LA PETITE-FERME DU CAP TOURMENTE...La Côte de Beaupré, l’île d’Orléans, ont été avec...

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Jacques Guimont LA PETITE-FERME DU CAP TOURMENTE SEPTENTRION De la ferme de Champlain aux grandes volées d’oies

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Jacques Guimont

LA PETITE-FERME DU CAP TOURMENTE

S E P T E N T R I O N

De la ferme de Champlain aux grandes volées d’oies

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La Petite-Ferme du cap Tourmente

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Jacques Guimont

La Petite-Ferme du cap Tourmente,un établissement agricole tricentenaire

De la ferme de Champlain aux grandes volées d’oies

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Illustrations de la couverture : Aquarelle de Francis Back (coll. Musée canadien desCivilisations). Les céramiques de la période de la ferme de Champlain ; détails descéramiques (PC ; photo : Alain Côté).

Révision : Solange Deschênes

Les éditions du Septentrion sont inscrites au Programme de subvention globale duConseil des Arts du Canada et reçoivent l’appui de la SODEC.

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© Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (1996)

Dépôt légal – 2e trimestre 1996Bibliothèque nationale du QuébecISBN 2-89448-057-1

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REMERCIEMENTS

Les interventions archéologiques effectuées sur le site de la Petite-Ferme du cap Tourmente ont nécessité le concours de plusieurspersonnes, archéologues, chargés de projet, spécialistes divers ettechniciens. Ils méritent tous notre reconnaissance pour leurcollaboration, leur aide et leur soutien de tous les instants lors desinterventions réalisées sur le terrain, au moment de l’analyse desdonnées et même au cours de la rédaction de cet ouvrage. Troisorganismes méritent aussi nos remerciements, le Service canadiende la faune, propriétaire de la Petite-Ferme, Travaux publicsCanada, maître-d’œuvre des travaux de consolidation, et ParcsCanada, chargé de la direction professionnelle de l’ensemble del’intervention archéologique, pour avoir conjugué leurs efforts dansla réalisation entière du projet.

Gestionnaire des réserves nationales de faune, EnvironnementCanada : Pierre-Denis Cloutier

Chargés de projet, Travaux publics Canada : Jean-B. Saint-Laurent et Andrée Cyr

Contremaître, Travaux publics Canada : Jean Houle

Chargés de projet, Parcs Canada : Monique Élie et PierreBeaudet

Archéologues, Parcs Canada : Pierre Drouin et Gisèle Piédalue

Archéologue consultante : Anne Desgagné

Assistants archéologues : Marie-Claude Morin et Christian Roy

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Techniciennes et techniciens de fouilles : Sarah Côté, ManonGoyette, Danielle Lefebvre, Louise Ouimet, Brigitte Picard, JoséeVilleneuve, Richard Boutet, Alain Côté, Philippe de Varennes,Richard Émond, Marc Gadoury, Guy Hamel, Michel Huot,Stéphane Roy, Martin Royer, André Vaillancourt

Gestion des collections, Parcs Canada : Diane Le Brun

Relevés et dessins, Parcs Canada : François Pellerin et LouisLavoie

Inventaire des artefacts et recherche complémentaire :Geneviève Duguay

Collaboration au texte : Geneviève Duguay

Collaboration spéciale : Léo-Guy de Repentigny (Servicecanadien de la faune)

Spécialistes consultés : Gérard Gusset (spécialiste en culturematérielle, Parcs Canada), Jean-Pierre Chrestien (archéologue,Musée canadien des civilisations), Marcel Moussette (archéologue,Université Laval), Françoise Niellon (archéologue consultante),Céline Cloutier (archéologue consultante), Paul-Gaston L’Anglais(archéologue consultant), Robert Gauvin (archéologue, ParcsCanada), Pierre Cloutier (archéologue consultant), Marc Lafrance(historien, Parcs Canada).

Tout le personnel de la Réserve nationale de faune du capTourmente doit aussi être remercié pour son étroite collaboration.

À tous, nos plus sincères remerciements.

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INTRODUCTION

« C’est un roc !... C’est un pic !... C’est un cap ! Que dis-je, c’est uncap ?...1 » C’est le cap Tourmente !... Si Samuel de Champlain avaitconnu Cyrano de Bergerac, né en 1619, il aurait pu comparer le capTourmente à l’appendice nasal de ce dernier, paraphrasant ainsi paranticipation les célèbres vers d’Edmond Rostand ! C’est en effet lefondateur de Québec qui baptise ainsi le cap, en raison des fortsvents qui soulèvent le fleuve à cet endroit2.

Le cap Tourmente est situé à une cinquantaine de kilomètres deQuébec, sur la côte de Beaupré, légèrement au nord de la munici-palité de Saint-Joachim (fig. 1).

Ce site exceptionnel comprend le plateau du cap Tourmente, essen-tiellement boisé, une plaine côtière à la fois boisée et utilisée à des finsagricoles, un marais côtier et un marais intertidal. Il forme un habitatsaisonnier fondamental lors de la migration de l’unique populationmondiale des Grandes Oies des neiges ainsi que de plus de 250 espècesaviennes nicheuses et migratrices, 45 types de mammifères, 22 typesde peuplements forestiers et plus de 700 espèces végétales3.

Connu sous le nom de Réserve nationale de faune du cap Tour-mente, le site est aujourd’hui fréquenté par de nombreux amants dela nature, car c’est sur ses basses terres que des milliers d’oiseauxfont halte lors de leur migration saisonnière. Les grandes voléesd’oies, en particulier, offrent alors aux visiteurs un spectacle unique.Mais, tout comme autrefois, la chasse peut encore y être pratiquée,bien qu’il s’agisse aujourd’hui d’une activité sévèrement régle-mentée par le Service canadien de la faune. L’existence d’une abon-dante faune ailée sur les lieux n’est pas le fruit du hasard, les larges

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Figure 1 : Localisation de la Petite-Ferme (dessin : L. Lavoie).

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INTRODUCTION 11

battures de la côte de Beaupré étant particulièrement riches enmatières nutritives.

La situation privilégiée du site de même que ses richesses, tantfauniques que sylvestres, sont très tôt reconnues par les Amérin-diens, dès le XIe-XIIIe siècle. Les premiers Européens à remonter lefleuve Saint-Laurent en soulignent aussi l’opulence, en particulierJacques Cartier, en 1535, puis Samuel de Champlain, en 1608. Lesvastes prairies naturelles, arrosées de plusieurs petits cours d’eau,favorisent l’éclosion, entre autres, de plantes fourragères d’excel-lente qualité que le fondateur de Québec récolte, dès 1623, pouralimenter le bétail gardé à l’Abitation. Ces ressources de la côte deBeaupré favorisent d’ailleurs l’établissement d’exploitations agri-coles très tôt au XVIIe siècle.

La Côte de Beaupré, l’île d’Orléans, ont été avec Québec et sa banlieueNord la première terre canadienne où se sont installés de vrais colons,je veux dire des laboureurs et non des traitants. Pourquoi cettepréférence ? Il ne s’agit pas à cette époque de l’intérêt que peut exercerla proximité de Québec : Québec est alors une si petite chose ! Lagrande raison a été la sécurité — relative — que les vastes barrièresd’eaux fournissaient contre les incursions des sauvages, des Iroquois,qui ne pouvaient arriver que par le Sud [...]. À cette valeur d’ordrenégatif s’ajoutaient des avantages positifs. Sur les terrasses de la Côte,comme sur les formes douces de l’île, le sol était uni, fertile et varié ;il se prêtait bien à la culture : en bas, de belles prairies naturelles, au-dessus les champs. Le climat était aussi favorable qu’on pouvait lesouhaiter dans cette partie du Canada ; la Côte de Beaupré est unvéritable espalier, en façade sur le S.E.[...] La végétation est remar-quable par sa vigueur et sa précocité, par la présence de plantes quiexigent un climat chaud4.

S’il faut nuancer les propos de Raoul Blanchard sur la sécuritérelative offerte par la situation des basses terres, il n’en demeure pasmoins que sa description témoigne éloquemment du potentiel agri-cole des lieux. L’occupation française du site débute d’ailleurs dèsles premières années de la colonie, soit en 1626. Elle se poursuivrapresque sans interruption jusqu’à nos jours, soit sur trois siècles etdemi, ce qui fait des basses terres du cap Tourmente un site excep-tionnel sur le plan historique et, par voie de conséquence, sur leplan archéologique.

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L’archéologie et l’histoire

En 1992, le Service canadien de la faune entreprenait d’importantstravaux de consolidation et de drainage à la Petite-Ferme. Ces tra-vaux constituaient une occasion unique de réaliser des recherchesarchéologiques au pourtour de l’ancienne maison de ferme, deve-nue le centre administratif de la Réserve nationale de faune. Cesinterventions, qui se sont déroulées entre le mois de juin 1992 et lemois de janvier 1993, de façon discontinue, ont été réalisées etsupervisées par Parcs Canada, en collaboration avec Travauxpublics Canada. Il faut cependant préciser qu’elles n’ont eu lieuqu’au pourtour immédiat de la maison et n’ont touché aucun desbâtiments secondaires de la ferme (fig. 2 et 3). Ces fouilles ont per-mis de mettre au jour plusieurs vestiges architecturaux et des mil-liers d’artefacts témoignant des activités de la ferme depuis ses ori-gines jusqu’à nos jours. Les résultats que nous présentons ici neconstituent donc qu’un premier jalon vers la connaissance du site,puisque celui-ci n’a fait l’objet que d’une fouille très partielle et quela collection d’artefacts, particulièrement riche, n’a été analyséequ’en partie.

Tableau 1 : Phases d’occupation de la Petite-Ferme

Phase Nom Date

I Occupation paléohistorique ...-1534

II Ferme de Champlain 1626-1628

III Période d’abandon 1628-1664

IV Ferme du Séminaire 1664-1969de Québec

V Service canadien de la faune 1969 à nos jours

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L’occupation paléohistorique

Les témoins de l’occupation paléohistorique, vestiges architecturauxet artefacts, sont relativement peu nombreux, bien que fort élo-quents. Les vestiges architecturaux mis au jour semblent en effetconfirmer l’existence, sur les basses terres du cap Tourmente, d’unetechnique de construction de maisons-longues exclusive aux Iro-quoiens de la région. La datation obtenue par l’analyse du radiocar-bone (C14) de quelques grains de maïs associés à ces constructionspermet de faire remonter la première occupation au moins jusqu’aumilieu du XIIIe siècle5, mais plus probablement vers l’an mille. Ilfaut préciser que la découverte de grains de maïs non carbonisés encontexte paléohistorique est une première dans le nord-est améri-cain. Au moins un fragment de vase en terre cuite date toutefois dela période du Sylvicole supérieur tardif, soit entre les XIVe et XVIe

siècles6, témoignant ainsi d’une seconde occupation, plus récente.

La ferme de Champlain

La découverte des vestiges des bâtiments de ferme que Samuel deChamplain fait construire au cap Tourmente en 1626 est excep-tionnelle. Cette ferme constitue en fait une part importante de la« réserve alimentaire » de l’Abitation de Québec, là où réside lapetite communauté française. Consacrée presque essentiellement àl’élevage du bétail, elle est, avec les fermes de Louis Hébert et deGuillaume Couillard à Québec, une des premières exploitationsagricoles de la Nouvelle-France. Le mode de construction des bâti-ments, en terre et en pieu ou, autrement dit, en colombage bousillé,est hérité du Moyen Âge. Nous sommes ici en présence d’unetentative de transposition en terre canadienne de l’architecture pay-sanne traditionnelle normande. À notre connaissance, une seuleautre ferme des débuts de la colonie a privilégié cette technique deconstruction : la ferme des Jésuites sur la seigneurie Notre-Dame-des-Anges. Des fouilles archéologiques menées au lieu historiquenational Cartier-Brébeuf au cours des dernières décennies n’onttoutefois pas permis de retracer les vestiges de cette ferme. Celaconfère aux vestiges de la ferme de Champlain une valeur inesti-mable.

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Nous avons découvert assez peu d’objets associés à l’occupationde la ferme de Champlain. Nous essayerons d’en comprendre lesraisons. Cependant, même si ces témoins sont peu nombreux, ilssont particulièrement significatifs. Certains objets en terre cuitecommune vernissée mis au jour sur le site posent en effet tout leproblème de l’approvisionnement de la colonie à ses débuts.

La période d’abandon

Le site de la Petite-Ferme du cap Tourmente n’est pas exploité parles Anglais entre 1629 et 1633, date du retour de Champlain àQuébec. Ils occupent alors en effet seulement le fort Saint-Louis,l’ancienne Abitation de Champlain n’étant plus utilisée, du moins àdes fins résidentielles. Il semble que le site ne sera pas davantageoccupé au cours des quelque 30 années suivantes. Les terres passentalors entre les mains de plusieurs compagnies et particuliers : laCompagnie des Cent-Associés, Antoine Cheffault de la Regnardièreet Olivier Le Tardif, tous deux membres de la Compagnie deBeaupré et, finalement, Charles Aubert de la Chesnaye, à titre deseigneur pour un quart de la seigneurie de Beaupré et de l’îled’Orléans. Bien qu’il ne semble pas y avoir de bâtiments sur lesterres du cap Tourmente à cette époque, il est toutefois possiblequ’elles aient été exploitées occasionnellement comme pacages pourles animaux et peut-être pour la récolte des fourrages, quoique lesdocuments historiques n’en fassent aucunement mention. Lescauses de cet « abandon temporaire » sont difficiles à cerner précisé-ment, mais certains indices permettent d’en saisir les circonstances.

La ferme du Séminaire de Québec

Première époque (1664-1759)

La ferme du Séminaire de Québec au Régime français a fourni lesplus nombreux témoins d’occupation. Les vestiges architecturauxétant ici très nombreux, nous nous attarderons à décrire seulementceux pour lesquels les fouilles archéologiques ont fourni le plusd’information. Nous pourrons ainsi suivre au fil des ans l’évolutiondes transformations apportées à la maison et aux bâtiments secon-

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daires situés à proximité. L’aspect de la maison actuelle date d’ail-leurs de cette époque et plus précisément de la fin du XVIIe siècle.

Quant à la culture matérielle associée à cette période d’occu-pation, elle permettra, avec l’aide de quelques sources historiques serapportant à l’établissement, de décrire nombre d’activités, tantagricoles que domestiques, s’y étant déroulées. On constatera que laferme gérée par le Séminaire de Québec, puis par Joseph Cadet àcompter de 1748, était en fait une des plus importantes exploita-tions agricoles de la Nouvelle-France.

Seconde époque (1760-1969)

L’évolution de la ferme du Séminaire durant cette longue périodeest beaucoup moins bien connue et déborde d’ailleurs largement lecadre de cette étude. C’est pourquoi nous ne ferons qu’en effleurerl’histoire, laissant à d’autres le soin de combler les lacunes actuelles.

En terminant, nous présenterons brièvement les transforma-tions apportées à la ferme par le Service canadien de la faune, pro-priétaire des lieux depuis un peu plus d’un quart de siècle.

Le lecteur notera que plusieurs sous-titres de chapitre ont étéempruntés aux textes de quelques chansons de Félix Leclerc. Eneffet, qui, mieux que notre plus grand chantre de la terre, pouvaithumaniser, à l’aide de quelques vers, l’histoire du site de la Petite-Ferme ?

Notes

1. Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, p. 44.2. Léo-Guy de Repentigny, La ferme d’en bas du cap Tourmente, La Petite-Ferme

et la Réserve nationale de faune du cap Tourmente : occupation humaine desorigines à 1763, p. VII.

3. Christine Chartré, « Bureau d’évaluation des édifices fédéraux du patrimoine,rapport 91-39, bâtiments de la Petite-Ferme à Cap-Tourmente, P.Q. », p. 1.

4. Raoul Blanchard, L’est du Canada français, tome premier, p. 323-324.5. Les traitements chimiques préliminaires des grains de maïs ont été effectués

par le laboratoire Beta Analytic Inc., Radiocarbon Dating Services, de Miami,en Floride et la datation au C14 par The Lawrence Livermore National Labo-ratory, de Californie.

6. Cette datation est le résultat de l’analyse stylistique d’un des tessons de céra-mique iroquoienne retrouvé sur le site et effectuée par Claude Chapdelaine,du Département d’anthropologie de l’Université de Montréal, et Jean-François Moreau, de l’Université du Québec à Chicoutimi.

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Chapitre 1

L’OCCUPATION PALÉOHISTORIQUE

Les Iroquoiens ont occupé la vallée du Saint-Laurent plusieurssiècles avant l’arrivée des Européens. Plusieurs villages se répartis-saient alors sur les deux rives du fleuve Saint-Laurent, du cap Tour-mente jusqu’à l’île de Montréal. Les plus connus sont Stadaconé(Québec) et Hochelaga (Montréal), que visite Jacques Cartier lorsde ses voyages. Ancrés entre l’île d’Orléans et la rive nord du fleuve,Cartier et ses hommes rendront d’ailleurs visite à la populationlocale de la côte de Beaupré, et peut-être même à celle des bassesterres du cap Tourmente, au mois de septembre 1535.

Nous estans posés et à l’ancre entre icelle grande Isle [l’île d’Orléans]et la terre du Nord, fumes à terre et portames les deux hommes quenous avions pris le précédent voyage, et trouvasmes plusieurs gens dupaïs, lesquels commencèrent à fuir, et ne voulurent approcher jusqu’àce que les dits deux hommes commencèrent à parler et à leur direqu’ils estoient Taiguragny et Donagaya ; et lorsqu’ils eurent cognois-sance d’eux, commencèrent à faire grand’chère, dansans et faisansplusieurs cérémonies, et vindrent partie des principaux à nos bateaux,lesquels nous apportèrent force anguilles, et autres poissons, avec deuxou trois charges de gros mil, qui est le pain duquel ils vivent en la diteterre, et plusieurs gros melons1.

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TABLE DES MATIÈRES

Remerciements ................................................................................. 7

Introduction ..................................................................................... 9

Chapitre 1L’occupation paléohistorique

Des maisons-longues sur le site ? .................................................... 21

Une occupation qui pourrait remonter à l’an mille ! .................... 22

Chapitre IILa ferme de Champlain (1626-1628)

Une part importante de la« réserve alimentaire » de l’Abitation ............................................. 31

Transposition d’une architecture paysannenormande en Nouvelle-France ........................................................ 33

Autres bâtiments et aménagements ................................................ 43

Économie de moyens ? ..................................................................... 45

Le maïs était-il cultivé sur la ferme de Champlain ? .................... 49

Une ferme fortifiée ? ........................................................................ 51

La vie quotidienne sur la ferme ...................................................... 52

Des objets fracassés en mille morceaux........................................... 61

Des ennemis venus du fleuve : l’ultimatum ! ................................. 61

Une longue période d’abandon ....................................................... 64

Par les routes du nord : des terres cuites communespour la ferme de Champlain........................................................... 70

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Chapitre IIILa ferme du Séminaire de Québec,première époque (1664-1759)

L’évolution d’une exploitationagricole du Régime français ............................................................ 75

La ferme de Joseph Cadet,une importante exploitation commerciale ...................................... 79

Les « habits rouges » passent à l’attaque ! ...................................... 81

La ferme du Séminaire de Québec ................................................. 82

La vie quotidienne sur la ferme au Régime français ..................... 97

D’ailleurs et d’ici : de la variété à la Petite-Ferme ...................... 138

Chapitre IVLa ferme du Séminaire de Québec,seconde époque (1760-1969)

La reconstruction ........................................................................... 145

D’autres dépendances ..................................................................... 148

L’évolution architecturale de la maison........................................ 149

Quelques aménagements utilitaires ............................................... 152

Les activités .................................................................................... 154

Chapitre VLe service canadien de la faune (1969 à nos jours)

Changement de vocation ............................................................... 169

Conclusion .....................................................................................173

Bibliographie .................................................................................179

Appendices ....................................................................................185

Summary ........................................................................................225

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composé en minion corps 11selon une maquette réalisée par josée lalancette

cet ouvrage a été achevé d’imprimerpour le compte de gaston deschêneséditeur à l’enseigne du septentrion