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DIU de Pédagogie Médicale 2010-2011

Influence de l’enseignement sur le choix de la spécialité

Résultats d’une enquête auprès de 207 étudiants de DCEM 4

Sonia Gaucher, APHP Hôtel-Dieu de Paris, Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité

Dominique Thabut, APHP Hôpital Pitié-Salpêtrière, Université Pierre et Marie Curie

2

Table des matières

Résumé ....................................................................................................................................... 3

mots clés ..................................................................................................................................... 4

Rationnel ou Pourquoi s‟interroger sur l‟enseignement du choix de la spécialité? ................... 5

Matériel et méthodes .................................................................................................................. 6

Résultats ..................................................................................................................................... 7

Caractéristiques démographiques et sociales ......................................................................... 7

Paramètres caractérisant le choix de la spécialité .................................................................. 9

L‟impact de l‟enseignement dans le choix de la spécialité .................................................. 14

Discussion ................................................................................................................................ 17

Les limites de l‟étude ........................................................................................................... 17

Les facteurs de choix déterminants ...................................................................................... 17

Conclusion et perspectives ....................................................................................................... 19

Références ................................................................................................................................ 20

Annexe 1 .................................................................................................................................. 22

3

RESUME

Rationel. Les facteurs déterminants le choix de la spécialité, médicale ou chirurgicale, sont

multiples.

Objectif de l’étude. Evaluer dans la population des étudiants de DCEM 4 de l‟Université

Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité et de l‟Université Pierre et Marie Curie de Paris les

facteurs qui déterminent le choix de la spécialité, et préciser l‟impact éventuel de

l‟enseignement dans le choix de la spécialité.

Méthodes. Etude prospective sur la base d‟un questionnaire administré par internet après les

épreuves de l‟ECN 2011 permettant le recueil de données socio-démographiques, sur le choix

de carrière, sur les facteurs influençant le choix de la spécialité, et sur l‟impact de

l‟enseignement sur le choix de la spécialité.

Résultats et conclusion. 865 étudiants de DCEM 4 ont été contactés. 207 étudiants (dont

67% de filles) ont répondu au questionnaire. Durant les études, les étudiants ont changé en

moyenne 3 fois d‟avis (extrêmes 0-10) quant au choix de spécialité. C‟est en 5ème

année que

près de 60% des étudiants ont arrêté leur choix. Le choix de la filière variait significativement

entre le début et la fin des études médicales (p<0.0001), avec un désintérêt significatif pour la

filière chirurgicale (p<0.0001). Au moment de formuler le souhait définitif, plus de garçons

que de filles choisissaient la filière chirurgicale (19.8% vs. 9.9%, p=0.04). La filière médicale

était autant choisie par les garçons que par les filles (37.7% vs. 35.5%, p=0.75). Le facteur de

choix prédominant était l‟intérêt porté à la spécialité. Le deuxième facteur était la qualité de

vie. L‟impact de l‟enseignement était majeur, ce d‟autant qu‟il était reçu lors du stage clinique

(88% des cas). Les PU-PH influencaient le choix dans 50% des cas. A l‟inverse, 10% des

étudiants étaient découragés par un enseignant qui était un PU-PH dans 50% des cas. Nos

résultats soulignent combien les qualités d‟enseignant sont primordiales chez les médecins

hospitalo-universitaire. Le choix de la spécialité n‟étant pas enseigné de façon spécifique,

nous proposons de l‟enseigner aux étudiants de DCEM 3 dans le cadre d‟un module

optionnel.

4

MOTS CLES

étudiants DCEM 4, choix de spécialité, questionnaire, enseignement, stage clinique.

5

RATIONNEL OU POURQUOI S’INTERROGER SUR

L’ENSEIGNEMENT DU CHOIX DE LA SPECIALITE?

Certaines spécialités, médicales ou chirurgicales, sont insuffisamment choisies par les internes

(Bindal et al 2011, Hauer et al 2008, Khan et al 2011, Lefèvre et al 2011, Scott et al 2011,

Scott et al 2011).

Les facteurs déterminants le choix de la spécialité ont déjà fait l‟objet d‟un grand nombre de

publications (Beaulieu et al 2010, Borges et al 2010, Choucair et al 2007, Deedar-Ali-

Khawaja and Khan 2010, Glynn and Kerin 2010, Heikkila et al 2011, Katz et al 1984,

Kiolbassa et al 2011, Lefèvre et al 2010, Maudsley et al 2010, McCain et al 2010, Paiva et

al 1982, Ravindra and Fitzgerald 2011, Rouprêt et al 2011, Wright et al 2004). Les

facteurs rapportés sont multiples, soit intrinsèques, soit extrinsèques à l‟étudiant avec, pour

chaque facteur une influence soit positive, soit négative.

Ainsi, le choix de la spécialité peut dépendre du pays, du sexe, de l‟intérêt pour la spécialité,

des stages cliniques au cours des études (“clerkship”), de la durée de formation, des

conditions de travail, de la qualité de vie et du style de vie, de la personnalité, des valeurs

morales, du désir de prestige, de considérations financières, du mode d‟exercice, de

l‟opportunité d‟une carrière universitaire, de la possibilité d‟avoir une activité de recherche et

de publication, et enfin, de la façon de garer sa voiture (“barrier method”).

Bien que soit régulièrement évoquée la notion du mentor (“role model”, “mentoring”,

“mentorship”), qui au départ transmet son enthousiasme à l‟étudiant, que se soit au lit du

malade ou au bloc opératoire, puis le guide tout au long de son cursus, nous n‟avons pas

retrouvé de données sur l‟enseignement du choix de la spécialité dans la littérature médicale

récente (Ravindra et Fitzgerald 2011).

Notre enquête a été menée auprès des étudiants de DCEM 4 de l‟Université Paris Descartes,

Sorbonne Paris Cité et de l‟Université Pierre et Marie Curie de Paris. Notre objectif était

d‟évaluer dans cette population les facteurs qui déterminent le choix de la spécialité, et de

préciser l‟impact éventuel de l‟enseignement dans le choix de la spécialité.

6

MATERIEL ET METHODES

La première étape de notre travail a été la mise au point d‟un questionnaire (Annexe 1)

accompagné d‟une lettre. Ce questionnaire s‟est inspiré de questionnaires déjà publiés,

reprenant les différents paramètres associés au choix de spécialité dans la littérature (Beaulieu

et al 2010, Borges et al 2010, Choucair et al 2007, Deedar-Ali-Khawaja and Khan 2010,

Glynn and Kerin 2010, Heikkila et al 2011, Katz et al 1984, Kiolbassa et al 2011, Lefèvre

et al 2010, Maudsley et al 2010, McCain et al 2010, Paiva et al 1982, Ravindra and

Fitzgerald 2011, Rouprêt et al 2011, Wright et al 2004). Le questionnaire de cette étude a

la particularité de comporter un paragraphe spécifique dédié à l‟impact de l‟enseignement sur

le choix de la spécialité. Le questionnaire a été approuvé par le vice-doyen de l‟Université

Pierre et Marie Curie, et a reçu l‟aval de la scolarité de la faculté de médecine Paris Descartes

pour la diffusion.

Jusqu‟à l‟année universitaire 2010-11, le choix de spécialité se faisait d‟abord en choisissant

une filière, au moment du choix du 1er

semestre d‟internat. Onze filières étaient proposées:

spécialités chirurgicales, spécialités médicales, psychiatrie, anesthésie-réanimation, santé-

publique, pédiatrie, biologie médicale, gynécologie médicale, gynécologie obstétrique,

médecine générale et médecine du travail. Les étudiants devaient ensuite choisir leur

spécialité à l‟intérieur de la filière choisie.

A partir de l‟année universitaire 2010-11, en raison de la filiarisation, les étudiants seront

invités à choisir directement une spécialité. Cependant, pour plus de simplicité dans la lecture

des résultats, nous avons gardé la dichotomisation en filières puis détaillé les spécialités à

l‟intérieur de chaque filière.

Les 439 étudiants de DCEM 4 de l‟Universités Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité et les 426

étudiants de DCEM 4 de l‟Université Pierre et Marie Curie de Paris ont été contactés par

courriel à l‟aide des fichiers du service de la scolarité de chaque université.

Un message expliquait les objectifs de l‟étude et invitait les étudiants à répondre au

questionnaire disponible sur un site internet (http://www.vatoo.net/mpm/default.asp).

Volontairement, le sondage a débuté après les épreuves de l‟ECN 2011 pour toucher les

étudiants à un moment où ils seraient plus disponibles et donc susceptibles de répondre.

Les données de l‟enquête ont été extraites du serveur sous la sous forme d‟un tableau Excel.

L‟analyse statistique des données recueillies a été effectuée au moyen des tests de Fischer,

chi2, du t-test de Student et d‟une régression logistique pour l‟analyse multivariée. Pour toutes

les analyses, une valeur de p<0.05 était considérée comme statistiquement significative. Les

analyses ont été effectuées au moyen du logiciel NCSS 2007 (NCSS, Kaysville, UT, USA).

7

RESULTATS

Au total, 865 étudiants de DCEM 4 ont été contactés par mail. L‟analyse porte sur les 207

étudiants qui ont complété notre questionnaire en ligne, soit un taux de participation de 24%.

CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIALES

Les étudiants de DCEM 4 qui ont répondu sont en majorité des filles originaires de Paris et de

sa région. Pour la plupart, ces étudiants sont issus de classes socio-professionnelles élevées.

Dans plus d‟un tiers des cas, l‟un des parents au moins exerce une profession médicale ou

paramédicale. L‟âge moyen est de 24 ans (extrêmes 22-32). La description de la population

étudiée est détaillée dans le Tableau 1.

8

Tableau 1. Caractéristiques démographiques et sociales des 207 étudiants ayant répondu

au questionnaire.

Sexe M/F 33%/67%

Age* 24.1 ± 1.3

Académie d’origine (études secondaires)

Paris

Région Parisienne

Province

DOM-TOM

Pays étranger

43%

45%

8%

1%

2%

Niveau socio-économique

Statut boursier

Catégorie socio-professionnelle du père

Agriculteurs

Artisans, chefs entreprise, commerçants

Cadres, professions intellectuelles supérieures

Professions intermédiaires

Employés

Ouvriers

Retraités

Sans

Catégorie socio-professionnelle de la mère

Agriculteurs

Artisans, chefs entreprise, commerçants

Cadres, professions intellectuelles supérieures

Professions intermédiaires

Employés

Ouvriers

Retraités

Sans

11%

0%

6%

77%

5%

6%

1%

4%

1%

0%

5%

50%

16%

13%

1%

3%

12%

Profession médicale ou paramédicale chez l’un des parents 36%

Logement

Habite chez ses parents

Logement individuel particulier

Foyer étudiant

Autre

46%

49%

2%

3%

*médiane, écart-type

9

PARAMETRES CARACTERISANT LE CHOIX DE LA SPECIALITE

Le choix de la filière variait significativement entre le début et la fin des études médicales

(p<0.0001) (Tableau 2 et Figures 1a et 1b). Globalement, la filière chirurgicale connaissait un

désintérêt significatif (p<0.0001). Le choix des spécialités à l‟intérieur de chaque filière

variait aussi, de façon non significative (Figures 2a et 2b, 3a et 3b). Au moment de formuler

le souhait définitif, plus de garçons que de filles choisissaient la filière chirurgicale (19.8% vs.

9.9%, p=0.04). La filière médicale était autant choisie par les garçons que par les filles (37.7%

vs. 35.5%, p=0.75).

Les étudiants changent en moyenne d‟avis 3 fois (extrêmes 0-10) quant au choix de spécialité

durant le cursus médical.

C‟est en 5ème

année que près de 60% des étudiants ont arrêté leur choix. Dans notre

population, l‟intérêt pour la spécialité est le facteur le plus fréquemment retrouvé (96%), suivi

par la qualité de vie (56%). L‟ensemble de ces paramètres est présenté dans le Tableau 3.

En fin de cursus, le choix de spécialité chez ceux ayant choisi la filière “spécialités

médicales” avant résultats de l‟ECN n‟est pas arrêté pour 7% des étudiants.

Tableau 2. Distribution des filières choisies au début et à la fin des études médicales.

Début des études médicales (%) Fin des études médicales (%) p

Anesthésie-réanimation 2 6 <0.0001

Biologie 2 2

Gynécologie-obstétrique 4 7

Médecine générale-urgences 15 18

Pédiatrie 19 7

Psychiatrie 9 6

Santé Publique 2 1

Spécialités chirurgicales 21 13

Spécialités médicales 13 40

Pas d‟idée 13 -

Total 100 100

10

Figure 1. Choix de filière au début des études médicales (Figure1a) et à la fin des études

médicales (Figure 1b).

Figure 1a

Figure 1b

40%

18%

13%

7%

7%

6%6% 2%1%

Spécialités Médicales

MédecineGénérale/urgencesSpécialités Chirurgicales

Pédiatrie

Gynéco-obstétrique

Psychiatrie

Anesthésie-Réa

Biologie

Santé-Publique

11

Figure 2. Choix de la spécialité médicale au début des études médicales (Figure 2a) et à

la fin des études médicales (Figure 2b).

Figure 2a

Figure 2b

12

Figure 3. Choix de la spécialité chirurgicale au début des études médicales (Figure 3a) et

à la fin des études médicales (Figure 3b).

Figure 3a

Figure 3b

13

Tableau 3. Paramètres caractérisant le choix de la spécialité chez les 207 étudiants.

Nombre de changements d’avis quant au choix de la spécialité * 3 (0-10)

Année d’études médicales où la décision finale a été prise (avant résultats ECN)

1ère année

2e année

3e année

4e année

5e année

6e année

Choix non arrêté

5%

2%

8%

19%

58%

1%

7%

Facteurs motivant le choix de spécialité

Intérêt de la spécialité

Raisons financières

Qualité de vie

Choix d‟une inter-région particulière

Prestige de la spécialité

Intérêt académique

Identification à un modèle familial proche

Identification à un modèle familial proche chez les étudiant ayant au moins un parent médecin

96%

21%

56%

21%

14%

17%

6%

67%

Choix de spécialité modifiable pour rester dans une inter-région 39%

Choix d’inter-région modifiable pour choisir la spécialité voulue 84%

*moyenne, extrêmes

14

L‟IMPACT DE L‟ENSEIGNEMENT DANS LE CHOIX DE LA SPECIALITE

Chez 15% des étudiants, le souhait de choix de spécialité a été dicté par l‟enseignement. Chez

49% d‟entre eux, l‟enseignement a fortement influencé ce choix. A l‟inverse, 10% des

étudiants ayant fait un choix de spécialité ont été découragés par l‟enseignement et ont

renoncé à ce choix (Figure 4). Les résultats sont présentés dans le détail dans les Tableaux 4

et 5.

L‟influence maximale de l‟enseignement se produisait lors de la 5e année. Dans 88% des cas,

c‟est le stage d‟externe dans les services qui a influencé ce choix. Dans 42% des cas,

l‟enseignant ayant eu un impact sur le choix n‟appartenait pas au corps universitaire (Tableau

4). Chez les étudiants chez qui l‟enseignement avait découragé le choix de la spécialité,

l‟enseignant était un PU-PH dans 50% das car un un chef de clinique dans 17% des cas.

Inversement, lorsque le choix était dicté par l‟enseignement, l‟enseignant était un PU-PH dans

48% des cas, et un chef de clinique dans 19% des cas.

Les étudiants chez qui l‟enseignement avait une influence sur le choix de spécialité arrêtaient

plus tôt leur choix que les autres (p=0.04), et changeaient moins de fois d‟avis que les autres

(p=0.04) (Tableau 5).

15

Tableau 4. Paramètres propres à l’enseignement chez les étudiants pour lesquels

l’enseignement a influencé le choix de spécialité.

Tableau 5. Paramètres associés à l’influence de l’enseignement sur le choix de spécialité.

Impact de l’enseignement Pas d’impact de l’enseignement p

Age 24.1 1.1 24.2 1.5 0.36

Sexe masculin 32,8% 34,2% 0,83

Exposition au milieu médical dans l‟enfance 34% 40% 0,34

Niveau socio-économique élevé 61,5% 65,0% 0,29

Attache à une région particulière 58% 66% 0,13

Nombre de changements de décision 3 (2-4) 4 (3-5) 0,04

Année de la décision* 5 (4-6) 6 (6-6) 0,04

*médiane, range interquartile

Année où l’enseignement a influencé le choix de spécialité

1ère année

2e année

3e année

4e année

5e année

6e année

0%

3%

8%

30%

44%

15%

Type d’enseignement ayant influencé le choix

Faculté cours magistraux

Faculté enseignements dirigés

Stages d‟externes dans les services

Enseignement par un enseignant particulier

Enseignement par une équipe

4%

8%

88%

28%

72%

Enseignant ayant influencé le choix

Enseignant du corps universitaire

Fonction

PU-PH

MCU-PH

CCA

PH

Interne

Attaché

Autre

58%

35%

1%

22%

13%

22%

1%

6%

16

Figure 4. Impact de l’enseignement sur le choix de spécialité.

17

DISCUSSION

LES LIMITES DE L‟ETUDE

Il s‟agit de deux facultés de médecine parisiennes qui ne sont pas forcément représentatives

des facultés françaises

Le taux de participation est faible taux de participation mais déjà rapporté (taux de réponse de

Beaulieu et al 2010 = 30%). Aussi peut-on penser que peut être que seuls les étudiants

déterminés dans leur choix ont répondus et que ceux qui étaient indécis se sont abstenus.

La majorité des publications sont des publications anglo-saxonnes sur le cursus anglo-saxon.

Or les modalités du cursus français diffèrent, tant en ce qui concerne le programme des

facultés de médecine, le niveau d‟études au moment des premiers stages cliniques, le

regroupement des spécialités en filière, les modalités d‟entrée dans la spécialité (concours

versus examen dossier) et le coût des études.

Heikkilä et al 2011 relève que les femmes participent globalement plus que les hommes aux

études. Notre cohorte est majoritairement féminine ce qui a déjà été rapporté (Kiolbassa et al

2011, Rouprêt et al 2011), mais qui n‟est pas habituel (Bindal et al 2011, Khan et al 2011,

Choucair et al 2007). Or le choix se fait en fonction du sexe (Deedar-Ali-Khawaja and

Khan 2010, Scott et al 2011, Beaulieu et al 2010, Borges et al 2010, Heikkilä et al 2011,

Rouprêt et al 2011).

Nous ne connaissons pas le choix définitif des étudiants après résultats ECN. L‟espoir de

réussir ou la crainte d‟échouer a pu modifier inconsciemment la réponse des étudiants.

LES FACTEURS DE CHOIX DETERMINANTS

Le problème des spécialités désertées est, d‟une certaine façon, réglé. Le système de

filiarisation des affectations des postes d‟interne impose désormais un choix de spécialité

précoce, dès le premier semestre d‟internat. (Arrêté du 12 juillet 2010 déterminant pour la

période 2010-2014 le nombre d‟internes en médecine à former par spécialité et par

subdivision (NOR: SASH1018315A). Journal Officiel de la République Française, 20 juillet

2010). Cependant, il paraît tout de même intéressant de connaître les paramètres influençant

ce choix, afin d‟avoir des internes puis médecins motivés ne choisissant pas leur spécialité par

défaut. Notamment, les paramètres sur lesquels nous pouvons avoir un impact semblent tout-

à-fait importants. Ainsi, le niveau socio-économique ou le sexe sont des paramètres non

modifiables, alors que l‟enseignement est un facteur sur lequel nous pourrons jouer pour

recruter des internes intéressés et dynamiques.

Nos résultats sont superposables aux autres enquêtes (Bindal 2011, Deedar-Ali-Khawaja

and Khan 2010, Kiolbassa et al 2011). Dans notre étude, le facteur prédominant est l‟intérêt

pour la spécialité, ce qui est habituel. Le deuxième facteur est celui de la qualité de vie, qui est

un facteur émergent. Enfin, l‟impact de l‟enseignement reçu lors du stage clinique est majeur.

Cette notion est classiquement rapporté (Bindal et al 2011, Khan et al 2011, Paiva et al

1982). C‟est l‟étape clé du passage de témoin entre l‟étudiant qui a imaginé sa spécialité et le

18

tuteur qui transmet une image positive attractive. Katz et al 1984 a publié sur le fait que dans

le processus de choix de carrière, un facteur négatif avait plus de poids qu‟un facteur positif.

Ces constatations soulignent l‟importance des stages et des fondamentaux de notre métier de

clinicien à l‟heure où il n‟est plus questions que de publications en recherche fondamentale

dans les revues indexées.

De façon remarquable, 42% des étudiants étaient influencés par un enseignant n‟appartenant

pas au corps universitaire. Cela souligne le rôle des médecins non universitaires et incite à ne

pas trop cloisonner en réservant l‟enseignement strictement au personnel universitaire.

Notamment, puisque les stages d‟externes influencent majoritairement le choix, il paraît

important que les externes gardent un contact avec les internes et praticiens hospitaliers,

surtout lors de l‟enseignement au lit du malade.

Parmi les enseignants du corps universitaire, les PU-PH étaient ceux qui influençaient le plus

le choix, puisqu‟ils le dictaient dans 50% des cas. Il est probable que les PU-PH consacrent

plus de temps aux externes que les chefs de clinique, absorbés par bien d‟autres tâches au

moment où ils doivent en 2 à 4 ans construire leur avenir professionnel et prendre des choix

d‟orientation définitifs. Cela incite à notre sens à réserver l‟enseignement, au moins magistral,

à des médecins universitaires ayant un poste pérenne, dont c‟est une des missions. Par contre,

nous pensons qu‟un enseignement par les chefs de clinique lors des stages d‟externes est

indispensable, car la communication avec un enseignant plus proche en âge est souvent plus

facile.

Dix pour cent des étudiants ont été découragés par un enseignant, et celui-ci était PU-PH dans

50% des cas. Cela souligne à notre sens combien les qualités d‟enseignant sont primordiales

chez les médecins exerçant cette fonction, et incite à bien plus de rigueur dans le processus de

sélection des PU-PH en ce qui concerne l‟enseignement. Actuellement en France, alors que le

principal pré-requis pour accéder à cette fonction est le niveau de publications dans des revues

de rang A, il serait tout-à-fait raisonnable de proposer une évaluation des qualités

d‟enseignant du candidat, qui constituerait un tiers de la note, puisque les PU-PH ont 3

missions: clinique, recherche et enseignement.

19

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

L‟enseignement reçu lors des stages d‟externe à l‟hôpital impacte de façon significative le

choix de la spécialité. Dans 58%, cet enseignement est délivré par un universitaire, dont les

qualités d‟enseignant devraient constituer un pré-requis avant d‟accéder à cette fonction.

Le choix de la spécialité n‟est pas enseigné de façon spécifique.

Proposition d‟enseigner aux étudiants de DCEM 3 le choix de leur spécialité par la création

d‟un module optionnel à cheval sur les deux facultés de médecine (Bindal et al 2011, Cahan

et al 2011, Choucair et al 2007, Murdoch et al 2001, Wright et al 2004, Scott et al 2011):

- pour tordre le cou aux idées reçues de telle ou telle spécialité,

- pour accompagner le choix de l‟étudiant (dans sa stabilité ou son évolution),

- pour rationaliser le choix en confirmant ou en décelant des aptitudes,

- en s‟aidant d‟échelles validées et d‟une mise en situation pratique dans le cursus des

études.

La prise de conscience par l‟étudiant de ses envies et de ses aptitudes pourrait ainsi neutraliser

l‟effet de la filière et de la spécialité imposées.

20

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millennium: results from a national survey in France. Am J Surg 2011;202:237-42.

20. Scott I, Gowans M, Wright Wright B, Brenneis F, Banner S, Boone J. Determinants of

choosing a career in family medicine. CMAJ 2011;183:E1-8.

21. Scott I, Gowans M, Wright Wright B, Brenneis F. Determinants of choosing a career

in surgery. Med Teach 2011 [Epub ahead of print]

22. Wright B, Scott I, Woloschuk W, Brenneis F, Bradley J. Career choice of new medical

students at three Canadian universities: family medicine versus specialty medicine.

CMAJ 2004;170:1920-4.

22

ANNEXE 1

Impact de l’enseignement sur le choix de la spécialité des étudiants en fin de 6ème année de médecine

Mémoire du Pédagogie Médicale

Dr. Sonia GAUCHER & Dr. Dominique THABUT

Renseignements socio-démographiques

o Age :

o Sexe : H F

o Académie de votre obtention du baccalauréat :

o Boursier : Oui Non

o Lieu de résidence : Parents Foyer étudiant Logement particulier

Autre

o Profession de la mère :

o Profession du père : Choix de carrière

o Depuis quel âge voulez-vous être médecin ? : o A l’origine, quelle spécialité vouliez-vous choisir ? :

o Combien de fois avez-vous changé d’avis quant au choix de votre spécialité

au cours de vos études ? : o En quelle année d’études avez-vous arrêté votre choix ? :

o Quel est votre choix en fin de 6ème année (après passage ECN et avant

résultats) ? Spécialités :

Chirurgicales

Médicales

Psychiatrie

Anesthésie-Réanimation

23

Santé Publique

Pédiatrie

Biologie Médicale

Gynécologie Médicale

Gynécologie Obstétrique

Médecine Générale

Médecine du Travail o Précisez la spécialité que vous voulez choisir :

o Etes-vous prêt à modifier le choix de votre spécialité pour rester dans l’inter

région de votre choix :

Oui Non o Etes-vous prêt à changer d’inter région pour prendre la spécialité de votre

choix ?

Oui Non

o Souhaitez-vous exercer : Hôpital public si oui académique Oui

Non

Exercice Libéral

Mixte Facteurs influençant le(s) choix de la spécialité (choix multiples possibles)

o Intérêt propre de la spécialité

o Raisons financières

o Qualité de vie

o Choix d’une région particulière

si oui, est ce la région d’origine ? Oui Non

o Prestige de la spécialité

o Intérêt académique

o Identification à un modèle familial proche Influence de l’enseignement sur le choix de la spécialité

o Pensez-vous que l’enseignement que vous avez reçu a :

Dicté votre choix de spécialité

Conforté votre choix de spécialité

N’a eu aucun impact sur le choix de votre spécialité

A découragé un choix de spécialité o Si l’enseignement a influencé votre choix, en quelle année d’études étiez-

24

vous ? o Si l’enseignement a influencé votre choix, s’agissait-il de :

L’enseignement à la FAC cours magistraux

L’enseignement à la FAC cours ED

L’enseignement lors des stages d’externes o Si l’enseignement a influencé votre choix, est-ce un enseignement :

Particulier

Une équipe d’enseignants o Si un enseignant particulier a influencé votre choix, était-il :

Interne

PU-PH

CCA

Attaché

PH

Libéral

MCU-PH

Autres