La Quête - avril 2014

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3 $ S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification 2 $ sur le prix de vente va directement au camelot. Le magazine de rue de Québec No 163 Avril 2014 • Discours politique Droit de parole : 40 ans • Métier : animateurs de radio • Vivre sans mots PAROLES PAROLES

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Un numéro qui tourne autour de la Parole.

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Photos : Francis Fontaine

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Le magazine de rue de Québec No 163 Avril 2014

• Discours politique• Droit de parole : 40 ans• Métier : animateurs de radio• Vivre sans mots

PAROLESPAROLES

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Stationnement disponible coin d’Aiguillon et Côte Ste-Geneviève

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Michel YacoubConseiller en sécurité financièreConseiller en régimes d’assurances collectivesReprésentant autonome

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D O S S I E R PA R O L E S06 Le discours politique à l'ère de la spontanéité

07 Aphasie : le dessin au secours des mots

08-09 Animateurs de radio : métier de la parole

11 Porte-voix de la justice sociale

12 Un grand espace, des mots pour le dire

13 S'ouvrir au monde

15 Les mots du cinéma

16 Paroles et paroles et paroles...

17 La parole de Dieu : une vision jeune

SOMMAIRE

A U T E U R S23 Ermite

24 Temps perdu

24 À la fin du printemps

25 Pour le plaisir de lire

26 Un poisson oublié

27 Les clés

27 Lumière

C H R O N I Q U E S10 « Vous avez la parole... »

14 La petite fille qui ne parlait plus...

18 Attention de ne pas perdre le Nord

22 Être parent mono- parental à Québec

30 Vancouver : entendre l'itinérance

J E U X20 Le jeu de La Quête

21 La langue dans sa poche Ph

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04 AVRIL 2014

Camelots recherchés Hey toi! Tu as 18 ans ou plus. Tu veux te faire quelques dollars? Travaille à ton compte. Pas d’horaire. Vends le magazine de rue La Quête Pour plus d’informations Appelle-nous au 418 649-9145 poste 33 Ou Viens nous rencontrer au 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier

RÉALISER L’ESPOIR

UNE TRIBUNE POUR TOUS

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS

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Illustration: Danièle RouleauConception graphique : Karyne Ouellet

ÉDITEUR Archipel d'Entraide

ÉDITEUR PARRAINClaude Cossette

COORDONNATRICEFrancine Chatigny

CONSEILLÈRE À L’ÉDITIONMartine Corrivault

RÉDACTRICE EN CHEFValérie Gaudreau

RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTEIsabelle Noël

CHRONIQUEURSMartine Corrivault, Claude Cossette, Aline Essombé, Mathieu Meunier, Diane Morin

JOURNALISTESJean Louis Bordeleau, Arthur Darasse, Véronik Desrochers, Thomas Duchaine, Marie-Michèle Genest, Rabéa Kabaj, Jean-François Morissette, Isabelle Noël, Chloé Patry-Robitaille

AUTEURSJulie Cartier, Jasmin Darveau, Jean-Pierre Drolet, Laurence Ducos, Marc Everell, Bernard Songe, Christiane Voyer

AUTEURS DES JEUXHélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin

RÉVISEURESAnika Boucher, Anthony Fortin, Naïka St-Arnauld Hivon, Nathalie Thériault, Geneviève Vaillancourt et les étudiants du cours Réécriture et Révision II des programmes de rédaction et révision profession-nelles de l'Université Laval sous la supervision de leur enseignante, Anne Fonteneau

PHOTOGRAPHEVéronik Desrochers, Marie-Michèle Genest, Camille Amélie Koziej-Lévesque, Valérie Gaudreau

INFOGRAPHISTEKaryne Ouellet

AGENTE DE PUBLICITÉ SOCIALE Geneviève Thompson

IMPRIMEURLes Impressions STAMPA inc.(418) 681-0284

Journal La Quête190, rue St-Joseph estQuébec (Québec) G1K 3A7Téléphone: 649-9145Télécopieur: 649-7770Courriel: [email protected]

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.

L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

SUIVEZ-NOUS SUR laquete.magazinederue

Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de mai : Les journées sans...

Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exem-plaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

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Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE

Nom:Adresse:Ville:Code postal:

Abonnement régulier 60$Abonnement de soutien 75$Abonnement institutionnel 85$

Téléphone:

La Quête est appuyée financièrement par :

Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

Nous reconnaissons l’appui finan-cier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Cana-da pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

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PAROLESMOT DE LA COORDONNATRICE

Ce n'est pas la campagne électorale 2014 qui nous a inspiré ce thème, mais le thème imposait que l'on en parle et surtout de ceux qui la mènent. En mode séduction, nos politiciens décuplent les occasions de discourir et font usage - ex-cessif ? - de la parole. Thomas Duchaine a voulu savoir comment se distingue un bon orateur. La recette n'est pas simple et la diversité des tribunes ne facilite en rien le jeu de persuasion.

Il y a ceux qui parlent pour ne rien dire. À l'autre bout du spectre, il y a ceux qui désirent ardemment s'exprimer, mais qui ne le peuvent plus : victimes d'un acci-dent de parcours, les aphasiques perdent la capacité de parler. Arthur Darasse s'est intéressé au phénomène et particulière-ment au cas de Sabadel, qui a trouvé un mode d'expression pour compenser, du moins en partie, la perte de cette faculté.

Pour des animateurs de radio, la parole représente le principal outil de travail. Chloé Patry-Robitaille a demandé à trois d'entre eux de s' « exprimer » au sujet de leur métier et de leur prise de parole pu-blique.

Bien qu'on associe la parole à l'oralité, elle prend souvent forme dans l’écriture. Marie-Michèle Genest a rencontré Marc Boutin, l'un des plus anciens collabo-rateurs de Droit de parole. Ce mensuel célèbre cette année ses 40 ans de défense des droits des citoyens.

Communicateur de renom, il se présente comme conférencier, anthropologue, écrivain et animateur. Serge Bouchard sillonne la province pour livrer ses pro-pos anthropologiques sur des sujets aussi surprenants que celui de l'histoire de la peur à ceux plus graves de la mort et de la vieillesse. En février dernier, il était de passage à Québec pour parler de l'un de ses thèmes fétiches : la nordicité. Véronik Desrochers l'a rencontré.

Parler plusieurs langues modifie-t-il sa conception du monde ? Pour répondre à cette question, et à bien d'autres, Jean Louis Bordeleau a interrogé l'hyperpoly-glotte, Michel Brûlé.

Vivre de paroles et rester dans l'ombre : cette description fait spontanément pen-ser aux paroliers et aux scénaristes. Non seulement le projecteur n'est-il pas dirigé vers eux, mais ils doivent avoir l'humilité de voir - souvent- rayer les mots qu'ils ont choisis. Qu'est-ce qui motive quelqu'un à exercer un métier si ingrat ? Le scénariste de Québec, Marc-André Cossette, le ré-vèle à Isabelle Noël.

La vie intime n'est pas dépourvue de paroles chargées de sens. Jean-François Morissette est allé au-devant de jeunes pratiquants pour comprendre leur conception de la parole de Dieu. Rabéa Kabaj s'est tournée vers les premiers mots d'amour !

DES PAROLES EN CADEAU !

« J'ai cette foutue maladie de me sentir bien ailleurs » dixit Mathieu Meunier. Voilà pourquoi il a visité de nombreuses villes, tant européennes qu'américaines. Cette maladie est assortie de deux symp-tômes spécifiques : une obsession pour les journaux de rue et une rage d'écrire. On ne pouvait trouver meilleur amalgame pour créer une chronique « Magazines de rue ». Ce mois-ci, Mathieu nous entraîne dans la ville de Mégaphone : Vancouver.

Il fréquente les poètes depuis longtemps, il connaît leurs mots, aime leur genre. Depuis tout aussi longtemps, de sa plume, il caresse les vers, aiguise son art. Un peu par paresse, avoue-t-il humblement, un peu par modestie, il n'a jamais publié. Cette première parution ne sera certes pas la dernière !

Chaque jour, il m'appelle pour présenter un sujet ou préciser un angle par souci

de répondre aux intérêts des lecteurs de La Quête, à laquelle il s'intéresse depuis un temps déjà. Pour cette édition, Marc Everell nous gratifie de Lumière. Il nous promet de plus un texte sur les disparités sociales pour le mois suivant.

Bonne lecture,

FRANCINE CHATIGNY

NOUVELLE DES CAMELOTS

Le nombre de camelots a littéralement explosé fin-février, début mars. Effet Tout le monde en parle, pense-t-on! Serge Lareault, le rédacteur en chef de L'Iti-néraire, et son camelot vedette, Gabriel, ont été invités à TLMP pour souligner le 20e anniversaire du magazine de rue de Montréal. Ils ont saisi l'occasion pour expliquer (ou réexpliquer) la mission des journaux de rue ainsi que pour présenter leurs pendants des autres villes québé-coises, notamment Le Journal de rue de Sherbrooke, La Galère de Trois-Rivières et La Quête de Québec. Il n’en fallait pas plus pour que les passants expriment da-vantage de reconnaissance aux camelots et que ces derniers retirent plus de fierté dans leur mission.

Merci de les soutenir !

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06 AVRIL 2014

LE DISCOURS POLITIQUE À L’ÈRE DE LA SPONTANÉITÉAu moment où s’écrivent ces lignes, nous sommes à l’aube d’une campagne électorale au Québec. Quand le magazine sera publié, les candidats au-ront déjà largement sillonné les routes de leurs circonscriptions électorales et auront saisi toutes les tribunes possibles pour nous livrer leur message. Cependant, tous n’y seront pas parvenus aussi bien qu’ils l’auraient sou-haité. Qu’est-ce qui distingue le bon orateur du mauvais ? Et pourquoi certains arrivent-ils, mieux que d’autres, à nous per-suader que leurs idées sont les meilleures ?

LA THÉORIE DU DISCOURS

« D’abord, il est important de faire la distinction entre la personne qui parle (ethos), la personne qui écoute (pathos) et ce qui est dit (logos) », souligne Alexandre Motulsky-Falardeau, spécialiste de la rhé-torique et fondateur de l’École de rhéto-rique.

Ainsi, quand un orateur (rhéteur) pré-pare son discours, il doit connaître le caractère (ou l’état d'esprit) de celui qui écoutera afin de mieux le persuader « Si je suis triste, je ne rendrai pas le même jugement sur ce qui est dit, que si je suis heureux », exemplifie Alexandre Mo-tulsky-Falardeau « un médecin n’aura pas [non plus] le même impact qu’un avocat dans le contexte d’un discours juridique », continue-t-il. Enfin, le choix des mots et des arguments est fondamental, indépen-damment de celui qui l'exprime ou de celui qui l'entend. « Mais, selon qui les dit et qui les écoute, ils auront un impact persuasif différent », ajoute le spécialiste.

Selon Hugo Séguin, conseiller principal à Copticom, Stratégies et relations publi- ques, le meilleur discours est celui qui n’en a pas l’apparence. « Ça ne doit pas être le papier qui parle, mais la per-sonne », explique le professionnel. M. Sé-guin est d’avis que la sincérité est la clé. « Le pire orateur aura plus de succès si son discours est empreint de sincérité, sur-

tout en politique », avance-t-il. Il souligne également l’importance de connaître le contexte dans lequel il sera livré. « L’ora-teur sera-t-il à la tribune d’un dîner protocolaire ou monté sur une caisse de lait au milieu d’une foule ? », illustre M. Séguin. Pour choisir le ton qu’il don-nera à un discours qu’il écrit, il raconte qu’il prend la place de l’orateur et qu’il s’imagine dans les lieux où l’action se déroulera.

LE DISCOURS SPONTANÉ

Guylaine Martel, sociolinguiste et pro-fesseure au Département d’information et de communication de l’Université Laval, souligne d’entrée de jeu l’impor-tance de la nouvelle donne qu’est, pour l’orateur politique, le discours spontané. « Les politiciens ne font plus seulement des discours officiels, ils vont dans des talk-shows, ils ont de plus en plus d’occa-sions de faire du discours oral spontané », lance-t-elle.

Or, selon la profes-seure, ce sont deux mondes. « Un po-liticien peut être bon pour faire des discours officiels, mais, comme disait Jacques Parizeau, quand il [le politi-cien] arrive à Tout

le monde en parle, il a de grosses chances de "s’autopeluredebananiser", parce que ça ne demande pas du tout la même compétence à communiquer », explique Mme Martel. Pour elle, les contextes so-cial, historique et politique déterminent les conditions d’une bonne performance de communication. « Avant, le discours

politique se restreignait à l’identité pro-fessionnelle des politiciens, mais, au-jourd’hui, c’est aussi lié à leur identité personnelle », ajoute-t-elle.

Selon Mme Martel, on assiste à une dé-mocratisation de tous les discours parce que le citoyen prend sa place dans l’espace public et exige un lien unique avec son représentant. « Ça explique le fait qu’à des émissions comme Tout le monde en parle, je veux voir le politicien vivre, je veux savoir s’il connaît le prix d’une pinte de lait […] et je veux avoir, moi aussi, la chance de l’écouter, sans avoir à me taper le discours du Trône », lance-t-elle.

Ainsi, le bon orateur politique d’au-jourd’hui est celui qui est habile dans les différentes situations de communication, puisqu’il n’est plus seulement écouté par l’initié, mais aussi par le grand public qui, lui, est particulièrement sensible à l’identité personnelle. Elle mentionne les cas de Jean Charest et de Régis Labeaume comme des exemples de réussite sur ce plan.

LE MYSTÈRE DE LA PERSUASION

Malgré toutes les connaissances et les théories concernant le discours et son ora-teur, il est fascinant de constater qu’une dimension fondamentale de l’équation demeure inconnue : le mécanisme de la persuasion. « Un changement s’opère quand une personne est persuadée de quelque chose. On en saisit certains as-pects, mais l’essentiel du phénomène de-meure encore un grand mystère », conclut Alexandre Motulsky-Falardeau.

THOMAS DUCHAINE

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« Avant, le discours politique se restreignait à l’identité professionnelle des poli-ticiens, mais, aujourd’hui, c’est aussi lié à leur identité personnelle » ~ Guylaine Martel

Une campagne électorale est un véritable marathon pour les candidats qui prennent la parole plusieurs fois par jour. Ici, Philippe Couillard entouré de trois de ses candidats lors d'une annonce de nature économique à Bécancour au 14e jour de la campagne en vue des élections du 7 avril.

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« Je balance mon fantôme de mots morts à la barrière de la langue » écrit Claude Blanc, alias Sabadel. Ces mots côtoient des dessins troublants, un homme est assis dans une chaise roulante, la cervelle fendue, les lèvres parfois fermées par un verrou ou du sparadrap. Dans son livre « Une plume à mon cerveau », Sabadel raconte cette affliction à travers ses dessins accompagnés de courtes phrases.

Sabadel a 38 ans, en 1977, quand il est frappé par un AVC qui le laissera hémi-plégique (invalide) et aphasique. Terme de racine grec, aphasie signifie « sans parole ». Ancien caricaturiste de presse, Sabadel perd du même coup l’usage de sa main droite, sa main de dessinateur. Il se trouve alors piégé dans le silence, privé en grande partie de sa faculté à communi-quer avec les autres que ce soit par l’écrit ou par la parole. En revanche sa capacité réflexive et sa compréhension demeurent intactes.

Ceux qu’on qualifie d’aphasiques sont donc les patients ayant perdu une par-tie de leur aptitude à communiquer. Ce trouble n’est pas acquis, souligne le doc-teur Joël Macoir, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, les personnes dites aphasiques étaient auparavant parfaitement capables de s’exprimer et de comprendre les autres. Cette perte peut survenir par différents biais, des lésions provoquées par un arrêt cardio-vasculaire (AVC) ou un trauma-tisme crânien aux démences neurodégé-nératives comme la maladie d’Alzheimer.

La réalité de l’aphasie est complexe et peut prendre des formes multiples, si bien que la typo-logie mise en place suffit rarement à cerner dans toute sa complexité l’aphasie d’un patient. Il existe toutefois de grandes familles qui s’organisent en fonction des facultés de communication affectées. Certaines formes de ce trouble affectent la capacité du patient à produire un langage, comme dans le cas de Sabadel. « On peut avoir une grande difficulté de production et une compréhension très bien préservée », explique Joël Macoir. L’affliction la plus fréquente dans ce type d’aphasie est l’anomie, c’est à dire la dif-ficulté à trouver les mots en mémoire, précise le chercheur.

D’autres formes affectent davantage la compréhension du patient. Celui-ci éprouve alors des difficultés à com-prendre ce qu’on lui dit ou ce qu’il tente de lire. Si cette catégorie d’aphasie est

difficile à supporter pour les proches, les patients affectés, ne comprenant pas pleinement ce qu’il leur arrive, ont ten-dance à être moins frustrés que ceux chez qui la production est affectée : « Plus on va avoir des patients affectés au niveau de leurs capacités de production plus la frus-tration va être grande, plus la compré-hension va être affectée moins la frustra-tion va être grande », résume Joël Macoir. Les aphasies dites « globales » concernent quant à elle les patients qui présentent à la fois des difficultés de production et de compréhension.

C’est le dessin qui a permis à Sabadel de reconquérir une partie de sa faculté expressive. Son orthophoniste, Philippe Van Eeckhout, et son équipe médicale ont décidé, après son accident, de l’en-courager à tenter de s’exprimer par ce biais. Le caricaturiste a dû apprendre à utiliser sa main gauche pour retrouver son ancien talent. Dans la préface du livre Une plume à mon cerveau, Yves Samson, Chef de service des urgences cérébro- vasculaires de l’hôpital de la Pitié-Sal-pêtrière écrit à propos de Sabadel : « Il a retrouvé la clef par le chemin détourné du dessin, peut-être parce que son métier

de caricaturiste avait favorisé d’étranges i n t e r c o n n e x i o n s entre certains ré-seaux du dessin et du langage ». À tra-vers ses dessins et sa

collaboration à plusieurs livres portant sur l’aphasie, Sabadel a légué au monde scientifique une meilleure compréhen-sion de ce qu’est l’aphasie et de ce que peut traverser un patient affecté par ce trouble.

Lorsqu’un AVC ou un traumatisme crâ-nien cause une aphasie, le patient passe pendant les premières semaines par une phase appelée « récupération sponta-née » durant laquelle un processus de réorganisation est entamé par le cerveau. Passés 3 mois, cette phase s’achève et la récupération des facultés se fait beau-coup plus lente. « On a montré dans les études qu’on fait ici que 3 ans, 4 ans, 5 ans après, les patients sont encore capables

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ÉTRANGERS D’ORIGINE, QUÉBÉCOIS DE CŒUR

APHASIE : LE DESSIN AU SECOURS DES MOTS

d’apprendre. Le cerveau contrairement à ce qu’on croyait avant, est relativement malléable », nuance le Dr Macoir. La réé-ducation et la réadaptation sont de longs processus qui ne s’achèvent jamais vrai-ment. « C’est rare qu’on arrive à une récu-pération complète », ajoute le chercheur. Mais les nouvelles technologies ont ame-né de grands progrès en la matière. Les tablettes électroniques permettent aux patients d’effectuer des exercices depuis leur domicile, l’interface intuitive de ces outils les rendant facile à utiliser y com-pris par des personnes relativement âgées, explique Joël Macoir, enthousiaste.

ARTHUR DARRASSE

Couverture de Une plume à mon cerveau paru en 2008 aux éditions Fabert

« Le cerveau, contrairement à ce que l’on croyait avant, est relativement malléable » ~ Joël Macoir

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08 AVRIL 2014

La parole est leur outil, les ondes, leur mode de transmission. Ils pratiquent le même métier, mais n'en ont pas la même perception. Rencontre avec trois animateurs issus de trois différents types de radio : Michel Bonaparte, Catherine Lachaussée et Marto Napoli.

LE SUMMUM DU COMMUNAUTAIRE

Depuis 27 ans maintenant que Michel Bonaparte partage ses fins d'après-midi dominicale avec les auditeurs de Topique du Capricorne sur les ondes de CKRL 89,1 FM. Sa passion des ondes remonte à bien plus loin encore.

En effet, Michel Bo-naparte se souvient encore du petit stu-dio radio qu’il s’était aménagé sous l’esca-lier alors qu’il avait seulement 16 ans. Son désir de devenir animateur, dit-il, lui vient d'un homme de lettres qui ani-mait une émission littéraire dans son pays d’origine, Haïti. C'est là-bas, dans une station privée, que M. Bonaparte fera ses premières expériences radiophoniques. Il y fait tourner divers artistes francophones du Québec, notamment Ginette Reno.

À ce moment, il ne se doutait pas quelques années après son arrivée au Québec, en 1970, il amorcerait une longue « car-rière » bénévole à CKRL, la plus ancienne radio communautaire d'expression fran-cophone.

De la radio, Michel Bonaparte dit : « Il faut avoir du respect pour ceux à qui

on s’adresse, mais aussi du respect pour soi. C’est pour ça qu’il y a des formes de radio qui ne m’intéressent pas, c’est-à-dire celles qui suscitent la controverse et non le débat ». Ce respect, il le reçoit aussi de ses auditeurs qui lui transmettent beaucoup d’amour. « On ne fait pas de

la radio pour être aimé, mais quand on est aimé, on se sent encore plus autorisé à faire de la radio », conclut-il.

SUR LES ONDES PUBLIQUES

Souhaitant devenir professeure, Cathe-rine Lachaussée était étudiante en litté-rature lorsqu’elle a goûté à la radio pour une première fois. Son parcours l’a toute-fois amenée à être d'abord chroniqueuse culturelle à la télévision.

C’est la radio cependant qui la passionne réellement parce qu’elle peut y animer quotidiennement une émission d’affaires publiques de trois heures, ce qui n'est pas possible à la télévision. « La radio donne énormément de souplesse, t’as la possi-bilité d’approfondir des sujets, ce qui est plus rare à la télévision ».

L’attention du public n’est pas captée de la même manière, explique-t-elle. « À la

télévision, c’est prouvé que ce que tu dis est parasité par le visuel, le téléspectateur est plus distrait, alors il est plus difficile d’avoir un contenu complexe ». C’est donc son côté pédagogue qui est com-blé lorsqu’elle anime Radio-Canada, cet après-midi.

La société publique demande de plus en plus à ces animateurs de personnaliser leur émission. Toutefois, il ne faut pas que cela oriente l'information, précise Mme Lachaussée. « On ne veut pas rentrer un message dans la tête des gens, ça n’em-pêche pas que les gens vont comprendre qui on est à travers la façon dont on mène nos entrevues, mais il faut s’effacer der-rière le contenu pour laisser l’auditeur saisir la matière avec le moins de parasites possible ».

Cette personnalisation permet à Cathe-rine Lachaussée de rester naturelle der-Pt

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« On ne fait pas de la radio pour être aimé, mais quand on est aimé, on se sent encore plus autorisé à faire de la radio » ~ Michel Bonaparte

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MÉTIER DE LA PAROLEANIMATEURS DE RADIO

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« La radio donne énormé-ment de souplesse... » ~ Catherine Lachaussée

« Il faut se dire la vérité, c’est un peu de l’humour douteux que j’utilise » ~ Marto Napoli

rière le micro, ce qui est, selon elle, l'élé-ment primordial qui fait d'elle une bonne communicatrice aujourd'hui.

RADIO PRIVÉE : LIBERTÉ

Inspiré par sa mère, elle-même anima-trice de radio en ré-gion, Marto Napoli commence sa carrière à Rivière-du-Loup alors qu’il a seulement 15 ans. Puis, pendant ses études en Art et technologie des médias au Cégep de Jonquière, il anime la nuit à NRJ Chicou-timi. En 1999, il découvre l’existence de CHOI Radio X à Québec et n’a, dès lors, que cette station dans sa mire.

Jeff Fillion décide de lui donner une chance en l'intégrant à son équipe et Napoli restera dans le giron de radio X jusqu’en 2011. Maintenant animateur à Radiopirate et à NRJ, il fait tout à sa manière et surtout, il ne doute pas du contenu qu'il crée. « Il faut se dire la vé-rité, c’est un peu de l’humour douteux que j’utilise. Je connais bien cet humour et ceux qui m’écoutent depuis quinze ans, je sais que c’est ce qu’ils recherchent ».

En arrivant à NRJ, il a toutefois su s'ajus-ter et adapter son contenu au grand public. Outre Jeff Fillion, Martin Dallaire

est l'une de ses références. « C’est lui qui a amené le langage de la rue, parce qu’avant lui tout le monde parlait très bien, pro-

nonçait très bien, il ne fallait pas dé-plaire en parlant le langage normal ».

Ce « trop bon fran-çais » était un blo-

cage pour Marto. Il a donc décidé de parler à la radio comme il parle à un ami. « C’est peut-être ça qui m’a rendu amical et sympathique ».

Au-delà de ce langage simple, il admet que son côté rassembleur, surprenant, imprévisible et créatif et, surtout, le fait qu'il reste « un gars du peuple qui parle de choses qui peuvent arriver à n’importe qui » sont les qualités qu'apprécient ses milliers d’admirateurs.

Parce qu'on lui a déjà fait remarquer qu’il était à son meilleur quand il animait sur une scène, il a voulu transposer la même

énergie à la radio. Dans son studio, il bouge beaucoup et il est très dynamique. C’est aussi pour cette raison qu’il aime tra-vailler avec sa propre équipe en studio.

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10 AVRIL 2014

Les humains disposent d’une capacité étonnante qui, parmi les êtres vivants, leur est exclusive: la parole. Un chevreuil peut montrer la bonne route à ses semblables, un épagneul peut démontrer de l’affection à son maître, mais seul un être humain peut, par la parole, communiquer des réalités sans même se déplacer. Et les communiquer à travers la distance et les siècles grâce à la parole quand elle est transposée en écriture.

LE SILENCE EST D’OR

Le langage, dit-on, est le propre de l'homme. Certains scienti-fiques estiment même que c’est le langage qui nous permet de penser. Pour chacun, le langage (ce qui est commun à tous) s’exprime dans une parole (la manière personnelle d’utiliser le langage).

La parole intérieure permet de raisonner, c’est-à-dire d’organi-ser en une pensée cohérente la macédoine de nos sensations et de nos souvenirs. Victor de l'Aveyron, un enfant sauvage de 10 ans découvert en France n’a pas été en mesure de développer une intelligence humaine, parce qu’il n’a jamais pu, par la socia-lisation, acquérir le langage.

On ne dispose pas toujours des mots pour dire ce que l’on veut dire parce que l’on manque souvent de vocabulaire ou surtout parce que notre pensée n’est pas encore suffisamment structurée car « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire nous parviennent aisément ».

Il existe toutefois des réalités qui s’expriment difficilement par la parole : la passion amoureuse, par exemple ou la haine viscérale, au même titre que les objets qui se décrivent plus facilement par un dessin (une photo, un plan) que par des paroles.

Par ailleurs, il existe des choses qui, de par leur nature même, ne se disent pas ou qu’il vaut mieux ne pas dire : un secret, une parole blessante, un potin. C’est alors que l’on peut évoquer le proverbe : « … le silence est d’or ».

PARLER POUR NE RIEN DIRE

Il arrive également que l’on parle pour ne rien dire. On connaît maints personnages politiques qui jacassent devant un micro ou une camera tout en ne disant pas grand chose. Ou en disant les choses de telle manière que personne ne s’entend sur ce qu’ils ont affirmé.

C’est le cas également des papotages mondains où les interlocu-teurs échangent sur des lieux communs sur le temps qu’il fera, sur la dernière catastrophe ou sur le prix du poulet au super-marché.

Il existe également des paroles « inutiles » mais qui jouent quand même un rôle social ; ces paroles sont qualifiées de « pha-

tiques » par les spécialistes de la linguistique, c’est-à-dire qu’elles établissent une communication… sans que s’échange véritable-ment de l’information.

Ainsi, quand vous croisez votre voisin et qu'il vous salue d’un : « Bonjour. Comment allez-vous ? », il ne veut surtout pas que vous lui expliquiez comment vous allez ou que vous lui parliez de vos problèmes. Il s’attend à ce que vous répondiez : « Bonjour, je vais bien. Vous-même ? » tout en continuant votre chemin du même pas.

On admettra que ce sont là des façons de parler pour ne rien dire.

PARLER POUR NE PAS TUER

« Avant de parler, il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche » dit un adage. Et c’est vrai. La prudence est une vertu. Une fois la réflexion faite, il faut cependant parfois agir. Oui, mais comment ? On peut en l'occurrence choisir la parole qui, de toute évidence, se veut une arme redoutable.

La parole permet en effet de dévoiler sa pensée, d’exprimer ses peurs, d’expliciter ses positions. Et de prêter l’oreille aux posi-tions d’un interlocuteur qui lui-même fait appel à la parole pour faire valoir son point de vue. On sait le rôle qu’a pu jouer le dialogue chez les couples qui durent ; dialoguer, c'est prendre la parole à tour de rôle, garder le silence au moment oppor-tun et faire preuve d'écoute lorsque l'autre personne tente de s'exprimer.

On a par ailleurs pu suivre dans les médias les comportements désastreux de personnes, d’hommes souvent, qui se murent dans le silence et finissent par poser des gestes fatals.

Quand il s’agit de l’objet d’un litige entre deux personnes, ou même deux pays, la seule façon d’éviter la guerre demeure la négociation. La parole ou le canon : « Je vous répondrai par la bouche de mes canons » n’est pas un comportement dont on peut vanter les mérites.

La parole agit comme un genre d’antidote contre la violence. Le philosophe Éric Weil écrivait : « L'homme accepte le dialogue parce que la seule autre issue est la violence : quand on n’est pas du même avis, il faut se mettre d’accord ou se battre jusqu’à ce que l’une des thèses disparaisse avec celui qui l’a défendue ». Triste fin.

La parole peut donc jouer, selon le cas, deux rôles contradic-toires : celui de glaive ou celui de bouclier. Chacun peut choisir son arme.

CLAUDE COSSETTE, PUBLICITAIRE & PROFESSEUR

Le FlyéCLAUDE COSSETTE

« VOUS AVEZ LA PAROLE… »

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Résidents des quartiers Saint-Roch, Saint-Jean-Baptiste, Li-moilou et Saint-Sauveur: lorsque vous cueillerez dans votre boîte aux lettres l'un des 15 000 exem-plaires du mensuel Droit de parole, portez-y une attention particulière; vous tenez entre vos mains le plus vieux jour-nal de l'Association des mé-dias écrits communautaires du Québec !

Septembre 1974. À la une du tout pre-mier exemplaire de Droit de parole, un collage de photographies et de titres découpés dénonce des expropriations et un coût de la vie exorbitant pour les classes les plus pauvres du quartier Saint-Roch. Mars 2014. Le journal se penche sur la densification urbaine et la proximi-té des services dans Saint-Sauveur. Même si les procédés de mise en page ont chan-gé au cours des 40 dernières années, les enjeux urbains, eux, se succèdent. « On doit souvent se battre pour garder nos ac-quis et conserver le résidentiel au centre-ville », soutient Marc Boutin, qui prête sa plume à Droit de parole depuis 38 ans, ce qui en fait l'un des plus anciens collabo-rateurs avec son ami Gilles Simard. Et s'il y a un principe qui demeure inflexible au sein du journal, c'est sa volonté de dé-fendre les droits des citadins en utilisant l'écriture comme une arme d'informa-tion massive. « L'in-formation pertinente ne circule pas au-tant qu'on pense », constate Marc Boutin.

Dès les premières minutes de l'entre-tien, le journaliste-écrivain aborde l'ave-nir du Centre Durocher et s'indigne du fait qu'aucun grand journal n'accorde plus d'importance à cet enjeu majeur de la Basse-Ville. « On essaie d'être pré-sent dans l'actualité qui n'a pas sa place dans les autres journaux », affirme-t-il. Selon lui, le maire de Québec Régis-Labeaume possède déjà tous les ou-tils nécessaires pour faire passer ses messages et ses idées. Sa mission, c'est plutôt donner la parole à ceux qui ne dis-posent d’aucune tribune. On s'aperçoit vite que le militantisme est profondé-

ment ancré dans l’ADN de Marc Boutin, géographe urbain de profession. Vêtu d'un manteau en tweed et de lunettes rondes qui lui confèrent un petit air espiègle, il n’a pas peur qu’on le qualifie de rêveur.

D’INFORMÉS À INFORMATEURS

La naissance de Droit de parole résulte jus-tement d’une insatisfaction à bénéficier d’une information complète. À l'époque,

les membres du Comité citoyen de Saint-Roch, Aire 10, estiment que Le Soleil ne couvre pas correctement leurs luttes citoyennes et dé-cident donc de fonder leur propre journal. Après 15

années sous l'égide d’Aire 10, Droit de parole s'affranchit pour devenir un or-ganisme indépendant. D'ailleurs, tout au long de son histoire, le journal a dû réaffirmer son indépendance envers tout parti politique.

Alors que la plupart des médias tradi-tionnels décrient l’existence du ‘’ jour-nalisme citoyen ’’, Marc Boutin croit que le vrai journalisme est celui qui prend position, qui confronte le pouvoir en place, qui cherche la vérité et qui sert les intérêts du peuple. Quant à lui, l'ob-jectivité en journalisme est une notion loufoque, impossible, et c’est pourquoi il assume clairement la prise de position de Droit de parole.

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Si on dit que le journalisme est le chien de garde de la démocratie, Droit de parole est certainement un Rottweiler. « Notre devise c’est : On n’est pas là pour se faire aimer », rigole Marc Boutin. Aux dires de ce dernier, Droit de parole évoque 40 ans de débats, mais surtout 40 ans de plaisir. « Les débats n'affectent pas les amitiés en général », assure-t-il. Et le mensuel, mal-gré le peu de moyens dont il dispose - les journalistes ne touchent pas de salaire - continuera de montrer les dents devant l'injustice sociale.

MARIE-MICHÈLE GENEST

« Notre devise c’est : On n’est pas là pour se faire aimer » ~ Marc Boutin

PORTE-VOIX DE LA JUSTICE SOCIALE DEPUIS 40 ANS

DROIT DE PAROLE

Marc Boutin, l'un des piliers de Droit de Parole

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12 AVRIL 2014

UN GRAND ESPACE, DES MOTS POUR LE DIRE

« Les mots sont importants. On va commencer notre conversation comme ça. » Voilà les premières pa-roles prononcées par Serge Bouchard lors de l’évènement Tenir salon produit par Rhizome et présenté au Cercle dans le quartier Saint-Roch le 4 février dernier. Jean Désy et Marie-Andrée Gill, écrivains et poètes, étaient également présents pour s’entretenir avec lui de la nordicité, le thème de la soirée. Discussions, humour et poésie ont ravi la centaine de personnes venues s’inspirer de l’anthropologue chéri du Québec et de ses invités.

Les mots sont importants. Alors, d’entrée de jeu, Bouchard commente le nom de l’événement. L’expression « tenir salon » est un terme français européen du XVIIIe

siècle. À cette époque, les Canadiens et les Indiens n’allaient pas au salon. « On a une culture sans salon… sauf funéraire ! », lance-t-il, pince sans rire.

DEVOIR DE POÉSIE ET MÉTISSERIE

Au cours de la soirée, le trio d’artistes et d’intellectuels a surtout exposé le devoir de poésie des Québécois envers le vaste territoire nordique. Randonnées en ski-doo jusqu’à la baie d’Ungava, ou en ski de fond de l’autre côté de la colline, ces esca-pades permettent l’ouverture à la beauté et à la poésie du Nord, de la neige et de l’épinette noire, l’arbre sacré du Québec.

« Un grand espace, des mots pour le dire… Ça prend un regard poétique, ce n’est pas juste du marketing, ce n’est pas juste un Plan Nord ! », souligne Serge Bouchard en se rappelant l’ouverture de la route au nord de Matagami. Le charme lyrique pouvait sembler absent à quiconque re-gardait les camions s’arrêter devant les ours noirs et les caribous qui traversaient pour la première fois cette étrange surface bitumée. La poésie était nécessaire pour témoigner, pour souligner cette beauté singulière « parce qu’il n’y a rien de plus plate qu’un camion dans le Nord si tu n’en parles pas », selon l’anthropologue.

Jean Désy, quant à lui, ne trouve pas le charme du Nord dans les moyens de transport, mais les utilise pour assouvir sa quête romantique. « Le Nord, pour moi, c’est de la poésie mais, sans la motoneige, je n’aurais pas pu parcourir le territoire. C’est un moyen d’habiter un espace que j’aime », explique-t-il.

« Aujourd’hui, les jeunes ont l’espoir de s’approprier le Nord, ce n’était pas le cas il y a 25 ans », poursuit-il. Une métisserie linguistique et culturelle s’opère dans

la société, notamment perceptible dans l'accueil favorable que réservent les lec-teurs aux 150 livres innus écrits en fran-çais et publiés ces dernières années.

Marie-Andrée Gill est l’une de ces jeunes auteurs innus. Comme Désy et Bouchard réunissent nature et technologie à des fins poétiques, Gill réunit le français et l’innu dans ses écrits. Parler sa langue, apprendre cet imaginaire amérindien, c’est important pour elle depuis long-

temps. Toutefois, elle souligne les enrichisse-ments linguistiques que les langues peuvent s’appor-ter. « J’ai appris à accepter le métissage »,. La poète

utilise les mots ski-doo et chainsaw, à tra-vers une poésie amoureuse et à travers la nature. « Joindre des mots sémanti-quement différents crée des métaphores fortes », admet-elle.

ENTRE STORYTELLER ET ÉCRIVAIN

Serge Bouchard n’a su dire s’il se consi-dère davantage raconteur qu’écrivain lorsque La Quête l’a interviewé entre deux conversations de salon. Il admet

avoir un amour incommensurable pour la phrase et le mot, et accorder beaucoup d’importance à la qualité de son écriture. Sa mère était une femme de lettres. Il a été élevé dans les livres. « Je suis tombé dans la marmite quand j’étais jeune. » Petit, il reliait lui-même des livres. « Je faisais des petites historiettes de rien » raconte-t-il.

Cela dit, Bouchard ne peut nier que son père, « un Canadien français qui n’a pas été à l’école », savait s’exprimer avec élo-quence et « était un menteur invétéré ». Ayant hérité de cette verve — la popu-larité de ses émissions radiophoniques et de ses conférences en est la preuve irréfutable — il se sait bon conteur et s’en amuse. « Ma jeune fille, qui a treize ans, me dit : “ Papa, on ne sait jamais quand tu dis vrai ou quand tu dis faux. ” Faut faire attention parce que, des fois, je dis vrai… » plaisante-t-il.

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« On a une culture sans salon… sauf funéraire ! » ~ Serge Bouchard

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Michel Brûlé parle français, anglais, espagnol, allemand, bulgare, russe. Un petit peu roumain et italien aussi. Il fait partie des hyperpolyglottes, ceux qui peuvent se targuer de s’exprimer couramment dans au moins six langues. La Quête a rencontré cet ex-aspirant à la mairie de Montréal, indépendantiste et surtout éditeur.

Québécois, il parle français. Il a reçu un enseignement primaire bilingue, y a appris des notions d’anglais. Sa mère a un nom de famille allemand, ce qui l’a amené à s’intéresser à cette langue ger-manique. Il l’a apprise au cégep, en plus de l’espagnol.

Mais il l’admet : « C’est à force d’im-mersion qu’on apprend. Après deux ans d’études allemandes, je parlais très peu allemand. »

C’est ainsi qu’il part voir le vieux conti-nent. En Allemagne, on lui parle la langue nationale :

— Tu comprends ?

— Oui, oui ! répond-il alors.

« Je ne comprenais rien! Juste assez pour suivre. Le truc, c’est de ne jamais parler une autre langue que celle qu’on veut apprendre. »

Ensuite, les nouvelles langues s’en-chaînent. Sachant que la Bulgarie fait partie de la francopho-nie, il s’y dirige preste-ment. Les gens de là-bas ne parlent en fait que peu français, mais à force de dictionnaires, de guides de conversa-tion et de quatre mois de séjour, il finit par pouvoir parler la langue du pays. Même si au dé-but, « pour demander à manger, [il a] dû faire le bruit du porc ! »

Puis, il s'initie au russe un peu de la même façon. Tout comme le bulgare, il s’agit d’une langue slave donc la transi-tion est plus facile. L’apprendre reste un « défi » par rapport à apprendre l’italien, qui a essentiellement les mêmes racines que le français.

Et on pense dans quelle langue, dans tout ça ? « Pour citer Max Bürki, “ pour chaque langue parlée, c’est comme si on est une autre personne. ” Moi, quand je parle allemand ou bien russe, je suis un autre Michel Brûlé. »

PORTE OUVERTE SUR LE MONDE

Pour ceux qui parlent plusieurs langues, c’est autant de cultures qui s’offrent à eux.

Comme éditeur, Michel Brûlé a publié le livre Le Petit Prince retrouvé de Jean-Pierre Davidts. Il a voulu le publier en Europe et a donc contacté un éditeur allemand. Évidemment, M. Brûlé a parlé dans la langue de son interlocuteur. Le lendemain de la conversation, le livre a été accepté en édition et se sera ven-du à 500 000 exemplaires en Allemagne seulement.

Et puis ce n’est pas seulement à l’occa-sion qu’un polyglotte utilise ses langues. « Dans une foire du livre de Bologne, j’en viens à parler de cinq à six langues conti-nuellement dans la journée », relate-t-il.

Il explique : « Les gens sont plus récep-tifs. Le problème si tu parles en anglais, c’est qu’avec l’accent québécois, les gens te regardent avec un certain mépris. Si tu parles, [par exemple], allemand avec des Allemands, ils vont être fiers de ça, te féli-

citer, ils vont prendre ça comme une marque de respect. Ça change com-plètement le rapport. »

Après avoir voyagé comme il l’a fait, il re-connaît les nationalités des gens à leur visage. Ainsi, il les aborde sou-vent dans leur langue natale. La sympathie réciproque est garantie.

UNE PLANÈTE PAS JUSTE EN ANGLAIS

En raison de la mondialisation, plusieurs langues perdent en importance alors que la lingua franca semble être devenue l’anglais, surtout en affaires. Pourtant, Michel Brûlé n’est pas d’accord : « Si on regarde en Chine, c’est sûr que tu vas y faire des affaires en anglais, mais il va y avoir un interprète anglais. On peut aussi bien avoir un interprète français. L’argent ne parle plus qu’anglais, il parle russe, chinois, arabe. »

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S’OUVRIR AU MONDE

Il continue : « Je fais l’éloge de la diversi-té, mais le problème c’est que les Anglais, ils voient les autres langues comme une nuisance. »

Selon ses dires, même dans le bastion anglophone des États-Unis, on parle sou-vent espagnol et pleins d’autres idiomes. « Quand je suis allé à New York, j’y ai par-lé plus espagnol qu’anglais, et russe tous les jours. Tous les serveurs pouvaient par-ler russe. »

« Je trouve ça triste au Québec, avec Radio X, Stéphane Gendron et compa-gnie qui disent que si tu ne parles pas anglais, eh bien t’es un handicapé. C’est pas vrai ! D’ici deux ou trois ans, le seul pays [anglophone] au top dix des écono-mies, ce sera les États-Unis. Les Anglais du Royaume-Uni sont bien beaux en chemises blanches et en cravates, mais sans importation, ils n’ont rien. Il faut s’ouvrir à tout le monde. Surtout dans un petit pays comme le Québec. »

JEAN LOUIS BORDELEAU

« Si tu parles, [par exemple], allemand avec des Allemands (...) ils vont prendre ça comme une marque de respect. Ça change complète-ment le rapport ». ~ Michel Brûlé

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14 AVRIL 2014

La famille de Li est venue de Chine pour vivre au Québec à la fin des années 1980. Papa, maman, grande sœur et grands-parents. À l'école primaire, l'institutrice qui a reçu Li s'en souvient en-core : la petite ne parlait pas. Plus grave, elle ne parlait plus. Les différents mots appris pour désigner les choses s'emmêlaient et, au lieu de se tromper, Li préférait se taire.

Elle venait pourtant d'une famille normale, malgré un par-cours plus compliqué que celui de la majorité des Québécois. Ici, Son papa possédait un restaurant qu'il exploitait avec sa fa-mille. Comme cela arrive parfois chez nous aussi, grand-maman veillait sur la maison et les filles.

L'aïeule s'occupait donc de la petite Li, et du quotidien, pen-dant que l'aînée s'initiait, à l'école secondaire, aux subtilités des adolescentes d'Amérique. Grand-mère ne parlait qu'en chinois; papa utilisait l'anglais et maman glissait des mots français dans ses phrases pour habituer la petite à entendre les sonorités de cette langue nouvelle.

Désireux de réussir leur intégration dans leur nouveau milieu, les parents ont inscrit les deux filles au réseau scolaire franco-phone public. Dès son arrivée au secondaire, la grande sœur a obtenu des résultats impressionnants. À l'âge d'entrée en maternelle, Li, chassée des jupes rassurantes de grand-mère, s'est retrouvée parmi des enfants de son âge dont elle ne comprenait pas le langage. Elle a décidé de les suivre, mais sans jamais dire un mot.

Si elle décodait bien ce qu'on attendait d'elle, son silence inquié-tait son entourage; au moment d'entrer à l'école primaire, Li a été dirigée vers un groupe spécial formé pour les enfants en « difficulté d'adaptation ». Une petite classe avec une institutrice aimante qui essayait d'apprendre à chacun à lire, à écrire et à compter, mais aussi à jouer avec les amis, à partager, à échanger... Li allait peut-être finir par sortir de sa coquille.

Pour les apprentissages scolaires, tout allait assez bien mais, s'il fallait parler, elle baissait la tête et restait muette. Même pour demander à aller aux toilettes, elle se plantait, silencieuse, devant l'institutrice et la regardait intensément sans rien dire. Li ne voulait plus parler; même en chinois; même pour montrer aux amis comment on dit les mots bonjour, maman, madame, amie... Pendant deux saisons scolaires, Li est restée silencieuse.

Puis, elle a commencé à « échapper » un mot, puis deux... L'espoir est revenu autour d'elle.

J'ignore la suite de cette histoire, qui se passait au début des années 1990. L'institutrice qui me l'a racontée a quitté l'ensei-gnement, épuisée et découragée devant la multiplication des problèmes de la population enfantine, et l'absence de ressources suffisantes en milieu scolaire pour appliquer les solutions, aussi nécessaires que connues. C'est le destin des professeurs de s'atta-cher à leurs élèves à problèmes pour, à la fin de la session, essayer de les oublier.

Aujourd'hui, Li aurait 30 ans; devenue adulte, elle aide peut-être d'autres enfants en difficulté d'adaptation dans la société où elle a grandi. Tant de choses perturbent l'ordre habituel, à commencer par ces gadgets électroniques si utiles pour prendre la parole sans parler. Et ces priorités non prioritaires de ceux qui prétendent avoir à cœur le bien des enfants.

Mais rien n'empêche qu'un jour, de vieux souvenirs soient ré-veillés par un visage, un prénom. C'est arrivé l'autre dimanche chez nous. Mon amie l'institutrice, qui venait de me raconter l'histoire de Li, et moi, nous suivions distraitement La voix, à la télévision. Une candidate interprète d'origine haïtienne s'est présentée. Elle s'appelait Sabine et hurlait sa soif de vivre.

− J'ai eu une petite Sabine née en Haïti, dans ma classe... Une boule d'énergie, spontanée, hyperactive : elle parlait tout le temps, se mêlait de tout, voulait tout faire. La candidate désignée pour la médication magique qui calme les enfants trop vivants...

− …Ou les éteint, ai-je imprudemment commenté.

Comme si elle ne m'entendait pas, mon amie a continué : « Si différentes… mais Sabine et Li étaient dans la même classe. Avec une douzaine de petits garçons et de petites filles, nés au Québec ou ailleurs, en conflit avec la perception de ce que la société appelle « normalité » ou « conformité ». Imagine ce que ça doit être aujourd'hui... »

MARTINE CORRIVAULT

MARTINE CORRIVAULT

LA PETITE FILLE QUI NE PARLAIT PLUS...

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Du célèbre ‘ Run, Forrest, run ! ’, de Forrest Gump au classique de La Guerre des Tuques, ‘ La guerre, la guerre… c’est pas une raison pour se faire mal!’ , l’histoire du cinéma est remplie de ces phrases, qui marquent à ce point les esprits, qu’elles traversent les époques. Mais on oublie souvent qu’avant que ces paroles soient prononcées par la jolie Jenny, ses mots sont puisés de l’imagination du scénariste.

Avant d’être réalisé, un film est d’abord et avant tout un scénario sans lequel il est impossible de partir en quête du financement nécessaire à son déve-loppement. Au Québec, Téléfilm Ca-nada et la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) se basent entre autres sur la lecture du scénario pour octroyer des fonds. En écrivant une histoire qui deviendra potentiellement un film, le scénariste prend donc un risque car un grand nombre de projets ne verront pas le jour et, de ce fait, ne donneront lieu à aucun droit d’auteur.

Marc-André Cossette en sait quelque chose : depuis plusieurs années déjà, il tente de vivre de ce mé-tier qui le passionne. « C’est très difficile de percer dans ce métier. Il faut un ‘à-côté’, sinon ça se peut que tu manges de la misère », lance d’entrée de jeu le scénariste de 31 ans. Selon lui, un petit marché comme le Québec rend les choses encore plus difficiles, d’autant plus qu’il se spécialise dans l’horreur, un genre encore peu développé ici.

Dans les faits, sans être en crise, le ci-néma québécois s’est déjà mieux porté. Une étude de Statistique Québec réalisée en 2013 révélait qu’en 2012, année de la sortie d'Omertà et de Pee-Wee 3D, les films québécois ont réalisé seulement 5 % de toutes les recettes au guichet, écrasés par les productions hollywoodiennes.

Aussi, une étude menée par le Groupe de travail sur les enjeux du cinéma québécois lancée en 2013 recommande une amélio-ration globale des scénarios, un maillon

jugé faible au Québec. La solution ? « Oc-troyer davantage de ressources au déve-loppement des scénarios, notamment en permettant aux auteurs de bénéficier de l'appui d'autres professionnels », suggère le groupe, dont font partie des personnes des milieux cinématographique et télévi-suel, de la SODEC et du ministère de la Culture.

Dans les faits, un scénario évalué passe entre les mains de plusieurs personnes avant d’être éventuellement réalisé. Selon M. Cossette, l’écriture doit être la plus

claire et concise pos-sible, et surtout accro-cheuse. « Il faut qu’on puisse imaginer le film en lisant le scénario, et ce, en 10 pages maxi-mum ».

Une fois acceptés, l’histoire, les person-nages et les dialogues imaginés par le scénariste seront ensuite revus et modi-fiés par les producteurs, réalisateurs, ac-teurs et autres membres de l’équipe de tournage. Le plus souvent, cela permet d’améliorer le scénario original, précise Marc-André Cossette. « Certains arrêtent le métier par peur de voir leur histoire travestie. Mais il faut être capable d’ac-cepter la parole des gens, sinon tu restes chez vous et rien ne se fait ! »

Mais une fois le film tourné et présenté au public, le scénariste ne doit pas s’attendre à récolter les honneurs. Quand on a pour métier de mettre des mots dans la bouche des autres, il faut se préparer à travailler dans l’ombre. « Ce sont les acteurs, les

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LES MOTS DU CINÉMA

têtes d’affiche, pas les scénaristes. Pas de fleurs pour nous ». La meilleure qualité d’un scénariste, selon lui ? Être observa-teur. « On n’a pas le choix de s’effacer et d’observer les gens, sinon les dialogues et les personnages vont manquer de na-turel ».

Malgré les difficultés, M. Cossette n’échan- gerait pas de métier avec quiconque. Déjà, enfant, il écrit des histoires sur sa machine à écrire. Plus tard, il touche à la poésie, au théâtre et à la nouvelle avant de se fixer pour de bon sur la scénarisation. « Mes parents avaient de la difficulté avec mon choix de carrière au départ, c’était trop précaire. Pourtant, c’est mon père qui m’a transmis la passion de conteur », confie-t-il.

Ce qui le pousse à continuer? Raconter les histoires qui habitent son imagination… « Et chaque fois, mettre mes tripes sur le papier ».

ISABELLE NOËL

« Certains arrêtent le métier par peur de voir leur histoire travestie... » ~ Marc-André Cossette

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PAROLES ET PAROLES ET PAROLES...

« Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots... rien que des mots » chantait Dalida dans son célèbre titre Paroles, paroles, interprétant ainsi une amoureuse fatiguée de la va-cuité des mots prononcés par son beau parleur de prétendant. Car si les mots ne sont "que des mots", tous ne se valent pas. Surtout diront d'aucuns lorsqu'il s'agit des premiers.

À l'aube de la relation amoureuse, le caractère décisif (ou pas) des premiers mots échangés par les deux partenaires interroge. Pour les personnes sondées, nul doute: la qualité de la première conversation joue un rôle considérable. « J'ai rencontré mon chum actuel sur Tin-der (ndlr : une application de rencontres sur téléphones intelligents). C'est moi qui lui ai parlé en premier sur le chat en le félicitant d'aimer un groupe de mu-sique en particulier. Il m'a dit que cette approche-là avait été pas mal plus ori-ginale qu'avec les autres personnes avec qui il a échangé sur cette application et que ça avait bien cassé la glace ! », raconte Marie-Claude Savoie, étudiante à l'Uni-versité Laval.

Charline Pierre, elle aussi étudiante, partage ce constat. « Je pense que c'est ça dans la plupart des cas. Si jamais il y a un minimum d'attirance ou même s'il n'y en a pas, c'est souvent après une bonne conversation, puis un accord sur des idées qu'il se passe quelque chose. Tu te rends compte que l'autre a quelque chose à t'apprendre ou à discuter avec toi et c'est comme ça que l'intérêt naît. Et là on se rend compte qu'il y a peut-être une attirance ou peut-être une possibilité de plus », explique Mme Pierre.

LA CHIMIE D'ABORD, LES PAROLES ENSUITE

De leur côté, les spécialistes interrogés nuancent l'impact à donner aux pre-mières paroles échangées dans le succès ou non d'une relation amoureuse. C'est le cas de Céline Renaud, neurocoach d'affaires et de vie. « Ma croyance est bien au-delà des mots. Ça se passe dans l'énergie des corps. Il n'y a pas encore de paroles de prononcées, qu'il y a déjà un échange qui est fait au niveau des

deux personnes. Bien avant les mots, il y a déjà une décision qui est prise dans le cerveau de chacune des personnes » sou-ligne-t-elle, estimant à 20 % le poids des mots dans une situation de face-à-face, comparativement à l'ensemble des sens mobilisés.

Pour sa part, le psychologue et auteur Yvon Dallaire attribue également un rôle secondaire à la parole. « Dès qu'on voit une personne, on peut être attiré par cette personne-là, elle peut au contraire nous repousser ou nous laisser indifférent. Et ça c'est très biochimique parce que ça se passe au niveau de ce que l'on peut ap-peler les phéromones. [...] Une fois qu'il y a eu cette attirance-là et que les gens se sont regardés, qu'ils se sont souris même pour faciliter l'entrée en matière, ben c'est sûr que lorsqu'on arrive près de la personne, les premiers mots qu'on va dire, les paroles qu'on va utiliser, surtout le ton sur lequel on va le faire, c'est une espèce de deuxième signature. Notre corps ou notre odeur est une première signature qui attire ou qui repousse et ce qu'on va dire va attirer ou repousser ». Dans cette perspective, les premières paroles ne sont pas anodines. « Il y a effectivement une recherche qui a été faite, qui démontre qu'il y a certaines paroles, certaines en-trées en matières qui sont beaucoup plus efficaces que d'autres. La majorité de nos relations humaines ne durent pas plus de quatre minutes. Qu'est-ce qui va faire que ça va durer un peu plus longtemps ? C'est souvent à cause des paroles qu'on va utiliser », reconnaît M. Dallaire, citant une étude dirigée par Michael Cunningham,

psychologue et professeur en Communi-cation à l'Université de Louisville.

ÊTRE SOI-MÊME

Des paroles plus efficaces, qui doivent avant tout, néanmoins, être authentiques. « Les gens vont souvent chercher quelque chose qui va faire sensationnel, alors que les paroles de séduction les meilleures sont celles qui sont les plus vraies. Par exemple, " j'aimerais beaucoup faire votre connaissance ". [L'] étude a démontré que si vous utilisez cette formule-là, en disant même que, quand vous vous approchez d'une personne que vous ne connaissez pas, il suffit de dire : " je suis un petit peu mal à l'aise de vous aborder ainsi, mais j'aimerais beaucoup faire votre connais-sance ", on a évalué à 82 % la possibilité que la relation dépasse les 4 minutes. Un simple " Bonjour ! " va donner 50 % de probabilités [...] ça donnera pas forcé-ment un mariage en bout de ligne, mais vous allez passer pour plus agréable que si vous dites " Quel beau gilet vous avez ! " ou " J'aimerais ça me réveiller dans vos bras ". Les formules les plus simples sont les plus rentables », résume M. Dallaire.

RABÉA KABBAJ

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La parole de Dieu n’a jamais été aussi éloignée des préoccupa-tions des jeunes d’aujourd’hui, qui sont souvent associés à une génération athée, c’est-à-dire sans croyance religieuse à pro-prement parler. Pourtant, cer-tains jeunes ont choisi de croire.

« Moi, je ne vais que rarement à l’église », raconte Alexis, à peine âgé de 19 ans. Pourtant, cet étudiant en administra-tion à l’Université de Montréal se décrit comme un catholique. Lorsqu’il était tout jeune, ses parents l’ont fait baptiser, puis l’ont aidé à cheminer jusqu’au jour de sa première communion. « Après ça, ils m’ont laissé le choix du comment je vou-lais vivre ma foi », raconte-t-il.

« Mes parents n’y vont pas plus [à l’église], alors on vit nos croyances ensemble, en famille. » Le plus facile, « c’est que l’on partage les mêmes valeurs basées sur le respect des autres et l’amour de Dieu, ce qui rend les discussions plus fluides entre nous ». D’ailleurs, Alexis préfère garder ses croyances pour lui et vit sa religion dans le confort de son foyer, en priant dès qu’il en ressent le besoin.

Pour lui, le plus compliqué dans le fait d’être jeune et catholique, c’est de vivre avec le jugement des autres. « La plupart de mes amis ne croient même pas en quelque chose [de spirituel] », explique-t-il. « Les gens pensent que, puisque je crois en Dieu, je ne sors pas, je ne bois pas, alors que c’est tout le contraire, je crois juste en un être supérieur. »

Cette situation est également vécue par Matthew. Originaire du Nou-veau-Brunswick, Matthew a grandi en allant à l’église tous les dimanches avec ses parents. Aujourd’hui âgé de 28 ans, comme il est plus occupé et qu’il n’a plus l’occasion de les accompagner de façon hebdomadaire, il a choisi de vivre sa croyance en la parole de Dieu comme bon lui semble. « J’ai décidé de m’afficher comme catholique, parce que je n’ai pas honte d’exprimer ce en quoi je crois. »

Ce jeune adulte participe presque toutes les semaines à des séances de catéchisme dans le sous-sol de l’église de son quar-tier. « En allant à ces rencontres, je cô-toie d’autres jeunes de mon milieu, on échange, on partage et surtout on se fait des amis avec les mêmes valeurs que les

siennes. […] La plupart sont moins âgés que moi, alors ça me permet de les aider, c’est ça que je trouve gratifiant dans [la Parole de Dieu]. »

L’ÉGLISE OU LA SPIRITUALITÉ

Jean-Philippe Perreault, chargé d’ensei-gnement en sciences des religions à la Faculté de théologie et de sciences reli-gieuses de l'Université Laval, croit que la spiritualité des jeunes, comme celle des adultes, peut désor-mais se vivre sans fréquenter l’église. Le sociologue de la religion, spécialisé dans les questions concernant la jeunesse et ses croyances, ajoute que les parcours religieux ou spiri-tuels sont aujourd’hui très personnalisés et diversifiés. Ils sont beaucoup plus liés au cheminement personnel de l’individu et n’ont plus nécessairement de lien avec le fait d’assister à la messe dominicale.

En fait, avec la sécularisation de la socié-té, l’Église catholique n’est plus la seule à proposer des sens, explique le sociologue. « La société, la culture, la publicité nous bombardent de visions de ce qu’est une vie réussie. L’Église doit donc relever le défi de la pertinence de son “ message ” pour aujourd’hui. Elle ne peut plus compter sur une base communautaire fidèle. Elle doit s’offrir comme un espace de discernement. »

« Il n’y a pas de retour possible [vers l’Église catholique], ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas un renouveau, de nouvelles formes, une vivacité nouvelle

LA PAROLE DE DIEU : UNE VISION JEUNE

[dans la spiritualité]. [Toutefois], les changements culturels et sociaux ont été trop importants », selon lui, pour voir un retour massif des jeunes sur les bancs des églises québécoises ».

« Et puis, on pourrait se demander : au nom de quoi les jeunes devraient-ils “ revenir ” à l’église ? Pourquoi de-vraient-ils y être ? S’ils n’y sont pas, c’est qu’ils ne perçoivent pas que cette tra-

dition puisse leur permettre de mieux vivre », fait remar-quer M. Perreault.

« Dans l’histoire, si le christianisme s’est répandu, c’est que les premiers chrétiens se croyaient porteurs d’un message qui s’adressait à tous. Ce sont eux qui sont allés vers les autres… Donc la ques-tion pourrait être retournée : est-ce que l’Église va aller vers les jeunes ? », s’inter-roge le professeur.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE

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L’Église catholique n’est plus la seule à proposer des sens.

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Je ne suis pas du genre à m’éclater tant que ça durant les Jeux olympiques d’hiver mais je me suis forcée un peu à écouter ceux de Sotchi ainsi que les cérémonies de clôture. La culture russe est impressionnante. Elle impose le respect. Bien sûr, nos médailles d’or m’ont fait plaisir mais pendant la durée de ces jeux se déroulaient en parallèle de grands bouleversements en Ukraine qui m’intéressaient tout autant. Plusieurs ont raillé Vladimir Poutine lorsque la Russie a été éliminée en hockey masculin. Moi y compris ! En plaisantant, je disais que Poutine allait se défouler en Ukraine et c’est malheureusement ce qui s’est passé.

Depuis la mi-février, on entend beaucoup parler dans les médias de l’Ukraine, de la Crimée, du président russe Vladimir Pou-tine et de la réaction des Occidentaux à ses actions. La Crimée est un lieu stratégique pour la Russie et cette dernière ne veut pas en perdre l’accès dans le cas où l’Ukraine rallierait l’OTAN. La Crimée est une presqu’île située sur la Mer Noire. Elle per-met à la flotte russe un accès facile à la Méditerranée et à la Sy-rie. La Russie appuie le régime syrien de Bachar Al-Assad qui réprime atrocement la population civile, y compris des millions d’enfants, depuis les manifestations populaires de 2011 au grand dam des Occidentaux. La Russie exerce un droit de véto en dépit de toutes les condamnations du régime syrien dans les instances internationales.

Les Occidentaux semblent impuissants devant Poutine en Syrie et en Crimée maintenant. Un pays n’y est pourtant pas allé de main morte concernant l’Ukraine et la Crimée et c’est le Ca-nada. Je n’en reviens pas comment nous pouvons être baveux avec si peu de force de dissuasion. Nous nous sommes retirés parmi les premiers de la préparation à la rencontre du G-8 à Sotchi, avons rompu nos relations militaires avec la Russie, ex-pulsé des stagiaires russes de même qu'annoncé le gel des avoirs et l’interdiction de visa pour des proches de Poutine. Vous me direz que tout cela n’est pas si méchant que cela mais les Anglais et les Français ont été beaucoup plus mitigés et prudents. Bien sûr, la crise en Crimée et en Ukraine est d’abord une crise euro-péenne mais elle est aussi la plus importante crise internationale du XXIe siècle. Et qu’est-ce qui prouve que Poutine s’arrêtera à la Crimée? Il a déjà réussi à tenir tête aux occidentaux au Proche-Orient avec la Syrie. Pourquoi s’arrêterait-il là? Le Canada n’est-il pas sur son chemin en Arctique ?

Curieusement, la Russie annonçait le 17 février dernier la création d’une nouvelle structure militaire d’ici la fin de 2014 en Arctique pour défendre ses intérêts. (La Voix de la Russie)

Puis, alors que les alliés occidentaux menaçaient la Russie de re-présailles économiques et que les indices boursiers plongeaient

dramatiquement le 3 mars dernier, Poutine annonce non seule-ment la suspension des manœuvres militaires en cours près de l’Ukraine pour calmer le jeu mais aussi en Arctique. (Le Point) Tiens donc !

On verra ce qui se passera après la Crimée, mais mon petit doigt me dit que les Canadiens n’en ont pas fini avec Poutine dans le Nord. Il est de plus en plus clair que, depuis le début du XXIe

siècle, notre allié américain n’est plus la puissance qu'il était et qu’il en aura plein les bras avec son rôle de gendarme si des tensions éclatent un peu partout. Et il ne faut pas oublier que la Chine est un allié de la Russie. La flotte chinoise sort depuis quelques années pour des missions en dehors de sa zone habi-tuelle.

La Vigie D

IANE MORIN

ATTENTION DE NE PAS PERDRE LE NORD !

Le monde est maintenant multipolaire. Il faut maintenant compter avec quelques grandes puissances qui exercent de plus en plus leur influence et agissent en fonction de leurs intérêts propres. Il faudra également trouver le moyen de les intégrer dans des instances internationales décisionnelles, les actuelles étant de plus en plus désuètes et inadaptées aux nouvelles réalités. Un ancien conseiller du Kremlin disait récemment : « Qui va prendre au sérieux un G-8 incluant le Canada et l’Italie, si la Chine et l’Inde en sont absentes ? »

DIANE MORIN

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www.epicerie-europeenne.com

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20 AVRIL 2014

LE JEU DE LA QUÊTEPAR JACQUES CARL MORIN ET GINETTE PÉPIN

CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉ ES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISÉE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.

LE JEU DE LA QUÊTE (avril) par Ginette Pépin et Jacques Carl Morin

Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée représente une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

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10 Verticalement : 1- Minuscule « cheval de mer ». 20- Professionnel qui transpose un texte dans une autre langue. Horizontalement : 1- Personne qui se distingue par sa bravoure. Qui concerne le nord. Espace occupé par un

cours d’eau. 2- Langue de Dante. Nombre de juges à la Cour suprême du Canada. Petit drapeau. Boisson

des dieux. 3- Temple bouddhique. Faute survenue dans l’impression d’un ouvrage. Cannabis. 4- Personne à qui est prodigué un soin. Débit de boisson qui, jusqu’en 1988, était réservé

exclusivement aux hommes. Estrade sur laquelle on procédait à une exécution capitale.

VERTICALEMENT :

1- Minuscule « cheval de mer ».

20- Professionnel qui transpose un texte dans une autre langue.

HORIZONTALEMENT :

1- Personne qui se distingue par sa bravoure. Qui concerne le nord. Espace occupé par un cours d’eau.

2- Langue de Dante. Nombre de juges à la Cour suprême du Canada. Petit drapeau. Boisson des dieux.

3- Temple bouddhique. Faute survenue dans l’impression d’un ouvrage. Cannabis.

4- Personne à qui est prodigué un soin. Débit de boisson qui, jusqu’en 1988, était réservé exclusivement aux hommes. Estrade sur laquelle on procédait à une exécution capitale.

5- Bay-window. Orthèses visuelles. Petit de la souris.

6- Penser, réfléchir. Pierre très dure. Grand serpent venimeux. Titre princier de l’ancienne maison d’Autriche.7- Femmes célibataires. Le préfet de discipline dans un ordre professionnel. Petit de la chèvre.

7- Eau-de-vie. Voiture de ministre. Passage tiré d’un texte.

8- Commerçant.. Royaume scandinave. Art martial dit japonais.

9- Bijou suspendu à une chaîne. Blé cultivé. Dense, épais.

10- Action de sortir de son sommeil. Petit masque noir que l’on port dans les bals masqués. Condom. Métal gris-bleu.

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PAR HÉLÈNE HUOT

DES MOTS POUR PARLER

1. Le verbe « obérer » signifie : a. charger de dettes; b. donner son approbation; c. obéir sans riposter.2. Apparue récemment (les premières traces remontent à 2011), la « neknomination » est une pratique populaire qui suscite de vives réactions négatives. Qu’est-ce donc que la neknomination ?3. Quelle expression signifie : d’emblée, directement, d’un seul coup ?4. Décupler signifie multiplier par dix, octupler multiplier par huit. Comment dit-on multiplier par neuf ?5. Je suis un petit poisson; mon nom désigne aussi familièrement un piquet de tente de camping. Qui suis-je ?6. L’orographie est l’étude : a. des montagnes; b. des plantes ornementales; c. des squelettes.7. Effluve, idole et idylle sont des noms féminins. Vrai ou faux ?8. Un mort-vivant, un silence éloquent, un clair-obscur, une douce violence : toutes ces expressions illustrent une même figure de style; comment s’appelle cette figure ?9. Quelle expression signifie : éveiller l’attention, la méfiance ou les soupçons ?10. Qu’ont en commun les noms suivants : livre, mémoire, moule, page et voile ?

DES MOTS POUR JOUER / PARTIE DE SCRABBLE

Vous faites une partie de scrabble. Les lettres que vous avez pigées ressemblent à un casse-tête; elles sont placées ici en ordre alphabétique. Il suffira de changer l’ordre : vous obtiendrez un mot de sept lettres et un bonus de 50 points!

DES MOTS POUR RIRE / C’EST DU SÉRIEUX !

« La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe ». Jacques Prévert

« Le café : ce breuvage qui fait dormir quand on n’en prend pas ». Alphonse Allais« La moitié des hommes politiques sont des bons à rien. Les autres sont prêts à tout ». Michel Colucci, dit Coluche

« Octobre est un mois particulièrement dangereux pour spéculer en bourse. Mais il y en a d'autres : juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février ». Mark Twain

« L’alcool tue lentement. On s’en fout. On n’est pas pressé ». Georges Courteline

« Moi je fais attendre les gens pour leur faire passer le temps ». Raymond Devos

« Je choisirai le paradis pour le climat, et l'enfer pour la compagnie ». Mark Twain

« Quand j’ai été kidnappé, mes parents ont tout de suite agi : ils ont loué ma chambre ». Woody Allen

« La nature est prévoyante : elle fait pousser la pomme en Normandie sachant que c'est dans cette région qu'on boit le plus de cidre ». Henri Monnier

« Rappelez-vous l'essentiel: le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme, c'est le contraire ! ». Coluche« Il y a trois temps qui déplaisent souverainement aux jardiniers : le temps sec, le temps pluvieux et le temps en général ». Pierre Daninos

« Dieu a partagé : il a donné la nourriture aux riches et l'appétit aux pauvres ». Coluche

« La France est un pays extrêmement fertile. On y plante des fonctionnaires, il y pousse des impôts ». Georges Clemenceau

« C’est déjà assez triste de n’avoir rien à dire. Si, en plus, il fallait se taire ! ». Philippe Bouvard

« J’ai pris un cours de lecture rapide et j’ai pu lire Guerre et Paix en vingt minutes. Ça parle de la Russie ». Woody Allen

J’attends de vos nouvelles…Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique La langue dans sa poche. Rien de plus simple. Écrivez-moi à [email protected]. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 29.

1. AAACDMM 2. A B C H N O R3. A D I J N O T4. B E E O R U U5. B E G I L N O

6. C E E L R R U7. C E E O T T U8. C E M M N O T9. D D E E N O R10. I I N O R R U

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22 AVRIL 2014

Pour bon nombre de familles monoparentales vivant avec de jeunes enfants, trouver un emploi stable et adapté à leur situa-tion est particulièrement difficile. Les mères sont plus nom-breuses à être à la tête de familles monoparentales et se butent à de très nombreux obstacles lorsqu’elles doivent travailler ou étudier alors qu’elles ont des enfants à charge.

ÊTRE PARENT MONOPARENTAL : UN DÉFI DE TOUS LES INSTANTS !

Une grande majorité des familles monoparentales sont dirigées par des femmes. Lorsqu’elles ont dû cesser leurs études ou leur travail en raison d’une grossesse et doivent ensuite retourner sur le marché afin de subvenir à leurs besoins, de nombreuses mères monoparentales doivent se contenter d’emplois à faibles revenus, à temps partiel ou avec des horaires atypiques. La plupart des conditions de travail ne leur permettent pas de concilier la vie familiale et le travail. Le revenu est nettement insuffisant pour combler les besoins de la famille, ce qui place bien souvent les mères en situation de précarité et de pauvreté.

Une étude menée par Statistique Canada révèle à ce propos que les familles monoparentales étaient beaucoup moins présentes sur le marché du travail en 2008 que les couples avec enfants. La même étude nous apprend que les mères monoparentales se retrouvent plus souvent à occuper un emploi à temps partiel et à bas salaire. Elles cumulent ainsi les emplois précaires et ont de la difficulté à accumuler une expérience de travail solide. Elles doivent donc gérer un stress en lien avec leur qualité de vie précaire. Les mères doivent également composer avec des absences plus fréquentes de leur milieu scolaire ou de travail, afin de s’occuper par exemple, d’un enfant malade.

Tout en nuance ALINE ESSOMBÉ

ÊTRE PARENT MONOPARENTAL À QUÉBEC

UNE RÉALITÉ NON NÉGLIGEABLE À QUÉBEC

Mères et monde est un organisme de la région de Québec qui vise entre autres à réduire l’errance et l’itinérance des mères âgées entre 17 et 30 ans. L’organisme fournit un soutien en matière de logement ainsi qu’un suivi psychosocial. En 2008, le groupe communautaire a présenté un portrait de la situation des jeunes mères qui le fréquentent et révèle qu’il existe une réelle « méconnaissance et incompréhension des milieux scolaires face aux difficultés inhérentes aux jeunes parents, par manque de ressources matérielles et économiques mais aussi par manque de souplesse face à la monoparentalité », ce qui est préoccupant, puisqu’on ne parle pas seulement des conditions de vie de ces mères mais également de celles de leurs enfants, futurs membres adultes de la société de demain.

La plupart des chefs de famille monoparentale « consultent principalement pour épuisement, insomnie, anxiété, fatigue générale, et ce, après des années de surcharge, d’isolement, d’absence de soutien, d’insuffisance de revenus sans compter la dévalorisation, la marginalisation, et l’exclusion qui s’en-suivent », selon Mères et monde. L’organisme observe ensuite à quel point « être pauvre, c’est un travail à temps plein ». Non seulement il n’existe plus de sécurité de revenu, mais en plus, il faut gérer son quotidien de manière à ce qu’il n’y ait aucune place pour les imprévus. Il est clair que devoir se déplacer alors que ce n’était pas au programme implique un certain coût. Les garde-ries ont pour la plupart des amendes pour retard que doivent payer les parents. À 5 $ pour dix minutes de retard, un retard de 30 minutes fait toute une différence dans le budget d’une mère seule à qui, semble-t-il, on enlève tout droit à l’erreur…

ALINE ESSOMBÉ

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Encore allongé dans mon lit, j’essaie de ressentir si chaque partie de mon corps est éveillée. Mon ouïe se concentre sur les battements bruyants de mon cœur. Je passe en revue les rêves de ma nuit. Mes doigts bougent lentement et j’admire le halo multicolore qui flotte autour de mes mains.

Mon cerveau reçoit des messages alar-mants de la part des pieds prétendant souffrir. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Peut-être sont-ils seulement ankylosés. Mon sommeil a bien dû durer une dizaine d’heures. Je me donne un élan pour me lever et me secoue vivement. Je marche jusqu’à la cuisine.

Je n’ai pas faim, mais je veux aller me placer devant la grande fenêtre pour respirer la lumière du jour. Presqu’arri-vé là, j’entends un bruissement suspect. Je suis pourtant seul dans cet apparte-ment. Je suis allergique aux poils alors je n’ai qu’un fidèle poisson rouge. Juste au moment où j’allais vérifier que toutes les fenêtres sont bien fermées, je me souviens que mes nouvelles pantoufles résonnent de la sorte.

Je me sens stupide. Je rirais si je n’avais pas si mal au cœur. Je tente désespérément de trouver ce que j’avais à faire aujourd’hui. Je me dirige vers le calendrier accroché sur la porte du frigo. Je trébuche sur une bouteille de bière vide que je ne me rappelle pas avoir avalée. Je me penche pour la ramasser, mais je ne la trouve plus.

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J’ai l’impression que les os de mon dos se déplacent. Je me masse le coccyx. Je tripote ma peau en priant pour qu’elle ne se mette pas à me picoter comme l’autre jour. Je sens que mon sang froid se réchauffe. Il fait bon vivre un instant. J’ai envie de parler, mais je ne sais quoi dire.

Mon ventre crie famine, mais ce n’est pas lui qui retient le plus mon attention. Mes paupières clignent rapidement et bien trop souvent à mon goût. Je tente de les ralentir, mais je manque de me blesser l’œil droit avec les ongles que je n’ai pas eu le temps de couper. J’abandonne, puis cherche à me focaliser sur autre chose.

J’ingurgite une gorgée de sirop contre le rhume puisque mon nez semble bouché. Cela m’étourdit. Je trouve appui sur le dossier de la chaise du corridor menant au salon. Je caresse mes cheveux avec intensité. Ça me calme. J’inspire profon-dément me rendant compte que l’haleine qui sort de ma bouche est dégueulasse.

Mon seul désir immédiat est d’ouvrir la télé, de voir des visages connus, d’en-tendre des nouvelles de l’extérieur. Je suis une fois de plus distrait par le miroir déposé sur la tablette décorative. La tête qui y est reflétée n’est pas exactement la mienne. Je ne reconnais pas ces joues flétries. J’essuie un résidu de poudre blanche sur mon menton.

C’est plus fort que moi, je répète mon prénom : « Julien, Julien, Julien ». Je tape

mes épaules, les bras en croix. Je geins comme un bébé. Mes larmes se mé-langent à la sueur dégoulinant de mon front. Je fracasse la vitre du miroir avec mon poing. Des traces rouges appa-raissent sur les nombreuses petites fioles pharmaceutiques.

Je saute dans la douche, rempli d’une nouvelle énergie. Je bande ma main avec précaution. Vêtu uniquement de mon boxer, je me régale d’un gruau au miel. Je chantonne tout bas quelque chose de country. Je me frotte un peu les cuisses avant de m’installer pour quelques push-ups.

Je sens mes cellules qui crépitent de bonheur. J’enfile un pantalon, un T-shirt, des bas blancs et je me parfume légère-ment. Je ramasse et jette les morceaux de verre parsemés ici et là près du fauteuil. Je syntonise mon réseau des sports préféré. Je m’endors.

On frappe à la porte. Je vais ouvrir.

JULIE CARTIER

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24 AVRIL 2014

Aimons les ciels où font signe nos pôles au-dessus de notre épaule muette

vision tendue parmi les fureurs impossibles les yeux fous les cœurs crevés devant la douleur de cette nuit beauté mortelle dans l'âme raisonnable des choses tremblantes

c'est notre propre figure étoile révulsée qui une à une l'une après l'autre broie toutes les passions du jour rature tous ses brouillons ses infortunes ses vieilles images

Tu es venue à la fin du printemps Qui m’avait les couleurs de novembre Tu m’abordas joyeusement Ranimas un cœur en cendre

Si seulement tu avais su Que cette eau, dont tu frôlais la surface Trouble et opaque, froide et déchue Était reflet de mon cœur, défait de sa carapace

On dit que les Dieux eux-mêmes connaissent La peine d’un être aimé, parti avant son temps Les Valkyries ont elles-mêmes pitié et reconnaissent Le vide que laissent les larmes les pleurant

Mais parfois la Vie est faite ainsi Quand nous perdons l’âme à la trop pleurer Comme un arbre d’automne, désolé et transi Sans espoir, mais point mort; un rêve éveillé

D’en ramener un peu à leur regard Pitié, compassion, qui le saurait dire ? Peut-être est-ce que l’on ne doit point côtoyer les morts Ayant la Vie au cœur, l’amour pour l’étourdir

Temps perdumains tendues visages à naître à dévorer leurs lentes saisons yeux blessés du vent dans les feuilles rougies

puis

douceur de la parole apaisée après le passage des heures lasses incertaines comme un doute au regard mouillé comme les amours mêlées aux hasard de trop

et encore depuis tout le temps

le temps à retrouver...

LE POÈTE DE LA RUE (J.-P. D.)

Jouant des mots, dissipant les ombres Je me réchauffai au brasier de tes yeux

Tu me ranimas peu à peu d’un autre monde Déjouant ces démons, qui me retenaient fiévreux

Espiègle, mais éphémère, bientôt le Nord Te rappela et le temps s’enfuit au rythme de lettres Et les ouvrants, j’y retrouvai joyaux et pièces d’or Comme des surprises dans le soir, de petites fêtes

La solitude et le Nord étaient bientôt illuminés De pigeons voyageurs, transportant une Lumière Comme des lucioles, souvenirs d’Orphée Des perles de Vie, récoltées dans l’Univers…

À Marie-Claude

JASMIN DARVEAU

À la fin du printemps

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Pour le plaisir de lireAu mois de février, dans le cadre d'un marathon de lecture qui s'est déroulé dans certaines écoles à Québec, des jeunes ont témoigné : « Quand je lis, je suis au para-dis, j'oublie mes peurs, mes problèmes. Tout est possible ! » dit l'un. « Je suis sur ma planète. La lecture me rend heureuse » confie un autre, tandis qu’un troisième avance : « Un livre, ça peut changer la vie des gens. Ça fait réfléchir le lecteur ».

Dès mon école primaire, j'ai découvert moi aussi le bonheur de lire et aujourd'hui encore à 65 ans, c'est l'un de mes loisirs préférés. Mon père me répétait : « Une personne qui aime lire ne se sens ja-mais seule ! ». Effec-tivement, quand je tiens un livre entre mes mains, que je l'ai soigneusement choisi sur l'étagère d'une bibliothèque ou dans une librai-rie et que je lis avec beaucoup d'attention, je me rends compte qu'il se passe une relation, une communication toute spé-ciale entre moi et l'auteur(e).Comme une rencontre unique où nous nous sommes choisis réciproquement. Un monde fas-cinant, infini s'ouvre à nous. Le Je et le

Nous se rencontrent dans nos côtés sem-blables et uniques.

Il y a quelques années, j'ai participé à de très intéressants ateliers d'écriture. L'écrivaine qui les offrait affirmait : « Lire, écrire, parler forment un Tout... Au fur et à mesure que nous équilibrons, harmoni-sons ces trois verbes, plus l'expression de nos pensées et de nos émotions s'expri-ment de façon claire et facile ».

Pour moi, il n'y a rien de plus " sensuel " que de tenir un livre dans mes mains et de prendre le temps de le lire dans un de mes

endroits préférés. Je respecte les per-sonnes qui aiment les livres électro-niques, mais pour moi, et pour plu-sieurs personnes, ce n'est pas le même "feeling" que de tenir un beau et bon livre au creux de ses paumes.

Au cours des années, j'ai beaucoup ache-té des livres usagés qui m'ont apporté de belles découvertes. Parfois, il m'arrive de laisser gratuitement sur le banc d'un parc public ou dans un quelqu'autre en-droit bien choisi, un livre qui m'a touché

dans le but de partager avec une autre personne, comme une chaîne d'amitié, passant de mains à mains.

De façon personnelle et unique, il y a des auteurs, des livres qui nous touchent le plus à certains moments difficiles ou heureux de notre vie. Il y a un geste que j'aime parfois faire, c'est lorsque je tiens dans ma main un livre de spiritualité, comme la Bible par exemple, et effectuer une courte méditation. Ensuite, j'ouvre " selon mon inspiration " en mettant mon doigt sur un mot ou une phase qui peut m'interpeller, m'aider à trouver une solution à tel ou tel problème ou face à un questionnement. Les livres et leurs auteurs sont semblables à des amis que nous choisissons précieusement. Comme l’indique cette célèbre citation : « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ! ». Bonnes lectures à chacune et chacun d’entre vous !

CHRISTIANE VOYERPhot

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Un poisson oubliéJ’adore les animaux. Mes préférés, ce sont les poissons. Grâce à l’Histoire des pois-sons que Guillaume Rondelet a écrit en 1568, j’ai découvert le rémora, dont on parle peu aujourd’hui. Le rémora est un poisson à ventouse, connu pour se coller au requin et voyager ainsi. Il mesure 40 centimètres, en principe, mais le rémora fuselé peut quant à lui atteindre jusqu’à un mètre de longueur. Au cours de l’Anti-quité et jusqu’au XVIIe siècle, la ventouse du rémora terrorisait tout le monde, car on disait qu’elle avait le pouvoir de paralyser les vaisseaux. Son étymolo-gie, rémora ou echenéis, provient de exo (tenir) et neios (bateau). Où se tient la réalité, où commence la légende ? Le ré-mora a traversé le Moyen-Âge, collé sur un vers d’Ovide, afin d’aborder les terres de l’alchimie au XVIIe siècle. Pour Jung, il symbolise le Soi ou, autrement dit, l’in-conscient ainsi que le froid.

Le rémora, oui, était connu pour ses pou-voirs d’immobilisation. Même si on ne

parle plus de lui, moi je sais qu’il est encore bien présent parmi nous. Nous connais-sons tous Le Vaisseau d’or qu’Émile Nel-ligan publie en 1899, qui est l’un de ses plus beaux poèmes, et certes l’un des plus connus.

Le premier vers du Vaisseau d’or est : « C’était un grand vaisseau taillé dans l’or massif ». Et le dernier est : « Hélas ! Il a sombré dans l’abîme du Rêve ! » Dans sa vision, le poète décrit un écueil qui fait chavirer le Vaisseau, vaisseau qui n’a rien à voir avec le Vaisseau-Fantôme, il va sans dire. Un écueil en cache un autre. Même petit, le rémora est un écueil de taille sur les mers. Ce qu’il s’est passé entre le premier et le dernier vers du Vaisseau d’or ? Un rémora est venu se coller au gouvernail du Vaisseau, et c’est pour cela qu’il a coulé. C’est ce rémora de la poésie qui a fait couler le Vaisseau d’Émile Nel-ligan. Et c’est à ce moment-là, le 9 août 1899, qu’Émile Nelligan est interné dans un asile psychiatrique à vie. Parce que

le rémora de la poésie s’était immiscé en Nelligan pour le paralyser psychiquement à vie.

Si vous rencontrez quelqu’un qui semble couler dans sa vie, vous pourriez lui conseiller d’aller parler à un psychologue. Ce serait une excellente idée. Mais de grâce, n’oubliez pas le rémora. Il se pour-rait bien que ce poisson ait choisi d’être l’hôte de cette personne. Auquel cas, il faudra, en plus du psychologue, faire appel à un « exorciste-vétérinaire ».

Certaines personnes ont besoin de faire parler d’elles pour ne pas être oubliées. Et si c’était le cas du rémora ? C’est pour cette raison que lorsque l’on rencontre une personne en souffrance, il vaut mieux lui témoigner de l’amour. Et si ce n’est pas pour elle, ce sera pour aider le rémora qui réside à l’intérieur d’elle. Pour qu’il arrête de lui faire du mal. On ne sait jamais à qui on parle vraiment, vous savez…

LAURENCE DUCOS

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La Quête est diffusée par téléphone via Audiothèque pour Personnes Handicapées de l'Imprimé du Québec inc

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Page 27: La Quête - avril 2014

AVRIL 2014 27

Je cherche mes clés. Je les ai perdues quelque part durant la journée. J’ai dû les oublier. J’ai oublié où je les ai mises. D’ha-bitude, je les mets toujours dans la poche de mon pantalon, la poche droite, en avant, toujours, d’habitude. Mais là, elles ne sont pas là. Je les ai perdues.

Il y avait les clés de la porte d’en avant, celles de la porte d’en arrière, celle de mon cadenas, celle de la voiture de mon frère que je ne vois pas souvent depuis qu’il a déménagé en Abitibi. J’avais même une clé dont je ne me servais plus, ne sachant dans quelle serrure elle allait.

J’ai tout perdu, mais je ne m’en fais pas, parce que je ne suis pas sorti aujourd’hui. Elles sont forcément dans la maison. Il suffit de ne plus les chercher et je les retrouverai. J’en suis certain.

Tiens, les voilà, elles avaient glissé sous une revue de « bicyk ». J’ai dû les mettre là, sur la table, avant de serrer ma blonde dans mes bras.

BERNARD SONGE

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Les clés

La pluie Immense Et vague Vient chercher Une place où rayonner

Un tambour De tonnerre Chasse l'ennui Et veut s'aborder

LumièreSource! de lumière... Inonde l'univers Au point du jour Découvert après l'aube

Marche! Marche ! Marche! Aux abords du refuge Crêpe dorée, œufs brouillés Du matin...

Sérénité !

MARC EVERELL

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28 AVRIL 2014

Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre à retrouver la confiance, l’espoir et la joie de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 550, rue Saint-Joseph, Québec (sous-sol de l'église Saint-Roch, porte verte) Tél. : 418 529-2222 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 401, rue Saint-Paul Québec Tél. : 418 694-9316 [email protected] Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 [email protected] www.ctech.ca/cfa Centre Naître ou ne pas Naître Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 1379, chemin Sainte-Foy, Québec Tél. : 418 683-8799 [email protected] www.centrenaitre.org Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. CSP du Temple, Beauport Tél. : 418 667-8770 [email protected] Alphabétisation Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 [email protected] Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, Québec Tél. : 418 841-1042 [email protected] www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 [email protected] http://atoutlire.ca/accueil Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, Québec Tél. : 418 647-0159 [email protected] La Marée des mots 3365, chemin Royal, Québec Tél. : 418 667-1985 Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 [email protected] www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 8180, boul. Pierre-Bertrand Nord, Québec Tél. : 418 683-4588 www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 [email protected] www.communautessolidaires.com

Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 http://teljeunes.com Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 [email protected] Fraternité de l'Épi 481, rue de La Salle Québec Tél. : 418 529-0007 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 [email protected] www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes et femmes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956 Maison Revivre Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 [email protected] www.maisonrevivre.ca/portail SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 595, rue Saint-François Est Québec Tél. : 418 521-4483 [email protected] www.squatbv.com Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990 Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 14, rue Dauphine, Québec Tél. : 418 694-9616 www.maisondauphine.org YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 [email protected] www.ywcaquebec.qc.ca Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Québec (Québec) G1K 9A4 Tél. : 418 523-1798 [email protected] www.maisondemarthe.com P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 [email protected] Soupe populaire Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 [email protected] hwww.caferencontre.org

Maison Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 [email protected] Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762 Santé mentale La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 [email protected] hwww.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 [email protected] www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 [email protected] www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 [email protected] www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor Québec (Québec) G1J 3W7 Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410 Québec (Québec) G1K 6E9 Tél. :418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 [email protected] www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 [email protected] www.relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418-990-2666 www.al-anon-quebec-est.org Amicale AlfA de Québec 815, av. Joffre, Québec Tél. : 418647-1673 [email protected] Point de Repère 530, rue Saint-Joseph Est, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 [email protected] www.miels.org

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SOLUTION 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

1 H E R O S E P T E N T R I O N N A L I T

2 I T A L I E N E U F A N I O N E C T A R

3 P A G O D E R R A T U M A R I J U A N A

4 P A T I E N T A V E R N E C H A F A U D

5 O R I E L U N E T T E S O U R I C E A U

6 C O G I T E R O C O B R A R C H I D U C

7 A L C O O L I M O U S I N E X T R A I T

8 M A R C H A N D A N E M A R K A R A T E

9 P E N D E N T I F R O M E N T O U F F U

10 E V E I L O U P R E S E R V A T I F E R

SOLUTIONS DES MOTS POUR JOUER

1. MACADAM 2. CHARBON 3. ADJOINT 4. ÉBOUEUR 5. IGNOBLE 6. RECULER 7. COUETTE 8. COMMENT 9. ÉDREDON 10. URINOIR

SOLUTIONS DES MOTS POUR PARLER

1. A. Obérer signifie : charger, accabler de dettes. Exemple : Une guerre qui obère les finances publiques. Plus largement, ce verbe signifie : nuire à, compromettre (exemple : obérer l’avenir).

2. Le mot « neknomination » vient de l’anglais « neck your drink » (qui signifie : boire cul-sec). Il désigne un jeu qui consiste à se filmer en train de boire une grande quantité d’alcool, à diffuser ensuite la vidéo sur les réseaux sociaux et à désigner (nominate) deux personnes qui auront à leur tour à relever le même défi.

3. L’expression « tout de go ». Cette dernière est la version déformée de : « tout de gob », gob étant le substantif tiré du verbe gober. Au 17e siècle, « avaler tout de gob » voulait dire : avaler d’un trait.

4. Nonupler.

5. Une sardine.

6. A. L’élément « oro » (du grec oros) signifie : montagne; on le retrouve aussi dans orogénèse, oronymie.

7. Idole et idylle sont des noms féminins, mais effluve est du genre masculin.

8. Il s’agit d’un oxymore (ou oxymoron), figure qui consiste à allier deux mots de sens contradictoire pour leur donner plus de force.

9. Mettre la puce à l’oreille.

10. Ce sont des noms dont le genre varie selon le sens : un livre (volume), une livre (mesure de poids); un moule (modèle), une moule (mollusque) et ainsi de suite.

LES MOTS CROISÉS

MERCI À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES !

PARTENAIRES OR

Centraide

PARTENAIRES ARGENT

La Boîte à pain CKRL FM 89,1 La Carotte Joyeuse Érico, Choco-Musée CSQ Les impressions Stampa Services 211

PARTENAIRES BRONZE

Audiothèque Épicerie Européenne Morin, Desrochers, Beaulieu Naïmi pharmacien Quincaillerie St-Jean-Baptiste

PARTENAIRES INCONDITIONNELS (depuis plus de 5 ans !)

Le Bal du Lézard L’Inter-Marché Saint-Jean Maison Revivre Michel Yacoub

PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM

Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot

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30 AVRIL 2014

J’ai mis les pieds à Vancouver et un strident « tabarnak » a retenti dans mes oreilles. Deux fois dans la première heure. Je venais de louer une voiture disproportionnée et je roulais les fenêtres ouvertes, malgré la pluie. Je me trouvais incroyablement cool. J’espérais découvrir la ville de mes rêves d’ado et j’ignorais que l’automobile est le pire moyen pour s’imprégner de cet endroit sublime. Mieux vaut la marche, le vélo ou le petit bateau arc-en-ciel. Mais bon. Dans le coin du Downtown Eastside, un squee-gee m’a proposé ses services. Mon geste malhabile de la main a causé l’expulsion du fameux juron québécois de sa bouche. Intérieurement, j’ai pensé à un jeune paumé qui n’avait pas planté assez d’arbres durant l’été. Ou qui voulait garnir ses poches avant de repartir sur le pouce, voire un tripeux qui se gargarisait de ses rêves.

Quelques rues plus loin, une conversation aux accents familiers se laissait porter par l’air mouillé. J’ai réduit la vitesse de ma grosse bagnole pour en saisir l’essentiel. Elle provenait de jeunes abrités sous une immense boîte de carton. Derrière, des gens semblaient picorer le sol. On m’a dit plus tard qu’on les surnom-mait les « poules ». Qu’ils cherchaient du crack sur le trottoir. Je n’ai jamais su si c’était vrai. Peut-être qu’on se foutait de ma gueule. J’ai toutefois clairement entendu « pas icitte » et le mot fétiche du squeegee.

J’ai vécu de nombreuses années sans voir l’itinérance. Des gens qui vivent dans la rue? Où ça? Je voyais les boutiques, les pancartes, les boîtes postales, les pigeons, les cailloux. Pas les quêteux. Ni la fille frigorifiée sur un banc qui se rongeait les ongles à travers ses gants. Ni les camelots de Mégaphone, le

magazine de rue anglophone de Vancouver. À défaut de la voir, je l’ai par contre entendue à Vancouver. Un « tabarnak », ça ouvre parfois les yeux.

De retour au Québec, je consulte le site Web de Mégaphone sur une base régulière. Je m’abreuve à ses nouvelles, à ses portraits. À la lecture de ses articles, je sens la pluie sur mon front dégar-ni. À travers mon écran, je regarde les camelots dans les yeux. Histoire de m’excuser pour toutes ces années d’ignorance. Une fine goutte dans un océan de remords.

Le phénomène de l’itinérance des Québécois qui échouent dans la métropole de l’ouest m’interpelle. Tout comme ces jeunes, la côte de la Colombie-Britannique a toujours fait résonner dans ma tête quelque chose qui s’apparente à du rêve. Qui s’érode parfois pour cette faune fuyante. Le méchant trip, un documen-taire de l’ONF en dresse un portrait intime et poignant. Un organisme francophone a vu le jour pour leur venir en aide. Et il y a Mégaphone.

Je me réveille parfois la nuit quand j’ai trop froid. À cause de ma blonde qui décide de se faire un abri nucléaire avec la couette et les draps. Et là, tout de suite, je pense à la fille frigorifiée et je me dis ta gueule. L’autre nuit, je me suis demandé si des jeunes Québécois sont camelots pour Mégaphone. Des questions de ce genre peuvent me tirailler durant des heures. Le lendemain, j’ai vérifié. Il y en a. C’est bon signe.

MATHIEU MEUNIER

Magazines de rue MATHIEU MEUNIER

VANCOUVER ENTENDRE L’ITINÉRANCE

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Page 31: La Quête - avril 2014

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Québec (St-Roch) Lundi au samedi 6 h 30 à 20 h

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Québec (Limoilou) Lundi au mercredi 6 h 30 à 18 h 30

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Page 32: La Quête - avril 2014

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Le magazine de rue de Québec No 163 Avril 2014

• Discours politique• Droit de parole : 40 ans• Métier : animateurs de radio• Vivre sans mots

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