Les francais debarquent + 6REG,RAIDS N°54,1990

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SPECIAL LE GOLFE OPERATION DAGUET SUR LA TERRE SAOUDIENNE Yanbu. 29 septembre 1990 Déchirée par les rayons déjà brûlants d'un soleil matinal, la brume se lève lentement sur la mer Rouge. Le Corse peut enfin rentrer dans le port ultramoderne de Yanbu en Arabie Saoudite, dont nul auparavant ne connaissait le nom et qui va servir de lieu de débarquement pour les troupes 4 françaises. Textes et photos : Yves DEBAY Lentement, le gros bateau s'approche du quai. Aux bastingages, des dizaines d'hommes en treillis regardent cette terre inconnue où ils vont vivre, et peut-être combattre. Quelques sourires, mais aussi pas mal d'émotion qu'on essaie de cacher derrière une plaisanterie. Il y a si long- temps que l'Armée française n'a pas pris le bateau. L'Indo... l'Algérie, un quai, un

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SPECIAL LE GOLFE

OPERATION DAGUET SURLA TERRE SAOUDIENNEYanbu. 29 septembre 1990Déchirée par les rayons déjà brûlants d'un soleilmatinal, la brume se lève lentement sur la merRouge. Le Corse peut enfin rentrer dans le portultramoderne de Yanbu en Arabie Saoudite, dontnul auparavant ne connaissait le nom et qui vaservir de lieu de débarquement pour les troupes

4 françaises.

Textes et photos : Yves DEBAY

Lentement, le gros bateau s'approchedu quai. Aux bastingages, des dizainesd'hommes en treillis regardent cette terreinconnue où ils vont vivre, et peut-êtrecombattre. Quelques sourires, mais aussipas mal d'émotion qu'on essaie de cacherderrière une plaisanterie. Il y a si long-temps que l'Armée française n'a pas prisle bateau. L'Indo... l'Algérie, un quai, un

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Ci-contre. Par la poupe du navire Ile de laRéunion, tes VAB du 1er Spahis et du 1er RECsortent de la soute. Durant les huit jours duvoyage, les véhicules ont été repeints en"livrée désert". Les Légionnaires du 2e REIassistent au débarquement du matériel.

Ci-dessous. Un Légionnaire de la 2e

Compagnie du 2e Etranger d'infanteriedébarque du Corse, sac F-1 bourré à craquersur le dos et FAMAS sur la musette. Au bout

de quelques mètres de marche sur le quai deYanbu, les terribles effets de la chaleur se

lisent déjà sur le visage du Béret vert.

bateau blanc, tout cela est si loin et siproche à la fois.

Sous les ordres d'un officier de portanglais, les manoeuvres pakistanaisamarrent le gros ferry. Le temps n'est plusà la rêverie et les soldats français dispa-raissent dans les coursives, tandis que lesmarins de la compagnie maritime SNCMs'activent autour des portes arrière d'oùdébarqueront hommes et matériels.

Le général Roquejeoffre, béret bleufrappé de trois étoiles impeccablement vis-sé sur la tête, attend l'ouverture des portespour monter à bord.

Tout de suite dans lebain

Quelques instants plus tard, lecommandant en chef des forces fran-çaises en Arabie Saoudite salue le colonelLeguen, commandant le groupe logis-tique. Le moment est historique.

A11 h 45 précises, le premier véhicule,un Berliet, quitte le Corse et roule sur le solsaoudien. L'opération Daguetcommence.Le navire "vomit" alors des dizaines de

"Les marinscivils ont été

aux petitsoignons... "

véhicules, essentiellement logistiques, du6e RCS, du GSL (1) et du 5e RHC. Lespremières troupes à débarquer sont lesMarsouins du 21e RIMa, les Légionnairesde la 2e Compagnie du 2e Etranger, ainsique les compagnies d'éclairage et d'appui.Chargés comme des mulets, en longuefile, ils se dirigent vers deux grands han-gars situés le long des quais. Il fait plus de40° et ce premier contact avec l'Arabie estdur. Ce "petit trajet" avec tout le barda mettout de suite les hommes dans le bain. Ensueur, Légionnaires et Marsouins mar-chent, tandis qu'accosté \'Atlas, bourré devéhicules fraîchement repeints aux cou-leurs du désert.

Le voyage, pour certains, ne fut pas faci-le. Le Corse n'étant pas conçu pour trans-porter des troupes, des Légionnairesfurent obligés de dormir pendant les huitjours de la traversée! Plus chanceux, unjeune Marsouin de dix-huit ans affirme :

(l) Groupe de Soutien Logistique.

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L'ALAT AUCONTACT

Mercredi 29 septembre, 46 hélicoptèresde combat Puma et Gazelle du 5e RHCont réussi le tour de force de relier le portde Yanbu, sur la côte ouest saoudienne,au camp militaire Roi-Khaled en dixheures de vol. Soit 1 100 km avec troisarrêts pour faire le plein. Aussitôt rejointspar 2 Transall venant de Djibouti et trans-portant des missiles Hot et Milan. Le len-demain, le détachement de l'ALAT, ausein de l'opération Daguët, était prêt àentrer en action.

Mais revenons en arrière, car s'il fautsaluer cette pejfprmance accomplie dansle désert saoudien, il faut parler du véri-table exploit réalisé en août. En effet, enmoins de quatre jours, la majeure partiedu 5e RHC de Pau, soit 12 Puma et 30Gazelle (20 SA 342/Hot, 5 SA 341 et 5SA 341/Canon), plus le matériel derechange, de servitude et les munitionsont pu être prêts à temps et rejoindre Tou-lon pour embarquer sur le Clemenceau.

Outre les hélicos du 5e RHC, présentssur le sol saoudien et débarqués du Cle-menceau, des éléments du 3e RHCd'Etain sont aussi parvenus en ArabieSaoudite, cette fois par voie aérienne.Ainsi, un 747 cargo d'Air France a aéro-transporté 2 Puma et 4 Gazelle, au débutseptembre, suivis, six jours plus tard, par4 Puma et 2 Gazelle dans la soute de 2C-130 et 4 Transall. Ces gros porteurs ontaussi amené une compagnie du 1er RIfaisant partie de la DAM.

Cette présence en Arabie Saoudite peutêtre rapidement accrue, car un régimentd'hélicoptères de combat (sans véhicules)peut être transporté avec 7 Boeing 747cargo. En moins d'une semaine, la 4e

DAM peut être opérationnelle dans leGolfe! O

"Le pied! On a eu une cabine pour quatre,il y avait le barda dans les pattes, mais cen'était pas un problème. Et puis les marinscivils étaient aux petits oignons pournous." L'accueil et le service des marinsde la SNCM furent très appréciés par lesmilitaires embarqués, quel que soit leurrang. Il est vrai que la Compagnie offraità ses employés une fameuse prime derisque. "Pour nous, pas de prime, c'est leboubt mais on a aimé le voyage et le soirqu'est-ce qu'on a écluse! Il est vrai qu'enArabie on sera au régime sec. Dur, dur,mais la Légion s'adaptera", conclut uncabo-chef espagnol du 2e REI.

Mais si les soirées furent arrosées,durant tes huit jours du voyage on a aussirafraîchi tes connaissances, du footing auxcours sur te chimique et de l'entraînementphysique sur te pont à la connaissance dumonde arabe et de rislam.

Le veille de l'arrivée, les artilleurs-para-chutistes fêtèrent la Saint-Michel commeil se doit, béret rouge sur le crâne et enchantant. Un officier du Corse fut particu-lièrement ému lorsque les paras chantè-

Ci-dessus. Début août1990, le porte-avions

Clemenceau quitte Toulonavec à son bord les

hélicoptères du 5e RHC.C'est le début de

l'opération Salamandre quise transformera en

septembre en opérationDaguet. (Photo Marine

Nationale)

Au centre. Opération deravitaillement en zonedésertique pour ces Pumade l'ALAT. Une opérationidentique a été réalisée parles appareils du 5e RHCentre Yanbu et le camp RoiKhaled.(Photo SIRPA)

Ci-dessous. Vue aériennede l'aviso-escorteur F-728Doudart de Lagrée,actuellement en missiondans la mer Rouge.(Photo Marine Nationale)

Page ci-contre, en haut. UnAMX-10 RC évolue dansune zone désertique. Ce

véhicule à roues s'est trèsbien comporté en Afriqueet se révèle un redoutableadversaire même en face

d'un char lourd.

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TROUPESAU SOL

Les troupes françaises enposte en Arabie Saoudite(Hafar-al-Batih, Yanbu, etc.)sont principalementconstituées des1er REC ( 2 escadrons

d'AMX-10)1* Spahis (AMX-10 et

VABHot)2eR£l(VAB)

21e RIMa (une compagnie)35e RAP ( missiles Mistral)S*RCS

Auxquelles il faut ajouter àAbu Dhabi les11» RAMa (Missiles Mistral)1er RHP (18 VLRA, 8 P-4

Milan, 180 hussards).

ALATL'aviation Légère deI Armée de Terre a envoyédans le désert saoudienses Gazelle Mot — oucanon— et ses Puma du5* RHC tt2 Puma, 30Gazelle!.ainsi au€ ie -enfcrtconstitue ses ^e'icos duy RHC i ô Puma. 4Gazeilei,II fei. •compagnie eu1er RI, régime-: ~ac :_r îtravailler avec leshélicoptères de la DAM

AVIATIONAu total l'Armée de l'Air aenvoyé pour l'instant enArabie Saoudite 24appareils : 8 chasseursMirage 2 000,8 appareilsd'attaque au sol Jaguar. 4avions de reconnaissanceF-1CR, 2 avions deravitaillement KC-135.

ARABIE SAOUDIT

MARINEDans I Océan Indien et en Mer Rouge, la Marine Nationale conserve encore onze bâtiments : 1 frégate anti-sous-marine. 2 avisos escorteurs, 1 pétrolier (Mer Rouge): 1 frégate. 1 aviso. 1 patrouilleur, 1 navire atelier. 1pétrolier, 1 navire de soutien et 1 navire de transport (Océan Indien).

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L'ARMEE DEL'AIR REPOND

Dans le cadre de l'opération Daguet,l'Armée de l'Air a décidé de déployer, éta-lés dans le temps, quatre escadrons decombat et un de ravitaillement en vol. Cedéploiement a débuté le 3 octobre der-nier, avec l'envoj de 4 Mirage 2000 RDId'Orange et 4 Mirage F-1CR de la based'Istres à destination de la base d'AI-Asha(près de la ville d'Hofuf). Après cinqheures trente de navigation et trois ravi-taillements en vol (au-dessus de Rome,au large de la Crète et non loin de la côtesaoudienne), ils atterrissaient à côté des3 Transall les ayant précédés, chargéseux du premier soutien logistique debase.

La base d'AI-Asha est dotée d'une pistede 3 000 m, et même si son infrastructuren'est pas prévue pour accueillir autantd'appareils, celle-ci a l'avantage d'êtresituée à 400 km du Koweït. Soit à distan-ce quasi égale que la base de Dhahranoù sont stationnés plusieurs wings dechasse de l'USAF. A la mi-octobre, 16appareils de combat étaient déjà en pla-ce, avec les 8 Jaguar de la base de toulpartis le 14 octobre de France. Les Mira-ge 2000 sont armés de missiles AAMagic 2 et Super 530 D.

Au total, l'Armée de l'Air a décidéd'envoyer en Arabie Saoudite 24 appa-reils (8 Mirage 2000,8 Jaguar et 4 MirageF-1 CR, 2 KC-135 de ravitaillement).

Ainsi, l'aviation française n'est situéequ'à 30 mn de vol de la base militaire Roi-Khaled où sont stationnées les unitésfrançaises. De plus, ce détachement tra-vaille en coordination avec les avions-radars AWACS saoudiens et US. O

rent, à deux voix, la prière du para. Eneffet, le navire transportait un gros déta-chement du 35e Régiment d'ArtillerieParachutiste avec ses déjà très célèbreslance-missiles Mistral.

Durant trois jours, les navires vont sesuccéder sur les quais de Yanbu. Depuis

Une chenillede 3O km

s'enfonce dansle désertsaoudien

la guerre d'Algérie, la "Marchande" n'avaitjamais été tant mise à contribution. Lesferries, le Corse. ÏEsîerel. le Cap-Ferral,les rouliers Castellet. Casablanca et Ile-de-la-Réunion vont débarquer le 2e REI.une compagnie du 21e RIMa. le 1er Spa-his, un escadron du 1er REC. des élé-ments du 35e RAP et des dizaines de

Ci-contre. Débarquement, le 1er octobre, des48 AMX-10 PC du car-ferry Girolata. Ces

blindés constituent le fer de lance terrestre del'engagement français sur le territoire

saoudien.

Ci-dessous. Le général Roquejeoffre, patronde l'opération Daguet, accueille les unitésfrançaises à Yanbu.

Ci-dessous, à droite. Les légionnaires du&REI de Nîmes débarquent du Corse. Tous cessoldats d'élite ont déjà effectué plusieursséjours en Afrique et connaissent lesconditions climatiques du désert.

Page ci-contre, en bas. Les véhicules légersdes Spahis et du 21e RIMa sont débarqués du

cargo Atlas, tandis que les troupes profitentd'un peu d'ombre. Dans quelques jours, il n 'y

aura plus que le soleil du désert.

logisticiens du 6e RCS du 7e RPCS et dugroupe logistique de la FAR. Les BéretsRouges professionnels du 7e RPCS rem-plaçant les appelés du 6e RCS pour d'évi-dentes raisons politiques. Au total, Daguetva compter 4 000 hommes et plus de 11000 véhicules, en incluant les premiersvéhicules du 5e RHC et du 1er RI débar-qués par le Clemenceau une semaineauparavant.

Organisation impeccableEnfin, le 1er octobre, le cargo Girolata

LE GENERALROQUEJEOFFRE

Né le 28 novembre 1933, ancien Saint-Cyrien, le général Michel Roquejeoffre est unspécialiste de l'arme du Génie.

Il a servi notamment en Algérie, puis au Maliet au Dahomey (Bénin). En 1978, il prend lecommandement du 17e RGAP à Montauban.Après plusieurs postes au sein d'états-majors,il commande, comme général de brigade, la7e Division Blindée en 1987.

Puis, comme général de division, il est nom-mé adjoint au gouverneur militaire de Paris.Depuis juin 1990, en tant que général decorps d'armée, il commande la FAR. Actuel-lement, grand "patron" des unités françaisesengagées pour l'opération Daguet. O

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LA ROYALEPATROUILLE

Après le retour à Toulon du Clemen-ceau et du croiseur lance-missiles Gol-bert, la Marine nationale dispose dansl'océan Indien et en mer Rouge de dixnavires. Ceux-ci sont regroupés autourde deux missions : Artimon et Alindien.Ainsi naviguent en mer Rouge : la frégateanti-sous-marine La Motte-Piquet, lesD€jx avsos-escorteurs Protetel Doudartx -s.z~é et le pétrolier ravitailleur Duran-ts.

"a— s :_e cans l'océan Indien, sont

T_ - r r. l'aviso Comman-3a~r-£>Ja, -ç e :a:-ojilleur La Rieuse,e -=. -e-a-eV.- rî .e^e. le pétrolier•=. :a e-- '.'="r r -av re de soutien:c S:C-T =- -r:." -a. re de transportléger type 55~

Ces unrtés sont chargées de mettre enoeuvre l'embargc e: fe :c-:*ôler. avecles autres forces ~a. s-E-S :̂ a'€-::- econtenu et la route des navires de com-merce. D

r£) Moyen Polyvalent du Génie. Sorte de grosBulldozer sur roues servant à creuser des abris et3 embosser les véhicules.

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LES SAOUDIENS NE S'Y SONT PAS TROMPÉS QUAND ILSONT VU DÉBARQUER LES PREMIERS SOLDATS.

C'ÉTAIT BIEN UNE PARTIEDE L'ELITE DE L'ARMEE FRANÇAISE QUI VENAIT

À LEUR SECOURS !

débarque le fer de lance de l'opération,soit 48 AMX-10 RC. Durant les opérationsde débarquement, les hommes vont vivredans deux énormes entrepôts. L'organisa-tion impeccable assurera d'excellentsrepas. "Cinq cents rombiers dans unentrepôt de la taille d'un terrain de foot,c'est du spectacle! "Les ports de l'Angle-terre devaient ressembler à cela la veilledu jour J. Certains lisent, d'autres essaientde dormir, on peaufine le nettoyage desarmes et des Tahitiens du 1er Spahis et du21e RIMa se sont même mis à la pêche,attrapant d'étranges poissons cornus. Lepassage d'une superbe tortue marineéveille 'intérêt de toute une compagnie.Entre temps, les sous-officiers alignent surles quais, en rames bien organisées, descentaines de véhicules. Du VAB à l'AMX-10 RC, de la petite P-4 aux tout nouveaux,et monstrueux, camions VTL (Véhicule deTransport Logistique) chargés d'obus-flèches, en passant par les VAB Mot anti-chars, les ambulances repeintes avec lecroissant rouge et les camions TRM etBerliet, chargés de shelter et bourrésd'antennes.

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Page de gauche. L'un des 48 chefs de charsd' AMX-10 RC attend les ordres. Les blindés

viennent d'être débarqués des car-ferries françaiset sont garés sur le port.

Ci-dessus. En file indienne, les Légionnaires du2e REI se dirigent vers les deux entrepôts où ilsvivront en attendant le débarquement de latotalité du matériel.Ci-contre. Sous l'œil intéressé des Saoudiens de

Yanbu. les AMX-10 RC débarquent du Girolata.

Le 1er octobre, un premier convoi logis-tique démarre. Le lendemain, 500hommes et 200 véhicules, dont douze por-te-chars saoudiens civils qui transporterontles gros MPC (2) du 6e REG. Enfin le der-nier convoi, gigantesque chenille de plusde 30 km et comptant 300 véhicules,s'ébranle. Les sirènes de la police saou-dienne hurlent. A ta queue teu feu. tes VABdémarrent. L'aventure française en terresaoudienne commence. A soixante kilo-mètres de là. les premiers bifurquent versl'est sous un panneau routier "Médne. Vi-le Sainte, interdite aux non-musulmans".Mille trois cents bornes de chaleur et depoussière avec, en bout de course, uncoin de désert aux confins de l'Irak, nom-mé Hafar al Batin. C'est là-bas que tout sejouera... n

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Haletants... et le front perléde sueur sous le casqued'acier, les hommes de la3e Compagnie du 6eRégiment Etranger deGénie attendent les ordresà l'abri d'un repli de terrain.A peine débarqués du VAB-génie, ils ont parcouru, enfeu et mouvement, centmètres de découvert.Dans un trou, un lieutenantdu 21e RI Ma s'entretientrapidement avec lecapitaine Boulet,commandant lesLégionnaires-pionniers."Deux bâtisses, bourréesd'hommes et protégéespar un réseau de barbelés.Du boulot pour vous, on nepeut que vous appuyer parle feu. " En quelquesinstants, le capitaine adonné ses ordres. Le feuredouble de part et d'autre."On y va. '

Textes et photos : Yves DEBAY

Deux grenades fumigènes lancées par lesLégionnaires explosent avec un claquementsec. Un autre homme bondit dans la fumée, un

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bengalore dans chaque main. "Planquez-vous!" Les hommes font corps avec le sol alorsqu'une terrible déflagration ébranle le conser-tinat. Avant même que les débris ne soientretombés, deux Bérets verts porteurs de lance-flammes se sont rués dans la brèche. Deuxlangues de feu trouent soudain la fumée. Lesvolets de la vieille bâtisse s'enflamment. Immé-diatement, d'autres soldats, profitant de la

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Page ci-contre, en haut àdroite.Exercice de dégagementrapide d'un obstacle enflammes, à l'aide d'unechargeuse à roues appeléeMPG (Matériel Polyvalentdu Génie).

Ci-contre, à gauche.Franchissement d'unecoupure humide pour ceVABdu6 REG.Cevéhicule appartient auDétachement Liaison-Renseignement-Génie(DLRG) et est donc utilisécomme élément dereconnaissance.

Page ci-contre, en bas, àgauche.L'insigne du 6e RégimentEtranger de Génie.

Ci-contre, à droite.Image impressionnante que

ce tireur lance-flammes enaction. Cette arme

portative, du Modèle 24,reste, malgré son âge,

psychologiquement trèsefficace.

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Ci-dessus. Un engin MPC. La mission de l'unité consiste à se débarrasser de tous les obstacles en mission offensive et, inversement, en opérationdéfensive à en créer le maximum.

Ci-dessous, de droite à gauche. Foreuse du 6e REG. Cet engin tout-terrain conçu pour te forage rapide se déplace à 70 km/h et peut êtreaérotransporté par Transall C-160. Plongeurs équipés d'oxygers et d'une planchette de navigation. Ils appartiennent au détachement d'InterventionOpérationnel Subaquatique, chargés d'accomplir des actions commandos.

En page de droite. Le déminage est, bien sûr, l'une des spécialités du 6e Génie. Envoyés au Tchad comme au Pakistan, les Légionnaires sont desexperts du déminage, noble tâche qu'ils partagent avec les paras du 17e RGAP.

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LE 6e REG, REGIMENTDU GENIE DE LA D.L.B.

Effectif : 700 hommes

Cie de COMBAT MECANISEE• 2 pelles mécaniques (1) • 4 distributeurs

(1) Auquel il faut ajouter : • 1 grue• 6 tracto-chargeurs Ahlmann• 4 bouteurs sont 2 "Tapis Plage"• 8 bennes

2MPG

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Ci-dessus. Lors de l'exercice Farfadet auprintemps 1990, les légionnaires du 6e REGont, grâce à leurs engins de Génie, préparé laplage de débarquement et déployé un tapis deroulement pour les véhicules de la 6e DLB.

En page de droite.Le DINOPS dispose aussi, pour effectuer sesmissions, de kayaks rigides. Engins trèsdiscrets et surtout silencieux, ils permettentl'emport du matériel de plongée et dedestruction.

confusion, balancent des offensives par lesfenêtres et se ruent ensuite en rafalant dans lespièces que lèchent encore quelques flammes.A la radio, le capitaine Boulet est laconique."Point d'appui ennemi neutralisé, attendons lesordres. "

Cette brillante démonstration faite à muni-tions réelles fut spécialement réalisée pour les

lecteurs de RAIDS sur le terrain d'entraînementjouxtant le quartier général Rolet, au camp del'Ardoise où se trouve caserne le 6e REG.L'extraordinaire habilité des Légionnaires àmanoeuvrer sous couvert de feu réel et à mani-puler des charges qui ne sont pas à "blanc" estparticulièrement impressionnante.

Le capitaine Boulet nous dira tout simple-ment. "Dans le Génie et quelle que soit l'unité,une partie des soldats est déjà en guerre ettout spécialement chez nos camarades démi-neurs, qui chaque année paient quelquefois deleur vie leur sens du devoir. Aussi soignons-nous particulièrement l'entraînement. A Faya-Largeau au Tchad, au Pakistan, lors de l'opé-ration Salaam et peut-être demain au Cam-bodge, les mines que nous désarmons avecl'aide de nos camarades du 17e RGP etd'autres unités ne sont ni des maquettes ni des

jouets. "A la popotte de la compagnie ornéede souvenirs rapportés du monde entier, noussavourons une lourde bière belge servie parl'adjudant de compagnie, qui, contrairement àla tradition de la Légion, ne boit pas que de la"Kro".

Le capitaine explique les missions du régi-ment et de la compagnie. "La principale mis-sion du Génie de combat est l'appui à la mobi-lité. C'est-à-dire que notre action dans l'offen-sive va consister à participer à la réduction desrésistances ennemies. Pour cela, noussommes détachés par petits groupes avec nosVAB-génie dans les unités de pointe. Nousaidons également les unités à franchir les cou-pures, c'est-à-dire en langage militaire lescours d'eau et destructions opérées parl'adversaire. Notre division 800 km par jour, la6e DLB (1), est, dans ses unités de combat,pratiquement amphibie sans préparation, maisce sera toujours le Génie d'assaut qui sera lepremier de l'autre côté.

Nous maintenons aussi les communicationset bien sûr débarrassons la routes des "obs-tacles", soit des mines ou plus sérieusementdes points d'appui que nous neutraliseronsavec l'aide des autres unités de la Division. Endéfensive, à nous de ralentir et de bloquerl'ennemi par toutes sortes d'obstacles, abattis,destructions, champs de mines et autres boby-traps. Nous sommes bien sûr experts en lamatière et pour l'adversaire "gare au piège àcon". Mes légionnaires connaissent tous lestypes de mines utilisés en France. Mines ACH(antichars), AP (antipersonnel), à effet dirigé,mais aussi les engins soviétiques, belges, ita-liens, etc., qui se retrouvent partout dans le

deshélicoptèresposeurs de

minesmonde. Tous les systèmes de mise à feu sontconnus. Les simples mines de première géné-ration à simple pression ainsi que les minessismiques ou magnétiques n'ont plus aucunsecret pour nous. "

Pour les unités d'infanterie, les Légionnairesdu Génie sont des "gens aux pieds sales". Onles voit partout et dans des situations apparem-ment sans gloire. En train d'étaler du rubanpour baliser un champ de mines, les rangerdans la boue, ou une tige de métal à la mainpour détecter les pièges.

Le 6e REG comprend trois compagnies degénie de combat, une compagnie d'appui etune compagnie de commandement et ser-vices. A cette dernière, sont attachés leDINOPS (Détachement Intervention Nau-tiques) (2) et le DLRG (Détachement LiaisonRenseignement Génie), doté de trois VAS uti-lisés en reconnaissance. Les trois compagniesde combat sont calquées sur le modèle de laLégion spécialisée.

La Première Compagnie a une vocationnautique, la Seconde est spécialisée dansl'intervention en montagne et la Troisième a uncaractère aéromobile. La France, à l'instar duRoyaume Uni, commence à utiliser l'hélicoptè-re pour des missions de génie. Les mines sontsoit directement balancées de Puma, commeà la 24e division Airmobile anglaise (3), ou rapi-dement posées à la main par des équipes heli-

(1 ) Voir RAIDS N° 51,(2) Voir RAIDS N° 13.(3) Voir RAIDS N° 42.

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portées. Pour le combat mécanisé classique,les compagnies de combat sont divisées entrois sections à deux groupes de combat opé-rant sur VAB-génie.

Chaque groupe de combat possède sonVAS, plus un pour le commandant, ce qui faitdix VAB par compagnie. Le VAB-génie se dif-férencie du VAB VIT normal par son treuil, sespatins d'ancrage et bien sûr les coffres à maté-riel pionnier. Chaque section dispose égale-ment d'un camion Renault TRM-4000. Le com-mandant de compagnie a également à sa dis-position un groupe de deux MPC attachés à lasection de commandement. Le MPG est unesorte de gros bulldozer sur roues, destiné àcreuser des emplacements d'armes pour lesblindés ou à détruire des barricades. Les lance-

Le "stress"du

lance-flammesflammes sont eux gardés à la compagnie decommandement et mis à la disposition descompagnies en fonction des besoins. Malgréson âge, le lance-flammes reste et restera unearme efficace, surtout psychologiquement.

D'origine marocaine, le caporal Ahmed estun des tireurs lance-flammes de la 3e Compa-gnie. "Le soldat le plus aguerri craquera facea une attaque au lance-flammes. S'il ne serend pas, il essaiera à tout prix de bouger pouréviter les flammes et de ce fait s'exposera auxautres armes de la compagnie. "

II faut également "pas mal de bouteille" etd'expérience pour manier ces engins. Le tireurlance-flammes particulièrement vulnérable vaattirer sur lui tous les feux ennemis. Une balleou un éclat dans le réservoir et c'est foutu. Aus-si, la coordination entre la base de feu et letireur est très importante. Il faut égalementbeaucoup d'entraînement. Le lance-flammesest une arme qui fait peur même à son servant.Les jeunes Légionnaires qui s'en servent ont

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LA COMPAGNIED'APPUI DU REGIMENTTout comme dans les unités d'infanterie, la Com-

pagnie d'appui du 6e REG est dotée de matérielslourds réunis autour de deux sections, dont la mis-sion est l'organisation du terrain.

Ici, les Légionnaires sont des conducteurs d'enginsvariés qui creuseront, pelletèrent, élagueront, ouvri-ront des champs de tir au profit de leurs frèresd'arme. Outre la section de commandement, la ÇAdispose de deux sections complètement différentes.

les sections équipement et obstoclesLa section équipement :,.--= e :-e~ - :•$

des passages difficiles ou contrc_e = = é~::5 = =--ment" (on ne dit pas enfouissement/ aes o roes s_-des positions défensives. Cette opéfaJJon fut notam-ment effectuée à échelle réelle lors du dernier exer-cice Farte/, où un escadron complet c*. ' « • -EC e:une compagnie furent "embossés" près :e S s:r-"Pour ses missions, la section équipement as: : sede 4 portières MLF (Moyen Léger ae Franchisse-ment), 2 excavatrices, 2 pelles mécaniques. 1grue, 6 tracto-chargeurs, 4 bouteurs dont 2 "tapisde plage", et 8 bennes.

La deuxième section de la ÇA est la sectionobstacles, chargée de préparer les abattis, forer lespuits à explosifs, enfouir et distribuer les mines. Cettesection dispose de 4 foreuses rapides, 2 enfouis-seuses et 4 distributeurs de mines.

Combattants comme les autres, les Légionnairesde la ÇA n'ont guère les faveurs du public qui leurpréfère les troupes de choc.

Pourtant, dans un conflit moderne, ces obscurs,par leur travail, peuvent sauver pas mal de cama-rades et quand la Légion construit... c'est du solideln

tous le "stress" de cet engin. Dans un procheavenir, l'engin sera remplacé par des roquettesincendiaires tirées par le LRAC de 89 mm.Mais il est évident que l'effet psychologique dulance-flammes sera difficilement remplacable.Paradoxalement, on peut peut-être dire qu'unlance-flammes peut contribuer à sauver desvies, car, en face, "on a tellement la trouillequ'on est plus capable de combattre".

Le modèle utilisé dans l'Armée française estle lance-flammes portatif Modèle 54, composéde deux réservoirs distincts. Le mélange estmis à feu par un barillet à amorce. Les servantsportent une tenue spéciale inifugée et uncasque à visière.

Deux possibilités de tir existent. L'envoi d'une

L'un des légionnaires-plongeurs du DINOPS.Cette unité dispose d'un équipement moderneet bien adapté leur permettant d'effectuerplusieurs types de mission, tant Génie queCommando.

grosse flamme très spectaculaire à 40 m avecdu semi-gélifié. Le mélange se compose alorsd'un tiers d'essence, d'huile et d'octogel. L'autrepossibilité de tir, moins terrifiante en apparencemais tout aussi spectaculaire, est l'envoi àsoixante mètres d'une fine langue de feu. à lafaçon d'un tuyau d'arrosage. Ce système, trèsprécis, est particulièrement efficace pour lesembrasures de bunkers et autres abris. Outreles lance-flammes et le classique FAMAS.l'armement de la section comprend un LRACet un fusil de précision FR-F2. Le capitaineBoulet poursuit. "La 3e Compagnie, c'est 33 spé-cialistes, mais avant tout ce sont des Légion-naires. Ici, l'esprit Légion est très vivace. Nousavons des Allemands, des Britanniques, deuxMaghrébins, des Espagnols et des gens des paysde l'Est.,, ainsi que le chien "Casse Croûte" quia l'habitude de mordre les gens qui ne sont pasen treillis! Il y a deux ans, nous avions mêmedeux frères venant du Mexique. C'était assezamusant de les voir fêter Camerone! " Des dursau coeur tendre, toujours prêts à ouvrir la route.C'est ça, le Génie-Légion! p

INTERVIEW DU LIEUTENANTKJAN, PATRON DU DINOPS

RAIDS : Mon lieutenant, il y a déjà trois ans,RAIDS présentait en exclusivité le DINOPS, com-mandé à l'époque par le lieutenant Baudart dontvous étiez l'adjoint A1. C'était une formationtoute neuve. Qu'en est-il maintenant?

Lieutenant Kjan : Contre vents et marées, nousavons lutté à l'époque pour faire du DINOPS nonseulement une unité d'aide au franchissement, maiségalement une unité de reconnaissance subaqua-tique spécialisée dans la reconnaissance de bergeset capable de coups de commando pour saisir unobjectif ou exécuter un sabotage.Ce fut dur, car il fallut s'imposer à tous les échelons.La Légion est une arme de tradition et nous avonsdû nous battre pour imposer nos idées. Cependant,grâce à des chefs de corps courageux, nous avonsbâti à partir de rien une unité opérationnelle qui main-tenant a sa place au sein des troupes d'élite.N'oubliez pas que le 6e REG est un régiment jeune.Cette époque de pionnier est désormais terminée,l'outil est forgé, mais nous gardons l'esprit novateurdu début et essayons d'innover sans cesse.

R. : Comment est organisé le DINOPS actuelle-ment ?

Lt. K : Pour répondre à cette question, je vais rapi-dement vous résumer nos missions. Nous mettonsà l'eau un Zodiac avec des plongeurs dès qu'unedes unités blindées de la division franchit une cou-pure. Je vous rappelle que les VAB et les AMX-10RC sont amphibies, cependant en cas de pépins nosplongeurs sont là pour aider les équipages. C'estnotre mission initiale et prioritaire. Pour cela, nousactivons l'équipe SAF (Section Aide au Franchisse-ment). Néanmoins, dans les heures précédant lefranchissement, nos plongeurs auront discrètementreconnu si l'ennemi tenait la rive ou si celle-ci per-mettait au blindé d'aborder. Nous pouvons égale-ment nous infiltrer par voie subaquatique et jaillir desflots pour neutraliser la garnison d'un pont quelquesminutes avant que les blindés de tête ne l'atteignent.Vous ayez également parlé, dans le RAIDS n° 13,des opérations de minage et de sabotage, aussi nereviendrai-je pas sur le sujet. Toutes ces missionssont exécutées par l'équipe 10 (Intervention).Chaque équipe dispose en équipement lourd d'unVAB. Nos équipements sont transportés par deuxTRM-2000 et je dispose d'une P-4 Peugeot commechef du détachement. Autre mission dont on ne parlepas beaucoup : la réparation subaquatique. Nouspouvons travailler sur un AMX-10 RC qui aurait euun problème lors d'un franchissement.

R. : Avez-vous touché du nouveau matériel?

Lt. K. : En quelques années, l'aspect extérieur duLégionnaire-plongeur a changé. Nous avons main-tenant des combinaisons camouflées et réglemen-taires et le général nous a autorisés à porter officiel-lement nos vestes en Goretex lors des opérations.Je crois qu'avec le 13e RDP, le 1^'RPIMaet lesCodos Marines, nous sommes les seuls à avoir cetéquipement désormais indispensable. Autre pas trèsimportant, nous allons très bientôt percevoirquelques pistolets-mitrailleurs Heckler & Koch MP-5, arme universellement reconnue pour le genre demission que nous pratiquons et qui n'a pas "peur dese mouiller". Autre sujet de satisfaction : il est ques-tion de percevoir, dans un avenir proche, desmoteurs plus performants pour nos Zodiac et j'espè-re que bientôt le détachement pourra peut-être sedéplacer sur des embarcations type Rigid Raider.

R. : La période de pionnier du OINOPS étant ter-minée, ne craignez-vous pas de tomber dans laroutine?

Lt. K. : En tant que Légionnaires et membres de laFAR, nous n'avons guère le temps de chômer.Quand ils en ont une, les membres du DINOPS nevoient guère leur famille. Sans arrêt nous sommessur le terrain, en camp ou en manoeuvre. Pour vousdonner une idée, en trois mois nous ayons fait unstage à Fréjus avec les marins, préparé le matérielpour une inspection, participé à Farfadet et à Dra-goon Hammeren Sardaigne, où nous avons travailléavec les SEALs de l'US Navy. Le peu de temps libreest consacré à l'entraînement que nous devonsmaintenir constant si nous ne voulons pas perdrenotre niveau. Au DINOPS, la routine, connaît pas!...et nous avons de beaux jours devant nous. O