La Russie d'Aujourd'hui

8
Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Distribué avec Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The New York Times, The Economic Times et d’autres grands quotidiens internationaux Mercredi 10 juillet 2013 Il peint la femme telle une icône L’artiste russo-parisien Volodia Massiaguine voue à la beauté féminine une vénération quasi religieuse. P. 7 Produit de Russia Beyond the Headlines SUITE EN PAGE 5 Lentement mais sûrement, le peuple bachkire reprend conscience de son identité na- tionale au sein de la Fédération de Russie. Et le tourisme est de- venu pour un nombre croissant d’hommes d’affaires le moyen de valoriser le patrimoine régio- nal et d’accélérer le retour aux sources. « Tout a commencé par le désir de rendre hommage à mes aïeux », confie Mars Youlbaris- sov, entrepreneur. « L’idée m’est venue après avoir conçu un mo- nument à la mémoire de mon ancêtre de sept générations, Ki- jnzya Arslanov. Je me suis dit qu’il fallait transmettre cette his- toire à mes enfants. Ce faisant, j’ai progressivement réalisé qu’il était utile et nécessaire de faire connaître notre histoire au plus grand nombre ». Quand la « Suisse russe » s’éveillera SUITE EN PAGE 2 PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Lois interdisant la propagande homosexuelle ou l’adoption par des couples étrangers de même sexe, soutenues par les sonda- ges : contexte gérable mais difficile pour les « gays » russes. Être « gay » aujourd’hui en Russie : en toute discrétion Société La législation russe répond à la droitisation sensible d’une partie de la population Peut-on être « gay » et vivre nor- malement aujourd’hui en Rus- sie ? « C’est possible, à condi- tion de faire des compromis, estime Iana Mandrykina, 35 ans, associé dans une agence immo- bilière. Il faut cacher son orien- tation à son entourage et jouer un personnage. Pour certains, cela va jusqu’au faux mariage », explique-t-elle en plongeant ses yeux droit dans ceux de son in- terlocuteur. Tout en elle indique une force de caractère et une grande énergie. Souriante, dé- tendue, Iana estime avoir réus- si dans sa vie professionnelle et sociale. Elle rejette toute idée d’un « handicap » : « Mon ho- mosexualité ne m’a en aucune manière empêchée de me réa- liser. Ni moi, ni mes amis. Je compte grosso modo 700 per- sonnes dans mon cercle de connaissance. Ce sont toutes des personnes très adaptées socia- lement. Des personnes qui ont réussi dans la société, dans leur profession et qui disposent de revenus élevés ». Ce qui réunit Iana et ses amis, ce sont des qualités humaines spécifiques. Mais c’est aussi peut-être le rejet de la part d’une partie intolérante ou sim- plement mal informée de la po- pulation. « Grâce à notre diffé- rence ou à cause d’elle, nous avons acquis des capacités à nous défendre, à nous cacher, à nous battre », analyse-t-elle d’un ton assuré, en avouant un intérêt personnel pour l’étude de la psychologie. Voilà qui va à l’encontre du stéréotype de l’homosexuel fra- gile et passif. Les « gays » russes sont-ils des « battants » ? PAGE4 Fruit de l’expérience de Tchernobyl : Rostov, au sud de la Russie, fait figure de centrale « la plus sûre au monde ». L’industrie aéronautique russe n’a pas engrangé de grosses commandes lors du salon du Bourget. Reste celui du MAKS à Moscou. Du Bourget au MAKS PAGE 3 Sûreté nucléaire Les Russes dans le Tour Des biopics au service de l’État PAGE 8 PAGE 6 SPORT Du nouveau dans l’édition cen- taire du Tour de France : l’équipe cycliste Katusha court sous les couleurs nationales russes, et non sous celles de ses sponsors ni sous leur nom. Fi- nancée par des sociétés russes, Katusha entend néanmoins montrer que les valeurs patrio- tiques ne s’effacent pas toujours devant celles de l’argent ! Le critique Andreï Arkhangels- ki passe en revue une nouvelle tendance dans le cinéma russe, où les films biographiques sur les célébrités du pays (y com- pris soviétiques) ne sont pas dénués d’un relent nationaliste. OPINIONS Certains revendiquent leur homosexualité, d’autres la masquent. Sortie du prochain numéro 18 septembre Découverte Reportage dans le sud de l’Oural : le Bachkortostan, ses paysages, son lait et son miel EMMANUEL GRYNSZPAN POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Surnommé la « Suisse russe », le Bachkortostan, fort de ses ri- chesses naturelles, développe discrètement son potentiel tou- ristique, loin des sentiers battus. Le Bachkortostan offre un vaste choix de loisirs dans un cadre naturel, dont la faune et la flore sont particulièrement riches. REUTERS ITAR-TASS ITAR-TASS ANDREÏ PAVLOUCHINE EMMANUEL GRYNSZPAN

description

La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

Transcript of La Russie d'Aujourd'hui

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The New York Times, The Economic Times et d’autres grands quotidiens internationaux

Mercredi 10 juillet 2013

Il peint la femme telle une icône

L’artiste russo-parisien Volodia Massiaguine voue à la beauté féminine une vénération quasi religieuse. P. 7

Produit de Russia Beyond the Headlines

SUITE EN PAGE 5

Lentement mais sûrement, le peuple bachkire reprend conscience de son identité na-tionale au sein de la Fédération de Russie. Et le tourisme est de-venu pour un nombre croissant d’hommes d’affaires le moyen de valoriser le patrimoine régio-nal et d’accélérer le retour aux sources.

« Tout a commencé par le désir de rendre hommage à mes aïeux », confi e Mars Youlbaris-sov, entrepreneur. « L’idée m’est venue après avoir conçu un mo-nument à la mémoire de mon ancêtre de sept générations, Ki-jnzya Arslanov. Je me suis dit qu’il fallait transmettre cette his-toire à mes enfants. Ce faisant, j’ai progressivement réalisé qu’il était utile et nécessaire de faire connaître notre histoire au plus grand nombre ».

Quand la « Suisse russe » s’éveillera

SUITE EN PAGE 2

PAUL DUVERNETLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Lois interdisant la propagande

homosexuelle ou l’adoption par

des couples étrangers de même

sexe, soutenues par les sonda-

ges : contexte gérable mais

difficile pour les « gays » russes.

Être « gay » aujourd’hui en Russie : en toute discrétion

Société La législation russe répond à la droitisation sensible d’une partie de la population

Peut-on être « gay » et vivre nor-malement aujourd’hui en Rus-sie ? « C’est possible, à condi-tion de faire des compromis, estime Iana Mandrykina, 35 ans, associé dans une agence immo-bilière. Il faut cacher son orien-tation à son entourage et jouer un personnage. Pour certains, cela va jusqu’au faux mariage », explique-t-elle en plongeant ses yeux droit dans ceux de son in-terlocuteur. Tout en elle indique une force de caractère et une grande énergie. Souriante, dé-tendue, Iana estime avoir réus-

si dans sa vie professionnelle et sociale. Elle rejette toute idée d’un « handicap » : « Mon ho-mosexualité ne m’a en aucune manière empêchée de me réa-liser. Ni moi, ni mes amis. Je compte grosso modo 700 per-sonnes dans mon cercle de connaissance. Ce sont toutes des personnes très adaptées socia-lement. Des personnes qui ont réussi dans la société, dans leur profession et qui disposent de revenus élevés ».

Ce qui réunit Iana et ses amis, ce sont des qualités humaines spécifiques. Mais c’est aussi peut-être le rejet de la part d’une partie intolérante ou sim-plement mal informée de la po-pulation. « Grâce à notre diffé-rence ou à cause d’elle, nous avons acquis des capacités à nous défendre, à nous cacher, à nous battre », analyse-t-elle d’un ton assuré, en avouant un intérêt personnel pour l’étude de la psychologie.

Voilà qui va à l’encontre du stéréotype de l’homosexuel fra-gile et passif. Les « gays » russes sont-ils des « battants » ?

PAGE4

Fruit de l’expérience de Tchernobyl : Rostov, au sud de la Russie, fait figure de centrale « la plus sûre au monde ».

L’industrie aéronautique russe n’a pas engrangé de grosses commandes lors du salon du Bourget. Reste celui du MAKS à Moscou.

Du Bourget au MAKS

PAGE 3

Sûreté nucléaire

Les Russes dans le Tour

Des biopics au service de l’État

PAGE 8

PAGE 6

SPORT

Du nouveau dans l’édition cen-taire du Tour de France : l’équipe cycliste Katusha court sous les couleurs nationales russes, et non sous celles de ses sponsors ni sous leur nom. Fi-nancée par des sociétés russes, Katusha entend néanmoins montrer que les valeurs patrio-tiques ne s’effacent pas toujours devant celles de l’argent !

Le critique Andreï Arkhangels-ki passe en revue une nouvelle tendance dans le cinéma russe, où les fi lms biographiques sur les célébrités du pays (y com-pris soviétiques) ne sont pas dénués d’un relent nationaliste.

OPINIONS

Certains revendiquent leur homosexualité, d’autres la masquent.

Sortie du prochain numéro

18 septembre

Découverte Reportage dans le sud de l’Oural : le Bachkortostan, ses paysages, son lait et son miel

EMMANUEL GRYNSZPANPOUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Surnommé la « Suisse russe »,

le Bachkortostan, fort de ses ri-

chesses naturelles, développe

discrètement son potentiel tou-

ristique, loin des sentiers battus.

Le Bachkortostan offre un vaste choix de loisirs dans un cadre naturel, dont la faune et la flore sont particulièrement riches.

REU

TER

S

ITA

R-T

ASS

ITA

R-T

ASS

ANDREÏ PAVLOUCHINE

EMM

AN

UEL

GRY

NSZ

PAN

02LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Politique & Société

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX: • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, NAVBHARAT TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES, CHINE • SOUTH CHINA MORNING POST, CHINE (HONG KONG) • LA NATION, ARGENTINE • FOLHA DE SAO PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF

NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE. 

EMAIL : [email protected]. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)

Être gay aujourd’hui en Russie : en toute discrétion

Pourquoi le dire haut et fort ?Pourtant, Iana a décidé de re-noncer à l’anonymat en mars dernier. Elle est « sortie du pla-card » en même temps qu’une trentaine de « gays » et de les-biennes. Tous ont affiché ouver-tement leur orientation sexuelle dans Afi sha, sorte d’équivalent moscovite des Inrocks. Un acte de protestation contre la vague homophobe, qui selon eux, se-coue le pays.

La décision n’a pas été facile. « J’avais très peur de révéler mon orientation, avoue-t-elle. En tant qu’individus, nous avons tous peur d’être rejetés. J’ai attendu 35 ans pour franchir cette étape. Jusque-là, mes parents ne sa-vaient pas. Pour mon père, qui est pilote dans l’aviation mili-taire, l’homosexualité était quelque chose de tabou ».

Iana estime que seule une moi-tié de ses amis homosexuels ont révélé la chose à leurs parents. Elle fait partie d’une minorité d’homosexuels décidés à se battre pour protéger leurs droits.

« Il faudrait que davantage d’entre nous sortent du placard », estime-t-elle. En même temps, elle avoue craindre pour sa sé-curité. « J’ai peur qu’un excité m’agresse dans la rue. Les ho-

Comme beaucoup de ses amis, Iana vient de province et a fait toute seule son trou dans la ca-pitale russe. Ce qui réclame bien des efforts et un travail acharné. « Je viens de Tver [200 km au nord de Moscou], raconte-t-elle. « Il est évidemment plus facile de vivre librement dans une grande ville comme Moscou que dans une petite ville provinciale où tout le monde se connaît ».

Elle souligne qu’il existe dans la capitale une large communau-té homosexuelle, avec ses loisirs, ses lieux de rencontre, ses évé-nements sociaux. « L’offre de loi-sirs est considérable : depuis les soirées bière-baston jusqu’aux soirées romantiques échevelées », rigole-t-elle.

Selon Iana, la deuxième ville du pays, St-Pétersbourg, connaît même une vie communautaire plus développée que celle de la capitale. « Dans les années 2000, nous ne pensions pas du tout à nous investir dans l’activisme ou dans la défense des droits des homosexuels », se souvient Iana. « Nous nous consacrions entiè-rement à notre réussite profes-sionnelle. Nous pensions avant tout à profi ter de notre jeunesse et de notre liberté ».

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

La « propagande » hors la loi

La perception des " gays " s'est dégradée

Une loi interdisant la « propa-gande homosexuelle » a été adop-tée par 436 députés (personne n’a voté contre) le 11 juin dernier. Elle punit d’amendes allant de 100 à 23 500 euros la propagande rela-tive aux relations sexuelles non traditionnelles devant des mi-neurs. Les contrevenants étran-gers sont également menacés de 15 jours d’emprisonnement et d’expulsion du pays. Elena Mizou-lina, auteur du projet de loi, es-time qu’il faut protéger la famille, qui constitue le socle de la socié-

té russe : « Si nous ne protégeons pas cette dernière, nous ne pour-rons pas résoudre nos problèmes démographiques ». L’homosexua-lité a été décriminalisée en 1993 en Russie, avant d’être retirée de la liste des maladies mentales en 1999. La Commission européenne a déclaré son « inquiétude » vis à vis d’une loi qui « pourrait stigma-tiser des individus (...) et conduire à des pratiques discriminatoires (...) qui sont en contradiction avec la Convention européenne sur les droits de l’homme ».

IOULIA PONOMAREVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Malgré une augmentation du

nombre d’orphelins, le Parle-

ment russe limite les possibilités

d’adoption pour les ressortis-

sants des pays ayant légalisé le

mariage pour tous.

Adoption : nyet aux couples étrangers de même sexe

Législation Les députés protègent les enfants du « péril gay »

Selon elle, il est indispensable d’apporter des garanties supplé-mentaires à l’accord d’adoption avec la France pour s’assurer que les enfants russes ne se re-trouvent pas dans des familles de personnes de même sexe.

Dans un récent entretien ac-cordé à la chaîne REN TV, Elena Mizoulina avait même proposé le retrait des enfants russes déjà adoptés par des familles du même sexe.

L’Église orthodoxe russe sou-tient l’interdiction de l’adoption

Le 26 juin, la Chambre Haute du Parlement russe a approuvé un projet de loi interdisant l’adoption d’enfants russes par des couples homosexuels étran-gers, ainsi que par les personnes célibataires, dont les pays ont lé-galisé le mariage entre personnes de même sexe.

Ce projet de loi fait suite au vote de la loi sur le mariage pour tous, promulguée en France le 18 juin dernier par le Président-François Hollande, qui ouvre le mariage et l’adoption aux per-sonnes de même sexe.

«  Que l’Occident fasse sa propre expérimentation sociale sur les enfants chez elle, mais la Russie n’y participera pas », a affirmé l’un des auteurs du texte, Elena Mizoulina, chef du Comi-té de la Douma pour le droit des femmes et des enfants.

par des homosexuels. « La re-connaissance, par certains pays, de couples du même sexe en tant que famille est le résultat d’un long processus de renoncement aux notions de chasteté, d’abs-tinence, de fidélité au sein du couple », a déclaré le porte-pa-role de l’Église orthodoxe russe Vladimir Legoïda.

Selon Anton Jarov, avocat spe-cialisé, l’adoption internationale est possible à condition que l’en-fant n’ait d’autre gîte que l’or-phelinat.

L’accord d’adoption avec la France pourrait être modifié.

Dmitri est hostile aux grandes manifestations homosexuelles : « Je suis contre la ‘gay parade’, car cela ne fait que dresser davantage la population contre nous. Moins on en parle, mieux c’est »

« Il est évidemment plus facile de vivre librement dans une grande ville comme Moscou que dans une petite ville provinciale », dit Iana.

mophobes n’hésitent pas à frap-per les femmes », ajoute-t-elle. Selon Iana, ce ne sont pas seu-lement les homosexuels qui sont visés par ce qu’elle défi nit comme « le virage ultra conservateur du gouvernement. Toutes les mino-rités sont visées, tous ceux qui sont différents de la masse ».

Pour vivre heureux, vivons cachés !Dmitri, 25 ans, physique d’éphèbe et la voix haut perchée, voit les

choses différemment. « Ma de-vise ? Vivons bien, c’est-à-dire vivons cachés ! Seule ma mère est au courant de mon orienta-tion. Et mes amis, bien sûr ». Ses gestes maniérés le trahissent-ils ? « Peut-être que certains de mes collègues de travail s’en doutent [Dmitri est employé dans l’organisation des Jeux Olym-piques de Sotchi], peut-être qu’on chuchote dans mon dos, mais rien de plus. Je prends mes pré-cautions. Et si jamais on me vire,

je n’aurai aucune peine à trou-ver du travail ailleurs. Je vais bientôt me mettre à mon compte de toutes façons », conclut Dmi-tri. « Je suis très débrouillard de nature et j’ai plein de relations. Par exemple, des hommes ma-riés dans la haute administra-tion ! », lâche-t-il en éclatant de rire.

Peu intéressé par l’activisme politique, Dmitri se sent peu concerné par la nouvelle loi sur l’interdiction de la propagande homosexuelle. « Cela ne chan-gera rien pour moi. Je suis contre la « gay parade », cela ne fait que dresser davantage la popu-lation contre nous. Moins on en parle, mieux c’est ».

Dmitri se rend souvent à l’étranger en vacances ou pro-fessionnellement. Il est parfai-tement conscient de la différence de mentalité en Occident, mais n’a pas pour autant le désir d’émigrer. « Je gagne bien ma vie à Moscou et mon mode de vie ne diffère en rien de celui des homos français ou britanniques. Là-bas aussi il faut parfois faire attention, éviter certains quar-tiers. L’homophobie existe par-tout ! »

Abonnez-vous à notre lettre d'information pour recevoir des infos au jour le jour.Nous offrons une couverture quotidienne de la Russie dans plus de dix rubriques.

À lire. À voir. À partager.

VOUS CHERCHEZ QUOTIDIENNEMENT DES INFORMATIONS PRÉCISES SUR LA RUSSIE ?

www.larussiedaujourdhui.fr

larussiedaujourdhui.fr/subscribe

AVEZ-VOUS DES HOMOSEXUELS OU DES LESBIENNES

PARMI VOS CONNAISSANCES ?

SONDAGE

NE S'EXPRIMENT PASNONOUI

7%7%

Non

Sans réponse

14 %Oui

5 %

80%

Homoparentalité

Approuvez-vous l'idée que les couples homosexuels doivent avoir le droit d'adopter des enfants ?

86%

COMMENT PERCEVEZ-VOUS LES HOMOSEXUELS ET LES

LESBIENNES ?

© R

IA N

OV

OST

I/ALE

XA

ND

ER K

RYA

ZHEV

AR

CH

IVES

PER

SON

NEL

LES

SOURCE : LEVADA

03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Économie

IOULIA KOUDINOVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Un an après l’ouverture de sa

liaison entre les deux capitales,

Transaero met en place de nou-

veaux services. Le couple Air

France-Aeroflot, qui n’a plus le

monopole, songe au divorce.

La concurrence s’intensifie sur la ligne Paris-Moscou, pas encore sur les tarifs

Transport aérien Internet haut-débit et téléphonie mobile seront bientôt disponibles sur tous les vols de la compagnie Transaero

et dans l’Extrême-Orient russe disposent des équipements né-cessaires. En outre, les intérieurs des avions seront transformés dans toutes les classes.

Lors du salon du Bourget en juin dernier, Transaero a reçu le prix 2013 de « la meilleure amé-

lioration », une récompense dé-cernée par le Skytrax World Air-line Awards. Cette organisation s’est basée sur des questionnaires remplis par les passagers de 200 compagnies appartenant à 160 pays. Aucune autre compagnie

Dans les deux années à venir, presque tous les avions de Tran-saero offriront à leurs passagers la possibilité de surfer sur Inter-net et d’utiliser leurs téléphones mobiles. Pour l’Internet à haut débit, deux tarifi cations seront proposées aux passagers : un for-fait horaire, et un forfait illimi-té. Le prix des communications mobiles sera quant à lui déter-miné par les opérateurs de chaque passager. Pour l’instant, huit longs courriers desservant des destinations aux États-Unis

aérienne russe n’a jusqu’ici reçu cette récompense. En 2012, Tran-saero avait déjà été couronnée du prix Skytrax de la meilleure compagnie d’Europe de l’Est.

Ce n’est pas le seul classement fl atteur de Transaero, qui fi gure régulièrement parmi les 6 com-pagnies les plus sûres d’Europe (d’après JACDEC). Entièrement privée, Transaero est la deuxième compagnie aérienne russe der-rière Aerofl ot en volume de pas-sagers. Sa fl otte compte 100 ap-pareils, dont 38 Boeings 747 et Boeings 777, et compte le plus gros parc de longs courriers d’ex-URSS et d’Europe de l’Est.

La compagnie n’a pas le pro-jet de desservir en direct d’autres villes françaises que Paris, mais des accords avec Aigle Azur per-mettent aux provinciaux venant des villes desservies par la com-

pagnie française (Lille, Mulhouse, Lyon, Nice, Toulouse, Bordeaux) d’utiliser une correspondance à Paris. Côté russe, un tout récent accord de partenariat avec la compagnie UTair va multiplier les interconnections depuis l’aé-roport moscovite de Vnukovo.

Jusqu’à l’été 2012, la concur-rence sur la ligne Paris-Moscou était minimale, puisque les deux seules compagnies à voler en di-rect (Air France et Aerofl ot) tra-vaillaient « aile dans l’aile » grâce à des accords de partage de

Seul Transaero dessert les trois aéroports moscovites.

" L’avantage compétitif de Transaero est lié au fait que ses avions volent sur

la ligne Moscou-Paris au départ de deux aéroports différents : Vnukovo et Domodedovo [Shere-metyevo est utilisé par Air France et Aeroflot]. Vnukovo est le plus moderne des trois aéroports civils de Moscou. C’est aussi le plus proche du centre ville".

IL L’A DIT

Dmitri StoliarovPREMIER ADJOINT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE TRANSAERO

codes. Les deux compagnies sont membres de l’alliance SkyTeam. La situation pourrait changer car, selon le quotidien Kommer-sant, Aerofl ot est mécontent des conditions imposées par les par-tenaires de SkyTeam (surtout ve-nant de Delta Airlines) et envi-sage de rejoindre Star Alliance, l’union dominée par Lufthansa.

Transaero ne fait partie d’au-cune alliance et sa stratégie ne prévoit pas d’en rejoindre. La concurrence n’a donc aucune rai-son de diminuer sur la ligne Pa-

ris-Moscou, mais rien ne garan-tit une guerre des prix. L’accord intergouvernemental ne donne ni à Transaero ni à son parte-naire Aigle Azur la possibilité d’augmenter la fréquence de leurs rotations, qui sont actuel-lement réduites à un vol quoti-dien. Air France et Aerofl ot ont chacune cinq rotations par jour. Pour augmenter la rentabilité de la ligne, qui affiche un taux de remplissage très élevé, Transae-ro parie donc sur la montée en gamme de ses services.

Une baisse du prix des billets n’est possible que si les autorités autorisent un plus grand nombre de vols

PAUL DUVERNETLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La Russie a déployé des efforts

sans précédent au 50ème salon

du Bourget, mais le succès

commercial se fait attendre. Elle

mise sur les nouveautés qui

seront présentées au MAKS.

Les commandes au rythme de l’exploitationAéronautique Le Bourget a révélé le potentiel et les défis de la production russe en attendant le salon MAKS de Moscou fin août

sing (crédit-bail) russes : 20 pour le Superjet 100 (700 millions de dollars) auprès de Iliouchine Fi-nance Co, et 30 (2,5 milliards de dollars) pour le MS-21, qui n’a encore jamais volé, de la part de VEB Leasing. Il s’agit d’accords préliminaires qui seront traduits en contrats fermes lors du salon aéronautique russe MAKS (du 27 août au 1er septembre prochain).

« Le succès à l’international du Superjet dépend désormais des résultats d’exploitation de l’ap-pareil par la compagnie mexi-caine Interjet », estime Marc Sorel, directeur pour la Russie du groupe français Safran, qui four-nit les moteurs du Superjet. In-terjet, qui vient de recevoir son premier Superjet, est la seule compagnie non russe à avoir passé une commande signifi cative (30 exemplaires).

L’expérience mexicaine sera donc cruciale pour le Sujerjet, alors même que le brésilien Em-braer a annoncé au Bourget l’ar-rivée d’un nouveau modèle qui sera en concurrence directe avec le russe. Son « E2 » entrera en service en 2019.

Des tensions sont apparues

L’industrie aéronautique russe a épaté le public avec ses appareils militaires (les vols de démonstra-tion du chasseur SU-35 ont été qualifi és de « sensation » par la presse) et vendu une poignée d’avions civils, alors que les géants mondiaux Airbus, Boeing, Em-braer et Bombardier engran-geaient des centaines de contrats. UAC, le consortium d’État regrou-pant les principaux constructeurs russes, ambitionne pourtant de monter à 10% sa part du marché civil mondial en 2030, contre moins d’1% aujourd’hui.

Mais ses deux principaux pro-grammes, l’avion régional Super-jet 100 et le futur moyen courrier MS-21, ne rencontrent pour l’ins-tant qu’un accueil prudent au-près des compagnies aériennes. Au Bourget, les commandes sont venues de deux sociétés de lea-

Miser sur MAKS

entre Sukhoi et son partenaire italien Finmeccanica, qui com-mercialisent ensemble le Super-jet. Le patron de Finmeccanica Allessandro Pansa envisage une sortie du projet, tandis que Sukhoi a émis des doutes sur l’efficacité du travail conjoint.

« La question qui se pose, c’est

c’est celle du succès commercial. Le Superjet vole et le projet MS-21 sera mené à son terme. Mais il n’est pas du tout certain que ces programmes soient ren-tabilisés », explique Boris Rybak, directeur de l’agence Infomost, alors que 2 et 4,5 milliards de dol-lars ont été respectivement inves-

tis dans ces deux opérations. Le patron d’UAC Mikhaïl Po-

gossyan a rappelé que la montée en cadence de la production ci-vile se fait très rapidement. UAC bénéfi cie d’un solide soutien de l’État, qui a commandé 400 ap-pareils pour divers ministères. Lundi 24 juin, le quotidien éco-

nomique Vedomosti a révélé qu’une commande de 100 MS-21 pour l’armée russe était en pré-paration, avant même le premier vol de l’appareil. Pour l’instant, le MS-21 totalise 253 commandes, dont 135 fermes, 35 exemplaires devant être équipés du futur réac-teur russe PD-14 (voir encadré).

Le SU-35, présenté pour la

première fois hors de Rus-

sie, renforce l’image des

avions de chasse Sukhoi.

larussiedaujourdhui.fr/

le_bourget

La présentation au public du nou-veau réacteur PD-14 devrait être l’un des clous du salon MAKS, aux côtés de la version modernisée de l’avion de transport militaire Il-76 (appelé aussi Il-476) et du chas-seur de 5ème génération T-50. Le moyen-courrier MS-21 doit engran-ger 40 contrats supplémentaires lors du salon, d’après le président d’Irkut, le fabricant de l’avion. Oleg Demtchenko a précisé que la com-pagnie Iraero désirait 10 ap-pareils, tandis que les 30 autres iront à des sociétés de leasing russes.

SER

VIC

E D

E PR

ESSE

REUTERS

04LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Dossier

MARINA OBRAZKOVAPOUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le monde a besoin d’une source

d’énergie fiable et peu chère. La

centrale nucléaire russe de

Rostov est un exemple de

réponse à cette problématique.

Le nucléaire sans danger : de l’utopie à la réalité, le pari

Reportage Après Tchernobyl, les Russes ont voulu faire de la centrale de Rostov un modèle de sécurité. Une leçon après Fukushima ?

La centrale nucléaire abandon-née de la ville de Chtchelkino, en Crimée, est un monument mar-quant d’une époque révolue de l’énergie nucléaire.

La construction a été « gelée » en 1986, après l’accident de la cen-trale nucléaire de Tchernobyl. L’ambiance désertique du chan-tier abandonné a inspiré plus d’une personne : Kazantip – le plus grand festival de musique électronique et de danse de l’ex-URSS – a régulièrement eu lieu ici, et le réalisateur Bondartchouk a tourné ici son fi lm L’île habitée. Parfois quelques touristes s’aven-turent à Chtchelkino, mais elle reste quand même une centrale fantôme.

Quelques centaines de kilo-mètres plus loin, sur l’autre rive de la mer Noire, non loin de Vol-godonsk, se situe la centrale nu-cléaire de Rostov, qui emploie à ce jour plus de 5 000 personnes. Cette centrale alimente en élec-tricité toute la région. Sa construc-tion a également eu lieu à l’époque de la catastrophe de Tchernobyl, mais les pouvoirs publics en ont tiré d’autres conclusions : au lieu de mettre fi n au projet, la centrale a été équipée des systèmes de sé-curité les plus fi ables.

Après la tragédie de Fukushi-ma, certains analystes annon-çaient que les jours de l’énergie nucléaire étaient comptés et que les centrales nucléaires étaient vouées à connaître le sort de la centrale de Chtchelkino.

Pourtant, le nucléaire connaît un nouvel essor : sur 20 pays lea-ders dans la production de gaz, 15 ont lancé des programmes de développement du secteur nu-cléaire. Selon les estimations de

EN CHIFFRES

460 

gigawatts de nouvelles capacités nu-

cléaires seront mis en exploitation dans le monde d’ici l’année 2020.

même en cas de longue coupure d’électricité. En outre, le nouveau modèle est moins cher à produire que ses prédécesseurs.

Il devient de plus en plus évident que l’énergie nucléaire occupera bientôt une place cen-trale dans le système énergétique mondial. Il faut également tenir compte de la croissance de la consommation énergétique de la part des pays en développement. Une centrale nucléaire peut rem-placer cinq centrales thermiques pour ce qui est de la quantité d’énergie produite à rejets équi-valents. « Si quelque part il existe une possibilité d’extraire du gaz de schiste au prix de 30-50 dol-lars/mètre cube, alors il n’est pas nécessaire d’y construire une centrale nucléaire, explique le directeur général de Rosatom, Sergeï Kirien-ko. De la même façon, au-p a r a v a n t o n n ’ e n construisait pas à côte des bassins miniers ».

Ce qui est important, c’est la stabilité du prix, poursuit-il. « Je me souviens bien de la fi n des an-nées 90, quand le prix du pétrole est descendu au-dessous de 9 dol-lars le baril. Nombreux étaient les experts qui pensaient que son prix ne franchirait pas la barre des 20 dollars ». Kirienko rappelle qu’en 2008, plusieurs spécialistes ont émis l’idée que, dans un avenir proche, le prix du pétrole ne des-cendrait pas au-dessous de 150 dollars. Le chef de Rosatom note que l’énergie nucléaire permet de garantir la stabilité des prix tout au long des 60 ans d’exploitation du réacteur.

Alexandre Moskalenko, pré-sident du groupe de sociétés G.C.E (Gorodskoj Centr Expertiz) es-time que le préjudice lié à l’éner-gie nucléaire est insignifi ant, par rapport à ceux causés par la plu-part des autres sources d’énergie. « Une centrale nucléaire ne rend pas inexploitables de vastes ter-rains agricoles comme un barrage hydro-électrique, explique-t-il. Les centrales électriques à char-bon avec leurs rejets de matières cancérigènes sont le danger nu-méro un pour l’homme et l’envi-ronnement, par rapport aux autres sources d’énergie dispo-nibles. L’énergie nucléaire est donc une alternative relativement inof-fensive ».

Et de constater que « la de-mande en énergie croît toujours aussi vite et l’humanité ne peut renoncer à cette source-là. Car nous n’aurons pas d’énergies de substitution à l’énergie nucléaire pour les 100 ans à venir et, dans certains pays, les centrales nu-cléaires satisferont jusqu’à 80 % de la demande ».

L’accident sur la centrale nu-cléaire de Fukushima a fortement incité les constructeurs de réac-teurs nucléaires de la région à pri-vilégier la sécurité, ajoute Mos-kalenko, et toute la branche est actuellement focalisée sur la mi-nimisation des risques.

« Aucun réacteur ne peut être sûr à 100%, de même qu’aucune voiture ne peut l’être, fait-il re-marquer. Nous ne pouvons que perfectionner le niveau de sécu-rité afi n de répondre à la demande croissante en énergie. Pour cela, les améliorations correspondantes

sont nécessaires. Notre but reste de nous rapprocher, autant que possible, des 100% de sûreté ».

Rosatom, vers l’année 2020, 460 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires seront mis en exploi-tation dans le monde (à titre de comparaison : une grande ville occidentale ne consomme pas plus d’un gigawatt).

Le réacteur le plus récent de la centrale nucléaire de Rostov a été

Lancement du troisiè-me réacteur en 2013 à Rostov, la centrale « la plus sûre » au monde selon Rosatom

conçu pour résister à un tremble-ment de terre de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, explique Alexandre Polouchkine, le direc-teur de l’ingénierie chez Rosener-goatom, une fi liale de Rosatom. Il souligne que les nouvelles tech-nologies permettent à la centrale de fonctionner normalement

Pas de sûreté à 100%, mais tout faire pour « s’en rapprocher ».

larussiedaujourdhui.fr/

tag/nucléaire

ALEXANDRE EMELIANENKOVLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Comme dans le cas de la Station

spatiale internationale (SSI), des

chercheurs de différents pays se

regroupent pour élaborer les

technologies nucléaires du futur

à usage civil.

Pour reprendre le flambeau de Super-PhénixInnovation Des experts français et américains rejoignent le projet russe de recherche sur un réacteur à neutrons rapides

nombreux experts au cours des débats concerne la technologie des réacteurs à neutrons rapides de quatrième génération. Celle-ci permet de concevoir des ins-tallations nucléaires munies de systèmes de sécurité internes fonctionnant avec un circuit fermé d’approvisionnement en

combustible, éliminant ainsi le problème des matières premières d’uranium tout en se conformant au régime de non-prolifération nucléaire.

Des travaux de recherche scientifi que et des projets expé-rimentaux dédiés aux réacteurs rapides ont été conçus et utilisés dans de nombreux pays dont la Russie, les États-Unis, la France (projet « Superphénix ») et le

Les grandes lignes du projet ont été dévoilées fi n juin à Saint-Pé-tersbourg dans le cadre de la conférence internationale sur le thème de « l’énergie nucléaire au XXIème siècle », organisée par l’Agence internationale de l’éner-gie atomique (AIEA). Représen-tant le pays organisateur, le gou-vernement russe s’est associé à l’événement avec la participation de l’entreprise d’État Rosatom. Dans le même temps, se dérou-lait à St-Pétersbourg également le Forum de l’industrie nucléaire « Atomexpo 2013 », rassemblant les dirigeants des principales en-treprises internationales opérant sur le marché du nucléaire.

L’une des perspectives les plus prometteuses évoquée par de

Japon. Avec l’assistance tech-nique de la Russie, un premier réacteur expérimental à neutrons rapides à été lancé il y a un an en Chine. L’Inde poursuivent ac-tuellement ses efforts dans la même direction. Jusqu’à main-tenant, les réacteurs à neutrons rapides ne sont pas parvenus à concurrencer les réacteurs à neu-trons thermiques classiques en ce qui concerne les coûts de construction et le prix de l’élec-tricité produite.

Au cours de la deuxième jour-née de la conférence de l’AIEA et du forum « Atomexpo », les délégués de la Russie, des États-Unis et de la France ont signé un protocole d’accord portant sur l’utilisation des capacités du réacteur rapide expérimental po-lyvalent (MBIR) à neutrons ra-pides. Le réacteur sera construit à l’Institut de recherche sur les réacteurs nucléaires de Dimitro-vgrad. Le coût total du projet s’élève à 380 millions d’euros. Selon Viatcheslav Perchoukov, directeur adjoint de Rosatom en

charge de l’innovation, la Russie peut tout financer elle-même. Avec une capacité nominale de 150 mégawatts, il s’agira du réac-teur expérimental le plus puis-sant au monde.

Christophe Béhar, représentant du Commissariat français à l’énergie atomique et signataire pour son pays du protocole d’ac-

Le coût total du projet s’élève à 380 millions d’euros.

cord a déclaré : « La Russie au-rait pu mener à bien ce projet seule, mais a choisi d’instaurer une coopération fructueuse avec de nombreux pays. Pour nous, ce sera l’occasion de conduire des expériences et des travaux de re-cherche impossible à réaliser en France depuis l’abandon du pro-gramme « Phénix ».

Le point de vue

offi ciel russe

Au forum de Saint-Pétersbourg, le Vice-Premier ministre Dimitri Ro-gozine a déclaré que pour la Rus-sie, le nucléaire civil ne se limitait pas aux centrales nucléaires mais concernait également l’espace, la médecine, les nouvelles techno-logies de l’information et les su-per ordinateurs. Il s’agit aussi d’un savoir-faire purement russe : la flotte de brise-glaces nucléaires qui connaît aujourd’hui une véri-table renaissance. Dmitri Rogo-zine a indiqué que la production d’électricité d’origine nucléaire avait atteint un record en 2012, avec 177,3 milliards de kw/h, soit 16% de la production totale d’électricité. Aujourd’hui la Russie compte 33 réacteurs en fonction-nement. Neuf nouvelles unités ré-parties sont en cours de construc-tion en Russie, et 19 en dehors.

L’occasion de réaliser des travaux ne pouvant plus se faire en France depuis l’abandon du projet « Phénix »

© R

IA N

OV

OSTI/G

RIG

ORY

SYSOEV

ITA

R-T

ASS

SER

VIC

E D

E PR

ESSE

05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Voyages

La « Suisse russe » livre ses trésors Le peuple bachkir, semi-nomade et islamisé depuis le XXème siècle, s’est fi xé principalement dans le sud de l’Oural. Les Bach-kirs se vantent d’être le seul peuple de l’empire à n’avoir pas été soumis au servage.

Désormais, c’est de la tyran-nie du pétrole (60% de l’écono-mie locale) qu’il faut s’affranchir. Diversifi er avant qu’il ne soit trop tard. Mars Youlbarissov a fait for-tune dans l’industrie ferroviaire et décidé de réinvestir tous ses profi ts un ambitieux projet de construction de plusieurs centres touristiques : un village vacances pour clients aisés prêts à payer 2 000 dollars la nuit et un hôtel de 50 chambres pour le grand public. « J’ai déjà investi 300 mil-lions de roubles [7 millions d’eu-ros] dans le projet en cinq étapes de village vacances ».

Le district de Bourzianski, où résidaient ses ancêtres, offre des paysages splendides (il est sur-nommé la « Suisse russe »), une faune et fl ore susceptibles d’at-tirer les amateurs de nature sau-vage les plus exigeants. Le long de la rivière blanche se trouve la grotte de Kapova, mesurant trois kilomètres de long et conte-nant des fresques rupestres du Paléolithique (14 500 ans) à ne pas manquer.

Le Bashkortostan n’est pas mentionné dans la Bible. Mais c’est certainement la « république de Canaan » de la Fédération de Russie : le lait et le miel y coulent en abondance. Et le pétrole aussi, mais c’est une autre histoire. Le Bachkortostan est leader en Rus-sie pour la production de lait, et son miel est, avec celui de l’Al-taï, le plus réputé (voir ci-contre).

Tous ces trésors recèlent un secret bien caché. Qui rêve de passer ses vacances au Bachkor-tostan ?

Pour l’instant, seuls les Bach-kirs eux-mêmes. « Nos princi-paux concurrents sont l’Égypte et la Turquie [destinations pré-férées des Russes], explique Oural Khalioulline, pionnier du tourisme dans sa région. 80% de nos touristes sont des Bachkires, les autres provenant des régions voisines et seuls 2 à 3% viennent de Moscou ou de l’étranger ».

L’un des principaux freins au

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Ci-dessus : une famille vivant de l’apiculture et du travail du bois. À droite : paysage typique du sud de la république, près de la frontière avec la région d’Orenbourg.

Où se loger À Oufa, vous avez le choix entre le Posads-kaya Hotel (tout récent),

proche de la cathédrale Ser-gueevskii, ou le Bachkortos-tan Hotel (construit à l’époque soviétique), également dans le centre. Dans le sud de la Répu-blique, optez pour le camping ou pour les auberges / bunga-lows. Renseignements auprès des agences locales : www.bashile.ru et www.capova.ru

Pour s’y rendreLe vol Paris-Oufa avec une escale à Moscou dure au moins 7 heures.

Compter 30 heures en train de Moscou à Oufa, pour un billet entre 60 et 130 euros.

Le miel le plus cher du monde.

SONIA BEKINASTRANA.RU

La Bachkirie est aujourd’hui le

dernier lieu sur terre où se

pratique encore la culture

ancestrale du miel sauvage.

Produit local rare et cher : le miel naturel grâce aux abeilles sauvages

Afi n de sauvegarder les abeilles sauvages de la région, la Bach-kirie a créé la réserve de Shul-gan-Tash et décidé, dans le même temps, de protéger la profession d’apiculteur de miel sauvage, ou « chasseur de miel ».

La récolte du miel sauvage s’effectue en forêt. Elle exige de maîtriser les techniques de chasse et de repérer les préda-teurs. D’autant que le danger de se retrouver nez à nez avec un ours existe bel et bien.

Dans la culture du miel sau-vage, l’apiculteur n’interfère à aucun moment dans le proces-sus de production du miel, contrairement à la gestion hu-maine d’une ruche qui coinsiste à récolter en une saison le plus de miel possible par essaim et

gan-Tash en accueille le plus grand nombre, soit près de 400 sur une superfi cie de 220 km2.

Le miel sauvage de Bachkirie est le plus cher du monde : 50 euros le kilo dans les boutiques de la réserve, ou dans le village qui jouxte le parc national d’Al-tyn-Solokle, mais entre 120 et 200 euros à Moscou.

où les abeilles domestiques rem-plissent avec une rigueur mona-cale les mêmes rayons plusieurs fois par an, comme dans une pro-duction à la chaîne.

Les abeilles sauvages, en re-vanche, ne subissent aucune pression extérieure. Elles choi-sissent elles-mêmes leurs « ap-partements » et construisent les structures de la ruche à l’aide de matériaux naturels. Cela prend plus de temps, mais le ré-sultat donne un miel non seule-ment plus pur et naturel, mais aussi bourré de vitamines, d’acides aminés et même d’hor-mones. Par ailleurs, le miel sau-vage n’est récolté qu’une fois dans l’année, fin septembre, lorsqu’il est totalement mûr.

Les ruches sauvages de Bach-kirie sont réparties sur un im-mense territoire qui compte le parc national de Bachkirie, la réserve de Shulgan-Tash et le parc national d’Altyn-Solok, si-tués à seulement quelques kilo-mètres les uns des autres. Shul-

développement du tourisme est le déficit d’infrastructures de transport. Les routes sont en mauvais état. Pour rejoindre le district de Bourzianski depuis l’aéroport d’Oufa, il faut au moins trois pénibles heures de route. Interrogé sur l’améliora-tion du réseau routier, le chef du gouvernement bachkire Roustem Khamitov concède que les 500 millions d’euros dépensés chaque année ne vont pas résoudre le

problème de sitôt. « Nous ne pou-vons pas augmenter les taxes. Mais nous faisons appel à des sociétés de construction plus compétentes que par le passé ». Le gouverneur reste par ailleurs prudent sur le développement du tourisme. « Il ne va pas se produire de grands changements dans les cinq ans à venir ».

Pendant que les officiels s’ef-forcent d’évaluer les perspectives du tourisme, une poignée d’en-trepreneurs ont déjà posé les pre-miers jalons. « Nous comptons maintenant sur le programme

Le Bashkortostan, ses paysages, son lait, son miel : un secret touristique encore trop bien gardé

fédéral pour le développement du tourisme, qui doit en prin-cipe prendre en charge le fi nan-cement d’infrastructures pour les meilleurs projets », note M. Youl-barissov.

Lui et ses collègues savent que cela risque de prendre beaucoup de temps. Il faut soit s’armer d’une patience infi nie, soit tout faire soi-même !

EMM

AN

UEL

GRY

NSZ

PAN

(3)

06LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Opinions

Préparé parÉtienne Bouche

LU DANS LA PRESSELE CAS SNOWDEN S È ME L’EMBARRAS ENTRE MOSCOU ET WASHINGTON

Coincé à Moscou depuis sa spec-taculaire échappée de Hong-Kong, le « lanceur d’alerte » Ed-ward Snowden a multiplié les demandes d’asile (acceptées par des pays d’Amérique latine) pour échapper à son extradi-tion vers les États-Unis. « La Rus-sie ne livre jamais personne et n’a pas l’intention de le faire », a fait savoir Vladimir Poutine, tout en appelant l’ancien consultant de la NSA à cesser de « faire du tort » aux Américains.

UN ARBITRAGE RUSSE

DÉLICAT

ÉditorialNEZAVISSIMAÏA GAZETA / 02.07

UN CAMOUFLET POUR LES

ÉTATS-UNIS

ÉditorialGAZETA.RU / 28.06

UN IMPACT À RELATIVISER

Éditorial Andreï Smirnov et Nikolaï ZimineITOGI / 01.07

Du point de vue de l’image, c’est une histoire ennuyeuse, car il n’y a pas de bonnes solutions. Livrer Snowden aux Américains ? Les défenseurs des droits de l’homme et une bonne partie de la presse, bienveillants à l’égard de l’ancien collaborateur de la NSA, n’approu-veraient pas ce choix. Lui accor-der l’asile ou le laisser rejoindre l’Équateur ? Personne n’y verrait une position de principe, mais au contraire un geste d’anti-américa-nisme primaire. La résolution du problème traîne. On a mis la Rus-sie sur un lit très étroit, et désor-mais elle ne cesse de se retour-ner à la recherche de la position la plus confortable.

Ce scandale s’est déporté en ter-rain russe au moment même où l’insistance des Américains s’in-tensifiait. Le Kremlin a accepté de devenir le principal adversaire de la Maison Blanche.Le fait que l’administration Obama ait admis, ou plutôt qu’elle n’ait pas réussi à empêcher la mutation de cette affaire en scandale mon-dial, lui est extrêmement domma-geable. Alors qu’elle critique en permanence Poutine sur les vio-lations des droits de l’homme, elle est aujourd’hui contrainte de le supplier d’extrader un ancien agent ayant révélé les détails de l’intrusion de ses propres autorités dans la vie privée des autres.

La Russie n’a pas de raisons de re-mettre Snowden. Premièrement, cet incident ne peut pas dégra-der les relations entre Moscou et Washington. Après l’adoption de la « liste Magnitski » et de sa ré-ponse russe, la « loi Dima Yako-vlev », les rapports entre les deux pays sont proches du point de congélation. Deuxièmement, la fuite d’un agent vers le territoire d’un ennemi potentiel est quelque chose de courant. Troisièmement, il ne faut pas oublier que Snow-den est chez nous de passage. Il ne comptait pas demander l’asile à la Russie. Par conséquent, Mos-cou a parfaitement le droit d’affir-mer qu’elle n’est pas concernée.

BIOPICS : CINÉMA AU SERVICE DE L’ ÉTAT

Andrei ArkhangelskiCRITIQUE

Le cinéma russe connaît une nouvelle mode : les bio-pics - des films biogra-phiques sur des célébri-

tés. Les exemples les plus frappants sont deux fi lms sur les personnalités cultes des années 1970, le chanteur Vladimir Vys-sotski (Vyssotski, merci d’être en vie, 2011) et le hockeyeur Valeri Kharlamov (Légende № 17, 2013). Une biographie du pre-mier homme envoyé dans l’es-pace, Youri Gagarine, Le premier vol, est également sortie en 2013. Les fi lms sur le gardien de but (de foot) Lev Yachine et le lut-teur Ivan Poddoubni sont en cours de réalisation.

Cette mode n’est pas tant mo-tivée par des considérations com-merciales que par des intérêts idéologiques. Étant donné que la quasi-totalité des fi lms russes actuels sont réalisés avec l’ap-port fi nancier de l’État (entre 10 et 100% du montant), le pouvoir dispose de leviers d’infl uence sur les producteurs et les réalisa-teurs. Le cinéma russe a été char-gé d’une mission : créer l’équi-valent de Hollywood. L’idée est née au moment de la sortie du fi lm de Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan. Dix ans durant, l’objectif suprême des réalisateurs russes est de « créer un fi lm comme celui de Spiel-berg, mais sur les Russes ». Le

pic des espérances a été nourri par la sortie de Soleil trompeur 2 (2010, 2011), de Nikita Mikhal-kov. Mais le film fut un échec commercial et recueillit des cri-tiques très négatives en raison de la verbosité et des hypothèses fantasques du réalisateur.

Lorsqu’il devint clair que ri-valiser avec Hollywood est im-possible, un recentrage sur le marché intérieur fut décidé : les préférences iraient à la promo-tion de « l’unité de la nation ». La recherche de thèmes capables d’émouvoir aussi bien les an-ciennes générations de Sovié-tiques que celles qui ont grandi dans la Russie démocratique a remis au goût du jour le thème de la guerre. Les adaptations ci-nématographiques des confl its, depuis la guerre russo-turque jusqu’à la Seconde Guerre mon-diale, incarnent la tendance du nouveau cinéma patriotique des années 2000.

Des centaines de fi lms et de séries traitent de ce thème, pour la plupart sans connaître de suc-cès commercial ou de grandes audiences. Le public se lasse petit à petit de ce type de fi lms. Selon les enquêtes de la Movie Research Company, au premier semestre de l’année 2011, le cinéma russe a enregistré une baisse d’au-dience de 29% (par rapport aux chiffres de la même période de l’année précédente). Selon les es-timations du magazine Iskuss-tvo kino, en 2014 les fi lms russes ne recueilleront que 10% des re-

cettes de l’industrie. Aucun fi lm sur la guerre n’a été rentable en Russie (à l’exception de la For-teresse de Brest, 2011). La guerre n’intéresse plus le public.

Suite au succès inattendu de Légende № 17, l’adaptation de

biographies de personnalités cé-lèbres apparaît comme la planche de salut du cinéma populaire russe. La première tentative du genre fut Amiral (2008), le fi lm sur l’amiral Koltchak, chef des forces antibolchéviques lors de la guerre civile en Russie, suivi de Vyssotski, merci d’être en vie. Pourtant, la biographie de Vale-ri Kharlamov n’est pas tant un biopic qu’un fi lm sur l’opposi-tion de deux systèmes, l’améri-cain et le soviétique, le héros principal du fi lm n’étant qu’un

rouage mineur de la Guerre froide. La biographie récente du premier homme dans l’espace, Youri Gagarine, est sortie plus d’un demi-siècle après son vol. Le film n’a pas rencontré un grand succès commercial en rai-son d’une promotion insuffisante à la télévision mais surtout à de l’inconsistance artistique du fi lm. Gagarine est présenté comme une icône complètement dénuée de toute humanité.

Vladimir Poutine intervient en encourageant l’idée de réaliser un fi lm sur le célèbre gardien de l’équipe de football d’URSS, Lev Yachine, à l’initiative de la di-rection du projet VTB Arena Parc avec le soutien de la banque VTB. La réalisation débutera en 2014, la sortie est prévue en 2017.

Andrei Peregoudov, vice-pré-sident senior de la banque VTB, en charge du projet VTB Arena Parc, explique ainsi sa vision : «Parmi les derniers fi lms que j’ai vus, celui sur Gagarine m’a le plus impressionné. J’aimerais que le fi lm sur Yachine puisse procu-rer des émotions aussi fortes ». Selon Peregoudov, suite à de lon-gues négociations, la veuve du gardien de but, Valentina Yachi-na, a accepté de participer au projet en tant que consultante.

Le genre biopic est tout à fait légitime. Des centaines de fi lms de ce type sont tournés en Occi-dent sur des basketteurs, des peintres, des écrivains et d’autres personnalités de premier plan.

Avec une différence non né-gligeable. L’idée, derrière les bio-pics occidentaux, est de montrer à quel point il est important d’être libre et croire en soi pour réussir. La morale des biopics russes est tout autre : pour être célèbre et respecté, il faut colla-borer avec l’État.

L’auteur est culturologue et critique de cinéma.

LA LEÇON D’UNE ÉCOLE FRANÇAISE

Maxime BouïevPOLITOLOGUE

À l’horizon 2020, le Pré-sident Poutine a fixé l’objectif de faire entrer au moins cinq univer-

sités russes dans les 100 premiers établissements de l’un des trois classements mondiaux. À cet effet, l’État sélectionnera un petit groupe d’écoles supérieures qui recevront les ressources néces-saires à leur développement.

Avec le temps, cette stratégie devrait permettre dans une cer-taine mesure de consolider le po-tentiel scientifi que et enseignant de plusieurs bons établissements. Problème : la réforme des « di-nosaures » existants relève d’un processus long et pénible qui ne requiert pas que de l’argent.

Pour se faire une place dans les classements mondiaux, les établissements russes devront recruter sur le marché universi-taire international des centaines de professeurs, chercheurs et ad-ministrateurs. Ce qui implique-ra, par voie de conséquence, soit un surdimensionnement des dits établissements, soit la nécessité d’une réduction notable du per-sonnel d’encadrement.

Dans la première hypothèse, les universités se transformeront en mastodontes sclérosés sur le terrain de la science et de l’en-seignement. Ou bien, on fera face à la frustration croissante des personnels renvoyés par défaut de compétitivité.

De plus, une stratégie agres-sive de transfert des principaux cerveaux d’une institution à une autre – « les champions natio-naux » – ajoutera au méconten-tement dans le milieu universi-taire à l’heure où la coopération des matières grises d’un établis-sement à l’autre marche déjà très mal en Russie. Prenons l’exemple des sciences économiques à Saint-Pétersbourg. Des pro-grammes plutôt médiocres d’ac-

Mission du cinéma russe : les productions subventionnées doivent promouvoir « l’unité de la nation »

La morale des biopics russes est particulière : pour être célèbre et respecté, il faut collaborer avec l’État

cès au mastère d’économie poussent comme des champi-gnons dans les différentes uni-versités de la ville, de plus en plus budgétivores, sans qu’on prenne le temps de se pencher sur la création d’un outil unifi é et compétitif au niveau interna-tional.

Selon Jacques-François Thisse, économiste en poste à l’antenne pétersbourgeoise de l’École su-périeure d’économie, cette situa-tion n’est pas propre à la Russie, car on la retrouve en France. Pour autant, les Français ont su res-tructurer la recherche et la coo-pération dans les sciences so-ciales par le regroupement de différentes universités en centres de recherche pilotes supra-ins-titutionnels.

Ainsi fut créée notamment l’École d’Économie de Paris (EEP) en 2006, sans recourir au pillage des cerveaux ou aux ré-formes de longue haleine des mastodontes d’un autre âge. En sept ans, elle est entrée dans les 15 premières à l’échelle mon-diale.

Les établissements constitu-tifs de l’EEP continuent de dé-livrer leurs propres diplômes selon les mormes de leur système d’enseignement. Mais, sous l’égide de l’EEP, les étudiants ont désormais la possibilité d’être formés selon des programmes compétitifs auprès des meilleurs chercheurs et enseignants de dif-férentes écoles de France. Sans froisser personne, l’EEP rapide-ment taillé la réputation d’un centre scientifi que puissant qui offre un pôle de ralliement aux plus grands économistes du pays. Une stratégie à laquelle nous se-rions bien inspirés de réfl échir à notre tour.

L’auteur est professeur à l’Uni-versité européenne de Saint-Pé-tersbourg.

Article initialement publié dans Vedomosti

CE SUPPLÉMENT DE HUIT PAGES EST ÉDITÉ ET PUBLIÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), QUI ASSUME L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DU CONTENU. SITE INTERNET WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR EMAIL [email protected] TÉL. +7 (495) 775 3114 FAX +7 (495) 9889213 ADRESSE 24 / 4 RUE PRAVDY, ÉTAGE 7, MOSCOU 125 993, RUSSIE. EVGENY ABOV : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION, JEAN-LOUIS TURLIN : DIRECTEUR DÉLÉGUÉ, MARIA AFONINA : RÉDACTRICE EN CHEF, DIMITRI DE KOCHKO : CONSEILLER DE LA RÉDACTION, ANDREÏ CHIMARSKI : DIRECTEUR ARTISTIQUE, ANDREI ZAITSEV : SERVICE PHOTO. JULIA GOLIKOVA : DIRECTRICE DE PUBLICITE & RP ([email protected]) OU EILEEN LE MUET ([email protected]). MARIA TCHOBANOV : REPRÉSENTANTE À PARIS ([email protected], 07 60 29 80 33 ). © COPYRIGHT 2013, AFBE "ROSSIYSKAYA GAZETA". TOUS DROITS RÉSERVÉS.ALEXANDRE GORBENKO : PRÉSIDENT DU CONSEIL DE DIRECTION, PAVEL NEGOITSA : DIRECTEUR GÉNÉRAL, VLADISLAV FRONIN : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS. TOUTE REPRODUCTION OU DISTRIBUTION DES PASSAGES DE L’OEUVRE, SAUF À USAGE PERSONNEL, EST INTERDITE SANS CONSENTEMENT PAR ÉCRIT DE ROSSIYSKAYA GAZETA. ADRESSEZ VOS REQUÊTES À [email protected] OU PAR TÉLÉPHONE AU +7 (495) 775 3114. LE COURRIER DES LECTEURS, LES TEXTES OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINION” RELÈVE DE LA RESPONSABILITÉ DES AUTEURS OU DES ARTISTES. LES LETTRES DESTINÉES À ÊTRE PUBLIÉES DOIVENT ÊTRE ENVOYÉES PAR ÉMAIL À [email protected] OU PAR FAX (+7 (495) 775 3114). LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI N’EST PAS RESPONSABLE DES TEXTES ET DES PHOTOS ENVOYÉS.LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI ENTEND OFFRIR DES INFORMATIONS NEUTRES ET FIABLES POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DE LA RUSSIE.

LE COURRIER DES LECTEURS, LES OPINIONS OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” PUBLIÉS DANS CE SUPPLÉMENT

REPRÉSENTENT DIVERS POINTS DE VUE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LA POSITION DE LA RÉDACTION DE LA RUSSIE

D’AUJOURD’HUI OU DE ROSSIYSKAYA GAZETA. MERCI D’ENVOYER VOS COMMENTAIRES PAR COURRIEL :

[email protected].

ALEXEÏ IORSH

ALE

XEÏ

IOR

SH

07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Culture

Dans 23 000, dernier volume de la Trilogie de la Glace, comme les dans précédents La Glace et La Voie de Bro, pu-bliés par les éditions de l’Oli-vier, Vladimir Sorokine relate l’épopée de la Confrérie de la Lumière. Bro, fondateur de la secte, a découvert en Sibérie les pouvoirs de la glace de la météorite de Tunguska, tom-bée en 1908 et depuis source d’autant de légendes que de re-cherches scientifi ques. Le cœur de Bro s’est éveillé, il a perçu qu’il devait créer la Confrérie de la Lumière et retrouver ses 23 000 frères et sœurs.

Pour qu’à leur tour leur cœur s’éveille et se mette à parler, leur poitrine doit être violem-ment heurtée avec un marteau de glace. Ainsi des êtres hu-mains, impérativement blonds et aux yeux bleus, prennent conscience qu’ils sont des êtres élus, incarnations de la lumière première. Les élus, membres de la secte apocalyptique, sont dénués de toute compassion pour les humains qu’ils quali-fient aimablement de « ma-chines de chair ». Ils avancent dans leur quête, dévastant tout sur leur passage pour arracher un à un leurs frères à la vie terrestre fallacieuse.

Dans 23 000, la secte s’est désormais infiltrée partout dans le monde, de Tokyo à New York, en passant par Israël ou Hongkong. Les 23 000 frères de la lumière presque tous identifi és doivent former en-semble un cercle. Alors leur cœur parlera et dira 23 fois les 23 mots secrets. La Transfi gu-ration fera d’eux le rayon lu-mineux originel tandis que la terre, cette « Grande Erreur », disparaîtra.

Vladimir Sorokine, dont on connaît la virtuosité dans sa parodie des grands auteurs russes, joue là encore de toute une palette de styles. Faisant alterner les moments de sus-pense, les passages d’une bru-talité burlesque, avec les dis-cussions littéraires, les récits de vie, les envolées mystiques, il déstabilise en permanence le lecteur qui bute sur la langue autant que sur la réalité qu’elle décrit. Le fait de prendre comme parti pris narratif le point de vue des membres de la secte et de leur psychose col-lective ajoute au malaise.

Non seulement le lecteur n’a aucune vérité alternative à la-quelle s’accrocher, mais il doit aussi arriver à mettre à dis-tance ce que l’auteur lui donne à voir : un monde brutal, ab-surde, où surgissent toujours des totalitarismes absurdes eux-aussi que Vladimir Soro-kine, inlassable provocateur, s’acharne à dénoncer tout en se refusant à tout didactisme, à toute connivence entre l’art et l’idéologie.

Christine Mestre

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

L’allégorie du totalitarisme

TITRE : 23 000

ÉDITION : DE L’OLIVIER AUTEUR : V. SOROKINE

larussiedaujourdhui.fr/

24033

MARIA AFONINALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le rouge d’une grenade, les

lignes gracieuses d’un visage ou

d’un corps de femme illustrent

les toiles de Volodia Popov-

Massiaguine, qui se partage

entre la France et la Russie.

La beauté féminine vénérée sur la toile à la manière d’icônes russes

Art Le peintre Volodia Popov-Massiaguine, installé à Paris depuis treize ans, fait figure de Modigliani russe

« Les femmes m’inspirent », re-connaît franchement Volodia Po-pov-Massiaguine. Ses toiles en attestent. Un visage féminin, une forme féminine, un corps de femme dénudé, tout dans le beau sexe devient objet d’art pour le peintre. En cherchant un peu, on trouvera dans sa collection des tableaux représentants des modèles masculins, ses autopor-traits et des portraits de son fi ls.

Autre sujet de prédilection : la grenade juteuse. « Quelqu’un m’a dit que dans la Bible, Eve est tentée par Adam grâce à une pomme granuleuse. Il me semble que c’est peut-être une grenade, et non pas une simple pomme. Il y a dans ce fruit quelque chose de secret, de caché. Sa chair rap-pelle un cœur, le jus, du sang, un labyrinthe intérieur », in-dique l’artiste.

Seules quelques couleurs semblent prévaloir dans ses tra-vaux : le rouge, le noir, l’or. Le peintre lui-même, il est vrai, n’est pas enclin à une telle sim-plifi cation. « J’essaie de trouver l’harmonie sur la toile, c’est en fonction de cela que je recherche les couleurs et la peinture, ex-

1, 3, 4 : Les peintures

de Volodia Popov-Mas-

siaguine à l’exposition

Référence Moskva.

2 : Voldia Popov-Mas-

siaguine : salut, l’ar-

tiste !

La salle du Bolchoï Théâtre.

ménagé en France, mon art est devenu plus figuratif. Au-jourd’hui, mon style change en-core. Ces deux dernières années j’ai essayé d’utiliser d’anciens travaux pour faire de nouveaux tableaux et me lancer dans d’autres créations graphiques ».

Voilà déjà treize ans que le peintre vit et travaille à Paris avec sa femme française et sa fi lle. Il se rend cependant sou-vent en Russie et pas seulement pour des expositions. À Riazan, il possède un studio où il a créé la plupart de ses œuvres.

Tout en rappelant Modigliani, le style de Popov-Massiaguine n’est pas sans évoquer la pein-ture d’icônes. Une image est créée sur un carton, puis reproduite et peinte. Et la représentation des femmes n’est pas en contradic-tion avec l’inspiration iconogra-phique : « Je peins des femmes parce que je vois en elles leur rayonnement plastique et leur beauté divine », élabore l’artiste russo-parisien qui, à la fin de l’année, envisage de prendre part à l’exposition « Art en capital » au Grand Palais.

Repères

biographiques

Volodia Popov-Massiaguine est né en 1961 dans la ville de Mitchou-rinsk, dans l’oblast de Tambov. Il est diplômé de l’Académie d’art industriel de Moukhina (faculté de peinture monumentale). Depuis 2000, il vit et travaille à Paris. Il est membre de la Maison des artistes en France.

plique-t-il. J’ai été inspiré en tant qu’étudiant par ces grands ar-tistes comme Botticelli, Modi-gliani, Cranach. J’adore Mikhail Shemyakin, Andreï Gennadiev ».

L’artiste ne nie pas les diffé-rentes infl uences exercées par diverses écoles artistiques sur son œuvre. « Au début des années 1990, mes peintures étaient plu-tôt de style abstrait, de Kandins-ky au constructivisme de Miró ; au milieu des années 1990, j’ai commencé à m’intéresser aux gravures populaires. Et à la fi n des années 1990, lorsque j’ai dé-

1

2

3

4

PAUL DUVERNETLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le Théâtre du Bolchoï a

présenté son programme pour

la saison prochaine : sept

nouvelles productions, dont

quatre opéras et trois ballets.

Des valeurs sûres pour le public moscovite Arts de la scène Verdi, Wagner et deux chorégraphes français (Lacotte et Maillot) au programme du Bolchoï

Davantage de vedettes interna-tionales, et – on l’espère – moins de scandales. Des grands clas-siques réclamés depuis long-temps par le public (Cosi fan Tutte, Don Carlo, Der fl iegende Holländer en ce double cente-naire de la naissance de Verdi et de Wagner ), des grands noms de la danse, mais point d’aventures contemporaines. La direction d’Anatoli Iksanov, marquée ces dernières années par quelques scandales retentissants (détour-nements de fonds, agression à l’acide contre le danseur Sergueï Filine et éviction d’un autre dan-seur, Nikolaï Tsiskaridze), veut

fl atter les goûts conservateurs du public moscovite, et faire le moins de vagues possible.

La 238ème saison du théâtre lyrique va démarrer le 17 sep-tembre prochain. Elle verra pas-ser de nombreuses troupes étran-gères. M. Iksanov a promis de ramener sur la scène historique les deux plus grandes stars ly-riques russes de la décennie : Anna Netrebko et Dmitri Khvo-rostovski, que le public réclame depuis longtemps. Dans quels spectacles ? Il faudra encore pa-tienter pour le savoir.

L’axe franco-russe sera parti-culièrement actif la saison pro-chaine en matière chorégra-phique. Du 21 au 24 septembre, la troupe de l’Opéra de Paris dansera le ballet pantomime Pa-quita, une espagnolade signée Pierre Lacotte. Le chorégraphe français reviendra en novembre pour faire danser cette fois le bal-

let du Bolchoï sur Marco Spada, ou la Fille du bandit, un ballet sur une musique d’Auber, « la plus brillante personnifi cation du génie musical français », selon Ernest Reyer. Fée dépoussiérante du grand répertoire français, Pierre Lacotte présentera une

nouvelle rédaction d’un spectacle recréé spécialement pour Rudolf Noureev par l’Opéra de Rome en 1981. Le Bolchoï aura des droits exclusifs pour cinq ans sur ce spectacle.

En fi n de saison, en juillet 2014, ce sera au tour du chorégraphe hexagonal Jean-Christophe Maillot de présenter sa Mégère apprivoisée, spécialement créé pour la troupe du Bolchoï. Le théâtre verra aussi passer le bal-let royal du Royaume-Uni avec Manon, Raven Girl et Danse à grande vitesse. L’Américain John Neumeier créera en mars 2014 sa Dame aux camélias à Mos-cou, un spectacle qui sera indu-bitablement l’un des moments forts de la saison. Dernier mot sur la danse : M. Iksanov a an-noncé le retour imminent de l’en-fant prodige Alexeï Ratmanski, parti à New York au grand dam des amateurs éclairés.

J.-Christophe Maillot présentera sa Mégère apprivoisée spéciale-ment créée pour la troupe du Bolchoï

© R

IA N

OV

OST

I/V

LAD

IMIR

VYA

TKIN

AN

DR

EÏ P

AVLO

UC

HIN

E (4

)

08LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA

DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO Magazine

Katusha n’est pas une équipe comme les autres. Notamment parce qu’elle ne porte pas le nom de son sponsor. (russe) Katusha, c’est à la fois un surnom fémi-nin, une célèbre chanson popu-laire et un non moins fameux lance-roquette de la Seconde Guerre mondiale. C’est surtout une équipe de coureurs russes en majorité, qui participe à l’édi-tion anniversaire du Tour de France dont l’arrivée est prévue le 21 juillet. Avec à sa tête l’Es-pagnol Joaquim Rodriguez déjà primé dans deux autres grandes épreuves, le Giro d’Italia (vice-champion 2012) et la Vuelta a España (troisième en 2012).

« Pour le Tour de France, Ka-tusha positionnera son équipe la plus forte, a déclaré avant le dé-part le directeur sportif de l’équipe, Valerio Piva. Son chef de fi le sera Joaquim Rodriguez qui se battra pour une place au classement général, ce en quoi il sera soutenu par de solides grimpeurs, Alberto Losada, Iouri Trofi mov et, bien sûr, Daniel Mo-reno, le numéro deux de l’équipe. Il y aura aussi des routiers ca-pables d’épauler et de défendre notre leader dans les étapes de plaine, à savoir Pavel Brutt, Gatis Smukulis, Alexandre Koutchinski et Édouard Vorga-

nov. J’espère que ces coureurs fourniront un bon travail aussi bien sur le plat qu’en équipe et dans les échappées. De plus, Ka-tusha compte un excellent sprin-ter, Alexandre Kristoff. Le Tour de France, c’est une course de trois semaines, et chaque étape a son importance. Nous avons bien travaillé la plupart des étapes clés, à commencer par les courses individuelles. Je consi-dère donc que Katusha est prête à se battre ».

Pour l’édition du centenaire, les organisateurs de la Grande Boucle ont concocté le parcours le plus difficile de ces dernières années. Les coureurs auront été mis à l’épreuve dès les trois pre-mières étapes disutées en Corse. Les huitième et neuvième étapes auront amené le peloton dans les Pyrénées, site de la première grande bataille pour le maillot jaune de ce Tour de France an-niversaire.

À la veille du Tour, Viatches-lav Ekimov, triple champion olympique et directeur général de Katusha, a confi é ses attentes à La Russie d’Aujourd’hui : « Le Tour de France est la course cy-cliste la plus importante. Nous donnons la priorité à notre lea-der Joaquim Rodriguez. Toutes les forces seront mobilisées à son profi t. Par ailleurs, trois coureurs russes auront un rôle majeur : Iouri Trofi mov, Édouard Vorga-nov et Pavel Brutt. Ce sera le groupe de soutien ».

« Pour Rodriguez, dit Ekimov, ce Tour de France est l’occasion unique sinon de gagner, du moins d’avoir une place sur le podium

avec un contre-la-montre extrê-mement court et extrêmement difficile où Joaquim a des chances de ne pas perdre grand-chose, et avec des étapes de montagne très dures où il pourra dévelop-per son avantage. Et puis il sera fortement soutenu par l’équipe dans les étapes de plaine. D’après les derniers tests, notre leader tient une superforme ».

Au terme de l’année 2012, le chef de fi le de Katusha Joaquim Rodriguez – malicieusement sur-nommé « Purito » par les Espa-gnols – est devenu le meilleur cycliste professionnel du monde en supplantant le Britannique Braddley Wiggins de Sky, vain-queur du Tour de France et champion olympique, et le Belge Tom Boonen d’Omega Pharma-Quick Step, héros triomphal du Tour de Flandres et du Paris-Roubaix. « Purito » jouit d’une popularité folle en Europe. Quand un journaliste de La Rus-

sie d’Aujourd’hui lui a demandé à quoi il devait l’amour de ses supporters, il a répondu : « Peut-être à ma façon de rouler. Ils ont l’impression que je donne un spectacle. Ça s’explique aussi par le fait que j’ai beaucoup d’amis ».

Quant à Katusha, au terme de l’année 2012, elle s’est hissée deu-xième position du classement mondial. Jamais encore une équipe russe ne s’était inscrite dans le trio de tête. Seule Sky la domine désormais au palmarès mondial.

Mais les coureurs de Katusha gardent la tête froide. Ce qui ne les empêche de s’amuser à se donner des surnoms. Si Rodri-guez est devenu « Purito », soit « jeune taureau » en espagnol, le nom de Pavel Brutt fait évi-demment penser à du cham-pagne. La formule est toute trou-vée pour fêter une victoire d’étape de Pavel : « Du cham-pagne brut pour Brutt » !

Tours et retour

Katusha, équipe de cyclisme pro-fessionnel sur route créée en mai 2008 avec le soutien des socié-tés Itera, Gazprom et Rostekhno-logia, s’est sortie d’un vilain « tour ». L’an passé, contre toute attente, elle s’est vue refuser sa licence en vue de l’UCI World Tour 2013. Le 10 décembre, l’Union cycliste Internationale (UCI) a publié la liste des équipes admises à participer au World Tour 2013, liste dont Katusha était exclue alors que sa licence était va-lable jusqu’en 2015. Le 15 février 2013, toutefois, le Tribunal ar-bitral du sport (TAS) a rendu à l’équipe russe sa licence pour le World Tour, et donc le droit de disputer les courses cyclistes les plus prestigieuses de la planète. L’équipe est composée de 28 coureurs, dont 17 ressortissants russes.

Qu’y a-t-il à craindre le plus dans

une course ?

L’accident, bien sûr. Quand arrive un carambolage et qu’il y a des blessés. Mais le pire, c’est la mort d’un coureur.

Vous êtes considéré comme un

spécialiste du contre-la-montre.

Comment faites-vous ?

C’est vrai que le contre-la-montre est ma spécialité. Beaucoup de chefs de file se préparent spéciale-ment à ce type de course.

Le cyclisme est-il un sport

d’équipe ou individuel ?

Un sport d’équipe. Ça se vérifie tou-jours. C’est une spécificité. Il n’y a

qu’un vainqueur, mais toute une équipe travaille à la victoire.

Avez-vous le temps de visiter des

sites dans tel ou tel pays, de goûter

à la cuisine locale ?

Côté visites, c’est plutôt non. Ou alors du coin de l’œil, pendant la course ou en allant à l’hôtel. Quant à la cuisine… Pour les grandes courses, en général, nous emmenons notre propre cuisinier. Il est responsable de notre nourriture. Notre médecin aussi donne des recommandations.

Vous arrive-t-il de rêver que vous

roulez à vélo ?

Avant, oui. L’horreur ! Mais plus maintenant, et c’est tant mieux.

QUESTIONS & RÉPONSES

Tête-à-tête avec Pavel Brutt

ALEXANDRE ERASTOVLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Dans la centième édition de la

Grande Boucle, l’équipe Katusha

a choisi de courir sous les

couleurs nationales plutôt que

celles de ses sponsors : l’esprit

patriotique avant l’argent.

Tour 2013 : Katusha en selle avec l’esprit patriotique

Sport Une équipe aux couleurs russes

Photo du haut : le leader de Katusha Joaquim Rodriguez emmène son équipe dans sa roue.

Ci-dessus à gauche : Vladimir Karpets ; à droite : Pavel Brutt.

EN CHIFFRES

29 C’est le nombre de victoires (dont 16 au World Tour) rem-

portées en 2012 par les coureurs de Katusha, qui ont enlevé 51 prix (dont 21 au World Tour).

80 C’est le nombre to-tal des prix à l’ac-tif de Katusha (29

victoires, 30 deuxièmes places et 21 troisièmes places).

REU

TER

S(2)

AFP/EA

STNEW

S