GÉNÉRATION PLUS

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CAHIER DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE - Mercredi 10 novembre 2021 - N° 23.462 - Ne peut être vendu séparément - 79 GÉNÉRATION PLUS LE SUPPLÉMENT BIEN-ÊTRE DES SENIORS S’ÉPANOUIR AU QUOTIDIEN PLUS SIMPLE LA VIE

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CAHIER DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE - Mercredi 10 novembre 2021 - N° 23.462 - Ne peut être vendu séparément - 79

GÉNÉRATION PLUSLE SUPPLÉMENT BIEN-ÊTRE DES SENIORS

S’ÉPANOUIRAU QUOTIDIEN

PLUS SIMPLE LA VIE

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SOMMAIRE

RETRAITE : ON TRANSMET AUX AUTRES.............3

L’OUTIL EN MAIN INTERGÉNÉRATIONS .......... 4

LA BIBLIOTHÈQUE SONORE ................................... 5

CONNECTÉ AVEC GRANNY GEEK ......... 6

AU COURANT, AVEC LE JOURNAL FAMILEO ...... 6

RETRAITE : ON SE FACILITE LA VIE ........................ 7

LES ATELIERS CORD’ÂGES ............................ 8

TOUT SUR LES REPAIR CAFÉS ............. 9

DES CONSEILS LECTURE .................................. 10

RETRAITE : ON GARDE LA FORME .................11

L’ÉNERGIE D’UNE DRAGON LADY ....... 13

TESTER MNÉMO’SENIORS ................. 14

HÉRITAGE ET FAMILLE RECOMPOSÉE ........................ 15

Origine principale du papier : FranceTaux de fibres recyclées : supérieur ou égal à 50 % / Eutrophisation (pâte et papier) : Ptot inférieur ou égal à 0.014 kg/tonne.

10-31-3409

La Nouvelle République du Centre-Ouest 10 place de la Comédie, 79003 Niort Cedex. Tél. 05.49.77.27.77. Fax 05.49.77.27.50 Directeur de la publication, président du Directoire Olivier Saint-Cricq Directeur de la rédaction Christophe Hérigault Rédactrice en chef Chantal Pétillat Responsable Thématiques Johan Guillermin n Régie publicitaire NR Communication Niort : 05.49.77.25.99 CPPAP 0525 C 87037 - ISSN 2260-6858 - Imprimerie La Nouvelle République, Tours. n Textes :Agnès Aurousseau, Pauline Phouthonnesy et Laurence Texier Photos : NR, Adobe Stock Secrétariat de rédaction/Réalisation : Service des thématiques NR Maquette/PAO : Alexandra Chérioux et Christophe Garnier.

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Privilège de l’âge, les compétences et les savoirs deviennent si nombreux qu’on peut facilement les enseigner. L’association L’Outil en main,

à Parthenay (Deux-Sèvres), se consacre à la trans-mission des gestes manuels par des gens de métier. « Nous aidons les jeunes dans leur orientation scolaire. En touchant à plusieurs métiers avec nous, ils peuvent avoir une idée du métier qui les intéresse. Ils exercent leur patience et leur créativité », estime Claude tout en animant un atelier carrelage avec deux enfants. Il apprécie avant tout « le plaisir de transmettre. Ça rajeu-nit ! » Et, depuis quinze ans, il a toujours autant d’en-thousiasme à venir le samedi matin. « C’est bien d’être avec les enfants », raconte Jean-Claude, venu animer l’atelier maçonnerie grâce à son fils qui fréquentait déjà L’Outil en main. « C’est important de redonner ce qu’on a eu. C’est bien que les enfants s’épanouissent en dehors des métiers de bureau. C’est un lien social, on leur donne les moyens de s’intéresser à autre chose. On leur confie de l’autonomie, ils sont volontaires. » Et, comme précise Éliane, à l’atelier couture, « quel que soit l’âge qu’on a, c’est agréable de découvrir de nouvelles tech-niques. Je travaillais en retouches et ma collègue en

usine. On se partage des conseils aussi. » L’échange se fait bien sûr dans les deux sens. Les jeunes arrivent « avec la banane et nous aussi », remarque le président André Niort.Autres compétences, rares elles aussi, celles du domaine économique. L’association Egee s’implique, à Tours, dans l’aide à la création d’entreprise. D’anciens dirigeants ou cadres supérieurs évaluent la solidité d’un dossier soumis par les candidats, le bien-fondé de l’idée de départ, comme la pertinence du montage financier. « Nous avons une expertise sur les idées et sur les comptes », résume Serge Genoud, président. Egee est aussi impliquée dans le dispositif Initiative Tou-raine Val de Loire, qui attribue des prêts d’honneur aux futurs dirigeants. « Le montant peut aller jusqu’à 10.000 €, rappelle Alain Pépin, chargé de mission. C’est donc une aide substantielle pour aller voir la banque ! » Cent cinquante créateurs sont aidés chaque année par Egee.Avec la résorption progressive de la crise sanitaire, les associations ont pu reprendre leurs activités à la rentrée. C’est le cas pour Touraine inter-âges qui propose cent trente activités différentes : la pâtisserie,

les danses de salon, les langues ou l’ornithologie. Les retraités y trouvent de quoi s’instruire ou s’amuser et rencontrent des camarades aussi. L’association repose toutefois sur des bénévoles qui ont tendance à se faire rare. « Le renouvellement est frileux, reconnaissait récemment le président, Jean Mounier. Nous lançons un appel aux bénévoles, notamment pour l’informatique qui est en développement. » Car la dématérialisation implique une prise en main des nouveaux outils : d’où l’appel aux profs bénévoles. Un trésorier sera bientôt nécessaire également. On retrouve des structures similaires dans d’autres départements : université populaire Upop 36, université inter-âges 79. Tout aussi rassembleurs, les clubs d’anciens proposent de nombreuses activités à partager comme le club des aînés ruraux, baptisé l’Air du temps, à Genillé (Indre-et-Loire). Mais, là encore, les membres se font plus consommateurs qu’acteurs, aux dires des présidents. Et pourtant, quel grand plaisir de se rendre utile, constatent les adhérents impliqués : « C’est enrichis-sant au plan humain. »

Agnès Aurousseau

L’expérience transforméeen joyeux moments

Faire passer aux plus jeunes des techniques ou des savoirs, donner

des coups de main, c’est un des privilèges

de l’âge. Sur une initiative personnelle

ou en club, les seniors continuent

à distribuer leur générosité.

transmission Faire profiter les autres de ce que la vie nous a apprisG

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Il y a seize millions de bénévoles en France, selon les chiffres officiels. Le bénévolat implique bien sûr l’absence de rémunération, mais il est possible de se faire rembourser des frais engagés pour accomplir les tâches assignées. Il s’agit du transport, de l’achat de fournitures ou encore des repas. Il faut justifier des dépenses avec une facture ou un ticket de caisse et que leur montant soit proportionné à l’activité. Si l’association

peut rembourser ces montants, cela est fait directement. Le plus souvent, le bénévole fait un abandon de créance et il est alors non imposable sur ces sommes, au titre de l’aide à une association, car l’abandon est assimilé à un don. Il faut que l’association relève de l’intérêt général.Attention, les joueurs d’un club sportif ne sont pas éligibles à cette possibilité.> impots.gouv.fr

bon à savoirDES REMBOURSEMENTS DE FRAIS POSSIBLES

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4 I 10 NOVEMBRE 2021 I 79 I GÉNÉRATION PLUS

Dans l’ancien Centre de formation des apprentis de Parthenay, c’est plutôt calme en ce samedi matin. Et pourtant, une vingtaine d’enfants sont

répartis dans des ateliers aussi divers que la menuise-rie, le démontage d’un moteur Renault ou la confection d’un article textile. Depuis quinze ans, Claude, ancien carreleur de 77 ans, prend « toujours autant de plaisir à transmettre. Ça rajeunit ! » À ses côtés, Bastien, 11 ans, prépare un motif de bateau, tandis que Tiphaine, 10 ans, se penche, très concentrée, sur un perroquet qu’elle encadre de morceaux de faïence blanche. La pièce choisie ne va pas trop, Claude rectifie.C’est la première séance dans cet atelier, car les jeunes tournent toutes les cinq semaines. « Ils n’ont pas le choix et doivent pratiquer toutes les activités sur les deux ans où ils viennent ici, détaille André Niort, président de L’Outil en main. L’idée est que les gens de métier retraités expliquent leur savoir-faire et les initient à ce qu’ils n’apprennent pas à l’école et ne connaissent pas par ailleurs… » La boulangerie, la restauration et la cordonnerie sont transmises en plus par des pros, dans leurs locaux.C’est sûr que, pour Johan, 12 ans, la soudure sur cuivre

au chalumeau est une première. « Je les encadre, bien sûr, et on prend toutes les précautions. Mais ça les inté-resse énormément de manipuler. On essaie de leur faire voir un maximum de choses, on grille un peu les étapes par rapport à la formation d’un apprenti », souligne Yves, ancien plombier – présent pour la troisième année ici. C’est un ancien collègue qui lui a donné l’adresse de L’Outil en main. Hop, le tuyau est plongé dans l’eau froide pour éviter une brûlure. « Tu vois, il refroidit vite comme ça. »« Ce sont des choses qui vont leur servir dans la vie, même s’ils n’en font pas leur métier... » C’est un maçon qui parle : Jean-Claude vient d’expliquer le pourquoi d’une chape maigre et demande confirmation à son « collègue ». Car les adultes apprennent encore, ici. « Les enfants s’épanouissent en dehors des métiers de bureau, dans nos métiers manuels. Il sont super intéres-sés, c’est un plaisir ! Ils se prennent au jeu. » Parfois la pause rituelle de milieu de matinée est expédiée pour revenir à l’étape en cours.Créé il y a dix-sept ans, à l’initiative notamment du Lions Club local – d’après l’exemple de Chauvigny, dans la Vienne – L’Outil en main, à Parthenay, a

donné des idées aux voisins. Bressuire, Saint-Maixent-l’École, et bientôt Mauléon rejoignent la liste. « Mais il faut continuer à nous faire connaître, car certains sont là depuis le début. Il faut organiser la relève, constatent Marc Lamarche, ancien président et fondateur, et André Niort, nouveau président. Nous recrutons dans tous les métiers, il faut du sang neuf ! » Et toujours dans l’intention de départ : « Ce n’est pas une relation élève- professeur, mais plutôt grand-parent-petit-enfant ! »Cet esprit de découverte peut aussi faire naître des vocations. Un jeune électricien ou une future mécani-cienne peut-être ? En tout cas, les jeunes sont à l’aise avec les outils et les techniques, tantôt écoutant, tantôt mettant en pratique. Inès et Louise démontent leur moteur consciencieusement et sauront aussi pourquoi il faut toujours remettre la clé de 13 à sa place sur le tableau. « Sinon, vous pouvez passer un quart d’heure à la chercher, ou même tomber si elle est au sol », a rappelé Michel. Dire qu’il était venu la première fois sans trop y croire. « Mais je suis resté, c’est super ! » Un enthousiasme de gamin pour les pros aussi.

Agnès Aurousseau> Contact : [email protected]

L’association L’Outil en main, à Parthenay, assure la transmission de métiers manuels des anciens vers les enfants. Les jeunes sont initiés à la mécanique, la couture ou à la maçonnerie. Elle cherche des gens de métier pour conforter l’équipe de bénévoles.

Un savoir-faire qui passe de main en main

227C’est le nombre d’associations Outil en main en France. Les Deux-Sèvres et la Vienne en

comptent une dizaine.

67,50C’est, en euros, le montant de l’adhésion

annuelle à Parthenay. Les enfants, entre 9 et 14 ans, s’engagent à venir deux années.

14C’est le nombre d’ateliers différents que les enfants suivent au long des deux ans. Pendant cinq semaines, par roulement.

EN CHIFFRES

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Je suis désolé, je suis très bavard. À l’autre bout du combiné, Jean-Clément Jollet s’excuserait presque de parler. Une voix humble et raffinée,

un accent méridional qui arrondit parfois ses phrases, une voix sans visage, pour nous qui l’interrogerons, comme pour ses auditeurs, les abonnés de la Biblio-thèque sonore de Tours. Son nom est évocateur pour plusieurs générations d’apprentis musiciens, formés aux méthodes de solfège Jean-Clément Jollet. À 64 ans désormais, l’ancien maître de conférence en musicolo-gie à l’université de Tours, qui fut également impliqué dans la direction du conservatoire, est un bénévole actif de la Bibliothèque sonore de Tours. Il y enregistre livres et articles de La Nouvelle République pour un public malvoyant, ou plus précisément « toute per-sonne, jeune ou adulte, empêchée de lire en raison d’un handicap visuel, moteur, cognitif ou trouble “ dys ” », selon les statuts de l’association. Jean-Clément Jollet est l’un des quarante donneurs de voix tourangeaux (853 à l’échelle nationale, qui ont enregistré à ce jour plus de cinq mille livres) et certainement pas le moins actif, lui qui a déjà inscrit

une soixantaine de livres à son palmarès en trois ans. « Je suis devenu boulimique, je l’avoue, j’y ai pris goût », glisse le jeune retraité, qui s’est naturellement tourné vers la Bibliothèque sonore : « J’avais travaillé au contact d’étudiants malvoyants à l’université et j’étais sensible à leur engagement. » L’organisation, « absolu-ment épatante », de la Bibliothèque sonore, qui œuvre depuis 1972, aura fini de le convaincre de donner un peu de son temps et de sa voix. Sa dernière œuvre enregistrée ? La Vie comme à Lausanne, d’Erik Orsenna. « Je me suis délecté à le lire », dit-il. Et autant à le lire à haute voix, 7 heures et 15 minutes de rendu sonore à l’arrivée. « En général, quand je lance un bouquin, je vais faire quatre heures d’enregistrement, pour une heure de rendu sonore, entre les bafouilles, les mauvaises respirations, tout ce que je vais enlever au montage » : un travail long et fastidieux, reconnaît ce passionné de littérature et de musique, qui a aussi enregistré dernièrement Sur les routes de la Musique, d’André Manoukian. Et, avant ça, plusieurs dictionnaires amoureux, de l’humour, de la chanson française et du crime, au terme de vingt-trois heures

de diction pour venir à bout de ces ouvrages de six cents pages chacun.« Je dois me forcer à parler lentement et c’est un exercice qui m’apporte beaucoup de joie », détaille le bénévole, qui passe en moyenne quinze jours à trois semaines sur un livre. « Il ne faut pas théâtraliser, mais être neutre, tout en étant vivant. » Pas toujours évident. Surtout lorsque, en plus des œuvres qu’il propose spontané-ment d’ajouter à la base de données, Jean-Clément Jollet doit s’atteler à La semaine en Touraine, revue de presse orale des articles parus dans La Nouvelle Répu-blique. Y figurent le Candide, le billet, les articles les plus vus de lanr.fr à Tours et ses environs, mais aussi « des articles que je peux piocher. On évite le sport, sauf s’il y a une sommité locale, et on finit par les nécrologies du département », énumère ce « crieur » moderne de nouvelles locales. Une voix pour ceux qui n’ont plus que leurs oreilles pour suivre l’actualité.

Laurence Texier

> www.bs-tours37.fr

La retraite arrivée, l’ancien maître de conférence en musicologie s’est « converti » à la littérature. Bénévole à la Bibliothèque sonore de Tours, il enregistre des livres

à destination des malvoyants.

Jean-Clément Jollet, une voix dans le noir

Jean-Clément Jollet est un amoureux de musique et de littérature. (Photo © JJ Jollet)

3.000 C’est le nombre de titres de livres disponibles

sur CD à Tours, 14.000 en téléchargement sur le site national de la Bibliothèque sonore.

En 2020, 96 nouveaux livres ont été enregistrés.

40C’est, environ, le nombre de donneurs

de voix de l’antenne tourangelle, qui met à disposition 248 audiolecteurs, répartis

à part égale entre malentendants et scolaires.

209.093Le nombre de prêts de livres de l’association

des donneurs de voix à l’échelle nationale en 2020. Les 853 donneurs de voix

ont enregistré 5.042 livres empruntés, pour 17.005 audiolecteurs actifs.

EN CHIFFRES

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6 I 10 NOVEMBRE 2021 I 79 I GÉNÉRATION PLUS

Florence Durif, Caroline Gouzy et Sylvain Callot se sont rencontrés quand ils étaient expatriés à Milan. Confrontés aux diffi-

cultés de maniement des outils numériques par leurs parents, ils ont eu l’idée de proposer un service pour en faciliter l’usage. La Deux-Sé-vrienne Caroline est pédagogue professionnelle, Florence la Niçoise est animatrice, tandis que Sylvain (toujours à Milan) est expert technique. Le projet suit son chemin : « Monter quelque chose dans l’économie sociale et solidaire, pour rendre les nouveaux outils accessibles à la tranche d’âge senior », expose Florence Durif. Voici donc sur les rails Granny Geek (on pourrait traduire par « Ma grand-mère est experte »).« On ne veut pas faire “ à la place de ”, mais rendre autonome cette partie de la population qui n’est pas prête. Il n’existe pas de structure adaptée. Et pourtant, début 2022, mille six cents formali-tés administratives ne seront accessibles que par ordinateur », s’inquiète l’animatrice de Granny Geek. Leur modèle propose des cours à distance pour donner des bases « à ceux qui veulent com-prendre et à ceux qui veulent que ça fonctionne ». Il existe trois axes pour cela : le dépannage d’ur-gence pour ne pas rester coincé au milieu d’une démarche ; l’autonomie avec des cours de qua-

rante-cinq minutes à distance, et le bien-être, c’est-à-dire la diffusion de la culture numérique (les mots, les réflexes-clés, etc.). « Notre but est la souveraineté des personnes. Quand on com-prend, on décide mieux. Nous donnons des outils », résume Florence Durif. Car il y a des enjeux de sécurité dans la télémédecine.Le travail sur les assistants vocaux devrait ouvrir des possibilités d’aides importantes selon Gran-ny Geek. Des cafés virtuels sont proposés une fois par mois et la petite lettre numérique, trois fois par semaine, est très attendue. « Elle s’appelle P’tit bol d’air, car elle date des confinements... Comme elle contient des liens, cela permet aussi d’entretenir sa pratique numérique. »Le modèle de Granny Geek relève de l’économie sociale et solidaire car il se veut abordable. La plupart des services sont gratuits. Ce sont des accords avec des assurances ou des groupes de téléphonie qui permettent à la petite start-up de fonctionner. « Notre modèle leur plaît car c’est du cas par cas, du sur-mesure. Nous éduquons au numérique en donnant des informations fiables, via des sites fiables. » La Croix-Rouge s’intéresse ainsi à cet aspect de la start-up.

A. A.

> sos-grannygeek.com

Un remède rassurantface au clavier

Fondée par trois amis à partir de leur expérience familiale, Granny Geek apporte aux seniors des modes d’emploi pour apprivoiser les outils numériques.

Bonne version d’un logiciel, importance des mots de passe : Granny Geek propose des aides en ligne sur le numérique.(Photo Adobe Stock)

Ça commence à faire du monde. Au sein des départements d’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et de l’Indre, 8.500 familles uti-

lisent la gazette Famileo et pas moins de 120 éta-blissements (Ehpad) sont abonnés à ce service. Famileo ? C’est un journal familial, rempli de textes et de photos par les enfants et petits-en-fants pour leurs grands-parents. Une sorte de réseau social pour les uns, car il est utilisé direc-tement sur smartphone ou ordinateur, et une gazette à feuilleter pour les autres.« Nous l’utilisons depuis un an, grâce au finan-cement d’un partenaire extérieur pour trois ans, explique Alexia Baudoin, animatrice de l’Ehpad Notre-Dame-de-Confiance, à Tour-non-Saint-Martin (Indre). Cela a beaucoup aidé les familles pendant le confinement. » Dans cet établissement, qui accueille jusqu’à 70 résidents, environ 35 personnes en profitent. « Les proches remplissent leur gazette et nous les imprimons et les distribuons à l’Ehpad, décrit-elle. C’est vrai-ment un journal très attendu, qui crée aussi un lien social entre les résidents. »Dans l’autre sens, Famileo est un outil d’animation pour les établissements. Le Bulletin de Famileo, envoyé numériquement aux familles, est compo-sé de textes et photos sur les festivités et ateliers

qui s’y déroulent. À Tournon-Saint-Martin, il est aussi rédigé par les résidents eux-mêmes. « Plusieurs groupes écrivent des articles : recettes, astuces de grand-mère, idées de visites, sélec-tion de poèmes, anniversaires... Cela permet de faire travailler leur mémoire et de leur montrer l’utilisation d’Internet. » L’animatrice Alexia Baudoin souligne toutefois l’importance de l’ac-compagnement et la formation des familles à l’application Famileo pour la réussite du projet. Elle souhaite, à l’avenir, former davantage de personnels soignants.Ce concept né à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) en 2015, dans la tête de Tanguy de Gélis et Armel de Lesquen, est devenu une aventure mondiale. « Ce sont aujourd’hui autour de 170.000 familles qui participent, dont 55.000 personnes en maison de retraite, au sein de 2.000 établissements, et on a dépassé le million d’utilisateurs actifs, énumère la responsable de communication de Famileo, Alix L’Hermitte. On pensait que ce serait une solution à la fracture numérique, mais on n’imaginait pas à quel point cela allait réduire la solitude et mul-tiplier les échanges. »

P. P.

www.famileo.com

Famileo : un journalpour toutes les générations

Née en 2015, la gazette Famileo fait office de réseau social intergénérationnel. Découverte de ce journal dans un Ehpad de l’Indre.

En moyenne, chaque gazette familiale compte cinq à six membres contributeurs, certaines sont même distribuées à l’étranger. (Photo © Nino Mahaut)

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Il y a quarante ans, dans l’Indre, est sorti de terre un lotissement réservé aux retraités baptisé Espoir Soleil. L’idée fondatrice de cette association loi 1901,

à Luçay-le-Mâle, est alors d’offrir un accueil aux agri-culteurs aux revenus modestes. « C’est ouvert à tous désormais. Nous avons des résidents de toute la France, souligne Charlotte Dumas, directrice. La cuisine est faite sur place, les repas sont pris en commun. Nous proposons aussi des animations tous les après-midis. » Tournée sur l’extérieur, la résidence accueillera un marché de Noël prochainement. Espoir Soleil prépare l’ouverture de onze nouveaux petits pavillons, dont un ou deux pour les couples. « Il suffit de nous contacter ! »Dans de petites maisons de colocation pour personnes âgées, la société Âges et vie (filiale du groupe Korian) propose une alternative à l’Ehpad et au maintien à domicile. Avec un accompagnement personnalisé vingt-quatre heures sur vingt-quatre (aide au lever, toilette, prise des repas, déplacement, etc.) et une pièce de vie collective permettant les échanges. Le personnel assure une présence en permanence sur place. Le financement de ces établissements est privé :

les résidents paient un loyer à Âges et vie – qui se charge de la construction des bâtiments et de leur fonctionnement. « Nous avons trente-six projets en cours dans votre région, indique le service commu-nication de l’entreprise. Nos représentants locaux en parlent aux maires intéressés. Ensuite, il faut trouver un terrain de minimum 2.500 m², où nous construisons deux maison de vie de 380 m2 chacune selon un plan prédéterminé. Il faut que la commune compte au moins mille habitants, qu’elle ait une pharmacie, un cabinet infirmier et des commerces. » La localisation est le plus souvent dans le bourg. Les appartements sont de plain-pied et adaptés aux normes – comme le déplacement des personnes à mobilité réduite évidemment.Les résidents d’Âges et vie, qui peuvent vivre en couple, sont en priorité originaires de la commune concernée et peuvent apporter leurs meubles et accueillir un chien ou un chat. La région Centre-Val de Loire abrite déjà cinq maisons : à Cellettes, La Fer-té-Imbault, Faverolles et Gièvres, en Loir-et-Cher ; et à Athée-sur-Cher, en Indre-et-Loire. Sept projets sont en cours dans l’Indre. La municipalité de Cellettes

porte aussi le projet d’une maison médicale dans un bâtiment voisin. À La Ferté-Imbault, le budget total pour toutes les prestations (location, nourriture, ser-vices) est de 1.600 € mensuels. « C’est la moyenne pour le reste à charge », précise-t-on chez Âges et vie. Joël Rutard, maire de Cellettes, notait, lors de l’inauguration en septembre, que « la maison nous permet d’améliorer l’emploi local ». Le recrutement se fait de préférence en faveur de personnes du secteur « avec un planning fixé à l’avance, deux jours de repos consécutifs et des primes », indique Âges et vie, qui met aussi en avant les possibilités d’évolution de carrière vers l’encadrement.Dans plusieurs endroits fleurissent aussi des initia-tives associatives ou privées pour porter de petits logements collectifs. C’est le cas de Habitat et Huma-nisme, dans le quartier Monconseil, à Tours, ou de plusieurs opérations de béguinage, comme ceux en projet à Ligugé (Vienne) ou Vendôme (Loir-et-Cher). Ce mode de cohabitation, religieux au départ, remonte au Moyen Âge et offre aux personnes âgées abri et compagnie. A. A.

Loger chez soi mais pas tout seul

De l’habitat en petit collectif pour les

personnes âgées : c’est désormais

une réalité dans la région, avec des sociétés privées

ou des initiatives personnelles. Pour

conserver son autonomie, sans

rester seul.

la vie facile Organiser son quotidien dans un cadre accueillantG

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3.500 €Si vous hébergez gracieusement à votre

domicile un de vos parents (père ou mère ou beaux-parents) dans le besoin, vous pouvez déduire, au titre des pensions alimentaires, la somme annuelle de 3.500 € correspondant à

l’hébergement et à la nourriture.

60L’âge à partir duquel on peut s’installer

dans une résidence autonomie (ex-foyers-logement). Même si ces établissements

publics sont payants, ils ont un loyer modéré. L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) peut continuer à y être perçue.

0On peut être propriétaire ou locataire dans

une résidence services. Elles proposent des services pour tous et à la carte,

individualisables. Elles n’ont pas de vocation sociale et ne sont pas compatibles avec

l’aide sociale à l’hébergement.

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Pour prolonger son action solidaire, Cord’âges propose tous les jeudis une journée « pause aidants » à l’intention des proches. « L’aidé est accueilli dans un atelier, tandis que l’aidant bénéficie d’un massage, d’un temps pour soi en toute tranquillité d’esprit », détaille Véronique David. Cette journée de répit est donc appréciable. « On est des thérapeutes du lien social », résume la fondatrice. Les personnes accueillies ont de 18 à 91 ans !

Par ailleurs, un projet d’écriture de livre de famille sur le lieu est en cours, avec l’aide d’un écrivain et d’un photographe. Le mode de fonctionnement de cette association « n’existe pas ailleurs, c’est ce qu’on nous dit tout le temps ! ». Et c’est aussi ce qui fait sa richesse.

> Les Ateliers Cord’âges, page Facebook.

bon à savoirDE L’AIDE POUR SOUTENIR LES AIDANTS

En arrivant, on met ses chaussons, comme à la maison. « C’est vraiment l’objectif ici, de créer une vraie maison, dans un esprit familial. Nous

avons un espace salon, une cuisine. On peut participer au repas, aider à étendre le linge... » Depuis trois ans, les ateliers Cord’âges à Poitiers accueillent des personnes isolées par l’âge, le handicap ou encore une pathologie. C’est Véronique David et Marie Fau qui sont à l’origine de cette initiative privée, dans le but de « développer le lien social, mais sans être médicalisés ». Le grand local qu’elles ont investi dans le quartier de la Gibauderie est très clair, assez grand pour plusieurs ateliers en même temps.Ce mardi, c’est arts plastiques avec Véronique juste-ment. Elle propose de remplir une feuille blanche, avec des photos découpées dans des magazines. Ciseaux en main, Dominique et Viviane se concentrent sur l’exer-cice. « Chez moi je ne sais pas quoi faire !, se désole cette dernière, sexagénaire. Ici, je trouve des occupations. Je viens pour ne pas être seule, retrouver des amis. » Tout en détourant une Maserati jaune pétant, elle commence à raconter sa vie professionnelle, passée à assembler des compteurs EDF dans l’usine de Poitiers. Dominique commente, en s’appliquant à composer une image célébrant le TGV. L’ambiance est détendue et amicale.

C’est le but de ces séances, rapprocher les générations grâce à ce lieu unique. « J’ai toujours été dans le milieu socio-culturel, détaille Véronique David. Je me suis demandée comment je voudrais vieillir, avant d’imagi-ner les ateliers Cord’âges. On y accepte les différences de l’autre. La rencontre avec des personnes plus âgées que soi permet aussi d’avoir moins peur du vieillissement. De redonner de la dignité à chacun, une place dans la société, qu’on ait ou pas une pathologie. Ce mélange des gens est une richesse. » Elle constate déjà une baisse des hospitalisations ou des prises de médicaments chez certains bénéficiaires.

Il suffit de régler une cotisation annuelle modeste pour accéder aux ateliers axés sur les loisirs, la culture ou l’activité physique. Cinq salariés participent à la vie du lieu, et des intervenants spécialisés s’y ajoutent comme un masseur, un judoka pour l’atelier préven-tion des chutes ou une créatrice florale et des artistes

de théâtre. Et n’oublions pas Perle, la chatte, qui dort sur place et ne manque pas de volontaires pour rem-plir son écuelle de croquettes. « On expérimente autre chose ici. On innove. Même si, pour rassembler les finan-cements, l’innovation ne rentre pas dans les cases... », souligne Véronique David. Intermédiaire entre le domicile et l’Ehpad, le lieu permet « de maintenir sa qualité de vie », indique Marie Mercier, animatrice. Lutter contre l’isolement implique de la stimulation, avec des sorties au golf, un repas dehors à la belle saison, etc.La maison compte cent vingt adhérents, dont quatre-vingt-douze réguliers. « Il suffit de regarder l’agenda mensuel et de s’inscrire… » Un service (payant) de transport a été mis en place récemment et il fonctionne bien. « Je viens pour bricoler et raconter des bêtises, avoue Jacques, tout en ponçant une chaise avant de la repeindre. À 82 ans ça me fait une bonne raison de sortir de chez moi ! » Bruno préfère le jardinage. « L’été on fait des repas en commun. On est en train de débroussailler un jardin qu’on va pouvoir faire ensemble. On fait des connaissances ici. » La vie, toute simple.

A. A.

Créés il y a trois ans à Poitiers, les ateliers Cord’âges sont ouverts à toutes les personnes isolées. Rencontres, échanges et loisirs cimentent ces relations inédites.

« Ce mélange des gensest une richesse »

Les Ateliers Cord’âges sont un prétexte à rompre la solitude de personnes, âgées ou non.

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VIENNECAFÉ RÉPARATION DE POITIERSLes cafés réparation de Poitiers (non adhérent à Repair Café) ont lieu les deuxièmes samedis de chaque mois au Local à Poitiers, les mois impairs (novembre, janvier, mars...), et au centre socioculturel la Comberie à Migné les mois pairs (décembre, février, avril...). « Cet atelier réparation existe depuis plusieurs années, explique Francis, pour le collectif Café Réparation de Poitiers. Il a été initié par Grand Poitiers qui a mandaté l’association Les Petits débrouillards pour en mettre en place à Poitiers, dans la région de Lusignan et de Chauvigny. Les deux derniers ont été freinés par le Covid-19, mais devraient voir le jour prochainement. Sur Poitiers, après la période de lancement, Les Petits débrouillards ont laissé le petit groupe de bénévoles gérer la chose, désormais “ chapeauté ” par l’association Zéro Déchet Poitiers au Local, et par le centre socioculturel la Comberie à Migné, comme une de leurs activités. » Ces équipes cherchent toujours des bénévoles pour, dans un premier temps, rendre les événements mensuels sur chaque site de Poitiers, et ensuite, élargir à un territoire plus grand.> Prochains ateliers samedi 13 novembre, de 14 h à 17 h, à la maison de quartier Le Local, 16 rue Saint-Pierre-le-Puellier, à Poitiers. Tél. 05.49.62.84.83 ; samedi 11 décembre, au centre socioculturel, 10 rue de la Comberie, à Migné-Auxances. Tél. 05.49.51.76.22. Contact du collectif : [email protected]

REPAIR CAFÉ DE MARÇAY (EN PAUSE) ET RECYCLERIES DE LA VIENNELe Repair Café de Marçay est pour le moment en pause puisque l’équipe de Vienne Nature environnement n’est pas en mesure de le remettre en place. Néanmoins, l’association invite à se tourner vers les recycleries du département : Collectif La Mélusine à Lusignan, la recyclerie La Regratterie à Poitiers, la recyclerie Le Silo à Loudun, ou encore la recyclerie Le Corbeau Blanc à Queaux. Ces lieux, différents des Repair Cafés, permettent de donner une nouvelle vie à des objets et des matériaux.

DEUX-SÈVRESREPAIR CAFÉ DE SAINT-VARENTChaque premier samedi du mois, depuis février, l’atelier Repair Café est animé par trois bénévoles au centre socioculturel du Saint-Varentais. Les personnes intéressées sont invitées à déposer leurs objets (souffleur, glacière électrique, ou même un sèche-linge) pour réfléchir ensemble au problème de leur appareil et tenter de le résoudre. Cet atelier de réparation se déroule en même temps qu’un atelier de création de produits d’entretien et de produits de beauté, et un atelier de jardinage. Le centre socioculturel inscrit ces matinées dans une démarche globale de réflexion écoresponsable. Et, bien sûr, « café et gâteaux sont également disponibles sur place ».> Prochain atelier le 4 décembre, gratuit, de 10 h à 12 h, au centre socioculturel de Saint-Varent, 15 place du 14-juillet. Tél. 05.49.67.52.80.

REPAIR CAFÉ DU PAYS MAUZÉENIl vient de reprendre du service les troisièmes samedis du mois. Créé à l’initiative d’Armelle Rambaud, il avait ouvert ses portes courant 2018 pour une démarche plus écoresponsable en donnant une seconde vie aux appareils et objets (vélo, informatique, petit électroménager…). Le groupe accueille volontiers de nouveaux bénévoles, toutes les compétences sont acceptées.> Prochain atelier, samedi 20 novembre, dans la salle derrière le CSC face au petit gymnase, de 14 h 30 à 17 h. Contact : 05.49.26.72.46 ou Facebook : Repair-Café-Pays-Mauzéen.

REPAIR CAFÉ DE PARTHENAYLe retour des réparations collectives.> Prochain rendez-vous samedi 27 novembre, de 14 h 30 à 18 h, au Rouge-Gorge, rue Béranger, à Parthenay.

Contacts : Sylvie, au 06.87.17.79.29, ou [email protected] ; Véronique, au 06.76.41.19.85, ou [email protected].

POUR ALLER PLUS LOIN…LA SEMAINE EUROPÉENNE DE RÉDUCTION DES DÉCHETS (SERD), DU 20 AU 28 NOVEMBREPendant cette semaine, des animations seront organisées partout en France et près de chez vous, et notamment des ateliers de réparation ou de créations d’objets cassés ou abîmés. Renseignez-vous ou proposez une initiative sur le site www.serd.ademe.fr

t Samedi 20 novembre, à Saint-Maixent-l’École (Deux-Sèvres)La recyclerie du SMC organise à Saint-Maixent-l’École l’opération Faites de la récup’. Au programme : vente exceptionnelle, atelier tawashis (éponges à partir de chaussettes) et furoshikis (emballage avec des tissus), par l’association Zéro Déchet de la Crèche, intervention des Recycleurs du son (instruments bricolés), atelier de réparation d’ordinateur, pesée des objets détournés.

t Du 20 au 28 novembre, à Échiré (Deux-Sèvres)Création d’un « bac à rives » en bord de Sèvre (l’équivalent d’un bac à marée sur une plage). Ce, afin de récupérer en amont les déchets qui se retrouvent à polluer des espaces naturels et qui vont, via le cours d’eau, être entraînés vers le littoral.

t Mercredi 24 novembre, Poitiers (Vienne)Visite du centre de tri Saint-Éloi pour comprendre la gestion des déchets.

en bref

UN REPAIR CAFÉ, QU’EST-CE QUE C’EST ?Traduit « café réparation », c’est un concept qui nous vient des Pays-Bas, intro-duit par la militante écologiste Martine Postma. Ouvert pour la première fois à Amsterdam en 2009, le Repair Café est un lieu où des bénévoles expérimentés partagent des outils, leurs connaissances et leur savoir-faire avec des personnes apportant des objets en panne, dans le but de les réparer ensemble. Le tout, autour d’un café ou d’un thé, et gratuitement. Après une année d’ouverture, le succès est tel que Martine Postma décide, en 2010, de créer une fondation (Stichting repair café international) pour soutenir tous les groupes locaux qui, à travers le monde, souhaitent organiser leur propre Repair Café. L’objectif affiché est alors le suivant : « Que la réparation redevienne une activité tout à fait normale dans la vie des quartiers. » Au-delà de l’aspect environnemental et économique, le Repair Café a aussi un objectif de stimulation de la cohésion sociale au sein des villages, « en mettant en contact les gens de différentes origines et motivations, dans un cadre de rencontres inspirantes et accessibles à tous ».Toutefois, il ne faut pas confondre Repair Café et ressourcerie ou recyclerie. Ces dernières sont des lieux où l’on peut déposer des objets dont on ne veut plus, participer à des ateliers pour les revaloriser, ou acheter des choses d’occasion, ce qui n’est pas le cas d’un Repair Café, qui ne stocke rien. Il existe aussi des associations qui s’inspirent de ce concept de Repair Café dans le but commun d’allonger la durée de vie des objets et de limiter les déchets.

> Pour trouver un Repair Café près de chez vous : https://repaircafe.org/bezoeken/

Café réparation :allier écologie et lien social

Retaper un appareil défectueux, avec l’aide de bénévoles experts, c’est la promesse des Repair Cafés et autres ateliers qui s’en inspirent. Tour d’horizon dans la région.

Dans les Deux-Sèvres, un exemple de Repair Café. (Photo NR, Jean-André Boutier)

Au Repair Café du Rouge-Gorge, à Parthenay. (Photo archives NR)

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BULLESLA MARPA EN BD

Depuis 1998, l’association bd BOUM, qui gère le festival éponyme, et la Maison de la BD à Blois (Loir-et-Cher), s’est lancée dans un projet éditorial. « L’idée, c’est de choisir un sujet qui nous intéresse, avec un ancrage local, dont les enjeux ne sont pas propres à Blois, mais sont plus universels », décrit le directeur, Bruno Genini. Parmi les nombreux titres déjà parus, il y a celui de l’immersion de l’auteure Brigitte Luciani, qui a réalisé, avec l’illustratrice Claire Le Meil, la bande dessinée On se reposera plus tard, parue chez Steinkis en 2020. Un album qui raconte avec humour l’histoire de Marie, septuagénaire en pleine forme, installée provisoirement – après un accident – à la Maison d’accueil et de résidence pour personnes âgées (Marpa) de Monteaux, à la limite de l’Indre-et-Loire. Un récit bienveillant et malicieux sur cet endroit parfois intimidant, avec des personnages hauts en couleurs… et des fleurs ! Mais chut, on ne vous en dit pas plus ! > On se reposera plus tard, de Brigitte Luciani et Claire Le Meil (2020), 127 pages.

INVESTIGATIONACCOMPAGNER NOS AÎNÉSCette enquête de la journaliste Élise Richard (Zone interdite, Envoyé spécial, le Doc du Dimanche) débute par le décès d’une proche âgée du Covid-19. « Cette crise sanitaire a révélé violemment la manière dont nous traitons nos vieux, notamment les plus fragiles d’entre eux », écrit l’auteure, qui a lancé ce travail d’investigation en 2018. Elle dénonce ainsi les failles de ce système d’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie, qui existaient bien avant la crise sanitaire, à travers ses rencontres avec des seniors et leurs familles, en immersion auprès de professionnels, et à la lumière de textes de lois et de nombreux rapports. Elle y constate la pénurie de personnel et les problématiques d’embauche, les cadences infernales, la communication complexe avec les proches, la maltraitance institutionnelle… Tout en mettant également en lumière des initiatives positives, grâce à des associations et des professionnels qui offrent des alternatives aux maisons de retraite et au maintien à domicile. Un sujet délicat qui nous concerne tous.> Cessons de maltraiter nos vieux, une enquête d’Élise Richard (2021), 248 p.

TÉMOIGNAGEODE À LA VIEILLESSELe docteur Véronique Lefebvre des Noëttes, psychiatre, exerce depuis trente-cinq ans dans ce qu’elle décrit comme « un grand “ geriatland ” (hôpital public gériatrique exclusif) de près de 1.000 “lits” ». Dans son livre, elle aborde, avec un point de vue philosophique, le processus de la vieillesse, alternant entre les témoignages poignants des personnes de grand âge, et ceux d’auteurs, philosophes ou chanteurs. Elle dénonce aussi l’âgisme, dans notre société qui ne veut plus voir que le « senior dynamique », alors que l’espérance de vie s’allonge. Un ouvrage documenté, qui questionne également sur la gestion de la crise du Covid-19 dans les Ehpad et la vulnérabilité des « très-vieux », portant la voix également des soignants, des familles et des proches. Et même si le tableau est assez sombre, l’auteure réussit à garder espoir en célébrant la vieillesse avec des pistes sur le « bien-vieillir » de ces aînés. Véronique Lefebvre des Noëttes est aussi l’auteure du livre Que faire face à Alzheimer. > Vieillir n’est pas un crime, du Dr. Véronique Lefebvre des Noëttes (2021), 288 p.

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Permettre à des personnes âgées de retrouver leur mobilité grâce à des fauteuils roulants solidaires fixés à des vélos, c’est ce que proposent plusieurs

associations, comme Les Pot’âgés, à Poitiers. Car sor-tir, même sur roulettes, c’est retrouver un contact avec la ville ou la nature. Essentiel, nous disent les méde-cins ! On peut pratiquer, par exemple, des séances sur chaise pour y aller en douceur, dans le cadre de l’activité physique adaptée. La natation, qui sollicite tous les muscles, est recommandée pour garder un corps en forme et entraîner son souffle.On peut également se renseigner sur les risques de chute lors d’ateliers de prévention proposés un peu partout – comme avec un judoka aux Ateliers Cor’dâges, à Poitiers. Les mutuelles organisent régu-lièrement de tels rendez-vous, tout comme les Centres communaux d’action sociale (CCAS). À Montmoril-lon, dans la Vienne toujours, c’est carrément un loge-ment type, adapté aux seniors, qui se visite. Histoire de s’équiper correctement. « Une personne sur trois de plus de 65 ans chute chez elle, et 40 % d’entre elles ne reviennent plus vivre ensuite à la maison », rappelait récemment Emmanuel Émery,

chargé de prévention référent de Ma maison A’venir. Des subventions existent pour boucler le budget tra-vaux, auprès de Soliha par exemple. La Caisse d’allo-cations familiales recense les possibilités financières et les organismes à solliciter. Et comme le maintien à domicile est reconnu comme bon pour tous, autant le favoriser.L’entretien de la mémoire, des réflexes et la stimu-lation du cerveau ne sont pas à oublier. Les ateliers Mnémo’Seniors sont une occasion de pratiquer des exercices ludiques en groupe. Les clubs de jeux de société, comme le Scrabble ® ou le bridge, stimulent les neurones et font passer un bon moment également. On peut même trouver des fiches à télécharger pour continuer à s’entraîner seul. Le théâtre est aussi un bon moyen pour garder une bonne mémoire.La kinésithérapie peut aider à effectuer des mou-vements pour conserver ou améliorer la motricité ; certains arts martiaux (le tai-chi-chuan ou le qi gong, notamment) ou la danse adaptée sont également des options à prendre en compte. Il existe la possibilité de recourir à un coach à domicile. La marche bâton, très en vogue, va en revanche être aussi intense que

des exercices cardiotoniques. « L’intérêt, c’est aussi de pratiquer en club, de voir du monde et de découvrir des sentiers en forêt ou le long d’une rivière », constate Laure, en Loir-et-Cher. Croisée au Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire, elle apprécie la nature sous toutes ses formes, « et les jardins, qu’on les regarde ou qu’on les entretienne, sont une source de sérénité. On fait de la gym ou on marche sans s’en rendre compte... ». Sans compter les légumes maison ou le bénéfice à respirer le bon air.Sylviane Simon, elle, a parcouru 600 km avec son vélo à assistance électrique pour « se refaire une santé », grâce à ce bel exploit. « Le vélo a été ma thérapie », estime-t-elle après l’accident qui lui a enlevé son époux Marcel. Devenue veuve, elle a canalisé son chagrin par un périple remarquable, de chez elle, au Poinçonnet (dans l’Indre), jusqu’à Toulouse, avec son Club des amis cyclos de Châteauroux et l’USP cyclo-tourisme, dans la cadre de l’opération Toutes à vélo ! Et quand elle n’est pas en selle, c’est au volant de son camping-car qu’elle part découvrir les paysages de France. Précisons que Sylviane a 80 ans.

A. A.

Le mouvement,garant du bien-être pour tous

Pour stimuler ses neurones

ou conserver sa souplesse, l’exercice physique et mental

est indispensable. Chacun peut trouver

la formule idéale pour avancer à son rythme

et rester alerte !

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30En minutes par jour, le temps d’activité

sportive d’intensité modérée recommandé, cinq jours par semaine. En intensité plus

élevée, compter vingt minutes par jour, trois jours par semaine ou un combiné des deux.

50 %Un senior sur deux pratique une activité

physique régulière en France. Dans l’idéal, cela s’accompagne aussi d’une alimentation équilibrée, mais sans la diminuer beaucoup

par rapport au menu des actifs.

30 %L’activité physique régulière réduit le risque

de chute des personnes âgées de 30 %. Le mouvement stimule aussi les facultés cognitives et prévient la dégradation des

fonctions intellectuelles. (Source OMS)

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Même un périple de 333 km à vélo, avec nuits de camping et matinées pluvieuses, ne sera pas venu à bout

des petites coquetteries de « Patou ». Qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente, qu’elle soit habillée en tenue de ville ou qu’elle porte un cuissard, Patricia Neves ne se sépare jamais de son maquillage. Un beau rouge à lèvres sur son éternel sourire. À moins que ce ne soit du rose d’ailleurs, la couleur que la pimpante sexagénaire endosse plusieurs fois par semaine, pour une marche d’Octobre rose, avec l’associa-tion Au sein des femmes ou les Cher Dames de Loire, lorsqu’elle part pagayer à bord de La Joconde, rose, elle aussi, de la proue à la poupe du navire, sur le Cher. Patricia Neves marche, pédale, pagaie, fait même du rameur lorsqu’un défi l’y invite, pour le climat récemment, qui lui a fait avaler 10 km sans aucun entraînement préalable. Un virage dans sa vie, reconnaît l’ancienne coiffeuse d’Artannes (Indre-et-Loire). « Je ne faisais aucun sport, c’était le travail et la famille. Je courais toute la journée, comme robotisée, mais pour le boulot », résume-t-elle l’avant-diagnostic de ce cancer du sein, qui a pulvérisé sa vie, « un soir, à 18 h, suite à un simple contrôle ». Ensuite, il y a eu l’opération et la découverte de l’hormono-thérapie, « l’impression d’avoir 90 ans, les douleurs et la fatigue. Je ne me reconnaissais plus, ce n’était plus moi ». C’est à ce moment-là que le hasard va mettre sur la route de la jeune grand-mère l’association Au sein des femmes. « Le 23 mai 2017 », se souvient « Patou » très pré-cisément, date anniversaire de cette nou-velle vie sportive, bénéfique et salutaire. Avec un petit groupe de femmes, malades comme elle, en rémission ou toujours en

soin, elle commence par parcourir 370 km à bicyclette, jusqu’à l’embouchure de la Loire, pour L’Échappée rose 2017 ; puis une seconde fois jusqu’à Angers, avec le Rotary. À l’été 2021, elle récidive avec un périple Tours-Saint-Brévin (Loire-Atlan-tique) à vélo, avec des membres des Cher Dames de Loire. « Ces aventures ont été très fortes », glisse-t-elle, la voix posée comme à l’accoutumée. « Le faire tous ensemble, avec des malades, mais aussi des médecins, d’anciens soignants fait beaucoup de bien. » Entre-temps, il y a deux ans, Patricia Neves a aussi pris le dessus sur sa peur de l’eau pour embarquer sur le bateau à tête de dragon qui navigue chaque samedi sur le Cher. Et surtout, n’allez pas dire aux « rameuses » qu’elles rament… « On a assez ramé avant. Maintenant, on pagaie ! », vous répondraient-elles. Comme « Patou », qui pédale et pagaie sans relâche, manière de garder autant que possible sa santé en main, poussée par l’adrénaline et la force du collectif. « Le naviguer ensemble dans l’effort, se laisser glisser, la quiétude et les odeurs de la nature, l’éveil des sens. Tout cela me permet de lutter contre les douleurs et, en plus, ça me donne la patate ! Quand je n’en fais pas, ça me manque, je ne me sens pas bien », sourit-elle, à quelques jours de prendre la route pour un stage de bateau dragon dans le Jura. Le sport envers et contre tout. Malgré la maladie. Malgré le confinement, même, lorsqu’il était encore impossible de circu-ler au-delà d’un kilomètre autour de chez soi. Qu’à cela ne tienne, « je faisais des tours de vélo en rond, sur mon gazon », s’amuse « Patou », en revoyant la scène. Une petite boucle !

L. T.

Que ce soit à vélo, avec des bâtons de marche nordique ou sur un bateau dragon, l’ancienne coiffeuse d’Artannes (Indre-et-Loire) n’en finit plus de relever les défis.

« Patou », un sourire (rose) en octobre

« On a assez ramé avant… Maintenant, on pagaie ! »

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Le canard quine se dégon�e pas

L’information véri�ée et décryptée

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14 I 10 NOVEMBRE 2021 I 79 I GÉNÉRATION PLUS

On pourrait y voir des airs de salle de classe. Au centre social Équinoxe, à La Riche, ce sont des retraités, majoritairement des femmes,

qui assistent chaque mardi matin aux ateliers de l’association Mnémo’Seniors, pour la prévention des troubles ou des pertes de mémoire.« Le thème sera le goût », annonce à 10 h 28, Joëlle Arès, présidente et fondatrice de l’association en 2009. Elle dicte aux habituées une phrase de Voltaire que les participantes vont tenter de retenir et de se remémorer à la fin de l’heure et demie. Sans attendre, l’animatrice passe à l’exercice suivant : un découpe-mot de « goût ». Les cahiers et les crayons sont sortis, et chacune s’attelle à trouver quatre noms communs masculins de quatre lettres : les premiers commen-çant par la lettre G, les seconds ayant comme deu-xième lettre le O, les suivants ayant comme troisième lettre le U et les derniers ayant comme ultime lettre le T. Au bout de dix minutes, Joëlle Arès rompt le silence studieux des adhérentes et propose : « On cor-rige ? » « Le gond », « le foie », « le moût », « le guet »… Les mots fusent à toute vitesse. Les cinq retraitées s’échauffent en douceur avec les lettres, mais elles continuent avec les chiffres dans un carré magique. Et c’est parti pour une série d’exercices de vocabulaire et de calcul mental, ou encore un jeu de questions à

partir d’une image mémorisée en quelques secondes. Le cerveau fume, les neurones sont en ébullition, mais l’ambiance reste décontractée grâce à ces jeux de réflexion, sans pression, ni esprit de compétition. L’atelier étant avant tout un moyen de se faire plaisir.« On vient parce qu’on a du temps à la retraite, décrit Maryse. Cela permet de garder un lien social et de faire travailler nos méninges. » Lilianne acquiesce : « On peut faire certaines choses chez nous, mais ici, on peut rencontrer des amis et s’en faire d’autres. » Au total, 120 personnes (dont seulement 10 hommes) parti-cipent à l’un des 15 ateliers par semaine de l’asso-ciation, dans la grande couronne de Tours, grâce à trois animatrices, dont une salariée. « On travaille la mémoire visuelle, parfois auditive, la mémoire à long terme et à court terme, celle que l’on perd en premier, mais aussi la logique, l’attention, et la concentration », décrit Joëlle Arès. Mnémo’Seniors c’est aussi un stage intergénérationnel et des sorties, « une valorisation de soi, une façon de redonner confiance aux personnes qui viennent », conclut Joëlle Arès.

P. P.

Contacts : 06.23.33.71.76, [email protected] et www.mnemoseniors.fr. Adhésion annuelle 18 € et 60 €/trimestre pour les ateliers. Groupe de 12 personnes max.

Mnémo’Seniors fait oublierle temps qui passe

Près de 120 personnes suivent, en Touraine, des ateliers de stimulation de la mémoire. Immersion dans l’un de ces cours ludiques, mais studieux, à La Riche.

Pour renforcer sa mémoire, comme un muscle, et continuer à acquérir de nouvelles informations à la retraite, il y a l’association Mnémo’seniors. (Photo NR)

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L’adoption peut faire évoluer la situation fiscale de l’enfant qu’on a élevé. S’il est majeur, l’adoption simple est la seule possible, mais elle peut suffire. Elle génère le lien et peut créer le droit à l’abattement comme pour un enfant biologique. On peut faire valoir par exemple des frais d’éducation ou alimentaires pendant l’éducation de l’enfant. « Mais l’adoption crée une obligation alimentaire du parent et de l’enfant à l’égard du parent adoptant », précise Me Alexandre Hardy.

C’est un dispositif méconnu « et une procédure qui n’est pas très longue », nécessitant le constat par un acte notarié du consentement de l’enfant majeur et une décision passant par le tribunal qui prononce le jugement. Cela induit une égalité entre enfants de différents lits. L’adoption plénière crée une reconnaissance automatique, mais elle coupe complètement les ponts avec la famille d’origine. C’est une procédure plus lourde ; elle est pertinente en cas d’abandon de la part de la famille d’origine.

bon à savoirLE RECOURS À L’ADOPTION SIMPLE

Pour y voir plus clair dans les options qu’ont les conjoints d’une famille recomposée pour préser-ver les enfants d’un premier lit ou au contraire

égaliser les parts, Me Alexandre Hardy, vice-président de la chambre interdépartementale des notaires du Val de Loire, répond à nos questions.« Il faut avant tout savoir que la fiscalité sur un héritage est différente pour les enfants du défunt lui-même et ceux du second conjoint. Dans le premier cas, l’exonération court jusqu’à 100.000 € et un taux habituellement de l’ordre de 20 % s’applique ensuite au montant restant (par tranche toutefois). En revanche, pour les enfants sans lien reconnu avec le défunt, il n’y a que 1.594 € d’abattement et le taux d’imposition est fixé à 60 % - à payer dans les six mois du décès. Cela demande une stratégie claire, donc. » Une des options est l’adop-tion simple pour favoriser l’équité entre enfants (lire ci-dessous). « Mais elle a une implication familiale et émotionnelle forte et demande de communiquer, pour éviter une discorde entre les membres de la famille. Il faut procéder avec des pincettes », précise Me Hardy.Pour composer avec la réserve héréditaire (le mini-mum légal protégé, en France, de l’héritage pour les enfants de son sang), les outils disponibles sont notam-ment l’assurance-vie, la société civile immobilière ou la donation. L’assurance-vie se contracte auprès du banquier ou de l’assureur. « Le testament reste le meil-leur moyen d’opérer, selon Me Hardy. Si vous contractez

une assurance-vie, vous pouvez indiquer une clause renvoyant à un testament déposé chez votre notaire de type “ voir mon testament chez Me Untel ” qui permet une totale confidentialité. Il est possible de désigner des bénéficiaires avec ou sans lien de sang ; et c’est plus facile si vous souhaitez changer un bénéficiaire. » Il y a un effet fiscal intéressant pour l’assurance-vie avant 70 ans, qui disparaît ensuite ; l’exonération pour le bénéficiaire est de 152.500 € avec un taux d’imposition de 20 % pour la fraction inférieure ou égale à 700.000 € et de 31,25 % au-delà. L’équité est possible entre les enfants.

Le deuxième outil, la société civile immobilière, où chacun a une part égale, est plus simple avec des enfants majeurs (mais possible avec des mineurs). Elle s’applique à l’achat d’un bien immobilier ; il faut toutefois être capable de garantir l’emprunt, en cas de défaillance d’un autre membre car il y a une solidarité des membres.

La donation anticipée, de son vivant donc, subit une fiscalité au jour où la donation a lieu, elle est connue à l’avance. « Mais il y a un risque du point de vue familial, prévient Me Hardy. Après le décès, il va falloir expliquer quel usage on a fait de l’argent reçu. Si l’un en a tiré plus de bénéfices que l’autre, il y aura un éventuel partage de la plus-value. »Enfin, la donation partage fixe les parts, qui peuvent être inégales, du vivant du donateur. Elle concerne tous les enfants en même temps, avec un montant figé. « Il n’y a pas de réestimation possible. Et pas non plus forcément d’équité entre les lots. »Si on souhaite, à l’inverse, protéger les enfants d’un premier lit, le choix peut se porter sur un régime matri-monial adapté des nouveaux conjoints, pour clarifier les patrimoines respectifs. « Il vaut mieux établir un contrat de mariage alors, et prévoyant, par exemple, la séparation de biens. C’est moins coûteux avant qu’après le mariage, en raison de l’inventaire des biens. » On peut penser à faire une donation ou non au dernier survivant, et préserver éventuellement l’usufruit de la résidence immobilière principale.« L’un des bons moments pour en parler en famille est l’achat d’un bien immobilier », conseille le spécialiste. Les outils sont à articuler les uns avec les autres avec précaution, et aussi à poser dans un calendrier pour bien profiter des effets d’âge éventuels.

A. A.

Pour préserver ses enfants ou doter les enfants qu’on a élevés, il vaut mieux prendre conseil pour répartir son patrimoine. Les notaires sont là pour nous conseiller.

Famille recomposée :quels choix d’héritage ?

Les outils pour répartir son héritage entre les différents enfants méritent attention. (Photo © Adobe Stock)

Un effet fiscal intéressant pour l’assurance-vie avant 70 ans.

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