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DESS Logistisque
NEWALL Isabelle
2004 ~ 2005Maître de mémoire :
Pierre Médan
LLAA CCHHAAIINNEE LLOOGGIISSTTIIQQUUEE AAUUTTOOMMOOBBIILLEE
DDEE LLAA CCOOMMMMAANNDDEE DDUU CCLLIIEENNTT AA LLAA LLIIVVRRAAIISSOONN DDEE SSAA VVOOIITTUURREE,,
CCOOMMMMEENNTT LLEESS CCOONNSSTTRRUUCCTTEEUURRSS PPEEUUVVEENNTT--IILLSS SS’’AAMMEELLIIOORREERR
PPOOUURR RREEDDUUIIRREE LLEESS DDEELLAAIISS ??
MMéémmooiirree ddee ffiinn dd’’ééttuuddeess
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
2
REMERCIEMENTS : 5
INTRODUCTION : 6
I PRESENTATION DU MARCHE AUTOMOBILE : 9
I.1 Evolution du Secteur Automobile : 9
I.1.a Historique de l’automobile : 9 ℘ La naissance de l’automobile 9 ℘ A la fin du XIXè siècle 10 ℘ L’entre deux guerres 11 ℘ Après la deuxième guerre mondiale 12
I.1.b Descriptions des différents concepts de production… 12 ℘ La théorie classique des organisations : 13 ℘ La théorie comportementaliste des organisation 13 ℘ La seconde moitié du XXème siècle 14
I.2 Le marché automobile aujourd’hui 17
I.2.a La situation de l’industrie automobile en chiffres 17 ℘ La situation mondiale 17 ℘ La situation par marques 19 ℘ La situation en France 21
I.2.b La segmentation du marché 25 ℘ Une segmentation traditionnelle 25 ℘ Une segmentation par carrosserie 26 ℘ Une segmentation par « crossing-over » 26 ℘ Une segmentation par niche 27 ℘ Exemple de segmentation actuelle 27
I.3 Les Attentes aujourd’hui 30
I.3.a Profil des consommateurs d’aujourd’hui 30
I.3.b Le processus d’achat 31
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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II LA CHAINE LOGISTIQUE DE L’INDUSTRIE AUTOMOBILE 34
II.1 Présentation de la chaîne 35
II.1.a Typologie de la chaîne : la logistique est au coeur de la réussite du travail des
constructeurs automobiles 35 ℘ Une chaîne très étendue 35 ℘ De nombreux acteurs 37 ℘ Centralisation autour du site de production 41 ℘ Le coût logistique dans la production de véhicules neufs 42
II.1.b Les contraintes logistiques spécifiques au secteur automobile 43 ℘ Délais coût et qualité 43 ℘ La situation géographique 44 ℘ La spécificité du transport de véhicule 44 ℘ Des flux logistiques dépendant du cycle de vie des produits 45 ℘ Une forte diversité des produits et une chaîne en flux tirés et non flux poussés 45
II.2 L’importance de la logistique à chaque niveaux de la
chaîne47
II.2.a La phase amont du processus : les approvisionnements 47 ℘ Comment le secteur automobile optimise-t-il les approvisionnements ? 47 ℘ Les impératifs des acteurs et leurs conséquences 50 ℘ Conséquences des pressions exercées par le constructeur 52
II.2.b La distribution et la sous-traitance 53 ℘ Apparition d’un rôle à valeur ajoutée des prestataires logistiques 53 ℘ Le transport 54 ℘ La réglementation européenne sur la distribution: 54
II.2.c Les constructeurs et leur souci de production 56 ℘ Quel est le degré d’intégration de la logistique pour les constructeurs automobiles ? 56 ℘ Avantages et inconvénients de l’externalisation logistiques. 58 ℘ Particularité des Flux physiques : 60
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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III REDUCTION DES DELAIS : DES EVOLUTIONS MAIS TOUJOURS DES CONTRAINTES 67
III.1 Retour sur les grandes tendances 67
III.1.a La distribution : le premier souci des constructeurs 67
III.1.b Approvisionnement : problème de sourcing 70
III.1.c Les limites du fonctionnement en synchrone 71 ℘ Des conditions restrictives d’application du modèle 71 ℘ Une relation de dépendance trop forte entre le fournisseur et l’entreprise 72
III.2 Perspectives futures 76
III.2.a Du côté des fournisseurs : 76
III.2.b Du côté des constructeurs et de leur réseau de distribution : 77 ℘ Des voitures qui se ressemblent 77 ℘ Amélioration des délais de livraison ? 77
CONCLUSION 79
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 81
ANNEXES ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
5
RREEMMEERRCCIIEEMMEENNTTSS ::
Je voudrais remercier les personnes qui m’ont aidée et soutenue pour la
rédaction de cette étude :
Monsieur Sylvain HETE, Toyota France
Monsieur Jean-Marc LEHU, Université Panthéon-Sorbonne Paris I
Monsieur Pierre MEDAN, Université Panthéon-Sorbonne Paris I
Monsieur Jérôme MICELI, Mapa Spontex
Monsieur Gilbert MICHAUD, Renault Pièce de Rechange
Monsieur Alain REGLEY, Vistéon France
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
6
IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN ::
La logistique est le cœur de métier de l’industrie automobile. En conséquence, les
professionnels du marché automobile sont acteurs de l’évolution des systèmes
logistiques. En effet, nous avons pu le constater durant le siècle dernier et jusqu’à
aujourd’hui avec le modèle Fordien et le Toyotisme par exemple. C’est pour cela
que j’ai décidé de faire une étude sur ce marché.
La principale problématique des constructeurs automobile est toujours la même
depuis quelques années, c’est-à-dire, comment faire pour produire et délivrer au
plus vite une voiture à un client en limitant les gaspillages ? Tout ceci, sans
réduire, mais au contraire diversifier l’offre.
En effet, ce qui fait la spécificité des produits des constructeurs automobiles sont
d’abord la longueur de la gamme : un grand nombre de produits différents et pour
chacun, de multiples variantes. Deuxièmement, chacun des produits est composé
de multiples références dont il faut gérer la qualité et l’approvisionnement. De
plus, les attentes des consommateurs évoluent et leurs exigences pour un produit
qui reste cher sont de plus en plus grandes. Enfin, la réglementation liée à
l’industrie automobile est extrêmement stricte. Toutes ces spécificités
représentent des contraintes pour le métier d’un constructeur. On comprend alors
pourquoi la logistique dont la définition est donnée ci-dessous est au cœur de la
stratégie de ce dernier.
Dans cette introduction, nous allons d’abord définir et délimiter le sujet, puis
nous verrons succinctement comment cette étude va se dérouler.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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Nous allons tout d’abord revoir la définition du terme logistique : c’est
l’ensemble des techniques et des moyens visant à mettre à disposition un produit
donné au bon moment, au bon endroit, au moindre coût et avec la meilleure
qualité en gérant les flux physiques de l’amont à l’aval de la chaîne1.
Dans cette étude, nous allons nous limiter à l’étude de la logistique amont des
véhicules neuf, c’est-à-dire, les approvisionnements, la production et la
distribution des produits. Nous laisserons de côté toutes les problématiques de
reverse logistique, de la gestion des pièces de rechange et le service après-vente,
qui pourraient faire l’objet d’un autre mémoire. Nous ne prendrons pas non plus
en considération le marché des véhicules d’occasion. Nous nous limiterons aussi
autant que possible au marché français pour ce qui est de la partie description du
marché automobile.
Ce mémoire n’est pas rédigé pour apporter des réponses ou des solutions, mais
plutôt pour donner un aperçu global de l’industrie et de sa logistique amont.
Cependant, dans une dernière partie, je me permettrais d’émettre un avis sur la
situation globale du marché automobile puis je suggérerais quelques axes à
développer pour d’éventuelles améliorations.
Dans un premier temps, nous allons donc étudier le marché de l’automobile pour
comprendre comment il a évolué depuis la création de l’automobile, pour
découvrir ses acteurs et son importance en France, et enfin pour connaître les
nouvelles attentes des consommateurs français.
1 Définition construite à partir de l’encyclopédie du marketing de Jean-Marc Lehu et de la
définition de la logistique par l’ASLOG, l’Association française de la logistique.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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Dans un deuxième temps, nous présenterons la chaîne logistique de l’industrie
automobile, du fournisseur du fournisseur, au client du client en montrant
l’importance que la logistique y joue.
Enfin, nous essayerons de dégager les nouvelles problématiques logistiques
existantes et leurs enjeux.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
9
III PPPRRREEESSSEEENNNTTTAAATTTIIIOOONNN DDDUUU MMMAAARRRCCCHHHEEE AAAUUUTTTOOOMMMOOOBBBIIILLLEEE :::
L’industrie de l’automobile a bien changé depuis son apparition à la fin du XIXme
siècle. Cette évolution est due à plusieurs évènements et notamment à l’évolution
des consommateurs. Nous allons relater brièvement dans cette première partie
l’histoire de l’industrie automobile, puis analyser la situation à l’heure actuelle du
marché automobile français et enfin, nous essaierons d’évaluer les attentes des
consommateurs.
III...111 EEEVVVOOOLLLUUUTTTIIIOOONNN DDDUUU SSSEEECCCTTTEEEUUURRR AAAUUUTTTOOOMMMOOOBBBIIILLLEEE :::
I.1.a Historique de l’automobile :
℘ La naissance de l’automobile
La première ébauche d’un moteur à explosion est réalisée en 1860 par un
Français, Etienne Lenoir. Il est alimenté à l’époque par le gaz d’éclairage. Peu
après, ce même français invente le carburateur permettant de remplacer le gaz par
du pétrole. Il décide de tester son moteur sur une voiture rudimentaire et réussi le
trajet Paris – Joinville-le-Pont. Malheureusement, par manque de moyens, les
recherches sont abandonnées.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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Par la suite, Gottlieb Daimler et Carl Benz mettent au point un moteur à
déflagration. En 1886, Carl Benz adapte le premier moteur à explosion à pétrole
sur une automobile. En 1889, René Panhard et Emile Levassor installent le
premier moteur à quatre temps (celui de Daimler) sur une voiture à quatre places.
Enfin, en Janvier 1991, on voit rouler dans les rues de Paris les premières voitures
françaises équipées du moteur Benz.
℘ A la fin du XIXè siècle
A partir de cette période les avancées de l’automobile progressent en Europe. Les
recherches sont faites sur les problèmes d’intempéries et de poussières. De plus le
réseau routier n’est absolument pas développé. Dans les années 1890, Armand
Peugeot, Louis Renault ou encore Marius Berliet se découvrent chacun une
passion pour l’automobile et contribuent à améliorer les performances et la
mécanique mettant en place une véritable industrie.
La France en 1903 produit 30 200 voitures, soit près de 49% de la production
mondiale, alors que les Etats-Unis produisent 11 200 véhicules. La France
compte 30 constructeurs automobiles en 1900, 57 en 1910 et 155 en 1914. Ce qui
parait énorme lorsque l’on connaît aujourd’hui le peu de constructeurs qui ont
subsisté. La France est en 1913 le premier exportateur mondial d’automobiles1.
De rapides progrès de production sont fait puisqu’en 1898, les établissements
Renault produisent 6 véhicules et en 1913, ils en commercialisent 4 500.
L’évolution de l’industrie automobile aux Etats-Unis par la suite est quatre fois
plus rapide qu’en Europe pour plusieurs raisons : un revenu par habitant plus
1 La raison est la suivante : la France a un positionnement géographique stratégique pour la
distribution de ses véhicules à l’extérieur du territoire.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
11
élevé et des techniques de production en grande série. En effet, à partir de 1908,
Ford adopte une méthode de production en série pour la Ford T, ce qui permet de
diminuer les coûts et accélérer le processus de production. Bien que ces méthodes
soient reprises en Europe, les Etats-Unis en 1913 produisent 90% des voitures
dans le monde.
En 1919, la France voit apparaître un nouveau constructeur, André Citroën, qui
fonde la firme Citroën, source de nombreuses innovations.
℘ L’entre deux guerres
On appelle cette période l’âge d’or de l’automobile. En effet, l’automobile
commence à devenir fiable et le réseau routier se développe de plus en plus. Mais
en 1929, le Krach de Wall Street plonge l’industrie automobile dans la crise.
Pour lutter contre les industries américaines, les Etats européens décident
d’imposer des quotas vers les années 1930. En 1929, les Etats-Unis et le Canada
produisent 4,8 millions de voitures et l’Europe, seulement 554 000. Il en résulte
que la proportion d’américains du nord possédant une voiture est beaucoup plus
importante que celle des européens.
Parallèlement, un autre phénomène se développe. En effet, les plus grands
constructeurs rachètent les plus petits. Cette tendance de concentration du marché
des industriels de l’automobile continuera jusqu’à nos jours. Ainsi, les dominants
sont les suivants :
Etats-Unis : General Motors, Ford et Chrysler
Allemagne : Opel qui appartient a GM depuis 1929, Mercedes, Benz et Auto
Union
France : Renault, Peugeot et Citroën
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
12
Grande-Bretagne : Morris, Austin, Vauxhall (GM), Standard et Rootes.
℘ Après la deuxième guerre mondiale
Dès la fin de la deuxième guerre mondiale, l’industrie automobile connaît un
essor important : en effet la production triple entre 1945 et 1975. Les industriels
basent leur stratégie sur la rationalisation de la production pour une meilleure
rentabilité. La concentration des constructeurs automobiles se fait toujours plus
grande : ainsi au Royaume-Uni, les principaux constructeurs fusionnent et
forment le groupe British Leyland qui deviendra Rover en 1986, racheté par
BMW en 1994 ; en France, Peugeot rachète Citroën dans les années 1970 ; en
Italie le marché est contrôlé par Fiat.
La deuxième moitié du XXème siècle est marqué par la pénétration de l’industrie
automobile japonaise. Ainsi de 1960 à 1990, la production japonaise passe de
165 000 à 10 millions de voitures.
Enfin, à la fin du XXème siècle, on peut compter environ 1 voiture par foyer.
I.1.b Descriptions des différents concepts de production…
Nous allons voir dans ce point-ci quels ont été les différents principes
fondamentaux des stratégies de production des constructeurs depuis les débuts de
l’industrie automobile et comment elles ont évolué1.
1 Selon Management de la production de Anne Gratacap et Pierre Médan
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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℘ La théorie classique des organisations :
Cette théorie s’appuie sur les idées d’Adam Smith et Charles Babbage : la
division du travail dans une organisation industrielle contribue à améliorer la
productivité d’un entreprise. La division du travail améliore la spécification de
l’ouvrier et l’expérience qu’il a de sa tâche. L’utilisation de la machine sert à
alléger le travail de l’ouvrier et permet de réduire le temps de production.
℘ La théorie comportementaliste des organisation
La division du travail et la simplification des tâches sont des concepts réutilisés
par Taylor. Entre 1900 et 1960, les temps sont favorables à l’essor des entreprises
industrielles ainsi qu’au développement d’un nouveau modèle d’organisation de
la production car celles-ci font face à une économie de rareté. En effet, la
demande est largement supérieure à l’offre. Les entreprises y répondent par une
production de masse : la standardisation. Ce système de production permet aux
entreprises de faire des économies d’échelle et donc de baisser les coûts fixes.
Pour faire baisser les coûts variables de la production, Taylor préconise
l’Organisation Scientifique du Travail (appliqué par Ford). L’OST est la division
du travail développé par Smith, la sélection des ouvriers, le contrôle du travail et
le partage de responsabilités.
Cependant se système se révèle limité puisqu’il implique la spécialisation des
ouvriers sur une tâche précise, un contrôle abusif sur le travail des employés et la
démotivation de ceux-ci, ce qui génère des grèves du travail. De plus, face à
l’évolution de la société et de la demande, le système se révèle inefficace.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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℘ La seconde moitié du XXème siècle1
Après la deuxième guerre mondiale, il est difficile de parler de modèle de
production car chaque système productif diffère selon que l’entreprise adopte
telle ou telle stratégie, selon la nationalité de l’entreprise, le pays ou elle
commercialise ses modèles, l’économie de ce pays etc. Chaque entreprise a suivi
des stratégies de profits différentes. En effet, il y en a qui mettent l’accent sur les
économies d’échelle, sur la variété, sur la qualité, sur l’innovation - produit, ou la
flexibilité.
Cependant, nous pouvons parler de certaines tendances à rejoindre un certain
modèle productif qui fonctionne. On peut donc retenir le modèle sloanien, le
système de production de Toyota (le TPS) ou le système hondien, et le système
de production au plus juste. Nous allons ci-dessous développer ces différents
modèles.
Il y a environ quatre phases dans le processus de changement de modèles
industriels de production automobile pendant cette période.
La première période va jusqu’à 1973. Le modèle de référence est alors le modèle
sloanien incarné par General Motors : il est suivi par plusieurs constructeurs. Il
met en œuvre une stratégie de profit donnant la priorité au volume et à la
diversité. Ce modèle a atteint ses limites aux Etats-Unis au moment même où
d’autres constructeurs européens essayaient de l’imiter. General Motors a conçu
un modèle de production dans lequel plusieurs modèles de voitures étaient
construits sur une plate-forme commune. Le constructeur produisait des modèles
tout types de gammes, cohérentes et complémentaires, ce qui nécessitait une
véritable coordination des divisions et des filiales sur les choix stratégiques et 1 Selon Quel modèle productif, Trajectoires et modèles industriels des constructeurs automobiles
mondiaux de Michel Freyssenet.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
15
leurs mises en oeuvres. Cependant, ce modèle a des limites : l’une due au
potentiel de renouvellement des gammes tout en continuant à accroître les
volumes, l’autre due aux exigences de la masse salariale1. Parallèlement, d’autres
constructeurs ont choisi un autre système privilégiant la réduction permanente des
coûts à volume constant pour Toyota et l’innovation et la flexibilité pour Honda.
Le Toyotisme prend en compte le facteur humain dans le but de l’amélioration de
la qualité du travail des ouvriers en les impliquant dans le processus de
production et en les responsabilisant. Ce modèle privilégie la notion de petits
groupes de travail. Chaque membre de l’organisation a pour responsabilité
d’améliorer le processus de production à son niveau (kaizen). Ainsi,
l’organisation développe des groupes de réflexion et détermine des objectifs de
qualité totale: zéro défaut, zéro stock, zéro délai.
La deuxième période s’étale de 1974 et 1985, selon les pays en particulier à cause
des chocs pétroliers et de la fluctuation du change qui ont cassé la croissance
mondiale. Les constructeurs automobiles américains et européens ont
successivement connus une période de crise financière. En revanche les pays dont
la croissance était liée à l’exportation et à la compétitivité comme la RFA, le
Japon et la Suède ont été favorisés. Le modèle sloanien est adapté chez certain
constructeur tels que Volkswagen tandis que le modèle « japonais » démontre son
efficacité en Europe et aux Etats-Unis. Pourtant ce dernier connaît des difficultés
dans les entreprises japonaises.
La troisième période se situe entre 1983 – 85 et 1990 – 92. Celle-ci a été marquée
par la relance américaine, le contre-choc pétrolier et la bulle spéculative. Le
marché automobile connaît un regain de croissance aux Etats-Unis, en France et
1 La concurrence nationale et internationale à cette époque là s’est intensifiée, si bien que les
entreprises américaines ayant adopté le modèle de GM manquaient de moyens pour renouveler
leur gamme de produits pour satisfaire le marché et pour satisfaire leur masse salariale.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
16
en Italie. Les constructeurs de ces pays ont redéfini une stratégie différente pour
chacun d’entre eux afin de faire du profit et de la productivité tout en mettant
l’accent sur la force salariale. Les modèles sloanien, toyotien et hondien
connaissent quant à eux des limites et les entreprises les incarnant connaissent à
la fin de cette période une crise.
La quatrième période jusqu’à 2001 connaît une transformation de la demande
provoquée par l’éclatement de la bulle financière et les politiques restrictives de
certains pays. Les modèles de production ayant tous évolués, les écarts de
compétitivité entre les constructeurs se sont réduits. Les entreprises essayent de
bâtir un nouveau modèle industriel. En 2001, la bulle Internet éclate et jusqu’à
aujourd’hui, l’industrie automobile bien qu’en léger déclin essaye de se
maintenir. A ces fins, les constructeurs essayent de « produire au plus juste » en
répondant le mieux possible à la demande, en jouant sur les coûts, en réduisant
les gaspillages tout en respectant leur stratégie et leur positionnement marketing.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
17
III...222 LLLEEE MMMAAARRRCCCHHHEEE AAAUUUTTTOOOMMMOOOBBBIIILLLEEE AAAUUUJJJOOOUUURRRDDD’’’HHHUUUIII
Nous allons dans ce deuxième paragraphe étudier le marché automobile pour le
comprendre et pour pouvoir ensuite expliquer son mode de fonctionnement
logistique. Tout d’abord nous allons brièvement présenter les différents acteurs en
présence, dans le monde puis en France. Ensuite, nous allons parler du marché
français et de la façon dont il est segmenté. Puis nous verrons l’importance de la
stratégie marketing qui permet de mieux répondre aux exigences des
consommateurs.
I.2.a La situation de l’industrie automobile en chiffres
℘ La situation mondiale
Tout d’abord nous allons classifier les pays producteurs de véhicules à moteur par
le nombre d’unités produites. En 20031, les trois premiers pays producteurs sont
les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne avec plus de 5 millions de véhicules
chacun. La Chine vient ensuite avec 4,4 millions d’unités et la France, avec 3,6
millions. Puis viennent le Canada, l’Espagne, la République de Corée, le
Royaume-Uni, le Brésil, le Mexique et l’Italie. La Fédération de Russie et l’Inde
sont deux nouveaux venus et produisent plus d’un million chacun.
1Source : http://www.ilo.org/public/french/dialogue/sector/techmeet/tmtem05/tmtem-r.pdf
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
18
Le marché mondial depuis 1997 connaît une croissance continue, bien que les
résultats des grandes zones géographiques soient hétérogènes. Les trois grandes
zones géographiques sont comme nous l’avons vu plus haut, les Etats-Unis, le
Japon et l’Europe. La zone Europe affiche de bons résultats bien que depuis 2000,
ses performances sont stagnantes. Aux Etats-Unis, les résultats sont en baisses.
En ce qui concerne le Japon, les immatriculations sont toujours touchées par la
crise qui perdure depuis 1998.
Evolution des Immatriculations dans les trois grandes zones géographiques
de l’industrie automobile
Source : Etude Eurostaf 2003 Les
Nous allons maintenant voir comment se distribuent les parts de marché des
constructeurs sur ces trois grandes zones géographiques.
Le tableau ci-dessous nous donne un récapitulatif des positions des constructeurs
automobiles :
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
16000
1997 1998 1999 2000 2001 2002
en m
illie
rs d
'uni
tés
Japon Etats-Unis Europe
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
19
℘ La situation par marques
Source : http://www.ilo.org/public/french/dialogue/sector/techmeet/tmtem05/tmtem-r.pdf
Ce tableau nous permet de constater qu’en terme de volume de production, les
deux premiers producteurs sont General Motors et Ford, deux groupes
américains. Puis vient un constructeur japonais et deux allemands et un français.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
20
Part de Marché des Constructeurs en Europe
Source : Eurostaf, l’impact de la nouvelle réglementation sur la distribution automobile 2003
12,0%1,4%
30,8%
9,6%
2,4%
1,8%1,9%
27,7%
6,4%2,4%5,5%
3,9%
Ford Hyundai RenaultPSA Peugeot Citroen Volkswagen NissanBMW Toyota-Lexus OpelFiat Autres Mercedes
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
21
Part de Marché des constructeurs aux Etats-Unis
℘ La situation en France
Source : Eurostaf, l’impact de la nouvelle réglementation sur la distribution automobile 2003
22%
30%
2%17%
19%
8%
15%
3%
4%5%
Ford General Motors BMW Mitsubishi
Hyundai Volkswagen Nissan Honda
Toyota Daimler Chrysler
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
22
Nous allons maintenant analyser la situation du marché français sur laquelle nous
allons nous pencher plus particulièrement dans la suite de ce mémoire.
Depuis 4 ans, l’industrie automobile française connaît quelques difficultés à cause
du ralentissement de la croissance économique nationale. Cependant, les
immatriculations demeurent à un haut niveau sur la période et le marché français
reste l’un des plus dynamiques en Europe. Cette dynamique est due notamment à
un effet d’offre important sur de nombreux segments.
Evolution des Immatriculations en France :
Source : www.Emapmedia.com et www.ccfa.fr
2013
2009
21452255
2134
2148
1850190019502000205021002150220022502300
1999 2000 2001 2002 2003 2004
en m
illie
rs d
'uni
tés
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
23
Le marché français est largement dominé par les deux constructeurs français
Renault et PSA Peugeot Citroën qui totalisent environ 60% du marché des
véhicules particuliers. Cependant, le succès des marques étrangères est de plus en
plus important. Ci-dessous nous pouvons visualiser la répartition des parts de
marché des constructeurs en France.
Parts de Marchés des constructeurs en France :
Source : Eurostaf, l’impact de la nouvelle réglementation sur la distribution automobile 2003
12,0%1,4%
30,8%
9,6%
2,4%
1,8%1,9%
27,7%
6,4%2,4%5,5%3,9%
Ford Hyundai RenaultPSA Peugeot Citroen Volkswagen NissanBMW Toyota-Lexus OpelFiat Autres Mercedes
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
24
30%
35%
40%
45%
50%
55%
60%
65%
1999 2000 2001 2002 2003 2004
marques françaises (en %) marques étrangères (en %)
Evolution des parts de marchés des marques étrangères :
Source : www.emapmedia.com
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
25
I.2.b La segmentation du marché
Le paysage du marché de l’automobile a été modifié par l’apparition d’une
segmentation nouvelle. Depuis le milieu des années 1990, il y a une
recomposition de la gamme traditionnelle axée sur :
Les nouvelles formes de carrosserie (monospace)
La transformation de niche en segment à part entière (4×4, mini-citadines)
L’apparition d’un mélange de segments qui renouvellent la gamme de
produits de l’automobile (coupé-cabriolet).
Cette évolution de la part des constructeurs révèle que le secteur automobile
renouvelle non seulement ses gammes mais est capable de créer des produits
différents. Elle se traduit par des changements importants au niveau de l’offre des
constructeurs. Cette nouvelle donne industrielle a des conséquences sur la
stratégie des constructeurs non seulement au niveau marketing, mais aussi au
niveau de la production. Elle joue en effet sur la capacité de ceux-ci à être
flexibles et à adapter leur système productif.
℘ Une segmentation traditionnelle
La segmentation traditionnelle du marché des véhicules particuliers se décline
autours de six grandes catégories de véhicules :
Catégorie A : Petit véhicule urbain, type Renault Twingo, Ford Ka, Fiat
Panda, Hyundai Atos. Le segment A s’est constitué dans les années 1990.
Catégorie B : Citadines, type Peugeot 206, Renault Clio, Citroën C3, Ford
Fiesta. Ce segment s’est constitué dans les années 1970.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
26
Catégorie C ou M1 : Petite berline ou familiale compacte, type Renault
Mégane, VW Golf ou Peugeot 307. Ce segment est apparu dans les années
1970.
Catégorie D ou M2 : Berline ou familiale, type Renault Laguna, Peugeot 406,
BMW série 3. Ce segment est apparu dans les années 1950.
Catégorie E, H ou S : Grande berline ou berline haut de gamme ou grande
routière, type BMW série 5, Mercedes classe E, Peugeot 607. Ce segment est
apparu dans les années 1950.
Catégorie L : Berline de luxe, type Mercedes classe S, BMW série 7. Ce
segment est apparu dans les années 1950.
℘ Une segmentation par carrosserie
La segmentation traditionnelle connaît depuis plusieurs années un enrichissement
par ajout des variantes de carrosserie autour des segments existants. Ainsi les
coupés, les breaks mais aussi les cabriolets sont de plus en plus déclinés sur
chacun des segments.
℘ Une segmentation par « crossing-over »
Une autre évolution de l’offre des constructeurs est apparue depuis quelques
années. En effet, ceux-ci produisent des automobiles dont la particularité est
d’être un croisement ou « crossing-over » entre deux segments. Ces nouveaux
produits engendrent parfois un nouveau segment à part entière. Cette évolution
montre aussi l’importance de l’innovation produit qui permet aux marques de se
positionner sur de nouveaux marchés. Des exemples de « crossing-over »
seraient :
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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Le coupé cabriolet : Peugeot 206 CC et Mercedes SLK
Le break et le monospace : Peugeot 307 SW
Le break et le 4×4 : Chrysler Pacifica
℘ Une segmentation par niche
Enfin, dernière caractéristique montrant l’évolution de l’offre des constructeurs,
les marchés de niches deviennent eux aussi des nouveaux segments.
Ainsi les monospaces ont connus un tel succès qu’ils se déclinent maintenant
en trois sous-segments : les monospaces traditionnels (Renault Espace et
Peugeot 607), les monospaces compacts (Renault Scenic, Citroën Picasso) et
les mini-monospaces (Opel Agila).
Les 4×4 font aussi partis d’un segment découpé en trois sous-segments : le
4×4 polyvalent ou familial (Land Rover Discovery ou Toyota Land Cruiser),
le 4×4 luxe de sport (Mercedes classe M ou Porsche Cayenne) et le 4×4 sport
et loisir (Toyota Rav4 ou Land Rover Freelander)
℘ Exemple de segmentation actuelle
Nous pouvons observer ci-dessous un exemple de segmentation utilisé
aujourd’hui pour comprendre l’évolution des ventes et donc des goûts des
consommateurs.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
28
7,2%
12,6%
19,8%
12,0%
32,0%
1,4%
0,2%
4,9%3,9%2,4%2,3%
Source : www.ccfa.fr.
Mini-Citadines (A)Breaks
Monospaces CompactsBerlines (M2)Petites Berlines (M1)Citadines (B)
Berlines de Luxe (S)CoupésCabrioletsBerlines Haut de gamme (S)
Monospaces 4×4
Exemple de Segmentation du marché français en 2003
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
29
On remarquera que 80 % des ventes sont faites sur les citadines, les petites
berlines, les berlines et les monospaces.
Ce qui nous amène à nous demander quelles sont les nouvelles attentes du
consommateur d’aujourd’hui et comment les constructeurs y répondent.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
30
III...333 LLLEEESSS AAATTTTTTEEENNNTTTEEESSS AAAUUUJJJOOOUUURRRDDD’’’HHHUUUIII
Si la segmentation des véhicules particuliers a été modifiée, c’est parce que les
attentes du consommateur ont changé de part leur mode de vie, une société
bouleversée par des changements comme Internet, la mondialisation etc. Nous
allons donc dans ce paragraphe essayer de définir les attentes du consommateur
français ; puis nous verrons comment les constructeurs ont adopté leur discours
marketing.
I.3.a Profil des consommateurs d’aujourd’hui
Nous avons vu dans la sous partie précédente que de nouveaux segments
apparaissent et que l’industrie automobile met l’accent sur le renouveau de son
offre. Le marché français est tiré par le dynamisme des marchés de niches au
détriment des berlines. Cela traduit donc le passage vers une nouvelle
segmentation qui modifie le paysage du marché automobile. Nous allons donc
voir dans cette nouvelle sous partie les attentes des consommateurs.
Certaines critères propre à l’automobile, énoncés par les consommateurs révèlent
leurs attentes aux constructeurs : le confort, la sécurité, le respect de
l’environnement, la mobilité, la liberté, la facilité de vie au quotidien et la vitesse.
Leur offre se doit donc de répondre à ces besoins.
La voiture est tout d’abord un produit cher et de ce fait un achat impliquant. C’est
donc un achat qui demande réflexion et nécessite une recherche d’information.
C’est un achat à moyen et long terme donc il doit répondre à tous les besoins que
le consommateur en fait.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
31
L’offre des constructeurs est très variée. Le consommateur est donc logiquement
en position de force et très exigent sur la qualité et le prix de la voiture qu’il
pense acheter : il veut en effet un produit correspondant à ses attentes avec un
haut niveau de personnalisation à un prix concurrentiel, une voiture avec telle ou
telle option, le plus rapidement possible. Il suit une logique de « tout, tout de
suite ».
Le consommateur d’aujourd’hui fait jouer la concurrence et visite donc plusieurs
concessionnaires représentant des marques différentes et fait aussi un comparatif
de prix entre les différents concessionnaires de même marque, qui s’accentue
avec la nouvelle réglementation européenne sur la distribution que nous verrons
plus loin dans cette étude. Quelle est donc sa démarche d’achat ?
I.3.b Le processus d’achat
Les implications de l’achat d’une voiture neuve sont nombreuses pour le
consommateur :
Le choix du budget
Le coût en cas d’erreur
L’objet de signe social
L’importance de la dimension plaisir
Le processus du choix du véhicule neuf est long à cause de la largeur de l’offre et
aussi à cause de la nature de la dépense. Il s’étend sur environ 6 mois pendant
lesquels l’acheteur passe par plusieurs étapes :
La catégorie du véhicule
La motorisation
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
32
Véhicule neuf ou Occasion récente ?
Les différents modèles possibles
Visite concession, Internet (conseils des prescripteurs)
Essais
Négociation avec le concessionnaire
En France, 30% des acheteurs ne visitent que les concessionnaires de leur
marque, valorisant ainsi le service après-vente de leur concessionnaire et
n’aiment pas le risque. 20% ne rendent visite qu’à une seule marque concurrente
et 50% visitent un à deux concessionnaires en plus du leur, sont très informés et 1
sur 2 restera fidèle à sa marque.
Nous allons voir ci-dessous un schéma représentant les étapes du processus du
choix du véhicule neuf.
Schéma du processus de choix d’un véhicule neuf dans le temps
source : www.emapmedia.com
- 2,5 mois -2mois -1,5 mois -1 mois -0,5 mois Achat
Vague idée seulementModèle ou budget ou type de voiture choisiMarque et Modèle choisis
= 20%
= 70%
= 10%
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
33
Il faut remarquer que 20% des acheteurs sont indécis encore 15 jours avant
l’achat. Il est donc important pour les constructeurs d’utiliser les média pour
convaincre son futur consommateur.
Pour communiquer à son client, le constructeur va utiliser tous les moyens mis à
sa disposition, qu’il les contrôle directement ou indirectement :
Directement : Publicité, Média, catalogue, showroom, discours des vendeurs
Indirectement : Presse auto, bouche à oreille etc.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
34
IIIIII LLLAAA CCCHHHAAAIIINNNEEE LLLOOOGGGIIISSSTTTIIIQQQUUUEEE DDDEEE LLL’’’IIINNNDDDUUUSSSTTTRRRIIIEEE AAAUUUTTTOOOMMMOOOBBBIIILLLEEE
La filière automobile est caractérisée par une forte concentration et centralisation
de l’activité d’assemblage et de production alors même que les sources
d’approvisionnement et les circuits de distribution sont dispersés. Que ce soit
alors dans la gestion des approvisionnements, la gestion de la production ou
l’acheminement des produits sortis d’usine jusqu’au client, la logistique est au
cœur du travail des constructeurs et de la filière.
D’autre part, la logistique automobile est extrêmement variée et étendue pour
plusieurs raisons qui ont déjà été évoquées ci-dessus :
le grand nombre de pièces composant un véhicule
les nombreux fournisseurs
la grande variété de produits finis
le cycle de vie des produits
Nous allons présenter dans cette partie la chaîne logistique du secteur automobile
pour montrer à quel point elle est complexe et pour pouvoir par la suite savoir
comment les constructeurs s’y prennent pour réduire les délais de livraisons d’un
produit à un client.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
35
IIIIII...111 PPPRRREEESSSEEENNNTTTAAATTTIIIOOONNN DDDEEE LLLAAA CCCHHHAAAIIINNNEEE
II.1.a Typologie de la chaîne : la logistique est au coeur de la réussite du
travail des constructeurs automobiles
℘ Une chaîne très étendue
Le schéma ci-dessus montre succinctement la forme de la chaîne logistique dans
l’industrie automobile. Le nombre d’entités intervenant dans cette chaîne s’évalue
à plusieurs milliers.
Fournisseurs
de rang 2 Fournisseurs
de rang 1
Constructeur
Distributeurs
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
36
Cependant on peut voir, d’après le schéma ci-dessus que la chaîne est centrée sur
le constructeur et que ce soit en amont ou en aval, le réseaux de fournisseurs et le
réseaux de distributeurs sont très vastes.
Ci-dessous, nous pouvons voir deux tableaux issus du site Internet de Renault.
Ces deux tableaux sont destinés à nous donner un petit aperçu du nombre de
fournisseurs et de distributeurs du groupe Renault. Cependant le premier donne le
nombre de fournisseurs pour les filiales espagnoles et portugaises et le deuxième
le nombre de distributeurs en France pour Renault. Ce sont deux marchés
différents, mais il est possible d’imaginer le nombre de fournisseurs pour la
France à partir des données des filiales espagnoles et portugaises.
Source : www.renault.com
Le nombre de fournisseurs en Espagne et au Portugal pour Renault est de plus de
6 000.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
37
Les Distributeurs de véhicules Renault en France
Source :www.renault.com
Le nombre de distributeurs de véhicules Renault est de plus de 5 000.
℘ De nombreux acteurs
∼ Les fournisseurs et équipementiers :
Les fournisseurs de rang n sont multiples et sont les fournisseurs des fournisseurs
de rang n-1, jusqu’aux fournisseurs de rang 1 qui sont en général des
équipementiers. On parle même aujourd’hui de fournisseurs de rang 0,5, qui sont
des co-développeurs. Par exemple, il y a Lotus, Ricardo ou encore AVL qui
conçoivent des moteurs prototypes pour tout constructeurs.
Le marché des équipementiers et des fournisseurs français se trouve au quatrième
rang mondial avec un chiffre d’affaires de 21 milliards d’euros en 2002. 45 % des
équipementiers présents en France sont étrangers (généralement des Allemands
ou des Américains) et 55% sont Français1.
1 Ces chiffres sont tirés de l’Automobile : marché, acteurs et stratégies de BGE éditions Elenbi
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
38
Les équipementiers de rang 1 sont des multinationales qui jouent une fonction de
management du réseau des fournisseurs pour les constructeurs. Ils leurs livrent
des modules et systèmes prêts à être assemblés. Les principaux en France sont :
Delphi, Bosch, Vistéon, Valéo, Faurecia, Autoliv, Siemens, Tenneco Walker.
Le poids moyen des équipementiers dans le prix de revient industriel d’un
véhicule est estimé à 75% par la FIEV1.
Le rôle des fournisseurs et équipementiers est donc majeur dans la production
automobile et montre la tendance à l’externalisation de l’activité des
constructeurs.
∼ Les constructeurs
Nous avons vu dans la première partie l’état du marché des constructeurs d’un
point de vue mondial et national. (cf : I.2). Nous ajouterons que le constructeur,
se concentrant sur son métier de base, apporte :
Le design du véhicule
La motorisation (module parfois même, comme nous l’avons déjà dit,
externalisé)
L’assemblage et l’intégration du véhicule
1 Fédération des Industries des Equipements pour Véhicules
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
39
∼ Les prestataires logistiques (transports ou préparation des véhicules,
entreposage ou gestion de stock) :
Ce groupe d’acteurs est composé des entreprises dont le cœur de métier est la
logistique. Auparavant, ces entreprises étaient essentiellement en charge du
transport des composants, des modules et des véhicules. Cependant, aujourd’hui,
elles offrent aux constructeurs et aux équipementiers leur expertise sur des
problèmes industriels. Ceci est notamment dû au fait que les constructeurs se
recentrent sur leur métier de base.
Le marché des prestataires logistiques en France est très étendu et peut se diviser
en trois groupes. En effet, il y a quelques grosses entreprises (4 dominantes : la
CAT, Gefco, la STVA et Axial) qui sont d’ampleur internationale, des sociétés de
tailles moyennes et de nombreuses entreprises régionales. Le premier groupe
d’entreprises est le seule qui offre une large gamme de prestations logistiques à
réelle valeur ajoutée.
Les entreprises les plus importantes ne se limitent pas au secteur automobile.
Elles se positionnent en tant qu’opérateurs globaux et développent une activité
conseil et ingénierie de solutions informatiques pour l’ensemble des questions
logistiques. Plutôt que vers le transport, elles s’orientent de plus en plus vers la
préparation des véhicules auparavant effectuée par les constructeurs ou les
concessionnaires. Elles délèguent le transport des véhicules à des sous-traitants
car c’est une activité à moindre valeur ajoutée.
Le marché de la logistique automobile français est devenu très important
puisqu’il est évalué à environ 1,8 milliards d’euros en 2002 par Eurostaf.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
40
∼ Les concessionnaires et agents secondaires :
Ce groupe d’entités de l’industrie automobile s’apparente à la distribution des
véhicules.
Les constructeurs ont toujours gardé la maîtrise de leur réseau de distribution car
la voiture est un produit qui a besoin d’une attention après-vente. En Europe, ils
ont en place des filiales ou des importateurs privés dans chaque pays qui ont pour
rôle de vendre, mais aussi de piloter les points de ventes propres aux
constructeurs. Cependant, il existe aussi des entreprises indépendantes sous
contrat de concession. En France, il y a, en 2002, 390 succursales et 6 416
concessions1.
Le réseau de concessions est très stratégique car c’est le lieu où la vente se fait
avec le consommateur et c’est un des seuls contacts que le constructeur détient
avec ce dernier. Le métier de concessionnaire nécessite des compétences
spécifiques et un espace suffisamment important pour exposer les produits. C’est
pour cela que les concessions aujourd’hui désertent de plus en plus les zones
urbaines pour s’installer en périphérie.
Le réseau de distribution est extrêmement dense, d’autant plus que,
particulièrement en France, un réseau d’agents secondaires s’est développé
dépendant des concessionnaires. Ces agents secondaires ont pour optique de
desservir les consommateurs à proximité, de façon à pouvoir faciliter l’entretien
après-vente des voitures.
1 D’après L’automobile : marché, acteurs, stratégie, EBG des éditions Elenbi 2003
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
41
Les constructeurs ont une forte implication dans le management de ces réseaux de
distribution et cela permet :
De contrôler leur image auprès des consommateurs et veiller à sa bonne
diffusion par le concessionnaire.
D’assurer la diffusion de l’intégralité de la gamme de véhicules.
De contribuer à la performance de la maintenance des véhicules après la vente
et des services des constructeurs (financement, extension de garantie, etc.)
De favoriser la vente et l’utilisation des pièces de rechange d’origine
constructeur.
De contrôler les opérations de rappel des véhicules.
De garantir l’équilibre économique global du système de distribution
notamment en maîtrisant les prix.
D’autres modes de distribution sont à venir en France et à surveiller dans les
prochaines années : la grande distribution et la vente de véhicule par Internet,
notamment facilités par la nouvelle réglementation européenne.
℘ Centralisation autour du site de production
Depuis quelques années, les constructeurs ont concentré leurs efforts sur la
gestion de production pour réduire les délais liés à la production des voitures et
réduire les coûts à chaque maillon de la chaîne. Les voitures aujourd’hui sont
construites en 48 heures. Cela a été rendu possible grâce au rapprochement
géographique des fournisseurs et des équipementiers près des usines de
production.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
42
℘ Le coût logistique dans la production de véhicules neufs
Voici un tableau récapitulatif des coûts et délais des différentes phases de la
chaîne logistique dans le prix de vente d’un véhicule.
Source : La logistique automobile, Eurostaf 2002
Les délais d’approvisionnement et d’assemblage très courts montrent que la
partie gestion de production du constructeur est bien maîtrisée. Par contre la
phase de distribution est beaucoup plus longue. On comprend donc que les efforts
des logisticiens pour réduire les délais doivent se faire sur la distribution.
Cependant, n’oublions pas que pour certains constructeurs, il existe de nombreux
problèmes de délais d’approvisionnement, lorsque les pièces sont fait à l’étranger.
On remarquera aussi que les coûts les plus importants sont les coûts des
composants (près de 50%) et les coûts de distribution. C’est donc vers ces deux
phases que les constructeurs portent leur attention. Ce qui est assez compliqué
Part dans le prix de
vente au détail en % Délai
Conception 10
Pièces et composants 47 Deux jours
Assemblage 16 Un jour
Distribution 27 Six à huit semaines
Dont remise au client 7
Transport/livraison 5
Marketing 5
Marge du distributeur 5
Bonus et primes 5
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
43
car, comme nous le verrons un peu plus tard, il est difficile de contrôler ces coûts.
D’une part les fournisseurs subissent déjà beaucoup de pression de la part des
constructeurs et il est difficile d’innover et d’avoir de la qualité si il y a une
importante réduction de coûts. D’autre part il sera difficile dans le futur de
contrôler les réseaux de distribution avec la nouvelle réglementation européenne.
II.1.b Les contraintes logistiques spécifiques au secteur automobile
℘ Délais coût et qualité
Il y a interdépendance des trois critères délais, coûts et qualité. En effet lorsqu’un
constructeur réduit les délais à tous niveaux de la chaîne, cela veut dire qu’il
diminue les coûts de stockage et les coûts de main d’œuvre. Cependant la qualité
dépend quelque peu des coûts de pièces livrées par le fournisseur etc. Ainsi, les
trois variables sont des contraintes qui dépendent l’une de l’autre et l’idéal pour
un constructeur automobile est de toujours diminuer les coûts et les délais, sans
réduire la qualité. Mais qui dit gains sur un critère ne veut pas dire gains sur les
trois.
Les délais de traitement client sont variables. Voici ci-dessous un schéma de la
chaîne automobile.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
44
Source : l’automobile de EBG, éditions Elenbi
℘ La situation géographique
La tendance à externaliser ses activités et à délocaliser sa production allonge et
complique le circuit logistique. Ce problème est d’autant plus important dans la
distribution des véhicules ou l’approvisionnement en pièces. Il est plus complexe
encore selon qu’un constructeur vend sur le sol national ou international.
℘ La spécificité du transport de véhicule
Les flux des livraisons sont complexes : les camions de transport de véhicules
doivent partir plein, d’autant plus que la réduction constante du cycle de
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
45
production impose des délais de plus en plus rapprochés. Les conséquences de
ceci sont des livraisons plus fréquentes et plus faibles en volume. Il y a donc
fragmentation des livraisons de production faisant des prestations logistiques, du
sur-mesure. Celles-ci sont donc plus coûteuses.
℘ Des flux logistiques dépendant du cycle de vie des produits
Les cycles de vie des produits sont extrêmement irréguliers et par conséquent les
flux logistiques sont difficiles à gérer. Lors d’un lancement de produit, la
logistique doit synchroniser les approvisionnements des usines, mettre en place
les processus de production adéquats en fonction des prévisions de ventes et en
fonction du cycle de vie du modèle.
℘ Une forte diversité des produits et une chaîne en flux tirés et non flux poussés
Une caractéristique très importante du marché de l’automobile est la forte
diversité des produits. Cette offre est exponentielle et nous allons comprendre
pourquoi dans une démonstration que nous allons faire de suite.
Imaginons un modèle X de voiture qui existe en trois sous modèle de carrosserie :
le break, la berline 3 portes et la berline 5 porte. Chacun de ceux-ci ont la
possibilité d’avoir deux moteurs différents : un moteur à essence et un moteur
diesel. De plus, il existe 5 coloris différents. Si nous faisons le calcul des
différents produits qui peuvent sortir de l’usine de production, nous avons alors
1*3*2*5=30.
Cet exemple est bien au-dessous de la réalité. Ceci est juste un petit aperçu du
problème. En réalité, les coloris des produits font partis d’une étape de la fin du
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
46
processus, et les différents modèles de carrosserie ne sont pas tous fabriqués au
même endroit. Mais à partir de ce petit exemple, on comprend alors pourquoi un
modèle de production tiré par la demande ou « pull » est essentiel pour réduire
gaspillages et coûts.
Il y a donc une contradiction forte entre un produit de consommation de masse et
à haut niveau de personnalisation et il faut pouvoir concilier ces deux
particularités. Pour un modèle comme la Peugeot 406, il n’y a pas moins de
30 000 à 40 000 combinaisons différentes et sur une chaîne de production, il n’y a
pas deux modèles de voitures identiques à un moment donné.
Ce système de production doit donc essayer de standardiser au maximum des
modules1 afin de faire des économies d’échelle, et organiser la personnalisation
en petite série le plus tard possible sur la chaîne de production juste avant le
passage d’une commande par le client.
Du point de vue logistique, il s’agit de s’approvisionner en petite quantité, mais
régulièrement et offrir une souplesse et une réactivité maximale aux commandes
passées. Cela conduit par exemple, à la mise en place des interfaces logistiques
spécialisées dans la transformation « de dernière minute » des modèles pour
pouvoir livrer un client plus rapidement.
1 Modules=pièces pré assemblées par le constructeur, ou plus souvent par les équipementiers. Ex :
les rétroviseurs.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
47
IIIIII...222 LLL’’’IIIMMMPPPOOORRRTTTAAANNNCCCEEE DDDEEE LLLAAA LLLOOOGGGIIISSSTTTIIIQQQUUUEEE AAA CCCHHHAAAQQQUUUEEE NNNIIIVVVEEEAAAUUUXXX DDDEEE LLLAAA
CCCHHHAAAIIINNNEEE
La logistique a un tel impact sur le métier des acteurs de l’industrie automobile
que les principaux acteurs, qu’ils soient fournisseurs, constructeurs ou
concessionnaires, travaillent main dans la main avec des spécialistes de la
logistique. Ces derniers forment le quatrième maillon de la chaîne. Les
prestataires logistiques sont en général nés du sein des groupes de constructeurs
qui leur ont donné leur indépendance lorsque depuis quelques années, ils se sont
recentrés sur leur métier de base. Nous allons dans ce paragraphe découper
chaque phase du processus en commencer par l’amont.
II.2.a La phase amont du processus : les approvisionnements
℘ Comment le secteur automobile optimise-t-il les approvisionnements ?
Le juste à temps permet de faire disparaître les stocks tampons dans les usines, et
donc de réduire des coûts. Pour qu’il n’y ait pas de rupture de la chaîne, il faut
donc que géographiquement, les fournisseurs soient proches du constructeur. Les
prestataires logistiques sont aussi amenés à changer leurs offres puisque les
livraisons doivent être moins espacées dans le temps, et de moindre importance
(petits lots à hautes fréquences).
Pour réaliser ce modèle de production, les constructeurs essayent de :
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
48
∼ D’intégrer les fournisseurs au système de production
Les équipementiers de rang 1 sont au maximum intégrés au système de
production et livrent des systèmes et des modules pour diminuer le nombre de
fournisseurs des constructeurs et leur faciliter la gestion du panel.
∼ D’optimiser la localisation des fournisseurs afin d’être livrés au plus
vite :
Les constructeurs constituent proches de leurs usines d’assemblage :
des PIF1 pour les fournisseurs de rang 1 pour fonctionner en modèle
synchrone2 (le plus abouti est Smartville en Moselle en forme de croix de
façon à faciliter la livraison de modules des sept équipementiers. 95 % des
composants sont pré-assemblés) ;
Des hubs ou points de consolidation logistiques proches des sites
d’assemblage. Les hubs sont des plates formes logistiques servant à réaliser
des tâches de cross-docking et de livraison en flux tendus (collecte,
organisation, tenus de stock, conditionnement et expédition). Ils permettent
d’optimiser la localisation des fournisseurs et organiser l’approvisionnement
de pièces qui peuvent provenir du Japon, d’Europe Centrale ou d’ailleurs, ou
encore des pièces locales.
1 PIF : Parc Industriel de Fournisseurs 2 Synchrone : modèle de production et livraison du Juste à temps. Nous l’expliquerons le
paragraphe II.2.c gestion de production.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
49
∼ D’utiliser des sites d’interfaces logistiques pour constituer un stock à
proximité de l’usine de montage.
Cela concilie l’exigence d’approvisionnement en juste à temps des constructeurs
avec les contraintes des fournisseurs (gestion des capacités de production,
éloignement géographique). Ceci représente un avantage certain pour les
fournisseurs géographiquement éloignés.
Les différents sites d’interface logistique sont:
Les magasins avancés de fournisseurs (MAF) :
Les propriétaires des stocks sont les fournisseurs. Ils réceptionnent les
approvisionnements, ils s’occupent des expéditions et gèrent les stocks. Les
modules sont destinés à un site en particulier.
Les plates-formes de groupage :
Les propriétaires des stocks sont les constructeurs. Ils réceptionnent les
approvisionnements, ils s’occupent des expéditions et gèrent les stocks. Les
modules sont destinés à plusieurs sites à niveau nationaux ou internationaux.
Les centres de préparation logistique :
Les propriétaires des stocks sont les constructeurs. Ils réceptionnent les
approvisionnements, ils s’occupent des expéditions et gèrent les stocks, mais
aussi de la préparation des commandes pour les opérateurs en bord de ligne et la
différenciation retardée. Les modules sont destinés soit à plusieurs sites à niveau
nationaux ou internationaux, soit à un seul site.
Les impératifs d’approvisionnement en JAT et maintenant en flux synchrones
obligent les constructeurs à disposer à proximité de leurs sites soit des sites
d’assemblage de modules, soit des sites d’interfaces logistiques. Les deux
solutions remplissent la même fonction essentielle : la tenue de stocks, même
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
50
limités afin de conserver une marge de manœuvre minimale permettant d’éviter
les ruptures de stocks. La proximité joue par conséquent soit sur les
équipementiers, soit sur les logisticiens qui se sont vus transférer la responsabilité
de la fiabilité et de la fluidité des approvisionnements.
∼ De mettre en place des schémas d’approvisionnement différenciés selon
les flux.
Il s’agit d’adapter la logistique à chaque type de flux. Ainsi Renault reconnaît
trois types de flux selon le type de pièces :
Les modules et les pièces réalisant une fonction complète (planche de bord,
siège, panneaux de porte) livrés en mode synchrone.
Les petites pièces automobiles avec un renouvellement planifié type
boulonnerie.
Les pièces intermédiaires ayant 5 jours de planning de livraison.
Le prestataire logistique est donc un intermédiaire entre le constructeur et le
fournisseur aujourd’hui. Il a une fonction complémentaire avec le constructeur et
il devient indispensable au métier de l’équipementier. Il a donc aujourd’hui un
rôle majeur et à forte valeur ajoutée.
℘ Les impératifs des acteurs et leurs conséquences
La chaîne en amont du constructeur se compose de différentes sortes de
fournisseurs classés en rang n, comme nous l’avons dit plus haut. En général, les
fournisseurs de rang 4 sont les fournisseurs de matières premières et les
fournisseurs de rang 1 sont des équipementiers.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
51
Comme nous l’avons également vu plus haut, les constructeurs se déchargent de
certaines tâches pour réduire considérablement leur panel de fournisseurs. Ainsi,
ceux-ci ont eu deux objectifs ces dernières années :
Un passage progressif de pièces à des modules1
La délégation au fournisseur co-développeur le soin de conceptualiser des
systèmes2.
Les fournisseurs co-développeurs, répondant aux exigences des constructeurs, se
sont vus confiés de nouvelles responsabilités :
Le devoir d’être constamment innovant et proposer de nouveaux systèmes,
matériaux etc.
La nécessité de s’occuper entièrement de programme en faisant appel à des
fournisseurs de temps à autre concurrents.
Assurer un niveau de qualité tout en respectant les objectifs de coûts des
constructeurs.
Les constructeurs continuent d’être exigeants avec leurs fournisseurs à tel point
qu’ils exercent une grosse pression sur ces derniers au niveau de leurs marges.
Les fournisseurs doivent pouvoir livrer en juste à temps et doivent participer aux
objectifs coûts, qualité et non plus juste les respecter.
1 Modules : « ensembles cohérents de composants dont le tout assure plusieurs fonctions
techniques pas forcément cohérentes mais complémentaires dans la géographie du véhicule »,
L’Automobile : marchés, acteurs, stratégie de EBG aux éditions Elenbi. 2 Systèmes : « ensembles cohérents assurant une fonction technique complexe (sécurité du poste
de conduite, thermique habitacle, freinage….) et dont l’architecture globale est définie par le
fournisseur », L’Automobile : marchés, acteurs, stratégie de EBG aux éditions Elenbi.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
52
℘ Conséquences des pressions exercées par le constructeur
∼ Le co-développement
Les fournisseurs de rang 1 ou 0,5 aujourd’hui travaillent main dans la main avec
les constructeurs puisqu’ils ont des équipes travaillant chez le constructeur pour
pouvoir prendre des décisions en temps réel. C’est en quelques sortes un bureau
d’études ou une équipe consultante.
Ce type de co-développement est associé à l’essor d’Internet et des places de
marchés virtuelles pour réellement travailler en temps réel avec le constructeur.
∼ Des outils chers à acquérir
Le succès de ces modes opératoires nécessite des systèmes d’informations
pointus et compatibles tout le long de la chaîne amont. Ils sont courants chez les
équipementiers, mais très coûteux cependant pour les petits fournisseurs.
∼ Transfert des pressions sur les fournisseurs des fournisseurs
De plus, les fournisseurs exercent la même pression que les constructeurs sur
leurs propres fournisseurs. Les équipementiers sont responsables vis-à-vis du
constructeur si surgit une défaillance du système. Apparaissent donc des
procédures Assurance Qualité Fournisseurs, AQF. Cependant les PME n’ont pas
forcément une culture de qualité totale et n’ont pas les moyens d’avoir une
structure logistique aussi performante que les grosses entreprises.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
53
II.2.b La distribution et la sous-traitance
℘ Apparition d’un rôle à valeur ajoutée des prestataires logistiques
La distribution des véhicules de l’usine aux points de vente voit se développer la
préparation par des prestataires logistiques des véhicules avant leur livraison.
En effet, l’automobile est un produit fragile qui nécessite un transport et un
traitement spécial pour éviter qu’il se détériore.
A sa sortie d’usine, le véhicule est transféré dans un centre de livraison et
d’expédition, puis il y reçoit le conditionnement destiné à le protéger durant le
transport. Ensuite, il est acheminé par train, bateau ou camion vers des centres de
stockage et de distribution régionaux. Enfin, dépendant des commandes des
concessionnaires, le véhicule est transféré par camion vers les points de vente.
Le premier métier des prestataires logistiques est d’organiser le transport des
véhicules neufs jusqu’au concessionnaire. Mais cette fonction s’enrichit de
nouveaux métiers : gérer l’ensemble des stocks des concessionnaires d’une zone
donnée par exemple.
Les quatre leaders de ce marché sont CAT, Axial, Gefco et STVA. Ils
développent leur offre pour qu’elle soit de plus en plus à forte valeur ajoutée. Cet
enrichissement des tâches de la logistique conduit à distinguer les métiers de
transporteur, de préparateur et d’intégrateur.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
54
℘ Le transport
Les flux de livraison de véhicules sont très contraints. En effet les camions de
transports sont spécifiques, ainsi que les installations de chargement et de
déchargement. Les camions doivent être pleins afin d’optimiser le coût de trajets
qui comporte plusieurs étapes : usine/plate-forme de préparation, plate-
forme/centre logistique, centre/concessionnaire.
On peut distinguer deux schémas de distribution selon que le marché est de
production ou d’importation :
Du centre de production au concessionnaire. Le transporteur a la maîtrise
totale du transport.
Du centre d’importation ou de production vers des centres qui redistribuent
vers le territoire et les concessionnaires. Les trajets sont plus longs, font
intervenir plusieurs opérateurs et modes de transport.
℘ La réglementation européenne sur la distribution1:
L’espace de l’Union Européenne est un espace de libre concurrence selon le traité
de Rome. Cependant, il prévoit un régime d’exemption pour l’industrie
automobile se basant sur deux principes :
la sécurité qui nécessite de disposer d’un réseau de distribution compétent
composé de spécialistes.
La nécessité de mettre en place un réseau de distribution efficace et adapté
pour améliorer les conditions de commercialisation des véhicules. 1 Cette sous-partie est basée sur l’étude Eurostaf 2003, l’impact de la nouvelle réglementation sur
la distribution automobile
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
55
∼ Jusqu’en 1995…
Le règlement autorise donc des contrats de distribution sélective et exclusive pour
l’automobile. Les constructeurs ont le pouvoir de refuser de vendre des véhicules
à un distributeur non agréé par eux. Le concédant accorde, en contrepartie de
cette sélectivité qu’il exerce, une exclusivité territoriale et éventuellement une
exclusivité d’approvisionnement. Le concessionnaire s’engage, lui, à ne se
fournir qu’auprès du fournisseur en produits de la marque. Enfin, le
concessionnaire s’engage à ne pas vendre de véhicule de marque concurrente. Ce
règlement a pour effet de limiter fortement l’indépendance des distributeurs.
∼ Jusqu’en 2002
La réglementation change et est remplacée par une nouvelle réglementation
permettant un rééquilibrage des relations concédant/concessionnaire.
Ce règlement permet le multi-marquisme en séparant la gestion des marques
vendues. De plus, la durée minimale du contrat de concession est allongée de 4 à
5 ans et le délai de résiliation de un à deux ans. Enfin, le constructeur ne peut plus
modifier seul le statut ou le territoire contractuel du concessionnaire.
La réglementation prévoit aussi la possibilité pour le concessionnaire de
s’approvisionner de pièces chez des équipementiers et des fournisseurs
indépendants cependant que les pièces sont reconnues être de qualité par le
constructeur.
Cette réglementation n’a pas atteint les objectifs escomptés, et en 2002, il y a une
nouvelle libéralisation de la distribution.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
56
∼ A partir de 2002.
La nouvelle réglementation prévoit en effet que les constructeurs devront choisir
entre la distribution exclusive et la distribution sélective. Or ceux qui opteront
pour la sélectivité, quelle que soit leur taille, ne subiront aucune clause de
localisation. Ces dispositions autorisent également le multi-marquisme, à la seule
condition que les marques soient présentées dans des parties différentes du même
magasin.
D’un point de vue logistique, ce projet risque d’accentuer le rôle des logisticiens.
Entre deux concessionnaires vendant les mêmes modèles, le consommateur aura
deux critères essentiels de choix : le prix et le délai de livraison du véhicule. La
qualité et la rapidité du réseau logistique seront par conséquent un facteur décisif
de vente. Les constructeurs doivent donc définitivement réduire leur délai de
distribution.
II.2.c Les constructeurs et leur souci de production
Dans ce paragraphe nous allons voir comment s’organisent les usines
d’assemblage des constructeurs. Dans un premier temps, nous parlererons de
l’externalisation des activités logistiques des constructeurs afin de comprendre ou
se limite le travail des constructeurs en production. Puis nous verrons le
fonctionnement des usines de production en général, car les constructeurs
travaillent tous différemment.
℘ Quel est le degré d’intégration de la logistique pour les constructeurs
automobiles ?
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
57
Les constructeurs externalisent leurs activités logistiques et renforcent leurs liens
avec leurs fournisseurs et leurs prestataires logistiques.
Il y a 2 évolutions stratégiques dans leurs relations avec eux qui se complètent :
l’externalisation de leurs activités logistiques. Par exemple Renault avec Cat
ou Peugeot avec Gefco. Les acteurs logistiques sont plus autonomes,
diversifient leur clientèle d’industriels et se différencie des constructeurs avec
lesquels ils travaillaient avant.
Le renforcement de leur coopération avec leurs fournisseurs et leurs
prestataires logistiques.
De plus, le secteur automobile se structure depuis plusieurs années en
externalisant les activités périphériques. Enfin, les métiers de la logistique se
spécialisent au niveau mondial. Ainsi, pourquoi ne pas faire confiance à des
spécialistes qui ont une expérience du métier de l’automobile et qui concentrent
essentiellement leurs efforts à des solutions pour cette industrie ?
Les prestataires logistiques se mondialisent donc et suivent leur client dans leurs
opérations d’implantation ainsi que les équipementiers. Ainsi Gefco a suivi PSA
ainsi que ses équipementiers dans son implantation au Brésil en créant Gefco do
Brasil. Cela lui a permit d’intégrer, grâce à son expérience de la logistique
automobile, d’autres secteurs de l’industrie au Brésil.
L’importance de la logistique dans le choix des fournisseurs est croissante. En
effet, il y a une réelle volonté de communiquer en temps réel avec les
fournisseurs et donc d’avoir des systèmes EDI efficaces car les temps de livraison
des composants ou des modules sont courts. De plus, toujours pour raccourcir les
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
58
délais, les fournisseurs sont forcés de se mondialiser pour pouvoir être proche de
leurs clients.
Les constructeurs font donc de plus en plus appel à des spécialistes non seulement
pour leur fournir des solutions industrielles en aval, mais aussi en amont. Enfin,
ils leur fournissent aussi parfois des modèles conceptualisés de modules pour
leurs modèles de voitures (des moteurs comme nous l’avons vu).
℘ Avantages et inconvénients de l’externalisation logistiques.
Pour certains constructeurs comme Renault ou Ford, la logistique n’est pas le
métier du constructeur ; il est donc nécessaire de confier cela à des experts. Pour
d’autre constructeur comme Toyota, la logistique est un outil stratégique dont il
faut garder l’expertise et le control pour toujours améliorer sa performance.
∼ Avantages :
Savoir-faire spécialisé du prestataire
Réduction du coût logistique globale
Abaissement du seuil de rentabilité grâce à l’augmentation relative des coûts
variables
Meilleure connaissance des coûts logistiques
∼ Inconvénients :
Manque d’expérience des prestataires des opérations industrielles
Dépendance envers les prestataires pour les approvisionnements
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
59
Difficulté de coordonner la gestion des flux entre des entreprises
juridiquement indépendantes
Risque juridique et social pour les livraisons en bord de chaîne.
Les constructeurs sont menés à distinguer nettement le métier de prestataire
logistique de leur métier principal. Il y a plusieurs formes de distinction :
La solution interne : une filiale est créée qui regroupe l’ensemble des tâches
logistiques et dispose de moyens en propre : PSA
La sous-traitance des tâches d’exécution : le constructeur demeure concepteur
de solutions logistiques et sous-traite le transport lui-même à des entreprises
extérieures au groupe : Toyota.
Le recours à un intégrateur logistique : le constructeur s’associe avec un
partenaire logistique qui lui apporte des solutions industrielles établies en
commun : Ford
L’externalisation auprès d’un prestataire privilégié : le constructeur développe
des relations client-fournisseurs avec un prestataire logistique indépendant et
traite avec lui comme avec un équipementier privilégié.
La tendance générale est à l’externalisation de la logistique tant dans les
prestations que dans la conception et la gestion des systèmes mis en place.
Toyota, VW et Daimler Chrysler font exception. Les prestataires logistiques
fournissant des solutions industrielles sont traités comme des fournisseurs
privilégiés puisqu’ils s’immiscent dans le cœur de l’entreprise automobile. Ces
prestataires sont de plus en plus choisis en fonction de leur localisation. En effet,
il est plus stratégique de traiter avec des entreprises ayant l’expérience et le
savoir-faire du marché local. Ainsi Toyota fait appel à des prestataires européens
pour des solutions européennes. Ce qui est légèrement paradoxal vu que les
fournisseurs accompagnent les constructeurs dans leur mondialisation.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
60
℘ Particularité des Flux physiques :
La voiture est un produit de customisation de masse. Les constructeurs font en
sorte de produire de façon à standardiser le produit et le personnaliser le plus tard
possible sur la chaîne de production (modèle push-pull). Pour pouvoir réaliser la
customisation au dernier moment, les constructeurs utilisent tous le juste à temps.
Le juste à temps permet de produire des produits chers, encombrants et à haut
niveau de personnalisation, tout en faisant des économies d’échelle, de limiter les
stocks et les gaspillages. Plus précisément, la plupart des usines de production
tournent en flux synchrones.
∼ Le juste a temps
Le juste à temps ou la lean production est une façon de procéder à une production
à fréquences élevées, en petits lots pour gagner en flexibilité et répondre
précisément à la demande du client, tout en éliminant les excès1. Ce système de
production est une réponse aux contraintes de l’industrie automobile. Il est aussi
accompagné d’une volonté d’améliorer continuellement le processus, dans la
logique de kaizen2.
La volonté de produire au plus juste conduit les logisticiens à produire en
fonction des besoins du poste aval. Ce qui nous amène à parler du kanban. Le
poste aval va donc émettre un signal (étiquette=kanban en japonais) pour
1 Dans le Toyota Production System, les excès sont la conjonction Muri, Mura, Muda (l’excès
d’approvisionnement et trop de production à l’avance, l’irrégularité, le gâchis) 2 kaizen : volonté d’améliorer le processus de production à tous les niveaux de la chaîne dans le
TPS
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
61
demander au poste amont le réapprovisionnement du lot de pièces qu’il vient de
consommer. Le kanban a différent nom selon les entreprises : il s’appelle RECOR
(Recomplètement de consommations réelles) chez PSA Peugeot Citroën.
∼ Les flux synchrones
Non seulement les usines d’assemblage travaillent en juste à temps, mais elles
fonctionnent aussi en flux synchrones, ce qui implique une implantation
géographique particulière des fournisseurs et partenaires des constructeurs.
Le système synchrone consiste à livrer un type de composants vers un point de
destination précis dans l'ordre de la séquence de commande. Cette livraison se
fait dans une plage horaire respectant l'heure d'assemblage du composant et les
possibilités de stockage au pied de la chaîne de montage. Il est à noter que le
fournisseur peut être interne (atelier en amont) ou externe. Il doit être par contre
situé dans un périmètre proche de son client pour rester compatible avec les
possibilités de plage de livraison1.
Il convient de définir 3 éléments :
La production synchrone (ou fabrication synchrone) : elle représente la
première phase du processus et correspond au début de la production, suite à
la réception de la commande de la part du client. Pour être plus précis :
lorsqu’une commande est passé par un consommateur, l’information remonte
jusqu’au constructeur, puis aux différents fournisseurs. Ainsi, le fournisseur
en recevant l’information lance la production du composant nécessaire en
respectant trois contraintes : le temps de réquisition, l’ordre de réquisition et
dans un respect de qualité totale. 1 Source : Proconseil Consulting Group
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
62
Le picking synchrone : le picking est l'action de prendre des produits dans un
stock de produits finis du fournisseur. Dans le cadre du picking synchrone, il
est aussi important de prendre les composants dans l'ordre de réquisition du
client et ensuite les acheminer dans cet ordre précis chez ce dernier. Ce
processus est utilisé lorsque le temps de réquisition est trop court pour que le
composant puisse être fabriqué à temps.
La livraison synchrone : cette étape suit obligatoirement les deux précédentes
phases. Elle consiste à livrer les composants au constructeur, rangés dans
l'ordre établi au préalable.
Une entreprise, en utilisant les flux synchrones, répond généralement à une
demande de la part de son client. Les clients voient souvent de nombreux
avantages à utiliser le système synchrone mais le principal est qu'ils souhaitent
être livrés rapidement. Les raisons pour lesquelles ces clients ont fait le choix de
la production en synchrone sont multiples mais cette décision est, en général,
motivée par la nature même du produit.
Les produits fabriqués grâce à la méthode dite de fabrication synchrone ne
peuvent pas, en général, être mis à disposition tout de suite après la commande du
client. Ceci tient à trois raisons principales : la voluminosité des produits, le
nombre élevé d'options pour ces produits et le prix élevé de ces produits. Ainsi, le
système synchrone s'applique dans certains secteurs d'activité tels que les
constructeurs automobiles.
Ce système nécessite de nombreux ajustements entre le fournisseur et son client
et, surtout, un système d’information très efficace et fluide.
∼ La redéfinition du secteur géographique : PIF
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
63
Pour pouvoir travailler en juste à temps, les fournisseurs sont amenés à travailler
à proximité des usines d’assemblages. Ainsi sont apparus les Magasins Avancés
de Fournisseurs (MAF). Ceux-ci sont situés géographiquement proche pour
pouvoir livrer les constructeurs en juste à temps : livraison à haute fréquence, de
petites quantité de lots. Le rapprochement géographique est en effet indispensable
pour rester dans une logique d’économie d’échelle et de réduction de coûts.
En fonctionnement synchrone, il est indispensable pour les fournisseurs et les
constructeurs d’être situés presqu’en bord de chaîne d’assemblage. Sont donc
apparus les Parcs Industriels de Fournisseurs (PIF). Les principaux
équipementiers fournissant la plupart des modules sont situés autours de l’usine
d’assemblage afin de pourvoir plus rapidement aux besoins des constructeurs.
On comprend alors comment une voiture est produite en trois jours de temps
(approvisionnement et assemblage).
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
64
La plus « abouties » des usines d’assemblage avec tous ses fournisseurs réunis
sur un PIF est l’usine de Smart, qui est en forme de croix afin de faciliter la
livraison en bord de chaîne et fluidifier la circulation de marchandises entre les
fournisseurs et l’usine.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
65
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
66
Ci-dessus est représenté le schéma de l’usine avec ses différents fournisseurs :
Bosch, Uniport, Dynamit Nobel, le « Sales store », Suriema, TNT Logistics, etc.
15 entreprises indépendantes juridiquement exercent leurs activités à Smartville.
On voit bien que l’aménagement est fait pour que l’accès à l’usine d’assemblage
soit facile et au bon endroit pour le montage. En annexe 1, nous pourrons trouvez
un autre schéma décrivant l’usine de Hambach.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
67
IIIIIIIII RRREEEDDDUUUCCCTTTIIIOOONNN DDDEEESSS DDDEEELLLAAAIIISSS ::: DDDEEESSS EEEVVVOOOLLLUUUTTTIIIOOONNNSSS MMMAAAIIISSS
TTTOOOUUUJJJOOOUUURRRSSS DDDEEESSS CCCOOONNNTTTRRRAAAIIINNNTTTEEESSS
La volonté de baisser des coûts, réduire les délais, et toujours satisfaire son
consommateur est le quotidien des entreprises de l’industrie automobile
d’aujourd’hui. Des spécialistes travaillent sur ces problématiques et ce n’est pas
dans ce mémoire que je fournirai les solutions idéales. Cependant, bien que je
manque d’expérience, je voudrais dans cette troisième partie revenir sur les
principales tendances d’aujourd’hui de gestion de chaînes logistiques dans
l’industrie automobile. Puis, je voudrais parler des éventuelles évolutions futures.
IIIIIIIII...111 RRREEETTTOOOUUURRR SSSUUURRR LLLEEESSS GGGRRRAAANNNDDDEEESSS TTTEEENNNDDDAAANNNCCCEEESSS
III.1.a La distribution : le premier souci des constructeurs
Nous avons vu que la phase la moins optimisée du processus est la livraison du
véhicule neuf. Il faut entre 6 et 8 semaines pour obtenir un véhicule neuf en
France aujourd’hui si la voiture doit être programmée dans la production. Cela
peut de plus évoluer si les prévisions de ventes sont males évaluées ou si le
succès d’un modèle est inattendu. En 2001, il fallait attendre 9 mois avant
d’obtenir une Peugeot 206 CC.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
68
Le manque d’optimisation du temps dans la phase de livraison a un effet négatif
sur les clients : ils sont mécontents et négocient plus facilement les marges. Les
concessionnaires commandent les modèles les plus courant pour pouvoir les
écouler plus facilement. Les clients achètent donc les modèles à disposition et
non ceux qu’ils désirent. Ceux-ci sont généralement les plus basiques et donc les
moins lucratifs.
En revanche si le produit est dans le stock du concessionnaire, un client peut être
livré en plus ou moins 2 jours.
Dans les années 90, les constructeurs ont essayé un nouveau modèle de
distribution tiré par la demande, le « buill to order » (BTO) pour réduire les délais
de livraison, diminuer les coûts de livraison et de stockage et donc augmenter la
satisfaction des clients. Cependant, ce système a des limites. En effet, les
structures logistiques de la chaîne ne sont pas assez souples pour s’adapter
instantanément à la demande.
Les constructeurs cherchent aujourd’hui un moyen intermédiaire entre produire
pour stocker et produire sur commande. On a vu se mettre en place le « Locate To
Order ». C’est un système qui met en place la recherche d’un véhicule sur
l’ensemble du stock disponible (concession de départ, autres points de ventes,
filiale, en-cours ou programme de production). Le but est de trouver le véhicule
en optimisant le délai et le coût de livraison. Si le modèle n’est pas sur ce stock,
le client se voit proposer un modèle le plus proche de celui voulu. Le LTO
nécessite un système d’information performant pour que toute la chaîne avale ait
les mêmes informations sur le stock disponible au même moment.
Les constructeurs concentrent désormais leurs efforts sur le processus de
livraison. La filière automobile travaille sur l’amélioration de la performance des
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
69
systèmes d’information utilisés pour améliorer la transparence du processus à
tous les niveaux : fournisseurs, prestataires logistiques, constructeurs, et
concessionnaires.
Cela permet une meilleure flexibilité au niveau de l’approvisionnement, de la
production mais surtout de la distribution et permet le LTO.
Les constructeurs élaborent, pour réduire les délais de livraison, des projets de
lean distribution. Tous les constructeurs définissent des objectifs, mais ceux-ci
ont du mal à être tenus.
Constructeur Objectif
Renault Nouvelle distribution : passer de 6 à 8 semaines à 21 jours.
PSA Projet Diva : livrer en 25 jours en moyenne avec la possibilité de
modifier les caractéristiques du véhicule jusqu’à dix jours avant la
livraison.
Toyota Réduire les délais à un mois pour les véhicules produits en Europe.
Ford Arriver à 15 jours à termes en Europe.
Volkswagen Travailler sur une échéance de 15 jours.
Source : Eurostaf
Pour le constructeur, atteindre ces objectifs aurait des impacts positifs :
Augmenter ses marges puisque le client final choisirait le modèle de voiture
réellement désiré.
Réduire son niveau de stock et donc diminuer des coûts.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
70
Pour essayer de trouver des solutions pour modéliser flux et stocks en fonction de
la structure géographique des entrepôts, les constructeurs font appel à un
intégrateur apportant un savoir-faire en outils de planification. Renault s’est
tourné vers la CAT et I2 Technologies et PSA vers Gefco et SAP comme
fournisseur de solutions informatiques. Il s’agit d’articuler les contraintes de
délais et de coût, avec la particularité que la majorité des temps de transport (donc
les délais) sont des temps d’arrêts (générateurs de stocks, donc de coûts).
Les améliorations apportées au réseau de distribution automobile sont donc :
L’utilisation de plates formes logistiques de sous-traitants s’occupant de la
gestion de stocks, de la préparation des véhicules.
La volonté de mettre en place le système « Locate To Order » qui aide à la
flexibilité du réseau
III.1.b Approvisionnement : problème de sourcing
Se fournir en pièces à l’étranger constitue un autre problème logistique. En terme
de coûts, les pièces sont peut-être moins chères. Il se peut aussi que ce sont des
pièces dont un fournisseur étranger détient le monopole : se fournir à l’étranger
devient donc indispensable.
Cependant, en terme de délais et de flexibilité, cela représente une contrainte. Ce
problème se pose particulièrement pour une entreprise qui ne produit pas sur son
sol national
Une autre contrainte que nous prendrons en compte dans cette sous partie est
l’approvisionnement en produits finis pour une filiale chargée de la distribution
dans un pays étranger.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
71
En effet, si une voiture doit être produite au Japon pour un client français, le
transport de la voiture en question durera environ 6 semaines. C’est un délai
incompressible. Ainsi, c’est le cas pour Toyota en France. La filiale doit donc
optimiser son réseau de distribution pour essayer de réduire au maximum les
délais de distribution.
III.1.c Les limites du fonctionnement en synchrone
Les flux synchrones présentent un certain nombre de limites et de contraintes
pour les différentes parties en présence. En effet, la mise en place d’un système
synchrone requiert des conditions strictes et précises ; de ce fait, un tel système ne
s’adresse qu’à un certain type d’entreprises. De plus, dans ce système il apparaît
que les relations entre le client et le fournisseur sont prépondérantes. Enfin, il est
important de noter qu’il existe de nombreux risques, essentiellement liés à des
éléments dont on ne peut mesurer précisément ni l’importance ni les effets. Nous
allons donc voir en détail ces différents aspects des flux synchrones.
℘ Des conditions restrictives d’application du modèle
Dans un système Fournisseur – Entreprise – Client, tous les acteurs en présence
ne peuvent pas appliquer le système de flux synchrones. En effet, ce système
exige une certaine structure et un certain environnement, pour chacun des
protagonistes. A chaque niveau, les exigences sont différentes et seules quelques
entreprises peuvent mettre en place un tel système. Nous allons donc voir à
présent les exigences particulières pour le fournisseur et pour l’entreprise.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
72
∼ Les exigences pour le fournisseur
Des exigences financières et structurelles
Des exigences de capacité
Des exigences temporelles
∼ Les exigences pour l’entreprise
Des exigences liées à une demande imprévisible
Des exigences financières
℘ Une relation de dépendance trop forte entre le fournisseur et l’entreprise
Le système synchrone implique une relation forte et de confiance entre
l’entreprise et son fournisseur. Cependant, ce même système implique aussi une
très forte dépendance mutuelle et donc des risques très importants pour les deux
parties en présence.
∼ L’entreprise
Le choix du fournisseur repose sur la confiance : le fournisseur doit livrer des
produits de qualité en respectant les temps de réquisition. Le contrat est de
longue durée, c’est donc un investissement en temps et en argent.
La qualité des produits : l’entreprise doit pouvoir faire confiance à son
fournisseur sur les pièces livrés (zéro défaut), dans le but d’économiser du
temps. Si les pièces présentent un défaut, l’image du constructeur est
directement impactée.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
73
La relation unissant entreprise et fournisseur est très forte et on constate que
l’entreprise dépend presque totalement de son fournisseur. Ceci peut à terme
fragiliser l’entreprise si elle n’a pas choisi le bon fournisseur.
∼ Le fournisseur
Le transfert de responsabilité : dans le système synchrone, c’est le fournisseur
qui assume tous les risques liés à la responsabilité de l’approvisionnement et
la qualité des produits.
L’exclusivité du fournisseur : les fournisseurs perdent en autonomie et se
voient forcés de rejoindre l’entreprise sur son site de production.
Le cycle de vie des produits : si le produit arrive à la fin de son cycle de vie et
qu’il n’est plus demandé par les consommateurs, ne coïncidant pas forcément
avec la fin du contrat d’approvisionnement, quelles sont les possibilité qu’a le
fournisseur pour se recycler ?
Il apparaît donc que, dans le système synchrone, tout comme l’entreprise dépend
de son fournisseur, celui-ci dépend de l’entreprise. En effet, il supporte tous les
risques et peut perdre son activité. De plus, le fournisseur s’engage bien souvent à
améliorer sans cesse sa productivité, ce qui rajoute un niveau supplémentaire de
difficulté.
∼ Les risques du système synchrone : les impondérables
Dans le système du système synchrone, l’erreur est rédhibitoire. En effet, la
production de produits finis étant déclenchée par le client, si quelque chose se
déroule mal, c’est tout le système qui en est affecté.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
74
Il existe une limite sur laquelle les protagonistes de la filière n’ont aucun
contrôle : ce sont les impondérables, dus à l’environnement, à l’usine ou encore
au transport des produits.
Les impondérables liés à l’environnement
Ces risques sont très peu probables mais méritent néanmoins d’être mentionnés
puisqu’ils peuvent constituer une limite au système synchrone. Ainsi, ces risques
peuvent être :
Climatiques : tremblements de terre, cyclones, …
Légaux et politiques : de nouvelles lois sur les travailleurs, sur les
processus, … peuvent passer, ou encore des financements peuvent être
accordés à des entreprises concurrentes.
Environnementaux : des lois sur la protection de l’environnement
peuvent mettre en difficulté les entreprises et fournisseurs.
Economiques : la baisse du pouvoir d’achat, ou une crise économique
peuvent être responsables d’un fort ralentissement de l’activité de
l’entreprise.
Sociaux : lobbying entraînant une hausse des coûts.
Culturels : les modes peuvent changer très rapidement.
Les impondérables liés à l’usine : Les aléas les plus fréquents qui peuvent
entraver le bon fonctionnement de l’usine et entraîner une perte de
productivité et de fiabilité importante sont les grèves et les pannes sur les
chaînes de montage. Aucun des protagonistes ne peuvent prévoir ou contrôler
totalement ces événements.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
75
Les impondérables liés au transport : Le principal risque difficilement
maîtrisable est le retard dans la livraison occasionné par des accidents, des
embouteillages, des pannes… Comme pour les risques liés à l’usine,
fournisseurs, entreprise ou clients ont peu de contrôle sur ce genre d’aléas.
On constate donc que le système synchrone possède un certain nombre de limites.
Tout d’abord, l’erreur n’y est pas admise. De plus, le modèle repose sur une
confiance infaillible entre les protagonistes de la filière qui dépendent étroitement
les uns des autres. Cette dépendance peut s’avérer parfois gênante, l’entreprise
mettant sa réputation en jeu en se reposant beaucoup sur les performances de ses
fournisseurs. Le fournisseur, quant à lui, se met également en danger en
supportant tous les risques du système synchrone, et en s’appuyant parfois
exclusivement sur une seule entreprise. Enfin, le client doit accepter de ne pas
entrer immédiatement en possession de son bien.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
76
IIIIIIIII...222 PPPEEERRRSSSPPPEEECCCTTTIIIVVVEEESSS FFFUUUTTTUUURRREEESSS
Dans cette sous partie, je voudrais exposer certaines perspectives que j’entrevois
sur le marché automobile.
III.2.a Du côté des fournisseurs :
Il y a un amalgame entre les différents fournisseurs :
On ne sait plus comment répertorier les fournisseurs : rang 0,5 ; 1 ; 2… ?. Les
fournisseurs des fournisseurs sont parfois concurrents de leur client. Il y a une
difficulté pour un fournisseur de bien connaître son environnement concurrentiel.
De plus, les fournisseurs les plus importants sur le marché automobile empêchent
les petits fournisseurs de se développer.
Une pression très importante :
Les constructeurs pressent les équipementiers de baisser leurs marges et ces
derniers font de même avec leurs propres fournisseurs. De même, les
équipementiers sont tenus d’être innovants, toujours améliorer la qualité de leurs
produits, réduire les délais etc. ; nous l’avons déjà mentionné. Cependant cette
pression est subie par toute la force salariale de chaque équipementier.
L’ambiance de travail des salariés est donc extrêmement éprouvante, et il y a une
forte rotation de la masse salariale. Cela empêche une certaine stabilité.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
77
Continuation de l’externalisation :
Les fournisseurs sont amenés à s’occuper de plus en plus d’activités gérées
autrefois par les constructeurs. Les fournisseurs ou plutôt les équipementiers ont
donc plus de valeur ajoutée et donc plus de poids dans la filière. Si bien qu’il y a
une perte de savoir-faire de la part du constructeur ou un gain en faveur de
l’équipementier.
III.2.b Du côté des constructeurs et de leur réseau de distribution :
℘ Des voitures qui se ressemblent
Les constructeurs perdent leur identité et leur image du positionnement du
constructeur. Les Peugeot et Citroën sont exactement les mêmes ou fort
semblables. Le co-branding ou le partage de plates-formes d’assemblage font que
les constructeurs sortent les mêmes voitures. Par exemple, Toyota, Peugeot et
Citroën sortent à peu de chose près les mêmes modèles en même temps : Peugeot
107, Citroën C1, Toyota Aygo.
De plus, les équipements des voitures de grande consommation partagent souvent
les mêmes équipements, puisque les fournisseurs et les équipementiers travaillent
tous, tous ensembles. Les voitures ont tendances à se ressembler.
℘ Amélioration des délais de livraison ?
La grande problématique aujourd’hui en terme d’amélioration des délais est
comment mieux utiliser ou comment améliorer les flux d’information ? La
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
78
fluidité et la transparence des flux d’information est une donne indispensable
pour que les flux physiques soient eux-mêmes fluides. Or, aujourd’hui, les
systèmes d’information manquent de maniabilité et les utilisateurs ne sont pas
encore bien formés pour travailler au mieux avec.
De plus, le partage d’information est encore un concept idéaliste. En effet, les
entreprises veulent garder une certaine confidentialité de leurs activités, de leurs
marges et de leurs clients. Un système d’information accessible à tout le réseau
automobile du constructeur sous-entend plus de transparence sur ces activités.
Pour améliorer la fluidité des flux d’information et donc réduire les délais de
livraison, il faudrait donc prendre en compte cette donne.
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
79
CCOONNCCLLUUSSIIOONN
L’industrie automobile est un marché qui évolue tout le temps et de plus en plus
vite depuis ces dernières années. La durée du cycle de vie des produits, étant de
plus en plus courte, change la structure de la chaîne logistique. Les modèles sont
produits moins longtemps et vendus en moindre quantité à cause de la diversité
de l’offre.
Les constructeurs sont confrontés au traitement de données complexes, non
seulement sur les consommateurs et sur l’environnement du marché, mais aussi à
des phénomènes tels que la mondialisation, le vaste marché des fournisseurs, les
nouvelles offres de prestations logistiques, la réglementation de la distribution ou
encore les délais de livraison à réduire.
C’est en parti pour cela qu’ils sous-traitent et qu’ils externalisent leurs activité.
C’est une façon de déléguer et simplifier leur métier. Cependant il faudrait en
mesurer l’impact dans quelques années : est-ce que la sous-traitance ne
complexifie pas la chaîne en elle-même et est-ce un bon investissement sachant
que les constructeurs perdent un peu de vue le contrôle et la qualité de leurs
activités logistiques ? Ces deux problématiques jouent sur les problèmes de délais
qui restent un enjeu majeur pour le constructeur et son image.
Les problèmes de délais ne se retrouvent pas trop dans la phase de production,
bien que le système de production utilisé en grande partie aujourd’hui représente
beaucoup de contraintes, et pour les fournisseurs et pour le constructeur. Par
contre, les constructeurs doivent appliquer leurs efforts dans les
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
80
approvisionnements des pièces de fournisseurs étrangers et surtout dans la
distribution des produits finis.
Pour ce qui est de leur réseau de distribution, les constructeurs doivent mettre en
place un système d’information performant qui rendrait les flux physiques
transparents pour toute la chaîne automobile, associé à un service de transport
plus rapide et des prévisions de ventes plus proche de leurs consommateurs.
Cependant, à trop vouloir réduire les délais de livraison pour satisfaire au plus
vite les consommateurs, les constructeurs ne risqueraient-ils pas de réduire leur
offre à des modèles de bases. En effet les prévisions de ventes ne sont jamais
vraiment exactes et il est difficile de connaître certains desiderata avec certitude.
On a vu que les concessionnaires ont tendance à commander un stock qu’il est sûr
d’écouler, c’est-à-dire des modèles de bases. Ne serait-ce pas un problème pour le
constructeur de vendre des voitures dont la marge est la moins lucrative ? Et de
ne pas satisfaire entièrement son client par souci de délais ne serait-ce pas une
atteinte à l’image du constructeur ?
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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Livres :
L’encyclopédie du marketing de Jean-Marc Lehu, éditions d’organisation
Management de la production de Anne Gratacap et Pierre Médan, éditions Dunod
L’automobile, Marché Acteurs Stratégie de EBG, éditions Elenbi
Quel modèle productif ? Trajectoires et modèles industriels des constructeurs
automobiles mondiaux de Michel Freyssenet
Presse et magasines :
Geodis dévoile le MAF automobile du futur, Stratégie Logistique numéro 54,
Mars 2003, p54 à 58
Distribution automobile : Les nouveaux enjeux, Le journal de la logistique
numero 19, Octobre 2004, p28 à 48
Sites Internet :
www.Emapmedia.com
www.ccfa.fr
http://www.ilo.org/public/french/dialogue/sector/techmeet/tmtem05/tmtem-r.pdf
www.renault.com
www.volkswagen.fr
La chaîne logistique dans l’industrie automobile.
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Autres :
La logistique automobile, Etude Eurostaf 2002
L’impact de la nouvelle réglementation sur la distribution automobile, Etude
Eurostaf 2003