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Notre dernier grand dossier consacré au travail des femmes remonte à 19921.En comparant l’information donnée il y a sept ans avec celle du présent numéro, force est de constater que la situation et les mentalités ont évolué, dans le bon sens ! Julie Payette, 35 ans, notre héroïne de page couverture, est la preuve exaltante qu’une femme peut aussi décrocher… la lune, si elle le veut.

Les femmes ont envahi le marché du travail, et elles sont là pour y rester. Mieux. Des pionnières ayant choisi d’exercer des professions et des métiers réputés très virils ont réussi à s’imposer et à obtenir le respect de leurspairs masculins.

Venons-en aux grands thèmes abordés dans ce numéro. Travailleuses et travailleurs sont-ils exposés aux mêmes dangers ? Font-ils face aux mêmes problèmes de santé et de sécurité ? Comment réagissent l’un et l’autre sexelorsqu’il est question de prévention? Nos reporters ont posé ces questions à unevingtaine de femmes de diverses allégeances. Leurs réponses et leurs témoignagesdevraient susciter une saine réflexion et nous permettre de mesurer le cheminqui reste à parcourir, pour le mieux-être de tous.

Ce petit mot de la rédaction ne saurait être complet sans un coup de chapeau à celles — et à ceux aussi ! — qui, depuis des années, se sont donnépour mission de faire évoluer les milieux de travail, de comprendre ce qui s’y passe — préjugés, dynamique, coutumes, etc. ; à tous les organismes, entreprises, groupes de recherche qui se sont intéressés aux problèmes des femmes, qui ont écouté ce qu’elles avaient à dire en matière de santé et de sécurité du travail. Après avoir lu les articles de ce numéro très féminin, nous espérons que, comme nous, vous arriverez à la conclusion que la prévention, dans les milieux de travail, est en voie de devenir une valeur… « hermaphrodite ». Tout va tellement mieux quand on partage le savoir-faire !

La section de la recherche à l’IRSST propose plusieurs articles, notamment sur les vingt ans du programme de comparaison interlaboratoire ; sur les presses-plieuses dans la fabrication de matériel de transport et de machines ; et sur un logiciel multimédia de formation sur les systèmes de boulonnage.Bonne lecture et bonnes vacances !

Note de la rédactionEn raison du caractère exceptionnellement volubile de ce numéro spécial, les rubriques « Lu pour vous » et « Santé et sécurité en images » font relâche. Elles reprendront du service au prochain numéro.

Tout un numéro au féminin pluriel !

M o t d e l a r é d a c t i o n

Mise en gardeLes photos publiées dans Prévention au travailsontle plus conformes possible aux lois et règlementssur la santé et la sécurité du travail. Cependant noslectrices et lecteurs comprendront qu’il peut êtredifficile, pour des raisons techniques, de représenterla situation idéale.

Été 1999Volume 12, no 3

Le magazine Prévention au travailest publié par la Direction des communications de la Commission de la santé et de la sécurité dutravail du Québec et par la Direction des communications de l’Institut de rechercheen santé et en sécurité du travail du Québec.

© CSST-IRSST 1999La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé :

CSSTDirection des communications1199, rue de Bleury, 11e étage C. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. (514) 864-7974Téléc. (514) 873-3991Site Internet : www.csst.qc.ca

IRSST505, boulevard de Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. (514) 288-1551Téléc. (514) 288-7636Site Internet : www.irsst.qc.ca

AbonnementsAbonnement Québec525, rue Louis-PasteurBoucherville (Québec) J4B 8E7Région de Montréal (514) 875-4444Autres régions 1 800 667-4444

Président du conseil d’administrationet chef de la direction de la CSST,et président de l’IRSSTTrefflé Lacombe

SECTION CSST

Directeur des communicationsPierre Benoit

Rédactrice en chefMonique Legault Faucher

Adjoint à la rédactrice en chef et secrétaire de rédactionFrançois Messier

CollaborateursSuzanne Blanchet, Suzanne Cohen, Diane Gagné, Édith Grenon, André Lachance,Micheline Paquette, Hélène Savard, Claire Pouliot, Claire Thivierge

RévisionTranslatex communications +, Lucie Duhamel

SECTION IRSST

Directeur général de l’IRSSTJean Yves Savoie

Directrice des communicationset rédactrice en chef Françoise Cloutier

Coordonnatrice à la rédactionet à la productionMarjolaine Thibeault

CollaborateursMario Bélisle, Gil Jacques, Isabelle Labarre,Bernard La Mothe, Danielle Massé, Nicole Ménard, Uriel Poitras, Linda Savoie,Claire Thivierge

Direction artistique et productionJean Frenette Design

Validation des photographies et illustrationsKetty Archer, Julie Courville, Laurent Desbois, Yvon Papin, Josée Sauvage,Suzanne Tremblay, Charles Taschereau,Conrad Trudel, André Turcot

ComptabilitéRachel Léonard

Photos de la page couvertureNASA et Agence spatiale canadienne, 1999

ImpressionImprimerie Canada inc.

DistributionSerge Fradette, Lise Tremblay

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecISSN 0840 7355

PRÉVENTIONA U T R A V A I L

Gouvernementdu Québec

1 « Le travail des femmes : rose ou noir? », vol. 5, no 1, janvier-février 1992.

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Voilà un atelier bien occupé ! Une automobile sèche dans la cabine à peinture, une autre à qui on refait

une beauté à l’extérieur, pas de temps à perdre ! Manon s’installe avec son fusil à peinture,

et c’est parti ! Sauf que… la peinture contient divers contaminants, dont des isocyanates qui,

en pénétrant dans l’organisme par les voies respiratoires, peuvent déclencher une réaction asthmatique,

de type allergique, chez 5 à 10% des personnes exposées. Sachant cela, pourriez-vous dire

quelles sont les erreurs commises dans cette mise en scène?

Les isocyanates

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Les erreurs

Évidemment, personne ne devrait pulvériser de la peinture à l’exté-rieur de la cabine puisque le brouillard qui se dégage est susceptible d’affecter la santé de tous les travailleurs de l’atelier. Y aurait-il lieude repenser l’organisation du travail?

Aucun respirateur à cartouche chimique (masque à cartouche) n’offreune protection respiratoire appropriée contre les isocyanates.

Les isocyanates pouvant provoquer des dermatites, Manon ne devrait-elle pas protéger ses mains, sa tête et son visage contre un éventuelcontact?

Les sources d’inflammation (telle une lumière chauffante) et les pro-duits inflammables ne devraient jamais se trouver à proximité.

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de peinture dans une cabine bien ventilée, on évite de contaminer l’air de l’atelier avec des isocyanates libresou des vapeurs inflammables, et ons’assure qu’aucune flamme nue n’estprésente à proximité du lieu de l’opé-ration. Comme quoi une bonne plani-

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Les corrections

Toute pulvérisation de peinture, y compris la couche de fond, produit unbrouillard que la ventilation généraled’un atelier ne peut expulser totale-ment. En maintenant tous les travaux

fication du travail constitue un atout deplus pour prévenir les lésions profes-sionnelles.

La cabine où se trouve Manon est àventilation verticale, un des meilleurssystèmes qui soit, à l’heure actuelle.L’air provient de l’extérieur et il circuledu haut vers le bas. Le système aspireles gaz, les vapeurs et les aérosols à lahauteur de la pulvérisation, ce qui limiteleur concentration dans la zone respira-toire du peintre. Il ne faut surtout pasoublier de compléter la protection indi-viduelle par un équipement approprié.

Manon porte un respirateur à adduc-tion d’air (masque complet) qui luifournit de l’air frais de l’extérieur. Enoutre, comme on soupçonne les isocya-nates de provoquer la réaction aller-gique par simple contact cutané, elleendosse une combinaison, dont le capuchon protège sa tête et son visage.Elle porte aussi des gants en nitrile, résistants aux produits chimiques.

Pourquoi prendre des risques ?Mieux vaut redoubler de prudence etéviter toute forme de contact avec lesisocyanates ! ❏

Claire Pouliot

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Les photos ont été prises à l’Atelier de carrosse-rie du Centre de formation Compétence de laRive-Sud, de la Polyvalente La Magdeleine. Nos remerciements aux gestionnaires du centre :Pierre Marchand, directeur ; Suzanne Bourque, directrice adjointe, et Michel-André Préfontaine,directeur adjoint.

Nos collaborateurs : Christian Tardif, formateuren mécanique et carrosserie au Centre de forma-tion ; Jean-Yves Vincent et Gérald Gauthier del’ASP Auto Prévention ; Yvon Papin, conseiller,Direction de la prévention-inspection (CSST) et Conrad Trudel, inspecteur à la Direction régionale de Longueuil.

Les comédiens : Manon Loiselle, étudiante envente de pièces mécaniques, et Mathieu Lemay,étudiant en carrosserie.

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Julie au travail...Vêtue d’une combinaison pesant 50 kilos, Julie Payette plonge dans lapiscine du Neutral Buoyancy Laboratory du Sonny Carter Training Facility, tout près du Centre spatial Lyndon B.Johnson à Houston. But des exercicesrépétés sous l’eau, dans les airs et sur des simulateurs : apprendre à maîtriserles techniques de survie en cas d’urgence.Les mesures de sécurité existent aussipour les explorateurs de l’espace !

Julie parle six langues et joue deplusieurs instruments de musique. Elle est ingénieure et a notamment faitdes recherches en reconnaissance vocale eten technologies interactives appliquéesau domaine spatial, en plus de détenir le grade de capitaine de jet militaire. Elle est la première astronaute de l’Agence spatiale canadienne à participerà l’assemblage de la station spatialeinternationale. Advenant un malaise du pilote, elle pourrait ramener la navetteDiscovery sur terre. Julie est un exempleexaltant pour les jeunes qui s’apprêtent à faire des choix de carrière.

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travail !

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Prévention au travail a réuni des femmes provenant de différents milieux pour recueillir leurs réflexions sur

les problèmes de santé et de sécurité du travail auxquelsfemmes et hommes sont exposés, et sur les perceptions desunes et des autres en matière de prévention. Ont participé

à la table ronde Esther Cloutier, chercheuse à l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail (IRSST),

Marie-Josée Legault, professeure à Télé-Université, Louise Morrissette, conseillère à l’association sectorielleparitaire, secteur Affaires sociales (ASSTSAS), Monique

Lortie, ergonome et chercheuse à l’Université du Québec à Montréal, Michèle Cousineau, médecin en santé

du travail. Denise Turenne, présidente-directrice généraledu Centre patronal de santé et de sécurité du travail

du Québec a opté pour le rôle d’observatrice.

Prévention au travail ● Au travail, les hommes et les femmes sont-ils exposés aux mêmes problèmes, enmatière de santé et de sécurité ?Esther Cloutier ● Pas du tout. Lesproblèmes auxquels ils font face sontsurtout liés à la tâche, au travail ac-compli. Or, les femmes ne travaillentpas dans les mêmes secteurs d’acti-vité que les hommes. Et, quand c’est le cas, elles n’exécutent pas les mêmestâches qu’eux.Marie-Josée Legault ● Parce que lesfemmes sont souvent dans des secteursà concentration féminine, et qu’il existeune ségrégation professionnelle, on nesait pas vraiment quels seraient les pro-blèmes des hommes, dans les mêmescontextes. Et puis, il ne faut pas oublierles troubles physiologiques propres aux femmes, ne serait-ce que ceux del’appareil reproducteur.

PT ● Peut-on se fier aux statistiquessur les lésions professionnelleshommes-femmes ?Louise Morrissette ● Les statisti-ques nous révèlent un certain nombrede choses. Mais elles ne disent pas tout. Dans le secteur des garderies, trèsfaiblement syndiqué, il y a un phéno-mène de sous-déclaration très impor-tant : les accidents du travail ne sontpas tous déclarés. Souvent les femmess’absentent pour cause de maladie. Résultat? Le lien avec le travail n’estpas toujours fait.Monique Lortie ● Les statistiquesd’accidents ne couvrent qu’un aspectde la santé au travail. Les maladies professionnelles sont, en général, sous-représentées.

PT ● S’entend-on au moins sur la nature des risques ?MJL ● Il y a un problème concernantla définition de l’effort dans l’évalua-tion d’une tâche, de sa pénibilité. Dansles tâches à prédominance masculine, il y a souvent des efforts physiques de nature subite ; exemple : lever un grospoids, occasionnellement. Pourtant,dans l’industrie du vêtement, entreautres, les femmes peuvent souleverdes poids plus légers, mais de façontellement fréquente que ça entraîne des lésions musculosquelettiques.LM ● Une étude publiée l’an dernierdans la revue Objectif Préventionmontre que, dans le milieu hospitalier,contrairement à ce que l’on croit, il n’y a pas que les hommes qui font les

efforts physiques les plus violents. Lesfemmes en font aussi, encore plusqu’eux. Mais, l’étude le souligne, cen’est la perception ni des femmes ni deshommes. Il faudrait s’y intéresser, carles images qu’on a ne reflètent pas laréalité.ML ● Il y a peut-être un problème de reconnaissance de ce que sont lesrisques en soi. C’est vrai qu’au départ,on s’occupait seulement de travail phy-sique comportant des efforts considé-rables. Il a fallu du temps avant dedécouvrir que le travail répétitif étaitdur pour les articulations. Même chosepour la position statique. Mais, sommetoute, sur le plan physique, la recon-naissance des risques a évolué. Pour ce qui est des risques psychiques, une évolution est souhaitable. Il n’y a pasde reconnaissance claire de ce qui est àrisque, à l’heure actuelle.MJL ● Exemple : la concentrationnécessaire pour exécuter plusieurstâches rapides en même temps, pourgérer les imprévus, ne serait-ce quedans les tâches comme la couture.Autre exemple : la réceptionniste quifait quatre ou cinq choses en mêmetemps. Ces stress supplémentaires sont plus reconnus qu’avant dans lesévaluations d’emploi.ML ● La définition de maladie profes-sionnelle pose également problème. Audépart, les maladies déclarées étaientsurtout reliées à l’environnement, auxproduits toxiques, entre autres. Et lesmaladies professionnelles étaient trèsspécifiques de certaines expositions et de certains secteurs. L’amiantose en est un bon exemple. Or, de nosjours, de plus en plus de maladies professionnelles sont d’origine multi-

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factorielle. Ainsi, une multitude de facteurs peuvent être à l’origine deproblèmes musculosquelettiques ou de santé mentale au travail comme hors travail. Leur reconnaissance estdonc plus difficile.MJL ● Il y a un autre danger inhé-rent aux femmes dans les secteurs non traditionnels : le risque de harcè-lement et d’agression. Exemple : dansle secteur de la voirie, une femme se fait enfermer dans un trou d’hommependant cinq heures. C’est une blague,paraît-il. C’est juste pour rire ! C’estson initiation…

PT ● Qu’en est-il des préjugés en cequi a trait à la santé et à la sécuritédu travail ?

MJL ● J’allais jus-tement évoquer desanecdotes là-dessus. Jene sais pas si vous con-naissez le phénomène d’évanouissement enchaîne, documentéd e p u i s u n s i è c l e ,touchant les femmes,dans les entreprises. Ils’est produit, notam-ment, dans un centrede calcul universitaire,

en 1972, et on l’a attribué alors à unehystérie de masse. On a commencé à se poser des questions sur les fac-teurs environnementaux prévalant dans ces entreprises. On fait des recherches,actuellement, pour vérifier s’il n’y au-rait pas des substances neurotoxiquesauxquelles les femmes seraient plussensibles, ou qui seraient plus présentesdans ces industries employant desfemmes. Au départ, on n’a pas essayéde voir au-delà, parce qu’on était convaincu que les femmes sont pré-disposées à l’hystérie. Mais est-ce sifacile d’affirmer qu’il peut y avoir hystérie de masse? Ça met égalementen lumière le problème des symptômesnon spécifiques. S’évanouir, ce n’estpas comme se couper un doigt, le lienavec le travail n’est pas clair.EC ● On a observé le même phéno-mène dans des ateliers de microélec-tronique où les femmes faisaient descrises de nerfs. C’était perçu, au départ,comme de l’hystérie collective. Maisles études ont montré qu’elles étaientexposées à des cadences très élevées, à un travail hautement répétitif, et lescontremaîtres étaient extrêmementrigides, alors les employés craquaient.Ce n’était pas relié au fait d’être unefemme ou un homme.

LM ● Je me souviens d’un colloque surl’ergonomie, au début des années 1990.Parce que nous suggérions d’installerdes lève-personnes dans les chambrespour déplacer les gens, nous avons été traités de « pelleteux de nuages » !Dans le réseau de la santé, on en étaità se dire : « on pourrait se payer le luxede combien d’équipements de ce genrepour soulager le travail ou améliorer les conditions de travail de gens qui ont àdéplacer, quotidiennement, et sur unebase régulière, pendant tous les quartsde travail, des charges vivantes de 70, 80, 90 kilos? » La mécanisation desecteurs industriels est perçue commenormale, car les charges à déplacer sontlourdes; or, ces mêmes charges, dansun secteur de soins à prédominanceféminine, on ne les reconnaît pas,comme si c’était un caprice de vouloiraméliorer ces situations de travail !MJL ● En fait, l’évaluation du risquediffère selon qu’on a affaire à un homme ou à une femme. Exemple : il ya un risque de choc post-traumatiquelorsqu’on est gardien de prison et qu’ontrouve un détenu pendu ou baignantdans son sang, dans sa cellule. Mais,quand on étudie les décisions rendues en matière d’indemnisation, dans ce domaine, on se rend compte que les

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PT ● Les responsabilités familiales desfemmes ont-elles une influence surleur santé et leur sécurité au travail ?ML ● C’est là une grande constante sociale : les femmes prennent la chargedominante des responsabilités fami-liales, des enfants. Et ça va rester ainsipour bien longtemps. Michèle Cousineau ● En fait, le mi-lieu de travail exige des femmes lamême chose qu’il exige des hommes.Mais, en plus, la société leur demandede continuer à jouer pleinement leurrôle de mères de famille. La doubletâche, pour moi, c’est très présent en

matière de santé et de sécurité au travail. Il faut toujours tenir compte de la fragilisation et de la vulnérabi-lité des femmes dues à l’exposition audouble facteur de risque. Qu’on leveuille ou non, la femme a encore lacharge morale du foyer. Même avec leshommes les plus roses, les plus colla-borateurs, elle a cette préoccupation en tête et, concrètement, elle a aussi les tâches ! J’ai vu, dans des milieux traditionnels comme dans les servicespublics, par exemple, que même le syn-dicat n’admettait pas l’idée du tempspartiel pour des femmes élevant de jeunes enfants. Même si elles accep-taient une diminution de salaire en conséquence : c’était trop compliqué àorganiser ! On n’exigerait jamais d’unhomme qu’il travaille douze heuresparjour, sept jours sur sept. Pourtant on le demande aux femmes!

PT ● L’attitude des femmes face à laprévention?MC ● Je crois qu’elles sont plus facile-ment ouvertes aux idées de prévention.Elles sont habituées à gérer une mai-son. Et gérer une maison, c’est faire dela prévention, de l’organisation et de laplanification. Par contre, les femmesont aussi la même résistance que leshommes face à la prévention : il y a une banalisation du danger lorsqu’ellessont en terrain connu. Mais, lorsqu’oncommence à faire de la sensibilisation,les femmes s’engagent beaucoup plusrapidement, et elles font preuve debeaucoup plus de créativité. C’est monexpérience personnelle.EC ● Moi, ce que j’ai constaté dans l’étude que j’ai faite dans le secteur dessoins à domicile, c’est que les femmessont conscientes de leurs limites, etelles essaient toujours de travailler encollaboration avec la personne pour laprotéger et se protéger elles-mêmes.Elles lui expliquent très clairement,dans les cas où celle-ci est moins au-tonome, par exemple, comment ellesvont s’organiser, même si ça prend plusde temps — et le temps est un enjeumajeur actuellement dans le secteur dela santé — pour éviter des chutes depersonnes ou des lésions musculo-squelettiques pour elles-mêmes.ML ● C’est vrai que les femmes sontplus préventives dans certains secteurs,mais dans d’autres, je suis loin d’enêtre certaine. Parce qu’elles viennent de milieux où on ne revendique pas

plaintes formulées par des hommes sontbien reçues. On estime qu’il est normal— comme aussi pour les policiers aprèsun hold-up — qu’ils souffrent d’un chocpost-traumatique et qu’ils aient uncongé de maladie. S’il s’agit d’unefemme, on se demande si elle avait la constitution pour occuper l’emploiparce que, à cause de la définition, tou-jours, c’est perçu comme un risque inhérent à sa tâche. On se dit qu’elleréagit pas mal fort, qu’elle n’est peut-être pas faite pour ce métier-là? Je trouveça désolant et très grave. Hommes etfemmes, mêmes dangers? Je suis inca-pable de répondre oui, à cause de ça.C’est-à-dire que le risque est le même,mais il n’est pas perçu de la mêmefaçon. Dans une société idéale, oui, ceserait les mêmes perceptions, mais onn’est pas dans une société idéale…ML ● Dans une société idéale, lesrisques seraient absents !

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souvent. C’est culturel : les mères nerevendiquent pas beaucoup de meil-leures conditions de travail. Ainsi, lesgarderies sont le reflet de ce qui sepasse dans les maisons, d’une certainefaçon. Je ne suis pas certaine, donc, quedans certains domaines ça n’entraîne pas, au contraire, une diminution de laprévention.EC ● Le secteur de la santé, c’estcomme la continuation du travail à domicile. La bonne maman qui s’occupe de sa famille ! Le domicile estperçu comme un havre de paix. On nele voit pas comme un lieu où il peut yavoir des risques pour la santé et lasécurité. Quand la travailleuse arrive,elle n’est pas toujours portée à deman-der des aménagements, des amélio-rations. Elle veut respecter le cadre devie des gens. Par contre, ailleurs, c’estdifférent. Dans une grande entreprisedu secteur de la métallurgie, les gensétaient assez réticents, au départ, au fait que des femmes viennent occu-per des emplois similaires au leur. Mais l’an dernier, lors d’un colloque,des travailleurs sont venus témoignerpour dire que l’arrivée des femmesavait eu un effet extrêmement béné-fique pour eux : l’aménagement despostes et l’environnement de travail se sont beaucoup améliorés et ils enbénéficient.MC ● Il faut profiter de l’ouverture desfemmes, en matière de prévention, pourcommencer, de façon quasi systéma-tique, à élaborer des programmes d’in-tervention en partant des collectifs detravail, qui sont très créatifs et très effi-caces. Parce que si vous prenez juste unspécialiste de la prévention pour lefaire, vous allez provoquer une levée deboucliers. Des résistances vont surgir,même face à la chose la plus logiqueau monde. Il faut arrêter de produiredes belles théories de la prévention etrevenir à la base. Travailler avec lescollectifs de travail et leur faire mettreles problèmes en évidence. Les admi-nistrateurs en ont bien peur. Ils crai-gnent que ça tourne en chasse auxsorcières. Mais, si on le fait en disantqu’on n’est pas là pour chercher descoupables, mais des solutions, on peutarriver à travailler tous ensemble. ❏

Édith Grenon

Denise Turenne, présidente-directrice générale du Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québec, a faitparler les statistiques de laCSST. « Les chiffres montrentque les risques d’accidents dutravail, de maladies profes-sionnelles et de décès sontmoindres chez les femmes,probablement en raison dessecteurs d’activité dans les-quels elles travaillent. Sur 133 362 accidents du travail survenus au Québec en 19971, 29546 ont touché des femmes,

soit une proportion de 22,2 %. Ce taux passe à 35,4 % en ce qui a trait aux maladies professionnelles. Enfin, sur 109 décès résultant d’un accident, cinq des victimes sont des travailleuses ;et sur les 93 personnes décédées à la suite d’une maladie, il y a deux femmes. » Le Centre rappelle qu’un rapport américain2

publié en février 1998 fait le même constat : le taux de morta-lité au travail est beaucoup plus bas chez les femmes. « On peuten conclure que les hommes ont un risque accru de lésions pro-fessionnelles et de décès. Qu’ils sont probablement exposés à desdangers différents et plus grands, de par leur type de travail etleur secteur d’activité. Mais, avec l’arrivée d’un nombre de plusen plus important de femmes dans les métiers non traditionnels,la situation pourrait changer. »

Les problèmes de santé et de sécurité diffèrent aussi, estimeMme Turenne. « Les femmes souffriraient davantage de maladiesdu système nerveux, de troubles musculosquelettiques, d’infec-tions. Et de stress, probablement parce qu’elles occupent despostes où la relation d’aide est fondamentale, et aussi à cause de leur double tâche — travail et famille. Elles sont aussi plus souvent victimes de harcèlement sexuel et de violence au tra-vail. Les secteurs où elles travaillent en majorité ressortent : usinesde textile, salons de coiffure, hôpitaux, bureaux, etc. La pré-pondérance des femmes dans ces milieux fait peut-être en sorteque les problèmes de santé qu’on y observe sont classés commeétant des problèmes de femmes. »

Le Centre patronal croit qu’il serait intéressant de bien faire l’analyse de ce qui arrive aux hommes, et aux femmes, et ce, au-delà des préjugés. « Quand une entreprise cerne bien un problème propre à une population à risque, qu’elle le documente,c’est plus facile pour elle de trouver des solutions. » ❏

1 CSST, Direction de la statistique et de la gestion de l’information.2 US Department of Health and Human Services.

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Des chiffres et des femmes

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Les femmes constituent aujour-d’hui près de 45 % de toute lamain-d’œuvre du Québec, alorsqu’elles n’en représentaient que25 % en 1981. Et 85 % d’entreelles travaillent dans des secteursd’emploi non réglementés enmatière de santé et de sécuritédu travail. L’évaluation des typesd’emplois prioritaires, aux finsde la réglementation en cettematière, se base avant tout surles accidents du travail, et exclutles absences en raison de mala-die. Or, les femmes sont plussouvent victimes de maladiesprofessionnelles que d’acci-dents du travail3. Ces statisti-ques, bien sûr, ne pouvaientlaisser la Commission de la santéet de la sécurité du travail (CSST)indifférente… À l’instar d’autres

organismes, la CSST a pris desengagements auprès du gou-vernement du Québec pour contribuer à la mise en œuvredu Programme d’action 1997-2000 pour toutes les Québé-coises. Et ce ne sont pas là devains mots, comme le souligneCarmen Vaillancourt, respon-sable du dossier de la conditionféminine à la CSST. « Les projetstrès concrets que nous menonsactuellement témoignent de la volonté de l’organisme de jouer un rôle de premier plan enmatière de condition féminine.Ainsi, des interventions régio-nales et sectorielles sont en cours.Sur le plan sectoriel, à l’intérieurde notre projet visant à prévenirles accidents du travail et lesmaladies professionnelles dans

les centres de la petite enfance,nous collaborons avec l’Associa-tion pour la santé et la sécuritédu travail, secteur Affaires so-ciales, à la réalisation de la revueSans pépins, un outil d’informa-tion en santé et sécurité adaptéà ce milieu bien particulier. Nousnous intéressons aussi à d’autressecteurs où les femmes sontprésentes, notamment le travailà domicile, le travail dans lesmétiers non traditionnels tels ledébosselage, la mécanique au-tomobile et la construction. Eneffet, avec l’association secto-rielle Auto Prévention, une cam-pagne de sensibilisation est encours. Elle vise à prévenir les accidents et les maladies chez lestravailleurs et les travailleuses,tout en soutenant énergique-ment l’intégration des jeunesfilles et des femmes aux métiersde l’automobile.

« De plus, en novembre 1999,nous participerons au 35e Mon-dial des métiers. Dans ce cadre,un colloque international sedéroulera à Montréal sous lethème Zoom sur les femmesdans les métiers non tradition-nels. La CSST s’intéresse égale-ment aux conditions de travaildes femmes des autres pays.Ainsi, dans le cadre du pro-gramme gouvernemental decoopération tuniso-québécois,nous collaborons, avec le Centretunisien de recherches, d’études,de documentation et d’infor-mation sur la femme (CREDIF), àun projet visant l’améliorationdes conditions du travail desfemmes dans les métiers du tex-tile, toujours dans une optiquede santé et de sécurité. »

Il y a encore bien d’autres projets en préparation… Unetendance se dégage, cepen-dant : la volonté très claire de laCSST d’améliorer les conditionsde vie au travail des femmes. ❏

3 MESSING, Karen et Sophie BOUTIN. « Lesconditions difficiles dans les emplois desfemmes et les instances gouvernementales en santé et en sécurité du travail », Relationsindustrielles, 1997, vol. 52, n° 2.P

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La CSST et les femmes

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travailler dans ce milieu. Il faut uneforte personnalité. Celles qui n’arriventpas à jouer le jeu comme les hommesne restent pas dans le métier. Il fautfoncer, se faire connaître, parler d’égalà égal pour arriver à se faire respecter.Quand on se fait apprécier, on obtientplus de service. » Diana estime que lesfemmes ont leur place sur les chan-tiers de construc-tion, en particulieren ce qui a trait à

Chantal Bérubé, ingénieurerésidente, Hydro-Québec,Chantier Sainte-Marguerite 3Née dans une famille de mineurs — plusieurs des siens ont eu des acci-dents dans des excavations souter-raines — Chantal prend la sécurité des travailleurs doublement au sérieux.« Mes interventions techniques sur lechantier visent à faciliter la réalisationdes travaux et à les rendre plus sécuri-taires tout en respectant les critères deconception. Mes collègues masculinstrouvent que cette façon de travaillerdénote un petit côté maternel.

« Je remarque que les hommes sontplus téméraires que les femmes. Ilsprennent plus facilement des risques.Ainsi, certains se passeraient volon-tiers de harnais lorsqu’ils travaillent enhauteur. À mon avis, les femmes sontplus exigeantes en ce qui a trait à lasanté et à la sécurité. Pour ma part, jefais en sorte que les problèmes se règlent à la source. Lors des travauxd’excavation en tunnel, par exemple,j’exige que les boulons de consolidation

soient installés au fur et à mesure del’avancement du front de taille. Si on me fait remarquer que c’est coûteux,je réponds que ce qu’on ne paie pastout de suite, on finit par devoir lepayer plus tard. Si les mesures appro-priées ne sont pas prises, des accidentspourraient se produire et entraîner descoûts encore plus élevés. »

Difficile pour une femme de faire respecter son avis dans un milieu

majoritairement masculin ? ChantalBérubé soutient n’avoir pas rencontré de problèmes. « Il devrait y avoir plusde femmes sur les chantiers. Cela amé-liorerait l’aspect sécuritaire. Je sais quele personnel sur le chantier est très sensible à l’attention que j’accorde àleur sécurité. Sur le plan des relationsprofessionnelles, la présence de femmesparmi des hommes constitue une excel-lente combinaison. » Et quand cela nesuffit pas? « J’entretiens une excellentecomplicité avec la CSST, le responsablede la sécurité industrielle et les agentsde prévention. Je parviens généralementà mes fins. Mais cela aiderait que leCode du travailsoit plus précis en ma-tière de santé et de sécurité. »

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Perçoivent-elles la santé etla sécurité sur les chantiersdifféremment des hommes?Sont-elles prises au sérieuxautant que leurs collèguesmasculins quand ellesveulent faire appliquer des mesures de sécurité ?Affaire de doigté?

Une main d’acier dans un gant de soie

Femmes ingénieures sur les chantiers

1996 : une vue du chantier Rome, à Brossard.

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Diana Oprin-Ruxanda,ingénieure chargée de projets pour le Groupe Conseil GenivarOriginaire de Roumanie, Diana tra-vaille dans le domaine de la construc-tion depuis 1974. Son travail consiste à superviser l’exécution de grands projets comme la construction de réser-voirs d’eau, d’usines d’épuration, deponts et de routes. « Ce ne sont pastoutes les femmes qui sont capables de

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la santé et à la sécurité. « Elles ont uneattitude bien différente. Elles ont plusle sens de la valeur de la vie. Ellessavent observer et sont très attentives.Ce qui fait aussi la force des femmes,c’est leur diplomatie qui les aide à parler aux gens, qu’ils soient journa-liers, surintendants ou ingénieurs, et àcréer des liens intéressants qui leur servent quand elles veulent obtenir lerespect des mesures à prendre en vued’éviter les accidents. » Diana ajoute :« Quand cela s’impose, je réclame desinterventions, visant à garantir la sécu-rité, qui peuvent paraître coûteuses au premier abord. J’ai toujours réussi à mettre en application les mesures prescrites, quitte à recourir à la CSST.En fin de compte, les hommes appré-cient que je me soucie de leur santé et de leur sécurité. »

Lyne Plante, ingénieure de projet pour la compagniede construction R. Blais et filsLyne a travaillé sur de nombreux chan-tiers, en Abitibi. Son dernier projet ?Une usine de traitement de minerais.« Je sens que je suis plus vigilante que mes collègues masculins, que jeperçois davantage le danger. J’observebeaucoup, je fais énormément de véri-fications. J’estime qu’on fait des éco-nomies sur le plan de la santé et de la sécurité en maintenant le chantierpropre et efficace. Quand je repère unproblème de sécurité, je le dis tout desuite et souvent, cela suffit pour qu’uncorrectif soit apporté. D’ailleurs, çapasse mieux quand c’est une femme quile dit. Les hommes sont trop en com-pétition, ils n’aiment pas que d’autreshommes leur fassent des remarques. De la part d’une femme, c’est perçucomme une preuve d’attention. J’es-time être écoutée dans 99 % des cas.Les bonnes relations que j’entretiensavec les personnes responsables de lasanté et de la sécurité me sont aussiparticulièrement utiles. »

Avis aux intéressées ! LeFRONT, ou Femmes regrou-pées en options non tradi-tionnelles, se cherche desfilleules. Cet organismen o n g o u v e r n e m e n t a l est composé de femmespartageant un point com-mun : elles travaillent dansun monde d ’hommes !Avec, évidemment, ce queça peut représenter commeinconvénients : commen-taires désobligeants, sur-tout au début (Elle ne serajamais capable ! Quellechialeuse ! etc.), équipe-ments de sécurité conçus

pour géants, installations sanitaires inexistantes… Le but de l'organisme : briser l'isolement de ces femmes qui, souvent, sont les seules représentantes du sexe féminin dans leur équipede travail.

Linda Boisclair est présidente du FRONT depuis sa création,en 1992, et travaille aux services techniques à la clientèle chezGaz Métro. « Qu'on soit syndiquée ou pas, dans une grande ouune petite entreprise, on a toujours une preuve à faire. Audébut, c'est difficile. Puis, on regarde les gars travailler, on voit que ce qu'ils font n'est pas toujours parfait. Alors on arrêtede vouloir absolument être plus que parfaite. Mais on se rendbien compte que le droit à l'erreur, ce n'est pas pour nous.Rayon relations entre collègues, en général ça va bien. Il y a toujours une minorité carrément hostile, surtout dans lessecteurs vraiment traditionnels, comme la construction. Heureu-sement, on a des alliés. Il y a beaucoup d’hommes qui ne sontpas à l'aise avec les comportements sexistes. »

Le dernier colloque du FRONT s’est déroulé au printemps 1999et portait sur le marrainage. « Le thème? Les marraines cherchentdes filleules. Nous, quand on a commencé dans ces métiers-là,on n'avait pas de modèles. Et ça nous a donc manqué! Connaîtreune fille qui est passée par où on passe aide beaucoup. Depuisqu'il existe, le FRONT a multiplié les contacts avec les écoles demétier. On veut élargir notre réseau, aller chercher les jeunes quiarrivent sur le marché de travail et leur servir de marraines. Onveut aussi préparer la relève. Car, ce qui fait le dynamisme duFRONT, c’est la participation, l’engagement, c’est ça qui compte.Et puis, les jeunes ont plein de bonnes idées à apporter. » ❏

Marraines cherchent filleules pour l’an 2000…

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Nadia Drapeau, ingénieurestagiaire, hôpital de Sainte-Anne-des-MontsEn tant qu’ingénieure stagiaire, Nadias’est préoccupée du maintien de lasanté et de la sécurité des travailleurs,mais aussi des patients et du person-nel, lors des travaux de rénovation del’hôpital de Sainte-Anne-des-Monts. Sa grande fierté : avoirconvaincu l’entrepreneur deprévoir des boyaux d’arrosageprès des équipes dont le travailconsistait à couper les ancragesde la façade avec des torches.Déterminée, Nadia Drapeau aaussi réussi à faire déplacertemporairement les conduitsd’alimentation de gaz propaneet d’oxygène pendant la durée des tra-vaux pour éviter d’éventuels incendieset explosions. Un homme aurait-il agiautrement? Difficile à dire. « Les ou-vriers et les entrepreneurs oublientquelquefois la notion du risque. Pourmoi, la prévention, c’est très important.

Il faut souvent répéter les consignes de sécurité. Dans mon travail, j’aid’ailleurs pu compter sur la collabora-

tion de l’équipe en santé et sécurité.Mais je me suis toujours sentie accep-tée dans un milieu d’hommes. »

Façade de l’hôpital de Sainte-Anne-des-Monts rénové en 1998.

Chantier

de l’aluminerie

Alcan, à Alma,

ayant coûté

plus de

1,5 milliard

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Dorothée Vallée, ingénieureet inspectrice dans le domainede la construction à la CSST,au Saguenay–Lac-Saint-JeanLes femmes sont-elles plus rigou-reuses que les hommes en ce qui a traità la santé et à la sécurité? À cette ques-tion, Dorothée répond avecaplomb : « Si une personne ade la rigueur en cette matière,

elle en a dans tout ce qu’elle fait. C’estune question de personnalité. Pourquoitrouve-t-on souvent des femmes rigou-reuses dans les milieux de travail nontraditionnels ? Dans ces secteurs, lesfemmes ont peut-être moins le droit à l’erreur. J’ai eu la chance de gran-

dir dans un milieu où lesfemmes avaient beaucoupde place. Depuis que j’ai

commencé à travailler, je me suis renducompte que je pouvais déranger, maisj’ai toujours été très à l’aise avec leschoix que j’ai faits jusqu’à maintenant.Et, d’une manière générale, je sens que je suis prise au sérieux par mes collègues masculins. »

Message reçu, les femmes? ❏

Suzanne Cohen

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NOUVELLES PARUTIONS

Systèmes de réfrigérationfonctionnant à l’ammoniacCondensé du programme de gestion préventive – FRIGODC 200-16281Brochure, 21 cm x 28 cm, 16 pages

Systèmes de réfrigérationfonctionnant à l’ammoniacDC 900-981Affiche, 53 cm x 70 cm

Destinées aux utilisateurs et à toutes lespersonnes jouant un rôle en matière deprévention ou appelées à intervenir encas d’accident, la brochure et l’affichecontiennent de l’information sur lescaractéristiques de l’ammoniac, sa toxi-cité et les normes d’exposition à ce pro-duit. Elles accordent une importanceparticulière aux mesures de protectionet de gestion préventive des risques liés à l’utilisation des installations deréfrigération à l’ammoniac.

La démarche ergonomique Un moyen pour vaincre les LATR. Écoutez l’histoire de Lola…DC 200-690Brochure, 8 pages, 21 cm x 28 cm

La rubrique « La filière ergo » dePrévention au travaila consacré septchroniques à la démarche ergono-mique. Les voilà enfin réunies, pour le meilleur. Par le biais d’une fictionmettant en scène la très sympathiqueLola, son copain Oscar et le futé chienErgo, le lecteur voit se dérouler toutesles séquences d’une démarche ergo-nomique.

Rapport annuel d’activité CSST1998DC 400-2031-6Brochure, 96 pages, 24 cm x 29 cm

Le rapport annuel décrit les mandats et l’organisation de la CSST, l’admi-nistration du régime et les principales réalisations en 1998. Il présente égale-ment le portrait de la situation finan-cière de l’organisme.

SIMDUTIdentification des réseaux de canalisationDC 900-90031

Fiche signalétiqueDC 900-90032

Étiquette ou affiche de l’employeurDC 900-90034

Étiquette du fournisseurDC 900-90033Affiches, 21 cm x 28 cm

Ces affiches rappellent les principalesexigences réglementaires et norma-tives concernant l’information sur lesmatières dangereuses utilisées au tra-vail (SIMDUT). À l’aide de modèles defiche, d’étiquette et d’affiche, elles pré-cisent le contenu de ces divers moyensd’identification ainsi que leurs normesde présentation.

Électrodéposition et galvanisation Guide concernant la protection individuelleDC 200-340Brochure, 10 pages, 15,5 cm x 22,5 cm

S’appuyant sur les lois, les règlementset les normes en vigueur, ce guideprésente des recommandations mini-males relatives aux divers équipementsde protection que doivent utiliser lestravailleurs pour l’exécution de cer-taines tâches.

Électrodéposition et galvanisationGuide sur les conditionsminimales d’entreposage des produits chimiques dans les établissements ciblésDC 200-341Brochure, 18 pages, 15,5 cm x 22,5 cm

Ce guide spécialement conçu pour lesPME du secteur de l’électrodépositionet de la galvanisation peut être utile àtoute entreprise désireuse d’améliorerou de réaménager l’entreposage desproduits chimiques dans ses lieux de travail. Il contient les informationsnécessaires à l’aménagement d’une aired’entreposage sécuritaire, une grille de vérification des conditions d’entre-posage accompagnée de notes explica-tives, ainsi qu’une liste de documentsde référence.

En garderie, on ne joue pasavec la santé et la sécurité du travailDC 900-90071Affiche, 40,5 cm x 84 cm

Cette affiche est destinée aux garderieset aux centres de la petite enfance.

Le dos, j’en prends soinDC 900-9011Affiche, 37 cm x 48 cm

Cette affiche enseigne les bonnes pos-tures à adopter pour éviter les blessuresau dos.

Vous pouvez vous procurer ces docu-ments au bureau de la CSST de votrerégion. ❏

Diane Gagné

à la CSST● ● ● ● ● ● ●

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Étude des systèmes de bâchage pour le transportdes copeaux de boisLAN, André, Renaud DAIGLE,Langis LAFRANCE, Rapport R-203,100 pages, 10$.

Le transport en vrac est l’unité de l’in-dustrie du transport où surviennent leplus d’accidents. Il y en a eu 630 en1994, dont 16 % sont attribuables à des chutes (20% en 1993). Pour bâcher son chargement de copeaux de bois, letravailleur doit grimper sur la remor-que, dont la hauteur excède géné-ralement trois mètres. Il travaille enéquilibre, sans protection, et il s’exposeà de sérieux risques de chute pouvantentraîner des lésions importantes et,dans certains cas, le décès. Les moyens connus pour éviter les chutes sont très peu utilisés parce que jugés trop contraignants.

Dans le cours de cette recherche, les auteurs ont évalué sur le terrain quatre systèmes de bâchage parmi lesplus utilisés par les transporteurs de copeaux de bois. Tous peuvent être effectués à partir du sol. Les caracté-ristiques, les avantages et les désavan-tages de chaque système d’assistanceau bâchage ont été colligés dans destableaux. L’étude a permis de sélec-tionner deux d’entre eux et de cibler unensemble de critères qui permettrontaux transporteurs de copeaux de boisde choisir un système qui convienne à leurs besoins. Ces deux systèmes,utilisables à partir du sol, éliminent les risques de chute à la source.

Toutes les publications présentéesici peuvent être commandées en utilisant le bon de commande inséré dans ces pages. Les prix indiqués comprennent les taxes et les frais d’envoi.

Étude exploratoire de l’exposition aux vibrationsglobales du corps dans un véhicule ambulancier de modèle GMC Top KickBOILEAU, Paul-Émile, SubhashRAKHEJA, Rapport R-209, 70 pages, 7$.

Cette étude exploratoire comportaitdeux volets. Le premier consistait àétablir un lien possible entre l’exposi-tion aux vibrations à différents postesde travail dans un véhicule ambulan-cier de modèle GMC Top Kick et lesproblèmes d’inconfort et autres ma-laises rapportés par le personnel am-bulancier. Quant au deuxième volet, il visait à évaluer le comportement dynamique du véhicule et des élémentsde sa suspension arrière lors de cesmêmes trajets.

Les résultats de l’étude suggèrentque l’exposition aux vibrations s’avèreplus problématique sur les plans de lasanté et du confort pour le personnelassis sur les banquettes latérale et lon-gitudinale dans le module arrière duvéhicule que pour les personnes assisesdans la cabine avant, sur le banc de têteou encore, debout à proximité de la tête de la civière. De plus, différents indicateurs (fréquences de résonance,déplacements verticaux) démontrentune trop grande rigidité de la suspen-sion arrière du véhicule, ce qui réduitconsidérablement la qualité vibratoiredu trajet pour les passagers.

Étude sur l’impact du mode de gestion des changementstechnologiques et organisationnels sur la santé et la sécurité dans la fabrication de produits en métal et de produits électriques et électroniquesLEGENDRE, Camille, Denis HARRISON, Rapport R-196, 52 pages, 6$ ; Résumé RR-196, 11 pages, gratuit.

Cette recherche, menée dans sept en-treprises, voulait définir le mode degestion du changement susceptible deréduire la fréquence et la gravité des lésions professionnelles, selon l’appro-priation du processus de changement,l’implication et la participation des travailleurs à l’ensemble des étapes, et l’intégration de ses dimensions tech-niques, matérielles, financières, humai-nes et sociales.

Un lien entre le mode de gestion duchangement technologique et la fré-quence et la gravité des lésions profes-sionnelles ressort : les entreprises quiprésentent le meilleur dossier à cet égardsont celles où la santé et la sécurité dutravail ont été intégrées à la gestion duchangement et où le degré d’implicationet de participation des travailleurs auchangement est le plus élevé.

La recherche a mis en évidence lerôle crucial de la gestion de la santé et de la sécurité du travail, qui a faitl’objet d’une réorganisation majeuredans presque toutes les entreprises durant la période de changement. Cetteréorganisation s’est généralement accompagnée d’une amélioration des relations professionnelles, contribuantà une meilleure gestion du changementdans son ensemble.

Aussi…Garde protecteur pour mélangeurs à l'usage des pâtissiers-artisansPAQUES, Joseph-Jean et RéalBOURBONNIÈRE, Fiche techniqueRF-197, 9 pages, gratuite (voir articleen page 18).

Isabelle Labarre

à l IRSST● ●

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accessoires manuels, tels que les cuil-lères et spatules. En outre, des inter-rupteurs de position autorisent la mise en marche de l'appareil uniquementlorsque le garde protecteur est en place,la porte bien fermée et la cuve en posi-tion haute. Il y a toutefois une excep-tion à cette dernière exigence, car il se peut que le travailleur ait besoin de faire monter progressivement la cuve desa position basse tout en actionnant lemécanisme de rotation. Les chercheursont contourné le danger en prévoyant, àce moment-là, d’occuper simultanémentles deux mains du pâtissier : de l'une, ilva commander la mise en marche dumélangeur, de l'autre, actionner l'éléva-tion de la cuve.

Le protecteur doit son côté pratiqueà la porte du garde et au bec verseur

À la fois sûr et pratique, le gardeprotecteur conçu par l’IRSST

comporte un bec verseur et uneporte qui permettent d’intégrer

tous les ingrédients voulus aumélange initial sans encourir

de risque. L'appareil se met en mouvement uniquementlorsque le garde protecteur est installé, la porte fermée

et la cuve en position élevée.

es mélangeurs sont largementutilisés dans l'industrie de l’ali-mentation. Avant 1988, très

peu d’entre eux étaient munis d’undispositif de protection, ce qui présen-tait le danger qu'un doigt, un bras ouun avant-bras soit entraîné par le mou-vement de rotation. À cette époque,l'hôpital Jacques-Viger, l'Associationpour la santé et la sécurité du travail-Secteur affaires sociales (ASSTSAS),la CSST et l'IRSST ont réuni leurs efforts pour concevoir un protecteur.Depuis, sans toutefois se généraliser,l'usage du garde protecteur s'est répan-du, sauf chez les pâtissiers-artisansparce qu'il gêne leur travail. Sollicitéepar l'Association des pâtissiers-arti-sans pour trouver une solution, laCSST a de nouveau requis l'expertisede l'Institut. Le mandat : démontrer la

faisabilité d'un garde protecteur quisoit à la fois pratique, sûr et adaptéaux besoins des pâtissiers-artisans.

La démarcheLes gardes protecteurs convention-nels ne permettent pas aux pâtissiers-

artisans d’intégrer des in-grédients aux mélanges encours, une opération pourtant très fréquente. Pour résoudre cette difficulté, Joseph-JeanPaques et Réal Bourbonnière,du Programme sécur i té-ingénierie de l'IRSST, ont recueilli les commentaires de cinq pâtissiers-artisans etobservé leur travail. Ensem-ble, ils ont retracé toutes lessituations où le garde pro-tecteur posait des problèmescar, selon la température et la texture des ingrédients, les difficultés ne sont pas lesmêmes. À l'aide de ces don-nées, ils ont été en mesure

de faire fabriquer trois exemplairesd'un prototype qui, testé dans trois éta-blissements, s'est comporté à l'entièresatisfaction des utilisateurs.

La fiche technique alors élaboréetraite de la conception, de la fabri-cation et de l'installation d'un garde,d'un système de verrouillage et, le caséchéant, d'un système de freinage surdes mélangeurs d'une capacité de 30 à80 pintes. Le devis comprend en outredes spécifications pour l'installationd'un racleur, une option recomman-dée par les chercheurs (sauf pour lescuves d'aluminium), car elle favorisela productivité tout en réduisant les interventions à risque.

Sûr et pratiqueConçu selon ces spécifications, legarde protecteur est à la fois pratiqueet sûr. Toutes les possibilités de risqueont été neutralisées. L'espacement entre les barreaux interdit aux doigts,à la main et à l'avant-bras du tra-vailleur l’accès à la zone d’action du mélangeur. Il empêche égalementles outils rotatifs d’entraîner les

Point de départUne requête adressée à la CSST parl'Association des pâtissiers-artisans pourrendre les gardes protecteurs utilisés sur les mélangeurs conformes auxbesoins de ses membres.

ResponsablesJoseph-Jean Paques1 et Réal Bourbonnière2, Programmesécurité-ingénierie de l'IRSST.

Partenaires La CSST, l'Association despâtissiers-artisans et cinqpâtissiers-artisans.

RésultatUne fiche technique indiquantles caractéristiques de concep-tion, de fabrication etd'installation d'un gardeprotecteur, de ses accessoires et d'un système de verrouillage.

Utilisateurs potentielsLes pâtissiers-artisans et autres utilisateursde mélangeurs alimentaires, les préven-tionnistes de l'industrie de l’alimentationet les fabricants de mélangeurs ou degardes protecteurs.

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d’où le pâtissier-artisan pourra inté-grer tous les ingrédients requis à sonmélange initial, à la fréquence désiréeet sans courir de risques. En ouvrantla porte du garde, il pourra verser desingrédients de tous types dans la cuve,mais le mécanisme de verrouillage

déclenchera alors l’arrêt rapide du moteur. Par le bec verseur, il pourraaussi ajouter des ingrédients, dont du sucre liquide chaud ou d’autresmatières liquides, semi-liquides oupulvérulentes, tout en maintenant lemouvement de rotation.

La fiche technique, préparée par les ingénieurs de l’Institut, permet aux pâtissiers-artisans de commanderaux fabricants des gardes protecteursqui pourront s'adapter à leurs propresappareils. Une attention particulière a été portée au procédé d'installation,qui doit comporter plusieurs essais etvérifications, à l'intention du fournis-seur qui produira les gardes.

Une tendance à promouvoirSelon M. Jocelyn Jargot, qui a colla-boré au projet alors qu'il travaillait àla Direction prévention-inspection dela CSST, les gardes protecteurs sontde plus en plus utilisés au Québec. « Lorsque l'on sait que le coût moyend'un garde protecteur correspond plusou moins au coût moyen d'un acci-dent du travail, cela semble rentable »,remarque-t-il. Déjà, Hobart, le prin-cipal fournisseur de l'industrie ali-mentaire au Québec, est en mesured’équiper ses mélangeurs d'un gardeconforme aux caractéristiques énon-cées. À la suite de cette étude, laCSST prévoit d'ailleurs sensibiliserplusieurs intervenants de cette indus-trie. À cet effet, on fera la promo-tion de la fiche technique auprès desdivers regroupements concernés, dontl'Association des détaillants en ali-mentation et l'Association des restau-rateurs du Québec.❏

Danielle Massé

Pour en savoir plus

PAQUES, Joseph-Jean et Réal BOURBONNIÈRE. Garde protecteur pour mélangeurs à l'usage des pâtissiers-artisans,Fiche technique RF-197, 9 pages,gratuite (voir bon de commande).

Un garde protecteur pas laisser la main à la pâte

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u Québec, plus de 4 000 tra-vailleurs sont victimes chaqueannée de lésions attribuables

aux glissades et aux chutes. Ce typed’incident survient principalement dansles cuisines et les salles à manger desrestaurants, des hôpitaux, des écoles etdes centres d’accueil, sur des planchersrendus glissants par l’accumulation degraisse et d’huile.

La pose d’un revêtement antidé-rapant sur le plancher et le port dechaussures dotées d’une semelle anti-dérapante sont des moyens de plus enplus utilisés pour tenter de prévenir cesincidents. Cependant, parce que lesmatériaux qui les constituent s’usent, le problème revient périodiquement.De plus, un nettoyage efficace des accumulations de matières grasses est de toute façon requis.

Dans le cours d’une recherche sub-ventionnée par l’IRSST, la firme QIRecherche et Développement Tech-nologique inc. s’est attaquée à la sourcedu problème, soit chercher le moyen leplus efficace pour éliminer les matièresgrasses susceptibles de s’accumuler

sur les planchers des cuisines et dessalles à manger : les gras animaux etvégétaux. Dans une première étape, ils ont voulu catégoriser les nettoyantsofferts sur le marché selon leurs com-posants chimiques.

Les planchers, les matièresgrasses et les nettoyants en laboratoireLes conditions les plus proches possi-bles de celles vécues dans les milieuxde travail ont été reproduites en labo-ratoire pour mesurer la quantité dematière résiduelle sur le plancher après un nettoyage. Comme l’expliqueFrançois Quirion de QI Recherche et Développement Technologique inc.,« On glisse sur ce qui reste sur le plan-cher et non sur ce qui a été enlevé.Dans une perspective de réduction deschutes et glissades, on doit donc éva-luer l’efficacité selon ce qui reste aprèsun nettoyage. »

L’efficacité à déloger les huiles et les graisses a été déterminée selon letype de plancher, la concentration denettoyant utilisée, la température del’eau et le rinçage. Des surfaces typesont été choisies afin de représenter lesplanchers les plus courants dans leslieux de travail : des tuiles de vinylepour les surfaces molles et des tuiles degrès rouge pour les surfaces durescomme le grès, la céramique et le ter-razzo. Ces revêtements ont par la suiteété décapés, cirés ou scellés pourgénérer quatre types de revêtements deplancher : vinyle décapé, vinyle ciré,grès ciré et grès scellé. Trois types de

matières grasses ont été utilisées pourles essais : une huile végétale, un shorte-ning végétal et un gras de poulet cuit.

François Quirion explique : « Unnettoyant à plancher est en fait une for-mule qui contient plusieurs ingrédientsdont les plus importants sont les ten-sioactifs (qui agissent sur la tension entre l’eau et la matière grasse), lessolvants, les agents de pH et les hydro-carbures. Les différentes formules denettoyants à plancher correspondent à différentes combinaisons de ces composants. Sans être identiques, poursuit-il, il est possible de regrouperles centaines de nettoyants à plancher en quelques catégories. En laboratoire,l’étude que nous avons faite de plu-sieurs nettoyants à plancher d’usage institutionnel suggère qu’il existe sixcatégories de nettoyants susceptiblesd’être utilisées dans les cuisines et lesecteur de l’alimentation. »

Sur le marché, les fabricants offrentune variété de nettoyants de type neutre, dégraisseur et germicide qui ont été subdivisés selon la nature des ingrédients qui dominent leur com-position. Après examen des fiches signalétiques de plus de 300 produits,on constate que plus de 94 % des nettoyants à plancher étudiés peuventêtre regroupés en six catégories repré-sentatives.

Les chercheurs ont appliqué à leur étude le principe chimique de la luminosité. « On a tous déjà remarqué, explique François Quirion, que les surfaces huilées brillent plus que lessurfaces mates, comme lorsqu’on

Point de départLa nécessité de déterminer les conditionsoptimales d’utilisation de différentescatégories de nettoyants à plancher afin de réduire les risques de glissadesattribuables aux matières grasses, chez les travailleurs des secteurs de larestauration et des services alimentaires.

ResponsablesPhilippe L’Homme, Sylvain Lamoureux et François Quirion, QI Recherche et Développement Technologique inc.

RésultatLes chercheurs ont catégorisé desnettoyants à plancher selon leurs compo-sants chimiques, en vue d’une utilisationoptimale dans différents environnementsreprésentatifs des restaurants, cuisines et services alimentaires. Les donnéesrecueillies seront utilisées pour créer des outils de prévention à l’intention des travailleurs.

Utilisateurs potentielsLes fournisseurs, les acheteurs et lesutilisateurs de produits nettoyants.

Les nettoyants à plancher

et leurs conditions d’utilisation évalués

A

Pour réduire les risques de chutes et de

Pour réduire les risques de chutes et de

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applique de l’huile sur des meubles. Defaçon générale, l’application d’unematière grasse sur une surface mateaméliore la réflectivité de la surface.Expérimentalement, la réflectivité desrevêtements de plancher augmentejusqu’à ce que la concentration enmatières grasses atteigne une valeur correspondant à la saturation de la sur-face. Cette notion est particulièrementimportante lorsque l’on veut comparerles différents types de planchers. »

Comme la saturation est un pa-ramètre qui varie selon le type de surface étudiée, M. Quirion et sonéquipe ont défini un nouveau para-mètre pour illustrer le taux de recou-vrement d’une surface par la matièregrasse. Il s’agit de la couvrance, c’est-à-dire la fraction de la surface recou-verte de matière grasse. Ainsi, unesurface sans matière grasse aura une couvrance de 0 %, et de 100 %lorsqu’elle est saturée. L’utilisation de nettoyants à plancher vise donc à déloger les faibles quantités dematières grasses qui demeurent em-prisonnées dans le revêtement. La difficulté était de déterminer à partirde quelle concentration de matièregrasse les planchers deviennent glis-sants. La couvrance est a priori unparamètre intéressant pour évaluer l’état d’un plancher puisqu’elle reflète la fraction de ce plancher recouvert de matière grasse. Par exemple, uneseule cuillère à thé d’huile végétale estnécessaire pour couvrir un plancher

de 100 pieds carrés de vinyle ciré alors qu’il en faudra cinq pour unplancher de vinyle décapé.

Des résultats qui rejoindrontd’autres secteursDéjà, les résultats obtenus peuventservir aux acheteurs et aux utilisateursde nettoyants à plancher pour discuteravec leur fournisseur du produit le plusadapté à leurs besoins. Ces résultats sontaussi de première utilité pour élaborerdes outils de prévention qui s’adresse-ront aux acheteurs et aux utilisateurs deproduits nettoyants.

À nouveau subventionné par l’IRSST,François Quirion et son équipe travail-lent actuellement à l’élaboration d’unrépertoire des nettoyants à plancher quiassociera les marques de commerce auxcatégories définies antérieurement, aumoyen des fiches signalétiques obtenuesdes fabricants. De plus, les expériencesmenées en laboratoire seront appliquéesà des secteurs présentant des caracté-ristiques différentes, tels les salaisons et les abattoirs, et à d’autres matièresgrasses, telles que les huiles à moteurs,ainsi qu’aux planchers de béton. ❏

Marjolaine Thibeault

Pour en savoir plus

L’HOMME, Philippe, Sylvain LAMOUREUX et François QUIRION.Conditions optimales d’utilisation desnettoyants à plancher – Gras animaux etvégétaux sur vinyle et grès,Rapport R-210,41 pages, 5$ (voir bon de commande).

François Quirion explique qu’il estpossible de regrouper les centainesde nettoyants à plancher offerts sur

le marché en quelques catégories.L’étude de plusieurs nettoyants

à plancher d’usage institutionnel,réalisée en laboratoire, suggère

qu’il existe six catégories de nettoyants susceptibles

d’être utilisés dans les cuisines et le secteur de l’alimentation.

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glissadesglissades

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FABRICATION D’ÉQUIPEMENTSDE TRANSPORT

ET DE MACHINES

Point de départ La nécessité de dresser un portrait desrisques liés à l’utilisation des presses-plieuses afin de mieux orienter la prévention et d’établir des pistes de recherche éventuelles.

Responsables Anh Dung Ngô, Yves Beauchamp, École de technologie supérieure.

PartenairesL’Association sectorielle paritaire –Fabrication d’équipement de transport et de machines et la CSST.

Résultats Un inventaire de l’équipement, des tech-niques de fabrication et des mécanismesde sécurité pouvant servir à l’élaborationd’un guide. Des recommandationsprécises quant à l’usage de certainsmécanismes de prévention et auxméthodes de travail. Des pistes derecherche et de développement.

Utilisateurs potentiels Les fabricants de presses-plieuses et les entreprises du secteur.

u Québec, 55 000 personnes travaillent dans le secteur de la fabrication d’équipements de

transport et de machines. Le taux moyende cotisation de ces entreprises à laCSST était de 3,01$ en 1994, compara-tivement à 2,75$ pour l’ensemble dessecteurs d’activité économique. C’estdonc dire que le risque d’accidents dutravail y est plus élevé. Ces accidents résultent principalement en lésions aux bras, aux mains, aux poignets et aux épaules. L’utilisation des presses-plieuses était pressentie comme l’un desprincipaux facteurs de risque.

Les presses-plieuses sont géné-ralement utilisées pour travailler la tôle. On s’en sert soit pour la couper,la plier, la redresser, ou pour lui don-ner différentes formes. En raison de ladiversité des procédés, des conditionsd’utilisation et des caractéristiques des équipements, la protection des travailleurs s’avère difficile. En outre,le travail nécessite une interaction constante entre l’opérateur et la ma-chine et, bien souvent, entre quelquestravailleurs et la machine car, puis-qu’il s’agit généralement de pièces de grande taille, ils doivent se mettre à plusieurs pour les manier.

Les presses-plieuses sont des ma-chines dangereuses et Anh Dung Ngô,ingénieur et professeur à l’École detechnologie supérieure, le sait par expé-rience, pour avoir lui-même travaillé en entreprise avant de s’occuper desdossiers de sécurité au ministère duTravail, puis à la CSST. Depuis 1990,il existe bien une norme (CSA-Z142-M90) qui s’applique à ces machines,mais elle demeure vague quant auxmoyens de protection.

La situation est donc complexe et ilfallait en tracer un portrait le plus exactpossible. C’était l’objectif de l’étude en-treprise par M. Ngô, et à laquelle l’Asso-ciation sectorielle paritaire – Fabricationd’équipement de transport et de machi-nes a collaboré. Le chercheur a dressé uninventaire exhaustif des types de presses-plieuses, des techniques de fabrication et des dispositifs de sécurité. Cette re-cension servira vraisemblablement à la

réalisation d’un guide de prévention etd’activités de sensibilisation. Son équipede recherche s’est par ailleurs rendue surle terrain afin de mesurer les caractéris-tiques des appareils en usage et d’ana-lyser les pratiques qui prévalent dans lesmilieux de travail. En tout, 107 presses-plieuses ont fait l’objet d’observationsdans les 52 entreprises visitées.

Des données révélatricesLes données émanant des observationssur le terrain sont révélatrices : il n’y aaucun dispositif de sécurité sur 84 % de ces presses-plieuses. Et lorsqu'ellessont munies de tels dispositifs, soit descommandes bimanuelles et des cellulesphotoélectriques, les conditions d’utili-sation sont souvent inadéquates. Ainsi,les systèmes de commande à deuxmains que l’on trouve sur 15 presses-plieuses et qui occupent les mains del’opérateur pendant le fonctionnementde la machine ne parviennent pas tou-jours à jouer leur rôle. Soit ils sont malsitués, soit plusieurs assistants ayant les mains libres s’activent autour de lapresse. D’autres éléments de sécuritéfont défaut. Ainsi, 38 % des presses recensées ne disposent d’aucun méca-nisme d’arrêt d’urgence.

En outre, les chercheurs ont observébon nombre de comportements à risquedans le maniement de ces appareils.Certains accessoires de travail, tels que les consoles qui supportent la tôle,peuvent s’avérer essentiels à la sécuritédu travailleur. Or, même si dans 55%des cas, la machine en a une, dans laréalité, elle n’est pas forcément utilisée.L’usage d’outils appropriés atténue-rait également les risques en réduisantle nombre de coups à donner pourobtenir le produit final. Bien souvent,ces outils ne sont pas utilisés non plus,sauf lorsque les pièces sont fabriquéesà l’unité. Dans ces cas, aucune mesurede sécurité n’est prise au moment duchangement d’outils. Enfin, la plupartdu temps, les exigences de la norme ne sont pas respectées. Ainsi, contrai-rement à ce que cette dernière prévoit, 80% des aides-opérateurs ne sont pasdu tout protégés.

FABRICATION D’ÉQUIPEMENTSDE TRANSPORT

ET DE MACHINES

Le portrait desrisques liés à

l’utilisation despresses-plieuses

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Les recommandationsSur le plan matériel comme sur celuides méthodes de travail, les risquessont donc nombreux. Dans les recom-mandations formulées à l’issue de larecherche, on suggère l’utilisation dedispositifs de sécurité existants, commeles systèmes de double commande, lesmécanismes d’antirépétition pour lespresses mécaniques, les boutons d’arrêtd’urgence et des accessoires comme les consoles, les butées et les pédales mobiles. On y précise des critères à res-pecter, dont l’emplacement des pièces,et certaines normes de conception.

En ce qui a trait aux méthodes detravail, la formation des travailleurs

est évidemment indispensable. SelonM. Ngô, la multiplicité des tâches et les différents modèles d’équipe-ment rendent très difficile la con-ception de dispositifs de sécurité universels. Le chercheur proposeplutôt que l’on fasse appel au pro-cessus d’ingénierie simultanée quipermettrait a priori, et de manièresystématique, de considérer la préven-tion pour chaque opération de fabri-cation. Une telle approche requiert la collaboration de l’ensemble desparties concernées en amont du pro-cessus de fabrication.❏

Danielle Massé

Pour en savoir plus

DUNG NGÔ, Anh, Yves BEAUCHAMP et Phieu LE-HUY. La sécurité dans l’utilisation de machines dangereuses – Les presses-plieuses dans le secteur de lafabrication d’équipement de transport et de machines, Rapport R-206, 105 pages, 9$(voir bon de commande).

Les dispositifs de commande bimanuelles

sont conçus pour protégerles mains de l’opérateur

durant la course descendante du coulisseau

à la suite d’un cycle actionné délibérément.

La protection vient du faitque pendant ce temps les

deux mains sont occupéeshors de la zone de danger.

Le travail au moyen despresses-plieuses nécessiteune interaction constante

entre l’opérateur et la machine. Durant son

travail, les mains de l’opérateur sont à proximité

de la zone de danger, c’est-à-dire de l’espace où

il existe un risque d’écrasement des mains et plus particulièrement

celui que délimitent lepoinçon et la matrice.

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Métaux

e partout au monde, des labo-ratoires s'inscrivent au pro-gramme de compara isons

interlaboratoires mis en place par le Centre de toxicologie du Québec(CTQ). Leur but : assurer la fiabilité et la crédibilité des analyses qu'ils effectuent sur des fluides biologiquespour y déceler et y mesurer la pré-sence de métaux lourds. Quand on saitles dangers d'intoxication liés à dessubstances comme le mercure, leplomb, le cadmium et l'arsenic, ou encore le chrome et le sélénium, oncomprend l'intérêt que soulève ce pro-gramme. Le CTQ est en effet le seul

à rendre disponible des échantillons de sang, d'urine ou de sérum à teneurconnue pour une aussi large gamme de métaux. Soucieux de la qualité deses analyses biologiques, l'IRSST a adhéré dès le début de ses activités àce programme, dont il subventionneaussi le développement.

Le point de départ : l'essor de la surveillance biologiqueLors de sa création en 1972, le CTQavait pour principale mission d'offrir à la population des services anti-poison en cas d'intoxication. Progres-sivement, celle-ci s'est élargie pour englober l'offre d'expertise toxico-logique au réseau de la santé publique.D’autre part, au sein du réseau descentres antipoison, le CTQ se démar-quait dès le départ par son laboratoire.

Mis en place avec la collaboration du Département de pharmacologie de l'Université Laval, celui-ci lui per-mettait de compléter son expertise par des analyses de la toxicité de substances dont l'ingestion pouvait serévéler dangereuse, notamment desmédicaments, des drogues et diversproduits domestiques. Ce rôle devaittoutefois, lui aussi, s'élargir rapi-dement pour intégrer la surveillancebiologique des travailleurs, c'est-à-dire l'évaluation de l'absorption de toxiques présents dans le milieu dutravail. Jusque-là, ce mandat était rempli de façon ponctuelle par les Services de protection de l'environ-nement. C'était la première fois qu'un programme d'une telle enver-gure en cette matière était mis en place au Québec.

Un programme québécois

assure la fiabilité

et la crédibilité

des analyses

biologiques

de 170 laboratoires

à l'échelle mondiale,

dont celui de l'IRSST.

Métaux

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M. Jean-Philippe Weber,directeur adjoint du CTQ

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toxiquesLe défi : la fiabilité et la crédibilité des résultats Jean Yves Savoie, directeur général de l'IRSST, dirigeait les laboratoiresdu CTQ à l'époque. Selon lui, la sur-veillance biologique des travailleursétait alors handicapée par la difficultéà obtenir des résultats d'analyse dontla fiabilité et la crédibilité ne soientpas mis en question : « Les discussionssur la valeur des résultats nous em-pêchaient de nous concentrer sur lesvéritables enjeux, c'est-à-dire l'inter-prétation à y donner et les gestes àfaire à partir de cette information. »

Cette préoccupat ion expl ique l 'at tent ion portée par le CTQ à l’élaboration de ses méthodes ana-lytiques. « Il se heurte alors à un écueil, relate Jean-Philippe Weber, directeur adjoint du CTQ, celui del'absence d'outils de contrôle compa-rables à ceux qui existent pour les substances toxiques présentes dansl'environnement. » Dans des domainesautres que la surveillance biologique,

toxiques

La connaissance des dangers d'intoxication

liés au mercure, au plomb, au cadmium,

à l'arsenic, au chrome et au sélénium

explique l'intérêt que soulève

le programme de comparaisons

interlaboratoires. Le Centre de toxicologie

du Québec est le seul à rendre disponibles

des échantillons de sang, d'urine ou

de sérum dont la teneur est connue

pour une aussi large gamme de métaux.

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comme la surveillance environnemen-tale, les laboratoires disposent en effetde « calibreurs » qui leur permettentde s'assurer que leurs résultats sontnon seulement constants, mais aussi,exacts. Ces calibreurs sont en généralquasi inaltérables. Par contre, dans lecas des fluides biologiques, les échan-tillons se dégradent avec le temps et il n'existe pas de calibreurs stables qui puissent être utilisés pour des contrôles. Au milieu des années 70, l'analyse du plomb sanguin était laseule analyse biologique pour laquelleil existait un tel programme, admi-nistré par un organisme américain, leCenter for Disease Control. Ce pro-gramme s'appuyait sur la comparaisondes résultats obtenus par les labora-toires participants au moyen d'échan-tillons identiques. « Le problème,observe M. Weber, c'est que notre laboratoire analysait bien d'autres métaux pour lesquels il n'existait absolument aucun outil de contrôledes résultats. Nous avons donc décidéd'explorer la possibilité de créer nous-mêmes un programme de compa-raisons interlaboratoires. »

La mise en place du programmeDès 1979, un programme expéri-mental est amorcé, avec le soutien f inancier de la Commission des accidents du travail (CAT, devenue laCSST). Au total, 42 laboratoires y par-ticipent : 20 canadiens, dont 10 qué-bécois, et 22 américains. En 1981,l'IRSST, créé l'année précédente pour

coordonner la recherche en santé et ensécurité du travail, décide de poursuivreles subventions précédemment verséespar la CAT pour soutenir ce programme,qui répondait à un besoin de ses propreslaboratoires. « À l'époque, précise Jean-Philippe Weber, seuls quatre ou cinqmétaux lourds étaient analysés. Nous enavons ajouté d'autres progressivementpour répondre à la demande. »

L'amélioration des méthodes analytiques Le programme a pour but l'obtentionde résultats d'analyses fiables et cré-dibles, sur lesquels les intervenantspeuvent s'appuyer avant de passer à l'action. Pour ce faire, il vise trois objectifs : permettre à chaque partici-pant de vérifier l'exactitude de ses résultats d'analyses, évaluer l'exac-titude et la précision des méthodes d'analyses utilisées et offrir aux labo-ratoires un programme de contrôle dequalité permanent.

À cette fin, le CTQ produit des rapports qui donnent les résultats dechaque participant, en précisant lesvaleurs cibles et les zones acceptables.Le recours à des codes assure le carac-tère confidentiel de la démarche. Si un laboratoire souhaite du soutientechnique pour améliorer ses mé-thodes analytiques, le Centre peut lui fournir son expertise, ou encore le mettre en contact, après entente,avec un participant qui applique uneméthode plus efficace. « Nous pré-parons aussi des statistiques selonchaque méthode analytique, souligne

M. Weber. Si une méthode donne des résultats carrément différents, lesconclusions sont faciles à tirer… ». À cela s'ajoutent la participation à des congrès scientifiques, où le CTQprésente et interprète les résultats duprogramme, ainsi que des publica-tions scientifiques. Le Centre orga-nise même des symposiums pour les participants à son programme de comparaisons interlaboratoires. Le deuxième a lieu à Québec, en août 1999.

Une percée québécoise à l'échelle mondialeAujourd'hui, le programme porte sur 15 types d'échantillons. Il compte170 participants, dont la moitié enAmérique du Nord, 39% en Europe, 7 % en Amérique du Sud et 4 % enAustralasie.

Cet élargissement de la clientèle n'a pas ralenti les efforts de déve-loppement du programme. Loin de là ! En plus d'augmenter régulière-ment le nombre de substances cou-vertes, le CTQ travaille à relever lesnouveaux défis créés par l'évolutiondes technologies. Ainsi, un deuxièmeprogramme de comparaisons in-terlaboratoires pour permettre de contrôler l'analyse simultanée deplusieurs substances toxiques dans un même échantil lon fonctionnedepuis quelques années, un pro-gramme auquel participent main-tenant 27 laboratoires. ❏

Nicole Ménard

Aujourd'hui, le programme de comparaisons interlaboratoires porte sur 15 typesd'échantillons. Il compte 170 participants, dont la moitié enAmérique du Nord et 39 % en Europe.

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minierminierSecteur

e boulonnage est une techniquecouramment utilisée pour soute-nir les parois rocheuses dans les

mines du Québec. Cependant, la tâchen’est pas simple, car les techniques, lesmatériaux et les conditions du terrainvarient beaucoup. C’est pour cette rai-son que John Hadjigeorgiou, professeuragrégé au Département des mines etmétallurgie de l’Université Laval, etson équipe ont conçu un logiciel des-tiné à l’enseignement des différentestechniques de boulonnage.

En 1996, près d’un accident sur six survenus au Québec au cours detravaux souterrains a eu lieu pendantl’opération d’écaillage ou l’installa-tion de systèmes de boulonnage. Cessystèmes, largement utilisés depuis lesannées 50 comme un moyen simple de renforcer les parois des excavationsminières souterraines, ont permis de réduire considérablement les accidents,mais encore faut-il savoir comment lesinstaller correctement.

C’est là que le produit de John Hadjigeorgiou prend toute son impor-tance. Ce logiciel interactif et multimé-dia, sur support cédérom, est d’aborddestiné aux mineurs chargés d’installerdes systèmes de soutènement.

Les 14 mines du Québec contactéespar l’équipe de John Hadjigeorgiouutilisent le boulonnage et la fixation de grillages dans leurs travaux de sou-tènement. C’est en raison de l’étenduede leur utilisation dans les mines sou-terraines et de la grande importance durôle qu’ils y jouent que les systèmes deboulonnage ont été choisis comme lesujet prioritaire pour la formation destravailleurs miniers.

Au terme de son apprentissage, lemineur doit être capable de mettre enplace les différents types de systèmesde boulonnage utilisés, d’en vérifier l’efficacité et de travailler en toutesécurité pendant ces opérations. Pour

qu’ils puissent accéder rapidement àcette connaissance pratique, le choix du contenu technique du logiciel était primordial. La quantité d’infor-mations à assimiler est importante :modes de fonctionnement du soutè-nement et interaction de celui-ci avec le massif rocheux ; description et rôle des différents boulons, avantages et inconvénients de chacun ; procéduresd’installation et consignes de sécurité,signes et contrôles permettant de véri-fier l’installation. Tous ces aspects sontabordés et illustrés dans le logiciel afinqu’après environ huit heures d’appren-tissage, le mineur puisse connaîtrel’ensemble des données nécessairespour accomplir son travail de façonsécuritaire.

Point de départLe soutènement utilisé dans les minesquébécoises s’est diversifié avec l’apparition de nouvelles techniques deboulonnage. Un apprentissage adéquatdes méthodes de renforcement desparois rocheuses paraît essentiel pour la sécurité des travailleurs miniers.

ResponsablesJohn Hadjigeorgiou et Richard Poulin, Département des mines et métallurgiede l’Université Laval.

PartenairesL’Association minière du Québec (AMQ).

RésultatsLa conception du logiciel interactif et multimédia a permis de rassembler en un seul outil pédagogique toutes les informations pratiques nécessaires qui peuvent être utilisées tant par les formateurs que par les mineurs.

Utilisateurs potentielsLes formateurs, les mineurs et lesinspecteurs des mines du Québec.

Un nouveau logiciel multimédia

permet de fairel’apprentissage

des bonnestechniques

de boulonnage.

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Le logiciel Les systèmes de boulonnage est destiné à l’enseignement des différentestechniques de boulonnagecouramment utilisées poursoutenir les parois rocheusesdans les mines du Québec.

Secteur

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Le compagnonnage virtuelLe professeur Hadjigeorgiou a conçu le logiciel pour que l’étudiant puisseassimiler les connaissances de façoncomplètement autonome, en interac-tion avec l’ordinateur. Le programmeest en effet assez souple pour per-mettre un apprentissage individuel ou en groupe, assisté ou non d’un for-mateur. Frank Lemy, qui a participé à la conception et à la réalisation technique du logiciel de formation et rédigé un mémoire de maîtrise sur le sujet, observe que, dans l’industrieminière, l’expérience et la connais-sance se communiquent traditionnel-lement d’un travailleur à un autre, avecla transmission du bagage de bonnes et de mauvaises habitudes que cela implique. Depuis peu, le secteur destechnologies de pointe se convertit àl’enseignement de tâches critiques etdélicates, comme il en existe dans l’industrie minière, par des systèmesinformatiques multimédias, d’où l’inté-rêt de faire appel à de tels moyens pourla formation du personnel minier.

Relativement peu coûteux, les sys-tèmes d’apprentissage multimédias possèdent plusieurs avantages. Leurcaractère interactif suscite une parti-cipation et une réaction immédiates ; on peut aussi facilement y intégrer unmodule d’évaluation de la compréhen-sion des informations. Par ailleurs, leformateur acquiert un rôle complé-mentaire de conseiller et de vérificateurde l’efficacité de la formation.

Une méthode d’apprentissageM. Hadjigeorgiou avait créé, en 1996,un premier logiciel multimédia, Lessystèmes de boulonnage, destiné auxétudiants en génie. Cependant, le pro-gramme ne répondait pas aux besoinsde formation des mineurs qui doiventassimiler des informations pratiques,telles que des procédés d’installa-tion détaillés, et recevoir des conseilset des consignes de sécurité. Le nou-veau logiciel répond à ces exigences.Pour être sûr que son contenu soit bien

compris, le concepteur y a intégré unlexique français-anglais des termescouramment employés dans le jargondu personnel minier.

Le logiciel fonctionne sur un ordi-nateur PC de type Pentium, muni d’unlecteur de cédérom et configuré pourle multimédia. Il présente d’abord unevue d’ensemble assez complète du sujet, soit les raisons d’avoir recoursau boulonnage et le mode de fonc-tionnement de celui-ci. Suivent sesmodes d’action sur la suspension etl’armature des terrains, puis le blocagedes mouvements. Il passe ensuite enrevue les différents modes d’ancrage,les raisons de procéder à l’écaillage,les différents types de boulons sur lemarché, de même que les accessoires

qui les accompagnent : grillage, bétonprojeté, traverses de soutènement.

Les utilisateurs peuvent choisir entre la navigation libre ou dirigée.Chaque étape du procédé d’installa-tion des boulons est décrite en détail à l’aide de textes, de photos, de sché-mas, de narrations, d’animations ou de vidéos. Elle est accompagnée de conseils pratiques, de recommandationset de consignes de sécurité lorsquenécessaire. De plus, différents procédéssont proposés en fonction de l’équipe-ment utilisé pour l’installation. Cettepartie contient également une sectiontraitant du contrôle de la qualité de l’installation. Il s’agit de signes visuelsaccessibles aux mineurs ou de testsfacilement réalisables, qui permettentde vérifier si le boulon est correctementinstallé, ou s’il continue d’être efficaceaprès la pose.

Alors que le parcours de l’ensembledu logiciel peut varier de sept à huitheures, le formateur et les mineurs peuvent, seuls ou en groupe, accéderrapidement à une information parti-culière et obtenir une réponse efficaceen une ou plusieurs séances. ❏

Uriel Poitras

Pour en savoir plus

On peut se procurer le logiciel Les systèmesde boulonnageau Département des mines et métallurgie de l’Université Laval.Téléphone : (418) 656-2131, poste 5757;télécopieur : (418) 656-5343.

On peut classer les boulons en trois catégories selon leurmode d’ancrage : les boulons scellés, les boulons à frictionet les boulons à ancrage mécanique, tel qu’illustré. Ce dernier est ancré en un seul point à l’aide d’une coquille d’expansion fixée à une extrémité.

Un boulon d’ancrage, c’est en fait une tige d’acier qu’oninsère dans un trou de foragepour stabiliser la roche compriseentre le fond du trou et son orifice.

Trou de forage

Tige d’acier

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Contrôle du bruit

à la source

es recherches s’inscrivent dansun nouveau champ expérimen-tal. Je ne fais pas de théorie. Je

ne suis pas mathématicien », précised’emblée Alain Ratle, un étudiant audoctorat en génie mécanique qui faitpartie du GAUS (Groupe d’acoustiqueet de vibrations de l’Université deSherbrooke). L’ingénieur nourrit unevéritable passion pour le design destructures complexes, entre autresparce que ce type de design permet une approche plus globale des problé-matiques en santé et sécurité du tra-vail. Si les méthodes traditionnelles de contrôle passif et actif du bruit permettent de réduire a posteriori les dommages causés par le bruit, on tente en plus, grâce à cette nouvelle approche, de réduire les probabilitésd’accidents à la source.

Tenir compte du critère bruitLe grand intérêt qu’Alain Ratle nourritpour l’élaboration de nouveaux maté-riaux a marqué son parcours universi-taire. Après un baccalauréat en géniemécanique, spécialisation en matériaux,à l’École Polytechnique, il s’inscrit à la maîtrise en génie métallurgique, où il fait partie du CIREP (Céramiques industrielles et réfractaires de l’ÉcolePolytechnique). Cette équipe multidis-ciplinaire travaille à la création de maté-riaux réfractaires.

Élaboration

d’un modèle

d’optimisation

adapté

aux structures

industrielles

complexes

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Des solutions transférablesC’est avec un véritable don de vulgari-sateur que l’ingénieur traite du designde systèmes complexes : « Nous nousinspirons des méthodes naturellesd’évolution pour élaborer une mé-thode d’optimisation mathématique.Cette méthode devrait nous permettrede trouver des solutions auxquelles des ingénieurs n’arriveraient pas defaçon intuitive. » Le principe est sim-ple : tenir compte de l’expérience passée pour effectuer des essais plus intelligents par la suite. Selon lui, sanscette méthode, le nombre d’essais possibles pourrait dépasser l’âge de l’univers en terme de temps de calcul !« Je développe des algorithmes, desprogrammes, qui posent des questions.Les réponses permettent de construireune base de connaissances et de raffinerles hypothèses. Mais pour obtenir lesbonnes réponses, il faut poser des ques-tions pertinentes. »

Une grande part de l’intérêt du de-sign de systèmes complexes vient dufait que ces modèles sont transférables.Par exemple, en santé et sécurité du travail, la modélisation de systèmescomplexes peut servir à la planificationdu travail et des horaires, à la produc-tion, etc. Les algorithmes permettent decréer des structures qui évoluent selonles critères pris en compte.

Alain Ratle compile présentementles résultats d’une longue série d’essais.Ses recherches laisseront cependantbeaucoup de questions en suspend.L’optimisation et la modélisation destructures simples peut demander entre100 et 300 essais ; celles de structurescomplexes, des centaines de milliersd’essais. Comment augmenter la puissance de calcul des modèles ? Faut-il travailler à l’amélioration desalgorithmes ou attendre l’arrivée de machines plus puissantes ? On s’endoute, le boursier choisit la premièreoption sans hésiter. ❏

Isabelle Labarre

De la conception de nouveaux matériaux à la conception de mé-thodes de construction des struc-tures, il n’y avait qu’un pas quel’ingénieur a franchi en s’inscrivant au doctorat en acoustique à l’Univer-sité de Sherbrooke. « L’un et l’autretouchent à la dynamique des maté-riaux », explique le boursier. Il a fixéson choix à la suite d’une invitationd’Alain Berry, son directeur de thèse.« J’ai choisi cette université en partieparce que l’on y trouve une masse critique de gens intéressés par ce domaine. Je savais également que je pourrais jouer un rôle complémen-taire au sein de l’équipe du GAUS »,raconte-t-il.

La modélisation et l’optimisation du design des structures industrielles demandent une excellente compré-hension du rayonnement du bruit et de la modélisation de la propagation du son, une expertise que possède leGAUS. Plusieurs recherches ont porté,au cours des dernières années, sur lecontrôle actif du bruit. « Cependant, explique Alain Ratle, on a travaillé àl’optimisation de modèles simples,alors que les structures industriellesréelles présentent des formes com-plexes. Le défi consiste maintenant àcibler les critères sur lesquels nous pou-vons jouer (les formes, les dimensions,les propriétés des matériaux). » Il fautcréer des modèles qui permettent derepenser les structures en tenant comptedu critère bruit, mais également desautres critères reliés à la tâche à ac-complir : rapidité, efficacité, etc. Cettesolution s’appuie sur une démarche derecherche à long terme.

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Secteur des matières

plastiques et du

caoutchouc

tudiante de 2e cycle en santé et sécurité du travail au pro-gramme MBA-Recherche de

l’UQAM et boursière de l’IRSST,Anne Bédard a entrepris de faire unetypologie des programmes de santé etde sécurité du travail dans le secteurdes matières plastiques et du caout-chouc, puis d’en mesurer l’efficacité. Ilfaut savoir que, dans ce secteur indus-triel qui regroupe 26000 travailleurs, le taux d’incidence des accidents dutravail est de 10%, soit le double decelui des autres secteurs d’activité duQuébec. Cette recherche porte surtoutsur les petites et moyennes entreprises,généralement ignorées par les études endépit de leur importance économique.Les résultats devraient leur permettred’adopter des pratiques de gestion adéquates en santé et sécurité du travail. Jamais auparavant n’avait-on tenté de mettre en relation les types de

En évaluant

les programmes

de prévention,

il sera plus facile

d’adopter

les mesures

les plus efficaces.

programme de santé et de sécurité avec le taux d’incidence des accidentsdu travail et d’en contrôler les effetspossibles à la lumière de certaines varia-bles, telles que la taille de l’entrepriseou l’ancienneté de l’équipement.

Anne Bédard était en deuxième année d’un baccalauréat par cumul decertificats en sciences de la gestionlorsqu’elle a fait le choix de travailleren santé et sécurité du travail. DianeBerthelette, professeure à l’École dessciences de la gestion, donnait alors un cours sur la gestion de la santé et de la sécurité des entreprises, un volet qui s’adresse plus particulièrement aux professionnels en ressources humaines.Impressionnée par la passion que cette dernière manifestait à l’égard de sa discipline, l’étudiante a alors décidé de poursuivre dans cette voie.C’est l’aspect multidisciplinaire qui l’a séduite et la grande diversité des activités que comporte cette matière. « Et puis, ajoute-t-elle, c’est un do-maine où il y a tant à faire ! »

Il a pourtant fallu quelques annéesavant qu’Anne Bédard puisse réaliserson ambition, mais sa déterminationétait grande. À l’issue de ses études de premier cycle, elle a travaillé comme adjointe administrative pourdes groupes de recherche en santépublique. Ce travail lui a permis deprendre contact avec le milieu de larecherche. Parallèlement à ses activitésprofessionnelles, elle a poursuivi, lesoir, un certificat en santé et sécurité. « Au bout de quelque temps, dit-elle,j’ai ressenti le besoin de mettre envaleur mes capacités de chercheure,d’assumer davantage de responsabilités

dans ce domaine. » C’est pourquoi, en1997, elle est retournée sur les bancs de l’université.

De son expérience de boursière, elle retire une grande satisfaction.D’avoir pu se consacrer entièrement à ses études a été une expériencequ’elle apprécie à sa juste valeur. Elle estime également remarquables le soutien et la disponibilité que lui ont manifestés plusieurs professeurs dudépartement.

Anne Bédard réfléchit présente-ment à son avenir avec un projet dedoctorat en tête, lequel repose sur unedémarche assez semblable à celle deses travaux actuels. ❏

Danielle Massé

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Le programme debourses de l’IRSST

Alain Ratle et Anne Bédardsont deux des étudiants quibénéficient du programme debourses de l’IRSST. Celui-civise à combler l’écart qui existe entre les besoins derecherche et le nombre de per-sonnes actives en santé et ensécurité du travail au Québec.

Pour obtenir des informa-tions sur le programme debourses de l’IRSST, on peuttéléphoner au (514) 288-1551;télécopieur : (514) 288-0998.

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Troubles musculo-squelettiques

Production d'outils deprévention des lésionsattribuables au travailrépétitif pour les établissements du secteur avicole(97-014)

Cette activité de valorisations'inscrit dans la foulée desrecherches en ergonomie participative réalisées depuis10 ans dans les abattoirs devolaille. Le milieu est main-tenant sensibilisé à l'ergonomieet un ensemble de données de recherche concernant lesrisques de lésions attribuablesau travail répétitif (LATR),leurs causes, les stratégies et les démarches de prévention,ont été recueillies.

L'équipe, avec le concoursdes ressources scientifiques appropriées et de représen-tants des établissements, en-tend produire de nouveaux outils de prévention des LATRrépondant aux besoins spéci-fiques du secteur avicole, afind'améliorer l'efficacité de laprévention.

Deux documents d'infor-mation sur les douleurs etsymptômes, un formulaire dedéclaration de ces derniers, unevidéo sur les facteurs de risque,leurs causes et les pistes de solution, une autre sur l'analysed'une tâche répétitive et unetroisième illustrant les étapesde la recherche de solutionsseront produits dans le cours decette activité.

Responsables : Jean-GuyRichard, Christian Larue, IRSST ; Monique Martin,ergothérapeute-ergonomeconsultante ; Dr Jean-PierreBergeron, médecin consultant ;Jeff Arthur et PierreDalodière, Image Vision

Changements dans la coordination multimusculaire et multiarticulaire suiteà la fatigue lors demouvements répétitifs(97-077)

La fatigue constitue un dessymptômes les plus couram-ment associés au début d'unelésion attribuable au travailrépétitif (LATR). Les cher-cheurs émettent l'hypothèse que les mouvements répétitifsengendrent non seulement deschangements dans les tissus(fatigue locale), mais égale-ment dans la coordinationmotrice (fatigue globale). Ilsproposent donc de redéfinir leconcept de fatigue en y inté-grant une composante liée ausystème nerveux central.

Pour vérifier leur hypothèse,les chercheurs utiliseront unenouvelle mesure électromyo-graphique (EMG) de la coor-dination, afin de mesurer la fatigue et d’en identifier lescomposantes chez des sujetssains et chez d’autres blessés àl'épaule à la suite de mouve-ments répétitifs. Si elle s'avèreconcluante, cette étude permet-tra d’élaborer un modèle ser-vant à comprendre les liensentre la fatigue et les problèmesde contrôle moteur conséquentsà des mouvements répétitifs.

Responsables : Anatol G.Feldman et Michel F. Levin,Institut de réadaptation de Montréal ; L'Hocine Yahia,École Polytechnique

Contaminantschimiques et biologiques

Développement d'un modèle intégré informatique pour la ventilation desmines souterraines(97-125)

La ventilation des travaux demines souterraines est impor-tante pour la santé des tra-vailleurs. Le chercheur, qui acréé un logiciel permettant decalculer les besoins en air fraiset d'en planifier la répartitiondans les travaux souterrains,entend maintenant améliorercet outil en y ajoutant unereprésentation tridimension-nelle d’un réseau de galeries,un modèle qui tienne comptedes variations de densité de l'air en fonction de la profon-deur et de la température, et des données sur les caractéris-tiques des ventilateurs miniersexistants.

Permettant une planificationplus précise et efficace de laventilation minière susceptibled'améliorer la qualité de l'airdans les galeries, le logicielsera distribué gratuitement auxmines souterraines du Québec.

Responsable : Kostas Fytas,Université Laval

Les interactions toxicologiques en milieu de travailPhase I(97-079)

Les travailleurs sont souventexposés à des mélanges de contaminants, mais la régle-mentation relative aux expo-sitions ne tient pas compte detous les types d'interactionspossibles entre les substances,qui risquent pourtant d'en mo-difier la toxicité. Pour palliercette lacune, les chercheursveulent créer et rendre accessi-ble une banque de données surla toxicité des mélanges, quisera élaborée au moyen d'uneanalyse critique des informa-tions scientifiques disponibles.

Cette banque de donnéespermettra de produire desfiches informatisées en fran-çais, qui seront disponibles sur Internet. Ces fiches per-mettront aussi d'identifier les organes cibles communs pourles substances de l'Annexe Adu Règlement sur la qualité dumilieu de travail.

Ces informations permet-tront aux intervenants de porterun jugement qualitatif sur la nature de l'interaction entrecontaminants, pour chaque situation donnée.

Responsables : Adolf Vyskocil,Claude Viau, Robert Tardif etMichel Gérin, Université deMontréal

Protocole de recherchepour évaluer la surveillance chez lestravailleurs des mines,carrières et sablières(98-021)

Plusieurs règlements successifsadoptés au Québec depuis denombreuses années prévoientque les travailleurs des mines,des carrières et des sablièressoient soumis, avant leur em-bauche et en cours d'emploi, à des examens de santé pul-monaire, afin de prévenir et dedépister les maladies du pou-mon causées par les contami-nants auxquels ils peuvent êtreexposés. L'IRSST a reçu lemandat d'évaluer les réper-cussions du plus récent de ces règlements et a nommé uncomité aviseur à cet effet.

Face à l'impossibilité d'éva-luer directement, rapidement et de façon définitive les consé-quences de l'application de cerèglement, la chercheuse réali-sera une étude épidémiologiquede type cas-témoins qui com-parera la gravité de la maladieau moment du diagnostic, entredes travailleurs soumis à unesurveillance réglementaire etd'autres qui ne l'ont jamais été.

Responsable : Claire Infante-Rivard, Université McGill

Bernard La Mothe

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de travaillerde refuser

rancine travaille au rayon desproduits surgelés d’un super-marché. Depuis quelques se-

maines, elle éprouve des problèmes desanté persistants : rhume, maux degorge, etc., qu’elle attribue à la tem-pérature peu élevée maintenue dans son aire de travail. Elle ne croit pasqu’il s’agisse d’une condition normalede travail. Elle pense donc exercer sondroit de refuser de travailler et en aviserson supérieur immédiat afin que celui-ci discute de la situation avec le repré-sentant de l’association syndicale etque des corrections soient apportées, lecas échéant. Si, après cet examen, elleestime que la situation demeure anor-male, elle pense demander l’interven-tion d’un inspecteur de la Commissionde la santé et de la sécurité du travail(CSST).

Elle fait part de son intention à deux collègues, Johanne et Lucie. Lapremière l’encourage à exercer sondroit ajoutant qu’elle n’y perdra rien,

l’employeur étant tenu de lui verser son salaire pendant son absence. La seconde la met en garde contre une telleaction. Elle croit que Francine pourraitfaire l’objet de sanctions de la part del’employeur si l’inspecteur estimait quele motif invoqué pour exercer son droitau refus n’était pas justifié.

Cette discussion laisse Francineperplexe. Elle s’interroge sur l’étenduede ses droits, la portée de la protec-tion accordée par la loi, le rôle de l’ins-pecteur ainsi que les sanctions quepourrait exercer son employeur.

La Loi sur la santé et la sécurité dutravail (L.R.Q. c. S-2.1) reconnaît autravailleur le droit de refuser de travail-ler s’il a des « motifs raisonnables » de croire que l’exécution de son travaill’expose à un danger pour sa santé, sasécurité ou son intégrité physique.

Lorsque l’intervention de l’ins-pecteur est sollicitée, celui-ci a pour responsabilité de vérifier l’existence« objective » du danger. Autrement dit,

il doit examiner la situation pour déterminer s’il existe ou non un dangerjustifiant le refus du travailleur d’exé-cuter son travail. Le rôle de l’inspec-teur est donc d’évaluer le caractère« dangereux » d’un travail et non lecaractère « raisonnable » des motifs invoqués par le travailleur pour exercerson droit. L’inspecteur peut égalementexiger que les corrections nécessairessoient apportées.

Même si ce dernier conclut à l’ab-sence de danger ou que le danger nejustifie pas l’exercice du droit au refus,le travailleur a droit de recevoir sonsalaire pendant son arrêt de travail car, selon la Loi, il est réputé être à son travail lorsqu’il exerce son droit.

L’employeur pourrait, s’il estimeque le travailleur a exercé son droit defaçon abusive, lui imposer une sanctionallant même jusqu’au congédiement.Toutefois, le travailleur qui fait l’objetd’une telle sanction bénéficie d’un recours. Il peut contester cette sanc-tion soit en utilisant la procédure desgriefs, soit en soumettant une plainte à la CSST.

Ces quelques informations devraientaider Francine à prendre sa décision. ❏

Hélène Savard

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Acier CMP : sortir de l’âge de fer

usqu’à 250000 kilos de métauxen feuille entrent, enroulés surd’immenses bobines de 1,5 m de

largeur, puis ressortent après avoir étécoupés et rembobinés, voilà le quotidienchez Acier CMP. Cette entreprise dePointe-Claire, qui emploie 35 personnesà la production, fait le commerce en grosde produits de métal destinés à êtretransformés en une multitude d’objets :évents, sécheuses, poignées de cercueils,etc. Bien que le travail soit en grandepartie mécanisé, il comporte néanmoinsdes tâches physiquement exigeantes etentraîne des maux de dos, des tendiniteset d’autres lésions. En août 1997, conve-nant qu’une intervention ergonomiques’impose, les représentants de la direc-tion et du personnel de l’usine font ap-pel à la CSST pour les aider à mener unedémarche préventive. Le contremaîtreRick Baird souhaitait que les travail-leurs puissent « se rendre à la retraite ensanté ». Entre alors en scène l’inspectriceSuzanne Tremblay (Direction régionaled’Île-de-Montréal–2), qui termine uneformation de deuxième cycle en ergo-nomie. Le poste de sangleur de palettes,où se succèdent trois équipes de deuxpersonnes, avait déjà été ciblé, car cestravailleurs se plaignaient de douleurs audos, aux membres supérieurs et auxjambes. On met donc sur pied un comitéde quatre personnes, dont un travailleurdu poste en question. Après leur forma-tion sur la démarche, donnée par leCLSC Lac-Saint-Louis, ils s’attaquent àl’analyse complète du poste.

Situé à la fin de la séquence de pro-duction, le sanglage de palettes est aussile point de contrôle avant que la mar-chandise quitte l’usine. Il exige doncune attention soutenue, qui provoque unstress accru. La tâche principale consisteà passer des sangles d’acier au traversde bobines de métal coupé pour les fixerà la palette de bois sur laquelle ellesseront expédiées. Les sangleurs doiventactionner les commandes du panneau de contrôle pour activer le convoyeurportant la palette, sangler celle-ci, puisl’évacuer. L’observation et l’analyse démontrent qu’ils accomplissent unefoule de gestes contraignants, debout sur

du béton. L’utilisation du pan-neau de contrôle sollicite leurépaule droite pendant plus de lamoitié du temps, alors que sonemplacement les oblige sou-vent à se contorsionner pourvoir la palette. Le sangleur Sylvain Rémillard explique :« Je dois me courber jusqu’ausol pour saisir et retenir trois ou quatre sangles par palette.Élever les bras, tirer fortementet simultanément sur la san-gleuse et l’agrafeuse pneuma-tiques situées au-dessus de matête. Maintenir cette force pourgarder les outils à ma portée etpour les actionner. » Sylvainrépète ces mouvements environ300 fois par jour ! En plus, ilcoordonne le procédé d’embal-lage et donne, au besoin, uncoup de main au sangleur debobines, en amont sur la chaîne.

Pour résoudre les problèmes, « on autilisé l’expertise des travailleurs, maisavec une méthode », explique SuzanneTremblay. « Les membres du comité, unpeu sceptiques au début, sont devenusde plus en plus enthousiastes et fiers à mesure que le projet avançait. Ils sesentaient privilégiés et revalorisés d’ap-prendre la démarche ergonomique et del’appliquer dans leur usine », ajoute-t-elle. Pendant environ six mois, ils ontdécortiqué les séquences de travail etcherché des solutions, sous la supervi-sion de l’inspectrice. Des solutions, ilsen ont trouvées, que la direction a aus-sitôt approuvées : deux panneaux decontrôle plutôt qu’un, et mieux placés ;un guide pour retenir les sangles à hau-teur d’homme; un outil bifonctionnel àsuspension et à résistance zéro, montésur un rail réglable, pour remplacer sangleuse et agrafeuse ; un convoyeurmodifié ; un tapis antifatigue.

Huit mois après la mise en place des correctifs, les travailleurs se disaient satisfaits. « C’est la réelle volonté de lahaute direction qui a été la clé du suc-cès », affirme Suzanne Tremblay. Enfait, la direction d’Acier CMP a ététellement convaincue de l’efficacité de

la démarche, qu’elle a décidé de pour-suivre l’étude ergonomique de troisautres postes de l’usine et accordé lebudget nécessaire.

L’initiative a aussi eu pour effet demotiver le personnel car, selon AndréSauvé, représentant du comité d’ergo-nomie de l’entreprise, « ça rend le tra-vailleur plus fier quand il voit qu’ons’occupe de lui pour faciliter sa tâche.Les frais sont peut-être élevés, ajoute-t-il, mais au bout du compte, ça rapporteà tout le monde. » « C’est dans notre intérêt, à long terme, et dans celui destravailleurs, soutient Rick Baird, pourqu’ils aient une meilleure vie… plustard dans la vie. » ❏

Claire Thivierge

L a f i l i è r e e r g oAcier CMP :

sortir de l’âge de fer

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L’outil qu’utilise Sylvain Rémillard est monté sur un rail

réglable ; il remplace avantageusement la sangleuse

et l’agrafeuse. En mortaise, vue du convoyeur modifié.

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ous les hommes, on est faitsforts, mais quand on est finis, on est finis ! » D’entrée de jeu,

Marie Bellemare, chercheuse et ergo-nome à l’Institut de recherche en santéet en sécurité du travail (IRSST),évoque ce commentaire laconique deBenoît Brassard, travailleur dans unealuminerie, pour illustrer le fait que les métiers dits non traditionnels,longtemps jugés trop durs pour lesfemmes, ont été jusqu’à maintenantparticulièrement durs aussi pour leshommes. Chantal Dubeau, directrice dela formation à la Commission de laconstruction du Québec (CCQ), qui areçu le mandat de voir à l’intégrationdes femmes sur les chantiers, y vad’une phrase tout aussi lapidaire : « À45 ans, le dos des travailleurs de la construction est réduit en bouillie ! »

Mais il n’y a pas que les métiers non traditionnels qui exigent une forcephysique inhabituelle. Il y a aussi cer-tains emplois dans lesquels les femmessont très présentes. Entre autres, ceuxde préposées aux bénéficiaires dans les hôpitaux et de préposées à l’entre-tien ménager. Ces emplois recèlent, eneffet, d’insidieux pièges. Comment lesfemmes qui choisissent aujourd’hui cesmétiers peuvent-elles affronter les dan-gers qui les guettent, et les maîtriser?Y a-t-il un rapport entre leur arrivéedans ces secteurs d’activité et l’amé-lioration des conditions de travail dans ces secteurs?

Pour y voir plus clair, Prévention autravail s’est entretenu avec des femmespassionnées par ces questions : LisetteLapointe, directrice générale d’AutoPrévention, Karen Messing, chercheuseau Centre pour l’étude des interactionsbiologiques entre la santé et l’envi-ronnement (CINBIOSE)1, FrancineBurnonville, sociologue et conseillèreen formation au Conseil des travail-leurs et travailleuses du Montréal mé-tropolitain (FTQ), et Carole Gingras, directrice du Service de la conditionféminine à la FTQ, sans oublier MarieBellemare et Chantal Dubeau, citéesplus haut.

Plusieurs d’entre elles ont jugé bond’évoquer d’abord ce qui différencieles comportements des hommes deceux des femmes, en ce qui a trait à la santé et à la sécurité dans les métiers non traditionnels. FrancineBurnonville campe le décor : « Onconstate que les hommes se contententsouvent d’appareils et d’outils qui nefonctionnent pas bien. Si leur chariotélévateur prend mal les tournants, ilsont tendance à corriger la situation à lamain. Beaucoup de ces manutentionsdemandent trop d’efforts. S’ensuivent

des accidents et une usure de l’appa-reil locomoteur. » Marie Bellemareabonde dans le même sens : « Chez les hommes, l’effort physique est valo-risé, il établit un ordre hiérarchique.On le constate, notamment, dans l’in-dustrie lourde. Ainsi, dans les alu-mineries, il y a eu beaucoup d’achatsd’équipement dans le but d’améliorerles conditions de santé et de sécurité,notamment des appareils de levage.Mais, certains hommes avaient la conviction qu’ils ralentissaient leur travail. Quand les femmes sont arri-vées dans ces usines, elles n’ont pas eu le choix, elles ont dû utiliser les appareils. Ce faisant, elles ont donnél’exemple aux hommes et fait la dé-monstration que ce n’était pas si fas-tidieux. » Karen Messing, qui s’est intéressée au milieu hospitalier, rap-porte les commentaires d’un travail-leur de ce secteur ; il en dit long surl’évolution des mentalités : « Leshommes se prennent de moins enmoins pour des supermen. Tout lemonde utilise des lève-personnes. Il ya dix ans, on forçait, puis on pensaitaprès. Maintenant, les personnes desdeux sexes pensent à leur dos. »

Même si, selon nos interlocu-trices, les femmes ont beaucoup plusconscience des changements à appor-ter en vue d’améliorer les conditions de travail, il ne leur est toutefois pas toujours aisé de s’affirmer dans des milieux où on leur demande sans cesse

1 Le CINBIOSE est, depuis peu, Centre collabo-rateur de l’Organisation mondiale de la santé(OMS) et de l’organisation Pan-américaine dela santé (OPS). Le Centre voit ainsi son exper-tise reconnue à l’échelle internationale, pour lesquatre prochaines années, sur le thème de la détection précoce et la prévention des maladiesreliées au travail et à l’environnement.

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Emp oisLes femmes et la santé-sécurité

s’y taillent une place !

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de faire leurs preuves. Carole Gingrasexplique : « Quand les femmes entrentdans des métiers non traditionnels, elles sont plus réticentes à demanderdes changements. Elles ne veulent pas passer pour des chialeuses et elles font tout pour s’adapter. » FrancineBurnonville ajoute : « Et il y a despréjugés : les hommes sont obsédés par l’idée qu’ils vont devoir faire le tra-vail à la place des femmes et ils ne leurproposent pas leur aide. Les femmesessaient de faire leurs preuves et for-cent trop. Dans ces milieux, il y a tou-jours plus d’accidents au cours despremières années. La transmission dusavoir entre travailleurs est importante,mais on constate que l’information ne

passe pas des hommes vers les femmes.Et le milieu leur offre souvent peu desoutien. » Karen Messing va plus loin :« Les femmes veulent se faire accepteret travaillent comme les autres, mais lanorme de ce qu’est un travail commeles autres doit être revue. La divisionentre hommes et femmes peut appa-raître comme une solution à des exi-gences excessives qu’il vaudrait mieuxrésoudre par une réorganisation du travail. »

M a i s , l e st e m p s c h a n -g e n t . M a r i eBellemare ob-serve la scènedu travail de-puis de nom-breuses années :« Q u a n d d e s p i o n n i è r e sparviennent àpercer dans cesmilieux, ellesfont avancer leschoses. » Carole Gingras témoigneaussi de leurs efforts : « Il y a desfemmes qui se battent pour obtenir desemplois traditionnellement masculins,souvent plus payants, et aussi plus exi-geants, sur le plan de la force physique,que les emplois dits féminins. Elles éla-borent des stratégies pour y faire face :elles demandent la collaboration decollègues. » Attitude saine qui finit pardéboucher sur une amélioration desconditions de travail de tous !

L’arrivée des femmes dans le champdes métiers non traditionnels aura fait prendre conscience que le temps dela valorisation de la force physique au détriment de la santé et de la sécu-rité est en voie d’être révolu. MarieBellemare l’exprime clairement : « Onaccorde aujourd’hui beaucoup d’atten-tion à la réduction des efforts, d’autantplus qu’on a affaire à une populationvieillissante de travailleurs ayant accu-mulé des handicaps liés au travail. Àl’IRSST, dans le cadre d’une rechercherécente, les chercheurs ont conçu denouveaux appareils en fonction d’unepopulation féminine, même s’il n’yavait pas encore de femmes pour lesutiliser. Si la tâche demande moins d’efforts, ce sera aussi bénéfique pourles hommes ! Comme ces appareilspermettent des réglages selon la taillede la personne, ils font aussi l’affairedes hommes de petite taille. » FrancineBurnonville commente : « Cela fait accepter les différences. Les hommesnon plus ne sont pas homogènes. »

À la CCQ, Chantal Dubeau, quis’occupe des programmes de forma-tion, a des préoccupations similaires :« Lorsque nous révisons les program-mes d’étude, nous analysons les situa-tions de travail selon les critères desanté et de sécurité pour les hommes

comme pour les femmes. Nous nousdemandons, par exemple, en étudiantles tâches des briqueteuses-maçonnes,comment une femme devrait s’y prendre pour transporter des briques.Nous cherchons comment faire leschoses différemment, comment chan-ger les comportements. C’est à l’écolequ’il est plus facile de prévoir ces chan-gements. En enseignant ces métiers,nous proposons de nouvelles façons defaire. Les gars, qui côtoient aujourd’huides filles au moment de leur formation,ne se rendent pas compte de la nou-veauté des méthodes de travail, et ilsles trouvent normales. C’est cet été queles nouvelles recrues arriveront sur lemarché du travail. Il va falloir observercomment cela se passe. Par ailleurs,aux Olympiades de la formation pro-fessionnelle2 où, incidemment, l’aspectsanté et sécurité est coté, il y a main-tenant des femmes qui représentent le milieu de la construction. Elles y gagnent des médailles et deviennentdes modèles pour leurs collègues. »

Lisette Lapointe, directrice généraled’Auto Prévention, nous fait part deschangements survenus dans le secteurde l’automobile : « Depuis une dizained’années, des efforts systématiques ontété réalisés afin d’améliorer de façonimportante les conditions de santé et desécurité. Ce n’est plus vrai que les gensqui sont dans ce métier doivent y laisserleur santé. Depuis deux ans, il y a uneimmense amélioration dans les entre-prises. C’est très bien perçu d’avoir de l’équipement moderne. Ainsi, il existe désormais des pousse-voiture qui permettent à une personne seule de

2 Compétition mettant aux prises de jeunesdiplômés des collèges et des centres de forma-tion professionnelle du Québec.

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De gauche à droite, FrancineBurnonville, Karen Messing et Carole Gingras

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déplacer un véhicule en panne avec uneffort minimal. On dispose maintenantd’un ensemble complet d’outils qui réduisent considérablement la part del’effort dans ce domaine, et rendent les conditions de travail acceptables :vérins, engins de levage, tables élé-vatrices, dispositifs d’aspiration à lasource, lave-pièces, etc. Tout le mondes’entend pour dire que ces appareilssont rentables : ils réduisent les acci-dents et augmentent la productivité. Enoutre, ces améliorations ouvrent lesmétiers de l’automobile à une clientèleféminine. »

Mais, tout ne s’arrête pas là, commele souligne Lisette Lapointe : « De nou-velles méthodes de travail sécuritairessont désormais enseignées dans lesécoles de formation des métiers del’automobile où, en 1997, 5 % desélèves étaient des femmes (compara-tivement à 0,1 % dans la populationactuelle des travailleurs du secteur au-tomobile). Il y a beaucoup de femmespassionnées par les métiers de l’auto-mobile, et les associations patronales et syndicales se montrent ouvertes àleur arrivée dans ce milieu. Et quandleur nombre augmentera davantage, il

y aura des améliorations supplé-mentaires en matière de santé et desécurité. Les femmes ont des façonsdifférentes de travailler. Elles repèrentdes problèmes qui échappent auxhommes, ce qui stimule la recherche denouvelles solutions qui viendrontaméliorer les tâches des hommes. »

De leur côté, Karen Messing, CaroleGingras et Francine Burnonville témoi-gnent de la forte alliance qui s’est crééeau cours des dernières années entre leCINBIOSE et les centrales syndicales,dont la FTQ, la CSN et la CEQ, en vuede s’attaquer aux problèmes de santé et de sécurité chez les femmes, entreautres ceux associés à la manutention.L’équipe fait part de ses préoccupa-tions : « On reçoit des demandes afinque la situation s’améliore. Il devientimportant de voir clair en ce qui a traitaux problèmes éprouvés par les femmesdans les fonctions qu’elles occupent. À titre d’exemple, une des études réali-sées dans le cadre de cette collaboration indique que, contrairement aux percep-tions de plusieurs, les femmes exerçantle métier de préposée aux bénéficiairesfont plus de manutentions lourdes par heure que les préposés masculins.

L’examen des travaux d’entretien mé-nager, dits légers, que l’on confie auxfemmes (par opposition aux travauxd’entretien ménager lourds réservés auxhommes) a aussi mis en lumière descharges physiques invisibles supportéespar les femmes. Ces charges se sontavérées, tout compte fait, aussi lourdesque celles, plus visibles, supportées parles hommes. « C’est une antinomie depenser que le travail des hommes estplus dur dans ce milieu. »

Les interlocutrices interrogées sesont faites les porte-parole des orga-nismes qu’elles représentent pour réaffirmer l’importance de donner dusoutien aux femmes exerçant desmétiers non traditionnels, ou des métiersdemandant de l’endurance physique. La CCQ et la CSST élaborent actuelle-ment un programme de mentorat dansle milieu de la construction pour offriraux femmes présentes sur les chantiersla possibilité de discuter des difficultésqu’elles éprouvent avec des collèguesmasculins ouverts à leur réalité. LaCCQ prépare également un code dedéontologie des relations hommes-femmes sur les chantiers ; il fera l’ob-jet d’une importante promotion. AutoPrévention a également l’intention de faire le suivi des nouvelles recrues qui entrent sur le marché du travail etde les aider.

Une chose est sûre, l’augmentationdu nombre de femmes dans les métiersauparavant réservés aux hommes est irréversible, et leur présence est jugéesusceptible d’améliorer, de façon no-table, les conditions de santé et de sécu-rité dans ces nouveaux milieux. ❏

Suzanne Cohen

Pour en savoir plus

• Une vidéo : La passion du métier,produitepar Auto Prévention.

• Un document : Comprendre le travail desfemmes pour le transformer : unerecherche-action menée par l’université etles organisations syndicales québécoises,ouvrage dirigé par Karen Messing etpublié par le Bureau technique syndical dela Communauté européenne, Bruxelles.

• Un colloque international : « Zoom sur lesfemmes et les métiers non traditionnels »,qui se tiendra du 11 au 17 novembre 1999,à Montréal.

• Un rapport de recherche : Quand lemasculin se conjugue au féminin(FTQ).

« Il y a beaucoup de femmes passionnées par les métiers de l’automobile, et les associations patronales et syndicales se montrentouvertes à leur arrivée dans ce milieu », souligne Lisette Lapointe,directrice générale d’Auto Prévention.

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20e

oyant venir une loi qui allait être adoptée en 1979, l’AIISTQa été fondée en 1978. Le premier

conseil d’administration s’est aussitôtpenché sur les revendications qu’il allaitdéfendre en commission parlementaire,en septembre 1979.

Louise Marier Thibault, présidentede l’AIISTQ depuis 1981, est la mé-moire vive de l’Association. Elle serevoit encore, attendant son tour de témoigner devant cette historique com-mission parlementaire, avec trois de ses collègues. « Lorsque nous sommes entrées dans la salle, à 17 h 45, les journalistes ont prédit que l’audition ne serait pas prolongée au-delà de 18hà cause d’une soirée prévue en l’hon-neur d’un ministre. Pourtant, croyez-leou non, les membres de la commissionnous ont posé des questions jusqu’à 19 h 30 ! Nous leur avons ouvert les yeux en leur expliquant que l’infirmièreest la responsable de première ligne.

ébranlé. Il a pris conscience du rôle fondamental de ces professionnelles en matière de santé et de sécurité du travail, de la relation de confiancequ’elles avaient su créer avec les travailleurs et les employeurs.

Redéfinir leur rôleAujourd’hui, 20 ans plus tard, près d’un millier d’infirmières travaillent ensanté et en sécurité du travail. Commequoi les employeurs ont compris la nécessité de leurs interventions. De plusen plus de responsabilités leur sont confiées, et elles ont souvent la chanced’innover, de créer et d’adapter leur profession aux besoins de leurs milieuxrespectifs. Devant l’évolution du rôle deses membres, l’AIISTQ a senti le besoinde mieux le circonscrire, à la lumière de la définition de l’exercice infirmier.L’infirmière en santé et en sécurité dutravail doit, en effet, appliquer les

Au Québec, l’histoire de l’Association des

infirmières et infirmiers ensanté du travail du Québec

(AIISTQ) est intimement liée à celle de la santé et de la

sécurité du travail. Nous avonsprofité de l’événement pour

brancher nos micros à portée de voix des infirmières

de cette association et… dans leur histoire !

L’AIISTQ célèbre sonanniversaire

Dans l'entreprise privée, l'infirmière reçoit les blessés, évalue leur état de santé, donneles soins nécessaires, détermineleur capacité à retourner à leurstâches habituelles et prend les dispositions appropriées.

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L’AIISTQ célèbre sonanniversaire

C’est elle que les travailleurs connais-sent, c’est elle qui fait le lien entre letravailleur et l’employeur, entre le tra-vailleur et son milieu de travail. »

Le lendemain, les représentantes del’AIISTQ avaient « l’impression d’avoirdes ailes ! » Elles ont alors osé solli-citer un entretien avec le ministre PierreMarois, à qui l’on accorde la paternitéde la Loi sur la santé et la sécurité dutravail. « Nous avons plutôt rencontréson attaché politique, qui nous a permisde préciser nos revendications. Nous lui avons expliqué notre point de vue.Nous n’étions pas contre l’idée que laloi soit appliquée par le secteur public,mais contre le fait que tous les servicesde santé disparaissent des entreprises.Nous voulions que les infirmières de-meurent dans les milieux de travail. Laprévention n’a pas commencé avec laloi ! Dans les grandes entreprises, il sefaisait déjà de la surveillance de la santédes travailleurs ainsi que du milieu detravail, et nous voulions que ce soitmaintenu. C’était parmi nos principalesrevendications. »

Mme Thibault et ses collègues ontgagné. Dans une entrevue accordée à Prévention au travailen 1995, M. Marois reconnaissai t que lesreprésentations des infirmières l’avaient

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2principes de la profession afin de promouvoir, maintenir et améliorer lasanté, la sécurité, le bien-être et la qualité de vie des travailleurs et des travailleuses, par une approche biopsy-chosociale.

Un sondage publié par l’Ordre desinfirmières et infirmiers du Québec(OIIQ), en 1995, a servi à rédiger la pre-mière partie d’un document issu d’uneheureuse collaboration entre l’OIIQ etl’AIISTQ : Les défis de l’avenir en santéet en sécurité du travail,lancé au prin-temps de 1998. « Il était primordial pournous d’avoir l’appui de notre ordre, explique Louise Guertin, première vice-présidente de l’Association. C’est unegarantie de qualité et une reconnais-sance de notre crédibilité. La collabora-tion de l’OIIQ donne tout son poids audocument. » La première partie portesur la contribution de l’expérience del’infirmière. La seconde, sur son rôle etses responsabilités en matière de santéet de sécurité du travail. « Ce rôle estencore méconnu, croit Louise MarierThibault. Souhaitons que ce document,qui devrait être entre les mains de tous les employeurs, contribue à le faire connaître. » Il répond, notamment, aux questions que ces derniers posentrégulièrement à l’Association lorsqu’ilsveulent rédiger une description de tâche.

Le rôle de l’infirmière en santé etsécurité du travail est divisé en quatrevolets : le rôle clinique, le rôle de ges-tionnaire, le rôle d’enseignante et celuide chercheuse. Prévention au travailarencontré les infirmières Lise Brassard,chef du service santé chez QIT Fer et Titane inc. et responsable des services desanté de Sorel et de Havre-Saint-Pierre,et Lynda Frenette, agente de planifi-cation et de programmation en santé au travail à la Régie régionale de la santé et des services sociaux (RRSSS)de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Mme Frenette est aussi présidente duComité provincial des soins infirmiers en santé au travail, qui regroupe les infirmières-conseils des RRSSS et sou-tient les infirmières des CLSC inter-venant dans les entreprises. Toutes deuxont dressé un bilan du travail accomplisur le terrain.

Dans l’entreprise privéeLa recherche est un aspect inhabituel du travail de l’infirmière dans l’entre-prise privée. C’est davantage la voie de

l’avenir. Aujourd’hui,elle est très près duquotidien. Même si elle est préparée pourfaire face à des situa-tions de catastrophesavec plusieurs blessés,les volets clinique, dela gestion et de l’enseignement cons-tituent la majeure partie de son travail.Elle fait, entre autres, les examens desurveillance de santé des travailleurs ettravailleuses à l’embauche, puis, pério-diquement en cours d’emploi selonl’âge, le lieu, et certains risques spéci-fiques de leur milieu de travail (bruit, irritants respiratoires, etc.) ou encore des examens facultatifs reliés à la promotion de la santé (dépistage ducholestérol, cancer de la prostate, etc.).Dans ce cadre, elle a la responsabilité defaire remplir les questionnaires et d’ap-pliquer les tests établis aux protocoles(audiométrie, spirométrie, prélèvementssanguins, etc.). Ces occasions demeurentdes moments privilégiés d’enseignementpersonnalisé autant sur le pourquoi et le comment des examens effectués, quesur la signification des résultats et lesmoyens de prévention qui s’y rattachent.La promotion de la santé demeure unede ses préoccupations constantes et elley consacre beaucoup de temps. Ainsi,

elle planifie, organise et diffuse des campagnes reliées aux habitudes ou aux transitions de la vie : ostéoporose,asthme, hypertension artérielle, hyper-cholestérolémie, rhume, nutrition, etc.

Pour être en mesure de comprendrela réalité quotidienne des employés,l’infirmière du secteur privé visite régu-lièrement les postes de travail. Ses observations permettent de guider l’em-ployeur dans la solution des problèmesreliés à la réintégration au travail de la personne aux prises avec des limita-tions à la suite d’un accident ou d’unemaladie afin de lui permettre d’exécu-ter un travail conforme à ses capacités physiques et mentales. Le respect de la confidentialité des renseignements mé-dicaux et le secret professionnel enca-drant sa pratique la guident dans sescontacts avec l’employeur et les travail-leurs afin de ne divulguer que ce qui estpertinent à la demande.

La gestion médico-administrative deslésions professionnelles et personnelles

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Au Québec, ellessont près d’un

millier d’infirmièresen santé et en

sécurité du travail.En plus d’être très

présentes sur le terrain, elles

s’occupent de gestion,

d’enseignement, et elles font aussi de la recherche.

Pour être enmesure de

comprendre la réalité

quotidienne des employés,

l’infirmière dusecteur privé visiterégulièrement lespostes de travail.

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20ansfait partie de ses préoccupations quoti-diennes. Elle reçoit les blessés et lesmalades sur les lieux du travail, évalueleur état de santé, donne les soins néces-saires, détermine leur capacité à retour-ner à leurs tâches habituelles et prendles dispositions appropriées. Déposi-taire de tous les certificats médicaux,elle connaît le problème de chacun destravailleurs qui s’absente pour raison desanté, et elle est en mesure de lui assu-rer soutien et réconfort en demeurant en contact régulier avec lui. Lors de sonretour, elle s’assure que son poste esttoujours compatible avec son état desanté et, au moindre doute, elle consultele médecin.

Lors de l’application du programmePour une maternité sans dangerpour latravailleuse enceinte ou qui allaite, elledemeure une ressource précieuse pourinformer et rassurer la travailleuse. Deplus, elle guide le gestionnaire dansl’élimination des risques qui compro-mettraient la santé de la travailleuse oucelle de l’enfant à naître ou allaité, etcollabore ainsi à sa réaffectation.

Dans le secteur publicLa majorité des interventions de l’infir-mière en santé et sécurité du travail dansce secteur se font sur une base paritaire.Certaines peuvent se faire sur une baseindividuelle lorsque les travailleurs seprésentent au CLSC pour des informa-tions supplémentaires concernant leursrésultats d’examen. Elle intervient sys-tématiquement dans les groupes priori-taires 1 à 3 de la CSST et, à la demandede l’employeur, dans les groupes 4 à 6.Les interventions dans les entreprisesayant un service de santé reconnu par laloi depuis 1980 sont ponctuelles. Ellecollabore avec elles, lorsque celles-ci lelui demandent, par exemple, pour don-ner de la formation sur des risques quileur sont particuliers.

L’infirmière du réseau public par-ticipe à la reconnaissance des risquesdans le milieu de travail et à la sur-vei l lance des caractér ist iques de l’environnement. Souvent, elle visitel’établissement avec le technicien en hygiène industrielle et le médecin responsable. En collaboration avec cedernier, elle participe aussi à l’élabora-tion du programme de santé. Elle exerceune surveillance médicale des travail-leurs en fonction des risques propres àl’entreprise. Ainsi, elle peut pratiquerl’audiométrie sur une base individuelle,

puis interpréter le bilan collectif, si lebruit est un problème spécifique de cetteentreprise. Enfin, elle renseigne l’em-ployeur sur l’organisation d’un réseaude premiers secours et premiers soins,établit un diagnostic des lacunes — ensignalant, entre autres, l’absence detrousses de premiers secours ou la nécessité de former des secouristes —,tenant compte de la législation envigueur et des besoins particuliers. De plus, elle complète la formation dessecouristes sur certains facteurs derisque et oriente ses interventions selonle contexte de l’entreprise.

En matière de réadaptation, l’infir-mière du secteur public joue davantageun rôle de ressource lorsqu’un problèmesurvient. Si, par exemple, le résultatd’un examen audiométrique révèle despertes auditives liées au travail, elledonne au travailleur ou à l’employeur lenom de l’organisme ou du professionnelde la santé qui peut lui venir en aide.Contrairement à l’infirmière du secteurprivé, elle n’a pas accès aux dossiers destravailleurs en ce qui concerne les lé-sions professionnelles. Elle peut cepen-dant participer au comité de santé etsécurité à la demande de l’entreprise quiréclame ses connaissances pour prendredes décisions justes et équitables afin deréduire à la source des risques inhérentsà son établissement. Comme l’infirmièrede l’entreprise privée, elle s’occupe duprogramme Pour une maternité sansdanger. Elle peut, en complémentaritéavec le technicien et le médecin respon-sable, déterminer les risques auxquels

la travailleuse est exposée, ou évalueravec eux le milieu de travail, lorsqu’il y a une demande de retrait préventif ou de réaffectation.

Si le volet recherche n’est guèredéveloppé, l’enseignement, par contre,occupe une place déterminante dans sonemploi du temps ; formation et infor-mation sur les risques auxquels les travailleurs sont exposés constituent son lot quotidien. Qu’il s’agisse d’unegrande ou d’une toute petite entreprisene comptant que deux ou trois travail-leurs, elle est toujours là pour faire dela prévention.

En conclusion, le document Les défisde l’avenir en santé et en sécurité du travail1, publié pour souligner les 20 ansl’AISSTQ, présente une définition pré-cise du rôle et des responsabilités de l’in-firmière en santé et en sécurité du travail,adaptée aux multiples transformations dumonde du travail et de la santé.

Dans cette perspective, l’AIISTQ favo-rise le perfectionnement professionnelde l’infirmière et lui fournit les moyensde mettre au point et d’offrir des ser-vices professionnels de qualité optimaleaux travailleurs et aux employeurs pouratteindre une véritable prévention. ❏

Suzanne Blanchet

1 Vous pouvez vous procurer ce document auprès du Centre de documentation de l’Ordredes infirmières et infirmiers du Québec, 4200, boulevard René-Lévesque Ouest, Mon-tréal (Québec) H3Z 1V4. Tél. (514) 935-2501ou 1 800 363-6048, téléc. (514) 935-5273,courriel : [email protected].

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L’enseignement occupe une place déterminante dans l’emploi du temps de l’infirmière du réseau public.

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2 au 4 août 1999Colorado Springs (États-Unis)

Techniques de maîtrise du risquedans le secteur santé : stratégies de collaboration pour le prochain millénaire

Renseignements :ACGIH1330 Kemper Meadow DriveCincinnati, OH 45240ÉTATS-UNISTél. : (513) 742-2020Téléc. : (513) 742-3355Courriel : [email protected] Web : www.acgih.org/events/hlthcare.htm

8 au 13 août 1999Edimbourg (Royaume-Uni)

8e Conférence internationale sur la qualité de l’air et le climatà l’intérieur des bâtimentsRenseignements :Concorde Services Ltd10 Wendell RoadLondres W12 9RTROYAUME-UNITél. : 44 0181 743 3106Téléc. : 44 0181 743 1010Courriel : [email protected]

22 au 27 août 1999Munich (Allemagne)

HCI International 1999 8e Conférence internationale surl’interaction hommes-ordinateurs

Renseignements :HCI International 1999Conference SecretariatFraunhofer IAONobelstrasse 1270569 StuttgartALLEMAGNETél. : 49 711 9702331Téléc. : 49 711 9702300Courriel : [email protected] Web : HCI.iao.fhg.de

19 au 24 septembre 1999Sydney (Australie)

ICR ‘99. 20e Congrès international du froid : le froidà l’orée du troisième millénaire

Renseignements :ICR 1999 Secretariat52 Rossylyn StreetWest MelbourneVictoria 3003AUSTRALIETél. : 39328 2399Téléc. : 39328 4116Courriel : [email protected] Web : www.airah.org.au.icr99

28 septembre au 1er octobre 1999Montréal (Québec)

4e Conférence internationale de la CIST sur la santé au travaildes travailleurs de la santé

Renseignements :Secrétariat de la Conférence 1999Bureau 9505100, rue Sherbrooke EstMontréal (Québec) H1V 3R9Tél. : (514) 253-6871Téléc. : (514) 253-1443Courriel : [email protected] Web : www.asstsas.qc.ca/icoh1999/

28 septembre au 3 octobre 1999Houston (États-Unis)

7e Congrès de l’InternationalStress Management Association

Renseignements :International Stress Management AssociationD.P. MorganTél. : (713) 266-1198Téléc. : (713) 781-2548Courriel : [email protected]

29 septembre au 1er octobre 1999Montréal (Québec)

Formation continue (2 cours)Construire le partenariat : conciliation et création d’alliancesBâtir et maintenir sa crédibilitéet sa légitimité comme préventionniste

Renseignements :Christiane BlaisFaculté des Sciences de l’administrationFormation continueBureau 2200, pavillon Palasis-PrinceUniversité LavalQuébec (Québec) G1K 7P4Tél. : (418) 656-2131, poste 5213

5 au 7 octobre 1999Montréal (Québec)

Conférence internationale sur la sécurité des systèmes industriels automatisés

Renseignements :Linda SavoieIRSST505, boulevard de Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. : (514) 288-1551Téléc. : (514) 288-7636Courriel : [email protected] Web : www.irsst.qc.ca/conference

6 au 8 octobre 1999Vienne (Autriche)

ColloqueLa sécurité et la santé dans la construction au 21e siècle

Renseignements :Secrétariat du colloqueBureau de relations internationales et de congrès de l’AUVAAdalbert-Stifter-Strasse 65A-1200 VienneAUTRICHETél. : 43 1 33111 537Téléc. : 43 1 33111 469Courriel : [email protected]

11 au 17 novembre 1999Montréal (Québec)

Colloque internationalZOOM sur les femmes et les métiers non traditionnels

Renseignements :Secrétariat ZOOM Colloque internationalMinistère de l’ÉducationÉdifice Marie-Guyart1035, rue De La Chevrotière, 26e étageQuébec (Québec) G1R 5A5Tél. : (418) 644-4581Téléc. : (418) 646-7592Courriel :[email protected] Web : www.mss.gouv.qc.cawww.meq.gouv.qc.ca/cond-fem

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Montréal est une femme…En 1994, le Conseil de recherches médicales du Canada mettait le point final à une étude sur la santé des femmes. L’étude a permis de constater qu’il y a au Canada une gravepénurie de recherches sur les questions de santé féminine.

Deux ans plus tard, cinq Centres d’excellence pour la santé des femmes (CESAF) ont vu le jour, dont un à l’Université deMontréal. Ces centres sont le lieu de rencontre des représentantsdu milieu universitaire, du réseau de la santé et d’organismes communautaires travaillant auprès des femmes. Selon SantéCanada, les centres aideront à déterminer l’état de santé des femmes au pays et permettront aux chercheurs de s’entendre sur les principales possibilités de recherche pour l’avenir. Au terme dumandat, en 2002, les centres seront aussi en mesure de prodiguerdes conseils aux gouvernements, aux organismes de santé et aux organismes non gouvernementaux. Legouvernement fédéral, à l’origine duprojet, injectera deux millions de dollarsdans chacun des centres. Le consortiumde l’Université de Montréal s’est vuconfier les dossiers spécifiques des immigrantes, des femmes autochtones et de celles jouant un rôle d’aidantes naturelles.

Pour renseignements supplémen-taires, communiquer avec le CESAF au(514) 343-6758. ❏ FM

Un outil pour les infirmières en milieu de travailLa Direction de la santé publique de Montréal-Centre vient de publier un deuxième cahier didactique et thématique de référenceà l’intention des infirmières des milieux de travail. Intitulé Premierssecours et premiers soins : adaptation du modèle McGill et son application en milieu de travail, le document est conçu pour facili-ter la compréhension de la relation entre le milieu de travail et lasanté et pour soutenir l’intervention infirmière dans ce contexte.

Le cahier aborde, entre autres, la conception des soins infirmiersen santé du travail à l’ère des transformations sociales, la définitiondes concepts clés issus de cette adaptation du modèle McGill et enfin, l’application de cette démarche systématique suivie d’une illustration. En s’inspirant de la philosophie véhiculée par le modèle,l’ouvrage présente des possibilités intéressantes pour promouvoir la santé avec et pour les milieux de travail. Le document est en vente au prix de 25$. Pour obtenir de l’information, téléphoner àGisèle Fontaine au (514) 528-2400, poste 3244. ❏ FM

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La LATMP sous toutes ses couturesDeux nouveaux ouvrages de nature juridiqueviennent d’être publiés aux Éditions YvonBlais. Après la parution du Traité de droit de la santé et de la sécurité au travail en1993, voilà qu’est maintenant disponible undeuxième outil de référence juridique : Lesaccidents du travail et les maladies pro-fessionnelles – Indemnisation et finance-ment. L’ouvrage se penche sur le deuxièmepilier du régime québécois de santé et desécurité du travail, la Loi sur les accidentsdu travail et les maladies professionnelles(LATMP). Le volume précédent, consacréà la prévention des lésions profession-nelles, s’intéressait plutôt à la Loi sur lasanté et la sécurité du travail (LSST). Les auteurs se réfèrent à une abon-dante jurisprudence — l’index compte121 pages — provenant autant des tribunaux administratifs que de ceux de droit commun. Achevé en juin 1996,l’ouvrage ne tient pas compte de la Loi modifiant la Loi sur les accidents dutravail et les maladies professionnelleset la Loi sur la santé et la sécurité dutravail (loi 70) et de la Loi instituant laCommission des lésions profession-nelles et modifiant diverses disposi-tions législatives (loi 79), adoptéestoutes deux en 1997.

Enfin, un second ouvrage, intituléDéveloppements récents en droit dela santé et sécurité au travail rassem-ble des allocutions prononcées lorsd’un colloque éponyme, en février1998. Les textes de huit conféren-ciers abordent des sujets aussi diversque l’indemnisation des lésions attribuables au travail répétitif(LATR), les récentes décisions enmatière de financement et la mise sur pied de la Commission deslésions professionnelles (CLP).

Pour en savoir plus, joindre lesÉditions Yvon Blais, aux nos 1 800363-3047 ou (514) 266-1086. ❏ FM

Le guide Respirateurs utilisés au QuébecDans le dernier numéro de Prévention au travail, un article annonçait la parution du guide Respirateurs utilisés au Québec.Le paragraphe Pour en savoir plusaurait dû se lire ainsi :VENNES, Mireille, Jaime LARA, Guy PERRAULT, François LEMAY et Daniel DROLET. Guide – Respirateurs utilisés au Québec, 80 pages + Annexes, 25 $ plus taxe (payable à l’avance) ; 10$ pour l’abonnement annuel aux mises à jour. Offert à : CSST, Service des approvi-sionnements, Marie-Paule Genesse, 524, rue Bourdages, Local R-65, Québec (Québec) G1K 7E2.Tél. : (418) 528-0564 ; téléc. : (418) 646-0336.

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■ Prévention au travail: Le Centrepatronal est né d’un besoin…■ Denise Turenne: Au début des années 80, les entreprises et les asso-ciations patronales se sentaient un peu démunies à la suite de l’adoption,par le gouvernement, de la Loi sur lasanté et la sécurité du travail.Elles sedemandaient comment elles allaient désormais s’organiser. Elles ont deman-dé de l’aide au Conseil du patronat du Québec (CPQ), qui leur a suggéréde mettre sur pied un organisme qui ferait de la formation et donnerait del’information en matière de santé et desécurité du travail. Les associations ont

trouvé l’idée excellente. C’est ainsiqu’est né le Centre patronal. Quand jesuis arrivée, en mai 1983, j’ai ren-contré le conseil d’administration dunouvel organisme. Ce qui m’a frappée,ce sont les rêves de ses membres surce que pourrait être le nouveau Centre.C’est important, les rêves… Alors,pendant les premiers mois qui ont suivimon entrée en fonction, j’ai beaucoupécouté. C’est ainsi que j’ai pu faire,avec ma petite équipe, une planifi-cation stratégique, dégager des possi-bilités de croissance et présenter unpremier projet au conseil d’adminis-tration du Centre patronal.

■ PT : En quoi consistait cette planifi-cation stratégique?■ DT : Avant tout, il m’a paru indis-pensable de rencontrer les dirigeantsd’entreprise afin de leur faire com-prendre pourquoi il valait la peine dese préoccuper de la santé et de la sécu-rité. Pour un employeur, ce dossiercomporte plusieurs aspects : la gestiondu financement et des dossiers d’acci-dents, sans oublier les considérationsd’ordre médical et administratif et, lecœur : la prévention ! Quand un em-ployeur est capable de bien intégrertous ces volets, il aboutit forcément à la prévention; il sait ce qu’il doit faire et aussi comment le faire. Poursoutenir cette stratégie, deux prémisses.Un : il revient à l’entreprise d’assurerle leadershipen matière de santé et desécurité du travail, et d’offrir un milieusain et sûr aux personnes travaillantpour elle. Le dirigeant d’entreprise doitpar conséquent se donner des orienta-tions, les assumer et les faire connaître.

Deux : la santé et la sécurité, ça se gère,ce ne sont pas des notions abstraites.C’est, au contraire, une fonction tout ce qu’il y a de plus concret, qui fait partie de la vie de l’entreprise et qu’ilimporte de bien gérer. Si la planifi-cation et les moyens d’action de l’em-ployeur sont appropriés, il y aura desrésultats tangibles, qu’il lui sera possi-ble de voir et de mesurer. Le rôle del’entreprise est clair, finalement : elledoit se donner des orientations, plani-fier son action, la coordonner, et…évaluer le travail accompli.

■ PT : Donc, au fil des ans, en tra-vaillant avec ses membres, le Centrepatronal a raffiné sa conception de lagestion, et il a mis sur pied des coursde formation?■ DT : Oui. Nous avons commencépar sensibiliser le milieu en organisantdes sessions d’information et des col-loques avec des personnes connaissantbien la réalité et le langage des entre-prises. Des chefs de file qui avaient accompli des choses intéressantes enmatière de santé et de sécurité ont étéinvités à témoigner non seulement deleur succès, mais aussi des difficultésqu’ils avaient éprouvées.

■ PT : Les activités que vous orga-nisez sont très courues…■ DT : Je crois que ce qui fait notresuccès, c’est que nous parvenons àélever les débats ; la santé et la sécuritédu travail, ce n’est plus une affaire debottes, de règlement tatillon, de conflitemployeur-employés. La prévention desaccidents repose sur des objectifs, sur la responsabilisation de toute la lignée

P e r s p e c t i v e sLE CENTRE PATRONAL DE SANTÉ

L’organisme, reconnu comme chef de file en formation et en information, vient tout justed’avoir 15 ans. Sa présidente-directrice générale,Denise Turenne, raconte.

« Le Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québeccompte actuellement 63 associa-tions patronales représentantprès de 20 000 entreprises et 60 secteurs d’activité », nousapprend Denise Turenne.

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De la convergence dans les idées

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hiérarchique. Chacun a un rôle à jouer,la haute direction, les gestionnaires, le comité de santé et de sécurité, les responsables en santé-sécurité et les travailleurs. Le nœud de l’affaire, c’estcomment. Faut-il à tout prix viser l’éli-mination à la source ? C’est l’objec-tif ultime, la perfection ! Ça peut être décourageant, utopique, ça peut sem-bler inaccessible si l’objectif est pris au pied de la lettre. Par contre, si l’onse demande « est-ce possible, tous en-semble, de travailler à réduire les acci-dents et les maladies professionnellestout en réduisant les coûts ? », la ré-ponse tombe sous le sens : oui ! Et toutle monde s’y met ! La santé et la sécu-rité du travail, c’est un grand projet de société. C’est cette réflexion-là quenous avons fait progresser et à laquellenos membres ont adhéré. Nous avonsgagné leur confiance parce que notreconception de la gestion est claire etréaliste. Nous sommes entrés dans notrerôle qui est de soutenir les entreprisesdans leur prise en charge de la santé etde la sécurité, de les aider à planifierleurs actions, à développer une culturede la santé et de la sécurité, touteschoses qui leur permettent d’assurer leurrentabilité, et même de récolter desbénéfices. Ces bénéfices auront éven-tuellement des retombées positives surles plans financier, matériel et forcé-ment sur le climat de travail.

■ PT : Vos membres, qui sont-ils trèsexactement, en genre et en nombre ?■ DT : En 1983, une douzaine d’asso-ciations patronales faisaient partie du Centre. Le cercle de famille s’estagrandi et nous en comptons actuelle-ment 63 qui représentent près de 20000 entreprises et 60 secteurs d’ac-tivité. Pour arriver à rejoindre tout lemonde, nous avons créé dès 1985 unerevue, Convergence, publiée cinq foisl’an. Nos membres la reçoivent gra-tuitement. Ainsi, ils sont au courant desactivités et des services que nous of-frons, cours, colloques, documentation,etc. Les articles leur donnent l’heurejuste sur des questions fondamentales,les situations de crise et les urgences,les plans d’actions en santé et sécurité,la réforme du financement, etc.

■ PT : Ces articles sont fréquemmentsoutenus par des caricatures drôlementefficaces !■ DT : L’humour, c’est un style degestion de la santé et de la sécurité dutravail ! C’est une façon agréable delancer des messages, de susciter desprises de conscience, de faire ressortirl’absurdité de certaines situations…

■ PT : Quels défis entendez-vous rele-ver dans les années à venir?■ DT : En 1991 et en 1994, avec lacollaboration de la CSST pour le choixaléatoire des entreprises, nous avonsfait un sondage dans le but de mesu-rer l’efficacité de ce que nous avionsproposé comme stratégie de gestion dela santé et de la sécurité. Globalement,le bilan nous a appris que les entre-prises que nous avons soutenues ontprogressé. Ça nous a amené à nousposer des questions cruciales : qu’est-ce qu’on attend de nous, maintenant?Nous existons pour les entreprises.Quelle est leur définition du succès?De notre succès, par rapport aux ser-vices offerts, à nos valeurs : leadershippatronal, formation en gestion, profes-sionnalisme, respect de la personne?Au cours de l’été 1997, notre conseild’administration s’est réuni pour selivrer à une réflexion profonde surnotre avenir. À partir de cette réflexionet du bilan des sondages, a pris formece que nous avons appelé notre Visiondu succès pour les 10 prochaines années. Ainsi, le succès de l’action du

Centre patronal auprès des entreprisesfera en sorte que celles-ci assumerontleur leadership, planfieront leur action,créeront une culture en santé et sécuritédu travail... et récolteront les fruits ! Lacroissance du Centre et la mise en placede nouveaux services destinés auxmembres sont donc résolument axéesvers la concrétisation de cette vision.

■ PT : En tant que présidente-direc-trice générale, de quoi êtes-vous la plusfière?■ DT : D’avoir résisté à l’idée d’allerau plus rapide, au plus vite, de répondreà de petites choses, comme si la santé et la sécurité du travail venait avec unlivre de recettes faciles. Or, il n’y a pasde trucs ! On a pris le temps qu’il fallaitpour mettre sur pied une véritablestratégie de gestion. Ensuite, on a éla-boré, notamment, le programme Dans lemille, pour boucler la boucle. Ce pro-gramme permet justement d’évaluer lastratégie de gestion de l’employeur, sesactivités de gestion, la performance despersonnes. Bref, à partir des résultatsobtenus, on aboutit à un bilan, à desrecommandations, à un suivi.

■ PT : De tels outils sont essentielspour les entreprises, à l’heure où lestechnologies font des bonds prodigieux,et où, en tant que société, nous faisonsface à des problèmes sérieux : violenceau travail, difficultés économiques, pollution, etc. On oublie parfois que leschefs d’entreprises, les gestionnairesn’ont pas non plus la vie facile. Qu’ilsfont face à un stress considérable.■ DT : Les personnes qui travaillentdans une entreprise sont tous des tra-vailleurs, du haut en bas de l’échelle.D’une certaine manière, on est tous destravailleurs… Dans un de nos docu-ments, nous avons proposé un schémareprésentant notre relation avec le milieu : « Le Centre patronal est, tel unarbre, enraciné dans la vie québécoisede la santé-sécurité. Les associations enforment tronc et branches, leurs entre-prises, les feuilles. La connaissance ycoule comme la sève ; et le tout portefruits… » ❏

Monique Legault Faucher

ET SÉCURITÉ DU TRAVAIL DU QUÉBEC

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