Journal Esprit de la France n°3

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SARKOZY BRADE LA SOUVERAINETÉ FRANÇAISE DE TOULON À BRUXELLES JOURNAL DE CAMPAGNE DE MARINE LE PEN | N° 3 | DÉCEMBRE 2011/JANVIER 2012 www.marinelepen2012.fr CE QUE J’EN PENSE NUCLÉAIRE NE PAS JETER LE BÉBÉ AVEC L’EAU DU BAIN DOSSIER DU MOIS FABIEN ENGELMANN ENTRETIEN MARINE EST BIEN LA CANDIDATE DE LA CLASSE OUVRIÈRE ACTUALITÉ INTERNATIONALE SARKOZY-JUPPÉ ET NOUS LE PRINTEMPS ARABE

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Esprit de la France est le journal de campagne de Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle de 2012.

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SARKOZY BRADE LA SOUVERAINETÉ FRANÇAISE

DE TOULON À BRUXELLES

JOURNAL DE CAMPAGNE DE MARINE LE PEN | N° 3 | DÉCEMBRE 2011/JANVIER 2012www.marinelepen2012.fr

CE QUE J’EN PENSE

NUCLÉAIRENE PAS JETER LE BÉBÉAVEC L’EAU DU BAIN

DOSSIER DU MOIS

FABIEN ENGELMANN ENTRETIEN

MARINE EST BIEN LA CANDIDATE DE LA CLASSE OUVRIÈRE

ACTUALITÉ INTERNATIONALE

SARKOZY-JUPPÉ ET NOUSLE PRINTEMPS ARABE

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on vous l’avait bien dit !

« face à ces actes monstrueux, notre société n’est pas impuissante. »Claude Guéant, à propos du viol et du meurtre de Laetitia par Tony Meilhon, en réponse à une question d’actualité d’un député, le 1er février 2011.

« nous menons un combat acharné contre cette forme de délinquance (braquage de banque) qui est violente, qui est agressive, qui est traumatisante pour les victimes. et ce combat porte ses fruits. »Claude Guéant, en réponse à une question d’actualité d’un député, le 17 décembre 2010.

Le 23 février 2011, Marine Le Pen dénonçait dans une confé-rence de presse l’imposture de la politique sarkozyste en matière d’insécurité, en exposant les vrais chiffres, via deux graphiques particulièrement « parlants » ; le premier concer-nait les violences contre les personnes entre 2002 – arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur – et 2009, passées de 35 000 à 47 000 soit + 29 %. Encore s’agissait-il là des chiffres offi ciels du ministère de l’Intérieur, ne prenant pas en compte les centaines de milliers d’agressions ver-bales ou physiques n’ayant pas fait l’objet de plaintes. Le deuxième graphique – lui aussi établi à partir des chiffres mêmes de la place Beauvau – démontrait la compression des effectifs de la police et de la gendarmerie entre 2007 et 2012 – en tenant compte des prévisions : moins 18 000 fonctionnaires en cinq ans de présidence Sarkozy ! En résumé, alors que la délinquance et la criminalité explosent, les forces de l’ordre ont de moins en moins les moyens humains de faire face à l’aggravation de la situa-tion. Toutes les visites « sur le terrain », toutes les décla-rations martiales, toutes les mines sévères de Claude Guéant et de son employeur ne servent qu’à entretenir l’illusion d’une politique de fermeté !

ILS DISAIENT

ET POURTANT NOUS DISIONS

plus de violence, moins de policiers !

Insécurité

L es récents – et atroces – drames qui ont défrayé l’actualité cette année – viol et meurtre de Laeti-

tia, viol et meurtre d’Agnès, viol et meurtre d’Océane, viol et meurtre d’une fi llette de 8 ans dans le Gard, toutes victimes d’individus déjà condamnés pour des faits similaires – ont reposé la question de la récidive, fruit d’un certain laxisme – d’un laxisme certain plutôt – judiciaire, lui-même refl et du climat idéologique (post-gauchiste) assez présent dans la magistrature.La justice – comme l’administration pénitentiaire – manque de moyens, c’est vrai. Mais elle souffre aussi d’être encore imprégnée de l’esprit de mai (68), un mauvais esprit qui fait que les tribunaux correc-tionnels ne « corrigent » plus guère les délinquants. Et pourtant, rien ne serait plus nécessaire car, dans le même temps, et en dépit des effets de manche et de formules du président du « Kärcher » – et ex-ministre soi-disant à poigne de l’Intérieur – la violence croît en volume et en intensité dans ce pays : en témoigne tout récemment la « semaine sanglante » de Mar-seille, qui a notamment coûté la vie à un policier de la BAC. Et là encore, notons qu’un des malfrats impliqués dans une de ces fusillades avait déjà été arrêté… 41 fois ! « Les faits sont têtus » disait Lénine, mais que dire des faits-divers graves qui défrayent quotidiennement la chronique ? Qu’ils témoignent de l’échec du gouvernement Sarkozy à maîtriser l’explosion de la délinquance et de la violence, une promesse sur laquelle il s’est pourtant fait élire.

Des chiffres offi ciels et accablantsCar Marseille ne vit pas dans un micro-climat : les chiffres publiés par le très offi ciel Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) dirigé par le criminologue Alain Bauer – nommé par Sarkozy – viennent contredire « bru-talement » les déclarations lénifi antes de Claude Guéant : les agressions physiques ont atteint le taux de 7,4 pour 1 000 en 2010, soit le plus élevé depuis 1996, et une augmentation de 2,5 % par rap-port à 2009. Sur cinq ans – 2005 à 2010 – le nombre d’« atteintes volontaires à l’intégrité physique » a aug-menté de 14 %. Avec 146 484 faits enregistrés par la police et la gendarmerie, c’est l’Île-de-France qui enregistre la plus forte progression de la violence sur un an : + 5,6 %, soit le double de la hausse nationale.Bref, dans le domaine de la sécurité aussi, le sarko-zysme fi nissant retrouve sa dimension fondamen-tale, celle de l’imposture et du mensonge.

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L ’élection présidentielle de mai prochain est

une occasion unique pour les Françaises et les Français de dire un non « franc et massif ». À l’immobilisme, à l’aveuglement, aux impos-

tures, à la mauvaise gouvernance de Nicolas Sarkozy. Et au-delà de sa personne à toute une classe politique, à tout un système, interchangeable dans sa soumission aux directives étrangères et à une prétendue fatalité politique et économique. C’est aussi, et surtout, la possibilité d’un vote d’adhésion à un vrai projet de redressement de la France, d’un oui à l’avenir. Une occasion à saisir !

Ne pas se tromper de « non »Pour dire vraiment « non », il ne faut pas se tromper de bul-letin : déjà, il ne faut pas choisir François Hollande, qui est le cousin de « gauche » de Nicolas Sarkozy. Et qui a sur la mon-dialisation, l’Europe et l’euro, le libre-échangisme mondial, l’immigration et l’ouverture des frontières quasiment les mêmes positions que son challenger de « droite ». Hollande et Sarkozy, c’est Coca contre Pepsi. De cette gémellité idéo-logique est né le monstre politique qu’on connaît, l’UMPS.Pour un non effi cace et cohérent, il ne faut pas non plus donner sa voix à François Bayrou, qui parle aujourd’hui de produire et acheter français, alors qu’il a toujours prôné plus d’Europe et plus d’euro. Ni à Jean-Luc Mélenchon : ce « populiste » de gauche est très virulent contre les puis-sances d’argent et la dérive libérale du PS sur les plateaux de télévision et les tréteaux de meeting. Mais lui aussi, c’est, à sa manière, un tenant de la mondialisation qui nous fait tant de mal : toujours plus d’immigration. Et toujours l’euro qui nous ruine. De toute façon, Jean-Luc Mélenchon, malgré toute sa « tchatche » révolutionnaire, roule pour Hollande.Et Nicolas Dupont-Aignan, me diront certains ? Des vues justes, du courage, un talent médiatique. Mais pas d’élec-teurs, pas de mouvement populaire en sa faveur.

Choisir la véritable – et seule – alternativeMa candidature a ce que les autres n’ont pas : • une volonté de rupture réelle et réfl échie : il ne s’agit pas de replâtrer un système à bout de souffl e mais de tourner défi nitivement le dos aux politiques économique, sociale, sécuritaire, migratoire, européenne poursuivies depuis près de quarante ans par des équipes interchangeables de politiciens et de technocrates « socio-libéraux ». Voter pour moi, c’est dire non au passé pour s’assurer un avenir, se donner les moyens d’un nouveau départ, sur des bases politiques enfi n saines. • un mouvement puissant d’opinion qui peut me porter au second tour. Pour tous ceux et celles qui veulent que ça change vraiment, je suis le seul vote utile possible. Je suis la seule candidate qui, élue, voudra et pourra stopper les fl ots migratoires ; sortir de l’euro et mettre les marchés au service de la nation et non pas le contraire ; rendre en-fi n sa souveraineté, sa capacité décisionnelle à la France, condition sine qua non pour défendre effi cacement les intérêts des Français ; rendre à mes concitoyens un des premiers droits de l’homme : la sécurité.

Votez, ça vaut vraiment le coup !Beaucoup de Français sont, on peut les comprendre, dé-goûtés de la politique, et se réfugient dans l’abstention. Et beaucoup d’entre eux, s’ils votaient, le feraient pour moi, toutes les enquêtes l’attestent. J’invite donc tous ces déçus, ces écœurés à se déplacer le 22 avril et à mettre dans l’urne le seul bulletin qui dérange les gens du système, le seul bul-letin qui ait un sens. Au fait, vous avez remarqué que cette année, on n’a pas eu droit au moindre spot télévisé pour inciter les Français à s’inscrire sur les listes électorales ? Le système compte sur l’abstention pour « limiter les dégâts ». Alors, déjouez leur plan : votez, et faites voter ! Faites le geste qui sauve : votez pour le seul et vrai changement !

Par Marine Le Pen

édito/soMMaire

plus de violence, moins de policiers !

Journal de campagne de Marine Le Pen

78, rue des Suisses92000 Nanterre

Directeur de la Publication : Marine Le Pen

Rédacteur en chef : Louis Aliot

Tirage : 50 000 exemplairesNuméro de commission

paritaire en coursConception - Impression :

Unanime

Courriel : [email protected]

Photo en couverture : © Luca Da Ros/Grand Tour/Corbis

on vous l’avait bien dit ! .............................2Plus de violences, moins de policiers !

édito ......................................................3

ce que j’en pense .....................................4Nucléaire : ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

dossier .................................................5De Toulon à Bruxelles, Sarkozy brade la souveraineté française

le détecteur de MensonGes ..................... 12

lu, vu et entendu ................................... 13

actualités internationales ....................... 14Le printemps arabe, Sarko-Juppé et nous

entretien .............................................. 16Fabien Engelmann : Marine est bien LA candidate de la classe ouvrière

coups de cœur culture .......................... 18

souteneZ-nous ! ..................................... 19Aidez pour la campagne présidentielle

la voix du peuple .................................... 20

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Râler c’est bien, voter c’est mieux !

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ce que j’en pensePar Marine Le Pen

ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

Nucléaire

Ravivée par les revendications maximalistes des Verts – et la perméabilité des socialistes à celles-ci –, la question du nucléaire est redevenue un des enjeux de la présidentielle à venir.

S ur cette question essentielle, il y a deux ou trois choses simples

et vraies que je voudrais rappeler :

1. Oui, il faut, à terme et de façon progressive, sortir du nucléaire, en favorisant la diver-sification énergétique de la France. Nous préconisons notamment, dans cette perspective, un programme ambitieux de recherches sur les pos-sibilités de l’hydrogène. Je rappelle néanmoins que l’énergie nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre.

2. Dans l’immédiat, il est évi-dent que les Français ont besoin de l’énergie nucléaire qui, certes, n’assure que 17 à 18 % de l’énergie consommée dans le pays, mais 79 % de notre production d’électricité. Nous avons demandé à l’État fran-çais, au lendemain de la catastrophe de Fukushima, de prendre toutes les

mesures pour sécuriser les 58 cen-trales nucléaires de ce pays. La priva-tisation du secteur nucléaire est une erreur tant la recherche de la renta-bilité peut se faire au détriment de la sécurité. Je préconise en outre la reprise de recherches pour le traite-ment optimal des déchets nucléaires, recherches d’ailleurs interrompues sous la pression des Verts.

3. Le nucléaire est un fleuron de la technologie et de la com-pétence françaises : outre qu’elle génère près de 200 000 emplois directs et indirects, la filière nucléaire est une incontestable démonstration de l’excellence technologique fran-çaise. Un groupe comme AREVA a vendu ses centrales dans le monde entier. Une société comme Alstom est l’un des leaders mondiaux pour les « îlots » nucléaires et les ensembles turbine-alternateur. Et EDF intervient

non seulement dans les 58 centrales françaises, mais aussi dans une quin-zaine d’installations britanniques.

4. Les Verts sont des extré-mistes régressifs. Voici déjà des années, certains avaient pointé l’extrémisme du programme de cer-tains écologistes radicaux français, les désignant comme des « Khmers verts ». Ça n’était pas mal vu, tant les Verts avaient mis une belle idée – plu-tôt à droite à l’origine – au service d’un projet gauchiste, associant régres-sion économique et technologique et immigrationisme débridé.En 2012, avec Eva Joly et ses ultima-tums sur le nucléaire, alliés à un tran-quille mépris des traditions françaises comme le défilé militaire du 14 juil-let, on est plus que jamais dans ce registre. Avec son plan de sortie accé-lérée du nucléaire, elle se comporte en irresponsable, sacrifiant emplois et indépendance énergétique du pays à un projet écologiste plus qu’écolo-gique, radical plus que pragmatique, qui laisse mal augurer de sa capacité à gouverner le pays – éventualité très hypothétique il est vrai.

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Par Machin Chose

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de toulon à bruxelles, sarkozy brade

la souveraineté française

« À partir de dorénavant, ce sera comme d’habitude »

(Coluche)

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Vous avez dit « Union » européenne ?

I l l’avait annoncé à Toulon, il vient de l’offi-cialiser à Bruxelles : Nicolas Sarkozy, sous

l’amicale pression d’Angela Merkel, a « vendu » son projet de « nouveau traité européen » aux 17 États membres de la zone euro. Mais pas de la zone Europe : David Cameron et la Grande- Bretagne font bande à part. On peut d’ailleurs dire qu’entre les États – membres ou non de l’Union européenne – qui n’utilisent pas l’euro – outre la Grande-Bretagne, le Danemark, la Suède, la Nor-vège, l’Islande, la Suisse –, les pays qui n’y sont pas acceptés encore – la plupart des anciennes démo-craties populaires – et ceux qui n’arrivent plus à assumer la monnaie unique – la Grèce, sans doute bientôt suivie de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande… et de la France – l’Europe n’est plus à deux, mais à trois, voire quatre vitesses !

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le forum de bruxelles, un Waterloo diplomatique

Austérité tous azimuts, et mise sous tutelle budgétaire et politique de la France, ramenée au rang d’une commune en faillite : voilà tous les « acquis », pour les Français, du « nouveau traité » européen de Merkozy !

à Bruxelles, le couple Merkel-Sarkozy a voulu envoyer un

signe fort aux marchés financiers et aux agences de notation, en tentant de les rassurer sur la capacité des pays européens à rembourser les intérêts de leur dette, et à diminuer drastiquement leur endettement. Désormais, c’est promis-juré-craché, la France et ses partenaires respecte-ront, à n’importe quel prix social, les fameux critères du pacte de stabilité et de croissance européen et du traité de Maastricht : pas de déficit public supérieur à 3 % du P.I.B., pas de dette nationale dépassant les 60 % du P.I.B. Sous peine de sanctions financières immédiates et automatiques.Pour tenir cet engagement jusqu’à présent jamais respecté par la France – nous en sommes pour le moment à 7,1 % de déficit et à 85 % de dette – ni d’ailleurs par les autres pays (seules la Finlande et l’Estonie étaient « éco-nomiquement correctes » de ce point de vue en 2011 !), Nicolas Sarkozy et son gouvernement vont transférer la souveraineté budgétaire de la France à la Commission européenne. Et vont engager le pays dans un plan d’aus-térité sans précédent : •lesbudgetspublicsvontêtresoumisàun régime sévère, qui entraînera de fait la fin du modèle français de protection sociale – sécurité sociale et retraites ;•les derniers services et entre-prises publics vont faire l’objet de privatisations-braderies ;

•lesimpôtsvontaugmenter;•la politique gouvernementale dedéflation – baisse drastique des dépenses de l’État, gel ou baisse des salaires – va porter un coup mortel à la consommation et donc à la crois-sance – estimée à moins de 1 % pour 2012 –, et le chômage va continuer de « métastaser » la société française.

Nouveau traité européen = austérité + vassalité

Et « accessoirement », notre pays, désormais sous tutelle budgétaire de l’Union – c’est-à-dire de la Commis-sion – européenne, aura abdiqué ses dernières prérogatives nationales.Bref, le nouveau traité européen, ou plutôt franco-allemand, ou mieux encore germano-français, appor-tera, d’ici quelques mois, l’austérité et la perte de ce qu’il restait d’indé-pendance nationale.En échange de cette concession majeure à Angela Merkel, Nicolas Sarkozy n’a même pas obtenu de celle-ci le droit pour la Banque cen-trale européenne de prêter à des taux « raisonnables » aux États en manque de liquidités. Bref, les concessions majeures du président français ne vont probablement recevoir aucune contrepartie. « Tout ce qui est à moi est intouchable, tout ce qui est à vous est négociable », c’est la façon dont Angela Merkel conçoit le nouveau couple franco-européen.

Au fond, c’est à Waterloo (25 kilomètres de la capitale belge) que le président français aurait dû tenir son sommet franco-allemand plutôt qu’à Bruxelles !

Mission impossibleBruxelles ou pas Bruxelles, l’agence de référence Standard & Poors a menacé, dès le lendemain du sommet de Bruxelles (!), de dégrader le triple A de la France et de cinq autres pays euro-péens. Et c’est notre pays qui serait le plus sévèrement noté. Ce qui va avoir des conséquences directes et désas-treuses sur la capacité de la France à emprunter sur les marchés de quoi rembourser les intérêts de sa dette. Les taux d’emprunts, déjà élevés, augmen-teront encore, et notre pays, handicapé économiquement par la surévaluation et la non-flexibilité de l’euro, affaibli par les délocalisations et la désindustria-lisation consécutive au libre-échan-gisme mondial, mis en danger par les imprudences de ses banques, sera entré dans une spirale d’endettement vertigineux et de récession accélérée.

Bref, l’accord de Bruxelles, signé dans un climat de panique, ne sauvera ni l’Eu-rope ni l’euro. Parce que c’est impos-sible : les marchés financiers, dans ce système de mondialisation ultra-libé-rale, font la loi. Et ils réagissent, ou sur-réagissent instantanément, alors que les États ont besoin de temps pour enclencher leurs mesures. Des mesures inaptes à conjurer la faillite de l’euro et des économies européennes fragilisées par vingt années de concur-rence mondiale déloyale.Sarkozy et ses pairs, incapables ou terrifiés d’imaginer autre chose que leurs vieux schémas mondia-listes, cherchent à gagner du temps. Jusqu’à l’élection présidentielle, par exemple. En faisant payer aux Fran-çais la facture de leur folle politique. Ils vont assommer la France. La mettre à l’heure de la Grèce. Sans sauver l’euro.

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on vous l’avait bien dit !Par Machin Chose

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marine l’avait prévue !

Domination allemande

N on contente d’avoir prévu, dès juin 2008, la chute de Lehman

Brothers – intervenue en septembre – et la crise fi nancière subséquente, Marine Le Pen avait annoncé, le 18 juin 2010, dans une conférence de presse, la prise de contrôle par l’Allemagne et sa chancelière de la direction de la politique écono-mique et fi nancière de l’Europe, donc un an et demi avant la piteuse reddition de Nicolas Sarkozy aux exigences d’Angela Merkel. Lisez plutôt :« À l’échelon international, là encore, la France subit un abaissement humiliant et dangereux.Même s’il n’est pas possible de comparer l’actuelle République fédérale avec le haïssable régime panger-maniste de l’époque, force est de constater que nous sommes revenus à une situation qui revient en Europe à ravaler la France au rang de vassal. Des institutions euro-germaniques servent, sous le vocable de l’Union européenne, de puissance tutélaire à une France fi nan-cièrement, monétairement et même de plus en plus politiquement soumise.Après son affaissement militaire de 1945 et sa division imposée, l’Allemagne a profi té de son brevet européiste pour faire admettre sa réunifi cation territoriale et poli-tique ; tranquillement, avec une constance à laquelle l’histoire nous a accoutumés depuis 1870, elle a retissé son hégémonique infl uence sur les pays d’Europe centrale. Par une politique maîtrisée de production dans des pays limitrophes, elle a mis au service de son économie le dyna-misme productif des peuples de l’Est, conservant pour elle les fonctions de direction et de conception. Par le biais de ses exportations, elle s’est octroyé au détriment des autres états européens une rente qui alimente son remarquable excédent commercial.Certes, sa nouvelle domination n’est naturellement pas militaire et a été acquise loyalement par le travail, la rigueur et l’effort de tout un peuple. Mais cette situation dont sont seuls responsables nos piètres dirigeants, aboutit à un inquiétant résultat. La nouvelle donne géopolitique continentale autorise aujourd’hui la RFA à décider qua-siment de notre politique monétaire, de nos orientations sociales, de nos mesures d’assainissement économique ; elle en arrive à déterminer jusqu’à la couleur de nos plaques d’immatriculation de nos voitures ou la taille de nos régions.Le déséquilibre continental qui en résulte est d’autant plus préoccupant que nos dirigeants, avec une incompréhen-sible cécité, continuent d’ignorer l’axe Paris-Berlin-Mos-cou pourtant indispensable à la stabilité du continent.La France se trouve dans la situation des pays économi-quement vaincus avec pour seule perspective de rayonne-ment le piteux leadership sur les pays en voie de décro-chage que la fi nance mondiale affuble du qualifi catif méprisant de “PIGS“. » (Marine le Pen, 18 juin 2010)

Signé le 13 décembre 2007 dans la capitale portugaise par les chefs d’État et de gouvernement des 27 pays membres de l’Union – et donc par Nicolas Sarkozy – le traité de Lisbonne est à la fois une synthèse et une aggravation des dispositions pré-vues par les précédents grands traités européens : Rome en 1957, Maastricht en 1992. Il est entré en vigueur le 1er décembre 2009, pour une durée « illimitée », après avoir été ratifi é, de façon prudemment parlementaire, par les pays concernés.

Il faut dé-na-tio-na-li-serSans entrer dans de fastidieux détails techniques et juridiques, disons que le traité de Lisbonne a donné les clés de la sou-veraineté des États membres aux institutions, organismes et technocrates de l’Union européenne. Le président de la Com-mission européenne voit son indépendance vis-à-vis des États et son pouvoir accrus : il est choisi par le Conseil européen (qui regroupe les chefs d’État et de gouvernement européens) à la majorité relative – et non absolue comme auparavant – pour être ensuite élu par le Parlement européen. La Commission européenne elle-même, ce super-gouvernement de techno-crates non élus, n’est plus responsable devant le Conseil euro-péen – trop « national » puisque composé des chefs politiques des pays membres – mais devant le Parlement européen, plus « dénationalisé ». Corollaire de cette montée en puissance de la Commission, le Conseil européen n’est plus qu’une institution européenne comme les autres. Son président, précaution sup-plémentaire, ne doit exercer aucun mandat national. Concrètement, le traité accorde une compétence exclusive à l’Union européenne dans les domaines suivants : l’union doua-nière, l’établissement des règles de concurrence nécessaires au bon fonctionnement du marché intérieur (européen), la poli-tique monétaire pour les États dont la monnaie est l’euro, la politique commerciale commune.Et la compétence est « partagée » (inégalement d’ailleurs) entre l’Union et les nations en ce qui concerne… la politique sociale, l’agriculture et la pêche, l’environnement, les transports, l’éner-gie, les questions de sécurité et de justice.

Sarkozy s’est auto-fi celéBref, ce traité est, après Maastricht, Nice, un pas de plus vers la dépossession des nations de leurs prérogatives, de leur destin. Il garantit l’orientation de la vie économique et sociale des États européens selon les critères et principes du libre-échangisme mondial : liberté absolue de circulation des biens et des capitaux. Et avec les accords de Schengen, on ajoute la libre circulation des personnes, autrement dit, dans les faits, l’immigration incontrôlée. Dès lors, un président français peut, comme Nicolas Sarkozy, raconter et promettre ce qu’il veut, il s’est dessaisi – et la France avec lui – de tout pouvoir de régulation ou d’infl exion de la politique monétaire, commer-ciale, industrielle et économique de notre pays. Et à présent, le même Sarkozy envisage de déposséder, via son « nouveau traité européen », la France de sa souveraineté budgétaire !

La racine du malTraité de Lisbonne

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L’Esprit de la France : Est-ce que la réunion de Bruxelles du 8 décembre vient de lancer effectivement sur les rails le « nouveau traité » européen prôné par le couple Sarkozy/Merkel avec, à la clé, la mise sous tutelle bud-gétaire de la France ?Bruno Gollnisch : Oui, c’est en route, dans l’intention des promoteurs de ce projet. Maintenant y parviendront-ils, je n’en suis pas sûr. D’abord parce que, pour supprimer la règle de l’unanimité, il faut l’unanimité ! Et de toute façon, pour que les peuples ou les parlements concernés ratifient ce nouveau traité, il faudra des mois. Or le temps travaille contre l’euro. Enfin ce projet ne tient pas compte de l’exaspération de nombre de nos partenaires européens : mena-cer des États de sanctions immédiates en cas de non-respect de l’orthodo-xie financière européenne, alors que la France est le premier pays à violer les critères d’équilibre budgétaire de Maastricht, c’est d’une arrogance incroyable et antidémocratique ! Au vrai, Nicolas Sarkozy n’avance pas masqué : il m’a dit lui-même, dans le cadre d’une réunion des groupes français du Parlement européen, qu’il n’organiserait pas de référendum sur l’approbation du traité de Lisbonne de 2007 parce qu’il n’était pas certain du résultat ! Il a même ajouté que s’il le faisait, le gouvernement britannique le ferait lui aussi et que là, il était sûr du rejet du traité.

EF : Puisque vous parlez des Anglais, David Cameron s’est très claire-ment dissocié à Bruxelles du projet franco-allemand…BG : C’est la preuve qu’il n’y a plus d’Europe à 27. Et que l’Allemagne, avec comme « brillant second » la France sarkozyste, va imposer une véritable dictature aux pays de la zone euro.

EF : Que dire de la dictature des marchés, des menaces des agences de notation dont certaines ont fixé aux pays européens des quasi-ultimatums ! BG : Quand on pense que Nicolas Sarkozy se réclame du gaullisme et que de Gaulle disait que la politique de la France ne se faisait pas à la cor-beille de la Bourse ! Et à présent nous sommes totalement tributaires des agences de notation, c’est tout sim-plement extravagant ! Mais si nous en sommes là, c’est que nous nous sommes privés des pouvoirs réga-liens, comme le droit de battre mon-naie, de se faire prêter de l’argent par la Banque de France au taux fixé par l’État. Quant à la mise sous tutelle budgétaire de la France annoncée par Nicolas Sarkozy, si elle est adoptée, il n’y a vraiment plus d’indépendance de la France : c’est désormais la Com-mission européenne qui donne un visa préalable aux projets de budget des États membres ; on inflige des sanc-tions automatiques à tous les « mau-vais élèves ». Bref, la France peut se retrouver dans la situation d’un conseil général déclaré en cessation de paie-ment et mis sous la tutelle du préfet !

EF : Mais cette fuite en avant fédé-raliste est-elle viable politiquement ? Après tout, Nicolas Sarkozy cherche à se faire réélire, il ne peut donc pas proposer aux Français un régime à la grecque ! BG : C’est une chose qui me frappe beaucoup ! Je participe aux réunions qu’organise le président de la Com-mission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, M. Lequiller, réunions auxquelles sont conviés les euro-députés français. Et ce qui me stupéfie c’est le désarroi de mes col-lègues qui, vraiment, ne savent pas où ils vont ! Un homme comme Nicolas Sarkozy est quand même entouré d’experts, d’inspecteurs des finances, et tous sont pris au dépourvu, alors que, tout de même, l’état des comptes

de la Grèce était connu. On a vraiment l’impression d’une gestion au jour le jour de la crise. Et comme les marchés sont beaucoup plus réactifs que les institutions – changer de traité cela prend des mois, voire une ou deux années – nos gouvernants auront tou-jours neuf ou dix coups de retard sur ces marchés !

EF : Face à l’échec annoncé de tous les rapiéçages européens, se pose la question : peut-on défaire ce qui vient d’être décidé à Bruxelles, et aupara-vant à Lisbonne et à Maastricht ?BG : L’Histoire est un cimetière de traités ! Déjà, celui de Lisbonne n’était pas appliqué dans les faits. Il a été violé par la France. On peut donc très bien, cette fois-ci pour la bonne cause, ne pas appliquer tout ou partie de l’accord de Bruxelles. Ce qui est très urgent, c’est de retrou-ver une indépendance financière. Et pour cela, il faut déjà abroger la règle qui veut que la France ne puisse plus

emprunter qu’à des banques privées. Ensuite, si nécessaire, il faudra déva-luer. On essaie de nous faire peur avec ça en disant que nos dettes seront évaluées en euros. Mais s’il n’y a plus d’euro ! Et puis il y a des pré-cédents : dans les années cinquante, la France a eu un contentieux avec la Norvège qui nous avait emprunté et devait nous rembourser en or ; à court d’or, les Norvégiens ont voulu nous rembourser dans leur monnaie, la couronne ; la France, mécontente, s’est donc tournée vers la Cour inter-nationale de justice de La Haye ; qui lui a répondu que le choix de la mon-naie dans lequel s’effectuait le rem-boursement de cet emprunt relevait de la souveraineté de la Norvège, de la liberté de chaque État. Bruxelles aura-t-elle raison contre La Haye ?

« Le Temps TravaiLLe conTre L’euro. »

« l’histoire est un cimetière de traités ! »

Entretien avec Bruno Gollnisch

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on vous l’avait bien dit !Par Machin Chose

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L’Esprit de la France : Ce que Nico-las Sarkozy a annoncé dans son dis-cours de Toulon n’était-il pas inscrit, de toute façon, dans les traités que lui et ses semblables ont signés, et promus, de Maastricht en Lisbonne ?Bertrand Dutheil de La Rochère : Oui, c’était inscrit depuis Maastricht en 1992, et d’ailleurs l’ensemble de la classe politique, à commencer par Jacques Delors, s’est longtemps plaint que ce traité était mal ficelé car il ne prévoyait pas de gouvernance économique européenne. C’est cet « oubli » que Sarkozy et consorts entendent réparer aujourd’hui, avec la mise en place d’une instance qui réglera les grandes décisions écono-miques et notamment budgétaires, en échappant à tout contrôle des nations. Ça veut dire que ce qui a fondé his-toriquement le parlementarisme, en France comme en Angleterre, c’est-à-dire le consentement populaire à l’im-pôt, est passé aux profits et pertes : désormais, avec le « nouveau traité européen » Sarkozy/Merkel, ce n’est plus le peuple, via sa représentation nationale, qui fixe l’impôt, mais des organismes technocratiques.Quant à la crise actuelle de l’euro, elle était inévitable. Il est quand même ahu-rissant de voir que Finlandais et Grecs ont la même monnaie, alors qu’en Belgique, par exemple, Flamands et Wallons sont en train de se séparer, et justement d’ailleurs sur des questions budgétaires, les Flamands ne voulant plus payer pour la Wallonie, comme

« il ne peut pas y avoir des états-unis d’europe »

Entretien avec Bertrand Dutheil de La Rochère

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Bertrand Dutheil de La Rochère a passé l’essentiel de sa vie militante aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, dont il fut le directeur de cabinet, et qu’il suivit au Mouvement des Citoyens. Avant finalement, dans une logique de défense de la souveraineté française, de franchir le pas et rallier Marine Le Pen. Il nous donne ici son analyse des aspects politiques, et même quasi philosophiques, de la dérive européiste du système en général, et de Nicolas Sarkozy en particulier.

certains États européens ne veulent plus payer pour la Grèce !

EF : Mais Nicolas Sarkozy agit-il sous l’empire de la nécessité – voire de la panique – ou celui de l’idéologie ?BDR : Il y a certainement une dimen-sion de panique. Mais les fondements idéologiques de tout ce discours qu’on nous vend aujourd’hui sont anciens : Jean Monnet, Robert Schuman vou-laient les États-Unis d’Europe, sur le modèle américain. Alors que les 13 premiers États américains étaient tous anglo-saxons et protestants. Tandis que l’Europe réunit des peuples, des cultures – et des économies, on est en train de s’en apercevoir – très dif-férents, voire incompatibles.

EF : Mais Nicolas Sarkozy a-t-il les moyens politiques de faire avaler cette grosse pilule – la souveraineté

budgétaire, ce n’est pas rien – aux Français ? N’est-ce pas suicidaire électoralement ?BDR : D’abord, les gens ont peur. On leur dit que si l’euro s’écroule, ce sont leurs revenus, leur patrimoine qui vont s’écrouler avec lui. Alors qu’en réalité, on voit bien, notamment en Italie, que ce sont les salaires, les retraites qui sont touchés par les plans d’austé-rité destinés à sauver l’euro. Et pour moi, le spectacle de la ministre ita-lienne des Affaires sociales fondant en larmes au moment d’annoncer les premières mesures drastiques du gouvernement Monti, en dit beau-coup plus que de longs discours. Et mes compatriotes à la retraite, légiti-mement inquiets de l’avenir, doivent bien se rendre compte que cet avenir, leurs revenus, leur niveau de vie sont bien plus menacés si l’on reste dans l’euro que si l’on en sort. Il faut à tout prix négocier avec nos partenaires la fin de cette absurdité économique et politique qu’est l’euro !

EF : Mais si Sarkozy ne pleure pas, lui, il doit quand même être conscient qu’il va – et la France avec lui – droit dans le mur ?BDR : Ou l’on continue la fuite en avant, et l’on arrivera au moment – inéluctable – où les Français ne sont pas des Allemands – et vice versa. Ou Sarkozy regarde enfin la vérité en face et se résigne à négocier la fin de cette monnaie unique. Ce qui signifie alors qu’on déconstruit un certain nombre de choses mises en place par les précédents traités, car, encore une fois, cette aventure de la construction européenne est partie sur des bases fausses, à savoir les « États-Unis d’Europe ». Je rappelle que Jean Monnet ne croyait tout simplement pas en la France, il était totalement fasciné par le modèle américain. Aujourd’hui encore, d’une certaine façon, nous payons le prix de cette fascination, péché originel de l’Europe politique.

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L’Esprit de la France : Votre impres-sion quant au « nouveau traité euro-péen » de Nicolas Sarkozy ?Nicolas Pavillon : Ce que vient d’offi-cialiser Nicolas Sarkozy à Bruxelles, c’est son allégeance à Angela Merkel et son projet fédéraliste : la « nouvelle gouvernance économique euro-péenne » qu’il veut vendre aux Fran-çais, c’est une étape décisive dans l’ef-facement complet de la souveraineté de la France. Je dis « étape », car cette marche au fédéralisme a commencé dès 1992 avec le traité de Maastricht, s’est poursuivie par la mise en place de l’euro en 2001, puis s’est encore accélérée avec le désastreux traité de Lisbonne qui sanctuarise l’indépen-dance de la BCE et lie les mains de tous les dirigeants européens. L’aban-don de la souveraineté budgétaire de la France, annoncée par Sarkozy, est le « dernier étage » de cette fusée fédéraliste et ultra-libérale.

EF : La raison, selon vous, de cette fuite en avant ?NP : Les élites européennes et mon-diales cherchent à conjurer la faillite de tout un système, celui de l’euro, condamné dès le départ par son prin-cipe même, mais que l’actuelle crise des dettes souveraines a fait entrer « en phase terminale ». La priorité du couple Merkozy, c’est rassurer les mar-chés, afin d’échapper à la dégradation imminente de leur triple A : Standard & Poors ayant donné trois mois aux dirigeants européens pour modifier le traité avant de rendre sa « sentence », Sarkozy veut présenter au plus vite son projet de « nouveau traité européen »

ce qui attend les français après « toulon 2 »

Entretien avec Nicolas Pavillon

Nicolas Pavillon, stratégiste dans une grande institution financière publique française, est un des conseillers économiques de Marine Le Pen. Avec Jean-Richard Sulzer, il a configuré dès 2008 le programme économique et social du Front national, pour affronter la crise mondiale. Il donne ici son analyse des mesures annoncées par Nicolas Sarkozy : elles seront aussi douloureuses pour les Français qu’impuissantes à sauver un système condamné.

au Parlement. Il faut bien comprendre que Standard & Poors est un organisme américain qui mène une vraie guerre monétaire à l’Europe, au profit du dollar, menacé de toute part. Et qui est, dans les faits, une monnaie de singe depuis le 15 août 1971, jour où le président Nixon a mis fin à sa convertibilité en or.

EF : Mise à part la délégation du budget français aux instances euro-péennes – déjà « historique » en soi –, que nous réserve le « nouveau traité européen » de « Merkozy » ?NP : Le compromis Sarkozy-Merkel prévoit qu’au nom de la « discipline bud-gétaire », les pays de la zone euro seront soumis à des sanctions automatiques et immédiates lorsque leur niveau de défi-cit public dépassera les 3 % du P.I.B. C’était déjà un des fameux « critères de Maastricht », le PCS (pacte de crois-sance et de stabilité), jamais respecté. Concrètement, ça signifie, pour les Français, la destruction de leur système de protection sociale, avec privatisation à tout-va des prestations. Et la préca-rité généralisée de l’emploi. En trois ans (de 2008 à 2010), le gouvernement a fait 9 milliards d’économie avec sa loi de « Réduction générale des politiques publiques » (RGPP), qui a mis les ser-vices publics en déliquescence. Mais dans le modèle économique UMPS, pour que la France revienne à un défi-cit zéro, il faudrait réaliser au minimum 100 milliards d’euros par an d’écono-mies durant une décennie ! Quand on voit dans quel état, avec seulement 9 milliards de réduction des dépenses sociales, se trouve le pays, je vous laisse imaginer dans quelle précarité

vivront les Français dans le futur, avec un « régime amaigrissant » trente fois plus dur ! La France, et les autres, n’ont jamais respecté les fameux critères de Maastricht : rappelons que notre pays en est à un déficit budgétaire de 8,5 % - 2010 - et à une dette publique de 87 % du PIB (contre 60 % autori-sés). Les Européistes ne respectent pas leurs propres règles, et font payer leur défaillance à leurs populations. Le pire, c’est que toutes ces cures d’aus-térité draconiennes ne marcheront pas et entraîneront immanquablement la récession puis l’explosion des dettes.

EF : Mais nos dirigeants n’ont pas conscience de ces conséquences sur la population de leurs projets ?NP : Nos gouvernants, pour accéder ou se maintenir au pouvoir, se sont inféodés à la dictature des marchés financiers instaurée en France en 1973. La soumission aux exigences écono-miques et budgétaires des créanciers, c’est l’alpha et l’oméga de leur poli-tique. Et puis un Sarkozy ne voit pas plus loin que l’échéance d’avril 2012 : après l’élection le déluge social ! Lui et François Hollande ont pour mission de garantir le bon règlement de la charge – des intérêts – de la dette française et européenne à nos usuriers, pas de défendre les intérêts de la France et des Français : ça paraît insensé mais c’est la triste réalité depuis près de 35 ans !

EF : Comment sortir de ce cercle vrai-ment vicieux ?NP : D’abord, en sortant les sortants incompétents, pour rompre avec leur politique suicidaire. Marine Le Pen préconise de recouvrer les deux piliers d’une économie prospère – et indé-pendante –, la politique monétaire et la politique budgétaire (mix policy). Depuis 2001, la France ne peut plus battre monnaie et dévaluer son taux de change ; conséquence : un euro cher. Ceci entraîne une atrophie économique et sociale, avec chômage endémique, désindustrialisation et 10 ans de délo-calisations hors zone euro. La solution ? Un retour aux monnaies nationales lié au rétablissement d’un ECU, monnaie commune dans une Europe des patries. Et comme extincteur de la dette mon-diale, la seule issue naturelle à terme est la réintroduction d’un étalon polymétal-lique dans le SMI.

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on vous l’avait bien dit !Par Machin Chose

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biG brother vous surveille et vous complique la vie

Europe & nuisances

Quelques exemples très concrets d’interférences de la politique européenne dans la vie des Français.

D epuis des années, Jean-Marie, puis Marine Le Pen ont dénoncé

les conséquences de la politique, euro-péiste plus qu’européenne, menée par les instances supra nationales de Bruxelles et singulièrement la Com-mission européenne. Celle-ci, sans le moindre mandat démocratique, est intervenue dans tous les domaines de compétence des nations de l’Union, a interféré dans tous les domaines de la vie de leurs habitants. Et ça n’est glo-balement pas dans le sens des intérêts de ces nations et de ces habitants.Aujourd’hui, quand Marine le Pen dénonce l’accélération de la course au fédéralisme et à la supranationa-lité européenne, ça ne concerne pas que des questions – essentielles – de souveraineté nationale et populaire, de respect de l’indépendance et de la démocratie : la dictature des experts et commissaires européens, elle s’exerce jusque dans les détails de la vie quo-tidienne des Français. Particulièrement choquante est l’interdiction, édictée par Bruxelles, de lancer, en France, des appels d’offres limités aux entreprises françaises : l’appel doit s’étendre à l’Eu-rope, y compris les pays ayant des coûts sociaux très inférieurs aux nôtres. Cette règle va à l’encontre du Small Business Act, loi américaine, puis principe uni-versel qui tendait à favoriser les activi-tés des PME/PMI dans le tissu écono-mique de chaque pays. De fait, nombre de PME françaises sont incapables de rivaliser avec les prix pratiqués par des entreprises de pays émergents.Voici quelques exemples, aussi concrets qu’aberrants, des consé-quences de cette ligne de conduite économique. Il n’y a pas que le concombre qui doit être aux normes européennes !

QUAND LA POSTE DOIT CHERCHER SES SCOOTERS EN CHINEL’Europe interdisant aux institutions et sociétés françaises d’acheter sys-tématiquement et exclusivement français, la Poste s’est vue obligée de renoncer à ses scooters Peugeot pour se fournir à Taïwan ! À un moment où la firme au lion licencie 50 personnes dans une de ses usines du Doubs.

LE CRd’IdF OBLIGÉ DE SOUS-LOUER POUR POUVOIR ROULER FRANÇAISLe Conseil régional d’Île-de-France, dans un réflexe de patriotisme éco-nomique qui l’honore, avait songé à renouveler son parc automobile en achetant des voitures françaises. Oui mais voilà : la législation européenne s’oppose aussi à cette préférence nationale-là. On doit diversifier ses achats à l’échelle mondiale, quand bien même on est une institution poli-tique française. Résultat, le CRd’IdF a dû… louer ses véhicules à une agence – française. Ce qui, à terme, n’est pas une bonne affaire pour le contribuable francilien.

L’ARMÉE FRANÇAISE DÉSORMAIS CHAUSSÉE PAR LA TUNISIEPar décision de l’état-major des armées, les soldats français trouve-ront désormais chaussures et rangers à leur pied… en Tunisie. Une décision justifiée par la capacité qu’ont les fabricants tunisiens à traiter la tech-

nique de la semelle soudée. Jusqu’à présent, et depuis longtemps, le fournisseur de notre armée était une entreprise française, Marbot-Bata, implantée en Dordogne. Mais là encore les règles européennes de préférence étrangère, et les dif-férences de coûts sociaux entre la France et la Tunisie, ont joué à plein. Ironie amère et supplémentaire, mais ô combien symbolique par les temps qui courent, une partie du marché du godillot français va échoir à une entreprise… allemande !

ET LE PRIX DU GAZ NE FUT PAS GELÉ Dans un dessein électoral autant que social, le gouvernement français avait voulu geler les tarifs du gaz, à l’entrée de l’hiver. Mais le Conseil d’État vient de s’y opposer, au motif officiel d’un doute sérieux sur la légalité de l’arrêté gouvernemental maintenant les tarifs de GDF-Suez. Et la légalité, dans ce domaine comme dans d’autres, c’est Bruxelles qui la fixe : un État n’a pas le droit de réglementer le prix des pro-duits, c’est contraire aux principes du marché. Du coup, 10 millions de ménages français vont devoir payer de 8 à 10 % plus cher leur facture de gaz cet hiver.

LE PLAN DE RENFLOUEMENT DE L’EURO : C’EST – POUR LE MOMENT – 3 000 EUROS PAR MÉNAGE FRANÇAISIl est normal, pour conclure cette recension absolument non exhaus-tive des nuisances de la politique européenne sur la vie des Français, de faire une simple division. Soit le nombre de ménages français – un peu plus de 26 600 000 – divisé par le coût de la participation française au renflouement des pays de la zone euro en difficulté – Grèce, Espagne, Portugal, Italie, Irlande – 60 milliards d’euros. Ce qui donne 3 000 euros par ménage français.

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le détecteur de MensonGes

« (il faut) répondre à la crise par le travail, par l’effort et par la maîtrise de nos dépenses. c’est un ajustement par le haut. c’est un choix qui préserve le niveau de vie. »

*MENSONGE ! Comme le sou-lignent les économistes Henri Sterdy-niak, de l’Observatoire français des Conjonctures économiques, et Marc Touati, « les politiques d’austérité ne sont pas une solution ». Et les réduc-tions des dépenses de l’État seraient « contre-productives ». Au contraire, observent-ils, il faut « relancer la production, l’investissement et la consommation pour que les gens puissent travailler ». « La croissance ne se décrète pas, dit Marc Touati, et les conditions de son retour – taux d’intérêts plus bas, euro plus faible – ne sont pas là. »

« on ne peut pas fi nancer notre protection sociale comme hier en prélevant uniquement sur les salaires quand les frontières sont plus ouvertes, et qu’il faut faire face à la concurrence de pays à bas salaire. »

*MENSONGE (ET INCONSÉ-QUENCE SURTOUT) ! Qui a ouvert la France à la concurrence déloyale

Cette rubrique, qui ne devrait pas manquer de matière, se propose de traquer impitoyablement les mensonges, omissions et approximations

émaillant les interventions de notre classe politique.

et imparable des « pays à bas salaire » comme la Chine et l’Inde ? Nicolas Sarkozy en signant le traité de Lisbonne, et en obéissant aux ukases de la Commission européenne qui sacrifi e toutes les économies de la zone euro sur l’autel du libre-échan-gisme mondial. La solution à la crise du modèle social français passe, elle aussi, par l’instauration d’un vrai pro-tectionnisme, français et européen, contre le dumping économique et social international. Et non par la TVA sociale concoctée par Sarkozy, qui ferait passer la part de fi nance-ment de la Sécurité sociale revenant jusqu’à présent aux entreprises aux ménages français déjà surimposés.

« en janvier prochain, j’inviterai tous les partenaires sociaux à participer à un sommet sur l’emploi (…) il faudra avoir le courage d’affronter les grandes questions et de lever les tabous sur les freins à la compétitivité française. »

*MENSONGE ! Devant la mon-tée régulière, en dépit de toutes les méthodes Coué gouvernementales, du chômage – novembre a vu s’ins-crire 30 000 demandeurs d’emplois supplémentaires et la barre des 10 % de chômeurs est désormais

en vue – Nicolas Sarkozy cherche à faire oublier ses responsabilités – son obstination à s’accrocher à l’euro, et au libre-échangisme mondial – en s’en prenant aux 35 heures – qu’il n’a pas supprimées – et en tentant de « vendre » de nouvelles régressions sociales aux salariés. C’est plus facile en effet que de relancer une crois-sance plombée par l’euro, la désin-dustrialisation et le dumping des économies des nations émergentes.

« au sein de la zone euro, il nous faut maintenant aller sans crainte vers davantage de décisions prises à la majorité qualifi ée. »

*MENSONGE (ET FOLIE) ! En clair, c’est « en avant toutes » vers le vrai fédéralisme européen, à direction technocratique et allemande. Face au naufrage annoncé de l’euro et à l’évidence de la régression écono-mique et sociale entraînée par le traité de Lisbonne, Nicolas Sarkozy pratique la fuite en avant : encore plus d’Europe, encore plus d’euro, et tou-jours moins de souveraineté natio-nale, économique et politique. Les Eurocrates ont appauvri, endetté et désindustrialisé la France et maints pays européens ? Donnons- leur plus de pouvoir propose Nicolas Sarkozy !

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Ce mois-ci pour cette rubrique nous donnons carte blanche à… Ni-colas Sarkozy. Qui, trois ans après, est revenu discourir à Toulon. Un discours qui traduit, au-delà des effets de menton et d’annonce, des actes de contrition sur les erreurs passées, le désarroi du chef de l’État. Lequel, face à la tempête fi nancière et l’endettement vertigineux et continuel, à la montée du chômage, n’a plus qu’un mot à la bouche, l’Europe – dont il a prononcé le nom 54 fois. Et une bouée de sau-vetage, l’Allemagne d’Angela Merkel, à laquelle il espère arrimer le radeau de la Méduse qu’est devenue, sous son mandat, la France. Dont Nicolas Sarkozy est prêt à sacrifi er ce qui reste de souveraineté nationale sur l’autel d’une Europe fédérale à direction allemande.Pourtant, comme l’ont d’ores et déjà souligné Marine Le Pen, mais aussi Jean-Pierre Chevènement et d’autres responsables d’opposi-tion, c’est précisément l’Europe qui a entraîné toutes les nuisances et menaces sur la France et son économie qu’a déplorées Nicolas Sarkozy dans son discours. Et c’est Nicolas Sarkozy qui s’est lié les mains et a obéré l’avenir et la liberté de la France en signant le désastreux traité de Lisbonne le 13 décembre 2007.

LE DISCOURS DE TOULON

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lu, vu et entendu

« 200 000 nouveaux immigrés réguliers par an en france, c’est l’équivalent d’une ville comme rennes, c’est deux fois perpi-gnan (…) moi aussi je trouve que c’est trop. »Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, sur Europe1 et I-Télé le 27 novembre 2011.

EN VÉRITÉ : Mieux vaut tard que jamais, le ministre de l’Inté-rieur de Sarkozy reconnaît enfi n que sous le gouvernement de ce dernier, il rentre annuellement plus d’immigrés réguliers - ne parlons pas des clandestins - que sous Jospin. C’est ce que répétait Marine Le Pen, merci donc à M. Guéant de confi rmer le bien-fondé de ces accusations. Mais franchement, M. le ministre, si tout ce que vous proposez c’est de passer de 200 000 à 180 000 immigrés légaux par an, vous avez peu de suite dans votre peu d’idées ! M. Guéant a encore dit que si Marine Le Pen voulait réduire l’immigration légale de 90 %, lui ne voulait la baisser que de 10 %. En résumé, il propose d’alléger l’immigration annuelle de 20 000 personnes, l’équivalent d’une ville comme Concarneau. Nous disons que ce n’est pas assez !

« en outre, les attaques de marine Le pen devraient redoubler contre le système de la corruption des élus du pas-de-calais dont ces différents dossiers apporteront cette fois la preuve de son étendue, et des complicités dont il jouit au plan natio-nal, et dont la présence de Jack Lang dans ce département n’est qu’un des tristes symptômes. »Extrait de la lettre adressée fi n novembre à Martine Aubry par le député PS de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg, à propos de la corruption sévissant chez les élus socialistes du Pas-de-Calais.

EN VÉRITÉ : Déjà dénonciateur du système (socialo-mafi eux) Guérini dans les Bouches-du-Rhône, Arnaud Montebourg poursuit sa croisade anti-corruption au sein du PS, mettant en cause Jack Lang, et plaçant Martine Aubry, chef du parti, devant ses responsabilités – et compromissions. Au passage, il sou-ligne le rôle prépondérant de Marine Le Pen, en pointe dans la lutte contre le système socialiste-affairiste du Pas-de-Calais, notamment à Hénin-Beaumont, et, à la différence du sémillant Montebourg, non encartée au PS !

« on est en train de crever (…) il faut redonner envie d’acheter français, c’est une démarche civique. »François Bayrou à l’émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI du 4 décembre 2011

EN VÉRITÉ : Bien vu, mais pas vous ou pas ça, François Bayrou ! Car vous avez toujours soutenu la politique d’intégration politique et économique européenne responsable des délocalisations et de la désindustrialisation qui ont ravagé l’appareil productif français. Sur ce terrain du patriotisme économique, Marine Le Pen a quand même l’avantage sur vous de l’antériorité et de la cohérence. Bref, si « on est en train de crever », c’est un peu de la faute de politiques comme vous ! Mais à tout pécheur européiste, miséricorde : oui, produisons et achetons des produits français. Faits effectivement – n’est-ce pas Renault ? - en France. Par des travailleurs français !

Un fl orilège des déclarations et postures de notre classe politique qui insultent la vérité ou la France. Plus quelques-unes, beaucoup plus rares hélas,

allant plutôt dans le bon sens…

AU seCoUrs !« Jacques sapir a dit que l’abandon de l’euro et le retour au franc est une folie. »Jean Léonetti, ministre français chargé des Affaires européennes, face à Marine Le Pen, sur BFM TV le dimanche 3 décembre

EN VÉRITÉ : Jacques Sapir, un des économistes français les plus en vue, dit exactement le contraire ! À propos de la crise grecque, il a publié en mai 2011 sur le site de l’hebdomadaire marianne une analyse concluant à la nécessité pour ce pays d’une sor-tie de l’euro et d’un défaut de dette ; il jugeait que l’autre option – maintien de la Grèce dans la zone euro – aurait des conséquences « dramatiques » pour la population grecque. En ce qui concerne la France et l’ensemble de la zone euro, Jacques Sapir est très sceptique quant à la pérennité de la monnaie unique et il conclut à la nécessité absolue de la mise en place de politiques protectionnistes pour les pays européens, ce protectionnisme que brocarde, dans ce même entretien avec Marine Le Pen, M. Léonetti. Il est effarant de voir un de nos eurocrates, un des ministres de Sarkozy, censés connaître sur le bout de leurs doigts, la ou les pen-sées économiques contemporaines, débiter avec une telle arrogance une telle contre-vérité. Ça en dit assez long sur la prétendue « compétence » de ces hommes du Système.

« chaque année depuis 2002, la délinquance a recruté dans ce pays. »Claude Guéant, ministre de l’Intérieur répondant au socialiste Manuel Valls lors de la séance des questions à l’Assemblée nationale, le 29 novembre 2011.

« La sécurité à marseille et ses environs (…) s’amé-liore globalement. »Le même, mercredi 30 novembre 2011.

EN VÉRITÉ : Claude Guéant voulait dire évidem-ment « reculé », mais la gravité de la situation a dicté ce lapsus au cerveau technocratique du ministre de l’Intérieur : la dernière semaine de novembre a vu trois actes de violence spectaculaire ensanglanter Marseille, des attaques à main armée et des règle-ments de compte qui ont fait trois morts – dont un policier de la BAC – et deux blessés graves. Les délinquants étaient équipés de Kalachnikov, met-tant la cité phocéenne à l’heure du Proche-Orient. Tandis que vendredi 2 novembre 500 policiers mani-festaient devant l’hôtel de Police de Marseille pour protester contre le manque de moyens.Bref, dans le domaine de la sécurité aussi, le sarko-zysme fi nissant retrouve sa dimension fondamen-tale, celle de l’imposture et du mensonge.

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BieN VU ! (eNFiN ToUT esT reLATiF)

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actualités internationales

le printemps arabe, sarkozy-juppé et nous

Tout ça pour ça…

F ace à des situations complexes, marquées par les particula-

rismes historiques, religieux, eth-niques – la Tunisie n’est pas la Libye qui n’est pas la Syrie – il faut se garder de généraliser, de simplifier et d’occiden-taliser la vision de ces mouvements. Et rappeler deux principes simples qui doivent, selon nous, guider l’attitude de la France vis-à-vis des boulever-sements du monde arabe.

Refus du droit d’ingérenceLa France n’a pas à intervenir dans la politique intérieure de pays étran-gers, sauf à protéger ou sauver ses ressortissants. Hormis ce cas,

Huit ou neuf mois après le déclenchement de la vague de contestation qui a ébranlé la plupart des pays arabes et mis à bas certains de leurs dirigeants historiques, que peut-on dire du printemps arabe qui, dans certains pays, se change peu à peu en hiver ?

nous devons rester neutres dans les guerres civiles, les conflits ethno-reli-gieux et sécessions provinciales qui peuvent affecter tel ou tel pays – du monde arabo-musulman ou de toute autre région du monde.Pourquoi ? D’abord parce que c’est une question de morale interna-tionale élémentaire : de quel droit allons-nous soutenir telle faction plutôt qu’une autre dans un pays étranger – la Côte d’Ivoire, la Libye ? Avons-nous, plus philosophique-ment, le droit d’imposer notre sys-tème politique, nos valeurs à des peuples qui y sont irréductiblement étrangers – l’Afghanistan ? Au nom de notre supériorité morale ? L’actua-

lité politique française récente nous montre qu’il y a, de ce point de vue, de quoi balayer assez longuement devant notre porte. On peut du reste considérer le vote islamiste plus ou moins radical, en tout cas en Égypte, en Tunisie et au Maroc, comme une réaction populaire – et populiste – contre la pauvreté et la corruption.Ensuite parce que c’est dangereux. Pour notre pays, qui peut voir mourir ses soldats, ou enlever ses ressor-tissants, dans des combats douteux, où l’intérêt national n’a que faire, et pour des résultats le plus souvent nuls. Mais aussi pour le pays ou la région concernée par une éventuelle intervention de l’OTAN où la France, par la grâce de Nicolas Sarkozy, se trouverait embarquée : en interve-nant en Libye, en renversant un dic-tateur critiquable mais ayant stabilisé son pays, pour mettre à sa place un gouvernement instable et infiltré par les islamistes radicaux, les Occiden-taux, Sarkozy en tête, ont déclenché

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.Abdelhakim Belhaj (au centre), ex-compagnon de Ben Laden et nouveau gouverneur de Tripoli, par la grâce de Nicolas Sarkozy.

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une secousse sismique géo-politique dont les répercus-sions seront incalculables. Notamment en termes d’immi-gration vers l’Europe.Et comme si l’exemple libyen, après l’exemple irakien, ne suffi sait pas, le gouvernement français, en envoyant notam-ment (information du canard enchaîné confi rmée par Le point) des agents de la DGSE en Turquie pour encadrer des rebelles syriens, joue avec le feu : la subversion de la Syrie, pays laïque et occidentalisé, au profi t d’insurgés armés et islamistes soutenus par les monarchies wahhabites du Golfe risque d’embraser tout le Proche-Orient traversé par des lignes de fractures reli-gieuses et la persistance du confl it israélo-palestinien. Qu’on demande aux chrétiens d’Orient, et notamment ceux d’Irak, obligés de fuir leur pays – souvent pour la Syrie d’ailleurs – ce qu’ils pensent du bilan de l’« ingé-rence humanitaire » à l’américaine en Irak.Aujourd’hui, tenter de déstabiliser – pour des raisons politiques ou éco-nomiques – un pays de l’arc musul-man, c’est risquer de déclencher une guerre chaude, de la Turquie à l’Ara-bie Séoudite, de l’Iran à la Libye, d’Is-raël au Liban et à l’Égypte. Dans ces

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actualités internationales

le printemps arabe, sarkozy-juppé et nous

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conditions, osons dire que la posture guerrière et faussement humaniste du tandem Sarkozy/Juppé – qui s’est accommodé et s’accommode encore de pas mal de régimes peu démocratiques – est non seulement irresponsable, mais criminelle.

Refus de l’ingérence étrangère, politique ou religieuse chez nous

La plus grande fermeté face aux ten-tatives d’exportation chez nous de

confl its politiques et religieux est l’indispensable corollaire d’une ligne de neutralité de la France. En ce qui concerne les soubresauts du monde arabo-musulman, il conviendra de veiller à ce que ceux-ci n’en-traînent pas de désordres chez nous. Le fait que 40 % des Tuni-siens résidant en France aient voté pour le parti islamiste me paraît d’ailleurs révélateur des limites de l’intégration « répu-blicaine » dont on nous rebat les oreilles depuis des années. En tout cas, nous veillerons avec une particulière attention au recrutement et au compor-tement des imams étrangers venus prêcher en France.Par ailleurs, il faut (re)procla-mer ici un principe essentiel :

la France n’a pas vocation à accueillir les vagues démographiques consé-cutives aux changements politiques intervenus dans ces pays : on a constaté à Lampedusa, suite à la « révolution de jasmin » tunisienne, un nouvel affl ux d’immigrés en pro-venance de ce pays. Avant, on fuyait – soi-disant – la dictature de Ben Ali, aujourd’hui, on fuit l’instabilité, ou les islamistes locaux. Eh bien, nous proposons que ces faux réfugiés politiques et vrais immigrants écono-miques fuient ailleurs, dans d’autres pays arabes « libérés » par exemple.

PRINTEMPS ARABE, HIVER ISLAMISTEIl n’aura pas fallu longtemps pour voir – et il n’était pas be-soin d’être un expert géostratégique pour prévoir – que, de la Libye à l’Égypte en passant par la Tunisie et le Maroc, les révolutions arabes débouchent sur une victoire électorale – ou militaire – des formations islamistes plus ou moins radicales. En Libye, grâce à Nicolas Sarkozy et ses collègues de l’OTAN, ce sont des admirateurs de Ben Laden qui sont associés au pouvoir (voir l’Esprit de la France n°2) et c’est la charia, la loi islamique qui va régir les relations sociales et notamment la vie des femmes. Et pendant ce temps-là, les tueries continuent, dont font désormais les frais les tribus fi dèles au colonel Kadhafi ! En Tunisie, nombre de femmes ne cachent plus leur inquiétude face au succès du parti islamique Ennahda qui dirige le premier gouverne-ment démocratique. Ennahda se dit modéré mais n’a pas renoncé à une ré-islamisationde la Tunisie, jusqu’à pré-sent pays ouvert au tourisme et à l’infl uence occidentale et régi par la constitution laïque héritée de Bourguiba.

En Égypte, non seulement les Frères musulmans sont, comme prévisible, arrivés en tête des élections avec 40 % des voix, mais la deuxième force politique – 25 % – est constituée par les salafi stes, une tendance islamiste en-core plus radicale : de quoi réjouir laïcs, femmes et coptes chrétiens, ces derniers étant déjà l’objet de persécutions et de meurtres dès avant la « révolution ». Ajoutons à cela une dangereuse instabilité, au moins dans la capitale.Au Maroc aussi, si occidentalisé pourtant, ce sont les isla-mistes théoriquement modérés qui ont gagné le récent scru-tin législatif : un autre « laboratoire » du fondamentalisme ?Naturellement, les différents peuples arabes, écœurés par la corruption, l’injustice sociale ou l’alignement de leurs dirigeants sur Washington, sont libres de voter pour qui ils veulent. Mais qu’on arrête de s’extasier sur le retour des barbus, et d’œuvrer militairement, à la suite des Américains, à la déstabilisation générale de tout le bassin méditerranéen !

Manifestation islamiste tunisienne réclamant le port du voile obligatoire pour les femmes.

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entretien

Marine est bien LA candidate de la classe ouvrière

Fabien Engelmann

Il est un peu celui par qui le scandale est arrivé dans l’univers conservateur et figé du monde syndical français. Ancien militant de Lutte Ouvrière, passé un temps par le NPA d’Olivier Besancenot, et plus longtemps encore militant et cadre de la CGT mosellane, Fabien Engelmann incarne on ne peut mieux cette dimension populaire et ouvrière du mouvement mariniste. Séduit par la dénonciation argumentée du libre-échangisme mondial, qui a fait de sa région lorraine une zone sinistrée en termes d’emplois et d’entreprises, Fabien Engelmann, exclu de la CGT au terme d’un « procès » médiatisé qui a mis en lumière le fossé séparant les ouvriers et les caciques syndicaux, est un des acteurs de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, mettant au service des militants son expérience du monde du travail. Retour sur un parcours, atypique, mais somme toute logique.

L’Esprit de la France : D’où venez-vous, Fabien Engelmann ?Fabien Engelmann : D’une famille pied noir, dont une branche, la mienne, s’est établie dans les années soixante en Moselle, dans la vallée de la Fensch, à Nilvange précisément, pas très loin de la frontière luxembourgeoise. Politique-ment, ma famille était chrétienne, plutôt de gauche, mais sans engagement mili-tant, et bien sûr, d’extraction ouvrière.

EF : Votre premier engagement…FE : Il n’était pas politique : j’ai com-mencé assez jeune… à la Fondation Brigitte Bardot, pour sauver des ani-maux. La politique, je l’ai rencontrée en 2001, quand, j’avais 21 ans, j’ai rejoint les rangs de Lutte Ouvrière. J’avais été séduit par le discours et le personnage d’Arlette Laguiller, qui se présentait une nouvelle fois à la pré-sidentielle. J’ai été très tôt, dans mon milieu, et dans ma région, sensibilisé aux injustices sociales, et j’appréciais qu’Arlette tienne un discours comme le sien, qui fustigeait les super-profits des super-patrons. J’ai donc milité à L.O. pendant sept ans, jusqu’en juin 2008, me portant candidat aux municipales. Oserai-je dire que je ne regrette pas ce que je considère aujourd’hui encore comme une expérience humaine enri-chissante ? Mais le côté « ghetto » de L.O. m’a fait rejoindre en 2009 une ver-sion plus « branchée » du trotskysme, le N.P.A. d’Olivier Besancenot, dont j’ai coanimé la section de Thionville. J’ap-préciais la volonté d’union de « la gauche de la gauche » du NPA. Mais quand, aux régionales de 2010, ce parti a présenté, dans le Vaucluse, une candidate musul-mane voilée, j’ai claqué la porte du NPA, et aussi de la gauche en général…

EF : Vous ne plaisantez apparem-ment pas avec la laïcité…FE : Non, c’est une valeur qui me fonde, avec la justice sociale. Ça fait partie de l’ADN de l’identité française. J’ai du reste rejoint ensuite un groupe très en pointe sur cette question, Riposte Laïque de Pierre Cassen, qui est devenu un ami. Et puis, cette démarche de Besancenot, c’est dans le droit fil de la gauche, extrême ou pas : remplacer l’électorat ouvrier par l’électorat immigré.Je dois dire qu’entre-temps, j’ai embrassé une autre forme d’engage-

« La LaïciTé faiT parTie de L’adn de L’idenTiTé française. »

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entretien

ment, le syndicalisme. En 2005, j’ad-hère à la CGT, dont je crée d’ailleurs une section dans la collectivité territo-riale qui m’emploie. Pour moi, la CGT était le plus combatif, le plus ouvrier des syndicats. Je m’investis beaucoup dans cette lutte, participant aussi bien à des grèves qu’aux élections prud’ho-males, me retrouvant bientôt au bureau de la coordination départementale de Moselle. Cet engagement-là va durer cinq bonnes années…

EF : Jusqu’à la rencontre avec Marine Le Pen. Au fait, quel a été le déclic ?FE : En fait il y en a trois. Premièrement, la trahison des ouvriers par la gauche ; deuxièmement, et c’est lié, cette uto-pie internationaliste de la gauche qui l’éloigne au profit de principes fumeux de la défense concrète des intérêts des travailleurs français. Pour moi, ça rejoint la question – primordiale – de la justice sociale : favoriser l’immigration, c’est pénaliser les travailleurs français, en jouant les salaires à la baisse. Et là, la gauche et l’extrême-gauche font carrément le jeu du patronat ! Et puis, donc, il y a cette candidature « voilée » du NPA, goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ayant donc rejoint, en juin 2010, les rangs de Riposte Laïque, j’ai eu davantage l’occasion de réfléchir à la dérive immigrationniste de ma famille politique d’origine, et à la complaisance de celle-ci vis-à-vis de l’Islam.

EF : Riposte Laïque a un peu été pour vous, en quelque sorte, un « sas » en direction du Front national et de Marine. Quelle est la chronolo-gie des événements ?FE : En octobre 2010, j’adhère – dis-crètement – au FN, à l’occasion d’un meeting de Marine Le Pen à Metz. Je voulais voter pour Marine – dont j’appréciais les prises de position novatrices – au congrès à venir. Mais, à cette époque je crains, je l’avoue, les réactions de mon entourage, des instances de la CGT. J’avais du reste raison : peu après mon adhésion, Le figaro – sans que je sache comment – publie une brève sur mon cas. Et du coup Le républicain lorrain me demande un entretien. Que j’accepte. Et je deviens aussitôt une « vedette » involontaire en Moselle. Les instances locales de la CGT me contactent, me demandent de m’expliquer, puis,

assez vite, de démissionner. Je refuse et demande qu’une assemblée géné-rale avec débat soit organisée sur mon cas, conformément aux statuts du syndicat. Cette réunion se tient finale-ment en février 2011. Il y a un représen-tant venu de Paris, les responsables locaux, les militants et amis. Moi je me défends, invoque la liberté d’en-gagement politique et l’autonomie du syndicalisme vis-à-vis des partis poli-tiques, telle que posée dès le départ par la charte d’Amiens. Sur les 23 per-sonnes présentes, 20 votent en faveur de mon maintien dans le syndicat. Je peux vous assurer que les « officiels » accusaient le coup !En fait, mon cas sert de révélateur : les cadres de la CGT, dont une bonne partie a toujours la carte du PCF, sen-tent bien que la base « décroche » des positions de gauche de la centrale. Les jeunes adhérents CGT ne restent pas, parce que c’est trop politisé. Et pas dans le bon sens : avant même que je rejoigne le FN, bon nombre de syn-diqués de la Moselle votaient déjà Le Pen (Jean-Marie). Je suis ensuite carrément convoqué au siège central de la CGT à Montreuil, en région parisienne, pour un « conseil de discipline ». À notre arrivée à Montreuil le ton est donné : 500 gauchistes, com-munistes et sans-papiers – très peu de vrais ouvriers – nous font une haie d’honneur – si l’on peut dire – me trai-tant de « nazi ». Les pontes de la CGT me tutoient, me donnent du « Fabien », mais me demandent de quitter, soit la CGT, soit le FN. Me reprochant de me servir de mes responsabilités syndi-cales pour faire la propagande de ce parti alors que c’est faux et que, en Moselle et ailleurs, les cadres de la CGT ne se gênent pas pour utiliser les listings CGT pour router de la propa-gande du Front de gauche de Mélen-chon ! Ce qui avait été du reste stig-matisé par des militants du NPA ! Mais rien n’y fait : je suis exclu. Je prends alors pour défenseur Me Collard.

EF : Quand intervient vraiment la rencontre avec Marine ?FE : Ça s’est fait en deux temps. Au début de mes ennuis politico-média-tiques, j’ai reçu un coup de fil d’elle, début 2011 : Marine, désormais présidente du FN et candidate à la présidentielle, me félicite pour mon

courage, me dit de tenir bon, et de rester sincère, et ne me demande aucun service politique. Mais je la ren-contre physiquement pour la première fois au salon de l’agriculture à Paris. Marine me demande de plancher sur les questions sociales, avec Thierry Gourlot, qui a lui milité à la CFTC.

EF : Mais comment cela se passe avec les anciens camarades, l’en-tourage amical, professionnel ?FE : J’ai gardé beaucoup d’amis à la CGT, dont du reste un grand nombre d’adhérents votent pour le Front. J’avoue que j’appréhendais, au départ, d’aller tracter sur les marchés ou à la sortie des usines de ma région. J’avais tort : sans exagérer, on peut dire que 90 % des gens prennent nos tracts. Marine est bien LA candidate de la classe ouvrière. Qui est très sen-sible au discours anti-mondialisation, anti-Union européenne. Au travail, en revanche, c’est un peu plus tendu qu’avant, notamment avec le direc-teur de la collectivité dont je suis sala-rié. Mais je travaille, et dès que j’ai du temps de libre, je le donne à la cause. J’ai préparé activement le meeting de Metz du 11 décembre de Marine ; je me suis rendu en Normandie pour parler aux fédérations du monde du travail. Et je serai candidat dans une circons-cription ouvrière de Moselle aux légis-latives. Je dois dire que j’ai été très bien accueilli au FN et dans l’entourage de Marine. Personne ne m’a reproché mon engagement à l’extrême-gauche. On a d’ailleurs le droit d’avoir des diver-gences sur tel ou tel aspect.

EF : Y a-t-il une question que tu estimes n’avoir pas été assez déve-loppée ou défendue par le Front – ou Marine ?FE : Non, sincèrement non. Je me retrouve globalement dans tout ce que défend Marine. Bien sûr, il y a pour moi des problèmes plus essentiels que d’autres : la réindustrialisation de la France. Et la défense de la laïcité.

EF : Fabien Engelmann, merci.

« favoriser L’immigraTion, c’esT pénaLiser Les

TravaiLLeurs français. »

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Par Marine Le Pen

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coups de cœur culture

le musée du louvre : l’intimité du patrimoine

rien ne s’oppose à la nuit, de delphine de viGan

intouchables, d’olivier nakache et éric toledano

Un site

Un livre Un film

Les bâtiments du Louvre, dans la lumino-sité d’un soleil d’hiver, appartiennent à ce Paris que j’aime. Ils nous permettent de remonter le temps. Avant d’être un musée, le Louvre a d’abord été un palais, et avant encore un château. Une fortification, en fait : à la fin du XIIe siècle Philippe- Auguste voulait protéger l’ouest de la ville du danger anglo-normand. On n’avait pas honte de répondre à l’insécurité, ni à l’invasion.Au XVIe, François Ier le transforma en palais et Catherine de Médicis édifia les Tuileries, les derniers aspects du Moyen âge disparurent sous Louis XIV. Napoléon Ier, mais aussi François Mit-terrand ont contribué par la suite à des-siner le Louvre. La Pyramide rappelle qu’un chef d’État, en bien ou en mal, marque son passage dans l’histoire : lourde responsabilité.Tout cela pourrait intimider, mais je ne le suis pas. La conti-nuité du Louvre sur huit siècles illustre à merveille la no-

tion de patrimoine national et ce bien est à vous et moi.Et le patrimoine artistique, alors ! Quelques œuvres qui me parlent. La Liberté guidant le peuple, de Delacroix, cette femme franchit les barricades, belle image des obstacles à vaincre. Sa robe rappelle celle de la Victoire de Samothrace (des premiers siècles av. J.-C.), sculpture qui elle aussi rend hommage, indi-rectement, à la femme : l’art européen n’en a jamais eu peur, pas plus que l’Europe dans son histoire n’a eu peur de la victoire et de la liberté.Les frères Le Nain, c’est discuté, furent-ils catholiques ou protestants ? En tout cas, ils étaient chrétiens et cela transparaît dans les va-leurs que leur peinture exprime. La Famille de paysans dans un intérieur (vers 1640) évoque

l’intimité familiale, la cohabitation des générations. La cha-leur de l’âtre à l’arrière-plan, le chat qui nous observe derrière la cruche : comment ne pas être touché par l’atmosphère pai-sible et digne de cette vie de famille ? Chacun trouve ainsi, au Louvre, des œuvres qui s’adressent à lui personnellement.

Derrière ce titre emprunté au chanteur Bashung, l’un des romans les plus boule-versants de l’année. Un requiem poignant

pour une mère belle comme le jour, absente, insaisis-sable et qui finit par disparaître, suicidée. D’emblée la femme de la couverture séduit. Son élégance à la Lauren Bacall, son sourire à peine esquissé, son regard troublant et fragile. Le joli style, simple et intense et le texte d’investigation de Delphine de Vigan interrogent le plus profond de soi. La mémoire familiale si im-portante pour chacun d’entre nous, où les souvenirs les plus lumineux de plusieurs époques, côtoient les failles et les blessures enfouies.Pour écrire sur le mystère de sa mère qu’elle a telle-ment aimée et qui vient de se donner la mort, l’auteur enquête. Et d’abord sur elle-même, sa fille, enfant puis adolescente, pleine de culpabilité, relisant ses jour-naux intimes. Suivant pas à pas le parcours de cette femme, jeune, admirée, qu’elle refuse de voir tomber. Puis en fouillant le passé familial, matriarcat impo-sant, personnalités débordantes, tristes et joyeuses. En interviewant les nombreux frères et sœurs, oncles et tantes de l’auteur, dont trois sont morts.Elle croisera des récits, entendra des confidences. Il y a ces épisodes terribles que vivront les deux petites filles de cette mère si particulière et que l’on lit en n’en menant pas large, en s’accrochant aux pages.Elle cherche, Delphine, à connaître le secret qui lui a pris sa mère. Elle cherche à guérir.

Je me méfiais un peu de ce film, de son aspect forcément politiquement correct, et du risque de tomber dans la lourdeur et le mauvais goût sur un sujet aussi déli-cat. Comme plus de 13 millions de Fran-çais (et ce n’est pas fini) j’ai été réellement touchée par cette excellente et surprenante comédie française, bien au-dessus du lot. Finement écrite, superbement interprétée. Je suis passée du rire aux larmes. Dès la scène d’ouverture, magistralement enlevée, on a saisi le ton. Ce film a une très grande qualité : il fait du bien. À 42 ans, Philippe, aristocrate millionnaire, s’écrase en parapente et se retrouve tétraplégique (son histoire est vraie, inspirée de celle de Philippe Pozzo Di Borgo qui a inspiré ce carton cinématogra-phique). En quête d’un auxiliaire de vie, il embauche à l’issue d’un casting désopilant un jeune Black de cité qui n’a répondu à l’annonce que pour toucher les assedic. Leur destin va basculer au cours de cette rencontre. Chacun des deux, handicapé physique et handicapé social, est piqué au vif par l’insolence et le culot de l’autre. Qui est le bon samaritain ? Le Blanc, le Noir ? Les deux en fait. Driss (Omar Sy, créature du Paf qui livre là un très bon numé-ro personnel) met un peu de folie, de naturel, de mouvement, sans aucun pathos, dans la vie conventionnelle et triste de Philippe (François Cluzet). Philippe apprend à Driss à être responsable de quelqu’un, l’aide à gagner en profondeur. Populaire, impertinent, délié, juste et pudique aussi, très généreux, le sujet tel que l’ont ha-bilement concocté Éric Toledano et Olivier Nakkache ne se moque jamais de ses personnages, il salue encore mieux leur courage et leur héroïsme de chaque jour. Il ose. Sans jamais déraper.

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PARTICIPATION À LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE DE

Marine Le Pença y est : la campagne décisive est lancée ! nous faisons appel à toutes les bonnes volontés qui peuvent s’exprimer de toutes les façons : en soutenant fi nancièrement, en rejoignant le comité de soutien, en militant…

il y a toujours quelque chose à faire, pour la france et pour nos idées.

À VOUS DE CHOISIR, PARMI LES FORMULES PRÉSENTÉES CI-DESSOUS, CELLE QUI VOUS CONVIENT LE MIEUX !

je souhaite prêter la somme de ___________________ euros (minimum 1 500 euros au taux annuel de 3 % ; nous vous contacterons pour les modalités)

je souhaite faire un don de __________________ euros (4 600 euros maximum bénéfi ciant d’une réduction d’impôt de 66 % ; nous vous contacterons pour les modalités)

je souhaite rejoindre le comité de soutien de marine le pen en ma qualité de : ______________________________________________________________________________________(responsabilités politiques, professionnelles, syndicales, associatives…)

et accepte que ce soutien soit rendu public dans le cadre de la campagne présidentielle

je souhaite participer à la campagne de la manière suivante : ______________________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________(collage d’affi ches, distribution de tracts et documents, expertise sur des sujets et thèmes particuliers,

organisation de réunions à caractère privé…)

Nom _______________________________________________ Prénom _________________________________________________

Adresse ______________________________________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________________________________________

Code postal ________________________________________ Ville _____________________________________________________

Tél. portable ________________________________________ Tél. fi xe _________________________________________________

Courriel ______________________________________________________________________________________________________

bulletin à retourner à cmlp • 78, rue des suisses • 92000 nanterre • courriel : [email protected]

Rendez-vous sur www.marinelepen2012.fr

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la voix du peuple

1 500 personnes pour écouter Marine Le Pen dénoncer la désindustrialisation et défendre les ouvriers.

Rencontre avec les marins-pêcheurs et les syndicalistes ;. pour sauver la pêche française et dénoncer la corruption socialiste.

Metz, le 11 déceMbre

boulogne-sur-Mer, le 14 déceMbre

Marine, de plus en plus incontournable, de plus en plus sollicitée.

«L’intérêt des Français avant tout. Contre l’intérêt des marchés financiers. L’intérêt général contre les féodalités financières, politiques, religieuses, et mafieuses !»

InvItée du 12/13 de France 3, le 13 noveMbre

ParIs, banquet des MIlle, le 19 noveMbre

Défendre la viticulture, c’est défendre l’excellence française.

chablIs en bourgogne, le 30 noveMbre

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