne des
mesures correctrices au bloc opératoire prises fréquemment
au détriment du temps consacré à l’accueil.
- la gestion du matériel chirurgical et la réfection des salles,
tendent à restreindre, entre les interventions, la capacité
d’accueil ;
- les sous-effectifs demeurent une autre contrainte, le
personnel fonctionnant dans une logique de priorité, l’accueil
est tacitement délégué à l’équipe d’anesthésie qui remplit
cette tâche au moment de la vérification du dossier du malade
et ne laisse, au mieux, aux infirmiers (ères), que la charge de
se présenter et d’échanger quelques mots.
- la vulnérabilité des patients, prémédiqués, nus, à jeun,
angoissés par le geste chirurgical qu’il vont subir, ayant
souvent une « symbolique » de l’intervention qu’ils vont subir
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nettement exagérée par rapport au geste chirurgical
proprement dit, de culture et d’ethnie différentes, avec des
perceptions du corps, de la pathologie, de la douleur
différentes, exigeant donc une communication adaptée à cet
« état de crise », un discours d’accueil personnalisé
nécessitant une connaissance de l’individu parfaite, l’infirmier
(ère) se sent souvent peu armé(e) à avoir la « bonne attitude »
au rapport de la connaissance qu’il (elle) a du patient ;
- les infirmiers (ères) possèdent au-delà de leurs compétences
communes, une sensibilité et une expérience propres, qui
conditionnent une partie de leur implication dans l’accueil et la
prise en charge du patient ;
- la crainte de la hiérarchie, des chirurgiens et des médecins
peut constituer un facteur de désinvestissement dans la
relation d’accueil du patient ;
- le temps passé auprès du patient peut très vite susciter des
conflits, de l’impatience chez certains praticiens ;
- la peur de la mise en cause de sa responsabilité, la multiplicité
des contentieux menacent l’instauration d’une communication
vraie entre l’infirmier (ère) et la patient ;
- la crainte de ne pouvoir répondre aux questions du patient ou
de contre dire les dires du chirurgien ;...
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Proposer des solutions pour un accueil de qualité au bloc opératoire
n’est pas chose facile dans le contexte de fonctionnement actuel des
hôpitaux, même si les bénéfices en sont évidents, pour le personnel
comme pour le patient
Des pistes d’amélioration sont pourtant possibles :
� des formations à l’accueil, l’écoute active ou la relation
d’aide ;
� des groupes de travail inter services sur la continuité des
soins et le respect des procédures pré et post opératoires ;
� des groupes d’écoute où seraient présent psychologue et
cadres, qui manipulent trop souvent l’évitement des
problèmes infirmiers;
� des travaux de recherche évaluant la mise en place
d’entretien préopératoire effectuée par les infirmiers (ères) du
bloc opératoire (en France à l’hôpital George Sand à Marseille, au centre
hospitalier intercommunal de Toulon-La Seyne-sur Mer) , ce temps
d’accueil nous semble plus approprié à la conjoncture actuelle car
elle rend la salle d’opération moins impersonnelle, moins inconnue,
crée une implication professionnelle et n’empiète pas sur le
temps alloué aux programmes opératoires.
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VI. Conclusions. Les gestes techniques constituent un obstacle parfait pour éviter de
s'impliquer dans la relation avec le patient.
Par sa technicité, le soignant impose consciemment ou non une
distance relationnelle.
Ainsi, moins il y a de gestes techniques (comme dans les services de
psychiatrie), plus le soignant est confronté sans protection aux
affects du malade, et plus il les honore.
Dans ces services spécifiques que sont les services de psychiatrie,
l’infirmier (ère) a aussi à sa disposition un soutien logistique, une
écoute, des débats où il peut parler de ce qui l’affecte et de sa
difficulté quotidienne.
Il peut sans ombrage prendre le temps d’écouter et d’échanger avec
le patient puisque cela constitue une grande partie du traitement de
celui-ci. Jamais il n’est frustrer de ne pas avoir eu le temps de se
consacrer au patient, rarement il est agressé de ne pas aller assez
vite. L’infirmier (ère) en psychiatrie écoute, favorise l’expression de
l’angoisse, du mal être, rassure, canalise les comportement
inadéquats, apaise par son écoute et sa compréhension, développe un
climat de confiance, suscite le dialogue.
A l’heure où nous parlons d’humanisation des hôpitaux, de prise en
charge globalisée, de consentement éclairé du patient, il est de notre
devoir de savoir l’accueillir, nous sommes dans une relation d’aide
pour que son passage au bloc opératoire ne soit plus une épreuve.
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VII. Bibliographie - « La contre violence. » Mémoire de Marc Dupebe. - Les dispositifs symboliques générateurs de violence dans les situations de soins. Jean-Gilles Boula Chargé de cours en Sciences Humaines - ISIS (F-Thonon-les Bains) et Webster University - Genève - Le respect du patient au bloc opératoire, éthique de la relation. Dominique Christ. Inter bloc. Tome XIX n°4 décembre 2000. - Rite de passage et bloc opératoire. Pechou G. Afiso 1999 n°36. - « De leur passage au bloc opératoire… Les opérés se souviennent ! » Mémoire de Pechou G. http://perso.wanadoo.fr/unaibode/ritespas.htm - La violence au coeur des soins. Ethica Clinica juin 2002. - L’épuisement professionnel des soignants. Revue Soins novembre 1998. - Hôpitaux promoteurs de santé. http://www.ulb.ac.be - Pudeur et communication sexuelle http://perso.wanadoo.fr/martine.morenon/lapudeur.htm http://perso.wanadoo.fr/martine.morenon/Malapud.htm
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- Le métier d’infirmier(e) de bloc opératoire. UNAIBODE édition Masson 2004. - L’éthique : de la réflexion à la pratique infirmière. Recherche en soins infirmiers n°19 décembre 1989. - Code de déontologie des praticiens de l’art infirmier. Approuvé par l’Union Générale des Infirmier(e)s de Belgique en novembre 2004 - Prendre soin à l’hôpital. W. Hesbeen. édition Masson 1997 - L’accueil du patient au bloc opératoire Inter bloc. Tome XXIV n°1 mars 2005.