Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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La vie domestique dans les jeux et jouets ____________________________________________ CULTURES LUDIQUES SAHARIENNES ET NORD-AFRICAINES J e a n - P i e r r e R o s s i e ___________________________________________ Préface de Gilles Brougère ___________________________________________ Stockholm International Toy Research Centre

description

Maisonnettes, ustensiles, travaux féminins, travaux masculins, musique et dance, fêtes et rituels, socialisation, relations entre enfants, relations enfants-adultes, filles et garçons, évolution, créativité dans les jeux et jouets. 2008, 410 ill.

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La vie domestique dans les jeux et jouets ____________________________________________

CULTURES LUDIQUES SAHARIENNES ET NORD-AFRICAINES

J e a n - P i e r r e R o s s i e ___________________________________________

Préface de Gilles Brougère

___________________________________________

Stockholm International Toy Research Centre

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Aux enfants sahariens et nord-africains

à mes enfants Tania, Ben, Ruben et Pia

à mes petits-enfants Linde, Camille, Ilona, Thilda, Oona et Alvin

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La vie domestique dans les jeux et jouets

CULTURES LUDIQUES

SAHARIENNES ET NORD-AFRICAINES

J e a n - P i e r r e R o s s i e

Préface de Gilles Brougère

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Photo couverture :

groupe de jeu de filles et d‟un garçon dans leur maisonnette,

Aït Slimane, Haut Atlas, Maroc, 1999, photo de l‟auteur

Avec 400 photos couleurs et 10 autres illustrations

ISBN 978-91-977176-1-8

© 2008 Jean-Pierre Rossie

Toute reproduction, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit

faite sans le consentement écrit de l'auteur ou de l'éditeur est illicite sauf

pour l'usage strictement privé du copiste ou les analyses et les courtes

citations dans un but d'exemple et d'illustration

SITREC

KTH

SEŔ10044 Stockholm

Internet : http://www.sitrec.kth.se

Jean-Pierre Rossie

Internet : http://www.sanatoyplay.org

E-mail : [email protected]

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Sommaire

Résumé 9

Collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines 13

Préface de Gilles Brougère 15

Introduction 19

Description des populations 27

Les Touaregs 27

Les Ghrib 29

Les Maures 29

Les Sahraouis 31

Les Chaamba 30

Les Teda 32

Les Zaghawa 33

Les Belbala 34

Les habitants de la Vallée de la Saoura 35

Les Mozabites 35

Les Kabyles 36

Les Chaouïa 37

Les populations des campagnes marocaines 38

Les citadins de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie 42

Remerciements 46

Carte de l'Afrique du Nord et du Sahara 49

Carte du Maroc 50

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La vie domestique dans les jeux et jouets

des enfants sahariens et nord-africains 51

1 L'habitation dans les jeux et jouets 53

1.1 Résumé 53

1.2 Le campement nomade 55

1.3 La maison de poupée 77

1.4 La maison pour jeu de dînette et de ménage 112

1.5 Les autres constructions 129

2 Le jeu de dînette et les ustensiles-jouets 161

2.1 Résumé 161

2.2 Le jeu de dînette et les ustensiles-jouets 162

3 Les occupations ménagères dans les jeux et jouets 206

3.1 Résumé 206

3.2 Chercher du bois 206

3.3 Chercher de l'eau 208

3.4 Moudre le blé 211

3.5 Faire le pain 217

3.6 Fabriquer de l‟huile 223

3.7 Laver le linge 228

3.8 Le filage 229

3.9 Le tissage 232

3.10 Se faire belle 234

4 Les activités de subsistance dans les jeux et jouets 241

4.1 Résumé 241

4.2 La chasse et la pêche 242

4.3 L'élevage 243

4.4 Le jardinage 244

4.5 Le travail des champs 246

4.6 Le commerce 251

5 La musique et la danse dans les jeux et jouets 276

6 Les rituels et les fêtes dans les jeux et jouets 308

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7

Conclusions 341

1 Synthèse 343

2 Aspects environnementaux et économiques 346

3 Aspects socioculturels 348

3.1 Jeux, jouets, culture et société 348

3.2 Jeux, jouets et socialisation 351

3.3 Jeux, jouets et relations interpersonnelles 356

3.3.1 Relations entre enfants 356

3.3.2 Relations entre enfants et adultes 359

3.4 Jeux, jouets, filles et garçons 367

3.5 L‟évolution des jeux et jouets 371

4 Créativité enfantine 375

Catalogue des jouets sahariens et nord-africains

du Musée du Quai Branly liés à la vie domestique 383

1 Introduction 385

2 Le matériel de campement 386

2.1 Les arceaux de tente 386

2.2 Les piquets de la natte d'entourage 386

2.3 Les nattes d'entourage et de clôture 386

2.4 Les nattes de repos et nattes de lit 387

2.5 Les traverses de lit 387

2.6 Les tapis et coussins de tente 388

3 Les maisonnettes 389

3.1 Les maisonnettes 389

3.2 Les nattes pour maisonnettes 389

3.3 La porte de maisonnette 390

4 Les ustensiles 390

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8

5 Les jouets liés aux tâches ménagères 397

5.1 Les puits 397

5.2 Les récipients d'eau 398

5.3 Les fuseaux 399

6 Les jouets liés aux activités de subsistance 399

6.1 Les jouets liés à l'élevage 399

6.2 Les jouets liés au travail des champs 400

7 Les instruments de musique et les bruiteurs 401

7.1 Les flûtes

401

7.2 Les claquettes 402

7.3 Les tambourins 402

7.4 Les hochets 402

8 Les lances-eau 402

Table des transcriptions 403

Table des illustrations 405

Bibliographie 427

Index des auteurs 445

Index géographique et ethnique 447

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Résumé

Ce livre décrit des jeux de faire semblant tout comme les livres précédents

sur les poupées et le monde animal dans les jeux et jouets des enfants

sahariens et nord-africains. Sous le titre La vie domestique dans les jeux et

jouets j‟ai regroupé toute une série d‟activités ludiques qui reflètent

beaucoup d‟aspects de la vie domestique et familiale.

Le premier chapitre analyse le thème de l‟habitation à travers la

représentation ludique de la tente et de la maison. Le deuxième chapitre

propose les jeux de dînette et les ustensiles-jouets utilisés pour ces jeux.

Des jeux qui ont souvent lieu dans des maisonnettes. Les jeux liés aux

occupations ménagères, qui comme les jeux de dînette appartiennent en

grande partie au monde ludique des filles, sont décrits dans le troisième

chapitre. Ces occupations ménagères appartenant au domaine féminin sont

chercher du bois, chercher de l'eau, moudre le blé, faire le pain, fabriquer

de l‟huile, laver le linge, filer, tisser et se faire belle. Le chapitre suivant

parle des jeux représentant les activités de subsistance. Ce sont des jeux de

garçons dans la plupart des cas. Ces activités de subsistance se passent à

l‟extérieur du cercle domestique et très souvent elles font partie du monde

masculin. Il s‟agit de la chasse et de la pêche, de l'élevage, du jardinage, du

travail des champs et du commerce. Les deux derniers chapitres analysent

les jeux et jouets s‟inspirant de la musique et de la danse ou des rites et des

fêtes.

Cette fois les conclusions sont plus développées car j‟y ai intégré une

version française de certains thèmes traités en anglais dans mon livre Toys,

Play, Culture and Society. An anthropological approach with reference to

North Africa and the Sahara (2005). Pour la première fois un chapitre sur

la créativité enfantine a été intégré dans un volume de la collection

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Comme d‟habitude on

trouve par après le catalogue des jouets sahariens et nord-africains qui

étaient au Musée de l‟Homme mais se trouvent dorénavant au Musée du

Quai Branly.

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Les populations sahariennes dont le lecteur trouvera des jeux et jouets

d‟enfants sont les Touaregs, les Ghrib, les Maures, les Sahraouis, les

Chaamba, les Teda, les Zaghawa, les Belbala, les habitants de la Vallée de

la Saoura et les Mozabites. Sauf les Belbala, les habitants de la Vallée de la

Saoura et les Mozabites, ces populations ont été des nomades ou semi-

nomades mais depuis plus ou moins longtemps elles se sont partiellement

ou totalement sédentarisées. Les populations sédentaires dont parle ce livre

sont les Kabyles et les Chaouïa de l‟Algérie, plusieurs communautés des

campagnes marocaines et des habitants de quelques villes algériennes,

marocaines et tunisiennes.

A travers tous ces jeux et jouets liés à la vie domestique les enfants

s‟approprient le monde des adultes de manière active. En même temps ils

s‟intègrent progressivement dans leurs familles et leurs communautés.

Parfois leur jeu met en scène des situations non existantes localement ou

des rêves d‟avenir. Quelques rares exemples décrits dans ce livre

démontrent que les enfants marocains parodient des pratiques adultes mais

il faut souligner que les données à ce sujet font totalement défaut ou

presque.

Une fois de plus le monde ludique des filles est clairement séparé du

monde ludique des garçons mais il arrive que cette opposition s‟estompe et

que des filles ou des garçons s‟intéressent ou participent à des activités

ludiques de l‟autre sexe.

J‟espère qu‟il sera clair que je ne m‟intéresse pas seulement à ce qu‟on

dénomme d‟habitude les jeux et jouets traditionnels mais que je porte aussi

un intérêt tout particulier à l‟évolution de ces jeux et jouets. Un exemple

remarquable de l‟infiltration du tout nouveau dans un jeu ancestral est

donné par le jeu de construction et de poupée d‟une fille et de son frère de

la région de Sidi Ifni. Bien que les maisonnettes à murs en argile et les

poupées de coquillages réfèrent aux temps passés, l‟introduction dans leur

jeu d‟un portable fait soi-même et lié à la technologie de pointe

d‟aujourd‟hui démontre l‟interpénétration de ces deux mondes. Une

interpénétration qui ne comportait aucune contradiction pour ces enfants. Il

me semble d‟ailleurs que le passé, le présent et parfois le futur se

mélangent aisément dans les activités ludiques.

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La créativité des enfants sahariens et nord-africains s‟exprime entre

autres dans la fabrication de jouets qui la plupart du temps copient des

objets réels. Pour créer leurs jouets ces enfants utilisent une grande variété

de matériaux naturels ou de récupération trouvés sur place. Les jouets

décrits dans ce livre peuvent être très simples comme la fleur qu‟une fille

cueille pour en faire un sifflet ou très élaborés comme le violon construit

par quelques garçons.

Depuis longtemps mais de plus en plus certains jouets faits par des

enfants ou parfois par un adulte sont remplacés par des jouets importés

provenant de l‟industrie du jouet. Surtout en ville mais aussi à la campagne

on trouve aujourd‟hui dans les magasins et les marchés beaucoup de jouets

fabriqués en Chine.

Une petite cruche en argile peinte collectionnée avant 1889 en Afrique

du Nord est le jouet le plus ancien mentionné dans ce livre. Les jouets les

plus récents sont des tentes en miniature photographiées par Khalija Jariaa

en mars 2007. Parlant de Khalija Jariaa, je voudrais attirer l‟attention du

lecteur sur le fait qu‟elle est à partir de l‟année 2006 la source majeure des

informations et photos sur les enfants de l‟Anti-Atlas et ceux de la région

de Tan-Tan. Ses relations familiales et amicales, sa connaissance des

coutumes et des langues locales ainsi que l‟intérêt pour la culture enfantine

qui s‟est progressivement développé en elle permettent entre autres une

meilleure connaissance des dialogues entre les joueurs.

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Jean-Pierre Rossie est né en 1940 à Gent (Gand), Belgique. Après des

études d'assistant social, puis d'africaniste à l'Université d'Etat de Gand, il

obtint en 1973 le diplôme de docteur en histoire et philologie africaine à la

même université. Sa thèse en néerlandais portait sur le thème “Enfance et

Société. Le processus de socialisation en Afrique centrale patrilinéaire”.

Suite à un séjour de recherches auprès des semi-nomades Ghrib du

Sahara tunisien, il se consacra, depuis 1975, aux recherches sur les jeux et

jouets sahariens et nord-africains.

En 1967, il fut proclamé lauréat de la Belgische Stichting Roeping -

Fondation Belge de la Vocation. Entre 1968 et 1978 il travailla auprès du

Nationaal Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek - Fonds National pour

la Recherche Scientifique, Bruxelles, qui a subventionné ses recherches et

publications jusqu'en 1992.

Entre 1980 et 1990, il était attaché comme assistant social et

anthropologue socioculturel aux services sociaux pour les immigrés,

spécialement les immigrés turcs et nord-africains, de la ville de Gand.

Un premier séjour de recherche dans le sud du Maroc en février 1992,

depuis lors suivi de séjours annuels dans ce pays, ont permis à l'auteur de

compléter, de vérifier et d'actualiser les données sur les jeux et jouets

marocains.

En 1993 il fut un des membres fondateurs de l'International Toy

Research Association (ITRA), de 1997 à 2001 il fut un membre du Nordic

Center for Research on Toys and Educational Media (NCFL), et depuis sa

création en mars 2002 il fait partie du Stockholm International Toy

Research Centre (SITREC).

Le 29 octobre 2004 la Lennart Ivarsson Scholarship Foundation lui a

attribué le BRIO Prize 2004.

En juillet 2005 il est devenu chercheur associé du Musée du Jouet à

Moirans-en-Montagne, France.

En avril 2007 il a été nommé “Member of the Advisory Board of the

UNESCO/Felissimo Social Design Network”.

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Collection :

Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines

Engagé depuis 1975 d'abord dans la recherche sur les jeux et jouets, puis

dans des essais de pédagogie interculturelle basée sur le ludique et dans

des organisations internationales s'intéressant au développement de

l'enfant, j'ai eu l'idée de créer une collection nommée Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. Des cultures ludiques qui devraient, à

juste titre, faire partie intégrante du patrimoine culturel de l'humanité, tout

comme les chefs d'œuvres de l'art et de l'architecture.

Une première tentative pour créer une collection pareille pour

l'International Council for Children‟s Play fut soutenue par André

Michelet, à ce moment directeur du Centre d'Etudes Roland Houdon à

Saran, France, et résulta dans la publication par ce Centre de mon livre

Jeux et jouets sahariens et nord-africains : poupées - jeux de poupées en

1993. Comme le Centre d'Etudes Roland Houdon a arrêté ses activités de

publications peu de temps après, cette tentative s'est terminée

prématurément.

En 1999 le Nordic Center for Research on Toys and Educational Media

a publié sur son site web la première version HTML en français et en

anglais de Poupées d’enfants et jeux de poupées et de la Bibliographie

commentée sur les jeux et jouets. Les versions finales de ces livres ainsi

que de la version française et anglaise du volume L’animal dans les jeux et

jouets furent puliées par le Stockholm International Toy Research Center

en 2005. Ces livres se trouvent sur le CD inclus dans Toys, Play, Culture

and Society. An anthropological approach with reference to North Africa

and the Sahara (Rossie, 2005).

Ce quatrième volume de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et

Nord-Africaines devrait être suivie par deux autres livres Les activités

techniques dans les jeux et jouets, et Jeux d’adresse et de chance.

Afin de rendre disponible l'information sur les jeux et jouets sahariens et

nord-africains aussi bien à ceux lisant le français qu'à ceux lisant l'anglais,

ainsi que pour stimuler l'échange d'informations et la fécondation

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réciproque des idées et des actions entre le monde anglophone et

francophone, trop souvent séparés par des clivages linguistiques, les

ouvrages sont publiés en français et en anglais.

Pour des raisons financières les volumes de la collection Cultures

Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines et de la collection Saharan and

North African Toy and Play Cultures sont publiés sur CD.

Les volumes de la collection :

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines

Poupées d‟enfants et jeux de poupées, 2005, 344 p., 163 ill.

L‟animal dans les jeux et jouets, 2005, 229 p., 107 ill.

La vie domestique dans les jeux et jouets, 2008, 449 p., 410 ill.

Bibliographie commentée des jeux et jouets, 2008, 64 p.

Les volumes de la collection :

Saharan and North African Toy and Play Cultures

Children‟s dolls and doll play, 2005, 328 p., 163 ill.

The animal world in play, games and toys, 2005, 219 p., 107 ill.

Domestic life in play, games and toys, 2008, 438 p., 410 ill.

Commented bibliography on play, games and toys, 2008, 64 p.

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Préface de Gilles Brougère

Demander à un spécialiste du jouet industriel, et plus encore du jouet de

masse contemporain, plus au fait de Barbie, des Pokémon ou des Power

Rangers de faire la préface d‟un ouvrage consacré pour l‟essentiel aux

jouets produits par les enfants peut paraître paradoxal. On peut même se

demander si sous le même terme, il s‟agit vraiment de la même chose.

D‟un côté le jouet semble précéder l‟activité ludique, la structurer, voire

la modifier en profondeur, et pour certains critiques la détruire. Le jouet

vient d‟ailleurs et s‟inscrit dans une double relation, une relation

marchande entre la famille et la société, une relation de don souvent

ritualisée entre l‟enfant et des adultes. On peut y voir une mise en scène de

la dépendance de l‟enfant certes couvert de cadeaux mais séparé de la

sphère de la production.

De l‟autre côté, il s‟agit d‟objets produits dans la dynamique même du

jeu, s‟inscrivant en dehors des relations marchandes, traduisant

l‟autonomie des sociétés enfantines mais dans le cadre d‟une proximité

voire d‟une participation des enfants aux activités du monde adulte.

Bien entendu ces différences ne sont pas radicales, les enfants des

sociétés pleines de jouets continuant à faire de la récupération pour nourrir

leur activité ludique, les autres rencontrant des jouets bon marché venus de

Chine et vendus sur les marchés ou dans la rue. De plus l‟école, facteur

d‟uniformisation internationale de la vie des enfants, a pour effet de

développer des logiques de ségrégation entre enfants et adultes dans le

monde entier.

Non seulement les modes de production et de consommation de ces

jouets diffèrent, mais ce sont les images représentées qui tendent à

s‟éloigner. Du côté du Sahara et de l‟Afrique du Nord, les jouets évoquent

souvent avec un souci de réalisme certain mais un résultat variable selon

les moyens, les matériaux et les compétences, la vie domestique des

adultes. Cette dimension reste présente dans les jouets de nos enfants avec

parfois un souci du détail rendu possible par l‟usage des matières plastique

dont le nom même souligne cette plasticité qui facilite la représentation du

monde et de ce qui l‟habite, mais comme l‟a fort bien noté Gary Cross cité

par Jean-Pierre Rossie, le jouet américain mais aussi bien européen en plus

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encore japonais s‟éloigne de toute représentation réaliste pour s‟engager

dans une fantaisie qui est au centre de l‟industrie contemporaine de

produits de l‟enfant : cela renvoie à la relation avec le cinéma, la télévision

et conduit à jouer avec une dînette évoquant par exemple l‟univers des

Pokémon et non celui de la vie réelle, à la nécessité pour les fabricants de

se distinguer, de vendre ce que les concurrents ne peuvent vendre et sans

doute au-delà à l‟inscription du jeu dans le présent du divertissement plus

que dans la relation avec un avenir devenu incertain.

Il en résulte des cultures ludiques différentes même si certains éléments

structurels peuvent se retrouver. Si l‟on caricaturait d‟un côté la culture

ludique reste une production collective entre pairs profondément liée à la

transmission d‟un patrimoine, de l‟autre elle serait le résultat de la

rencontre du jouet dans une activité fortement solitaire.

Bien entendu cette opposition existe, mais elle ne peut rendre compte de

ce qui est. Si les jouets sont fabriqués au Sahara par les enfants, il existe

des modèles transmis, des patterns de jouets déjà produits par les aînés qui

s‟imposent aux enfants et déterminent en partie le jeu. Le jouet n‟est pas

toujours le produit du jeu, il existe avant lui et son existence engage le jeu

et avant cela sa transmission. Du côté de nos enfants, croire que tout

viendrait du jouet et donc des fabricants c‟est oublier que ceux-ci sont loin

de tout inventer. Les jouets sont d‟abord la transcription sous forme

d‟objets de la culture ludique, et c‟est vrai des plus sophistiqués d‟entre

eux, ainsi du créateur du jeu vidéo Pokémon avouant qu‟il n‟avait fait que

reproduire le jeu de son enfance qui consistait à attraper des insectes, à les

mettre dans des boîtes et à les échanger. La culture ludique des enfants

existe et détermine en partie les jouets avant que ceux-ci ne modifient cette

même culture entre autres en rendant possible une pratique solitaire,

caractéristique fondamentale des sociétés occidentales comme Sutton-

Smith l‟a montré.

Il ne s‟agit pas de nier les différences, mais d‟aller dans le sens de Jean-

Pierre Rossie : on ne peut saisir les jouets sans les mettre en relation avec

les cultures ludiques, ce qu‟il fait dans son ouvrage remarquablement

illustré, inscrivant ainsi le jouet dans une pratique. C‟est vrai des pays

riches dont les jouets sont de la culture ludique réifiée, transformée en

objet. C‟est vrai d‟une certaine façon des enfants nord-africains étudiés,

même si les deux modalités de réification sont fort différentes. La culture

produit des objets, la culture ludique produit des jouets ici et ailleurs, mais

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les modalités de cette production sont différentes, montrant à la fois des

convergences (il y a des espaces communs à ces différentes cultures

ludiques) et des différences. Mais la division fondamentale entre cultures

ludiques est sans doute celle qui renvoie au genre, ce que certains

attribuent trop vite à l‟action des fabricants dans nos pays riches. Elle est

peut-être profondément liée au fait que ceux-ci suivent la culture ludique

des enfants, alors que certains souhaiteraient des jouets plus proches des

préoccupations adultes contemporaines. En cela il y a continuité avec les

observations nord-africaines. Ce que l‟on peut interroger dans nos sociétés,

qui dans certains secteurs ont beaucoup changé, c‟est pourquoi dans ce

domaine on trouve une telle force de la tradition.

Si le jouet est une fenêtre sur la culture ludique, il est aussi un moyen

d‟accéder, à travers l‟enfant, à la culture quotidienne adulte qu‟il met en

scène. L‟analyse de Jean-Pierre Rossie montre les limites d‟une vision

mimétique de cette relation au monde adulte, et cela est sans doute vrai de

façon très générale. Dans la production des jouets (par l‟enfant comme par

les adultes) et dans le jeu nous n‟avons pas une imitation du monde mais

une interprétation de celui-ci. L‟idée d‟interprétation ludique du monde

adulte me semble très juste et proche de la notion de reproduction

interprétative que Corsaro, spécialiste américain de la sociologie de

l‟enfance, utilise pour penser la socialisation de l‟enfant, tout

particulièrement dans le jeu.

Reste enfin la question de l‟apprentissage qu‟il faut situer au niveau

informel comme le fait fort bien l‟auteur. Les enfants ne jouent pas pour

apprendre, ce qu‟oublient trop souvent les pédagogues, mais ce faisant, ils

se réapproprient à travers leur culture ludique des pans entiers de la culture

de leur société. En effet, la culture ludique, pour une grande part, n‟a pas

de contenu spécifique, mais met en jeu, transforme en jouet la culture de la

société à laquelle le joueur appartient, et ce faisant l‟interprète et la

réfléchit.

En lisant Jean-Pierre Rossie, on apprend beaucoup, non seulement sur

les cultures ludiques sahariennes et nord-africaines, mais aussi par

contraste sur notre propre culture tant il est important pour mieux

comprendre notre société de regarder ailleurs et d‟ailleurs.

Gilles BROUGERE, Université Paris-Nord

Auteur de Jouets et compagnie (Paris, Stock, 2003)

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Introduction

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Le livre que le lecteur a sous ses mains est le quatrième volume d'une série

de publications sur les cultures ludiques des enfants sahariens et nord-

africains. Des cultures ludiques qui, contrairement à ce qui a été fait par

Charles Béart pour l'Afrique occidentale ou Fritz Klepzig pour les

populations bantoues de l'Afrique subsaharienne et par Eliseo Andreu

Cabrera (2004) pour les régions autour de la Méditerranée, n'ont pas été

répertoriées et analysées de manière systématique jusqu'à présent. L'unique

tentative dans l'aire géographique en question est à ma connaissance celle

de Paul Bellin intitulée “L'enfant saharien à travers ses jeux” (1963).

Je suis cependant convaincu que cette tâche est des plus urgentes vu les

transformations spectaculaires dans lesquelles les sociétés de cette région

se sont engagées. En réponse à des changements politiques, économiques,

sociaux et culturels, cet héritage, qui à part entière a participé au façonnage

de l'identité des individus et des groupes humains en question, risque

fortement de se perdre. Ceci pourrait se révéler vraiment néfaste pour au

moins deux raisons. D'une part, la population saharienne et nord-africaine

est dans sa majorité constituée d'enfants et de jeunes. D'autre part, le

domaine des jeux et jouets représente une réelle mine d'or pour le

développement et la socialisation de cette jeunesse ainsi que pour une

pédagogie et une didactique scolaire adaptées, particulièrement propagées

par des instances internationales comme l'Unesco (voir bibliographie:

Groupe Consultatif...) ou la International Federation for Parent Education

(voir bibliographie), et parfois aussi par les autorités nationales.

Les filles et les garçons n'observent et ne subissent pas la vie

domestique et familiale uniquement d'une manière passive mais bien vite

ils deviennent des participants actifs et cela aussi bien aux tâches qu'aux

divertissements. Une vie domestique et familiale qui dès lors se reflète

directement dans les jeux et jouets.

A travers cette nouvelle étude sur les jeux et jouets sahariens et nord-

africains il sera une fois de plus possible de relever deux aspects

complémentaires. Ce patrimoine ludique démontre aussi bien la diversité

des cultures, due à des spécificités géographiques, historiques et

sociologiques, que l'universalité de la culture humaine suite à une réponse

fondamentale à des problèmes de vie semblables.

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Exception faite pour les Ghrib, les Sahraouis et le Maroc, la période sur

laquelle s'étend l'analyse s'étale du début du vingtième siècle jusqu'à la fin

des années 1960. Plus précisément et dans le contexte de cette étude, la

référence bibliographique la plus ancienne remonte à 1905 (Doutté) mais

le jouet lié à la vie domestique le plus ancien de la collection du

Département d'Afrique Blanche et du Proche Orient du Musée de l'Homme

date de 1889. Il s‟agit d‟une petite cruche en poterie d‟origine nord-

africaine non spécifiée. Les données les plus récentes proviennent de mes

recherches au Maroc, en cours depuis 1992 et de mes recherches en 1975

et 1977 chez les Ghrib du Sahara tunisien. L‟information sur les Ghrib est

complétée par quelques données sur l'évolution de la culture ludique de

cette population qui me sont transmises par mon ami et collègue Gilbert J.

M. Claus. Un livre sur les jeux et jouets des enfants sahraouis fut publié en

1999.

Le présent utilisé à travers le texte se réfère donc à l'époque d'où

proviennent les données et non pas nécessairement à celle d'aujourd'hui.

D'une manière générale on peut dire que les jeux et les jouets décrits

appartiennent à des enfants vivant dans des communautés qui, bien

qu'influencés par la vie moderne et occidentalisée, se réfèrent encore à la

tradition. Cette référence à la tradition se manifeste surtout dans le

domaine enfantin et féminin ainsi que dans la sphère de la socialisation et

de la transmission des normes et valeurs. Il sera donc rarement question

d‟enfants vivant dans des centres urbanisés, industrialisés ou

occidentalisés. Si on prend l'Algérie comme exemple, les données se

réfèrent aux enfants peu ou pas scolarisés des communautés nomades,

semi-nomades ou agricoles mais on cherchera en vain des renseignements

sur les enfants scolarisés d'Alger ou des autres grandes villes algériennes.

Les informations rassemblées se réfèrent à des enfants entre trois et

quinze ans. Donc on ne trouvera pour ainsi dire pas de données sur les tout

petits. Les raisons en sont multiples : il est difficile pour un chercheur

masculin d'entrer dans le monde des femmes dans lequel le petit enfant

grandit et jouer à l'extérieur est une activité des enfants déjà plus grands.

En plus, les tout petits transforment souvent un objet en jouet représentatif,

là où fabriquer un jouet ne se fait que vers l‟âge de trois ans. Cependant,

Khalija Jariaa, une femme originaire du village Ikenwèn dans la région de

Tiznit, a récolté quelques informations sur les bébés et bambins de l'Anti-

Atlas en 2006.

Page 23: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

23

Quatre sources de données sont à la base de ce livre :

La collection de jouets sahariens et nord-africains du Département

d'Afrique Blanche et du Proche Orient du Musée de l'Homme à Paris,

complétée par les renseignements contenus dans les fiches signalétiques

et par une analyse personnelle des jouets. Comme cette collection a été

transférée, il faut maintenant contacter l'Unité Patrimoniale Afrique du

Nord et Proche-Orient du Musée du Quai Branly (www.quaibranly.fr).

La bibliographie ethnographique, linguistique et autre traitant de l'aire

géographique donnée, que j'ai analysée dans une bibliographie

commentée.

Mes recherches de 1975 à 1977 sur les jeux et jouets des enfants ghrib,

complétées depuis lors par quelques renseignements fournis par Gilbert

J. M. Claus.

Mes recherches en cours depuis février 1992 sur les jeux et jouets au

Maroc, plus spécifiquement dans les zones rurales et les quartiers

populaires des villes.

Les données bibliographiques ne proviennent pas toujours d'investigations

détaillées ou scientifiques et qu'elles sont parfois accompagnées de

commentaires ethnocentriques. Néanmoins, je crois pouvoir dire que le

soin qui a été mis à l'analyse et à la confrontation critique des sources est

garant d'un degré élevé d'authenticité des informations.

Mes recherches sont passées d‟une microanalyse des jeux et jouets des

enfants ghrib vivant dans une oasis au sud de la Tunisie à une macro-

analyse basée sur des informations concernant les jeux et jouets en Afrique

du Nord et au Sahara. En même temps mon approche se transformait d‟une

étude détaillée dans une région bien définie à la collecte d‟informations

disparates de valeur inégale sur un vaste étendu et une période allant de la

fin du dix-neuvième siècle à aujourd‟hui. Bien sûre j‟ai obtenu au Maroc

des informations détaillées données par des enfants. Parfois ces

informations sont basées sur la mémoire d‟adolescents, d‟adultes ou de

personnes âgées. Toutes ces données rendent possible l‟approche

comparative et diachronique utilisée pour l‟élaboration des volumes de la

collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Le but

principal de cette étude est quadruple :

Page 24: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

24

Rassembler sur les enfants sahariens et nord-africains l‟information

trouvée dans les sources bibliographiques et muséographiques et faire

des recherches sur le terrain sur les jeux et les jouets dont plusieurs

deviennent obsolète ou s‟oublient spécialement dans les zones urbaines.

Rendre ces données sur les jeux et jouets et sur les contextes

socioculturels dans lesquels ils se déroulent disponibles à ceux qui

s‟intéressent à la culture enfantine d‟un point de vu scientifique ou

pragmatique.

Créer une documentation bibliographique, visuelle et muséographique

sur les jeux et les jouets des enfants sahariens et nord-africains.

Promouvoir l‟intérêt pour la culture enfantine, en particulier la culture

ludique, dans les pays nord-africains et sahariens.

Pour que toute cette documentation reste accessible aux chercheurs et

praticiens elle est donnée au Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne en

France (http://www.musee-du-jouet.fr), entre autres ma collection de 641

jouets marocains (1992-2005) et 29 jouets ghrib (1975).

L‟intérêt pour les jeux et jouets des enfants semble manquer en Afrique

du Nord et au Sahara. Du moins, je n'ai trouvé pour ainsi dire personne

travaillant dans ce domaine. Jusqu‟à présent je ne peux que mentionner

trois exceptions. D‟abord j‟ai rencontré Mohamed Lihi, un enseignant au

centre de formation pour professeurs d‟éducation physique à Taza qui a

écrit sa dissertation sur l‟utilisation en éducation physique de quelques

jeux traditionnels de Goulmima. C‟est lui qui m‟a montré la thèse inédite

de Oubahammou Lahcen, professeur au centre national pour la formation

d‟enseignants en éducation physique de Casablanca. Cette thèse sur des

jeux traditionnels, le plus souvent des jeux d‟adresse, de sa propre

population les Aït Ouirra du Moyen Atlas marocain fut défendue dans une

université canadienne en 1987. En plus, mes contacts avec des étudiants du

Département de Langues et Littératures Françaises de l‟université de

Marrakech en 1992-1993, ont amené certains étudiants à écrire une

dissertation sur les jeux et les jouets. Ces dissertations sont mentionnées

dans ma bibliographie commentée (Rossie, 2005). Mes efforts pour

stimuler l‟intérêt pour les jeux et jouets des enfants par des conférences

tenues dans certains départements des universités de Rabat, Kénitra ou

Casablanca, et à l‟Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain

(IRMC) de Rabat entre 1993 et 1996 n‟ont pas donné de résultats

Page 25: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

25

tangibles. J‟ai donc arrêté cela une fois que je suis aller vivre à Midelt, une

petite ville du Maroc central loin de ces universités. A un autre niveau je

peux faire référence à l‟intérêt démontré par le ministère algérien de la

jeunesse pour la culture ludique dans les années 1980. Ce ministère a

organisé des interviews auprès des autorités locales afin de les préparer à

l‟utilisation de jeux locaux pour promouvoir une attitude plus positive

parmi les adolescents et les enfants plus âgés (voir Fates Youssef, 1987).

En Tunisie mes discussions avec Abderrahman Ayoub pendant une visite

de trois semaines dans le Nord de la Tunisie en 1987 l‟a stimulé à

organiser un congrès à Carthage et à publier les résultats dans le livre

collectif Jeu et Sports en Méditerranée. Pour autant que je sache cet effort

prometteur n‟a pas survécu au congrès ni au livre. Mais je connais une

organisation marocaine s‟intéressant au jeu de l‟enfant dans le contexte du

préscolaire. Il s‟agit du groupe de recherche-action ATFALE, Alliance de

Travail dans la Formation et l‟Action pour l‟Enfance que la Bernard van

Leer Foundation a soutenu pendant plusieurs années. El Andaloussi

Brigitte, un des membres d'ATFALE, a écrit une brochure sur les jeux et

jouets pour la formation du personnel préscolaire (voir Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées,

chapitre Utiliser la culture ludique nord-africaine et saharienne).

Mes recherches au Maroc entre 1992 et 2000 se réfèrent à une macro

étude. Mes séjours en plusieurs endroits et mes voyages à travers le pays

ont servis à vérifier et complémenter les données que j‟avais déjà

collectées. La décision de m‟installer dans une région marocaine est liée au

souhait de retourner au niveau d‟une micro étude. Que j‟ai choisi Sidi Ifni

se rapporte à sa situation socioculturelle et historique mais aussi à la

collaboration qui s‟est établie avec Boubaker Daoumani et quelques uns de

ses amis et collègues. En plus, je ne pourrais nier le fait que le bon climat

dans cette région et cela durant toute l‟année ait joué un rôle. Le lecteur

intéressé trouvera une notice autobiographique mettant en relation mes

recherches et mon parcours personnel dans un appendice de mon livre Jeux

et Jouets Sahariens et Nord-Africains. Poupées d'enfants et jeux de

poupées (2005: 331-336).

Influencé à partir de 1998 par les travaux de Shlomo Ariel (théorie du

jeu), de Artin Göncü (psychologie culturelle) et Theo van Leeuwen

(sémiotique sociale), j‟ai senti de plus en plus le besoin de délaisser le

niveau des macro études pour retourner à une description détaillée et une

Page 26: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

26

analyse plus approfondie des activités ludiques. En 2002 et en

collaboration avec Boubaker Daoumani, j‟ai pu réaliser quatre vidéos sur

le jeu de faire semblant et de construction de quelques enfants de Sidi Ifni

et de la région avoisinante de Lagzira. J‟ai utilisé une première analyse de

trois vidéos montrant le jeu de faire semblant avec des poupées quand

Artin Göncü m‟a invité pour faire un exposé lors du symposium “Studying

Children‟s Play, Development and Education in Bicultural Contexts” au

College of Education, University of Illinois at Chicago, le 18 avril 2002.

Puis j‟ai fait une version plus développée de cet exposé (Rossie, 2003) et

commencé à écrire le protocole des vidéos. Dans ces protocoles le langage

utilisé par les enfants parlant amazigh ou arabe est traduit en étroite

collaboration avec Boubaker Daoumani (Rossie and Daoumani,

2003/2007). Certainement les vidéos concernant les activités ludiques et la

fabrication de jouets des enfants de la région de Sidi Ifni ajoutent une

dimension nouvelle aux informations déjà collectées. Finalement, je crois

qu‟il est nécessaire de cadrer des microanalyses dans un contexte

socioculturel plus large aussi bien que de rendre une discussion générale

plus précise par une analyse d‟exemples concrets.

Toutes les populations sur lesquelles j'ai pu trouver des renseignements

ont été incorporées dans l'étude. Il s'agit des Touaregs, des Ghrib, des

Maures, des Sahraouis, des Chaamba, des Teda, des Zaghawa, des Belbala,

des habitants de la Vallée de la Saoura, des Mozabites, des Kabyles et des

Chaouïa, ainsi que de quelques communautés algériennes et tunisiennes, et

de plusieurs communautés marocaines.

En réponse à la signification péjorative du terme Berbère, lié au mot

„barbare‟, les mouvements nord-africains concernés mettent en avant le

terme local Amazigh. Par cela ils réfèrent à la culture et la langue des

populations sahariennes et nord-africaines qui vivaient dans ces régions

avant la venue des Arabes et qui continuent à parler leur propre langue.

Dans ce livre j‟utilise donc ce terme Amazigh. Par contre, je continue

d‟utiliser le terme Arabo-Berbères pour les descendants de ces populations

ayant perdu leur langue d‟origine et parlant l‟arabe.

Dans le texte l'ordre des populations suit la séquence suivante : d'abord

sont présentées les données sur les populations nomades ou semi-nomades

du Sahara, suivies par les populations sédentaires du Sahara et finalement

les populations sédentaires d'Afrique du Nord.

Page 27: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

27

Les termes géographiques et ethniques mentionnés dans le texte peuvent

être localisés sur deux cartes, une carte de l'Afrique du Nord et du Sahara

(p. 49) et une carte du Maroc (p . 50).

Comme les différents volumes de la collection Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines sont des publications séparées, il me

semble indiqué afin de situer les cultures ludiques dans leur contexte

géographique, économique, social et culturel de donner une brève

description des populations en question. Cette description se réfère à la

même période que celle d'où proviennent les informations sur les jeux et

jouets. En plus, on trouvera d'un volume à l'autre des changements dans la

liste des populations et des communautés dont les jeux et jouets d'enfants

sont décrits.

Description des populations

Les Touaregs

Si numériquement les Touaregs ne constituent nullement la population la

plus importante de la région en question, ils sont au moins la population la

mieux documentée et représentée dans la collection de jouets analysée.

Les Touaregs vivent sur un immense territoire saharien et sahélien entre,

au nord, Ghadamès en Libye, au sud-est, Agadez au Niger, et au sud-ouest,

Mopti au Mali. Leur habitat présente un relief montagneux variant entre

500 mètres et plus de 2000 mètres.

Les estimations, toujours approximatives, du nombre de Touaregs

varient de 250.000 à 300.000 (Camps, 1984: 8), environ 350.000 (La Vie

du Sahara, 1960), et environ 700.000 (Komorowski, 1975: 101), jusqu'à

moins d'un million (Bernus, 1983: 7). Dans l'exposition de 1994 sur les

Touaregs au Musée de l'Afrique Centrale à Tervuren en Belgique le chiffre

de 1.300.000 Touaregs est avancé, dont 750.000 au Niger, 400.000 au Mali

et 60.000 en Algérie, en Libye et en Burkina Fasso. Les Touaregs Kel

Ahaggar ne seraient qu'avec 20.000 vivants sur un territoire algérien

presque aussi vaste que la France (Bernus, 1983: 7).

Page 28: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

28

En juillet 1999 la population du Mali a été estimée à 10.429.124

habitants dont 47 % d'enfants de moins de quinze ans et 10 % de Touaregs

(E-Conflict™ World Encyclopedia). L‟Encyclopédie Universelle Larousse

2006 parle de plus de deux millions de Touaregs.

Toutes ces sources s'accordent pour dire qu‟au premier tiers du

vingtième siècle les Touaregs menaient une vie nomade ou semi-nomade,

dans ce dernier cas devenant périodiquement des sédentaires dans les

oasis.

Les Touaregs furent en premier lieu des éleveurs de dromadaires mais

qui, vers 1960, “vivent essentiellement de l'élevage des moutons, des

chèvres et des bœufs au Sud” (La Vie du Sahara, 1960: 7). Depuis les

années 1950, la vie traditionnelle des Touaregs se perd de plus en plus.

Ceci d'abord à cause de l'influence de la colonisation française puis de

l'intégration dans cinq états indépendants différents. Finalement l'extrême

sécheresse au Sahel durant les années 1970 a eu des conséquences

dramatiques pour les Touaregs sahéliens (Leupen, 1978: 58. Claudot-

Hawad, 1992: 222). Actuellement beaucoup de familles vivent dans des

maisons avec télévision et parabole.

Du point de vue ethnique et linguistique les Touaregs sont des

Amazighs amazighophones, bien qu'ils “ne constituent ni une 'race' ni une

'nation'. Leur dénominateur commun se situe dans une culture, un langage,

des comportements semblables... ” (Bernus, 1983: 6).

Dans le cadre de l'analyse des jeux et jouets, il faut distinguer cinq

groupements de Touaregs :

Les Touaregs Kel Ahaggar : Massif de l'Ahaggar (Algérie);

Les Touaregs Kel Ajjer : Tassili N'Ajjer (Algérie), région de Ghât

(Libye);

Les Touaregs Kel Aïr : Massif de l'Aïr;

Les Touaregs Kel Iforas : Adrar des Iforas (Mali, Algérie);

Les Touaregs Kel Oullimenden : plaines sahéliennes de la Boucle du

Niger (Mali).

Page 29: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

29

Les Ghrib

L'habitat des Ghrib s'étend de la limite méridionale du Chott l-Djerid, le

lac de sel du sud tunisien, jusqu'à la frontière algérienne. Il s'agit d'un

territoire d'environ 6000 km² dans la frange septentrionale du Grand Erg

Oriental, un immense désert de sable. Le relief est assez plat, inter coupé

ici et là de dunes de sable.

Les Ghrib sont évalués à environ 4400 en 1975. Entre-temps cette

population s'est accrue et comporte actuellement environ 7000 personnes.

Ces données sur les Ghrib et celles qui suivent proviennent des

publications de Gilbert Claus ou d'informations qu'il m'a transmises.

Bien qu'il y ait parmi ces Ghrib arabophones des fractions qui

prétendent avoir comme ancêtres des Amazighs du Sud du Maroc, il y en a

d'autres qui se disent d'origine du sud de l'Arabie ou du nord du Yémen.

L'économie était depuis l'entre guerre et jusqu'à récemment, basée sur le

semi-nomadisme avec l'élevage de chèvres, de moutons, d'ânes et de

dromadaires, pour lequel ils étaient renommés. L'agriculture d'oasis aussi

jouait un rôle dans cette économie pastorale.

Depuis les années 1970, la sédentarisation dans les oasis en bordure du

Chott l-Djerid a pris de plus en plus d'ampleur. De nos jours, les Ghrib se

sont pour ainsi dire complètement sédentarisés dans les oasis de Ghidma,

Hezwa, Redjem Matoug et surtout dans l'oasis d'El Faouar qui est devenue

un centre urbain important, chef-lieu d'une délégation. De cette manière ils

ont perdu tout de leur ancienne renommée d'éleveur de dromadaires, bien

que l'intérêt pour cet élevage reprenne quelque peu, suite à la promotion du

tourisme saharien à El Faouar où un hôtel de transit fonctionne maintenant.

Les Maures

Dans le Sahara occidental vivent les Maures sur un territoire limité par

l'Atlantique à l'Ouest, l'actuelle frontière avec le Maroc au nord et une

frontière imaginaire allant du fleuve Sénégal par Néma à la boucle du

fleuve Niger au sud.

A partir de la côte le relief s'élève lentement pour atteindre les 350 m au

Plateau du Dhar où se situe Oualata. Une grande partie de la Mauritanie est

Page 30: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

30

occupée par d'énormes dunes, depuis l'Atlantique en direction du nord-est

en passant juste au nord de Tidjikdja.

En 1960, les Maures étaient estimés à 600.000 dont 77 % de nomades

(La Vie du Sahara, p. XXIV; Belgisch Comité voor UNICEF, 1996: 57). Il

s'agit d'une population qui, contrairement au Touaregs fortement éparpillés

sur plusieurs états, a réussi à s'organiser en état : la République Islamique

de Mauritanie. En 1996 il y a 2.400.000 habitants en Mauritanie dont 52 %

vit dans les villes et seulement 12 % sont encore des nomades; un tiers de

la population vit dans la capitale Nouakchott et les bidonvilles avoisinants

(informations de l'UNICEF). Avec 30 % les Maures ne constituent qu'une

partie de la population totale. 40 % sont formés par des groupes mixtes

d'origine maure ou provenant d'Afrique Noire et les autres 30 % sont des

descendants d'Africains noirs. De la population mauritanienne estimée à

2.581.738 en juillet 1999, 47 % ont moins de quinze ans (E-Conflict™

World Encyclopedia).

Du point de vue ethnique “on appelle Maures les Arabes mêlés aux

Berbères, ainsi que les Berbères fortement arabisés du Sahara du Sud-

Ouest et du Sahara ex-espagnol” (Komorowski, 1975: 103). Mais eux-

mêmes se désignent comme les 'Beïdane', les 'Blancs'. Du point de vue

linguistique les Maures parlent un arabe maghrébin.

Ces Maures sont, certainement pendant la période à laquelle réfèrent les

jeux et jouets des enfants de ce peuple, des pasteurs chameliers, des

caravaniers, des commerçants et, dans la zone sahélienne, des éleveurs de

bœufs. Certains d'entre eux sont plutôt sédentarisés dans des petites villes.

Un de ces centres urbains est Oualata, dans les années 1970 une

agglomération de 800 à 1000 habitants. C'était “un centre spirituel et une

ville de commerce au carrefour du Maroc, du Mali et du Sénégal... (Son)

isolement lui a valu aussi le maintien de ses traditions de spiritualité,

d'enseignement traditionnel qui remontent au VIIIème siècle” (Gabus,

1967: 7), ainsi que de son organisation sociale et domestique.

Comme chez les Touaregs et les Ghrib, le mode de vie des Maures est

depuis une quarantaine d'années soumis à une pression croissante

d'adaptation à un état et une économie qui s'inscrivent dans le contexte

mondial. Actuellement, environ 60 % de la population vit de l'agriculture

et de l'élevage et environ 40 % a trouvé une subsistance en ville dans le

secteur moderne ou informel de l'économie (Belgisch Comité voor

UNICEF, 1996: 33).

Page 31: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

31

Les Sahraouis

Les Sahraouis nomadisaient dans l'immense espace saharien qu'ils

appellent 'Trab el Bidan', la 'Terre des Blancs'. Cet espace s'étend du fleuve

Sénégal jusqu'à l‟Oued Drâa qui longe les versants sud du Jbel Bani et de

l'Anti-Atlas en passant près de la ville d'Assa dans le sud du Maroc. Cette

vaste région comprend la Mauritanie, le Sahara Occidental, une partie du

Nord-Ouest du Mali et du Sud-Ouest de l'Algérie. La langue des Sahraouis

est une forme locale d'arabe appelée 'hassaniya' (Pinto Cebrián, 1999: 9).

Tout comme chez les Touaregs, les Ghrib et les Maures, un processus de

sédentarisation s'est développé chez les Sahraouis, un processus de

sédentarisation dont l'ampleur s'est accentuée à partir des années 1970.

Une partie du Trab el Bidan dénommée le Sahara Occidental fut une

colonie espagnole de 1904 à 1975. Actuellement et suivant la terminologie

employée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le gouvernement

marocain est la “puissance administrante du Sahara occidental” (Rapport

du Secrétaire Général sur la situation concernant le Sahara occidental, 25

octobre 2000, S/2000/ 1029, 6 pages, p. 6, § 30, (http://www.un.org/french

/docs/sc/reports/2000/1029f.pdf - consulté le 11.01.2001). L'agence de

presse Europe Medea mentionne comme l'unique source valable sur la

population du Sahara Occidental le dernier recensement espagnol de 1974.

Selon celui-ci, qui n'a pas pu prendre en compte l'ensemble des

populations nomades, il y avait à ce moment 73.497 Sahraouis dans le

territoire et 21.522 Européens et ressortissants d'autres pays. La population

actuelle est sans doute de l'ordre de 200.000 à 300.000 personnes (http://

www.medea.be/fr/index250.htm, consulté le 11.01.2001). Sous le contrôle

du Polisario, le Frente Popular para la Liberación de la Seguia el Hamra y

el Rio de Oro, quelques 200.000 Sahraouis habiteraient les camps de

réfugiés de la région de Tindouf dans le sud-ouest de l'Algérie (http://

www.sahara.net/people.html - consulté le 12.01.2001).

L'ancien système économique entièrement basé sur le nomadisme et le

commerce caravanier a été remplacé en grande partie par une économie

basée sur l'industrie de la pêche et l'exploitation de gisements de

phosphates et de fer (http://www.medea.be/fr/index250.htm, consulté le

11.01.2001).

Page 32: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

32

Les Chaamba

Les Chaamba, eux aussi nomades dans leur majeure partie, transhument

sur tout le Sahara algérien septentrional depuis El Oued, Ouargla et le

Grand Erg Oriental, en passant par El Golea et le Grand Erg Occidental

jusqu'à l'Erg er Raoui et même au-delà. Cette immense région désertique

aux puissants massifs de dunes est entrecoupée de plaines arides peu

accidentées.

Tout comme les Regeybat, les Chaamba arabophones, sont des Arabo-

berbères dont l'origine démontre l'interpénétration des populations

amazighs autochtones avec des tribus arabes venues de la Péninsule Arabe.

Au début des années 1950, la population totale approchait les 20.000

(Cabot Briggs, 1958: 111).

Leurs moyens de subsistance les Chaamba les trouvaient et les trouvent

parfois encore dans l'élevage de dromadaires et de moutons. Ils étaient des

méharistes renommés qui se sont en partie intégrés dans l'armée coloniale

et celle de l'Algérie indépendante. Dans les oasis ils s'occupent aussi de

jardinage et des palmeraies.

Aujourd'hui ils descendent de leurs chameaux et montent dans les poids

lourds qui circulent sur les pistes sahariennes (Komorowski, 1975: 107).

Les Teda

Les Teda, appelés Toubou par les Arabes et les Européens, vivent dans un

endroit aussi spécifique qu'isolé. Il s'agit du massif volcanique du Tibesti

au Nord-ouest du Tchad. Ce massif du Tibesti, qui a son point culminant à

3350 m et une altitude moyenne entre 1000 et 1800 m, “s'élève tel un

bastion au milieu d'une mer de sable” (Lopatinsky, Les Teda du Tibesti: 9).

Contrairement aux autres populations qui sont des Amazighs ou Arabo-

berbères, les Teda forment ethniquement et linguistiquement un groupe

distinct qui s'apparente aux populations noires du Soudan.

Dans le massif du Tibesti les Teda étaient en 1960 estimés à 20.000

personnes (La Vie du Sahara, p. XXIV). Probablement moins encore car

cette source y incorpore des groupes de cultivateurs apparentés au Teda du

Tibesti. De la population totale du Tchad estimé à 7.557.436 d'habitants en

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juillet 1999, 44 % ont moins de quinze ans (E-Conflict™ World

Encyclopedia). Le recensement de la population du Tchad de 1993 donne

28.501 Teda (Ethnologue: Languages of the World).

Ces Teda sont restés très longtemps attachés à leur mode de vie et

avaient encore en 1980 “conservés des particularismes culturels qui sont en

accord avec les impératifs de leurs conditions de vie” (Brandily, 1980:

141). D'ailleurs l'influence maghrébine d'abord et française ensuite, avec

une occupation effective à partir de 1930, est restée faible jusqu'en 1940.

Le semi-nomadisme fut le système socio-économique rendant possible

la survie des Teda. Une partie du groupe familial reste dans l'oasis, par

exemple à Bardaï, et s'occupe des jardins et des palmeraies. Ce travail dans

les jardins est vu comme un travail de serviteurs. Entre temps, une autre

partie s'en va à la recherche des prairies pour les chèvres, moutons, ânes et

dromadaires et fait en même temps le petit commerce caravanier

(Lopatinsky, Les Teda du Tibesti: 10, 15, 285, 288; Le Cœur, 1950: 198;

Kronenberg, 1958: 3-5).

“Traditionnellement la base de la nourriture est constituée par les dattes

et quelques céréales dont les unes sont cultivées et les autres sauvages”

(Brandily, 1980: 141). L'importance des dattes pour les Teda se révèle

jusque dans la confection des poupées par les filles.

Les Zaghawa

Une population noire, appelée Zaghawa par les Arabes mais qui s'appelle

elle-même les Beri, vit à cheval sur la frontière entre le Tchad et le Soudan.

Il s'agit d'un territoire accidenté dont le centre est formé par les hauts

plateaux du Ennedi qui délimitent au sud le Sahara. Toujours au-dessus de

600 mètres, ce territoire s'élève jusqu'à 1450 mètres.

Dans cette région inhospitalière du Tchad vivaient vers 1975 environ

30.000 Zaghawa, et Iriba, lieu de résidence du sultan des Zaghawa, était un

centre de plus ou moins 3000 personnes (Tubiana, 1977: 99, 118). Marie-

José Tubiana (1964: 11-12) écrit :

Les Zaghawa, qui furent depuis longtemps soumis à l'influence de

l'Islam et de l'arabe, sont avant tout des pasteurs semi-nomades à court

rayon de déplacement tirant leurs ressources de l'élevage, de la

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cueillette, de l'agriculture, de la chasse et aussi du commerce... Le

troupeau est la principale richesse du Zaghawa. Il en tire une partie de

sa nourriture, de ses vêtements et quelques-uns de ses ustensiles de

ménage. En échangeant ou en vendant des bêtes il se procure le

complément de mil nécessaire à son alimentation, du thé, du sucre, des

tissus. La richesse d'un homme, la puissance d'un chef sont évaluées en

têtes de bétail... Vaches et taureaux occupent la première place... Les

Zaghawa élèvent également des chameaux comme bête de somme, des

moutons et des chèvres. Les chevaux sont les montures des chefs et des

notables; les ânes sont laissés aux femmes et aux forgerons.

Les Belbala

Jusqu'à présent les populations décrites sont ou du moins étaient des

nomades ou semi-nomades. Par contre les Belbala sont bien que vivant

dans le Sahara Nord-occidental, la première communauté sédentarisée à

l'oasis de Tabelbala mais vivant en contact direct avec les Chaamba.

Tabelbala, située à une hauteur de 500 mètres, est une petite palmeraie

très isolée qui se trouve au pied de l'Erg er Raoui, entre cette zone de

dunes et une petite chaîne montagneuse d'environ 700 mètres de hauteur.

Les Belbala forment une population sédentaire d'environ 1600

personnes vers 1960, parlant une langue tout à fait particulière incomprise

des autres sahariens sédentaires ou nomades. C‟est une langue d'origine

négro-africaine avec des apports amazighs et arabes.

Dominique Champault, dont l'ouvrage Une oasis du Sahara nord-

occidental : Tabelbala est la source d'information primordiale en ce qui

concerne les Belbala, écrit que les habitants de Tabelbala ont survécu grâce

à une économie d'oasis avec palmeraies, jardinage et élevage de chèvres,

ânes, quelques moutons et quelques dromadaires qu'entretiennent des

Chaamba. En plus, et jusqu'au début du 20e siècle, Tabelbala était un lieu

de séjour et d'approvisionnement du trafic caravanier venant du Maroc.

Mais l'avenir de ce trafic caravanier et celui de l'oasis de Tabelbala

furent en 1969 décrits comme suit par cet auteur: “Que Tabelbala soit peut-

être né du transport chamelier, qu'il en ait vécu pendant de nombreux

siècles, c'est en même temps apercevoir qu'il ne peut longuement lui

survivre” (p. 447).

Page 35: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

35

Les habitants de la Vallée de la Saoura

D'autres sédentaires sahariens sont les habitants des oasis de la Vallée de la

Saoura, une population sur laquelle je n'ai trouvé que très peu de données.

La Saoura délimite le désert pierreux, qui s'étend vers l'ouest, des dunes

de sables de l'Erg qui s'étend à l'est et au sud. Cette rivière qui prend

source dans l'Atlas saharien, coule en direction nord-sud et s'enlise après

quelques centaines de kilomètres dans le désert. Il transporte parfois en

hiver une quantité considérable d'eau.

La Vallée de la Saoura a toujours été une très importante route de

communication et de commerce transsaharien. Dans le lit de la Saoura se

trouvent des jardins et des palmeraies, avec environ 8000 palmiers à Beni

Abbes en 1944. A ce moment là, environ 5000 personnes vivaient dans

cette agglomération (Naval Intelligence Division, 1943: I 66-67, II 61).

Selon Dominique Champault la situation alimentaire était plus tragique

dans les petites oasis de la Vallée de la Saoura qu'à Tabelbala, bien que

jusque dans les années 1950 il y ait eu des petites caravanes assez

régulières dans la Vallée de la Saoura (1969: 176, 269).

Les Mozabites

Les Mozabites sont des musulmans appartenant à une secte puritaine non

orthodoxe et se sont réfugiés au cours du XIe siècle dans la région

saharienne de l'Oued Mzab. Là ils fondèrent cinq villes fortes, Ghardaïa

étant la plus importante, et au XVIIe siècle encore deux autres villes. Le

relief est celui d‟un haut plateau, situé à une altitude moyenne de 700

mètres, avec des vallées souvent larges et profondes (Naval Intelligence,

1943-1944: 69).

Le nombre de ces citadins d‟oasis fut évalué vers 1950 à environ 50.000

personnes. Vers 1980 il y en avait environ 200.000 (Camps, 1984: 8). Leur

langue appartient à la grande famille des parlers berbères.

Zygmunt Komorowski décrit ainsi l‟économie mozabite : “Depuis des

siècles ils s‟enrichissaient sur le commerce transsaharien. Aujourd‟hui, ils

tiennent une grande partie du petit commerce en Algérie et leur diaspora

atteint même l‟Amérique” (1975: 107).

Page 36: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

36

Bien que la population mozabite s‟est, suite à son particularisme

religieux, volontairement isolée, elle a su tirer profit de l‟insertion dans un

état moderne et dans une économie coloniale et post-coloniale.

Les Kabyles

Les Kabyles vivent dans une région montagneuse au Nord-Est de l‟Algérie

et qui s‟étend d‟Alger à Annaba. Cet espace se divise en trois régions. La

Grande Kabylie ou la Kabylie de Djurdjura culmine à une hauteur de 2.308

mètres. A l‟est de la Grande Kabylie se trouve la Petite Kabylie avec une

hauteur maximale de 1008 mètres à l‟ouest de l‟oued Kebir. La troisième

région est celle de Collo située à l'Est. La capitale de la Kabylie est Tizi-

Ouzou dans la Grande Kabylie. C‟est dans ces régions montagneuses que

les Kabyles se sont toujours retirées suite aux invasions successives.

La Kabylie est une région de peuplement de grande densité où vivaient

en 1987 2.571.1957.000 personnes. En 1984, plus de 530.000 Kabyles

vivaient en France (Ethnologue: Languages of the World). Une autre

source publiée en 1998 estime les Kabyles à quatre millions de personnes.

L‟émigration vers la France et d‟autres pays européens date de la Première

Guerre mondiale (Tamisier, 1998: 143). La langue kabyle appartient au

groupe des langues amazighes.

Le Larousse du 20e siècle décrit en 1931 certains aspects de l‟économie

de ces régions de la manière suivante :

On cultive les céréales sur les terres basses, et sur les pentes les vergers

et les vignes. La région, parfaitement arrosée, a de magnifiques forêts

de chênes-lièges, de chênes zéens, et plus haut de cèdres. La Petite

Kabylie et celle de Collo renferment des mines de plomb, de cuivre et

surtout de fer (volume I-M, p. 222).

Sur la côte abrupte se trouvent quand même quelques ports comme

Djidjelli. En 2001 on peut lire dans Ethnologue: Languages of the World

que les Kabyles sont des agriculteurs cultivant olives, figues, grenades,

pèches, abricots, poires, prunes et légumes.

La structure sociopolitique est marquée par une forte organisation

villageoise. L‟évolution depuis la seconde moitié du siècle dernier montre

Page 37: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

37

l‟importance des “institutions politiques traditionnelles et (de) la culture

moderne acquise par les Kabyles au sein des mouvements syndicaux et

politiques auxquels ils ont tant donné, aussi bien dans l‟immigration en

France qu‟en Algérie” (Mahe, compte rendu du livre).

Les Chaouïa

L'Aurès, le territoire des Chaouïa, est un massif montagneux

impressionnant d'environ 11.000 km² situé entre les Hauts plateaux du

nord-est algérien et le Sahara. Les Chaouïa, 'bergers' en arabe, sont des

Amazighs parlant une langue amazighe. Ethnologue: Languages of the

World mentionne 1.400.000 Chaouïa pour 1993.

Vers les années 1940, ils vivaient encore largement selon les modes de

vie ancestraux et restaient “des montagnards peu influencés par ce qu'ils

ont vu en ville. Ils gardent une ancienne organisation tribale” (Catalogue

des Collections de l'Aurès, 1943: 4).

En 1938 et selon Thérèse Rivière, les Chaouïa du Nord de l'Aurès sont

sédentarisés dans des vallées fertiles où la culture intensive dans des

jardins et palmeraies est possible. Les Chaouïa du Sud, au contraire, sont

“des semi-nomades pasteurs de chèvres et de moutons, cultivateurs de blé

et d'orge qui vivent à peu près en économie fermée”. Ces semi-nomades

hivernent au Sahara et estivent dans l'Aurès (p. 294).

A ce moment, la densité de la population atteignit dans le nord de

l'Aurès 5 à 25 habitants par km², cinq fois plus que dans le sud de l'Aurès,

et la population Chaouïa se chiffrait dans les quelques dizaines de milliers.

Danielle Jemma-Gouzon décrit la situation actuelle en Aurès (1989: 7) :

Puis vient le temps de rompre l'isolement et, avec lui, celui de la

tentation de l'ailleurs. Les temps présents. Au fond des vallées, les terres

se vident. Les hommes partent. Dans les villages, seuls demeurent les

vieillards, les femmes et les enfants. Les gestes s'érodent, comme les

maisons de terre, en perte de sens et de symboles. Le Temps a pénétré

les montagnes de l'Aurès et, avec lui, l'Histoire. La famille s'ouvre aussi

mais se fragmente, satisfaite d'une économie moins précaire mais moins

communautaire. Aspirations nouvelles. Modèles nouveaux.

Page 38: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

38

Les populations des campagnes marocaines

Mes recherches au Maroc en cours depuis février 1992 m'ont permis

d'obtenir des données sur les jeux et jouets des enfants de certaines

communautés arabo-berbères ou amazighes vivant dans des villages ou des

petites villes des régions rurales du Maroc. Il s'agit de la population Aït

Ouirra (Moyen Atlas), des petites villes Goulmima, Imi-n-Tanoute,

Imzouren, Midelt, Ouarzazate et Taroudannt (Maroc central), Tiznit et Sidi

Ifni (sud du Maroc), ainsi que des villages Zhana (Kénitra), Aït Hmed ou

Yacoub (Khemisset), Aïn Taoujdate (Fès), Arhbalou-n-Serdane, Sidi

Brahim et Tighboula (Moyen Atlas), Ouirgane (Marrakech), Bertèt, Ksar

Assaka, She°ba, Taäkit et Zaïda (Midelt), Meski (Errachidia), Ighrem-n-

Cherif (Goulmima), Aït Ighemour, Aït Slimane, Amellago, Ignern et

Imîder (Haut Atlas), Tiffoultoute (Ouarzazate), Hmar (Taroudannt), Douar

Ouaraben, Ikenwèn et Idoubahman-Imjâd (Tiznit), Ifrane a/s (Guelmim),

Terloulou (Tafraoute), Lahfart et Lagzira (Sidi Ifni), Igîsel (Guelmim),

Douar (Tan-Tan) et Oulad ben Sbaa (Sidi Mokhtar).

Les Aït Ouirra, une population amazighophone, vivent dans la région

d'El Ksiba, un centre administratif situé à 1130 m d'altitude dans le Moyen

Atlas. Leur territoire s'étend sur environ 600 km². Selon le recensement de

1971 la population était de 24.019 personnes. Le mode de vie des Aït

Ouirra est le semi-nomadisme et ils se déplacent entre la montagne et la

plaine. L'élevage de chèvres et de moutons occupe la première place mais

ils cultivent aussi le blé, l'orge et le maïs. Les données sur les Aït Ouirra et

leurs jeux et jouets proviennent de la thèse de Lahcen Oubahammou

(1987).

Près de la côte méditerranéenne et à 17 km d'El Hoceima se trouve la

petite ville rifaine et amazighophone Imzouren.

Midelt est le centre d'une région où la pomme est cultivée. Elle se trouve

sur la route de Meknès à Errachidia et à 1500 m de hauteur au pied du Jbel

Ayachi à l'extrémité septentrionale du Haut Atlas. Cette ville amazighe, où

de plus en plus de jeunes parlent l'arabe maghrébin, compte environ

25.000 habitants.

La petite ville de Goulmima se trouve en bordure du Pré-Sahara

marocain et du versant est du Haut Atlas, sur la route de Ouarzazate à

Errachidia près de l'Oued Gheris. Ce centre urbain amazighophone avec

son grand ighrem, ou ancien village fortifié, et son importante oasis n'est

Page 39: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

39

que très peu touchée par les circuits touristiques. Selon des informations

locales Goulmima compte plus ou moins 25.000 habitants.

La ville de Ouarzazate dans le Pré-Sahara est un centre régional de

grandeur comparable à celle de Goulmima. Elle est devenue une ville de

tourisme européen et de studios de cinéma. C'était une ville

amazighophone où l'on parle maintenant beaucoup l'arabe maghrébin,

surtout parmi les jeunes générations.

Imi-n-Tanoute est une ville régionale se trouvant au pied du versant

ouest du Haut Atlas, à une altitude d'environ 900 mètres, sur la route

reliant Marrakech à Agadir. La ville de Taroudannt est située dans la vallée

entre le Haut Atlas et l'Anti-Atlas, à une altitude d'environ 250 mètres, le

long de l'Oued Sous qui se jette dans l'Atlantique à Agadir. Ces deux

centres ont une population de 25.000 à 40.000 habitants. Là se mêlent

arabophones et amazighophones et il arrive que dans une même famille les

deux langues soient utilisées selon les besoins.

Sidi Ifni est une toute petite ville côtière dans le sud du Maroc et à 160

km d'Agadir. Les gens y parlent aussi bien l‟Amazigh que l'Arabe

maghrébin. Le tourisme y est d‟une certaine importance avec des touristes

européens venant surtout en hiver et des touristes locaux ou des marocains

vivant en Europe venant en été.

Tiznit est une ville en pleine expansion sur la route reliant Agadir à

Guelmim et Tan-Tan. Depuis quelques années Tiznit est mis en avant

comme un endroit touristique d‟intérêt sur la route d‟aventure vers le sud

du Maroc.

Aïn Taoujdate, entre Meknès et Fès, bien que n‟étant un village au début

des années 1990 se développe rapidement et devient un centre urbain

important. Par contre, Zhana, à 10 km de Kénitra, est resté un village.

Le village de Meski, près de la très touristique Source Bleue de Meski,

se situe en bordure d'une assez grande oasis et est un centre rural d'une

certaine importance. Il se trouve à 20 km d'Errachidia en bordure du Pré-

Sahara marocain. Aussi bien à Aïn Taoujdate, à Zhana qu'à Meski l'arabe

maghrébin est parlé.

A quelques kilomètres de Khemisset, sur la route de Rabat à Meknès, se

trouve le petit village amazighophone Aït Hmed ou Yacoub.

Page 40: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

40

J'ai obtenu plusieurs informations sur les jeux et jouets des enfants du

Moyen Atlas entre autres à Arhbalou-n-Serdane près de Boumia, à Sidi

Brahim à côté d'Ifrane et à Tighboula près d'El Ksiba. Dans tous ses

villages on parle l‟amazigh.

Cela est aussi le cas dans le centre rural Amellago et deux villages

limitrophes, Aït Slimane et Imîder, tous situés dans le Haut Atlas non loin

de Goulmima, ainsi que dans le village Ouirgane, situé à 60 km de

Marrakech le long de la route du Tizi n Test.

A Aït Ighemour, un petit village du Haut Atlas „traditionnel‟ pour autant

que l'on puisse encore utiliser cette expression, les gens parlent l‟amazigh.

Ce village, d'une centaine de familles, se trouve dans la province de

Ouarzazate à la fin d'une piste partant du village Anezal sur la route de

Tazenakht à Amerzgane. On y arrive en grimpant cette piste de 38 km

jusqu'à une hauteur de 2600 m Aït Ighemour est situé à 8 km de la

montagne Jbel Siroua. L'agriculture n'y est possible que dans les jardins en

bordure du petit oued où l'eau coule toute l'année.

Ignern se situe à 1600 m d'altitude sur la route de Taroudannt à

Tazenakht et à 15 km avant Taliouine en venant de Tazenakht. Ce village

amazigh se trouve aussi au pied de la montagne Jbel Siroua mais est moins

isolé qu'Aït Ighemour. Il est un des très rares villages où l'on cultive les

fleurs qui donnent le safran.

Taäkit est un petit village à 2 km de Midelt en direction du Jbel Ayachi.

Ksar Assaka avec environ 50 familles se trouve 2 km plus loin. Zaïda se

situe le long de la route à 30 km avant Midelt en venant de Meknès et vie

en partie grâce au trafic routier. Bertèt se trouve à environ 40 km de Midelt

près de la route de Midelt à Errachidia. Le petit village Ighrem-n-Cherif se

trouve près de Goulmima. Ce sont des villages amazighophones où

l'influence de la ville se fait sentir de plus en plus et dont bon nombre

d'habitants ont déjà quitté leur village pour aller habiter en ville. She°ba,

un village situé à 2 km avant Midelt en venant de Meknès, est cependant

un îlot arabophone dans une région amazighophone.

Douar Ouaraben juste en dehors de Tiznit, Ikenwèn à 29 km de Tiznit

sur la route vers Tafraoute, Ifrane a/s (Atlas Saghrir ou Anti-Atlas) à

environ 25 km de Bouizakarne qui se trouve sur la route de Tiznit à

Guelmim, Idoubahman-Imjâd à 24 km d'Ifrane a/s en direction de

Tafraoute, et Terloulou à 26 km de Tafraoute en direction de la haute

montagne sont amazighophones. Cela est aussi le cas pour la population du

Page 41: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

41

village côtier Lagzira et du village de montagne Lahfart près de Sidi Ifni,

ainsi que pour le village Igîsel près des sources chaudes d‟Abaynou à côté

de Guelmim. Tous ces villages de l'Anti-Atlas sont vraiment petits sauf

Ifrane a/s avec environ 15.000 habitants. Ifrane a/s est un important centre

rural avec une école secondaire et une assez grande palmeraie et des

oliviers.

Les gens du village Hmar, à environ 10 km de Taroudannt, et du village

Oulad ben Sbaa, près de Sidi Mokhtar sur la route d'Essaouira à

Marrakech, parlent l'arabe marocain. Dans le petit village Douar près de

Tan-Tan on parle l'arabe hassaniya, la langue des Sahraouis.

Dans les villages la population vit surtout de l'agriculture, souvent

encore suivant des méthodes séculaires, de la production des oliviers,

arganiers, pommiers et autres arbres fruitiers, de l'élevage du grand ou petit

bétail. Un bétail qui est souvent gardé par des filles ou des garçons. En

ville l'artisanat, le commerce, le transport et le fonctionnariat créent des

ressources supplémentaires renforçant ainsi une plus ou moins forte

désertion des campagnes. Si en 1960 la population rurale marocaine

formait encore 71 % de la population totale du Maroc, cette population

rurale en fait actuellement que la moitié.

La modernisation ne passe pas à côté des villes rurales et des villages

marocains comme c'est certainement le cas dans toute l'Afrique du Nord et

dans le Sahara. Après l'engouement pour les paraboles, le téléphone

portable conquérait le monde rural, surtout les jeunes hommes et les jeunes

femmes. Fin 1999 le téléphone portable devient un objet de prestige dans

la petite ville de Midelt au Maroc central. En 2000 le téléphone portable

s'infiltre déjà dans le petit village Ksar Assaka près de Midelt. Plusieurs

magasins offrent la possibilité d'utiliser des ordinateurs et de communiquer

par Internet par exemple à Midelt depuis 2000. Ceci est aussi le cas à Sidi

Ifni et dans d‟autres villes rurales marocaines.

Parfois j'ai mentionné une tribu ou groupe ethnique auquel

appartiennent les enfants. Cependant, l'importance du groupe ethnique a

beaucoup diminué dans un contexte urbain ainsi que dans les grands

villages.

Page 42: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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Les citadins de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie

Des communautés non ethniques ou multiethniques vivent dans les

grandes, petites et parfois très petites villes côtières ou non loin de la côte

du Maroc et de l'Algérie. Dans ce livre sont aussi mentionnées quelques

agglomérations urbaines à l'intérieur de ces pays et qui représentent une

situation démographique analogue. Ces agglomérations sont sauf

exceptions rarissimes situées dans les plaines côtières ou peu élevées de

l'intérieur.

En juillet 1999, la population de l'Algérie fut estimée à 31.133.486

habitants dont 37 % d'enfants de moins de quinze ans, celle du Maroc à

29.661.636 d'habitants dont 36 % d'enfants de moins de quinze ans et celle

de la Tunisie à 9.513.603 d'habitants dont 31 % d'enfants de moins de

quinze ans (E-Conflict™ World Encyclopedia).

La population citadine vit, dans sa grande majorité et en ce qui concerne

la période couverte par ce livre, de l'artisanat, du commerce, du

fonctionnariat et de l'exécution d'autres services.

Fès, Marrakech et Rabat, où j'ai pu recueillir des données, sont

aujourd'hui des villes de plus de 500.000 habitants. Kénitra, à 40 km au

nord de Rabat, est un centre régional de plus de 200.000 habitants et une

ville satellite de la capitale Rabat.

Ce sont des villes aux visages multiples où l'on remarque aussi bien un

comportement européen, un comportement traditionnel et un

comportement strictement islamique. Cela se voit plus particulièrement au

niveau de la population féminine puisque dans les rues le port du voile

côtoie celui de la minijupe.

Les renseignements sur la vie domestique dans les jeux et jouets obtenus

dans ces villes proviennent de couches sociales populaires et moyennes.

La langue utilisée dans tous ces centres est une forme locale de l'arabe

maghrébin. Du point de vue ethnique, ces populations sont constituées en

grande partie d‟Amazighs, arabisés de longue date ou depuis peu.

Gabriel Camps (1984: 9) écrit à ce sujet :

En fait, dans la société musulmane nord-africaine et saharienne, il

existe des maghrébins arabophones ou arabo-berbères et des

maghrébins berbérophones qui conservent le nom de Berbères que les

Page 43: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

43

Arabes leur donnèrent. Parmi les Arabo-berbères, qui ne constituent

pas plus une entité sociologique que les Berbères, on distingue un

groupe ancien, citadin, aux origines souvent très mêlées, car il faut tenir

compte dans les villes des apports antérieurs à l'Islam, des réfugiés

musulmans d'Espagne (Andalous) et des nouveaux venus généralement

confondus sous le nom de Turcs, bien qu'ils fussent, pour la plupart, des

Balkaniques et des Grecs de l'Archipel.

Avant de clore cet aperçu des différents groupes socioculturels dont les

jeux et jouets liés à la vie domestique figurent plus loin, reprenons encore

une fois cette distinction entre maghrébins amazighophones et maghrébins

arabophones. Néfissa Zerdoumi en parle de la manière suivante dans son

livre Enfants d'hier. L'éducation de l'enfant en milieu traditionnel algérien

(1970, 2e édition 1982: 35-36) :

Pendant des siècles, la famille algérienne musulmane, malgré une

histoire mouvementée, est demeurée immuable, non pas qu'elle ait

bénéficié d'une protection religieuse ou législative particulière, mais

parce que, ayant adopté une structure défensive, elle se trouvait à

l'écart des causes susceptibles de provoquer son évolution. Elle portait

en elle des éléments statiques, absorbant ou neutralisant les influences

successives et contradictoires du cadre politico-social. Ces influences

ont tracé des zones culturelles relativement dissemblables. Dans les

massifs montagneux (Kabylie, Aurès), les parlers et les traits coutumiers

berbères se sont maintenus dans leur originalité. On y observe une

certaine indépendance à l'égard de l'Islam, notamment dans le système

juridique, un amour jaloux de la terre et de ses fruits, un goût prononcé

pour le travail lucratif individuel, une structure sociale à tendance

démocratique. En face, le pays arabe, celui des steppes aux larges

dimensions ou des plaines allongées, a conservé, dans ses campagnes

comme dans ses centres urbains, les caractères liés à la civilisation

pastorale, plus ouverte, plus classiquement islamique mais moins

attachée à la parcelle de terre qu'à la solidarité tribale ou familiale.

Entre ces deux systèmes, qui hors des villes apparaissent distincts, il y a

des interpénétrations nombreuses qui en font une société aux aspects

variés mais au fond commun tissé du fil semblable des cellules

familiales.

Page 44: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

44

Dès le livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées

d’enfants et jeux de poupées j'avais l'intention d'intégrer dans l'introduction

un aperçu sur l'organisation familiale et la socialisation des enfants dans

les différentes populations concernées. Après quelques tentatives, je dois

avouer que je n'y parviens pas. Je crois que dans l'état actuel des

connaissances, pareille description, même brève, est impossible.

Impossible suite à la variété du milieu physique et humain. Quelle

différence n'existe-t-il pas entre un quartier populaire de Casablanca, un

petit village amazigh du Haut Atlas loin de toute route goudronnée, et un

campement de nomades sahariens. En plus, la période s'étend sur tout le

vingtième siècle, une période marquée par d'importants changements

technologiques, économiques, sociaux et politiques. Troisièmement, les

données de base manquent souvent surtout en ce qui concerne l'enfance.

Ainsi, même si j'avais réussi à produire pareille synthèse, celle ci aurait été

faussement généralisatrice. Je me suis donc résigné à renvoyer le lecteur

aux rares ouvrages décrivant la famille et l'enfance dans des endroits et des

périodes différents. Des livres comme Enfants d'hier. L'éducation de

l'enfant en milieu traditionnel algérien de Néfissa Zerdoumi (1970),

Enfants du Maghreb entre hier et aujourd'hui de Mohamed Sijelmassi

(1984), Enfances Maghrébines de Dernouny et Chaouite (1987) et

Conception, naissance et petite enfance au Maghreb de l'IREMAM

(1997). Un bref commentaire de ces livres se trouve dans Cultures

Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Bibliographie Commentée sur

les Jeux et Jouets où d'autres documents récents sur l'enfance et la jeunesse

marocaines sont mentionnés.

Dans ce livre je propose au lecteur une analyse globale des jeux et jouets

liés à la vie domestique et familiale des enfants sahariens et nord-africains.

En premier lieu sont traités les jeux et jouets en rapport avec les

habitations, puis avec le ménage, la dînette et les ustensiles de ménage, les

différentes occupations ménagères, les activités de subsistance, la musique

et la danse et finalement avec le rituel et les fêtes. Chaque section

commence avec un résumé qui met en avant les caractéristiques du groupe

de jeux et de jouets en question.

Dans le chapitre Conclusions une synthèse est proposée ainsi qu'une

discussion de certains aspects environnementaux, économiques et

socioculturels. Cette fois la section sur les aspects socioculturels est plus

fournie. D'abord j‟essaie de lier les jouets et les jeux des enfants sahariens

Page 45: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

45

et nord-africains à certains aspects socioculturels généraux. Puis j‟analyse

leur rôle des jeux et jouets dans la socialisation des enfants ainsi que dans

les relations entre enfants et entre enfants et adultes. Cette section

comporte une discussion de la différentiation sexuelle dans le ludique

enfantin ainsi que de l'évolution des jouets et des jeux pendant le 20e

siècle. Un dernier chapitre sur la créativité enfantine fut aussi élaboré.

Le lecteur trouvera, sous forme de catalogue, une description détaillée et

systématisée des jouets sahariens et nord-africains liés à la vie domestique

qui se trouvaient dans les collections du Musée de l‟Homme. Ces jouets

appartiennent maintenant à l'Unité Patrimoniale Afrique du Nord et

Proche-Orient du Musée du Quai Branly à Paris.

La transcription des mots vernaculaires et des références géographiques

et ethniques est basée sur les sources que je crois être les plus sûres ou les

plus largement acceptées et qui se trouvaient à ma disposition. La diversité

des langages et des sources bibliographiques rend à peu près impossible

une uniformisation complète. Les informations linguistiques sont données

pour en garder trace mais pas comme des données tout à fait correctes. De

cette manière des spécialistes de l‟amazigh et de l‟arabe pourront vérifier

et corrigé la terminologie locale mentionnée. Pour la transcription de

certaines lettres arabes des signes conventionnels sont utilisés. La liste de

ces signes conventionnels se trouve à la table des transcriptions. Les mots

arabes écrits en italique ont été transcrits de cette manière. Les mots

amazighs que j'ai notés au Maroc ont souvent été transcrits en premier lieu

en caractères arabes. Ces mots amazighs sont aussi écrits en italique.

Les mesures sont mentionnées en centimètres : B = base, H = hauteur,

LO = longueur, LA = largeur, E = épaisseur, D = diamètre, + = maximum,

- = minimum.

Concernant mes contacts avec les enfants, les règles de l‟éthique de la

recherche scientifique proposées par le Conseil Européen de la Recherche

Scientifique ont été suivies. Ainsi l‟autorisation paternelle ou maternelle a

été demandée lors de la collecte de données ou des prises de photos avec

des enfants. Il aurait d‟ailleurs été difficile de faire autrement car le travail

de terrain se fait dans des familles ou dans l‟espace public. Une exception

à cette règle existe néanmoins. Il s‟agit des observations et des photos

d‟enfants faites occasionnellement d‟une certaine distance dans des rues ou

espaces publics de centres urbains marocains. Dans ce cas ni les enfants ni

les adultes se trouvant sur les lieux ont montré des réactions négatives.

Page 46: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

46

Remerciements

Avant de proposer au lecteur ce trésor social et culturel que sont les jeux et

jouets des enfants sahariens et nord-africains s'inspirant de la vie

domestique et familiale, il me reste à remercier tous ceux qui d'une manière

ou d'une autre m'ont permis de mener ce livre à son terme et plus

spécialement :

Les familles ghrib, particulièrement les enfants des années 1970, ainsi

que Gilbert J. M. Claus du Département de Langues et Cultures

Africaines de l'Université d'Etat de Gand, pour l'accueil et le soutient

qu'ils m'ont offerts dans le cadre de mes recherches sur les jeux et jouets

ghrib.

Plusieurs familles de Midelt et Ksar Assaka, entre autres les familles

Blali, Bellamine, Kirch, Laabib et Ouhdada.

La famille Boukhrit de Zaïda et Mohamed Oubouhan pour Bertèt.

La fille Bouchra et ses compagnons de jeu de Sheºba.

La fille Hesna Ourèra de Aït Hmed ou Yacoub et la famille Boutouil de

Khemisset.

Zaid Ouhdada et sa famille d‟Amellago.

Le jeune berger Khalef de Tighboula.

Hamid Amhal, Omar Derouich, Ali Harcherras, Hamid Lihi, Lahbib

Oubbi, Mbarek et Omar Taous ainsi que d'autres membres de

l'association socioculturelle Tilelli, qui m'ont pris en charge et m‟ont

informé lors de plusieurs séjours à Goulmima, auxquels il faut ajouter

Rachida Lihi.

La famille Eloula de Daoudiyât et Kader de Douar Akioud à

Marrakech; Youssef Ait Ammou, maître-assistant, et Fatima Outizal,

étudiante, de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de

l‟Université Cadi Ayyad de Marrakech.

Les garçons et les filles du village Aït Ighemour ainsi que leurs

instituteurs, plus particulièrement Ihbous Noureddine, un Amazigh

d'Essaouira, qui m'a invité à deux reprises à Aït Ighemour et servi

d'interprète.

Les garçons et les filles du village Ignern et en particulier, Hamid,

Zeina et la famille Mohamed ou Ali.

Page 47: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

47

La famille Bamoussa, Khettou et Jalil d‟Imi-n-Tanoute ainsi que la

famille Ait Heda de Taroudannt et la fille Latifa de Hmar.

Mohamed et Zohra Hamouche de Ergoub et la famille Essaidi Ayad.

Mustapha Daoumani et sa famille de Igîsel.

La famille Jariaa de Ikenwèn et Tiznit

La famille Daoumani de Guelmim.

Sadiya, Fatiha, Latifa, Smaïl et les autres enfants de Douar Ouaraben

Les enfants de Terloulou, Idoubahman-Imjâd et Ifrane a/s (quartier

Souk ou Fella) ainsi que leurs familles.

Les enfants de la famille Idouhna de Lagzira et Atbib de Sidi Ifni qui

ont accepté que leur jeu de poupée soit filmé, ainsi que leurs parents qui

ont donné leur accord.

Boubaker Daoumani, Mhand Naanaa et Lahoucine Oublih de

l‟Association Isni pour la Culture et l‟Art de Sidi Ifni.

Ainsi que nombre d'autres informateurs et informatrices marocains qui

ont contribué à rassembler les données sur les jeux et jouets marocains.

Souad Laabib de Ksar Assaka pour son aide comme intermédiaire et

interprète pour le tamazight et l'arabe de 1995 à 2000.

Boubaker Daoumani de Sidi Ifni pour son aide comme interprète pour

le tashelhit et l'arabe, ainsi que pour sa collaboration à la réalisation de

vidéos sur les jeux et jouets des enfants, à partir de 2002.

Khalija Jariaa qui a parlé en premier lieu de ses jeux d'enfance et ceux

d'autres enfants à Ikenwèn et Tiznit et qui à partir de 2005 a collecté des

informations dans ces endroits ainsi qu‟à Douar Ouaraben,

Idoubahman-Imjâd, Ifrane a/s, Terloulou, Sidi Ifni et Aïn Taoujdate.

Depuis 2006 elle a aussi contribué des photos.

Le Nationaal Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek (Fonds National

Belge pour la Recherche Scientifique), Bruxelles, qui a soutenu mes

recherches et mes publications de 1970 à 1992.

Dominique Champault et Jean Lambert, Département d'Afrique

Blanche et du Proche Orient du Musée de l'Homme à Paris, et leurs

collaboratrices, pour leur aide.

Les photographes du Laboratoire de Photographie du même musée qui

ont réalisé certaines photos des jouets liés à la vie domestique de la

collection de ce musée, de même que les responsables du Service de la

Photothèque.

Page 48: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

48

Marie-France Vivier et Hana Chidiac, la précédente et actuelle

responsable de l'Unité Patrimoniale Afrique du Nord et Proche-Orient

du Musée du Quai Branly à Paris, qui depuis 2005 ont contrôlé mes

informations sur certains jouets et m'ont permis de retrouver la

collection de jouets de l'ancien Musée de l'Homme.

Thierry Haag, Magali Bovet et les collaboratrices du Musée du Jouet de

Moirans-en-Montagne pour leur aide.

Gareth Whittaker pour ses commentaires utiles et son amitié.

Krister Svensson du Stockholm International Toy Research Centre pour

son aide et son amitié.

Mon fils Ruben Rossie pour ses conseils et son aide dans l'utilisation de

l'ordinateur.

Mon frère Joseph Rossie pour son support financier.

Page 49: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

49

Page 50: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

50

Page 51: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

51

La Vie Domestique

dans les Jeux et Jouets des

Enfants Sahariens et Nord-africains

Page 52: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

52

Page 53: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

53

1 L'habitation dans les jeux et jouets

1.1 Résumé

Des jouets représentant des objets liés à la vie nomade, plus

particulièrement la tente, ont été mentionnés pour les enfants ghrib,

touaregs, maures, sahraouis et chaamba, tous vivant dans le Sahara.

A côté des tentes-jouets eux-mêmes, j'ai trouvé des reproductions en

format réduit des arceaux de tente, des piquets de la natte d'entourage de la

tente, de la natte d'entourage et de clôture de la tente, de la natte de repos

et de lit, des traverses de lit, du tapis et du coussin de tente.

Ces jouets datent d'entre 1930 et 1975 et les matériaux utilisés sont des

tiges de paille, des branchettes, des bandelettes d'un rameau portant le

régime de dattes, du bois, des lanières de peau, des chiffons et des fils de

coton et de laine.

Les données sur les enfants ghrib et touaregs semblent indiquer qu'au

Sahara la tente-jouet est construite surtout par les filles et cela pour leur jeu

de poupée, jeu de dînette ou jeu de ménage. Cela n'exclut pas la confection

d'une tente-jouet ou d'autres jouets en relation avec la tente nomade par des

garçons. Ainsi les jeunes bergers chaamba utilisent ces jouets pour recréer

le campement et la vie nomade.

Tous ces objets en miniature servent pour des jeux s'inspirant de la vie et

du campement nomade. Pour ces jeux des animaux-jouets et des poupées

sont réalisés comme cela peut se voir dans les volumes Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées

(2005) et Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal

dans les jeux et jouets (2005).

La tente en miniature est un jouet des enfants nomades ou semi-

nomades. Jusqu'à présent je ne peux mentionner que deux exceptions à

cette constante. Il s'agit de la tente-jouet des enfants sédentaires des

villages Douar Ouaraben et Ikenwèn dans l'Anti-Atlas.

La maison en miniature est un jouet des enfants de populations

sédentaires ou en voie de sédentarisation. Ainsi la construction de

maisonnettes fut révélée chez les enfants ghrib, une population en voie de

sédentarisation dans les années 1970, les enfants maures de la petite ville

de Oualata, les enfants de l'oasis de Tabelbala, les enfants mozabites, les

Page 54: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

54

enfants Chaouïa, les enfants kabyles, les enfants de la région du Djebel

Amour et du Djebel Ksel, les enfants de Mopti et les enfants marocains.

Les premières informations sur les maisonnettes et autres petites

constructions datent de 1917, les plus récentes de 2007. Les matériaux

utilisés sont le sable, la terre, l'argile, les pierres et les cailloux, les boîtes

de sardines et rarement les boîtes de carton.

On verra que la plupart des maisonnettes évoquent les habitations d‟une

manière sommaire et partielle. Je crois pouvoir reprendre ici ce que Gilles

Brougère écrit dans La représentation de l’habitat dans le jouet : "Pour

une action symbolique il suffit le plus souvent une évocation partielle de la

maison : un toit ou une armature; imagination et activité des enfants

complèteront de façon dynamique la représentation" (1989: 29).

Bien que presque toutes les maisonnettes proposent un modèle simplifié

d'autres sont une copie miniaturisée des maisons réelles. Ceci est le cas des

maisons de poupées des enfants maures de Oualata qui sont faites par des

servantes.

Les enfants sahariens et nord-africains ne se limitent pas à faire des

maisonnettes pour des jeux de poupée, de dînette et de ménage. Ils

représentent aussi d'autres constructions comme l'enclos, le garage, le

restaurant, le magasin, le tombeau de marabout et la mosquée.

Comme pour la tente-jouet, les maisonnettes sont surtout l'œuvre des

filles. Cependant, des informations récentes provenant de l'Anti-Atlas

démontrent que des garçons font le même genre de maisonnettes que les

filles. Ils les emploient pour jouer aux occupations masculines comme le

travail de la pâtisserie, du restaurant, du tailleur et de la construction de

routes.

Après le chapitre sur le campement nomade, la vaste documentation sur

les maisonnettes sera analysée dans trois sections : la maison de poupée, la

maison pour jeu de dînette et de ménage, et les autres constructions. Dans

le chapitre sur les activités ludiques liées au commerce d'autres

maisonnettes seront présentées.

Page 55: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

55

1.2 Le campement nomade

En 1975 et avec un chiffon rectangulaire, quelques branchettes et du fil, les

filles ghrib du Sahara tunisien d'environ sept ans arrivent à faire une belle

tente nomade en miniature (fig. 1).

Devant cette petite tente elles érigent une clôture avec du sable humide en

imitation de la clôture fermant l'entrée de la tente (fig. 2). Un autre enclos

fait de la même manière ferme l'arrière de la tente.

1

2

Page 56: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

56

Cette bît el-°arûs ou tente de poupée (fig. 3) est utilisée pour le jeu de

poupée comme décrit dans mon livre Cultures Ludiques Sahariennes et

Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées (2005: 92-94).

Elle est aussi employée pour la dînette et autres jeux de ménage. Ainsi on

voit à l'avant de la figure 2 (p. 55), quatre branchettes fixées dans le sable

qui marquent le début de la construction d'un métier à tisser-jouet.

Des chiffons et autres menus objets représentent le peu de mobilier

qu'une tente nomade comporte, des sacs de tout genre et des ustensiles

divers. Pour couvrir le sol de leur tente-jouet les filles, mais parfois aussi

un garçon, fabriquent une natte servant de lit et cela en imitation du tissage

par les femmes de la couverture servant de lit (fig. 4, p. 57). Cette natte,

appelée es-serîr ou el-h'açîr, est faite avec des branchettes de 30 à 40 cm

de long ou des bandelettes d'un rameau portant le régime de dattes de la

même longueur. Trois branches sont fixées dans le sable à une distance

d'environ 10 cm et sur une ligne. Alors on commence à tresser des

branchettes ou des bandelettes entre les trois branches fixées dans le sable

(fig. 5, p. 57). Les bandelettes d'un rameau sont préférées car, en séchant,

elles auront des couleurs différentes aux nuances jaunâtres et rougeâtres.

6

3

Page 57: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

57

Quand la natte est tressée, elle mesure de 25 à 35 cm de long. Cette natte

est éventuellement fixée sur quatre petites branches fourchues servant de

pied de lit (fig.6).

4 5

6

Page 58: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

58

Parmi le mobilier de cette tente se trouve occasionnellement un petit

tapis, ez-zarbîya, confectionné par les filles (fig. 7). Deux bâtonnets de 10

à 20 cm sont fixés en forme de croix avec un bout de fil de laine (fig. 8).

A partir de ce croisement les fils de laine sont juxtaposés en forme de carré

en les enroulant à chaque fois autour des bâtonnets. Après quelques tours

on change de couleur et on s'arrête à environ un centimètre des extrémités

des bâtonnets.

La même manière de faire des petits tapis se retrouve au Maroc. Une

fille du village Ksar Assaka près de Midelt a fait en 1995 deux petits tapis

avec des fils de laine rouge et noire (fig. 9).

7 8

9

Page 59: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

59

Le petit tapis de la figure 10

fut fait en 1997 par une fille de

la région de Tazenakht avec

des fils de laine blanche, jaune

et noire. Ces deux endroits se

trouvent au Maroc central.

Dans le village Douar

Ouaraben, juste en dehors de

Tiznit, Khalija Jariaa a reçu

cinq tapis du même genre,

utilisés par les filles pour

embellir leur maison-nette.

Tout comme chez les Ghrib, les enfants touaregs construisent des tentes

en miniature pour leurs jeux de campement. Je n'ai cependant pas trouvé

dans la bibliographie consultée une référence explicite à la fabrication

d'une petite tente sauf dans le catalogue de l'exposition du Musée de

l'Homme en mars 1993, Touaregs : 12 photographes témoignent. Une des

photos montre une fille touarègue devant une tente en miniature.

Néanmoins, on trouve aussi bien dans la collection du Musée du Quai

Branly que dans la bibliographie plusieurs exemples d'objets en modèle

réduit qui sont en rapport avec la construction d'une tente-jouet. Ce sont

des jouets représentant des arceaux de tente, des piquets de la natte

d'entourage de la tente, des nattes d'entourage et de clôture de la tente. Il y

a aussi des traverses de lit et des nattes de repos ou de lit et des tapis.

La figure 11 montre des arceaux en miniature. Deux des cinq arceaux ne

sont pas peints. Un troisième est peint en rouge et en jaune en bandes

alternatives. Le quatrième est décoré en alternant une partie non peinte

avec une partie peinte en couleur

rouge, verte et jaune. Le dernier

est orné d'une longue bande

rouge au milieu. Le segment du

demi-cercle des arceaux varie de

18 à 24 cm. Pareils arceaux

servent à soutenir le vélum de la

tente de petite et moyenne

grandeur. Deux arceaux en bois sont disposés parallèlement à un mètre et

demi l'un de l'autre et sont retenus par des piquets. Ces arceaux remplacent

10

11

Page 60: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

60

le poteau central (Foley, 1930: 12-13; de Foucauld, 1951-1952: 247, 408).

Dans le livre de H. Foley la planche IV montre comment les femmes

montent la tente en utilisant des arceaux.

Une fille de douze ans des Touaregs Kel Ahaggar (Sahara algérien) a

fait en 1938 un jouet qui figure la natte d'entourage et de clôture de la tente

avec des tiges de graminées et des lanières de peau ou fils de coton. Les

tiges de graminées sont liées deux à deux par des petites lanières de peau

(71.1941.19.117, H = 23 cm, LO = 75 cm, catalogue p. 386) ou fils de

coton (71.1941.19.118-119, H = 13 cm, LO = 47/33 cm, catalogue p. 386).

La même fille a aussi confectionné un petit tapis de tente représentant la

couverture sur laquelle les Touaregs s'assoient (71.1941.19.120, catalogue

p. 388). Ces jouets font partis d'un ensemble d‟objets pour jeu de

campement pour lequel cette fille a encore réalisé plusieurs poupées (voir

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et

jeux de poupées, 2005: 85, fig. 29).

François de Zeltner a recueilli avant 1931 et auprès des enfants touaregs

de Tombouctou au Mali deux petits piquets de la natte d'entourage de la

tente de 42 cm et 47 cm de hauteur (fig. 12, 71.1930.61.617-618).

13 12

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61

En 1939 chez les Touaregs Kel Oullimenden du Sahara malien Henri

Lhote a obtenu d'une fillette une natte-jouet qui est l‟imitation exacte de la

natte d'entourage et de clôture de la tente touarègue. Elle est en tiges de

paille, liées deux à deux par des petites lanières de peau. Des lanières de

peau plus larges, teintes en rouge et en noir forment des motifs décoratifs

en dents de loup. Des petites franges ornent un des côtés. Cette natte

mesure 17 cm sur 32 cm (fig. 13, p. 60, 71.1941.19.1313). Dans La Vie du

Sahara (1960: 33) on peut lire :

De la Mauritanie au Tibesti, du Sud de l'Atlas au Sénégal et au Soudan,

les mêmes nattes servent de tapis de sol ou de cloisons. Faites de tiges

de graminées et de lanières de cuir tissées, ou en fibres de palmier, ces

nattes sont parfois ornées de motifs géométriques de couleur.

Au même moment et chez les mêmes enfants, Henri Lhote a collectionné

des nattes de repos et des nattes de lit en miniature qui sont une réplique

des nattes utilisées dans la tente des Touaregs (fig. 14). Les tiges de paille

sont liées deux à deux par des lanières ou cordelettes de peau. De

nombreuses franges ornent les côtés des nattes. La natte en bas à droite de

la photo (71.1941.19.1311) et celle de la figure 13 ont un décor

géométrique. Une troisième natte en haut à droite de la figure 14 a les tiges

de paille reliées asymétriquement avec des cordelettes en peau rouges et

noires et elle est embellie avec des fils de coton bleus (71.1941.19.1310).

La hauteur de ces quatre nattes varie de 8 cm à 12 cm et la longueur de 13

cm à 19 cm.

14

Page 62: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

62

En plus, la collection du Musée du Quai Branly possède des traverses de

lit pour jeu d'enfant provenant aussi de la Mission Henri Lhote de 1939

auprès des Touaregs Kel Oullimenden et ayant appartenues à une fillette.

Elles furent fabriquées par un artisan avec du bois de téboraq (fig. 13, p.

60, 71.1941.19.1306.1-4). Ces quatre traverses de lit, à corps cylindrique et

tête tronconique d'un diamètre de 1,5 cm et de 21,5 cm de longueur,

imitent les traverses de lit d'un lit touareg. Dans le livre de H. Foley se

trouvent deux photos qui montrent le bâti en bois du lit-divan et le lit

monté avec les nattes de lit (1930: planche IX, n° 13-14). L'Album du

Musée du Bardo concernant les Touaregs Kel Ahaggar montre à la planche

XXXIII (Balout, 1959) un lit comprenant :

Quatre pieds finement pyrogravés supportant deux traverses munies de

gros disques de bois en chaque extrémité. Ces deux traverses en

supportent six autres sur lesquelles on pose pour dormir, une, deux ou

plusieurs nattes spéciales appelées taousit, puis des couvertures ou un

tapis. Ces lits, bien qu'encombrants à transporter, sont très appréciés

chez les nomades. Ils assurent l'été une ventilation sous le dormeur et

aussi sa protection contre les nombreuses petites bêtes du sol, très

agressives en période de chaleur.

De même que chez les Ghrib et les Touaregs, des accessoires pour tente-

jouet ont été mentionnés pour les Maures (Sahara mauritanien). Il s'agit de

piquets de bois, d'étoffe de tente, de cordes, etc., ainsi que de coussins pour

meubler la tente-jouet (Béart, 1955: 840).

Un tapis et un coussin ayant servi de jouet aux enfants maures de

Tidjikdja (Sahara mauritanien) se trouvent dans la collection du Musée du

Quai Branly. Ces jouets furent faits par des artisanes locales.

Le tapis-jouet de la figure 15 (p. 63), reproduisant le grand tapis faro en

usage dans tout le Sahara maure, est un rectangle de peau d'agneau noir

bordé d'une bande de cuir rouge, repliée et cousue à point d'ourlet par une

fine lanière de cuir jaune. L'envers est garni de bandes de cuir rouge

entrecroisées, cousues avec de fines lanières de cuir jaune formant des

points variés (points, lignes, point de tige, zigzag, croisillons). Les bandes

rouges, cousues à l'envers, simulent celles qui renforcent les coutures

assemblant les peaux formant le véritable faro. Le tannage des peaux se

Page 63: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

63

fait avec l'écorce de l'acacia. Ce tapis mesure 44 cm sur 33,5 cm

(71.1938.48.34).

Le coussin-jouet rectangulaire en basane, peau de mouton tannée, est une

réduction des coussins en usage chez les Maures (71.1938.48.35). Les

deux faces, décorées de dessins noirs, jaunes, rouges et verts, sur fond

naturel dans des emplacements géométriques séparés par des bandes

rouges, sont réunies par une bande de cuir mat teinte à l'indigo très foncé,

de 3,4 cm de haut. Les coutures faites à point devant avec des fines

lanières de cuir, sont retournées à l'intérieur. Le coussin est bourré de

coton brut. Ce coussin-jouet mesure 16,5 cm sur 24,5 cm

Dans son livre sur les jeux et jouets sahraouis, Fernando Pinto Cebrián

montre une belle photo couleur et un dessin de deux types de tentes-jouets

(1999: 103, 110). La photo et le dessin de la page 103 montrent aussi le lit,

les nattes, les ustensiles et la poupée utilisés par les filles pour leur jeu de

ménage. Cet auteur écrit que les filles dès qu'elles le peuvent jouent avec

une petite tente appelée 'jaima lawzar'. A n‟importe quelle saison elles

imitent leur mère dans sa fonction d'épouse et de maîtresse de la tente

familiale. Les adultes voient ce jeu comme indispensable pour que les

filles apprennent tout ce qui se rapporte à la famille traditionnelle vivant

dans le désert. Cette tente en miniature est aussi bien faite et décorée que la

tente réelle (1999: 105). Parfois, quand il y a dans le camp familial

sahraoui plusieurs filles avec une tente-jouet, elles construisent un „frig

15

Page 64: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

64

sahir‟, un petit campement en imitation du campement réel. Dans ce camp

en miniature les filles établissent des relations sociales calquées sur celles

de leurs aînés. Près des petites tentes elles font un garde-manger avec des

feuilles et de la semence. Elles construisent aussi un enclos de bétail et

utilisent des petites pierres et des coquilles comme animaux. A côté elles

créent un souk ou marché où elles vont acheter des marchandises et avec

des branches elles font une oasis à palmier comme celle où elles habitent.

Ainsi les filles organisent des fêtes et des réunions s‟inspirant de ce

qu‟elles observent dans le monde des adultes (1999: 108-109).

Les garçons ne participent pas à ces jeux par peur d'être stigmatisé

comme fille ou femme à moins qu'ils soient très jeunes et utilisés par les

filles comme 'enfants'. Cependant les garçons peuvent détruire

occasionnellement et comme action malicieuse les tentes-jouets pour que

les filles tiennent compte de leur présence (1999: 105).

Les filles sahraouies utilisent un des deux types de tentes-jouets,

montrés par Fernando Pinto Cebrián, pour jouer avec des poupées en

miniature désignées sous le nom „owzar‟. Cette petite tente qui

normalement est faite de chiffons et de morceaux de cuir est actuellement

aussi faite avec du matériel moderne comme des morceaux de plastic

provenant de sacs ou des feuilles de papier d'un journal. En plus, on ne

trouve pas seulement les poupées traditionnelles, ressemblant à celles des

filles maures, mais aussi des poupées importées en plastique comme les

Indiens et les Cow-boys qui sont données aux jeunes garçons (1999: 109).

A environ 5 km de Tan-Tan au sud du Maroc et sur l'autre rive du fleuve

Oued Dra se trouve le village Douar. Ce village d'environ cent maisons est

habité par des familles sahraouies. Beaucoup d'habitations comportent une

tente utilisée pour y boire le thé par exemple. Khalija Jariaa a visité ce

village en février 2007 et y a observé le jeu décrit ci-après. Les enfants de

Douar aiment créer leur propre tente comme le font Fatimatou de treize ans

et Meryem de huit ans. L'armature de cette tente est faite de quatre bâtons

attachés ensemble avec un ruban à une extrémité. Un bâton est mis droit au

milieu des trois autres bâtons qui sont mis en forme de trépied. Puis une

vieille couverture est jetée au-dessus des bâtons (fig. 16, p. 65).

Page 65: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

65

Avant de faire la tente Fatimatou et Meryem fabriquent plusieurs tapis de

décoration pour embellir leur tente. Ces tapis sont faits en entourant des

rubans autour de deux bâtonnets en forme de croix. Souquaina de trois ans

est la sœur de Meryem. Elle essaye de faire un tapis mais ne réussit pas

(fig. 17, p. 66).

16

Page 66: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

66

Un tapis est attaché en dessous de l'endroit où les bâtons de l'armature sont

attachés ensemble (fig. 18, H = 21 cm, LA = 19 cm). Les autres tapis sont

attachés à un fil qui contourne l'intérieur de la tente. Le tapis le plus petit,

au centre de la figure 19, mesure 7 cm sur 7 cm et le tapis le plus grand, au

centre de la figure 20 (p. 67), mesure 54 cm sur 57 cm.

17

18 19

Page 67: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

67

Pendant que Fatimatou attache les tapis dans la tente, Meryem crée deux

poupées (fig. 21, p. 68). La petite poupée représente une fillette d'une

année appelée Souquaina et la grande poupée représente sa mère appelée

Moulkhout. La poupée mère est construite uniquement de chiffons et sans

armature (H = 29 cm). La tête sans visage est une boule de chiffons

entourée d'une étoffe rouge serrée au cou par un ruban. La poupée fillette

est faite de chiffons entourant une branchette et le survêtement est tenu en

place par un ruban blanc contournant le bas de la poupée (H = 23 cm). La

tête n'a pas de traits de visage. Fatimatou a fait petit sac noir fermé par un

ruban blanc qui représente le charme protégeant le petit enfant contre tout

malheur. Comme font les femmes elle l'a attaché en haut de la tente-jouet

et l'a caché par le tapis de la figure 18 (p. 66).

20

Page 68: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

68

Quand Souquaina demande à Fatimatou qu'est-

ce qu'elle doit faire Fatimatou répond qu'elle

peut construire un enclos pour les chèvres.

Souquaina prend des branches à épines et

construit l'enclos. Puis elle commence à mettre

des chevreaux dans l'enclos (fig. 22, p. 69).

Entre temps Sidi Ahmed, un garçon de onze

ans et le frère de Fatimatou, fait semblant de

garder son troupeau de dromadaires, d'ânes, de

chèvres et de moutons dans un pâturage

imaginaire situé à quelques mètres. Comme le

font les bergers il joue sur sa flûte, un morceau

de tuyau noir à huit trous (fig. 23). Quand

Souquaina l'appelle pour qu'il l'aide à mettre

21

23

Page 69: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

69

des chevreaux dans l'enclos il y va tout de suite (fig. 24, p. 69).

Meryem qui habite la ville de Tan-Tan propose à Fatimatou de fêter

l'anniversaire de leur fillette-poupée. Quand Fatimatou appelle Sidi Ahmed

il répond qu'il faut attendre la tombée de la nuit et le retour du troupeau à

la maison pour fêter l'anniversaire. Après une demi-heure Sidi Ahmed

déclare que la nuit tombe et il ramène son troupeau.

Maintenant la fête de l'anniversaire peut commencer. Fatimatou dit à

Meryem qu'elle ne connaît pas comment faire un gâteau d'anniversaire

acheté à la pâtisserie. Cela ne fait rien répond Meryem, on se contentera de

ce qu'on a : du pain, du lait, de l'eau, du Danone. Les quatre joueurs

consomment cette nourriture dans leur tente après quoi le jeu se termine.

Ce jeu a duré de onze heures du matin jusqu'au moment du déjeuner à

environ deux heures de l'après-midi.

22 24

Page 70: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

70

Les garçons chaamba du Sahara algérien jouaient, au début des années

1950 et selon les informations du lieutenant Denis (1952: 35-36), à créer

leur propre campement et à imiter la vie nomade. Ils construisaient aussi

des petites tentes faites de chiffons et de bâtonnets, et des dromadaires-

jouets ou autres animaux-jouets décrits dans le volume Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux et jouets (p. 57-

58).

Hors du Sahara je n'ai pas vu des enfants construire une tente pour leur

jeu ni trouvé des informations à ce sujet. Cependant Khalija Jariaa a

observé le jeu de la tente aux villages Douar Ouaraben et Ikenwèn dans

l'Anti-Atlas.

A Douar Ouaraben en bordure de Tiznit, Smaïl, un garçon de six ans, et

deux de ses sœurs, Sadiya de neuf ans et Fatiha de huit ans, jouent à la vie

sous la tente en mars 2007. Ils connaissent les tentes car dans ce village on

trouve des gens de la région de Tan-Tan qui gardent leurs troupeaux dans

les environs. Ces gens mettent une tente à côté de leur maison.

Les trois enfants font chacun leur tente et les deux filles créent aussi des

poupées. Smaïl commence à construire la structure de sa tente, une tente

appelée akiton en tashelhit. Avec un ruban il noue trois morceaux de

roseaux puis il place par terre ces roseaux en forme de trépied (fig. 25).

25

Page 71: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

71

Pendant que les deux filles créent une poupée Smaïl commence à

couvrir la structure de sa tente avec un plastique (fig. 26).

Sadiya a déjà fait la structure de sa première poupée, deux morceaux de

roseau attachés en forme de croix avec un ruban (fig. 27, p. 72). Sur cette

photo on voit la manière de couper une ouverture pour passer la robe par-

dessus la tête de la poupée. Pour couper le tissu Sadiya frappe le bord plié

du tissu avec la pierre à côté de sa main. Une fois la robe pendue sur le

roseau servant de bras deux petites pierres sont introduites sous l'étoffe

pour représenter les seins.

26

Page 72: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

72

Sur la figure 28 Fatiha est en train d'aider Sadiya pour fixer les seins. Le fil

blanc autour du cou représente selon Sadiya le tatouage des femmes âgées.

27

28

Page 73: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

73

Sadiya a mis sur la tête de la poupée un morceau de papier d'emballage

brillant comme foulard et devant le visage un morceau de tissu comme

voile (fig. 29). Maintenant elle fixe la poupée dans un tas de cailloux qui

devient une montagne. Puis elle crie "Mètskèrt ?" - Qu'est-ce que vous

faites ? Sadiya fait ainsi comme si la patronne de la tente se fâchait contre

des enfants qui gaspillent de l'eau. Elle construit aussi une poupée-homme

vêtue d'un pantalon bleu, d'une robe blanche et d'un foulard noir. Il s'agit

du patron de la tente.

La structure de la tente de Sadiya est un trépied couvert d'un morceau de

l'emballage d'un sac de ciment (fig. 30, p. 74). Par terre elle a mis un sac de

plastique et qu'elle fixe avec une ficelle au trois roseaux.

29

Page 74: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

74

La photo montre Sadiya en train

de préparer le coussin de la tente,

un autre morceau de l'emballage

d'un sac de ciment. Avant de

mettre ce coussin à l'intérieur de

sa tente elle l'alourdit avec de la

terre humidifiée car elle craint

que le vent emporte sa tente. En

haut du trépied Sadiya a mis un

morceau carré découpé d'une

boîte en polystyrène. La croix

brune est une imitation de la

manière dont les habitants des

immeubles à trois appartements

de ce village urbanisé marquent

leur parabole avec des croix de

couleurs différentes (fig. 31).

30

31

Page 75: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

75

Le jeu consiste surtout dans la visite que quatre voisins et six voisines

d'environ le même âge font à la tente de Sadiya, Fatiha et Smaïl. Lors de

ces visites les visiteurs emportent du pain, des cartons découpés en pain

rond ou en baguette, et du sucre, un morceau de polystyrène. Après les

salutations de circonstance Sadiya ou Fatiha invitent les visiteurs au dîner.

Smaïl s'excuse qu'il ne peut offrir que du thé car il est célibataire.

Khalija Jariaa a aussi observé le jeu de la tente dans son village natal

Ikenwèn dans la région de Tiznit en mars 2007. Plusieurs filles entre cinq

et neuf ans jouent ensemble au jeu de la maman et son bébé vivant sous la

tente. Ces filles créent des tentes comme elles les voient chez les nomades

venant du Sahara et passent avec leurs troupeaux par Ikenwèn. La tente à

droite de la figure 32 représente la tente de la mère. A gauche se trouve

une petite tente pour bébé. Comme le font les nomades observés par les

filles, elles ferment la tente du bébé avec un morceau de la toile pour le

protéger du vent.

Pour leur jeu les filles font une poupée maman à armature de roseau en

forme de croix nommée Fadma. De la même manière elles font aussi deux

petites poupées représentant des jumeaux (ikenwèn) qu'elles nomment

Smaïl et Lahoucine. Puis elles construisent un enclos avec des branches

32

Page 76: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

76

épineuses. Dans cet enclos se trouve la vache à taches noires et blanches

d'origine européenne (tafunest nerrûm) créée avec un sac en plastique noir

gonflé partiellement entouré d'un tissu blanc. Il y a aussi l'âne (ariul) fait

avec des figues de barbarie et des bâtonnets

comme pattes ainsi que le poulet (afullus),

un melon sauvage (ferzîs) dans lequel on

fixe quatre bâtonnets pour les pattes et un

bâtonnet pour le cou sur lequel est mis un

petit melon sauvage en guise de tête. Au

début des années 1980 Khalija et les filles

d'Ikenwèn jouaient déjà ce jeu et

construisaient des tentes semblables.

Un garçon sourd-muet de Tiznit a trouvé

dans le thème de la tente un moyen d'obtenir

un peu d'argent. En été 2006 il a commencé

à en fabriquer et les vend aux filles pour 5

dirhams (0,5 €). La sœur de ce garçon lui

fait les coussins de tente (fig. 33, H = 21 cm,

LO = 30 cm). Fin 2006 il continuait à en

faire et en vendait une de temps en temps.

33

Page 77: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

77

1.3 La maison de poupée

Probablement influencé par l'évolution de leur société d'une vie nomade

vers la sédentarisation dans une oasis, les fillettes et filles ghrib du Sahara

tunisien jouent dans les années 1970 à faire des maisonnettes. Ces

maisonnettes servent pour le jeu de poupée, la dînette ou le jeu de ménage.

Cela se fait surtout après une des rares averses de pluie ou aussi près de la

source naturelle car il faut utiliser parfois du sable humide. Cette dâr eth-

thrâ, maison de sable, est construite par les filles mais des petits garçons

peuvent participer (fig. 34). Il s'agit de jeux collectifs et j‟ai rarement vu

une fille seule faire une maisonnette.

Plusieurs formes de maisonnettes en sable existent, des maisonnettes à toit

plat ou en dôme et des maisonnettes à ciel ouvert.

La figure 35 (p. 78) montre des fillettes de trois ou quatre ans qui

s'amusent à construire des maisons de poupées. Pour cela elles érigent

d'abord un petit mur de sable humide formant plus ou moins un carré ou un

rectangle.

34

Page 78: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

78

Des branchettes, du roseau et parfois des morceaux de carton sont disposés

sur les murs mais sans pour autant couvrir toute l'espace (fig. 36).

35

36

Page 79: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

79

Une fois la maisonnette à

toit plat partiel terminée,

des chiffons figurant les

tapis sont mis sur le sol

(fig. 37). Pareilles maisons

sont utilisées pour les jeux

de poupées au lieu des

tentes. Une description

détaillée des poupées et du

jeu de poupées des filles

ghrib est à lire dans

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et

jeux de poupées (2005: 72-73, 92-96).

Des filles plus âgées supervisent les petits mais participent aussi au jeu.

Parfois elles aident un petit enfant à construire une maisonnette (fig. 38).

Une autre maisonnette, à toit en dôme, demande un savoir-faire que ne

possèdent que les grandes filles. Afin de construire cette maison il faut être

capable de faire une coupole bien ronde (fig. 39, p. 80). Comme il est

difficile d'utiliser l'intérieur de cette maisonnette qui n'a qu'une petite

ouverture comme entrée, le jeu se limite à sa construction.

37

38

Page 80: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

80

Dans la petite ville de Oualata au Sahara mauritanien des servantes, des

potières et parfois des mères faisaient en argile de très belles maisons de

poupées qui sont une copie exacte des maisons de Oualata. La collection

du Musée du Quai Branly possède quelques exemplaires faits par les

servantes noires et collectionnés en 1936 (fig. 40).

39

40

Page 81: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

81

Selon la fiche d'objet cette maison de poupée s'appelle 'louzar' mais selon

Jean Gabus on les appelle 'dar el adzmat', maison de poupée (1958: 163).

La fiche d'objet donne une description précise. Ces maisons en miniature

sont de forme, de grandeur et d'ornementation variées. Elles sont faites

d'argile mêlée de paille fine. L'intérieur, à ciel ouvert, est divisé par des

cloisons percées de portes, selon la disposition des véritables maisons au

ksar ou village fortifié : deux cours intérieures, parois brunes, motifs et

encadrement blancs et bleus; trois chambres, parois blanche, décor brun et

bleu; deux magasins de réserves, parois blanches unies; une cuisine, parois

noires unies. Dans les cours, les banquettes surmontées de rondins de terre

entrecroisés et recourbés en dôme peuvent supporter une moustiquaire.

La maison de poupée de la figure 40 (p. 80) mesure 7,5 cm de hauteur,

25 cm de longueur et 20 cm de largeur. Sur un des côtés elle à une

chambre qui avance de 1,5 cm (71.1938.48.98). La maison de poupée de la

figure 41 mesure 5,5 cm de hauteur au maximum, 29 cm de longueur et 25

cm de largeur (71.1938.48.88).

41

Page 82: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

82

La figure 42 montre cinq

petites nattes, destinées à

l'ameublement de ces

maisons de poupée, et

réalisées par une servante

noire (71.1938.48.97.1-5,

H = entre 3,5 cm et 5 cm,

LO = entre 5 cm et 10 cm).

Ces nattes-jouets ont été

faits de brins de graminées

dures formant chaîne sur

lesquelles sont tissés des

brins de fils de coton

traçant des rayures

multicolores. Elles sont

des réductions des vraies nattes dans lesquelles la trame est en fines

lanières de peau.

Jean Gabus donne des informations précises sur ces maisons de poupées

et montre des croquis de quatre maisonnettes dans son livre Au Sahara.

Arts et Symboles (1958: 163-164). Cet auteur étudie aussi le symbolisme

des décors muraux des maisons maures de Oualata. En ce qui concerne les

maisons-jouets il écrit :

Un modèle très curieux qui ne se retrouve au Sahara, à notre

connaissance, que dans ce centre, est la maison de poupée 'dar el

adzmat', œuvre des potières, qui est faite pour les jeux des enfants de

Oualata. Ces maisons sont en argile crue, peinte selon les procédés des

maisons ordinaires et l'équivalent d'une bonne maquette, valable dans

la plupart des détails. Dans ces demeures, les potières mettent en place

le 'ghash el adzmat', c'est-à-dire le mobilier des poupées, avec des

personnages semblables à ceux de la vie quotidienne.

Une figurine accroupie, de couleur jaune, est la 'chrifa', femme noble,

descendante des 'chorfa', ou femme maraboutique. La figurine rouge est

la 'hartania', la servante, l'esclave; le bâtonnet est le 'rajel' : l'homme.

Selon la taille du bâtonnet, l'homme est de plus ou moins grande

importance sociale. Sur les terrasses de ces demeures, dans les cours

intérieures, les enfants laissent couler entre leurs doigts un tapis de

42

Page 83: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

83

sable blanc très fin, dit 'trâb Mâma', le 'sable de Mâma', en souvenir de

celle qui, la première, s'en servit en guise de tapis dans sa demeure...

Un petit objet fréquent dans les demeures, polychrome également et en

terre crue, est un brûle-parfum 'gdahb-khour' destiné - quand il fume - à

éloigner les mauvais esprits; sans doute d'importation marocaine.

A côté des poupées féminines et masculines de Oualata, décrites dans

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et

jeux de poupées (2005: 99-100), le mobilier des poupées et le brûle-

parfum, les maisonnettes sont aussi garnies d'animaux-jouets en argile

décorée figurant le dromadaire, le cheval, le zébu et l'autruche, décrits dans

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux

et jouets (2005: 79, 95, 108-109).

Un livre de 1999, Juegos Saharauis para Jugar en la Arena. Juegos y

Juguetes Tradicionales del Sáhara, montre la maison de poupée de

Oualata, appelée „dar owzar‟ et la maison dont elle est une copie, ainsi que

la poupée tout habillée qui est utilisée dans cette maisonnette (Fernando

Pinto, p. 111-113). En même temps on lit dans ce livre qu‟actuellement il y

a des maisonnettes de boîtes de carton avec des fenêtres et une porte

découpées de telle manière qu‟elles peuvent s‟ouvrir. En plus, les enfants

font aussi un marché, une palmeraie et des animaux en miniature, tout cela

créant un petit village (p. 111).

Provenant des Chaouïa de l'Aurès dans le Nord-Est de l'Algérie, la

collection de jouets du Musée du

Quai Branly possède une petite porte

en bois dont le chambranle est fait de

quatre morceaux de bois. Les deux

montants ronds sont fixés avec des

chevilles de bois traversant le linteau

et le seuil. La porte est un morceau de

bois rectangulaire (fig. 43, H = 9,5

cm, 71.1936.2.205). La petite porte a

probablement fait partie d'une maison

de poupée mais elle ne s‟ouvre pas. Je

n'ai pas trouvé trace de pareil objet

dans la bibliographie ni dans le

fichier signalétique de la collection.

43

Page 84: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

84

En ce qui concerne la population au Djebel Amour et au Djebel Ksel en

Algérie, Mathéa Gaudry mentionne que les filles se réunissent parfois pour

construire pour leurs poupées une maison en pierre ou en terre (1961: 133).

A la planche XL elle nous montre des fillettes de Chellala qui s'amusent à

construire des maisons à ciel ouvert en pierre dans lesquelles les filles

peuvent s'asseoir.

Bien que presque toujours se ne soient que les filles qui font des

maisonnettes, A. M. Goichon mentionne en 1927 que chez les Mozabites,

une population sédentaire du Sahara algérien, ce sont les frères qui pour le

jeu de poupées de leurs sœurs construisent en terre une petite maison

imitant la maison mozabite (1927: 58). Pour une description du jeu de

poupées et des poupées mozabites voir Cultures Ludiques Sahariennes et

Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées (2005: 110-111).

Au Maroc les filles se font des maisons de poupée souvent délimitées

par des pierres et ayant une ou plusieurs pièces. Ci-dessous sont

mentionnées les données sur les maisons de poupée et leur ameublement.

Sauf en ce qui concerne les maisons de poupée des enfants de l'Anti-Atlas

trouvées à partir de 2005, les jeux de poupées et les poupées des enfants

marocains ont été décrits plus en détail dans mon livre Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées

(2005: 117-192).

Une information datant de 1917 parle de la chambre de poupée faite

dans un trou d'un des murs de l'habitation. Ce trou est transformé en

maison de poupée en le tapissant avec des morceaux d'étoffe et en le

fermant avec une petite porte. Un petit siège est utilisé pour installer la

poupée ("La poupée iblisa", p. 39). L'utilisation d'un trou dans le mur d'une

maison, cette fois le mur de la cour intérieure, me fut mentionnée en 1992

par une femme amazighe d'environ cinquante ans du village de Tizal. Tizal

se trouve près d'El Khemis situé à 60 km de Marrakech sur la route reliant

cette ville à Ouarzazate.

En 1933, mais sans dire de quelle manière la maison de poupée est faite

par les filles de Fès, madame Soulé écrit qu'une cuisine et une chambre de

poupée sont préparées et que la poupée y est assise sur des coussins. Un

petit rideau est suspendu sur une corde dans la chambre de la poupée afin

de pouvoir coucher derrière ce rideau la poupée-jeune mariée et la poupée-

jeune marié.

Page 85: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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L'information ci-dessous sur les maisons de poupées des enfants

marocains provient de mes recherches et des données et photos contribuées

par Khalija Jariaa en 2006. Les premiers exemples proviennent d'enfants

amazighophones suivis par ceux provenant d'enfants arabophones.

Une fille des Amazighs Khabliîn d'environ huit ans, Hesna Ourèra,

utilise des poupées-femmes et des poupées-hommes rudimentaires. Avec

une ou quelques copines, elle joue toujours à la fête de mariage. Hesna

habite le petit village Aït Hmed ou Yacoub situé à 4 km de Khemisset près

de la route vers Sidi Slimane. Quand j'ai rencontré Hesna la première fois

en octobre 1996, elle se trouvait près de sa maison de poupée. Dans cette

maison de poupée, plus ou moins elliptique de 70 cm sur 50 cm et faite de

deux rangées de pierres superposées, trois poupées sont couchées par terre

(fig. 44).

Cette maison de poupées se trouve adossée au mur de la maison paternelle.

Comme cela se voit sur la photo, une photo sur laquelle Hesna ne voulait

pas figurer, il y a au milieu de la maison de poupée un morceau d'étoffe

comme tapis, des morceaux de verre comme verres de thé et une boîte de

sardines comme plateau. Une touffe d'herbes devient un bouquet de fleurs.

44

Page 86: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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Pour leur jeu de poupée les filles de la petite ville Imi-n-Tanoute dans le

Haut Atlas, sur la route de Marrakech à Agadir, utilisaient vers 1980 une

maison de poupée suivant un

schéma assez uniforme mais à

l'intérieur duquel la grandeur et

l'alignement des pièces varient

(fig. 45, copie du dessin de Zohra

Bamoussa, 19 ans en 1992). Cette

maison de poupée comporte la

cour intérieure et la chambre des

invités dans laquelle des chiffons

et une petite boîte remplacent les

coussins et la table. On y trouve

aussi la chambre à coucher de la taslit ou jeune mariée, avec son lit de

grande boîte à sardines et de chiffons, et la cuisine avec des ustensiles en

miniature.

En septembre 1999, j'ai trouvé à Aït Slimane, un village du Haut Atlas

près d'Amellago, un groupe de jeu de cinq enfants entre six et sept ans,

quatre filles et un garçon, jouant dans leur maison de poupées (fig. 46).

45

46

Page 87: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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Il s'agit bel et bien d'une maison de poupée car ces enfants possèdent

aussi une 'tislit' ou poupée-jeune mariée (fig. 47) et un 'isli' ou poupée-

jeune marié. Quand ils jouent dans leur maisonnette avec ces poupées il

s'agit toujours de fêter leur mariage ou tamgra.

Cette maisonnette, qui est adossée au mur d'une habitation, est délimitée

par des murs faits avec deux rangées de pierres mises l'une sur l'autre. Elle

mesure 2 m sur 3 m et comporte une grande pièce servant de salon. Contre

le mur et du côté gauche se trouvent d'abord la cuisine et puis un débarras

(fig. 48, p. 88). Deux petites pièces ont été ajoutées sur le côté gauche du

salon. Des petites ouvertures représentent les ouvertures des portes, mais

celle de l'entrée du salon se ferme avec un morceau de plastique jaune

provenant d'un bidon à huile. Les enfants utilisent des morceaux de cartons

comme tapis et toutes sortes de récipients et de bouchons en plastique

deviennent des ustensiles de ménage.

47

Page 88: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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A Ksar Assaka, un petit village à 4 km de Midelt en direction du Jbel

Ayachi, j'ai pu obtenir fin 1996 et début 1997 des informations précises sur

le jeu de poupée des filles. Ces informations proviennent de trois sœurs -

Souad, Najat et Sabah Laabib - qui jouaient à la poupée entre 1975 et

1985. Selon Souad, deux maisonnettes sont utilisées pour ce jeu de poupée

qui représente toujours la cérémonie de mariage. Le plan rectangulaire de

ces petites maisons à ciel ouvert, une pour la poupée-jeune mariée et une

autre pour la poupée-jeune marié, est délimité par des pierres (fig. 49). Ce

qui distingue la maison de poupée de la poupée-jeune mariée est l'escalier

à trois marches, trois rectangles de pierres faits devant la porte de la

maison, et le heurtoir, une petite pierre sur une grande pierre placée devant

l'escalier. Dans chaque maison de poupée six morceaux de carton

remplacent les tapis. Des morceaux de verre deviennent des verres à thé et

des herbes ou s'il y en a des fleurs de champs créent un bouquet de fleurs.

Un morceau de carton sert de lit nuptial.

48

49

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Najat, une sœur cadette de Souad, dit que le jeu de poupée commence

avec la construction ou la réparation de la maison de poupée. Cela se

faisait dans le jardin de la maison paternelle de Najat, toujours au même

endroit. C'est une maison de poupée rectangulaire assez grande, d'environ

1 m sur 2 m, avec une chambre dans chaque coin où quatre filles peuvent

s'asseoir à l'aise. La maison et les chambres sont délimitées par une rangée

de pierres. Ces pierres de la grandeur d'un poignet doivent être bien

propres et un peu brillantes. Des morceaux de verre blanc et vert provenant

de bouteilles cassées sont mis à certains endroits. A la chambre au coin

droit supérieur un petit escalier mène à la terrasse virtuelle. L'escalier est

fait de deux roseaux auxquels des morceaux d'une planche sont attachés

par des rubans. Une fois que la maison de poupée est en ordre elle est

nettoyée avec un peu d'eau et un jardin de fleurs est créé avec quelques

herbes ou des fleurs de champs.

Une fille de huit ans, Amal Boukrit, vivant dans le village Zaïda situé le

long de la route de Meknès à Midelt et à 40 km de cette dernière ville,

construit rarement une maison de poupée avec des pierres en septembre

1999. Avant de commencer elle nettoie d'abord l'endroit choisit (fig. 50).

50

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Qu'elle fait rarement pareille maisonnette est du au fait que sa mère,

l‟épouse d‟un instituteur, ne veut pas qu'elle joue dehors dans la poussière

et la 'saleté'. Probablement à cause de cet interdit, Amal a inventé une

maison de poupée qui contourne les objections de sa mère. Il s'agit d'une

maison de poupées faite d‟une boîte de carton (fig. 51).

Cette boîte mesure 26 cm sur 43 cm avec une hauteur de 25 cm Après

avoir découpé le côté supérieur de la boîte, Amal a découpé dans les quatre

côtés des fenêtres et une porte de telle manière qu'elles peuvent s'ouvrir et

se fermer. Les faces intérieures des fenêtres et des portes sont garnies de

51

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rideaux. Il y a aussi quelques coussins cousus par la fille et des grands ou

petits chiffons servant de tapis et de couvertures (fig. 52).

Leila, une fille de neuf ans et la copine et voisine d'Amal, possède la même

maison de poupée et ensemble elles jouent au mariage de leur poupée.

Cette poupée-jeune mariée ou °arûsa est aussi particulière que la maison

de poupée. C'est une poupée en plastique importée du genre Barbie vendue

dans les magasins locaux mais ne servant normalement que comme objet

de décoration après que les grandes filles ou les femmes lui ont crocheté

une robe andalouse (voir Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-

Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées, 2005: 148, fig. 94). Les

deux filles, qui ont chacune une poupée pareille, lui ont cousu une robe. En

regardant de près la poupée d'Amal montrée à la figure 52, on remarque la

manière originale par laquelle cette fille a remplacé les bras manquant avec

un morceau de roseau.

En 2006 Khalija Jariaa a contribué des informations et des photos sur les

jeux et jouets des enfants amazighs des villages Douar Ouaraben, Ikenwèn

et Idoubahman-Imjâd dans la province de Tiznit, du centre urbain Ifrane

a/s dans la province de Guelmim et du village Terloulou dans la région de

Tafraoute.

Douar Ouaraben est un village de plus en plus urbanisé situé juste en

dehors de Tiznit près de la route menant à Sidi Ifni (fig. 53, p. 92).

52

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Un terrain à bâtir entre les maisons est le terrain de jeu préféré des filles

habitant aux alentours. Régulièrement un groupe de filles s'y adonne à des

jeux de faire semblant. Sur la photo faite fin juillet 2006 on voit à gauche

et à droite ce qui reste des maisonnettes (fig. 54).

Comme cet endroit se situe en bordure d'une rue avec peu de trafic les

mères demandent à quelques filles de dix ans ou plus de prendre en charge

leurs petites filles et petits garçons. Surtout le samedi et le dimanche il y a

des garçons plus grands qui se joignent au groupe de jeu. Parfois il y a plus

de vingt enfants entre deux et treize ans.

Les figures 55 et 56 (p. 93-94) montrent des maisonnettes très élaborées

utilisées pour des jeux de mariage, de dînette et de ménage qui se

mélangent facilement. La maisonnette ci-dessus est la maison du jeune

marié ou isli. Pour le jeu de mariage qui s'est déroulé le 11 août 2006 de 14

h jusque vers 19.30 h, un garçon de cinq ans sert de jeune marié. Contre le

mur se trouve à gauche la cuisine et à droite avec le carton le trône du

53

54

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jeune marié. Dans la salle à manger se trouvent deux grandes briques qui

feront office de table. La chambre à l'avant de la maisonnette est celle où

viendra s'installer la jeune mariée. C'est aussi l'endroit où les femmes

chantent et dansent pour la fête de mariage. A côté du flacon rouge et blanc

qui sont les coussins est mis le trône de la jeune mariée. Ce trône est fait

d'une boîte ronde sur laquelle est mise une boîte de sardines décorée d'un

chiffon blanc. Le pot à couvercle jaune représente la réserve d'eau. Le

carton sert de tapis aux invités.

La maisonnette de la figure 56 (p. 94) est la maison de la tislit ou jeune

mariée jouée par une fille de 4 ans. L'entrée de la maison, à gauche en bas

de la figure, est décorée avec des fleurs représentées par des herbes

plantées dans des pots de yaourt. Cette maisonnette représente la maison

d'une famille riche dont le père de famille travaille en France. A droite de

l'entrée et du côté de la rue où est mis le haut-parleur, il y a d'abord la

chambre pour les visiteurs puis le hall. Entre le hall et le salon il y a un

55

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jardin marqué par quelques herbes cueillies sur place. Tout le long du mur

à droite se trouve le salon avec une grande table et la télévision dans le

coin. En retournant vers la gauche on trouve la pièce pour faire la vaisselle,

puis une grande cuisine avec des étagères contre le mur.

Sur les photos des deux cuisines on voit bien comment les enfants utilisent

tout ce qu'ils trouvent comme objets délaissés par les adultes ou pris dans

le ménage de leur mère (fig. 57-58).

56

57 58

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Deux boîtes de peinture, une près du trône du jeune marié et une autre à

l'entrée de la maison de la jeune mariée (fig. 55-56, p. 93-94), symbolisent

les haut-parleurs. Ces haut-parleurs serviront pour l'orchestre des grands

garçons qui le moment venu, c'est-à-dire dans la soirée des noces

imaginées, jouent sur un tambour et un tambourin, des bidons vides, et sur

une guitare fabriquée avec du matériel de récupération. Trois grandes filles

exécutent la danse locale pendant que les musiciens chantent les airs à la

mode. Quand la musique s'arrête les enfants applaudissent et poussent des

youyous. Puis le moment du dîner est venu. Une fois que tous les joueurs

se croient rassasiés, il faut amener la jeune mariée à la maison de son futur

mari. La jeune mariée de quatre ans a le visage voilé et sous ce voile elle

fait semblant de pleurer car elle quitte sa maison et sa famille. Une fois

arrivé à la maison du jeune marié sa jeune épouse est installée sur les

coussins de fortune dans sa chambre à l'avant de la maisonnette. Le trône

du jeune marié change alors en lit nuptial. Un garçon de treize ans qui joue

le rôle du grand-père du jeune marié envoie les gens qui ont amené la

jeune mariée à la fête dans la maison de la jeune mariée.

Après tout cela il faut aller dormir ce que tous les enfants font semblant

de faire. Après une nuit de cinq minutes ils se lèvent joyeusement.

Maintenant c'est le jour pour aller regarder la jeune mariée qui reste dans la

chambre préparée pour elle. Tous les membres de la famille et les invités

viennent lui rendre hommage et reçoivent de ses mains des dattes, du

sucre, des bonbons et du henné. Ces cadeaux sont symbolisés par des

noyaux de dattes, de la sciure de bois, des pierres mis dans l'emballage de

bonbons et des pétales des fleurs de l'olivier. On danse et on mange un peu

et le jeu de la fête de mariage touche à sa fin.

Dans le même village Douar Ouaraben Sadiya de huit ans et son frère

Smaïl de six ans jouent ensemble avec une cousine de 13 ans en octobre

2006. Sur le trottoir ils préparent tout pour jouer à la fête de mariage avec

d'autres enfants du voisinage. Une fête de mariage qui débutera une fois

que les enfants reviennent de l'école. Dans la maison du jeune marié

Sadiya a déjà mis les fauteuils autour de la table, des morceaux d'étoffe

trouvés ici ou là (fig. 59, p. 96). Maintenant elle est en train de ranger les

flacons de parfum. Derrière ces flacons se trouve la caméra vidéo

représentée par une vieille cassette de musique.

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96

Le jouet pour bambins est devenu une étagère. Une fois terminé son travail

Sadiya va aider son frère et sa nièce pour arranger la cuisine. Ils sortent

tous les ustensiles-jouets des boîtes de carton (fig. 60).

59

60

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97

Dans ce carton se trouvent aussi cinq tapis faits par les deux filles selon

la manière décrite à la page 58. Les quatre petits tapis (fig. 61, H+ = 21

cm) et le grand tapis (fig. 62, H = 45 cm) sont mis entre les fauteuils de la

figure 59 (p. 96). Pour le petit tapis jaune la fille a utilisé deux morceaux

de fils électriques au lieu de bâtonnets.

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62

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Vers 17 h les enfants sont revenus de l'école et participent au jeu qu'ont

préparé les trois enfants. Des filles aussi bien que des garçons se sont

joints au groupe de jeu. Tous aident à organiser les derniers préparatifs.

Les filles sur la figure 63 arrangent la maison de la jeune mariée pendant

que les garçons sont allés au soi-disant marché acheter de la viande, des

légumes et des boissons.

Quand tout est préparé le dîner de la fête de mariage est servit. La jeune

mariée et le jeune marié sont représentés par des poupées mises sur la boîte

de carton. Le lendemain après-midi quelques filles entre six et huit ans du

même groupe de jeu s'adonnent à un autre jeu de poupée avec maisonnette.

Cette fois-ci il s'agit de la maison d'une femme riche (fig. 64).

La fille au milieu de la photo est en train de préparer le café. A gauche se

trouve la sœur et son enfant qui sont en visite. Tout à fait à droite il y a une

fille qui joue le rôle d'une vieille femme pauvre bien connue à Tiznit.

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64

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La poupée représentant la femme riche se trouve à gauche des cartons

sur lesquels sont étales tous les objets (fig. 65). La maison de riche est

équipée d'un puits, le carton à droite de la maison. La feuille de papier

découpée en haut du roseau représente la poulie du puits.

Souq ou fella est un vieux quartier du centre rural Ifrane a/s dans l'Anti-

Atlas à 25 km de Bouizakarne sur la route de Tiznit à Guelmim (fig. 66).

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En octobre 2006 Khalija Jariaa y a trouvé deux garçons de six ans en

train de construire la maison de l'isli ou le jeune marié. Ils le font à

l‟endroit où l'aide maçon passe le sable au crible. Quelques grandes pierres

sont déjà en place (fig. 67).

Par après ces deux garçons font la maison de la tislit ou la jeune mariée à

une certaine distance de la maison du jeune marié (fig. 68).

67

68

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Ce matin là les deux garçons de première année ne doivent pas aller à

l'école. Dès lors ils préparent ces maisonnettes pour le jeu de la fête de

mariage qui se déroulera l'après-midi lorsque d'autres enfants du voisinage

seront revenus de l'école. A ce jeu qui s'inspire d'une fête de mariage du

mois précédent participeront treize filles entre trois et douze ans et six

garçons entre cinq et dix ans. Les filles créeront des poupées-femmes et les

garçons des poupées-hommes. Ces poupées représentent la jeune mariée et

le jeune marié ainsi que des membres de leur famille et des invités.

En mai 2006 cinq voisines jouent au mariage de leur poupée-jeune

mariée et jeune marié dans un terrain de jeu en face de leur maison dans le

village Terloulou à 26 km de Tafraoute en direction de la haute montagne

de l'Anti-Atlas (fig. 69).

Khadija âgée de douze ans, Malika de dix ans, Latifa de huit ans et deux

autres filles jouent souvent en semble. Khadija qui normalement est la

meneuse de jeu a construit une maison plus ou moins luxueuse comme les

maisons construites pour des gens originaires du village mais vivant en

Europe. C'est la maison avec les morceaux de carrelage (fig. 70, p. 102).

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En haut et à gauche de la

maison de riche Latifa a fait

une maisonnette de gens

ordinaires. Au côté opposé à

l‟endroit où se trouve le

morceau de plastique rouge

Malika en a fait une de gens

plutôt pauvres. Les deux

autres filles n'ont pas de

maisonnette car elles sont

vraiment pauvres. Maintenant

le moment est venu de faire

des poupées. Khadija et

Fatiha cherchent le nécessaire

puis elles créent deux

poupées à armature de roseau

(fig. 71).

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Page 103: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

103

A gauche de la photo suivante se trouve le jeune marié ou isli (fig. 72).

En haut de la jeune mariée ou tislit a été fixée la plante leh'bak, peut être

du basilic. En plus de la bonne odeur que donne cette plante son origine est

selon la croyance locale liée à la Mecque ce qui lui donne un certain

pouvoir pour éloigner tous les malheurs et amener le bonheur au mariage.

En bas de la photo on voit une table avec des bouteilles de limonade

représentées par des bouchons, des pots de Danone et le plateau de

sucreries représenté par le grand couvercle jaune avec des feuilles, les

biscuits, et un couvercle bleu qui est le gâteau.

Après que les sucreries ont été dégustées deux filles préparent le couscous.

Les feuilles d'oignons servent comme légumes cuites dans une boite de

sardines (fig. 73, p. 104). Le couscous imaginaire est travaillé dans une

boite de sardines puis il est cuit au-dessus des légumes (fig. 74, p. 104).

72

Page 104: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

104

Début 2002 j‟ai fait la connaissance d‟une famille parlant Amazigh et

vivant dans une maison isolée construite de manière traditionnelle. Cette

maison se trouve dans la région de Lagzira près de la route asphaltée à 9

km avant Sidi Ifni en venant de Tiznit (fig. 75).

73 74

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105

Avec l‟aide de Boubaker Daoumani j‟ai pu filmer le 4 mars 2002 le jeu de

construction et le jeu de poupée de Halima, une fille de six ans, et de Fadil

son frère de neuf ans vivant avec leur famille à cet endroit. Le protocole

avec la description détaillée de cette vidéo est disponible en anglais sur

www.sanatoyplay.org (Rossie and Daoumani, 2003, Video 4). Le terrain

de jeu de ces deux enfants se trouve en face de leur maison (fig. 76).

La figure 77 (p. 106) montre Halima devant la maison de poupée qu‟elle a

construite. Elle est en train de mettre les coquillages vides dans la position

correcte avec l‟ouverture représentant la tête vers le haut.

La jeune mariée, le jeune marié, les membres des familles et les visiteurs

sont tous représentés par des coquillages. Cependant la jeune mariée et le

jeune marié sont marqués en enveloppant le coquillage par un morceau de

gaze blanche. Ces maisons de poupées faites par les deux enfants sont bien

élaborées. Les murs sont le plus souvent faits avec deux couches de

briques de boue. Il y a deux chambres qui sont utilisées comme chambre

pour les femmes et chambre pour les hommes (fig. 78, p. 106).

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76

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107

Les portes sont fermées avec des pierres et les poupées sont mises sur un

tapis. La chambre nuptiale est joliment équipée (fig. 79).

Il y a même un garage dans lequel se trouve la voiture de cérémonie. Cette

voiture de cérémonie, une boîte de sardines, est utilisée au début du jeu de

fête de mariage lorsque la jeune mariée, le jeune marié et les membres de la

famille sont conduits à travers le terrain de jeu avant d‟arriver aux

maisonnettes (fig. 80).

Des jeux de dînette et de ménage sont intégrés au jeu de poupée comme le

montrent les jouets faits et utilisés par Halima et Fadil (fig. 81, p. 108).

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41

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108

A droite d‟une maison de poupée se trouvent deux moulins à bras et à

gauche il y a une planche à pain avec plusieurs pains et un four à pain.

Ces activités ludiques

durent plusieurs jours et

le soir les enfants

couvrent leur matériel de

jeux. Il arrive cependant

que des ânes ou des

chiens détruisent les

maisonnettes et les jouets

comme cela était le cas

quelques jours après que

la vidéo fut faite. Comme

Halima, Fadil avait déjà

une maison de poupée

avant qu‟il roule avec sa

voiture de cérémonie.

Bien vite les deux

joueurs ont construit une

autre maisonnette avec

de la boue et des pierres.

81

82

81

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109

A la figure 82 (p. 108) Fadil montre fièrement cette maison de poupée

avec deux voitures de cérémonies dans une des deux pièces sur le côté

gauche. L‟observation du jeu démontre que Fadil est plus intéressé par le

jeu de construction que par le jeu de poupée.

Près d‟une maison de poupée j‟ai trouvé un jouet particulier. Ce jouet

montre comment ces enfants vivant dans un ménage pauvre et plutôt

traditionnel introduisent dans leur jeu le dernier cri de la haute technologie

disponible à Sidi Ifni depuis environ 2000. Il s‟agit du téléphone portable

représenté par une vieille télécommande.

Environ cent mètres de la maison de Halima et Fadil au croisement de la

route asphaltée et la piste montant vers le village Lahfart se trouve une

grande maison. A l‟arrière de cette maison j‟ai vu début mars 2002 un

ensemble de maisonnettes fait avec des pierres. Deux murs délimitent la

longue entrée de ce village en miniature qui mesure envrion 1 m sur 1,5 m

(fig. 83).

On voit que les maisons s‟alignent comme dans un vieux ighrem ou village

fortifié. Des chiffons de différentes couleurs couvrent le sol des chambres

(fig. 84, p. 110). Quelques chambres comportent des coquillages. La

présence de ces coquillages prouve que le village en miniature servait entre

autres au jeu de poupée.

44

83

Page 110: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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Un garçon plus âgé vivant dans la grande maison m‟a dit que pareils

villages en miniature sont faits par les bergères lorsqu‟elles descendent la

montagne à la recherché de nourriture pour les moutons et les chèvres. Une

maison de poupées se trouvant à côté du village en miniature est bien

équipée avec des meubles et des ustensiles (fig. 85).

4

5

45 84

85

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Dans le quartier Daoudiyât de Marrakech les filles arabophones, entre

six et douze ans dans les années 1970, construisaient une maison de

poupées dont les murs étaient formés non pas par des pierres mais par des

boîtes de sardines assez grandes placées en trois étages contre un mur et

formant ainsi les pièces d'une maison citadine. Une autre boîte posée au sol

sert de lit de poupée. Une petite boîte de conserves rondes représente le

plat de nourriture ou la cuve de lessive.

Dans le quartier Douar Akioud de

Marrakech et vers 1980 le groupe de

jeu des filles s'en va aux jardins

potagers à quelque distance des

maisons. Là elles font avec des petits

cailloux le plan d'une maison de

poupée pour la taslit ou jeune mariée.

Une fois que les murs sont faits, ils

sont couverts de sable humide. Selon

Fatima Kader, qui m'a fait le dessin

de la figure 86, ce genre de maisons

se fait encore en 1992.

A Taroudannt, une petite ville de l'Anti-Atlas, des filles arabophones

construisaient pour le mariage de leur poupée-jeune mariée avec leur

poupée-jeune marié une maison de poupée avec des murs en cailloux

couverts de sable humide.

Bien que la maison de poupée serve parfois à jouer au ménage et à la

dînette d'autres maisonnettes sont spécialement faites pour ces jeux.

85

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112

1.4 La maison pour jeu de dînette et de ménage

Pour leur jeu de ménage et de dînette les filles ghrib du Sahara tunisien

utilisent des maisonnettes. Ces maisons à ciel ouvert d‟environ 1 m² sont

plus spacieuses que les maisons de poupées. Les fillettes de la figure 87

n'ont pas encore acquis l'expérience pour faire de belles maisonnettes.

Celles faites par les filles plus âgées sont bien élaborées avec des pièces

annexes et un ensemble de jouets représentant les ustensiles (fig. 88). Sur

cette photo on voit une partie du village ghrib et le début de l'oasis d'El

Faouar en 1975.

87

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Pour faire une maisonnette les filles utilisent un faible enfoncement dans le

sable ou bien elles creusent un trou peu profond. Autour de cet

enfoncement elles érigent par temps pluvieux des murs de sable d'un demi-

mètre de hauteur, mais si nécessaire les filles utilisent des pierres (fig. 89).

Des maisonnettes d‟un autre type sont faites de la manière suivante. Les

filles ghrib délimitent un espace sur un terrain plat avec des murs de sable

humide d‟environ 25 cm de haut (fig. 90).

89

90

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Si le sable humide manque, on utilise des pierres. Comme c‟est le cas avec

les maisonnettes précédentes, ces maisonnettes sont souvent bien

élaborées. Elles comportent des pièces annexes et tout un ensemble

d‟objets de récupération ainsi que du matériel végétal utilisés pour jouer au

ménage (fig. 91-92).

91

92

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Concernant les enfants belbala du Sahara algérien, Dominique

Champault nous offre une bonne description de la maison de dînette et du

jeu qui s'y déroule (1969: 348-349) :

Le jeu des maisons : tous les enfants de garde au pâturage, filles ou

garçons, compensent leur éloignement en recréant un village à leur

échelle : c'est le jeu des 'maisons', gayu n-hayu. La forme la plus

classique de ce jeu comporte la disposition de petits cailloux selon le

plan fantaisiste d'un village où chaque maison couvre au maximum un

m² mais comporte des aménagements plus fastueux que ceux des

habitations réelles. Tout le village est pourvu de sa mosquée et

plusieurs puits légèrement creusés dans le sol. La dextérité des enfants

intervient surtout au moment où il s'agit de meubler ces maisons. Aux

garçons revient le soin d'équiper les puits, de creuser l'abreuvoir, de

tresser les seaux. Les filles simuleront des récipients, feront des

magasins, des fours, des pains. Les matériaux sont à leur disposition :

ce sont par ordre de fréquence d'utilisation, des tessons de poterie

anciens, parfois néolithiques (la poterie de Kuka Ayas, la potière

actuelle, ne vaut rien, disent les enfants), des fragments de test d'œuf

d'autruche, des brindilles de bois, des tiges de graminées utilisées pour

des vanneries miniatures. Les rondelles obtenues sont baptisées 'pains'.

Elles peuvent être perforées en leur centre : elles s'appelleront alors

poulies de puits et joueront sur un axe, léger morceau de bois que l'on

posera sur deux montants mortaisés en bois ou en poterie. 'Faire le

pain' est la préoccupation la plus fréquente, peut-être par simple

projection de souci permanent des enfants qui partent le matin ventre

vide et n'ont pour passer tout un jour que quelques dattes, très

exceptionnellement un petit pain aux oignions. De nombreux pains

seront faits en test d'œufs d'autruche. Le fragment de coquille brut est

posé à plat sur un caillou, la convexité en dessous, et les bords en sont

écrasés par très petits coups avec un caillou pointu. L'enfant fait arrêt à

chaque coup, avec le pouce. Le grésage des bords se fait avec un caillou

plat. Lorsque les enfants vont au pâturage au pied de la dune dans une

région de naba, les pains seront tout simplement des boules de sable

moulé, parfaitement sphériques. Le mobilier de la maison, marmite,

pots, assiettes, verres, tout matériel indispensable à la dînette, sera

figuré par des tessons de bouteille ou de poterie. Les maisons et leur

Page 116: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

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mobilier sont abandonnés par leurs propriétaires qui les retrouvent

intacts plusieurs mois après. Les propriétaires consciencieux prennent

d'ailleurs la précaution d'enclore leurs maisons d'un grand cercle tracé

avec le pied, de la même manière que les adultes attestent leur droit de

propriété sur un objet provisoirement abandonné dans le désert et qui,

ainsi cerné, ne pourra être considéré comme une épave. Dans la région

de Tachenghit où les pâturages de printemps exercent une attraction

régulière sur les plus hardis des ksouriens, la présence de blocs de tafza

détermine un jeu des maisons particulier. Deux bergers, Mohamet et

Tahar ben Larbi m'en ont donné la clef : il s'agit de creuser dans le

tafza des séries de cupules. Ces séries de cupules, qui semblaient au

premier abord tout à fait énigmatiques, représentaient : un puits et son

abreuvoir, des marmites de toutes tailles, des magasins, des fours pour

le pain. La cupule était grossièrement façonnée avec un caillou pointu

(à Tachengit, hachereau paléolithique) puis régularisée au moyen d'un

percuteur de silex qui, par un jeu de rotation, produit dans cette roche

tendre, des concavités sensiblement hémisphériques."

Selon Germaine Laoust-Chantréaux (1990: 167) les fillettes kabyles des

années 1930 font de belles maisonnettes :

Les fillettes savent encore construire d'admirables 'ti°cucin' ou "petits

nids"; ainsi appellent-elles les maisonnettes qu'elles édifient dans les

cours à la belle saison. A l'exemple de leur maison familiale, d'un côté

voici l'étable, de l'autre la partie réservée à l'habitation; çà et là

quelques gros galets figurent les 'ikufan'; deux bûchettes, les ensouples

du métier à tisser, trois petites pierres autour d'un trou : les 'iniyen'... et

la fantaisie de l'enfant se donne ici libre cours sans frein. Autour de la

maison s'étagent enfin les 'tibhirin' les "jardinets" où de menues

branches, fraîchement plantées sont arrosées par l'eau qui coule d'un

bassin de terre."

Les enfants peuls, bambara et songhrai de Mopti sur le fleuve Niger font

des petites maisons et mosquées en argile séchée ou cuite (Mandel et

Brenier-Estrine, 1977: 10, photos: 9, 11, 13).

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Sauf une photo les données sur les maisons pour jeu de ménage et de

dînette au Maroc proviennent de mes propres recherches. Cette photo de

Mohamed Sijelmassi, publiée dans son livre Enfants du Maghreb entre

hier et aujourd'hui (1984: 94), montre une maisonnette plus ou moins

carrée, délimitée par des pierres de différentes dimensions avec deux

petites ouvertures pour une porte d'entrée et une porte à l'arrière. Dans

l'espace ainsi marqué un assortiment de boîtes vides ainsi que deux

morceaux de tissus rectangulaires représentent l'ameublement et les

ustensiles.

Le lecteur trouvera d'abord les informations sur les enfants amazighs du

Moyen Atlas, du Haut Atlas et de l'Anti-Atlas suivis par les informations

sur les enfants arabophones.

Non loin de la ville touristique d'Ifrane au Moyen Atlas, au village Sidi

Brahim, des filles ont fait en mars 1994 leur maisonnette dans un endroit

bien particulier. Il s'agit d'un vieux méchoui pour cuire un mouton qui se

trouve près de la maison (fig. 93).

Sur le bord de ce four en pierres se remarquent les ustensiles-jouets pour

faire semblant de préparer le manger ou de faire le thé. Ce sont des boîtes

93

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de conserves et de sardines, des bouchons servant de verres, des flacons,

un vieux seau et d'autres objets de récupération (fig. 94).

En octobre 1992 j'ai observé des garçons d'Aït Ighemour, un petit village

du Haut Atlas, en train de construire une maisonnette en trois dimensions

avec de l'argile et des pierres. De la même manière ils font aussi une étable

ou un garage (fig. 126, p. 136).

Près de Goulmima et en novembre 1994, j'ai trouvé dans le village

Ighrem-n-Cherif deux sœurs de 18 mois et de trois ans jouant ensemble

dans leur maisonnette adossée au mur de leur maison (fig. 95). Quelques

grandes pierres délimitent plus ou moins l'espace de jeu. Des boîtes de

sardines, des boîtes de fer blanc, des flacons de plastique et d'autres objets

de récupération forment les ustensiles de ménage. Selon des informations

obtenues à ce moment dans la ville de Goulmima, les fillettes construisent

une maisonnette à plusieurs pièces délimitées par des pierres.

95

94

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Dans le village Tiffoultoute près de Ouarzazate j'ai vu en novembre 1996

le même genre de maisonnette en bas du mur du vieux ksar ou quartier

fortifié restauré. Dans cette maisonnette une grande boîte de Tide vide

servait de table, la boîte de sardine était un tajine et des herbes sont la

nourriture.

Comme j'ai pu le constater en novembre 1997, les petites filles des

quartiers populaires de Midelt font aussi des maisonnettes délimitées par

des pierres. Chez les grandes filles ces maisonnettes sont plus élaborées.

Dans le quartier Aït Mansour trois filles d'environ sept ans ont fait leur

maisonnette adossée à la maison paternelle (fig. 96). Les murs qui

délimitent cette petite maison sont faits de sable pierreux mais pour les

murs intérieurs des pierres sont utilisées. Les maisonnettes comportent

quatre pièces et un petit espace sans pierres qui est l'ouverture de la porte.

Les ustensiles sont représentés par des couvercles de bocaux, des

bouchons, des boîtes de fer blanc, etc. Les filles utilisent aussi une vraie

théière. Elles jouent à préparer le manger, avec du sable et un peu d'eau, à

faire le thé et à d'autres jeux de ménage.

Dans le même quartier et au même moment les filles d'environ onze ans

construisent une maisonnette bien plus grande. Elles en ont construit une

près de leurs maisons sur un terrain vague servant aussi bien de terrain de

96

Page 120: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

120

jeu que de pâturage aux moutons. Cette maisonnette comporte trois pièces

dont les murs sont délimités avec des pierres. L'entrée est marquée par

deux bidons avec des herbes comme fleurs, et une serviette. Les filles se

trouvent dans la cuisine. Comme ustensiles de ménage figurent toutes

sortes de flacons, pots et bidons en plastique. Elles utilisent aussi des

plateaux à œufs en carton. Une grande pierre sur trois petites pierres est la

table basse. Il est probable que le vieux bidon de peinture posé sur une

grande pierre à l'arrière de la grande chambre est le four (fig. 97).

Les petites filles d'environ trois ans se font déjà des maisonnettes comme

c'est le cas en septembre 1999 à Amellago dans le Haut Atlas (fig. 98).

98

97

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121

Des pierres bien ordonnées délimitent l'espace de jeu où quelques objets

de récupération forment les ustensiles. Une fillette de juste deux ans

s'amuse déjà à préparer le manger dans un petit pot de yoghourt (fig. 99).

En contrebas de la piste passant par Imîder, un village près d'Amellago,

trois filles et deux garçons d'environ sept ans ont construit une maisonnette

pour jeu de dînette et de ménage. Elle est une des plus élaborée que j'ai vue

jusqu'à aujourd‟hui. Je ne peux malheureusement pas montrer une photo de

cette maisonnette à cause d'un problème technique survenu à mon appareil

photo à ce moment mais j'ai fait un dessin reproduit à la figure 100.

99

100

Page 122: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

122

Cet ensemble de pièces, qui se situe entre la piste et les jardins en

bordure de l‟oued, est délimité avec des murs bas érigés avec de grandes

pierres. La maisonnette se divise en la grande maison taddert (environ 2 m

sur 3 m), l'espace du milieu taddert tènèmèst (environ 1 m sur 2 m) avec un

morceau d'arbre en guise de porte, et la maison plus petite avec une

chambre à provisions el ghezîn (environ 1,5 m sur 2,5 m). Des espaces sans

pierres représentent les portes. Dans la chambre de provisions, la pièce

supérieure de la petite maison tout à fait à gauche du dessin, j'ai trouve

dans un vieux bidon noir pour vingt litres d'eau et caché sous le couvercle

toute une série d'ustensiles en miniature. Ces ustensiles furent modelés en

argile par les filles et les garçons (fig. 198, p. 183). L'espace du milieu

contient en bas à gauche un pot en plastique avec des os qui selon les

joueurs représentent de la viande. A côté il y a une grande pierre à casser

les amandes. En annexe, il y a une pièce avec un fourneau èlmsi simulé par

une grande boite de conserves de tomates sur lequel une galette en argile

figure le pain en train de cuire. Dans la chambre se trouvant dans le coin

supérieur droit de la grande maison se trouve une petite marmite à

couvercle. Dans la pièce du coin inférieur gauche une grande pierre sert de

table.

Khalija Jariaa a contribué beaucoup de données et de photos sur les jeux

et jouets des enfants amazighs de l'Anti-Atlas. Il s'agit des enfants des

villages Douar Ouaraben, Ikenwèn, Idoubahman-Imjâd, Ifrane a/s et

Terloulou et du quartier Boulalem de Sidi Ifni. Sur la photo suivante faite à

Idoubahman-Imjâd en août 2006 Khalija se trouve à gauche (fig. 101, p.

123).

En ce qui concerne les enfants de la même région Boubaker Daoumani a

collaboré à réaliser une vidéo sur le jeu de poupée et de construction de

deux enfants d'une famille de Lagzira près de Sidi Ifni et sur un garçon

créant des jouets dans cette ville. Il a aussi donné des informations sur les

jeux et jouets des enfants du village Lahfart spécialement de ces élèves de

la première et deuxième année (fig. 102, p. 123).

Page 123: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

123

101

102

Page 124: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

124

Une manière particulière pour faire les murs d'une maisonnette consiste

à utiliser des branchettes. C'est ce que veulent faire des enfants de Douar

Ouaraben juste en dehors de Tiznit en décembre 2006. Pour cela ils sont

allés jusqu'aux arbres qu'on voit en haut de la photo. Comme il y a eu des

averses le jour précédent ils réussissent à y retirer des petits arbustes. A

l'avant le mur de la maison pour jeu de dînette est déjà fait avec des pierres

et des boîtes de carton (fig. 103).

103

104

Page 125: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

125

Imjâd est un groupe de villages d'environ 4000 habitants. La figure 104

montre le village Idoubahman, situé à 24 km d'Ifrane a/s et 72 km de

Tafraoute, où Khalija Jariaa a observé et photographié des jeux en août

2006 (p. 124).

Certains après-

midi deux cousines

de deux ans et demi

et un frère de cinq

ans jouent ensemble

au ménage et aux

travaux de ferme.

Sur la photo on voit

deux maisons

juxtaposées avec à

droite l'étable qui

sont temporairement

hors usage (fig. 105).

Quand ils jouent les petites filles font semblant de préparer de la

nourriture et de faire le ménage. Le garçon part à la montagne avec son

chat vivant et ses chèvres imaginaires. Là il joue avec un autre garçon de

son âge. Quand il revient, il met ses chèvres à l'étable et les fillettes les

donnent à manger des herbes sèches qu'ils ont cueillies aux alentours.

Les enfants n'ont pas toujours besoin de se construire une maisonnette

pour jouer au ménage ou à la dînette. Ainsi deux garçons et une fille

d'environ sept ans du quartier Aït Mansour à Midelt ont transformé en août

1999 une camionnette démantelée déposée en face de leur maison (fig.

106).

105

106

Page 126: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

126

Sur la photo suivante un des deux garçons essaye de pendre un grand

morceau de tissu devant les ouvertures (fig. 107).

On voit bien que cet espace serve pour le jeu de ménage, les enfants ayant

équipé leur maisonnette d'objets de récupération représentant des

ustensiles (fig. 108).

107

108

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127

Jusqu'à maintenant j'ai parlé de maisonnettes pour la dînette et le jeu de

ménage faites par des enfants amazighs. A Marrakech des filles

arabophones font des maisonnettes pour les mêmes jeux délimitées par

deux couches de pierres. Celle que j'ai vue en novembre 1993 sur le bord

d'une piste dans le quartier Hay Jeanette, un village en pleine urbanisation

près de la Faculté des Lettres de l'Université Cadi Ayyad, est une

maisonnette de 3,5 m sur 1 m faite contre le mur d'une maison (fig. 109).

Elle a trois chambres de plus ou moins la même grandeur. Une fille de sept

ans et une de neuf ans ont mis du papier de journal pour couvrir le sol des

deux chambres sur le côté gauche. Dans l'autre chambre avec un sol bien

nettoyé se trouvent deux boîtes de carton, une boîte de fer blanc et

quelques autres objets de récupérations servant d'ustensiles.

Près de la source du village Aïn Taoujdate, entre Meknès et Fès, j'ai vu en

septembre 2003 deux maisonnettes délimitées par des pierres. Une

maisonnette était intacte mais l'autre était perturbée.

Dans un village situé à 3 km avant Midelt en venant de Meknès des

filles font aussi des maisonnettes délimitées par des pierres. Ce sont des

filles Oulad Khawa, Ikhawîn en amazigh, du village She°ba, un îlot

arabophone en milieu amazigh. J'ai vu à cet endroit et en 1996 qu'un petit

bout de mur sert de cuisine pour une maisonnette adossée au mur de la

maison paternelle (fig. 110, p. 128). Comme cela se voit sur la figure 111

(p. 128), des objets de récupération sont utilisés. Dans la casserole noire

une fille a préparé la pâte de pain avec de la vraie farine. Il y a aussi la

brosse pour nettoyer le sol faite de branchettes.

109

Page 128: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

128

110

111

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129

1.5 Les autres constructions

Un jour en 1975, j'ai vu des garçons ghrib du Sahara tunisien construire

une maison à trois dimensions, mais selon les informations recueillies à ce

moment il semble que les filles en faisaient autant. Pour faire cela, les

garçons ont tiré parti des caractéristiques propres du sable humide et du

sable poudreux. Pour bâtir une petite maison pareille on procède de la

manière suivante. Des petits murs de sable humide sont érigés en carré, le

mur ayant environ 20 cm de hauteur et 8 cm d'épaisseur (fig. 112).

D'un côté une petite ouverture est laissée dans le mur. L'espace délimitée

est remplie jusqu'à la hauteur des murs avec du sable sec et très fin (fig.

113).

112

113

Page 130: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

130

Puis le tout doit être recouvert d'une épaisse couche de sable humide

tamponnée à la main de manière adéquate (fig. 114).

En creusant le sol devant l'entrée le sable fin glisse hors de la maison. Si

tout est fait de manière correcte le toit ne s‟effondra pas (fig. 115).

114

115

Page 131: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

131

Une autre petite habitation de sable est faite de la même manière mais

avec un toit en dôme et deux entrées (fig. 116). Elle est appelée gurbi eth-

thrâ car elle imite l'ancienne habitation souterraine creusée dans le terrain

calcaire. On les trouve près du village ghrib de l'oasis d'El Faouar où elles

sont utilisées comme étable pour les chèvres.

A la source naturelle d'El Faouar, les garçons ghrib de six à treize ans

s'amusent en mai 1975 à faire différentes constructions avec du sable

humide. Normalement cela se fait après une averse mais le sable humide à

cette source convient aussi (fig. 117).

116

117

Page 132: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

132

Bien que les deux constructions de sable ci-dessous soient semblables,

les garçons qui les ont construites disaient qu'il s'agit d'un enclos de bétail

(fig. 118) et d'un marché (fig. 119).

Une autre construction, réalisée par un garçon d'environ douze ans assis

derrière sa création, est le tombeau de marabout ou saint local (fig. 120).

118 119

120

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133

Ce tombeau en miniature a été embellit d'une rose sauvage (fig. 121).

Au même endroit et au même moment un garçon de treize ans a réalisé, en

faisant preuve d'un remarquable sens esthétique, la belle mosquée de sable

de la figure 122.

88

121

122

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134

Cette mosquée comprend un minaret élégant et une cour (fig. 123).

La construction d'une petite mosquée en argile séchée ou cuite est signalée

chez les enfants de Mopti sur le fleuve Niger (Mandel et Brenier-Estrine,

1977: 10, photos: 9, 11, 13).

Comme décrit plus haut, les enfants Belbala du Sahara algérien

délimitent pour leurs jeux de maisons et avec des cailloux le plan d'un

village où la mosquée ne manque pas (Champault, 1969: 348).

Un jeu des petits enfants marocains est l'imitation de la préparation du

travail de construction. Ainsi j'ai vu fin août 1999 à Midelt cette activité

ludique pendant des promenades d'observation dans un terrain vague. Cet

espace sert entre autres de terrain de jeu aux enfants des quartiers

populaires avoisinants d'Aït Mansour et de Taddawt. Dans une ruelle un

garçonnet d'environ trois ans s'occupe à remplir une boîte de sardines avec

des petites pierres et à la vider. Plus tard un autre garçon de quatre ou cinq

ans s'amuse à séparer le sable des petites pierres avec une boîte de fer

blanc trouée. De cette manière il imite le travail des aides-maçons qui

doivent filtrer le sable en le jetant à travers une grille. Une demi-heure

après ce garçon est toujours en train de faire cela mais cette fois il

123

Page 135: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

135

remplisse une boîte de carton. Il s'occupe aussi à mettre des petites pierres

dans un petit pot en plastique et de le vider dans une grande boîte. Puis il

transporte cette cargaison vers l'aire de construction quelques pas plus loin.

J'ai trouvé en grand nombre de boîtes de sardines trouées servant à cette

activité ludique à Midelt aussi bien qu'à Zaïda ce qui démontre la

popularité de ce jeu chez les petits enfants.

Au même endroit à Midelt mais en novembre 1997 j‟ai trouvé à la base

d‟une maison en construction une assez grande maisonnette délimitée par

des pierres et mesurant environ 3 m sur 5 m A côté deux garçons de plus

ou moins six ans jouent avec un morceau d‟un tube en plastique, une pièce

de fer à béton et quelques pots et bouteilles en plastique. Un garçon un peu

plus âgé se joigne bien vite à eux et ensemble ils construisent un mur

autour d‟un petit carré bien nettoyé.

Comme pour les autres sections décrivant les maisonnettes, la plupart

des données mentionnées dans ce chapitre se réfèrent aux enfants

amazighs. A la fin du chapitre on trouvera les informations sur les enfants

arabophones.

En 1992 l'instituteur Nour-Eddine Ihbous m'a invite dans le premier

village Amazigh que j'ai eu l'occasion de visiter. C'était le village Aït

Ighemour dans le Haut Atlas situé à 8 km du Jbel Siroua (fig. 124).

124

Page 136: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

136

Sur les pentes entourant le village quelques garçons ont construit avec

de l'argile et des pierres une étable et un garage (fig. 125).

Ces constructions en miniature à toit plat se distinguent par une entrée plus

large pour le garage et par un enclos de pierres construit devant l'étable

(fig. 126). Ces constructions élaborées sont utilisées dans de jeux de faire

semblant liés aux occupations masculines.

125

126

Page 137: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

137

En novembre 1999 dans le village Amellago du Haut Atlas, Hakim, un

petit garçon de trois ans, utilise un canal d'irrigation asséché pour y

construire son garage. Les murs de ce garage d'environ 40 cm sur 50 cm

sont délimités par des briques de terre pris dans le canal d'irrigation. Une

brique plus petite sert de porte. Son camion, se trouvant à l'avant du

garage, est une vieille sandale (fig. 127).

En décembre 2006 à Tiznit un garçon de douze ans joue avec ses copains

au chauffeur de taxi. On voit à côté du mur le chauffeur de taxi poussant sa

voiture. Selon ses propos il vient de sortir de sa maison de célibataire qu'il

a fermée car il n'y a pas de femme pour la garder (fig. 128, p. 138).

127

Page 138: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

138

Les garçons du village Ikenwèn font aussi des maisonnettes en imitant la

manière traditionnelle de construire des maisons en pisé. Cela se fait

surtout quand les garçons ont l'occasion d'observer les hommes en train de

construire ou de réparer une maison. En décembre 2006 lors de la

réparation de la mosquée plusieurs garçons jouent à la construction de

maisons en pisé. Comme moule à pisé Saïd, un garçon de huit ans, utilise

deux planchettes qu'il remplit de sable argileux humidifié (fig. 129).

128

129

Page 139: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

139

Une fois le moule remplie de terre il la comprime avec un pilon, le

morceau de bois qui se trouve à ses pieds sur la photo précédente (fig.

130).

De cette manière il construit les différents murs de la maisonnette

comportant plusieurs chambres, une cuisine et un garage. Une fois le

travail de construction terminé Saïd prépare lui-même son dîner car il joue

le rôle d'un célibataire (fig. 131, p. 140). Sur le réchaud il a mis un tajine

de légumes et de viande de chameau. A côté se trouve la marmite avec el

harira, la soupe marocaine qu'on prépare surtout en période de froid ou de

pluie.

130

Page 140: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

140

Pendant que le tajine cuit, Saïd retourne à son travail. Il s'occupe de la

route qui mène au garage. Dans le garage il a mis son camion. Avec ce

camion il amène la terre pour construire les murs (fig. 132).

131

132

Page 141: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

141

Saïd a décidé que cela ne peut durer qu'il doit lui-même faire le ménage

car il a beaucoup trop de travail. Dès lors il engage une femme de ménage,

la poupée qu'il a faite en un tour de main (fig. 133).

Il met cette poupée auprès du réchaud pour que son dîner soit prêt quand il

revient à la maison la nuit. Cependant, quand il revient son dîner n'est pas

encore prêt. Saïd se fâche et il dit "pourquoi il n'y a pas à manger pour moi

et mes amis. Tu vas parler avec les femmes ai lieu de faire ton travail.

Pourtant j'ai expliqué que je reviens à neuf heures du soir". Une fois la

réprimande terminée, il fait semblant de frapper la femme de ménage (fig.

134, p. 142).

133

Page 142: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

142

Le même mois quelques garçons et filles d'environ sept ans d'Ikenwèn

s'affairent à construire une série de maisonnettes avec des boîtes de carton.

Ces maisonnettes représentent

le restaurant, l'hôtel, le cinéma,

la maison de billard, le garage

et la maison de la jeune mariée.

Les filles jouent au mariage

puis à la naissance du bébé

avec des poupées qu'elles ont

fait elles-mêmes. Dans le

contexte de la naissance du

bébé un des garçons joue le

rôle du docteur. Toute la

journée garçons et filles

s'amusent à une série de mises

scènes de la vie de leur village.

Cependant, il ne s'agit pas de la réalité de leur village d'aujourd'hui mais

plutôt de leurs rêves d'avenir. La maisonnette en carton de la figure 135

montre le garage.

134

135

Page 143: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

143

Le petit village de montagne Lahfart dans la région de Sidi Ifni se situe à

environ 20 minutes de marche sur la piste grimpante qui commence au km

9 de la route asphaltée en partant de Sidi Ifni vers Tiznit. L‟école se trouve

à gauche de la photo prise en direction de l‟océan (fig. 136).

Lors d‟une visite à ce village une famille m‟a invité en janvier 2002 à

passer la nuit chez eux. Me promenant à Lahfart le lendemain j‟ai trouvé

des élèves de l‟école primaire en train de construire des maisonnettes (fig.

137). Il s‟agit de fermes ou des maisons. Elles sont utilisées pour des jeux

de faire semblant liés à la vie des hommes, à l'agriculture et à l'élevage.

136

137

Page 144: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

144

Ces maisonnettes sont délimitées avec des murs de boue, de la boue faite

avec de l‟eau d‟un puits presque sec tout proche. Les garçons utilisent des

petits morceaux de bois ou de carton rectangulaires pour faire des murs

bien droits (fig. 138).

Il y a différents types de

maisonnettes. Elles ont

plusieurs chambres et

des annexes. L‟espace

autour de la maison est

délimitée avec des

pierres ou une clôture

comme on le voit à la

figure 139. Ces jeux ne

sont pas limités aux

activités traditionnelles.

Les garçons y intègrent

aussi des situations

copiées de la vie urbaine

avec son système de

transport urbain comme

les lignes régulières de

car. La photo ci-dessous

montre un car en

138

139 139

Page 145: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

145

plastique roulant sur la route bordée de pierres qui mène à la ferme (fig.

140). Cette ferme doit appartenir à un fermier riche car un poids lourd est

garé devant l'entrée.

Le même jour j'ai trouvé deux garçons de plus ou moins neuf ans qui

finissent la construction d'une grande ferme d'environ un sur deux mètres

(fig. 141). Ici la technologie moderne est représentée par le même type de

poids lourd en plastique servant de tracteur, bulldozer ou camion selon les

nécessités.

140

141

Page 146: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

146

Les informations ci-dessous sur le quartier Boulalem de Sidi Ifni se

réfèrent aussi à des enfants parlant amazigh. Cependant on trouve parmi

eux quelques enfants en voie d'arabisation parce que leurs parents

prèfèrent leur apprendre l'arabe marocain et suite à l'influence de l'école où

l'arabe est la langue d'enseignement.

La photo suivante montre la partie haute du quartier Boulalem (fig.

142). A droite on voit la rue Tagragra avec à l'avant l'espace vide où les

enfants jouent parfois. Devant la maison où habite l'auteur se trouvent

Khalija Jariaa et Boubaker Daoumani.

En avril 2005 une petite fille de cinq ans de ce quartier explique qu'elle est

en train de préparer de la terre battue comme cela se fait pour bâtir une

maison selon la technique ancienne (fig. 143, p. 147). En même temps elle

raconte à quoi servent le fusil de sa voisine et son propre pistolet qu'on

voit près du mur. La fille a reçu le pistolet quelques jours plutôt à

l'occasion du Mouloud ou la naissance du Prophète. C'est sa mère qui l'a

acheté au marché local pour 8 dirhams ou 0,8 €.

142

Page 147: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

147

La petite fille dit : "si la guerre de Palestine et d'Irak viennent ici, le fusil et

le pistolet serviront à tirer" (fig. 144).

143

144

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148

Cette photo, où l'on voit la fillette et une voisine manipuler le fusil et le

pistolet, fut prise quelques minutes avant la photo de la figure 143 (p. 147)

et sans que les enfants s'en soient aperçus. Ces moments de jeu montrent

comment les images et messages télévisés liés aux réalités du monde

adulte s'infiltrent dans le jeu des fillettes. Une activité ludique qui pour le

reste est basé sur un thème très ancien du jeu de construction lié aux

techniques de construction traditionnelles.

Par la fenêtre de mon appartement au premier étage dans le même

quartier, j'ai vu fin juillet 2005 deux garçons travaillant ensemble pour

faire une maisonnette. Avec une pierre Mohamed, un garçon de sept ans,

casse en petits morceaux des rebuts de carreaux blanc et noir. Lahoucine,

son voisin de neuf ans, utilise ces morceaux de carreau pour délimiter un

rectangle d'environ un sur deux mètres. Dans la façade il laisse une

ouverture pour l'entrée. Un peu plus tard il délimite des chambres dans le

côté droit de la maison en faisant deux lignes obliques avec les mêmes

morceaux blanc et noir (fig. 145).

75

145

Page 149: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

149

Sur la photo ci-dessus Lahoucine utilise un engin qu'il appelle traks, un

terme désignant un tracteur ou un bulldozer. Comme ce garçon explique, il

est en train de construire une route avec son bulldozer. A l'avant de son

engin Lahoucine a mis une boîte de sardine vide représentant la pelle. En

tirant une ficelle les pierres ou le sable rassemblés dans la pelle sont

soulevés ou jetés (fig. 146).

Ce bulldozer montre la combinaison de techniques traditionnelles pour

faire des voitures jouets avec des jouets en plastique importés. Quand le

père du garçon, un constructeur de bâtiments, a acheté ce camion pour 20

dirhams (2 €) pour l'offrir à son fils lors du Moussem de Sidi Ifni en juillet

2004 ce camion ne roulait pas bien. Vite ennuyé par ce mauvais

fonctionnement le garçon a donné à son camion deux nouveaux essieux,

deux clous de 10 cm, et de nouvelles roues, deux couvercles de pot de

confiture à l'arrière et deux grands couvercles en plastique à l'avant.

146

Page 150: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

150

Pendant les vacances de nouvel an début janvier 2006 plusieurs enfants

du quartier Boulalem de Sidi Ifni jouent toute la journée sur le terrain

vague à la fin de la rue Tagragra. Une première période de jeu a lieu le

matin. Un garçon joue au ballon et un autre se promène avec un fusil.

Quelques groupes de garçons ont commencé à construire leur maison le

long de la façade qui clôt un terrain à bâtir juste à côte de mon appartement

(fig. 147).

147

Page 151: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

151

Le garçon au blouson jaune menace avec un fusil de roseau celui qui

s'est introduit sur son terrain et lui dit "qu'est ce que tu fais ?". Ce dernier

répond "je ne prends qu'un peu de terre pour construire ma maison". Le

propriétaire du terrain lui dit alors "d'accord mais ne prend pas trop".

Pour une des maisonnettes un garçon a mélangé dans un seau la terre

avec de l'eau pour en faire du ciment afin de couvrir le toit avec une

couche qui doit le rendre imperméable à la pluie (fig. 148).

Pour une autre maisonnette construite le matin on utilise surtout du

matériel de récupération (fig. 149).

148

149

Page 152: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

152

L'après-midi le groupe de garçons s'est élargit et quelques filles se sont

jointes à eux. Un groupe de garçons a délimité l'espace pour une grande

maison avec une clôture faite d'une corde à laquelle ils pendent des

panneaux publicitaires, des drapeaux et des morceaux de cartons (fig. 150).

150

Page 153: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

153

La fille vue sur la photo précédente veut s'intégrer à leur jeu mais elle

n'est pas admise. Cependant quand elle propose de nettoyer la maison elle

peut participer au jeu. Les garçons sont en train de discuter de la fête de

bonne année qu'ils veulent organiser (fig. 151).

A cette fête de bonne année où on chante et joue du tambour sur un vieux

bac en plastique peuvent se joindre la fille et le garçon jouant en haut de la

figure 150 (p. 152). La fête se termine vite et l'endroit est laissé aux petits.

Vers la soirée des groupes de jeu composés par les mêmes garçons font

encore d'autres maisonnettes. La maisonnette qui se trouve contre le mur

est entièrement faite de matériel que les joueurs ont récupéré dans les

environs (fig. 152, p. 154). A gauche de la maison construite avec deux

morceaux de cuisinière et des cartons, les garçons ont établi leur magasin

de bonbons, bonbons représentés par des emballages de bonbons (fig. 153,

p. 154).

151

Page 154: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

154

152

153

Page 155: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

155

Un peu plus tard ils détruisent cette maisonnette et viennent s'installer

sur le trottoir en bas de mon appartement. Là ils organisent leur orchestre

de percussion en utilisant comme tambours les pièces qui ont servi pour

construire la maison avec magasin (fig. 154).

Trois mois plus tard, en avril 2006, quelques garçons deviennent maçon et

aide-maçon pour bâtir une maison. Ils font du mortier en mélangeant de la

terre et de l'eau avec une pelle (fig. 155, p. 156).

154

Page 156: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

156

Les murs sont faits d'une ou de deux rangées de grandes pierres et ici et là

on couvre le mur de mortier. Comme la pelle doit être ramenée à la maison

un aide-maçon la nettoie (fig. 156).

155

156

Page 157: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

157

La maison est divisée en trois parties avec un salon à gauche, une

chambre à coucher et une cuisine à droite. De chaque côté de l'entrée un

arbre est planté, un roseau en haut duquel quelques tiges d'un balai, fait

avec des feuilles de palmier, sont introduites (fig. 157). La cuisine est

équipée avec des ustensiles en plastique et l'emballage d'un paquet de sel

rempli de sable. La boîte d'un paquet de thé est tombée hors de la maison.

La cuisine et la chambre ont été blanchit avec des restes de peinture

blanche trouvée en bas de la façade d'une maison avoisinante peinte

récemment.

Pour obtenir les objets de récupération avec lequel ils veulent garnir leur

maison, les garçons ont demandé à deux filles d'aller chercher à l'endroit

où les ménages déposent les ordures dans des sacs en plastique (fig. 158).

157

158

Page 158: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

158

Un dimanche de juillet 2006 Khalija Jariaa a observé et photographié

trois garçons d'environ huit ans jouant ensemble dans le quartier Boulalem

de Sidi Ifni. Ils ont commencé par délimiter une maisonnette avec plusieurs

chambres et une cuisine (fig. 159). Une boîte de sardine qui est mis droit

sert comme porte de cette maison bien élaborée. Dans la cuisine, en bas de

la photo, il y a une table sur laquelle se trouve un réchaud à gaz.

Le cuisinier est le

garçon en bas de la

figure 160. Le garçon

au milieu est un ami du

maître de la maison, le

garçon en haut de la

photo. L'invité s'excuse

d'être en retard parce

que sa femme est

enceinte et un peu

souffrante. Après les

salutations, le maître de

la maison discute avec

son ami les affaires

courantes, les prix au

marché de dimanche de

159

160

Page 159: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

159

Sidi Ifni, etc. Puis il questionne le cuisinier sur le dîner. Le cuisinier

répond qu'il va d'abord servir le thé avec des biscuits et par après un tajine

avec une salade. Le maître demande s'il y a aussi un dessert mais le

cuisinier répond non. Le maître dit qu'il veut du dessert et aussi de la

limonade pour son ami. Le cuisinier réplique qu'il ne sait pas si le maître

de la maison est pauvre ou riche et que pour les pauvres un tajine avec une

salade suffit. Si le maître est riche il aurait du le lui dire. Ainsi s'il manque

de la nourriture c'est la faute du maître de la maison et non pas du

cuisinier. Maintenant le maître demande au cuisinier d'aller acheter de la

limonade. Le cuisinier revient et dit que le magasin est fermé. Le maître est

ennuyé mais l'invité avance que cela n'est pas un problème et qu'il aura le

dessert et la limonade une prochaine fois. Après cela les trois garçons

boivent quelques verres de thé et mangent le tajine et la salade. L'invité dit

que c'est un bon thé et un peu plus tard il demande si le tajine est cuit sur

du charbon de bois ou sur le gaz. Le cuisinier répond que le tajine fut cuit

sur du charbon de bois. L'invité veut partir pour voir comment va sa femme

enceinte. Le maître de la maison demande son ami pour quand la naissance

est prévue. Ce dernier lui répond que c'est pour la fin du mois de Ramadan.

Le jeu se termine quand l'invité prend congé (fig. 161).

161

Page 160: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

160

Une des quatre vidéos filmées à Sidi Ifni et ses environs en 2002 montre

un garçon de six ans en train de regarder son frère de dix ans. Ce frère crée

des jouets comme la maisonnette, le camion, la voiture ou un système pour

bouger cette voiture (fig. 162).

Les deux maisons en boîte de carton qu'il a fait se voient ci-dessous (fig.

163-164). Il ne fait pas ces maisonnettes ni les autres jouets pour lui-même

mais pour les offrir à son frère ou à d'autres enfants pour qu'ils les utilisent

dans leurs jeux de faire semblant. Le protocole détaillé de cette vidéo

réalisée avec l'aide de Boubaker Daoumani est disponible en anglais sur

www.sanatoyplay.org (Rossie and Daoumani, 2007, Video 2).

162

163 164

Page 161: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

161

2 Le jeu de dînette et les ustensiles-jouets

2.1 Résumé

Les informations sur les jeux de dînette et les ustensiles-jouets, couvrant la

période du début du vingtième siècle jusque fin 2006, proviennent des

enfants des Touaregs, Ghrib, Marazig, Maures, Sahraouis , Teda, Zaghawa,

Belbala, Mozabites, Chaouïa, Kabyles, du Djebel Amour et Djebel Ksel, de

Tlemcen, du Maroc et de la Tunisie.

L'activité ludique est en premier lieu centrée sur la préparation et la

dégustation d'un repas mais il s'agit aussi de servir et de boire du thé ou du

café et une seule fois de fabriquer du jus de fruits. Lors des jeux de dînette

la nourriture peut être représentée par du sable, de la terre glaise, des

pierres blanches, des cailloux, des herbes, des morceaux de peau d'orange

ou d'épis de maïs. Parfois il arrive, et cela surtout chez les filles de milieux

plus ou moins aisés, que de la vraie nourriture comme du pain, des

biscuits, du thé, du café, de la menthe, du sucre, de la farine, des tomates,

des œufs et même de la viande soit disponible. Ici et là un feu est allumé

pour cuire le repas.

Les ustensiles-jouets fabriqués pour ou utilisés dans ces jeux sont d'une

grande variété. Il y a surtout des réchauds portables appelés kanûn, des

mortiers avec pilon, des récipients de toutes sortes, des bols, des tasses, des

assiettes, des plateaux, des poêles, des couscoussiers et des tajines. Un

tajine est un plateau en poterie qu‟on met sur un feu doux afin de cuire de

la viande ou du poisson ensemble avec des légumes. On couvre le plateau

avec un couvercle conique se terminant en pointe (fig. 225, p. 196). Bien

qu'ils soient beaucoup plus rarement mentionnés, il y a aussi le tabouret, le

banc, la table basse, le service de thé ou de café, la louche, l'entonnoir et

même le chandelier, le brûle-parfum, la cocote minute et la pipe. Ces

ustensiles d'imitation sont faits avec de la boue, de l'argile, du gypse, du

bois, de l'alfa ou du carton. Les ustensiles modelés en argile sont séchés ou

cuits.

Lorsqu'ils sont en terre crue ils restent monochromes avec chez les filles

du Djebel Amour et Djebel Ksel du début du vingtième siècle un décor en

relief. Quand ces ustensiles sont en terre cuite, il arrive qu'ils aient un

décor peint. En plus des ustensiles-jouets fabriqués, les enfants utilisent

Page 162: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

162

aussi des poteries usées, des boîtes de carton et de fer blanc, des bouteilles

de verre ou de plastique.

Bien que les filles en particulier s'adonnent à des jeux de dînette et à la

fabrication d'ustensiles-jouets, il faut noter que les petits garçons jusqu'à

l'âge d'environ sept ans y participent volontiers. Pour quelques populations

il est mentionné que des garçons plus âgés et exceptionnellement des

servantes ou des artisanes et artisans font des ustensiles en miniature. Des

copies d‟ustensiles fabriquées par les industries du jouet d‟Europe ou

d‟Asie sont depuis longtemps données aux filles. Aujourd‟hui des

ustensiles-jouets fabriqués en Chine se vendent couramment au Maroc,

entre autres un ensemble appelé „Kitchen Set‟ de quinze pièces qui coûte

dix dirhams (1 €) en juin 2000.

2.2 Le jeu de dînette et les ustensiles-jouets

Dans le document "Vie des Touaregs. Enfance et Jeux" rédigé par un

auteur anonyme probablement dans les années 1950 (p. 94) il est question

de la fabrication de tapis et d'outres par les enfants touaregs vivant dans le

Sahara. Ces jouets servent pour la dînette pendant le jeu de campement

nomade. La citation du passage concerné se trouve dans mon livre

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et

jeux de poupées, 2005: 57-58).

La collection du Musée de l'Homme possédait depuis 1937 une écuelle

et une pipe en miniature

provenant d'enfants touaregs

(fig. 165). Ces jouets sont faits

en terre cuite non décorée. La

pipe mesure 13 cm de long

(71.1937.21.100) et le diamètre

de l'écuelle-jouet est 10,5 cm

(71.1937.21.101).

165

Page 163: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

163

Vers 1975 les filles ghrib du Sahara tunisien jouaient dans leurs

maisonnettes (fig. 87-92, p. 112-114) à la dînette ou el-khellît'a. Dans ces

enceintes les filles s'adonnent de tout cœur à l'imitation des tâches

ménagères. Elles vont puiser de l'eau à la source, ramasser du bois mort et

si elles ont amené de la nourriture elles font la cuisine.

Pour ces jeux les filles constituent tout un ensemble d'ustensiles en

miniature. Beaucoup de ces jouets sont des objets de récupération comme

des poteries et ustensiles délaissés, des boîtes de fer blanc, des bouteilles

en verre, etc. Les filles elles-mêmes fabriquent d'autres ustensiles en

miniature comme la marmite, el-burma, ou le poêle pour cuire le pain,

ta°jîn (fig. 166). Cette marmite et ce poêle sont modelés par les grandes

filles et parfois par une mère avec du gypse et du sable fin puis séchés au

soleil. La petite marmite mesure 14 cm de diamètre et 8 cm de hauteur.

Avec la marmite, utilisée par les femmes pour bouillir de la viande,

préparer des sauces ou des légumes, les filles à partir de l'âge de quatre ans

font semblant de préparer un repas. Le poêle-jouet a un diamètre de 11 cm

et la hauteur du bord est de 4 cm. Il sert à faire du pain plat khubz t-ta°jîn

ce qu'imitent les filles.

166

Page 164: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

164

Parfois des vrais ustensiles de ménage peuvent être utilisés par les

enfants et servir de jouet comme cela se voit à la figure 167 où un garçon

d'environ trois ans joue avec une grande louche en bois.

Dans un jeu de force des adolescents transforment un petit enfant en sac en

le portant sur les épaules. Ils passent un turban sous les épaules de l‟enfant,

soulèvent l‟enfant et placent le nœud sur leur front (fig. 168, p. 165).

167

Page 165: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

165

Chez les Marazig, une population arabophone vivant non loin des Ghrib

dans le Nefzaoua en Tunisie, les filles jouent aussi à la dînette, appelée

khellêta ou fard'a. L'auteur qui mentionne ce jeu ne donne pas de

précisions (Boris, 1958: 153, 460).

La Mission Puigaudeau-Senones a collectionné entre 1936 et 1938 trois

ustensiles-jouets en bois utilisés par les enfants maures de la région de

Tidjikdja. Il s'agit d'une réduction du mortier à mil (catalogue p. 390,

71.1938.48.48), du pilon à mil (idem, 71.1938.48.49) et d'une écuelle qui

se trouvent dans la collection du Musée du Quai Branly. Ces jouets sont

aussi bien fabriqués par les jeunes bergers que par les artisans.

168

Page 166: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

166

Dans la même collection on trouve plusieurs séries d'ustensiles-jouets

miniaturisés des enfants maures de Oualata dans le Sahara mauritanien.

Ces jouets furent modelés par des servantes noires et s'utilisent avec les

maisons en miniature faites par les mêmes servantes dans les années 1930

(fig. 40-41, p. 80-81). Tous ces jouets de très petite taille représentent des

ustensiles ménagers. On y trouve des marmites, des écuelles, des assiettes,

des couvercles arrondis ou pointus, des cuillers, des récipients d'eau, des

bouteilles, des gourdes, des jarres, des gargoulettes, des jattes, des

réchauds, des couscoussiers, des mortiers et des pilons, des supports, des

brûle-parfums, un tabouret et un chandelier.

Les quatre séries d'ustensiles-jouets provenant de la Mission

Puigaudeau-Senones de 1936-1938 ont été modelées avec de l'argile crue.

Les jouets avec le numéro 71.1938.48.93.1-15 sont teints en noir avec du

charbon de bois pilé et rehaussés de lignes blanches. Leur diamètre

maximal est 1,5 cm et la hauteur maximale 5 cm (fig. 169).

Les ustensiles-jouets avec le numéro 71.1938.48.94.1-22 sont recouverts

d'enduit blanc, décorés de dessins bleus, bruns et parfois jaunes, le

diamètre maximal étant 2,4 cm et la hauteur maximale 2,5 cm (fig. 170).

169

170

Page 167: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

167

L'autre série avec le numéro

71.1938.48.95.1-10 est peinte en

brun et ocre rouge, et ornée de

stries et de lisérés blancs avec un

diamètre maximal et une hauteur

maximale de 1,5 cm (fig. 171). Les ustensiles-jouets avec le numéro

71.1938.48.96.1-18 sont décorés d'un dessin noir, blanc, ocre et rouge sur

fond jaune (fig. 172). Pour

plus de détails voir le

catalogue (p. 391). Les autres

ustensiles-jouets des enfants

maures de Oualata conservés

au Musée du Quai Branly ainsi

que ceux décrits dans la

bibliographie consultée confirment les données mentionnées ci-dessus.

Dans son livre Charles Béart mentionne la théière comme le premier

jouet de l'enfant maure (1955, p. 145). On y lit aussi comment les enfants

en jouant s'initient à la préparation du thé :

En attendant de pouvoir recueillir entre l'index et le majeur les feuilles

infusées qui resteront au fond de la théière, il réclame en pleurnichant

le cadeau d'un petit morceau de sucre. S'il n'obtient pas satisfaction..., il

va se coucher sur le sable brûlant, il sait bien que les grands finiront

par entendre raison. Plus tard, il sera chargé de nettoyer et d'astiquer

plateaux et verres et on lui laissera un peu de thé, un peu de sucre, pour

apprendre à préparer le breuvage consacré, mais il est encore trop

petit. Il ne peut que s'emparer de la théière dès qu'elle se trouve libre

pour essayer, non quelquefois sans drame, de verser l'eau de très haut

dans le verre ou à côté; ventre proéminent tendu, jambes à la turque et

l'air méditatif qui convient. Il offre son eau à l'entourage et toute grande

personne polie poussera les petits cris de jouissance qui sont de

rigueur. L'enfant peut jouer deux heures, jusqu'à ce qu'il entreprenne de

frapper la précieuse théière avec un verre ou de casser une pierre avec

celui-ci. Selon l'âge, pour en finir, tétée ou fessée.

171

172

Page 168: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

168

Selon Fernando Pinto Cebrián les filles sahraouies possèdent toutes

sortes d‟objets miniaturisés comme les ustensiles-jouets, les coussins et les

tapis. Il y a aussi des copies réduites des attributs féminins et des effets

personnels. Etant de grandes imitatrices de leurs mères, les filles utilisent

tout ce matériel dans leur jeu de ménage. Elles préparent du couscous avec

du sable, nettoient leur tente-jouet, servent un thé imaginaire aux filles qui

viennent les visiter, s‟occupent de leurs „enfants‟, chantent et dansent. Cela

dure jusqu‟à ce que leurs mères les appellent parce qu‟il fait trop chaud ou

parce qu‟il est temps de manger ou de dormir (1999: 105, 108).

La collection analysée contient deux petits paniers en vannerie qui ont

servi de jouet aux fillettes Teda du Tibesti. Ils ont été collectionnés par la

Mission Le Cœur au Tchad en 1934. Celui portant le numéro

71.1935.50.169 mesure 8 cm de haut et se porte dans un étui de cuir.

L'autre panier avec le numéro 71.1935.50.172 fut finement tressé par une

fillette qui a couvert les bords et le fond de cuir décoré de lignes

décoratives teintes en vert avec une teinture du Fezzan. Un couvercle y est

attaché avec des charnières de cuir et la hauteur totale mesure 9 cm.

Cette Mission Le Cœur a aussi collectionné deux petites poteries et un

petit mortier en bois qui furent des jouets de fillettes. Le mortier, creusé

dans le bois et avec une seule anse au pied, mesure 18 cm de haut et 13 cm

de diamètre (71.1935.50.173). Les petites poteries sont une copie des

brûle-parfums. Un des deux brûle-parfums consiste en un pot de 4,5 cm de

diamètre reposant sur quatre pieds. Il est pourvu d'un trou de suspension et

décoré de dessins géométriques gravés (71.1935.50.170). Le deuxième

brûle-parfum a un pot de 2 cm de diamètre reposant sur un pied circulaire

(71.1935.50.171).

Oleg Lopatinsky qui a offert au Musée de l'Homme une magnifique

série de quarante poupées des filles teda a aussi recueilli en 1962 d'autres

jouets des enfants teda de Bardaï et du Tibesti dans le Sahara tchadien. Il

s'agit de trois copies en miniature du mortier en terre argileuse séchée. Le

premier mortier se trouve dans un filet de vannerie avec une corde de

suspension en nervures de palmier (fig. 173, p. 169, 71.1965.3.1). Il fut fait

par un petit garçon et mesure 5,5 cm de haut avec un diamètre de la coupe

de 5 cm, la hauteur de la vannerie mesurant 8 cm.

Page 169: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

169

Le deuxième mortier est du même genre et mesure 5 cm de haut avec un

diamètre de la coupe de 5 cm (fig. 174 à droite, 71.1965.3.2). Le troisième

mortier est une copie du mortier en bois à trois pieds et il mesure 3,5 cm de

haut avec un diamètre de la coupe de 3 cm (fig. 174 à gauche,

71.1965.3.5). Oleg Lopatinsky a reçu un jouet en argile représentant le

banc en bois utilisé par les femmes teda (fig. 174, 71.1965.3.4). Il est de

forme rectangulaire avec des deux côtés un appendice de préhension et à la

base six pieds circulaires reliés entre eux. La hauteur de ce banc-jouet est

2,3 cm et sa longueur 7,7 cm.

En 1956 un enfant zaghawa de l'école de Hiriba au Ouaddaï au Tchad a

modelé avec de l'argile gris crue prise dans la mare une copie du mortier à

trois anses (fig. 175 à droite, 71.1957.82.130, H = 5,4 cm, D = 6 cm) et du

mortier sans anses (fig. 175 à gauche, 71.1957.82.131, H = 6,4 cm, D = 7

cm; pilon: H = 5,5 cm, D = 1,5 cm). Le même enfant a modelé un petit

mortier à deux anses en argile rouge crue (71.1957.82.132, H = 6,5 cm, D

= 7 cm).

173 174

175

Page 170: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

170

Comme mentionné dans la citation complète extraite du livre de

Dominique Champault décrivant la maison de dînette, les enfants belbala

du Sahara algérien font "le mobilier de la maison, marmite, pots, assiettes,

verres, tout matériel indispensable à la dînette, figuré par des tessons de

bouteille ou de poterie" (1969: 348-349). Cet auteur parle aussi de

récipients et de vanneries en miniature faits par des filles et des seaux

tressés par des garçons. Pour une description de ce jeu de dînette voir page

115-116.

Même si l'information sur les ustensiles-jouets utilisés par les filles

mozabites au Sahara algérien est limitée à quelques lignes elle est d'une

grande utilité car elle mentionne l'influence européenne dans les années

1920. A.-M. Goichon (1927: 59) écrit :

On joue à la noce de la poupée, on fait la dînette, avec de petits

morceaux de rfîs, etc. Il y a de petits ménages d'importation européenne,

et d'autres, plus curieux, de fabrication indigène; le plus répandu est le

service à thé en alfa tressé, plateau, théière et cinq tasses.

Les filles et peut-être aussi les garçons chaouïa de l'Aurès en Algérie

jouent à la dînette et au ménage avec des ustensiles-jouets modelés en

argile. La Mission Thérèse Rivière a collectionné en 1936 une série

d'ustensiles-jouets des enfants Ouled Abderrahman de Kebech dans les

montagnes du Djebel Tadjmout. Il s'agit de treize pièces en poterie dont

onze sont en terre cuite et deux en terre crue. Des onze pièces en terre

cuite, neuf ont un décor géométrique en laque 'llukk' fait de traits, croix,

points, pastilles et cercles de couleur rouge, orange, brun et noir. Ces

ustensiles mesurent entre 1,8 cm et 12 cm de haut et entre 6 cm et 13 cm de

diamètre.

Trois jouets sont des écuelles sur pied

pour servir le couscous (fig. 176,

71.1936.2.179, H = 12 cm, D = 12 cm).

Deux jouets représentent la marmite

avec couscoussier (71.1936.2.180, H =

12 cm, D = 7,5 cm; 71.1936.2.269bis-

270bis, H = 10 cm, D = 8 cm).

176

Page 171: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

171

Deux autres jouets représentent un pot à goulot pour le beurre et un

entonnoir pour remplir l'outre à eau (fig. 177, 71.1936.2.187bis, H = 4 cm,

D = 6,5 cm; 71.1936.2.824, H = 6,5 cm, D = 6 cm).

Il y a aussi une petite louche (fig. 178, 71.1936.2.190, L = 9 cm, D = 3,5

cm).

D'autres jouets représentent le plat pour cuire la galette (fig. 179 en bas à

droite, 71.1936.2.826, H = 1.8 cm, D 13 cm), une écuelle pouvant servir

d'assiette pour un enfant (fig. 179 en haut à gauche, 71.1936.2.181, H = 3

cm, D = 10.5 cm) et une autre écuelle à oreille percée (fig. 179 en bas à

gauche, 71.1936.2.691, H = 3.5 cm, D = 12 cm). Pour plus de détails voir

le catalogue (p. 394).

177

179

178

Page 172: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

172

Dans la collection on trouve aussi deux ustensiles-jouets, un plat simple

en terre cuite décorée (D = 11 cm) et un plat à pied (D coupe = 9 cm, D

pied = 6 cm, H = 5 cm) et provenant des enfants chaouïa vivant à Aïn

Kerma (71.1937.9.61-62).

Dans les années 1930 "l'un des jeux préférés des fillettes (kabyles),

comme partout, est encore la 'timniwelt', la "dînette", non pas que l'enfant

se serve de provisions comestibles bien trop précieuses, mais elle apprend

ainsi la préparation des aliments et s'initie déjà à la cuisine." (Laoust-

Chantréaux, 1990: 167-168).

Les fillettes du Djebel Amour et du Djebel Ksel, près de Aflou et El

Bayadh en Algérie, se fabriquent selon Mathéa Gaudry (1961: 133) :

Des petits plats (tajine) pourvus de gros reliefs et dont elles rayent le

fond à l'ongle, des marmites munies d'un couvercle à gros bouton, ainsi

que de petits fourneaux portatifs, objets qui sont la reproduction adroite

des ustensiles fabriqués par les potières. Il nous est arrivé de trouver

dans la rue un cercle de fillettes accroupies, les têtes se touchant et très

absorbées. Que font-elle?... Elles ont allumé du feu dans leur petit

fourneau, et dessus, ont déposé une vieille boîte de conserves de forme

ronde remplie d'eau et supportant elle-même un petit keskas de leur

fabrication rempli de terre en guise de couscous. Au bout d'un instant,

le keskas est vidé sur une pierre plate, la terre étalée et pétrie entre les

mains puis remise dans le récipient.

Deux dessins, repris à la figure 180, montrent ces poteries en miniature.

Cependant, le dessin du côté gauche ne

représente pas un tajine comme

mentionné dans le livre de Mathéa

Gaudry mais un petit réchaud. L'autre

dessin est la petite marmite avec son

couvercle à bouton.

Chez les petites filles de la région de Tlemcen près de la frontière

algéro-marocaine, le jeu le plus fréquent était dans les années 1960 la

dînette : "on mime des repas, rarement des festins, en employant des

cailloux, des herbes, du sable fin, de la terre glaise" (Zerdoumi, 1982:

227).

180

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173

Au Maroc aussi bien les enfants arabophones, amazighophones que

juives jouent au jeu de dînette et fabriquent des ustensiles-jouets.

Cependant les données rassemblées dans ce livre sont plus élaborées en ce

qui concerne les filles amazighes. Mes données sur les milieux

arabophones parlent des villes de Fès, Kénitra, Marrakech et Tanger ainsi

que des villages Aïn Taoujdate entre Fès et Meknès, She°ba à côté de

Midelt et Hmar près de Taroudannt. Les informations sur les milieux

amazighophones se réfèrent aux régions montagneuses du Rif, du Moyen

Atlas, du Haut Atlas, du Jbel Ayachi et de l‟Anti-Atlas ainsi qu'aux villes

de Goulmima, Ouarzazate, Taza, Khemisset et Sidi Ifni. L'information sur

les enfants juifs se réfère aux anciens Mellahs du Sud marocain. Les

données vont du début des années 1900 à fin 2006.

Deux auteurs ont mentionné le jeu de dînette pour les villes de Fès et de

Tanger. Madame Soulé parle en 1933 du jeu de dînette intégré dans le jeu

figurant le mariage des poupées. Pour cela les filles prennent avec eux le

petit ménage de leur poupée : "petit kanoun (fourneau en terre), plateau,

verres, théière, boîtes à thé et à sucre, etc., et même des provisions de fête :

thé, sucre, menthe, semoule". Une cuisine est préparée dans laquelle une

petite négresse jouant la servante s'occupe des menus ustensiles de

ménage. Après l'exposition de la poupée-jeune mariée le moment de la

dînette est arrivé pour laquelle la petite négresse a préparé le thé, les

gâteaux et le couscous que maintenant les filles partagent avec leurs

poupées (p. 157).

Dans la collection étudiée se trouve depuis 1933 deux petites tables à

fond circulaire en bois posé sur deux traverses et avec un bord en carton

(fig. 181, 71.1933.77.50-51, H+ = 18 cm, D+ 11 cm). Le couvercle

conique (H = 6,5 cm) a disparu. Lors d'une entrevue le 17 juillet 1981 avec

Jeanne Jouin qui a collectionné ces tables-jouets, elle a spécifié que ces

petites tables étaient utilisées par les filles de Fès pour jouer à la dînette et

qu'elles y mettaient des petits biscuits ou des morceaux de pain.

181

Page 174: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

174

Pour Tanger et lors de la fête de °Arafa le livre de W. Marçais (1911:

205) mentionne qu‟au début des années 1900 les enfants supplient leurs

parents de leur acheter des petits poêlons, des petites marmites et de petits

ustensiles de cuisine pour faire la dînette. Le deuxième jour de la fête, ils

cuisent cette dînette et avant de la manger ils disent :

Dînette! Dînette!

La dînette est facile à cuire,

Mais attendons les Gnâwa (musiciens noirs).

Les Gnâwa ne viendront pas!

Et nous, nous ne mangerons pas!

Ce texte d'environ cent ans démontre que dans les grandes villes

marocaines de l'époque il était déjà coutume d'acheter des jouets pour les

enfants, probablement des enfants de familles assez aisées et cela à

certaines occasions qui cependant restaient rares.

Les informations sur le jeu de dînette et les ustensiles-jouets des enfants

arabophones du Maroc que j‟ai recueillies personnellement se limitent à

quatre exemples. En haut d‟une petite colline à une centaine de mètres du

village arabophone She°ba se trouvent en novembre 1996 plusieurs

maisonnettes pour jeu de ménage des petites filles. Sur cette colline

rocheuse se trouvent aussi d‟innombrables débris de poteries, de

carrelages, de bouteilles ainsi que des boîtes de conserves vides et d‟autres

objets jetés. En mettant à profit des dénivellements les filles se créent des

maisonnettes de moins d‟un mètre carré. Dans cet espace elles rangent

leurs ustensiles de ménage, leur matériel pour manger ou boire, tous

récupérés parmi les débris trouvés sur place. Une maisonnette utilise ce qui

reste d‟un coin de mur d‟environ 40 cm de haut et de 60 sur 50 cm. Par

terre entre les deux pans du mur se trouve un morceau de carton qui sert de

tapis. Une autre maisonnette est adossée à un mur en ruine. En plus des

objets couramment utilisés, cette maisonnette comporte aussi des petits

pots de Danone vides et des bouchons en plastique. Dans une des

maisonnettes quatre filles et un garçon entre cinq et sept ans sont en train

de jouer. Une des filles range sur un plateau en métal des fonds de

bouteilles et d‟autres morceaux de verrerie. A côté se trouve le couvercle

d‟une boîte de cirage, une vieille boîte de sardines et quelques morceaux

Page 175: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

175

de poterie ou de carrelage. Avec quelques pierres une autre fille fixe au sol

une branchette d‟arbuste séchée.

Les filles du village Aïn Taoujdate, situé à mi-chemin entre Meknès et

Fès, utilisent pour leur jeu de dînette des ustensiles en miniature qu'elles

modèlent avec du gypse. Comme me l'a spécifié une fille de quinze ans en

1993, les filles entre quatre et sept ans laissent le gypse en blanc mais les

filles plus âgées, et cela jusqu‟environ treize ans, le couvrent parfois de

peinture. Les ustensiles-jouets modelés le plus souvent sont le tajine, la

marmite, l‟écuelle et la petite table.

Lorsqu'en 1992 les filles du village Hmar près de Taroudannt jouent à

l'accouchement de leur poupée elles fêtent

cet évènement en chantant et en se

réunissant autour d'une dînette. Les filles

du quartier Daoudiyât à Marrakech des

années 1970 utilisent dans leur maison de

poupée des boîtes de conserves vides

comme plats ou écuelles (Cultures

Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines.

Poupées d'Enfants et Jeu de Poupées,

2005: 169).

A Kénitra, une ville côtière à 40 km au

nord de Rabat, j'ai trouvé en octobre 1994

un réchaud et un couscoussier en argile

cuite vernissée fabriqués par un potier

pour servir de jouet (fig. 182, H totale = 26 cm, D = 16,5 cm).

Les premières informations sur les ustensiles-jouets des enfants

marocains amazighs datent de 1908. Ces jouets furent offerts au Musée de

l'Homme et proviennent du Rif au Nord du Maroc (fig. 183-184, p. 176). Il

s'agit de théières à anse transversale (71.1908.15.74-81), de tasses à thé

(71.1908.15.24-32) et de gobelets à thé (71.1908.15.82-90) tous en terre

cuite décorée. Ils sont ornés d'un décor brun avec des dessins noirs. Les

théières ont sur le fond un dessin en forme d'étoile, de croix ou de petits

traits. La théière la plus petite mesure 5,5 cm de haut et 6,4 cm de long

(71.1908.15.78), la plus grande 7,3 cm et 9,4 cm (71.1908.15.75). Les

tasses mesurent environ 4 cm de haut avec un diamètre maximal de 3 cm.

182

Page 176: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

176

Il y a aussi une autre série de service à thé du même genre (71.1959.52.9-

11) ainsi qu'une petite table (71.1959.52.29, H = 10 cm).

Pour les filles Aït Ouirra dans le Moyen Atlas Lahcen Oubahammou

mentionne en 1987 qu'à travers le jeu de sable elles apprennent à préparer

le couscous et à faire une pâte, appelée „ahrir‟ (p. 51). L'auteur donne des

précisions intéressantes sur les jeux des filles :

Les jeux féminins se réfèrent uniquement aux jeux des petites filles; ceci

s'explique par le fait que la fille ouirra se marie très tôt, vers l'âge de

12-13 ans. Il faut signaler aussi que les jeux des petites filles sont très

réduits en nombre par rapport aux jeux des garçons de leur âge parce

que le champ d'action de ces petites filles est très limité; elles ne

peuvent pas s'éloigner de la demeure parce qu'elles doivent aider leur

mère dans les tâches domestiques ou s'occuper des plus jeunes.

183

184

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177

Les données sur les ustensiles-jouets et le jeu de dînette et de ménage

des enfants amazighs marocains mentionnées ci-dessous proviennent de

mes propres recherches.

Dans le Haut Atlas à une altitude de 1600 m et à 15 km du centre rural

de Taliouine en venant de Tazenakht se trouve le village Ignern d'environ

soixante maisons. Une piste de 4 km partant de la route de Tazenakht à

Taroudannt y donne accès. Dans ce village les filles aiment jouer à la

dînette et pour cela elles modèlent des ustensiles en miniature avec de

l'argile. C'est Zeina, une fille de douze ans, qui m'a donné en novembre

1998 toute une série d'ustensiles-jouets en argile crue séchée que l'on voit

sur les figures suivantes. La figure 185 montre en haut une table (marfèh)

portant une marmite à deux anses. Il y a aussi un grand plateau (azlèf) avec

son couvercle et une tasse (tibriz) (fig. 186).

Les filles font aussi des marmites sans anses (tigint) avec couvercle (fig.

187). Une de ces marmites contient des pierres blanches en guise de

nourriture. La figure 188 montre une marmite à deux anses avec couvercle

et une louche (aranja).

185 186

187

188

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178

A la figure 189 on voit une louche et une petite marmite (tenjra ou

gamela) et à la figure 190 un mortier (lèmgrèz) avec pilon et deux bols

(tibriz).

Il y a aussi une marmite à couvercle (fig. 191), une théière (bèrrêd) (fig.

192), et quelques tasses ou bols (tibriz) (fig. 193).

Zeina a encore mentionné deux autres ustensiles en argile : l'assiette

(tabsil) et la cocotte minute.

Hamid, un frère de Zeina de treize ans, m'a certifié que les garçons

modèlent parfois ces ustensiles en miniature. Ainsi lui-même il modelait

une copie de la grande vase pour garder l'huile (ghibit).

Qu'il y a des garçons qui modèlent des ustensiles-jouets est attesté parce

que j'ai vu en octobre 1992 au village Aït Ighemour situé à 8 km de la

montagne Jbel Siroua, à 2600 m d‟altitude et à la fin d‟une piste de 36 km

partant du village Anezal sur la route d‟Amerzgane à Tazenakht dans la

province de Ouarzazate. Là les garçons entre six et dix ans modèlent eux

aussi des ustensiles en miniature avec l'argile qu'ils trouvent à flanc de

montagne et les sèchent (fig. 194, p. 179).

189 190

191

192

193

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179

Pour coller des pièces l'argile est si nécessaire humidifiée avec un peu de

salive. La figure 195 montre une table à trois pieds avec un tajine et son

couvercle, un verre et une louche. Devant la table se trouve un plateau

pour servir le couscous et une théière. Le diamètre de la table est environ

20 cm et la hauteur de la théière mesure 19 cm. Ces ustensiles-jouets ont

été modelés en même temps qu'un muletier et son mulet (voir Cultures

Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L'animal dans les jeux et jouets,

2005: 98, fig.50).

118

194

195

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180

Sur le versant sud du Haut Atlas j'ai vu dans le vieux ighrem ou quartier

fortifié de Taourirt de la ville de Ouarzazate comment une petite fille et un

petit garçon nettoyaient leurs ustensiles-jouets, entre autres deux boîtes de

sardines vides, au robinet public. Cela se passait en novembre 1996 mais

leur travail de nettoyage fut assez vite interrompu par une femme habitant

tout près.

A huit kilomètres de Ouarzazate se trouve l'ighrem restauré de

Tiffoultoute. En bas des murs se trouvait en novembre 1996 une

maisonnette avec une grande boîte de Tide comme table, des boîtes de

sardines comme plats et des herbes comme nourriture.

Sur la route de Ouarzazate à Errachidia on passe la petite ville de

Goulmima (fig. 196). Là les adolescents m'ont montré en septembre 1994

le jeu anhader swalut, jouer avec l'argile.

Pour ce jeu ils font des animaux et des ustensiles en miniatures, entre

autres la tasse tiberna, le tajine à couvercle terughut et le mortier taferdut.

La description de ce jeu avec l'argile se trouve dans mon livre Cultures

Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux et jouets

(2005: 118-119). Ces adolescents ont souligné que ce sont plus souvent les

filles qui modèlent des ustensiles-jouets. Les filles utilisent ces ustensiles

en argile dans une maisonnette délimitée par des pierres et dans laquelle

196

Page 181: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

181

elles font éventuellement du feu. Ainsi elles imitent le travail ménager

comme elles voient faire leur mère.

Devant une maison dans l'ighrem ou ancien quartier fortifié de la même

ville j'ai observé en décembre 1996 comment trois fillettes étaient en train

de modeler avec de la boue des formes ressemblant à des ustensiles.

Après une averse et devant la porte de sa maison dans le quartier

populaire Aït Mansour à Midelt, Sarah, une fille de cinq ans, joue en

septembre 1999 avec la terre humide et une douille en plastique (fig. 197).

Questionnée, elle dit qu'elle fait des gâteaux comme elle a vu faire sa mère.

Au pied du Jbel Ayachi dans le village Ksar Assaka à 4 km de Midelt, le

jeu de dînette, appelée timesrit, se jouait vers la fin des années 1970 et le

début des années 1980 dans une maisonnette délimitée par des pierres (fig.

49, p. 88). Ce sont les mêmes groupes de jeu des filles comme pour le jeu

de poupée (Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées

d’enfants et jeux de poupées, 2005: 132-145). Pour ce jeu de dînette les

filles du groupe de jeu de Souad Laabib modèlent avec l'argile trouvée à

côté de sa maison paternelle des ustensiles-jouets. Parmi ces ustensiles on

trouvait le tajine, la marmite à deux anses avec couvercle, le réchaud et la

louche. La nourriture est remplacée par des herbes. Parfois les filles

197

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182

apportent quelques tomates qu'elles mangent avec un peu de sel. De temps

en temps elles réussissent à prendre des morceaux de sucre ce qui leur

apporte des réprimandes lorsque leur mère le remarque. Une fois que les

mets savoureux sont prêts, les filles organisent un petit festin. Selon les

souvenirs de Souad, née en 1968, le jeu de dînette des filles de six à dix

ans restait bien séparé du jeu de mariage des poupées pendant lequel une

dînette simple était d'usage. La préparation des brochettes est aussi imitée.

Pour cela une fille utilise la peau d'orange qu'elle pousse sur une brochette

ou un roseau fin. Puis elle fait semblant de tenir la brochette au-dessus d'un

feu imaginaire mais les morceaux de peau d'orange sont bel et bien

mangés. Quand les enfants reçoivent une orange ils s'amusent à mettre des

morceaux de sa peau sur une vraie broche et le tiennent au-dessus du feu

mais dans ce cas les morceaux ne sont pas mangés. Lors de la saison des

figues celles-ci sont mises comme un chapelet sur une tige d‟herbe dure et

mangées lors du jeu de dînette.

A cette époque aussi bien vers l'an 2000, les petits garçons peuvent

participer à ce jeu de dînette. Ali, un garçon de dix ans en septembre 1999,

m'a expliqué qu'ensemble avec les filles et quand il avait l'âge de cinq ou

six ans il a modelé les ustensiles avec l'argile comme par exemple le

mortier avec son pilon, le tajine avec son couvercle, le réchaud, la

bouilloire, la bouteille, le verre.

Une manière particulière de se procurer une délicatesse aussi imagée

que rare démontre l'inventivité des enfants. Ainsi les filles du même village

avaient l'habitude de s'offrir mutuellement du chocolat. Après une bonne

pluie la surface de la terre se crevasse en séchant. Les petites aussi bien

que les grandes filles prennent des morceaux de terre qu'elles considèrent

comme des tablettes de chocolat.

A mi-chemin entre Ksar Assaka et Midelt se trouve le village Taäkit. Là

j‟ai vu, en mai 2000 et en bordure de ce village sur un terrain rocheux

vague, plusieurs maisonnettes temporairement délaissées. Ces

maisonnettes sont espacées de quelques mètres et comportent tout le

matériel servant au jeu de dînette et de ménage. Ce terrain est propice à ce

jeu car bien que les filles soient hors de l‟emprise directe des adultes ils

restent néanmoins sous leur contrôle. En plus, les filles y trouvent tout ce

dont elles ont besoin : des pierres, des boîtes de carton et de fer blanc, des

bouchons, flacons, bouteilles et bidons en plastique, des morceaux de

poterie et de verre, des vieilles brosses, morceaux de bois et de roseau, etc.

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183

Dans le Haut Atlas les filles jouent aussi à la dînette et utilisent pour

cela des ustensiles-jouets comme dans la région d'Amellago. A Imîder, un

petit village près d'Amellago, j'ai trouvé en octobre 1999 une des

maisonnettes les plus élaborées que j'ai vue jusqu'à présent. Elle comporte

une grande maison, une maison du milieu ainsi qu'une maison plus petite

avec une chambre à provisions comme cela se voit sur le dessin de la

figure 100 (p. 121). Cette maisonnette délimitée par des pierres sert pour

des jeux de dînette et de ménage à un groupe de jeu avec trois filles et deux

garçons entre six et huit ans. Dans la chambre de provisions, el ghezîn, la

pièce supérieure de la petite maison tout à fait à gauche, j'ai trouvé dans un

vieux bidon noir pour 20 litres d'eau et caché sous le couvercle, toute une

série d'ustensiles en miniature modelés en argile par les filles et les

garçons. Les ustensiles jouets que ces enfants ont bien voulu me céder se

voient sur la figure 198.

Ils représentent de gauche à droite : une table à trois pieds (tabla, H = 4

cm, D = 9 cm) sur laquelle se trouve le plateau en alfa pour servir le pain

(tiswit, H = 2 cm, L = 7,5 cm, LA = 4,5 cm) avec un pain (D = 3 cm, E = 1

cm), une autre petite table à trois pieds, un plateau en poterie dans lequel

on fait du feu (elmsi, H = 2 cm, D = 9 cm) dans lequel trois pierres

soutiennent une marmite avec couvercle (teruhût, H = 5 cm, D = 7,5 cm),

un plateau en métal à deux anses (tumlilt, H = 1 cm, D = 4,5 cm), et une

autre marmite avec une louche (technjawt, L = 5 cm, LA = 2 cm). Parmi

les ustensiles on trouve aussi une copie du tajine et de son couvercle (H =

3,5 cm, D = 5,5 cm) avec des petits morceaux de l'épi de maïs grillé, et

d'un grand plat (tebsîl).

198

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184

La maison du milieu, taddert tènèmèst, contient en bas à gauche un pot

en plastique avec des os qui représentent selon les joueurs de la viande. A

côté il y a une grande pierre à casser les amandes. Dans la chambre se

trouvant dans le coin supérieur droit de la grande maison, taddert, située

au côté droit se voit une petite marmite à couvercle (D = 8 cm) et dans la

pièce du coin inférieur gauche une grande pierre fait figure de table.

Les filles du village Douar Ouaraben près de Tiznit se font toute une

série d'ustensiles-jouets pour leurs jeux de dînette et de ménage comme

ceux faites en juillet 2006. Elles modèlent ces jouets avec de l'argile puis

les font cuire dans un four qu'elles construisent à cette fin (fig. 199).

La figure ci-dessus montre la grande variété d'ustensiles et autres objets

pour le jeu de ménage modelés par quatre filles de cinq à dix ans. Il s'agit

d'une cafetière, d'un moulin à bras, de tajines, de plateaux, de récipients, de

bols, d'un mortier à pilon, d'une cuillère, d'un panier à gâteaux et à l'avant

de la photo de grands pains. Les mêmes filles créent aussi des palmiers à

dattes (fig. 200, p. 185).

199

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185

Souvent on boit avec le couscous le petit lait qui au village se fait encore

de temps en temps à la manière ancienne. Pour ce jeu une fille du village

Terloulou a fait une copie miniaturisée de la tagshult en mai 2006 (fig.

201).

200

201

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186

Comme font les femmes une fille prend en main les deux fils à l‟arrière

de la bouteille et ainsi elle balance en avant et en arrière ce récipient. Dans

la bouteille elle a mis un peu de sable. Après avoir balancé le récipient

quelque temps, la fille sort un peu de sable et y met quelques petites pierres

qui représentent le premier stade de la formation du beurre. Ce processus

est continué plusieurs fois et enfin le petit lait est séparé du beurre.

Dans les années 1980 et encore aujourd'hui les filles du village Ikenwèn

dans la région de Tiznit aiment de tout cœur jouer à la dînette. Un grand

groupe de filles joue ensemble, parfois même jusqu'à trente filles. Pour leur

jeu de dînette elles délimitent des maisonnettes avec des pierres et

modèlent des ustensiles en argile. Khalija Jariaa a fait les exemples des

ustensiles en septembre 2005.

La photo ci-dessus (fig. 202) montre à gauche un réchaud, facher, monté

d'un tajine (réchaud : H = 4,5 cm, D = 5,5 cm; tajine : H = 4,5 cm, D = 5

cm) et à droite un petit réchaud monté d'une bouilloire, l mokraj (réchaud :

H = 3 cm, D = 3,5 cm; bouilloire : H = 4,5 cm, D = 3 cm). Sur la photo ci-

dessous (fig. 203, p. 187) on voit de gauche à droite un panier à pain,

arbaèy (H = 2 cm, D = 7,5 cm), un tajine (H = 4,5 cm, D = 5 cm) et deux

pains (D+ = 4 cm) sur une table, l marfa (H = 3 cm, D = 10,5 cm), un

service de thé, tabla wa tèy (H totale = 4 cm, D+ = 8 cm), et un plateau

avec des gâteaux, tabsil l gato (plateau : H = 2,5 cm, D = 8 cm; gâteaux:

D+ = 1,5 cm).

202

Page 187: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

187

Tout un jeu de faire semblant se construit autour de la dînette, une dînette

auquel des garçons sont associés. Cela se passe sur la place commune à

côté de la mosquée. Les filles ne préparent pas la nourriture pour eux-

mêmes mais pour le fqih, un responsable religieux, et pour le berger. Ces

deux personnages sont représentés par un garçon et il y a aussi les

étudiants du fqih, quelques autres garçons.

La fille qui est responsable pour préparer la nourriture envoie son 'fils'

acheter de la viande au village voisin. Ce garçon se met en marche et après

qu'il s'est éloigné un peu revient avec la viande dans un sac en plastique.

Cette viande est remplacée par quelques bousiers dont on enlève les pattes

pour les mettre dans le tajine modelé en argile. La cuisinière y met les

épices et légumes préparés par les filles, des herbes et des plantes

recueillies sur place. Des coquillages d'escargots représentent les œufs du

tajine.

Une fois le manger est préparé la fille responsable de la cuisine l'apporte

au fqih. Elle lui dit : "Eh ! Fqih voici le déjeuner". Celui-ci fait semblant

d'en manger, puis donne ce qui reste à ses étudiants. Bientôt c'est le tour à

amksa, le berger. Il reçoit un dîner car il est parti toute la journée avec le

troupeau. En plus du tajine il reçoit le nécessaire pour faire le thé le

lendemain, des graines de terre qu'on trouve autour d'un nid de fourmis

comme thé et des pierres enroulées dans du papier blanc comme morceaux

de sucre.

203

Page 188: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

188

En septembre 2005 Khalija Jariaa m'a raconté que les meilleurs

ustensiles et jouets pour jeu de ménage étaient faites avec de la pâte

d'argan. Cette pâte permet de modeler finement des jouets car elle s'y prête

mieux que la boue ou l'argile. Il faut sécher ces jouets hors du soleil.

Pour me montrer ces jouets Khalija les a refait en modèle réduit mais

quand elle jouait avec pareils jouets dans les années 1980 ils étaient

environ trois fois plus grand (fig. 204, H+ = 6 cm, LO+ = 13 cm, D+ = 8

cm). Le toit de la maison tridimensionnelle est démontable. Lorsque les

filles jouaient avec une maisonnette de grandeur normale elles plaçaient

des poupées femmes sur le toit qui soi-disant regardaient les hommes en

train de danser la danse locale ahwash pendant une fête de mariage. A

gauche de la photo se trouvent un petit four à pain et un four surmonté

d'une bouilloire. En bas on voit un réchaud portable et un tajine et plus à

droite un instrument pour peigner la laine. Plus haut se trouve un récipient

pour huile d'argan puis un moulin pour broyer les noix d'argan. Ce moulin

est décoré avec de la laque pour ongles mais normalement on utilisait de la

peinture rouge. Au centre de la photo on voit un service de thé.

204

Page 189: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

189

Au village Idoubahman-Imjâd deux fillettes de deux ans et demi jouent à

la dînette en août 2006 (fig. 205). Elles font un repas avec les morceaux de

légumes et de pain qui sont dans le sac en plastique. La poterie utilisée par

les fillettes comme tajine fut faite pour eux par leur grand-père potier. Le

garçon de cinq ans qui était occupé à fabriquer une petite bicyclette avec

de fil de fer mange un morceau de pain qu'il vient de recevoir.

Avant que je m'installe à Sidi Ifni en 2002 Boubaker Daoumani

collectionnait déjà des jouets de ses élèves de l'école primaire du village de

montagne Lahfart et les gardais dans une petite salle annexe. Quand je lui

parlais de mon don de jouets au Musée de Jouets de Moirans-en-Montagne

en France, il m'a proposé d'y intégrer les jouets qu'il avait collectionnés

vers 2001. Parmi ces jouets il y a plusieurs ustensiles modelés en terre

argileuse. Les enfants utilisent certains de ces jouets pour leurs jeux de

préparation d'un dîner, le mortier à pilon (fig. 206, p. 190, H = 4 cm, D =

7,5 cm; pilon : L = 8,5 cm), les cruches à eau (fig. 207 p. 190, H+ = 5 cm,

D+ = 4 cm), marmites et tajines (fig. 208 p. 190, H+ = 6 cm, D+ = 5 cm),

les cuillères (fig. 209 p. 190, LO+ = 11 cm, LA+ = 3cm).

205

Page 190: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

190

D'autres ustensiles et du mobilier en argile s'utilisent pour la dînette à

proprement parler. Parmi les jouets faits par les élèves de la première et

deuxième année de l'école primaire de Lahfart vers 2001 j'ai trouvé des

tables (fig. 210, p. 191, H+ = 5 cm, D+ = 11 cm), sièges (fig. 211, p. 191,

H+ = 6,5 cm, LO+ = 5,5 cm, LA = 5,5 cm), tasses (fig. 212, p. 191, H+ =

3,5 cm, D+ = 3,5 cm), plateaux à gâteau (fig. 213, p. 191, H+ = 2 cm, D+ =

4,5 cm), plateaux à pain (fig. 214, p. 191, H+ = 2 cm, D+ = 6 cm) et un

panier à pain (fig. 215, p. 191, H+ = 6 cm, D+ = 6,5 cm).

207

206

208

209

Page 191: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

191

Ces enfants font aussi des services de thé. Celui de la figure 216 (p. 192)

contient à côté de la théière un pot à sucre, trois tasses et une cuillère (H+

= 4 cm, D+ = 3,5 cm). La théière du second set est intéressante à cause de

son bec retourné (fig. 217, p. 192, H+ = 4 cm, D+ = 3 cm).

211

212

213

214 215

210

Page 192: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

192

Un style de modelage différent se voit dans un dernier set modelé par un

autre élève de l'école primaire de Lahfart vers 2001. Ce set comporte une

théière, une cuillère, un mortier et un abreuvoir (fig. 218, H+ = 2,5 cm,

LO+ = 6 cm). Ce modelage a donné des ustensiles miniaturisés avec une

surface lisse.

Quand les enfants de la première et deuxième année de l'école primaire de

Lahfart ont été demandés de créer des jouets en mai 2005 ce sont surtout

les garçons qui ont fait des jouets modelés en argile. Ces jouets sont séchés

hors du soleil. Six garçons ont modelé une série d'ustensiles-jouets ainsi

que le nécessaire pour faire du pain. Mohamed, Youssef et Yasin, trois

garçons de six ans, et Brahim de sept ans ont fait ces jouets (fig. 219, p.

193). De gauche à droite on voit un moulin à bras, un tajine, un moulin à

bras, deux bols, un four pour cuire un ou deux pains, un moulin à bras, un

plateau mis sur une table à trois pieds, deux plateaux pour le pain, un

moulin à bras, un petit réchaud portable, un grand four pour cuire environ

trente pains et une pelle pour y mettre les pains (H+ = 8 cm, D+ = 9 cm).

216

217

218

Page 193: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

193

Saïd, un garçon de sept ans, a modelé la série d'ustensiles suivante : une

bouilloire, une théière sur un réchaud portable, un pot à lait avec anse et

bec verseur, deux tasses, trois bols, un tajine et un mortier. Il y a aussi un

moulin à bras (fig. 220, H+ = 7 cm, D+ = 6 cm).

219

220

Page 194: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

194

Ali, un garçon de neuf ans, montre les jouets qu'il a modelés en argile

(fig. 221). Les jouets qu'il a faits sont une table, deux tajines, trois bols,

une théière, un grand pain et deux moulins à bras (H+ = 5 cm, D+ = 7 cm).

Devant un des moulins à bras il a mis une femme (H+ = 3,5 cm, LO = 3

cm). Il y a aussi un poisson, une poule, une chèvre (H+ = 8 cm, LO+ = 9

cm) et une poupée en armature de roseau (H = 14 cm).

Le même garçon a encore

fait un jouet en argile

représentant l'ustensile en

poterie utilisé pour faire

du petit lait (fig. 222, H =

4 cm, LO = 6,5 cm).

221

222

Page 195: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

195

Les deux filles qui ont modelé des jouets en argile sont Aïcha de six ans et

Mina qui en a sept. Aïcha a fait un tajine et huit bols pour l'huile, la

confiture et le miel (fig. 223, H+ = 3,5 cm, D+ = 3,5 cm).

Mina a modelé une théière, deux tasses et deux bols, un tajine et une

marmite à couvercle (fig. 224, p. 196, H+ = 4 cm, D+ = 3,5 cm).

223

Page 196: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

196

En 2004 quelques filles de la même école ont fait en argile des ustensiles-

jouets comme le tajine, la grande cruche d‟eau à trois pieds et la marmite à

couvercle. Une d'elle a aussi modelé la table à trois pieds (fig. 225, H+ = 7

cm, D+ = 8 cm).

224

225

Page 197: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

197

Au pied de l'Anti-Atlas se trouve la petite ville côtière Sidi Ifni. Dans le

quartier Boulalem qui monte la pente, Zahira, une fille de sept ans, et une

autre fille de cinq ans s'amusent à préparer le couscous un jour d'avril 2005

(fig. 226). Du sable fin trouvé près de leurs maisons remplace le couscous

et le couscoussier est un petit pot de yaourt vide. Avant de remplir leur

couscoussier elles manipulent le sable comme une mère le fait lors de la

cuisson du couscous, une manipulation qui se répète trois fois. Comme le

jeu a commencé assez tard Zahira décide de le continuer le lendemain.

Le lendemain Zahira, l'organisatrice du jeu, continue seul la dînette. Après

qu'elle a mis en place les ustensiles-jouets, elle prépare el harira, la soupe

marocaine. Elle explique sa décision de faire la harira en disant qu'il fait

assez froid. La figure 227 (p. 198) montre Zahira portant l'assiette de

soupe. Après que deux voisines sont venues participer au jeu, deux garçons

du même âge sont arrivés et essaient de s'infiltrer dans le jeu.

226

Page 198: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

198

Zahira discute avec un des garçons qui viennent déranger et bien vite les

deux garçons s'en vont avec leur petite bicyclette (fig. 228).

227

228

Page 199: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

199

En avril 2006 sur le terrain vague devant

ma maison au quartier Boulalem à Sidi Ifni un

garçon est en train de faire un masque et un

fusil pour jouer à la guerre de Filistîn ou

Palestine (fig. 229). Une fille de six ans arrive

et dit : "quand ton travail est terminé, viens à

mon restaurant et je te servirai la soupe el

harira". Tout près la fille commence alors à

filtrer du sable avec une boîte de sardine

trouée (fig. 230).

Une fois qu‟elle a fait suffisamment de soupe elle le verse dans des

bouchons de bouteille de limonade, puis porte les bols de soupe au garçon

et ses compagnons de jeu (fig. 231, p. 200). Un peu plus tard à la tombée

de la nuit la fille joue de cuisiner un dîner pour les mêmes garçons.

229

230

Page 200: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

200

Quelques fois j'ai mentionné des garçons marocains créant des ustensiles-

jouets mais j'ai très peu d'information sur des garçons qui font semblant de

préparer un repas.

C'est ce qui s'est

passé dans le quartier

de Boulalem à Sidi

Ifni à la fin du mois

d'août 2005 lorsque

trois garçons ont

préparé un dîner avec

des herbes et du sable

(fig. 232). Cependant,

cette préparation de

la nourriture ne fait

pas partie d'un jeu de

dînette. Le garçon

avec le T-shirt blanc

est le chef (fig. 233,

p. 201) et il a dit de

se reposer et de

manger car il est déjà

midi.

231

232

Page 201: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

201

Dans son livre Quelques manifestations de l’esprit populaire dans les

juiveries du sud-marocain (Marrakech-Casablanca 1948-1958), Pierre

Flamand donne une description détaillée du jeu de dînette en relation avec

la fête juive de Pâques (p. 183-184) :

Tous les enfants du monde organisent des dînettes. Pour les fillettes

juives cela vient au second rang de leurs activités préférées, après la

poupée. Quelques garçonnets ne dédaignent pas de s'y joindre. Ce jeu

tire un grand prestige de son association aux festivités de Pâques et

d'une correspondance étroite avec un usage de la société musulmane,

dont les enfants se groupent à l'occasion de l'°Aïd-el-kébir (fête du

mouton, commémorant le sacrifice d'Abraham) pour préparer du

couscous dans de petites marmites de terre.

La dînette juive de Pâques comporte une préparation lointaine; les dons

en argent, exceptionnellement consentis aux enfants lors de la

célébration de Pourim, se consacrent à l'achat du matériel nécessaire.

Jusque vers 1945, la poterie artisanale locale pourvoyait à ce besoin,

par la production de marmites, jarres, fait-tout de modèles réduits, que

les cuisinettes en aluminium ou en tôle légère supplantent

progressivement. Le matériel d'argile n'est plus acheté que par l'enfance

rurale et par les citadins très pauvres. Encore ces derniers penchent-ils

233

Page 202: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

202

vers l'achat de copies du matériel moderne, réalisées par les

ferblantiers indigènes à partir de vieilles boîtes de conserve.

La jeunesse safiote (Safi) - juive et musulmane - se conforme toutefois à

une tradition favorisée par l'industrie locale; elle conserve la vaisselle

d'argile. 25 % des écoliers juifs safiots considèrent même sa

préparation comme leur occupation préférée. Ils délayent puis

pétrissent l'argile en poudre que les potiers leur fournissent

gratuitement et acceptent même de cuire.

Le dernier jour des fêtes de la Pâques, les fillettes se réunissent.

Chacune a quémandé quelques victuailles. Les enfants des riches,

groupés entre eux, disposent de viande et d'huile, de farine, d'œufs et de

sucre; les petits pauvres mènent leur jeu avec des simulacres; la mie de

pain enrobée de sucre tient lieu de pâtisserie.

Le menu se discute sérieusement entre les participantes puis elles se

répartissent les tâches : "j'épluche les légumes, je les lave... dans

chaque marmite je mets un peu d'huile, du sel, du curcuma (safran du

pauvre), de la pomme de terre... ma sœur lave la vaisselle, essuie les

parquet... mon autre sœur place les assiettes". Des problèmes naissent

de la variété des apports : "Simy a apporté de la viande, je vais chez

maman, elle me montre comment on fait des boulettes; Rachel se charge

de nettoyer la viande, moi j'allume le feu dans les minuscules

fourneaux". "Enfin, nous voici toutes assises en rond, les pieds

croisés"... "Mon frère dit le kidouch (la bénédiction) et nous goûtons

toutes le vin béni"... Tantôt trop cuits (mlisda)... tantôt à moitié

(mgezma) nos mets ont un aspect lamentable; cela ne nous empêche pas

de les déclarer délicieux" (note 42 : extraits de devoirs rédigés par

Janine et Jacqueline Ohayon et Mimy Oussadam de l'Ecole de l'Alliance

Israélite Universelle d'Imint-Anout (Imi-n-Tanoute), Suzanne

Mahemany et Fiby Aflalo de l'école de l'A.I.U.J. Bigart à Marrakech).

Ces heures de plaisir enfantin cherchent à se prolonger au-delà du

temps rituel. Mais les jours de congés scolaires seuls y conviennent.

Encore ne peut-on le samedi, que simuler le jour de Sabbat. D'autre

part, l'approvisionnement des cuisinettes se fait difficile en raison de

l'épuisement des ressources familiales entraîné par la célébration de la

Pâques. Aussi l'enthousiasme ne se soutient-il guère au-delà du jour

faste de cette activité.

Page 203: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

203

Les adultes et plus particulièrement les mères de familles considèrent

ces jeux avec une attention entièrement sympathique; leurs enfants s'y

initient à leurs futurs travaux ménagers; la tradition locale s'y maintient

et s'y fortifie de pratiques enfantines quelquefois charmantes (à toute

dînette comportant l'usage de vaisselle neuve, les enfants invitent leurs

parents); quelquefois terriblement significatives de la pauvreté générale

(les invités payent).

Cet auteur mentionne (p. 209) le jeu de la fabrication de jus, qui est aussi

bien un jeu de filles que de garçons. Ce jeu s'appelle :

Limone. - Breuvage obtenu en mettant tremper du Habsouss - végétal à

saveur sucré - dans de l'eau légèrement sucrée et colorée avec de

l'Ellouana - poudre existant en divers coloris, préparée spécialement

pour cet usage. Ce mélange se fait au jugé, sans proportions définies;

on l'agite vigoureusement puis on le met dans des récipients de fortune

(vieux flacons de Coca-Cola, Pepsi-Cola... etc.). Cette préparation

s'effectue traditionnellement pendant la fête de Chabouoth, dans la

plupart des familles. Les gens aisés offrent à leurs enfants le matériel

nécessaire pour qu'ils s'en acquittent eux-mêmes. Les enfants

considèrent cette tâche comme un jeu. Les plus avisés ajoutent au

plaisir de cette manipulation et à la joie de déguster leur Limone, la

recherche du profit; ils vendent ou troquent une partie de leur

production à leurs camarades.

Il est à remarquer que le jeu de poupée, surtout lorsqu'il s'agit de fêter les

noces, peut comporter une dînette. Une description de ces jeux figurant le

mariage de la poupée-jeune mariée se trouve dans mon livre Cultures

Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de

poupées.

La collection du Musée du Quai Branly possède plusieurs ustensiles-

jouets en argile, le plus souvent vernissé, faits par des artisans ou artisanes

tunisiens qu'utilisent aussi bien les enfants musulmans que juifs. Ces jouets

collectionnés en 1933 (71.1933.77.150.1-3, 71.1933.77.160) et en 1934

(71.1934.23.1-4) sont des copies du réchaud, du couscoussier, de la

marmite, du plat et du bol (catalogue p. 396).

Page 204: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

204

Aimé Dupuy mentionne les mêmes ustensiles-jouets et y ajoute des

gargoulettes en miniatures, tous modelés aussi bien à Nabeul qu'à Guelalla

sur l‟île de Djerba (1933: 317).

Lors d‟un voyage en Tunisie en 1987 j‟ai vu au Musée de Sousse cette

photo montrant une fillette assise dans une chambre en milieu urbain (fig.

234). Sa poupée est visiblement faite sur place, peut être par la fille elle-

même. A ce moment la photo avait l‟air d‟être faite depuis tout un temps.

Une série d‟ustensiles jouets en poterie et en fer blanc sont exposés devant

la fille. Tout à fait à gauche il y a aussi un sac. Cette scène fait penser au

jeu de poupée à dînette des filles nord-africaines.

Lors du même voyage j'ai acheté dans un magasin de Nabeul un petit

service à café avec une cafetière, un sucrier, un pot à lait et six tasses et

sous-tasses vernissés avec un décor géométrique ou floral bleu sur fond

blanc (fig. 235, p. 205, H+ = 6,5 cm, D+ = 6 cm). J'ai aussi acheté le même

service à café en terre cuite non vernissée (H+ = 6 cm, D+ = 5 cm).

234

Page 205: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

205

Un premier exemple de pipe-jouet modelé en argile par des enfants touareg

a déjà été mentionné (fig. 165, p. 162). Un second exemple provenant de la

petite ville Imzouren dans le Rif oriental marocain est fait en superposant

l'une dans l'autre des

cupules de glands. Un

dernier exemple vient

du village Ikenwèn

dans la région de

Tiznit. En juin 2006 un garçon de neuf ans l'a fait en mettant une tête de

pipe trouvée sur un bout de roseau (fig. 236).

235

236

Page 206: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

206

3 Les occupations ménagères dans les jeux et jouets

3.1 Résumé

La référence la plus ancienne date de 1889 et la plus récente de 2006. Les

données mentionnent l'imitation ludique des travaux ménagers par les

enfants des Touaregs, Ghrib, Maures, Mozabites, du Sahara Nord-

occidental, des Teda, Chaouïa, Belbala et du Maroc.

Ce chapitre décrit l'interprétation des enfants des tâches féminines

comme chercher du bois, chercher de l'eau, moudre le blé, faire le pain,

fabriquer de l‟huile, laver le linge, filer, tisser, et aussi se faire belle.

Les jouets utilisés pour ces activités ludiques sont fabriqués par les

enfants eux-mêmes surtout avec de l'argile, du gypse ou de la boue. Parfois

ils sont faits par des adultes ou proviennent de l'industrie du jouet. Ces

jouets représentent des récipients d'eau, des puits, des fours, des

planchettes à laver, des fuseaux, des métiers à tisser et du matériel pour se

faire belle.

Imiter les occupations ménagères appartient plutôt au jeu des filles qu'au

jeu des garçons. Néanmoins, les garçons ne dédaignent pas ces jeux et ils

font parfois les jouets s'y référant. Dans ce cas il s'agit surtout de construire

des puits, des moulins à bras et des fours.

3.2 Chercher du bois

Cette occupation qui dans le milieu rural est une tâche presque journalière

peut mener les enfants à un jeu d'imitation. Cependant je n'ai rencontré

cette activité sous sa forme ludique qu'une seule fois et dans la

bibliographie consultée elle n'a pas été mentionnée. Cette unique

observation se produisit dans l'oasis El Faouar au Sahara tunisien où un

garçon ghrib de trois ans s'efforçait en octobre 1975 de transporter un

fardeau de branchettes qu'il a ramassé près de sa maison (fig. 237, p. 207).

Page 207: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

207

Lors d'une visite de recherche à Zaïda, un village amazigh le long de la

route de Meknès à Midelt et à 30 km avant cette dernière ville, j'ai observé

début septembre 1999 trois filles de sept à huit ans et un garçon de six ans

arrachant à la pioche des arbustes utilisés pour cuire le pain (fig. 238).

Cette activité très utile se déroulait dans une ambiance ludique. On peut

donc parler d'un travail bien amusant mais nullement d'un jeu d'imitation.

134

237

238

Page 208: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

208

3.3 Chercher de l'eau

Contrairement à l'unique exemple de jeu imitant le ramassage de bois, il y

a plusieurs jouets liés à la tâche domestique primordiale de chercher de

l'eau. Il s'agit de puits, de cruches, d'un récipient à eau et d'un trépied à

outre.

Dans plusieurs endroits du Sahara les enfants font des imitations de

puits d'eau. Dominique Champault écrit concernant le jeu de maison que

les garçons belbala s'occupent à réaliser des puits en miniature (voir p.

115-116). Elle a aussi collectionné en juin 1951 un petit puits à poulie

comportant "un tesson de poterie meulé en disque perforé, reposant sur une

petite branche de tamarin posée horizontalement sur deux montants

verticaux mortaisés. La hauteur des montants mesure 12 cm et le diamètre

du disque 4 cm. Ce puits à poulie s'intègre dans le mobilier essentiel du jeu

de la maison : ga negneyu" (fiche d'objet, D. Champault, 71.1952.27.44).

Des puits-jouets étaient aussi utilisés dans le jeu de ménage ou de

l'élevage par les enfants touaregs comme le prouve un puits à balancier en

miniature recueillie par la Mission René Pottier en 1934 chez les Touaregs

Kel Djanet des Touaregs Kel Ajjer de Ghât dans le Sahara libyen

(71.1937.21.112, H = 80 cm). Ce jouet ressemble le petit puits teda décrit

ci-dessous.

Parmi les ustensiles-jouets fabriqués par les servantes noires des Maures

de Oualata se trouvent des récipients à eau (p. 166). Charles Béart

mentionne onze petites chansons que les fillettes maures chantent

lorsqu'elles imitent la tâche de chercher de l'eau (1955: 146-148).

En 1934 La Mission Le Cœur a ramené de chez les Teda du Tibesti au

Sahara tchadien un petit puits à

balancier fabriqué par un enfant pour

servir dans son jeu (fig. 239,

71.1935.50.183). Ce jouet comporte

deux montants de bois, d'une hauteur

de 30 cm, qui se terminent par des

fourches fermées. Dans les trous une

barre transversale de 27 cm de

longueur est introduite. Cette barre

porte une perche de 46 de long. D‟un

côté de la perche la corde du seau est accrochée et de l'autre côté pend un

239

Page 209: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

209

balancier de pierre. Les différentes parties sont liées par des liens de

palmier, de cuir et d'étoffe.

Corneille Jest a donné au Musée de l'Homme un puits en miniature

provenant de Tindouf dans la Vallée de la Saoura (Sahara Nord-occidental

) mais qui semble être perdu (71.1962.51.4). Heureusement la Photothèque

possède une photo de Corneille Jest montrant comment en 1960 des

enfants de la Vallée de la Saoura faisaient à côté d'un palmier irrigué une

imitation du puits dans le sable humide (fig. 240).

Les enfants mozabites (Goichon, 1927: 58) font vers 1920 des puits :

copiés sur le curieux puits du pays : un trou assez profond pour pouvoir

y verser de l'eau; puis une haute margelle en terre. Au sommet des

montants de terre, une poulie taillée au couteau dans une planchette

soutient une ficelle, liée par l'une de ses extrémités à un petit delû en

cuir ou en chiffons - et l'on tire de l'eau pour arroser un pied de menthe

dans le jardin.

240

Page 210: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

210

L'ustensile-jouet le plus ancien de la

collection étudiée se réfère aussi à l'activité

de chercher de l'eau. Il s'agit d'une petite

cruche vernissée offerte en 1889 au Musée de

l'Homme par le Gouvernement Général de

l'Algérie. Elle est en terre cuite avec un décor

rougeâtre sur fond blanc. L'origine exacte de

cette cruche-jouet n'a pas été indiquée mais

elle pourrait provenir de la région kabyle

(fig. 241, 71.1889.120.66, H = 11 cm).

Ce musée possède aussi un trépied à outre

en miniature provenant des enfants Chaouïa

de Tadjmout Kebech de l'Aurès en Algérie en 1936. Il est fait de trois

bâtons de laurier rose de 23 cm de longueur qui sont attachés ensemble en

haut par une bandelette d'étoffe rouge (71.1936.2.273).

Une autre cruche-jouet en terre cuite à

anse et à décoration rougeâtre en forme

d'arête ou motif floral provient des enfants

amazighs du village Achouia, Souk Taza au

nord du Maroc. Monsieur Herber l‟a

donnée au Musée de l'Homme en 1933 (fig.

242, 71.1933.74.1, H = 13 cm).

Un des jouets que les enfants Aït Ouirra

de la région d'El Ksiba dans le Moyen

Atlas reçoivent pour la fête d'°Ashûra sont

des petites gargoulettes, appelée

„tikallaline‟ (Oubahammou, 1987: 85).

Les filles jouent aux travaux de la ferme à Ifrane a/s situé à environ 25

km de Bouizakarne qui se trouve sur la route de Tiznit à Guelmim. Pour ce

jeu elles ont des vaches représentées par des rameaux de palmier séchés

pour les grandes vaches et des rameaux verts pour les veaux. Les chèvres

et les moutons sont des morceaux de rameau. La ferme est délimitée avec

des pierres. Pour abreuver les animaux une fille fait semblant de puiser de

l'eau dans le puits qui se trouve à côté de la ferme. Le modèle de puits de la

figure 243 (p. 211) a été fait en août 2006 par Khadija une jeune mariée de

dix-huit ans. Quand il n'y a pas de petits récipients en plastique, on utilise

des boîtes en fer blanc. Le puits est remplit de sable qui fait office d'eau.

241

242

Page 211: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

211

3.4 Moudre le blé

Plusieurs exemples de moulins à bras en miniature provenant d'enfants

ghrib du Sahara tunisien, d‟enfants teda du Sahara tchadien ou d'enfants

amazighs marocains indiquent que le jeu d'imitation de moudre le blé est

assez courant. C‟est surtout un jeu de fille mais occasionnellement un petit

garçon le joue aussi.

Dans les années 1970 les filles ghrib s'exercent en jouant à moudre le

blé avec une meule appelée rh'aiya, le diminutif de rh'â le moulin à bras

des femmes. La copie de ce moulin à bras des femmes se fabrique avec du

gypse par les filles elles-mêmes à partir de l'âge de dix ans environ.

243

Page 212: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

212

Pour construire un moulin à bras en

miniature, une fille ou éventuellement sa

mère ou une sœur plus âgée agit de la manière

suivante : deux disques d'un diamètre

d'environ 15 cm sont modelés avec du gypse

et dans le disque qui servira de base un

bâtonnet est fixé au milieu. Sur l'autre disque

on introduit près du bord un bâtonnet dont la

longueur dépasse la largeur d'une main et au

milieu du disque on fait un trou. Les deux disques sont maintenant

saupoudrés de sable fin et mis à sécher (fig. 244). Quand les disques ont

durci, la fille peut se servir de son moulin à bras en passant le disque troué

sur le bâton de l'autre disque. Du sable servira de grains mais

occasionnellement se seront de vrais grains (fig. 245).

244

245

Page 213: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

213

Le jeu de moudre le blé chez les Teda consiste à écraser des grains de

sable figurant le blé sur une pierre plate (Béart, 1955: 129).

Dans le Haut Atlas au village amazigh Amellago Hakim, un petit garçon

de trois ans, a fait un moulin à bras (fig. 246). Pour cela il utilise de la terre

prise dans le petit canal d'irrigation.

Ce moulin, appelé tigrit, est fait en deux pièces, un premier disque avec un

bâtonnet introduit au centre et un deuxième disque avec un trou au centre

et un bâtonnet fixé dans le bord. En assemblant les deux disques Hakim

peut commencer à produire sa farine imaginaire.

Dans le Moyen Atlas, au village Arhbalou-n-Serdane sur la route de

Khénifra à Boumia, les filles entre quatre et onze ans se modelaient dans

les années 1940 un moulin à bras ou takrût. Ce jouet s‟utilise pour la

dînette faisant partie du jeu de mariage avec la poupée-jeune mariée

(Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et

jeux de poupées, 2005, p. 127-128).

Chez les Aït Ouirra de la région d'El Ksiba dans le Moyen Atlas "la

petite fille à travers les jeux de sable, apprend à construire des petites

meules pour écraser le blé" (Oubahammou, 1987: 51).

246

Page 214: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

214

Les adolescents de la petite ville amazighe Goulmima, à 40 km

d'Errachidia sur la route vers Ouarzazate, ont lors de la reconstitution du

jeu anhader swalut ou jouer avec l'argile, construit un moulin à bras en

miniature en septembre 1994. Alors ils m'ont expliqué que ce sont surtout

les filles qui le font et rarement les garçons. Pour une description de ce jeu

avec l'argile voir mon livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-

Africaines. L'Animal dans les Jeux et Jouets (2005: 118).

Que les garçons font des

moulins à bras-jouets est

attesté parce que j'ai

observé au village amazigh

Aït Ighemour au pied du

Jbel Siroua dans le Haut

Atlas en octobre 1994. En

même temps que les

ustensiles-jouets de la

figure 195 (p. 179) un des

garçons a modelé une belle

copie du moulin à bras (fig. 247, H = 9 cm, D = 11 cm).

Vers 2001 Boubaker Daoumani a reçu un grand nombre de jouets en

argile de ces élèves de l'école primaire du village de montagne Lahfart

dans la région de Sidi Ifni. Parmi ces jouets il n'y a pas moins de 22

moulins à bras (fig. 248, 249 p. 215, H+ = 8 cm, D+ = 11 cm).

247

248

Page 215: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

215

La diversité de grandeur et de design de ces moulins à bras est assez

remarquable. Comme on le voit sur le moulin à bras au centre de la photo,

les enfants utilisent parfois des vrais grains pour imiter de moudre le blé

(fig. 249).

Comme mentionné dans le chapitre Le jeu de dînette et les ustensiles-

jouets Boubaker Daoumani a

collectionné auprès de ces élèves une

deuxième série de jouets en mai 2005.

Parmi les jouets modelés en argile il y

en a un que je n'ai encore jamais vu. Il

s'agit d'un moulin à bras pour moudre

le blé devant lequel est mise une

femme assise (fig. 250). Le fait qu'Ali,

un garçon de neuf ans, ait modelé cet

ensemble le rend encore plus

remarquable. A ce moment d'autres

élèves de la première et deuxième

classe ont modelé des jouets en argile.

Parmi eux il y avait six garçons et deux

filles. Tous les garçons ont fait un

moulin à bras mais seulement une des deux filles (fig. 219-224, p. 193-

196).

249

250

Page 216: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

216

Lorsque j'ai visité le village Igîsel à environ 3 km de la source d'eau

chaude Abaynou près de Guelmim dans le Pré-Sahara en septembre 2005,

Sarah, une fille de neuf ans, m'a montré les jouets qu'elle faisait en argile

pour son jeu de dînette et de ménage (fig. 251). Parmi ces jouets se

trouvent deux moulins à bras pour moudre le blé et un pour faire de l'huile

argan. Le foyer sur le côté gauche est une copie exacte du foyer montré à

gauche de la figure 257 (p. 220).

251

Page 217: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

217

3.5 Faire le pain

Dans la citation complète qu'on peut lire lors de la description du jeu des

maisons (p. 115-116), Dominique Champault (1969: 348-349) écrit que les

filles belbala font des fours et des pains. Les pains sont :

faits en test d'œufs d'autruche. Le fragment de coquille brut est posé à

plat sur un caillou, la convexité en dessous, et les bords en sont écrasés

par très petits coups avec un caillou pointu. L'enfant fait arrêt à chaque

coup, avec le pouce. Le grésage des bords se fait avec un caillou plat.

Lorsque les enfants vont au pâturage au pied de la dune dans une

région de naba, les pains seront tout simplement des boules de sable

moulé, parfaitement sphériques.

Parmi la série de cupules creusée dans la roche tendre pour créer une

maisonnette il y a une cupule qui représente le four pour cuire le pain.

Chez les Aït Ouirra vivant dans le Moyen Atlas, les fillettes construisent

lors de leur jeu de sable des fours et elles font des galettes de pain

(Oubahammou, 1987: 51, 127).

Un groupe de jeu de trois filles et deux garçons de six ou sept ans du

village amazigh Imîder dans le Haut Atlas a construit une grande

maisonnette en septembre 1999 (fig. 100, p. 121). Cette maisonnette

comporte entre autres une maison du milieu avec une pièce annexe où se

trouve un four fait d'une grande boîte de conserves de tomates sur lequel

un pain, une galette d'argile avec des petits trous, se cuit. Parmi les

ustensiles-jouets modelés par ces enfants il y a aussi la planche à pain et le

grand plateau pour cuire le pain, tous les deux avec un pain d'imitation

(fig. 198, p. 183).

Vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, les filles du

village amazigh Ksar Assaka, près de Midelt, aimaient construire un petit

four à pain. Pour faire le four les filles construisent d'abord l'armature en

forme de dôme avec des tiges d'herbes sèches sur laquelle de l'argile est

appliquée. Le four d'environ 20 cm de haut et 30 cm de diamètre a une

large ouverture et un trou en haut. A travers l'ouverture quelques morceaux

de bois sont placés d'un côté dans le four et de l'autre côté sont mis les

pains en argile. Après la cuisson des 'pains' les braises sont sorties du four

et étalées juste devant le four pour servir à faire bouillir le thé fait de

Page 218: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

218

feuilles d'arbustes mais qui n'est pas bu. Le groupe de jeu comporte

plusieurs filles mais rarement plus de six et cela se passe dans le jardin de

la maison d'une des filles. Un garçon de ce village m'a raconté en 1999

qu'il participait à ce jeu lorsqu'il avait l'âge de cinq et six ans vers 1995. Il

a ajouté à la description qu'il y a aussi l'imitation de la pelle en bois servant

à mettre les pains dans le four.

En août 1999 et dans le quartier populaire Taddawt de la petite ville de

Midelt au Maroc central, quatre filles entre quatre et huit ans sont en train

de faire des pains ronds avec de la boue. Elles aplatissent les disques avec

leurs mains et les mettent au soleil pour les faire cuire. En novembre 1996,

une fille de huit ans du village She°ba tout près de Midelt a préparé dans

une casserole noire la pâte de pain avec de la vraie farine (fig. 111, p.

128). Ce pain ou éventuellement des biscuits sont cuits sur un feu. Cette

fille et sa copine m‟ont dit utiliser aussi de l‟argile en guise de farine.

Dans le petit village amazigh Ikenwèn, situé à 30 km de Tiznit au bord

de la route vers Tafraoute, les filles d'aujourd'hui aiment imiter la

fabrication du pain comme cela se faisait quand leurs mères étaient jeunes.

Les grandes filles créent parfois de belles copies des petits et des grands

fours avec les ustensiles nécessaires. Le grand four est utilisé pour cuire

environ vingt pains à la fois (fig. 252, H = 12 cm, D = 15 cm). Devant ce

four il y a la pelle en bois avec un pain et à côté se trouve une bouilloire.

Pour chauffer l'eau la bouilloire est mise sur le petit four dans lequel on

voit un grand pain (fig. 253, H totale = 13 cm, D = 7cm). Ce matériel de

jeu était utilisé par Khalija Jariaa vers 1985. En 2005 elle a fait les

exemples ci-dessous.

252

253

Page 219: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

219

Dans le cadre de leur jeu de construction et de poupée (p. 104-108), une

fille et son frère vivant dans une maison isolée à Lagzira près de Sidi Ifni

développent plusieurs thèmes. Un de ces thèmes joué par la fille Halima de

six ans est de cuire du pain (fig. 254).

Parmi les jouets en argile que Boubaker Daoumani a reçus de ses élèves du

village Lahfart dans l'Anti-Atlas en 2001 se trouvent cinq fours pour cuire

le pain (fig. 255, H+ = 6 cm, D+ = 16 cm). Pour créer le dôme du four au

centre de la photo l'enfant a utilisé un sac en plastique remplie de terre.

254

255

Page 220: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

220

La figure 251 (p. 216) montre une fille du village Igîsel près de Guelmim

dans le Pré-Sahara. Parmi les jouets qu'elle a faites en 2005 se trouve un

grand four pour cuire du pain avec une ouverture en haut (fig. 256, H = 8

cm, D = 19 cm). Dans l'ouverture se trouve un grand pain.

Cette fille a réalisé une belle copie du four à pain qui se trouve dans sa

maison comme on le voit sur la photo suivante (fig. 257).

Dans la petite ville côtière Sidi Ifni, j'ai vu en novembre 1998 trois frères

arabophones d'entre huit et douze ans en train de jouer dans le jardin de

leur maison en bordure de la falaise surplombant la plage (fig. 258, p. 221).

256

257

Page 221: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

221

Ensemble ils ramassent le matériel nécessaire comme du bois, des pierres

et de l‟argile pour construire une copie du grand four à pain (fig. 259).

En bas de ce jardin ils ont érigé avec trois pierres un ferrân ou four

d'environ 40 cm de longueur sur 30 cm de haut (fig. 260, p. 222).

144

258

259

Page 222: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

222

Sur ces pierres ils ont mis un morceau de plastic noir puis un morceau de

carton et enfin un épais morceau de bois sur lequel ils mettent les 'pains',

des boules de terre humide (fig. 261). Un peu plus tard ces boules sont

devenues des projectiles de combat.

261

260

Page 223: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

223

3.6 Fabriquer de l‟huile

Au petit village amazigh Ikenwèn, situé à 30 km de Tiznit le long de la

route vers Tafraoute, les filles jouent à produire l'huile argan, une huile

renommée pour ces qualités exceptionnelles. On peut jouer cela pendant

toute l'année mais il est préférable de le faire un jour de pluie car il est

alors plus facile de fabriquer les jouets nécessaires. Ce jeu existe depuis

longtemps dans ce village et il est encore joué aujourd'hui.

Khalija Jariaa, une femme de trente ans, a donné la description de ce jeu

dans lequel les filles imitent le travail des femmes. Un groupe de filles

entre six et huit ans s'y adonne en l'incorporant dans d'autres jeux de faire

semblant. En même temps que le jeu de la production de cette huile, les

filles jouent aussi à chercher du bois, à préparer le dîner et à garder les

animaux.

Khalija a fait une copie des jouets qu'elle et d'autres filles ont faits dans

les années 1980 mais qui sont encore créés actuellement. En mélangeant la

boue avec de la paille on évite que les jouets se brisent facilement. Le

premier jouet est lié à la casse de la coquille des noix. La fille place un

tisseguiz ou plateau d'environ 20 cm de diamètre sur un morceau de carton

ou une natte. Elle prend plusieurs noix de l'arbre argan qu'elle dispose sur

le plateau et y met aussi quelques noix dont la peau extérieure est déjà

enlevée. Après avoir dépulpé les filles essaient de concasser la noix en la

frappant avec une pierre selon la manière spécifique des femmes (fig. 262).

262

Page 224: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

224

Lors de la seconde étape dans la fabrication de l'huile argan il faut

torréfier les amendes. Un petit inkèn ou fourneau à trois pieds et un plateau

afellun sont modelés (fig. 263, D = 8,5 cm, H = 7 cm). Khalija insiste sur

le fait qu'elle allumait un petit feu dans ce fourneau mais pour torréfier des

amendes cela se faisait sur un feu plus grand et avec une poterie posée sur

trois pierres.

Une fois que les amendes sont torréfiées la fille pulvérise quelques

amendes puis met cela dans le moulin à bras appelé azerg (fig. 264, L = 22

cm, B = 14 cm). A la place des amendes du sable était souvent utilisé.

263

264

Page 225: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

225

Après le broyage la substance est placée dans le récipient tikins. Puis on

le travaille pour qu'elle devienne une imitation de la pâte amelu qui donne

l'huile. Les filles mélangent de l'eau avec du sable pour imiter la pâte et

elles y ajoutent un peu de sel comme lorsqu'on fait du vrai amelu. Khalija

raconte que pendant tout un temps elle observait de près comment une

vieille femme préparait l'huile argan puis elle se mettait à l'imiter. Un jour

la mère de Khalija a regardé faire sa fille de quatorze ans à son intrus.

Voyant qu'elle connaissait bien comment faire amelu en jouant sa mère lui

a dit que dorénavant elle pouvait aider à vraiment préparer amelu. Khalija

se rappelle qu'elle a beaucoup regretté cette réaction de sa mère car elle

voulait continuer à jouer avec les autres filles. Elle souligne aussi que c'est

la raison pour laquelle les grandes filles font attention de jouer au ménage

hors de vue de leurs mères. Elles craignent que leur mère dise “tu connais

comment faire le ménage et tu dois donc m'aider aux tâches ménagères au

lieu de t'amuser avec les filles”.

Un autre ensemble pour préparer l'huile argan comme on le faisait à

Ikenwèn se voit sur la photo suivante (fig. 265, H+ = 6 cm, D+ = 16 cm). Il

a été modelé aussi par Khalija Jariaa en septembre 2005. Il y a un grand

moulin avec son bec verseur typique supporté par trois pieds, un récipient

avec un bec et deux poignets, une tasse à poignet pour verser de l'eau, un

bol et un tabouret à trois pieds.

265

Page 226: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

226

Les filles de Douar

Ouaraben près de Tiznit

dont les ustensiles-jouets

en argile ont déjà été

décrits (p. 184), modèlent

aussi le moulin pour broyer

les amendes d'argan (fig.

266). Ce moulin est mis sur

trois pierres. Sur la photo

on voit aussi le récipient

pour la pâte d'argan et le

bol pour l'eau nécessaire

pour travailler la pâte. A

droite du moulin se trouve

le tabouret utilisé par la

femme. Les ustensiles sont

modelés en argile puis

cuits dans un four fait par

les filles. Ces jouets ainsi

que la poupée femme en

armature de roseau ont été

faits pour un jeu de ménage

en juillet 2006.

En 2001 Boubaker Daoumani a rassemblé un important ensemble

d‟ustensiles-jouets. Ces ustensiles en terre argileuse ont été faits par les

enfants des deux premières années de l‟école primaire du village Lahfart

dans l‟Anti-Atlas. Parmi ces jouets j‟ai trouvé trois moulins pour fabriquer

l‟huile d‟argan avec un bec verseur (fig. 267, H+ = 5 cm, D+ = 7 cm).

266

267

Page 227: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

227

Sarah, la fille de la figure 251 (p. 216) vivant au village Igîsel près de

Guelmim, a fait en 2005 un moulin à bras pour faire de l'huile argan et un

récipient. Ce moulin a un bec verseur tout comme les autres moulins de ce

type. A droite de la figure suivante on voit ce moulin ainsi que le récipient

et un plateau avec quelques noix grillées. On y voit aussi deux moulins à

bras pour moudre le blé, un plateau avec quelques graines, deux tajines, un

réchaud portable et une bassine (fig. 268, H+ = 6 cm, D+ = 9,5 cm).

268

Page 228: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

228

3.7 Laver le linge

Dans une échoppe de la Médina de

Rabat j'ai trouvé en 1993 un des rares

jouets en bois encore fabriqués par des

artisans. Il s'agit de la planchette à

laver pour fillette. La plus grande

planchette que j'ai achetée a un

rectangle surélevé en lamelles de bois

(fig. 269, LO = 19 cm, LA = 6,5 cm).

Ce rectangle manque à l‟autre

planchette (LO = 15 cm, LA = 4,5 cm).

Une deuxième référence au jeu imitant le lavage du linge se trouve dans

la description des maisonnettes des filles marocaines du quartier Daoudiyât

de Marrakech. Ces filles utilisent une petite boîte de conserves ronde qui

représente la cuve de lessive (p. 111).

Les données sur les jeux liés au lavage du linge sont très limitées. Chez

les filles ghrib des années 1975 et 1977 je n‟ai pas trouvé d‟activité

ludique référant à cette tâche. Le fait que des jeunes filles aident déjà à

laver le linge de la famille peut en partie expliquer cette situation (fig.

270).

269

270

Page 229: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

229

3.8 Le filage

Chez les Ghrib du Sahara tunisien le filage de la laine était une occupation

régulière des femmes dans les années 1970 (fig. 271).

Il n'est donc pas étonnant que les fillettes s'entraînent à partir de l'âge

d'environ quatre ans à le faire avec un fuseau d'imitation (fig. 272, p. 230).

La fabrication de ce fuseau-jouet se faisait à partir de l'âge de sept ou huit

ans. Le nom donné au jouet est mughzel jella, le fuseau (el mughzel) à

crotte de dromadaire. Il est construit avec un bâtonnet d'environ 25 cm

dont on plie une extrémité. Près de cette extrémité pliée la crotte est fixée.

Afin de s'exercer à filer la laine, la fille fait tourner son fuseau en roulant le

bas du bâtonnet sur la cuisse et en tirant le fil de laine (fig. 273, p. 230).

Chaque bout de fil ainsi filé est mis autour du fuseau en bas de la crotte.

Même si la fille voit cette activité comme un jeu, les mères le voient

comme un entraînement et incitent leurs filles à faire de leur mieux.

271

Page 230: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

230

Une observation que j‟ai faite dans un campement nomade au Sahara

tunisien en mars 1975, montre que des toutes petites filles s‟intéressent

déjà au filage et qu‟un père ghrib peut les stimuler à s‟exercer en jouant.

Ainsi, Najiya, une fillette de deux ans, commence à jouer avec un fil, puis

elle prend le fuseau ainsi que le fil qu‟elle tient entre ses bras étendus. Son

père qui se trouve sous la même tente lui parle et la stimule clairement à

essayer de filer la laine.

Pendant la première moitié des années 1980 dans le village Ikenwèn en

province de Tiznit dans l'Anti-Atlas, les filles entre sept et quatorze ans se

faisaient un fuseau appelé tabrams. Pour cela elles poussaient une

branchette de l'arbre argan à travers une roue modelée dans la pâte d'argan

puis mettaient ce jouet à sécher hors du soleil. Pour jouer au filage de la

laine elles utilisaient un peu de laine de mouton de leur maman. Khalija

Jariaa a fait un exemple de ce fuseau en septembre 2005 (fig. 274, p. 231,

H = 5 cm, D = 6 cm). Khalija se rappelle que la première fois qu'elle avait

pris de la laine sa mère se fâchait parce qu'il y en avait peu. Par après sa

mère la stimulait à s'amuser ainsi car elle y voyait un entraînement à cette

tâche importante de la femme. Les fils étaient utilisés comme cheveux ou

ceinture pour la poupée jeune mariée et pour enrouler les jambes de la

poupée bébé.

272 273

Page 231: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

231

Aujourd'hui les filles s'amusent encore à ce jeu et font le même genre de

fuseau jouet. Cependant elles mélangent la pâte d'argan avec de l'argile

parce que de nos jours il n'y a pas assez de pâte et au lieu d'une branchette

elles utilisent le bâton d'une vieille louche.

Que cette activité ludique préparant les filles à un des travaux des

femmes existe aussi en d'autres endroits est attestée par le fuseau-jouet en

bois recueilli par Corneille Jest dans le Sahara Nord-occidental à

Tinerkouch (Touat-Gourara) et donné au Musée de l'Homme en 1962

(71.1962.51.3, H = 35,5 cm). En plus, Charles Béart mentionne que

Madame Le Cœur a vu chez les Teda que les petites filles se créent un

fuseau-jouet en fichant un morceau de bois dans une crotte d'âne puis y

placent des flocons de coton (1955: 126).

274

Page 232: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

232

3.9 Le tissage

Avec la laine que la fille ghrib du Sahara tunisien a filée elle-même ou

avec des fils de laine reçus de sa mère, la fille s'adonne à un autre jeu

utilitaire. Il s‟agit de l'imitation du tissage sur un métier horizontal, appelé

el minsez, un nom que porte aussi le métier à tisser-jouet. A partir de l'âge

d'environ dix ans, la fille construit un métier à tisser en miniature. Avec un

pilon, par exemple, elle enfonce quatre branchettes dans le sol en prenant

soin de délimiter un rectangle (fig. 275).

A environ un cinquième de la longueur du métier, calculé à partir des

branchettes antérieures, deux branchettes fourchues sont enfoncées dans le

sol et sur ces branchettes fourchues une petite branche, servant de lame, est

disposée. Maintenant la fille doit fixer les fils de la chaîne autour des

ensouples constituées par deux branchettes posées à ras du sol et retenues

par les deux branchettes antérieures et postérieures (fig. 276, p. 233).

Puis, avec une lisse de laine, la partie inférieure de chaque fil de chaîne

est reliée à la branchette servant de lame. Ensuite, entre la partie inférieure

et la partie supérieure des fils de chaîne et au-delà de la lame, est introduite

une petite branche qui sert de baguette d'envergure.

275

Page 233: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

233

Enfin d'obtenir un tissu, la petite

tisserande passe le fil de trame à

travers les fils de chaîne. Pour

faire alterner les fils de chaîne elle

retire la baguette d'envergure.

Avec les doigts elle enfonce par

quatre les fils supérieurs de la

chaîne et introduit dans la foule

créée en deçà de la lame, la

baguette d'envergure. La petite

tisserande, une fois passé le fil de

trame à travers les fils de chaîne,

doit replacer la baguette

d'envergure au-delà de la lame et

ainsi de suite (fig. 277). Avant

que la fille ait pu commencer à

tisser, sa mère est venue vérifier la

position des fils de chaîne et elle a

dû ajuster certains fils. La figure 2

(p. 55) montre que ce métier à

276

277

Page 234: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

234

tisser a été construit près d'une tente en miniature donnant ainsi plus

d'authenticité à cette imitation de la vie d'une femme nomade.

Les filles marocaines de Terloulou près de Tafraoute dans l‟Anti-Atlas

utilisent aussi un métier à tisser en miniature. Avec ce métier à tisser

observé par Khalija Jariaa en mars 2006, ils essayent de faire le châle à

rayures blanches et noires typique de la région et appelé tahèykt.

Un autre type de métier à tisser plus simple a été mentionné pour le Sud

du Maroc vers 1950 et cela aussi bien pour les enfants juifs que musulmans

(Flamand, p. 150) :

Il comprend une seule pièce : un tube de roseau ou de bambou ouvert à

ses deux extrémités. L'une de ces extrémités est découpée, au couteau,

en créneaux autour desquels des fils de laine s'entrecroisent et se

tissent. La plupart des petits musulmans confectionnent de cette façon

leurs bonnets ronds et les israélites des écharpes. Pour les uns comme

pour les autres, ce tissage représente à la fois un plaisir gratuit et la

possibilité de fabriquer soi-même quelques accessoires de toilette. C'est

un travail-jeu connu dans toute l'Afrique du Nord et en Espagne

méridionale.

3.10 Se faire belle

Dans le village amazigh Ksar Assaka près de Midelt, les filles jouent à se

faire belle. Vers 1980, il s'agissait d'activités ludiques comme se mettre du

rouge à lèvre avec le cachet rouge qui scelle l'emballage des pains de

sucre. Ce même cachet rouge sert aussi à se donner des joues rouges car les

chansons amazighes glorifient les belles filles aux joues comme des

pommes bien rouges. Comme il faisait chique d'avoir des dents en argent

ou en or, les mêmes filles se donnaient une dent en argent avec du papier

d'argent. Les filles d'environ onze ans s'amusaient à se donner des seins

avec des oranges ou des tomates.

Dans ce village ainsi qu'ailleurs au Maroc, des adultes offrent aux

petites filles un set de jouets pour faire la toilette avec un petit miroir, un

peigne etc., le plus souvent fabriqué en Chine. Cela s'achète surtout pour la

fête de l'°Ashûra.

Page 235: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

235

L'achat de petits miroirs, petits colliers, petites bagues, petites montres

et autres objets de ce genre est déjà mentionné en 1939 pour la fête de

Pourim des enfants juifs de Fès (Brunot et Malka, p. 263-264).

J'ai noté la confection de bracelets avec des

cupules de glands à Imzouren près d‟El

Hoceima dans le Rif en 1993 (fig. 278) et avec

l'herbe berwal dans la région d'Oulmès au

Moyen Atlas en 1996. Avec une bandelette de

métal blanc une fille de six ans du quartier Aït

Mansour à Midelt s'est fait un bracelet en août

1999.

Les filles Aït Ouirra de la région d'El Ksiba au Moyen Atlas apprennent

à se tatouer avec le jus d'un fruit appelé 'tabgha', sorte de fraises sauvages

(Oubahammou, 1987: 51).

Le henné joue un rôle important dans la vie des femmes aussi bien pour

des raisons esthétiques que prophylactiques. Au village Ikenwèn le henné

est cultivé. Avec les feuilles la femme prépare elle-même la pâte de henné

qui s'applique sur les mains et les pieds. Halima, une fille de cinq ans, a

bien observé la manière de préparer le henné. Du sable humide remplace

les feuilles de henné. Une boîte de carton et une grande galette deviennent

le mortier et le pilon. D'abord Halima broie avec la galette qu'on voit à côté

de la boîte de carton les feuilles de henné imaginaires. Sur la photo faite en

décembre 2006 elle est en train de nettoyer le henné (fig. 279, p. 236). Elle

demande à quelques filles qui participent au jeu d'aller chercher une

seringue que le docteur de Tiznit utilise pour un de ses patients d'Ikenwèn

lors de son passage le jeudi. Le henné nettoyé est mis dans un bol et

mélangé avec de l'eau jusqu'à ce que la pâte devienne assez liquide pour la

rendre applicable avec une seringue dont la pointe à été cassée. Une fois

que tout est prêt Halima joue le rôle de la nqasha, la spécialiste du henné.

Maintenant elle crée des dessins géométriques ou floraux sur les mains de

ses copines comme on le fait en ville non pas comme on le fait

traditionnellement au village où la paume de la main est enduite de la pâte

de henné.

278

Page 236: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

236

En mai 2006 une fille amazighe du

village de montagne Lahfart près

de Sidi Ifni a fait une belle copie

des sandales. Elle a utilisé des

petites perles de différentes

couleurs pour les embellir (fig.

280).

Depuis que les cannettes de

limonades se vendent dans les

épiceries marocaines les enfants

utilisent ces cannettes vides pour

se faire des souliers qu‟ils

appellent sabat sîn, soulier de

chinois. En enfonçant avec force le

talon dans la cannette, elle s‟aplatit

et les bords se replient autour du

talon. Un garçon de Midelt m‟a

expliqué que les enfants imitent

279

280

Page 237: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

237

ainsi les souliers chinois comme ils les voient à la télévision. Dans cette

ville, les filles marchent aussi avec pareils souliers chinois comme le

faisait une fillette de sept ans dans le quartier Aït Mansour début 2001.

Même si se sont la plupart du temps les filles qui aiment s'habiller

parfois des garçons s'amusent aussi à se mettre des vêtements ou à imiter

certaines modes locales.

Ceci était le cas des garçons ghrib des années 1970 qui parfois se

mettaient une barbe de fils de laine et une moustache de cheveux de chèvre

(fig. 281). Il arrive que pareil déguisement soit mis pour jouer l'une ou

l'autre situation mais sur la photo c'est le garçon à droite qui a mis une

moustache et une barbe à un frère plus jeune et cela au grand rire des

autres membres de la famille assis sous la tente. Le petit garçon dans le

coin supérieur droit est le cadet. Il pleure parce que qu'il veut porter lui-

même la moustache et la barbe.

281

Page 238: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

238

Au même moment j'ai trouvé un autre exemple chez ces garçons ghrib.

Ils imitaient la coutume de se laisser mettre des dents en or. Pour obtenir

cet effet les garçons mettaient du papier d'argent sur les dents devenant

ainsi un homme d'importance (fig. 282).

Un garçon marocain de

Midelt m'a montré en

2000 les lunettes de

soleil qu'il s'est fait. Ces

lunettes de soleil sont

fabriquées avec une

armature de bois et de fil

de fer. Par après des fils

de laine coloriés sont

enroulées autour de cette

structure (fig. 283).

158 282

283

Page 239: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

239

En 2006 Mohamed, un petit garçon de cinq ans vivant au village

Idoubahman-Imjâd dans l'Anti-Atlas, fait déjà sa propre paire de lunettes

avec du fil de fer blanc (fig. 284).

Après quelques essais il réussit à créer une paire de lunettes qu'il peut

porter (fig. 285, p. 240). Le garçonnet explique que ces lunettes doivent lui

servir à se protéger les yeux. Il en aura besoin pour son jeu de berger

quand il prétendra qu'il y a trop de vent dans la montagne.

284

Page 240: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

240

Selon Marie-Rose Rabaté des filles de la Vallée du Dra non loin de

Ouarzazate se font des bracelets, des bagues et des garnitures de cheveux.

Les garçons se font des petits chapeaux. Toutes ces parures sont faites en

très jeunes folioles de palmier pour la fête de l‟°Ashûra (1970: 248, 260;

photos p. 248-250). Dominique Champault mentionne que les jeunes filles

se font pareilles parures avec des feuilles blanches prélevées au cœur des

palmes naissantes pour la fête de l‟°Ashûra à Tabelbala (1969: 147).

285

Page 241: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

241

4 Les activités de subsistance dans les jeux et jouets

4.1 Résumé

Les jeux et les jouets liés aux activités de subsistance me semblent sous-

représentés dans le corpus des jeux et jouets sahariens et nord-africains.

Cependant, j'ai l'impression que cela est plutôt dû à ceux qui ont décrit les

jeux et jouets qu'à la réalité ludique des enfants de ces régions. Du moins

c'est ce que des informations récentes sur les enfants de l'Anti-Atlas

laissent entrevoir. Les données couvrent la période des années 1930

jusqu'à 2006. Ces données concernent les enfants touaregs, ghrib, maures,

chaamba et belbala, ceux de la région du Hoggar-Tidikelt et du Souf, tous

vivant dans le Sahara, ainsi que des enfants chaouïa, kabyles et ceux de

plusieurs régions du Maroc.

Les jeux et jouets liés aux activités de subsistance se réfèrent à la chasse

et la pêche, à l'élevage de dromadaires, de chevaux et du grand ou petit

bétail, au jardinage dans les oasis et au travail des champs. Il est aussi

question du commerce saharien, de transactions au marché ou dans un

magasin.

Pour certains jeux décrits dans ce chapitre les enfants n'utilisent pas de

jouets. Pour d'autres jeux il est question de la fabrication de lignes de

pêche, d'animaux, d'objets liés à l'élevage et de balances pour magasin,

mais aussi d'imiter quelques constructions délimitées par du sable ou des

pierres, des constructions comme l'enclos de bétail, le restaurant ou le

magasin. Enfin, il y a aussi le jardin d'oasis. Tout cela étant fait par les

enfants eux-mêmes. Dans la collection du Musée du Quai Branly se

trouvent quelques araires-jouets mais il n'est pas possible de dire s'ils ont

été faits par des enfants ou des adultes.

Contrairement aux jeux de dînette, aux ustensiles-jouets et aux jeux liés

aux occupations ménagères qui font le plus souvent partie du patrimoine

ludique des filles, les jeux et jouets liés aux activités de subsistance

appartiennent surtout aux garçons.

Page 242: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

242

4.2 La chasse et la pêche

Les jeux et jouets liés aux activités de la chasse ne sont pas analysés ici. Ils

seront décrits dans le volume sur les activités techniques dans les jeux et

jouets. Cependant quelques jeux et jouets liés à la chasse et surtout au

piégeage ont été mentionnés dans mon livre Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux et jouets (2005:

121). Il s'agit d'attraper des petits animaux, des scorpions, des lézards, des

insectes, des oiseaux par des enfants touaregs, ghrib, belbala et marocains.

Contrairement aux jeux de chasse et de piégeage je n'ai pas trouvé dans

la bibliographie des références à la pêche comme jeu d'enfant. Moi-même

j'ai vu une fille d‟environ onze ans en train de pêcher avec une ligne de

fortune dans le port marocain d'Essaouira en juin 1994. Quelques années

plus tard, en septembre 1999, un garçon de dix ans vivant à Midelt au

Maroc central m'a montré l'attirail de pêche qu'il s'est fabriqué. La canne

de pêche est un roseau de 107 cm de long. A 18 cm d'une extrémité un fil

de fer est introduit à travers le roseau. Sur un bout de ce fil de fer un

bouchon en plastique est poussé. L'autre bout du fil de fer est plié en forme

de manivelle. A cette manivelle le garçon a fixé le début d'une longe corde

qui est alors tournée deux fois autour du roseau pour passer à l'autre

extrémité du roseau à travers une boucle créée en enroulant un fil de fer

autour du roseau. Un bout de la corde, plus long que le roseau, pend

librement et se termine par un petit hameçon en fil de fer. Cette canne de

pêche est utilisée en période de pluie dans une petite vallée en bordure du

quartier populaire Aït Mansour et appelée Elmou et où se trouvent alors

des tout petits poissons. Néanmoins, il s'agit plutôt d'un simulacre de pêche

que d'une vraie pêche.

Page 243: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

243

4.3 L'élevage

Comme l'on pouvait s'y attendre, la plupart des informations sur les jeux et

jouets en rapport avec l'élevage de dromadaires, de chevaux et du grand ou

petit bétail proviennent de populations nomades ou semi-nomades vivant

dans le Sahara. Seul deux jeux de berger marocains créent l‟exception.

Aussi bien chez les Touaregs que chez les Ghrib, les Maures et les

Chaamba les enfants se familiarisent à travers leurs jeux avec différents

aspects de la garde, de l'élevage et de l'utilisation du dromadaire comme

décrit dans mon livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines.

L’animal dans les jeux et jouets (2005: 49). Par contre les données sur les

jeux et jouets liés au cheval ne mentionnent que l'imitation de la course à

cheval. La description des jeux et jouets liés au grand et au petit bétail,

mentionne trois jeux de bergers (2005: 108) pour lesquels des chèvres ou

des moutons sont représentés par des petites pierres ou des crottins de

dromadaire (Ghrib, Sahara tunisien), des épis de maïs (Aït Ighemour,

Maroc), et des coquilles d'escargots (Oulad ben Sbaa, Maroc).

Les garçons ghrib, vivant dans le Sahara tunisien pendant les années

1970, s'intéressaient encore fortement à plusieurs aspects de la vie du

berger. Ainsi ils utilisaient pour ce jeu des petites pierres blanches comme

brebis et des crottins de dromadaire comme moutons. Le dromadaire était

figuré de plusieurs manières. Parfois une grande pierre cylindrique

représente le berger et une pierre cylindrique plus petite le chien de berger

(voir Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans

les jeux et jouets, 2005: 63, fig. 16). Ils s'amusaient aussi à exécuter la

danse typique des bergers comme décrit plus loin (fig. 341, p. 281) Quand

ces garçons érigent des constructions avec du sable humide une de ces

constructions est l'enclos pour abriter le bétail (fig. 118, p. 132).

Selon Charles Béart (1955: 145) les Maures adultes s'intéressent aux

jeux des jeunes garçons dans lesquels ils imitent l'élevage des dromadaires

(voir Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans

les jeux et jouets (2005: 80). En plus, quelques objets utilisés dans

l'élevage du bétail sont copiés par des enfants maures ou par un artisan de

Tidjikdja au Sahara mauritanien et utilisés comme jouets. Ces jouets furent

collectionnés par la Mission Puigaudeau-Sénones entre 1936 et 1938 et

représentent le récipient pour traire les vaches et le support pour peau de

bouc (catalogue p. 399-400, 71.1938.48.47, 71.1938.48.36-37).

Page 244: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

244

4.4 Le jardinage

En réponse aux changements parvenus au courant du vingtième siècle, les

Ghrib du Sahara tunisien se sont mué bon gré mal gré de nomades en

sédentaires. Cette sédentarisation dans des oasis a été rendue difficile par

l'aversion des hommes ghrib pour le travail de la terre dans les jardins

d'oasis, une tâche qui incombait aux serviteurs noirs. Bien que cette

aversion existe encore plus ou moins pendant les années 1970, le

changement vers une attitude positive se reflète déjà dans les jeux des

garçons. Ainsi parmi les garçons qui jouaient à faire des constructions avec

du sable humide près de la source naturelle d'El Faouar en mai 1975,

quelques-uns ont fait une copie d'un jardin d'oasis (fig. 286).

Comme le montre cette photo le garçon d'environ onze ans a divisé son

jardin en parts égales avec des petits murs de sable comme on le fait pour

un vrai jardin d'oasis. Un autre garçon a mis dans son jardin des roses

sauvages cueillies sur place et il est en train d'irriguer son jardin avec l'eau

de la source (fig. 287, p. 245).

160 286

Page 245: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

245

Bellin écrit en 1963 que les enfants noirs du Hoggar-Tidikelt dans le

Sahara algérien s'adonnent aussi à ce jeu d'imitation du jardinage bien que

l'eau d'irrigation reste imaginaire (p. 77).

Comme mentionné lors de la description des maisonnettes construites

par les fillettes kabyles dans les années 1930, elles faisaient autour de ces

maisonnettes des petits jardins "où de menues branches, fraîchement

plantées sont arrosées par l'eau qui coule d'un bassin de terre." (Laoust-

Chantréaux, 1990: 167).

Dans l'oasis de Meski près d'Errachidia au Maroc et suivant les

souvenirs d'un homme d'environ soixante-dix ans en 1992, des groupes de

jeu de quatre ou cinq garçons de plus de quatre ans se font un petit jardin

qu'ils irriguent. C'est dans ce contexte qu'ils tissaient des dromadaires, des

mulets et des gazelles avec des folioles de palmier (voir Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux et jouets, 2005:

65, 105, 128, fig. 18, 57, 81).

En août 1994 j'ai trouvé un petit jardin délimité par des petits murs de

sable et planté d‟herbes et de fleurs de campagne. Pareilles copies de jardin

sont élaborées par les jeunes garçons gardant les vaches qui pâturent près

de la 'merja', sorte de marais, du village Zhana à 10 km de Kénitra (fig.

288, p. 246). Ces garçons prennent avec une bouteille en plastique à fond

découpé le peu d'eau qui fait surface en bordure de la terre ferme pour

161

287

Page 246: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

246

irriguer leur jardin. La bouteille avec l‟ouverture du côté de la merja est

placée horizontalement et de telle manière que l‟eau coule lentement dans

la bouteille par la pente descendante créée par le goulot de la bouteille.

4.5 Le travail des champs

J'ai trouvé l'unique référence à des jeux d'enfants dans lequel le travail des

champs est représenté dans les réserves du Département d'Afrique Blanche

et du Proche Orient du Musée de l‟Homme. Là se trouvaient huit araires-

jouets collectionnés en 1936-1937. Ce sont les garçons Ouled

Abderrahman des Chaouïa de l'Aurès en Algérie qui jouaient avec ces

araires-jouets mais le déroulement du jeu n'a pas été décrit. Ces jouets

copient d'une manière plus ou moins détaillée les araires utilisés par les

laboureurs (fig. 289, 71.1936.2.261, H = 3,5 cm, LO = 15,5 cm; fig. 290,

71.1936.2.257, H = 14 cm, LO = 26 cm ; fig. 291, p. 247, 71.1936.2.255, H

= 36 cm, LO = 45 cm).

288

289 290

Page 247: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

247

Quelques araires-jouets sont tirés par un mulet en bois ou par deux mulets

en bois. L‟exemple de la figure 292 montre deux mulets tirant l‟araire. Le

bois provient du laurier-rose (71.1936.2.256, araire : H = 12,5 cm, L = 42

cm; mulets : H = 8 cm, LO = 9,5 cm).

Les garçons imitent la manière traditionnelle de labourer les champs

comme cela se voit sur la figure suivante que j'ai prise près d'Imi-n-

Tanoute dans le Haut Atlas en février 1992 (fig. 293, p. 248).

291

292

Page 248: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

248

En février 2007 Sidi Ahmed, un

garçon de onze ans, a trouvé dans

la rivière sèche tout près du village

Douar, situé non loin de Tan-Tan,

une longue branche dont une

extrémité se termine en forme de

T. Une fois qu'il a détaché de la

branche verticale un long

morceau, ce qui reste devient un

araire (fig. 294). Avec cet araire il

commence à labourer son champ

de fortune en face de sa maison

(fig. 295, p. 249). Minutieusement

il dirige l'araire devant lequel il a

attelé un mulet, sa nièce Souquaina de trois ans.

293

294

Page 249: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

249

Souquaina n'aime pas trop se plier aux exigences de Sidi Ahmed et dit :

"normalement on laboure avec un âne pas avec une ânesse". Sidi Ahmed

répond : "non, on laboure aussi bien avec une ânesse qu'avec un âne".

En 2001 au village Lahfart dans

l‟Anti-Atlas un garçon d‟environ sept

ans a fait en argile quatre araires

appelés askerz comme les araires des

fermiers (fig. 296, H+ = 4 cm, L = 4

cm). Le garçon tient l‟araire-jouet par

le haut du côté le plus long pour

pousser son araire dans la terre afin

d‟imiter les labours.

Dans le quartier Boulalem de Sidi Ifni deux garçons d‟environ 6 ans

s‟imaginent de labourer un champ en juillet 2006. Le laboureur tient en

main la charrue (fig. 297, p. 250). Cette charrue est tirée par un âne

représenté par l'autre garçon. Comme le montre la photo à droite, le travail

de labour est arrêté pour donner à l‟âne le temps de manger (fig. 298, p.

250).

295

296

Page 250: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

250

297 298

Page 251: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

251

4.6. Le commerce

Bien que le commerce caravanier ait une grande importance pour les

populations sahariennes, je n'ai trouvé dans la bibliographie que deux

références à des jeux qui y sont liées. En ce qui concerne les enfants

maures du Sahara mauritanien Charles Béart mentionne : "Sans jouets, les

enfants organisent ces mêmes caravanes, un certain nombre d'entre eux

jouant le rôle de chameaux. Tous les incidents qui surviennent à une vraie

caravane sont imités." (1955: 598). Le lieutenant Denis de sa part signale

que les jeunes bergers chaamba du Sahara algérien jouent avec des

dromadaires-jouets et organisent dans ce contexte une caravane (1952: 36).

Chez les enfants ghrib du Sahara tunisien je n'ai pas observé pareil jeu

de la caravane. Par contre j'ai vu en 1975 auprès des garçons de l'oasis d'El

Faouar trois jeux figurant le commerçant et ses clients. Un premier jeu

auquel participent déjà des petits garçons met en scène un commerçant de

bétail qui cependant peut aussi vendre en même temps d'autres produits

suivant sa fantaisie. Comme animaux servent d'autres garçons, des garçons

qui deviennent selon leur propre volonté ou celle du commerçant des

chèvres, des moutons, des dromadaires. Du sable peut servir de thé ou de

sucre, des crottes deviennent des légumes. Tout comme au marché, le

commerçant étale ses marchandises et les vante auprès des clients qui ne

sont autre que ses compagnons de jeu. Les clients n'hésitent point à

marchander les prix et payent avec de l'argent symbolisé par des morceaux

de carton, de fer-blanc ou d'aluminium.

Un autre jeu d'extérieur des mêmes garçons imite une de leurs tâches

courantes, c'est-à-dire d'aller faire des courses dans le magasin de l'oasis.

Pour cela un magasin est créé dans un petit espace, éventuellement

délimité par des petits murs de sable ou des pierres. Toutes sortes

d'emballage en carton et en fer-blanc ainsi que des objets de récupération

servent de marchandises mais il n'y a pas de bétail (fig. 299, p. 252). Pour

rendre son magasin plus conforme à celui d'El Faouar, le commerçant

aménage sur un monticule de sable une balance faite d'un bâton avec à

chaque extrémité une boîte de fer-blanc (fig. 300, p. 252). L'argent utilisé

est du même genre que celui du jeu précédent.

Page 252: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

252

Le troisième jeu lié aux activités commerciales concerne la vente de

pastèques. Dans ce jeu les enfants se couchent sur le dos l'un à côté de

l'autre et sur une ligne. Ils représentent des 'pastèques'. Pendant que le

marchand de pastèques et un acheteur marchent autour de la marchandise,

le marchand dit à l'acheteur :

°at'înî flûs yâ shîkh

Donne-moi de l'argent oh cheikh.

299

300

Page 253: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

253

L'acheteur lui répond :

Lin ît'îb l-bat't'îkh

Attends que la pastèque soit mûre.

A ce moment le marchand et l'acheteur touchent les ventres des garçons

représentant les pastèques (fig. 301).

Si le ventre est plat on laisse la pastèque parce qu'elle n'est pas mûre. Mais

si un garçon a le ventre gonflé cette pastèque est mûre et elle est vendue.

L'acheteur et le marchand prennent ce garçon par les mains et les pieds et

le transportent un peu plus loin. Là le garçon-pastèque est balancé de

gauche à droite (fig. 302, p. 254) et les porteurs lui demandent :

Ammâ khîrlek °açâbat 'ummek wa illâ kabbûs sîdek?

Choisis-tu le turban de ta mère ou le bonnet de ton père?

Quand la „pastèque‟ répond "le turban de ma mère" on le pose doucement

par terre. Répond-il "le bonnet de mon père" alors on le laisse tomber d'en

haut. Puis le marchand et l'acheteur recommencent le même rituel jusqu'à

ce que toutes les pastèques soient vendues.

301

Page 254: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

254

Les enfants du Souf au Sahara algérien connaissent un jeu semblable dont

les deux premières formules sont à peu près identiques. Cependant le

dénouement du jeu est différent. Selon Bellin, les 'pastèques' sont divisées

en deux camps, un camp rouge et un camp vert. Puis le marchand et

l'acheteur décident quel camp sera le 'paradis' et quel camp sera peuplé de

'démons'. Les deux camps se combattent alors en se projetant des grandes

brassées de sable. Bellin ajoute : "Par ailleurs, on imite l'adulte, on singe la

société des grands : "Mon argent!" - "Attends... Je suis momentanément

gêné...". Il y a aussi une ronde avec dialogue qui ouvre le jeu. (1963: 63, n°

8). Je n‟ai pas vu chez les garçons ghrib cette ronde avec dialogue ni cette

division en deux camps et mes informateurs n‟ont pas mentionné cela.

Des petits magasins sont construits par des filles Belbala et marocaines

et par des garçons marocains. Il s'agit des filles belbala du Sahara algérien

qui dans le cadre de leur jeu de maison font aussi des imitations de

magasins (p. 116).

A Kénitra j‟ai vu en mars 1994 un groupe de jeu de quatre filles de six à

huit ans dont une joue le rôle de commerçante. Son magasin est un grand

morceau de plastique posé par terre. Elle y a étalé comme marchandises

toutes sortes de boîtes de conserves, de cartons et de pots en plastique. Une

autre fille se présente comme cliente. Celle-ci tient en main son porte-

monnaie, un sachet de plastique servant d‟emballage pour le lait vendu par

demi-litre.

302

Page 255: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

255

L‟information sur les jeux et jouets liés au commerce mentionnée ci-

après provient d‟enfants amazighs marocains. Les garçons du village

Ignern dans le Haut Atlas délimitent avec des pierres des petits magasins

pour le jeu de poupées de leurs sœurs et où les filles viennent acheter

(Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et

jeux de poupées, 2005: 161).

Au village Ouirgane, situé à 60 km de Marrakech le long de la route du

Tizi n Test, un garçon d‟environ 6 ans s‟est créé un magasin bien équipé

sur le bord d‟un petit canal d‟irrigation (fig. 303). Apparemment il était en

train de jouer tout seul ce jour de juillet 2006.

303

Page 256: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

256

En octobre 2006 Khalija Jariaa a vu des enfants jouer au commerçant à

Douar Ouaraben juste en dehors de Tiznit. Dans la soirée du jour où ils

jouent au ménage de la poupée riche (fig. 64, p. 98) la maisonnette devient

une copie du premier supermarché de Tiznit. La caissière se trouve à

gauche et la patronne à droite fait ses comptes. L'autre fille est une des

clientes (fig. 304).

Une semaine plus tard la fille à gauche s'est fait son propre magasin. Il

s'agit d'une représentation du grand magasin dans la médina de Tiznit situé

à côte de la pâtisserie Bicha à Bab Aglou, une des portes de la ville. Un

couple est assis des deux côtés de la commerçante (fig. 305, p. 257). Le

petit garçon joue le rôle d'un soldat qui revient à la maison en congé. Pour

cela il s'inspire des soldats casernés tout près de Douar Ouaraben. Une fois

à la maison il demande sa femme, la petite fille, si elle a tout ce qu'il faut à

la maison. Quand elle dit qu'il y a des choses qui manquent, il lui propose

d'aller faire des courses en ville.

Plusieurs maisons sont délimitées avec des petites pierres. Des

emballages récupérés remplis de sable représentent le vrai produit. Les

bouchons sont des services de thé et de café. En bas à droite de la photo se

trouvent les produits pour les soins corporels. Pour le moment le couple

discute le prix des jus de fruits (fig. 306, p. 257).

304

Page 257: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

257

305

306

Page 258: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

258

Rachid, un garçon de sept ans, et sa sœur Halima de six ans jouent

ensemble devant leur maison au village Ikenwèn en décembre 2006.

Rachid qui est le meneur du jeu construit d'abord une petite maison à trois

dimensions. Les murs sont faits avec briques et une seule ouverture est

prévue au coin gauche. Pour construire le toit Rachid met d'abord des

bâtonnets sur les briques puis il les couvre de boue (fig. 307). C'est la tâche

de Halima de préparer et d'apporter la boue.

A côté de la maison et indiqué par des cartons à œufs se trouve le

poulailler où on vend aussi de la viande de poule et des œufs. La poule est

faite avec un petit sac en plastique rempli de papier et auquel on fixe

quelques plumes (fig. 308, p. 259). La petite flaque d'eau est le puits. Là

les joueurs amènent leurs chèvres, moutons et vaches représentés par des

morceaux de plantes grasses qui poussent aux alentours.

307

Page 259: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

259

Ce jeu qui dure toute la journée comprend aussi la fabrication d'un dîner

par Halima. Sur la photo suivante Halima joue le rôle de quelqu'un qui

veut acheter la maison (fig. 309, p. 260). D'abord Rachid refuse. Il dit

qu'un homme lui a déjà demandé d'acheter la maison. Quand Halima

répond qu'elle payera toute la somme en une fois Rachid est d'accord. Il

argumente sa décision de la manière suivante : "les messieurs ont toujours

du crédit à payer par exemple pour le téléphone, chez le boucher et

l'épicerie ainsi il n'y aura pas d'argent pour payer régulièrement le crédit de

la maison".

308

Page 260: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

260

Plus tard Rachid se lance dans la réplication miniaturisée de la maison

fortifiée du village avec sa tour à plusieurs étages appelée l borj n jbella.

Selon les habitants la construction de cette tour remonte à environ 300 ans

(fig. 310, p. 261). Les murs sont construits avec des pierres et de la boue.

Pour couvrir l'espace au-dessus de l'entrée une planchette est utilisée (fig.

311, p. 261).

309

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261

310

311

Page 262: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

262

Un autre jour de décembre 2006 et au même endroit ces deux enfants

jouent de nouveau aux commerçants. Halima s'occupe du magasin de

poules et Rachid du magasin de réparation des télévisions. La figure 312

montre Rachid qui demande combien coûte la viande de poulet et Halima

s'efforce de fixer le prix qui finalement est fixé à 10 dirhams le kilo (1 €).

Contre le mur deux maisons juxtaposées sont vaguement délimitées, une

pour chaque commerçant. Le magasin du réparateur de télévision est

indiqué par un morceau d'une vieille radio et celui des poules avec un

carton pour les œufs. A l'avant un puits a été aménagé avec le fond d'une

bouteille en plastique.

Au village Idoubahman-Imjâd dans la région de Tafraoute un garçon de

cinq ans s‟amuse parfois à jouer au vendeur de marché. Son frère de treize

ans lui construit pour ce jeu une balance en août 2006 (fig. 313, p. 263).

312

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263

Un après-midi et soir d'avril 2006 quelques enfants jouent dans le terrain

vague en face de ma maison dans le quartier Boulalem de Sidi Ifni. Un

garçon s'active pour fabriquer des jouets comme un fusil et un masque (fig.

229, p. 199). Après qu'il a joué au combat avec d'autres garçons, il fait

semblant d'être un commerçant au marché. Pour cela il crée une balance

avec deux boîtes de sardines liées par un élastique (fig. 314, p. 264).

La balance peut s'utiliser une fois que le milieu de l'élastique est mis sur

un morceau de bois servant de support comme cela se voit sur la photo

suivante. Cette photo montre le vendeur qui regarde son client (fig. 315, p.

264). La discussion se porte sur les légumes que le client veut acheter, s'il

a besoin d'un ou de deux kilos ainsi que sur le prix à payer.

313

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264

314

315

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265

Au même endroit mais en juillet 2006 deux garçons se décident à faire un

magasin de tailleur. Ils commencent par délimiter le magasin avec des

pierres. Puis ils posent par terre un vieux vêtement représentant la

marchandise (fig. 316). Sur la photo les garçons d'environ sept ans

discutent où faire la cuisine. Une fois que le magasin et la maison sont

terminés, il y a deux chambres pour le magasin et quatre pour la maison. Il

y a aussi une entrée séparée pour le magasin et la maison. Le garçon avec

la blouse jaune dit à l'autre garçon qu'il va coudre des vêtements pour

hommes et femmes, spécialement pour femmes car elles achètent

régulièrement des vêtements alors qu'un homme n'achète qu'un pantalon et

une chemise par an. Le deuxième garçon est responsable pour la cuisine et

la préparation de la nourriture parce que le tailleur dit qu'il a trop de travail

pour s'en occuper. Les garçons continuent leur jeu pendant quelques heures

jusqu'au moment où il est temps d'aller manger.

D'autres thèmes de jeu pour lesquels les garçons font des maisonnettes sont

la pâtisserie et le restaurant. Ces activités ludiques se sont déroulées à côté

de mon appartement dans le quartier Boulalem de Sidi Ifni le 6 et 11 juillet

2006 au début des vacances scolaires. Six garçons de plus ou moins dix

ans jouent ensemble.

316

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266

A la figure 317 le patron de la pâtisserie en chemise claire et son aide en

chemise foncée délimitent les murs de la pâtisserie. En haut de la photo on

voit la maison que l'aide du pâtissier a construite pour lui-même.

Une fois que le grand gâteau est fait, trois garçons l'amènent à la pâtisserie.

Il s'agit d'un gâteau d'anniversaire. Les télécartes qui sont mises dans le

gâteau représentent des cuillères (fig. 318, p. 267). Les garçons font

semblant de fêter l'anniversaire de leur copain Mohamed. Ils font de la

musique avec des instruments de fortune. Une grande boîte de poudre de

lait est le tambour, un tuyau rouge troué sert de flûte et un garçon joue sur

une guitare qu'il s'est créée. Ils chantent aussi quelques chansons

d'anniversaire. Puis il est temps de déguster le gâteau. Les copains veulent

aller chercher de la limonade, des cannettes vides, mais Mohamed dit que

cela n'est pas nécessaire car il y a de l'eau.

317

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267

D'autres types de gâteaux sont préparés comme par exemple les gâteaux

pour une personne qui se trouvent à l'avant du plateau (fig. 319).

318

319

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268

La pâtisserie a une caisse tenue par l'aide du pâtissier. Le garçon à sa

droite vient de payer le gâteau qu'il est en train de manger (fig. 320). Les

différents gâteaux sont mis dans la vitrine. Le patron ne s'occupe pas

directement de la pâtisserie mais vient commander un autre garçon

travaillant dans la pâtisserie et de temps en temps il demande combien

d'argent il y a dans la caisse.

Trois garçons de Boulalem se sont décidés le 11 juillet 2006 de devenir des

commerçants le long de la route très fréquentée de Guelmim au Sahara.

Pendant que Lahoucine, le patron du restaurant de onze ans, commence à

arranger la cuisine, Mohamed de dix ans va chercher le nécessaire au

milieu de l'espace vide à la fin de la rue Tagragra. Il y est allé en camion, le

tricycle que son père a amené de France mais dont les roues arrière

manquent. Mohamed apporte le fond d'un tajine et une vieille théière au

restaurant (fig. 321, p. 269).

320

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269

Dans ce fond de tajine Lahoucine prépare d'abord le kefta de sardines, un

mélange de sardines pilées avec tomates, carottes et épices, ici représenté

par des bouchons de bouteilles de limonade. Les bâtonnets blancs de

sucettes sont des carottes que le cuisinier ajoute à son plat (fig. 323, p.

270). Puis il ajoute du sel, du sable pris par terre.

Pendant qu'il cuisine Lahoucine demande à Mohamed d'aller chercher

avec son camion du sable et des pierres

pour construire une maison. Mohamed est

d'accord mais discute du prix à payer. Il

propose que toute la somme soit payée

soit la moitié de la somme mais avec un

repas en plus. Une fois qu'ils se sont mis

d'accord sur le deuxième mode de

payement Mohamed va chercher une

cargaison de sable. Quand le sable est

déversé, il vient manger son tajine auquel

Lahoucine à ajouter deux grands poissons

grillés, des boîtes de sardines vides mis

sur les morceaux de kefta (fig. 322).

321

322

322

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270

Quand le déjeuner est terminé et la vaisselle mise de côté Lahoucine

construit son restaurant en miniature et le chemin qui y mène (fig. 324).

323

323

324

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271

Mohamed est allé remplir son camion de pierres dans le terrain vague. Il

amène un camion tout plein pour le déverser à côté du restaurant (fig. 325).

Comme convenu Mohamed commence à construire la maison de

Lahoucine. Miloud de huit ans est le réparateur de télévision. Il montre la

table au milieu du restaurant et dit à Lahoucine qu'elle n'est pas bien

arrangée de cette manière. Il faut y mettre des assiettes (fig. 326).

325

326

Page 272: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

272

Lahoucine s'exécute tout de suite et pose quatre emballages de bonbons

sur la table en guise d'assiettes. Puis il continu de délimiter le chemin

menant à son restaurant. Lahoucine se plaint auprès de Miloud que la

télévision, une vieille pièce de radio vue à la figure 328 (p. 273), ne

marche pas bien. Ce dernier amène donc la télévision pour réparation et

une fois réparée il la ramène au restaurant. Là il empoche les quelques

billets que Lahoucine lui ait payés, billets remplacés par d'autres

emballages de bonbons (fig. 327).

Le jeu qui a duré environ deux heures se termine avec la préparation et la

consommation d'un dernier thé (fig. 328, p. 273).

327

Page 273: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

273

Avec leurs parents Meryem de sept ans et Zouqaina de trois ans 3 ans et

demi vivent à Tan-Tan une ville située en bordure septentrionale du Sahara

occidental. Un soir d'août 2006 ils sont allés à la plage. Là Khalija Jariaa à

photographie le jeu de sa petite nièce. Zouqaina a crée son magasin de

plage. Elle explique qu'au centre se trouvent des bouteilles de limonade,

d'eau minérale ainsi qu'une petite bouteille de yaourt (fig. 329).

329

328

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274

Le bouchon au milieu représente un flacon de savon liquide. Dans son

magasin elle vend aussi des pots de yaourt et des gâteaux représentés par

une petite boîte et une boîte de sardines remplies de sable ainsi que des

télécartes. Le morceau de polystyrène blanc est son frigo. Zouqaina dit

qu'elle vend aussi du charbon de bois pour grilles les poissons.

Zouqaina invite sa sœur à venir acheter quelque chose. Meryem se laisse

prendre au jeu et vient acheter une bouteille de limonade (fig. 330). Avant

d'installer son magasin Zouqaina a fait un monticule de sable sur laquelle

elle a mis la souris de pluche. Cette fois-ci sa souris de pluche représente

une vrai souris dont il faut faire attention parce qu'elle vient au magasin

manger le fromage et les bonbons.

Un peu plus tard Zouqaina décide de faire des sucettes glacées pour les

vendre dans son magasin le lendemain. Quelques bouchons utilisés

auparavant deviennent des sucettes. Puis elle va les mettre dans son frigo

(fig. 331, p. 275).

330

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275

331

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276

5 La musique et la danse dans les jeux et jouets

Pour les enfants sahariens et nord-africains chanter, danser et jouer sur des

instruments de musique rudimentaires ou plus élaborés fait souvent partie

d'une même activité ludique. Cependant bien rare sont les auteurs qui ont

décrit les jeux musicaux, les chants et les danses des enfants. Dans ce

chapitre il sera surtout question d'instruments de musique et de bruiteurs

construit par les enfants pour leur amusement ou qui leurs sont offerts par

des adultes. Parmi ces bruiteurs et instruments de musique on trouve des

hochets, des claquettes, des instruments à percussion, à vent et à cordes.

Comme la notation musicale manque, seul le texte des chansons a été

donné. Ce texte se trouve où le jeu en question est décrit comme par

exemple avec les chansons des jeux de poupées (voir Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées,

2005). Dans le même livre référence est parfois faite à des danses

accompagnant les jeux de poupées.

En dehors de quelques instruments de musique des enfants Chaouïa de

l'Aurès, les données de ce chapitre proviennent de mes recherches au

Sahara tunisien et au Maroc. Pour le Maroc j'ai néanmoins trouvé quelques

informations supplémentaires dans la bibliographie ainsi que dans la

collection du Musée du Quai Branly. La référence la plus ancienne

remonte à 1908 et la plus récente provient de début 2007.

Les enfants ghrib du Sahara tunisien des années 1970 aimaient monter

un petit orchestre pour jouer à la fête de mariage ou pour s'exercer à la

danse. Comme instruments de musique ils utilisaient la flûte, la cornemuse

et le tambour. Tous ces instruments sont faits par les enfants à partir de

l'âge d'environ dix ans mais plus particulièrement par les garçons. Le

tambour, appelé et' t'abâla,

est souvent remplacé par un

vieux bidon en plastique

frappé avec deux bâtons, un

long et un plus court. Les

enfants qui ne jouent pas

sur le tambour ni sur la

flûte, donnent le rythme en

se frappant les mains ou en agitant une claquette. La claquette, appelée et'

t'arbâga, est découpée dans le rameau de régime de dattes (fig. 332). Avec

332

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277

une faucille ce morceau de rameau est découpé longitudinalement en deux

ou trois lamelles, d'une extrémité jusqu'aux deux tiers de la longueur. Les

bords des lamelles sont amincis. Où la fente se termine, il faut frapper le

rameau avec le côté obtus de la faucille afin d'assouplir le pli. En agitant

cette claquette des coups de cassure se laissent entendre (fig. 333).

Comme le souligne Charles Béart : "Les doigts sont les premiers

instruments à vent permettant de siffler ou de faire entendre des sons plus

ou moins modulés" (1955: 689). Une manière de siffler que les enfants

ghrib ou marocains ne manquent pas d'exploiter. En plus, j'ai vu comment

les garçons ghrib des années 1970 se fabriquent des sifflets et des flûtes.

La fabrication de ce sifflet ou el ghît'a demande un savoir-faire précis. Un

roseau à petit diamètre est coupé à la place d'un nœud pour que le morceau

de roseau soit fermé de ce côté. A une distance du nœud de la largeur de

quatre doigts, le roseau est coupé à nouveau et là le petit tuyau reste

ouvert. Sur la moitié supérieure du tuyau et à la largeur d'un doigt de cette

extrémité ouverte, une entaille est faite dans le sens de la largeur. Dès deux

côtés de cette entaille le morceau de roseau est entaillé longitudinalement

jusqu'au nœud. Maintenant la

petite lame découpée des

trois côtés peut se soulever.

Alors il faut amincir un peu

les bords longitudinaux de la

lame. Tout cela doit se faire

avec beaucoup de finesse sinon le morceau de roseau se fend (fig. 334).

333

334

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278

Pour siffler il faut introduire ce sifflet, avec le côté fermé en avant, presque

entièrement dans la bouche. Puis en posant les dents sur le bord ouvert et

en mettant les lèvres autour de ce bord, on arrive en soufflant à faire vibrer

la lame et à produire un son aigu (fig. 335).

Pareil sifflet s'utilise seul mais plus souvent il fait partie de la flûte à

vibreur. Cette flûte

s'appelle el magrûna

(fig. 336). Elle se

compose du sifflet

précité et d'un morceau

de roseau d'environ 15

cm de longueur et d'un

diamètre intérieur juste

assez grand pour que le sifflet y puisse entrer. Dans ce morceau de roseau

335

336

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279

ouvert des deux côtés, quatre trous sont brûlés à une distance d'environ

3,5/5/6,5/8,5 cm mesurée à partir d'une extrémité. Par le côté ouvert le

sifflet est introduit dans la flûte sur une distance d'environ 2 cm. Pour

pouvoir jouer un air de musique sur cette flûte à vibreur il faut vérifier que

la lame du sifflet se trouve sur la même ligne que les trous de la flûte. Puis

on introduit le sifflet tout entier dans la bouche jusqu'à ce que les dents et

les lèvres puissent se placer sur le bord de la flûte (fig. 337). En soufflant

correctement et en utilisant les trous de la flûte les jeunes ghrib exécutent

leurs airs favoris.

337

Page 280: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

280

La figure 338 montre que les enfants peuvent occasionnellement

s'exercer sur une flûte pour adultes par exemple lorsqu'un homme est en

train de jouer ou quand le petit a pu mettre la main sur une flûte. Mes notes

d‟observation liées à cette photo prise chez les Ghrib en 1975, expliquent

que c‟est le frère aîné qui a appelé le petit garçon de trois ans pour lui faire

essayer à jouer la flûte.

Un autre instrument à vent parfois

utilisé par les garçons ghrib dans leur

orchestre jouant des airs de fêtes de

mariage est le mizwad ou la

cornemuse. La cornemuse montrée à

la figure 339 fut fabriquée en 1987

par un garçon de sept ans vivant dans

l'oasis d'El Faouar. Au centre d'une

face d'un grand flacon en plastique un

petit morceau de roseau servant de

tuyau porte-vent est introduit. Dans

l'ouverture du flacon un morceau de

338

339

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281

roseau plus grand, dans lequel cinq trous ont été brûlés, est poussé. Le

diamètre des morceaux de roseau doit être tel que chaque roseau se glisse

parfaitement dans l'ouverture appropriée. Pour jouer le garçon souffle de

l'air à travers le tuyau porte-vent et avec les doigts des deux mains il ferme

ou ouvre les trous (fig. 340).

Les garçons ghrib s'exercent aussi à danser une des danses typiques

exécutée à cloche-pied (fig. 341, 342 p. 282).

340

341

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282

Accompagné par leur petit orchestre jouant un air particulier deux garçons

dansent l'un en face de l'autre la danse des bergers appelée jilwâlî.

Les garçons Chaouïa vivant pendant les années 1930 dans le Djebel

Menaâ de l'Aurès en Algérie jouaient aussi sur une flûte à vibreur appelée

'hazmamart'. Elle est du même genre que celle des garçons ghrib (fig. 336,

p. 278). L'anche de cette flûte est un petit tuyau en roseau à languette

entaillée. La flûte des garçons Chaouïa de Menaâ conservée au Musée du

Quai Branly mesure 24 cm de long sur un diamètre de 1,2 cm et elle a cinq

trous (71.1936.2.212).

La Mission Thérèse Rivière qui a collectionné cette flûte en 1936 a en

même temps collectionné quelques claquettes des enfants Chaouïa

d'Amentane dans le Djebel Menaâ. Les cinq claquettes du Musée du Quai

Branly sont faites dans un morceau de palmier d'une longueur de 20 à 30

cm et d'une largeur d'environ 1 cm Dans le morceau de palmier trois

lamelles ont été découpées jusqu'au milieu (71.1936.2.207-211). Les

enfants ghrib des années 1970 utilisaient le même genre de claquettes (fig.

332, p. 276).

Jouer de la musique, chanter et danser peuvent s‟intégrer dans d'autres

jeux. Mais l'activité ludique peut aussi se limiter à exécuter des airs

accompagnés de chants et/ou de danses. Cela était le cas en novembre

1994 à Goulmima au Maroc central. Pour accompagner leurs chants cinq

petits garçons assis en face de l'entrée de l'imi n ighrem ou vieux quartier

342

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283

fortifié formaient un orchestre avec des instruments à percussion faits de

bidons.

Un soir d'août 1999, j'ai observé dans une ruelle du quartier Aït Mansour

de Midelt comment plusieurs fillettes apprennent à frapper les mains dans

le bon rythme. Afin d‟y arriver, elles copient maintes fois la manière de

frapper les mains d'une grande fille. Un jour plus tard dans la même ruelle,

une quinzaine de filles entre trois et douze ans passent la soirée d'été vers

21 heures en frappant les mains et en chantant des chansons. Ce sont des

chansons pour la fête de mariage en amazigh et en arabe. En plus, les filles

poussent de temps en temps des youyous. Il y a aussi la jeune mariée

d'environ huit ans portant un foulard sur la tête. Eventuellement un petit

garçon d'environ quatre ans sert de jeune marié. Au même moment mais à

un croisement de ce quartier, neuf filles et deux garçonnets exécutent la

danse d'awira en chantant des chansons d'école. Les enfants se tiennent la

main et tournent en rond. A un moment donné ils avancent vers le centre

du cercle en pliant les bras jusqu'à ce que les avant-bras se touchent. Puis

ils s'assoient, se lèvent et la ronde recommence. Quelques jours plus tard

dans la soirée et dans la petite vallée Elmou en bordure du même quartier,

six filles entre trois et dix ans tournent autour d'une fille se trouvant au

centre du cercle. En tournant, elles se frappent les mains et chantent.

Que les filles aiment déjà danser comme les grands à l'âge de deux ans et

qu'elles y sont stimulées par les adultes est démontré par Selma, une fillette

de deux ans et demi (fig. 343, p. 284). Un dimanche après-midi d'août

1999 dans la maison de sa grand-mère maternelle à Midelt, cette petite fille

a commencé à danser spontanément. Tout de suite elle est stimulée de

manière enthousiaste par les spectatrices et les spectateurs. Selma montre

déjà quelques mouvements de danse spécifiques comme ceux faits avec la

tête, les mains et les cheveux. Bien vite Selma va chercher des vêtements

plus adéquats et elle revient avec quelque chose qui ressemble à la ceinture

typique. Aidée par sa mère Selma parvient à la mettre convenablement et

continue à danser (fig. 344, p. 284).

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284

Les petites filles Aït Ouirra de la région d'El Ksiba au Moyen Atlas

apprennent-elles aussi à chanter, à danser et à jouer au tambourin appelé

'tellount' (Oubahammou, 1987: 51).

Ici et là au Maroc j'ai vu entre les mains des enfants des instruments à

percussion, des instruments à vent ainsi que des instruments à cordes.

Beaucoup d'instruments de musique utilisés par les enfants sont fabriqués

par eux-mêmes mais parfois ils en reçoivent de leurs parents ou d'autres

adultes surtout pour la fête de l'°Ashûra.

La référence la plus ancienne que j'ai trouvée sur ces instruments de

musique provient d'Edmond Doutté et date de 1908. Il parle du tambourin

et du hochet. Selon cet auteur les enfants de Constantine dans le Nord-Est

de l'Algérie achètent pour l'°Ashûra "des tchekâtchek, jouets en fer-blanc

ou en bois peint qui sont de petites boîtes pourvues d'un manche et

renfermant une pierre destinée à faire du bruit quand on agite le jouet" (p.

534).

343 344

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285

Pour cette fête le même genre de hochet est donné aux enfants de Fès au

Maroc pendant les années 1930. Jeanne Jouin a collectionné pour le Musée

de l'Homme deux de ces hochets en 1933. Le fer battu utilisé pour ces

hochets provient de vieilles boîtes de conserves. Un ferblantier juif a

façonné un cylindre creux qu'il a pourvu d'une poignée et rempli de

grenaille (71.1933.77.47-48, H = 7 cm, D = 2,8 cm). Mas Marie (1960-

1961: 225) décrit le même hochet environ trente années plus tard :

On donne à l’enfant un hochet ‘jenjel’ (Fès) ou kharkhâcha (Rabat),

fabriqué par le ferblantier, composé d’un cylindre fermé en fer blanc,

dans lequel on a introduit des petits cailloux, et d’un manche du même

métal. Parfois le manche est terminé par une anche ‘zemmâra’ qu’on

fait vibrer pour amuser l’enfant. On achète également de nos jours des

hochets en celluloïd ‘kâfûr’ de fabrication européenne.

Dans son livre Quelques manifestations de l'esprit populaire dans les

juiveries du Sud-Marocain, décrivant les résultats de ses recherches de

1948 à 1958, Pierre Flamand écrit (p. 157) ce qui suit sur le hochet :

Dans les mellah cette production présente une assez grande variété

inspirée de deux types; le plus simple se confectionne avec cinq ou six

rondelles de fer blanc enfilées et mobiles sur un roseau; le mouvement

imprimé à l'ensemble par l'enfant les fait tintinnabuler. Un hochet de ce

type s'achète à partir de cinq francs chez le ferblantier juif. L'autre type

de hochet indigène enferme deux pois chiches dans un petit cylindre de

fer-blanc de deux à quatre centimètres de diamètre, obturé à ses deux

extrémités et soudé à une tige de même métal de huit à douze

centimètres de longueur. Le ferblantier juif le fabrique comme le

précédent, à partir de vieilles boîtes de conserve et il le vend de dix à

vingt francs suivant sa taille. Les hochets s'offrent aux enfants surtout

lors de la fête de Pourim.

Cet auteur décrit encore deux autres bruiteurs, les castagnettes et les

crécelles :

Les castagnettes existent dans chaque mellah mais à un petit nombre

d'exemplaires : dans les mellahs urbains, les magasins de jouets les

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286

proposent à 1.500 francs la paire; en montagne, les enfants taillent et

arrondissent au couteau des cupules de bois de noyer qu'ils passent

ensuite à la flamme pour obtenir une meilleure sonorité. L'usage des

castagnettes dans les mellahs, se réduit aux enfants qui en tirent

individuellement quelques claquements, sans jamais atteindre la

virtuosité et sans employer ces instruments pour rythmer des évolutions

de groupes comme le font les danseurs du pays chleuh (berbère) (p.

157)… Avec les déchets de leur fabrication de lanternes, les ferblantiers

indigènes montent des mécanismes - grossièrement analogues aux

crécelles offertes par les magasins de jouets européens : une lamelle

flexible, fixée à l'une de ses extrémités, frotte, par l'autre extrémité, sur

une roue dentée; une poignée perpendiculaire à ce dispositif permet de

faire tourner la roue tout en maintenant l'ensemble. La plupart des filles

et des garçons possèdent une crécelle, au moins dans les mellahs

urbains. Le bruit discordant qu'ils en tirent justifie le nom de "casse-

tête" attribué à ce jouet en milieu israélite (p. 158).

Un dernier bruiteur qui toutefois sert aussi à donner le rythme est la

claquette déjà décrite ci-dessus pour les enfants ghrib (fig. 332, p. 276).

J'ai vu en novembre 1994 pareille claquette à trois lames, découpée dans le

rameau de régime de dattes, et appelée shbakala par les garçons et les filles

amazighes de Goulmima au Maroc central. Normalement plusieurs garçons

ou filles créent ensemble un rythme avec ces claquettes et parfois ils ou

elles chantent en même temps.

De vrais instruments à percussion se trouvent aussi entre les mains des

enfants marocains. Il s'agit de petits tambourins ou de tambours. Mes

informatrices de la région de Midelt au Maroc central m'ont décrit un petit

tambourin, appelé kherkhasha en amazigh. Ce tambourin est donné aux

fillettes et aux filles pour la fête de l'°Ashûra. Sur un cercle de bois un

fragment de peau de chèvre est tendu d'un côté. Dans le cercle de bois de

quelques centimètres de hauteur, des petits disques en fer-blanc sont fixés

deux par deux et avec un petit clou dans les fentes faites à cette fin. J'ai

acheté un exemple de ce tambourin à Marrakech en 1992. La peau est

collée sur un cercle de carton ((fig. 345 à gauche, p. 287, H = 3,5 cm, D =

8,5 cm, D des disques = 3,5 cm). En plus, j'ai vu quelques jours avant

l'°Ashûra de 1993 dans le village Zhana près de Kénitra quelques filles

jouant sur ce type de tambourin. Selon des informations obtenues au

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287

village Ksar Assaka près de Midelt, il arrive que la peau manque et qu'il

n'y ait que les petits disques en fer-blanc dans le cercle en bois. Dans ce

village ces tambourins sont en principe uniquement utilisés par les filles.

Elles l'utilisent spécialement pendant la fête de l'°Ashûra lorsqu'en

chantant, elles vont quémander de maison à maison. Des fillettes de trois

ou quatre ans s'amusent parfois avec ces tambourins.

Un tambourin à peau tendu sur cercle de bois mais sans disques de fer-

blanc s'appelle tellunt en amazigh du Maroc central et bendir en arabe

marocain. Cet instrument

de musique qui tient un rôle

important dans la musique

populaire est frappé avec

les mains. Deux

informations provenant du

petit village Ksar Assaka

attestent qu'un modèle

réduit est fabriqué à

l'intention d'une fille. Dans

le premier cas, une mère

avait l'habitude dans les

années 1970 d'utiliser la

peau d'un mouton, tué lors

de la fête de l'°Aïd el kebir,

pour faire un petit tellunt

qu'elle donnait à ses filles. Dans le deuxième cas, un père a fabriqué pour

l'°Aïd el kebir de 2000 un petit tellunt pour Selma, sa fille unique de deux

ans et demi. Les filles utilisent ce tambourin pour accompagner leurs

chansons et danses. Pierre Flamand note que les enfants des familles aisées

participent aux réjouissances musicales des adultes "avec des tambourins

de dimensions réduites, confectionnés à leur intention par les artisans

indigènes. Juifs et berbères en usent de même à cet égard." (p. 150).

Sur la photo ci-dessous on retrouve les mêmes petits enfants du village

Idoubahman-Imjâd qui jouaient à la dînette (fig. 205, p. 189). En août 2006

Mohamed de cinq ans s'amuse à faire de la musique. Il réussit déjà assez

bien à frapper le tellunt, un tambourin pour enfant que son père lui a fait

(fig. 346, p. 288).

345

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288

A côté de Mohamed on voit sa petite sœur et une cousine du même âge.

A tour de rôle une fillette joue à attraper l'autre. Une fois que la fille à la

blouse rouge a pris sa cousine celle-ci doit devenir son âne. La première

fille se réjouit d'être porter à dos d'âne mais l'autre n'aime pas du tout cela

ce qui se remarque bien sur son visage.

Un autre type de tambourin en poterie est surtout donné aux garçons pour

la fête de l'°Ashûra (fig. 345 à droite, p. 287, H = 25 cm, D = 11 cm). Selon

des informations provenant du village Ksar Assaka, le modèle le plus petit

peut aussi se trouver entre les mains de petites filles de deux ou trois ans

car à cet âge la différentiation sexuelle ne joue pas encore.

Ce tambourin s'appelle ta°rija, un nom déjà noté par Jeanne Jouin qui

décrivit l'exemple qu'elle a acheté à Fès en 1933 de la manière suivante.

346

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289

Une peau est tendue sur un cylindre en poterie avec deux cordes boyaux

tendues sur la face intérieure de la membrane (71.1933.77.49). Le cylindre

est couvert de peinture avec des fleurons bleus sur fond rose (H = 17,5 cm,

D = 6 cm). Il s'agit d'un modèle réduit donné aux enfants surtout pour la

fête de l'°Ashûra. Déjà en 1915 ces tambourins sont mentionnés par F.

Castells dans sa "Note sur la fête de Achoura à Rabat" (p. 342). Il écrit :

Les 'agouals' sont des tambourins oblongs en poterie ordinaire. Leur

forme est à peu près celle d'un cylindre s'amincissant au milieu de sa

hauteur et se terminant en tronc de cône, légèrement évasé. Sur la

partie évasée est appliquée une peau de chèvre sur laquelle on frappe

après l'avoir légèrement chauffée pour la tendre et la rendre ainsi

sonore. Les 'agouals' sont soit en poterie nue, soit peints en rouge et

ornés d'un dessin en traits croisés; dans ce dernier cas, on les appelle

aussi ’taârija’... Il en est des tout petits qu'on achète pour les enfants, et

de très grands qui seront précieusement conservés jusqu'à l'Achoura

prochaine. La dimension ordinaire est de 33 centimètres sur 12

centimètres.

J‟ai acheté une série de tambourins de grandeur différente dans la ville

côtière Kénitra pendant la fête de l‟°Ashûra en 1994 (fig. 347).

347

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290

Le plus petit tambourin avec décor brun et vert sur fond blanc a coûté

deux dirhams ou 0,2 € (H = 7,5 cm, D = 4 cm). Celui à bandes rouges,

bleues et noires coûtait le même prix (H = 12,5 cm, D = 8 cm). Il y a aussi

un autre petit tambourin en poterie émaillée à décor brun et gris (H = 12,5

cm, D = 6,5 cm) ainsi qu'un tambourin plus grand de couleur ocre (H = 21

cm, D = 10 cm). Le tambourin le plus grand est très décoré avec un arbre,

un palmier, des oiseaux et un dessin qui ressemble à une gazelle sur un

rocher, peint en brun et vert sur fond jaune et avec des cercles noirs en bas

et en haut (H = 24,5 cm, D = 12 cm). Les enfants prennent ces instruments

avec une main et le frappent avec l'autre main.

A Midelt lors de l'°Ashûra de 1999 j'ai obtenu deux autres tambourins

très décorés avec de la peinture brillante et un décor géométrique dessiné

en lignes blanches (H = 20,5/21,5 cm, D = 10/11,5 cm). Pendant la fête de

l'°Ashûra en mars 2003 à Sidi Ifni ce même type de tambourin, appelé

aussi ta°rija, était bien mis en vue chez quelques marchands ambulants. A

ce moment beaucoup de filles y jouaient pour accompagner leurs chants. A

Sidi Ifni pour l‟°Ashûra fin janvier 2007 des vendeurs ambulants vendent

des petits tambourins (H = 10 cm) à 1 dirham ou 0,1 € et des tambourins de

taille moyenne (H = 18 cm) à 5 dirhams ou 0,5 € (fig. 348).

348

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291

Ces tambourins sont donnés aux enfants Aït Ouirra de la région d'El

Ksiba au Moyen Atlas. Là il s'appelle 'tikazdoumma' et se sont des

cylindres en poterie recouverts d'une peau de chèvre tendue

(Oubahammou, 1987: 85).

Le t'bal est un instrument de percussion avec une peau tendue des deux

côtés d'un cylindre. Ce tambour est normalement donné aux garçons pour

l'°Ashûra. Celui que j‟ai acheté

à Midelt en 1999 est porté au

cou par un lacet bleu attaché à

deux crochets (fig. 349, H = 7

cm, D = 10 cm). En haut et en

bas du cylindre en carton un

ruban jaune brillant est fixé par

des clous. Le tambour est

frappé avec deux baguettes

coupées dans une planche de

caisse à tomates parce que ce bois est dur et ainsi il produit un son clair.

Ce tambour est utilement remplacé par un vieux bidon d'huile en

plastique que l'on porte au cou ou à l'épaule. Il est aussi appelé t'bal et on

le frappe avec deux bâtons. Normalement il est utilisé par les garçons pour

la fête de l'°Ashûra. La photo de la figure 350, prise à Goulmima au Maroc

central lors de la fête du trône de 1996, montre cependant que les élèves

l'utilisent aussi dans le cadre de la participation des écoles à cette fête.

349

350

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292

Les enfants aiment utiliser une grande boîte de poudre de lait comme

tambour et quelques petits garçons du village Ikenwèn dans la région de

Tiznit ont eu la chance d'en avoir en décembre 2006 (fig. 351).

Un dimanche en mai 2005 avant la tombée du soir, un groupe de six

garçons entre sept et neuf ans forment un orchestre de percussion dans le

quartier Boulalem de Sidi Ifni. Ils font cela pour le deuxième jour

consécutif et jouent environ une heure. Ils frappent des rythmes locaux et

chantent en arabe marocain. Comme instruments ils utilisent toutes sortes

de bidons en plastique ou en métal et des bouteilles en plastique qu‟ils

frappent avec des bâtons et des barres en métal (fig. 352).

351

352

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293

Ici et là on voit au Maroc des garçons qui jouent du tambour et ils

s‟amusent fort bien comme le font des garçons de Sidi Ifni en août 2005. Je

les ai trouvés par hasard sous un arbre au bord de la route menant au port

de Sidi Ifni. Des récipients en fer blanc et en plastique servent de

tambours. Devant leurs tambours ils ont mis des micros fait avec des

bâtons de roseau. Surtout le garçon le plus jeune chantait et dansait à la

grande joie des autres garçons (fig. 353).

Pour les garçons du quartier Boulalem de Sidi Ifni août 2005 semblait être

un mois pour faire de la musique. Quelques jours après que j‟ai trouvé les

musiciens ci-dessus, plusieurs groupes de garçons battaient leurs tambours

de fortune à la tombée de la nuit. C‟est alors que j‟ai vu Zakaria, un garçon

de douze ans, jouant de la batterie en présence de ses amis. Il a fait sa

batterie avec trois boîtes de poudre de lait en fer blanc et leurs couvercles.

Des manches de brosses sont utilisées pour construire la structure

supportant les tambours et tout est fixé avec du ruban adhésif noir. Deux

cymbales complètent cette batterie. Pour créer une première cymbale un

353

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294

long clou est enfoncé dans le couvercle puis dans la manche en bois mais

d'abord une bobine de fil à coudre en plastique a été mise sous le

couvercle. Pour faire la deuxième cymbale un autre clou est enfoncé dans

un premier couvercle, puis à travers un bouchon et un deuxième couvercle,

et finalement à travers le tambour inférieur. Afin de tenir ce clou en place

un bouchon y est mis à l‟intérieur du tambour inférieur. Quelques grandes

pierres mises à l‟intérieur du tambour inférieur tiennent la structure en

équilibre. Deux morceaux de branche servent de baguettes (fig. 354, H =

44 cm, L = 36 cm).

Zakaria disait qu‟il a trouvé l‟idée en regardant un orchestre jouant lors

d‟une fête de mariage célébrée en été. Cependant, il s‟agit de la première

batterie qu‟il a réalisée.

354

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295

Dans les villes comme dans les villages les boîtes de lait en poudre en

fer blanc sont idéales pour être utilisées comme tambour. Le plus souvent

on frappe le dessous de la boîte avec un bâton ou avec les mains mais les

tambours plus élaborés ont une peau en place du fond de la boîte (fig. 355).

Les tambours montrés ci-dessous sont faits par Abderrahim, un garçon de

seize ans du village Igîsel à environ 3 km des sources chaudes Abaynou

près de Guelmim au Pré-Sahara. Comme membrane il a utilisé des

morceaux de peau de chèvre. Une fois le fond de la boîte en fer blanc

enlevé il faut serrer la peau humide sur la boîte. Quand la peau est séchée

elle reste en place sans adhésif. Abderrahim a réalisé ces tambours pour les

utiliser lors de l‟°Ashûra ou d‟autres fêtes.

355

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296

Un garçon de Midelt de onze ans m‟a

raconté en juin 2000 qu‟il fabrique une

copie d‟un instrument de percussion en

métal typique des Gnawa (musiciens noirs)

appelé qerbshèlla (fig. 356). Le garçon le

tient avec un fil autour de son pouce et un

autre mis autour du médius et de l‟index.

Ce jouet musical est surtout utilisé pendant

l‟°Ashûra quand d‟autres garçons jouent au

tambour et de la flûte.

J'ai vu au Maroc plusieurs manières de faire des sifflets aussi bien avec

du matériel végétal, du papier qu'un morceau de boîte en fer blanc. Les

filles et les garçons de la région de Midelt au Maroc central utilisent le

haut d'un roseau jeune et vert à l'endroit où la feuille est encore enroulée. Il

faut tirer cette feuille enroulée, la mettre avec le côté légèrement ouvert

dans la bouche et serrer doucement les lèvres. Alors on peut obtenir un son

strident en soufflant. Une feuille de papier est aussi utilisée. D'une feuille

de cahier d'école, par exemple, on

déchire un rectangle plus ou moins

grand et on le plie en deux dans le

sens de la longueur. Des deux côtés

un bord assez large est replié. Puis il

faut faire un trou au centre du pli du

milieu. Un premier sifflet en papier

d'environ 6 cm sur 5 cm a été fait par un garçon de neuf ans. Un garçon de

onze ans a fait le deuxième exemple de 11 cm sur 5,5 cm (fig. 357). Ces

sifflets ont été réalisés à Midelt en octobre 1998.

Pour siffler le morceau de papier

plié et troué est placé avec le trou en

bas entre deux doigts afin que les

bords repliés reposent sur les doigts

(fig. 358). En ouvrant un peu les

doigts et en régularisant son souffle

l'enfant arrive à produire des

sifflements. Le sifflet de feuille de

roseau aussi bien que celui de papier

s'appelle t'azemart en amazigh local.

357

356

358

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297

A 30 km avant Midelt en venant

de Meknès, au village Zaïda, une

fille m'a montré comment on fait un

sifflet avec une fleur (fig. 359). La

fille a pris les pétales caliciforme et

elle enlève les étamines. Puis elle a

mis les pétales en bouche par la

petite ouverture à la base. En

appuyant avec les lèvres sur

l‟ouverture et en soufflant

adéquatement elle arrive à produire

des sons stridents.

Pierre Flamand parle des sifflets

utilisés par les enfants du sud du

Maroc dans les années 1950 (p.

158) :

Les enfants, avec un bout de tige de roseau, les artisans indigènes avec

quelques fragments du fer blanc des boîtes de conserve reproduisent les

deux modèles universellement connus de sifflets : le sifflet long et le

sifflet rond. Ils fabriquent également un sifflet à eau. Ce jouet a pour

réservoir une tige de roseau de quelque vingt centimètres de longueur et

d'un bon centimètre de diamètre, fermée à ses deux extrémités. Près de

l'une de ces extrémités, s'ouvre un trou cylindrique dans lequel

s'emboîte une courte tige creuse servant au remplissage du réservoir.

Près de l'autre extrémité se place, symétriquement, une autre tige courte

taillée en biseau. Souffler dans cette tige agite l'eau dans le corps de

l'instrument, produisant des gargouillis sonores qui plaisent aux

enfants. Les petits berbères n'ignorent pas ce plaisir. Le réservoir à eau

de leur Seffara se constitue parfois simplement d'une grenade percée de

deux trous et vidée de ses grains. En Espagne, une gargoulette remplit

le même office.

Comme les artisans mentionnés par Pierre Flamand, les garçons du village

Ikenwèn dans la région de Tiznit font ce sifflet en fer blanc en juillet 2006

(fig. 360-361, p. 298, H+ = 2 cm, LO+ = 4 cm). Ils les découpent dans une

boite de limonade. Le plus souvent la partie courbée reste ouverte mais

359

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298

parfois elle est repliée jusqu'à la lame plate. L'embouchure simple se limite

à la partie plate du morceau de fer blanc. Plus souvent un morceau de fer

blanc plié est mis sur la partie plate. Pour siffler il faut prendre la partie

courbée entre le pouce et l'index et faire attention qu'elle reste horizontale

et en ligne avec l'embouchure. Ce sifflet produit un son fort et si on met

une petite perle en plastique dans la partie courbée le son ressemble à un

sifflet de policier. Pareils sifflets s'utilisent pour le jeu de policiers et

voleurs.

En 1931 le Musée de l'Homme a reçu de Jeanne Jouin une flûte provenant

de Rabat qui est jouée par les jeunes bergers et les enfants (71.1931.45.29,

H = 24 cm). Selon les informations du fichier c'est un roseau cylindrique

creux avec embouchure en biseau et ouverture en biseau près de cette

embouchure. Le roseau est percé de huit trous, sept à l'avant et une à

l'arrière. L'embouchure est peinte en rouge.

J'ai acheté le même type de

flûte de roseau avec le même

nombre de trous à Marrakech en

1992 (fig. 362). A l'extrémité

opposée de l'embouchure le

roseau fut découpé à un nœud

pour que le tube reste fermé.

Pareille flûte est aussi vendue aux

visiteurs de la source Aïn Vittel d‟Ifrane au Moyen Atlas où elle fut

donnée en août 1999 à une petite fille de moins de deux ans.

Dans les mellahs du sud marocain et pendant les années 1950, une flûte

semblable était utilisée. Pierre Flamand décrit cette flûte de la manière

suivante (p. 158) :

360 361

362

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299

Avec un tube de roseau, d'un centimètre environ de diamètre, de vingt à

trente centimètres de longueur, taillé en biseau à l'une de ses extrémités

et pourvu d'un orifice d'appel d'air près de ce biseau, les petits

indigènes du Sud préparent une sorte de pipeau. Cet instrument de

musique rudimentaire possède des possibilités très limitées de

modulation des sons. Ce jouet appartient à la tradition folklorique juive

par son association aux festivités de Pourim. Les enfants en reçoivent de

leurs parents et de leurs amis, pour leur permettre de s'associer

bruyamment à la glorification d'Esther et de son peuple. Les magasins

de jouets offrent des flûtes à six trous en matière plastique, de

fabrication européenne, valant 200 à 300 francs. Il s'en vend peu. Les

produits indigènes conservent la faveur des mellahs en raison de leur

prix modique (10 à 20 francs). Dans les grandes agglomérations, les

marchands de cages d'oiseaux assurent cette production; à la campagne

et partout où les enfants disposent de bambou, ils les confectionnent

eux-mêmes.

En février 2007 Sidi Ahmed de onze

ans vivant au village Douar près de

Tan-Tan a reçu d‟un grand-père

paternel sa longue flûte en roseau.

Sidi Ahmed en voulait une depuis

qu‟il l‟a vue dans une fête de

mariage. Sur cette flûte il essaie de

jouer un air de berger (fig. 363).

Une flûte d'un type particulier

totalement faite avec des objets en

plastique récupérés me fut présentée

à Midelt au Maroc central par le

garçon qui l‟a fabriquée en

septembre 1999. Il s‟agit d‟une

copie de la flûte locale appelée el

ghêta et ressemblant à un hautbois à

six trous, cinq à l'avant et un à

l'arrière. Pour faire l'embouchure il a

mis un bouchon de bouteille d'huile

au-dessus d'une extrémité du tuyau.

363

Page 300: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

300

Puis il a introduit au centre de ce

bouchon et par un petit trou fait à

cet effet, une paille en plastique de 6

cm de long que l'on trouve dans les

petites boîtes de limonade (fig. 364).

Sur l'autre extrémité un pavillon,

d'un diamètre maximal de 8 cm, est

créé avec la partie supérieure d'une

bouteille de limonade. Avec l'ouverture en avant ce pavillon est mis sur le

tuyau où il est fixé avec quelques lamelles de plastique provenant de la

même bouteille (fig. 365, LO = 30 cm, D du tuyau = 2 cm).

Sur la route de Kasba Tadla à Khénifra près du village Tighboula non loin

d'El Ksiba au Moyen Atlas, j'ai rencontré Khalef, un jeune berger de treize

ans. Au bord de la route il était en train de jouer sur son violon un jour de

septembre 1999 (fig. 366, p. 301). Ce violon, dénommée kamanja, est

confectionné par lui-même.

364

365

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301

La caisse de résonance est un vieux bidon de fer blanc d'environ 20 cm sur

17 cm et 6,5 cm. Elle est percée d'un bâton d'environ 65 cm de long sur un

diamètre maximal de 4 cm. Ce bâton provient d'une branche de bois léger

qui fut totalement écorcée sauf deux carrés d'écorce. Un carré d‟écorce se

trouve à l'avant de la volute et un visage - à nez, bouche, yeux et oreilles -

est incisé dans l'écorce. Un autre carré d‟écorce se trouve à l'arrière en

dessous des chevilles où un X fut incisé (fig. 367-368, p. 302).

366

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302

En dessous de la volute le garçon a évidé le bâton sur une longueur de 8

cm, une largeur d'environ 2 cm et une profondeur d'environ 1,5 cm. De

chaque coté de ce creux il a brûlé trois trous dans lequel s'enfoncent les

trois chevilles d'environ 5 cm de long faites avec le même bois. Les

ouvertures latérales de la table supérieure du violon sont remplacées par

des ouvertures rectangulaires découpées dans le haut et les côtes de la

caisse. Ces rectangles mesurent environ 6 cm sur 7 cm. Juste en bas de ces

ouïes et au centre se trouve le chevalet fait d'un morceau de bois très léger

et doux provenant probablement d'un cacaotier. Le bord replié en bas du

bidon et dans lequel trois trous sont percés sert de cordier. Les trois cordes

en métal sont faites de spirales de cahiers d'écoles étirées. Une fois les

cordes attachées aux chevilles il devient possible de leurs donner la tension

voulue en tournant les chevilles. L'archet utilisé par ce berger est une

branche d'olivier de 52 cm de long sous-tendue par cinq crins de fil de

nylon achetés au magasin. D'un côté les fils passent par une entaille après

quoi ils sont noués ensemble. De l'autre côté ils sont tenus en place avec un

367 368

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303

fil de laine. Au centre l'archet est décoré de trois incisions circulaires

distanciées l'une de l'autre d'environ 4 cm (fig. 369).

Selon des voisins de Khalef les autres bergers de la région ne font pas de

violons. Ils soulignent aussi que Khalef bien qu‟il vive déjà des années

dans la région de Tighboula appartient à la population Aït Haddidou

d'Imilchil au cœur du Haut Atlas.

La fabrication de pareils violons semble rare mais deux de mes

informateurs de la région de Midelt m'ont dit qu'ils en ont fabriqué un

lorsqu'ils étaient des garçons. En plus j'ai vu en mai 2005 un violon

fabriqué par Hafid, un garçon de sept ans du village de montagne Lahfart

369

369

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304

dans la région de Sidi Ifni (fig. 370). Hafid disait que son frère de dix ans

l'a aidé à créer cet instrument de musique sur lequel il est possible de jouer

des airs.

Comme caisse de résonance une vieille casserole à manche est utilisée (D

= 18 cm, H = 9 cm). Dans l‟ouverture pour la manche une planche est fixée

(L = 58 cm, B = 4 cm). Un morceau de bois de 12 cm sur 5 cm, cloué en

haut de la planche, sert de volute dans lequel trois vis ont été vissés. D‟un

côté les cordes sont attachées au clou fixant la planche à la casserole et de

l‟autre côté aux ouvertures des vis. Hafid a reçu ces cordes en nylon d‟un

370

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305

voisin qui les a obtenues d‟un pêcheur à la ligne. Une planchette mince de

16 cm sur 10 cm est clouée en bas de la planche. Cette planchette

commence juste au-dessus de la partie supérieure de la casserole et s‟arrête

à environ 3 cm du bord inférieur de la casserole. A cet endroit un morceau

de bois rectangulaire servant de chevalet est introduit sous les cordes.

L‟archet est une branche courbée d‟environ 30 cm avec un fil de cuivre

tendu entre les extrémités.

Entre les mains d'un garçon de six ans vivant dans la petite ville

Goulmima au Maroc central j'ai trouvé en novembre 1994 une guitare à

trois cordes, les cordes étant de vieilles cordes d'instruments à cordes. La

caisse de résonance d'une largeur maximale de 8 cm est faite d'une

bouteille de limonade en plastique fixée sur un bâton d'environ 80 cm de

longueur. En haut du bâton deux clous et une entaille servent à fixer la

corde qui contourne en bas la pointe découpée dans le bâton.

En février 2003 j'ai pu photographier dans une rue en haut de la colline

du quartier Boulalem à Sidi Ifni un garçon de treize ans en train de jouer

sur la guitare qu'il s‟est construite (fig. 371). Cette guitare est faite avec

une boîte de fer blanc ronde, une latte, quelques clous et de cordes réelles.

Le garçon m'a dit que son père l'a aidé à finir la guitare.

206

372 371

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306

Une autre guitare du même genre vient du village Igîsel près de

Guelmim dans le Pré-Sahara (fig. 372, p. 305, H = 58, LO = 15). Un

garçon de quatorze ans l'a créée en 2005 avec un bidon de colle, une

planchette, des fils nylons et des vis. Le chevalet est un morceau de

manche de balais. Les trois cordes sont attachées en bas du chevalet aux

clous qui fixent la planche à la caisse de résonance et en haut de la planche

aux trois vis.

Mohamed Sijelmassi nous montre une photo couleur d'un garçon avec sa

guitare : "un bidon d'huile, des fils de fer, un bout de bois" (1984: 88).

La concurrence faite aux bruiteurs et aux instruments de musique que les

enfants ou les adultes fabriquent localement par ceux importés et le plus

souvent en plastique ne date pas d'aujourd'hui car F. Castells mentionne

déjà en 1915 des tambours et des clairons de fabrication européenne

vendus pour la fête de l'°Ashûra à Rabat (p. 342). Soixante-seize ans plus

tard, j'ai trouvé toute une série de ces jouets musicaux peu coûteux à

Marrakech en 1992. J‟ai donné le hochet (fig. 373) et la trompette (fig.

374) aux enfants d‟une femme de Marrakech qui m‟a informé sur les

poupées de son enfance.

373 374

371

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307

Au même moment j‟ai aussi acheté un sifflet (fig. 375), un accordéon et

une deuxième trompette (fig. 376). Ces instruments de musique fabriqués

en Asie du Sud-Est sont vendus avec d'autres jouets par les marchands

ambulants et dans des petits magasins spécialement pour l'°Ashûra.

210

375 376

Page 308: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

308

6 Les rituels et les fêtes dans les jeux et jouets

Comme avec beaucoup d‟aspects de la vie familiale, les enfants sahariens

et nord-africains s‟accaparent les rituels et les fêtes pour créer des activités

ludiques. Mais parfois la séparation entre le jeu et le rituel s'estompe et les

enfants sont intégrés directement à la vie rituelle. Alors les enfants

exécutent un rite mais dans ce cas le rituel et le jeu se côtoient.

Parlant des liens entre activités ludiques et jouets, d‟un côté, et des

rituels et fêtes, de l‟autre côté, il faut souligner que ce chapitre parle plus

de jeux dans lesquels certains rituels et quelques aspects des fêtes sont

interprétés par les enfants que de véritables jeux rituels. Un exemple est

donné par la fillette Selma de deux ans et demi, déjà mentionnée en parlant

de la danse (fig. 343, p. 284), qui avec la même spontanéité imite la prière

(fig. 377).

Dans son livre Jeux et Jouets de l'Ouest Africain Charles Béart consacre un

chapitre sur la magie et la prestidigitation dans les jeux (p. 565-569), sur

les jeux rituels (p. 571-578) et sur le lien entre les jeux et les fêtes (p. 578-

590). Contrairement à d'autres chapitres du livre de Charles Béart, le

chapitre sur la magie et la prestidigitation dans les jeux ne comporte pas

d'informations sur les enfants touaregs et maures. En plus les données

provenant de mes recherches sur le terrain restent limitées.

377

377

Page 309: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

309

Auprès des enfants ghrib du Sahara tunisien j‟ai trouvé quelques jeux

liés à la magie ou la vie religieuse. Ainsi, quand les enfants ghrib des

années 1970 avaient besoin de tracer un cercle pour un de leurs jeux ils

imitaient souvent un rite de la protection des biens (fig. 378).

Les filles ou les garçons se mettent l'un derrière l'autre. En marchant ils

tracent avec le pied un cercle dans le sable (fig. 379) et chantent :

Khot'a khot'a.

Illi mê ikhawutesh ommah mangûta.

Pas par pas (on fait le cercle).

Celui qui ne fait pas le cercle sa mère tombera malade.

378

379

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310

Lorsque le tracé du cercle est terminé, le premier joueur commence à

courir à toute vitesse le long du côté intérieur du cercle. Chacun doit alors

essayer d'attraper celui qui le devance pour le pincer en criant :

Illi yalh'ag khûh, igerres khûh.

Celui qui attrape son camarade, qu'il pince son camarade.

Il arrive qu'un enfant pince trop fort ce qui risque de déclencher une

bagarre. Il existe un lien direct entre cette manière de tracer un cercle et les

croyances. Faire un cercle autour de son bien est un procédé qu'aussi bien

l'enfant que l'adulte peut employer pour protéger son bien (fig. 378, p.

309). Une observation que j‟ai faite à El Faouar en novembre 1975 montre

comment une fillette ghrib trace le cercle protecteur. Dans la matinée,

Jamila, une fillette de quatre ans, et Fatna, une voisine d‟environ sept ans,

regardent des hommes de leur famille en train de construire une maison.

Sans motif apparent, Jamila commence à tracer un cercle avec son pied

comme on le fait pour le jeu de cache-cache. En même temps elle chante la

formule magique pour la protection des biens. Immédiatement Fatna la suit

dans le même tracé. Les fillettes ne s‟engagent pas dans un jeu mais

s‟assoient et jouent dans le sable.

Dominique Champault (1969: 349) mentionne l‟utilisation de ce cercle

de protection par les enfants Belbala lorsqu‟elle parle du jeu de ménage :

Les maisons et leur mobilier sont abandonnés par leurs propriétaires

qui les retrouvent intacts plusieurs mois après. Les propriétaires

consciencieux prennent d'ailleurs la précaution d'enclore leurs maisons

d'un grand cercle tracé avec le pied, de la même manière que les adultes

attestent leur droit de propriété sur un objet provisoirement abandonné

dans le désert et qui, ainsi cerné, ne pourra être considéré comme une

épave.

Sous le nom ed desh ed desh, porter de porte en porte, les enfants ghrib

imitent le rituel qui est exécuté lorsqu'un enfant tarde à marcher (fig. 380,

p. 311). Un petit enfant est mis dans une corbeille que deux jeunes portent

d'une maison ou d'une tente à l'autre. Quand il s'agit d'un garçon les

porteurs disent devant chaque entrée :

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311

Ed desh ed desh, yâ hebshî, inshâllah içbay îwâli yimshî.

Porte de porte en porte, oh mon chéri, si Dieu le veut qu'il marche.

Quand il s'agit d'une fille les porteurs disent par contre :

Dê desh,

Inshâllah th'at't'ab el geshgêsh,

Porte de porte en porte,

Si Dieu le veut, elle collectionnera du bois mort.

Il y a aussi la divination enfantine connue sous le nom de tetgîz edh dhir.

Un garçon ou une fille jouant le rôle de teggêz, de divinateur ou

divinatrice, roule un fil de laine entre ses mains. Quand le fil est bien

380

Page 312: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

312

tordu, l'enfant dit dans le cas où quelqu'un de l'assistance aurait demandé

un renseignement sur un adulte de sa famille :

Ya khuyat, yâ mlît! Yimtah îrawwah mula el bît?

Oh petit fil, oh crépu! Quand reviendra le seigneur de la maison?

Toute autre question peut être formulée par le divinateur ou la divinatrice

selon ce que son client ou sa cliente veut savoir. Le divinateur ou la

divinatrice pose alors le fil tordu par terre. Si ce fil se tourne vers l'est il est

conclu que cet adulte retournera le jour même. Mais si le fil se tourne vers

une autre direction la conclusion est que celui-ci ne reviendra pas de si

vite. Les joueurs peuvent aussi convenir de donner aux autres directions

une signification particulière par exemple concernant le moment de retour.

En avril 1975 les garçons ghrib de l'oasis d'El Faouar font avec du sable

humide des constructions qui réfèrent à la vie religieuse et aux croyances

magiques de leur communauté. Ainsi ils ont construit une mosquée et un

tombeau de marabout (fig. 120-123, p. 132-134).

Les enfants de Mopti sur le fleuve Niger au Mali construisent des

mosquées en argile. Jean-Jacques Mandel et Armelle Brenier-Estrine

écrivent que ces jouets sont des symboles vitaux inscrits dans l'argile et

registrant la mémoire collective des enfants. Les mosquées soudanaises,

qui reflètent des siècles d'instruction, ne sont plus construites sauf en argile

et par les enfants (1977: 10).

Un jeu pratiqué par les adolescents et les adultes ghrib des années 1970

mais non pas par les enfants, renvoie aux rites de l'enterrement. Ce jeu

s'appelle mayt mât, le mort est bien mort. Un adolescent s'étend raide mort

sur le sol. Quatre autres adolescents doivent le soulever sous les épaules et

aux pieds mais en n‟utilisant que leurs deux index. Avant de soulever le

mort ils disent doucement :

Mayt mât, bêsh nghasselûh?

Nghasselûh bûl el bhaym!

Le mort est bien mort, comment allons-nous le laver?

Nous le laverons avec l'urine des ânes!

Après ces paroles les quatre porteurs essayent de lever le mort le plus haut

possible.

Page 313: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

313

Pareil rituel de l'enterrement peut aussi surgir spontanément de

l'imagination d'enfants marocains. Ainsi j'ai vu dans une rue d'un quartier

populaire de Kénitra en août 1993 comment un petit enfant devient

soudainement un mort. Quatre filles ont transporté le petit par les mains et

les pieds, l'ont déposé par terre et ont poussé de grands cris d'Allah.

Les données que j'ai recueillies moi-même au Maroc ou qui se trouvent

dans la bibliographie consultée n'offrent que peu de renseignements sur le

lien entre le rituel et l'activité ludique des enfants. Néanmoins, le lecteur

trouvera quelques informations dans mon livre Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées

(2005: 117-205). Dans ce livre il est surtout question de l'imitation de

certains rites de mariage. Il s‟agit aussi de la représentation de rites en

rapport avec l'accouchement et la naissance (voir p. 197-198),

l'enterrement (voir p. 200-203) et la demande de pluie (voir p. 203-205)

ainsi qu'avec la circoncision (voir p. 213). Certains jeux d'adresse comme

le jeu de la balançoire ou le jeu de balle étaient liés aux rites pour attirer la

pluie (Westermarck, 1926).

Dans mon livre précité est décrit comment vers 1982 les filles du village

Ksar Assaka près de Midelt imploraient la pluie en période de sécheresse

avec la poupée à cuiller de

bois appelée telghenja (2005:

203-205). Le 9 juillet 2006,

Khalija Jariaa a observé

comment vingt-trois filles et

quatre garçons entre 3 et 13

ans ont représenté de manière

ludique le même rituel pour

obtenir la pluie. Cela se

passait au village Douar

Ouaraben qui se trouve à la

périphérie de la ville de Tiznit

près de la route allant vers

Sidi Ifni.

Fatiha, une fille de treize

ans et la meneuse de jeu, a

créé la poupée belghenja (fig.

381). Celle-ci est faite avec

381

Page 314: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

314

une armature de roseau en forme de croix entourée de quelques chiffons

mais avec une robe récupérée d'une poupée amenée de France (H = 35 cm,

envergure des bras = 19 cm). Le couvre-chef de la poupée est une fleur qui

décorait une robe de la mère de Fatiha. Le collier que porte belghenja est

faite avec des tiznin ndlah ou pépites de pastèques, un collier que font les

filles pour elles-mêmes lors de la saison des pastèques. La grande boule

rouge s'appelle aqa limqurn. C'est un cadeau typique donné à une fille et

achetée lors du Moussem, la fête annuelle (fig. 382).

La première partie de la mise en scène de belghenja se fait sur le terrain de

jeu de ces enfants, un espace vide entre les constructions où des

maisonnettes sont délimitées avec des pierres (fig. 54, p. 92).

382

Page 315: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

315

Fatiha porte belghenja avec les deux mains devant sont front. Une autre

fille de treize ans porte le sac pour mettre les cadeaux et une troisième du

même âge frappera à la porte. Maintenant elles commencent à faire le tour

des maisonnettes. Les trois filles chantent et une d'elles frappe à la porte

quand le troisième couplet est entamé :

Belghenja, belghenja,

Addig Rabbi aman onzar,

Aisu wakal tili tuga,

Ad shin tfunasin,

Shin ihray sun ifullusen sun tazzanin.

Belghenja, belghenja,

Que Dieu nous comble avec l'eau de pluie,

Pour que la terre boive et fleurisse,

Et pour que se nourrissent les vaches, les moutons,

Pour que les poules boivent ainsi que les bébés.

Les filles ajoutent en parlant :

Aman onzar ar tnid itga Rabbi,

Ilkhalaiq lur sawalnin,

Mauri sawaln ifullusen, difunnasen, idan, tazzanin,

Urd nekni limqornin.

Eau de pluie que Dieu veuille l'envoyer,

A ceux qui ne parlent pas,

Les poules, les vaches, les chiens, les bébés,

Et pas à nous qui sommes grands.

Ces paroles réfèrent à la croyance populaire dans la région de Tiznit que

Dieu a pitié des animaux et des bébés, ceux qui ne peuvent pas parler et ne

font donc pas des commérages ou des mauvaises actions. Avec les adultes

Dieu n'aurait pas pitié et si ce n'était pas pour le bien de ceux qui ne parlent

pas Dieu ne donnerait pas de pluie et les adultes mourraient.

Page 316: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

316

Les enfants qui se trouvent dans chaque maisonnette offrent quelque

chose à belghenja : des bonbons ou du sucre (quelques pierres enveloppées

d'un morceau de plastique), du pain (une vieille semelle en caoutchouc), du

thé (des feuilles de l'arbre essay qui ressemblent aux feuilles de thé), et du

turufin (le blé grillé). La fille qui s'occupe du blé grillé répond lorsque

belghenja frappe à la porte "je sais que c'est belghenja, attends que je

prépare quelque chose à manger", puis elle fait semblant de griller le blé

avant de l'offrir.

Une fois que le tour des maisonnettes est terminé, les enfants sortent

avec belghenja dans la rue. Ils se promènent solennellement jusqu'au

magasin du coin où le vendeur leur offre des bonbons. Puis ils vont à la

petite rivière asif n aït jerrar. Là chaque enfant doit jeter dans la rivière

des pierres par-dessous son bras en tournant le dos à la rivière. Ces pierres

représentent selon eux les souris qui menacent la récolte, les cafards qui

salissent l'huile, le miel et d'autres nourritures, et les puces qui sont un

signe de famine.

De retour dans leur terrain de jeu belghenja est mis en honneur dans un

coin. Les enfants chantent et font semblant de manger ce qui a été offert à

belghenja. Lorsque le jeu se termine le soir, belghenja est mis dans la pièce

qui sert de grenier et où on garde le blé et l'orge. Fatiha souligne que les

enfants de Douar Ouaraben aiment beaucoup ce jeu. Ils le jouent

normalement chaque lundi car dans leur jeu une semaine vaut une année.

La poupée est réutilisée pour d'autres mises en scènes du rituel de

belghenja mais les vêtements sont changés.

En mai 2006 vers 11 heures du matin un groupe de dix filles entre quatre

et treize ans et cinq garçons entre cinq et huit ans s'amusent à célébrer le

rituel pour obtenir de la pluie. Cela fut observé par Khalija Jariaa au

village Idoubahman-Imjâd à 24 km d'Ifrane a/s et 72 km de Tafraoute. Tout

comme le font les femmes de la région avec la grande poupée belghenja,

les enfants mettent en scène la quête à travers le village pour demander des

cadeaux en nature ou en monnaie. Milouda, une femme de 67 ans, a la

garde de la belghenja d'environ un mètre de hauteur utilisée par les

femmes. Selon elle cette belghenja existe déjà une centaine d'années.

Page 317: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

317

La belghenja des

enfants faite par Fatima de

9 ans mesure 45 cm de

haut et la louche servant

d'armature a plus de trente

ans (fig. 383). Le nom de

la poupée vient de celui de

la louche en bois appelée

aghenja. Le bâton de la

louche est entouré d'un

morceau de mousse pour

donner de l'ampleur. Un

survêtement blanc à

capuchon est drapé sur un

sous-vêtement jaune. Un

manteau à capuchon

crocheté pour un bébé

complète l'habit. Le haut

de la louche est couvert

d'un foulard noir, un

morceau de sac en

plastique, puis d'un

foulard rouge. A l'avant du

foulard rouge une fille a

cousu un décor à perles et

paillettes provenant d'une robe de fête. Le collier blanc, un morceau de

tissus à paillettes et perles provenant de la même robe de fête, ainsi qu'un

petit collier à perles blanches et noires pendent autour du cou. Deux tresses

noires faites avec un morceau de sac en plastique pendent sur les épaules.

Sur le côté bombé de la louche on voit les traits de visage dessinés avec du

legedrân ou goudron naturel et comportant les yeux avec cils et sourcils,

un nez triangulaire et une bouche ovale.

Plusieurs maisonnettes délimitées par des pierres se trouvent

juxtaposées sur le terrain de jeu derrière les maisons et situé sur la pente

montante de la montagne. Il y a environ dix maisonnettes utilisées pour des

jeux de poupées, de dînette et de ménage. Malika, la sœur de treize ans de

Fatima, porte la belghenja des enfants, habillée comme une tislit ou jeune

383

Page 318: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

318

mariée d'antan, de maisonnette en maisonnette. Zeina, sa sœur jumelle,

porte un panier tressé se terminant en deux longues anses qu'elle tient à

deux mains sur son front. Les filles font semblant de frapper à chaque

porte et chantent leur chanson de belghenja, une version réduite de la

chanson des femmes. Cette chanson est la même que celle chantée par les

filles de Douar Ouaraben (p. 315).

Dans chaque maisonnette se trouve une soi-disant mère qui offre un

œuf, du pain, une orange ou une pomme, du sucre ou du thé qu'elle a reçus

à sa maison. Une fois que la fille de la première maisonnette a mis son

cadeau dans le panier elle accompagne Malika et Zeina à la deuxième

maisonnette où le même rituel ludique est exécuté après quoi cette fille se

joint au cortège. Cela continu jusqu'à la dernière maisonnette où se

trouvent les cinq garçons qui jouent le rôle de célibataire. Ils donnent

comme cadeau des billets d'argent représentés par des emballages de

bonbons. Ces garçons s'imaginent être des hommes riches et regardent

avec les mains sur le dos et la tête haute les filles qui passent en cachant

leur visage. Les filles vont à la maisonnette de Malika et Zeina où ils

mangent les cadeaux. Quand le jeu se termine après environ une heure les

vêtements de la belghenja des enfants sont enlevés. Puis la louche est

remise entre les mains de Milouda, la gardienne de la grande belghenja.

En ce qui concerne le lien entre les fêtes et les jeux et jouets, la fête de

l'°Ashûra vient en premier lieu. Il est aussi question de l'°Aïd el kebir, la

fête du sacrifice, et du Mûlûd, la commémoration de la naissance du

Prophète.

Au Maroc la fête de l'°Ashûra est la plus importante dans ce contexte et

il est coutume de donner des sucreries et des jouets aux enfants. L'°Ashûra

tombe le dixième jour du mois de muharram, le premier mois du calendrier

lunaire musulman. Les festivités se prolongent pendant une période de dix

jours commençant au début du mois. Dans plusieurs endroits d‟Afrique du

Nord, les adultes avaient l'habitude d'effectuer des rites et de participer à

des réjouissances carnavalesques et agraires. Ici et là ils le font encore

comme à Goulmima au Maroc central et à Tiznit près d‟Agadir. Les

données sur les poupées de l‟°Ashûra se trouvent dans mon livre Poupées

d’enfants et jeux de poupées (2005: 51, 200-203).

A ma connaissance, la première mention d'adultes donnant des jouets

aux enfants pour la fête de l'°Ashûra à Rabat vient de F. Castells en 1915

(p. 342). Westermarck en parle aussi pour Fès en 1926. Selon Lahcen

Page 319: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

319

Oubahammou, les adultes Aït Ouirra du Moyen Atlas achètent des cadeaux

pour leurs enfants à l'occasion de l'°Ashûra (1987: 85). Dans Enfances

Maghrébines Mohamed Dernouny déclare "Achoura est aussi l'occasion

pour l'adulte de faire des offrandes aux enfants, l'occasion donc d'une trêve

entre ces derniers et ceci le temps du déroulement des festivités" (1987:

27). Mais cette coutume ne se limite pas au Maroc. Dominique Champault

écrit pour les Belbala du Sahara algérien des années 1960 que "les enfants

reçoivent de menus cadeaux" pour l'°Ashûra (1969: 147).

Aujourd'hui au Maroc, les parents et parfois d'autres membres de la

famille achètent des jouets pour les enfants ou bien ils donnent un peu

d'argent. Quand j'étais au Maroc pendant l'°Ashûra de juin 1994, les

marchés des quartiers populaires de Rabat, Kénitra,

Marrakech ou Midelt débordaient de jouets souvent

en plastique. Les pistolets et les fusils à eau pour les

garçons et les boîtes de beauté pour les filles étaient à

la mode. La plupart de ses jouets à prix réduit sont

importés de Chine, de Hong-Kong et de Taiwan.

Comme décrit dans le chapitre précédent, il reste à

côté des instruments de musique en plastique (fig.

384) encore des instruments de musique faits

localement. Les garçons et les filles utilisent ces instruments de musique

surtout pour la quémande organisée lors de l'°Ashûra. A Sidi Ifni pendant

l‟°Ashûra de mars 2003, j‟ai néanmoins remarqué que les chants rythmés

au petit tambour en poterie se pratiquent souvent sans quémande de

sucreries ou d‟argent. Surtout les filles chantent en petits groupes, se

frappent les mains et font des youyous. A cet endroit c‟était certainement

l‟activité ludique la plus courante pendant toute la période de l‟°Ashûra.

Au village Ksar Assaka près de Midelt au Maroc central, les filles et les

garçons partaient en groupes séparés quémander des petits cadeaux en

nature ou en argent. Dans les années 1970, ces groupes d'enfants ont un

petit orchestre pour accompagner leurs chants de l'°Ashûra. Le groupe

d'enfants essaye d'entrer discrètement dans une maison afin de surprendre

les habitants par une apparition soudaine et bruyante. Un homme né en

1968 et originaire de ce village disait en mai 2000 que pendant son enfance

un groupe de garçons entre 8 et 12 ans formait un petit orchestre. Cet

orchestre des années 1980 comportait un joueur de violon ou de guitare et

des joueurs de tambourin fait d'une peau de lapin tendue sur une boite de

384

Page 320: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

320

conserve et tenue en place par un fil de fer. A côté de l‟orchestre il y avait

aussi un personnage masqué. Un garçon portait une barbe faite d'un

morceau de peau de mouton ou de chèvre. On lui donnait un gros ventre en

cachant un coussin ou une couverture sous son survêtement. Le groupe de

garçons allait de maison en maison pour chanter et jouer la mascarade et

obtenir du blé, du sucre etc. Puis ces denrées étaient vendues à l'épicier

pour pouvoir assister à une séance de film au cinéma Rex de Midelt, fermé

depuis longtemps. L‟argent pouvait aussi servir pour acheter quelque chose

à manger. Des informations récentes sur l'°Ashûra soulignent que se

masquer, s'habiller et danser ne se fait plus dans ce village lors de

l'°Ashûra. Les enfants se limitent à la quémande de monnaie en chantant.

Une autre activité ludique des enfants est directement liée à la fête de

l'°Ashûra. Il s'agit de l'arrosage d'eau. Pierre Flamand le confirme pour le

sud du Maroc des années 1950 en écrivant : "Les passants s'arrosent

joyeusement entre eux dans la rue et même dans les maisons; les enfants

s'y montrent les plus ardents, cachant leur instrument derrière leur dos pour

surprendre leurs victimes". Cet instrument est le lance-eau, appelé

'seringue' par cet auteur. "Presque la moitié des enfants possèdent

personnellement une seringue. Ils l'utilisent pendant la célébration de

Pentecôte en milieu juif, et d'Achoura (premier jour de l'année) en milieu

musulman." (recherches de 1948 à 1958, p. 151).

Pierre Flamand décrit ces seringues de la manière suivante (recherches

de 1948 à 1958, p. 151) :

Le modèle le plus répandu mesure de 8 à 15 centimètres de longueur et

de deux à trois centimètres de diamètre. Il est confectionné avec trois

fragments de roseau (cylindre servant de corps de pompe, tige-piston,

bouchon obturant le corps de pompe sauf le passage du piston). Les

ferblantiers vendent, au prix de dix francs, des seringues de fer blanc

construites à partir de morceaux de boîtes de conserve,

découpés, emboutis et soudés à la diable.

La lance-eau en roseau se trouve dans la collection de jouets

sahariens et nord-africains du Musée du Quai Branly (fig. 385,

71.1936.2.234). Il s'agit de trois jouets ayant appartenus à des

enfants Chaouïa de Ménâa dans l'Aurès en Algérie. Ces jouets

furent collectionnés par Thérèse Rivière en 1936 mais la fiche

385

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321

d'objet ne fait pas référence à l'°Ashûra (71.1936.2.234-236). La lance-eau

est faite de deux pièces. Il y a comme corps de pompe un morceau de

roseau creux et ouvert d'un côté. Ce morceau de roseau a un diamètre

d'environ 2 cm et une longueur de 17,5 cm (234), 24 cm (235), et 24,5 cm

(236). Un petit trou est fait dans l'extrémité fermée. La deuxième pièce

servant de piston est un roseau d'environ 1 cm de diamètre. La longueur est

de 32,5 cm (234), 61 cm (235), et 30,5 cm (236). Ce piston doit être

entouré d'un fil de coton pour bien s'ajuster au diamètre du corps de

pompe. L'eau aspirée dans le corps de pompe est projetée en avant en

poussant le piston avec force.

Tout à fait le même type de lance-eau, appelé tesdamèn, était utilisé par

Mohamed Jariaa et les autres garçons du village Ikenwèn dans l'Anti-Atlas

pour la fête de l'°Ashûra vers 1990. Aujourd'hui il est encore utilisé quand

un garçon n'a pas reçu de pistolet ou

fusil à eau de son père ou un autre

membre de sa famille. Mohamed a

reproduit en 2006 l'exemple de la

figure 386 (LO = 32 cm). Au lieu d'un

fil un morceau de plastique fin est

utilisé pour ajuster le piston.

Pierre Flamand a constaté vers 1950 que cette activité régresse (p. 151) :

La coutume de l'arrosage de Pentecôte entre amis, parents et voisins,

entre enfants et adultes, a pratiquement disparu des mellahs urbains.

Elle demeure vivace dans les mellahs de la montagne berbère mais elle

s'y interprète comme un jeu de l'eau, inspiré par l'ardeur du climat à

cette saison. Sa signification religieuse - fête de l'eau, date importante

du rituel du paganisme berbère - n'apparaît pas aux populations juives.

La pratique de l‟arrosage d'eau est aussi attestée pour les Aït Ouirra du

Moyen Atlas par Lahcen Oubahammou qui note qu'on trouve parmi les

jeux de l'°Ashûra, les „ilihane n'âchour‟, le jeu de „zem-zem‟ dans lequel

"les gens jettent l'eau les un sur les autres" sans se préoccuper du

gaspillage d'eau (1987: 87-88). En 1970 Marie-Rose Rabaté en parle en ce

qui concerne les enfants de la Vallée du Dra non loin de Ouarzazate (p.

252-253). Elle fait aussi référence à la fabrication d‟une seringue par un

garçon.

386

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322

Sauf Pierre Flamand, Marie-Rose Rabaté et Lahcen Oubahammou, les

autres auteurs qui parlent de la fête de l'°Ashûra ne réfèrent pas à cet

arrosage d'eau (Doutté, 1905, 1908; Castells, 1915; Westermarck, 1926;

Servier, 1962; Jemma-Gouzon, 1976). Cependant dans la plupart de ces

études la coutume de verser de l'eau sur les tombes lors de l'°Ashûra est

mentionnée.

Les données sur l'arrosage de l'°Ashûra que j'ai recueillies à Ksar Assaka

près de Midelt se réfèrent à trois générations successives : la génération

des grands-parents, celle de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Il s'agit

donc d'enfants ayant vécu vers 1950 et 1975 et de ceux qui sont des

enfants vers 2000. Les enfants des années 1950 et ceux des années 1970

pouvaient se permettre beaucoup lorsqu'ils aspergeaient d'eau enfants et

adultes. Deux anecdotes sont révélatrices à cet égard. Quelques filles ayant

environ dix ans vers 1950 ont pendant l'°Ashûra pris une femme assez

âgée. Puis elles l‟ont plongée dans un petit canal d'irrigation par leur effort

conjugué. Cela n‟a pas provoqué des protestations de la part de la femme

ni la réprobation d'autres adultes. Environ trente années plus tard, lors de

l'°Ashûra de 1979 ou 1980, quelques filles et garçons d'environ onze ans se

sont infiltrés dans la mosquée. Ils y ont pris les pots remplis d'eau devant

servir pour les ablutions avant la prière et sont montés sur le toit plat de la

mosquée. Là ils ont attendu que quelqu'un passe. Après quelque temps un

homme est arrivé avec son mulet chargé d'un grand paquet d'herbes. Au

moment où il passait devant la mosquée, les filles et les garçons ont jeté

l'eau sur cet homme et son mulet. Comme l'homme a perdu le contrôle de

son mulet, le grand paquet d'herbes est tombé par terre. Une fois encore il

n'y a eu aucune malveillance de la part de cet adulte. Les enfants sont

seulement descendus du toit pour aller aider à remettre le paquet d'herbes

sur le dos du mulet. Ceux qui m'ont raconté ces deux anecdotes ont dit

qu'ils ne croient pas qu'aujourd'hui pareille manière d'agir serait encore

acceptée. Selon eux, elle serait probablement mal acceptée par les adultes.

A Midelt, l'arrosage pratiqué par les enfants lors de l'°Ashûra d'avril 2001

est devenu surtout un arrosage par pistolet à eau ou fusil à eau de grand

débit. Ces jouets sont achetés au marché ou dans un magasin local.

Les pistolets ou fusils à eau se vendent aussi à Sidi Ifni lors de l‟°Ashûra

de mars 2003. Cependant les garçons et les filles aussi bien du quartier

Boulalem que du centre ville utilisent plus souvent des bouteilles ou des

Page 323: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

323

sacs en plastique. Une fois remplis d‟eau ils les projettent comme des

bombes à eau à partir de la tombée de la nuit vers 19 h jusqu‟environ 22 h.

Le 10 muharrem 1424, soit le 14 mars 2003, était la dernière soirée de

cet °Ashûra. C‟était sans aucun doute le point culminant où à la nuit

tombante des bandes d‟enfants, garçons et filles, se livraient à une

véritable bataille d‟eau. Le lendemain tout rentrait dans l‟ordre et on

n‟entendait qu‟ici et là un petit groupe d‟enfants accompagnant encore

leurs chants avec un petit tambour.

Au Maroc, l'industrie du jouet a trouvé dans les festivités de l'°Ashûra

un créneau pour vendre des jouets. Ainsi, les dernières années le pistolet à

eau et le fusil à eau de grand débit se sont ajoutés aux jouets musicaux, aux

beauty sets, aux

ustensiles-jouets et

aux armes-jouets.

En plus, l'achat d'un

pistolet à eau ne

semble plus se

limiter à la période

de l'°Ashûra. Ainsi

j'ai vu qu'une mère de vingt-huit ans vivant à Ksar Assaka avait acheté

pour sa fillette de trois ans un pistolet à eau en plastique au marché de

Midelt. Elle l‟a donné à sa petite fille à l'occasion de la fête de l'°Aïd el

kebir en mars 2000 (fig. 387).

°Ashûra incorpore des rites du feu comme le dit Dominique Champault

pour les enfants belbala du Sahara algérien des années 1960 (1969: 147) :

Dès le lendemain et jusqu'au dixième jour de moharrem : ashura, l'on

rencontre un peu avant le coucher du soleil des enfants traînant dans

une course rapide des fagots de fdem, ligaturés de folioles de palmier.

Le fagot, tazewit, allumé par un enfant, traîné un instant, est vivement

repris par un autre, puis passé aux mains successives de plusieurs

garçonnets jusqu'à la combustion entière. Seuls les garçons, en

principe, enflamment et traînent les fagots d'ashura mais des filles de

moins de dix ans peuvent prendre également le relais. De grandes

exclamations "ay, ay, ashur", poussés par les enfants, les incitent à aller

de plus en plus vite. Les adultes ont connaissance des feux ainsi portés

d'un bout de l'oasis à l'autre; ils invitent même les enfants à le faire et

387

Page 324: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

324

leur recommandent de parcourir le plus long chemin possible mais en

évitant les pistes. Il s'agit pour eux d'une purification de l'ensemble de

l'oasis, mais il faut éviter de laisser quelques cendres sur le parcours

des pieds des hommes (cendres et braises sont réceptacles de jnun).

Trois auteurs mentionnent que des rites du feu existent aussi au Maroc. F.

Castells dans sa "Note sur la fête de Achoura à Rabat" publié en 1915 (p.

334) écrit :

La nuit arrivée, avant de manger le keskessou, un feu de paille (chaâla)

est allumé au milieu de la cour de chaque habitation. Tout autour de ce

feu sont disposées des bougies allumées; les femmes et les enfants

chantent autour du feu en jouant de l’agoual (tambourin de forme

oblongue), et tous, surtout les enfants, sautent joyeusement à travers la

fumée. Les cendres du feu sacré sont pleines de bénédiction. Elles sont

recueillies et on en frotte les yeux des enfants, pour les garantir de toute

maladie.

Au début des années 1920 "les enfants prennent des brandons enduis de

suif et allumés, s'écartent du douar et s'amusent à se les jeter les uns aux

autres. Ce rite est cause de nombreux accidents." (Biarnay, 1924: 84). Cela

se passait dans la vallée de l‟Oued Sebou, un des grands fleuves marocains

passant au nord de Fès et de Sidi Kacem pour se jeter en mer près de

Kénitra. De son côté Marie-Rose Rabaté offre des informations détaillées

et quelques photos sur les jeux avec le feu des enfants de la Vallée du Dra

non loin de Ouarzazate pendant l‟°Ashûra des années 1960 (1970: 241-

244).

Je n‟ai pas trouvé d‟autres références sur les jeux marocains liées au feu

dans la bibliographie consultée ni dans mes propres notes. Néanmoins, des

observations faites en mars 2003 à Sidi Ifni montrent que ce lien entre

l‟°Ashûra et le jeu du feu est toujours une réalité dans l‟Anti-Atlas et des

informations de Khalija Jariaa sur Tiznit confirment cela (fig. 393, p. 330).

Vers 20 h et lors du premier jour du nouvel an musulman correspondant

au 5 mars 2003, j‟ai vu un groupe d‟environ dix enfants entre cinq et huit

ans. Ce groupe comprenait presque autant de filles que de garçons qui

s‟agitaient autour d‟un petit feu encerclé de pierres. Ce spectacle fut

observé par une mère se trouvant sur le seuil de sa porte dans une rue du

Page 325: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

325

quartier Boulalem à Sidi Ifni. Ces enfants entretenaient le feu avec des

feuilles de journal.

Dans ce feu chacun allume une longue mèche de Jex, de la laine d‟acier

utilisée pour nettoyer les casseroles. Une fois que le bout de la mèche est

chauffé au rouge l‟enfant le sort du feu. Alors il tourne à grande vitesse la

mèche allumée en rond, utilisant son bras comme une aile de moulin à

vent. Si tout se passe bien d‟innombrables étincelles volent en rond comme

lors d‟un feu d‟artifice. Tous ceux qui se trouvent trop près sautent de côté.

Parfois un enfant prend une feuille de papier qui commence à brûler et

courre avec. J‟ai vu des enfants pratiquer ce jeu du feu dans d‟autres

endroits de la ville mais bien moins que dans le quartier Boulalem.

Dans le quartier Colomina situé à l‟entrée de la ville Sidi Ifni, j‟ai vu

l‟avant dernier jour de l‟°Ashûra un grand groupe d‟enfants, des garçons

surtout, s‟amuser autour d‟un grand feu. Des enfants enflamment leur

mèche de Jex puis font voler les étincelles en rond.

Pour l‟°Ashûra de mars 2004 j‟espérais faire des observations

supplémentaires sur les enfants de Sidi Ifni mais je ne trouvais que des

enfants qui chantaient et frappaient des tambourins. Cela m‟étonnait de ne

pas les voir jeter de l‟eau ou d‟allumer des mèches de Jex et j‟ai donc

questionné quelques adultes. Ceux-ci m‟ont dit que les autorités locales ont

défendu cela car certains gens se plaignent des nuisances que cela cause.

Cependant, ces deux activités ludiques des enfants ont repris timidement

lors de l‟°Ashûra de 2005. Lors de l‟°Ashûra de février 2006 cela s‟est fait

plus amplement mais seulement pendant les deux premiers jours.

Pendant l‟°Ashûra de fin janvier et début février 2007 les enfants du

quartier Boulalem semblaient ne plus s‟adonner à ces activités ludiques

sauf qu‟ici ou là on trouvait quelques enfants en train de chanter au rythme

d‟un tambour. Mais leurs chansons n‟étaient pas liées à la fête de l‟°Ashûra

mais provenaient du répertoire des chanteurs à la mode.

Marie-Rose Rabaté décrit en 1970 l‟apparition de "l‟ogre de l‟Achoura",

un adolescent masqué aidé de deux amis, dans la Vallée du Dra non loin de

Ouarzazate (p. 246-249, 252, 258).

Khalija Jariaa m‟a donné des détails sur l‟°Ashûra à Tiznit. Lors de la

fête en février 2006 elle a pris des photos. Dans cette ville une parade

appelée imashar se promène pendant une semaine. Des adolescents et des

hommes de la région deviennent musiciens, chanteur ou danseur et portent

souvent des masques (fig. 388, p. 326).

Page 326: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

326

A Tiznit de grands animaux, comme une girafe avec un très long cou, un

chameau ou un éléphant, sont promenés dans la parade par deux ou trois

jeunes. Les filles y participent en chantant et en acclament la parade.

Déjà à l'âge de dix ans des garçons participent à la parade nocturne

comme montre la photo suivante prise lors de l‟imashar de début février

2007 (fig. 389, p. 327). Un garçon de dix ans porte un masque blanc pour

lequel il a utilisé un morceau de peau de mouton. Un garçon de onze ans

porte un masque noir acheté au magasin. Un grand bidon lui sert de

tambour. Le garçon de douze ans vêtu de blanc a essayé de représenter le

dromadaire avec une structure de branches couverte de tissu provenant de

grands sacs dans lequel on transporte les pains de sucre.

388

Page 327: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

327

A Tiznit d'autres garçons participent à la fête de l'°Ashûra de fin janvier et

début février 2007 comme le prouve la photo suivante prise par Khalija

Jariaa fin janvier 2007. Cette photo montre un groupe de copains avec le

résultat d'une quête dans le voisinage (fig. 390, p. 328). Pareille quête se

fait de porte en porte en chantant des chansons de circonstance et en

s'accompagnant de tambours et éventuellement de flûtes. Cette fois-ci

l'argent collecté a servit à acheter de la peinture pour créer des masques.

Un groupe de copains participe à cette mascarade de Tiznit (fig. 391, p.

328). Les masques faits soi-même côtoient les masques achetés.

Accompagné d'un joueur de tambourin et de chanteurs les personnages

masqués font le tour de la ville en quête de bonbons, d'oranges, de sucre et

d'argent. Le sucre est vendu au magasin du coin. Le tour de la ville se fait

surtout l'après-midi mais aussi le soir et parfois même jusqu'à minuit. Lors

de cette période d'°Ashûra Khalija Jariaa a compté pendant un après-midi

vingt-sept groupes de garçons de ce genre parcourant Tiznit. Le masque

basé sur la peinture "le cri" d'Edvard Munch fut amené de France par le

père du garçon qui le porte. L'autre masque acheté sur place pour 5

dirhams (0,5 €) représente un monstre.

389

Page 328: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

328

390

391

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329

Les masques fabriqués par les garçons sont les plus courants. Ils sont

souvent découpés dans un carton sur lequel on colle de la laine de mouton

en guise de barbe et de cheveux pour représenter des personnages âgés. Un

garçon masqué porte le chapeau traditionnel de sa mère (fig. 392).

Après la finition de ce livre j‟ai pris connaissance que sur le site web de

l‟association amazighe Asays se trouve l‟analyse d‟Abderahmane

Lakhsassi appelée Réflexions sur la mascarade de Achoura. Cette analyse

intéressante parle de Tiznit des années 1960 et 1970 et les informations

concrètes qui y sont données se rapprochent de celles offertes ici.

A Tiznit lors de la fête de l‟°Ashûra de 2006 un garçon de treize ans

tourne à grande vitesse une mèche de Jex allumée pour que des étincelles

volent en rond (fig. 393, p. 330). Faire des étincelles et asperger d‟eau se

fait par les enfants aussi bien durant la journée que la nuit. Les adultes et

mêmes des femmes et des hommes âgés le font la nuit.

392

Page 330: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

330

Une fille de onze ans de Rissani, mais vivant à Midelt en juin 2000, m‟a dit

que les filles y jouent pendant l‟°Ashûra et uniquement à ce moment le jeu

des osselets avec cinq os de mouton. Ce jeu s‟appelle lèka°ib.

Le même groupe de jeu de Douar Ouaraben qui s'est amusé à faire la

fête de mariage (p. 91-95) décide un peu plus tard de mettre en scène la

fête de Lilt el Qadr, la commémoration de la nuit où les premiers versets du

Coran ont été transmis au Prophète Mohamed. C'est l'après-midi de cette

fête à la fin du Ramadan en octobre 2006 que cela se passe. Les filles vont

se faire belle chez la coiffeuse jouée par la fille en robe blanche (fig. 394,

p. 331). Les garçons porteront sur un trône de carton deux poupées cachées

dans le carton. Ces poupées sont vêtues et maquillées comme une jeune

mariée. Les deux garçons à gauche deviennent une équipe de la télévision

marocaine 2M. Le cameraman avec une vieille cassette dans sa main en

guise de camera est assis. Son aide porte le câble. Quand l'autre garçon

demande "et moi ?", la grande fille lui répond "tu égorgeras le mouton", un

rôle que le garçon accepte volontiers.

393

Page 331: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

331

Chaque fille prend une poupée en main à travers laquelle le travail de

ménage qui lui incombe est exécuté : nettoyer la maison, préparer le dîner,

laver le linge, soigner les vaches, etc. La grande fille de treize ans joue le

rôle de la grand-mère qui dirige le ménage. Entre-temps les garçons vont

au marché acheter quatre baguettes (des bouteilles en plastique), de la

viande de mouton (une corne) et un dindon (un canard en plastique) ainsi

que de légumes (des restes des légumes).

394

395

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332

Lorsque les garçons reviennent du marché le moment est venu de faire

plusieurs feux pour préparer le couscous, le tajine, la soupe et le thé. Deux

garçons et deux filles allument ces feux à l'extérieur tout comme le font les

femmes du village ce jour là (fig. 395, p. 331). Où il y a des flammes et

dans le coin supérieur à droite de la photo on peut distinguer des récipients

qui sont mis sur le feu, surtout des boîtes en fer blanc.

La figure 396 montre le long du mur la cuisine avec en haut la chambre

à coucher ou une poupée se repose. En haut au centre de la photo se trouve

le salon avec la télévision (la boite dorée). Plus bas se trouvent une armoire

et des fauteuils. A droite on voit un décor crocheté servant de table. Les

deux filles qui ont préparé la maisonnette deviennent maintenant des

photographes comme ils voient faire Khalija Jariaa.

Une vieille radio leur sert d'appareil photo numérique (fig. 397, p. 333).

Comme Khalija a dit que son appareil photo vient de Belgique, elles disent

que leur appareil vient de France où vivent des membres de leur famille.

396

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333

Le Mûlûd est la fête de la commémoration de la naissance du Prophète.

Spécialement pour cette fête les garçons des petites villes amazighes

Goulmima et Tinejdad au Maroc central font des moulinets. Normalement

cela ne se fait pas en dehors de cette occasion. Des garçons fabriquent

parfois ces moulinets pour les vendre à environ un dirham (0,1 €). J'ai

acheté un moulinet fait par un garçon de six ans à Tinejdad fin août 1994.

Le modèle simple possède une aile mais j'ai aussi vu un moulinet à deux

ailes parallèles tournant dans le sens opposé. Ces moulinets s'appellent

harrwadi à Goulmima et ferrwadi à Midelt. On m‟a expliqué que ferr veut

dire „ce qui vole‟ et est aussi utilisé en parlant d‟un vêtement qui est pris

par le vent ou d‟un avion qui passe; wadi réfère à quelque chose qui

tourne.

397

Page 334: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

334

Un informateur de Goulmima m'a dit qu'à Ouarzazate le mot ifer wadu

serait utilisé, ce qui signifierait littéralement 'feuille à vent'.

Une femme de cinquante-neuf ans de Ksar Assaka près de Midelt m‟a

dit en juin 2000 que quand elle était jeune une petite phrase se prononçait

lorsque les enfants courraient avec leur moulinet : ferrwadi jawâdô. Cela

peut se traduire comme „moulinet (du) bon air‟. La même femme réfère

dans le contexte du ferrwadi à une coutume liée au soleil. Elle la pratiquait

au village mais ne le fait plus en ville par peur d‟être ridiculisée par des

voisins. Lors du Mûlûd les femmes des années 1950 allaient encore sur le

toit plat de leur maison pour attendre le lever du soleil. Le soir avant ou au

plus tard avant le lever du soleil les femmes pendaient des grands foulards

décorés de paillettes. Au moment où le soleil apparaît, il est acclamé par

des „youyous‟. Les femmes disent que le soleil danse, impression causée

par les vibrations de l‟air.

Comme j'ai constaté à Midelt et ses environs les garçons fabriquent

encore les mêmes moulinets. Lors du jour de Mûlûd en juin 2000, j'ai

observé un garçon d'environ dix ans en train de fabriquer pareil moulinet.

C‟était à Ksar Aït Mamoussa, un village juste en dehors de Midelt en

direction du Jbel Ayachi. Cependant, je n'ai pas vu de ferrwadi dans le

village voisin Taäkit et quelques adultes m'ont déclaré que les enfants de

leur village ne l'utilisent plus. Néanmoins, un garçon de dix ans vivant au

quartier Aït Mansour à Midelt mais ayant vécu au village Ksar Assaka

jusqu‟à l‟âge de huit ans, m'a montré comment on fabrique ces moulinets

(fig. 398).

Ma description de ce genre de moulinet est basée

sur plusieurs moulinets fabriqués par quelques

garçons de Midelt et de Goulmima. Un fil de fer

servant d'essieu traverse le haut d'un roseau d'environ

60 cm de longueur mais d'un diamètre assez variable.

Pour fixer ce fil de fer l'extrémité passant à travers le

roseau est courbée et réintroduite dans le roseau un

peu plus bas. Par-devant du roseau le fil de fer

dépasse d'environ 6 cm Pour faire l'aile du moulinet

on prend la moitié d'un roseau coupé

longitudinalement. Au centre de ce morceau de roseau

de 10 à 20 cm de longueur un trou est fait. Aux deux

extrémités un morceau de feuille de papier plus ou 398

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335

moins carré est attaché en le tournant une ou deux fois autour du roseau.

Puis ce bout de la feuille est collé sur l'aile avec de la colle provenant de la

sève de figuier, de dattes ou de farine. Actuellement on utilise du ruban

adhésif ou de la colle achetée au magasin. Puis l'aile unique ou

éventuellement les deux ailes sont mises sur l'essieu par le petit trou au

milieu du roseau. Afin de tenir l'aile du moulinet dans une position où elle

tournera à toute vitesse, un petit morceau de roseau creux est intercalé sur

l'essieu avant et derrière le roseau de l'aile. Ce petit tuyau de roseau peut

être remplacé par un petit rectangle de roseau troué dans son centre ou par

un petit tuyau de plastique. Pour tenir tout en place le bout de l'essieu qui

dépasse par-devant l'aile est replié. Un homme d'environ soixante ans a

souligné qu‟il y a une trentaine d'années ou plus on utilisait une grande

épine comme essieu pour le moulinet. Pour faire tourner leur moulinet, les

garçons courent à toute vitesse (fig. 399).

Contrairement à l‟aile blanche qu‟on voit sur la photo précédente, les

feuilles de papier sont normalement décorées de dessins géométriques (fig.

400-401, p. 336).

399

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336

Trouver des filles en train de jouer avec un ferrwadi n‟est pas exceptionnel

bien qu'elles ne fabriquent pas ce jouet pour autant que je sache. La figure

402 montre une fillette avec son ferrwadi devant sa maison dans le quartier

Aït Mansour de Midelt.

400

401

402

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337

Souad Laabib vivant alors au village Ksar Assaka près de Midelt se

rappelle bien que vers 1975 son père ait fait des moulinets pour elle et ses

sœurs. Au moment du Moussem ou fête pour Sidi Othman et Lalla Khadija

qui se tenait lors du Mûlûd et des autres fêtes religieuses, les filles de Ksar

Assaka parcourraient les deux kilomètres aller-retour du village jusqu'au

tombeaux de ces deux ancêtres vénérés. Les filles criaient en courrant avec

le ferrwadi : ferrwadi jawadi, moulinet (du) bon air.

Un après-midi du Mûlûd de juin 2000, quelques enfants de Midelt

courent avec un ferrwadi acheté chez un marchand ambulant. Un de ces

marchands m'a expliqué que les moulinets qu'il vend sont faits par un

homme âgé. Pendant cette période et au sûq er-rbè, le marché du mercredi

de Midelt, pareils moulinets étaient vendus pour un dirham (0,1 €).

En octobre 1993, j'ai photographié quatre moulinets d'un autre type dans

un petit magasin de Kénitra (fig. 403). Ces moulinets sont aussi utilisés

pour la fête du Mûlûd. Un garçon de douze ans de Midelt me parlait en

septembre 1999 de ce moulinet 'moderne' qui est aussi fabriqué par les

garçons et s'appelle ferrwadi dial nejma, le moulinet des étoiles. J'avais

déjà obtenu deux de ces moulinets faits par des garçons de Goulmima en

août 1994. En plus, j'ai vu vendre pareils moulinets par des marchands

ambulants à Midelt en juin 2000.

403

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338

L'étoile de ce type de

moulinet est faite d'une feuille

de papier ou d'une couverture de

cahier d'école rectangulaire. Le

papier ou le carton léger est

découpé en huit triangles

jusqu'environ 1 cm du centre.

Puis quatre des huit triangles

ainsi obtenus sont repliés vers le

centre. Le centre de cette étoile

et les quatre triangles repliés

sont alors poussés sur le fil de fer qui sert d'essieu. L'étoile et l'essieu sont

fixés sur un roseau d'une longueur variant de 32 à 71 cm et selon la

manière utilisée pour le premier modèle (fig. 404).

L'impression prévaut qu'aujourd'hui beaucoup moins d'enfants courent

avec le ferrwadi qu'il y a une dizaine d'années. Comme c'est le cas pour

d'autres jouets traditionnels, le ferrwadi fait soi-même ou par un parent est

remplacé par un petit moulinet en plastique dont la poignée est remplie de

petites boules de sucrerie. C'est d'ailleurs le premier moulinet que j'ai vu

entre les mains d'un garçon d'environ sept ans lors du Mûlûd de juin 2000.

Ces petits moulinets en plastique étaient aussi vendus par un marchand

ambulant qui les portait en grand nombre et dans un grand panier sur sa

bicyclette à Mohammedia mais cette fois-ci lors de l'°Ashûra de juin 1994.

Pendant les années 1960, les garçons de la région de Tlemcen près de la

frontière algéro-marocaine jouent à la mascarade lors du Mûlûd. Selon

Nefissa Zerdoumi (1970: 226-227) :

On déguise un camarade en utilisant pour masque une peau de mouton

percée de trous à l'emplacement des yeux et de la bouche et en lui

attachant un coussin sur le dos pour qu'il paraisse bossu. Le pitre est

appelé : Bou Chikha. On l'accompagne dans les rues en frappant sur

des tambours improvisés et en chantant. Ce jeu est presque de tradition

le soir du Mûlûd.

404

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339

Le même Bou Chikha bossu mis en scène par les garçons pour la fête du

Mûlûd est déjà décrite en 1905 par J. Desparmet pour la région de Blida au

Nord de l'Algérie (p. 73-75). En 2006 des informations de la région de

Tiznit indiquent qu‟à cet endroit cela ne se fait pas pour le Mûlûd mais

bien pour la parade d‟°Ashûra. Le bossu créé avec un coussin sur le dos et

un masque de peau de mouton percé de trois trous pour les yeux et la

bouche y porte le nom de bu tukrîn.

Une autre mascarade, mais pour l'°Aïd el kebir, m'a été racontée par

Mohamed Oubouhane, né en 1964 et qui a vécu quelques années à Bertèt,

un ensemble de hameaux amazighs situé à environ 50 km vers le nord-est

de Midelt. Bien que basée sur une seule source d'information je mentionne

ces données assez détaillées pour qu'il en reste une trace. Cet homme dit

qu'il a assisté à cette fête trois fois de 1974 à 1976 avant d'aller vivre à

Midelt. Cette mascarade s'appelle taserdunt niyid, la mule de la nuit. La

veille de la fête de l'°Aïd el kebir, quand les gens ont égorgé les moutons et

qu'ils ont fini de manger, la fête peut commencer à la tombée de la nuit.

Les gens des différents hameaux se rassemblent à l'endroit habituel devant

le ksar el kebir, le grand ksar. Le début de cette fête s'appelle bay hadish.

On allume un feu et tout le monde y vient. Certains adolescents font des

petits spectacles pour amuser l'assistance. Il est question de prendre sur le

dos la selle d'un mulet et d‟imiter sa marche et son braiment. On joue aussi

le derbuka ou tambourin. Après ce prélude et quand il fait bien noir le

grand jeu exécuté par deux adolescents peut commencer. Un crâne bien

conservé d'une mule est fixé sur un bâton et incliné comme c'est le cas

pour une mule vivante. Pendant qu'un jeune porte le crâne, l'autre tient en

main un long bâton d'olivier pour frapper les gens. Les deux jeunes sont

enveloppés par une couverture de tente noire. On ne voit que leurs yeux et

leurs pieds nus. La couverture est spécialement faite pour cette occasion et

elle est gardée pour les années suivantes. Pour ne pas être reconnus par les

gens, les deux jeunes ne parlent pas et n'utilisent que des gestes pour faire

connaître ce qu'ils veulent.

Soudain taserdunt niyid arrive au milieu des gens. Il piétine les cendres

et les gens s'enfuient en criant taserdunt. Les filles et les garçons courent

en toute vitesse pour que taserdunt niyid ne puisse pas les attraper,

autrement le jeune avec le bâton pourra les frapper. Néanmoins, les jeunes

spectateurs s'amusent à attirer l'attention de taserdunt niyid. Pour cela ils

crient ou lui jettent depuis une certaine distance un morceau de bois ou

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340

tout autre objet. Taserdunt niyid peut aussi faire irruption dans les maisons

et alors les petits enfants se cachent de peur. Taserdunt niyid se fait donner

un morceau de viande, un verre de thé, une cigarette qu'on ne peut lui

refuser sous menace d'être frappé. Comme l'identité des deux jeunes qui

jouent taserdunt niyid doit rester secrète, ils mangent ou fument dans un

endroit caché. Après environ trois heures le jeu se termine. Les deux

jeunes en question vont alors cacher le crâne et la couverture. Le

lendemain, les deux jeunes qui veulent à leur tour jouer taserdunt niyid

doivent en discuter avec les jeunes qui l'ont fait la nuit passée pour savoir

où sont cachés les attributs. Chaque nuit deux autres jeunes deviennent

taserdunt niyid. De ce fait le jeu varie et d'autres maisons sont visitées.

Après la dernière nuit, les noms des jeunes qui ont joué taserdunt niyid

sont révélés. Selon l'informateur qui m'a raconté cette mascarade fin 1993,

le jeu de taserdunt niyid n'existe plus depuis plusieurs années parce que

beaucoup de gens ont déserté la campagne et parce que trois fois de suite

les festivités pour l'°Aïd el kebir ont été suspendues par les autorités à

cause de la sécheresse.

Un informateur m‟a raconté en février 1997 que taserdunt niyid

apparaissait aussi pendant la fête de l‟°Aïd el kebir au village amazigh Aït

Brahim à environ 14 km d‟Ifrane dans le Moyen Atlas.

Dans le chapitre précédent sur la musique et la danse dans les jeux et

jouets, j'ai mentionné la fabrication à l'occasion de l'°Aïd el kebir d'un petit

tambourin par une mère ou par un père pour le donner à leur fille (p. 287).

A la fin de ce chapitre sur les rituels et les fêtes dans les jeux et jouets, il

faut mentionner que Pierre Flamand décrit en détail quelques jeux et jouets

liés à la vie religieuse juive pendant les années 1950. Il est surtout question

des activités ludiques des enfants juifs des mellahs du sud marocain lors de

la fête de pourim (recherches de 1948 à 1958, p. 201-204).

Page 341: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

341

Conclusions

Page 342: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

342

Page 343: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

343

Dans cette section j'offre d'abord une synthèse des données sur la vie

domestique dans les jeux et jouets des enfants sahariens et nord-africains.

Puis suivent les conclusions en rapport avec des aspects

environnementaux, économiques et surtout socioculturels, ainsi qu‟avec

l'évolution des jeux et jouets enfantins dans ces sociétés. Pour la première

fois dans la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines

j‟ai écrit un chapitre sur la créativité enfantine dans les jeux et jouets.

1 Synthèse

L'interprétation ludique du monde adulte est fortement représentée dans les

jeux et jouets des enfants sahariens et nord-africains. Il s'agit de l'imitation

de la vie de ménage et des activités de subsistance mais aussi des

divertissements, des rituels et des fêtes. Bien sur, il n'est nullement

question d'une imitation pure et simple. Il s‟agit d'une appropriation et

d'une interprétation des comportements, relations, obligations,

divertissements et croyances des adultes que ces enfants connaissent plus

ou moins. Leur imitation créative ne se limite donc pas à ce qui fait partie

du quotidien mais s'inspire parfois de l'exceptionnel.

Les jeux de dînette et les jeux liés aux occupations ménagères sont des

jeux de filles auxquels des petits garçons peuvent participer. Quelques

exemples des régions montagneuses du Maroc montrent qu‟il y a des

endroits où les garçons aiment modeler des ustensiles-jouets et des moulins

à bras. Les jeux liés aux activités de subsistance masculines font tout

naturellement partie des activités ludiques des garçons, bien

qu'occasionnellement des filles puissent s'y mettre. Les jeux en relation

avec les habitations, la musique, la danse, les rituels et les fêtes

appartiennent aussi bien aux filles qu'aux garçons. Mes données sur les

jeux et jouets des enfants marocains semblent cependant indiquer que les

filles s‟accaparent plus facilement le domaine ludique des garçons que les

garçons celui des filles.

Comme pour les jeux de poupées et les jeux se référant au monde

animal, les jeux liés à la vie domestique et familiale sont avant tout des

jeux collectifs et des jeux de plein air. Ces jeux rassemblent des enfants de

la même famille ou du voisinage dans des groupes de jeu de filles ou de

garçons, rarement des groupes de jeu mixtes.

Page 344: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

344

Les enfants récréent la vie de leurs parents, des autres membres de leur

famille ou de leur communauté. Ainsi se présentent nombre de possibilités

pour s'exercer aux modes de communication non-verbale et verbale, aux

relations sociales, aux tâches domestiques et économiques, aux coutumes

et croyances. Ces jeux sont donc un moyen très efficace pour la

socialisation de l'enfant. Une socialisation qui de surplus se fait largement

par ses propres efforts. Pareilles activités de jeu offrent aussi un terrain

propice pour la compréhension de la réalité et de sa symbolisation.

La plupart des maisonnettes reproduisent le plan d‟une maison souvent

avec plusieurs chambres. Ces maisonnettes délimitées par des pierres, des

murs de sable et parfois avec du matériel de récupération sont faites aussi

bien par les filles que par les garçons mais normalement pour d‟autres

fonctions. Les filles utilisent ces maisonnettes à ciel ouvert en premier lieu

pour des jeux de poupée, de dînette et de ménage. Les garçons les utilisent

pour des jeux liés aux occupations masculines. Quelques maisonnettes sont

tridimensionnelles mais alors l‟espace délimitée n‟est pas investit par les

enfants.

L‟interprétation par les enfants des occupations ménagères et des

activités de subsistance s‟inspire directement de la réalité de la vie des

femmes et des hommes de leur famille. Mais parfois ces enfants rêvent

d‟autres situations peu communes ou non existantes dans leur

communauté. Ceci se fait par exemple quand des filles se créent un

supermarché (p. 256) ou des garçons un commerce le long d‟une route

importante (p. 268).

Les enfants sahariens et nord-africains aiment la musique et la danse.

Ceci est entre autres démontré par la construction d‟instrument de musique

par les garçons. Les données disponibles semblent démontrer que les filles

ne construisent que peu d‟instruments de musique.

Les fêtes et les rituels offrent aux enfants des thèmes ludiques mais

parfois ces enfants participent directement à ces moments particuliers. Au

Maroc la fête de l'°Ashûra est un moment privilégié où les adultes donnent

des friandises et des cadeaux aux enfants.

Pour leurs jeux les enfants sahariens et nord-africains utilisent beaucoup

de jouets et d'autres instruments de jeu, mais parfois l'activité ludique se

fait sans jouets ou avec des objets utilisés par les adultes. Les jouets

copient d'une manière réaliste et rarement d'une manière fantaisiste les

objets utilisés par les hommes et les femmes.

Page 345: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

345

Le jouet le plus ancien, décrit dans ce livre, appartient à la collection du

Musée du Quai Branly. C'est une petite cruche en argile peinte

collectionnée avant 1889. Les jouets analysés dans ce livre sont le plus

souvent fabriqués par les enfants. Quelques jouets sont faits par des

adultes, éventuellement des artisans. Pour faire ces jouets, on utilise du

matériel végétal et minéral ainsi que beaucoup d'objets de récupération.

L'influence de l'industrie du jouet se fait de plus en plus sentir à cause de

l‟importation massive de jouets en plastique peu chers provenant de l'Asie

du Sud-Est et surtout de Chine. Cependant cette influence ne date pas

d'aujourd'hui car F. Castells mentionne déjà en 1915 la vente de jouets de

fabrication européenne pour la fête de l'°Ashûra à Rabat. A.-M. Goichon

confirme cette influence en écrivant en 1927 que les filles mozabites

utilisent des petits ménages d'importation européenne.

Les données sur la vie domestique dans les jeux et jouets des enfants

sahariens et nord-africains ne donnent qu'une image incomplète des

activités ludiques de ces enfants. Cela est dû aux analyses limitées et

parfois superficielles trouvées dans la bibliographie concernée. Pour les

jouets trouvés dans la collection du Musée du Quai Branly la description

des jeux dans lesquels ces jouets sont utilisés manque où elle est sommaire.

En plus, mes recherches sont limitées aux enfants Ghrib de la seconde

moitié des années 1970 et aux enfants de quelques communautés

marocaines à partir de 1992. Même si je suis convaincu que le jeu et non

pas le jouet est primordial, je ne suis pas arrivé toujours à intégrer l'étude

du jouet dans l‟analyse du jeu pour lequel il est fait.

Page 346: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

346

2 Aspects environnementaux et économiques

Les jeux et les jouets des enfants sahariens et nord-africains liés à la vie

domestique et familiale sont forcément sous l'influence directe de

l'environnement physique et humain particulier à l'habitat et à la

communauté dans lesquels ces enfants grandissent. L'influence de l'habitat

et de l'organisation économique des différentes communautés est

cependant plus grande pour les jeux et jouets décrits dans les chapitres

L'habitation dans les jeux et jouets, et Les activités de subsistance dans les

jeux et jouets. Il est tout à fait logique que les enfants vivant dans une

communauté nomade transhumant dans le désert, recréent dans leurs jeux

de faire semblant leurs expériences avec ce milieu et cette manière de

vivre. Cela est de même pour les jouets qu'ils fabriquent dans ce contexte.

La même chose peut se dire des enfants sédentaires. Par contre, les jeux et

les jouets décrits dans les chapitres Le jeu de dînette et les ustensiles-

jouets, Les occupations ménagères dans les jeux et jouets, La musique et la

danse dans les jeux et jouets ainsi que Les rituels et les fêtes dans les jeux

et jouets semblent être moins directement sous cette emprise.

Les matériaux d'origine minérale et végétale

utilisés par les enfants pour faire les jouets

décrits dans ce livre, sont directement liés au

milieu physique. Mais les enfants sahariens et

nord-africains ont aussi à leur disposition

plusieurs objets délaissés qu'ils récupèrent en

entier ou partiellement pour en faire des jouets.

Bien qu'il n'y ait aucun doute que la variété et le

nombre de ces objets de récupération ont

augmenté au long du vingtième siècle, surtout

avec l'apport des objets en plastique, leur

utilisation n'est pas de date récente. Ainsi,

l'utilisation de boîtes de conserves pour la

confection de jouets, entre autres des hochets,

est déjà attestée en 1933. Une boîte de conserves

encore utilisée en septembre 2005 par un garçon de treize ans du village

Igîsel dans la région de Guelmim pour en faire un hochet (fig. 405, H =

12,5 cm).

405

Page 347: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

347

Une fois de plus, les données sur les jeux et jouets mentionnés ici

n'apportent que peu d'information sur l'aspect temporel. Pourtant il y a

cette fois-ci une exception à ce manque d'information. Ce sont les jeux et

les jouets en relation avec certaines fêtes : °Ashûra, °Aïd el kebir et Mûlûd.

Pour les enfants juifs du sud du Maroc c'était surtout la fête de Pourim qui

comportait un aspect ludique.

Les aspects économiques des communautés des enfants sahariens et

nord-africains dont parle ce livre se retrouvent amplement dans leurs jeux

et jouets liés aux occupations ménagères et aux activités de subsistance.

Beaucoup de tâches féminines et masculines sont mises en scène de

manière ludique respectivement par les filles ou les garçons bien que des

exceptions à cette division sexuelle existent.

La grande majorité des jouets décrits dans ce livre ont été faite par des

enfants, quelques-uns par des parents. Tous ces jouets restent donc en

dehors du circuit commercial. Quelques jouets ont été fabriqués par des

artisans comme les hochets et les tambourins achetés par les enfants de

Constantine dans le Nord-Est de l'Algérie au début du vingtième siècle

(Doutté, 1908: 534). Il faut donc souligner que localement une petite

industrie de jouets existe déjà depuis bien longtemps. Les jouets donnés de

nos jours aux enfants marocains par leurs parents ou d'autres adultes,

spécialement pour la fête d‟°Ashûra, démontrent l'influence grandissante

de l'industrie du jouet, surtout l'industrie du jouet de l‟Asie du Sud-Est. Il

s‟agit de poupées, d‟animaux jouets, de bruiteurs, d‟instruments de

musique, d‟armes jouets, de voitures, etc.

Page 348: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

348

3 Aspects socioculturels

Le premier chapitre de cette section aborde quelques aspects généraux du

lien entre les jeux et jouets des enfants sahariens et nord-africains et la

culture et l‟organisation sociale de leurs communautés. Les chapitres

suivants traitent des relations entre les jeux et jouets d‟un côté et la

socialisation des enfants, les relations entre enfants et entre enfants et

adultes de l‟autre côté. Après une discussion de la différentiation sexuelle

dans les jeux et jouets, une dimension historique est introduite en analysant

le changement dans les cultures ludiques de ces régions.

3.1 Jeux, jouets, culture et société

Ce titre souligne que les activités ludiques et les jouets reflètent la culture

et la société dans lesquelles vivent les enfants mais aussi qu'une culture et

un système social peuvent s'étudier à travers les jeux et les jouets des

enfants.

Les jeux et les jouets sont indissolublement liés au contexte culturel et

social dans lequel les enfants sahariens et nord-africains grandissent. Cela

saute tellement aux yeux qu‟une longue liste d‟exemples n‟est nullement

nécessaire. La culture et l‟organisation sociale de la famille et de la

communauté influencent entre autres l‟aspect verbal et non-verbal des

jeux, les thèmes qui y sont développés, le temps et l‟espace où ils se

concrétisent ainsi que la composition et l‟organisation des groupes de jeu.

C‟est donc une évidence de dire que les jeux et les jouets sont tout à fait

imprégnés du mode de vie familial avec ses influences internes et externes.

Ce lien étroit fait qu‟on peut apprendre bien des choses sur la culture et

l‟organisation sociale d‟une communauté à travers les jeux et les jouets des

enfants.

Si l‟on parcourt les différents chapitres de ce livre, ainsi que ceux des

livres Poupées et jeux de poupées et L’animal dans les jeux et jouets, on

voit que beaucoup de jeux s‟inspirent des activités adultes, mettent en

scène des réalités familiales et/ou reflètent la participation des enfants à la

vie réelle. Cependant il n‟est pas question de suggérer que les enfants

subissent, imitent et copient passivement ce que les adultes leurs proposent

Page 349: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

349

ou que la distinction entre jeu d‟enfant et travail d‟enfant serait floue. Le

conformisme ou le non-conformisme envers ces modèles du monde adulte

varie d‟un jeu ou jouet à l‟autre, d‟un groupe de jeu à l‟autre et même d‟un

enfant à l‟autre. Néanmoins les données montrent que les jeux et les jouets

des enfants ruraux ainsi que ceux des enfants des quartiers populaires des

villes sont, le plus souvent, directement liés aux réalités de la vie familiale

et domestique. Dans ce contexte Gary Cross écrit que pareille situation

existait en Amérique du Nord et en Europe Occidentale jusqu‟environ

1950. Surtout à partir de 1960 et suite à la popularité grandissante de

Barbie et de G. I. Joe, ces nouveaux jouets ont encouragé des formes de

jeux totalement détachées du monde réel de la famille et des

responsabilités domestiques (1998: 26). Quelques pages plus loin cet

auteur souligne que le jouet vu comme répétition des activités du père ou

des tâches féminines de préparer la nourriture et de soigner les enfants met

aujourd‟hui beaucoup d‟adultes dans l‟embarras (1998: 30). Cette situation

dans des sociétés post-industrielles contraste clairement avec les situations

décrites dans ce livre. Cependant, il reste à élucider l‟influence de

l‟introduction de poupées du genre Barbie auprès des filles marocaines. Un

exemple concret est offert par le jeu de poupée d‟une fille de sept ans

d‟une famille populaire de la petite ville côtière Sidi Ifni au sud du Maroc.

Cette fille, dont j‟ai pu filmer une séance de jeux de poupée fin janvier

2002, utilise deux poupées du genre Barbie semblable à celle de la figure

52 (p. 91). En même temps elle confectionne aussi des poupées de type

traditionnel avec une armature en forme de croix vêtue de chiffons. Ces

poupées de type bien différent sont néanmoins utilisées indistinctement

comme des enfants, des enfants dont la fille jouant le rôle de mère prend

soin (Rossie and Daoumani, 2003, Video 1). Une autre vidéo réalisée dans

la même ville en février 2002 montre comment un groupe de jeu de trois

filles entre sept et neuf ans utilise de vraies poupées Barbie. Les Barbies

appartiennent à deux des trois filles vivant dans une famille de classe

moyenne. Elles représentent des enfants dans des situations liés à la vie

réelle d‟une famille marocaine de classe moyenne (Rossie and Daoumani,

2007, Video 3). Dans les deux cas ces poupées Barbie, vraies ou imitées,

ne figurent en aucun cas des adolescentes ou des jeunes femmes vivant

dans un monde idéalisé.

Page 350: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

350

Parlant de classe moyenne et de classe populaire à Sidi Ifni, je dois

mentionner le fait que mes données sur les jeux et jouets des enfants

sahariens et nord-africains ne nous informent point sur l‟influence de la

stratification sociale sur le domaine ludique. Cela est surtout dû au manque

de spécifications dans les documents bibliographiques et

muséographiques. En ce qui concerne mes propres recherches, distinction

doit être faite entre celles auprès des familles Ghrib en 1975 et 1977 et

celles menées au Maroc depuis 1992. Chez les Ghrib des années 1970 la

différenciation entre classes sociales était tout à fait inadéquate. Mes

recherches au Maroc par contre ont très largement été axées sur des

familles populaires rurales et urbaines. Ainsi il n‟est pas possible de

vérifier l‟influence éventuelle de la différence de classe. Cependant la

réalisation de vidéos sur le jeu de faire semblant avec poupées à Sidi Ifni et

ses alentours début 2002 montre qu‟une différence existe entre les jeux et

les jouets d‟enfants de familles de classe populaire ou de classe moyenne.

Une exception existe au mutisme sur le rôle de la classe sociale auxquels

appartiennent les joueurs. Il s‟agit du jeu de dînette intégré au jeu de

poupée des filles de Fès vers 1933. Madame Soulé écrit que dans le cadre

du jeu de poupée une cuisine est arrangée dans laquelle "une petite

négresse jouant la servante s'occupe des menus ustensiles de ménage".

C'est pour la dînette, qui arrive après l'exposition de la poupée, que "la

petite négresse a préparé le thé, les gâteaux et le couscous que maintenant

les filles partagent avec leurs poupées" (p. 155; voir Cultures Ludiques

Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées,

2005: 121-122). Ce jeu démontre bien comment l‟ancienne stratification

sociale marocaine imposant un rôle subalterne aux populations noires se

retrouve dans ce jeu de dînette ou c‟est une „petite négresse‟ qui joue le

rôle de servante.

Dans différents endroits d‟Afrique du Nord et du Sahara un aspect

particulier de la vie sociale et culturelle, celui des rites et des fêtes, est

clairement lié aux jeux et jouets. Parfois il s‟agit de certains aspects rituels

ou festifs accaparés par les enfants à des fins ludiques. D‟autres jeux et

jouets sont en rapport avec certains rituels ou fêtes. Rarement il est

question de vrais jeux rituels. Ce lien entre jouets et fêtes se retrouve dans

d‟autres sociétés Pour la France Gilles Brougère écrit dans "Rituel social et

projet éducatif dans la constitution du parc à jouet du jeune enfant" (1999:

12-13) :

Page 351: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

351

Le jouet est fortement marqué par son statut de cadeau («un jouet c’est

un cadeau, donc on ne va pas l’acheter tous les jours»). Cela apparaît

d’abord par sa relation aux donations rituelles que sont Noël et

l’anniversaire. Noël avec près de 60% des achats en valeur domine

largement, suivi de l’anniversaire autour de 20%. Il ne reste que 20%

pour le reste (autres occasions ou absence d’occasion).

Les données montrent que dans les familles marocaines la fête de

l‟°Ashûra est la période spécifique mais pas unique pendant laquelle les

adultes offrent des cadeaux de jouets et de friandises aux enfants. Une

autre période pendant laquelle les enfants reçoivent des cadeaux, entre

autres des jouets, est le Moussem. Il s‟agit de la fête annuelle souvent liée

à la vénération d‟un saint et pendant laquelle des foires et des

réjouissances populaires ont lieu. Pourtant le lien entre le Moussem et les

jouets n‟est pas mentionné dans la bibliographie consultée et jusqu‟à

récemment non plus dans les informations recueillies par moi-même.

L‟importance du Moussem dans l‟achat par les adultes de jouets et d‟autres

cadeaux pour les enfants me fut signalée par une fille de six ans et une

mère d‟environ quarante ans. Cela s‟est fait lors de l‟interview menée en

relation avec la vidéo faite sur le jeu de poupées à Sidi Ifni le 31 janvier

2002 (Rossie and Daoumani, 2003, Video 1). Une autre occasion à laquelle

des adultes achètent parfois des jouets se présente lors d‟une visite au

marché d‟un centre urbain. Par contre, l‟anniversaire passe

traditionnellement et souvent encore aujourd‟hui inaperçu. Il ne sert donc

pas comme occasion pour offrir des jouets, en tout cas dans les familles

populaires. Lors des fêtes de l‟°Aïd el kebir, la fête du sacrifice ou l‟°Aïd

el fitr, à la fin du Ramadan, les parents achètent normalement de nouveaux

vêtements pour leurs enfants et les marchands de jouets ambulants que l‟on

trouve lors de l‟°Ashûra ou du Moussem n‟y sont pas présent.

3.2 Jeux, jouets et socialisation

La culture ludique d‟une communauté fait partie du système de

communication par lequel cette communauté échange avec les nouvelles

générations sa manière de voir le monde et d‟organiser la vie. En même

temps elle offre aux enfants un moyen d‟entrer en contact et d‟interpréter à

Page 352: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

352

leur façon cette vision du monde et des relations humaines. Qui plus est, le

rôle essentiel dans cette communication intense n‟appartient pas aux

adultes mais se trouve entre les mains des enfants eux-mêmes, surtout les

enfants plus âgés et les pairs. Cela deviendra évident lorsque dans

quelques pages je discuterai des relations inter- et intra-générationnelle à

travers les jeux et jouets.

Cette communication entre ceux qui savent et savent faire et ceux qui ne

savent pas ou pas assez bien s‟étend à tous les domaines. Il est entre autres

question de transmettre par des moyens non-verbaux et verbaux des

connaissances, des croyances, des attitudes, des comportements, des

habilités, des sensibilités, des émotions. Mais il ne s‟agit pas seulement de

transmettre mais aussi de se positionner en relation à cette transmission.

Dans tout cela la communication non-verbale est primordiale aussi bien du

point de vue temporel, c‟est à dire depuis le début de la vie enfantine,

qu‟au sens de l‟importance de ce qui est transmis. Néanmoins, le rôle du

langage et de la transmission orale peut à juste titre être souligné comme le

fait J.D.A. Widdowson dans son article "Rhythm, repetition and rhetoric:

learning language in the school playground". Il écrit à ce sujet que la

connaissance et le savoir-faire linguistique sont largement acquis dans le

contexte du jeu, et font partie du processus de socialisation à l‟intérieur du

groupe, comme c‟est le cas pour l‟apprentissage informel dans la petite

enfance. Cet apprentissage couvre tous les aspects linguistiques

contribuant aux cinq niveaux analytiques que sont la phonologie, le

lexique, la grammaire, la syntaxe et la sémantique. Cet apprentissage mène

aussi à une familiarité élémentaire avec l‟orthographe et même la

ponctuation ainsi qu‟à certains aspects fondamentaux de la littérature, du

„storytelling‟, du jeu de rôle et de l‟humour (2001: 139).

Selon Brian Sutton-Smith le jeu est un acte d‟appropriation culturelle

avec une potentialité socialisatrice. Marie E. Bathiche et Jeffrey L.

Derevensky ont écrit un article sur une comparaison cross-culturelle des

préférences enfantines envers les jeux et jouets. Dans cet article ils disent

qu‟aussi bien les préférences des enfants en ce qui concerne leurs jeux et

jouets que les attitudes parentales envers les comportements ludiques se

développent dans le contexte d‟une société et d‟une culture. Ils y ajoutent

que les valeurs familiales et les manières d‟élever les enfants qui sont

culturellement diversifiées influencent vraisemblablement les jouets et les

jeux des enfants (1995: 53-54).

Page 353: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

353

Beaucoup d‟auteurs ont souligné l‟utilité et l‟aspect fonctionnel des

activités ludiques pour la socialisation et la formation informelle et

formelle de l‟enfant. Le plus souvent cette influence du jeu et du jouet est

vue comme directement liée à l‟intégration de l'enfant dans la famille et la

communauté. On parle alors d‟entraînement aux tâches futures,

d‟anticipation à la vie adulte, de préparation pour la vie en société, d‟une

grande valeur éducative. Ce ne sont certainement pas les informations sur

le lien entre la vie domestique et les jeux et jouets présentés dans ce

volume qui soutiendront le contraire. En tout cas il me serait bien difficile

de présenter à partir de ces données des exemples où l‟activité ludique des

enfants sahariens et nord-africains ne serait pas liée à la vie réelle ou au

monde des adultes. Comme le dit Mario Aguilar au sujet des enfants Waso

Boorana du Kenya, les enfants décrits dans ce livre jouent toutes sortes de

rôles de la vie de leur famille et de leur communauté créant ainsi une

société microcosmique (1994: 34-35). Les jeux de maisonnette et de

dînette ainsi que les jeux liés aux occupations ménagères, aux activités de

subsistance, à la musique, aux rituels et aux fêtes illustrent cela clairement.

Comme déjà souligné dans les deux premiers volumes de la collection

Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines, il s‟agit de rôles et de

modèles positifs et localement valorisés auquel l‟enfant est attendu de

s‟identifier. En ce qui concerne les enfants juifs du Sud-Marocain des

années 1950 Pierre Flamand (p. 111-112) écrit :

En tous lieux, des jeux de métiers, la poupée… etc. annoncent et

préfigurent des activités de l’âge d’homme mais peu de sociétés utilisent

au même point que celle-ci les goûts de l’enfance pour former les esprits

à certains concepts et pour pérenniser certaines pratiques.

Tous ces avantages socialisateurs et pédagogiques ne doivent faire oublier

qu‟il ne s‟agit que d‟effets secondaires, de points de vue d‟adultes, bien

que dans les milieux populaires des régions concernées les adultes ne

semblent guère se préoccuper de telles idées. En tout cas les enfants dont

j‟ai personnellement étudié les jeux et les jouets ne jouent ni pour se

socialiser ni pour se former. Ils jouent pour le bien-être que cela leur

procure. J‟utilise le terme bien-être pour dire qu‟il ne s‟agit pas seulement

de s‟amuser mais aussi de s‟approprier l‟environnement physique et

humain et de se confronter avec des matériaux et des techniques. Créer des

Page 354: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

354

jouets se fait le plus souvent avec un grand sérieux, parfois avec beaucoup

d‟effort et de difficulté. Mais finalement cette création plus ou moins

laborieuse est faite avec l‟intention de s‟amuser.

Lors d‟un congrès du Conseil International pour le Jeu de l‟Enfant

(ICCP), Dieter Spanhel a souligné le rôle du jeu pour la maîtrise d‟un

avenir inconnu par l‟enfant. En adoptant ce point de vue, je pense qu‟on

peut y ajouter, au moins dans le cadre de mes propres recherches au Maroc,

que ce rôle s‟étend aussi à la maîtrise du présent et même du passé.

Certains jeux, comme celui du mariage souvent joué dans ou avec des

maisonnettes, créent un pont entre ces trois dimensions. Ce genre de jeu de

faire semblant se réfère à la vie future comme jeune mariée, se base sur des

connaissances et expériences actuelles et incorpore des coutumes

ancestrales. Comme le démontrent deux jeux avec poupées prise en vidéo à

Sidi Ifni et ses environs début 2002, le matériel et les jouets utilisés se

relient à deux ou même trois de ces dimensions temporelles. Une fille de

sept ans jouant avec son petit cousin de quatre ans devant la maison le 31

janvier 2002, utilise des poupées avec armature de bâtonnets liés en forme

de croix. Elle les habille selon un modèle attesté depuis cent ans mais qui

est certainement beaucoup plus ancien. Cette fille utilise aussi des objets,

entre autres des poupées du genre Barbie fabriquées en Chine, qui sont liés

au monde d‟aujourd´hui. La mère du garçon dit ne pas avoir joué avec ces

poupées de l‟industrie du jouet il y a environ trente ans. Dans le cas du jeu

de mariage d‟une fille de six ans et de son frère de neuf ans devant leur

maison isolée à Lagzira le 4 mars 2002, les maisonnettes construites avec

de la boue et des pierres copient le modèle ancestral. Mais ce type

ancestral de maison fait aussi partie de leur expérience quotidienne parce

que la maison où ils habitent est une maison rurale traditionnelle faite de

pierres et de terre battue. Cependant un jouet représentant le téléphone

portable préfigure leur vie future de jeune femme et de jeune homme ainsi

que l‟évolution technologique de leur communauté dans les années à venir

(Rossie and Daoumani, 2003: video 1, video 4).

Plusieurs chercheurs parlent de la relation entre les jeux et jouets et la

socialisation et l‟apprentissage. Cette approche analyse l‟acquisition et la

transmission d‟informations et de compétences à travers l‟observation,

l‟imitation, l‟interprétation, le „trial and error‟, la participation,

l‟entraînement et l‟apprentissage. Ce sont des aspects que j‟ai notés en

lisant les publications de ceux qui m‟ont influencé directement ces

Page 355: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

355

dernières années. Il s‟agit de Brian Sutton-Smith (1986-), Mario Aguilar

(1994), Gilles Brougère (1987-), Frank and Virginia Salamone (1991),

David Lancy (1996), le groupe de psychologues culturels autour de

Barbara Rogoff et Artin Göncü (1993-), Shlomo Ariel (1980-), Julie

Delalande (2001) et les auteurs du livre édité par Julia Bishop et Mavis

Curtis (2001). La séquence de ces auteurs ne reflète que l‟ordre

chronologique de ma lecture de leurs travaux. En plus, il faut que je

mentionne la revue Early Childhood Matters de la Bernard van Leer

Foundation.

On peut aussi souligner le rôle de la motivation et de l‟initiative de

l‟enfant lui-même par rapport à ceux provenant des pairs, des enfants plus

âgés ou des adultes. C‟est de cette manière que j‟ai présenté mes données.

Ainsi je parle par exemple de l‟implication active et de la prise en charge

personnelle des enfants dans le chapitre La créativité enfantine. Le rôle des

autres enfants et des adultes par contre est analysé dans le chapitre suivant

sur les relations interpersonnelles. Les catégories comme l‟observation,

l‟imitation et le „trial and error‟ n‟ont pas fait l‟objet d‟attention spécifique

dans ma propre recherche ni dans les documents bibliographiques

concernés, dès lors je ne pourrais que répéter les propositions générales

données dans les deux volumes précédents. Il me suffira donc de dire que

les informations contenues dans ce livre démontrent une fois de plus

l‟importance de ces aspects pour le développement de l‟enfant et que les

jeux et jouets décrits ici offrent de nombreux exemples s‟y rapportant.

Le développement esthétique de l‟enfant par les activités ludiques est un

aspect régulièrement passé sous silence. Pourtant ces activités ludiques

constituent un apport réel aussi bien au niveau des codes, des normes, des

expériences que des performances esthétiques propres au milieu de

l‟enfant. Cela est démontré par plusieurs jeux et jouets décrits dans ce livre

et non seulement dans le chapitre La musique et la danse dans les jeux et

jouets ou le chapitre Les rituels et les fêtes dans les jeux et jouets.

Certaines activités de jeu et de fabrication de jouets ont une influence

directe sur la formation de l‟esthétique corporelle, picturale, plastique,

musicale, architecturale. Parfois je voudrais parler de préparation à la

création artistique comme pour la danse et l'orchestre des enfants Ghrib, de

même que pour ceux de quelques filles et garçons marocains. Au Maroc,

un cas remarquable est la construction d‟un violon comme celui fabriqué et

joué par un berger de treize ans au Moyen Atlas (fig. 366, p. 301) ou un

Page 356: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

356

garçon de sept ans de l‟Anti-Atlas (fig. 370, p. 304). Eventuellement il

s‟agit d‟une guitare faite par un garçon de treize ans vivant à Sidi Ifni (fig.

371, p. 305). Pareils instruments à cordes sont utilisés par les conteurs et

chanteurs populaires marocains, surtout dans le milieu rural.

3.3 Jeux, jouets et relations interpersonnelles

Ce chapitre sur les relations interpersonnelles dans et par les activités

ludiques parle d‟abord des relations entre enfants d‟environ le même âge et

d‟âges différents, puis des relations entre enfants et adultes. Le jeu solitaire

sera discuté dans le chapitre La créativité enfantine.

3.3.1 Les relations entre enfants

Les adultes ne sont pas seuls à agir sur leur progéniture pour en faire

des êtres sociaux. Entre eux, les enfants travaillent aussi à leur

socialisation et participent à se construire une place au sein de leur

famille et au sein de leur groupe de pairs.

Cette affirmation de Julie Delalande dans sa remarquable étude sur la cour

de récréation (2001: 37) est tout à fait indiquée pour ouvrir ce chapitre.

En observant des enfants ghrib au milieu des années 1970 et des enfants

marocains à partir de 1992, j‟ai constaté l‟importance primordiale des pairs

et des enfants plus âgés dans la transmission du contenu non-verbal et

verbal des jeux, de la manière dont un jeu se déroule ainsi que des

comportements s‟y référant. Le hasard de mes rencontres avec des groupes

de jeu dans le Sahara tunisien et au Maroc permet de présenter quelques

simples constatations qui ne sont nullement représentatives car elles ne

sont pas le résultat d‟une recherche élaborée. Néanmoins, elles pourraient

servir d‟indices pour formuler des hypothèses.

Dans tous les exemples mentionnés ci-dessous, les groupes de jeu ont

été formés spontanément et j'ai rencontré les enfants pendant le jeu. Parfois

on voit sur une photo que la prise de vue a influencé le comportement des

joueurs. Les figures 2 (p. 55), 34-36 (p. 77-78) et 38 (p. 79) montrent qu‟en

1975 les filles ghrib de trois à quatre ans forment des groupes assez grand

Page 357: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

357

et jouent dans le sable en construisant chacune une maisonnette. Dans ce

cas il s‟agit surtout d‟une activité parallèle. La figure 38 (p. 79) laisse voir

qu‟une fille plus âgée joue avec eux en les ayant plus ou moins à sa charge.

Ce livre offre aussi des photos de groupes de jeu de filles ghrib d‟environ

le même âge jouant à deux (fig. 3 p. 56, 87-88 p. 112). Les joueurs dans

tous ces groupes de jeu appartiennent à une famille ou sont des voisins. Ce

rapport étroit entre les joueurs, basé sur une relation familiale ou de

voisinage, se retrouve dans mes observations faites au Maroc. Comme on

peut le voir à la figure 95 (p. 118) une fillette de trois ans intègre dans son

jeu de ménage sa petite sœur de dix-huit mois. Un autre exemple met en

scène trois frères âgés de huit à douze ans (fig. 258, p. 221). D‟autres

photos (fig. 46 p. 86, 64 p. 98, 96 p. 119, 97 p. 120, 103 p. 124, 147 p.

150, 152 p. 154) et quelques données écrites indiquent que les joueurs,

toujours liés par des liens étroits de parenté ou de voisinage, ont environ le

même âge.

Dans le contexte de groupes de joueurs Julie Delalande (2001) met en

avant le lien entre enfants ayant des affinités (p. 76), le rôle du temps et des

relations prolongés pour l‟instauration d‟habitudes culturelles (p. 72), le

rôle de l‟opportunité et de la disponibilité dans la création de relations (p.

86). Elle mentionne aussi l‟influence des relations extra ludiques (p. 91).

Même sans analyses détaillées on peut souligner que tous ces éléments

doivent être particulièrement important dans des communautés où les

enfants disposent normalement d‟un grand nombre de joueurs potentiels.

Ce nombre élevé de joueurs est du au grand nombre d‟enfants dans les

familles ou dans le voisinage. Ainsi le nombre d‟enfants sur un espace

réduit offre une multitude de joueurs du même âge et d‟âge différent. Ainsi

un enfant peut trouver et choisir des compagnons de jeu et s‟intégrer dans

des groupes de jeu multiples. Les rues des quartiers populaires en ville et

les espaces de jeu au village sont de véritables laboratoires d‟interaction et

de créativité. C‟est là que les petits enfants, une fois sortie de l‟emprise

directe de leur mère, côtoient des enfants du même âge, des enfants plus

âgés et des adolescents. L‟observation des interactions entre enfants dans

quelques rues de Kénitra, Khemisset, Midelt et Sidi Ifni montre que les

enfants plus âgés jouent un grand rôle dans la transmission des jeux et des

techniques de fabrication des jouets.

En ce qui concerne les relations ludiques des enfants d‟environ deux à

cinq ans je peux souligner le rôle qu'incombe aux filles plus âgées et

Page 358: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

358

parfois aux garçons plus âgés. Une des tâches habituelles des filles à partir

d‟environ sept ans est de s‟occuper des petits, souvent pour donner à une

mère l‟occasion de faire autre chose. Afin de s‟acquitter de leur tâche les

filles s‟adonnent à amuser le petit et à jouer avec l‟enfant. Si la fille a

plusieurs enfants sous sa garde elle pourra organiser un groupe de jeu dans

lequel les enfants jouent parallèlement ou ensemble. Il arrive aussi qu‟une

fille ou qu‟un garçon fabrique un jouet pour un petit enfant. Souvent il

s‟agit alors d‟une sœur ou d‟un frère.

A partir de l‟âge de plus ou moins six ans les enfants se libèrent

progressivement de cette tutelle des plus grandes. Ils acquièrent la

possibilité d‟organiser eux-mêmes des groupes de jeu la plupart du temps

avec des pairs, souvent mais certainement pas exclusivement du même

sexe. Depuis lors le rôle des pairs s‟accentue et l‟entraide entre les joueurs

devient un facteur important dans l‟apprentissage des jeux et la fabrication

des jouets. Cela se donnait clairement à voir dans l‟activité ludique de

quelques garçons à Sidi Ifni vers la fin d‟octobre 2002. Sur le trottoir d‟une

rue descendante j‟ai repéré dans la soirée deux garçons d‟environ treize ans

en train d‟ajuster leur planche à trois roues faites avec des billes de

roulement. Une fois la planchette bien faite, ils s‟assoient dessus pour

descendre la pente à toute vitesse. Le lendemain et le jour suivant quatre

autres garçons du même âge se sont joints à eux. Dans ce groupe de jeu les

deux initiateurs du jeu ont aidé leurs copains non seulement à fabriquer

une planche mais parfois aussi à la conduire. Une bonne semaine plus tard

ce groupe de joueurs a disparu de l‟endroit mais j‟ai remarqué sur le

trottoir opposé deux garçons d‟environ sept ans utilisant l‟avant train de

ces planches à trois roues. Courbant le dos et en tenant les deux extrémités

de la planchette de direction ces petits garçons essayent d‟avancer le plus

vite possible.

La situation d‟apprentissage informelle se voit régulièrement là où j‟ai

fait des observations, mais les exemples manquent car cela n‟a pas retenu

mon attention. Cependant depuis que j‟ai lu les travaux de Barbara Rogoff

et d‟Artin Göncü sur la participation active des enfants à leur

environnement et au monde adulte j‟ai pris conscience de cet aspect. Un

des quatre vidéos réalisées début 2002 à Sidi Ifni montre un garçon de six

ans regardant son frère de dix ans en train de créer quelques jouets en

carton comme une voiture, une maisonnette ou un système pour déplacer

une petite voiture. Le petit frère observe attentivement et aide son frère

Page 359: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

359

aîné. De temps en temps, ce dernier tire l‟attention de son frère cadet sur la

manière de construire certains éléments des jouets (Rossie and Daoumani,

2007, Video 2).

Deux livres sur les cours de récréation dans des écoles occidentales

discutent certains aspects ayant une importance majeure pour la

composition et le fonctionnement des groupes de jeu (Delalande, 2001;

Bishop and Curtis, 2001). Ces aspects réfèrent entre autres à la différence

d‟âge et de sexe, du rôle des leaders et des suiveurs et des relations entre

pairs. Malheureusement ces aspects ne peuvent être abordés ici car les

données s‟y référant manquent totalement. Il serait pourtant très utile de

disposer de ces informations pour mieux comprendre la culture enfantine

et le développement des enfants en Afrique du Nord et au Sahara mais

aussi pour pouvoir comparer ces données avec ceux sur les enfants

d‟autres régions.

En ce qui concerne l‟influence des amitiés entre élèves de la même

classe ou de la même école sur la composition des groupes de jeu et le

comportement des joueurs, si bien analysée par Julie Delalande (2001),

toute information manque pour les régions dont parle ce livre.

3.3.2 Les relations entre enfants et adultes

Les premiers adultes établissant des relations ludiques avec

un nouveau-né sont la mère, le père, une grande sœur, un

grand frère ou un grand-parent. Cependant mes recherches et

les informations trouvées dans la bibliographie consultée ne

parlent presque pas des enfants sahariens et nord-africains de

moins de deux ou trois ans. Dès lors cette période de la

petite enfance pendant laquelle la mère et d‟autres membres

adultes de la famille ou du voisinage jouent volontiers avec

un bébé ou un petit enfant ne peut être discutée.

Comme expliqué dans l‟introduction il est difficile pour un chercheur

masculin d‟obtenir des informations sur la relation entre les femmes et les

bébés ou bambins. Pour cette raison j‟ai demandé à Khalija Jariaa de

s‟informer sur les activités ludiques entre les mères et leurs bébés. De

retour à Sidi Ifni en avril 2006 elle m‟a amené un hochet couramment

utilisé dans son village natal Ikenwèn dans la région de Tiznit (fig. 406).

406

Page 360: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

360

Pareils hochets se fabriquent surtout lors de la tamgra, la moisson du blé

en avril, et du èrngru argan, la récolte des noix d‟argan en mai. Quand la

mère doit laisser son bébé seul pendant le travail elle lui offre ce hochet

pour qu‟il s‟amuse avec ou elle l‟utilise pour le calmer. Ce hochet est fait

avec le récipient rond en plastique transparent qui était rempli avec l‟eau

de la source Zamzam de la Grande Mosquée de la Mecque. Ces petites

bouteilles sont soudées une fois remplies d‟eau. Les pèlerins en ramènent

pour les offrir aux ménages de leur famille et de leurs connaissances.

Après avoir coupé le haut de l‟orifice chacun boit un peu de cette eau. Le

Dictionnaire Encyclopédique de l‟Islam dit à ce sujet : "Cette eau est

rapportée par les pèlerins aux quatre coins du monde islamique, où on la

boit comme un breuvage lié à l‟obtention d‟une grâce et où elle est

dispensée aux malades" (1991: 420).

Pour faire le hochet quelques petites pierres sont introduites par

l‟ouverture. Un roseau de dimension adéquate est introduit dans cette

ouverture. Au centre des deux côtés du récipient un petit trou est fait. On

passe un fil résistant d‟environ 15 cm à travers ces trous. De chaque côté

on enfile une grosse perle en bois, puis deux nœuds sont faits pour que les

perles restent en place. A Ikenwèn ces grandes perles sont aussi utilisées

pour en mettre une ou deux dans les cheveux du bébé comme

protection. R‟quia Mbarek de quatre-vingt-cinq ans, la personne la plus

âgée du village en mars 2006 et appelée par respect °amtirquia ou tante

R‟quia, garde ces grandes perles en bois. Selon les villageois ces perles ont

dès lors un certain pouvoir de baraka, un pouvoir de bénédiction et de

protection.

Il y a cinquante années le hochet se fabriquait avec une peau de lapin.

Les mères d‟Ikenwèn préfèrent le hochet local aux hochets fabriqué en

Chine parce que ces hochets importés se cassent trop vite.

Mes informations peuvent cependant affirmer que ces relations ludiques

spontanées entre enfants et adultes ne s‟arrêtent pas à l‟âge de trois ans.

Seulement, le plus que les enfants avancent en âge le plus qu‟elles

semblent devenir rare. A côté des observations occasionnelles non décrites,

ce livre comporte quelques exemples qui démontrent bien qu‟une relation

ludique entre adultes et enfants de deux ans ou plus ne soit pas si

exceptionnelle. Il s‟agit d‟un père ghrib investissant le jeu de sa fille de

deux ans (p. 230), d‟une mère ou d‟un père marocain fabriquant un jouet

musical pour leur fille (p. 287), d‟un autre père marocain créant des

406

406

Page 361: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

361

moulinets pour ses filles à l‟occasion du Mûlûd (p. 337) ou encore d‟un

jeune homme Ghrib en train d‟amuser son petit frère en lui faisant jouer la

flûte (fig. 338, p. 280).

Une raison pour la diminution de l‟ingérence des adultes dans le jeu des

enfants se trouve dans l‟éloignement progressif de l‟enfant de sa mère et de

la maison. Si l‟enfant de deux ou trois ans joue souvent près de la tente ou

en face de sa maison et celle des voisins et reste ainsi près des adultes. Par

contre les enfants plus âgés vont jouer de plus en plus loin utilisant les

espaces vagues et les rues. En tout cas ils jouent aux endroits où ils

échappent plus facilement au contrôle des adultes, plus spécifiquement des

adultes de leur entourage. Il faut faire ici une distinction assez nette entre

garçons et filles du fait que les garçons jouissent de plus de liberté et de

temps pour jouer que les filles. Les espaces de jeux des petits garçons et

celles des filles sont normalement limités aux endroits que les adultes

peuvent surveiller. Les espaces de jeux des garçons s‟élargissent avec l‟âge

et ils peuvent beaucoup plus facilement échapper au contrôle des adultes.

Bien que les adultes et les adolescents puissent perturber ou arrêter les

activités ludiques des enfants, mes observations montrent que les enfants

trouvent souvent le temps nécessaire pour jouer et se fabriquer des jouets.

Cependant on trouve ici la même distinction entre filles et garçons.

Chez les semi-nomades Ghrib des années 1970 mais aussi dans les

milieux ruraux et populaires au Maroc d‟aujourd‟hui j‟ai remarqué chez les

adultes une certaine indifférence envers les jeux des enfants. Un

désintéressement qui semble lié au point de vue que le jeu et la fabrication

de jouets est l‟affaire des enfants eux-mêmes. Dès lors, les adultes n‟ont à

intervenir qu‟en cas de danger réel, de risque de dégâts et de dérangement

ou lors de transgression grave des règles et des valeurs. Pareille attitude est

aussi décrite par Suzanne Gaskins pour les enfants de villages indiens

mayas du Yucatan au Mexique. Elle écrit à ce sujet que lorsque les enfants

mayas peuvent jouer, ils jouent selon leur propre volonté sans presque

aucune autre interférence adulte que de reprendre des ustensiles utilisés

pour le jeu ou d‟insister sur la sécurité physique. En ce qui concerne les

jeunes enfants mayas leur jeu est vraiment motivé personnellement. Il n‟est

point basé sur une structuration ou motivation par des adultes ni utilisé

pour attirer l‟attention des adultes (1999: 49).

Page 362: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

362

Cet auteur souligne aussi que les enfants mayas non seulement ne

consacrent qu‟une petite partie de la journée au jeu mais en plus ils ne

consacrent que très peu de ces moments ludiques aux jeux symboliques et

de faire semblant (1999: 47). Mes observations sur les enfants ghrib et

marocains soutiennent plutôt l‟hypothèse que le jeu symbolique et de faire

semblant joue un rôle important dans le développement de ces enfants.

C‟est un jeu de faire semblant qui le plus souvent est lié au monde adulte.

Pierre Flamand (p. 213) écrit sur les relations ludiques inter-

générationnelles chez les Juifs du Sud-Marocain des années 1950 :

Aucun des enfants n’indique son père comme l’initiateur de ses jeux;

quelques fillettes attribuent ce rôle à leur mère, beaucoup à leur aïeule,

quelques-uns invoquent l’action de leur parenté du bled (de la

campagne). La plupart des adultes, en bref, se désintéressent des jeux

de leur progéniture; ils croient faire suffisamment en la pourvoyant de

quelque monnaie au temps des fêtes.

Les quelques exemples de jouets faits par un père ou une mère démontrent

qu‟ils furent faits pour des occasions spécifiques comme l‟°Ashûra ou le

Mûlûd. Les instituteurs de Sidi Ifni, membres de l‟Association Isni pour la

Culture et l‟Art, à qui j‟ai demandé en décembre 2002 si leur père, leur

mère ou un autre adulte leur a fabriqué un jouet lorsqu‟ils étaient enfant

ont répondu de manière négative. Cependant ce n‟est qu‟une analyse plus

poussée qui pourrait clarifier cet aspect. Néanmoins, je crois pouvoir

supporter ce qu‟écrit Elisa Lwakatare à ce sujet lorsqu‟il spécifie que les

adultes tanzaniens font peu de jouets pour leurs enfants (1999: 4). L‟achat

d‟un jouet par un adulte pour le donner à son enfant ou un enfant de sa

famille est probablement une habitude plus généralisée bien que limitée.

En opposition aux situations décrites ci-dessus on penserait aisément

que les adultes des pays techniquement très développés qui achètent

tellement de jouets pour les enfants s‟intéressent particulièrement au jeu de

l‟enfant. Pourtant, des recherches en Australie font penser le contraire.

Dans son article June Factor écrit qu‟une conséquence utile du mythe de

l‟insignifiance du folklore ludique enfantin, a été l‟absence relative de

l‟interférence des adultes dans les jeux des enfants. Ceci leur a permis de

s‟organiser eux-mêmes comme ils le veulent, libérés de l‟imposition des

idées courantes des adultes de comment jouer et de jouer à quoi (2001: 33).

Page 363: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

363

Lors de son analyse des jeux de sable à l‟école maternelle, Julie

Delalande souligne que dès le plus jeune âge des enfants "leurs parents

mettent entre leurs mains seau, pelle, tamis et moules, leur apprenant

souvent à faire des pâtés, des châteaux" (2001: 187). Pareille attitude

d‟apprendre aux enfants à faire des constructions avec du sable et de

s‟investir dans une pratique ludique enfantine ne m‟est apparue ni dans le

désert tunisien ni sur les plages de Kénitra ou à Sidi Ifni au Maroc. En plus

les informations bibliographiques ne la révèlent pas. Ce constat doit

néanmoins être relativisé par ce que Boubaker Daoumani a dit. Il m‟a

raconté que des mères de milieu populaire se trouvant avec des petits à la

plage de Sidi Ifni les aident parfois à faire des formes ou des constructions

dans le sable mais cela sans utiliser du matériel fabriqué à cet effet.

Cette indifférence envers les jeux de l‟enfant mentionnée pour les

adultes en général se retrouve chez les enseignants d‟école primaire et chez

le personnel des établissements préscolaires. Par exemple les cours pour

enfants d‟âge préscolaire ne laissent aux petits enfants marocains que très

peu ou pas de temps pour jouer. Cela est aussi bien le cas pour les écoles

privées qui coûtent cher que pour les établissements à classe unique qui ne

demandent que peu d‟argent aux parents. Ces classes sont arrangées dans

un garage ou une maison et une jeune femme ayant fait partiellement ou

complètement des études secondaires est souvent l‟enseignante. En plus de

l‟approche pédagogique dans lequel l‟aspect ludique n‟est certainement

pas valorisé, il y a aussi le fait que les parents n‟apprécient guère les essais

d‟introduire le jeu et les jouets en classe. Les quelques enseignantes de

classes maternelles que j‟ai eu l‟occasion de parler m‟ont toujours dis que

les parents de leurs élèves insistent très fortement sur l‟apprentissage

précoce de la lecture, de l‟écriture, et de l‟apprentissage par cœur.

Les auteurs du livre Guided Participation in Cultural Activity by

Toddlers and Caregivers soulignent sur l‟importance de la participation

des enfants dans les activités des adultes pour leur développement et leur

intégration culturelle et sociale dans la famille et la communauté (Rogoff

e.a., 1993). Dans ce contexte je voudrais remarquer que la plupart des

enfants nord-africains et sahariens vivent dans des familles où ils ne sont

pas ou peu isolés des activités adultes. En conséquence ils se réfèrent dans

leurs jeux à ce qu‟ils apprennent de la vie des adultes par observation et

par leur participation aux activités des adultes. Un exemple récent me fut

donné fin octobre 2002 dans le quartier populaire Boulalem à Sidi Ifni. A

Page 364: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

364

cette occasion j‟ai observé comment une fillette de trois ans s‟amusait à

nettoyer le trottoir devant sa maison avec une brosse de taille réduite là où

sa sœur de sept ans et la mère sont en train de nettoyer ce même trottoir.

Une différence avec l‟attitude courante des adultes aux Etats Unis

envers les jouets liés à des situations domestiques ou à des occupations

masculines est à noter. Gary Cross écrit que les jouets reproduisant les

actions du père ou servant à l‟apprentissage des techniques culinaires et

des soins à donner aux enfants mettent beaucoup d‟adultes dans l‟embarras

(1998: 30). Dans mon livre plusieurs exemples démontrent que les adultes

nord-africains et sahariens auraient vu l‟idée que pareils jouets peuvent

embarrasser des parents comme inconcevable. Au contraire parmi les

jouets pour enfants achetés occasionnellement on trouve aujourd‟hui

régulièrement des imitations en plastique d‟objets pour faire à manger,

pour nettoyer la maison et pour faire le maquillage, tous destinées aux

filles. Les petites voitures et les camions sont donnés aux garçons. Il s‟agit

donc de jouets liés à des occupations adultes féminines et masculines.

Une autre particularité est que le don de jouets, mentionné pour les

parents des pays occidentaux, n‟existe que d‟une façon très limitée chez la

plupart des parents sahariens et nord-africains. En tout cas ce don de jouets

n‟a rien à voir avec le nombre de jouets que les enfants possèdent par

exemple en Suède (Nelson and Nilsson, 2002). Gilles Brougère écrit :

"Pour comprendre le jouet il faut le situer au sein des relations sociales et

affectives entre parents et enfants" (1999: 24). Sauf dans les familles riches

et occidentalisées, ce qui est constaté en France ne se rencontre pas en

Afrique du Nord et au Sahara entre autres parce que beaucoup de jouets

sont fait par les enfants eux-mêmes.

J‟ai mentionné quelques occasions où les adultes achètent des jouets

pour les enfants marocains. Bien que rare, offrir des jouets n‟est pas

quelque chose de nouveau surtout en milieu urbain car F. Castels

mentionne déjà en 1915 et à Rabat l‟existence de vendeurs de jouets

locaux et de jouets importés d‟Europe. En plus Westermarck écrit en 1926

que des artisans marocains fabriquent des jouets.

Julie Delalande (2001) ainsi que les auteurs du livre édité par Julia

Bishop et Mavis Curtis (2001) discutent en détail l‟influence de l‟école

maternelle et primaire et plus spécifiquement de la cour de récréation sur

les relations entre enfants, leurs activités ludiques et la culture enfantine.

Sans vouloir diminuer le rôle de l‟environnement scolaire sur les enfants

Page 365: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

365

nord-africains de trois à douze ans, je crois pouvoir dire que le rôle de cet

environnement dans le domaine des jeux et jouets est moins important par

exemple au Maroc qu‟en France ou en Grande Bretagne. Cela ne serait pas

du à une scolarisation moins importante au Maroc mais à une attitude

d‟indifférence envers les jeux des enfants à l‟école. Comme indiqué

quelques paragraphes plus hauts, le rôle de la famille restreinte et étendue

ainsi que celui du voisinage sur les liens entre enfants et sur leurs activités

ludiques me semble dépasser de loin le rôle de l‟école. J‟ai néanmoins

essayé d‟en savoir un peu plus sur ce qui se passe à l‟école primaire dans la

région de Sidi Ifni pendant la récréation. Pour cela j‟ai questionné trois

instituteurs membres de l‟Association Isni pour la Culture et l‟Art. Ces

instituteurs enseignent depuis environ huit ans dans trois écoles de villages

différents, une située dans un village assez urbanisé à 2 km de Sidi Ifni,

une autre se trouvant dans la montagne à 11 km de cette ville et la

troisième dans un endroit isolé à 35 km de Sidi Ifni. Les cours qui durent

quatre heures et demie par jour sont entrecoupés par une seule période de

récréation de quinze minutes. Si l‟on décompte le temps d‟aller à la toilette

et du rassemblement il reste une dizaine de minutes aux enfants pour se

divertir. Selon les trois instituteurs les enfants se regroupent souvent en

petits groupes de trois à quatre élèves. Ces groupes d‟élèves de plus ou

moins le même âge sont basés sur les liens de parentés et de voisinage. Les

enfants jouent entre eux et se partagent éventuellement une orange, des

biscuits ou autre chose à manger qu‟un d‟eux a emporté. Les groupes

mixtes où l‟on retrouve ensemble filles et garçons deviennent rares à partir

de la deuxième année et sont pour ainsi dire inexistant dès la quatrième

année. Les garçons s‟adonnent surtout à des jeux physiques. Les filles le

font aussi, comme en décembre 2002 en sautant dans l‟élastique, mais il

n‟est pas rare de les trouver en train de se parler entre eux.

Au Maroc d‟autres structures dirigées par des adultes et destinées aux

enfants ne semblent pas intégrer dans leurs activités le patrimoine ludique

de ces enfants. D‟abord il faut dire que les mouvements de jeunesse sont

peu développés en dehors des grandes villes. Le mouvement scout existe

au Maroc mais comme cela semble être le cas à Rabat il est plutôt implanté

dans les milieux aisés. Par contre les dâr shebâb, les maisons de jeunes se

trouvent même dans des petites villes comme Midelt et Sidi Ifni mais pas

dans les villages. Dans ces maisons de jeunes, des volontaires organisent

parfois des ateliers pour enfants (fig. 407, p. 366). Quand j‟ai assisté à

Page 366: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

366

quelques réunions de pareils ateliers pour enfants à Kénitra en 1993, les

activités ludiques étaient limitées au chant et à quelques petits jeux

semblables à ceux utiliser dans les mouvements de jeunesse, par exemple

tourner autour de quelques sièges dont le nombre est inférieur d‟une unité

au nombre de joueurs. En questionnant les volontaires âgés entre dix-sept

et vingt-cinq ans environ et qui souvent sont des enseignants, il est apparu

que le patrimoine ludique local n‟est pas ou très peu utilisé.

En ce qui concerne l‟influence des médias et de la publicité il est clair que

le niveau de vie des familles populaires et rurales reste trop bas pour que

les adultes ou les enfants puissent se permettre des dépenses de luxe. Cela

ne veut nullement dire qu‟il n‟y a pas d‟achat de jouets. Acheter des jouets

se fait d‟habitude pendant l‟°Ashûra ou le Moussem mais le montant de ces

dépenses reste limité. En plus, les jouets achetés sont souvent de moindre

qualité ou des jouets d‟occasion. Néanmoins, l‟influence de la télévision

peut s‟avérer décisive dans la propagation d‟une mode ludique comme cela

fut le cas avec l‟engouement des enfants marocains pour tout ce qui se

réfère à Pokemon. Entre autres à Midelt et à Sidi Ifni cet engouement s‟est

développé très vite durant l‟année 2000 suite à la diffusion par la télévision

marocaine d‟une série de dessins animés de Pokemon traduit en arabe. Une

fois que la diffusion s‟est arrêtée, Pokemon fut aussi vite oublié qu‟il était

venu à la mode.

407

Page 367: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

367

3.4 Jeux, jouets, filles et garçons

Le titre de ce livre La vie domestique dans les jeux et jouets fera

probablement penser en premier lieu à des jeux et des jouets de filles.

Pourtant cela n‟est que partiellement vrai. En voyant les jeux et jouets

analysés il est clair que certains sont plus joués et utilisés par les filles

comme c‟est le cas pour la dînette et les ustensiles jouets ou ceux liés aux

travaux ménagers. Par contre les jeux et jouets liés aux occupations de

subsistance sont plutôt des jeux et jouets de garçons. Cela ne surprend

nullement car ils reflètent les occupations féminines et masculines dans les

familles nord-africaines et sahariennes. Les jeux et jouets se référant aux

habitations, à la musique et la danse ou aux rituels et fêtes font aussi bien

partie des activités ludiques des garçons que celles des filles.

Me référant aux informations sur la différence sexuelle dans les jeux et

jouets mentionnées dans ce volume, il est possible de voir quelles activités

ludiques appartiennent à l‟un ou l‟autre sexe ou bien aux deux sexes. Il

faut néanmoins que j‟avertisse que ni mes observations personnelles ni

ceux des autres auteurs peuvent prétendre à une représentativité

quelconque. Dès lors, ces données sur les jeux et jouets sahariens et nord-

africains ne permettent aucune formulation négative quant à l‟existence

d‟un jeu ou jouet chez les filles ou les garçons. Il est seulement possible de

mettre en avant des constatations qui n‟ont rien d‟infaillible. Beaucoup

plus de recherches seront nécessaires avant de pouvoir tracer un tableau

représentatif sur ce thème. Mes propres informations dans ce domaine sont

largement basées sur des observations d‟activités ludiques ou de

fabrication et d‟utilisation de jouets par des garçons et des filles ou par les

deux sexes ainsi que sur ce que les enfants eux-mêmes ont raconté à ce

sujet. Le point de vue des adultes n‟est que rarement pris en considération.

En cela je rejoins Greta Pennell lorsqu‟elle écrit qu‟ériger les réponses des

adultes comme la norme avec laquelle on juge les réponses des enfants,

masque dans quelle mesure les enfants peuvent être les vrais experts. Vu

l‟importance du jouet dans la vie quotidienne des enfants, il semble

raisonnable de croire que les opinions des enfants sur qui aimerait jouer

avec un jouet spécifique seront plus adéquates que les opinions des adultes

(1996: 3).

Page 368: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

368

Les données sur les jeux de tente parlent d‟activités ludiques de filles et

il en est de même pour la dînette. Uniquement pour les Chaouïa il a été dit

que des garçons pouvaient éventuellement participer au jeu de dînette ou y

jouer eux-mêmes. Pour la dînette ou le jeu de ménage les filles fabriquent

bon nombre d‟ustensiles-jouets. Cependant il arrive que des garçons le

fassent aussi, comme chez les Maures, les Belbala et au Maroc. Les

activités ludiques décrites dans le chapitre Les occupations ménagères

dans les jeux et jouets sont particulières aux filles bien que des garçons s´y

adonnent occasionnellement. Ce livre donne un exemple chez les Belbala

où des garçons font un puits. Au Maroc des garçons construisent dans

plusieurs endroits un four pour cuire le pain.

Par contre les jeux et jouets liés aux activités de subsistance comme

l‟élevage, le jardinage, le travail des champs et le commerce semblent

plutôt être des jeux de garçons. Certaines activités ludiques font aussi bien

partie des jeux de filles que des jeux de garçons mais ils sont joués

séparément par les deux sexes, comme cela se fait pour les jeux où des

maisonnettes sont construites. En ce qui concerne ces maisonnettes, celles

faites par des garçons et celles construites par des filles sont parfois de

type différent. Il en est de même pour les jeux musicaux, la danse et

certaines pratiques ludiques liées aux fêtes et aux rituels. Ainsi les

instruments de percussion typiques des festivités de l‟°Ashûra sont

traditionnellement différents pour les filles et les garçons. Il arrive aussi

que les filles jouent un jeu qui est plutôt réservé aux garçons ou que les

filles utilisent des jouets fabriqués par des garçons sans qu‟elles les

fabriquent elles-mêmes comme le moulinet à vent de la fête du Mûlûd au

Maroc central. Des exemples de garçons de plus de huit ans jouant des

jeux de filles ou utilisant des jouets faits ou utilisés par des filles sont

beaucoup plus difficile à trouver.

Pour les petits enfants la différentiation sexuelle n‟est pas importante.

Ainsi il est courant qu‟une fille plus âgée s‟occupe d‟un petit groupe de

filles et de garçons qu‟elle entraîne à un jeu ou qui s‟amusent

parallèlement. A partir de l‟âge d‟environ six ans cette différentiation

sexuelle dans les jeux et jouets devient très prononcée. Cet âge est aussi

avancé par les auteurs marocains de l‟article "La ségrégation des garçons

et des filles à la campagne" (Belghiti e.a., 1971: 102). Vers cet âge les

garçons quittent les groupes de jeux régulièrement contrôlés par des

grandes filles pour organiser leur propre groupe de jeu d‟où les filles sont

Page 369: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

369

normalement exclues. Dans leurs groupes de jeu les garçons jouissent

certainement de plus de liberté que les filles dans leurs groupes de jeu. Du

moins si longtemps qu‟ils ne dérangent pas les adultes ou ne transgressent

pas ouvertement les normes. Les garçons peuvent aussi s‟éloigner

beaucoup plus loin que les filles et échappent ainsi au contrôle direct des

parents et autres adultes. Les filles par contre doivent souvent rester aux

alentours de la maison. Entre autres pour être disponible pour aider dans le

ménage ou pour s‟occuper des petits mais aussi pour subir une surveillance

plus stricte. Quand les grandes filles prennent en charge les petits enfants

elles peuvent certainement trouver des occasions pour jouer. Cependant il

est difficile de départager la tâche de s‟occuper des petits enfants de la

possibilité de s‟amuser soi-même.

Ici et là une information indique que les filles et les garçons de six ans et

plus forment encore des groupes de jeu mixte. Mes exemples signalent le

village Imîder dans le Haut Atlas où le groupe de jeu comporte deux

garçons et trois filles (p. 121), celui d‟Aït Slimane dans la même chaîne de

montagne où il s‟agit de quatre filles et un garçon (p. 86), la petite ville de

Midelt au Maroc central où le groupe de jeu comprend une fille et deux

garçons (p. 125) et le village Lagzira dans l‟Anti-Atlas où un frère et une

sœur jouent régulièrement ensemble (p. 105). Dans tous ces cas les enfants

ont environ sept ans et sont de la même famille ou des voisins proches. En

2006 Khalija Jariaa a vu dans l‟Anti-Atlas d‟autres exemples de groupes de

jeu mixtes d‟enfants de six ans ou plus. Il s‟agit d‟un groupe de jeu de

deux filles et un garçon (p. 95, 124) et de vingt-trois filles et quatre

garçons (p. 313) du village Douar Ouaraben, d‟un groupe de jeu d‟un

garçon et d‟une fille (p. 258) du village Ikenwèn, d‟un groupe de jeu de dix

filles et cinq garçons (p. 316) du village Idoubahman-Imjâd, d‟un groupe

de jeu de treize filles et six garçons (p. 101) du centre rural Ifrane a/s,

ainsi que d‟un groupe de jeu de cinq garçons et une fille (p. 153) et d‟une

fille et un garçon (p. 199) du quartier Boulalem de Sidi Ifni. Comme pour

la première série d‟exemples ces enfants sont frère et sœur, cousin et

cousine et/ou voisin et voisine mais parfois ils sont plus âgés.

Que la différenciation sexuelle se manifeste déjà tôt dans une situation

ludique est clairement démontré par la réaction d‟un petit garçon de juste

quatre ans qui joue au jeu de poupée avec sa nièce de six ans. Cela se

passait devant une maison de Sidi Ifni en janvier 2002. Lorsque la nièce

insiste pour que le garçonnet l‟aide à faire des poupées ou à exécuter des

Page 370: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

370

tâches féminines il refuse catégoriquement de le faire en répondant à haute

voix "moi, je suis un homme" (Rossie and Daoumani, 2003, Video 1).

Une différence nette entre filles et garçons existe aussi au niveau du

temps disponible pour jouer et cela à cause de l‟intégration plus poussée

des filles dans les activités ménagères. Un exemple frappant de ce temps à

jouer plus restreint et des tâches plus nombreuses des filles me fut offert

lors d‟une session d‟observation d‟une heure et demie. Cette observation

fut faite dans une petite vallée servant entre autres comme terrain de jeu et

située entre deux quartiers populaires de Midelt au Maroc central. Un

matin d‟août 1999 et pendant le temps d‟observation j‟ai vu trois groupes

de jeu comprenant quelques garçons jouant ensemble pendant quinze à

trente minutes. Pendant la même période d‟observation je n‟ai trouvé

aucune fille qui jouait. Au contraire, j‟ai vu une fille de six ans en train de

nettoyer l‟espace devant sa maison, une autre fille un peu plus âgée qui

passait avec un plateau de biscuits sur la tête pour les porter au four ainsi

que deux filles faisant des courses. Une cinquième fille d‟environ dix ans

s‟occupait d‟un groupe de fillettes et de garçonnets. Lahcen Oubahammou

décrit de la manière suivante cette différence en 1987 (p. 126-127) :

Tout d’abord, la fille Ouirra (Moyen Atlas) est moins favorisée que le

petit garçon Ouirra, parce que, très tôt, elle doit se consacrer aux

tâches domestiques et par conséquent ne jouit pas des plaisirs de

l’enfance comme le garçon. Le cas des adolescentes est pire, elles sont

données en mariage à partir de l’âge de douze, treize ans et rentrent

plein pied dans la vie adulte avec toutes ses responsabilités et ses

exigences.

Tout démontre que les adultes nord-africains et sahariens ont une vision

bien différente du jeu selon le sexe des enfants plus grands.

Deux informations provenant de l‟Algérie, une sur les enfants mozabites

et l‟autre sur les enfants belbala, font apparaître qu‟une vraie collaboration

entre filles et garçons peut exister par exemple lors de la construction de

maisonnettes ou de tout un village en miniature. Dans le premier cas se

sont les frères qui pendant les années 1920 faisaient des maisons de

poupées pour leurs sœurs et dans le second cas les filles et les garçons

belbala jouaient ensemble vers 1960 en créant leur village en miniature

bien qu‟en exécutant des tâches différentes.

Page 371: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

371

Julie Delalande analyse l‟opposition que l‟on retrouve entre filles et

garçons français et où se sont surtout les garçons qui dérangent le jeu des

filles entre autres pour se faire remarquer (2001: 162-164). Fernando Pinto

Cebriàn a observé le même comportement chez les enfants sahraouis où il

arrive que les garçons détruisent les tentes en miniature des filles pour que

celles-ci tiennent compte de leur présence (1999: 105). Un exemple du

Maroc vient de Sidi Ifni où deux garçons viennent déranger le jeu de

quelques filles pour la même raison (p. 198).

On doit toujours rester prudent avec des propositions générales comme

celle sur la séparation stricte entre filles et garçons plus âgés ou entre les

jeux de filles et les jeux de garçons parce qu‟il y a des indications que cette

séparation est surmontable. En plus, quelques-unes de mes informatrices

marocaines ont souligné qu‟étant enfant elles aimaient jouer ensemble avec

leurs frères, leurs cousins ou d‟autres garçons du voisinage par exemple

pour jouer au football ou pour grimper dans les arbres. Cela démontre que

les normes culturelles d‟une population donnée ne sont pas le seul critère

déterminant les activités ludiques enfantines et que la personnalité et la

volonté des joueurs doivent être prises en compte. Mais ce n‟est qu‟une

étude plus avancée, basée sur des observations de situations de jeu réelles,

qui permettra d‟en savoir davantage.

Les résultats de quelques recherches récentes faites par des chercheurs

étudiant les jeux d‟enfants dans une communauté occidentale m‟ont fait

prendre conscience que l‟influence de la différence sexuelle sur les jeux et

les jouets reste vraiment semblable même s‟il existe des différences

importantes entre ces communautés et celles des pays sahariens et nord-

africains.

3.5 L‟évolution des jeux et jouets

En étudiant jeux et jouets des enfants il faut s‟intéresser aussi bien à la

continuité qu‟au changement. Cela est évident pour ce livre car

l‟information fait référence à une période allant du début du 20e siècle

jusqu‟au début du 21e siècle. Comme dans d‟autres domaines, une

évolution s‟est accomplit dans les pratiques ludiques des enfants nord-

africains et sahariens. Cependant il reste hasardeux de faire une analyse

historique à cause du manque de données et du hasard de leur production.

Page 372: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

372

Ces changements sont dus à des influences internes et externes mais il

est difficile sinon impossible de définir leur rôle réciproque. Classifier une

influence comme interne ou externe reste donc arbitraire. Par exemple

l‟influence de l‟école marocaine et de la télévision peut être catégorisée

comme une influence interne bien que l‟origine de cette école et télévision

ainsi que leur développement sont liés à des réalités européennes. Ci-

dessous je mentionne certaines influences sur les jeux et jouets des enfants

sahariens et nord-africains liés à la vie domestique qui se sont manifestées

pendant le 20e siècle mais surtout après la deuxième guerre mondiale.

Le changement de mode de vie et d‟habitat d‟une population nomade

suite à une sédentarisation se reflète directement dans les jeux et jouets de

leurs enfants. Plusieurs exemples provenant des enfants ghrib du Sahara

tunisien en témoignent (p. 77-79, 244-245). Cependant, les données

manquent à ce sujet pour les autres populations nomades du Sahara. Un

changement d‟habitat et de mode de vie comparable s‟opère lorsqu‟une

famille quitte le village pour s‟installer en ville ou quand une ville agrandit

son périmètre en urbanisant des villages limitrophes. Dans ces cas l‟aspect

des terrains d‟exploration et de jeux ainsi que le matériel et les objets que

les enfants ont à leur disposition changent d‟une manière importante.

A première vue l‟école ne semble pas être un réel facteur de changement

pour la culture ludique des enfants des régions en question. En tout cas je

n‟ai pas remarqué une influence directe de l‟école sur les jeux et jouets des

enfants ghrib ni sur celle des enfants marocains et le thème de l‟école n‟est

apparu que très exceptionnellement dans leurs jeux de faire semblant. En

plus, les données bibliographiques et muséographiques ne donnent pas

d‟informations supplémentaires à ce sujet. Par contre l‟école influence

directement le temps de jeu des enfants scolarisés. Un temps de jeu qui se

concentre sur le dimanche et les périodes de vacances.

Il ne fait aucun doute que les moyens de communication des dernières

décades ont une influence sur la culture ludique des enfants des régions

dont parle ce livre. Le jeu de quelques filles et de quelques garçons du

quartier Boulalem de Sidi Ifni témoigne de l‟influence des programmes de

télévision et en particulier du journal télévisé. Dans les deux cas il s‟agit

de la guerre de Palestine qui s‟infiltre dans le jeu de faire semblant (p. 147,

199). Le programme de télévision avec Pokemon a eu un si grand succès

qu‟il a créé chez les enfants marocains un engouement pour tout ce qui se

réfère à ce personnage bien que cet engouement semble avoir été de courte

Page 373: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

373

durée (p. 366). Il y a aussi des garçons qui jouent le rôle de réparateur de

télévision (p. 262, 271). L‟utilisation grandissante de la vidéo numérique

marque l‟esprit des enfants et c‟est ainsi que deux garçons deviennent une

équipe de la télévision marocaine 2M lors de la mise en scène d‟une fête

(p. 330). La maisonnette créée par quelques filles lors du même jeu

comporte une télévision et deux filles jouent au photographe avec un

appareil photo numérique de fortune (p. 332). Deux exemples de

maisonnettes avec télévision se voient à la figure 56 (p. 94) et 396 (p. 332).

Il y a aussi la tente avec parabole (fig. 31, p. 74). Récemment le téléphone

portable fait soi-même apparaît comme jouet dans le jeu des garçons et des

filles (p. 109).

Au Maroc et probablement dans

les autres pays d‟Afrique du Nord et

du Sahara les enfants et les parents

d‟aujourd‟hui désirent et achètent les

jouets fabriqués par l‟industrie du

jouet. Il s‟agit aussi bien de jouets

d‟occasion (fig. 408) que de jouets

neufs. Il faut cependant souligner

que cette situation fut déjà

mentionnée en 1915 pour l‟industrie

du jouet européen (Castells, p. 342).

Au Maroc dans les marchés et les

petits magasins on voit ces dernières

années un grand nombre de jouets

fabriqués en Chine, des jouets

comme j‟en ai achetés à Tan-Tan en septembre 2005 (fig. 409).

408

409

Page 374: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

374

Comme mentionné dans

Poupées d’enfants et jeux de

poupées ainsi que dans L’animal

dans les jeux et jouets (Rossie,

2005) le rôle des membres de la

famille vivant en Europe est

aussi perceptible dans les jouets

liés à la vie domestique que

possèdent les enfants marocains

dont parle ce livre. On peut

même trouver des figurines

fantastiques qui autrement

semblent manquer parmi les

jouets de ces enfants. L‟exemple

de la figure 410 fut amené de la France par le père d‟un enfant du village

Terloulou dans l‟Anti-Atlas en 2005. L‟influence de la famille émigrée se

voit aussi dans le jeu de faire semblant de quatre filles du même village.

Une des maisonnettes représente la maison plus ou moins luxueuse

construite par des villageois vivant en Europe (fig. 70, p. 102).

Contrairement aux deux livres mentionnés ci-dessus je n‟ai pas trouvé

des exemples de jeux ou de jouets qui reflètent une influence éventuelle

des touristes.

Une discussion plus générale du thème du changement dans l‟enfance et

dans les jeux et jouets en Afrique du Nord et au Sahara se trouve dans un

chapitre de mon livre Toys, Play, Culture and Society. An Anthropological

Approach with Reference to North Africa and the Sahara (Rossie, 2005:

149-182).

410

Page 375: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

375

4 Créativité enfantine

A travers ses activités ludiques un enfant trouve des possibilités pour

développer sa personnalité entre autres en explorant les possibilités, les

limites et les contraintes imposées par son environnement naturel et

humain. Tout comme un enfant possède une individualité qui le différencie

des autres enfants, une famille et un voisinage ont certaines valeurs et

attitudes spécifiques qui le rendent plus ou moins différent d‟autres

groupes du même genre. Voir les groupes sociaux sahariens et nord-

africains comme uniformes et indifférenciés est une erreur. Omettre de

mentionner le rôle de l‟individualité et de la créativité dans les activités

ludiques des enfants de ces régions est un oubli regrettable.

Chaque jouet fabriqué par un enfant et chaque jeu est une manifestation

personnelle, bien que situé dans un contexte écologique et socioculturel

donné. Il faut donc voir cette manifestation comme une création originale

basée sur l‟interaction entre la personnalité de l‟enfant et son

environnement physique et humain. Néanmoins, je dois avouer qu‟étant un

anthropologue socioculturel mes recherches n‟offrent que peu

d‟informations sur le développement de la personnalité des enfants et sur

les différences individuelles.

Par contre, il m‟est facile de faire référence à la créativité enfantine dans

les jeux et dans la fabrication de jouets. De ce point de vue il est clair que

les filles et les garçons sahariens et nord-africains montrent beaucoup de

créativité par exemple en faisant des maisonnettes, des ustensiles-jouets,

des moulinets ou des jouets musicaux. Néanmoins, je crois qu‟il faut

dépasser cette formulation trop simple bien qu‟exacte. Pour y arriver une

entrée adéquate pourrait être de définir le terme général de création. Le

Shorter Oxford Dictionary mentionne deux significations du terme

„creation‟ en rapport direct avec le thème des jeux et jouets : “2. The action

of making, forming, producing, or bringing into existence” et “5. An

original production of human intelligence or power” (1973: 452).

„Original‟ est définie ainsi “A3. Produced by or proceeding from some

thing or a person directly; underived, independent” et “A4. Such as has not

been done or produced before; novel or fresh in character or style” (1973:

1464).

Page 376: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

376

Mon point de vue sur le concept de créativité en relation avec les jeux et

jouets fait référence au concept de produire quelque chose, par exemple un

jouet, ou d‟élaborer une activité ludique. J‟y ajouterai l‟idée de faire

quelque chose d‟inhabituel, d‟original et même d‟esthétique ou artistique.

En introduisant ces concepts je provoque pourtant une vraie difficulté. Il

faudrait dès lors opposer le point de vue des initiés, les membres de la

communauté des enfants en questions, au point de vue de ceux qui

n‟appartiennent pas à cette communauté, quelque chose que je ne puisse

faire. D‟ailleurs du point de vue des enfants eux-mêmes pareilles

classifications d‟adultes n‟ont aucun sens car ce qui les intéresse avant tout

c‟est de s‟adonner au plaisir du jeu et de la fabrication d‟un jouet.

Pendant une discussion lors de la 1ª Biennale del Giocco e del

Giocattolo. La Creativita à Torino en Italie (1.11.1988), Gilles Brougère

disait qu‟être créatif ne veut nullement dire s‟engager dans l‟irréel ou

l‟imaginaire car la créativité peut bien se greffer sur la vie quotidienne de

telle manière qu‟un enfant peut être créatif sans être original parce que des

milliers d‟enfants ont trouvé les mêmes solutions. J‟ai trouvé un exemple

frappant de ce point de vue quand un garçon de dix ans me fut

présenté comme un créateur de jouets à Sidi Ifni en février 2002. Ses

parents, qui m‟ont permis de le filmer, l‟ont décrit comme quelqu‟un dont

le plus grand plaisir est de faire et même d‟inventer des jouets (Rossie and

Daoumani, 2007, Video 2). En plus ce garçon ne joue pas avec ces jouets

car il préfère les donner à son frère cadet ou un autre enfant. On voit donc

que dans des communautés aisément qualifiées de collectiviste des enfants

peuvent développer certaines tendances et jouer certains rôles qui les

distinguent de leurs pairs et des autres enfants. Dans ce cas le garçon y

trouve un certain prestige car il est désigné comme créateur de jouets par

les enfants, ses parents et des adultes du voisinage. Bien que je ne puisse

comparer avec d‟autres exemples je fus frappé par l‟âge précoce auquel ce

garçon a développé une individualité si prononcée. Il serait certainement

intéressant de rechercher si d‟autres exemples sont difficiles ou faciles à

trouver.

Dans un Newsletter du Bernard van Leer Foundation il est souligné que

cette créativité est enracinée dans l‟activité enfantine de faire des

expériences, d‟expérimenter, de réfléchir et d‟expérimenter à nouveau

(1997, n° 86, p. 2). Cette expérience personnelle combinée Avec les

informations transmises par des frères, des sœurs et des enfants du

Page 377: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

377

voisinage, explique pourquoi l‟idée qu‟il existe un corpus de

connaissances partagé par la plupart des enfants semble être fausse (Curtis,

2001: 66).

Voulant vérifier cette affirmation de Mavis Curtis j‟ai questionné

quelques instituteurs au sujet d‟un jeu de stratégie que deux garçons

pratiquaient dans une rue de Sidi Ifni en décembre 2002. Le premier

instituteur que je questionnais m‟a dit qu‟il n‟avait jamais joué ni vu jouer

dans cette ville ce jeu de trois pions sur une ligne. Mais lorsque j‟ai

questionné deux autres instituteurs, des amis du premier instituteur ayant

grandis dans d‟autres quartiers de Sidi Ifni, ils ont tout de suite reconnu ce

jeu en affirmant qu‟ils l‟ont joué étant jeune. Cela a vraiment étonné le

premier instituteur. Cette petite expérience démontre une fois de plus

combien il est important de reconnaître les différences entre les enfants et

entre les groupes de jeux.

On pourrait définir la créativité solitaire dans le contexte ludique

enfantin comme la création d‟un jouet ou la réalisation d‟une séquence de

jeu par l‟enfant lui-même et cela de manière originale. Dans ce cas il me

sera difficile et probablement aussi pour d‟autres chercheurs, de trouver

des exemples de créativité solitaire auprès des enfants sahariens et nord-

africains. Pourtant cela n'implique nullement que je n‟ai pas vu pareille

créativité comme les trois exemples suivants l‟indiquent. En 1999 j‟ai vu

Khalef, un berger de treize ans, assis au bord d‟une route du Moyen Atlas

en train de jouer sur un violon qu‟il a fabriqué lui-même (fig. 366-369, p.

301-303). Cela est quelque chose qui selon ses parents et voisins est

vraiment exceptionnel dans la région. Une autre activité ludique originale

fut déployée par Amal, une fille de huit ans vivant dans un village du

Maroc Central aussi en 1999. Comme la mère d‟Amal ne veut pas que sa

fille joue dehors dans la 'saleté', cette fille s‟est fait une maison de poupée

avec une boîte de carton (fig. 51-52, p. 90-91), ce que je n‟aie pas encore

vu ailleurs. Mon troisième exemple vient de Sidi Ifni. En 2002 un garçon

de dix ans s‟y amusait à fabriquer des jouets qu‟il distribuait par après (fig.

162, p. 160).

Je pense que cette créativité individuelle et solitaire n‟est qu‟une des

formes possibles de créativité. Après tout il se peut qu‟il ne soit pas

important ou même impossible de savoir si un enfant a inventé un jouet ou

jusqu‟à quel point. Voyons un autre exemple, celui de la fabrication d‟une

copie d‟un instrument de musique local entièrement fait avec du matériel

Page 378: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

378

de récupération par un garçon de onze ans vivant au Maroc Central en

1999 (fig. 364-365, p. 300). Il n‟est pas impossible qu‟il s‟agisse d‟une

invention personnelle de ce garçon mais il est bien plus probable qu‟il soit

indirectement ou directement influencé par d‟autres exemples.

Revenons au jeu solitaire. J‟ai pu observer de temps à autre un bambin

ou un jeune enfant en train de jouer seul et cela aussi bien dans le Sahara

tunisien qu‟au Maroc (fig. 127 p. 137, 197 p. 181, 237 p. 207, 246 p. 213).

Je suis convaincu qu‟en examinant de plus près cette question de jeu

solitaire il s‟avérera que cela est moins rare que j‟aie l‟habitude de croire.

Cependant dans les communautés que j‟étudie jouer seul reste un

événement assez rare. Cela semble normal car c‟est là que des camarades

de jeu sont toujours disponibles. La même chose a été affirmée pour les

enfants dans les cours de récréation des écoles françaises par Julie

Delalande qui écrit : "Mes premières semaines d‟observations m‟ont appris

que les enfants jouent rarement seuls" (2001: 73).

Un groupe de psychologues culturels a mis en avant que le

développement de l‟enfant est incrusté dans sa communauté et son

environnement. Il doit donc être vu comme un processus créatif par lequel

l‟enfant devient à travers sa participation dans les pratiques d‟une

communauté donnée un membre responsable de cette communauté

(Rogoff, 1993: 6). Liant ce point de vue au rôle important du jeu de faire

semblant pour le développement de l‟enfant, Wendy L. Haight, une des

psychologues culturels du groupe mentionné, écrit que des recherches

futures plus vastes et longitudinales devraient permettre de prendre en

considération les conséquences développementales du jeu de faire

semblant auquel participent la personne prenant soin d‟un enfant et

l‟enfant lui-même. Le contexte culturel est important non seulement pour

comprendre le développement du jeu de faire semblant mais aussi pour

comprendre le développement des autres activités culturellement valorisées

pour lequel le jeu de faire semblant semble servir de signe avant-coureur.

Par exemple un certain nombre de développementalistes argumentent que

le jeu de faire semblant est un signe avant-coureur de la créativité pendant

la petite enfance… Comme d‟autres formes plus mûres de créativité le jeu

de faire semblant oblige quelqu‟un d‟imaginer "comme si", de

mentalement explorer, changer, commenter, exagérer, élaborer le monde

"réel" et d‟en rigoler. Comme d‟autres formes de créativité le jeu de faire

semblant a lui aussi une structure particulière. Par exemple il y a des

Page 379: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

379

conventions de communication pour marquer l‟activité comme non

conforme à la réalité et pour négocier des transformations. Les

changements dans les manières de faire semblant de ceux qui prennent soin

des petits peuvent donc avoir des implications pour le développement

immédiat du jeu et pour le développement à plus long terme des activités

connexes impliquant la créativité (1999: 143). Bien que ceci a été écrit en

parlant du jeu de faire semblant entre adultes et petits enfants, on peut

probablement l‟étendre au jeu de faire semblant entre enfants plus âgés et

enfants plus jeunes.

Même si j‟aime dire que les jouets n‟ont de sens que dans le cadre d‟une

activité ludique, je parlerai surtout de l‟esprit inventif de l‟enfant dans la

construction de jouets. Une des raisons est la plus grande facilité à détecter

cette créativité dans les jouets que dans les activités ludiques. Pourtant la

transformation d‟une boîte de sardines vide en une table, un lit, une grille

de filtration de sable ou un instrument de percussion démontre que

l‟intention du joueur est fondamentale et que le matériel utilisé comme

objet ludique est secondaire. Un objet qui selon la volonté de l‟enfant peut

représenter n‟importe quoi. En plus, cet objet peut être remplacé par

plusieurs autres objets signifiant la même chose.

Ce livre démontre à nouveau que l‟esprit inventif des enfants à utiliser

tout matériel disponible est omniprésent en Afrique du Nord et au Sahara.

En même temps on voit comment du matériel spécifique est choisi à des

usages particuliers. Ceci est par exemple le cas quand du sable et de

l‟argile sont utilisés pour faire des maisonnettes et des ustensiles-jouets ou

quand une partie spécifique d'une bouteille de plastique sert pour écouler

l‟eau vers un jardin en miniature et pour créer le pavillon d‟une flûte. Ce

livre illustre abondamment l‟utilisation de matériel de récupération, du

matériel de récupération souvent combiné avec du matériel naturel. Les

enfants utilisent aussi du matériel importé produit par l‟industrie du jouet

ou par d‟autres industries, par exemple lorsque des poupées importées sont

adaptées aux exigences des filles, des boîtes de fer-blanc deviennent des

souliers ou un vieux fourgon s‟utilise comme maisonnette. La créativité

enfantine à faire des jouets se manifeste aussi bien à travers la simplicité -

par exemple lorsque après une averse de pluie des morceaux de boue

séchés au soleil deviennent des morceaux de chocolat ou quand une fleur

caliciforme devient un sifflet - qu‟à travers la complexité, une complexité

que l‟on retrouve souvent dans les jouets fabriqués par les enfants.

Page 380: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

380

Bien que mes exemples de créativité enfantine se réfèrent le plus

souvent aux jouets fabriqués par les enfants, il ne faudrait pas en conclure

que ces enfants ne peuvent être créatifs dans leurs jeux de faire semblant

ou d‟action narrative. Il ne s'agit que d'un manque d'information. Des

recherches futures pourront éventuellement offrir les données nécessaires

pour vérifier cela. Les protocoles détaillés des quatre vidéos sur le jeu de

quelques enfants de Sidi Ifni et sa région tournés en 2002 semblent déjà

offrir quelques exemples (Rossie and Daoumani, 2003/2007).

On pourrait se demander pourquoi les enfants marocains des années

1990 et les enfants tunisiens des années 1970, vivant dans des

communautés non industrielles et fabriquant des jouets qui reflètent plus

ou moins les traditions, sont si créatifs. Être créatif est défini ici comme

faire quelque chose de personnel et indépendamment de l‟interférence

adulte. Me référant à la manière dont ces enfants grandissent pour devenir

des membres responsables de leur famille et de leur communauté, je

voudrais souligner le rôle de l‟initiative personnelle des enfants dans

l‟observation et le jeu. Je propose cela comme une hypothèse basée sur

mes observations et non pas comme un fait établi. Dans ce contexte je fus

directement influencé par le livre de Barbara Rogoff e.a. où il est écrit :

nous étudions l‟idée qu‟une spécificité culturelle essentielle impose qui

sera responsable de l‟apprentissage. Ou bien les adultes s‟octroient cette

responsabilité en structurant les situations d‟apprentissage ou bien se sont

les enfants qui s‟approprient cette responsabilité d‟apprentissage en

observant et en participant aux activités adultes avec le soutient de ceux

qui s‟occupent d‟eux… Les enfants des communautés qui acceptent ou

stimulent l‟observation des activités adultes peuvent se développer en

grande partie par leur propre initiative, à travers l‟observation active et la

participation croissante… Dès lors, une différence culturelle majeure

pourrait se manifester dans l‟ampleur avec laquelle ceux qui prennent en

charge les enfants adaptent leurs activités aux enfants en opposition au

degré de responsabilité qui incombe aux enfants pour s‟ajuster au monde

des adultes et pour arriver à le comprendre (1993: V, 9). Une analyse

originale de la différence entre communautés en ce qui concerne le rôle

des adultes dans le jeu de l‟enfant en opposition avec le rôle des enfants

eux-mêmes se trouve dans le livre Children’s Engagement in the World.

Sociocultural Perspectives édité par Artin Göncü (1999: 15-16, 46-50, 99-

170).

Page 381: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

381

Je peux présenter ici le rôle du constructeur de jouets de dix ans dans

l‟apprentissage informel de son frère cadet à Sidi Ifni en 2002. Ce frère

plus âgé n‟est pas seulement un constructeur de jouets mais en même

temps il sert d‟exemple à son frère de six ans. Comme le montre la vidéo,

ce frère cadet observe presque tout le temps comment son aîné s‟y prend et

ne recevant que peu ou pas de directives. Le frère aîné limite son

intervention à stimuler de temps en temps son „apprenti‟ à bien observer

l‟une ou l‟autre façon de faire ou à être plus attentif. L‟initiative et la

responsabilité d‟apprendre à faire des jouets en observant son frère plus

âgé reste donc entre les mains du jeune garçon. Cela n‟est pas à voir

comme un évènement unique car j‟ai observé ici et là cette pratique où

dans des situations ludiques des enfants plus jeunes doivent apprendre à

faire d'eux-mêmes. Ainsi ils ont un rôle actif au lieu d‟être les destinataires

passifs d‟un quelconque apprentissage. Dès lors la motivation personnelle

semble être un moteur important du développement et les jeux ainsi que la

fabrication de jouets offrent des circonstances favorables à des actions

autonomes. Les enfants de ces régions sont dans une large mesure en

charge de leur propre divertissement, de faire leurs propres jouets et de

transmettre la culture ludique aux enfants plus jeunes. Les adultes

n'interviennent que rarement dans tout cela et ne jouent nullement le rôle

important des adultes des sociétés de consommation où les industries du

jouet et du divertissement dominent les jeux et les jouets des enfants.

Il n'est nullement exagéré de dire que les enfants sahariens et nord-

africains sont des constructeurs de jouets créatifs. Cette créativité se

retrouve dans les activités ludiques enfantines basées sur l‟expression

motrice, visuelle, non-verbale, verbale ou musicale et cela séparément ou

combiné comme dans le jeu de faire semblant, le jeu d‟adresse, le chant et

la danse. En ce qui concerne l‟expression verbale ce n‟est que dans les

vidéos faites dans la région de Sidi Ifni au début de l‟année 2002 que des

exemples peuvent être trouvés. Je renvoie donc le lecteur intéressé aux

protocoles détaillés de ces vidéos (Rossie and Daoumani, 2003/2007).

Des auteurs comme Mario L. Aguilar, David F. Lancy et Gerhard Kubik

ont souligné la créativité des enfants africains dans leurs jeux. Mario L.

Aguilar écrit sur les Waso Boorana du Kenya que les enfants montrent une

formidable créativité parce que leur jeu n‟est pas une répétition mais une

recréation continuelle. Néanmoins, ils se réfèrent toujours aux règles liées

au monde des adultes (1994: 34). Dans son livre sur l‟enfance chez les

Page 382: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

382

Kpelle au Liberia, David F. Lancy note qu‟il est évident que les enfants et

les adolescents sont bien inventifs dans leur jeu (1996: 178), et Gerhard

Kubik conclut dans son article "Children, Child Education and Children‟s

Furniture in the Cultures of sub-Saharan Africa" que ces enfants ont leur

propre domaine créatif auquel les adultes n‟ont aucun accès (1997: 113).

Finalement, je peux appliquer aux enfants sahariens et nord-africains ce

que dit Julie Delalande sur la participation dynamique des enfants français

dans leur société, une "société englobante, où les enfants sont producteurs

de culture et non seulement receveurs d‟une culture induite par la société

globale" (2001: 42).

Je voudrais attirer l‟attention du lecteur sur le fait que mon livre

précédent Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal

dans les jeux et jouets, contient une analyse selon la méthode de la

sémiotique sociale (p. 155-170). En réponse aux remarques de Théo van

Leeuwen, données ci-après, je n‟ai plus refait pareille analyse qui reste trop

limitée au niveau descriptif. En plus les données sur les jeux et jouets des

enfants sahariens et nord-africains liés à la vie domestique n‟apportent

pour ainsi dire rien de nouveau à l‟analyse déjà présentée. Quand Theo van

Leeuwen écrivit la préface de L’animal dans les jeux et jouets, il formulait

dans une note supplémentaire ses remarques sur mon chapitre „Analyse

sémiotique sociale‟: Pour le chapitre concernant l‟analyse sémiotique il

m‟est un peu difficile à formuler des remarques. Tu n‟utilise la

terminologie sémiotique qu‟irrégulièrement et cela d‟une manière qui ne

me pose aucun problème. Cependant il semble que tu éprouves une

certaine hésitation à généraliser, et la sémiotique vise naturellement à

élaborer une structure théorique pour faire des interprétations. La partie sur

la représentation schématique des animaux-jouets est un essai d‟introduire

quelque généralisation. Si la sémiotique n‟avait pas été mentionnée, cela

resterait néanmoins un bon chapitre qui récapitule certains aspects du livre

en discutant comment une signification est attribuée à des cas particuliers

mais sans généraliser sur les processus de créer des significations. Peut-

être doit-il en être ainsi. Certains sont des généralisateurs, d‟autres

apportent les détails et les deux approches sont importantes (e-mail de

Theo van Leeuwen à l'auteur, 29.1.2002).

Page 383: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

383

Catalogue des Jouets

Sahariens et Nord-Africains

du Musée du Quai Branly

liés à la Vie Domestique

Page 384: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

384

Page 385: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

385

1 Introduction

En 2004 la collection de jouets sahariens et nord-africains de l'ancien

Musée de l'Homme a été transférée au nouveau Musée du Quai Branly où

elle fait partie des collections de l'Unité Patrimoniale Afrique du Nord et

Proche-Orient (http://www.quaibranly.fr, [email protected]). La

photothè-que du Musée de l'Homme a aussi été intégrée dans le Musée du

Quai Branly.

Sans l'existence du fichier signalétique de la collection des jouets

sahariens et nord-africains du Département d'Afrique Blanche et du Proche

Orient de l'ancien Musée de l'Homme, l'étude de cette collection aurait été

impossible. La majorité des renseignements mentionnés dans ce catalogue

a dès lors été puisée dans ce fichier.

Les jouets dont la provenance était mentionnée dans la liste des objets

déposés dans les réserves de ce département mais pour lesquels une fiche

signalétique n'a pas été rédigée sont décrits par l'auteur de ce livre, qui a

aussi complété les renseignements du fichier si nécessaire.

Les jouets décrits dans le catalogue ci-dessous sont, à l'intérieur de

chaque section, classés suivant la population dont ils proviennent.

En ce qui concerne le jouet, d'abord son origine est indiquée :

provenance géographique, provenance ethnique, collectionneur et/ou

donateur, suivie par la description du jouet et si possible la référence au

constructeur du jouet.

Après ces données, j'ai mentionné des renseignements sur les joueurs et

sur d'éventuels dessins ou photos retrouvés dans la bibliographie. S'il

existait dans le Service de la Photothèque de l'ancien Musée de l'Homme

des photos de jouets liés à la vie domestique, non reproduit dans ce livre,

cela est indiqué.

Les mesures sont mentionnées en centimètres : B = base, H = hauteur,

LO = longueur, LA = largeur, E = épaisseur, D = diamètre, + = maximum,

- = minimum.

En réponse au transfert des objets de l'ancien Musée de l'Homme au

Musée du Quai Branly les anciens numéros d'objets ont été adaptés.

Devant l'ancien numéro le chiffre 71 a été mis, suivie de la date

complète de l'année d'entrée, par exemple l'ancien numéro 30.61.617 a été

changé en 71.1930.61.617. Après le transfert des objets Marie-France

Vivier a vérifié les références de ce catalogue en août 2005.

Page 386: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

386

2 Le matériel de campement

2.1 Les arceaux de tente

Touaregs: sans numéro d'objet (fig. 11, p. 59)

Origine: Sahara. Touaregs, nomades.

Description: voir p. 59.

2.2 Les piquets de la natte d'entourage

Touaregs du Niger: 71.1930.61.617-618 (fig. 12, p. 60)

Origine: Tombouctou, Mali. Touaregs du Niger, nomades.

Don François de Zeltner, avant 1931.

Description: voir p. 60.

2.3 Les nattes d'entourage et de clôture

Touaregs Kel Ahaggar: 71.1941.19.117-119

Origine: In Amedgel, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Rela,

Touaregs Kel Ahaggar, nomades.

Mission Henri Lhote, 3.10.1938

Description: voir p. 60.

Constructeur: une fille Kel Rela d'In Amedgel, il s'agit de la même fille de

douze ans qui a confectionné plusieurs poupées.

Page 387: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

387

Référence: Jean Gabus donne dans son livre Au Sahara. Arts et Symboles

une description détaillée et des croquis des différentes nattes chez les

Touaregs (1958: 278-281).

Touaregs Kel Oullimenden: 71.1941.19.1313 (fig. 13, p. 60)

Origine: Ménaka, Sahara, Mali. Touaregs Kel Oullimenden, nomades.

Mission Henri Lhote, 13.2.1939.

Description: voir p. 61.

2.4 Les nattes de repos et nattes de lit

Touaregs Kel Oullimenden: 71.1941.19.1307-1312 (fig. 14, p. 61 -

71.1941.19.1307/1309/1310/1311)

Origine: Ménaka, Sahara, Mali. Touaregs Kel Oullimenden, nomades.

Mission Henri Lhote, 13.2.1939.

Description: voir p. 61.

Remarque: ces nattes en miniature sont des copies des nattes. Il s'agit des

nattes "taousit: natte d'afezou (tiges de paille), se plaçant horizontalement

et servant de tapis pour s'asseoir ou se coucher... nattes d'afezou de toutes

dimensions faites pour être étendues horizontalement sur le sol, sur des

lits, ou sur des bancs." (de Foucauld, 1951-1952: 1533).

2.5 Les traverses de lit

Touaregs Kel Oullimenden: 71.1941.19.1306 (fig. 13, p. 60)

Origine: Ménaka, Sahara, Mali. Touaregs Kel Oullimenden, nomades.

Mission Henri Lhote, 13.2.1939.

Page 388: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

388

Description: voir p. 62.

Constructeur: un artisan des Kel Teguioualt de Ménaka.

2.6 Les tapis et coussins de tente

Touaregs Kel Ahaggar: 71.1941.19.120

Origine: In Amedgel, Ahaggar, Sahara, Algérie. Touaregs Kel Rela,

Touaregs Kel Ahaggar, nomades.

Mission Henri Lhote, 3.10.1938.

Description: voir p. 60.

Remarque: ce jouet a disparu de la collection en 1968.

Maures: 71.1938.48.34-35 (fig. 15, p. 63 - 71.1938.48.34)

Origine: Tidjikdja, Tagant, Mauritanie. Maures Idéïchilli, nomades.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description: voir p. 62.

Constructeurs: les artisanes locales.

Référence: Jean Gabus montre un croquis d'un grand tapis de tente des

Maures (1958: 81).

Page 389: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

389

3 Les maisonnettes

3.1 Les maisonnettes

Maures: 71.1938.48.88, 71.1938.48.98 (fig. 40-41, p. 80-81)

Origine: Oualata, Hodh Oriental, Sahara, Mauritanie. Maures, nomades.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936.

Description: voir p. 80.

3.2 Les nattes pour maisonnettes

Maures: 71.1983.52.6-9, 71.1938.48.97.1-5

71.1983.52.6-9

Origine: Oualata, Hodh Oriental, Sahara, Mauritanie. Maures, nomades.

Don de Georges Duchemin en 1983.

Description: il s'agit de petites nattes multicolores utilisées dans les

maisons de poupées de Oualata. Les mesures varient entre 6 cm et 10 cm

de longueur ou 4 cm et 6,5 cm de largeur. Il y a avec cette série de nattes

en miniature aussi un tout petit sac bleu en jute.

71.1938.48.97.1-5 (fig. 42, p. 82)

Origine: Oualata, Hodh Oriental, Sahara, Mauritanie. Maures, nomades.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1937.

Description: voir p. 82.

Page 390: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

390

3.3 La porte de maisonnette

Chaouïa: 71.1936.2.205 (fig. 43, p. 83)

Origine: Kebech, Tadjmout Kerma, Aurès, Algérie. Chaouïa, sédentaires.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description: voir p. 83. H = 9,5 cm, LA = 8,5 cm.

4 Les ustensiles

Touaregs: 71.1937.21.100, 71.1937.21.101 (fig. 165, p. 162)

Origine: Sahara. Touaregs, nomades.

Mission René Pottier, 1937.

Description: pipe et écuelle en argile non cuite, voir p. 162.

Maures: 71.1938.48.48-49, 71.1938.48.93-96

71.1938.48.48-49

Origine: Tidjikdja, Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures Idéïchilli,

nomades.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description:

71.1938.48.48: un mortier à mil en miniature (mohraz) à fond rond et pied

subcônique en bois de 'adress'. De chaque côté, à la partie inférieure, deux

reliefs anguleux simulent des amorces d'anses. H = 18,6 cm. D ouverture =

10,5 cm.

71.1938.48.49: jouet d'enfant reproduisant l'ustensile d'usage courant

qu'est le pilon à mil 'meddegg', une pièce de bois d'adress cylindrique,

renflée aux deux bouts, ornée de deux cannelures transversales. L = 46 cm.

Page 391: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

391

Constructeurs: fait par les bergers et les artisans.

71.1938.48.93.1-15, 71.1938.48.94.1-22

71.1938.48.95.1-10, 71.1938.48.96.1-18

Origine: Oualata, Sahara, Mauritanie. Maures, nomades.

Mission Puigaudeau-Senones, 1936-1938.

Description:

71.1938.48.93.1-15 (fig. 169, p. 166): ustensiles de ménage très réduits en

terre crue teinte en noir avec du charbon pilé, rehaussé de lignes blanches.

Les socles des supports de calebasses sont blancs. Il s'agit d'une bouteille

(1), d'une gourde (7), de supports de calebasses (2-5, 13-14), d'un socle

pour ces supports (15), d'une marmite à deux anses (9) avec son couvercle

(12), et d'écuelles (6, 8, 10-11). H+ = 5 cm, D = 1,5 cm.

71.1938.48.94.1-22 (fig. 170, p. 166): ustensiles ménagers en miniature en

terre crue brunie mélangée d'ocre rouge, ornée de stries et de liserés blancs.

Il s'agit d'assiettes (1-2, 15), d'écuelles (7, 9-12), de canaris à anse (8, 19),

de jarres (4-5), de couvercles à pommeau arrondi (16-17), ou pointus (13,

15), de cuillers (3, 21) et de brûle-parfums (6, 17, 22). H+ = 2,5 cm, D =

2,4 cm.

71.1938.48.95.1-10 (fig. 171, p. 167): ustensiles ménagers en miniature en

terre crue brunie mélangée d'ocre rouge, ornée de stries et de liserés blancs.

Il s'agit d'un kanûn ou réchaud (10), d'une marmite (1), d'un keskes ou

marmite pour la cuisson du couscous (4), d'un mortier à deux anses (8),

d'un pilon à mil (7), d'une gargoulette à anse transversale et à bec (6), et

d'écuelles (2-3, 5, 9). D 1,5 cm.

71.1938.48.96.1-18 (fig. 172, p. 167): ustensiles de ménage très réduit en

terre crue décorée de dessins noirs, blancs, ocres et rouges, sur fond jaune.

Il s'agit d'une jatte (1), de canari ou récipients à eau (17-18), d'une marmite

(17), de couvercles (15-16), de pilons à mil (4-5), d'un support de

calebasse et le socle de ce support (5-6), d'un tabouret (11), et d'un

chandelier (9).

Constructeurs: les servantes noires des Maures Ouled Daoud, Laghlall,

Chorfa, etc. pour amuser les enfants. L'argile de ces jouets provient de la

montagne au sud du ksar de Oualata.

Page 392: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

392

Référence: Jean Gabus mentionne ces jouets qui sont le mobilier des

poupées (1958: 163-164). Un croquis d'un brûle-parfum en miniature se

trouve dans le livre de cet auteur (1958: 168) qui décrit en détail les

poteries de Oualata ainsi que le porte-calebasse à trois bras en bois tendre

(p. 141-151).

Teda : 71.1935.169-173, 71.1965.3.1/2/4/5

71.1935.169-173

Origine: Tibesti, Sahara, Tchad. Teda.

Mission Le Cœur, 1934.

Description: petits paniers en vannerie (71.1935.50.169/172), deux brûle-

parfums (71.1935.50.170-171), un mortier (71.1935.50.173), voir p. 168.

71.1965.3.1/2/4/5 (fig. 173-174, p. 169)

Origine: Bardaï, Tibesti, Sahara, Tchad. Teda, nomades et sédentaires.

Recueilli par Oleg Lopatinsky, 1962.

Description: trois mortiers en miniature dont un dans un filet de vannerie et

un jouet représentant le banc en bois des femmes, voir p. 168-169.

Zaghawa: 71.1957.82.130-132 (fig. 175, p. 169 - 71.1957.82.130-131)

Origine: Hiriba, Dar Zaghawa, Ouaddaï, Tchad. Zaghawa.

Mission des Confins du Tchad, M.J. Tubiana, novembre 1956.

Description: mortier à trois anses, mortier sans anses, voir p. 169.

Remarques: toutes les femmes zaghawa savent faire de la poterie crue,

mais se sont les femmes des forgerons qui fabriquent la poterie cuite

(Tubiana, 1973: 258; Tubiana, 1977: 7).

Page 393: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

393

Chaouïa:

71.1936.2.178-181/187-188/190/268/269bis/270bis/272/691/824/826,

71.1937.9.61-62

71.1936.2.178-181/187-188/190/268/269bis/270bis/272/691/824/826

Origine: Aïn Kerma (71.1936.2.178/179/181/190/268/ 272/691/826),

Kebech (71.1936.2.180/187/188/269bis/270bis/824), Djebel Tadjmout,

Aurès, Algérie. Chaouïa, Ouled Abderrahman.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description:

71.1936.2.178

Ecuelle en terre cuite montée sur un pied se divisant en trois, oreille

perforée. Décor laqué 'llukk' fait de croix à cinq branches, trois pastilles

intercalaires, ligne cernant le bord, six traits équidistants sur le pied. D =

14 cm, H = 10 cm. Ce jouet représente la coupe à trépied pour servir le

couscous aux invités.

71.1936.2.179 (fig. 176, p. 170)

Ecuelle en terre cuite montée sur un pied cylindrique se divisant en trois,

trou percé à travers le pied. Saillie en bordure. Décor laqué cruciforme et

points intercalaires dans la coupe, cinq lignes rayonnantes sur le pied et la

pense. D = 12 cm, H = 12 cm. Ce jouet représente la coupe à trépied pour

servir le couscous aux invités.

71.1936.2.180

Marmite en terre cuite à fond plat et de forme sphérique, quatre tenons

dont deux petits, au sommet de la panse. D = 7, H = 6 cm. Couscoussier en

terre cuite à fond en calotte perforé de cinq trous, panse tronconique,

tenons triangulaires sur le bord. D = 7,5 cm, H = 6 cm.

71.1936.2.181 (fig. 179, p. 171)

Plat à fond plat en terre cuite, forme calotte, anse verticale perforée. A

l'intérieur décor cruciforme et ponctué à la laque 'llukk' rouge orangé et

noir. Ligne noire sur le bord. D = 10,5, H = 3 cm. Ce plat-jouet pouvait

servir d'assiette pour enfant.

Page 394: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

394

71.1936.2.187bis (fig. 177, p. 171)

Pot à goulot pour le beurre en terre cuite. Fond plat, forme cylindrique,

goulot oblique à mi-hauteur. Laque 'llukk' brun sur le bord. Quelques

lignes ou taches sur la panse. D = 6,5 cm, H = 4 cm.

71.1936.2.188

Plat à fond plat en terre cuite avec panse droite, servant à cuire la galette, D

= 9 cm, H = 2 cm.

71.1936.2.190 (fig. 178, p. 171)

Louche hémisphérique en terre cuite, manche à coupe circulaire se

terminant par un crochet à peine esquissé, L = 9 cm, D= 3,5 cm.

71.1936.2.268

Ecuelle en terre cuite montée sur pied cylindrique légèrement évasé à la

base. Pied perforé avec brin de fixation en laine. Décor au 'llukk' avec à

l'intérieur de la coupe croix et pastilles intercalaires. Sur la panse et le pied

quatre lignes rayonnantes et cercles et pastilles alternant. D = 11 cm, H =

11 cm. Ce jouet représente la coupe à trépied pour servir le couscous aux

invités.

71.1936.2.269bis/270bis

Marmite en terre non cuite avec fond plat et de forme ovoïde, quatre

tenons dont deux petits au tiers supérieur de la panse. D = 8 cm, H = 6,5

cm. Couscoussier en terre non-cuite à fond plat à cinq perforations, panse

tronconique avec trois tenons triangulaires sur le bord. D = 8 cm, H = 4,5

cm.

71.1936.2.272

Ecuelle en terre cuite à fond plat, panse légèrement évasée. Oreille

perforée avec un chiffon de suspension. Fond orné d'un décor cruciforme à

la laque 'llukk' rouge et noire et de cercles concentriques. D = 11 cm, H =

2,5 cm.

71.1936.2.691 (fig. 179, p. 171)

Ecuelle à fond plat en terre cuite, panse légèrement évasée, oreille

perforée, bord extérieur incisé. Dans le fond lignes rayonnantes noires et

rouges faites à la laque 'llukk'. D = 12 cm, H = 3,5 cm.

71.1936.2.824 (fig. 177, p. 171)

Entonnoir en terre cuite de forme tronconique avec saillie en bordure. D =

6 cm, H = 6,5 cm. Imitation de l'entonnoir servant à remplir l'outre à eau.

Page 395: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

395

71.1936.2.826 (fig. 179, p. 171)

Disque au bord très légèrement relevé en terre cuite. Décor peu apparent

avec croix et cercles faits à la laque 'llukk'. D = 13 cm, H = 1,8 cm.

Imitation du plat servant à cuire la galette.

Remarques: Mathéa Gaudry décrit en détail les poteries dont ces jouets

sont une imitation, la fabrication de ces poteries par les femmes ainsi que

leur imperméabilisation et décoration (1929: 141, 147, 200-217).

71.1937.9.61-62

Origine: Aïn Kerma, Djebel Tadjmout, Aurès, Algérie. Chaouïa, Ouled

Abderrahman.

Mission Germaine Tillion, 1937.

Description: voir p. 172.

Maroc: 71.1908.15.24-32/74-90, 71.1959.52.9-11/29, 71.1933.77.50-51

71.1908.15.24-32/74-90 (fig. 183-184, p. 176)

Origine: tous ces jouets furent récoltés chez les Aït Ouriaghel sauf le 15.78

et le 15.80 qui furent récoltés chez les Tsoul, Rif, Maroc.

Don Gaston Buchet, avant 1908.

Description: voir p. 175.

71.1959.52.9-11

Origine: 52.10-11 furent récoltés chez les Aït Ouriaghel, 52.9 fut récolté

chez les Tsoul, Rif, Maroc.

Don du Musée du Louvre (Don de Mm E. de Billy), 1916 (?).

Description: petite bouilloire à anse et couvercle (9), petite théière à anse

et couvercle (10), petits verres (11.1-4), tous en poterie, mesures

semblables à celles de la série précédente.

Page 396: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

396

71.1959.52.29

Origine: Rif, Beqqouïa, Maroc.

Don du Musée du Louvre (Don de Mm E. de Billy), 1916 (?).

Description: petite table en terre cuite, H = 10 cm.

71.1933.77.50-51 (fig. 181, p. 173)

Origine: Fès, Maroc.

Recueilli par Jeanne Jouin, 1933.

Description: petites tables, voir p. 173.

Tunisie: 71.1933.77.150/160, 71.1934.23.1-4

71.1933.77.150/160

Origine: Nabeul, Tunisie (150); Sejnane, Tunisie (160).

Recueilli par Jeanne Jouin, novembre 1933.

Description:

71.1933.77.150.1-3: ce jouet est composé de trois pièces: un réchaud à

braises, le kanûn ou réchaud, à fond circulaire et bord évasé s'achevant en

trois pointes, en poterie non vernissée, H = 10 cm, D = 11,5 cm; une

marmite à deux anses en poterie vernissée à l'intérieur, H = 8,5 cm, D = 10

cm; un couscoussier, le keskes, à fond semé de trous et avec deux anses, en

poterie vernissée vert foncé, H = 6,5 cm, D = 9 cm.

71.1933.77.160: bol à anse en terre grisâtre avec décor de lignes

concentriques et de chevrons, H = 4 cm, D = 6,2 cm.

71.1934.23.1-4

Origine: Tunisie (1), Nabeul, Tunisie (2-4). Bédouins, nomades.

Acheté par Marcelle Bouteiller chez un marchand de poterie à Tunis,

février 1934.

Page 397: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

397

Description: ce jouet est composé de cinq pièces: le réchaud ou kanûn a un

fond circulaire avec un trou et un bord évasé s'achevant en trois pointes, il

est en poterie rougeâtre non vernissée avec un décor en creux d'une pointe

à l'autre, H = 9 cm (1); une marmite cylindrique à deux anses, non

vernissée à l'extérieur mais vernissée à l'intérieur, vernis jaunâtre, H = 7,5

cm, D = 8 cm (2.1); sur cette marmite se pose un couscoussier, une poterie

circulaire à fond percé de trous et avec deux anses, vernissée en vert foncé,

H = 4 cm, D = 8,5 cm (2.2); un plat à fond circulaire et bord évasé,

vernissé mi-partie jaune et mi-partie verte, D = 19 cm (3); un autre plat à

fond circulaire et bord évasé, vernissé en vert à l'intérieur et non vernissé à

l'extérieur, D = 13 cm (4);

5 Les jouets liés aux tâches ménagères

5.1 Les puits

Touaregs: 71.1937.21.112

Origine: Ghât, Assounar, Sahara, Libye. Touaregs Kel Djanet, Touaregs

Kel Ajjer, nomades.

Mission René Pottier, 1934.

Description: imitation du puits à balancier touareg, H = 80 cm. Ce puits-

jouet est fait selon le modèle teda décrit p. 208.

Teda: 71.1935.50.183

Origine: Tibesti, Sahara, Tchad. Teda.

Mission Le Cœur, 1934.

Description: voir p. 208.

Page 398: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

398

Remarques: dans la collection ne subsiste que la perche avec la pierre, la

traverse est brisée et le reste a disparu. Le puits à balancier se retrouve

aussi bien au Fezzan, au Ahaggar, au Adrar qu'au Tibesti ainsi qu'au

Soudan et en Egypte (Tubiana, 1977, p. 89).

Belbala: 71.1952.27.44

Origine: Tabelbala, Sahara, Algérie. Belbala.

Collectionné par Dominique Champault, juin 1951.

Description: voir p. 208.

5.2 Les récipients d'eau

Algérie: 71.1936.2.273, 71.1889.120.66

71.1936.2.273

Origine: Tadjmout Kebech, Aurès, Algérie. Chaouïa.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description: trépied à outre en miniature, voir p. 210.

71.1889.120.66 (fig. 241, p. 210)

Origine: Grande Kabylie (?), Algérie. Kabyles (?).

Don du Gouvernement Général de l'Algérie, 1889.

Description: ce jouet est une petite cruche en terre cuite à fond plat; à

panse tendant à être sphérique avec col élevé et anse allant du bas au haut

du col. Au sommet de la cruche il y a un décor rougeâtre sur fond blanc

avec des traits en échelle et des triangles hachurés opposés par le sommet.

Cette cruche d'une hauteur de 11 cm est vernissée.

Page 399: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

399

Maroc: 71.1933.74.1 (fig. 242, p. 210)

Origine: Achouia, Souk Taza, Nord du Maroc.

Don de Herber, 1933.

Description: voir p. 210.

5.3 Les fuseaux

Algérie: 71.1962.51.3

Origine: Tinerkouch, Touat-Gourara, Sahara Nord-occidental.

Don de Corneille Jest, 1962.

Description: fuseau-jouet en bois, H = 35,5 cm, voir p. 231.

6 Les jouets liés aux activités de subsistances

6.1 Les jouets liés à l'élevage

Maures: 71.1938.48.36-37, 71.1938.48.47

71.1938.48.36-37

Origine: Tidjikdja, Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures Idéïchilli Ghoudf,

nomades.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description: Il s'agit d'une réduction d'un objet d'usage courant, le support

de peau de bouc ou 'arahal el-greb'. Ce jouet est fabriqué par un artisan

local. De chaque côté d'une traverse sont fixés par des lanières de cuir deux

bâtonnets croisés en X et deux autres formant pieds. Les deux ensembles

s'écartent vers la base pour former un chevalet. Entre eux, la peau de bouc

est suspendue à la traverse horizontale.

Page 400: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

400

71.1938.48.36: H = 36 cm, L = 45 cm.

71.1938.48.37: fait en bois de cacotropis, teinté en jaune. H = 18 cm, L =

28 cm.

71.1938.48.47

Origine: Tidjikdja, Tagant, Sahara, Mauritanie. Maures Idéïchilli,

nomades.

Mission Puigaudeau-Sénones, 1936-1938.

Description: ce jouet fait par un berger et reproduisant l'ustensile courant

pour traire les vaches est une coupe à fond rond, munie d'une manche en

bois plein, en bois grossièrement noirci au feu. La manche est percée d'un

petit trou par lequel on a enfilé une lanière de cuir rouge nouée. D = 7,5

cm.

6.2 Les jouets liés au travail des champs

Chaouïa: 71.1936.2.255-263

Origine: Aïn Kerma (256-262) ou Kebech (255 et 263), Djebel Tadjmout,

Aurès, Algérie. Chaouïa, Ouled Abderrahman.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description: l'araire le plus simple 71.1936.2.261 (fig. 289, p. 246) est fait

d'une baguette écorcée avec crochet en bois de genévrier. Le timon est

ajusté à la semelle par un bout de fil. Il s'agit d'un araire à un mulet comme

c'est le cas pour l'araire n° 71.1936.2.262. 71.1936.2.261: H = 3,5 cm, LO

= 15,5 cm. 71.1936.2.262: H = 3 cm, LO = 21 cm.

L'araire 71.1936.2.255 (fig. 291, p. 247) est fait d'une semelle et d'un

mancheron en une pièce de bois et d'un age oblique en bois. Le soc est en

métal. Le dispositif qui permet de régler le soc a été mis en place. H = 36

cm, LO = 45 cm.

L'araire 71.1936.2.256 (fig. 292, p. 247) est du même type que le précédant

mais le soc n'a pas de pointe en métal. H = 19 cm, LO = 35 cm. Cet araire

est tiré par deux mulets. H = 8 cm, LO = 9,5 cm. Le mulet est fait de quatre

Page 401: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

401

bâtonnets, les pattes, fixés à un morceau de bois servant de corps.

L'ensemble a été fait en bois de laurier rose. H totale = 12,5 cm, LO totale

= 42 cm.

L'araire 71.1936.2.257 (fig. 290, p. 246) en bois d'asphodèle est une autre

reconstruction de l'araire à deux mulets. Il est composé d'un soc appointé

auquel est ajusté un age oblique ainsi qu'un mancheron qui cependant

rappelle le type d'araire à un mulet. Entre l'age et le soc se trouvent les

pièces de réglage. H = 14 cm, LO = 26 cm.

Remarques: concernant l'araire chaouïa Mathéa Gaudry note qu'il est fait

"d'un morceau de bois coudé, dont les deux branches constituent le soc et

la manche; un timon est attaché au sommet de l'angle ainsi formé... (il) est

presque toujours traîné par des mulets, quelquefois par des ânes, rarement

par des chevaux, jamais par des bœufs. Il ne remue que très

superficiellement la terre, en sorte que le grain semé se trouve enfoui à une

très faible profondeur. L'homme guide les bêtes." (1929: 156).

7 Les instruments de musique et les bruiteurs

7.1 Les flûtes

Chaouïa: 71.1936.2.212

Origine: Djebel Menaâ, Aurès, Algérie. Chaouïa.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description: voir p. 282.

Maroc: 71.1931.45.29

Origine: Rabat, Maroc.

Don de Jeanne Jouin, 1931.

Description: voir p. 298.

Page 402: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

402

7.2 Les claquettes

Chaouïa: 71.1936.2.207-211

Origine: Amentane, Djebel Menaâ, Aurès, Algérie. Chaouïa.

Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description: voir p. 282.

7.3 Les tambourins

Maroc: 71.1933.77.49

Origine: Fès, Maroc.

Collectionné par Jeanne Jouin, 1933.

Description: voir p. 288.

7.4 Les hochets

Maroc: 71.1933.77.47-48

Origine: Fès, Maroc.

Collectionné par Jeanne Jouin, 1933.

Description: voir p. 285.

8 Les lances-eau

Chaouïa: 71.1936.2.234-236 (fig. 385, p. 320)

Origine: Ménâa, Aurès, Algérie. Chaouïa. Mission Thérèse Rivière, 1936.

Description: voir p. 320.

Page 403: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

403

Table des transcriptions

Certaines lettres arabes sont indiquées par des signes conventionnels:

th =

j =

h' =

kh =

dh =

sh =

ç =

d' =

t' =

z' =

º =

gh =

q =

^ = indique une voyelle longue

Page 404: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

404

Page 405: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

405

Table des illustrations

1. Tente-jouet, p. 55, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

2. Filles construisant l'enclos de leur tente-jouet, p. 55, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

3. Tente en miniature pour le jeu de poupée, p. 56, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

4. Début de la confection de la natte-jouet, p. 57, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

5. Natte-jouet, p. 57, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

6. Natte-jouet précédente posée sur quatre pieds, p. 57, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

7. Tapis-jouet, p. 58, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

8. Verso du tapis-jouet précédent, p. 58, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

9. Tapis-jouet, p. 58, Ksar Assaka, Maroc, 1995, photo de l'auteur.

10. Tapis-jouet, p. 59, région de Tazenakht, Maroc, 1997, photo de

l'auteur.

11. Arceaux de tente en miniature, p. 59, Touaregs, sans date, Collection

du Musée de l'Homme, sans numéro d'objet, photo de l'auteur. Selon

le mail de Hana Chidiac à l‟auteur du 14.11.2006 il n'y a pas de trace

de ces arceaux au Musée du Quai Branly.

12. Piquets de la natte d'entourage de la tente en miniature, p. 60,

Touaregs de Tombouctou, Collection du Musée du Quai Branly, n°

71.1930.61.617-618, photo de l'auteur.

13. Natte d'entourage ou de clôture de la tente en miniature, p. 60,

Touaregs Kel Oullimenden, Collection du Musée du Quai Branly, n°

71.1941.19.1313, à droite de la photo les traverses de lit en miniature,

n° 71.1941.19.1306.1-4, photo de l'auteur.

14. Natte de repos (1307) et nattes de lit (1309-1311) en miniature, p. 61,

Touaregs Kel Oullimenden, Collection du Musée du Quai Branly,

photo de l'auteur.

71.1941.19.1310 71.1941.19.1309

71.1941.19.1311 71.1941.19.1307

Page 406: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

406

15. Tapis-jouet, p. 63, Maures, 1936-1938, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1948.34, photo de l'auteur.

16. Filles jouant dans leur tente en miniature, p. 65, Douar, Maroc, 2007,

photo Khalija Jariaa.

17. Filles créant des tapis pour leur tente, p. 66, Douar, Maroc, 2007,

photo Khalija Jariaa.

18. Tapis mis sous le sommet du trépied de la tente, p. 66, Douar, Maroc,

2007, photo de l'auteur.

19. Tapis pour décorer la tente, p. 66, Douar, Maroc, 2007, photo de

l'auteur.

20. Tapis pour décorer la tente, p. 67, Douar, Maroc, 2007, photo de

l'auteur.

21. Poupées pour le jeu de la tente, p. 68, Douar, Maroc, 2007, photo de

l'auteur.

22. Fillette amenant un chevreau dans l'enclos en miniature, p. 69, Douar,

Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

23. Garçon prenant un chevreau pour le mettre dans l'enclos, p. 68,

Douar, Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

24. Garçon jouant sur une flûte, p. 69, Douar, Maroc, 2007, photo

Khalija Jariaa.

25. Garçon construisant un trépied comme structure de tente, p. 70,

Douar Ouaraben, Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

26. Garçon couvrant le trépied avec un plastique, p. 71, Douar Ouaraben,

Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

27. Fille créant la patronne de la tente, p. 72, Douar Ouaraben, Maroc,

2007, photo Khalija Jariaa.

28. Fille créant la patronne de la tente, p. 72, Douar Ouaraben, Maroc,

2007, photo Khalija Jariaa.

29. Fille mettant la patronne de la tente dans un tas de cailloux, p. 73,

Douar Ouaraben, Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

30. Fille fabriquant un coussin de tente, p. 74, Douar Ouaraben, Maroc,

2007, photo Khalija Jariaa.

31. Fille ajustant sa tente à parabole, p. 74, Douar Ouaraben, Maroc,

2007, photo Khalija Jariaa.

32. Tentes pour jeu de vie nomade, p. 75, Ikenwèn, Maroc, 2007, photo

de l'auteur.

Page 407: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

407

33. Garçon construisant des tentes pour vendre aux filles, p. 76, Tiznit,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

34. Fillettes construisant une maisonnette de sable à toit plat, p. 77,

Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

35. Fillette faisant le toit plat de sa maisonnette, p. 78, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

36. Fillettes faisant une maisonnette à toit partiel, p. 78, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

37. Maisonnette à toit partiel pour jeu de poupée, p. 79, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

38. Fille aidant un petit enfant à construire une maisonnette, p. 79, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

39. Maisonnette à toit en dôme, p. 80, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

40. Maison de poupée, p. 80, Maures, 1936, Collection du Musée du

Quai Branly, n° 71.1938.48.98, cliché M. Delaplanche.

41. Maison de poupée, p. 81, Maures, 1936, Collection du Musée du

Quai Branly, n° 71.1938.48.88, photo de l'auteur.

42. Nattes-jouets, p. 82, Maures, 1937, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1938.48.97.1-5, photo de l'auteur.

43. Porte-jouet, p. 83, Chaouïa, 1936, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1936.2.205, photo de l'auteur.

44. Maison de poupée avec deux poupées-femmes et une poupée-homme,

p. 85, Aït Hmed ou Yacoub, Maroc, 1996, photo de l'auteur.

45. Maison de poupée, p. 86, Imi-n-Tanoute, Maroc, 1992, dessin de

l'auteur.

46. Groupe de jeu dans une maison de poupée, p. 86, Aït Slimane,

Maroc, 1999, photo de l'auteur.

47. Deux filles avec leur poupée-jeune mariée, p. 87, Aït Slimane,

Maroc, 1999, photo de l'auteur.

48. Détail de la cuisine et du débarras de la maison de poupée de la

figure précédente, p. 88, Aït Slimane, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

49. Maisons de poupées, p. 88, Ksar Assaka, Maroc, 1996, dessin de

l'auteur.

50. Commencer une maison de poupée, p. 89, Zaïda, Maroc, 1999, photo

de l'auteur.

Page 408: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

408

51. Fille avec sa maison de poupée en boîte de carton, p. 90, Zaïda,

Maroc, 1999, photo de l'auteur.

52. Maison de poupée de la figure précédente, p. 91, Zaïda, Maroc, 1999,

photo de l'auteur.

53. Vue du village, p. 92, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija

Jariaa.

54. Terrain de jeux de filles, p. 92, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

55. Maisonnette, p. 93, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija

Jariaa.

56. Maisonnette, p. 94, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija

Jariaa.

57. Cuisine de maisonnette, p. 94, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

58. Cuisine de maisonnette, p. 94, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

59. Préparations pour fête de mariage, p. 96, Douar Ouaraben, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

60. Préparations pour fête de mariage, p. 96, Douar Ouaraben, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

61. Quatre petits tapis de maisonnette, p. 97, Douar Ouaraben, Maroc,

2006, photo de l‟auteur.

62. Grand tapis de maisonnette, p. 97, Douar Ouaraben, Maroc, 2006,

photo de l‟auteur.

63. Préparations pour fête de mariage, p. 98, Douar Ouaraben, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

64. Jeu de poupée avec maison de femme riche, p. 98, Douar Ouaraben,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

65. Maison de femme riche, p. 99, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

66. Le quartier Souq ou Fella, p. 99, Ifrane a/s, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

67. Construction de la maison du jeune marié, p. 100, Ifrane a/s, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

68. Construction de la maison de la jeune mariée, p. 100, Ifrane a/s,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

69. Terrain de jeu, p. 101, Terloulou, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

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70. Maisonnette de famille riche, p. 102, Terloulou, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

71. Filles cherchant le nécessaire pour faire des poupées, p. 102,

Terloulou, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

72. Poupée jeune marié et poupée jeune mariée avec le nécessaire pour

leur mariage, p. 103, Terloulou, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

73. La cuisson des légumes, p. 104, Terloulou, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

74. La préparation du couscous, p. 104, Terloulou, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

75. Vue sur la maison des deux joueurs et les environs, p. 104, Lagzira,

Maroc, 2002, photo de l'auteur.

76. L'aire de jeu de la fille et de son frère, p. 105, Lagzira, Maroc, 2002,

photo de l'auteur.

77. Fille avec sa maison de poupée et ses poupées de coquillages, p. 106,

Lagzira, Maroc, 2002, photo de l'auteur.

78. Maison de poupée avec une voiture dans le garage, p. 106, Lagzira,

Maroc, 2002, photo de l'auteur.

79. Lit nuptial de la maison de poupée, p. 107, Lagzira, Maroc, 2002,

photo de l'auteur.

80. Poupées dans la voiture de mariage, p. 107, Lagzira, Maroc, 2002,

photo de l'auteur.

81. Maisonnette, four, moulin à bras et planchette avec des pains, p. 108,

Lagzira, Maroc, 2002, photo de l'auteur.

82. Garçon avec sa maisonnette, p. 108, Lagzira, Maroc, 2002, photo de

l'auteur.

83. Village en miniature ou groupe de maisons, p. 109, Lagzira, Maroc,

2002, photo de l'auteur.

84. Détail du village en miniature ou groupe de maisons de la figure

précédente, p. 110, Lagzira, Maroc, 2002, photo de l'auteur.

85. Maison de poupée avec poupées de coquillages, p. 110, Lagzira,

Maroc, 2002, photo de l'auteur.

86. Maison de poupée, p. 111, Marrakech, Maroc, 1992, dessin de

l‟auteur basé sur le dessin de Fatima Kader.

87. Deux fillettes dans leur maisonnette, p. 112, Ghrib, Sahara tunisien,

1975, photo de l'auteur.

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88. Maisonnette de grandes filles, p. 112, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

89. Maisonnette de grandes filles, p. 113, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

90. Maisonnette, p. 113, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

91. Détail de la maisonnette de la figure précédente, p. 114, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

92. Pièces annexes du type de maisonnette de la figure précédente, p.

114, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

93. Maisonnette d'un vieux méchoui, p. 117, Sidi Brahim, Maroc, 1994,

photo de l'auteur.

94. Détail de la maisonnette d'un vieux méchoui, p. 118, Sidi Brahim,

Maroc, 1994, photo de l'auteur.

95. Maisonnette, p. 118, Ighrem-n-Cherif, Maroc, 1994, photo de

l'auteur.

96. Maisonnette de petites filles, p. 119, Midelt, Maroc, 1997, photo de

l'auteur.

97. Maisonnette de grandes filles, p. 120, Midelt, Maroc, 1997, photo de

l'auteur.

98. Maisonnette, p. 120, Amellago, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

99. Fillette préparant le manger dans une maisonnette, p. 121, Amellago,

Maroc, 1999, photo de l'auteur.

100. Maisonnette, p. 121, Imîder, Maroc, 1999, dessin de l'auteur.

101. Khalija Jariaa pendant une tournée d‟information, p. 123,

Idoubahman-Imjâd, Maroc, 2006, photo Fatima.

102. Boubaker Daoumani et quelques-uns de ces élèves, p. 123, Lahfart,

Maroc, 2006, photo de l'auteur.

103. Enfants amenant des branches pour faire les murs d‟une maisonnette,

p. 124, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

104. Vue d‟un village, p. 124, Idoubahman-Imjâd, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

105. Deux maisonnettes juxtaposées, p. 125, Idoubahman-Imjâd, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

106. Camionnette démantelée servant de maisonnette, p.125, Midelt,

Maroc, 1999, photo de l'auteur.

107. Garçon mettant des rideaux à la camionnette démantelée servant de

maisonnette, p. 126, Midelt, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

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108. Détail de la camionnette démantelée servant de maisonnette, p. 126,

Midelt, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

109. Maisonnette, p. 127, Marrakech, Maroc, 1993, dessin de l'auteur.

110. Cuisine pour maisonnette, p. 128, She°ba, Maroc, 1996, photo de

l‟auteur.

111. Détail de la cuisine pour maisonnette, p. 128, She°ba, Maroc, 1996,

photo de l‟auteur.

112. Première phase de la construction d'une maisonnette à trois

dimensions, p. 129, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

113. Deuxième phase de la construction d'une maisonnette à trois

dimensions, p. 129, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

114. Troisième phase de la construction d'une maisonnette à trois

dimensions, p. 130, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

115. Dernière phase de la construction d'une maisonnette à trois

dimensions, p. 130, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

116. Maisonnette à toit en dôme, p. 131, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

117. Garçons faisant des constructions avec du sable humide, p. 131,

Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

118. Enclos de bétail de sable humide, p. 132, Ghrib, Sahara tunisien,

1975, photo de l'auteur.

119. Marché de sable humide, p. 132, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo

de l'auteur.

120. Garçon et son tombeau de marabout en sable humide, p. 132, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

121. Tombeau de marabout en sable humide, p. 133, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

122. Garçon et sa mosquée de sable humide, p. 133, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

123. Mosquée de sable humide, p. 134, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

124. Le village Aït Ighemour, p. 135, Maroc, 1992, photo de l‟auteur.

125. Garçon construisant le mur de l'étable, p. 136, Aït Ighemour, Maroc,

1992, photo de l'auteur.

126. Garage et étable en miniature, p. 136, Aït Ighemour, Maroc, 1992,

photo de l'auteur.

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127. Petit garçon avec son garage, p. 137, Amellago, Maroc, 1999, photo

de l'auteur.

128. Maison du chauffeur de taxi, p. 138, Tiznit, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

129. Garçon construisant un mur de sa maison en pisé, p. 138, Ikenwèn,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

130. Garçon construisant un mur de sa maison en pisé, p. 139, Ikenwèn,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

131. Garçon préparant son dîner dans de sa maison en pisé, p. 140,

Ikenwèn, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

132. Maison de pisé avec un camion dans le garage, p. 140, Ikenwèn,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

133. Femme de ménage du constructeur de la maison en pisé, p. 141,

Ikenwèn, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

134. Le constructeur de la maison en pisé se dispute avec la femme de

ménage, p. 142, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

135. Maisonnette en boîtes de carton, p. 142, Ikenwèn, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

136. Le village Lahfart, p. 143, Maroc, 2006, photo de l‟auteur.

137. Garçons construisant des maisonnettes, p. 143, Lahfart, Maroc, 2002,

photo de l'auteur.

138. Garçons construisant une maisonnette, p. 144, Lahfart, Maroc, 2002,

photo de l'auteur.

139. Deuxième type de maisonnette construit par des garçons, p. 144,

Lahfart, Maroc, 2002, photo de l'auteur.

140. Troisième type de maisonnette construit par des garçons, p. 145,

Lahfart, Maroc, 2002, photo de l'auteur.

141. Ferme en miniature construite par des garçons, p. 145, Lahfart,

Maroc, 2002, photo de l'auteur.

142. La partie haute de quartier Boulalem, p. 146, Sidi Ifni, Maroc, 2007,

photo de l‟auteur.

143. Fillette en train de préparer de la terre, des armes-jouets se trouvent

contre le mur, p. 147, Sidi Ifni, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

144. Fillette et une voisine brandissant des armes-jouets, p. 147, Sidi Ifni,

Maroc, 2005, photo de l'auteur.

145. Après avoir fait une maisonnette le garçon construit une route avec

son bulldozer, p. 148, Sidi Ifni, Maroc, 2005, photo Khalija Jariaa.

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146. Bulldozer du garçon de la figure précédente, p. 149, Sidi Ifni, Maroc,

2005, photo Khalija Jariaa.

147. Garçons en train de jouer dans leur quartier, p. 150, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

148. Maisonnette construite par des garçons, p. 151, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

149. Maisonnette construite par des garçons, p. 151, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

150. Fille observant des garçons construisant leur maisonnette, p. 152,

Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

151. Fille qui s‟intègre dans un groupe de jeu de garçons, p. 153, Sidi Ifni,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

152. Garçons construisant des maisonnettes, p. 154, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

153. Détail de la maisonnette de la figure précédente, p. 154, Sidi Ifni,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

154. Orchestre de percussion des garçons ayant construit des

maisonnettes, p. 155, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

155. Garçons jouant au maçon et aide-maçon, p. 156, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Boubaker Daoumani.

156. Nettoyage de la pelle servant pour la construction d‟une maisonnette,

p. 156, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Boubaker Daoumani.

157. Maisonnette construite par les garçons de la figure précédente, p.

157, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

158. Filles cherchant des objets pour les garçons construisant la

maisonnette de la figure précédente, p. 157, Sidi Ifni, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

159. Maisonnette de trois garçons, p. 158, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

160. Le maître de la maison, l‟invité et le cuisinier dans la maisonnette de

la figure précédente, p. 158, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija

Jariaa.

161. L‟invité s‟en va à la fin du jeu, p. 159, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

162. Garçon construisant des maisonnettes en boîte de carton, p. 160, Sidi

Ifni, Maroc, 2002, photo de l‟auteur.

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163. Maisonnette en boîte de carton, p. 160, Sidi Ifni, Maroc, 2002, photo

de l‟auteur.

164. Maisonnette en boîte de carton, p. 160, Sidi Ifni, Maroc, 2002, photo

de l‟auteur.

165. Ecuelle et pipe en miniature, p. 162, Touaregs, 1937, Collection du

Musée du Quai Branly, n° 71.1937.21.100-101, photo de l'auteur.

166. Marmite et casserole en miniature, p. 163, Ghrib, Sahara tunisien,

1975, photo de l'auteur.

167. Petit garçon utilisant une grande louche comme jouet, p. 164, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

168. Un enfant porté comme sac, p. 165, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

169. Ustensiles-jouets, p. 166, Maures, 1936-1938, Collection du Musée

du Quai Branly, n° 71.1938.48.93, photo de l'auteur.

170. Ustensiles-jouets, p. 166, Maures, 1936-1938, Collection du Musée

du Quai Branly, n° 71.1938.48.94, photo de l'auteur.

171. Ustensiles-jouets, p. 167, Maures, 1936-1938, Collection du Musée

du Quai Branly, n° 71.1938.48.95, photo de l'auteur.

172. Ustensiles-jouets, p. 167, Maures, 1936-1938, Collection du Musée

du Quai Branly, n° 71.1938.48.96, photo de l'auteur.

173. Mortier-jouet, p. 169, Teda, 1962, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1965.3.1, photo de l'auteur.

174. Banc-jouet et mortiers-jouets, p. 169, Teda, 1962, Collection du

Musée du Quai Branly, n° 71.1965.3.2/4/5, photo de l'auteur.

175. Mortiers-jouets, p. 169, Zaghawa, 1956, Collection du Musée du

Quai Branly, à droite n° 71.1957.82.130, à gauche n°

71.1957.82.131, photo de l'auteur.

176. Plat pour couscous à trépied en miniature, p. 170, Chaouïa, 1936,

Collection du Musée du Quai Branly, n° 71.1936.2.179, photo de

l'auteur.

177. Pot à goulot et entonnoir en miniature, p. 171, Chaouïa, 1936,

Collection du Musée du Quai Branly, n° 71.1936.2.187bis/824, photo

de l'auteur.

178. Louche en miniature, p. 171, Chaouïa, 1936, Collection du Musée du

Quai Branly, n° 71.1936.2.190, photo de l'auteur.

179. Plats et écuelle en miniature, p. 171, Chaouïa, 1936, Collection du

Musée du Quai Branly, n° 71.1936.2.181/826/691, photo de l'auteur.

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180. Réchaud et marmite en miniature, p. 172, Djebel Amour et Djebel

Ksel, Algérie, dessin de l'auteur basé sur le dessin de Mathéa Gaudry

(1961: 133, fig. 13).

181. Tables-jouets, p. 173, Fès, Maroc, 1933, Collection du Musée du

Quai Branly, n° 71.1933.77.50-51, photo de l'auteur.

182. Réchaud et couscoussier en miniature, p. 175, Kénitra, Maroc, 1994,

photo de l'auteur.

183. Services de thé, p. 176, Rif, Maroc, 1908, Collection du Musée du

Quai Branly, n° 71.1908.15, photo de l'auteur.

184. Services de thé, p. 176, Rif, Maroc, 1908, Collection du Musée du

Quai Branly, n° 71.1908.15, photo de l'auteur.

185. Table avec théière, p. 177, Ignern, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

186. Grand plateau à couvercle et tasse, p. 177, Ignern, Maroc, 1998,

photo de l'auteur.

187. Marmites sans anses à couvercle, p. 177, Ignern, Maroc, 1998, photo

de l'auteur.

188. Marmite à anses et louche, p. 177, Ignern, Maroc, 1998, photo de

l'auteur.

189. Louche et marmite, p. 178, Ignern, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

190. Mortier et bols, p. 178, Ignern, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

191. Marmite à couvercle, p. 178, Ignern, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

192. Théière, p. 178, Ignern, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

193. Bols, p. 178, Ignern, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

194. Garçons modelant des jouets avec l'argile trouvée à flanc de

montagne, p. 179, Aït Ighemour, Maroc, 1992, photo de l'auteur.

195. Ustensiles-jouets, p. 179, Aït Ighemour, Maroc, 1992, photo de

l'auteur.

196. Vue générale de Goulmima, p. 180, Maroc, 1994, photo de l‟auteur.

197. Fillette faisant des gâteaux de sable, p. 181, Midelt, Maroc, 1999,

photo de l'auteur.

198. Ustensiles-jouets, p. 183, Imîder, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

199. Ustensiles-jouets, p. 184, Douar Ouaraben, Maroc, 2005, photo de

l'auteur.

200. Ustensiles-jouets et palmiers-jouets, p. 185, Douar Ouaraben, Maroc,

2005, photo de l'auteur.

201. Ustensile pour faire du petit lait en miniature, p. 185, Terloulou,

Maroc, 2006, photo de l'auteur.

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202. Ustensiles-jouets, p. 186, Ikenwèn, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

203. Ustensiles-jouets, p. 187, Ikenwèn, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

204. Ustensiles-jouets et maisonnette en pâte d‟argan, p. 188, Ikenwèn,

Maroc, 2005, photo de l'auteur.

205. Jeu de dînette de petites filles, p. 189, Idoubahman-Imjâd, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

206. Mortier avec pilon-jouet, p. 190, Lahfart, Maroc, 2002, photo de

l'auteur.

207. Cruches pour l'eau en miniature, p. 190, Lahfart, Maroc, 2002, photo

de l'auteur.

208. Marmites et tajines-jouets, p. 190, Lahfart, Maroc, 2002, photo de

l'auteur.

209. Cuillères-jouets, p. 190, Lahfart, Maroc, 2002, photo de l'auteur.

210. Tables-jouets, p. 191, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

211. Sièges-jouets, p. 191, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

212. Tasses-jouets, p. 191, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

213. Plateaux à gâteau-jouets, p. 191, Lahfart, Maroc, 2001, photo de

l'auteur.

214. Plateaux à pain-jouets, p. 191, Lahfart, Maroc, 2001, photo de

l'auteur.

215. Panier à pain-jouet, p. 191, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

216. Service de thé-jouet, p. 192, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

217. Service de thé-jouet, p. 192, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

218. Ustensiles-jouets, p. 192, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

219. Garçons avec leurs ustensiles-jouets, p. 193, Lahfart, Maroc, 2005,

photo de l'auteur.

220. Saïd avec ses ustensiles-jouets, p. 193, Lahfart, Maroc, 2005, photo

de l'auteur.

221. Ali avec ses ustensiles-jouets, p. 194, Lahfart, Maroc, 2005, photo de

l'auteur.

222. Poterie pour faire du petit lait-jouet, p. 194, Lahfart, Maroc, 2005,

photo de l'auteur.

223. Aïcha avec ses ustensiles-jouets, p. 195, Lahfart, Maroc, 2005, photo

de l'auteur.

224. Mina avec ses ustensiles-jouets, p. 196, Lahfart, Maroc, 2005, photo

de l'auteur.

225. Ustensiles-jouets, p. 196, Lahfart, Maroc, 2004, photo de l'auteur.

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226. Préparer du couscous pour jeu de dînette, p. 197, Sidi Ifni, Maroc,

2005, photo Khalija Jariaa.

227. Fille portant son plat de soupe pendant que deux garçons

s'introduisent dans le jeu de dînette, p. 198, Sidi Ifni, Maroc, 2005,

photo Khalija Jariaa.

228. Discussion avec les deux garçons qui dérangent le jeu de dînette, p.

198, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

229. Garçon en train de faire un masque, p. 199, Sidi Ifni, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

230. Fille filtrant du sable avec une boîte de sardine trouée, p. 199, Sidi

Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

231. Fille remplissant des bols de soupe, p. 200, Sidi Ifni, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

232. La préparation du dîner des constructeurs de routes, p. 200, Sidi Ifni,

Maroc, 2005, photo Khalija Jariaa.

233. Les constructeurs de routes, p. 201, Sidi Ifni, Maroc, 2005, photo

Khalija Jariaa.

234. Photo d‟une fille jouant à la poupée et à la dînette, p. 204, Musée de

Sousse, Tunisie, 1978, photo de l‟auteur.

235. Service de café-jouet, p. 205, Nabeul, Tunisie, 1987, photo de

l'auteur.

236. Pipe-jouet, p. 205, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo de l‟auteur.

237. Petit garçon cherchant du bois, p. 207, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

238. Filles cherchant du bois pour cuire le pain, p. 207, Aït Allah ou

Mimoun, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

239. Balancier de puits, p. 208, Teda, Tchad, 1934, Collection du Musée

du Quai Branly, n° 71.1935.50.183, photo de l'auteur.

240. Puits en miniature fait dans le sable, p. 209, Vallée de la Saoura,

1960, Photothèque du Musée du Quai Branly, n° 71.1962.51.4, cliché

Corneille Jest.

241. Cruche-jouet, p. 210, Kabylie (?), Algérie, avant 1890, Collection du

Musée du Quai Branly, n° 71.1889.120.66, photo de l'auteur.

242. Cruche-jouet, p. 210, Achaoui, Maroc, 1933, Collection du Musée du

Quai Branly, n° 71.1933.74.1, photo de l'auteur.

243. Puits en miniature, p. 211, Ifrane a/s, Maroc, 2006, photo de l‟auteur.

Page 418: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

418

244. Moulin à bras-jouet, p. 212, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, dessin de

Marleen Lippens.

245. Fille utilisant son moulin-jouet, p. 212, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

246. Garçonnet faisant un moulin à bras-jouet, p. 213, Amellago, Maroc,

1999, photo de l'auteur.

247. Moulin à bras-jouet, p. 214, Aït Ighemour, Maroc, 1994, photo de

l'auteur.

248. Moulins à bras-jouets, p. 214, Lahfart, Maroc, 2001, photo de

l'auteur.

249. Moulins à bras-jouets, p. 215, Lahfart, Maroc, 2001, photo de

l'auteur.

250. Femme et moulin à bras en argile, p. 215, Lahfart, Maroc, 2005,

photo de l'auteur.

251. Fille utilisant son moulin-jouet, p. 216, Igîsel, Maroc, 2005, photo de

l'auteur.

252. Grand four, pelle et bouilloire-jouets, p. 218, Ikenwèn, Maroc, 2005,

photo de l'auteur.

253. Bouilloire mise sur un petit four, p. 218, Ikenwèn, Maroc, 2005,

photo de l'auteur.

254. Fille mettant un pain dans son four en miniature, p. 219, Lagzira,

Maroc, 2002, photo de l'auteur.

255. Fours-jouets, p. 219, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l'auteur.

256. Four-jouet, p. 220, Igîsel, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

257. Four à pain servant de modèle pour le four-jouet de la figure

précédente, p. 220, Igîsel, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

258. Garçons ramassant le nécessaire pour construire une copie du grand

four à pain, p. 221, Sidi Ifni, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

259. Garçons construisant un four pour cuire le pain en miniature, p. 221,

Sidi Ifni, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

260. Garçons finissant le four pour cuire le pain en miniature, p. 222, Sidi

Ifni, Maroc, 1998, photo de l'auteur.

261. Les pains de terre mis sur le four en miniature, p. 222, Sidi Ifni,

Maroc, 1998, photo de l'auteur.

262. Plateau en terre avec noix d'argan, p. 223, Ikenwèn, Maroc, 2004,

photo de l'auteur.

Page 419: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

419

263. Réchaud en miniature portant un plateau de noix d'argan, p. 224,

Ikenwèn, Maroc, 2004, photo de l'auteur.

264. Moulin à huile-jouet, p. 224, Ikenwèn, Maroc, 2004, photo de

l'auteur.

265. Set pour faire de l‟huile d'argan en miniature, p. 225, Ikenwèn,

Maroc, 2005, photo de l'auteur.

266. Moulin pour broyer les amendes d'argan et poupée, p. 226, Douar

Ouaraben, Maroc, 2006, photo de l‟auteur.

267. Moulins à huile-jouets, p. 226, Lahfart, Maroc, 2001, photo de

l'auteur.

268. Moulin à huile et autres ustensiles-jouets, p. 227, Igîsel, Maroc,

2005, photo de l'auteur.

269. Planche à laver-jouet, p. 228, Rabat, Maroc, 1993, photo de l'auteur.

270. Fille lavant le linge, p. 228, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de

l'auteur.

271. Mère filant de la laine (Bechir est assis sur les genoux de l‟auteur), p.

229, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo Gilbert J.M. Claus.

272. Fillette faisant tourner le fuseau-jouet sur sa jambe, p. 230, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

273. Fillette étirant le fil de son fuseau-jouet, p. 230, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

274. Fuseau-jouet, p. 231, Ikenwèn, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

275. Fille enfonçant les poteaux d'un métier à tisser-jouet, p. 232, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

276. Fille attachant les fils de son métier à tisser-jouet, p. 233, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

277. Fille tissant sur son métier à tisser-jouet, p. 233, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

278. Bracelet fait avec des cupules, p. 235, Imzouren, Maroc, 1993, photo

de l'auteur.

279. Fille préparant de la pâte de henné, p. 236, Ikenwèn, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

280. Fille et ses sandales en miniature, p. 236, Lahfart, Maroc, 2006,

photo Boubaker Daoumani.

281. Garçon avec barbe et moustache, p. 237, Ghrib, Sahara tunisien,

1975, photo de l‟auteur.

Page 420: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

420

282. Garçon avec des dents en or, p. 238, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l‟auteur.

283. Lunettes de soleil d'un garçon, p. 238, Midelt, Maroc, 2000, photo de

l‟auteur.

284. Petit garçon qui se fait une paire de lunettes, p. 239, Idoubahman-

Imjâd, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

285. Petit garçon portant sa paire de lunettes, p. 240, Idoubahman-Imjâd,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

286. Garçons construisant un jardin en miniature, p. 244, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

287. Garçon en train d'irriguer son jardin en miniature, p. 245, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

288. Jardin en miniature, p. 246, Kénitra, Maroc, 1994, photo de l‟auteur.

289. Araire-jouet, p. 246, Chaouïa, 1936, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1936.2.261, photo de l'auteur.

290. Araire-jouet, p. 246, Chaouïa, 1936, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1936.2.257, photo de l'auteur.

291. Araire-jouet, p. 247, Chaouïa, 1936, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1936.2.255, photo de l'auteur.

292. Araire-jouet tiré par deux mulets en bois, p. 247, Chaouïa, 1936,

Collection du Musée du Quai Branly, n° 71.1936.2.256, cliché D.

Ponsard.

293. Fermier en train de labourer avec un araire traditionnel tiré par deux

ânes, p. 248, Imi-n-Tanoute, Maroc, 1992, photo de l‟auteur.

294. Araire-jouet, p. 248, Douar, Maroc, 2007, photo de l'auteur.

295. Garçon et fillette labourant leur champ imaginaire, p. 249, Douar,

Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

296. Araires en argile, p. 249, Lahfart, Maroc, 2001, photo de l‟auteur.

297. Garçon jouant au laboureur, p. 250, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

298. Garçons jouant au travail de labour, p. 250, Sidi Ifni, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

299. Le commerçant, p. 252, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de

l'auteur.

300. La balance du commerçant, p. 252, Ghrib, Sahara tunisien, 1975,

photo de l'auteur.

Page 421: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

421

301. Est-ce que la pastèque est mûre ?, p. 253, Ghrib, Sahara tunisien,

1975, photo de l'auteur.

302. La pastèque mûre est mise de côté, p. 254, Ghrib, Sahara tunisien,

1975, photo de l'auteur.

303. Garçon et son magasin, p. 255, Ouirgane, Maroc, 2006, photo de

l'auteur.

304. Jeu de supermarché, p. 256, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

305. Jeu de grand magasin, p. 257, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

306. Jeu de grand magasin, p. 257, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

307. Maisonnette, magasin de volaille et jeu de commerçant, p. 258,

Ikenwèn, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

308. Garçon créant des poules, p. 259, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

309. Fille proposant l‟achat de la maison, p. 260, Ikenwèn, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

310. Garçon construisant une maison avec tour en pisé, p. 261, Ikenwèn,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

311. La maison avec tour en pisé, p. 261, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

312. Frère et sœur jouant aux commerçants, p. 262, Ikenwèn, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

313. Garçon faisant une balance pour son petit frère jouant au vendeur de

marché, p. 263, Idoubahman-Imjâd, Maroc, 2006, photo Khalija

Jariaa.

314. Garçon créant une balance, p. 264, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

315. Vendeur regardant son client, p. 264, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

316. Magasin de tailleur, p. 265, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija

Jariaa.

317. Pâtisserie, p. 266, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

318. Garçons portant le gâteau d'anniversaire, p. 267, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

Page 422: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

422

319. Grand et petits gâteaux, p. 267, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija

Jariaa.

320. Achat d‟un gâteau dans la pâtisserie, p. 268, Sidi Ifni, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

321. Garçon cherchant le nécessaire pour le jeu de restaurant, p. 269, Sidi

Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

322. Le repas du camionneur, p. 269, Sidi Ifni, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

323. Cuisinier préparant un plat dans le restaurant de fortune, p. 270, Sidi

Ifni, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

324. Construction du restaurant en miniature, p. 270, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

325. Le camionneur amène une cargaison de pierres, p. 271, Sidi Ifni,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

326. Restaurant en miniature et début de maisonnette, p. 271, Sidi Ifni,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

327. Le réparateur de la télévision du restaurant, p. 272, Sidi Ifni, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

328. La préparation du thé à la fin du jeu, p. 273, Sidi Ifni, Maroc, 2006,

photo Khalija Jariaa.

329. Magasin de plage d‟une fillette, p. 273, Tan-Tan, Maroc, 2006, photo

Khalija Jariaa.

330. Fille joue le rôle de cliente pour sa petite sœur, p. 274, Tan-Tan,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

331. Fillette faisant des sucettes glacées pour son magasin, p. 275, Tan-

Tan, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

332. Claquette, p. 276, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

333. Joueur de claquette, p. 277, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de

l'auteur.

334. Sifflet, p. 277, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

335. Joueur de sifflet, p. 278, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de

l'auteur.

336. Flûte, p. 278, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

337. Joueur de flûte, p. 279, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de

l'auteur.

338. Garçon de trois ans essayant de jouer de la flûte, p. 280, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

Page 423: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

423

339. Cornemuse, p. 280, Ghrib, Sahara tunisien, 1987, photo Gilbert J.M.

Claus.

340. Joueur de cornemuse, p. 281, Ghrib, Sahara tunisien, 1987, photo

Gilbert J.M. Claus.

341. Deux garçons dansant la danse des bergers sur un air joué par

l'orchestre de garçons, p. 281, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de

l'auteur.

342. Garçons dansant la danse des bergers sur un air joué par l'orchestre

de garçons, p. 282, Ghrib, Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

343. Fillette s‟exerçant à la danse, p. 284, Midelt, Maroc, 1999, photo de

l‟auteur.

344. Fillette essayant de se mettre une ceinture de danse, p. 284, Midelt,

Maroc, 1999, photo de l‟auteur.

345. Tambourin pour filles (à gauche) et pour garçons (à droite), p. 287,

Marrakech, Maroc, 1992, photo de l'auteur.

346. Garçonnet frappant un tambourin, p. 288, Idoubahman-Imjâd, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

347. Tambourins d'°Ashûra, p. 289, Kénitra, Maroc, 1994, photo de

l'auteur.

348. Tambourins d'°Ashûra, p. 290, Sidi Ifni, Maroc, 2007, photo de

l'auteur.

349. Tambour d‟°Ashûra, p. 291, Midelt, Maroc, 1999, photo de l‟auteur.

350. Elèves jouant sur des bidons en plastique servant de tambour, p. 291,

Goulmima, Maroc, 1996, photo de l'auteur.

351. Garçons avec des grands bidons servant de tambour, p. 292, Ikenwèn,

Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

352. Orchestre de percussion, p. 292, Sidi Ifni, Maroc, 2005, photo de

l'auteur.

353. Orchestre de percussion, p. 293, Sidi Ifni, Maroc, 2005, photo de

l‟auteur.

354. Garçon jouant sur la batterie créée par lui-même, p. 294, Sidi Ifni,

Maroc, 2005, photo de l‟auteur.

355. Garçons jouant sur un tambour double et un tambour simple, p. 295,

Igîsel, 2005, photo de l'auteur.

356. Instrument de percussion en métal des Gnâwa, p. 296, Marrakech,

Maroc, 2006, photo de l‟Internet.

357. Sifflet en papier, p. 296, Midelt, Maroc, 1999, dessin de l'auteur.

Page 424: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

424

358. Sifflet en papier posé entre deux doigts, p. 296, Midelt, Maroc, 1999,

photo de l'auteur.

359. Fille sifflant sur une fleur caliciforme, p. 297, Zaïda, Maroc, 1999,

photo de l'auteur.

360. Sifflets en fer blanc, p. 298, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo de l'auteur.

361. Sifflets en fer blanc, p. 298, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo de l'auteur.

362. Flûte pour enfant, p. 298, Marrakech, Maroc, 1992, photo de l'auteur.

363. Garçon jouant sur sa longue flûte, p. 299, Douar, Maroc, 2007, photo

Khalija Jariaa.

364. Embouchure du hautbois, p. 300, Midelt, Maroc, 1999, photo de

l'auteur.

365. Joueur de hautbois, p. 300, Midelt, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

366. Joueur de violon, p. 301, Tighboula, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

367. Le bas du violon, p. 302, Tighboula, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

368. Le haut du violon, p. 302, Tighboula, Maroc, 1999, photo de l'auteur.

369. Le violon et l'archet, p. 303, Tighboula, Maroc, 1999, photo de

l'auteur.

370. Joueur de violon, p. 304, Lahfart, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

371. Joueur de guitare, p. 305, Sidi Ifni, Maroc, 2003, photo de l'auteur.

372. Guitare, p. 305, Igîsel, Maroc, 2005, photo de l'auteur.

373. Bébé avec hochet en plastique, p. 306, Marrakech, Maroc, 1992,

photo de l'auteur.

374. Garçonnet avec trompette en plastique, p. 306, Marrakech, Maroc,

1992, photo de l'auteur.

375. Sifflet en plastique, p. 307, Marrakech, Maroc, 1992, photo de

l'auteur.

376. Accordéon et trompette en plastique, p. 307, Marrakech, Maroc,

1992, photo de l'auteur.

377. Fillette imitant la prière, p. 308, Midelt, Maroc, 1999, photo de

l'auteur.

378. Un cercle protecteur tracé autour de biens, p. 309, Ghrib, Sahara

tunisien, 1975, photo de l'auteur.

379. Faire un cercle pour jeu collectif, p. 309, Ghrib, Sahara tunisien,

1975, photo de l'auteur.

380. Imitation du rituel pour l'enfant qui tarde à marcher, p. 311, Ghrib,

Sahara tunisien, 1975, photo de l'auteur.

Page 425: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

425

381. Poupée Belghenja pour le jeu de la demande de pluie, p. 313, Douar

Ouaraben, Maroc, 2006, photo de l'auteur.

382. Détail de la poupée Belghenja pour le jeu de la demande de pluie, p.

314, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo de l'auteur.

383. Poupée Belghenja pour le jeu de la demande de pluie, p. 317,

Idoubahman-Imjâd, Maroc, 2006, photo de l'auteur.

384. Sifflet à moulinet en plastique, p. 319, Sidi Ifni, Maroc, 2004, photo

de l'auteur.

385. Lance-eau, p. 320, Chaouïa, 1936, Collection du Musée du Quai

Branly, n° 71.1936.2.234, photo de l'auteur.

386. Lance-eau, p. 321, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo de l'auteur.

387. Pistolet à eau en plastique, p. 323, Midelt, Maroc, 2000, photo de

l'auteur.

388. Adolescents lors de la mascarade de l'°Ashûra, p. 326, Tiznit, Maroc,

2006, photo Khalija Jariaa.

389. Garçons lors de la mascarade de l'°Ashûra, p. 327, Tiznit, Maroc,

2007, photo Khalija Jariaa.

390. Groupe de voisins avec l'argent collecté pendant une quête lors de

l'°Ashûra, p. 328, Tiznit, Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

391. Groupe de garçons parcourant la ville lors de la mascarade de

l'°Ashûra, p. 328, Tiznit, Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

392. Garçon avec masque et chapeau lors de la mascarade de l'°Ashûra, p.

329, Tiznit, Maroc, 2007, photo Khalija Jariaa.

393. Garçon faisant voler en rond des étincelles pour l'°Ashûra, p. 330,

Tiznit, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

394. Filles et garçons mettant en scène la fête de Lilt el Qadr, p. 331,

Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

395. Filles et garçons mettant en scène la fête de Lilt el Qadr, p. 331,

Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

396. Maisonnette pour le jeu de la fête de Lilt el Qadr, p. 332, Douar

Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

397. Deux filles devenant les photographes lors du jeu de la fête de Lilt el

Qadr, p. 333, Douar Ouaraben, Maroc, 2006, photo Khalija Jariaa.

398. Moulinet de la fête du Mûlûd, p. 334, Midelt, Maroc, 2000, photo de

l'auteur.

399. Garçon courant avec le moulinet du Mûlûd, p. 335, Midelt, Maroc,

2000, photo de l'auteur.

Page 426: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

426

400. Ailes de moulinet avec décoration de lignes rouges, p. 336, Midelt,

Maroc, 2000, photo de l'auteur.

401. Ailes de moulinet avec décoration de cercles, p. 336, Midelt, Maroc,

2000, photo de l'auteur.

402. Fille avec son moulinet, p. 336, Midelt, Maroc, 2000, photo de

l'auteur.

403. Moulinets de l'étoile pour la fête du Mûlûd, p. 337, Kénitra, Maroc,

1993, photo de l'auteur.

404. Moulinet de l'étoile, p. 338, Goulmima, Maroc, 1994, photo de

l'auteur.

405. Hochet, p. 346, Igîsel, Maroc, 2005, photo de l‟auteur.

406. Hochet, p. 359, Ikenwèn, Maroc, 2006, photo de l'auteur.

407. Atelier pour enfants, p. 366, Kénitra, Maroc, 1993, photo de l'auteur.

408. Singe à tambour, jouet d‟occasion, p. 373, Terloulou, 2006, photo

Khalija Jariaa.

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Brian Sutton-Smith, Stockholm International Toy Research Centre,

Stockholm: Royal Institute of Technology, 256, 144 ill. CD included

with 3 volumes of the collection: Saharan and North African Toy and

Play Cultures and of the collection: Cultures Ludiques Sahariennes et

Nord-Africaines published in 2005 and mentioned hereafter.

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Poupées d'enfants et jeux de poupées. Préface de Dominique Champault,

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Rossie, J-P. (2005). Toys, Play, Culture and Society

Rossie, J-P. (2005). Saharan and North African Toy and Play Cultures.

Children's dolls and doll play. Foreword by Dominique Champault,

Stockholm International Toy Research Centre, Stockholm: Royal

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Rossie, J-P. (2005). Toys, Play, Culture and Society.

Rossie, J-P. (2005). Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines.

L'animal dans les jeux et jouets. Préface de Theo van Leeuwen,

Stockholm International Toy Research Centre, Stockholm: Royal

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Rossie, J-P. (2005). Toys, Play, Culture and Society.

Rossie, J-P. (2005). Saharan and North African Toy and Play Cultures. The

animal world in play, games and toys. Foreword by Theo van Leeuwen,

Stockholm International Toy Research Centre, Stockholm: Royal

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ill. Publié sur CD et disponible à travers http://www.sanatoyplay.org

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Research Centre, Stockholm: Royal Institute of Technology, 438 p., 410

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International Toy Research Centre, Stockholm: Royal Institute of

Technology, 12. - Description détaillée des 19 minutes de jeu de poupée

d‟une fille de sept ans et d‟un garçon de quatre ans avec des poupées

faites par la fille ou achetées, ainsi que des 26 minutes d‟interview avec

les joueurs et la mère du garçon. Les poupées représentent des enfants.

Autorisation paternelle donnée sur la vidéo. Vidéo déposée à la

vidéothèque du Musée du Jouet, Moirans-en-Montagne, France.

Disponible sur l'Internet: http://www.sitrec.kth.se

Rossie, J-P. & Daoumani, B. (2003). Protocol of Video 4: Doll Play and

Construction Play in Lagzira (Sidi Ifni), Morocco, 4.3.2002. SITREC-

Stockholm International Toy Research Centre, Stockholm: Royal

Institute of Technology, 6. - Description détaillée des 43 minutes de jeu

de poupée et de construction de maison de poupées d‟une fille de six ans

et de son frère de neuf ans avec des poupées représentées par des

coquillages. Les poupées représentent une jeune-mariée ou un jeune

marié quand elles sont entourées d'un chiffon de gaze blanc, sinon elles

représentent la famille et les invités. L‟interview de Boubaker Daoumani

avec les joueurs et le père est enregistré sur audio-cassette. Vidéo et

Page 442: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

442

audiocassette déposées à la vidéothèque du Musée du Jouet, Moirans-

en-Montagne, France. Disponible sur l'Internet: http://www.sitrec.kth.se

Rossie, J-P. & Daoumani, B. (2007). Protocol of Video 2: The Sidi Ifni Toy

Maker, Morocco, 2.2.2002. SITREC-Stockholm International Toy

Research Centre, Stockholm: Royal Institute of Technology. -

Description détaillée des 35 minutes de construction de jouets et de jeu

d‟un garçon de dix ans et son frère de six ans, précédé de trois minutes

d‟interview avec le père. Autorisation paternelle donnée sur la vidéo.

Vidéo déposée à la vidéothèque du Musée du Jouet, Moirans-en-

Montagne, France. Disponible sur l'Internet: http://www.sanatoyplay.org

Rossie, J-P. & Daoumani, B. (2007). Protocol of Video 3: Doll Play in Sidi

Ifni, Morocco, 10.2.2002. SITREC-Stockholm International Toy

Research Centre, Stockholm: Royal Institute of Technology. -

Description détaillée des 39 minutes de jeu de poupée de deux filles de

neuf ans et une fille de six ans avec des poupées Barbie, d'autres

poupées et des objets de jeu. Les poupées représentent des enfants.

L'interview de Boubaker Daoumani avec les joueurs est enregistrée sur

audio-cassette. Vidéo et audiocassette déposées à la vidéothèque du

Musée du Jouet, Moirans-en-Montagne, France. Disponible sur

l'Internet: http://www.sanatoyplay.org

Rossie, J-P. & Jariaa, Kh. (2007). Il gioco delle casette dei ragazzi

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Vidéo déposée à la vidéothèque du Musée du Jouet, Moirans-en-

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du Musée du Jouet, Moirans-en-Montagne, France.

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444

Page 445: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

445

Index des Auteurs

Aguilar, M., 353-354, 381

Ariel, S., 25, 354

ATFALE, 25

Balout, L., 62

Béart, Ch., 21, 62, 167, 208, 213,

231, 243, 251, 277, 308

Belghiti, M., 368

Belgisch Comité voor Unicef, 30

Bellin, P., 21, 245, 254

Bernard van Leer Foundation, 25,

354, 376

Bernus, E. & S., 27-28

Biarnay, S., 324

Bishop, J. C., 354, 358, 364

Boris, G., 165

Brandily, M., 33

Brenier-Estrine, A., 116, 134, 312

Brougère, G., 15-17, 54, 350, 354,

364, 376

Brunot, L., 235

Cabot Briggs, L., 32

Cabrera E. A., 21

Camps, G., 27, 35, 42

Castells, F., 288, 306, 318, 322,

324, 345, 373

Champault, F. D., 34-35, 47, 115,

134, 170, 208, 217, 310, 319,

323, 398

Chaouite, A., 44

Claudot-Hawad, H., 28

Claus, G. J. M., 22-23, 29, 46,

419, 422

Cross, G., 15, 349, 363

Curtis, M., 354, 358, 364

Daoumani, B., 25-26, 47, 105,

112, 146, 160, 189, 214-215,

219, 226, 349, 351, 354, 358,

362, 369, 376, 380-381, 410,

413, 419

de Foucauld, Ch., 60, 387

Delalande, J., 354, 356-359, 362,

364, 370, 378, 382

Denis, 70, 251

Derevensky, J. L., 352

Dernouny, A., 44, 318

Desparmet, J., 339

Doutté, E., 22, 284, 322, 347

Dupuy, A., 203

Early Childhood Matters, 354

E-Conflict™ World

Encyclopedia, 28, 30, 33, 42

El Andaloussi, B., 25

Encyclopédie Larousse, 28, 36

Ethnologue: Languages of the

World, 33, 36-37

Factor, J., 362

Fates, Y., 25

Flamand, P., 201, 234, 285, 287,

297-298, 320-322, 340, 353,

361

Foley, H., 60, 62

Gabus, J., 30, 81-82, 387-388,

392

Gaskins, S., 361

Gaudry, M., 84, 172, 395, 401

Goichon, A. M., 84, 170, 209, 345

Göncü, A., 25-26, 354, 358, 380

Page 446: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

446

Haight, W., 378

Herber, J., 210, 399

International Federation for

Parent Education, 21

Jariaa, Kh., 11, 22, 47, 59, 64, 70,

75, 85, 91, 100, 122, 125, 146,

158, 186, 188, 218, 223, 225,

230, 234, 256, 273, 313, 316,

324-325, 327, 332, 359, 369,

406-410, 412-413, 416-417,

419-426

Jemma-Gouzon, D., 37, 322

Jeu et Sports en Méditerranée, 25

Klepzig, F., 21

Komorowski, Z., 27, 30, 32, 35

Kronenberg, A., 33

Kubik, G., 381

Laabib, S., 47, 88, 181, 337

Lakhsassi, A., 329

Lancy, D. F., 354, 381

Laoust-Chantréaux, G., 116, 172,

245

Le Cœur, Ch., 33, 168, 208, 231,

392, 397

Leupen, A., 28

Lhote, H., 61-62, 386-388

Lopatinsky, O., 32-33, 168-169,

392

Lwakatare, E. K., 362

Mahe, A., 37

Malka, E., 235

Mandel, J-J., 116, 134, 312

Marçais, W., 174

Mas, M., 285

Nelson, A., 364

Nilsson, M., 364

Oubahammou, L., 24, 38, 176,

210, 213, 217, 235, 284, 291,

318, 321-322, 370

Pennell, G., 367

Pinto Cebrián, F., 31, 63-64, 168

Rabaté, M-R., 240, 321-322, 324-

325

Rivière, T., 37, 170, 282, 320,

390, 393, 398, 400-402

Rogoff, B., 354, 358, 363, 378,

380

Servier, J., 322

Sijelmassi, M., 44, 117, 306

Soulé, 84, 173, 350

Sutton-Smith, B., 16, 352, 354

Tamisier, J. C., 36

Tillion, G., 395

Tubiana, M. J., 33, 392, 398

van Leeuwen, T., 25, 382

Vie des Touaregs. Enfance et Jeu,

162

La Vie du Sahara, 27-28, 30, 32,

61

Westermarck, E., 313, 318, 322,

364

Widdowson, J. D. A., 352

Zerdoumi, N., 43-44, 172, 338

Page 447: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

447

Index géographique et ethnique

Ahaggar, 27-28, 60, 62, 386, 388, 398

Aïn Taoujdate, 38-39, 127, 173, 175

Aït Hmed ou Yacoub, 38-39, 46, 85

Aït Ighemour, 38, 40, 46, 118, 135,

178, 214, 243

Aït Ouirra, 24, 38, 176, 210, 213, 217,

235, 284, 291, 318, 321

Aït Slimane, 38, 40, 86, 369

Algérie, 22, 25-28, 32, 35-37, 42-44,

60, 70, 83-84, 115, 134, 170, 172,

210, 245-246, 251, 254, 282, 284,

319-320, 323, 339, 347, 370, 386,

388, 390, 393, 395, 398-402

Amazigh, 26, 28-29, 32, 34, 3-47, 84-

85, 91, 104, 117, 122, 127, 135,

146, 173, 175, 177, 207, 210-211,

213-214, 217-218, 223, 234, 236,

255, 283, 286-287, 296, 333, 339-

340

Amellago, 38, 40, 46, 86, 120-121,

137, 183, 213

Anti-Atlas, 22, 31, 41, 54, 84, 99, 101,

117, 173, 197, 219, 234, 241, 249,

321, 324, 355, 369, 374

Arabo-berbère, 26, 32, 38, 42

Arabophone, 29, 32, 39-40, 42-43, 85,

111, 117, 127, 135, 165, 173-174,

220

Arhbalou-n-Serdane, 38, 40, 213

Aurès, 37, 43, 83, 170, 210, 246, 276,

282, 320, 390, 393, 395, 398, 400-

402

Bardaï, 33, 168, 392

Belbala, 26, 34-35, 53, 115, 134,

161, 170, 206, 208, 217, 240-

242, 254, 310, 319, 323, 368,

370, 398

Berbère, voir Amazigh

Bertèt, 38, 40, 46, 339-340

Chaamba, 26, 32, 34, 53, 70, 241,

243, 251

Chaouïa, 26, 37, 54, 83, 161, 170,

172, 206, 210, 241, 246, 276,

282, 320, 368, 390, 393, 395,

398, 400-402

Djerba, 203

Douar (Tan-Tan), 38, 41, 64, 248,

299

Douar Ouaraben, 38, 40, 47, 53,

59, 70, 91, 95, 122, 124, 184,

226, 256, 313, 316, 318, 330,

369

El Faouar, 29, 112, 131, 206, 244,

251, 280, 310, 312

El Khemis, 84

Erg er Raoui, 32, 34

Fès, 42, 84, 173, 235, 284-285,

288, 318, 350, 396, 402

Ghrib, 22-24, 29-31, 46, 53, 55, 59,

62, 77, 79, 112-113, 129-131,

161, 163-165, 206, 211, 228-

230, 232, 237-238, 241-244,

251, 254, 276-282, 286, 309-

310, 312, 345, 350, 355-356,

360-361, 372

Page 448: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

448

Goulmima, 24, 38-40, 46, 118, 173,

180, 214, 282, 286, 291, 305, 318,

333-334, 337

Haut Atlas, 38-40, 44, 86, 117-118,

120, 135, 137, 173, 177, 180, 183,

213-214, 217, 247, 255, 303, 369

Hmar, 38, 41, 47, 173, 175

Idoubahman-Imjâd, 38, 40, 47, 91,

122, 125, 189, 239, 262, 287, 316,

369

Ifrane, 40, 117, 298, 340

Ifrane a/s (Atlas Saghrir), 38, 40-41,

47, 91, 99, 122, 125, 210, 316, 369

Ighrem-n-Cherif, 38, 40, 118

Igîsel, 38, 41, 47, 216, 220, 227, 295,

306, 346

Ignern, 38, 40, 46, 177, 255

Ikenwèn, 22, 38, 40, 47, 53, 70, 75-76,

91, 122, 138, 142, 186, 205, 218,

223, 225, 230, 235, 258, 292, 297,

321, 359-360, 369

Imîder, 38, 40, 121, 183, 217, 369

Imi-n-Tanoute, 38-39, 47, 86, 202,

247

Imzouren, 38, 205, 235

Jbel Ayachi, 38, 40, 88, 173, 181, 334

Jbel Siroua, 40, 135, 178, 214

Juifs, 173, 201-203, 234-235, 285,

287, 299, 320-321, 340, 347, 353,

361

Kabyle, 26, 36, 54, 116, 161, 172,

210, 241, 245, 398

Kénitra, 38-39, 42, 173, 175, 245, 254,

286, 289, 313, 319, 324, 337, 357,

362, 365

Khemisset, 38-39, 46, 85, 173, 357

Ksar Assaka, 38, 40-41, 46-47, 58,

88, 181-182, 217, 234, 286-288,

313, 319, 322, 334, 337

Lagzira, 26, 38, 41, 47, 104, 122,

219, 354, 369

Lahfart, 38, 41, 109, 122, 143, 189-

190, 192, 214, 219, 226, 236,

249, 303

Libye, 27-28, 208, 397

Mali, 27-28, 30-31, 60-61, 312,

386-387

Maroc, 38-42, 46-47, 54, 58-59,

64-76, 85-111, 117-128, 134-

160, 173-203, 205, 207, 210-

211, 213-228, 230-231, 234-236,

238-240, 242-243, 245, 247-250,

254-275, 282-308, 313-340,

343-347, 349-351, 353-366,

368-374, 377-381, 395-396, 399,

401-402

Marrakech, 24, 38-41, 46, 84, 86,

111, 127, 173, 175, 202, 228,

255, 286, 298, 306, 319

Maures, 26, 29-31, 53-54, 62-64,

82, 161, 165-167, 206, 208, 241,

243, 251, 308, 368, 388-391,

399-400

Mauritanie, 29-31, 61-62, 80, 166,

243, 251, 388-391, 399-400

Meski (Source Bleue de), 38, 245

Midelt, 25, 38, 40-41, 46, 58, 82-

89, 119, 125, 127, 134-135, 173,

181-182, 217-218, 234-236, 238,

242, 283, 286, 290-291, 296,

299, 303, 313, 319-320, 322-

323, 330, 333-337, 339, 357,

365-366, 369-370

Mopti, 27, 54, 116, 134, 312

Page 449: Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines: La Vie Domestique dans les Jeux et Jouets

449

Moyen Atlas, 24, 38, 40, 117, 173,

176, 210, 213, 217, 235, 284, 291,

298, 300-303, 318, 321, 340, 355,

370, 377

Mozabite, Mzab, 26, 35-36, 53, 84,

161, 170, 206, 209, 345, 370

Niger, 27-29, 116, 134, 312, 386

Oualata, 29-30, 51, 54, 80-83, 166-

167, 208, 389, 391-392

Ouarzazate, 38-39, 84, 119, 173, 180,

240, 321, 324-325, 334

Ouirgane, 38, 40, 255

Oulad ben Sbaa, 38, 41, 243

Pré-Sahara, 38-39, 216, 220, 295, 306

Rabat, 24, 42, 228, 285, 288, 298, 306,

318-319, 324, 345, 364-365, 401

Sahara, 22, 26-27, 29-36, 53, 55-58,

60-70, 77-84, 112-116, 129-134,

162-168, 170, 206-209, 211-212,

229-233, 243-245, 251-254, 276-

286, 309-312, 319, 323, 356, 372,

378, 386-392, 397-400

Sahara Occidental, 29, 31, 209, 273

Sahara tunisien, 22, 55, 77, 112, 129,

163, 206, 211, 229-232, 243-244,

251, 276, 309, 356, 372, 378

Sahraoui, 22, 26, 31, 41, 53, 63-64,

161, 168, 371

She°ba, 38, 40, 127, 173-174, 218

Sidi Brahim, 38, 40, 117

Sidi Ifni, 25-26, 38-39, 41, 47, 109,

122, 146, 149-150, 158-160, 173,

189, 197-200, 220, 249, 263, 265-

272, 290, 292-293, 305, 319, 322,

324-325, 349-351, 354-355, 357-

358, 362-366, 369, 371-372,

376-377, 380-381

Taäkit, 38, 40, 182, 334

Tabelbala, 34-35, 53, 240, 398

Tanger, 173-174

Taroudannt, 38-39, 47, 111

Tchad, 32-33, 168-169, 208,

211, 392, 397

Teda, 26, 32-33, 161, 168-169,

206, 208, 211, 213, 231, 392,

397

Terloulou, 38, 40, 47, 91, 101,

122, 185, 234, 374

Tibesti, 32, 61, 168, 208, 392,

397

Tidjikdja, 30, 62, 165, 243, 286,

390, 399-400

Tiffoultoute, 38, 119, 180

Tighboula, 38, 40,46, 300-303

Tiznit, 38-39, 47, 76, 98, 137,

235, 256, 318, 324-330

Tlemcen, 161, 172, 338

Touareg, 26-28, 30-31, 53, 59-

62, 161-162, 205-206, 208,

241-243, 308, 386-388, 390,

397

Tunisie, 22, 25, 29, 42, 55, 77,

112, 129, 161, 163, 165, 203-

204, 206, 211, 229-232, 243-

244, 251, 276, 309, 356, 362,

372, 378, 380, 396

Vallée de la Saoura, 26, 35, 209

Vallée du Dra, 240, 321, 324-

325

Zaghawa, 26, 33, 161, 169, 392

Zaïda, 40, 46, 89, 135, 207, 297

Zhana, 38-39, 245, 286

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