Edition du Centre - ISSN IIII - 0074 Ce que coûtera la relance · 2020. 7. 14. · pour Abu Dhabi...

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Photo : DR Edition du Centre - ISSN IIII - 0074 B I L L E T ( P A S ) D O U X Au moment où les intégristes détruisent, par les armes et la parole, les pays arabes, les EAU s'apprêtent à lancer une sonde qui va voyager pendant 7 mois pour atteindre la planète rouge et l'explo- rer. Belle victoire d'une direction politique qui, malgré des engagements militaires douteux, montre la voie d'un islam de tolérance et de progrès. Et dire que le nôtre portait ces mêmes valeurs bien avant la naissance des Emirats ! M. F. Mars brillera pour Abu Dhabi ! MARDI 14 JUILLET 2020 - 23 DHOU AL-QI'DA 1441 - N°9073 PRIX 30 DA - FAX : RÉDACTION : 021 67 06 76 - PUBLICITÉ : 021 67 06 75 - TÉL : 021 67 06 51 - 021 67 06 58 RISQUE D’INTERDICTION DU RITUEL DU SACRIFICE DE L’AÏD PAGE 7 1 000 MILLIARDS DE DINARS, 10 MILLIARDS DE DOLLARS... AFIN DE PROTESTER CONTRE SA DÉTENTION Le Soir d’Algérie à portée de main Restez connectés au monde TÉLÉCHARGEZ l’application Le Soir d’Algérie sur Android ou IOS LSA ALI GHEDIRI ENTAME UNE GRÈVE DE LA FAIM La hantise des éleveurs TEBBOUNE AU JOURNAL FRANÇAIS L’OPINION Des lobbies anti-algériens parasitent les relations algéro- françaises l Dans un entretien paru dans l’édition d’hier du journal L’Opinion, le président Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé dans le style qui est le sien avec pondération et clarté sur des sujets parfois à polémique. Il faut noter que le chef de l’Etat fait de la communication, un outil privilégié de sa démarche politique. L’interview accordée au quotidien français intervient après celle de France 24. Ce que coûtera la relance PAGE 5 l Après avoir suscité moult interrogations sur sa mise en œuvre effective, eu égard aux difficultés que traverse le pays, notamment sur le plan financier, depuis quelques années maintenant, le plan de relance socio-économique sur lequel planche le gouvernement depuis pratiquement son intronisation prend forme avec les mesures concrètes énoncées lors de la réunion du Conseil des ministres de dimanche. PAGE 3 PAGE 5 Pourquoi le sacrifice du mouton est dangereux PAGE 7 DES MÉDECINS EXPLIQUENT

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    0074

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    Au moment où les intégristes détruisent,par les armes et la parole, les paysarabes, les EAU s'apprêtent à lancer unesonde qui va voyager pendant 7 moispour atteindre la planète rouge et l'explo-rer.Belle victoire d'une direction politiquequi, malgré des engagements militairesdouteux, montre la voie d'un islam detolérance et de progrès. Et dire que lenôtre portait ces mêmes valeurs bienavant la naissance des Emirats !

    M. F.

    Mars brillerapour Abu Dhabi !

    MARDI 14 JUILLET 2020 - 23 DHOU AL-QI'DA 1441 - N°9073 PRIX 30 DA - FAX : RÉDACTION : 021 67 06 76 - PUBLICITÉ : 021 67 06 75 - TÉL : 021 67 06 51 - 021 67 06 58

    RISQUE D’INTERDICTION DU RITUEL DU SACRIFICE DE L’AÏD

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    1 000 MILLIARDS DE DINARS, 10 MILLIARDS DE DOLLARS...

    AFIN DE PROTESTER CONTRE SA DÉTENTION

    Le Soir d’Algérie à portée de mainRestez connectés au mondeTÉLÉCHARGEZ l’application Le Soir d’Algérie sur Android ou IOSLSA

    ALI GHEDIRI ENTAMEUNE GRÈVE DE LA FAIM

    La hantisedes éleveurs

    TEBBOUNE AU JOURNALFRANÇAIS L’OPINION

    Des lobbiesanti-algériensparasitent les

    relations algéro-françaises

    l Dans un entretien paru dans l’édition d’hier du journalL’Opinion, le président Abdelmadjid Tebboune s’est

    exprimé dans le style qui est le sien avec pondération etclarté sur des sujets parfois à polémique. Il faut noterque le chef de l’Etat fait de la communication, un outil

    privilégié de sa démarche politique. L’interview accordéeau quotidien français intervient après celle de France 24.

    Ce que coûterala relance

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    l Après avoir suscité moult interrogations sur sa mise en œuvre effective, eu égard aux difficultés quetraverse le pays, notamment sur le plan financier, depuis quelques années maintenant, le plan de relance

    socio-économique sur lequel planche le gouvernement depuis pratiquement son intronisation prendforme avec les mesures concrètes énoncées lors de la réunion du Conseil des ministres de dimanche.

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    Pourquoi le sacrificedu mouton est dangereux

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    DES MÉDECINSEXPLIQUENT

  • La Fédération algérienne de football annoncera, demain mer-credi, et de manière officielle, l’arrêt définitif des champion-nats, toutes divisions confondues. Selon des sourcesproches de la fédération, il sera procédé, par la suite, àla convocation d’une assemblée générale pour tran-cher entre trois ou quatre propositions traitant desquestions de la relégation, des participations aux dif-férentes compétitions internationales etc.

    PP

    PUBLICITÉ

    [email protected]

    Mardi 14 juillet 2020 - Page 2

    ERISCOOPERISCOOP

    Les plans de la FAF

    SOIT DIT EN PASSANTSOI T D IT E N PA SSA NTPar Malika Boussouf

    [email protected] communiquerau mieux ?

    V ous aurez beauinsister sur le faitque le coronavi-rus n’est pas né enAlgérie, ils ne vous écou-tent pas. Parce qu’ilssavent de quoi il enretourne, qu’ils ont leurpetite idée là-dessus etqu’il est, par conséquent,inutile de leur affirmer lecontraire. Eux, sont lesrésistants incondition-nels du Hirak.

    Ils craignent que si oncesse d’en parler, il nemobilisera plus jamaiscomme il l’a fait jusqu’àce que la maudite pandé-mie vienne, non pas sif-fler la fin de la partie,mais mettre sur pause lemouvement populaire.Une consœur et amie meracontait, il y a troisjours, comment, dansl’organe public où elleexerce, elle aussi, lemétier d’informer, descollègues, censés fairepareil, à savoir sensibili-ser sur les dangers qu’ily a à ne pas appliquer lesrecommandations desmédecins qui sont jour et

    nuit au chevet demalades dont ils nesavent pas s’ils vontréussir ou non à les sau-ver, ne l’entendent pasde la même oreille.

    Non seulement ils nese protègent pas, mais ilsvous expliquent pourquoiils ne le font pas et pour-quoi, à eux, on ne la ferapas. Prêcher le contraireen accusant, par exemple,le pouvoir d’avoir inventéla Covid-19 pour enterrerle Hirak ferait, selon eux,partie d’un serment fait àla mobilisation populaire !Inutile de leur faireremarquer que le mal estné à l’autre bout dumonde avant d’infester laplanète. Ils ont une autrethéorie aussi fantasqueque le sont leurs explica-tions. Faudra pas s’éton-ner que ces hurluberlusnous bombardent unmatin d’arguments tiréspar les cheveux selonlesquels, par exemple, lesystème algérien serait lepère de la Covid-19 !Qu’il aurait créé le coro-na, rien que cela, pour

    mater la contestation,décourager les partisansdu Hirak et les occuperautrement pour leur faireoublier les raisons quileur avaient fait occuperla rue. Nos savants algé-riens, impliqués jusqu’aucou dans la cabale, seseraient empressés d’eninfester l’univers avantque les enquêtes interna-tionales n’orientent leurssoupçons sur larecherche algériennetotalement acquise ausystème. On dit que pourvenir à bout d’un mal, ilfaut en connaître l’origi-ne. Qui fait le mieux dansla désinformation ?

    M. B. 

    Le dessin de Karim

    Résultat sondage

    Etes-vous favorables à une autorisation de reprised’activités pour les cafés et les restaurants ?Oui :

    35.31%Non :

    59.31%Sans Opinion :

    5.38%

    Un jour, un sondage

    Pensez-vous qu’il faut interdire lesacrifice du mouton cette année ?

    Report forcéLes personnes ayant déposé un dossier auprès de

    la Direction de l'action sociale et de soli-darité (DASS) en vue de l'ouvertured'une structure d’accueil de la petiteenfance devront patienter avant derecevoir leur agrément.

    La commission chargée d’effec-tuer une inspection des structuresen vue de statuer sur leur conformitégèle temporairement sesactivités. Composée dereprésentants de la DAS,de l'urbanisme et de laProtection civile, laditecommission reprendrases visites sur site enfonction de l'évolu-tion de la situationépidémiologique.

    NON Sans opinionOUI

    ÉMISSION ANIMÉEPAR HAKIM LAÂLAM

    Reçoit ce dimanche 19 juillet 2020 à 10h, Hadda Hazem, Directrice

    du quotidien d’information El Fadjr.

    INDUSTRIES MEDICO-CHIRURGICALES

  • Le Soird’Algérie

    Mardi 14 juillet 2020 - PAGE3Actualité

    Siham Japonia,comme

    à l’hôpital !

    Encore une vidéo tour-née dans un hôpital qui

    fait le buzz. Ça brassedéjà très large et ça faitréagir dans les mêmes pro-portions quand ce genrede documents estl’œuvre d’Algériens ordi-

    naires. Et quand ça émane de quel-qu’un de connu, ça accroche encoreplus, surtout que, dans le cas précisou dans d’autres situations, il y atoujours quelque chose dans le pro-longement des faits pour les ampli-fier, au sens basique du terme. SihamJaponia est une chanteuse de raïdont on ne connaît pas vraiment l’au-dience. Mais qu’on la connaisse déjàou qu’on l’ait découverte à la faveurde l’«événement», c’est une chanteu-se, même si ces derniers jours, c’estsa vidéo tournée dans un hôpital ora-nais et diffusée sur les réseauxsociaux qui a fait l’actualité des bran-chés. Elle a traîné pendant delongues minutes la caméra de sonsmartphone dans les couloirs del’établissement sanitaire. Sur un tonparticulièrement remonté et des motsdu cru, elle exprimait sa colère enallant dans tous les sens et en pous-sant parfois des portes pour s’inter-roger sur la mauvaise hygiène deslieux, «l’absence des médecins» etsurtout - c’est la phrase qui est reve-nue le plus dans son discours- elle acrié : «Win rahi eddoula (où est l’Etat?)». Justement, de cette vidéocomme des autres dans le genre, il ya quelques conclusions à tirer. Lapremière, évidente, nous rappelle quenotre santé publique d’une manièregénérale se porte toujours aussi mal.En dehors de la mobilisation dévouéedu corps médical et de l’attentionparticulière de l’Etat pour luttercontre la pandémie qui ont tout demême donné des résultats, l’hôpitalet l’ensemble du dispositif de santépublique sont toujours malades. Laformule est peut-être usée, ça nechange pas la réalité pour autant.Parce que des «vidéos» comme cellediffusée par la chanteuse oranaise,on peut en faire à tout moment etpartout. Constantine, Biskra,Réghaïa, pour ne citer que les cas lesplus médiatisés, en sont l’illustration.Pour autant, filmer des scènes…ordinaires d’un hôpital algérien est-ce bien utile, surtout quand la moti-vation personnelle est à l’origine dela colère portée sur la place publiqueet dont souvent, on ne dit pas tout ?Où est l’Etat ? Oui, mais la questionse pose aussi pour la «doula», telle-ment incapable de fermeté qu’ellen’arrive pas à faire en sorte que dansun hôpital, tout le monde ne peut pasfilmer n’importe quoi, tout le mondene peut pas faire un boucan d’enferet y ajouter le désagrément à ladétresse. Le problème est que la «fer-meté», voire la force, sont des attri-buts d’un Etat juste et performant,surtout dans un secteur aussi vitalque la santé. Pendant de longuesminutes, Siham Japonia faisait sonboucan d’enfer sans que quelqu’unne vienne arrêter ça. Normal, il eutfallu qu’on vienne aussi la rassurersur sa prise en charge. Ce n’est passon interpellation par la police quipouvait régler le problème.

    S. L.

    Constances

    Slimane [email protected]

    1 000 MILLIARDS DE DINARS, 10 MILLIARDS DE DOLLARS...

    Ce que coûtera la relance

    A l’issue de la réunion pério-dique du Conseil des ministres, il aété donc décidé, entre autresmesures, de mettre 1 000 milliardsde dinars et 10 milliards de dollarsdans la cagnotte destinée à l’inves-tissement. Ceci est la grande infor-mation du rendez-vous désormaishabituel présidé par AbdelmadjidTebboune qui, au préalable, tel quel’énonce le communiqué officiel, etaprès le passage en revue desincidences de la pandémie decoronavirus sur l’économie natio-nale, qui a d’ailleurs requis la misesur pied d’une commission queprésidera le Premier ministre etregroupant les partenairessociaux, a pris connaissance de cequi a été accompli jusque-là pourla micro-entreprise et les start-up.

    Sur ce, le projet de relance éco-nomique a été de nouveau aucentre de la réunion par visioconfé-rence et, comme le laissait devinerla réunion restreinte de la semainedernière avec les ministres directe-ment concernés, des décisionsmajeures ont été entérinées.

    La relance économique, axéesur l’urgence absolue de rompreavec la dépendance vis-à-vis deshydrocarbures, requerrait desdécisions fortes. Il en a été ainsi,justement, pour le secteur deshydrocarbures ‘’empêtré dans lesschémas de production classiqueset perdant de vue les énormespotentialités que recèle le pays».C’est dans cette optique qu’il a étédécidé de mettre le cap sur larelance des activités de prospec-tion des réserves non exploitées,qu’elles soient en on-shore ou off-shore, et la récupération desréserves existantes.

    A brève échéance, le taux derécupération devra être amené au-delà de 40%, a ordonné Tebboune,qui a rappelé que, au premier tri-mestre 2021, devrait être arrêtéetoute importation de carburant etde produits de raffinage. C’est entous les cas une série de mesuresimpliquant le secteur de l’énergiequi ont été prises à l’instar, parexemple, de celle se rapportant auraccordement des exploitations

    agricoles pour renforcer la produc-tion et la création d’emplois, ouencore l’engagement d’un auditdestiné à la détermination du patri-moine de Sonatrach, la réductiondu nombre de ses représentationsà l’étranger, la diminution despostes de responsabilité qui nesont pas liés au rendement ou à larentabilité de l’entreprise, et le pas-sage d’une gestion qui date d’uneépoque révolue vers une compta-bilité analytique saine.

    Par ailleurs, et pour ce qui relè-ve du ministère de l’Industrie, ladate butoir du 22 juillet a été fixéepour que soient enfin dévoilés lescahiers des charges ayant trait ausecteur de la construction automo-bile, la production d’électroména-gers, la production de pièces déta-chées, l’importation de véhiculesneufs, et l’importation d’usinesusagées. Pour le cas du cahier descharges pour l’importation desvéhicules neufs, celui-ci doit inter-venir «obligatoirement avec lamise en place d’un réseau de ser-vice après-vente au niveau de toutle territoire national et qui soit gérépar des professionnels du sec-teur», a exigé le président de laRépublique qui a égalementordonné de «libérer les entreprisesdu secteur de l’électroménager quiprésentent un taux d’intégration de70%, donner la priorité aux sec-teurs de la transformation, et don-ner la même priorité aux start-up etpasser jusqu’au système déclaratifpour leur création».

    Et puis, en guise de mesure àintroduire impérativement, il estexigé la mise en place dans lesplus brefs délais d’un «vrai guichetunique» qui aura toute l’autoritépour engager et guider l’investisse-ment aux lieu et place desanciennes structures.

    Sur la lancée de ce qui étédécidé la semaine dernière, la pré-sidence de la République a réitéréles instructions concernant «l’ex-ploitation optimale et transparen-te» de toutes les potentialitésminières dont dispose le pays etdes richesses naturelles natio-nales, en insistant particulièrement

    sur la mise en exploitation, dansles plus brefs délais, de la mine defer de Gara-Djebilet, dans la wilayade Tindouf, du gisement de zinc etde plomb de Oued Amizour, dansla wilaya de Béjaïa, et la relancedu projet de fabrication de produitsphosphatés à El-Aouinet, près deTébessa.

    La mise «immédiatement»sous la tutelle du ministère del'Industrie pharmaceutique detoutes les unités de productionpharmaceutique et parapharma-ceutique, et l’accélération de l’en-trée en phase de production des40 nouvelles unités, ont été égale-ment ordonnées pour contribuer àl’effort devant aboutir à l’économie,d’ici l’année prochaine, d’un mil-liard de dollars d’importation deproduits pharmaceutiques.

    L’objectif annoncé est d’at-teindre la satisfaction des besoinsnationaux à hauteur de 70% aumoins. C’est ainsi un autre secteurqui illustre la réorientation de l’en-semble pratiquement de l’écono-mie nationale qui, évidemment, nepourrait se matérialiser sans laréforme du système financier etbancaire du pays.

    C’est dans cet ordre d’idée queTebboune a donné toute une séried’instructions pour «accélérer l’en-semble du processus de réformedu secteur notamment en ce quiconcerne la réforme du systèmebancaire, qui devient plus urgenteque jamais, d’accorder une atten-tion toute particulière à la numéri-sation et à la modernisation dessecteurs des impôts, du cadastreet des Douanes, de poursuivre le

    processus de mise en place de lafinance islamique pour dynamiserla collecte de l’épargne et créer denouvelles sources de crédits, deréduire le niveau des importations,notamment les services et le trans-port maritime de marchandisespour préserver les réserves dechanges, de récupérer l’argent dis-ponible dans le marché informel etréintégrer ce dernier dans le circuitofficiel, de récupérer égalementdans les réserves d’or du pays, lesfonds gelés depuis des décenniesau niveau des Douanes et des sai-sies au niveau des ports et desaéroports, pour les intégrer auxréserves nationales». Desmesures qui, selon la conviction dugouvernement, devraient per-mettre l’économie de 20 milliardsde dollars.

    Des objectifs tous azimuts quirequièrent évidemment desmoyens financiers colossaux. Sil’on doit se fier au ministre desFinances, l’Algérie «peut injecterimmédiatement pour l’investisse-ment et la relance économiquel’équivalent de mille milliards dedinars, en plus des dix milliards dedollars disponibles qui viendronts’ajouter aux économies suscep-tibles d’être faites sur les dépensesinhérentes aux services et autresétudes». Des moyens financiersque le pays peut réunir donc grâceaux mesures mises en branledepuis plusieurs mois, en appui àcelles visant «l’élimination de lasurfacturation et la récupération del’argent disponible dans le marchéinformel».

    Azedine Maktour

    La relance économique, axée sur l’urgence de rompreavec la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures.

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    . R.

    ABDELAZIZ DJERRAD À PARTIR DE SIDI-BEL-ABBÈS :

    «L’Etat soutient les industriesde transformation»

    Le Premier ministre, AbdelazizDjerrad, a effectué, hier, une visite detravail dans la wilaya de Sidi-Bel-Abbès. Sur place, il a exprimé le sou-tien total de l’Etat aux investisseursdans les industries de transformation,eu égard à leur importance et leur capa-cité à contribuer à réduire la dépendan-ce aux hydrocarbures.

    «L'industrie de transformation est très impor-tante pour notre pays qui recèle des ressourcesnaturelles, à l’instar des domaines minier et del’agriculture. Elle nous permettra de renforcerprogressivement le secteur industriel et deréduire la dépendance à la rente pétrolière etgazière», a déclaré M. Djerad, lors de l’inaugu-ration d’une usine de transformation du marbreet du granit dans la commune de Sidi-Ali-Benyoub. Il a soutenu que le développementdes industries de transformation fait partie de la

    stratégie du chef de l’Etat qui accorde, selon lui,«un soutien total aux investisseurs activantdans le domaine de l’industrie de transforma-tion». Le Premier ministre a exhorté, selon lecompte rendu de l’APS, le propriétaire de cetteusine à la formation des jeunes dans ce cré-neau, ainsi que la création d’emplois. Il a insisté,également, sur l’encouragement et l’accompa-gnement de la création de petites et moyennesentreprises autour de cette usine pour per-mettre aux jeunes d’investir dans ce genre d’in-dustries, appelant les investisseurs algériens àl’achat d’usines européennes en arrêt d’activité,notamment celles proposées à des prix raison-nables, relevant l’importance de telles opéra-tions pour soutenir l’industrie en Algérie.Implantée sur une superficie de 64 542 mètrescarrés, cette usine est dotée d’une capacité deproduction de 10 000 mètres carrés de diffé-rents types de marbres et de granits et offreactuellement plus de 400 postes d’emploidirects. Selon les explications fournies sur

    place, la matière première (pierre) provient dequatre carrières des régions de Tamanrasset etde Aïn-Guezzam, pour une capacité de transfor-mation estimée à près de 12 000 tonnes parmois. Cette usine, qui fonctionne selon les stan-dards internationaux, assure la couverture desbesoins nationaux en la matière. A l’occasion desa visite, Abdelaziz Djerad a présidé une céré-monie de remise de 1 607 clés de logements,tous types confondus, à leurs bénéficiaires.

    Le plus grand nombre des logements distri-bués, à savoir 1 200 unités, concerne les sous-cripteurs du programme de l’Agence nationalede l’amélioration et du développement du loge-ment (AADL), selon les services de la wilaya.Lors de la même cérémonie, il a été procédé àla remise des clés aux bénéficiaires de 307logements publics locatifs (LPL), et ceux de 100logements promotionnels aidés (LPA). Dans lemême registre, 20 décisions d’aide à l’habitatrural ont été remises à leurs bénéficiaires.

    Karim A.

    Après avoir suscité moult interrogations sur sa mise enœuvre effective, eu égard aux difficultés que traverse lepays, notamment sur le plan financier, depuis quelquesannées maintenant, le plan de relance socio-économique surlequel planche le gouvernement depuis pratiquement sonintronisation prend forme avec les mesures concrètes énon-cées lors de la réunion du Conseil des ministres dedimanche.

  • Le Soird’Algérie Actualité Mardi 14 juillet 2020 - PAGE4

    PROTOCOLE POUR LE SUIVI DES CAS CONTACTS COVID

    Objectif : désamorcer les bombes à retardement

    Nawal Imés- Alger (Le Soir)-Dans de nombreuses wilayas,ce sont des familles entières quise présentent au niveau desstructures dédiées au Covid-19.Tous les membres n’en sont pasforcément symptomatiques,mais sont considérés commesujets contacts. Ils font l’objetd’une attention particulière puis-qu’ils sont considérés comme devéritables bombes à retarde-ment. Le ministère de la Santé ad’ailleurs adressé une instructionportant modalités pratiques deleur suivi et dans laquelle, il rap-pelle que la stratégie actuellerepose sur «une recherche acti-ve et systématique de tous lessujets contacts de cas de Covid-

    19 dans le but de rompre lachaîne de contamination etd’éviter que les cas de Covid-19se transforment en clusters et enfoyers épidémiques». Maisqu’est-ce qu’un sujet contact ?Est considéré comme tel, toutepersonne ayant été en contactavec un cas confirmé ou pro-bable dans les 48 heures précé-dant l’apparition de symptômesjusqu’à 14 jours après le prélè-vement de l’échantillon. Ils doi-vent être systématiquementidentifiés à chaque fois qu’uncas suspect est confirmé.L’enquête épidémiologique estconfiée aux équipes des ser-vices d'épidémiologie et demédecine préventive (Semep)

    territorialement compétents.Elles sont chargées, avec lesoutien des collectivités locales,de se déplacer sur le lieu derésidence du cas confirmé pourinformer les membres de safamille du déroulement de l’en-quête épidémiologique et desmesures qu’ils doivent respecter.Cela permet d’identif ier lessujets contacts et d’établir pour

    chacun d’eux une fiche d’identifi-cation et de suivi. Des numérosde téléphone joignables doiventêtre mis à la disposition de lafamil le concernée. Le sujetcontact est, selon le protocolemis en place, soumis à un confi-nement systématique de 14jours. D’après les directives del’instruction envoyée par la tutel-le, l’équipe médicale doit préco-

    niser le port du masque en pré-sence d’une tierce personne,l ’aération régulière de lachambre, le lavage très fréquentdes mains, demander aux sujetscontacts de surveiller leur tem-pérature et de signaler l’appari-tion de symptômes d’infectionrespiratoire pendant toute ladurée du confinement à domici-le. Le test de dépistage PCRn’est indiqué que pour les sujetssymptomatiques. Si le test estpositif, le sujet doit être orientévers le circuit de prise en char-ge. Les équipes médicales sont

    alors tenues d’organiser desvisites à domicile au minimumau premier jour du suivi médicalet le dernier jour. Dans l’interval-le, le suivi doit se faire par télé-phone de façon quotidienne. Sila personne ne répond pas, il estconseil lé de se déplacer.L’objectif est clairement défini :éviter que des sujets contacts,probablement porteurs du virus,se retrouvent en dehors desradars avec des conséquencesinévitablement dramatiques.

    N. I.

    L’apparition de foyers de contamination au niveau denombreuses wilayas a rendu incontournable l’enquêteépidémiologique. Objectif : obtenir une traçabilité du par-cours des sujets contaminés au Covid-19, mais surtoutidentifier les sujets contacts qui peuvent être une sourcede contamination et de véritables bombes à retardement.Le ministère de la Santé a instruit l’ensemble des struc-tures de santé afin de déterminer les modalités de suivides sujets contacts qui ne doivent pas se perdre dans lanature.

    Phot

    o : S

    amir

    Sid.

    Le test de dépistage PCR n’est indiqué que pour les sujets symptomatiques.

    M. Kebci-Alger (Le Soir)-«Les diabétiques constituentune population à très hautsrisques de contracter leCovid-19 sévère et pas leCovid bénin qui permet depasser à travers les mailles dufilet», estime le président del’Association algérienne dediabétologie. S’exprimant, hierlundi, sur les ondes de laChaîne 3 de la Radio nationa-le, dont il était l’invité de larédaction, le Pr MouradSemrouni soutient qu’il «fautimpérativement prendre laprécaution de surveiller demanière beaucoup plus atten-tive les diabétiques». Ce qui,regrettera-t-il, «n’est pas lecas depuis l ’ injonction duministre de la Santé d’aug-menter le nombre de l i tsdédiés au Covid-19». Et deprendre en exemple le servicede diabétologie de l’hôpital deBéni-Messous où il exerce quisera, de ce fait, dédié auCovid-19. Pour lui, «il faudraitune meilleure organisation, endésignant un hôpital où lesdiabétiques pourront continuerà se faire suivre et ainsi éviterd’essaimer dans les servicesde diabétologie le Covid-19 etne pas exempter les patholo-

    gies chroniques». Evaluant,par ail leurs, la populationatteinte du diabète à 14,4%âgée de 18 à 69 ans, ce quireprésente trois fois ce qu’onobserve en France, le prési-dent de l’Association algérien-ne de diabétologie estime qu’ilfaudrait «refaire des enquêtesà intervalles réguliers» car,selon lui, c’est une populationà «ascension constante».Plus grave encore, dira-t-il, il ya ces «populations prédiabé-tiques qu’on ignore et dont onne sait rien s’agissant deschiffres». Des populationsestimées à «20 à 30% de lapopulation algérienne quiseraient prédiabétiques, c’est-à-dire des gens qui vont deve-nir diabétiques dans les moiset les années à venir».Révélant que cette enquêtedort dans les t iroirs de laDirection de la prévention, auministère de la Santé, de laPopulation et de la Réformehospitalière, le Pr Semrouniaffirme que «si on veut réduirela courbe du nombre ascen-sionnel des diabétiques, il fau-drait s’occuper de cette popu-lation prédiabétique». Ce quiest, selon lui, «très facile avecune hémoglobine-glyquée à

    observer tous les ans, un pré-lèvement veineux à faire parles personnes âgées de plusde 35 ans et présentant desfacteurs de risques familiauxou personnels, obèses ouayant des antécédents fami-liaux de diabète, une hyper-tension ou encore des mala-dies coronariennes. Maladiechronique caractérisée parune déficience immunolo-gique, le président del’Association algérienne dediabétologie considère que lalutte contre cette pathologierelève du malade, du médecinet du politique. Evoquant ledernier aspect de cette lutte, ilparlera de la concentration dusucre dans les jus et les limo-nades qu’il faudra impérative-ment réduire. Il estimera, dansce sens, qu’il «ne faut passoutenir le prix du sucre quiest la cause de toutes lespathologies qui arrivent»,comme le plaide le ministre duCommerce, préconisant une«politique qui rassemble tousles intervenants pour pouvoiraméliorer l’état de santé denos concitoyens». Le PrSemrouni aff irmera, parailleurs, que «le Covid-19 peutentraîner, induire et révéler lediabète» pour avoir «suffisam-ment de preuves». «On lesvoit arriver à Béni-Messous»,dira-t-il, avouant ne pas savoirs’ils relèvent tous des casméconnus de diabète.

    M. K.

    LEURS SERVICES DÉDIÉS AU COVID-19

    Les diabétologuess’insurgent

    ANP

    Le général-majorTlemsani installé dansses nouvelles fonctions

    Le général de corps d'armée Saïd Chanegriha, chef d’état-majorde l’Armée nationale populaire (ANP), a présidé, lundi, la cérémonied’installation officielle du général-major Omar Tlemsani dans sesfonctions de commandant de la 4e Région militaire à Ouargla, ensuccession du défunt général-major Hassan Alaïmia, décédé il y aquelques jours, indique un communiqué du ministère de la Défensenationale.«Au nom de Monsieur le président de la République, chef suprême

    des forces armées, ministre de la Défense nationale, Monsieur le géné-ral de corps d'armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’Arméenationale populaire, a présidé, ce lundi 13 juillet 2020, la cérémonied’installation officielle du général-major Omar Tlemsani dans ses fonc-tions de commandant de la 4e Région militaire à Ouargla, en successiondu défunt général-major Hassan Alaïmia, décédé il y a quelques jours»,précise le MDN.«A l'entame et après la cérémonie d'accueil, le général de corps d'ar-

    mée a observé un moment de recueillement à la mémoire du chahidChihani Bachir, chef de la 1re Wilaya historique, dont le nom est porté parle siège de la Région, et a déposé une gerbe de fleurs devant la stèlecommémorative, avant de réciter la Fatiha du saint Coran à sa mémoireet à celle de nos valeureux chouhada», souligne le communiqué. Le chefd’état-major de l’ANP a, par la suite, passé en revue les carrés descadres et personnels du commandement de la Région, alignés auniveau de la place d’Armes, avant de procéder à l’installation officielle dugénéral-major Omar Tlemsani, nouveau commandant de la Région, ensuccession du défunt général-major Hassan Alaïmia.«Au nom de Monsieur le président de la République, chef suprême

    des forces armées, ministre de la Défense nationale, et conformémentau décret présidentiel du 09 juillet 2020, j’installe officiellement le géné-ral-major Omar Tlemsani dans ses fonctions de commandant de la 4eRégion militaire, en succession du défunt général-major HassanAlaïmia», a déclaré M. Chanegriha avant de donner des instructions«fermes» aux cadres et personnels du commandement de la Région,note le communiqué du MDN.«A cet effet, je vous ordonne d’exercer sous son autorité et d'exécu-

    ter ses ordres et ses instructions dans l'intérêt du service, conformémentau règlement militaire et aux lois de la République en vigueur, et parfidélité aux sacrifices de nos vaillants chouhada et aux valeurs de notreglorieuse révolution, qu'Allah nous aide», a-t-il ordonné. Le général decorps d'Armée a, par la suite, supervisé la cérémonie de passation del'emblème national.

    APS

    Le président de l’Association algérienne de diabé-tologie regrette que les services de diabétologie auniveau de nombre de CHU soient dédiés au Covid-19,plaidant pour une «meilleure organisation» qui suppo-se la réservation d’un hôpital où les diabétiques pour-ront poursuivre leurs soins et, ainsi, éviter d’essaimerle coronavirus dans les services de diabétologie.

  • Le Soird’Algérie Mardi 14 juillet 2020 - PAGE 5Actualité

    La missive a été transmise à lapresse hier, lors d’une conférence depresse organisée par ses avocats.«Ali Ghediri tenait absolument à ceque cette rencontre avec les médiasse déroule, nous tenons ici notre pro-messe», déclare d’embléeMe Bourayou. Avec Mme Nabila Slimi,ils ont tenté «par tous les moyens»de dissuader leur client de recourir àcette solution extrême, mais en vain.«J’ai été trempé à tous les grandsprocès qu’a connus ce pays, je n’aijamais accepté que l’un de mesclients recourt à la grève de la faim,nous avons dit à Ghediri que celaallait être mauvais pour sa santé,pour sa famille, sa décision est irré-vocable, il éprouve la déterminationd’un homme qui n’a d’autre choix quecelui-là face à l’injustice». Ses avocats n’ont pas besoin de

    s’exprimer trop longtemps, la lettredit tout. Une précision est apportéeavant sa lecture : «Les mots conte-nus sont dirigés à l’opinion publique,Ali Ghediri n’a jamais rien demandé,nous non plus». «Je ne recherche nila compassion ni la pitié, si je me suisdécidé à parler aujourd’hui c’est pouréviter une mauvaise interprétation demon action et dire surtout que tout ceque j’endure depuis mon incarcéra-tion n’est dû qu’à une seule raison,ma candidature à l’élection présiden-tielle du 18 avril 2019 (…) J’ai pris maresponsabilité au moment oùd’autres se préparaient au cinquièmemandat (…) on m’accuse d’avoirattaqué l’armée, dans un entretienaccordé au quotidien El Watan j’aicependant déclaré que c’était laseule institution capable de sauver lepays des problèmes dans lesquels ilse trouvait. A une question portantsur le chef d’état-major, j’ai égale-ment répondu, parce que je leconnaissais personnellement, qu’ilne permettrait à quiconque d’outre-passer la Constitution et de déstabili-ser le pays. Les décideurs se sontalors emparés de ce dernier pointpour me jeter en prison. Mais ils’agissait en fait d’un confinementpolitique, car on voulait m’éloigner de

    la scène politique durant la périodeélectorale (…) je ne recherche pas lacompassion, je veux informer lepeuple algérien de ce qu’il en estavant qu’il ne soit trop tard, j’ai faitl’objet d’une conspiration, mais j’aigardé jusqu’à présent le silence pouréviter d’aggraver la situation durantles évènements qu’a vécus le pays».Ancien général-major, Ali Ghediri aété incarcéré à la prison d’El-Harrachle 13 juin 2019 pour «atteinte au

    moral de l’armée et divulgation d’in-formations portant atteinte à l’intérêtnational à des parties étrangères». Après une longue bataille juri-

    dique, ses avocats ont obtenu l’aban-don des poursuites pour la secondeaccusation (espionnage) mais ildemeure poursuivi pour atteinte au

    moral de l’armée. Une cassation aété à nouveau introduite auprès desinstances concernées. La «procédure pourrait prendre

    de longs mois, six au moins, et il fau-dra attendre encore pour la program-mation du procès, c’est très long pourun homme accusé injustement»,déclarent ses avocats, inquiets de lagrève de la faim entamée par AliGhediri depuis ce vendredi. Ils ajou-tent : «C’est un homme de valeur,nous ne voulons pas le perdre, toutesles demandes de mise en liberté pro-visoire ont été rejetées, la lettre qu’ila adressée au président de laRépublique pour dénoncer la cabalemontée à son encontre n’a pas eud’écho, la dernière décision, c’estGhediri qui l’a prise.»

    Abla Chérif

    AFIN DE PROTESTER CONTRE SA DÉTENTION

    Ali Ghediri entame une grève de la faim«La grève de la faim sera pour moi une façon d’éviter une

    mort lente, la mort des lâches à laquelle l’on veut me vouer, jesuis prêt à me sacrifier pour que mon pays puisse vivre dansla liberté, la justice et la démocratie.» C’est par ces mots queAli Ghediri clôt une longue lettre adressée à l’opinionpublique. Une lettre dans laquelle, il va détailler les raisonsd’une incarcération qui dure depuis treize mois.

    Phot

    o : D

    R

    Ali Ghediri.

    Dans un entretien paru dans l’éditiond’hier du journal L’Opinion, le présidentAbdelmadjid Tebboune s’est exprimédans le style qui est le sien avec pondéra-tion et clarté sur des sujets parfois à polé-mique. Il faut noter que le chef de l’Etatfait de la communication, un outil privilé-gié de sa démarche politique. L’interviewaccordée au quotidien français intervientaprès celle de France 24.L’occasion pour le président de la République

    de s’adresser sans ambages directement à l’opi-nion publique française sur des thèmes majeursintéressant les relations mouvementées entrel’Algérie et la France. «L’Algérie est incontournablepour la France et la France l’est aussi» dira-t-il ensubstance. Et c’est tant mieux qu’il se dessine unnouveau climat entre les deux pays. Sous l’impul-sion d’Emmanuel Macron (qui a appelé à deuxreprises, en l’espace d’un mois, AbdelmadjidTebboune) une nouvelle dynamique semble se sub-stituer aux tensions récurrentes. La restitution descrânes des résistants à la colonisation sera l’occa-sion que soit réaffirmée la volonté des deux côtésde poursuivre le travail engagé sur les questionsmémorielles. Le chef de l’Etat dira à ce propos : «Ilfaut affronter ces événements douloureux pourrepartir sur des relations profitables aux deux pays,notamment au plan économique.» EmmanuelMacron, dira-t-il, «connaît bien les évènements quiont marqué notre histoire commune. L’historien

    Benjamin Stora a été nommé pour accomplir ce tra-vail mémoriel du côté français. Il est sincère etconnaît l’Algérie et son histoire, de la période d’oc-cupation jusqu’à aujourd’hui. Nous allons nommerson homologue algérien dans les 72 heures». Maisil insistera sur les menaces existantes. «Il existe enFrance des lobbies minoritaires mais dangereux quiparasitent les rapports entre les deux pays.» Il estdonc clairement signifié que ces forces n’admettentpas que l’Algérie, pays souverain, vole de sespropres ailes. Conséquences : la France a perdu saplace de premier fournisseur de l’Algérie, rappelanttoutefois que : «Plus de 450 entreprises françaisesopèrent dans le pays. Elles sont appelées à jouerleur rôle dans la nouvelle Algérie.» Le président dela République saisira l’opportunité de l’entretienpour exposer au journaliste français, l’orientation dela politique algérienne dans la diplomatie écono-mique longtemps négligée en contradiction audemeurant avec les nombreux liens traditionnels,historiques et culturels avec les pays africains.L’effacement de la dette (1,4 milliard de dollars) decertains de ces pays procède de la solidarité del’Algérie envers ces pays. Mais les efforts à entre-prendre sont appelés à être déployés en directiond’une coopération aussi large que possible à tra-vers des projets d’investissement. Pour ce faire, lamise en place de voies de communication s’impo-se. Le chef de l’Etat en fait un des points de sonintervention au sommet de la 33e conférence deschefs d’Etat de l’Union africaine (UA) le 9 févrierdernier. C’est ainsi qu’a été créée une Agence algé-

    rienne de la coopération internationale à «vocationafricaine», destinée à renforcer la coopération del’Algérie avec les pays voisins, notamment avec lespays du Sahel. C’est Chafik Mesbah, universitaireet ancien cadre de l’Etat, qui présidera aux desti-nées de l’Agence dont il est attendu qu’elle préfigu-re une nouvelle configuration des rapports écono-miques interafricains. Il est ainsi question de laconstruction de voies ferrées de l’Algérie vers leMali et vers le Niger renforçant de façon plus effica-ce un apport alternatif à la transsaharienne dans letransport des marchandises. Dans le même temps,une route de 900 km reliera Tindouf à Nouakchott(Mauritanie) dont l’objectif est d’ouvrir la voie auxproduits algériens jusqu’au Sénégal, la Gambievoire le Gabon. Pragmatisme, c’est le maître-motque réitérera le chef de l’Etat dans la nouvellevision économique qui doit prévaloir et qui ne doitpas procéder par des affinités idéologiques commecela a prévalu… mais dans une démarche gagnant-gagnant. Les relations économiques avec laFrance, indiquera-t-il, devront s’inscrire dans cettenouvelle donne. Abdelmadjid Tebboune n’a paséludé la question de la règle 49/51 dont l’abrogationvise à attirer les investissements étrangers.S’agissant du Hirak, au journaliste de L’Opinion quil’a interpelé sur le sujet sur la grâce présidentielleau profit des détenus, il a répondu : «Le Hirak, du22 février, a préservé le pays d’un effondrementtotal.» A ce propos, il annoncera que d’autresmesures d’apaisement sont prévues.

    Brahim Taouchichet

    TEBBOUNE AU JOURNAL FRANÇAIS L’OPINION

    Des lobbies anti-algériens parasitentles relations algéro-françaises

    I l y a à peine quelques jours, uneavocate à la fleur de l'âge, YasmineTerrafi, exerçant à Bouira, futassassinée à l'arme blanche à l'inté-rieur de son véhicule par quatre indi-vidus. Son fiancé qui l'accompagnait,agressé lui aussi, a survécu à sesblessures et a pu ainsi identifier lesprésumés criminels.Certains poseront la question :

    pourquoi ? Pour ma part, je ne retiensqu'une seule chose importante : nuln'a le droit d'ôter la vie à autrui et rienne doit justifier un meurtre. Banalitésque celles-ci ? me dirait-on. Pas tantque cela lorsqu'on sait combien lamort a été banalisée les dernièresvingt années écoulées. Tellementbanalisée que les terroristes isla-mistes ont été félicités sous le règnede Abdelaziz Bouteflika par l'infâmeréconciliation nationale pour avoir étéles fossoyeurs de l'Algérie. Tuer, détruire, massacrer des

    populations avaient été glorifiés etsublimés. Comment dès lors s'éton-ner de constater qu'au sein de lasociété dans son ensemble avaitgermé l'idée selon laquelle com-

    mettre un meurtre n'était plus consi-déré comme un acte grave ?Comment s'étonner également quel'idée de l'impunité avait, elle aussi,causé d'énormes dégâts ? Ce n'étaitpas la seule violence qui fut l'objet debanalisation mais également lescrimes les plus graves et les plus hor-ribles. L'on se souvient entre 2014 et2017 des successions de kidnap-pings d'enfants, violés puis assassi-nés. Leurs âges oscillaient entre sixet dix ans. Les auteurs de ces crimesd'une horreur absolue avaient étéappréhendés pour certains d'entreeux puis jugés et condamnés à lapeine capitale (peine de mort) confor-mément à la législation en vigueur.Malheureusement depuis 1993,

    un moratoire onusien que l'Algérie aratifié a suspendu l'exécution de lapeine de mort. En disant malheureu-sement, ce n'est guère l'émotion quime motive mais plutôt les consé-quences qu'a engendré ce moratoire :«On peut commettre les crimes lesplus abjects, la peine de mort n'estpas appliquée», ont conclu de nom-breux citoyens. Faut-il rappeler que

    cette suspension avait été décidéepar l'Etat algérien dans un contexteparticulier : la situation sécuritaireexceptionnelle qui prévalait durantles années sanglantes du terrorisme- islamiste ? Sur laquelle s'était gref-fé le réquisitoire fielleux de nom-breuses organisations de défensedes droits de l'Homme contre lesforces de sécurité, notammentl'Armée nationale populaire appeléeà exercer ses missions constitution-nelles : la sauvegarde de l'uniténationale et la protection du territoi-re. Ces ONG ont préféré défendre«les droits» des islamistes quiavaient tenté sans y parvenir d'ins-taurer un Etat théocratique.Infatigables, ces militants hom-

    mistes connus pour choisir leurscauses ont trouvé dans ce moratoirel'occasion de tenter de faire pressionsur l'Etat algérien pour abolir la peinede mort. A eux se sont joints d'autresvoix. Leurs arguments maintes foisrabâchés sont connus : la peine demort n'est pas dissuasive. La peine de mort est un acte de

    vengeance d'un Etat fort contre un

    homme seul et faible. La peine demort est un acte inhumain.Certains ont poussé la plaisante-

    rie d'un goût fort douteux jusqu'àcomparer nos héros de la Guerre delibération guillotinés par l'armée colo-niale à des criminels de la pire espè-ce. «L'Algérie garde dans sa mémoi-re le supplice de la guillotine, c'estpourquoi le moratoire est un grandpas, l'abolition sera la consécration»ont-ils dit. Certes, les Algériens n'ou-blient pas Ahmed Zabana, mais com-ment oser le comparer à un kidnap-peur, violeur et assassin d'enfants ?Comment ne pas injurier la mémoirede ces martyrs en les comparant auxprésumés assassins de l'avocate quiaurait pu être la fille, la sœur de l'und'entre nous ? Aussi, est-il légitimeaujourd'hui de se demander jusqu'àquand ces criminels vont-ils continuerà bénéficier de ce moratoire alors

    même que vingt-sept années se sontécoulées ? Jusqu'à quand l'impunitéet la banalisation de la mort vont-ellesdemeurer les nouvelles valeurs denotre société ? Il n'existe aucune ven-geance car celui qui sait tuer doitsavoir mourir. Un Etat fort n'est pasun Etat répressif mais un Etat où lecitoyen se sent sécurisé dans sa vieet dans ses biens. Un Etat fort est unEtat actif, qui applique le droit et pro-tège les victimes les plus faiblestelles que les enfants. Durant vingt ans, nous avons

    vécu dans un Etat de non- droit oùtuer, voler, en usant et en abusant deses hautes fonctions, étaient desactes «héroïques». Aujourd'hui, placeà la loi et le moratoire spécifique àune période n'a plus sa raison d'être.

    L. A. H.

    Banalisation de la mort jusqu'à quand ?Leila Aslaoui-Hemmad

    Une malencontreuse erreur nous a fait amputer le texte deMme Leila Aslaoui, publié dans notre précédente édition, d’unepartie de son contenu. Nous vous le reproposons ci-dessus.

  • Le Soird’Algérie Mardi 14 juillet 2020 - PAGE 7Actualité

    Massiva Zehraoui- Alger (LeSoir) - Une situation délicate pour lafédération des éleveurs, qui neconçoit pas qu’on annule le sacrificede l’Aïd sans contrepartie pour leséleveurs. En supposant que ce soitle cas, Belkacem Zerouri, vice-prési-dent de cette organisation, confieque «l’Etat devra nécessairementacheter tous les cheptels et mettre àdisposition ses abattoirs».

    Il rappelle que la frange de lasociété composée d’éleveurs a déjàdu mal à subvenir à ses besoins entemps normal : «Qu’en sera-t-il si onla prive de vendre le mouton de l’Aïdqui lui garantit en retour une rentréed’argent assez conséquente ?»

    Il observe que depuis le mois demars, les activités des éleveurs mar-chent au ralenti. Dans la mesure où

    ils ont cessé d’approvisionner leshôtels, les cités universitaires ouencore les restaurants. D’après lui,l’idéal serait simplement de mettreen place un dispositif de sécuritédans les espaces de vente des mou-tons. Il a d’ailleurs indiqué qu’avant-hier, dimanche, s’est tenue uneréunion de coordination ayantregroupé les représentants desministères de l’Agriculture, duDéveloppement rural et de la Pêche,de l’Intérieur, des Collectivitéslocales et de l’Aménagement du ter-ritoire, ainsi que ceux de laFédération nationale des éleveurs.«Nous avons établi un cahier descharges contenant des propositionsliées aux conditions de déroulementde la vente des moutons», fait-ilsavoir. La fédération qu’il représente

    réclame, entre autres, l’installationde 140 points de vente au lieu de 16à Alger, notamment, mais aussidans les grandes villes, précise lamême source. Le but de multiplierces points est d’éviter une forteconcentration des citoyens dans unmême endroit, ce qui favoriseraitdavantage la transmission du virus.La FNE a, dans cette perspective,insisté sur l’obligation d’accompa-

    gner cette opération par un «contrôlestrict et rigoureux». Il a dans ce sensinsisté sur la contribution de tout unchacun pour garantir une sécuritérenforcée, impliquant la présence deresponsables du ministère duCommerce, des vétérinaires, desservices de la gendarmerie et desreprésentants du ministère del’Intérieur et des Collectivités locales.Le représentant de la fédération des

    éleveurs a souligné que chaque indi-vidu devra se montrer responsable,du plus haut responsable de l’Etat ausimple citoyen. «Les gestes barrièresseront obligatoirement de rigueur»,partout où ces points de vente serontinstallés, a-t-il soutenu. D’après lui,c’est le seul moyen de satisfairetoutes les parties.

    La fédération des éleveurs appel-le par conséquent à mettre en placeplusieurs points de vente contrôlésau niveau des grandes villes, en ren-forçant les mesures d’hygiène lesplus élémentaires afin d’éviter decréer de nouveaux foyers de conta-mination. Pour sa part, la wilayad’Alger a déjà annoncé des disposi-tions drastiques dans ce cadre,comme la décision d’interdire toutespace de vente des moutons endehors des points autorisés par l’Etat.

    Un communiqué de la wilayad’Alger a par ailleurs interdit l’entréedes camions et de tout véhiculetransportant du bétail sous peine desanctions sévères. Une décision quiimpactera sans doute les activitésdes éleveurs.

    M. Z.

    RISQUE D’INTERDICTION DU RITUEL DU SACRIFICE DE L’AÏD

    La hantise des éleveursFace à la propagation exponentielle du Covid -19 en

    Algérie, la vente des moutons de l’Aïd a été fortementcompromise, au grand dam des éleveurs, dont les pertesne font que s’accumuler depuis l’instauration desmesures de confinement. A cette peine, vient s’ajouter unéventuel risque d’annuler le rite du sacrifice du moutoncette année, afin de stopper la propagation du virus.

    Une situation délicate pour les éleveurs.

    Phot

    o : D

    RRym Nasri – Alger (Le Soir) –

    L’Aïd-el-Adha approche à grandspas. Intervenant en pleine pandémiede Covid-19, la fête de cette annéesera célébrée de manière différente.Outre les embrassades bannies, lerituel abattage du mouton qui, en

    temps normal, a lieu après la prièrede l'Aïd, sera, fort possible , interdit.L’Association des oulémas musul-mans avait proposé d’annuler lesacrifice pour cette fois-ci, afin d’évi-ter la propagation du nouveau coro-navirus. Un son de cloche plus ferme

    dans son intonation. Les médecinssont convaincus que la pratique dece rite ne fera qu’empirer la situationépidémiologique en Algérie. Mais ledernier mot revient à la commissionde la fatwa relevant du ministère desAffaires religieuses.

    En attendant, beaucoupd’Algériens continuent à nourrir l’es-poir d’égorger un mouton le jour decette fête religieuse, prévue fin juillet.Même si le sacrifice de l’Aïd-el-Adharépond non pas à une obligation reli-gieuse (fardh), mais seulement à unerecommandation (sunna), l’entête-ment de certains reflète largement sa

    dimension sociale. En effet, ils sontnombreux à adopter cette traditionuniquement pour exhiber leur «aisan-ce financière», frimer devant la famil-le, ou carrément attiser la jalousie duvoisin ou du cousin.

    Un comportement qui est encontradiction totale avec les recom-mandations religieuses de cet acte.Campés sur leur position, ces «fous»du mouton de l’Aïd recourent à moultarguments pour légitimer leur obses-sion. Ils sont convaincus que cesacrifice n’a rien à voir avec la propa-gation du virus Sars-CoV-2, respon-sable du Covid-19. Pis encore, ilss’entêtent et refusent de délaisser cerite ne serait-ce qu’une seule fois.D’ailleurs, certains d’entre eux n’ontpas attendu le verdict de la commis-sion de la fatwa et ont déjà achetéleur mouton. Les animaux choisissont pour l’instant gardés dans lesfermes des éleveurs ou dans les han-gars des vendeurs de bétail deseconde main.

    Le danger que représente le mou-ton de l’Aïd-el-Adha, précise le doc-teur Mohamed Tahar Zerouala, omni-praticien diplômé en hématologie dela faculté de Paris, est dans le dérou-lement du rite. Il fait remarquer quel’abattage de l’animal se déroulegénéralement dans les espaces com-muns des quartiers et cités ou sur la

    voie publique, engendrant ainsi desregroupements avant, pendant etaprès cette opération. «Ce n’est pasle mouton en lui-même qui pose pro-blème. Le danger est dans le regrou-pement des personnes autour del’animal, surtout si elles ne respec-tent pas la distanciation physique etle port du masque», explique-t-il. Etde rappeler que les enfants sont euxaussi souvent attirés par le mouton etne cessent de roder autour, alorsqu’ils sont aujourd’hui des vecteursdu coronavirus et peuvent le trans-mettre aux autres.

    Il évoque également le risque detransmission du virus par le toucher.«Les gens touchent la laine, la peauet la viande de l’animal. Les mainspeuvent justement être contaminéeset donc transmettre le virus du Covid-19 aux autres personnes en contactavec le mouton ou bien entre elles»,ajoute-t-il. Le Dr Zerouala estime qu’ilfaut faire preuve de sagesse.

    «Les citoyens devraient éviter lesacrifice du mouton de l’Aïd cetteannée. Les circonstances sont assezexceptionnelles, d’autant plus que lajoie n’y est pas. Beaucoup defamilles ont perdu des proches lorsde cette pandémie et nous devonsrespecter leur deuil et la mémoire deleurs regrettés», conclut-il.

    Ry. N.

    RÉINSERTION SOCIALE

    Un don suisse en faveurdes détenus

    Le gouvernement de la Confédération suisse a accordé un don de 150000 francs suisses, l’équivalent de 160 000 dollars américains, pourappuyer la réinsertion sociale des détenus. Ce geste «généreux» s’inscrit«dans le cadre de l’effort national de lutte contre la propagation de la pan-démie du Covid-19 et l’atténuation de son impact social», précise un com-muniqué émis par l’ambassade de Suisse.

    Ce projet inhérent à l’accompagnement des détenus pour une réinser-tion sociale a été «mis en œuvre par le Programme des Nations-Unies pourle développement (PNUD) en Algérie, en partenariat avec le gouvernementalgérien», est-il précisé. Le document explique, en outre, que l’objectif de cefinancement «est, d’une part, de contribuer à la réunion des conditions deprotection sanitaire à même de préparer un retour aux visites familiales.D’autre part, il vise à faciliter aux familles des détenus une rentrée socialedans de meilleures conditions, au regard de la conjoncture économique dif-ficile accentuée par la pandémie du coronavirus».

    R. N.

    DES MÉDECINS EXPLIQUENT

    Pourquoi le sacrifice du mouton est dangereux

    Abdelhalim Benyellès – Alger(Le Soir) - C’est le constat relevé,hier lundi, sur la place la plus impor-tante de change de devises au mar-ché noir qui présente un décor inha-bituel : celui d’un square déserté parles acheteurs et vendeurs. L’activitéest au point mort et «le marché del’achat-revente de la monnaie étran-gère est frappé de plein fouet depuisl’enclenchement de la propagationde la pandémie de Covid-19», entémoigne les quelques cambistesrencontrés sur la place. «L’activitésur la place y est presque paralyséedepuis la suspension des liaisonsavec les pays étrangers», rappelleOmar, un cambiste au fait de l’évolu-tion du change informel des devisesde la place de Port-Saïd. «Il n’y a niachat ni revente depuis presquequatre mois», ajoute son compèreadossé à un mur. Les cambistes,habituellement aux abords de lachaussée, billets de banque à la

    main, qui tentent d’intercepter lesautomobilistes dans le but d’entre-prendre des affaires, ne sont plusperceptibles. «Je ne viens que rare-ment au square Port-Saïd», lâche,non sans amertume, Saïd, un habi-tué au commerce de change de ladevise. C’est ce qui explique claire-ment, lundi, sur la place que le coursde l’euro continue à enregistrer unechute libre, alors que le dollar n’estplus demandé, recueille-t-on.

    Cette baisse drastique de la mon-naie étrangère est traduite par la sus-pension des voyages touristiquesvers la Turquie, l’Europe et la Tunisieen période estivale, mais aussi suiteà l’annonce de l’annulation du pèleri-nage à la Mecque pour crainte del’aggravation de la pandémie de coro-navirus. Il faut bien dire qu’en pareillepériode de l’année, 1 euro devraits’échanger contre 220 DA ou bienplus. Paradoxalement, cette année,et au vu de la conjoncture sanitaire, la

    monnaie étrangère a enclenché sadescente aux enfers depuis le moisde février, une période dont raffoleles cambistes, car elle est celle desbonnes affaires avec une clientèlehabituelle composée d’importateursqui réservent généralement desquantités importantes d’euro maisaussi de dollar américain.

    En réalité, en quelques jours, l’eu-ro est passé pour la première foisdepuis quelques semaines sous labarre des 190 DA pour un 1 euro.Cette baisse a été enregistrée aucourant du mois de juin mais aussidès le début juillet, mais après, unrebond a été constaté la semainedernière sur le marché de la devise.La monnaie européenne chute enco-re une fois et est fixée, aujourd’hui, à19 000 DA pour 100 euros, tandisque le dollar maintient sa valeur de17 100 DA pour 100 dollars.

    Les cambistes redoutent une chutedrastique dans les jours à venir suiteaux dernières nouvelles de la conjonc-ture sanitaire en Algérie et à la ferme-ture indéterminée des frontières. Dansce cas, d’aucuns n’écartent le main-tien des principales devises à leur plusbas niveau, d’autant plus si l’on ajouteà cela le report du retour probable aupays de la communauté algérienneétablie à l’étranger, connue pour êtrela principale source qui alimente lemarché noir de la monnaie étrangèreen pareille saison.

    A. B.

    Pendant que les médecins continuent d’alerter sur lerisque de la propagation du virus du Covid-19 à l’occasiondu sacrifice du mouton de l’Aïd el-Adha, l’incertitude règnepour le moment sur l’organisation pratique de ce rite.Nombre d’Algériens ont déjà acheté leur mouton, gardantainsi espoir de célébrer cette fête comme à l’accoutumée. Ledernier mot revient toutefois à la commission de la fatwa.

    SQUARE PORT-SAÏD

    Temps durs pour les cambistesLe square Port-Saïd d’Alger-centre, plaque tournante

    du marché noir de la devise connaît ses pires moment enpareille période de l’année. Et pour cause, le marché noirde la devise perd une grande partie de sa clientèle. Suiteà la récente déclaration du président de la République,Abdelmadjid Tebboune, lors de son entrevue sur France24, concernant la décision de maintien de la fermeture desfrontières pour une durée indéterminée, mais aussi en rai-son de l’augmentation des nouvelles contaminations aucoronavirus de la semaine écoulée.

  • Le Soird’Algérie Contribution

    Belaïd Abdesselam vient denous quitter : c’était un patrioteavéré, il a été un acteur consé-quent du mouvement nationalis-te, un participant actif à la grandeguerre de Libération nationale,avant de se faire connaîtrecomme un des bâtisseurs de l’Al-gérie nouvelle !

    Allah yarahmou. Que Dieu aitson âme et aide les siens à sup-porter cette douloureuse absence.

    Il y a 65 ans, le 8 juillet 1955,s’est tenu le congrès constitutifde l’Ugema. Pour avoir eu l’hon-neur de connaître Si Belaïd, et vule rôle qu’il a tenu dans cet actede naissance, je me sens ledevoir d’un petit geste, celui defaire plus largement connaître lesimple et précieux hommage qu’atenu à lui réserver le Dr MustaphaNegadi, le partageant avec nous,ses amis de l’Écolymet, au coursde notre rencontre du 21 mai2011. Qu’il soit remercié.

    Abdelalim Medjaoui, le 8 juillet2020

    Mustapha Negadi, rencontre Écolymet (*), 21 05 2011

    «P our l’étudiant (algérien) desannées 50, l’Ugema consti-tuait le cadre institutionnel desa maturation politique et fournissait lemoteur de son action. En quoi un simple organisme syndi-

    cal pouvait-il prétendre à une pareilleambition ? Cela s’explique tout d’abord par les

    circonstances de sa fondation. Née le 8juillet 1955, quasiment contemporainede la guerre de libération, elle avait,dès le départ, à affronter de sérieusesdifficultés et gérer les conflits inhérentsà sa constitution avant même de s’affir-mer comme association. Cela s’explique aussi par les qualités

    exceptionnelles des personnes qui ontprésidé à sa formation et qui s’y sont

    adonnés entièrement, souvent au détri-ment de leurs propres intérêts en ajour-nant ou même en abandonnant tempo-rairement, voire définitivement leursétudes. Cela est dû enfin à l’enthousias-me général des étudiants qui se sontmobilisés à cette époque de crise, quise sont identifiés aux idéaux de l’Uge-ma et se sont fait une obligation demener à bien ses missions et, chacun àsa façon, de poursuivre les objectifs del’Union. C’est dans le cadre de l’Ugemaqu’une telle synergie dans l’action estapparue chez des étudiants dont lagrande majorité ignorait le militantismeet qui, pourtant, s’y est jetée corps etâme, sans réfléchir, avec la prise de

    conscience jubilatoire de celui qui vou-lait prouver le mouvement en marchant.

    Comment cela a-t-il été possible ?Au début des années cinquante, si la

    grande majorité des adolescents etjeunes adultes que nous étions avait aufond du cœur l’amour du pays et nourris-sait pour lui les plus beaux rêves de gloi-re, seule une minorité parmi nous étaitréellement politisée. Je voudrais iciouvrir une parenthèse avec une connota-tion un peu personnelle en m’excusantdu fait que mon intervention prenne l’al-lure d’un témoignage plutôt que celled’un exposé ou d’une thèse à défendre. Octobre 1953 : inscription à la Fac de

    médecine d’Alger. Difficultés multiplespour loger chez l’habitant dans l’attented’une réponse à une demande d’octroid’une chambre à la cité universitaire.

    Les étudiants musulmans à Alger –on ne disait pas algériens à l’époque,paradoxalement c’étaient les Européensqui usurpaient ce titre – étaient une poi-gnée de fèves dans un immense champde blé. Pensez ce que vous voulez decette métaphore un peu «foireuse», ellefait ce qu’elle peut pour décrire lenombre dérisoire des nôtres par rapportà la masse des étudiants européens, dixfois plus nombreuse (pieds-noirs et juifsconfondus). Nous étions peu nombreux,mais la qualité plaidait pour nous, conso-lation toute provisoire, mais ceci est uneautre histoire, pardonnez-moi cettedigression.Je n’avais pas d’amis, la plupart des

    camarades de lycée reçus au bac cetteannée-là préféraient les universités deFrance – la mode était de dire «la métro-pole» à l’époque. Entre- temps, le recto-rat avait accepté de m’octroyer unechambre à la cité universitaire. Avant deprendre possession de ma chambre à lacité U de Ben Aknoun, une cité ultra chicavec un resto U luxueux par rapport auxresto(s) de la ville et de nombreuxpavillons flambant neufs abritant unepopulation d’étudiants essentiellementeuropéenne — les étudiants musulmansn’y étaient admis qu’au compte-gouttes,et ayant entendu parler de la Robertsau,un foyer d’étudiants situé sur le plateau

    du Telemly, j’ai décidé de m’y rendre. Il yavait un resto U et un foyer d’héberge-ment pour étudiants musulmans venuspour la plupart des Lycées franco-musul-mans anciennement appelés «méder-sas». J’avais trouvé là un milieu étudianttrès animé où on discutait à haute voix àdeux ou en groupes de plusieurs dansles halls, les escaliers, au restaurant,partout où il y avait une place à investir.Intimidé par la foule où je ne connaissaisencore personne, je demeurai en retrait,presque solitaire, me contentant d’obser-ver et d’écouter à défaut de participer àcette «récré» d’un nouveau genre (j’aiusé ici de la même image que OuldAbbas, mais pour moi, elle n’a pas lasignification péjorative qu’il lui attribue).

    Tout à coup, on entendit un nom quicourait sur toutes les lèvres : «Abdesse-lam est là… Il ne va pas tarder à arri-ver…» Ce nom devait appartenir à quel-qu’un de célèbre, un nom ou plutôt pré-nom à la mesure du mystère qui le pré-cédait. C’était, certes, un étudiant, maispas un étudiant comme les autres.

    Etait-ce un gourou ? Probablement, àen juger par la façon dont son nom àpeine prononcé se propageait commeune traînée de poudre avec une espècede déférence mêlée de crainte qui impré-gnait les conversations. La plupart des

    discussions tournaient autour de thèmespolitiques. Ce jour-là je devais me contenter de

    recueillir çà et là ce qu’on pouvait savoirsur lui… avant d’apercevoir de loin sa sil-houette, et de plus près, son visage auteint clair, presque blond, un front hautsurmontant des yeux clairs et un regardfranc et pénétrant qui cherchait à cerneren vous ce que vous pouvez représenter.Il s’adressa à cette foule qui l’attendait,rassemblée autour de lui, calmement etarticulant clairement ce qu’il avait à direà cette masse d’étudiants pour la plupartacquis à ses idées et qui semblaient«boire» ses paroles religieusement. An’en pas douter, on était en présenced’un leader politique et pas seulement unprétendant à diriger une associationd’étudiants, du moins telle était l’opiniondu nouvel étudiant fraîchement débar-qué que j’étais. De retour chez moi, jerepassais, dans mon esprit, le film decette fin d’après-midi passée à la Robert-sau ne pouvant m’empêcher d’éprouverune certaine perplexité à l’idée quequelque chose d’important se passaitdans le milieu des étudiants musulmansà Alger et que le dénommé Abdesselamy était pour quelque chose. De retour à Ben Aknoun, j’étais visi-

    blement impressionné par la tranquillitédes lieux qui contrastait avec la Robert-sau et me rendis compte que la réputa-tion de cité «ultra chic» n’était pas surfai-te. Les étudiants y déambulaient tran-quillement en petits groupes dans lesallées au milieu de vastes espaces vertsqui séparaient les pavillons d’habitation.Apparemment cette sérénité était denature à me rassurer.

    Tout était neuf, tout était propre etaseptisé… y compris les relationshumaines, pensé-je au bout de quelquetemps passé à la cité. Ici on ne parlaitpas de politique. Nous étions doncquelques étudiants musulmans noyésdans la masse des Européens qui nousignoraient royalement. Je repensaisconstamment à la Robertsau, où l’effer-vescence des étudiants musulmansm’attirait et m’inquiétait en même temps.Devrais-je me féliciter de m’en être éloi-gné ? Maintenant que je vis dans l’aisan-ce et le luxe (rien à voir avec les condi-tions plutôt rustiques du foyer étudiant duTelemly), ma situation d’étudiant «indi-gène» au milieu de l’indifférence des étu-

    diants français me mettait littéralementmal à l’aise. J’étais en porte à faux. Unseul remède à cette pesante solitude : letravail avec comme horizon lesmeilleures performances possibles pourla fin de l’année.Quant à la politique proprement dite,

    mon initiation pratique était encore àfaire. Je ne pouvais y être indifférent.Mes lectures allaient de Charles-AndréJulien à Malek Bennabi, de MohamedCherif Sahli à Lacheraf en passant parSartre, Jeanson et Gramsci mais l’ap-proche demeurait livresque. Opter pour

    le militantisme revenait à abandonner lesétudes de médecine ou tout au moins lesremettre à plus tard. J’avais fini par medire qu’il valait mieux surseoir à l’enga-gement politique du moins jusqu’à nou-vel ordre. Ce nouvel ordre ne tarda pas à frap-

    per à ma porte un jour de 19 mai 1956.A Paris, l’ordre d’une grève illimitée descours et des examens était annoncé urbiet orbi à la communauté des étudiantsalgériens… par un leader charismatique,un certain Abdesselam, la grève étaitpromulguée par solidarité avec le peuplealgérien en lutte contre le colonialisme.Le personnage mythique entrevu unecertaine fin d’après-midi à la Robertsau àAlger venait d’apparaître au grand jourdans un rôle triomphant et sera amené àexercer l’influence considérable que l’onsait qui pèsera dans le destin de l’Ugemaet bien au-delà dans celui de l’Algérieindépendante. Quittons là cet intermède autobiogra-

    phique pour revenir à l’Ugema elle-même, non sans toutefois remarquer aupassage que ce que je viens de dire àpropos de ce que j’avais vécu un certainsoir boulevard du Telemly à Alger revêtpour moi une importance considérable,unique dans ma vie d’étudiant car jevenais d’avoir le privilège d’assister à lanaissance des prémisses de l’Ugema,conçue à Alger et mise au monde àParis, le temps d’une gestation. Ce n’est peut-être pas le lieu de reve-

    nir en détail sur l’histoire du syndicalismeétudiant algérien. Si je suis amené à enévoquer les étapes principales, ce serapour tirer quelques enseignementspropres à illustrer le titre choisi pour monpropos.Au début était l’Aeman, l’Association

    des étudiants musulmans d’Afrique duNord — ça résonne comme un versetbiblique – sans doute un peu prétentieuxpour une modeste association corporati-ve qui, pour voir le jour, a dû pourtant lut-ter pour surmonter les obstacles dresséssur son passage par les Autorités fran-çaises. Cela se passait en 1912, à Alger.Le gouvernement colonial se méfiait nonsans raison d’une telle formation d’intel-lectuels car assez rapidement se sontconstituées des associations similaireslà où il y avait des étudiants maghrébins.En 1927, l’Association des étudiantsnord-africains naît à Paris.

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    C’est dans le cadre de l’Ugema qu’une tellesynergie dans l’action est apparue chez desétudiants dont la grande majorité ignorait le

    militantisme et qui, pourtant, s’y est jetée corps etâme, sans réfléchir, avec la prise de conscience

    jubilatoire de celui qui voulait prouver lemouvement en marchant.

    Le 8 juillet 1955 eut lieu le congrès constitutif del’Ugema (le premier du genre) à Paris avec un

    nombre de participants jamais atteint jusque-là,comprenant des délégués d’Afrique du Nord, de

    France et du Moyen-Orient, ainsi que desreprésentants d’organisations internationales et

    d’éminentes personnalités algériennes et françaises.

    L’Ugema, un apprentissage

  • Le Soird’Algérie Contribution

    Notons que les étudiants musulmansd’Afrique du Nord se définissaient doré-navant comme Nord-Africains, formulequi, pour être apparemment anodine,n’en représente pas moins une nuancede taille qui fait passer du statut de mino-rité dans leur pays à celle d’autochtonesreprésentatifs de ce même pays qui estle leur et pour qui ils nourrissaient desrêves d’émancipation inspirés par l’éveildes pays musulmans à cette époque del’entre-deux-guerres.

    A partir de 1951, ayant pris consciencedes problèmes communs au trois pays duMaghreb et de la nécessité de s’unir pourles résoudre, les Aeman s’orientent versla constitution d’une formation élargie àvocation confédérale : l’Umem – Unionmusulmane des étudiants maghrébins,mais qui a dû être remise à plus tardaprès que les étudiants tunisiens eurentdécidé de créer leur propre association,l’Uget, en juillet 1953, lors de l’accessionde la Tunisie à l’autonomie. Exit doncl’Umem qui n’avait plus sa raison d’êtrepour le moment. C’est alors que l’idéed’une Union générale pour les étudiantsalgériens s’est imposée durant l’année1953-1954, l’année même où je débar-quai à Alger. C’est sur les structures desAeman que la nouvelle association serabâtie. Ce sera la future Ugema, appella-tion adoptée à l’unanimité à Alger etaccueillie favorablement partout où destracts annonçant sa venue sont distri-bués, en même temps que fut proposéela tenue d’une assemblée générale appe-lant les représentants de chaque associa-tion locale à y participer ; assembléegénérale qui devait fixer la date d’uneconférence préparatoire en vue du pre-mier congrès constitutif de l’Association.Ce sera notre première formation syndi-cale où figureront pour la première foiscôte à côte les noms de musulmans etd’Algériens, deux termes par lesquels ilsse définissent comme autochtones d’unpays auquel ils s’identifient par la culture,la religion et la vocation à être indépen-dants, libérés de la sujétion coloniale,

    Idée maîtresse de la Révolution algérien-ne et que l’étudiant algérien fera sienneavec enthousiasme dès le départ.

    Pourquoi Ugema et pas Ugea ? Entre les deux appellations une lettre

    faisait la différence. «L’instance de lalettre, comme disait Lacan, est toujoursgrosse d’implications.» Elle faisait doncl’objet d’un litige qui recouvrait en fait unvéritable conflit politico-idéologique.C’était la fameuse bataille du «M» que jeme contenterai d’évoquer ici sans enexhumer la problématique ni les dévelop-pements de l’argumentaire auquel elleavait donné lieu, sinon pour soulignerque ce fut l’un des épisodes qui constituale premier grand moment de mise àl’épreuve de la vocation démocratique denotre jeune association.

    Les discussions autour de cette ques-tion s’échelonnèrent sur plusieursséances donnant lieu à des assauts d’ar-guments et des prouesses rhétoriquesmémorables où s’illustrèrent les plus

    doués de nos théoriciens pour défendrela nécessité du «M» contre ceux, nonmoins éloquents, qui lui déniaient toutelégitimité. Parmi les interventions les plusremarquables, rappelons celle de RédaMalek à qui on doit le plaidoyer pour le«M» le plus solidement argumenté et lemieux doté en assises philosophico-idéo-logiques. Pendant ce temps, les tenantsdes deux idées antagonistes campaientsur leurs positions respectives au pointoù notre jeune association en gestationrisquait la scission dès la naissance. Lespartisans du «M», majoritaires, organisè-rent une campagne de propagande, unesorte de consultation itinérante en délé-gant des missi dominici auprès dechaque section de province pourrecueillir leur accord éventuel en vue del’appellation Ugema. Réda Malek avaitparcouru la France de long en large pourplaider la cause du «M» auprès des étu-diants algériens de province. L’autrecamp a dû se contenter d’un certainnombre de partisans de la section deParis et de quelques éléments de provin-ce. De guerre lasse, au bout d’un certaintemps, ce camp ne put faire autrementque de rallier la majorité en sabordantl’Ugea qu’ils ont fini par considérercomme non viable.

    Le 8 juillet 1955 eut lieu le congrèsconstitutif de l’Ugema (le premier dugenre) à Paris avec un nombre de parti-cipants jamais atteint jusque-là, compre-nant des délégués d’Afrique du Nord, deFrance et du Moyen-Orient ainsi que desreprésentants d’organisations internatio-nales et d’éminentes personnalités algé-riennes et françaises.

    Au terme de ce congrès qui dura 5jours, l’Ugema était née : organisationdémocratique ayant pour instance suprê-me le congrès formé de membres élusavec un Comité directeur (CD) détenantson pouvoir d’un mandat électif et uncomité exécutif issu du CD. Les étudiantssont organisés en sections locales bénéfi-ciant d’une large autonomie de gestion etd’orientation de leur action et représentant

    le socle électoral de l’association. Mou-vement syndical, elle s’est donnée pourprérogative de défendre les intérêtsmoraux et matériels des étudiants afind’améliorer leur condition et les préparerà la réussite de leurs projets universi-taires (en particulier elle procurera desbourses d’études à nombre d’étudiantsaprès la grève du 19 mai 1956).

    Mouvement doctrinal, elle s’attacheraà ce que les étudiants œuvrent pour larestauration et l’épanouissement de laculture nationale en liaison avec les fon-dements arabo-islamiques de leurpeuple dont il sont solidaires pour lecombat qu’il mène pour l’indépendanceet marquent leur fidélité aux principes dela Révolution algérienne incarnée par leFront de libération nationale, ce qui luivaudra l’animosité de la grande centralesyndicale des étudiants français, l’Unef,animosité heureusement contrebalancéepar le soutien des organisations d’étu-diants progressistes aussi bien fran-çaises qu’internationales, hostiles à la

    guerre d’Algérie. Moins d’une annéeaprès sa fondation, l’Ugema se trouvaconfrontée à la première grande crise desa jeune existence : la guerre en Algérieentre dans une phase d’intensificationcroissante vu les progrès incontestablessur le terrain de l’Armée de libérationnationale. La répression de la «rébellion»du côté français n’épargne aucune caté-gorie de la population musulmane.

    Les morts des Algériens s’accumulentpar milliers. Le pouvoir colonial vise

    particulièrement les intellectuels et lesétudiants dont bon nombre tombent sousles balles de l’armée coloniale ou suc-combent sous la torture dans les locauxde la police ou des paras du colonelBigeard. L’Ugema monte au créneaupour protester énergiquement contrecette entreprise d’extermination de lapopulation algérienne auprès des ins-tances gouvernementales en Franceainsi qu’auprès des instances internatio-nales. Une répression sauvage s’abat surles étudiants algériens à Alger. N’y aurontéchappé que quelques-uns de ceux quiavaient réussi à gagner le maquis.

    Un paroxysme dans la terreur quiamena les étudiants de la section d’Algerà lancer avant leur dissolution un appeldésespéré pour une grève illimitée descours et des examens le 19 mai 1956 par«solidarité» avec le peuple algérien victi-me d’une répression colonialiste sauva-ge et pour être à ses côtés dans sa luttepour l’indépendance. Quelques joursplus tard, la grève illimitée des cours etdes examens est proclamée urbi et orbi àtous les étudiants algériens ainsi que jel’ai signalé plus haut. A la veille de la ses-sion des examens dans les universités,cet ordre de grève eut l’effet d’unebombe qui ébranla l’ensemble de la com-munauté estudiantine. A la surprise et àl’étonnement succédèrent le doute et lasuspicion, puis la colère et la déception,voire le désespoir, les étudiants concer-nés passèrent par toute la gamme desétats d’âme possibles. La mort dansl’âme, la grande majorité des étudiantsalgériens observèrent l’ordre de grève.

    Dans les milieux français de la«métropole», cet événement eut l’effetd’un coup de tonnerre dans un ciel bleu,événement aux conséquences incalcu-lables qui va désormais marquer undegré d’escalade considérable dans lalutte pour l’indépendance et pour la fin ducolonialisme en Algérie. L’heure de l’en-gagement effectif pour l’ensemble desétudiants algériens venait de sonner.

    Pour l’Ugema, c’était le début d’uneexistence difficile dans la mesure où soncombat allait s’engager dans une voieétroite, à la limite de la légalité vis-à-visdes autorités françaises risquant l’inter-diction de séjour et la dissolution pure etsimple, ce qui sera tôt ou tard inévitable.En attendant, pour elle, ce sera une cour-se contre le temps. Elle risquera aussi ladéfection des étudiants et leur déperdi-

    tion, privés de bourses et sans moyensd’existence, voire une démobilisation pro-gressive dans leur engagement.

    Cependant, contre toute attente, lagrève s’est avérée être un ciment de qua-lité pour maintenir solidement un lien quirapprocha le étudiants les uns des autres,les amenant à réfléchir aux moyens adé-quats pour servir la Révolution, chacun àsa façon. L’Ugema ne se sera jamaisdésintéressée de leur sort. Elle sauramettre à profit les relations qu’elle avait

    établies avec les organismes internatio-naux favorables à notre cause. D’autresavaient opté pour l’engagement dans lalutte armée en rejoignant les maquis et ilsfurent nombreux à le faire. Ceux qui sereconvertirent en pays étrangers ontreconstitué une section Ugema sur lemême modèle que l’association mèreavec les mêmes bases démocratiques…

    Fin janvier 1958, soit un mois à peineaprès son IIIe congrès, le gouvernementfrançais prit la décision de dissoudrel’Ugema et de procéder à l’arrestation deses principaux dirigeants. Les membresdu comité exécutif obtinrent le régime dela liberté provisoire. La plupart d’entreeux quittèrent clandestinement le pays,ce que semblaient souhaiter, sans le dire,les autorités françaises, trop heureusesde voir s’éloigner du territoire français cesdangereux agitateurs algériens capablesde mettre à mal les projets belliqueux dupouvoir colonialiste.

    La diaspora de l’Ugema avait commen-cé. Malgré le travail négatif de forces cen-trifuges diverses visant à remettre enquestion l’autonomie de l’association et savocation démocratique – comme cela arri-ve immanquablement —, lorsqu’un orga-nisme est affaibli, il se voit attaqué detoutes parts. Dans son malheur, l’Ugemaétait loin d’être morte et ceux qui convoi-taient sa dépouille devaient attendreencore longtemps. Ses dirigeants eurent àessuyer les pires critiques et les piresaccusations de ceux à qui profiterait la dis-parition de l’Ugema. Elle avait encore suf-fisamment de ressources intellectuelles etmorales pour relever les défis à venir etelle a su le faire, bien que dispersée auxquatre coins du monde, peut-être mêmegrâce à cela. On lui accordera l’incontes-table crédit d’avoir su préserver l’essentielde notre communauté et maintenu avecelle le lien affectif nécessaire pour conti-nuer à exister et à lutter. Une telle fidélitéréciproque aura survécu à tous les aléaset même à l’usure du temps.

    Pardonnez-moi d’avoir abusé de votrepatience. Je vous en remercie.»

    M. N. * Écolymet : Association des anciens

    étudiants, collégiens, lycéens et méder-siens de Tlemcen.

    P.S. : Je n’ai pas retrouvé, dans macollection personnelle, le numéro de larevue Retrouvailles (de l’Écolymet) où aété publiée cette intervention du Dr M.Negadi.

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    Le pouvoir colonial vise particulièrement lesintellectuels et les étudiants dont bon nombretombent sous les balles de l’armée coloniale ou

    succombent sous la torture, dans les locaux de lapolice ou des paras du colonel Bigeard.

    Fin janvier 1958, soit un mois à peine après son IIIe

    congrès, le gouvernement français prit la décision dedissoudre l’Ugema et de procéder à l’arrestation deses principaux dirigeants. Les membres du comitéexécutif obtinrent le régime de la liberté provisoire.La plupart d’entre eux quittèrent clandestinement lepays, ce que semblaient souhaiter, sans le dire, les

    autorités françaises...

    de la démocratie

  • Le Soird’Algérie Mardi 14 juillet 2020 - PAge 10Régions

    «Nous avons été obligés de prendreune telle mesure pour faire observer lesgestes barrières anti-coronavirus», dirale premier responsable de la wilaya. Eneffet, certains s’obstinent, négligeant lesconsignes préventives d’où les chiffresde contamination en augmentation quo-tidienne. Certes, la plupart de ces com-merces visés par le wali activent dansl’illégalité mais ils ne sont pas les seuls.Depuis les premiers jours de la pandé-mie, l’activité commerciale illicite se faitau grand jour au vu et au su de tout lemonde. C’est le cas notamment desrevendeurs de fruits et légumes. Il suffitde faire un tour en ville pour constater

    ce phénomène même si auparavant, ilétait insignifiant. Aux alentours du mar-ché El-Hattab, aujourd’hui fermé pourdes travaux de réhabilitation, ils sontdes dizaines à occuper les trottoirs, lemême constat est observé au niveau dela périphérie et dans les autres localités.Certains vous diront que les animateursde l’informel ont des familles et quenombreux d’entre eux sont au chômageet ne peuvent de ce fait subvenir auxbesoins des leurs. Ce qui est une réali-té. A Annaba, les structures de santésont largement saturées. Tous les litsdestinés à la prise en charge des cas deCovid-19 au chef-lieu et dans les autreshôpitaux de la wilaya sont occupés etdes malades testés positifs sont invitésà se confiner chez eux.

    Sur un autre chapitre et à propos del’interdiction de la circulation routière ycompris pour les véhicules privés à des-tination et en provenance des wilayas

    les plus touchées par la pandémie, despersonnes bloquées loin de leurswilayas d’origine estiment qu’il fallaitannoncer cette mesure au moins 48 ou24 h à l’avance pour leur permettre derentrer chez eux. Vue sa position géo-graphique de pôle régional disposant destructures socioéconomiques, de santé,de loisirs et autres, Annaba attire desvisiteurs de plusieurs autres wilayas

    principalement limitrophes. Desdizaines de personnes se trouvent pré-sentement bloquées dans cette ville.Elles souhaitent une souplesse dansl’application de l’interdiction d’autantplus les responsables au niveau localdisposent de prérogatives leur permet-tant de gérer ces situations exception-nelles.

    A. Bouacha

    Phot

    o : D

    R

    ANNABA : INTERDICTION DE CIRCULER ENTRE LES WILAYAS

    Des dizaines de personnes bloquéesPour faire face au nombre de contaminations sans cesse en augmentation, le

    wali de Annaba a décidé la fermeture des commerces ouverts dans des espacesfermés à l’exemple des bazars qui reçoivent à longueur de journée une clientèlecomposée en majorité de femmes souvent accompagnées de leur progéniture.

    TIPASA

    Les professionnelles de la coiffure affectéespar les conséquences du Covid-19

    Interceptionde 7 harragasLes unités du groupement territo-

    rial des gardes-côtes de Annaba ontréussi, dans la nuit de samedi àdimanche, à mettre en échec unetentative d’émigration clandestine de7 harragas au nord de Ras-el-Hamra (Annaba), a-t-on appris lundid’une source fiable. Ces 7 candi-dats, originaires des quartiers deAnnaba, étaient à bord d’une embar-cation artisanale. Ayant levé l’ancrede la plage de Oued-Bagrat (com-mune de Seraïdi), ils ont été inter-ceptés vers minuit à une dizaine demilles marins au nord de Ras-el-Hamra par les gardes-côtes enpatrouille en mer. Les 7 harragas ontsubi une visite de routine prodiguéepar le médecin de la Protection civileavant d'être présentés à la justice.

    A. B.

    Les professionnelles de la coif-fure et de l’esthétique de la wilayade Tipasa invitent les autorités àprêter une attention particulièreaux dommages qu’elles ont subisdurant la période de confinement.

    Cette filière, considérée comme l'unedes plus touchées par le confinement, aété contrainte à geler la plupart de sesactivités. Malgré la reprise de leurs activi-tés, selon les précautions visant à préve-nir la propagation de l'épidémie de Covid-19, les gérantes de salons de coiffure seplaignent en déclarant que leur activité,après ce qu’elles ont subi comme dom-mages, en ayant fermé boutique près detrois mois, ne leur garantit pas le mini-mum, pour faire face à toutes lesdépenses, sans compter qu’elles n’arri-vent plus à répondre aux besoins de leursfamilles.

    «Ce type d'activités est lié, surtoutl’été à la célébration des fêtes de mariageet autres. Vu la crise sanitaire, il est clairque la clientèle à considérablement bais-sé. Nous travaillons avec quelquesclientes. C’est la ruine». Cette organisa-

    tion professionnelle de la coiffure et del’esthétique interpelle les autoritéspubliques afin d’octroyer une aide finan-ciere d'un million de centimes, au profitdes professionnelles concernées par laprocédure de quarantaine imposée auxpropriétaires de salons de coiffure,notamment au profit de celles qui n'en ontpas encore bénéficié, bien que des dos-siers de personnes concernées conti-nuent à être déposés.

    Mme R. H, la présidente, révèle que«la création de cette organisation profes-sionnelle est venue en réponse auxattentes des professionnelles du secteur,durant cette pandémie. Ces contraintesont causé de nombreux problèmes et ontplacé les salons de coiffure et d’esthé-tique dans une position critique, en raisonde leur fermeture et celles des activitésconnexes, ce qui a conduit à la détériora-tion des conditions de vie des commer-çants et des travailleurs», en ajoutant que«malgré la décision de réouverture deslocaux conformément aux mesures pré-ventives tout en assurant la stérilisationdes lieux et les exigences de travail, avecl'imposition des gestes, cela n’a pas pu

    couvrir les dépenses en eau et en électri-cité, sans parler des loyers et des droitsdes travailleuses, qui furent contraintesde vendre leurs bijoux et leurs biens pourpasser cette étape difficile ,notammentles femmes divorcées qui n'ont pasd'autre revenu familial.»

    Mme, N. B, vice-présidente de cetteorganisation, affirme que «la situationactuelle a créé des problèmes pour lespropriétaires de salons de coiffure avecles banques et les institutions publiques,

    notamment les bénéficiaires de prêtsAnsej et l'Angem du fait qu’ils ne sont pasen mesure de payer les acomp