Journal Europan France, 1

16
SOMMAIRE 1 Du PAN à I' EU ROPA N Entretien avec Danièle Val abr ègue 2 UnPr og r amme d'Architecture N ouvelle née Europe oor DiDI r .. e ois 3 Moderne aut reme nt Entretien avec Hans Kohloff 4 Espèces d' espaces européens par Mar ie · e R encont r es Entretien avec Claude lillich 5 Inn ova ti ons : te n dances 89 par Philippe Dehan Terr i to ir es Entretien avec Aurél ia Gal le/l i XPOSITION UROPAN, ANI.« Evolution des modes de vie et archi- tectures du logement >>. Un thème fédérateur, des concours d'idées et d'architecture simultanés dans neuf pays d'Eu- rope : Autriche, Belgique, République fédérale d'Alle- magne, Espagne, France, Grèce, Italie, Pays-Bas, Suisse. Les résultats de la session fran- çaise sont exposés à La Maison de l'Architecture* à partir du 30 mai jusqu'au 24 juin 1989. • 7. rue de Chaillot 75016 Paris. Directeur de la Claude Dichon Rédaction en chef Marie-Christine loriersiArchitextes Graphisme Christian Voinet P. sconsut_,l e pi>Ohi;OIIQ{l r Dani èle Volabr ègue Europon Fronce MEL P lan Construction el Architecture 2, ovenve du Parc- de·Passy 75016 Paris Tél 03.91.07 Diffusion, Daniel Wotine Tél 450392.07 Comm,ss,on /4 73AD 6 V ous a vi ez dit en vill e ? par Reynald Eugène '------------ ----- --- --------- --------------- --- -----...l ISSN0/54.2265 Por t ra it s des l auréats par Jean-François Pousse 7 les projetsl o UJ éots et mentionnés par Marie- Ciwstine lariers 11 Port ra it sd es me nti on nés 12 So i et l es au tres par Monique Eleb- Vidal 13 les t emps de la vie par Claude Prelorenzo 14 Des proj ell s ilués par Ann11·Mo1 '. Châtel et 15 le PAN mène à tout par Frédérique de Grave/aine 16 l'exposition è la Ma i so n de l' Architecture le ca l endri er EU ROPAN PERSPECTIVES L 'E' RO PAN est une ve r sion aux h rizons européens des Programmes d'Archite ture Nouvell , les PAN, qui d puis plus de 15 ans font en Fr ance app 1 aux jeunes ar- chitectes pour dynamiser les perspectives de l'ar- chitecture de l'habitat. Aujourd'hui, lancés simul- tanément en Europe, les concours d'idées EU- ROPAN ont cette année pour thème << évolution des modes de vie et architectures du logement ». Un pluriel justifié. Découvrant les résultats de la session française, comment ne pas souligner cette diversité, cette manière ouverte de puiser à toutes les sources, sociales et culturelles. Voici l'histoire moderne, voici les prospectives futuristes. Et surtout voici un éveil vigilant au temps présent, à ses rythmes et ses lieux. Les jeu- nes architectes ont une curiosité attentive à dé- couvrir - et même à inventer - les territoires nouveaux de la civilité européenne. Ils s'inter- rogent sur les frontières mouvantes des indivi- dus et des groupes, les réseaux qui se tissent, voies physiques ou voix immatérielles de la com- munication. EUROPAN, le programme d'archi- tecture nouvene européenne, révèle des inquié- tudes, des attentes, des espoirs. Il révèle des transformations du regard. Nul doute, l'architec- ture y apparaît porteuse de projets de vie. Il fau- dra les construire ... f(once ENTRETIEN AVEC DANIÈLE VALABRÈGUE . Journal édité à l'occasion de l'exposition des projets de I'EUROPAN FRANCE à la Maison de 1 'Architecture du 30 mai au 24 juin Supplément à Plon Construction Actualités n ° 34 JURY Euro pan France e Jean-Louis Cohen Architecte-chercheur Pierre -Alain Croset Journaliste à Casabel/a, Italie :::t Il" ·- Danièle Valabrègue Secrétariat Europan France Marc Béri Chef de projet du Programme Conception et Usage de l'Habitat au Plan Construction et Architecture, responsable de la session française de I'EUROPAN, Danièle Valabrègue est avec François Ascher l'un des principaux concepteurs de I'EUROPAN. Depuis plusieurs années, elle pilote le PAN. La question du logement du PAN à I'EUROPAN est réexaminée, approfondie, débattue. Les jeunes concepteurs et les maîtres d'ouvrage y trouvent l'occasion de construire avec des approches nouvelles. De poser les termes d'une culture de l'habitat Claude Dichon Plan Construction et Architecture Aurelio Galfetti Arc hitect e, Su isse Hans Kollhoff A rc hitecte, République fédérale d' Allemagne Yves Lion Architecte Edouard de Pe nguilly PDG de ACL Construction Roland Pigno! Psident de l 'UNFOHLM Martin Roba in Architecture Studio Suppléant Pierre Gangnet Architecte Comité francois cie /'EUROPAN. c .1: " .. c 0 ·- fit ·- E E 0 u Architecte Anne-Marie Châtelet Architecte Philippe Dehan Architecte Reynald Eugène Architecte Eric Lemarie Architecte Denis Lenglart Architecte René Poman Architecte Antoine Renaud Architecte Claude Prelorenzo Sociologue Siez Ramondt Coordination Ptésident Jean Moheu . Maîtres d'ouvrage :M. tom ardin!, O. Mille- rond , F Pascal, E. de Penguifly, R. Pignol. Architectes : P. Cheme ov, P. Gangnet, Y. lion, J. Nouvel, M . Robciin. Entreprises : C.-A. Ro h Cher- cheurs : J.-L Cohen, M. Conon, R. Perrin1oquet, M , Eleb-Vidol lnstitu - tions : C. Dichon, A. Mougard, l Rovonel, C. Robert plus riche de diversité architecturale, plus à l'écoute des mutations sociales . POSER LA QUESTION DU LOGEM ENT M.·C. L. :Concours d'idées et concours d'architecture, le PAN existe en France depuis plus de quinze ans. Il a donné, cette année, naissance à /'EUROPAN. Il est vrai que trois ans avant l'ouverture des frontières en 1992, l'Europe est au goût du JOUr ... Danièle Valabrègue :Avec cette organisation simultanée d'appels d'idées d'architecture dans neuf pays d'Europe, I'EUROPAN fait plus que suivre une opportunité politique. Comme l'a toujours fait te PAN, l'EUROPAN pointe du doigt une question qui a trait à l'habitat. Les concepteurs retenus concrétiseront ensuite leur réponse à travers la réalisation d'un bâtiment . Le thème« Archi· tectures du logement et évolution des modes de vie >>est d'actualité dans tous tes pays, parce que les modes de vie connaissent des bouleversements rapides. Il devient évident que les questions se posent en des termes autres que localisés. Peut-être est-ce en termes de culture ? Des faits nou· veaux émergent, dont les maîtres d'ouvrage et les décideurs ont bien conscience, et qui parfois leur posent directement problème. Les structures familiales se modifient, les groupes se définissent autre· ment, les modèles figés ne fonc· tiennent plus. Les gens se déplacent, ils n'ont plus la même manière d'appréhender les sites et les territoires. Les technologies nouvelles changent les rapports quotidiens au temps et à l'espace. Cela, des sociologues et des éco· nomistes l'avaient analysé avec précision. L'habitat n'étant pas vraiment un« bien de consommation »,pas plus qu'il n'est un « service »ou un « produit » (mais quand même un peu de tout cela ... ), des cher· cheurs et des sociologues ont engagé des recherches pour le Plan Construction et Architecture et confirmé l'incidence de ces évolutions sur ta relation à l'habitat ... (Suite pa ge 2) ' 1 1 1 • • 1 1 -' 1 1 t\f1 lupr-1 l.uu,\tf"l elu l' \ .'Il 1'1. l"'{illltt"'- .it{Ù''- :, ;\l .uh ...

description

Journal édité à l&#39;occasion de l&#39;exposition des projets Europan 01 en France à la Maison de l&#39;Architecture du 30 mai au 24 juin 1989. Supplément à Plan Construction Actualités n ° 34.

Transcript of Journal Europan France, 1

SOMMAIRE

1 Du PAN à I'EUROPAN Entretien avec Danièle Valabrègue

2 Un Programme d'Architecture Nouvelle née Europe oor DiDI r .. e ois

3 Moderne autrement Entretien avec Hans Kohloff

4 Espèces d'espaces européens par Marie· e è~ Cc~ta. Rencontres Entretien avec Claude lillich

5 Innovations :tendances 89 par Philippe Dehan Territo ires Entretien avec Aurélia Galle/li

XPOSITION UROPAN, ANI.« Evolution des modes de vie et archi­tectures du logement >>. Un thème fédérateur, des concours d'idées et d'architecture simultanés dans neuf pays d'Eu­rope : Autriche, Belgique, République fédérale d'Alle­magne, Espagne, France, Grèce, Italie, Pays-Bas, Suisse. Les résultats de la session fran­çaise sont exposés à La Maison de l'Architecture* à partir du 30 mai jusqu'au 24 juin 1989.

• 7. rue de Chaillot 75016 Paris.

Directeur de la ~ublicolion Claude Dichon

Rédaction en chef Marie-Christine loriersiArchitextes Graphisme Christian Voinet

P. sconsut_,l e pi>Ohi;OIIQ{l r

Danièle Volabrègue eLr~·D'fiOI

Europon Fronce

MEL Plan Construction el Architecture 2, ovenve du Parc­de·Passy 75016 Paris Tél A~ 03.91.07 Diffusion, Daniel Wotine Tél 450392.07 Comm,ss,on p~1ri1o,re /4 73AD

6 Vous aviez dit en ville ? par Reynald Eugène

'----------------------------------------------------...l ISSN0/54.2265

Portra its des lauréats par Jean-François Pousse

7 les projetsloUJéots et mentionnés par Marie-Ciwstine lariers

11 Portra its des me ntionnés 12 Soi et les autres

par Monique Eleb- Vidal 13 les temps de la vie

par Claude Prelorenzo 14 Des projell silués

par Ann11·Mo1'. Châtelet 15 le PAN mène à tout

par Frédérique de Grave/aine 16 l'exposition è la Maison de

l' Architecture le calendrier EU ROPAN

PERSPECTIVES

L 'E' RO PAN est une version aux h rizons européens des Programmes d'Archite ture Nouvell , les PAN, qui d puis plus de 15 ans font en France app 1 aux jeunes ar­

chitectes pour dynamiser les perspectives de l'ar­chitecture de l'habitat. Aujourd'hui, lancés simul­tanément en Europe, les concours d'idées EU­ROPAN ont cette année pour thème << évolution des modes de vie et architectures du logement ».

Un pluriel justifié. Découvrant les résultats de la session française, comment ne pas souligner cette diversité, cette manière ouverte de puiser à toutes les sources, sociales et culturelles. Voici l'histoire moderne, voici les prospectives futuristes. Et surtout voici un éveil vigilant au temps présent, à ses rythmes et ses lieux. Les jeu­nes architectes ont une curiosité attentive à dé­couvrir - et même à inventer - les territoires nouveaux de la civilité européenne. Ils s'inter­rogent sur les frontières mouvantes des indivi­dus et des groupes, les réseaux qui se tissent, voies physiques ou voix immatérielles de la com­munication. EUROPAN, le programme d'archi­tecture nouvene européenne, révèle des inquié­tudes, des attentes, des espoirs. Il révèle des transformations du regard. Nul doute, l'architec­ture y apparaît porteuse de projets de vie. Il fau­dra les construire ...

f(once

ENTRETIEN AVEC DANIÈLE VALABRÈGUE

. • •

Journal édité à l'occasion de l'exposition des projets de I'EUROPAN FRANCE à la Maison de 1 'Architecture du 30 mai au 24 juin

Supplément à Plon Construction Actualités n ° 34

JURY Euro pan France

e Jean-Louis Cohen Architecte-chercheur

• Pierre-Alain Croset Journaliste à Casabel/a, Italie

G» :::t Il" ·-

Danièle Valabrègue Secrétariat Europan France

Marc Béri

Chef de projet du Programme Conception et Usage de l'Habitat au Plan Construction et Architecture, responsable de la session française de I'EUROPAN, Danièle Valabrègue est avec François Ascher l'un des

principaux concepteurs de I'EUROPAN. Depuis plusieurs années, elle pilote le PAN. La question du logement du PAN à I'EUROPAN est réexaminée, approfondie, débattue. Les jeunes concepteurs et les maîtres d'ouvrage y

trouvent l'occasion de construire avec des approches nouvelles. De poser les termes d'une culture de l'habitat

• Claude Dichon Plan Construction et Architecture

• Aurelio Galfetti Architecte, Su isse

• Hans Kollhoff A rchitecte, République fédérale d'Allemagne

• Yves Lion Architecte

• Edouard de Penguilly PDG de ACL Construction

• Roland Pigno! Président de l'UNFOHLM

• Martin Robain A rchitecture Studio

Suppléant • Pierre Gangn et Architecte

Comité francois cie / 'EUROPAN.

c .1:

" G» .. c 0 ·-fit ·-E E 0 u

Architecte

Anne-Marie Châtelet Architecte

Philippe Dehan Architecte

Reynald Eugène Architecte

Eric Lemarie Architecte

Denis Lenglart Architecte

René Poman Architecte

Antoine Renaud Architecte

Claude Prelorenzo Sociologue

Siez Ramondt Coordination

Ptésident Jean Moheu. Maîtres d'ouvrage : M . tom ardin!, O. Mille­rond , F Pascal, E. de Penguifly, R. Pignol. Architectes : P. Cheme ov, P. Gangnet, Y. lion, J. Nouvel, M . Robciin. Entreprises : C.-A. Ro h Cher­cheurs : J.-L Cohen, M. Conon, R. Perrin1oquet, M , Eleb-Vidol lnstitu­tions : C. Dichon, A. Mougard, l Rovonel, C. Robert

plus riche de diversité architecturale, plus à l'écoute des mutations sociales .

POSER LA QUESTION DU LOGEM ENT

M.·C. L. :Concours d'idées et concours d'architecture, le PAN existe en France depuis plus de quinze ans . Il a donné, cette année, naissance à /'EUROPAN. Il est vrai que trois ans avant l'ouverture des frontières en 1992, l'Europe est au goût du

JOUr ... Danièle Valabrègue :Avec cette

organisation simultanée d'appels d'idées d'architecture dans neuf pays d'Europe, I'EUROPAN fait plus que suivre une opportunité politique. Comme l'a toujours fait te PAN, l'EUROPAN pointe du doigt une question qui a trait à l'habitat. Les concepteurs retenus concrétiseront ensuite leur réponse à travers la réalisation d'un bâtiment . Le thème« Archi· tectures du logement et évolution

des modes de vie >>est d'actualité dans tous tes pays, parce que les modes de vie connaissent des bouleversements rapides. Il devient évident que les questions se posent en des termes autres que localisés. Peut-être est-ce en termes de culture ? Des faits nou· veaux émergent, dont les maîtres d'ouvrage et les décideurs ont bien conscience, et qui parfois leur posent directement problème. Les structures familiales se modifient, les groupes se définissent autre· ment, les modèles figés ne fonc· tiennent plus. Les gens se déplacent, ils n'ont plus la même manière d'appréhender les sites et les territoires. Les technologies nouvelles changent les rapports quotidiens au temps et à l'espace. Cela, des sociologues et des éco· nomistes l'avaient analysé avec précision.

L'habitat n'étant pas vraiment un« bien de consommation »,pas

plus qu'il n'est un « service »ou un « produit » (mais quand même un peu de tout cela ... ), des cher· cheurs et des sociologues ont engagé des recherches pour le Plan Construction et Architecture et confirmé l'incidence de ces évolutions sur ta relation à l'habitat ...

(Suite page 2)

~Il

' 1 1 1 • • 1

1 - ' 1 1

t\f1 lupr-1 l.uu,\tf"l elu l' \ .'Il 1'1.

p~ l"'{illltt"'- .it{Ù''- :,

;\ l .uh ...

DU PAN À L'EUROPAN (Suite de la page 1}

... Ce sont ces travaux qui nous ont permis de poser la << question du logement >> à travers le pro­gramme de l'appel d'idées de I'EUROPAN.

DE LA CONSTRUCTION À L'ARCHITECTURE

L'architecture de l'habiter s'exprime de manière de plus en plus autonome, de plus en plus riche à travers les revues d'archi­tecture, dans les publications, les expositions, mais aussi dans la dif­fusion de l'information en général. Le débat se modifie. Les tendan­ces qui s'étaient opposées au cours des quinze dernières années - productivité, modernité et post­modernité, forme urbaine ou forme monumentale- ont l'air de cesser de s'affronter. Elles coha­bitent, elles juxtaposent leurs réfé­rences, elles se complètent pour constituer un paysage culturel plus diversifié. De même la réflexion formelle sur l' architec­ture coïncide avec une attention plus éveillée aux modes de vie. Les résultats de la session française de I'EUROPAN expriment visiblement cet élargissement de l'inspiration.

M.-C. L. :En quelques années, vous avez pu voir se transformer le paysage de l'architecture du logement?

D. V. :Le paysage et les habi­tants ! L'architecture et la demande ! J'ai rencontré le PAN en 1972, en participant, comme architecte, à la commission tech­nique du PAN 4. On évacuait alors les grands ensembles pour cause d'échec social. Le PAN, depuis quatre ans, cherchait des formes et des types différents, mais encore sous l'égide de la produc­tion de masse, de l'industrialisa­tion, de la périphérie. Avec le PAN, on a vu des logements prolifé­rants, ~es trames, des modules, des modèles, oui, mais des << modèles innovation >>. On a

prôné l'habitat intermédiaire, avec terrasse, ni tour ni maison indivi­duelle, mais un peu les deux ... La question du logement était posée en termes d'usage de manière intéressante. Une architecture naissait. Mais le rapport à la ville continuait à être occulté alors que la polémique se faisait jour sur << l'urbanité >>.Le PAN 7 en 1975 a marqué un virage, en cherchant d'autres solutions que le zoning, et a participé aux débats sur la forme urbaine, très vifs à la fin des années 70. La rue des Hautes For­mes de Portzamparc en a été l'un des manifestes les plus évidents. Le PAN 12 a posé des questions de rapport au quartier, aux équi­pements. Lors du PAN 14, en 1987, nous considérions que ces réflexions étaient entendues, les réalisations issues des derniers PAN le prouvaient bien.

DE LA VILLE À LA VIE

Force pourtant était de consta­ter que le logement apparaissait trop souvent comme la résultante de la forme urbaine. La réflexion sur la ville avait occulté celle sur la vie. En mettant le logement en questions pour le PAN 14, nous avons voulu sensibiliser les concepteurs et les décideurs, les maîtres d'ouvrage et les politiques à la dimension sociale et culturelle de l'habiter. Et cette dimension sociale et culturelle est, elle aussi, une dimension de la ville, une dimension de l'Europe. La ville n'est pas seulement une structure de voiries, de circulations et de for­mes, mais aussi une structure sociale. C'est cette dimension que nous avons décidé d'exprimer à travers I'EUROPAN.

M.-C. L. : L 'EUROPAN est-il un

concours d'idées ou un concours

d'architecture ? O. V. : Voici la question que

EUR(DPA

nous ont posé tous nos partenai­res européens qui ont lancé I'EUROPAN avec nous ! Je dirais que c'est à la fois un concours d'idées et un concours d' architec­ture. Un concours d'idées, parce qu'il est posé en termes concep­tuels, parce qu'il n'y a pas de site imposé. Parce que l'on attend des concurrents qu'ils développent eux-mêmes des idées. Et, dans cette première session de l'EURO­PAN, il a bien été compris de cette façon, puisque les concepteurs, en amont de l'architecture, ont défini des << programmes >> nou­veaux et pertinents. Mais c'est aussi un concours d'architecture, car des maîtres d'ouvrage, des vil­les acceptent de s'engager dans des réalisations avec eux, sur des problématiques comparables. Dans certains pays, Autriche, Ita­lie, Espagne, Grèce ... , des terrains ont été attribués au concours.

LES JEUNES CONCEPTEURS

SONT CRÉDIBLES

De fait, cette démarche d' expé­rimentation construite, appuyée par les pouvoirs publics, est l'écho d'une demande de la maîtrise d'ouvrage, de son désir - ou de la nécessité économique où elle se trouve - de sortir de la répétition des solutions dominantes. Renou­veler l'accès à la commande, le rendre possible pour de jeunes concepteurs, ces points ont fait l'unanimité dans tous les pays de I'EUROPAN.

Autre point, en France, comme dans les autres pays d'Europe :il était important que les proposi­tions des jeunes architectes soient actées par des jurys de notoriété nationale et internationale. Cette mise en perspective garantit leur

crédibilité, auprès du milieu pro­fessionnel comme des maîtres d'ouvrage. Le PAN, comme I'EUROPAN, se situe dans une position charnière : il prend part aux débats d'idées, il en témoigne et en est la caisse de résonance : il représente aussi un moyen ins­titutionnel d'orientation des poli­tiques de l'habitat. Il possède des effets concrets.

M.-C. L. : Pour un maÎtre d'ouvrage, construire un EURO­PAN - ce qui implique un jeune architecte et un programme nou­veau - représente-t-il un risque ?

O. V. : Je n'utiliserais pas ce terme, je lui préfère expérimenta­tion. Les PAN ont permis à de jeu­nes architectes de construire leur première œuvre et nombre d'entre eux sont aujourd'hui reconnus. Le vrai risque est dans l'immobilisme, dans le refus d'évoluer. L'EURO-

PAN, comme avant lui le PAN, a le pouvoir de désigner une géné­ration d'architectes récemment diplômés, de souligner leur com­pétence, leur aptitude à traiter des cas de figure difficiles, des confi­gurations sociales complexes.

M.-C. L. : Envisagez-vous une seconde session de I'EUROPA N ?

D. V. : Bien sûr. Nous envisa­geons de la lancer à la fin de l'année. Nous travaillons en ce moment avec des architectes, des chercheurs et des maîtres d'ou­vrage ainsi que des décideurs sur l'élaboration d'un thème. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il abordera une autre facette de l'habiter, un autre type de relation à l'évolution des modes de vie, et des formes de villes... euro­péennes.

Propos recueillis par Marie-Christine LORIERS

UN PROGRAMME D'ARCHITECTURE NOUVELLE NÉ AU FIL DE L'EUROPE

odolp v

e, ie er, Anna, et les autres •••

Pour lancer I'EUROPAN,Ie Plan Construction et Archi­tecture a parcouru les rou­tes d'Europe. Deux ans de préparation avec l' expé­rience du PAN et l'inconnue de cette ambition : lancer en 1989 des concours si­multanés en Europe. Au­jourd'hui, neuf pays ont répondu, 84 équipes ont été retenues. EUROPAN existe! Didier Rebois, chargé de la coordination européenne nous entrouvre ici son carnet de voyage.

V OICI venu pour EUROPAN le temps du succès. Dans cha­que pays, catalogues, expo­sitions. revues vont embou­cher les trompettes de la

renommée de cette première ses­sion. Quarante-cinq lauréats et trente-neuf mentionnés, tous jeu­nes architectes primés dans neuf pays européens, vont voir subite-

ment les projecteurs braqués sur eux ... avant d'avoir à affronter la dure (mais passionnante) réalité du passage des idées sur papier aux réalisations construites.

L'AIR DU TEMPS UN AIR D'EUROPE

Le petit théâtre de I'EUROPAN se transforme aujourd'hui en une grande scène européenne où de jeunes talents vont avoir l' occa­sion de faire leurs preuves. Après les expositions nationales, une aventure s'ouvre à eux qui passe par Côme en 'Septembre, où ils ren­contreront des maîtres d'ouvrage européens, et par Paris et le Cen­tre Pompidou en décembre où le grand public pourra se familiariser avec leurs idées. Puis, pour le maximum d'entre eux, par des chantiers d'opérations de loge­ments disséminés dans toute l'Europe.

On tentera d'expliquer comment une idée un peu<< mégalo >>, élar­gir le PAN français à l'Europe, est devenue une réalité tangible. On dira que la<< conjoncture >>était fa-

Juin 1988, lancement cl'EUROPAN au Centre Pompidou

vorable ; que l'Europe est dans l'air du temps ; que le thème choisi, l'évolution de l'habitat face aux transformations des modes de vie, pouvait rallier tout le monde ; que cette procédure de concours ré­pondait à une forte demande de re­nouvellement du discours archi­tectural, et qu'à l'échelle de neuf

pays, cela permettait d'obtenir un grand nombre de projets et d'idées nouvelles ; on dira aussi que les professionnels, maîtres d'ou­vrage, élus, administrations, cher­cheurs, dans chaque pays, ont soutenu l'initiative parce qu'elle leur permet de se construire une image de marque européenne, etc.

Et on aura raison ... A ces argu-ments, rien à ajouter ... si ce n'est apporter ici le regard subjectif d'un acteur immergé au quotidien dans l'organisation de cette<< machine­rie >> architecturale européenne qu'est devenu EUROPAN et bra­quer un instant les projecteurs sur ses coulisses.

UN W EI SENHOF CONTEM PORAIN ?

Lorsqu'il y a deux ans, le Plan Construction et Architecture cher­chait à mettre sur pied ce projet de concours européen, l'idée, sédui­sante, n'avait pas encore de réa­lité tangible. Un débat agitait les esprits : fallait-il réaliser un grand concours européen unique en pro­posant un site symbolique où tous les lauréats auraient pu ensuite réaliser des opérations d'habitat. renouveler, en somme, l'exemple prestigieux du Weissenhof des an­nées trente ou celui, plus récent, de I'IBA à Berlin ? Ou bien fallait­il, dans un cadre commun, propo­ser à plusieurs pays d'organiser leur propre concours en créant une

fédération européenne ? Centra­lisme ou fédéralisme ? La question fut tranchée en faveur d'une fédé­ration ; réalisme oblige :l'Europe se construit à petit pas conservant aux nations leur identité ; l'Europe de l'architecture aussi.

Dès lors la tâche était claire : il fallait bâtir un réseau euro!Jéen de personnalités des milieux de l'ar­chitecture prêtes à s'embarquer dans l'aventure, convaincues que l'Europe de la culture était à bâtir et capables d'être des missionnai-res chacun dans son pays pour dynamiser des professionnels, des institutions et ... des sponsors afin de mettre en place les structures nécessaires à la réalisation des concours. Un impératif, tenir la première réunion européenne le 1 5 décembre 1987 afin de lancer les concours six mois après. La pari relevait de l'utopie - trois mois pour construire un réseau euro­péen - rendait le challenge pas­sionnant. Devant l'impossibilité de faire le tour de l'Europe en si peu de temps, pour établir des contacts à l'étranger, on fit appel à des cor­respondants qu'on envoya en mis­sion, architectes de nationalité étrangère travaillant en France ...

..... pour la plupart, mais très au fait des dynamiques de leur pays dans le domaine de l'architecture. Ainsi, par leurs contacts personnels, Christina Conrad rallia la Styrie au­trichienne, Siez Ramundt le minis­tère de la Culture hollandais, Char­les Poisay la Ville de Madrid, Roger Perinjacquet des architectes de Lausanne et Zurich et Martin Meade tenta de convaincre le Ri ba anglais. D'autres « intermédiai­res >>œuvrèrent pour qu'en Italie, en Suède et au Danemark, en Grèce, en Belgique et en Allema­gne, des personnalités se mobili­sent. Des dossiers furent envoyés aux quatre coins de l'Europe.

La première étonnée fut la petite équipe française de I'EUROPAN qui avait commencé à tisser ce ré­seau quand, le 15 décembre 1987, dans la salle des séminaires de l'Institut Français d'Architec­ture aménagée pour l'occasion avec traduction simultanée, une cinquantaine de représentants de douze pays européens, en majorité architectes, engagèrent le débat autour de l'idée d'EUROPAN. Si la technique de la palabre (au sens africain et noble du terme) a prouvé son efficacité, ce fut bien au cours des trois premières réunions, es­pacées à peine d'un mois, qui per­mirent de se mettre d'accord sur une structure commune.

LES RÈGLES DU JEU

Chaque pays créerait un comité national avec un secrétariat tech­nique ; un comité européen pren­drait les grandes décisions et la coordination européenne serait confiée à la France. Un seul thème - l'architecture du logement et l'évolution des modes de vie. Une forme - le concours, reprenant en grande partie le concept du PAN français en neuf concours d'idées simultanés obéissant aux même règles et au même calendrier, ou­verts aux jeunes architectes de toute l'Europe, et suivis de réalisa­tions confiées par des maîtres d'ouvrage aux lauréats.

Les débats furent animés (ah ! le temps de discussion pour faire comprendre et obtenir que ne soient pas imposés des sites pré­définis aux concurrents dans cha­que pays !), le dialogue fut quel­quefois jalonné de quiproquos linguistiques (les mots n'ont pas toujours le même sens dans tous les pays). Cependant la volonté d'aboutir à une procédure com­mune et l'expérience du PAN fran­çais, référence dont l'efficacité

était reconnue par tout le monde, eurent raison des difficultés inéluc­tables pour se mettre d'accord sur des règles du jeu européennes que chaque pays doit respecter par la suite.

Entre deux négociations, tous les représentants agissaient dans leur pays pour convaincre adminis­trations et institutions de soutenir cette initiative mais aussi de la fi­nancer. En même temps, chacun bâtissait son comité national com­posé de maîtres d'ouvrage, d'ar­chitectes, de chercheurs et mettait en place un secrétariat technique chargé d'organiser le concours. Chaque pays désignait quatre re­présentants pour siéger dans un organisme européen, le comité eu­ropéen, chargé de superviser la bonne marche du navire EURO­PAN et de veiller au respect des rè­gles par chaque pays.

UNE CULTURE PARTAGËE

A Madrid, en mai 1988, neuf pays (car entre-temps, l'Angle­terre, la Suède et le Danemark, pour des raisons financières, avaient abandonné la course en promettant de revenir lors d'une deuxième session) déléguèrent des représentants officiels pour si­gner la charte de I'EUROPAN où ils s'engageaient à organiser les con­cours mais aussi à aider les lau­réats à construire. La partie était

EUR(DPAM

Avril 1989, délibérations du jury français

pour une large part gagnée ! Cette première étape ne consti­

tuait que les prémisses d'un travail de coordination des pays entre eux pour régler les problèmes com­plexes d'organisation avant le lan­cement du concours et préparer le programme des manifestations eu­ropéennes qui allaient jalonner cette première session : les ren­contres de la Jeune Architecture, en octobre 1988 à Berlin; EURO­PAN Forum en Italie, fin septem­bre 1989, l'exposition et le collo­que européens sur les projets lauréats, à Beaubourg, en décem­bre 1989. Nous inventâmes alors une règle du jeu qui nous permit de joindre l'utile à l'agréable. Tous les deux mois, une réunion de coordi­nation des neuf secrétariats natio­naux et du secrétariat européen devait se tenir dans un pays diffé­rent. Ainsi, en quelques mois, nous fîmes le tour de l'Europe, Graz, Ber­lin, Milan, Athènes, Berne, Liège, Madrid, Rotterdam ... La réunion ayant toujours lieu un vendredi, le samedi fut consacré à des visites de réalisations d'habitat. Nous nous sommes constitués ainsi une culture européenne commune sur le thème même du concours.

Mais si on me demandait ce qui constitue la part la plus riche de cette expérience de coordinateur du programme EUROPAN, je de­vrais sûrement répondre « avoir contribué à construire l'Europe de l'architecture>> ... De façon plus modeste je préférerais dire: m'être fait des amis véritables dans neuf

pays européens. Et l'un ne va pas l'autre. A chaque pays s'attache maintenant pour moi une « fi­gure >>, le plus souvent un archi­tecte. Nous avons appris à nous connaître, j'ai appris à découvrir que dans chaque région, des fem­mes et des hommes amoureux de l'architecture, immergés profes­sionnellement dans leur territoire, avaient le souci d'aider les jeunes architectes à faire reconnaître leur talent à l'échelle européenne.

Ainsi Rodolphe Luscher de Lau­sanne, Anna Pozzo de Rome, Marc Visser d'Amsterdam, Marc Ber­thet de Namur, Dieter Dreibholz de Graz, Antonio Velez de Madrid, Clod Zillich de Berlin, Evi Kaila d'Athènes et bien sûr Danièle Va­labrègue de ... Paris et quelques au­tres ont investi du temps, de la pas­sion, beaucoup d'énergie et de ténacité pour réaliser cette expé­rience innovante. Et si le débat vif, si les désaccords surgissent en réunion, cela se règle toujours, tard le soir, dans un bar ou un restau­rant d'une ville accueillante quel­que part en Europe ... C'est sans doute, avant tout, la solidité de ce réseau cosmopolite, mû par le même idéal européen, qui permet aujourd'hui qu'environ quatre­vingt dix jeunes équipes d'archi­tectes aient pu trouver l'occasion de réfléchir, concevoir, diffuser et bientôt ... construire - quelquefois hors de leurs frontières nationales - des architectures innovantes et européennes de l'habitat.

Didier REBOIS

ENTRETIEN AVEC HANS KOHLOFF

MODERNE AUTREMENT

H ans Kohl off est membre du j\1 ry d la session française

de l'EUROPAN. Cet architecte berlinois de 43 ans a créé quel­ques bâtiments remarquables à Berlin, dont des logements face au château de Charlottenburg ; c'est un ardent défendeur de l'esprit << moderne >>. Il apprécie dans les projets de l'EUROPAN une attitu­de architecturale plus qu'une ins­piration formelle puisée à la modernité. Et il s'étonne de la diversité de logements et de modes d'habiter qu'ont proposés les concurrents, ou plutôt qu'ils se sont eux-mêmes<< programmés >>. e << Les concurrents français ont posé un ensemble de questions intéressantes sur l'implantation, sur la typologie, sur la distribution des logements. Grâce à cela, la dis­cussion entre les membres du jury a été passionnante. J'ai beaucoup admiré le talent graphique de ces jeunes architectes. Mais, à y regar­der de plus près ... , il n'y a pas d'idées très fortes ni très nouvel­les, plutôt un approfondissement. Et ce n'est pas une critique de ma part, en effet, le logement est un domaine où les choses évoluent lentement, où il y a des inerties considérables- sociales, culturel­les, techniques, économiques. Après le grand bond du mouve­ment moderne, après ses erre­ments et ses trahisons, on ne peut quand même pas attendre des architectes qu'ils réinventent le logement tous les deux ans, à cha­que session du PAN ! Ce qui me surprend beaucoup, c'est la volon­té de réalisme et de diversification de tous ces projets. Je garde l'image d'une quantité de loge­ments tous différents, tous inven­tés avec un grand soin : pour répondre à des besoins et des modes de vie différents, et cela, à l'intérieur d'opérations parfois minuscules ... C'est remarquable, mais selon moi, c'est trop modes­te, trop prudent, il n'y a pas de volonté forte. Pourquoi ne pas oser voir grand? J'ai du mal à être d'accord avec cette obession de la diversité. C'est pour souligner ces réser­ves que j'ai défendu des projets d'ambition théorique et d'échelle territoriale plus radicale, comme le projet<< A la manière de Corbu >>, ou la<< pièce rurale >>édifiée dans les campagnes de l'Ouest européen.

<< Ce concours déplace de manière très intéressante le débat sur le mouvement moderne et le situe en dehors du champ formel. A mon avis, le grand quiproquo de la modernité a été de voir l'architecture à travers une forme unique. Et sa plus grave erreur a été d'affirmer qu'il exis­te une cellule idéale pour une famille idéale. Plus person­ne n'y croit, bien sûr. Il n'empêche que j'ai trouvé tout à fait étonnante cette idée que l'on trouve dans la plupart des projets : penser que dans un seul petit immeuble, ou à l'extrême dans un seul appartement, on va trouver des solutions pour répondre à tous les types de demande, aujourd'hui et demain. Que penser de cette complexité, de cette analyse qui détaille, qui fragmente les usages ? L'EUROPAN pose cette question.

<< Pour moi, l'intérêt de la plupart des projets retenus ne réside pas dans leur forme architecturale. Ni même dans leur aptitude à détailler en terme de distribution et par­fois même jusqu'en terme de mobilier, l'évolution de la notion de confort, de famille, de groupe ... mais dans le fait que ces jeunes architectes aient cherché des territoires inhabituels, se soient créé des programmes. Des idées for­tes se cachent là, la polémique sur le logement s'exprime là. Il faut se demander pourquoi. >>

DANS CE CONTEXTE nou­veau les candidats modi­fient-ils leur approche ? Croisent-ils leur culture d'ar­chitectes français et de jeu

nes urbains européens ? Et surtout , ce croisement est-il fécond ? Apporte-t-il des hypothèses et des perspectives nouvelles à ces débats somme toute« régionaux »que sont aujourd'hui les débats nationaux ?

MODES DE VIE, MODES DE VOIES

La question première n'était pas posée explicitement, mais le nom même de l'appel d 'idées<< EURO­PAN " se devait de mettre les can­didats sur la voie, les situait dans un es-pace européen. A ce questionnement n non dit , les réponses li sont venues un peu par la bande, pre­nant ainsi d 'autant plus force de symp­tômes révélateurs. Il existe , sinon un espace européen cartésien, des lieux et des ter­ritoires plus chargés de sens que d'autres, desmodesde viequi ne renvoient plus au quartier ou à la ville, mais à une conurba-tion de plus vaste éten- 1 due réglée par d'autres 1 lois, d'autres codes. 1 ~~

Beaucoup de candidats subissent l'attraction pour L~ un grand espace métropo- ~ litain . Ainsi, nombre de / projets vont-ils s'accrocher i par exemple à une gare, 1

11 vont-ilsrelotiruneemprise 1\' ferroviaire , inventent-ils une compagnie << Trans 1 l· Europe Logement •• qui 1 fait migrer les wagons habi­tés au fil des voies. Cette al­liance du wagon et de l' es­pace habitable est à interro­ger... Une certaine vision de la mobilité, sans doute, l'in­tuition que l'échelle du réseau ferroviaire donne une me­sure juste de l'espace euro­péen. (Serait-elle plus juste que celle de l'avion? Les cités-transitdei'EUROPAN ne s'adossent pas aux aéroports ... ) Cette vision est d'ailleurs réaliste , d'une certaine manière : qu'il s'agisse des vieilles emprises du ré­seau industriel ou des ZAC que l'on délimite autour des << aires •• du TGV, les terrains vagues du ferro­viaire deviennent des enjeux fon­ciers majeurs pour l'Europe des vil­les. A Paris, ne programme-t-on pas la TGB, la Très Grande Bibliothè­que (plus officiellement nommée la Bibliothèque de France) sur l'em­prise des voies du quartier Tolbiac ?

Certes les grands projets qui s'an­creront dans ces lieux sont plus con­sacrés au tertiaire et aux méga­équipements qu'à l'habitat. Mais justement. Les candidats qui y pro­jettent des logements ou, mieux, des programmes complexes activités­habitat, n'apportent-ils pas une idée réellement intéressante, une vraie vision urbaine européenne mo­derne ? Alors que la plupart des cen­tres d'affaires européens semblent être conçus comme des satellites sur le territoire, reconduisant et agra­vant le vieux zoning (avec d'ailleurs la caution des plus prestigieux archi­tectes ... ), il est sain que les jeunes concepteurs se redonnent le but de

EUR0PAM

Espèces d'espaces • europeens

fabriquer, eux, de la ville, en repla­çant l'habitat au cœur des zones à fort développement économique . Ils se font ainsi, par architecture in­terposée, programmateurs de l 'avenir.

Car cette perception -cette inter­rogation -d'un espace européen virtuel s'est traduite par un autre choix d'implantation, fortement symptomatique :l'immersion de la cellule vie dans le grand espace la­tifundiaire urbain, le tissu en expan­sion des villes de plus de cinq mil ­lions d ' habitants.

Peu de projets ont vou! u repenser à l'échelle d 'un quartier , d 'un frag­ment urbain, d'unemaison deville

1

ha_l{llH'tl t;uion 1 ~ polo~it· r1 (; Hcint z. R Lang- l et autres célèbres standards concep­tuels dont les fins connaisseurs des cuvées du PAN pouvaient chaque année surveiller la venue ou le mû­rissement. A l'échelle de l'Europe, ces entités ont-elles paru aux can­didats trop petites, trop pittores­ques, trop françaises ? Ils leur ont préféré, visiblement, une Europe des TGV, des Très Grandes Villes, et les projets s'implantent alors au bord d'une voie rapide, dans une ZAC, ils enjambent les voies d'une gare, ou surplombent en tour ou en portique les sites emblématiques de Bordeaux ou de Paris.

Mais pourtant, le projet qui nous a paru le plus" eurométropolitain •• se glisse dans une parcelle étroite, de 3,50 rn de large . Certes l'exem­ple développé sous l'intituléde << Pa­renthèses •• est situé à Paris, il pour­rait être aussi ailleurs .. . Car son intensité fait tout pour augmenter encore, par contraste, la<< déterri­torialisation •

Les singuliers projets cellulaires de l'EUROPAN semblent vouloir nous dire que certains candidats ont voulu ici croiser l'enseignement bien français du projet de logement qu 'ils ont reçu, avec leur vraie ex­périence spatiale, vécue, de jeunes urbanisés européens. Citation : « Le logement Parenthèses a vu le jour dans une chambre de bonne étroite comme une virgule perdue dans le phrasé des toits de Paris .. . ••

Du PAN à I'EUROPAN, une même génération de jeu­nes architectes s'est portée candidate, a conçu des projets, et l'on peut se poser la question : qu'y a-t-il de différent d'un concours à l'autre ? la dernière ses­sion du PAN avait fait pénétrer l'innovation dans l'es­pace du logement, prolongeant cette vocation désor­mais reconnue et avérée par J'usage : repérer et favoriser l'émergence de générations nouvelles d'ar­chitectes en leur donnant à la fois une tribune et une possibilité d'accès à la commande. Profitant de cette expérience, I'EUROPAN s'assigne de sortir des frontières. Il veut croître et multiplier. Il lui faudra mieux faire, aller plus loin ... Comment, pour­quoi ? la réponse est peut-être contenue dans le chan­gement du nom, dans le glissement du sens. l'espace s'élargit, incite les candidats à penser européen.

Une petite phrase musicale, qui ba­lise pourtant une trajectoire fort in­téressante par son pragmatisme et sa méfiance vis-à-vis des idéologies architecturales et des dogmatismes formels que le thème du logement porte toujours. En ne prenant du projet que les outils, et en définis­sant des programmes directement issus de l'observation des modes d'habiter l'urbain les plus réels, les plus contraignants parfois, les jeu-

nes architectes de I'EUROPAN ont peut-être trouvé la tribune où ils peuvent s 'affirmer comme généra­tion. C'est-à-dire formuler libre­ment des hypothèses, et choisir pour le projet, dans le projet, son territoire. Et il n'est ni celui du lo­gement socia] exemplaire de leurs aînés et de nos habitudes, ni celui du projet de quartier. Celui, peut­être , d'un nouveau citoyen eu­ropéen ?

NOMADISTANCES Qui dit «jeune urbanisé euro­

péen •• semble visiblement dire aussi nomade, si l'on scrute les pro­jets dans le détail. Nomade, dans toutes les acceptions du terme -géographique, familiale, sociale ... - ,l' habitant de nombreux projets ne fait que passer, quelques jours , quelques mois , quelques années peut-être, au fil de sa vie familiale ou professionnelle . La dernière ses­sion du PAN 14, quidemandaitaux candidats de réfléchir à l' influence des nouvelles configurations du groupe familial sur l'espace du lo­gement a peut-être prédéterminé en ce sens les questions des candi­dats, et il faudra observer les pro­jets rendus dans les autres pays pour savoir si l'errance est une réa­lité à ce point européenne.

A l'opposé, paradoxalement, des projets« à géométrie variable ••s' in­terrogent sur la formation-défor­mation de la cellule familiale et maintiennent l'errance de l'indi­vidu dans les frontières << adapta­bles •• du logement.

Il faut certes observer que le PAN 14 ou d'autres instances (par exemple les réalisations expéri­mentales et les recherches menées par le programme Conception et Usage de l'Habitat) avaient préparé le terrain. Décloisonnement parents-enfants, travail à la maison, espaces« mono-parentaux », coha­bitants ... , ces réalités avaient dés­tabilisé le concept de logement, et les jeunes architectes y avaient déjà

travaillé. Une belle brèche avait été creusée dans les certitudes norma­lisées de la cellule type. Elle n'était pas passée inaperçue. Considérer ces mutations -l'éclatement de la famille, de l'espacee! des usages de l'habiter - comme des points po­sitifs ne devait pas appeler une thé­rapeutique, mais déboucher sur de l' innovation. Il semble que l'EU­ROPAN ait libéré encore plus de possibles. Nous ne sommes en effet plus très loin, non seulement d'une vision positive, mais d'une célébra­tion du nomadisme, tout du moins d'une redistribution des confi­gurations territoriales et spatiales. Et cela, encore une fois, parce que c'est l'espace européen qui s'en­gouffre dans les programmes et porte les questions à une échelle nouvelle.

Nomadisme, de l'implantation , d'abord, une hypothèse qui croise celle du tissu hypermétropolitain dont nous parlions plus haut : les candidats constatent que le zoning ordinaire dysfonctionne dans les di­mensions nouvelles et moins ma­térielles du territoire européen. Ils rêvent... Avant , il y avait l'échelle parentale, 1' échelle familiale, le voi­sinage, le quartier. Et puis mainte­nant, voici les réseaux , voici la di­mension « câblée planétaire ••, telle que la nomme un candidat pour qui cette abcisse nouvelle semble de­voir être pensée en termes de mo­bilité. Dans ce paysage urbain pros­pectif, le vecteur privilégié de communication inter-métropo­litain , ce sera peut-être ... le loge­ment. C'est lui , donc , que l 'on dé­placera. Au bord d 'une voie rapide, accroché à une grue mobile , ou même dans un train habitat.

A l'Europe spatiale des villes se substitue, pour les candidats, une Europe sociale des individus. Beau-

coup de projets ont l'intelligence de vouloir gérer au mieux l'évolution d 'un espace - le logement -qui ne peut pas raisonnablement s' écla­ter en autant de cellules que d'in­dividus. Le développement des li­bertés, et donc des trajectoires, de ce singulier individu européen fait l'objet d'une tentative de gestion pragmatique : on règle le passage intérieur du lieu de vie au cabinet de travail, on étudie une connection entre lieux d'habitat et flux de transport . Mais on ne passe plus obligatoirement par le cadre d'une communauté reconstituée ou ex­pressément préservée, par la forme d'un îlot ou d 'un quartier. L'urbain, en tant que forme historique, ne fascine plus. Il ne répond plus aux attentes des nomadistes.

LES VIES MODES D'EMPLOI

Ces nomades, ces pionniers du mode de vie européen qui se pro­file dans les projets EURO PAN ne sont-ils pas les concepteurs eux­mêmes ? Ces anticipations sur la place - ou plutôt sur le déplace­ment - de l'espace de vie ne seraient-elles pas avant tout des projections de la propre mobilité à venir de cette génération ?

Comme le PAN le fit pour 1 'es­pace de vie de l'habitat social, l'EU-

ROP AN est en train de dégager une tribune européenne de vastes pro­portions, plus prospective, et les ar­chitectes qui s'y trouvent pour la première fois découvrent et s' éton­nent de ces mutations. Rien de sur­prenant à ce qu'ils ne les maîtrisent pas totalement, de manière réaliste. Et peut-être tant mieux ! Cette ses­sion est avant tout celle d'un cer­tain défrichement :la métropole, le nomadisme, le décloisonnement et les espaces transitoires de l'Europe sont avant tout des symptômes, des préalables au projet. C'est leur re­pérage qui a incombé à cette pre­mière européanisation de l'appel d ' idées.

Cette tâche n'était pas facile. Ils s'y sont appliqués. Cela expligue sans doute l'absence surprenante de dérapages vers l'utopie techni­ciste (on pouvait escompter plus de visions domotiques, plus de câbla­ges ... ). Défricher n'estpas rêver, ou peut-être les concurrents, soucieux de commande, ont-ils préféré déve­lopper la tendance au réalisme de la génération ? Il incombera en tout cas à l'EUROP AN 2 de capitaliser ce travail de débroussaillage à mains nues en proposant aux can­didats un programme plus resserré sur ces réalités du mode de vie eu­ropéen que cette première session a mis au jour.

Marie-Hélène CONTAL

RENCONTRE

Entretien avec Claude Zillich

C laude Zillich, architecte, membre du secrétariat allemand de I'EUROPAN, a pris part aux débats du jury de la session française comme observa­teur européen. Des 185 projets français, tout comme des actions qui ont accompagné la nais­

sance de I'EUROPAN - les journées de la jeune architec­ture à Berlin en octobre 1986, la séance de travail des secrétariats nationaux à Gratz en avril 1989 -, Claude Zillich retient surtout le point fort d'une rencontre sans précédent.

«Je n'avais que vaguement entendu parler du PAN, en Allemagne, reconnaît-il. Et j'avais du mal à comprendre comment un concours d'idées peut avoir une incidence concrète sur la production du logement. Comment est-il possible de passer d'un projet sans commande réelle, sur un site fictif, à une réalisation, ailleurs, autrement, tout en conservant les idées ... Mais cela, c'est l'expérience de votre PAN français ! Et j'ai constaté que I'EUROPAN a commencé par des rencontres qui se produisent trop rare­ment, entre maîtres d'ouvrage, décideurs politiques et architectes de plusieurs pays. Ils ont échangé leurs points de vue, ont débattu de manière active, conflictuelle par­fois. Mais qu'importe !

« L'Europe qu'on attend en 1992 existe bien plus comme cela que par n'importe quel décret ou déclaration politique :l'Europe, c'est avant tout l'échange des idées et des compétences. Et dans les résultats, je vois un peu la même chose. Les projets français me paraissent d'un niveau excellent. Chacun pris un par un, bien sûr, mais surtout quand on les regarde tous à la fois. Et j'attends encore plus de la confrontation de tous les résultats. Pour les jeunes architectes, et pour nous, c'est l'occasion de changer notre regard, et nos habitudes de penser et de produire. »

En Italie, au mois de septembre 1989 se rencontreront maîtres d'ouvrage et concepteurs ; à Paris au mois de décembre 1989 au Centre Pompidou, tous les lauréats d'Europe seront exposés. Verra-t-on là, comme l'attend Claude Zillich, les prémices d'une culture de l'habiter par­tagée par-delà les frontières ?

Termsse à Nant es N Garo , M Boixe!

S ignificatifs d l'air du temp . des mode ou des mythes qui sous-tendent la pensée archi­tecturale de la jeune généra· tion, quelques thème récur­

rents émergent du paysage offert par les réponses à l'Euro pan. C'est donc un regard panoramique que je propose de porter sur l'ensem· ble de la production, afin de met­tre en valeur quelques idées et quelques concepts caractéristiques de cette session.

MOBILITÉS EUROPÉENNES

Rares furent les réflexions appro­fondies sur l'évolution des modes de vie et de leur impact sur les for­mes du logement. « Fenêtre sur cour», de Minazzoli et Chauvin, et Je projet de l'équipe Bastié, Bru­guière, Fontaine et Vianne Lazare, tous deux mentionnés, sont des ex· ceptions qui se distinguent par la modestie, le réalisme et la perti­nence de leur approche concernant l'évolution concrète du logement et de ses groupements. Nombreux furent, au contraire, les projets pour lesquels l'homme, nouveau nomade, fut réduit à sa tendance à l'instabilité profesionnelle et fa­miliale ; les logements devant in­tégrer cette dimension. Plusieurs projets proposaient de disséminer sur le territoire européen des «noyaux durs • sur lesquels l'ha­bitant en déplacement viendrait greffer son« module individuel ». Cette métaphore de<< l'homme es­cargot » trouva ses meilleures in­terprétations dans les projets fer­roviaires, où l'élément mobile était le wagon, superpO'sé ou à guai d'un immeuble fixe. Plus subtile, plus crédible que les autres, intégrant d'autres problématiques,« Un lo­gement peut en cacher un autre ,, - de Cremonini, Lauvergeat, Moget et Gaubert - était le meil­leur projet de cette veine. Dans ce projet, quelques wagons symboles viennent se mêler à un habitat sé­dentaire implanté en frange ferro­viaire.

La métaphore du rail fut donc celle qui eut Je plus de succès (au détriment des<< mobil homes »trop américains et de l'avion inhabita-

EUR(DPAM

GÉOMÉTRIE VARIABLE

INNOVATIONS: TENDANCES 89

ble ?) pour symboliser la condition nouvelle de l'homme moderne :le déplacement.

UN LÉGER DÉCALAGE Sans doute induits par un effet

pervers de la demande d'innova­tion inhérente au concours, d'au­tres types de déplacements peu­vent être constatés. D'ordre lexicologique d'abord. De la même manière que, lors de la politique des modèles, dans les années 50, ~'innovation réelle sur le logement fut souvent remplacée par une pro· lifération de dénominations<< gra· luites et trompeuses >> pour les es­paces du logement (1), nombreux sont les projets présentés à l'EU­ROPAN qui ont fait appel à un foi­sonnement de termes, soit pour masquer certaines faiblesses, du projet, soit pour rehausser d'un vernis verbal une proposition peu innovante. Sans prétendre à l'ex­haustivité, on peut citer :le<< labo­ratoire domestique » pour la cui­sine, le << module privatif ,, ou <<composant fonctionnel mini· mum >>pour la chambre, la« zone ou le lieu social ,, pour le séjour, Je <<patio>> ou l'• espace de courtoi­sie »pour la courette intérieure, la « salle corporelle ,, pour la salle de bains .

Il est vrai que, dans ce dernier cas, la nouvelle appellation s'ac­compagnait souvent d'une réelle transformation de l'espace, puis­que, répondant en cela à certaines suggestions du texte de présenta· ti on rl~ 1' Europan .. la salle de hains est souvent devenue une grande pièce éclairée en façade. On peut néanmoins regretter que cette dis· position n'ait été plusieurs fois ac­compagnée d'un inquiétant renver· sement des valeurs, puisque cette valorisation du bain s'est parfois faite au détriment d'une autre pièce : la cuisine, une chambre, voire le séjour devenant aveugle à sa place!

Un autre aspect de l'écart entre discours et réalité du projet présent dans un certain nombre de dossiers est celui de l'utilisation erronée de concepts pour justifier des dispo· sitions du projet. La référence aux << quatre éléments » afin de resacra­liser le logement fut toujours pro­fondément décevante. Les formes arabes eurent du succès puisqu'on fit appel à l'iwan moyen-oriental pour requalifier une loggia ou jar­din d'hiver et à la médina pour il­lustrer un projet radical, et par ail­leurs fort bien présenté, où séjour et chambres de maisons en bandes étaient séparés par un espace ex­térieur, non couvert et semi-public.

DES VALEURS DE L'INNOVATION

On peut aussi observer que des valeurs d'innovation en rupture avec la réalité de la production semblent se dégager. Ainsi près de 40 o/o des logements présentés sont en duplex, et presque la moitié des immeubles sont desservis par des coursives extérieures (ce qui dé­montre que le mythe d'une convi­vialité des rencontres de palier est encore vivant).

A travers ces choix s'affirment les convictions (revendiquées ou

r-...... .. . 1

"

M

"

....... .. /

/

') /

Alphabet City L Mcrlini. Zurich

"

ENTRETIEN AVEC AURELIO GALFETTI

TERRITOIRES

A urelioGalfelli , 54 ans, archi· tectc suiss de réputation in· tcrnalionale, construit au­jourd'hui un immeuble de logements à Paris, dans le

douzième arrondissement. Il a construit de nombreux bâtiments dans le Tessin. Il est membre du jury de la Session France de l'EUROPAN.

«J'ai compris avec cet EURO­PAN que l'Europe se bâtit dans les congrès, dans les concours, dans les voyages ... Dans les rencontres et les échanges. En France, l'architecture est un domaine culturel actif, pré­sent, engagé. Les politiques de dé­veloppement des villes et celles de 1' Etat utilisent 1' architecture comme moyen de communication. Et les projets de I'EUROPAN, même si on ne les construit pas tels qu'ils sont, ne sont pas des projets de papier, ni des visions académi· gues de l'architecture. Ils sont vi· vants, ils sont situés, ils sont habi· tés, ils sont placés dans un temps qui avance.

« Ce qui m'a touché, personnel­lement, dans les projets retenus, c'est que la modernité apparaît comme un projet que l'on peut con­tinuer. Comme un élément de la culture architecturale, revisité , ac­tualisé, parfois même critiqué ou

dénié. Peut-être y suis-je sensible parce que j'ai moi-même ces racines-là ...

<< Mais quels sont, dans ces pro­jets, les éléments qui font bouger, qui transforment cette modernité une fois de plus ressuscitée ? Je dirai que c'est l'actuelle conscience, qui est parfois même l'angoisse, de la fragmentation grandissante de la ville, de la famille, des groupes de la société, de la coexistence de contraintes contradictoires. De la transformation profonde des terri· toires par les moyens de transport, par la mobilité. Tous les jeunes ar­chitectes de l'EURO PAN ont parlé de cela, de la diversité, de la com­plexité, de la transformation . Et ils 1' ont exprimé non pas avec des ima · ges pittoresques et vernaculaires, mais en choisissant cette particu­lière continuité moderne, non de fa­çade, mais de substance ...

« J'auraisaiméqu'ilssoientplus nombreux à voir de cette manière, mais à l'échelle de notre époque! En effet, je regrette que les projets se replient sur eux-mêmes et expri­ment une attention particulière à l' individu plus en tant que membre d'un groupe qu'en tant qu'occu· pant d'un territoire, dont eux­mêmes paraissent pressentir bouleversements. >>

sous-jacentes) que la qualité spa­tiale du logement (double hauteur, demi-niveau) est une composante essentielle de l'amélioration du lo· gement, et que la réponse à laques­tion des modes de vie nécessite une multiplicité d'accès que seule la coursive permet. Le projet<< Alter ego ,, de Musseau et Peltrault (lau­réat) en est l'exemple le plus abouti dans sa systématique.

Un autre« label innovation ,, ca· ractéristique de la fin des années 80 (qui domine désormais la cloi­son coulissante des décennies pré­cédentes) est celui de la concentra­tion des espaces humides en une bande étroite. Nouvelle version de la bande servante de Louis Kahn, elle revêt deux formes : la« bande active ,, en façade, issue des recher· ches d'Yves Lion et la bande cen· traie ou en pignon inspirée du << Né· nausus >> de Jean Nouvel. La question de l'apport qualitatif de cette disposition dans le logement présenté est rarement soulevé. Seul un projet à Poitiers, proposant une bande active éclairée par des bri­ques de verre sur une courette, était suffisamment cohérent pour avoir longtemps retenu l'attention du jury. Corrélativement à cette volonté de concentration fonction­nelle, on peut constater une ten· dance à l'hypertrophie et à la va· lorisation symbolique des réseaux qui ont été jusqu'à prendre la forme d'une gaine occupant un mur entier ou d'un plancher tech­nique sur tout ou partie du loge­ment. De telles dispositions prises

/

au nom de la mobilité du logement renouent (mais sans en reprendre la dimension participationniste) avec les projets des années 70 où les gaines étaient disposées de ma· ni ère systématique afin d'autoriser toutes les partitions du logement. La justification de plancher, mur ou gaines spéciales au nom de la té· lématique est significative de sa di­mension symbolique dans l'imagi­naire contemporain, puisqu'une simple prise ou une plinthe rem­place avantageusement tous les meubles, murs ou planchers proposés.

PARENTHÉSES LUDIQUES

Je terminerais ce rapide inven­taire critique en remarquant que l'unique projet lauréat à avoir fait l'unanimité du jury est le seul à s'être posé la question du plaisir et du fantasme de l'habiter. Cette « parenthèse »de l'équipe Rannou et Devin tranche par son humour sur l'univers de cette session plus riche en réflexions sur la nécessaire mobilité des « yuppies » informa· tisés, qu'en propos ludiques ou poétiques sur le logement. Opti­miste malgré ses surfaces réduites, le logement minimal de ce projet est destiné à la réalisation d'un fan­tasme unique. Il était proche en cela d'un autre projet, trop ségré­gationniste et monomaniaque pour être primé, mais qui suscita de nombreux commentaires : celui d'un immeuble sans escalier ni as­censeur, réservé aux alpinistes che· vronnés, dont toutes les façades, sur rue comme sur cour, sont pen­sées en termes de prisès, de mous­quetons, de cheminées et de rappel.

Une des leçons à tirer du travail et des choix du jury est sans doute que, pour l'emporter, un projet doit avant tout posséder une profonde cohérence interne et éviter tout écart entre discours et projet et entre qualité graphique et profon­deur de réflexion.

Philippe DEHAN

1. Voir l'étude d'Alexander, Boulet, Choay et Gresset, « Logement social et modélisation», Paris, Ardu, 1979.

Unir( d'habitation tommt' soiUiion

Araujo ft S~co, Ill Cil t l(lfl IH":s

VOUS AVIEZ DIT EN VILLE? ~

Le PAN, progressivement, session après session était devenu un concours de formes urbaines :

u Comment faire la ville avec la cellule ? " Aujourd'hui, avec I'EUROPAN, et ce depuis le

PAN 14, les préoccupations sont revenues vers l'intérieur du logement, interrogeant sur ses

pratiques, ses habitants et ses modes de vie. Et pourtant ... c'est aussi la ville qui change de visage.

Urbain, à Saint-Chamond l' Diaz, F le Bail

D 'UN PAN à l'autre, une préoccupation chasse l'autre sans que ne soit considérée une contituité, une complémentarité. Ré­

fléchir sur le logement,. et celui­ci devient une abstraction, un élé­ment hors contexte, non situé. Exit la ville et ses contraintes. Exit un possible projet urbain et la notion de durée. Exit le rapport entre ville et logement.

A l'évidence, la forme urbaine n'était pas le problème essentiel pour les auteurs de cette session dei'EUROPAN. A peu d'exceptions près, que le projet soit situé ou non, en site ur­bain ou péri-urbain ou à la campa­gne, la tendance générale des pro­positions est à l'exceptionnel, avec une sorte de volonté d'affirmer une identité à travers la production d'objets « idéels >>.

La période du discours sur la mo­destie de l'architecte et l'obliga­toire consensus urbain de la pro­duction architecturale dans la ville semblent bien révolus. La volonté des jeunes architectes, à travers les propositions de ce dernier PAN, semble plutôt être d'intervenir sur des sites libres de toutes contrain­tes. A ce titre, les projets sont, le plus souvent des « objets >> plus ou moins subtils, qui gèrent quel­ques préoccupations, mais qui évi­tent de se confronter à un quelcon­que existant, ce dernier n'étant que peu ou pas décrit.

Même en milieu urbain, la notion de rue ou d'îlot n'est pas évoqué, l'immeuble devenant lui-même un être « urbain >>, donc capable de résoudre toutes les hiérarchies.

LE CHOIX DES TERRAINS

Comme le rappelait Pierre Gan­gnet:" Etrearchitecte, c'est aussi être capable de choisir son ter­rain. "Dans cette session de I'EU­ROPAN, la définition du territoire du logement semblait aussi impor­tante que la préoccupation sur le logement lui-même.

De ce désir d'autonomie urbaine et de production ponctuelle ou ex­ceptionnelle de la majorité des can­didats découle le plus souvent un choix de terrains plus appropriés à une mise en scène de l'architec­ture qu'au développement d'une véritable problématique

Sans vouloir faire absolument une classification des différentes propositions de cette session, on peut aisément à travers 1 'ensemble des dix projets distingués mis en regard de leurs immédiats concur­rents, déterminer trois regrou­pements : • l'intervention sur ou avec

l'existant • les mises en situation • les projets manifestes

L'INTERVENTION SUR OU AVEC

L'EXISTANT Paradoxalement, face à cette

volonté collective des candidats de I'EUROPAN de se démarquer, trois des cinq projets lauréats sont des interventions relativement modes­tes et qui se confrontent à l'existant.

Tout d'abord, le projet Parenthè­ses, de l'équipe Isabelle Devin et Catherine Rannou (lauréat), au contraire de toutes les proposi­tions de I'EUROPAN, prend la ville pour support et n'existe que par elle. Situé sur une parcelle étroite de 3, 5 m, ce projet d'immeuble de treize logements-minimum est sans doute le plus urbain de tous, car il consomme la ville hors les murs de l'habiter, il utilise ses ser­vices comme compléments du lo­gement :cinéma, restaurant, bar ...

Un autre projet également situé sur une parcelle entre mitoyens, Alter Ego, projet de l'équipe Jean Musseau et Thierry Peltrault (lau­réat), répond de façon tout à fait modeste à une situation urbaine particulière, par une volumétrie simple sans aucune analogie for­melle et en s'inscrivant de façon évidente à l'angle de deux rues, bien en continuité du PAN 14.

Enfin, le p~ojet de l'équipe Hé­lène Mouhot et Philippe Primard (lauréat) réhabilite une barre au Havre. L'adjonction de modules greffés transforme les logements tout en conservant l'identité de la barre, archétype moderne.

LES MISES EN SITUATION

Si les trois projets précédents faisaient exception, au contraire, les projets de cette deuxième ca-

(Suzt" pr~~c Il)

(./) 1--­<( 1 1 1

~

=> <(

1

EURG)PAM

Jean-Patrice Calori 30 ans

DOUBLE MIXTE

109, Les Hauts-de-Monaco 06630 La Turbie (France}

Isabelle Devin 27 ans

Catherine Rannou zs ans

PARENTHÈSES 13, rue du Général-Bertrand 75007 Paris {France}

Hélène Mouhot 30 ans

Philippe Primard 33 ans

UNE RÉHABILITATION MODULÉE

1 15, élVenue Philippe-Augusle 75011 Paris (France}

Dominique Maret 38 ans

DOUBLE VIE

40, rLJc de la Marne 62230 Oulreau {France}

Jean Musseau 33 ans

Thierry Peltraut 32 ans

ALTER EGO

16, rue de Naples 75008 Paris {France)

Qui sont les lauréats et les mentionnés de la session France de I'EUROPAN?

J.-F. Pousse, journaliste à la revue Techniques et

Architecture, profile le dessin d'une génération

d'architectes: la trentaine en moyenne, le plus jeune a vingt-cinq ans, masculin-

féminin, amoureux de l'écologie, ou bien

défenseurs de l'industrialisation, curieux

d'art, de société, de culture, réalistes et passionnés,

pour certains à peine diplômés, mais professionnels

déjà. Une équipe est espagnole, une autre a obtenu

son diplôme à Tournai, en Belgique. Des itinéraires

à suivre ...

II y a deux ans, à tout juste 28 ans, Jean-Patrice Calori s'installe à Grasse et crée, avec deux architectes MEC, une structure spécialisée, dans la programmation et l'urba­nisme. Diplômé en 1985 de l'Ecole d' Architec­ture de Paris-Conflans, il est commissaire de l'ex­position Henri Sauvage réalisée au sein de l'UP 4 et travaille aussi à celle d'Adolf Loos à l'Institut Français d'Architecture. Puis il participe à plusieurs concours, en particu­lier à celui du réaménagement des berges de la lagune d'Abidjan, avec l'agence lauréate Exté­rieur A. Puis encore à celui lancé par l'Assistance Publique pour la création de Lieux de fin de vie. Avec l'agence Jean-Louis Rechman, il travaille sur quarante logements au Cap d'Ail, puis réa­ménage un cabinet cardiologique à Nice en 1988. Architecte, Jean-Patrice Calori est aussi peintre.

Il leur faut aller aux Etats-Unis pour se rencontrer. Isabelle Devin et Catherine Rannou suivent alors au High Institute of Technology d'Atlanta le cours d'urbanisme du séminaire de John Hejduk. Puis elles rentrent en France. Et se retrouvent dans l'agence de Francis Soler où elles travaillent l'une depuis 1987, l'autre depuis 1988. Entre-temps, chacune a obtenu son diplôme. Ca­therine Rannou, qui a suivi les cours de Roland Schweitzer et de Francis Soler, passe le sien avec pour directeur Robert Prost, à l'Ecole d' Archi­tecture de Paris-Tolbiac, en 1988. Sujet :un jar­din climatique dans le parc de Bernard Tschumi. Isabelle Devin, pour sa part, le soutient à l'Ecole d'Architecture de Grenoble avec Henri Bon­temto comme directeur d'études, en 1986. La Ca Mosto, un palais vénitien du Xlii' siècle qu'elle projette de transformer en habitation puis galerie commerciale en est le sujet. L'oc­casion d'un séjour de sept mois au bord de la la­gune, grâce à l'obtention d'une bourse du gou­vernement italien. Réunies chez Francis Soler, l'une et l'autre par­ticipent aux concours auxquels répond l'agence, en particulier celui de France-Japon. Des expé­riences partagées qui les conduisent naturelle­ment à l'EUROPAN.

L'un et l'autre se sont connus à l'UP 3 de Versailles, où ils passent chacun leur diplôme. Héléne Mouhot et Philippe Primard participent, en 1980, au sein de l'UP 3, à un con­cours organisé par le CAUE des Yvelines, pour concevoir une école maternelle à Bennecourt. Sélectionné, le projet est finalement rejeté par le maire. Mais l'un et l'autre vont alors travail­ler souvent de concert. En 1982, ils son !lauréats des Albums de la Jeune Architecture. Et publiés l'année suivante. Philippe Primard, qui a suivi les cours d'Henri Gaudin et Olivier Girard, travaille alors chez Christian Hauvette, Georges Maurios et Chris­tian Labbé, puis devient architecte contractuel de l'opération Ville Haute au Havre, puis gagne

au sein de l'agence Bellefontaine, dans la même ville, un concours pour la création d'un lycée de mille élèves. Hélène Mouhot, diplômée dès novembre 1985, avec un projet de logements à Bagnolet présenté sous la direction d'Olivier Girard, travaille d'abord au Cabinet Soors, puis avec Benoît Ju­lien, mais aussi chez Audren-Schlumberger, avant d'entrer chez Enfi-Design. Avec Philippe Primard et Donatis-Dubord, ils gagnent, en 1986, un concours pour une maison de retraite à Pantin, aujourd'hui en cours de réalisation.

Dominique Maret, concourant seule à l'EUROPAN, vient de fonder l'agence Dédale, avec Pierre Gilbert et Drice Boufoud. Diplômée de l'Ecole Spéciale d'Architecture de Tournai en 1979, architecte DESL, sous la direction du pro­fesseur Dubuisson, elle suit aussi les cours de Françoise Choa y à Paris VIII, puis ceux du Cen­tre d'Etudes et de Conservation du Patrimoine architeetural et urbain, à Louvain. Elle participe ensuite à de nombreux concours et projets, soit architecturaux, soit urbains, au sein de plusieurs agences :avec celle de Pierre Carrier et Pierre-Gilbert Accarain, à celui de l'Opéra-Bastille, puis pour Outil Concept, à celui d'un village de vacances à Akaba. A la suite de ses études sur la préservation du patrimoine, elle réalise une recherche sur les fortifications du XIX' siècle en Belgique, puis un plan d'action pour le patrimoine architectural de Saint-Louis du Sénégal.

Dépassant à peine la soixantaine à eux deux, Jean Musseau et Thierry Peltrault sont architectes depuis déjà quelques années. Après avoir suivi les cours de Gérard Clade!, à l'UP 3 de Versailles, Jean Musseau présente son di­plôme en 1986, avec pour sujet un ensemble de logements associé à un centre culturel et une salle de spectacles. De son côté, Thierry Peltraut obtient le sien à l'Ecole d'Architecture de Toulouse, en 1984. Pa­rallèlement à ce cursus, il s'intéresse aussi au mobilier. Tant et si bien qu'une partie de ses créations est aujourd'hui en vente chez Avant­Scène, à Paris. C'est d'ailleurs sur le projet en cours d'une usine pour le menuisier fabricant des meubles Clau­del, à Noyon, qu'il s'associe avel9 Jean Musseau, avant de participer ensemble à l'EUROPAN.

ITINÉRAIRE EN DIX ÉTAPES À TRAVERS LA SÉLECTION EUROPAN FRANCE 1989 ~

LES PROJETS LAURÉATS ET MENTIONNÉS Je, tu, il, nous, vous, elles et eux. Vue par les concurrents français de I'EUROPAN, l'architecture du logement est un sujet aux nombreux verbes :

isoler, regrouper, singulariser, multiplier, voyager, demeurer. C'est un objet qui s'allie de nombreux compléments : une pièce de plus, ou de moins, une terrasse ou un huis clos. C'est l'adverbe de multiples lieux, par la porte ou la fenêtre, sur le canal, nulle part, ailleurs ou peut-être partout.

Lauréats et mentionnés, les jeunes architectes de I'EUROPAN conjuguent le temps de l'habiter, aujourd'hui et un peu plus tard.

LAURËAT

DOUBLE VIE A LILLE Donlinique Maret logements, du studio au 4 pièces ; bureaux et équipements. Près de la future gare TGV, lille.

* Habiter et travailler en parallèle : près de la future gare du TG V, des logements et des bureaux se coniuguent.

SUR UN SITE en devenir, probable cen­tre international d'affaires, une implanta­tion de doubles barres où, sur des rues in­térieures , se conjuguent bureaux et logements. L'emprise territoriale s'affirme architecturalement et géométriquement sur le site . L'intérieur propose des élé­ments d'appropriation sensorielle - trai­tement des façades internes de la rue, rôle de la lumière dans le logement, double vo­lume, espaces dissociés pour chaque ac­tivité. Cette notion de confort est complé­tée par une offre en technologies -, câblage, télétravail, mur équipé. Une réponse prospective au profil de vie d 'une population ciblée : des jeunes ca ­dres européens, mobiles, soucieux d'effi ­cacité, d'intimité et de qualité de vie quo­tidienne. On devine dans ce scénario de l'autarcie famille/travail l'émergence dis­crète de l ' intraduisible tentation du cocooning. •

<1

-

REZ DE CHAUSSE* <l

.... ., . r~ A ...,. .. ......., · ·· ·~ .

... .. J ~.._,t'

.'"\ ,1(1· :· • ~ .. · •, ..

~ 1

ALTER EGO C i-um1n· : taçade su r rue c l silo Ùl' st:rvicc Ci -ck ssou s : la lrame

t ' l St'S m u h iplt·s , ~~ <heu u n son acd:s

N

LAURËAT

ALTER EGO Jean M u sseau T h ierry Peltraul t 42 appartements, ateliers, services. Rue Castagnory, Paris 15•.

* Un grand studio avec son entrée privée, trame multipliée par 2, 3, 4 ou 5, pour adopter le logement à l'intimité de l'individu et à la convivialité du groupe.

L'ÉGOCENTRISME familial fait place à l'éclatement, à la polycentralité du groupe.

l Ego et alter ego, l'individu et la tribu mu­tante de cette fin de siècle ... Grands­enfants, grands-parents, mobilité, cohabi­tation, divorce, temps et contretemps re­structurent le mode d'habiter. En 2, 3, 4 ou 5 pièces, le logement est tou­jours constitué par la multiplication d'une trame de base de 45 m 2

, traversante et jouissant, c'est là l'essentiel, d'une entrée autonome. Chaque trame comprend , de part et d'autre d'un plot-servant (réseau , salle de bains, équipement cuisine ... ), un espace privatif et un espace collectif modulables . La distribution se fait par coursive. L'en ­semble habité est complété par un '' silo >>

regroupant des services et des activités ouvertes à tous. Une lecture du mode de vie à entrées multiples. •

DOUB LE VIE C i-contre : le

logc.:mc m en duplex C i-dessous : pri ncipe

de dévdo ppcmc nl d'un tomplcxc urbain bureaux + logement s

i!:::..:;,====~e.L.l.....:.......!.......l _ _ _____ _ _ ________ __________ ~~·~· ~= ~~soo~EB__J BUREAUX ET LOOEMENfS • • •

/

LAURÉAT

UNE RÉHABILITATION MODULÉE Hélène Mouhot Philippe Primard Réhabili tation d 'u ne borre dons le grand ensemble de Frileuse-Aplemont, Le Havre .

* Un module duplex en fa çade pour vivre en volume dans un grand ensemble.

UN GRAND ENSEMBLE revisité en pro­fond eur. La réhabilitation de cette barre des années 60, longue de 170 m, accepte la typologie d'implantation linéaire. Mais elle propose un mode de partition plus complexe : un module en duplex est ajouté à la façade , les appartements peuvent fonctionner sur deux niveaux, offrant une grande richesse d ' appropriation des volu­mes . Deux cages d'escalier communes sur trois sont supprimées, espace affecté à des perméabilités de niveau à niveau dans chaque appartement duplex . L'accès se fait par des coursives extérieures créées un niveau sur deux . La répétitivité de la « cellule >> 3 pièces , le systématisme de son empilement par « cages >>d'escalier, sont rompus au profit de la diversité des logements (2, 3 et 4 pièces) et surtout de la vision en volume . •

EUR0PAM

l)OlJRLI . MIXT" :a•d ~U> JuuiJie pru~ammt". un

"'luthn·hurt:•lU N un lrn.:.t·nu•m . t ·•·t.umrc

ra~-.H fl• "!Ur V(\1

rnJ•~rll'

LAURÉAT

DOUBLE MIXTE Jean-Patrice Calori 6 logements 2/3 pièces de 67 m2 ,

6 studios bureaux de 25 m2 . Le long d'une voie rapide, Nice.

* Des logements côté cour, des bureaux côté autos . A la complexité structurelle de la ville répond la programmation « mixte » de ce petit immeuble.

UNE VOLONTÉ de s'inscrire dans un en­vironnement complexe de ville dense, une remise en cause de la dissociation habitat/ travail. Dans un petit immeuble riverain d'une voie rapide se groupent 61ogements et 6 bureaux. Le programme est restreint, certes, mais il est posé et traité avec une volonté de complexité, de densité. Les bureaux sont semi-autonomes par rap­port aux logements, et décalés d'un demi­niveau. Avec leur cuisine et leur salle de bains, ils sont habitables. Ils constituent un bloc isolé et isolant le long de la voie rapide . Les logements se distribuent au ­tour d 'un patio de 6 m de côté, et ouvrent sur un jardin en fond de parcelle. Ils com­portent des espaces d'intimité, chambre et salle de bains côté jardin, et, côté patio, un séjour qui peut être élargi d'une alcôve, chambre provisoire. •

ZAPPER

' '· . ·

. . -0

rit ~

ETAGE COURANr

PARENTH ÈSES L'ic.J~t' d e frag mcniCr lc.·s plaisirs de l'habiter Ci-dessous le bât imenl sc glisse dans la ville d~n sl'

r

OORMfR

RI~ HAilii.JTAT ION \IIODU L Ü :

L a (OLIJ SÏ\ t.' ck:-.sc11

des logrn11.: rH s auxq uels u n mod uk

dupi<.'X c rt fi.tçadc donne <lu \'Olumc

HODULE GREFFE

2 Pièces +Modul e duplex .

... ~ flfllll\.-rrt~\ , .. ,, •• J

..t,...r • ... caw-IU•• •

• • • s •"-l-1-.... ,JIItl ..... l ,_, ...... ,~.,f'

! liHr.WO "' l~t11f"'111t~t

"RAVAILLER

'' SE LAVER TOII~t

LAURÉAT

PARENTHÈSE Isabelle Devin Catherine Rannou l 2 logements de 16 m2 sur une parcelle de 3,50 m de large en ville, à Paris .

* Scénario extrême pour parcelle minimum : 12 « chambres en ville »

sur un terrain de 3,50 m de large.

ENTRE PARENTHÈSES, entre mitoyens, entre autres, entre nous ... Exactement situé entre réalisme et symbolisme, ce pro­jet minuscule est un grand geste : sur une étroite parcelle- 3,50 rn de large, 45 m 2

de surface - un pylône de 4 poteaux mé­talliques supporte 1 2 studios de 1 6 m 2 . A raison de 2 par étage, ces << chambres en ville >> sont desservies par un ascenseur central et un escalier métallique. Surface minimum. En fait, il ne s'agit pas vraiment de studios mais d'espaces de vie, eux aussi, entre parenthèses. Dés lieux de pas­sage, des points de fixation . Avec la collaboration d'un romancier, les architectes ont pris plaisir à simuler des fragments de vie dans chacun d'entre eux, et à en esquisser l'aménagement. Manger, travailler, dormir, se laver, se parer, zap­per ... chacun exacerbe une, et une seule, des fonctions vitales de l'habiter. Cette quête emblématique d'un maximum pos­sible sur une parcelle minimum banale est un hommage à la ville et à la vie . •

EUR0PAM

MENTIONNÉ

FENÊTRE SUR COUR Christophe Chauvin Isabelle Mina.z.zoli 43 logements du 5 pièces au studio, garderie, commerces. Ville nouvelle de Morne-la-Vallée.

* De l'intime au convivial, de la solitude à lo petite foule. Une volonté de réponse exhaustive à un large éventail de configurations familiales.

DES APPARTEMENTS pour grandes et petites familles, pour couples ou célibatai­res, pour cohabitants ... voici un des a priori programmatiques de cet immeuble de 43 logements qui s'attache à réconcilier indi­vidualisme et convivialité. La question du logement est traquée dans des plans mi­nutieusement diversifiés qui fonctionnent selon le principe de gradation et de mor­cellement de l'espace , du collectif au groupe familial, à l'individu . Un catalogue de solutions est proposé : grandes cham­bres de 16 m 2

, divisibles jour/nuit, salle de bains prolongée en façade par une zone corporelle, séjour de 14 m 2

, agrandi par un coin repas et une serre familiale, cuisine dédoublée, d'une part fermée, de l'autre ouverte sur le séjour, entrée-bibliothèque équipée d'un bloc câblé, coursives, cour. La construction utilise des éléments de second-œuvre et de façade métalliques industrialisés. •

·: .. ·· • • j 9 : • ••• • •

MENTIONNÉ

LE LOGEMENT, UN ESPACE D'ESPRIT Arauio Arn1ero Ra ~non Seco Fernande.z Enrique (Espagne}

Unité d'habitation pour l 500 personnes. 60 000 m2 . 288 duplex de 90 m2 pour 2 à 6 personnes . Commerces, sports, culture. Lieu : partout ...

* Le Corbusier est ressuscité et la Cité radieuse revisitée . Le singulier Plan Idéal est multiplié par 300.

DANS UN'' A la manière de .. . >>dont Le Corbusier est l'unique inspiration, voici un étendard arborant les grands thèmes mo­dernes : le modèle reproductible, l'indus­trialisation de masse, la quête de stan­dards universels pour un homme universel. Ce gratte-ciel pour 1 500 habitants est un sous-multiple de ville. Dans le socle,

FENÊTRE SUR COUR L'immeuble,

conjugaison de logement s , loggias, tc:rrases , passages

4 niveaux de parking, un hall monumen­tal, un centre commercial. Puis 12 niveaux de « maisons-duplex >> avec loggia desser­vies par 6 niveaux de coursives extérieu­res. Enfin, aux 4 derniers niveaux culmi­nant à 140 rn, piscine, crèche, squash, auditorium. Soleil, hygiène, raison. Les du­plex ont tous le même plan, avec une va-

UN ESPACE D'ESPRIT

Le Corbu sier revisité et industrialisé

riante d'accès haut ou bas. Cuisine et salle de bains sont des blocs-standard. Les cloi­sons mobiles divisent l'espace pour mul ­tiplier les occupants. La méga-structure métallique porte les blocs-maison eux­mêmes accueillant les blocs-équipement. Tours et détours de la culture architecturale... •

MENTIONNÉ

PIÈCE RURALE A L'OUEST EUROPÉEN G rég oire Bignier Nicolas Desnaaz ières Anouk Legen dre 90 logements de 3, 4 et 5 pièces.

* En Bretagne, Cornouailles ou Devonshire, un carré décisif à atterri pour lutter contre le grignotage pavillonnaire.

ÉTONNANTE propos1t10n ruralo­moderniste, présentée comme une alter­native au mitage du paysage de l'Ouest européen par la prolifération pavillonnaire. En un carré de 80 m de côté, autour d'une cour intérieure qu'un portique ouvre large­ment sur la campagne, 88 logements voi-

MENTIONNÉ

UN LOGEMENT PEUT EN CACHER UN AUTRE Pietro Crenao n ini Anne G aub ert Catherine La uverg e a t Pierre- Francois M oget · Résidence sédentai res nomades. 28 logements par immeuble, accuei l de w agons aménagés, gare des Batignolles, Paris.

* Sur les voies européennes, un wagon habité fait halte, quelque temps, quelques mois . Séden taires e t nomades mêlent le urs itinéraires .

PROJET, manifeste bien sûr, d'une hypothétique " Trans Europe Société >> , mais traité avec virtuosité et cohérence . Un immeuble sur pilotis situé dans une zone ferroviaire accueille en son rez-de­chaussée des wagons habitables . Elé­gance de la silhouette, un double plot ur­bain. Recherche sur l'espace habitable, tant dans la résidence pour durée longue ou moyenne que dans les wagons . Un dis­positif de parois coulissantes permet de faire varier les pratiques de l'habiter, de l'intimité à la sociabilité de groupe. Un pro­jet qui gère avec brio des stratégies socio­spaciales diversifiées et élargit les symbo­liques de l 'usage au thème du voyage, de la mobilité des Européens de demain. D 'une nouvelle géographie de l'habité. •

EUR€)PAM

G ENER A LE Une hasli<k

IIIO(krniste <k 90 m

<k <.Üt(, olt l'on \'il

dan:-; un plan breton , le truste!.

sinent sur 3 niveaux . Chaque logement, sur un seul niveau , reprend en plus ou moins grand le modèle traditionnel du << truste! breton » - un grand espace mo­dula ble adossé à des alvéoles. Vers l'ex­térieur, une loggia ou un jardin privatif. Une volonté de formes simples, une écri­ture moderniste font de cet artéfact idéa­lement atterri dans un territoire vierge , un surprenant croisement du régionalisme et de la modernité, une mise au carré de l'ha­bitat intermédiaire. •

MENTIONNÉ

PLAN CONCERTÉ

Vincent Bastié Aude Bruguière Hubert Fontaine 48 logements dont 24 à niveaux décalés et 12 à surface et usage variables dans le temps. Pantin.

PLAN CONCERTÉ Utw dt·s lonjugaisons possibles dt• ll: plan sou pk , <.:n su rfa< t: t·t

en \'olumc

* Des niveaux décalés en bas ou en haut, une pièce de moins, un volume de plus, pour que les groupes familia ux évoluent dans le temps.

LE LONG du canal de l'Ourcq à Pantin, une variation élégante et intimiste de l'im­meuble villa, en ville. Cet immeuble bas, à redans, est aéré de terrasses privatives et collectives qui donnent accès à 2 ou 3 logements . On y découvre un travail sur le plan ou plutôt sur le volume habitable,

sur les niveaux décalés, qui permet de qua­lifier et de modifier les espaces de vie. 24 volumes << capables >> de 77 m 2 vien­nent agrandir 24 autres logements de base . Ainsi le logement évolue avec la fa­mille au fil du temps. Ou bien au fil de la mutation des goûts : la cuisine se scinde en deux, ouvre sur le séjour pour restau­ration rapide et micro-onde, se replie pour la confection des saveurs odorantes, la salle de bains prolonge la pièce principale, un volume-logement autonome peut être adjoint ou séparé . •

UX I.(X;J::-. I L:\ '1 I'El' l 1::-.

1 M ' IIŒ.l ' ;\L'TRI.

r : un.l~'111 o lll1' ll .ut:'\•

Eur•t~" """ ,,~ ~~ · m· lollh\• P•l "'

l 'mml{lllollhm .. ur

h ''JI•n'• ht~blt .thl\

Enrique Seco Fernandez comme Ramon Arauio Armero sont diplômés de la Escuela tecnica superior de Arquitectura de Madrid. Le premier en 1982, le second, plus tôt encore, en 1980. Depuis, l'un et l'autre ensei· gnent la construction à l'Université de Madrid. D'ailleurs, la plupart de leurs projets et réalisa­tions concernent des maisons et des espaces pu­blies pour lesquels ils développent une réflexion sur des sytèmes constructifs, ou des modules réi­térables. Ainsi, en 1987, ont-ils réalisé dans cette optique un équipement public, à Fuencarral, dans la banlieue madrilène. En 1986 paraît en espagnol leur premier livre, édité par l'Université de Madrid, La Maison en série. Enfin, cette année, en collaboration avec le Conseil supérieur scientifique d'investigation, ils viennent de publier un deuxième ouvrage sur L'Industrie et l'architecture.

L'architecture et la passion du First Class, un bateau de régates, les a réunis. Seuls ou à deux, mais jamais à trois avant l'EUROPAN, ils ont suivi leurs voies, parfois parallèles. Aude Bruguière et Vincent Bastie se sont connusàl'UP 1 de Paris-Villemin. C'est là qu'ils obtiennent ensemble leur diplôme, en 1986, en concevant un lycée d'enseignement professionnel d'art, à Paris. L'année suivante, 11s se manent. Auparavant, Aude l::lrugmère a fait l'école des Beaux-Arts de Paris, section des­sin, puis un Institut d'Etudes théâtrales à Paris III-la Sorbonne. Comme étudiante, elle travaille aussi pour les agences de Rémi Butler et de ses professeurs Valentin Fabre et Jean Perrottet. Pour sa part, Vincent Bastie entre chez Nicole et Michel Autheman dès 1982 et y reste jusqu'en 1988. Réunis, l'un et l'autre réalisent plusieurs réamé­nagements et extensions de maisons particuliè­res, celle d'Erik Orsenna, le dernier prix Gon­court, à Jouy-en-Josas, par exemple, ou encore celle de Jérôme Clément, à Clamart. De son côté, Hubert Fontaine, diplômé en 1985 à l'UP 2 de Paris-Nanterre, entre en 1984 dans l'agence Graal, spécialisée dans la concep­tion de voiliers, puis, en 1987, dans l'agence Rémi Butler avec lequel il participe au concours gagné du Lycée des Biotechnologies du Futur à Nancy. En association avec l'agence A+D, il conçoit actuellement une école de dix-huit clas­ses et un centre de loisirs à Cergy-Pontoise. Entre-temps, il a travaillé chez Autheman, comme Vincent Bastie. La passion des régates aidant, les trois architectes se retrouvent alors et concourent ensemble pour l'EUROPAN.

.1

Actuellement chacun d'entre eux soit a une activité chez un architecte. soit parachève des études. Nicolas Desmazières fait partie de l'agence d'H. Gaudin et Anouk Legendre de celle de Céria et Coupe!, dans le même temps, elle prépare un CEA sur l'architecture du pay­sage. Quant à Grègoire Bignier, il achève un mastère d'Ingénierie du bâtiment à l'Ecole des Ponts-et-Chaussées. Récemment diplômés de l'Ecole d'Architecture de Paris-La Villette, respectivement en 1987 et 1988, Nicolas Desmazières, Anouk Legendre et Grégoire Bignier, diplômé en 1987 de l'Ecole de Paris-Belleville, se sont réunis pour des sympa­thies et des choix communs : un même intérêt pour le logement dans son environnement spé­cifique et puis aussi l'écologie.

1

Isabelle Minazzoli et Christophe Chauvin se rencontrent à l' UP 7 et s'inscrivent ensuite chacun de son côté, l'une à l'Ecole d'Ar­chitecture de Paris-Belleville, où elle aura Henri Ciriani comme professeur durant ses trois der­nières années d'étude, l'autre àl'UP 1, où il suit l'enseignement d' Aymeric Zubléna, puis passe son diplôme avec Denis Valade comme direc­teur d'études. Après l'Ecole d'Architecture, Isabelle Minazzoli projette et réalise plusieurs aménagements de maisons individuelles :ainsi en 1986, une villa de vacances pour des amis en Crète, près de Cha­nia, l'année suivante, deux rénovations d' appar­tement, à Paris, et en 1988, la recomposition d'une grange de 300m2 en Vendée. Par ailleurs, par goût, elle exécute, à la demande, des travaux de perspective. Cette année, un urbaniste, Jean­François Revert, vient de lui confier un projet de logements et de bureaux (1 700m2) à Sucy­en-Brie. De son côté, Christophe Chauvin travaille très tôt, dès 1983etjusqu'en 1988, sous la direction de Denis Laming, sur les premiers projets du Fu­turoscope de Poitiers. Entre-temps, il participe à des concours comme celui de Murale, pour la réhabilitation de trois prisons à Florence. Actuellement, il suit une formation de concep­tion assistée par ordinateur.

Le concours de l'EUROPAN représente pour Catherine Lauver,eat. Anne Gaubert, Pierre•Fran,ols Moget cl Pietro Cremonini, l'occasion de sc réuni r entre connaissances de longue date. En fait, cha­cun de son côté a rencontré l'un ou l'autre, mais ils se retrouvent ensemble pour la première fois. Anne Gaubert et Pierre-François Moget se connaissent à l'UP 1 de Paris-Villemin puis, leurs diplômes obtenus respectivement en 1988 et 1985, ils participent à plusieurs concours, en particulier une salle des fêtes à Chatou, près de Paris. De leur côté, Catherine Lauvergeat et Pietro Cre­monini se rencontrent au sein de l'agence Jean­Pierre Buffi et participent au concours lancé pour la conception de logements Porte de La Vil­lette. Puis François Moget et Pietro Cremonini se réunissent pour présenter leP AN Bureau, en 1987. Les uns et les autres ont participé à divers pro­jets et travaillé dans plusieurs agences. François Moget à l' AUA, mais aussi chez Bertrand Bon­nier et Francis Soler, avant d'être lauréat, avec Georges Loiseau, de la Ville de Créteil et de concevoir 119logements PLA. Anne Gaubert, de son côté, après son diplôme centré sur un pro­jet de maison individuelle pour personnes âgées, sous la direction de Jacques Boulet, entreprend une recherche sur les maisons à patio, exposée par le CAUE des Pyrénées-Orientales, à Perpi­gnan. Pietro Cremonini, pour sa part, après des études dirigées par Anselmo Anselmi, Paul Vi­rilio et Philippe Dubois, devient chargé de pro­jet dans l'agence de ce dernier. Après avoir œuvré sur la réhabilitation et la conception de plusieurs musées, comme celui des Beaux-Arts à Caen et le musée Calvel en Avignon, il réalise, avec François Pin et Jean-Claude Pouyet, le siège social de Christian Dior, à Paris. Catherine Lauvergeat, enfin, primée au PAN 14 et lauréate des Albums de la Jeune Architecture avec Thierry Nabères, réalise une maison de ville à Suresnes et un restaurant avec Isabelle Poulain, baptisé S' estin, aux Halles, à Paris.

Ramon Araujo Arrnero 32 ans

Enrique Seco Fernandez 34 am

LE LOGEMENT: ESPACE D'ESPRIT

Paseo del Rey 28008 Madrid {Espagne}

Vincent Bastié 27 ans

Aude Bruguière 25 ans

Hubert Fontaine 29 ans

PLAN CONCERTÉ

57, rue de la Fontaine 75016 Paris (France)

Grégroire Bignier 27 ans

Nicolas Desrnazières 27 ans

Anouk Legendre 28 ans

PIÈCE RURALE

26, rue Cadet 75009 Paris {France}

Christophe Chauvin 30 ans

Isabelle Minazzoli 29 ans

FENÊTRE SUR COUR

68, rue de la Folie-Méricourt 75001 Paris {France}

Pietro Crernonini 26 ans

Anne Gaubert 32 ans

Catherine Lauvergeat 34 ans

Pierre-François Moget 33 ans

UN LOGEMENT PEUT EN CACHER UN AUTRE

7, rue Suger 75006 Paris (France}

~ 1 1 1

z 0 z z 1 1 1 (/)

Eum li' ing system C Ble( hcr

(Suite de la page 6)

tégories sont les plus nombreux. Ceux-ci se caractérisent par un

choix tout à fait particulier : trou­ver de nouveaux sols. Ces terrains seront les emprises SNCF, les bor­dures de canaux ou berges de fleu­ves, limites de parcs ou d'espaces urbains, terre-plein de bou­levards ...

Tous ces projets offrent leurs quatre façades sur un espace dé­gagé avec pour unique justification la mise en scène de l'architecture, excepté deux projets, dont laper­tinence urbaine paraît plus vrai­semblable.

Tout d'abord, celui de Jean­Patrice Calori (lauréat). Situé en bordure de voie rapide à Nice, il abrite les logements des nuisances sonores par le tampon que forme une épaisseur de bureaux tournés vers la rue.

Ensuite, le projet de Christophe Chauvin - Isabelle Minazzoli (mentionné), situé en ville nou­velle, s'inscrit dans le plan de masse de la ZAC. La bâtiment ferme une place, et crée une sub­tile hiérarchie dans la progression du public au privé.

Des autres projets de ce regrou­pement, trois thèmes principaux ressortent.

Le premier est la volonté d'utili­ser la SNCF et ses importantes em­prises de voies. Le projet de Pietro Cremonini, Catherine Lauvergeat et Anne Gaubert (mentionné) est sans doute la meilleure illustration de ce thème, proposant des im­meubles en tête de voies qui peu­vent recevoir à leur niveau inférieur des wagons-appartements. Un projet non retenu proposait d'en­jamber les voies de la gare de l'Est à Paris, d'un immeuble pont afin d'utiliser ces grandes zones libres· tout en les préservant.

Le second thème très prisé a été le rapport à l'eau par l'appropria­tion des berges de canaux ou de fleuves. Le projet de Vincent Bas­tié, Aude Bruguière et Hubert Fon­taine a été mentionné pour sa pro­position d'immeubles plots à terrasses le long du canal de l'Ourcq, mais à l'évidence, d'au­tres projets moins chanceux étaient tout aussi intéressants de ce point de vue. Sans les nommer tous, on peut remarquer le très beau projet de Tarek Sabry et Claude Verbaere qui occupe les berges de la Seine face au minis­tère des Finances par l'utilisation de plots-maisons qui prennent pied dans l'eau. Ce projet montrait une grande habileté dans la relation de ces logements distribués par une série de coursives. Ou encore, le projet de Nicole Garo et Marc Boixe! qui propose une série de tours faisant front sur la Loire à Nantes, et reliées par une barre basse, hiérarchisant les différen­tes typologies de façon assez habile.

Enfin, le thème urbain du rapport qui existe entre architecte et parc a toujours son lot d'adeptes chez les architectes, préoccupations le plus souvent douloureusement abouties. Le projet de Dominique Maret (lauréat) illustre assez bien ce thème. Situé dans la ZAC des gares à Lille, le terrain possède une grande partie d'espaces verts. Le projet s'inscrit de façon fort inté­ressante dans l'organisation d'un futur parc, par ses dispositions et les accroches au sol des différents bâtiments, qui deviennent eux­même éléments structurants de la composition générale.

Moins habile, mais tout aussi sympathique dans l'image qu'évo­que ce type de projet, une propo-

sition de l'équipe qui reconstruit un front bâti de quatre barres, tourné vers le parc Palmer à Bordeaux, en remplacement de tours détruites.

LES PROJETS M ANIFESTES

Cette sélection de projets, qui révèle le bon niveau général de cette session, montre en réalité une moyenne, sorte de panorama de ce que peut être J'architecture aujourd'hui. Peu de révolu"tion ou d'innovation, on pouvait l'attendre -le renouveau à deux ans d'inter­valle sur un même thème tiendrait du miracle - mais surtout un sen­timent de déjà vu, sorte de réé­criture.

Hans Kohloff faisait remarquer lors des délibérations, que Je rôle du jury, " au-delà du pragmatisme, est aussi de donner des signaux " qui peuvent stimuler de nouvelles idées. Il est vrai que le PAN n'est pas seulement une institution qui récompense la << belle » architec­ture :il est avanttout un concours d'idées et un révélateur de tendan­ces qui peuvent ouvrir le débat sur l'architecture.

A ce titre, trois projets se démar­quent de la moyenne, tant par leur position dogmatique que par une certaine nostalgie moderniste ..

Le plus controversé fut sans doute celui de l'équipe espagnole, un à la manière de Le Corbusier, proposant un immeuble cruci­forme de 1 500 habitants, repre­nant textuellement les propos, les typologies et même le graphisme de Le Corbusier.

On ne peut rester indifférent à ce type de projet ; mais au-delà du formalisme et de cette terrible no­tion << d'homme universel », ce projet ouvre à nouveau le champ possible des grands immeubles collectifs et pose la question de la série et de l'industrialisation.

Le projet << Pièce rurale » a lui aussi provoqué un vif débat oppo­sant Je réalisme à J'aspect mani­feste de cette proposition. Il est vrai que, comme alternative à la maison individuelle, proposer une sorte de bastide de 90 logements autour d'une vaste cour carrée semble être une caricature. Même si P. A. Crozet voit dans ce projet « le fondement d'un nouveau type "• il me paraît préférable de ne retenir de cette proposition que son aspect formel assez provo­cateur.

Au contraire des deux précé­dents projets, la proposition de Heinz et Lang, beaucoup plus réa­liste, est un projet situé à la croi­sée de différents urbanismes. Cette pièce urbaine, par l'utilisa­tion des différentes typologies (tour, immeuble gradin, immeuble gradin, immeuble bas) réordonne J'ensemble d'un quartier. Mais c'est avant tout une formidable ré­habilitation des années 60 qui met fin au tabou des tours et de la ville verticale.

Si à travers la lecture des projets de cette session de J'EUROPAN, on peut lire le retour d'un certain es­poir et d'un optimisme des jeunes générations d'architectes face à la production, on doit voir aussi un franc retour à la mégalomanie de l'architecte. La pléthore d' appren­tis sorciers dans ce domaine laisse augurer des années à venir assez chahutées pour l'architecture et J'urbanisme.

Reynald EUGÈNE

EUR€)PAM

p 0 N T D E v u E

Soi et les autres Qui vit derrière ces murs en projet ? Psychologue, enseignante à I'UP d'Architecture

de Paris-Villemin, Monique Eleb-Vidal s'était penchée, l'an passé, avec une équipe de chercheurs sur les résultats du PAN 14, cc Le Logement en questions ,,,

Elle a signé avec Anne-Marie Châtelet et Thierry Mandoul cc Penser l'habiter ,, aux éditions Mardaga. Pour cette première session de I'EUROPAN, elle pose une question indiscrète :

Qui sont les habitants de ces logements ? Les concurrents ne dessinent-ils pas avant tout, sur leurs plans, une silhouette animée,

un cc modulor n multiforme et mutant qui offre à l'habitat l'échelle diversifiée du geste de l'habiter ?

L A STRUCTU RE de relations fami · lia les el interindividuelles d ' une so· ci été s ' inscrit dans le plan des habi· talions qu 'e lle produit. Quelle e t celle que l'on peul lire à travers les résultats de ce concours? D'autre

part quel type d'individu se profile dans ces projets ? Les discours des candidats mon­trent l'importance de l'ambiance chaleu­reuse, des émotions et des sentiments par­tagés. En même temps, l'insistance est mise sur le choix laissé à l'individu de passer d'un lieu défini aux qualités précises à un autre, aux qualités opposées mais recher­ché pour cela même. En ce qui concerne les choix relationnels, le même type d'at­titude est sous-jacent. Les individus sont décrits comme recherchant des expérien­ces contrastées si ce n'est contradictoires. Il semble que le jeu avec les différentes dé­finitions de soi-même, en ce qui concerne les statuts, les rôles, les goûts, etc., soit pri­vilégié. Cependant, selon les projets, des différences idéologiques apparaissent.

'J'rois positions Des spafialifés

ntulfiples Quand la personne est perçue comme

moins importante que le groupe, il est banal que l'on agrandisse les lieux de la vie communautaire et que l'on prévoie de pe­tites cellules pour chaque individu. C'est en général le fondement, souvent implicite, des projets utopiques. Deux propositions, apparemment très éloignées l'une de l'autre, illustrent cette idéologie commu­nautaire. L'espace commun très peu cloi­sonné et à surface constante du projet à la

Plan concerté t:n triple volumt· V Bastié, A Bruguière, H Fonlainc, ml'ntionnés

manière de Le Corbusier, de Fernandez Seco et Auraujo Armera, auquel ils asso­cient autant de chambres qu'il y a d'indi­vidus dans la famille, est fondé sur la même idéologie que celle du projet « Pièce ru­rale » qui ouvre sur un << grand espace de séjour modulable >>autant d'alcôves qu'il y a de personnes. C'est pourtant dans un cas le stéréotype du logement<< moderne >> qui est retenu et dans l'autre un modèle rural revisité.

Certains projets tentent de résoudre la contradiction entre dominance du groupe et exigences individuelles. Une volonté d'équilibre entre la prise en compte de l'in­dividualisme et le rapport à l'autre fonde alors les propositions. L'équipe d'Hélène Mouhot, avec<< Réhabilitation modulée >>, souligne cette dualité, à propos d'une ré­habilitation, et conçoit<< l'appartement mo­dulé comme solution aux désirs antinomi­ques d'individualisme et de sociabilité ... >>.

Ils créent, à partir d'un<< module-greffe >>, des types d'appartements communautai­res et familiaux, mais aussi des logements pour célibataires, couples sans enfants, personnes dépendantes, ou personnes dé­sirant travailler chez elles.

Minazzoli et Chauvin, dans le projet<< Fe­nêtre sur cour >>,partant d'une réflexion so­ciale, soulignent que la famille est en même temps le lieu << d'une inflation individua­liste et d'une forte interdépendance éco­nomique, culturelle et sociale >>et conçoi­vent des habitations très hiérarchisées, adaptées à des situations sociales et à des classes d'âge différentes. Leur chambre, agrandie d'un coin salon ou bureau, liée à la salle de bains, et leurs espaces partagés, très bien distingués et spécifiquement trai­tés, visent à favoriser l'individu mais aussi à créer des rapports harmonieux dans le groupe. Ils refusent explicitement le duplex <<avec vide sur l'espace centralisateur du séjour >>qui leur semble << correspondre à une image trop grandiloquente de l'insti­tution familiale >>. Certains, comme l'équipe de Bastié(<< Plan concerté>>), sem­blent au contraire craindre l'isolement de la personne. Leurs chambres surplombent le séjour et ne sont pas vraiment fermées ni fermables.

Enfin, certains, moins nombreux, défen­dent d'abord l'individu et son <<quant à soi >>. Dans ce cas, l'espace privé peut être plus grand que l'espace public de l'habi­tation.

Musseau et Peltrault, sous le titre<< Alter Ego>>, divisent l'espace en<< territoire de>> l'autonomie>> (29,3 m 2 ) et<< territoire de la tribu >> ( 15,9 m 2 ). Le premier est privé, dé­fini comme une« structure stable et fonc­tionne comme entité indépendante du reste de l'appartement >>. << Le territoire col­lectif >>est variant,<< espace de la tribu >>et se redéfinit en même temps qu'elle.

<< Soi comme projet >>est un thème actuel que l'on rencontre aussi dans ce concours. L'équipe de << Parenthèses >> (Isabelle Devin et Catherine Rannou) destine ses lo­gements non plus à une population bien dé­finie, mais à des situations de la vie, sérieu­ses ou fantaisistes, obéissant au principe de plaisir (faire l'amour, jouer avec l'eau ... ) ou au principe de réalité (travailler...). au libre choix de se livrer à des activités com­pulsives ou raisonnables, d'avoir un lieu pour les folies amoureuses et les folies tra­vailleuses. En fait, au désir ou au besoin d'avoirune chambre en ville, une« cham­bre à soi >>avec tout ce que cela suggère de volonté de prendre de la distance, de se dé-

.\1otlulatiolls D lkrnc1rd . J llorcl, L 1-luclorn, J ·M Onesta

Fenêtre sur cour, le corps au soleil.

C Chauvin, 1 :\1inazzoli, mentionnés

caler, voire de faire retraite ou de se libé­rer. Le plaisir du travail positivement in­vesti est présent. Il correspond à une certaine classe sociale qui a pu choisir son activité, y a intégré une part de jeu. Dans ce cas, le travail entre dans la définition de soi, non seulement pour tenir une place so­ciale, mais surtout comme part d'un pro­jet d'épanouissement personnel. D. Maret destine ses logements << à une population mobile concernée par le travail >>. En fait, elle définit ainsi une représentation sous­jacente à plusieurs projets primés qui cons­truisent pour des urbains aisés, sociables, souvent qualifiés d'européens.

L'Européen apparaît ici comme un ur­bain mobile, aimant son travail, dynami­que et jeune, recherchant les contacts so-

L'impensé de l'ha biter

0 ublis, non-dits, interdits, censures ... il n'est pas sans intérêt de lire « en creux » le panorama de l'habiter que bresse l'ensemble des 187 propo­sitions. Evoquons brièvement quelques ab­sences.

Ainsi, bien que l'on connaisse l'expansionniste passion des Français pour les animaux de compagnie, aucun pro­jet ne ménage de place pour ces « cohabitants » auxquels revient une part désormais non négligeable du budget des ménages. Chiens, chats, oiseaux, poissons posent de sé­rieux problèmes d'intégration dans les logements et dans la ville.

On peut également s'étonner, alors qu'abondent les pro­jets qui se fondent sur la mobilité des « Européens »,

qu'aucune proposition n'ait envisagé la question des échanges momentanés d'appartement. Or cette pratique qui, pour certaines couches sociales, pourtant fort privi­légiées par les candidats, ne manquera pas de s'intensi­fier appelle des dispositifs particuliers. Il n'est pas simple en effet d'installer, dans son logement inchangé, des ha­bitants temporaires, connus ou inconnus : préservation de l'intimité, rangements, mode d'emploi de l'apparte­ment, de l'immeuble, sécurité, différences d'habitudes do­mestiques constituent autant de difficultés pour les « échangistes » ...

Si le repas bénéficie souvent d'une double localisation (la cuisine et la salle à manger ou le séjour), il reste une activité centralisatrice du groupe domestique. Même dans le cas de cohabitants ou d'adolescents dont on cherche à faciliter l'autonomie, les lieux de préparation et de con­sommation alimentaire ne semblent pas mériter, comme la salle de bains qui tend à se démultiplier, une réflexion particulière. Le frigo et la Cocotte-minute seraient-ils les derniers pitons capables d'assurer la cordée familiale ?

Enfin, la prise en compte, fréquente, de la dépendance du logement à la ville (site, vue, réseaux, temps sociaux ... ) n'induit guère d'idées de réciprocité. Sauf pour deux pro­positions qui envisagent la fonction publicitaire de la fa­çade, l'immeuble ne rend jamais aucun service à la ville. La porte d'entrée reste close aux passants. Espaces de rencontre, services communs ne valorisent que l'intério­rité du groupe des co (colocataires ou copropriétaires). Il est vrai qu'aucun projet ne bouscule vraiment l'intégrité physique et fonctionnelle de l'immeuble.

Claude PRELORENZO

ciaux. S'il peut être père ou mère, les expressions « vie de famille ,, ou '' appar­tement familial » ne sont jamais utilisées à son propos, alors même que les lieux sont organisés pour donner une place aux en­fants. La connotation du mot famille n'est­elle plus assez actuelle ?

D'autres reconsidèrent la notion de fa­mille et proposent un« espace primordial >> et un« espace complémentaire», en tenant compte de la présence prolongée des jeu­nes adultes dans l'appartement familial et de celle des grands-parents :" La structure horizontale du couple éclate, recherche de stabilité dans la structure familiale verticale>>, remarque l'équipe de «Plan concerté >>.

S'agit-il dans ces projets d'habitation d'induire des comportements ou de ne pas les interdire ? Certains, comme dans le pro­jet « Un logement peut en cacher un autre >>,abordent la question :" Il était une fois des logements n'imposant pas de com­portements définis a priori, permettant des usages variables, différenciés et évolutifs, privilégiant les comportements quotidiens et les usages occasionnels voire déviants ... C'étaient des logements à coulisses desti­nés à des individus en quête d'autonomie et de contacts européens >>.Chez d'autres, elle est absente. Ceux-là affirment surtout leur doctrine formelle et ont une vision naïve des pratiques d'habiter qui consiste soit à ne pas se poser la question, soit à croire qu'il n'existe qu'un mode de vie, en général le leur ou celui auquel ils vou­draient accéder.

Si la perméabilité des candidats aux modes et à «l'air du temps>> est évidente, ils montrent aussi leur capacité à saisir ce qui va changer. Les termes employés sont souvent trop usés (tribu, cocooning, indivi­dualisme ... ), mais certains cherchent des références« sérieuses >>pour mieux les dé­finir. Les démographes et sociologues sont convoqués, mais rares sont les références aux classes ou groupes sociaux.

L'espace intime joue son rôle dans le pro­cessus de définition de soi. En donnant à l'habitant le choix d'un lieu qui lui« cor­responde >>et la possibilité de le modeler, de l'investir, certains de ces architectes montrent qu'ils peuvent être aussi atten­tifs à la nécessité pour la personne de faire évoluer son habitat en fonction de son pro­jet d'identité personnelle, qu'à la dernière doctrine architecturale à la mode.

l.a sociabilité dan s l'illftllfte uble

Qu'ils soient sur le toit ou donnant sur la cour, les équipements de l'immeuble doivent favoriser la sociabilité. Isabelle Mi­nazzoli et Christophe Chauvin annoncent qu'ils vont« vers le logement sociable >>et visent à rétablir l'entraide collective, le par­tage de certains espaces. Leur réflexion est fondée sur la critique des LCR qui, pour eux, sont rejetés par les habitants car trop grands et mal définis, regroupés au rez-de­chaussée, mal éclairés. Ils proposent d'« in­tercaler des zones d'accueil collectif de pe­tite dimension entre les logements ».Ils or­ganisent leur immeuble autour d'une « cour-séjour collectif >> qui permet de «confronter l'individu à l'expérience de la collectivité », en particulier les jeunes. D'autres soulignent le plaisir de la socia­bilité dans l'immeuble en évoquant avec humour « le trajet pantoufles >> (vidéo, ping-pong, échecs et cartes ... ).

Jean-Patrice Calori conçoit un pont, entre lieu de travail dans l'immeuble et l'habi­tation, comme« un espace de convivialité vers lequel s'ouvrent les pièces de vie com­mune de l'appartement »et affirme« c'est l'espace de courtoisie >>.

Certains ont une attitude militante par rapport à l'Europe et à une vision particu­lière des rapports sociaux : « A une attitude d'ignorance voire de rejet à l'égard d'au­trui par une méconnaissance de son iden­tité, nous offrons la découverte de l'autre par l'introduction d'une sociabilité collec­tive dans l'habitat>>. L'équipe d'« Alter Ego >> dessine un « silo de services >>, comme «lieu de sociabilité de l'ensem­ble ». Crémonini et son équipe imaginent " un hall-salon collectif >> pour la rencon­tre des habitants permanents de l'immeu­ble et des « Européens nouveaux noma­des >>,habitants des" wagons-logements >>.

Monique ELEB-VIDAL

EUR€)PAM

p 0 N T D E v u E

Les te111ps de • av1e

L 'l':'ipr it du maître

par Arauj(,

t.' l S<'CO. lllt'lliUIIlnt'·s

Ce n'est pas l'un des moindres défis pour l'architecture que d'avoir à gérer du temps, temps des civilisations et des cultures, temps des saisons et des climats, temps des hommes et de leur actes,

par le moyen de l'immuable, de loger le fugace dans le pérenne.

L ' U DE H API'I'lŒ du texte d' rientalion elu concours s'intitu­lait • Le logement , un espace à la croisée des l mp •· fl invitait , à con­cilier " les perm anences d la longue durée ... les transfo rmations de la

durée moyenne ... les basculements de la durée courte>>, à dépasser, sans l'oublier, « la journée solaire de vingt-quatre heures».

Entendue par les candidats, cette incita­tion informe, dans des catégories et des at­tendus diversifiés, la plupart des réponses.

I.e fellftps de la lallftille

" A la stabilité du groupe, donnée perma­nente du logement, succède aujourd'hui une diversification des situations qui né­cessite une transformation des modes de conception du logement. »

Ce préambule de l'équipe Jean Musseau­Thierry Peltrault (Alter Ego) figure, en énoncés équivalents, dans nombre de pro­jets. La conscience est vive parmi les can­didats, une fois accompli le deuil des com­modités programmatiques de la famille immuable, que celle-ci varie sans cesse dans sa taille, ses missions, le statut de ses membres, que son entité est la coexistence d'individus.

Face à ces configurations, changeantes et précaires, deux types de réponses se des­sinent : le logement sur mesure et le loge­ment évolutif.

Le projet de. Dominique Ma ret« Double vie »cible une population très circonscrite, induite par la future gare TGV de Lille, iso­lés, couples, jeunes cohabitants. Ménages de 1 à 4 personnes en moyenne. Des personnes jeunes (moins de 40 ans en moyenne).

Dans le logement qui correspond à son propos, les enfants disposent d'un mini­appartement (ici sans salle de bains priva­tive) composé de deux boxes personnels qualifiés de« chambres », ouverts sur un séjour commun. Ce type de réponse (assez fréquent) n'est viable, on le comprend, que pour un assez court moment de l'évolution familiale, celle où les enfants sont petits, où les différences de sexe, d'activités, de réseaux d'amitiés n'exigent pas encore un territoire clos, particulier à chacun. Le plan ne permettant pas une partition plus étan­che, sauf à créer une chambre commandée et une autre obscure, la famille devra donc déménager aux alentours de la période de 1 'adolescence.

D'ailleurs, l'ouverture de l'espace en­fants en mezzanine sur le séjour et sa posi­tion en bout de parcours organisent une dé-

pendance qui n'est compatible qu'avec le jeune âge. Dominique Maret l'entend bien ainsi puisqu'elle insiste à plusieurs repri­ses sur la mobilité résidentielle de la popu­lation concernée.

Le logement est devenu un lieu de passage. Lorsque le corps familial mue, la tribu change de coquille.

La seconde attitude vise à permettre le maintien du groupe familial sur le même lieu en concevant un logement aux fron­tières plastiques, adaptable aux mouve­ments qui affectent le groupe familial et chacun de ses membres.

Dans cette catégorie, la solution la plus simple, simpliste même, est celle de Jean Musseau et Thierry Peltrault qui opèrent par addition (ou soustraction) de modules strictement identiques accolés en bande. Une proposition qui vise plutôt l'associa­tion de cohabitants. La plus cynique est celle de l'équipe Seco Fernandez et A urau jo Armera (Le logement :un espace d'esprit) : " The same plan accepts a growing family of two up to six members : 100 o/o of the fa­mily types in Europe. »L'arrivée de cha­que nouvel enfant correspond à un appau­vrissement résidentiel (le couple se sépare de son piano à queue, s'exile sur la mezza­nine), au troisième enfant apparaît la cham­brée (au-delà, on peut imaginer des lits su­perposés). Une manière angoissante (ou punitive?) d'accueillir les« heureux évé­nements>>!

Les projets de 1' équipe Bastie-Bruguière­Fontaine-Vianne Lazare« Plan concerté » et de celle de Minazzoli-Chauvin « Fenê­tre sur cour » renvoient à une autre logi­que qui consiste à travailler profondément l'immeuble pour autoriser une stratégie ré­sidentielle qui prenne en compte à la fois le mouvement démographique et l' évolu­tion des statuts sociaux des occupants.

La première proposition associe à un es­pace primordial de 77m2 , lui-même struc­turellement prévu pour le décloisonnement et le recloisonnement, un espace complémen­taire de 25 m 2 contigu et autonome, suscep­tible d'accueillir un adolescent ou une grand-mère et par la suite (ou en attendant) d'être loué à un étudiant. Le second projet affronte le problème de l'hébergement des jeu­nes à Marne-la-Vallée, commune de ville nouvelle à la recherche de solutions pour conserver dans de bonnes conditions la po­pulation adolescente aujourd'hui émer­geante. D'où l'idée de créer un collectif sus­ceptible de mêler logements familiaux et logements de petite taille, en traitant latran­sition de l'enfance à l'adolescence.

Comme dans le projet précédent, à la flexibilité structurelle qui permet le choix de la taille des logements s'associe une flexibi­lité interne (un stock de panneaux coulissants,

de parois légères en aggloméré est à la dispo­sition de chaque habitant pour constituer son propre cloisonnement).

Mais.le temps du logement n'est pas seu­lement celui des fluctuations de la struc­ture familiale , c'est aussi celui des rythmes quotidiens et celui, à l'autre bout, de 1' histoire .

l.'ellftploi du fellftps La chronique des actes de la vie domes­

tique incite de nombreux candidats à pro­duire des espaces transformables en fonc­tion de l'activité dominante du moment. C'est souvent 1' espace de la salle de bains qui peut, par un jeu de cloisons coulissan­tes , s'intégrer à une chambre. Le moment informel' espace. Poussé à 1' extrême, dans certains projets non retenus, le système des cloisons mobiles peut engendrer fatigue , conflits, pertes de repères ... Dans le pro­jet Cremonini-Lauvergeat-Moget-Gaubert " Un logement peut en cacher un autre », grâce à deux cloisons mobiles, l'espace du séjour se décompose souplement en ré­ponse à des scenarii variés et imprévisibles, assurant intimité et communauté dans un es­pace variable, expansible et réductible. A l'op­position jour/nuit se substitue un temps indi­vuel ou communautaire.

I.e tellftps de l'llisto•re

L'incitation à l'innovation a laissé dans ce concours peu de place à la réflexion sur l'histoire, la ré-interprétation des modèles, les références liées à la culture profonde. Certains projets affirment cependant l'uti­lité et la nécessité d'une continuité entre 1' avéré -et l'avenir. Il en est ainsi des pro­jets de réhabilitation, peu nombreux dans l'ensemble, alors même que s'ouvre là un champ majeur de l'architecture de la pro­chaine décennie.

La proposition Mouhot-Primard « Réha­bilitation modulée >>réaménage, dans une perspective très« réaliste>>, une barre de 170 mètres de long construite au début des années 50 au Havre.

Les auteurs sont conscients de travailler sur un moment fort de l'histoire de l'Eu­rope, celui de la reconstruction, lorsque l'architecture était" la partie la plus dure du plan de redressement» (B. Veyssière).

Pour eux, « la réhabilitation de loge­ments transcrit cette dualité change­ment/permanence, neuf/existant. Elle en est l'image et introduit le temps historique dans l'appartement>>. Ce que, puristes ou conséquents, ils traduisent par la transfor­mation de la façade arrière, versant du neuf, épaissie de studios greffés, et le main­tien de l'existant, toute la surface de la barre et de la façade avant.

C'est à une histoire plus ancienne, ou moins temporelle, celle des modèles ver­naculaires, que se réfère la proposition Desmazières-Legendre-Bignier « Pièce ru­raie >>. Le logement projeté reprend le dis­positif du Truste/ breton qui associe à une grande salle de séjour une bande d'alvéo­les plus privatives ou fonctionnelles.

Enfin, c'est aussi l'histoire qu'invoque le projet à la manière de Le Corbusier de l'équipe Seco Fernandez/Auraujo Armera. Contribution-manifeste, elle affirme la né­cessité de renouer avec les attendus des ClAM, l'exemple de l'Unité d'habitation de Le Corbusier. « This is the time of in­ternationalism ... The solutions of the past belong to the museum .. Industry is the only answer .. Let us not be afraid of repe-tition ... >>

Claude PRELORENZO

EURE)PAM

p 0 N T D E v u E

DE LA PARCELLE INFIME A L'UNIVERSALITÉ TERRITORIALE

Des pro· ets situés

U NE IMPRESSION de diversité, d'un foisonnement d'idées se dé­gage de cette session de l'EURO­PAN. Les problèmes abordés sont multiples, de l'utilisation de parcelles réputées inconstructi-

bles par leur petitesse à la réhabilitation de barres des années 50, de la construction de logements en bordure de voies rapides à la transformation des franges de gares de marchandises, du mitage dans l'Extrême Ouest européen au logement de masse. Pourtant plusieurs de ces projets paraissent traversés par un même courant, par des pri: ses de position similaires sur les questions architecturales et urbaines.

Certains pays ont préféré, pour ce con­cours, imposer le lieu du projet, cependant en France, le choix des terrains appartenait aux candidats. Peu d'entre eux ont été gui­dés dans ce choix par la valeur pittoresque ou esthétique d'un site. Où loger au­jourd'hui, en ville ? Ce qui a été décisif pour la majorité, est l'opportunité foncière que représentait le terrain. Situer leur projet de logements fut, pour eux, énoncer les pos­sibles au sein de villes déjà très densifiées, montrer que l'on peut utiliser certaines par­celles restées jusque-là inexploitées, parce que contraignantes par leur surface ou leur voisinage bruyant. Les projets ont ainsi été pensés comme des solutions à ces problè­mes, permettant l'exploitation de nouvel­les surfaces. Plus que la prise en compte d 'un environnement, d'une orientation ou de vues spécifiques, les candidats ont cher­ché une réponse à une question qui pour­rait être ainsi formulée : où loger au­jourd'hui en ville ? Les terrains choisis énumèrent les nouveaux« territoires du lo­gement ,, :les emprises de la SNCF, les bor­dures des périphériques ou de voies rapi­des, les parcelles minimum ou les grands ensembles des années 50.

I.e contexte ? Un point de vue

théorique Ces propositions sont plutôt théoriques,

emblématiques, que contextuelles. Cela apparaît d'autant plus clairement que cha­cun insiste sur le caractère général de la ré­ponse apportée. La solution ne s'applique pas uniquement à la parcelle retenue, elle est valable pour tous les cas de figure sem­blables qui se répètent dans une ville, et au-delà, sans doute par souci de répondre dans le cadre de l'EURO PAN, dans toutes les grandes villes d'Europe : << Le terrain de notre proposition est l'ensemble des fran­ges des gares de marchandises européen­nes ( ... )application pour exemple à Paris 18• » (Un logement peut en cacher un autre) .

Ce parti pris de généralité est plus forte ­ment affirmé par ceux qui, plutôt que de choisir un type de terrain, ont choisi un ter­ritoire en tout point duquel peut se situer leur projet : « Bretagne, Cornouailles et De­vonshire sont autant de sites d'accueil pour notre cerf-volant celte issu d'une réflexion supra-régionale » (Pièce rurale).

D'autres, plus radicaux encore, ont pro­posé des modèles universels s'accommo­dant de toutes les situations, objets archi­tecturaux prêts pour toutes les aventures : « We offer a type planned to be repeated, an instrument for ail sites and ail plans of urbanization » (Le logement , un espace d'esprit) .

Le corollaire de ce souci d'universalité est le refus du particulier. Tout ce qui fait la spécificité d'un lieu et contribue à qua­lifier le logement est ignoré. Aux particu­larités d'un site réel sont préférées des no­tions plus abstraites applicables à toute situation : l'orientation est formulée en points cardinaux et la lumière en terme d'intensité.

C oupe indiscrète sur logement s <• Pare nthèses " 1 Devin, C Rannou, laur~a l l'S

L'étude des plans de logement est tra­versé par la même volonté universaliste. Nombreux sont les candidats qui ont cher­ché à établir un plan pouvant être répété et appliqué à des situations multiples. Cet effort de systématisation s'est traduit de dif­férentes manières.

Invariants e t ntodules, variantes e t

conjugaisons Les uns ont défini un module invariant,

sorte de radical, auquel sont assemblées, pour les plus grands appartements, des piè­ces supplémentaires. Ainsi les auteurs du dossier« Un logement peut en cacher un

autre » étudient un trois pièces : vaste sé­jour, cuisine et deux chambres équipées chacune d'une salle de bains, auquel, pour former le quatre pièces, est ajoutée une chambre. La même démarche a été suivie dans le projet « Pièce rurale »où les plus grands des logements (TS) sont identiques aux plus petits (T4) à cela près que la log­gia y est annexée par une pièce supplé­mentaire.

Les auteurs de« alter ego »ont procédé un peu différemment, et, plutôt que de dé­velopper un radical, ils ont additionné les « structures de base » : « autonomes les unes par rapport aux autres, c'est leur as­semblage qui permet d'obtenir des appar­tements de taille variable >>.Tout groupe fa­milial ou de cohabitants est ainsi entendu au sens strict comme la réunion de plu­sieurs individus, chacun possédant un lo­gement identique pouvant ou non s'asso­cier à celui du voisin.

Enfin, il y a ceux qui ont répondu par un logement invariant, unique, capable d'être adapté aux différentes exigences : « The same plan accepts a growing family of two up to six members, 100% of the family types in Europe » (Le logement : un espace d'esprit). Dans ce projet composé exclusi­vement de duplex de 100 m 2 , quelques cloi­sons supplémentaires suffisent à créer les chambres devenues nécessaires, le piano à queue du jeune couple cédant la place aux nouveaux-nés. C'est aussi ce que propose l'équipe de« Parenthèses», des logements identiques aux capacités multiples. Là, ce­pendant, la surface est minimale: 13,7 m 2

où 3,2 m 2 sont dévolus à la « coque fonc­tionnelle »qui regroupe W.C, salle de bains et cuisine, le reste étant consacré aux ob­sessions de l'habitant, dormir ou manger, se laver ou zapper. On l'aura compris, ces logements ne peuvent être que complé­mentaires, soit que l'on possède un autre appartement, soit que l'on compose ensem­ble plusieurs d'entre eux : « J'irais dormir à Denfert , j'écrirais place Voltaire, j'écou­terais de la musique place Clichy, je ferais l'amour à la Poterne des Peupliers ... » (G. Perec cité par l'équipe).

Ainsi, sous une forme ou une autre, se retrouve ce désir de rationalisation et d'uni­versalité qui tend à définir un logement in­variable pouvant être réalisé quel que soit le lieu ou la population auquel il est des­tiné. Cette prise de position est peut-être liée au cadre de l'EUROPAN :un concours d'idées appelle plutôt à énoncer des prin­cipes qu'à simuler un projet réaliste , quoi­que certains aient opté pour cette dernière position. Mais il semble qu'il y a plus que le simple effet du concours. Cette démar­che qui vise à projeter un logement idéal, généralisable, a des antécédents dans un passé récent. Est-il besoin de citer lestra­vaux sur le logement minimum réalisés par le courant rationaliste dans l'entre-deux guerres ? Les lauréats, du projet « Paren­thèses »,à qui nous laisserons le mot de la fin, l'ont exprimé de façon très actuelle, cette architecture se veut « archiconcep­tuelle et antigothique ».

Anne-Marie CHATELET

L'EUROPAN, LE PROMOTEUR ET L'ARCHITECTE

Réflexion sur la société, culture architecturale et marketing feront-ils bon ménage ... à trois ? Jean­Claude Garcias a rencontréE. de Penguilly, PDG de ACL Construction et président du jury de la section française de I'EUROPAN. Depuis les débuts du PAN, les maîtres d'ouvrage du logement social s'enga­gent dans des réalisations expérimentales avec les lauréats. La maîtrise d'ouvrage privée acceptera+ elle aussi de prendre, avec ces jeunes architectes, une voie de l'innovation à l'écoute de l'évolution des modes de vie ?

A près trois lustres d'existence,le Programme d'Ar­chitecture Nouvelle ou PAN est en train de connaître des mutations décisives. On pouvait le définir dans les années 70 comme un lointain hé­ritier des compétitions académiques. et surtout

comme un concours d'architecture organisé par l'appa­reil d'Etat français afin de révéler ce que le marché libre ne pouvait par définition dégager :des solutions innovan­tes, essentiellement dans le domaine du logement de masse, et de jeunes équipes de futurs maîtres d'œuvre. Le PAN jouait ainsi le rôle de laboratoire d'idées, subven­tionné par le ministère, et d'introduction à la première com­mande, généralement dans le domaine public ou para­public. Avec le déclin relatif de la construction sociale en France, le recrutement massif de jeunes architectes par la promotion privée et la timide émergence d'une culture architecturale européenne,la fonction du PAN ne pouvait que se modifier : son extension à l'Europe en témoigne. On pourrait schématiquement avancer que l'innovation se déplace du domaine constructif (abaisser les coûts) et so­cial (se concerter avec les habitants) vers le domaine du marketing (anticiper les nouveaux modes de vie et la nou­velle demande solvable) ; que l'idéologie implicite des con­currents abandonne les certitudes péremptoires pour l' em­pirisme consensuel européen ; et enfin que les lauréats passent du statut d'écurie du ministère à celui de vivier de talents dans lequel la promotion privée peut directement puiser. C'est afin de vérifier ces hypothèses que nous avons interviewé un maître d'ouvrage privé.

QUESTIONS À .. . Monsieur de Pengui/ly,

vous connaissez bien le PAN. En votre qualité de président du jury de l'EURO­PAN 89, avez-vous remar­qué une inflexion du concours? De Penguilly :Je crois qu'on peut parler d'enrichissement avec la dimension euro­péenne. On a vu apparaître le fonds culturel commun de I'EUROPAN, une sorte d'idée sociologique de l'Eu­ropéen : un homme qui bou­ge. Le support symbolique essentiel semble être la réfé­rence au rail, au TGV. Les candidats se sont davantage intéressés au transport des hommes qu'au transport des images. Cet enrichissement européen s'accompagne d'un recul du dogmatisme socio-architectural. Puisque le thème était le logement, les candidats n'ont pas cherché à loger un homme abstrait défini par des fonctions primaires, mais un homme multiple. Certains<< grands gestes » architec­turaux ont été retenus par le jury, mais plutôt à titre de ves­tiges. Moins de 1 0% des 190 équipes concurrentes pré­sentaient des « grands projets ».

Un log:emt:nl c:n cache un autre P C1cmonîni, A Gaubert, C Lauvcrgeal , P ·F Mnguct

FAIRE CONFIANCE AUX ARCHITECTES EUROPAN

UN APPEL AUX ÉLUS ET MAÎTRES D'OUVRAGE

Les idées et les projets développés par les équipes sélectionnées de l'EUROPAN font

la preuve d'une aptitude à répondre à des pro· grammes et des sites représentatifs de l'évolu· lion contemporaine des villes et de la société. Il faut leur faire confiance. Le Plan Construc· tian et Architecture a épaulé la réalisation de projets nés des PAN . Il continue à le faire pour l'EUROPAN. Il offre aux élus et aux maîtres d'ouvrage des financements préférentiels et une gamme d'aides opérationnelles. Pour construire l'innovation, contacter: EUROPAN FRANCE, Plan Construction et Architecture · ministère de l'Equipement et du Logement· 2, avenue du Parc·de·Passy · 75775 Paris cedex 16

Un type d'habitat européen se dégage-t-il clairement des réponses ?

P. :les réponses ont été extrêmement variées : cela va de la réhabilitation des grands ensembles des années 60 à la reconquête de l'urbain par la récupération des dents creuses, du bâti ancien et des emprises ferroviaires.le plus frappant me semble être la quasi-disparition du pavillon­naire :pas de suburbia à l'américaine ou à l'européenne du Nord. On peut surtout parler de recherche de nouveaux espaces, ludiques, semi-collectifs, individuels, hédonistes. Même dans les projets qui se référaient plus précisément au logement social, on note un abandon de la norme, au profit d'une reconquête de l'espace et de la ville. Mais il faut insister sur le fait que cet EUROPAN n'était ni un PAN «social 11, ni un PAN de« yuppies ».

Les concours d'architecture internationaux posent le problème des'' rendus »nationaux. La technique graphi­que vous a-t-elle semblé révélatrice de l'origine géographi­que des concurrents anonymes ?

P. :Non. De façon générale les rendus étaient sincères et ne cherchaient pas à tromper les experts ou le jury. Nous avons vu très peu d'effets de plume et beaucoup de ren­dus respectueux de l'échelle humaine. Dans le rendu aussi, le dogmatisme recule. L'anonymat a été respecté jusqu'à la dernière minute, et en fait très peu de projets renvoyaient à une tradition spécifiquement national ou provinciale.

Les projets lauréats vous ont-ils semblé directement constructibles ?

P. :Difficile à dire :le concours traitait du logis plus que de la construction. Bien sûr certains candidats se posent des problèmes technologiques tellement pointus que la construction est rendue plus difficile. On a vu très peu de projets aberrants, et la majorité semble raisonner en ter­mes constructifs traditionnels : globalement en béton, avec un certain recul des cloisons mobiles et une percée de la « bande active •> en façade.

Les experts et le jury ont-ils décelé une opposition entre <• formalistes » et« usagistes " chez les candidats ?

P. :Je soulignerai d'abord l'organisation pariaite du con­cours ; les experts ont fourni un excellent travail, et je crois pouvoir dire que le jury s'est montré très professionnel : tous les projets ont été examinés avec soin, pas un seul n'a été exclu par paresse du jury. Il va sans dire, mais mieux en le disant. que la composition du jury était bonne, et qu'il n'a subi aucune pression extérieure. Quant à l'opposition entre la forme et l'usage, elle n'est apparue que tardive­ment et a été réglée par un compromis de dernière minute. Mais une fois de plus jamais le jury n'a connu de cabale, ni de tensions négatives. Je répéterai simplement que les réponses formalistes-doctrinaires sont en chute libre.

Passeriez-vous commande aux lauréats ? P. :Beaucoup de ces projets sont réalisables, beaucoup

montrent que les candidats savent travailler sur des sites difficiles, qu'ils réfléchissent sur les valeurs d'usage. Le cru EUROPAN 89 me paraît excellent.

Propos recueillis par J.·C. G.

EUR€)PAM

LES PROJETS ET LES RÉALISATIONS DES LAURÉATS DES DERNIÈRES SESSIONS DU PAN

LEPAN MENE ATOUT -

R-:g~ln:l pri\•é Suit~ du P:'\N J4, Roqu,:laurl·-Rcad-Cas•·lmlva. f:On~lrui~c~nr av~(· ACL il Fmnc:onvillr.

le PAN continue à ouvrir des portes, mais moins nettement dans le tradi­tionnel secteur du loge­ment social. les lauréats des sessions précédentes se lancent sur de nou· veaux marchés, la pro­motion privée, la pro­vince, les équipements. Avec un souci manifeste: le professionalîsme.

~ AR EXEMPLE, Télémaque: Charles-Henry Bruneau et Philippe Butticker, deux parmi les sL'< de 1' équipe men· lionnée au PAN 14. se sont

installés dans les Ardennes pour • construire plutôt que de gratter en agence •. choix • stratégique • plus

efficace dans un premier temps que la réussite au PAN dont les suites se sont fait attendre.

LA RÉALITÉ EN FACE

ces deux pièces et de ces studios. A la suite du PAN, une étude de·

mandée par l'office HLM des Cha· rentes pour la réhabilitation de lo· gements sociaux leur a permis d'approfondir les princ.:ipes qu'ils vont bientôt mettre en pratique à Barbezieux, au sud d'Angoulême. Dans un cas, le seuil est, comme dans une maison, un espace ouvert, semi-public, contrôlé depuis la cui­sine. Dans l'autre cas, l'entrée de· vient un hall vitré, une pièce sup· plémentaire intermédiaire entre la terrasse et l'appartement. A l'actif de Read et Roquelaure, un con­cours gagné pour des salles de fêtes et J'aménagement d'une île à Maisons-Alfort [un étonnant pont sur la Marne). Et des places à Mar­seille avec Adrien Fainsilber. dans le quartier de la Porte d'Aix : des

interventions • classiques • par leur simplicité, leur douceur, la no· blesse des matériaux, les référen· c.:cs italiennes.

MËTHODES DOUCES

Depuis que Paris n'estplusl'uni­que champ d'action de la jeune ar­chitecture, le débat entre régiona­lisme et modernité redevient un axe de réflexion. Archipel. équipe lauréate du PAN 13, s'est fait re· marquer grâce à un joli projet de cinquante-neuf logements PLA à Fleury-les-Aubrais avec OPAC du Loiret : malgré une enveloppe fi­nancière très étriquée, elle invente et décline un style • scmi-régional • qui privilégie le dessin très soigné ~

(Sui!c page lb)

Construction indus tria 1 isée Conception individualisée 34 maisons individuelles et 27 logements ZUP de Beauval, Meaux. Architecte :Joris Frank, lauréat du PAN 14 Maître d'ouvrage : OPAC de Meaux.

1{(-.. uh:nH· ,j.._. IWn'l·nnn~ ;;.~!{-.· ... f. ~luth., Smt(• 'lu P.-\~ n l)I"JUr ~\rrhlp,~l

Appelés en consultation par l'of­fice HLM de Moselle pour une réa­lisation expérimentale !REX) de lo­gements • télématiques », ils viennent d'obtenir un contrat sur deux terrains dans la banlieue de Melz et en sont encore au stade des études. En attendant, ils ont déjà réalisé trente-trois maisons indivi­duelles pour le même office dépar­temental. une salle de sports, un petit musée du feutre, un groupe scolaire dans un bourg proche de Charleville, des maisons privées ... Un travail soigné, intelligent, en particulier dans la gestion des con­traintes de site et l'obligation de construire des toits, dessinés pour le groupe scolaire avec des pentes faibles qui sc cachent derrière un acrotère ... Expérience de confron· talion à la réalité, utile mais frus· trante : • Dans 90% des cas, le maî­tre d'ouvrage demande seulement que le chantier se passe bien. dans le respect des délais et des coûts. » Pour créer une architecture moins «circonstancielle et plus hardie •. ils ont décidé d'installer une an· lenne à Paris.

0 Ù INDUSTRIALISATION refuse d'être synonyme de stéréotype de l'habiter. Une ossature métalli­que, une trame orthogonale, des panneaux légers répétitifs, des verrières, des volets coulissants, des auvents, des coursives, des terrasses et des

escaliers extérieurs ... le vocabulaire est simple. La richesse des combinaisons donne l'homogénéité à l'architecture et la singularité à chaque logement.

SAUTER LE PAS james Read et Gilles Roquelaure

ont eu la chance de rencontrer un promoteur privé dès l'exposition des projets lauréats du PAN 14, ce qui leur a permis de • sauter le pas • et de monter une agence. Leur pro­jet à Franconville avec ACL Cons­truction !un immeuble de cin· quante-neuf logements en prêts conventionnés dont la construction doit commencer en 1989) reprend leur recherche sur l'introduction des qualités de la maison indivi· duelle dans le logement collectif • regard privé •· Ils y ont fait l' ap· prentissage à marche forcée des réalités professionnelles en jon­glant avec une enveloppe budgé­taire d'autant plus étroite gue les « prolongements extérieurs • !ter· rasses protégées du regard, balcons ou jardins) renchérissent le coût de

De la difficulté d'expérimenter réellement dans le bâti­ment... L'OPAC de Meaux s'intéresse aux recherches de Joris Frank parce qu'elles répondent à une demande de plus en plus souvent exprimée pour du logement social qui permette plus de liberté d'aménagement et des agrandis­sements potentiels. Ce que l'utilisation du métal autorise. Mais les industries concern §es ne veulent pas financer les prototypes,les entreprises du bâtiment poussent les hauts cris et cherchent à se prémunir de toute surprise en pré­sentant des devis prohibitifs. et les réglementations ne pré­voient pas une utilisation rationnelle du métal dans le lo­gement ... En fait. le projet ne commence vraiment à prendre corps que depuis la rencontre avec une entreprise moyenne que le principe intéresse et qui prouve que pas­ser dans les financements est possible.

EUR€)PAM

-- - ----- -------------- - --programme et un travail de modé­nature et de texture qui décompose et capte la lumière de façon fort sa­vante. Parallèlement, ils ont repris pied sur le terrain étudié pour le PAN 13, avec la construction pro­chaine de cinquante-cinq loge­ments PLA avec l'OPHLM de la ville de Nan terre et de deux crè­ches. Mais leur intervention prin­cipale sur le site consiste dans une mission de coordination (le pro­gramme comprend aussi un hôtel, des bureaux, des locaux adminis­tratifs, des parkings et l'aménage­ment des sols). Pour que l'opéra­tion soit une véritable articulation entre les quartiers récents et an­ciens de Nanterre, ils ont axé l'en­semble du projet sur la transpa­rence, la multiplication des passages, la création d'un réseau de parcours.

s'attachent la confiance des maîtres d'ouvrage. Ainsi Gilles Beguin et Jean-André Macchini, mentionnés du PAN 14 avec un projet en Corse, viennent de terminer à Torcy un marché couvert d'une étonnante complexité technique. « On a tout dessiné, chaque détail de poutre, ce qui a économisé à l'entreprise du temps d'études et les a conduits à ne pas revenir sur notre projet. >>A Créteil, la muni­cipalité les a associés à Georges Maurios sur un programme de quatre-vingts logements PLA et commerces : une façade nord mo­numenta!Îsée grâce à des celliers composés d'éléments préfabriqués en gravillon lavé, et un couronne­ment en aluminium. Pour eux, le PAN n'a encore guère eu de suite directe : un promoteur privé, la SCI Palazzu di Galea, leur a confié un projet, non loin de Bastia à Taglio-Isolaccio, qui compose une ruelle intérieure et des cours abri­tées. Ces références à l'habitat tra­ditionnel corse ont levé les réticen­ces de la commision d'urbanisme

PROFESSIONALISME

Logements à Marignane Suite du PAN 14 pour Chancel, Savignal, Giml'nez

Leur image de sérieux profes­sionnel paye : les jeunes équipes

(Suzte de la page 1 5)

~ demultiplesdétailsautourd'unm­térieur d'îlot très urbain. Cette « méthode douce >> réussit égale­ment à leur dernière réalisation, un foyer de personnes âgées à Matha, en Charente-Maritime. << Malgré son vocabulaire résolument mo­derne, le bâtiment doit tout à l'étude de l'échelle locale, du rythme et des volumes. >> Après « cinqansdegalère >>,Brigitte Hel­lin et Hilda Sebbag voient venir la sortie du tunnel : elles ont été rete­nues pour l'hôtel de ville de Melun­Sénart et songent à resserrer leurs liens avec des architectes autri­chiens.

SOUS LE SOLEIL EXACTEM ENT

Jean-Marc Chancel, Jean-Michel Savignat et Raymond Gimenez (as­sociés pour le PAN 14 avec Pascal Urbain) retrouvent leur recherche sur l'habitat méditerranéen, appe­lés à Marignane par l'Office HLM de Marseille pour vingt-neuf loge­ments PLA dont vingt et une mai­sons individuelles qui sont l'occa­sion de décliner les rapports entre le« dehors>> et!' espace privé. Leur référence aux« cabanons >>de la ré­gion n'a pas toujours été bien com­prise, puisque leur projet est étran­ger au style néo-provençal et qu'il recherche une impression de con­tinuité attachée à l'image du loge­ment collectif. L'équipe s'étonne de ces réticences devant un bâti­ment qui n'est« pourtant pas un manifeste critique >>.Enseignants à l'école d'architecture de Marseille, ils participent à de nombreux con­cours, ce qui les a.~êché de pré­senter la session 1\ 9 avec une équipe italienne Ot espagnole , comme ils y avai 1t ensé.

Guffroy, Hesters et Lefebvre, lauréats du PAN 13 sur un projet à Nanterre, sont restés en région parisienne. Ainsi peuvent-ils pou­suivre une réflexion de pur style moderne : « L'histoire de l'archi­tecture moderne a un sens et nous nous situons dans cette conti­nui té. >> Remarqués sur leur propo­sition pour le centre urbain de Nan­terre en février 1986 puis réinvités par l'EPAD, ils ont gagné le con­cours pour un nouvel hôtel de po­lice :un projet au look« luxueux >>, fondé sur un respect scrupuleux du

PAN 14 en Corse? PrcüeL ck Bcguin-Manhini

LA MAISON DE L'ARCHITECTURE

Avec l'exposition EUROPAN France, la Maison de l'Architecture accueille la jeunesse et s'ouvre à l'Europe. Après avoir favorisé le renouveau archi­tectural, les concours PAN contribuent à l'accès de la profession à l'échelle européenne. Renou­

veau, ouverture européenne : deux préoccupations que partage la Maison de l'Architecture, lieu d'animation de la profession qui se veut en prise directe sur le métier et les pratiques.

Pour les architectes, l'Europe est faite ... sur le papier, du moins, depuis l'entrée en vigueur de la Directive de 19851es concernant. Dans les pratiques, elle reste à faire. La profession s'y emploie (création en février dernier du Conseil européen des architectes), les initiatives se mul­tiplient et les aspirations européennes des uns et des au­tres se font jour.

A travers les concours internationaux, les architectes ont l'habitude de la confrontation internationale. Ils n'ont, en revanche, qu'une expérience restreinte du travail « hors frontières » avec des partenaires étrangers. Par des échan­ges croisés, I'EUROPAN tisse ces liens défaillants et en­courage la libre circulation des hommes et des idées. At­tentive à la mobilisation opérée dans les rangs des jeunes, la Maison de l'Architecture rend compte aujourd'hui des propositions formulées sur le seul sol francais avant la tenue de la grande finale européenne qui exposera les ré­sultats de I'EUROPAN au Centre Pompidou, à l'automne.

Nous remercions également le comité de poroinoge de I'Europon

qui, selon l'habitude, s'étonnait de ne pas voir de toits. Mais les méan­dres administratifs dans l'île sont insondables et le permis de cons­truire, refusé, doit être revu en tri­bunal administratif.

Démarcher après les Albums, se faire inviter aux concours : pres­que toutes les équipes sacrifient à cette règle et s'y épuisent ; six con­cours en 1988 pour Beguin et Mac­chini. « On n'apprend rien, on ne fait que cristalliser des idées. >> Comme eux, Archipel s'inquiète du gaspillage que représente une telle « débauche de projets>>, quand, par exemple, vingt équipes s'affrontent pour vingt logements. Ou quand, parmi les concurrents, se retrouvent des équipes amies. Alors, ils sont de plus en plus nom­breux à souhaiter « revoir les struc­tures, rechercher une organisation plus ouverte avec d'autres concep­teurs >>. Ou, comme Télémaque, à former des« groupements de com­pétences >>. Toujours la recherche de la crédibilité, mais aussi l'espoir de détourner cette obligation de concurrence d'où naît tant d'amertume. Frédérique de GRAVELAINE

L'EUROPAN FRANCE tient à remercier la Sanocolro pour ron aide à la réalisation cie l'exposition et du journal.

SONACOTRA l'Habitat en mouvement

1 -- N 1 ~ FRATELU DIOGUARD" e •1 4!!$ 1mpresa dr Costruzronr

LE CALENDRIER DE L'EUROPAN

MAl 1989 : PROCLAMATION DES RÉSULTATS

EXPOSITIONS NATIONALES

Autriche :le 15 mai à Graz lors de l'exposition de l'ensemble des projets à la Maison de l'Architecture (jusqu'au 31 mai à Graz, du 1"' au 15 juin à Salzbourg)

Belgique : le 31 mai à Bruxelles

Espagne : le 16 mai à Madrid

France :le 29 mai à Paris (Maison de l'Architecture) lors de l'exposition de l'ensemble des projets (jusqu'au

10 juin)

Grèce : le 3 juin à Athènes, exposition du 4 au 30 juin

Italie :le 18 mai à Rome (Aniacap)lors de l'exposi­tion de l'ensemble des projets

Pays-Bas :le 25 mai à La Haye, exposition à Rot­terdam, au Kunsthal, du 17 juin au 6 août

RFA: le 12 mai à Berlin, lors de l'exposition de l'en­semble des projets (elle sera présentée également à Ingolstadt

et à Trèves)

Suisse: le 16 mai à Zürich, exposition jusqu'au 27 mai à l'Ecole polytechnique, puis aux Ecoles polytechniques de Bâle, Lausanne et Lugano

29 ET 30 SEPTEMBRE 1989 EN ITALIE : EUROPAN FORUM

cc CONSTRUIRE EN EUROPE ))

Si l'objectif d'EUROPAN est de permettre l'émer­gence d'idées architecturales nouvelles et de jeunes talents, il est aussi de promouvoir les réalisations de ces idées dans les différents pays participants. D'ores et déjà, de nombreux maîtres d'ouvrage ont mani­festé l'intention de faire construire les jeunes lau­réats, quelle que soit leur nationalité.

Car l'enjeu pour la maîtrise d'ouvrage est de taille ; l'ouverture prochaine des frontières économiques et culturelles, la circulation des professions, les transformations dans les programmes et les formes d'habitat qu'induit l'évolution rapide des modes de vie posent des questions nouvelles aux profession­nels de la construction.

EUROP AN FORUM réunira les maîtres d'ouvrage d'Europe- privés, publics, élus- et les quarante­cinq lauréats autour des thèmes suivants :

Construire à l'étranger, construire avec un étranger

Quels en sont les enjeux ? Quels types de procédu­res nouvelles sont nécessaires pour gérer les rela­tions maîtres d'ouvrage-architectes ?

Modes de vie et transformation de l'habitat Quelles sont en Europe les grandes tendances de cette évolution ? Comment concilier innovation spa­tiale et technique et réalisme des conditions de pro­duction?

Jeunes architectes et expérimentation Que signifie pour un maître d'ouvrage faire appel à un jeune architecte européen et lui confier la réa­lisation d'un programme de logements ? Dans le cadre de quelles missions ?

5 DÉCEMBRE 1989·15 JANVIER 1990 : EXPOSITION EUROPÉENNE À PARIS

Clôture officielle de la première session, annonce de la seconde et accueil des nouveaux pays partic ipants

Présentation des 45 projets lauréats Centre National d'Art et de Culture

Georges Pompidou - Paris

Les résultats des concours vont faire émerger des idées nouvelles sur l'habitat et permettre une com­paraison des cultures différentes de l'habiter dans les différents pays européens. L'exposition euro­péenne proposera des approches thématiques de ces divers modes d'habitat et de leur histoire à travers notamment les propositions des jeunes architectes européens. Un colloque rassemblera tous les parte­naires de l'EUROPAN, architectes, maîtres d'ou­vrage, administrations de l'architecture et de la cons­truction et des-chercheurs pour faire une première analyse des résultats et tirer les enseignements de la première session.

Cette exposition circulera durant le premier se­mestre 1990 dans plusieurs grandes villes d'Europe.

c' 0 Bi l'! Q. E

0 0 .!,! ::ë

::> "-

l'! :0 > 0 o, 0 0 L Q.

c i1 Vi 0 Q. E 0 u .2 0

L Q.

0 a; u

~----------------------------------------------~ ü