Dr Agnès Beby-Defaux
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HPVPapillomavirus humains
Agnès Beby Defaux
Virologie, CHU Poitiers
• Tropisme épithélial
• Résistance dans le milieu extérieur
• Infections fréquentes, bénignes
• Dysplasies, cancers
HPV
Cancers attribuables aux HPV : 1/3 des cancers liés à un virus
610 000 attribuables aux HPV
100 % des cancers du col utérin : 530 00088 % des cancers anaux : 24 00050 % des cancers péniens : 11 00043/70 % des cancers vulve/vagin : 21 000 25 % (13 à 60 %) des cancers oropharyngés : 22 000
De Vuyst et al, IJC 2009 ; Backes et al, CCC 2009 ; Globocan 2008
D’après Doorbar et al Vaccine 2012
Mu-papillomaviruscutanés
Nu-papillomaviruscutanés
γ-papillomaviruscutanés
β-papillomaviruscutanés
α -papillomavirusMuqueux +++ et cutanés
Des virus anciens ayant évolué avec leur hôte
D’après Schiffman JNCI 2011 & IARC (http://monographs.iarc.fr)
Une évolution qui prédit l’oncogénicité
Groupe 1 : carcinogène = 12 HPV : 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59
Groupe 2A : probablement carcinogène : 68
Groupe 3 : non classable comme carcinogène : 6,11*
Monographs.iarc.fr, 2016
Groupe 2B : possiblement carcinogène : 26, 53, 66, 70, 73, 82
Autres HPV classés en 2B uniquement par leur proximité génétique avec des HPV du groupe 1 :
30, 34, 67, 69, 85, 97
Classifications antérieures (Muñoz et al, NEMJ 2003 ; Cagliano et al, Lancet Oncol, 2005) :
Groupe 1 et 2A = haut risque
Groupe 2B :
• 26, 53, 66 = risque intermédiaire ou probablement à haut-risque (26 et 53 bas
risque et 66 haut risque avant 2003)
• 70 = bas risque en 2003
• 73 = bas risque avant 2003 puis haut risque
• 82 = haut risque en 2003
Groupe 3 = bas risque
« The evolving definition of carcinogenic HPV »
• Peu fréquemment détectés dans les cancers (mono-infections) : < 1% par HPV
La problématique des HPV du groupe 2B
• Ajout dans les tests : gain de sensibilité modeste mais perte de spécificité pour détecter des lésions de haut grade et des cancers
• Ajout de HPV66 dans les tests : estimation d’un surplus de CIN2/3 dépistées de 2/100 000
• Pourtant, signature moléculaire de la carcinogenèse associée aux HPV
Et après la vaccination nonavalente ?
« ..suggesting that for these types, an upgrading of the carcinogen classificationcould be considered. However, there is no need to include them in HPV screeningtests or vaccines, given their rarity in cervical cancer ».
Arbyn et al, J Pathol 2014
LCR/URR
Contrôle de la transcription et de la réplication
Protéines non structurales
Ré
gio
n p
réco
ce E
(e
arly
)
Protéines de capside
Ré
gio
n t
ard
ive
L (
late
)
E6, E7 = nécessaires au cycle viral Si HPV HR propriétés oncogènes
8000 pb
HPV : peu de gènes, peu de protéines
D’après Egawa et al, Viruses 2015
Un cycle viral nécessitant un accès aux cellules souches basales
Tonsille Peau et glande sudoripare Follicule pileux
Col de l’utérus (// canal anal)
Un cycle viral lié à la différenciation cellulaire
D’après Doorbar et al, Vaccine 2012
Expression des protéines de capside et assemblage uniquement dans les couches
superficielles bien différenciées pas de production de virus si épithélium non différencié
Elimination du virus ou établissement d’une latence
Clairance virale dans la
majorité des cas
D’après Doorbar et al, Vaccine 2012
Infection active
Réponse immunitaire
Infection latente
Réactivation
Clairance virale
Infection persistante par un HPV HR = facteur de risque de cancer
D’après Doorbar et al, Vaccine 2012
Le col utérin : des lésions pré-cancéreuses au cancer invasif
Expression E6 et E7
Clairance
Des lésions de grade différents concomitantes
et des génotypes différents concomitants
Doorbar et al, Vaccine 2012
L’augmentation de l’expression de E6/E7 : un évènement clé de la progression vers le cancer
Expression E6 et E7
Échappement à la réponse immunitaireInhibition apoptoseImmortalisationProlifération cellulaireInstabilité génétique Altérations chromosomiques
Gulbahce PLoS Comput Biol 2015
L’intégration du génome viral dans le génome cellulaire : un évènement corrélé à la progression des lésions
• Intégration majoritaire mais inconstante dans les cancers
• Fréquence et nombre des intégrations avec la progression des lésions
• E2 pas le seul gène à être interrompu :
E1>E2>L1>L2…
• Intégration au hasard au niveau des régions accessibles du génome humain puis sélection si avantage pour la cellule : mise en évidence de hotspots = biomarqueurs
Wentsensen et al, Cancer Res 2004 ; Hu et al, Nature Genet 2015
Disparités de la prévalence de l’infection par un HPV HR
(col de l’utérus avec cytologie normale)
Monde : 11,7 %> avant 25 ans De Sanjosé et al, Lancet Inf Dis, 2007
Clairance et persistance : des différences selon la
localisation de l’infection
Incidence et clairance des infections à des sites autres que le col (oro-pharynx, pénis, anus) > col utérin
Taylor et al, BMC Infect Dis 2016 ; Shvetov et al, CID 2009; Goodman et al JID 2010 ;
Kreimer et al, Lancet 2013 ; Winer et al, JID 2005
Des différences dans l’histoire naturelle liées à l’environnement spécifique de
chaque localisation
Clairance et persistanceCol de l’utérus
Schiffman et al, Lancet 2007 ; Rodriguez et al, JNCI 2008 ; Jaisamrarn et al, Plos One 2013 ;
Bulkman et al, BJC 2007
Clairance des infections par HPV HR
~ 50 à 70 % à 1 an
~ 90 % à 3 ans → 10% persistent à 3 ans
plus faible si : HPV16 +++, HPV18, 31, 33, immunodépression, tabac
Adapté par Schiffman de Rodriguez et al, JNCI 2008
Un risque absolu de CIN3+ supérieur en cas d’infection
par un HPV HR
Test HC2 : 13 HPV HR
Adapté par Schiffman, NEJM 2009 de Khan et al, JNCI 2005
Impact sur la survenue d’une CIN3+
Adapté de Kahn et al, JNCI 2005
20 000 femmes, âge >30 ans HPV16
HPV18
HPV31
Plus de risque de CIN3 en cas d’infection par HPV16, 18 ou 31Très faible risque de CIN3+ en cas de test HPV HR négatif
HPVVIH
Impact du VIH
Incidence, prévalence, persistance des infections HPVLésions précancéreusesCancersProportion de génotypes non 16 >Infections par plusieurs HPV
Massad et al, AIDS 2014
Impact du VIH sur la prévalence et l’incidence de l’infection
HIV+
HIV-
HPV+
HPV+
HPV HR+
HPVHR+
52%
28%
22%
10%
92%
66%
36%
67%
Col de l’utérus
WIHS (Women’s Interagency HIV Study)
Massad et al, Am J Obstet Gynecol 2015
Impact du VIH sur l’incidence des CIN2/3+
(WHIS)
CIN2+/HIV+
CIN2+/HIV-
CIN3+/HIV+
CIN3+/HIV-
CEBP 2014
Quels tests, quels marqueurs pour HPV ?
Aider à prédire l’évolution vers
un cancer : triage
Quels tests, quels marqueurs pour HPV ?
• Détection ADN viral : en pratique courante– Capture d’hybrides HC2 Qiagen : amplification de signal
– PCR : les plus utilisés
– 13 ou 14 génotypes détectés le plus souvent (Groupe 1+2A +/- HPV66)
– Soit pas de génotypage précis, soit avec un génotypage partiel 16 et 18 (parfois 45), soit un génotypage précis, couvrant les HPV des 3 groupes et d’autres
– Validation clinique importante (guidelines : Meijer et al, IJC 2009 ; Arbyn et al, JCV 2016) : sensibilité et spécificité pour détecter des CIN2+
Quels tests, quels marqueurs pour HPV ?
• Détection ARNm E6E7 :
Marqueur attestant de l’activité transcriptionnelle virale
APTIMA HPV test, Hologic
– TMA, ARNm de 14 HPV HR
– Validé cliniquement en dépistage (col utérin)
Plus spécifique que les tests ADN pour détecter les femmes ayant une CIN2+ ou 3+
Arbyn et al, IJC 2013
Quels tests, quels marqueurs pour HPV ?
• p16/Ki67 immunohistochimie– E7 HPV HR p16 inhibiteur du cycle cellulaire :
marqueur indirect de l’expression de E7 mais non spécifique
– Ki67 : marqueur de prolifération
Double marquage p16/Ki67
– Etudes d’utilisation en triage des femmes HPV HR+ : p16/Ki67+ et HPV HR+ colposcopie
– Etudes en triage des frottis anormaux
Petry et al, Gynecol Oncol 2011Wentzensen et al, Cancer Cytopathol 2014 ; JNCI 2015
Solares et al, Anticancer Res 2015
Bergeron et al, Cancer Cytopathol 2015White et al, Cytopathology 2016
Détecter les HPV : quelles indications ?• Oropharynx : pas de recommandations en dépistage,
recherche comme facteur pronostique dans les cancers(sociétés savantes)– ARNm E6E7 : gold standard
– p16 seule ou ADN seul : manque de spécificité
– ADN+p16 : compromis acceptable : p16 parfois faussement négatif
Schache et al,
Clin Cancer Res 2011
Nombreuses études montrant des bénéfices du test HPVdans 3 indications :
• Dépistage primaire seul ou combiné avec lacytologie
• Triage des femmes ayant un frottis ASC-US et decelles de plus de 30 ans ayant des anomalies de basgrade
• Surveillance post-thérapeutique des CIN
Arbyn et al et Cuzick et al, Vaccine 2012 ; Kocken et al, Gynecol Oncol 2012
Détecter les HPV : quelles indications ?
• Col utérin
• Meilleure sensibilité que la cytologie pour détecter les lésionsde haut grade (20 à 25 % > cytologie)
• VPN très élevée permettant d’espacer l’intervalle entre 2tests : garantie de protection contre les CIN3 sur le longterme
• Spécificité plus faible que la cytologie selon les tests pouvantêtre compensée par des algorithmes appropriés : cytologieréflexe, génotypage 16 et 18, p16/Ki67
Ronco et al, 2014 ; Arbyn et al, Vaccine 2012 ; Cuzick et al, Vaccine 2012 ;
Détecter les HPV : quelles indications ?
Détecter les HPV : quelles indications ?
En France :
• Indications officielles seulement dans les frottis ASC-US mais élargissement prochain à d’autresindications : rapport INCa à paraître
• Mais pas de recommandation pour le test HPV HR endépistage primaire
• En post-conisation : recommandations par dessociétés savantes
Femmes vivant avec le VIH
• Frottis une fois par an si CD4>200/mm3
• Frottis 2 fois par an avec colposcopie si :
– CD4<200/mm3
– frottis antérieur anormal
– après conisation
Rapport Morlat
Recommandation pour utiliser la cytologieen milieu liquide plutôt que la cytologie surfrottis conventionnel pour les femmes VIH+
Etude ANRS, Heard et al, Cytopathology 2015
- +
Femmes vivant avec le VIH
ASC-US
Test HPV
HR
Colposcopie
+ BiopsiesFrottis à 6
mois
Frottis
à 1 an
Biopsies normales
LSIL HSIL
CIN1 CIN2/3
Frottis à 6 mois
Colposcopie tous les 6
mois et biopsie annuelle
Conisation
Normal
Femmes VIH+ : vers une incorporation plus
large du test HPV ?
Test HPV HR chez les femmes ayant une cytologie normale
Keller et al, JAMA 2012
= 2/3 des femmes avec cytologie normale
369 VIH+/HPV HR- et 255 VIH-/HPV HR- (WHIS) pas de différence d’incidence cumulative de dysplasie de haut grade à 5 ans entre les femmes VIH+ ou VIH-
possibilité de rallonger le délai à 3 ans ?
Cytologie normale et HPV-
• 1021 VIH+ et 975 VIH- (WHIS), HPV HR = 13 HPV (1+2A)
Keller et al, CID 2015
Cytologie normale : risque 13 fois plus élevé d’avoir une CIN3+ à 5 ans si HPV16+ indépendamment du taux de CD4 et du tt ARV
Colposcopie si HPV16Frottis à un an si HPV HR autre
Pap-/HPV-
Pap-/HPV-
Pap-/HPV HR+
Pap-/HPV HR+
Pap-/HPV16+
Pap-/HPV16+
LSIL
LSIL
Cytologie normale, HPV HR+ ou HPV16+ : intérêt du génotypage partiel
Les auto-prélèvements : une solution d’avenir ?
• Faciles à réaliser• Possibilité de test HPV, p16/Ki67 mais pas de réaliser une cytologie• En cas de non adhérence au frottis pour augmenter la couverture
du dépistage ou si pas d’accès• Aussi sensibles pour détecter un HPV HR que le prélèvement fait
par un clinicien si méthodes de détection sensibles
• Urines versus autoprélèvement vaginal ? - Prélèvement simple, intérêt pour les femmes réfractaires au frottis et/ou à l’autoprélèvement- Résultats disparates selon les études- Etude sur 5318 femmes (PaVDaG study) : sensibilité pour détecter une CIN2+ inférieure à l’autoprélèvement (63,1% versus 94,6%)
- Optimisation et standardisation nécessaires
Arbyn et al, Lancet Oncol 2014Snijders et al, IJC 2013
Stanczuck et al, BMJ open 2016
Perspectives
• Place des autres marqueurs (p16/Ki67, méthylation …) : col et autres localisations pour le triage des infections par HPV HR et les lésions de bas grade : amélioration des algorithmes
• Autoprélèvements :
– à positionner dans le dépistage pour les femmes réfractaires au frottis : études en cours
– standardisation et optimisation des prélèvements et de leur traitement