Essai de psychologie sensible

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Freinet Célestin, Essai de psychologie sensible : rééducation des techniques de vie ersatz, éditions Delachaux et Niestlé, tome 1 et 2, Paris, 1971, 155 p. Article Olivier Francomme novembre 2010 C Freinet et la recherche scientifique Chaque livre écrit par C Freinet donne de nombreuses indications sur les rapports qu’il entretient avec la recherche et sur les pratiques scientifiques qu’il développe, préconise, rejette ! Dans cet ouvrage, Freinet va un peu plus loin dans le décryptage du fonctionnement psychologique de l’humain dans ses premières années. Il va plus loin en analysant les persistances adultes des refuges, des frustrations : l’antipédagogisme est une forme d’auto jouissance ! C Freinet a un positionnement scientifique vis-à-vis des théories en cours : -il s’oppose à Freud sur l’analyse des pathologies (p 19), ainsi que sur l’inefficacité des guérisseurs de tous poils (p 26). -il s’appuie sur certaines théories, dont celle de Claude Bernard avec « L’introduction à l’étude de la médecins expérimentale » (p 61), et aussi sur la structuration de l’esprit (p 119) où l’enfant possède l’essentiel de l’esprit scientifique. La méthode privilégiée de Freinet reste la méthode expérimentale dans laquelle l’observation et l’intuition ont beaucoup d’importance : il met en scène notre intuitivité pour élucider certaines observations, certains tâtonnements. Freinet utilise sa théorie pour analyser le comportement humain, en particulier, les pathologies sont décryptées au travers des carences d’expériences tâtonnées pour lesquelles il propose une remédiation : -substituer des ersatz moins nocifs à des ersatz maléfiques, sans les laisser s’enraciner. -rechercher la compagnie des autres, des pairs (socialisation aidante) -orienter les jeunes vers l’expression artistique sans les enfermer dans celles-ci. Dans ce livre, C Freinet explique assez bien la fonction thérapeutique de l’école, réparatrices de destins. Tout au long de ses 2 tomes, Freinet énonce des lois… C Freinet a aussi une vision globale des déséquilibres généraux, il ne se contente pas de l’école, sa vision est systémique : il dénonce les désordres provoqués par les engrais, la chimie, l’alimentation. Il préconise même certains traitements comme le régime fruitarien (p 27).

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Freinet utilise sa théorie pour analyser le comportement humain, en particulier, les pathologies sont décryptées au travers des carences d’expériences tâtonnées pour lesquelles il propose une remédiation :-substituer des ersatz moins nocifs à des ersatz maléfiques, sans les laisser s’enraciner.-rechercher la compagnie des autres, des pairs (socialisation aidante)-orienter les jeunes vers l’expression artistique sans les enfermer dans celles-ci.

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Freinet Célestin, Essai de psychologie sensible : rééducation des techniques de vie ersatz, éditions Delachaux et Niestlé, tome 1 et 2, Paris, 1971, 155 p.

Article Olivier Francomme novembre 2010

C Freinet et la recherche scientifiqueChaque livre écrit par C Freinet donne de nombreuses indications sur les rapports qu’il entretient avec la recherche et sur les pratiques scientifiques qu’il développe, préconise, rejette !Dans cet ouvrage, Freinet va un peu plus loin dans le décryptage du fonctionnement psychologique de l’humain dans ses premières années. Il va plus loin en analysant les persistances adultes des refuges, des frustrations : l’antipédagogisme est une forme d’auto jouissance !

C Freinet a un positionnement scientifique vis-à-vis des théories en cours : -il s’oppose à Freud sur l’analyse des pathologies (p 19), ainsi que sur l’inefficacité des guérisseurs de tous poils (p 26).-il s’appuie sur certaines théories, dont celle de Claude Bernard avec « L’introduction à l’étude de la médecins expérimentale » (p 61), et aussi sur la structuration de l’esprit (p 119) où l’enfant possède l’essentiel de l’esprit scientifique.

La méthode privilégiée de Freinet reste la méthode expérimentale dans laquelle l’observation et l’intuition ont beaucoup d’importance : il met en scène notre intuitivité pour élucider certaines observations, certains tâtonnements.

Freinet utilise sa théorie pour analyser le comportement humain, en particulier, les pathologies sont décryptées au travers des carences d’expériences tâtonnées pour lesquelles il propose une remédiation :-substituer des ersatz moins nocifs à des ersatz maléfiques, sans les laisser s’enraciner.-rechercher la compagnie des autres, des pairs (socialisation aidante)-orienter les jeunes vers l’expression artistique sans les enfermer dans celles-ci. Dans ce livre, C Freinet explique assez bien la fonction thérapeutique de l’école, réparatrices de destins.

Tout au long de ses 2 tomes, Freinet énonce des lois…

C Freinet a aussi une vision globale des déséquilibres généraux, il ne se contente pas de l’école, sa vision est systémique : il dénonce les désordres provoqués par les engrais, la chimie, l’alimentation. Il préconise même certains traitements comme le régime fruitarien (p 27).

En matière d’ingénierie de la formation, Freinet arrive à décrire des pratiques éducatives qui émergeront 20 ans plus tard : par exemple le mind mapping (p 138).

Un reproche peut-être fait, celui de n’être pas toujours explicite (dans le paragraphe VI notamment).

Sur l’ouvrage

Introduction (p 5)I Les règles de vie ersatzLa succion du pouce chez le bébé, c’est peut-être au départ un refuge contre la faim, mais c’est une illusion un ersatz. (p 6) C’est un solution qui servira même contre les autres frustrations. L’enfant utilise ses moyens ! Cette règle de vie pourra être abandonnée rapidement pour une autre plus efficace. Les règles de vie ersatz sont nombreuses, diverses et il sera difficile de s’y attaquer (il faut redonner une voie à la puissance de vie).L’auto jouissance : dans les règles de vie normales, la satisfaction dépend du monde extérieur. Quand il n’y a pas satisfaction, la personne s’aperçoit qu’elle peut avoir l’illusion de la satisfaction.L’anti pédagogisme est une forme d’auto jouissance.

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Comment agir ? Ne pas dramatiser, aider à trouver une règle de vie plus normale qui satisfasse, en modifiant les recours barrière. Toutes les expériences tâtonnées sont préférables à la passivité. La socialisation, vivre parmi les autres (les pairs). La vie enseigne et dirige la vie. (p 14)

L’auto jouissance sexuelle (p 14) : elle peut être liée à l’influence du catholicisme. Freud voit la déviation ou l’obsession sexuelle partout ! Il n’y a pas de besoin sexuel avant la puberté (p 15). Dans l’apprentissage de la connaissance de son corps, de ses organes, l’enfant reste souvent sans information sur ses parties génitales, ou reçoit des informations fantaisistes. Les complexes sexuels sont des complexes sociaux !Quelle conséquence pédagogique ? Il faut établir un recours aidant : par la nature (réserve d’enfants, reproduction des animaux, vivre la nudité en famille, …)L’auto jouissance sexuelle provient donc en partie au moins du manque de loyauté et de sincérité des adultes. Les déséquilibres, peurs, méconnaissances,… peuvent engendre des névroses. Névrose : exaspération d’un état de déséquilibre mental, psychique, organique, sans relation apparente, directe, normale, avec une cause physiologique ou fonctionnelle décelable. (p 25)Rétablir l’équilibre fonctionnel organique (alimentation, respiration, …), recherche d’une activité vitale, et de réminiscences anciennes (libération par l’expression).

II La sexualité comme règle de vie ersatz (p 29)La plupart des complexes ne sont que des réactions naturelles de l’enfant inquiet. Certaines habitudes (attouchements sexuels) deviennent des règles de vie, auto-jouissance, pas plus que de sucer son pouce. L’énurésie, la boulimie font partie de ces complexes. L’auto jouissance sexuelle a des conséquences par son contexte social : complexes, opposition, jusqu’à la névrose.. Alors que tout est simplement lié au mystère de la naissance et de la mort, dans ses rapports avec la sexualité (p 34). Il faut détacher l’auto jouissance sexuelle de l’enfant des connotations de la sexualité. Les remèdes sont à trouver dans une vie saine, équilibrée... Le milieu de l’adulte ne convient pas à l’enfant : l’adulte a déjà éprouvé les expériences tâtonnées, il a tendance à figer son environnement. Il faut offrir à l’enfant d’autres raisons de vivre, d’autres possibilités à attendre, de retrouver son potentiel de vie.

III L’école source de règles de vie ersatz (p 45)L’école doit être le lieu de prédilection des expériences tâtonnées. Mais elle commet de graves erreurs de compréhension du processus éducatif et se trompe de recours barrière. Soit elle devient un milieu accaparant (quand elle oriente toute l’activité enfantine), soit elle est un milieu rejetant (l’enfant ne reçoit aucun secours direct). La psychologie sensible est aussi la psychologie sensorielle… tout doit être éprouvé par tous les sens (p 49). Dans l’expérience tâtonnée, il y a 2 processus : l’acquisition de la puissance et un processus exaltant.Pour accélérer ce processus, il y a la part du maître (p 51)-donner la possibilité technique de l’expérience tâtonnée.-prévoir le matériel et la technique pour qu’elle soit plus profonde.Confronter avec l’expérience (adultes ; machines, enfants,…)Il y a aussi l’importance des images graphiques (schématisation) des photos, des films, des témoignages… Freinet donne des exemples : pour la musique, partir des sons naturels !L’expérience est l’unique source des connaissances humaines (p 61), l’esprit n’a en lui même que le sentiment d’une relation nécessaire dans les choses, mais il ne peut connaître la forme de cette relation que par l’expérience.Il y a différents stades chez l’enfant :-durant la première année, c’est une période de prospection tâtonnée.-ensuite et durant toute sa vie, il y aura une période d’aménagement.-de 1 à 4 ans, pas d’activité spécialisée sus forme de travail, il peut faire quelques travaux, il fait des expériences apparemment inutiles (p 73).-période du travail : 4 – 5 ans. Il part à la conquête du monde, parois avec des régressions. Jeu et travail se confondent (p 74)24° loi : le travail comme correcteur des règles de vie ersatz.

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IV Autres règles de vie ersatz (p 81)À l’origine d’une règle de vie ersatz, il y a une pratique refoulée (sans que disparaisse les circonstances qui l’ont suscitée) ou une nécessité qui donne naissance à une habitude : la succion du doigt, l’auto jouissance sexuelle, l’intérêt anormal aux fonctions d’excrétion, la perversion du goût, l’excitation de diverses sensations, les grattages, les tics, les accidents nerveux,… (Mais aussi la défécation, la goinfrerie)Tout cecI entraîne des tares psychologiques. Freinet convient que pour la prévention des tics, la psychanalyse est une thérapie possible mais complexe.

V Des règles de vie ersatz qui peuvent être bénéfiques (p 93)1- Le jeu occupationnel : c’est un palliatif, une compensation psychique, aboutit au jeu à gagner, au

jeu haschich.2- La superstition et la religion : arrivent par l’angoisse du vide, par le souci de la sécurité. Freinet

observe que la magie et la superstition reculent à mesure que s’avance la science.3- Les arts et la littérature : quand on parle de soi, pour approfondir sa peine, la mesure,

l’extérioriser, ce qui semble la rendre plus supportable. Il faut extérioriser ses émotions (p 101). Cette évasion peut permettre de rejoindre les grandes lignes de puissance et de vie. De plus elle déclenche l’empathie, la compréhension des autres. Il faut donc opposer la littérature évasion (liée à la scolastique), vice solitaire qui aboutit à une auto jouissance, et la création personnelle (ouverture sur la vie)

Du choix de l’utilisation intelligente des ersatz par la sublimation. (p 106) Classification :1 les règles de vie ersatz solitaires-quelques unes sont chargées d’une interdiction maléfique (onanisme,…)-il faut leur préférer une autre catégorie d’ersatz licites : succion du pouce, … coquetterie, envieux,…

2 les règles de vie ersatz non solitaires : amour de l’argent, …

3 les règles de vie susceptibles d’évoluer favorablement-amour de la musique, peinture… e tant qu’auto jouissance-expression artistique

Il reste possible de descendre au fond de nous, et de s’élever par la pensée. L’illumination libératrice (fait de dominer sa vie)Freinet donne une orientation du travail pédagogique :Substituer les ersatz, socialiser le travail d’exploration, orienter vers l’expression artistique ouverte !

25° loi : hiérarchie des valeurs, des règles de vie ersatz, et des possibilités qui restent de retrouver la puissance (p 111).

VI L’individu en face du progrès et de la culture (p 113)Sur l’importance des outils comme érigeur de la civilisation, qui caractérise l’homme. (p 116) Mais le progrès ne permet pas à l’individu de partir de l’expérience des autres ! il n’évitera pas le minutieux tâtonnement dans la construction de la personnalité. L’enfant possède l’essentiel de l’esprit scientifique : il est soupçonneux, curieux, et a une tendance innée à un besoin d’expérimenter et de connaissance.« La pédagogie permet à chaque individu de construire sa vie avec une accélération maximum grâce à la magie des outils » (p 123) L’outil est un prolongement de la main, qui permet d’aller plus loin, d’agir avec plus de puissance ». Mais l’outil peut aussi devenir machine qui asservit et broie l’homme.Le rôle de l’enseignant est d’accélérer le processus de prise de possession de rapports (observations, mises en relation) qui, en leur phase dernière, atteignent à la définitive sureté scientifique ». (p 129)Le problème de certaines théories, c’est qu’elles ont été élaborées en dehors de la vie. Elles s’auto justifient, mais elle ne se vérifient pas. Leurs concepts sont désintégrés du réel.

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Il relate les agressions auxquelles font face les personnes chargées de bon sens, de rationalité, et en même temps d’intuitivité. (p 135) Les enfants doivent aller puiser à la source. Les mots et les concepts ne sont un enrichissement que s’ils sont le résultat et le prolongement de notre expérience personnelle, incorporés à notre vie, liés à notre devenir. (p 137)Il ne faut pas se contenter d’apprendre et de savoir les sciences, il faut les vivre et les rebâtir pour se les approprier et engranger la connaissance logique qu’elles permettent d’acquérir.Freinet revisite toutes les entrées dans les domaines, disciplines de l’école élémentaire, avec toutes les erreurs, les impasses, et il donne des voies pour le redressement (positionnement pédagogique).« Science des formes (scolastique) contre science des contenus » (Ecole Moderne) toutes les sciences obéissent aux mêmes processus de développement et de croissance. Il y a une langue commune aux sciences (p 143). Il n’est pas indispensable pour un enfant d’apprendre toutes les sciences, mais une pour laquelle il a choisi d’assurer sa construction (après avoir éprouvé la diversité). L’expérience tâtonnée mène vers le comportement scientifique. Il y a aussi un principe d’adaptation qui évite l’uniformité (p 148).

VII ConclusionElle consiste en un résumé du livre sous forme d’items :La santé et l’harmonie physiologiques sont déterminantes dans le processus de vie des individus.L’expérience tâtonnée est le processus de construction de l’humain. (essai, essai réussi, technique de vie)Le jeune enfant a besoin de sollicitude (réserve d’enfants, adaptation à l’enfant)La croissance de l’individu se fait par besoin d’accroissement de puissance pour réaliser sa destinée.Ouverture vers des voies nouvelles de la pédagogie : primauté de la première éducation, influence de l’équilibre physiologique (qui doit être lié à la pédagogie)Mettre l’enfant dans un milieu riche jusqu’à 5 ans.Accélérer l’expérience tâtonnée par les outils.À partir de 7 ans, introduction du travail constructif de la personnalité, de l’intelligence, du psychisme.Attitude aidante de l’école (recours barrière,..)Voies pour les enfants qui ont du faire appel à des règles de vie ersatz : le travail (fonctionnel), l’art (l’expression)Le langage, l’écriture, l’imprimé ne sont que des outils.

C’est toute la conception du processus de civilisation qui est à reconsidérer. (p 152)

Freinet annonce la dernière partie de son essai de psychologie sensible, le 3° tome : « le profil vital dynamique », il ne verra pas le jour.