Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

6
LES LEGIONNAIRES DE LA PAIX Les premiers éléments du 2e REP se mettent en place le 22 août 19S2. dans Beyrouth ravagé par les combats. Epave de T-34 des forces progressistes écrasé par les bombardements israéliens. Considéré comme le fer de lance des unités d'interventions extérieures, les unités de la Légion étrangère ont eu aussi pour mission d'assurer la paix dans le monde. Pour preuve, l'action exemplaire des légionnaires au sein de la Force d'interposition en 1982 au Liban. Voici le récit d'une part des légionnaires du 2e REP dans le cadre de l'Opération Epaulard, et d'autre part, celui des bérets verts de la 31e Brigade au sein de l'Opération Diodon III. PHOTOS : LEGION ETRANGERE 18 août 1982 - Salle des transmis- sions du camp Raffalli : un urgent classi- fié pour Regpara-Calvi, Ce genre de mes- sage, on le connaît dans la - Maison » : Loyada. le Tchad. Kolwezi. en général il y a du baroud à la clé. Le colonel Janvier qui a récemment succédé au colonel Guignon met le Régiment en configura- tion opérationnelle. Le lendemain, le 2e REP est rassemblé sur l'aéroport de Bastia-Poretta. Lorsque le ministre Charles Hernu, accompagné du général Lacaze. chef d'état-major des armées. ( 1 ), s'approche. Janvier connaît sa desti- nation, mais pas encore sa mission. Le général Granger, patron du GAP., qui commandera l'opération lui en donne les éléments .- Le détachement légionnaire 111 Ainsi que le général Schmrtt commandant la 11f DP et le général Lardry. -patron' duG.LE. constituera l'avant-garde d'une force multinationale d'interposition (Etats- Unis. Italie et France) dont la mise en oeuvre a été décidée après les accords intervenus sur l'établissement d'un ces- sez-le feu à Beyrouth-ouest et sur les modalités d'évacuation des forces pales- tiniennes de ce quartier de la ville. » Autrement dit, il faut « s'entremettre » sans esprit de riposte. Partie de bras de fer Après une courte escale à Larnaca, à Chypre, les légionnaires embarquent sur la Dives, tandis que la Ranceest aména- en P.C. Après une nuit difficile, le 21

Transcript of Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

Page 1: Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

LES LEGIONNAIRESDE LA PAIX

Les premierséléments du 2e

REP se mettenten place le 22août 19S2. dansBeyrouth ravagépar les combats.Epave de T-34 desforcesprogressistesécrasé par lesbombardementsisraéliens.

Considéré comme le fer delance des unitésd'interventions extérieures,les unités de la Légionétrangère ont eu aussipour mission d'assurer lapaix dans le monde. Pourpreuve, l'action exemplairedes légionnaires au sein dela Force d'interposition en1982 au Liban.Voici le récit d'une partdes légionnaires du 2e REPdans le cadre del'Opération Epaulard, etd'autre part, celui desbérets verts de la31e Brigade au sein del'Opération Diodon III.

PHOTOS : LEGION ETRANGERE

18 août 1982 - Salle des transmis-sions du camp Raffalli : un urgent classi-fié pour Regpara-Calvi, Ce genre de mes-sage, on le connaît dans la - Maison » :Loyada. le Tchad. Kolwezi. en général il ya du baroud à la clé. Le colonel Janvierqui a récemment succédé au colonel

Guignon met le Régiment en configura-tion opérationnelle. Le lendemain, le2e REP est rassemblé sur l'aéroport deBastia-Poretta. Lorsque le ministreCharles Hernu, accompagné du généralLacaze. chef d'état-major des armées.( 1 ), s'approche. Janvier connaît sa desti-nation, mais pas encore sa mission. Legénéral Granger, patron du GAP., quicommandera l'opération lui en donne leséléments .- • Le détachement légionnaire

111 Ainsi que le général Schmrtt commandant la11f DP et le général Lardry. -patron' duG.LE.

constituera l'avant-garde d'une forcemultinationale d'interposition (Etats-Unis. Italie et France) dont la mise enœuvre a été décidée après les accordsintervenus sur l'établissement d'un ces-sez-le feu à Beyrouth-ouest et sur lesmodalités d'évacuation des forces pales-tiniennes de ce quartier de la ville. »Autrement dit, il faut « s'entremettre »sans esprit de riposte.

Partie de bras de ferAprès une courte escale à Larnaca, à

Chypre, les légionnaires embarquent surla Dives, tandis que la Ranceest aména-gé en P.C. Après une nuit difficile, le 21

Page 2: Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

août à 6H30 la 1ere Compagnie débarqueen tête du détachement, mitraillée... parles flashes d'une centaine dejournalistesauxquels répond le mutisme absolu deslégionnaires qui ont été spécialement« brieffés » à cet effet. Une partie de brasde fer s'engage avec les Israéliens quifont des difficultés pour abandonnerleurs positions. Pendant que l'ambassa-deur de France, M. Paul Marc-Henry, par-lemente avec un officier supérieur,contournant le bassin n°1, ses épaves, samuraille de conteneurs souvent éven-

S'entremettresans esprit de

riposte !très, les sections prennent possessiondu port. Vers l'ouest, le contact est établiavec les Syriens. La relève sur les posi-tions s'effectue sans heurt, de la façon laplus classique. Un peu plus tard, mêmescénario avec les forces de l'O.LP devantune ancienne banque qui constituera le« Check-Point Vert ».

Aussitôt à terre, la C.C.S. (2) prend lecontrôle du port de commerce qu'ellecédera six jours plus tard, parfaitementaménagé, aux Marines. Après un détourpar l'ambassade de France bien endom-magée par les projectiles, elle s'installesur l'hippodrome. Outre l'organisation

(2) Compagnie de commandement et de soutien.

du terrain et les tâches qui lui sont pro-pres, la Compagnie assure le désobu-sage du champ de course, enlevant plu-sieurs centaines d'engins de toutes sor-tes et les roquettes de Katiouchas.

En ville, l'ambassadeur profite de laprésence du 2e R.E.P. pour reprendrepossession de la Résidence des Pins. A« Check-Point Vert », les légionnaires quiont fouillé le secteur ont fait des décou-vertes ahurissantes : munitions aban-données un peu partout, mines anti-chars de divers modèles protégeant les

Ci-dessus. Légionnaires de la 31' Brigade enposition lors de l'opération Diction III. O-contre.Dernières directives pour ces c ~REP avant la mise en place des iBeyrouth.

accès, pièges et expéosifs amorcés élec-troniquement. destinés à détruire mté-

es — e_: es

Le 25 août la phase 2 dEpauiard dé-bute : le détachement français s'installesur la ligne de démarcation entre Tsahal

Page 3: Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

et l'O.LP. Ignorant les provocations desFeddayins et des Morabitouns (parti li-banais de gauche). Vert (1ere Cie) pro-gresse vers le secteur qu'elle doit tenir :la place Beyhum, ex-quartier résiden-tiel ! La place, entièrement ceinturée pardes glacis de terre plus hauts que descamions, est déserte et les façadeseventrees des immeubles restent muet-tes. Pourtant, ils sont là... Le systèmedéfensif est tenu par 400 combattants.Chaque bâtisse, même écroulée est unvéritable bunker. Les positions fortifiéesà l'origine par des murs de sacs de sa-bles, puis bétonnées et étayées occu-pent le rez de chaussée et le premierétage, le second, renforcé lui aussi, sertde zone-vie.

MOURIR A BEYROUTHLa recherche de la paix au Liban n'est

pas une sinécure. L'Armée française, lorsde sa mission au sein de la Force Multina-tionale de Sécurité de Beyrouth a payé unlourd tribut à cette cause. S'interposantentre les factions, protégeant l'évacua-tion des Palestiniens, évitant l'affronte-ment avec les armées étrangères d'occu-pation, cette mission demandait destroupes d'élite, faisant preuve de sangfroid et d'une grande discipline de feu,forçant le respect par leur caractère iné-branlable dans l'adversité. Ce fut le casdes légionnaires-parachutistes du 2e REPen 1982, des hommes de la 31e Brigadedont la fin de séjour tut endeuillée par lesincidents graves survenus dans la capitalelibanaise les 25, 30 et 31 août et le 7septembre 1983.

Mais aussi des sapeurs du 17e RGPdont la lutte obscure contre la folie des-tructrice des hommes occasionna la mortde plusieurs d'entre eux, sans préjuger del'attentat aussi ignoble qu'imbécile qui atué 58 de nos jeunes paras des 1er et 9e

RCP tout juste arrivés à Beyrouth, aux-quels il convient d'ajouter les Marines quiont succombé dans le même type d'at-tentat

C'est à eux tous, et à ces blessés sou-vent handicapés à vie que le généralSchmitt alors major général de l'Arméede Terre, présentait l'hommage de la na-tion le 28 octobre 1983 au cours d'unecérémonie très émouvante sir la placed'armes du Quartier Vténot maison mèrede la Légion. • Je ferai en votre nom unepromesse aux officiers, sous-officiers etaux parachutistes morrs po-r a -ran:e àBeyrouth, comme à ceux, paras, légion-naires. Marsouins morts avant eux •. l'Ar-mée de Terre ne vous oubliera pas et seradigne de votre sacrifice. •

De leurs emplacements, certains pourmitrailleuses lourdes, d'autres pourgroupes de combat, les Palestiniens in-terdisent la place en battant de leursfeux de flanquement les bouchons demines et autres obstacles en avant desglacis. Beaucoup plus haut dans lesétages, des observatoires indécelablespermettent l'évaluation lointaine et lecontrôle par les snipers des façades hos-tiles et des axes routiers. Toutes cespositions sont reliées entre-elles par descouloirs fortifiés et comportent des ïti-

12 néraires de repli, des souricières, ro-

Le premier travail des légionnaires va consisterà « ramasser » toutes tes munitionsabandonnées par les adversaires.

quettes commandées à distance, mines-Toutes les astuces du combat en zoneurbaine ont été utilisées pour une dé-fense capable de résister à des assail-lants équipés de chars lourds et soute-nus par l'aviation et l'artillerie.

L'armement dans la valisePendant ce temps, la 3e Compagie a

atteint le carrefour de Chatila à proximi-té des camps palestiniens. Mission : con-trôler le carrefour, renseigner sur toutesles activités militaires, empêcher les in-filtrations dans la forêt des Pins et in-terdire la circulation civile. En un mot,rendre la zone étanche. Après une ra-pide reconnaissance dans un décor dechamp de bataille, les légionnaires dres-sent un barrage et aménagent des posi-tions de combat Puis ils lancent des pa-trouilles comprenant des hommes par-lant arabe. Alentour, une mosaïque defactions s'observant en toute haine, maisla route est encore minée. Un sale bouloten perspective. Tous les jours, les élé-ments syriens quittant le pays défilentdevant les positons du REP, bientôt, cesera le tour des Palestiniens.

Le 30 août 1982. l'O.LP. en tant queforce combattante cesse d'exister à Bey-routh. L'évacuation des Feddayins toucheà sa fin. C'est au tour de Yasser Arafatde quitter le camp retranché. Tandis que

la Compagnie Fraye couvre le parcours,le commandant Delorme et une équipede C.R.A.P. commandée par l'adjudant-chef Loup vont en zone israélienne cher-cher l'interminable colonne des vaincus.Les légionnaires sont tendus ; les tirsd'armes automatiques vont en s'ampli-fiant Les premiers qui approchent sontdes civils, pour la plupart armés, accom-pagnés de femmes et de gosses. Au furet à mesure que la foule grandit, le va-carme des centaines de P. M. s'accroît,ponctué de tirs de RPG 7, de grenades,de mortiers de 60, de 106 SR, et mêmed'une pièce antiaérienne de 23/2. Enfin,les camions apparaissent, bondés de Pa-lestiniens vêtus de treillis neufs et coif-fés du traditionnel keffieh. Ils emportentavec eux une valise et leur armementindividuel : Kalashnikov et RPG 7 pour lamajorité, mais aussi quelques G.3, M. 16ou Dragunov et plus rares, des Scorpionou des Ingram neufs F

Survient alors Yasser Arafat dans unelimousine américaine aux vitres teintéesprécédée des C.R.A.P. et du 4 x 4 de ses« gorilles ». Lorsque le leader palestinierapparaît, une chappe de silence s'abatsur le check-point oriental. Une centainede ses soldats lui rend les honneurs. Trèsvite, le strict ordonnancement de la prised'armes fait place à une hystérie collec-tive qui ne cessera qu'avec le départ deYAtlantis, le bateau grec qui emmèneArafat vers un exil doré.

Page 4: Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

En dix jours, le 2e REP aura assurél'évacuation de 4371 Palestiniens, nedéplorant que deux tués civils lors desfantasias démentes du départ et deuxblessés dans ses rangs. Jusqu'au 13 sep-tembre, les bérets verts vont aider l'ar-mée libanaise à sécuriser la ville avant deregagner la Corse à bord du Foch.

Toujours la rigueurlégionnaire

Neuf mois à peine après la magistraleévacuation des Palestiniens de Beyrouth,la Légion revient au Liban dans le cadrede la 31e Brigade qui relève la 9e DIMA.Les débordements de Sabra et Chatila,résurgences de haines accumulées, ontimposé la nécessité d'une force d'inter-position. Tour à tour, les unités profes-sionnalisées de l'Armée française veil-lent à Beyrouth. Opérant au sein de laFMSB ( 3 ) qui compte des troupes améri-caines stationnées aux abords de l'aéro-drome, italiennes, centrées sur l'hippo-drome, et britanniques implantées à lamanufacture des tabacs, la 31e Brigadeassure la sécurité du Grand-Beyrouth.

Renforcée par des éléments de la 11eDP et de ce qui était alors la 14e Dl. laBrigade a l'articulation suivante : - unétat-major et un détachement de sou-tien (1er RE), deux groupements d'infan-terie (2e REI et 21e RIMa). un groupe-(3) Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth.

ment ABC ( 1er REC/14e Dl ). Un détache-ment du Génie (17e RGP/116 et 21eRIMa).

La relève commence le 19 mai 1983,premier départ de l'élément précurseurdu 2e REI. Un véritable pont aérien semet en place entre Paris, Istres, Nice,Figari et Beyrouth, tandis que des na-vires partis de Toulon et Porto-Vecchiotraversent la Méditerranée vers le Li-ban. Le 2 juin, la Brigade est au completsur son théâtre d'opérations.

La difficultéréside à identifierles milices rivales

L'Elément de Commandement et deSoutien Immédiat (ESCI) regroupe envi-ron 300 légionnaires. Marsouins, trans-metteurs, « tringlots », personnels du ser-vice de santé, du matériel et de l'inten-dance à la Résidence des Pins où legénéral Coullon, patron de la Brigade, aétabli ses quartiers. Venant de 19 garni-sons différentes, l'ECSI a rapidementtrouvé sa cohésion et ses hommes assu-rent dans des conditions opérationnellestrès réelles (tirs d'artillerie, provocations,harcèlements, actions psy) les mille etune tâches qu'imposent une grande uni-té en campagne. Son élément de com-bat, la section de protection, s'est char-gé de l'organisation du terrain autour du

P.C. : sauvegarde des matériels, durcis-sement des hangars, installation despostes de combat semi-enterrés, chi-canes, observatoires et postes de garde,tout a été passé au crible de la rigueurlégionnaire.

Les autres services sont à l'unisson. Al'antenne chirurgicale, installée dans lecorps de bâtiment principal, le charmediscret des infirmières du Détachementd'Intervention Parachutiste Fémininégaie l'austérité des lieux. Comme leursaînées d'Indochine ou d'Algérie, leur te-nue au feu sera exemplaire. Leur effica-cité sera soulignée par les méde: -s etles blessés apprécieront le réconfortd'un sourire et leur dévouemertMission toute en

Au STILE (4) l'ambiance est à ̂ *otsguerrière et décor-ra-êé : est ; "€-mière fois que la Légion sort ses ordina-teurs sur le champ de baraiûe Deuxshelters SH-15 cfmabsés (pour le maté-riel ) posés sur des carnoneTtes sort er.place depuis ;e '. ̂ -i..et. • Dr3sct<c. sorrmoi la carte de Beyrouth en sent-gra-phique^ Un grand gars dégingandé, lecasque sur la tête rentre dans te shelter:• Tu crois qu'on atra me VM. ?»

Tout occupé à sa progr-.— "-'

Page 5: Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

de naissance qui voue une véritable pas-sion à ses « bécanes », ne répond pas. Etpourtant, la veille, une roquette a trans-percé de part en part une « boîte », occa-sionnant de sérieux dégâts. Jusqu'à pré-sent, l'analyse conflictuelle n'avait étéessayée qu'à l'occasion de diverses ma-nœuvres. A Beyrouth, les micro-ordina-teurs, les imprimantes, permettent lamise sur pied d'un véritable système derenseignements de gestion événemen-tielle et d'aide à la logistique.

Beyrouth-ouest, 19 mai, le 2e BEIprend possession de son domaine. Fortde cinq compagnies (CCS - CEA - 5e. 6e, 7e

compagnies de combat), le Régimentcontrôle un vaste secteur de désolation,où chaque carrefour sent la mort. Le PCs'est installé à la Villa des Dunes et laCCS s'est rapidement organisée pourgérer et ravitailler un groupement deplus de 600 hommes tout en mainte-nant des activités de combat (patrouilles,tirs à Jamhour, contrôle et garde auxbarrages ). En même temps, on fait dansles relations publiques : instruction avecles Américains, accueil des Italiens pourle 14 juillet, coopération avec l'arméelibanaise...

Toujours au cœurde tous lesdangers

La CEA s'est installée en points d'ap-puis aux noms évocateurs : Isabelle, Inèset Irène, trois immeubles qui permet-tent l'observation du secteur et une vueimprenable sur le Chouf. Pour le reste.

elle a les mêmes missions que les com-pagnies de combat. Celles-ci sont im-plantées dans les divers quartiers de laville et remplissent des missions enconfiguration avec leur secteur. C'estainsi qu'au nord-ouest, relativement cal-me, la 5e Cie a bénéficié des vestiges desinstallations luxueuses du bord de mer.Deux missions : la garde de l'ambassadede France et la recherche du renseigne-ment dans les rues commerçantes del'Hamra. A la « 6 » revînt la lourde tâchede protéger Sabra et Chatila, encoremarquées par l'horreur des massacres.Mission toute en nuance, faite de ferme-

té et de psychologie, se rapprochant plusdes SAS d'Algérie (5) que du combat. La« 7 » a reçu pour mission d'instruire lespersonnels du 2e Bataillon héliporté del'armée libanaise. Un centre commandoa donc été créé de toutes pièces à Rou-mieh, une ancienne prison pour femmesà 10 km de la capitale. Grâce aux légion-naires qui avaient en charge en moyenne

(S) Section Administrative Spécialisée. Unité com-posée d'officiers d'activé et de réserve chargésd'administrer les populations et d'effectuer durenseignement II y aura 700 officiers SAS implan-tés en Algérie qui opéreront une action civile, mili-taire et humanitaire.

14

LA LEGION AU LEVANT« Une colonne de la Légion étrangère,s'avance dans 1e bled en Syrie ». La Co-lonne: Chant de tradition du 1er R.E.C.Après la défaite de la Turquie, Français etBritanniques se partagent les dépouillesde « L'homme malade de l'Europe ». A laFrance échoit la Syrie et le Liban ; « ma-nœuvre» plus connue sous le nom de« mandat français du Levant ». Dès 1918,le 8 octobre exactement, monsieur Geor-ges Picot, commissaire des territoires ot-tomans de Palestine et de Syrie, s'installeà Beyrouth, établissant son administra-tion au casino-club ottoman construitdeux ans plus tôt. Débaptisé, le cercledevient la Résidence des Pins (propriétéde l'état français depuis 1972). C'est icique se déroutera la séance historique dela proclamation du « Grand-Liban » par legénéral Gouraud, le 21 septembre 1921.Aujourd'hui encore, la mémoire des occu-pants de cette demeure, Gouraud, Wey-gand. Sarrail, Dentz puis Catroux auxheures sombres du Chayla, est vivace.

Dès les premières années du Mandat, ils'avéra que la situation était difficile etdemandait une troupe aguerrie. La Lé-gion était la plus apte à remplir cettemission. A partir de 1920, les premierscontingents commencent à débarquer auLevant Arrivent par ordre, le 1er REI, dontles unités combattent également au Ma-roc, le 4e REI formé de 3 bataillons du

Premier, enfin le 1er REC, le Royal Etran-ger Cavalerie créé à partir des immigrésRusses blancs et Slaves. Si le Maroc est enfeu, ici, la situation n'en est pas moinspréoccupante. En 1921, l'Armée est obli-gée de créer des postes importants et delancer des groupes mobiles pour assurernos communications en matant la rébel-lion druze. Le 29 mars, la 14e Compagniedu 1er Etranger lance un assaut sur levillage dissident de Mezra.

Mais c'est en 1925 que les combatsatteignent leur paroxysme. Le 17 sep-tembre, trois unités stationnées à Mus-seifré, le 5/4e REI, du commandant Krat-zert, le 4e Escadron du 1er REC aux ordresdu capitaine Landriau et un peloton d'au-tomitrailleuses, résistent la nuit durant àdes milliers de Druzes fanatisés. A l'aube,les combats redoublent d'intensité. Ilsdureront jusqu'à 16 h 30, heure d'arrivéede la colonne de secours. Dans cette af-faire, les dissidents perdent plus de 500tués et autant de blessés. Quelques tempsplus tard, le même scénario se renouvelleà Rachaya. C'est encore le 4/1er REC quisupporte, en compagnie d'un escadron du12e Spahis, le gros du choc, le 20 novem-bre 1925. Le 23, après trois jours et troisnuits d'enfer, la citadelle, point-clé duGrand-Liban tient toujours malgré les4000 Druzes qui l'assiègent. Il reste unecentaine de défenseurs valides qui tien-dront jusqu'à l'arrivée des secours le 24.

Ce fait d'armes vaudra au 4e Escadron saseconde citation à l'ordre de l'armée.

En 1939, après les dures campagnesde pacification menées de 1920 à 1930,les nécessités d'une augmentation deseffectifs et d'une restructuration des uni-tés s'impose. Les unités formant corps du1er Etranger et du « 4 » sont regroupéessous un même drapeau pour donner nais-sance, le 1er octobre, au 6e RégimentEtranger d'Infanterie : le Régiment duLevant. La Seconde Guerre mondiale vaoccasionner au Levant une lutte fratricideentre Français. Cette dernière sera heu-reusement épargnée à la Légion. Toute-fois, le 6e REI sera engagé dans la cam-pagne contre les Britanniques. AprèsMers-EI-Kébir et Dakar, il était exclu de serendre sans combattre.

Le 6 juillet 1941, au combat de Dar-mour, le 2e Bataillon du 6e REI réédite lefait d'armes de Camerone : 80 morts et140 blessés. Malgré un bombardementintensif qui dure toute la nuit, les légion-naires, à un contre cinq montent au corpsà corps pour châtier l'Anglais, le mettanten fuite. Le 1er janvier 1942, après l'ar-mistice qui consacre la mainmise de laDissidence, par l'entremise de Catroux.sur le Levant, le 6e REI est dissous. LaLégion quitte le Liban. Quarante ans plustard, le 2e REP renouera avec la traditionlégionnaire du Levant dans le cadre de laForce d'Interposition de Beyrouth. D

Page 6: Légion a Beyrouth,RAIDS N°31,1988

j3

un binôme libanais, ces derniers n'igno-rent plus rien des subtilités de Montlouiset autres Vieux-Brisach.

Les susceptibilités dechacun

Le 2e REI sera à la hauteur de la tâchequi lui a été confiée, mais l'accomplisse-ment de la mission lors des flambées deviolence de la fin août lui coûtera despertes sévères : cinq tués et de nom-breux blessés.

Soixante ans après ses glorieux an-ciens, le 1er REC retrouvait le Liban etrelevait le R1CM composé d'un état-ma-jor tactique et de deux escadrons, le RECforme un groupement blindé au cas où...Hormis cette mission spécifique, les lé-gionnaires-cavaliers assurent les mêmesactivités que leurs camarades de la 31e

Brigade : patrouilles, contrôles, empê-cher les affrontements meurtriers. Lagrande difficulté réside dans l'identifica-tion des milices rivales : Phalangistes,progressistes, Druzes, Chiites... le plussouvent armées et équipées par lesmêmes fournisseurs.

Il faut également tenir compte dessusceptibilités des Israéliens sans selaisser impressionner par leur morgue,comme le fit le major Rôl qui à la têted'une patrouille d'AML s'opposa au pas-sage de chars lourds. La montagne auxalentours de Beyrouth offre des champsde tir exceptionnels. Le Liban, c'est aussiles reconnaissances extra-muros : Rou-mieh, Faraya, Baalbeck et la vue sur la

Page de gauche. Patrouille légère composée deJeeps du 1er REC dans les ruines du sud deBeyrouth.Ci-dessus. Le 23 octobre 1983, l'explosion de laposition Drakkar provoque la mort de 58 parasfrançaisCi-dessus, à droite. Para-légionnaire armé d'unlance-roquette de 89 mm en position sur leport de Beyrouth lors de l'opération Epaulard.

Bekaa où Israéliens et Syriens se fontface dans un silence pesant.

Au mois de septembre, duels d'artille-rie et échanges fréquents de tirs d'armesautomatiques rappellent au légionnairela dure réalité des combats. Comme sesanciens, il s'enterre, appréciant les«joies » de la vie de taupe. A partir despositions Aigle, Epervier ou Vautour, ilapprend à reconnaître les départs et lesarrivées des obus, les plus futés indi-quant même le calibre. Il fallut aussi as-surer la protection des véhicules qui necirculaient plus qu'en convoi (blessés,autorités, ravitaillement).

Malgré les morts, lamission continue

A partir du 16 septembre, le 1er RECest relevé par le 1er RHP. Relève mou-vementée, puisqu'un jeune Hussard pa-rachutiste et trois légionnaires serontblessés par l'éclatement d'un obus de130 sur le bivouac. Comme le 2e REI. le21e RIMa est formé en groupement d'in-fanterie : de surcroît, il a détaché sa sec-tion pionniers au 17e RGP et des élé-ments à l'ECSI. Vétéran du Liban, le

Régiment est présent à Naquourah ouBeyrouth depuis 1980 dans le cadre dela FINUL ou de la FMSB avec des déta-chements allant d'une section à deuxcompagnies. Implanté à Achrafieh, quar-tier chrétien et à Chiyar, au milieu de lacommunauté chiite, il est au cœur detous les dangers : ses postes, qui ontessuyé fréquemment des tirs de RPG 7ou des impacts de Grad lors d'affronte-ments entre factions ou de représaillesde Tsahal, en témoignent.

Avec les légionnaires et les Marsouins,une centaine de bérets rouges : les sa-peurs-parachutistes du 17e RGP. Le Ré-giment est présent au Liban depuis1978 sans interruption. Les compagniesse sont succédées pendant dix séjoursde six mois chacun. Aujourd'hui, c'est la« 17/2 » qui travaille avec la 31e Brigade.

Tous les jours le« salaire de la

peur »Beyrouth, c'est tous les jours le • salairede la peur ». Déminage, dépiégage. démi-litarisation, récupération, destruction enmer de deux tonnes de munitions neb-domadaires. mais aussi instruction per-manente, car chaque jour aupurle sonlot de nouveautés et de vices. Hier, àl'occasion d'une ouverture d'Itinéraire.en préparant une destruction, un im-meuble s'écroule, de façon imprévisjbie :six parachutistes tués. JT septième griè-vement blessé Malgré tout la missioncontinue En fin de séjour, de nouvellespertes. Une autre relève entre compa-gnies du RGP en attendant le jeune6e REG et toujours la même mission avec= ~:~ --. :•:_- ;es :: —_= _ - 5