La Lettre des élus : Novembre 2009
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Le mensuel d’information des élus étudiants
SOMMAIRE Edito
Association pour la Formation des Elus Etudiants
unef.fr
Une publication mensuelle de l’UNEF et de l’APFEE. N° de Commission Paritaire : 0108G82659 - ISSN : 1761-1547 — Directeur de publication : Sébastien Maurice Rédacteurs en chef : Annaig Piederriere, Salomé Merlo — courriel : [email protected] — Tél : 01 42 02 25 55 — Impression : imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189
APFEE
Actualités locales
Fiche pratique
Préparer un Conseil d’Administration budgétaire
Interview
Nicolas Görtz, Secrétaire Général de la FEF
Dossier
Face à la crise économique : faire de l’emploi des jeunes une prioritép. 7 p. 4 - 5
p. 2
p. 3
p. 6
Actualités nationales
Aides sociales
• Metz : amélioration de l’enca-drement des étudiants
•ENS : le statut de fonctionnai-re-stagiaire ne doit pas dispa-raitre
• IFSI : aller plus loin dans l’intégration aux universités
• Ile de France : pour une carte universitaire au service du service public
• Etudiants étrangers : les universités doivent respecter la loi
Bonjour à tous,
Alors que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche est en discussion à l’Assemblée Nationale, les inquiétudes des étudiants sont grandissantes. En effet en l’état le budget ne permettra ni de rattraper le retard abyssal du financement des universités, ni de lutter efficacement contre l’échec en premier cycle. Les étudiants attendent un changement d’orientation afin que leurs priorités soient financées. A l’heure actuelle le dixième mois de bourse annoncé par Nicolas Sarkozy n’est toujours pas budgétté. Par ailleurs alors que les ministres de l’enseignement supé-rieur et de l’Education viennent de rendre leurs arbitrages concernant la réforme de la formation des enseignants, les élus «UNEF et associations étudiantes» dénoncent une réforme innaceptable en l’état et demande le retrait des décrets publiés en juillet et l’ouverture de négociation. Si le bilan de la politique universitaire de Valérie Pécresse est aujourd’hui décrié par la majorité de la communauté universitaire, il apparait aujourd’hui nécessaire de créer les conditions d’une alternative à l’uni-versité construite depuis plus de deux ans maintenant. Dans les mois qui viennent les élus « UNEF et associations étudiantes » prendront toute leur part dans la construction d’un contre modèle universitaire permettant de remettre la démocratisation au cœur du débat universitaire.La Lettre des Elus consacre le dossier du mois à l’insertion profession-nelle des étudiants, alors que l’intensité de la crise ne diminue pas, les diplômés 2009 éprouvent les plus grandes difficultés à s’insérer sur le marché du travail, les élus « UNEF et associations étudiantes » vous font part de leurs priorités pour garantir à chaque étudiant une insertion pro-fessionnelle de qualité.
Enfin la Lettre des Elus donne la parole à Nicolas Görtz, Secrétaire Général de la Fédération des Etudiants Francophones (FEF) qui nous présente son organisation et son action au sein de l’enseignement supérieur belge.
Bonne lecture à tous,
Florent Voisin,élu au CNESER
p. 8
N° 158 - Novembre 2009 - 0,15 Euros
2 La Lettre Des Élus n°158 - Novembre 2009
Le statut de fonctionnaire -stagiaire ne doit pas disparaître !
Actualités localesENS. Les élus « UNEF et associations étudiantes » lancent une campa-gne dans les ENS pour le maintien du statut de fonctionnaire-stagiaire.
En hausse
Dans le cadre de la mise en place du plan
licence, l’université de Metz a reçu une enve-
loppe budgétaire spécifique destinée à amélio-
rer la réussite des étudiants. Le travail des élus
« UNEF et associations étudiantes » a per-
mis que l’attention soit portée sur le manque
d’encadrement des étudiants, première cause
d’échec à l’université.
L’augmentation du nombre d’heures de
cours des filières de lettres et sciences hu-
maines (LSHS) était l’une des principales re-
vendications des élus « UNEF et associations
étudiantes ». Celui-ci est en effet généralement
bien plus élevé dans les filières scientifiques
créant, de fait, une inégalité criante entre les
étudiants. Grâce au travail des élus « UNEF et
associations étudiantes », l’université de Metz
augmentera de 100 heures le volume horaire
annuel des filières LSHS.
L’université souhaite également dédoubler
les groupes de travaux dirigés. En effet, jusqu’à
présent, les étudiants des filières LSHS de
l’université devaient se contenter de quelques
heures de TD dans des groupes bondés d’une
moyenne de 50 étudiants. A partir de l’année
prochaine, ces groupes comprendront de 25 à
30 étudiants. Cela permettra d’améliorer l’en-
cadrement des étudiants en assurant un suivi
individualisé mais aura également des réper-
cussions sur leur évaluation qui se diversifiera.
Dans des groupes allégés, chaque étudiant
aura désormais la possibilité d’être évalué à
l’oral.
L’action des élus « UNEF et associations
étudiantes » a donc permis d’accroître signi-
ficativement l’encadrement des étudiants de
lettres et sciences humaines et sociales de
l’université de Metz.
Florent GOLIN,
Elu au CEVU de l’université Metz
Metz : amélioration de l’encadrement des étudiants
Metz. Grâce à l’action des élus «UNEF et associations étudiantes», l’université de Metz augmente le volume horaire de licence et dédouble les TD.
Dans l’ensemble des Ecoles Normales Supé-
rieures, des inquiétudes existent sur une éven-
tuelle remise en cause du statut de fonction-
naire-stagiaire à l’occasion de modifications
statutaires à l’œuvre dans la quasi-totalité des
ENS.
Les normaliens sont, en effet, des fonctionnai-
res stagiaires recrutés sur concours et soumis à
un engagement de dix ans au service de l’État
ou d’entreprises publiques. Dans un contexte
de suppression massive de postes dans la
fonction publique, les normaliens n’échappent
pas aux volontés de coupes budgétaires dans
la fonction publique. Les élus « UNEF et asso-
ciations étudiantes » défendront ce statut : loin
d’être une revendication corporatiste et élitiste,
il s’agit en fait de garantir le pré-recrutement
des enseignants et chercheurs et employés de
la fonction publique. La remise en cause de ce
statut est une fausse bonne idée qui ne ferait
que fragiliser le service public et augmenter les
inégalités entre étudiants des ENS. En effet, la
pérennité de ce statut doit garantir une réelle
démocratisation des études en ENS : en per-
mettant, en effet, à tous les étudiants d’avoir
les moyens matériels de financer leurs études
quelque soit leur origine sociale. D’autre part, il
illustre le besoin commun à l’ensemble des étu-
diants de bénéficier d’un véritable statut protec-
teur qui doit permettre à chacun de bénéficier
d’une aide financière couvrant l’ensemble des
besoins pendant la période d’études. La dé-
fense de ce statut est donc un levier pour faire
avancer les droits de l’ensemble des étudiants.
Par ailleurs, afin de répondre aux besoins du
service public de l’enseignement supérieur et
de démocratiser l’accès aux formations des
ENS, il est nécessaire d’augmenter le nombre
de places aux concours.
Thibault Hiron
Elu au CA de l’ENS Cachan
Réforme de la formation des enseignants :
6 syndicats exigent que les concours soient
placés pendant l’année de master 1 !
La forte mobilisation étudiante de l’an passé
avait permis de reporter d’un an la réforme
des IUFM. Alors que ce report devait permettre
l’ouverture de négociations pour une autre ré-
forme, le gouvernement a fait le choix de passer
en force en publiant pendant l’été des décrets
fixant la place du concours en master 2 et ne
mentionnant plus les missions des IUFM. Une
intersyndicale comprenant l’UNEF, le SGEN-
CFDT, le SE- UNSA, le SNESUP FSU, SUP
Recherche, ainsi que le SNUIPP FSU a en-
voyé le 16 octobre dernier un courrier commun
dénonçant ce passage en force et exigeant que
le concours soit ramené à l’année de master 1.
En baisse47% des diplômés de 2008 sans emploi
Le chômage des jeunes diplômés est en forte
hausse, comme l’indique la dernière enquête de
l’AFIJ (Association pour Faciliter l’Insertion pro-
fessionnelle des Jeunes diplômés) sur l’inser-
tion des jeunes diplômés publiée le 14 octobre
dernier. Ainsi, seuls 53 % des diplômés 2008
ont trouvé un emploi, en 6 mois en moyenne.
Seuls 30 % sont en CDI. Ces chiffres doivent
donc amener des réponses concrètes du gou-
vernement pour éviter la précarisation des jeu-
nes diplômés : en prolongeant leurs bourses et
en les accompagnants dans la recherche d’un
premier emploi.
Brèves du CNESERCNESER du 16 novembre 2009
Motion concernant la formation des en-
seignants
Les élus « UNEF et associations étudiantes
» ont participé à la rédaction d’une motion
condamnant les propositions gouverne-
mentales quant à la réforme de la formation
des enseignants. Présentée par les élus «
UNEF et associations étudiantes », SNE-
Sup, UNSA, SGEN-CFDT, Sud Education,
CFTC et FCPE, cette motion a été adoptée
par 19 voix pour et 4 contre. Cette motion
condamne « les décisions ministérielles
inacceptables » qui placent notamment
l’admissibilité des étudiants au concours
pendant l’année de master 2. La motion
dénonce le fait qu’à « aucun moment de la
présentation n’ait été mentionné le terme
IUFM » (induisant de fait la disparition du
rôle des IUFM dans la formation des futurs
enseignants) ni les « questions relatives
aux aides financières dont pourraient dis-
poser les étudiants ». Le CNESER a donc
demandé de « revenir sur la totalité de ce
qui a été engagé pour une toute autre ré-
forme conduisant à une réelle élévation de
la qualification de tous les enseignants ».
Arrêté BTS « services et prestations dans
les secteurs sanitaires et sociaux »
La révision du projet d’arrêté de délivrance
du BTS « services et prestations dans les
secteurs sanitaires et sociaux » était à l’or-
dre du jour. L’arrêté prévoyait une réduction
du nombre de stages obligatoires dans le
cadre de la formation. En effet face à l’aug-
mentation du nombre d’étudiants suivant
cette formation les terrains de stages se sont
raréfiés, les élus « UNEF et associations étu-
diantes ont votés contre le projet présenté et
ont voté une autre version adoptée qui pré-
voit que pour un an seul un des deux stages
prévus dans la formation soit obligatoire. Ce
délai dérogatoire doit permettre de trouver
une solution en développant les terrains de
stages.
Azwaw Djebara,
élu au CNESER
Carte Universitaire. Missionné par Valérie Pécresse pour réfléchir sur la question de l’immobilier parisien, Bernard Larrouturou vient de remettre son rapport.
3La Lettre Des Élus n°158 - Novembre 2009
Actualités nationales
Après des années
de bataille des élus
« UNEF et associa-
tions étudiantes », le
diplôme d’État d’in-
firmier des Instituts
en Soins Infirmiers
(IFSI) donnera lieu à
une reconnaissance
à Bac + 3, par l’ac-
quisition du grade
de licence, au lieu de Bac + 2 actuellement. Si
cette réforme va donc dans le bon sens, elle
reste cependant insuffisante. En effet, si le
grade de licence permet l’accession à Bac+3,
il ne garantit pas un certain nombre de droits
étudiants comme le droit à la réorientation ou
encore les droits en matière disciplinaires…
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
se battront donc localement pour que ces for-
mations offrent le maximum de droits étudiants.
En effet, dans les prochaines semaines, des
Groupement de Coopération Sanitaire (GCS)
rassemblant tous les IFSI d’une académie vont
être créés dans le but de signer une convention
avec une université de l’académie. Les élus «
UNEF et associations étudiantes » se saisiront
de ces conventions : elles doivent, en effet,
fixer le nombre d’enseignants de l’université
pouvant enseigner en IFSI ou encore les pos-
sibilités de réorientation des étudiants dans les
autres filières de l’université. Vos élus exige-
ront donc le droit à la réorientation et à la pour-
suite d’étude des étudiants en IFSI par l’accès
de droit à un master 1, ce que ne garantie pas
la réforme.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
poursuivront par ailleurs la bataille au niveau
nationale en demandant que les IFSI soit plei-
nement intégrés aux universités permettant
ainsi aux étudiants d’acquérir le diplôme de li-
cence, et non plus seulement le grade, et de bé-
néficier pleinement des droits étudiants. Cette
intégration devrait ainsi permettre l’émergence
d’un « pôle santé à l’université », ainsi que la
mise en place d’une filière complète autorisant
la poursuite d’étude en master et l’émergence
d’une recherche en soins infirmiers
Florent Voisin
élu au CNESER
Soins infirmiers. Dans le cadre de l’intégration des IFSI, Ies universi-tés devront prochainement examiner les conventions à signer avec les IFSI
Ile de France : pour une carte universitaire au service de la démocratisation !Valérie Pécresse a annoncé qu’elle souhaitait
reprendre sept propositions du « rapport Lar-
routurou » présenté en octobre dernier. Pour-
tant, ce rapport suscite de nombreuses inquié-
tudes. En effet, en ne se préoccupant que des
universités parisiennes, ses propositions ris-
quent d’accroître la concurrence entre les uni-
versités d’Ile de France. Pour les élus « UNEF
et associations étudiantes », les modifications
de la carte universitaire doivent se faire dans
l’objectif de démocratiser l’accès et la réussite
du plus grand nombre dans l’enseignement su-
périeur.
Un regroupement d’établissements qui
accentue la concurrence
Bernard Larrouturou avait été nommé afin d’ap-
porter des solutions au morcellement de la car-
te universitaire parisienne. Le rapport préconise
de regrouper un certain nombre d’universités et
d’écoles au sein de PRES. Il propose pour cela
la constitution de deux grands PRES parisiens.
Le rapport préconise également d’améliorer
l’offre en matière de vie étudiante en augmen-
tant notamment le nombre de logements étu-
diants (12 000 logements supplémentaires
d’ici à 2020).
Toute évolution doit se faire dans l’objec-
tif de renforcer le service public
Les deux PRES préconisés par le rapport
concernent uniquement certains établisse-
ments de Paris intra muros. Le rapport exclue
de facto certaines universités parisiennes et
toutes les universités de banlieue des regrou-
pements. De plus, les fondements juridiques
sur lesquels les PRES reposent ne garantis-
sent pas la gestion démocratique de ces pôles.
En effet en étant exclus de la gouvernance des
PRES, les étudiants n’auront pas la possibilité
de s’exprimer sur les orientations majeures de
la carte universitaire à Paris. Les élus « UNEF
et associations étudiantes » se battront pour
que la constitution de ces PRES réponde à
des critères permettant d’assurer l’égalité en-
tre établissements et la participation des étu-
diants, avec pour objectif principal la démocra-
tisation.
Annabelle Janodet
élue au CNESER
IFSI : aller plus loin dans l’intégration aux universités !
4 La Lettre Des Élus n°158 - Novembre 2009
Stage : où en sommes-nous ?Après plusieurs années de mobilisations, la législation sur les stages a enfin évolué dans la loi du 24 novembre 2009 : obligation de rémunérer à 30% du SMIC les stages de plus de 2 mois, interdiction des stages hors cursus.
Ces mesures, bien qu’insuffisantes, sont importantes. En effet, trop souvent, les stages sont détournés de leur objectif de formation et constituent un sous contrat de travail permettant l’utilisation de stagiaires comme main d’œuvre bon marché. A titre d’exemple, on estime aujourd’hui que 100 000 emplois seraient occupés indûment par des stagiaires. L’interdiction des stages hors cursus, que l’UNEF réclamait de ses vœux, doit permettre de rendre au stage sa mission essentielle. Celui-ci doit s’inscrire dans une formation et servir à élargir les compétences des étudiants, tout en restant une première expérience du monde du travail. Le stage doit être une formation par la pratique et permettre aux étudiants d’appliquer les compétences et les savoirs acquis lors de leur cursus.
Parce que nous sommes convaincus qu’un stage, lorsqu’il répond à ces exigences, est bénéfique à l’étudiant, l’UNEF s’est prononcé pour la généralisation des stages au sein des cursus, tant au niveau Licence qu’au niveau Master. D’autant qu’en matière d’insertion professionnelle, les déterminismes sociaux jouent à plein. La généralisation du stage doit permettre de démocratiser l’insertion profes-sionnelle. Si l’interdiction des stages hors cursus va dans le bon sens, la législation sur les stages est encore largement insuffisante : la rémunération à 30% su SMIC à partir du 2e mois apparaît comme une aumône. Il n’existe pas dans la loi de protection contre les abus de stages, le lien entre formation et stage demeure trop faible.
L’UNEF exige donc une réglementation contraignante des stages incluant notamment :
* la rémunération des stages à 50% du SMIC dès le premier mois.
* des mesures condamnant les « abus de stages » dans les entreprises
* un meilleur encadrement des stages dans les entreprises et dans les établissements d’enseignement supérieur
* La création du bureau de stage dans chaque établissement pour permettre à tous les étudiants de pouvoir bénéficier des offres de stages et d’un accompagnement dans leurs recherche.
DossierEmploi des jeunes. Les conséquences de la crise sont lourdes pour les jeunes. 650 000 jeunes di-plômés rentrent cette année sur un marché du travail dégradé et l’augmentation du chômage condamne toute une génération à des conditions de travail revues à la baisse. Les élus « UNEF et associations étu-diantes » reviennent sur ce dossier brûlant de l’emploi des jeunes. Des mesures urgentes et ambitieuses doivent être prises et notamment dans les universités.
Face à la crise économique, faire de l’emploi des jeunes une priorité !
financement à la performance contribuant, de
fait, au creusement des inégalités entre les uni-
versités. Ensuite, cette proposition appuie l’idée
que l’université serait responsable du chômage
alors même que le diplôme reste la meilleure
protection contre le chômage.
Insertion professionnelle des jeunes :
deux visions opposées
En effet, le discours ambiant tend à démontrer
que l’une des principales causes du chômage
des jeunes tient à l’inadaptation des formations
universitaires aux besoins du marché du tra-
vail. L’université aurait donc une forte respon-
sabilité. Pourtant, les chiffres démontrent le
contraire. Selon les chiffres du CEREQ*, 27%
des jeunes non qualifiés sont au chômage,
pour 6% pour les jeunes ayant une licence.
En 2007, la proportion de jeunes au chômage
dans la génération de 2004, était cinq fois plus
importante pour les non diplômés que pour les
titulaires d’un master
Une absence de réponses ambitieuses
Dans ce contexte, le gouvernement se conten-
te d’afficher des ambitions, sans aucunes me-
sures suffisantes pour régler concrètement et
durablement la question du chômage des jeu-
nes. Lors de son discours sur la jeunesse le
29 septembre à Avignon, Nicolas Sarkozy s’est
contenté d’un bricolage des dispositifs déjà
existants ou de la mise en chantiers « d’expéri-
mentation » qui ne sont pas à même de trouver
des solutions efficaces aux difficultés que ren-
contre la jeunesse.
De son côté, Valérie Pécresse a annoncé, le
26 octobre dernier, la mise en place d’un « in-
dicateur d’insertion professionnelle ». Loin de
s’attaquer en profondeur à l’insertion profes-
sionnelle des jeunes, la création de cet indica-
teur pose deux problèmes. Tout d’abord, il se
situe dans une logique de mise en concurrence
des universités : l’indicateur d’insertion profes-
sionnelle rentrera en compte dans le calcul du
Face à une situation qui se dégrade, des réponses largement insuffisantes
Avant même la crise, la situation de l’emploi
des jeunes était inquiétante. En 2008, le taux
de chômage des jeunes actifs était en France
de 18% et 49% des emplois occupés par des
jeunes étaient des emplois précaires. Cette si-
tuation s’aggrave suite aux conséquences de
la crise. En une année seulement, le chômage
des jeunes a augmenté de 28% et 47% des
jeunes diplômés de 2008 n’ont toujours pas
trouvé d’emploi à la rentrée 2009! L’absence
de protection collective des jeunes de moins
de 25 ans et l’exclusion des minimas sociaux
exposent les jeunes à la fois au chômage de
masse et au phénomène de déqualification.
Les jeunes sont souvent obligés d’accepter des
emplois ou des conditions de travail en deçà de
leur niveau de qualifications.
5La Lettre Des Élus n°158 - Novembre 2009
Dossier
En fait, deux visions d’opposent quant à l’in-
sertion professionnelle des jeunes. D’un côté,
la vision utilitariste prônée par les libéraux et
qui proposent que les diplômes préparent aux
besoins immédiats du marché de l’emploi affai-
blissant de fait la protection à long terme des
salariés. Les élus « UNEF et associations étu-
diantes » prônent, quant à eux, une logique de
qualification afin de faire face aux évolutions
économiques et donnant une forte capacité
d’adaptation. En effet, la vraie dévalorisation
des diplômes réside dans leur absence de re-
connaissance par les entreprises qui profitent
du chômage pour utiliser les qualifications des
jeunes diplômés sans les rémunérer à leur juste
valeur. C’est donc bien la situation économique
et la dérégulation du marché du travail qui est
responsable du chômage des jeunes.
Face à une telle situation, les jeunes ne peu-
vent se contenter de « mesurettes » sur l’in-
sertion professionnelle. Pour les élus « UNEF
et associations étudiantes », il convient d’amé-
liorer globalement la situation de l’emploi et de
renforcer la préparation à une insertion profes-
sionnelle durable à l’université.
Protéger la période d’insertion professionnelle et favoriser l’emploi des jeunes
Le diplôme étant la meilleure protection contre
le chômage, le premier des chantiers est donc
d’ouvrir massivement l’accès à la qualification
et donc au diplôme. Des réformes profondes
doivent s’engager pour donner les moyens à
l’université d’accueillir 3 millions d’étudiants,
d’assurer la réussite de chacun d’entre eux, et
de leur donner les moyens d’une insertion pro-
fessionnelle de qualité et durable. Les élus «
UNEF et associations étudiantes » ont déjà fait
de nombreuses propositions sur ce thème.
Construire l’université de tous les métiers
L’université ne prépare plus aujourd’hui aux
seuls métiers de la recherche, du droit ou de la
médecine. Elle doit préparer à tous les métiers,
notamment à ceux nécessitant un niveau de
qualification élevé. L’université doit progressi-
vement intégrer toutes les formations supérieu-
res (formations paramédicales, enseignement
agricole, écoles d’archi…). Des équivalences
entre les formations doivent être multipliées et
la pluridisciplinarité développée pour assurer
une orientation professionnelle progressive et
un champ d’insertion le plus large possible.
Lutter contre la reproduction sociale dans
l’insertion professionnelle
L’université doit préparer l’ensemble des étu-
diants à la vie professionnelle, faute de quoi
l’insertion professionnelle de qualité restera ré-
servée à une minorité favorisée encourageant
ainsi la reproduction sociale. L’ensemble des
cursus doit être professionnalisé et chaque ni-
veau de diplôme doit être qualifiant. Cela passe
par l’intégration dans tous les cursus de modu-
les de construction du projet professionnel, de
préparation à la rédaction de CV et aux entre-
tiens d’embauche ou encore de cours de droit
du travail par exemple.
Les mesures à prendre pour améliorer l’emploi des jeunes
Favoriser l’emploi des jeunes
C’est en sécurisant le marché du travail pour
tous les salariés que les jeunes seront mieux
protégés. En effet, les jeunes sont des tra-
vailleurs comme les autres. A ce titre, toute
mesure spécifique prétendument destinée à
réduire le chômage des jeunes (du type CPE)
ne peut constituer une réponse satisfaisante et
durable. Il faut donc lutter globalement contre
le chômage. Par exemple, il est nécessaire
de mettre en œuvre une programmation de
l’emploi public (éducation, santé..) afin de
faire face aux besoins d’un service public
de qualité, d’une part, et de sortir les étu-
diants se destinant à ces métiers de l’incer-
titude, d’autre part.
Par ailleurs, en l’absence de minima sociaux
avant 25 ans ou d’indemnisation chômage,
la période d’insertion professionnelle repré-
sente un « sas de précarité » contraignant
les jeunes à prendre le premier emploi venu
pour pouvoir survivre une fois diplômé. La
période de recherche du 1er emploi doit
donc être protégée par une extension de la
protection sanitaire et sociale et la création
d’une aide à la recherche du 1er emploi.
Pour une reconnaissance des qualifi-
cations
En l’absence de cadrage national des di-
plômes et d’inscription dans les conven-
tions collectives, les qualifications délivrées
par l’université sont largement utilisées
par les entreprises sans être reconnues,
en termes de statut et de rémunération. Il
est nécessaire de renforcer le diplôme afin
d’en faire un outil de protection collective
sur le marché du travail. Les élus « UNEF
et associations étudiantes » réclament une
reconnaissance des qualifications dans les
conventions collectives. A chaque poste
doit être associé un niveau de qualification
et un niveau de rémunération.
* CEREQ : Centre d’études et de recher-
ches sur les qualifications
Dossier réalisé par
Annaïg Piederriere
élue au CNESER
6 La Lettre Des Élus n°158 - Novembre 2009
Aide socialeEtudiants étrangers. Alors que la règlementation vis-à-vis des étudiants étrangers les plonge dans une précarité administrative inacceptable, certaines universités font du zèle et dressent des barrières supplémentaires à l’inscription des étudiants étrangers.
A l’heure actuelle, nombre d’universités refu-
sent d’inscrire des étudiants qui ne sont pas
en possession d’un visa études ou d’un titre de
séjour étudiant. Pourtant rien ne justifie cette
pratique. Au contraire, ces universités violent la
réglementation.
Une précarité administrative inacceptable
La politique d’ « immigration choisie » mise en
place par le gouvernement se traduit, pour les
étudiants étrangers, par l’obsession du contrôle
des parcours universitaires par les préfectures.
Les critères établis ne répondent pas à des pré-
occupations pédagogiques mais à une logique
du chiffre qui se traduit par un renforcement
de l’arbitraire dans la délivrance des titres de
séjours : les candidats se voient régulièrement
refuser leur « visa études ». Ce système pro-
duit des sans-papiers : des candidats munis de
visa « court séjour » se retrouvent souvent en
situation irrégulière. De plus, les étudiants en
possession d’un titre de séjour doivent, chaque
année, en demander le renouvellement. Les
préfectures ne se contentent alors pas de vé-
rifier que l’étudiant est toujours bien étudiant,
mais qui s’ingèrent dans les prérogatives pé-
dagogiques des universités : pour un simple
redoublement ou changement de filière le re-
nouvellement peut être refusé.
Des universités…trop zélées !
Les étudiants étrangers souffrent donc d’une
réelle précarité administrative. Certaines uni-
versités aggravent encore cette situation en
demandant aux étudiants étrangers de présen-
ter leur titre de séjour lors de l’inscription. Pour-
tant, cette pratique ne leur est en aucun cas
demandée : la circulaire interministérielle sur
les conditions d’inscription des étudiants étran-
gers dans les établissements d’enseignement
supérieur (C. n° 2002-214 du 15 août 2002)
reconnaît que la régularité du séjour n’est pas
une condition pour l’inscription à l’université
d’étudiants étrangers. Valérie Pécresse l’a, par
ailleurs, rappelé au mois de juillet à l’Assemblée
Nationale. Interpellée par un député alerté du
contrôle que subissent les étrangers par l’admi-
nistration de l’université de sa circonscription,
Valérie Pécresse a confirmé que « [la] carte de
séjour n’est normalement pas au nombre des
pièces exigées pour l’inscription de l’étudiant
dans un établissement dès lors qu’elle n’est
parfois établie que postérieurement à l’inscrip-
tion. En tout état de cause, il n’entre pas dans
les attributions des établissements d’enseigne-
ment supérieur de vérifier la régularité de la si-
tuation d’un étudiant au regard de son titre de
séjour. Cette compétence demeure propre aux
services compétents du ministère de l’intérieur
». Cette pratique relève donc bien d’un excès
de zèle de la part des universités.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » à l’offensive
Vos « élus UNEF et associations étudiantes »
se battent au quotidien pour réclamer l’égalité
entre étudiants et permettre ainsi à tous d’ac-
céder et de réussir à l’université. C’est pourquoi
ils se battent pour que les universités respec-
tent la réglementation : des motions rappelant
qu’il ne peut exister de discrimination à l’ins-
cription pour des raisons de nationalité sont ac-
tuellement présentées dans tous les Conseils
d’administration des universités concernées.
En effet, il ne revient pas aux services des
universités de se substituer aux procédures
de contrôle administratif des préfectures. Les
mêmes critères doivent s’appliquer à tous : les
candidatures des étrangers, comme celles des
français, doivent être appréciées au regard de
critères pédagogiques. La présentation d’une
pièce d’identité lors de l’inscription universitaire
doit avoir pour seul but de vérifier l’identité de
l’étudiant et non sa situation administrative. De
la même manière, les élus « UNEF et associa-
tions étudiantes » réclament la fin du contrôle
des parcours universitaires par les préfectures.
Une inscription à l’université doit permettre la
délivrance automatique d’un titre de séjour et
ainsi mettre fin à des situations administratives
aberrantes. En 2006, Nicolas Sarkozy, alors
ministre de l’intérieur, avait d’ailleurs répondu
à une revendication des élus « UNEF et asso-
ciations étudiantes » en inscrivant dans la loi
la mise en place d’un titre de séjour étudiant
pluriannuel. Inexistante à l’heure actuelle, vos
élus poursuivent la bataille pour faire respecter
cet engagement.
Karl Stoeckel
élu au CA du CNOUS
Inscription des étudiants étrangers: les universités doivent respecter la loi !
7La Lettre Des Élus n°158 - Novembre 2009
Fiche pratique
Tous les ans, en décembre, les conseils d’ad-
ministration des universités doivent voter le
budget de l’établissement. La Lettre des Elus
revient sur les éléments utiles que doivent
connaître les élus pour défendre les intérêts
des étudiants.
Les nouvelles procédures budgétaires
Les procédures budgétaires ont profondément
changé avec la mise en place de la loi LRU et
rendent le débat budgétaire d’autant plus im-
portant. La principale évolution est la mise en
place du « budget global » dans le cadre du
passage à l’autonomie renforcée des universi-
tés.
Au 1er janvier 2010, 19 universités supplémen-
taires passeront aux compétences élargies. La
LRU prévoit d’attribuer aux universités qui en
font la demande des «compétences élargies»
en matière budgétaire. Les établissements
autonomes sont dotés d’un budget global : les
moyens ne sont plus fléchés sur des dépenses
précises. Le budget global pose plusieurs pro-
blèmes : il risque de creuser les inégalités entre
les différents établissements et de fragiliser le
service public.
Ce budget inclut les dépenses liées à la ré-
munération des personnels de l’université. Il
permet de transformer des crédits destinés à
rémunérer des personnels en crédits de fonc-
tionnement. Les universités pourront ainsi
supprimer des postes alors même que le taux
d’encadrement administratif et pédagogique
est aujourd’hui insuffisant. Pour éviter des dé-
rives, les élus doivent être vigilants pour que le
passage au budget global n’entraine pas des
coupes budgétaires dans certaines composan-
tes de l’établissement et une diminution du taux
d’encadrement.
Peser sur le débat budgétaire
Le débat budgétaire est essentiel : il permet de
contrôler la bonne utilisation des dotations pu-
bliques accordées aux universités, mais aussi
d’évaluer les objectifs politiques de l’établisse-
ment. C’est un exercice périlleux pour les élus
étudiants, qui sont rarement préparés à inter-
préter des tableaux budgétaires.
La procédure budgétaire est régie par le décret
du 14 janvier 1994, modifiée le 28 juin 2008,
dans le cadre de l’application de la LRU :
1. Chaque composante et service commun dé-
termine les moyens nécessaires à la réalisation
de ses missions.
2. Le CA délibère sur les prévisions d’activités,
arrête l’équilibre financier ainsi que les grandes
catégories de recettes et de dépenses du projet
de budget.
3. Le projet est communiqué au recteur.
4. Les UFR et les services adoptent leurs bud-
gets, qui sont ensuite centralisés.
5. Présentation et vote en C.A.
6. Si le budget n’est pas exécutoire le 1er mars,
il est arrêté par le recteur d’académie.
Cette procédure est très peu respectée dans
les universités. Il est néanmoins nécessaire de
réclamer un maximum de débats et d’informa-
tions en préalable du vote (calendrier précis),
pour avoir des marges de manœuvre sur le dé-
bat budgétaire.
Les enjeux prioritaires dans un débat budgétaire
Voici les priorités sur lesquelles il faut ou influer
dans la discussion :
- Les recettes de l’université :
L’université bénéficie de trois types ressources
: la dotation générale de fonctionnement (DGF),
l’argent issu de la négociation du contrat qua-
driennal, et les ressources propres de l’établis-
sement (frais d’inscription, taxe d’apprentissa-
ge, subventions de collectivités territoriales…).
Il est important de surveiller l’évolution des re-
cettes. Il faut en priorité être vigilant sur le mon-
tant de la DGF qui doit être à la hauteur des be-
soins de l’université (urgence immobilière, lutte
contre l’échec…) Il faut aussi surveiller l’évolu-
tion de la part prise par les recettes propres de
l’université dans le budget. Son augmentation
est surtout le signe du désengagement crois-
sant de l’Etat et constitue un véritable danger
pour les établissements car ces revenus sont
soumis à des évolutions fréquentes.
- Les dépenses de l’université :
Il s’agit sans aucun doute de la partie la plus
complexe du budget. Si seule une présentation
par « grandes masses » (fonctionnement, per-
sonnels, investissement) du budget est faite, il
faut demander une lecture par chapitres pour
comparer les évolutions concernant la vie étu-
diante, la pédagogie, les heures complémentai-
res… par rapport aux années précédentes. Ces
évolutions doivent êtres portées à la connais-
sance des élus car elles illustrent les priorités
retenues par l’établissement.
Azwaw Djebara
élu au CNESER
Budget. Chaque année, le budget des universités sont votés en conseil d’administration. La procédure manque souvent de clarté pour les élus étudiants mais ce moment est essentiel pour pouvoir faire avan-cer les analyses et les revendications des étudiants.
Comment préparer un conseil d’administration budgétaire ?
Liste des 19 universités concer-nées par le passage à l’autonomie renforcée au 1er janvier 2010
Aix-Marseille 3, Besançon, Bor-deaux 1, Bordeaux 2, Brest, Clermont 2, Metz, Montpellier 2, Nice, Paris 2, Paris 11, Paris 12, Lille 2, Littoral, Lyon 3, Toulouse 3, Tours, Valenciennes, Versailles Saint-Quentin
8 La Lettre Des Élus n°158 - Novembre 2009
La Lettre des Elus : Peux-tu nous présenter rapidement le système universitaire belge?
Nicolas Görtz : La Belgique francophone
compte environ 150.000 étudiants. Il y a trois
grandes catégories d’établissements : les uni-
versités (études en 5 ans), les «hautes écoles»
(généralement en 3 ans, filières professionnali-
santes) et les écoles d’arts (de 3 à 5 ans). Suite
à une première vague de fusions, la Belgique
francophone compte actuellement six univer-
sités accueillant 70.000 étudiants qui doivent
chacun s’acquitter de 837€ de frais d’inscrip-
tion. Les Hautes écoles sont au nombre de 21
et regroupent 72.500 étudiants. Souvent, leurs
droits d’inscriptions sont plus faibles que ceux
des universités (environ 300€) mais ils sont
complétés par des droits d’inscriptions complé-
mentaires s’élevant jusqu’à un plafond de 837€.
Certaines écoles peuvent toutefois demander
jusqu’à 1200€. Les Ecoles d’Arts accueillent
environ 6500 étudiants. Les frais d’inscriptions
y sont variables.
Aux frais d’inscriptions se rajoutent évidem-
ment les frais liés au matériel de cours, aux
stages, au logement, à la nourriture, aux trans-
ports, etc. Selon une enquête de la FEF de
2007, une année d’étude coûte entre 10.000 et
12.000€ pour un étudiant qui n’habite pas chez
ses parents.
LDE : Quelle est la politique universitaire menée actuellement en Belgique francophone ?
N.G : Un nouveau ministre, Jean-Claude
Marcourt, a été nommé en juin 2009. Il est à
la fois ministre de l’enseignement supérieur
et ministre de l’économie, ce qui, pour la FEF,
est un mauvais signal. Le ministre a une vision
opposée à celle de la FEF sur l’enseignement
supérieur. Par exemple, il estime qu’il y a des
filières « porteuses », autrement dit des études
utiles, et des filières « non porteuses » et qu’il
faut en informer les étudiants. Il s’agit donc
pour lui d’orienter les choix d’études des jeunes
en fonction de soi-disants débouchés économi-
ques.
Les universités souffrent également d’un sous-
financement criant : alors qu’un refinancement
des universités était prévu à hauteur de 4 mil-
lions d’euros par an sur une durée de 8 ans
(soit 32 millions d’€), le gouvernement a décidé
de « lisser » ce refinancement. L’enveloppe
globale de 30 millions d’€ est conservée mais
elle sera finalement allouée sur 16 ans. Cela a
deux conséquences : d’une part, les universités
agonisent (le refinancement initial de 4 millions
par an était déjà largement insuffisant). D’autre
part, le gouvernement encourage les universi-
tés à se tourner vers des financements privés
malgré les risques que cela comporte. Le gou-
vernement se sert de la crise pour justifier le
désinvestissement public et le financement par
le privé de services publics fondamentaux tels
que l’éducation. Cette politique s’inscrit dans la
logique consistant à « marchandiser » de plus
en plus les services publics, notamment l’édu-
cation, qui est à l’œuvre dans plusieurs pays
européens et promu dans la stratégie de Lis-
bonne de la Commission européenne.
Enfin, suite à la campagne « ResPACT » me-
née par la FEF depuis deux ans qui exigeait
la diminution du coût des études, le gouverne-
ment s’est engagé à diminuer effectivement ce
coût. Toutefois, pour l’instant, le gouvernement
n’agit pas en ce sens et n’organise que des «
tables rondes » d’où ne ressortent que peu de
choses. Il faut donc continuer à se mobiliser
pour obtenir de réelles victoires.
LDE : Face à cette politique, quels sont le projet et l’action de la FEF ?
N.G : La FEF se bat pour un enseignement
public, de qualité et gratuit pour tous. L’ensei-
gnement supérieur contribue à l’émancipation
collective et au progrès de l’ensemble de la so-
ciété, il doit donc être organisé et financé par
le public, donc, par les impôts des citoyens.
Parce qu’il est public, l’enseignement supérieur
doit être de qualité, tant pour le niveau et l’inter-
disciplinarité de formation que pour les moyens
matériels et humains. Enfin, comme l’enseigne-
ment supérieur est public il doit être gratuit. Si-
non, l’argent de tous risquerait que seules les
personnes qui sont actuellement les plus favori-
sées puissent accéder à l’enseignement supé-
rieur. Toute tentative de mise en place d’autres
barrières qu’économique contribuerait à renfor-
cer les inégalités et contribuerait à l’échec du
rôle de changement social de l’enseignement
supérieur.
En cette rentrée, la FEF lance une nouvelle
campagne intitulée « Sauvez Wendy ». Wendy
est un personnage symbolique qui doit être sau-
vée en diminuant le coût de ses études. Cette
campagne va s’articuler au niveau local et au
niveau de la Belgique francophone. La FEF or-
ganisera notamment une action symbolique en
novembre devant le cabinet du Ministre et une
manifestation au mois de mars.
Propos receuillis par Annaïg Piederriere
élue au CNESER
Interview3 questions à ... Nicolas Görtz, Secrétaire Général de la Fédération des Etudiants Francophones (FEF)
Qu’est ce que la FEF?
La Fédération des Etudiants Francopho-
nes est le syndicat étudiant des univer-
sités de Belgique Francophone
«La FEF se bat pour un enseignement pu-blic, de qualité et gra-tuit pour tous. L’en-seignement supérieur contribue à l’émanci-pation collective et au progrès de l’ensemble de la société, il doit donc être organisé et financé par le public, donc, par les impôts des citoyens.»