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Le droguiste n’est pasprophète en son pays

En crise notoire depuis une dizaine d’années, lesauthentiques drogueries se raréfient dans le canton.Un phénomène assez paradoxal dans la région, puis-que l’Ecole Supérieure de Droguerie (ESD) estimplantée à Neuchâtel depuis 1908. L’herboriste ne

serait donc plus prophète en son pays ? Autour desquatre derniers patrons, la relève fait défaut mais larésistance s’organise.Enquête et témoignages.

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Centre-ville: le renouveau?L’année 2014 devrait être celledu renouveau pour le centre-ville de Neuchâtel. Le processusparticipatif entre autorités etcommerçants devrait porter sesfruits, selon le nouveau déléguéau centre-ville en fonctiondepuis trois mois.

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Panier solidaire au VallonAfin de distribuer les sur-plus alimentaires desgrandes surfaces aux per-sonnes dans le besoin,une association a démar-ré ses activités récem-ment au Val-de-Travers.

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(SALOME DI NUCCIO)

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L E C L I N D ’ Œ I L D ’ A L A I N P R Ê T R E

Sur les sentiers du vertige au Creux-du-Van.

Le bison pas bienvenuRéintroduire le bisond’Europe dans les forêtsdu massif jurassien?L’idée est dans l’air, maisaccueillie avec scepti-cisme dans les milieuxautorisés du canton.

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Canton COURRIER NEUCHÂTELOIS MERCREDI 8 JANVIER 2014 | 3

Les drogueries neuchâteloisesvivent une crise paradoxale

Société En crise depuis une dizaine d’années, les authentiques drogueries se raréfient. Un phénomèneassez paradoxal en sol neuchâtelois, puisque l’Ecole Supérieure de Droguerie y est solidement implantée.

ParSalomé Di Nuccio

«Etant donné que je pro-pose des mélangespersonnalisés à based’essences spagyri-ques, j’ai été dans

l’obligation de demander uneautorisation d’exploitation dedroguerie». Exploitante depuisoctobre dernier de l’Atelier spa-gyrique, à Peseux, Agnès Biglerprécise ce qui détermine sa rai-son sociale. Rien de bien frap-pant jusque-là, si ce n’est qu’autravers de celle-ci, le LittoralOuest possède à nouveau uneauthentique droguerie, suite àune série de fermetures auniveau cantonal. Car depuis unedizaine d’années, les herboristesindépendants se raréfient. Unphénomène assez paradoxaldans la région, puisque l’EcoleSupérieure de Droguerie (ESD)est implantée à Neuchâtel depuisplus de 100 ans. Une institutionunique en Suisse dans cedomaine, passage obligé pourl’obtention d’un diplôme en lamatière (voire encadré).Le droguiste ne serait donc plusprophète en son pays? Force estde constater que dans le canton,les quatre derniers patrons ontchacun l’âge de la retraite.

Facteur culturelDifférement du pharmacien,reconnu comme étant un spécia-liste du médicament, le droguisteest qualifié dans le domaine desplantes médicinales. Apte à pro-poser des cures et des solutionspersonnalisées, il développe

généralement ses propres formu-les. D’après l’Association suissedes droguistes, «c’est une bran-che qui a de l’avenir», et il est vraiqu’à Fribourg et surtout Outre-Sarine, les affaires ne vont pas simal. La problématique touchant

principalement Genève et l’Arcjurassien, le facteur cultureljouerait d’une part un rôle.Patron de la Droguerie deFleurier, Pierre-André Virgiliosignale qu’au Val-de-Travers, «lestouristes suisses allemands choi-sissent très souvent la droguerieavant la pharmacie». Dans la fou-lée, il souligne qu’on avoisine laFrance, où «la droguerie n’estqu’un magasin de balais».Or, à la manière des Français etcontrairement aux Alémaniques,les Romands auraient trop misésur le créneau des produitsdomestiques. Un champ d’activi-té technique d’importance, maisque les Brico-Centres se sont lar-gement approprié aujourd’hui.Concernant ses confrères régio-naux, le Vallonnier pense que laplupart ont raté le coche desmédecines douces. «Depuis trèslongtemps, les Suisses allemandsont laissé tomber le rayon tech-

nique pour s’orienter vers l’auto-médication».

Perte d’identité et malaiseEn même temps, nombre depharmacies réservent aujour-d’hui un espace plus ou moinsvaste au secteur de la droguerieet de l’herboristerie. Une compi-lation pratique pour le consom-mateur, mais ayant peu à peuvoilé la quintessence de la bran-che. A entendre Agnès Bigler, ellese dissout entre les listes demédicaments et la variété descosmétiques. «Il n’y a plus uneidentité très claire de ce qu’estune droguerie». Certains assorti-ments sont même proposés parles grands distributeurs, et lesventes via Internet gagnent duterrain. Propriétaire de laDroguerie du Marais, au Locle,Pierre Jeanneret a perçu, pour sapart, du découragement au seinde la profession. «Il y a eu comme

un malaise chez les droguistes,qui avaient l’impression qu’ilsse faisaient piquer une part dumarché».

Entreprises familialesPar la force des choses, les plusrésistants ont pérennisé desentreprises essentiellementfamiliales, trop modestes pour

former de A à Z des apprentis. Etsi la relève semble assurée pourJean-François Schneitter, patronau centre de Neuchâtel d’unesurface de 1200 m2, il n’en va pas

de même pour d’autres en zonepériphérique. A la Droguerie del’Aigle, à Dombresson, PierreDucommun craint qu’il peinera àtrouver repreneur. Répliquerécente d’un diplômé de l’ESD:«Qu’est-ce que vous voulez queje vienne faire en pleine campa-gne?» Au fil des mois, leVaudruzien s’est presque fait uneraison. «La tendance, mainte-nant, c’est d’être dans unegrande surface ou de faire partied’un groupe».

Nouvelle impulsion ?Une question peut dès lors seposer du côté de Peseux. AgnèsBigler détient-elle un moyend’endormir une crise bien palpa-ble? En se spécialisant dans ledomaine de la spagyrie, la jeuneherboriste met désormais enlumière le mélange des substan-ces. En mettant ainsi l’accent surla phytothérapie, elle compte«revenir à la source», aux fins dedonner une nouvelle impulsion àla profession. «A mon avis, c’estune des clés pour sortir la dro-guerie de là où elle est...» /SDN

Au sein de son «Atelier spagyrique», à Peseux, Agnès Bigler conseille même des clients de Genève. (SALOMÉ DI NUCCIO)

«Il n’y a plus uneidentité très claire

de ce qu’est unedroguerie».

Agnès Bigler, droguistespécialisée en spagyrie

Et les pharmacies-drogueries ?Pour pouvoir annexer l’enseigne Droguerie à celle de Pharmacie, un exploi-tant doit compter au moins un droguiste diplômé au sein de son équipe. Cequi est notamment le cas à la Pharmacie-droguerie de La Gare, à La Chaux-de-Fonds, qui enploie trois droguistes qualifiés. Au centre de la métropole,le site en question est issu d’une fusion datant de 2006, période de crise no-toire pour les drogueries de la ville. Selon les précisions de PhilippeNussbaumer, Docteur en pharmacie et promoteur du regroupement: «Çareste légalement une pharmacie, mais avec un très grand rayon de drogue-rie. Ce qui est parfaitement légal». A ses yeux, une telle synergie réunit«tous les atouts» sur le plan commercial, mais également au niveau dela formation. Grâce aux compétences associées des pharmaciens et desdroguistes, deux des quatre apprentis actuels suivent une formation dedroguiste. /SDN

L’Ecole supérieure de DroguerieA l’intention d’étudiants de toute la Suisse, l’ESD est une institution bilin-gue. Depuis sa création en 1908, ses cours y sont effectivement donnés dansles deux langues; quelques uns rien qu’en allemand. D’après Béat Günther,directeur, ce fonctionnement ne devrait pas représenter un obstacle pour lesRomands. Un défi tout au plus: «Même s’il y a plus de branches qui sont en-seignées en allemand, ce serait plutôt une opportunité à saisir pour appren-dre une deuxième langue». Sur les 73 étudiants des deux volées en cours,on ne recense que six Romands, dont deux Neuchâtelois. Une à deux fois parsemaine, l’école reçoit aussi les apprentis de Neuchâtel, du Jura et du Jurabernois, ainsi que ceux de Fribourg et de Genève. Parmi 21 jeunes, actuelle-ment, seul trois suivent leur apprentissage dans le canton, dont deux à laPharmacie-droguerie de La Gare, à La Chaux-de-Fonds. Une poignée d’ap-prenants qui ne feront pas forcément carrière dans un commerce. Le métierde droguiste offre en effet pas mal de débouchés hors magasins. Ne serait-ce qu’en laboratoire, la perspective d’un salaire fixe s’avère plus tentantpour beaucoup de jeunes. /SDN

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Société éditrice: SNP Société Neuchâteloise de Presse SA

Editeur: Jacques Matthey

Rédacteur en chef: Patrick di Lenardo

Rédaction: Alain Prêtre, Salomé di Nuccio,redaction@courrierneuchatelois.ch

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