THÉÂTRE traversées africaines

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traversées 6 MARS 13 AVRIL 2018 DOSSIER DE PRESSE africaines THÉÂTRE | DANSE | RENCONTRES CONTACT PRESSE MYRA | RÉMI FORT & JEANNE CLAVEL | [email protected] | WWW.MYRA.FR | 01 40 33 79 13 LE TARMAC | LA SCÈNE INTERNATIONALE FRANCOPHONE 159, AVENUE GAMBETTA | 75020 PARIS | WWW.LETARMAC.FR | 01 43 64 80 80

Transcript of THÉÂTRE traversées africaines

traversées

6 MARS

13 AVRIL2018

DOSSIER DE PRESSE

afr i ca i nes

THÉÂTRE | DANSE | RENCONTRES

CONTACT PRESSEMYRA | RÉMI FORT & JEANNE CLAVEL | [email protected] | WWW.MYRA.FR | 01 40 33 79 13

LE TARMAC | LA SCÈNE INTERNATIONALE FRANCOPHONE159, AVENUE GAMBETTA | 75020 PARIS | WWW.LETARMAC.FR | 01 43 64 80 80

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LES TRAVERSÉES AFRICAINES

Édito

Traverser, passer de « l’autre côté », une tentation de toujours, pour les artistes comme pour les peuples, porteuse tout à la fois de risques énormes et de chances inespérées.

Traverser, franchir les limites que l’esprit humain a lui-même tracées pour se dépasser et s’élever.

Traverser... regarder au-delà de l’image, ternie et obsolète, l’autre face du monde.

Traverser... voir au-delà du voile opaque interposé entre la réalité et nous, au-delà de l’attrait d’un reflet trompeur et déformant.

Traverser le miroir, quitter les territoires artistiques connus pour cheminer sur des voies nouvelles et approfondir notre connaissance du monde actuel, au-delà des clichés encore persistants et des points de vue trop autocentrés.

Traverser... c’est l’invitation que nous vous adressons, une fois encore, avec ce rendez-vous annuel pluridisciplinaire, à la fois exigeant et festif, et désormais familier.

Cette année, ce sont huit propositions artistiques, où l’humour côtoie la gravité, où l’insurrection des consciences s’exprime par la poésie, la musique, le rire, la danse, où l’on se retrouve, se réunit, où l’on raconte la marche du monde, où l’on évoque l’histoire la plus contemporaine, universelle ou intime, où l’on entrevoit déjà demain…

Ces huit spectacles, tous fraîchement créés, tous présentés pour la première fois à Paris, sont nourris de la conscience que l’un des enjeux les plus fondamentaux de notre monde est de parvenir à dresser des ponts, établir un dialogue, entre les hommes, les histoires, les géographies, les disciplines.

Par l’acte singulier de la création, les artistes nous donnent à voir, à penser, à... traverser. Ils modifient sensiblement notre vision. Ils mettent en lumière et fourragent dans nos mondes intérieurs. Ainsi, de l’intime naît l’universel, car nous partageons bien mieux ce que nous pouvons éprouver intimement, car seul ce dont nous avons conscience peut réellement être changé.

Valérie Baran, directrice du Tarmac – La scène internationale francophone

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6 9 MARS | THÉÂTRE P. 6LE CRI DU ZÈBRETexteOusmane BamogoGilles OstrowskyThierry RoisinMise en scèneThierry Roisin

14 16 MARS | THÉÂTRE P. 10DÉLESTAGEDe et avec David-Minor IlungaMise en scèneRoland Mahauden

20 21 MARS | THÉÂTRE-MUSIQUE P. 14PARFOIS LE VIDETexte, mise en scène Raharimanana

23 24 MARS | DANSE P. 18PEUBLÉTO (RÊVES ET RÉALITÉ)Conception, direction artistiqueBienvenue BaziéAuguste Ouédraogo

PROGRAMME

27 30 mars | THÉÂTRE P. 22TRAM 83Texte Fiston Mwanza MujilaMise en scène Julie Kretzschmar

3 13 AVRIL | THÉÂTRE P. 26LE FABULEUX DESTIN D’AMADOU HAMPÂTÉ BÂTexteBernard MagnierMise en scène Hassane Kassi Kouyaté

6 7 AVRIL | DANSE P. 30AFRICAMAN ORIGINALDanseur, chorégrapheQudus Onikeku

12 13 AVRIL | THÉÂTRE P. 34UN CADAVRE DANS L’ŒILTexte Hakim BahDirection artistique, mise en scène Guy Theunissen

Tout au long du festival, sera proposée une exposition photographique dédiée à la performance artistique dans des contextes politiques difficiles (programmation en cours).

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INFORMATIONS PRATIQUES

du mardi 6 mars au vendredi 13 avril 20186 € à 25 € | Abonnement à partir de trois spectacles : de 12 € à 15 € la placeToutes les rencontres proposées sont en accès libre.Réservations : www.letarmac.fr ou 01 43 64 80 80

3 bis Saint-Fargeau

61 et 96 Saint-Fargeau

Pour venir jusqu’à nous

60 Pelleport-Gambetta

3 Gambetta (7 minutes de marche)

11 Porte des Lilas (ça descend tout seul)

C’est possible aussi

177 et 121 av. Gambetta

211 av. Gambetta

161 av. Gambetta

T3b Adrienne Bolland

Le Tarmac | La scène internationale francophone159 avenue Gambetta 75020 Paris

MYRA | Rémi Fort & Jeanne [email protected] | www.myra.fr | 01 40 33 79 13

CONTACT PRESSE

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CRÉATION

mardi 6 > vendredi 9 mars 2018 à 20h

Texte | Ousmane Bamogo, Gilles OstrowskyMise en scène | Thierry Roisin

Assistant à la mise en scène | Didier DugastInterprètes | Ousmane Bamogo, Gilles Ostrowsky, Cynthia Lhopitallier

Scénographie et construction décor | Patrick DebruynLumières | Christian DubetSon | François MarillerRégie générale | Fouad SouakerCostumes | Véronique Leyens

Durée | 1h15

PRODUCTION | BEAUX-QUARTIERS COPRODUCTION | LE TARMAC - LA SCÈNE INTERNATIONALE FRANCOPHONE

BEAUX-QUARTIERS EST SUBVENTIONNÉ PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

AVEC LE SOUTIEN DE LA SPEDIDAMLA SPEDIDAM EST UNE SOCIÉTÉ DE PERCEPTION ET DE DISTRIBUTION QUI GÈRE LES DROITS DES ARTISTES INTERPRÈTES EN MATIÈRE D’ENREGISTREMENT, DE DIFFUSION ET DE RÉUTILISATION DES PRESTATIONS ENRE-GISTRÉES.

LE CRI DU ZÈBRE Burkina Faso

EN ÉCHOL’HUMOUR EN NOIR ET BLANC... RIT-ON DES MÊMES CHOSES ? PEUT-ON RIRE DE TOUT ? MERCREDI 7 MARS 2018À l’issue du spectacle Le Cri du Zèbre, rencontre avec l’équipe artistique.

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LE CRI DU ZÈBRE Burkina Faso

On ne s’interroge pas assez sur le cri du zèbre. Et pourtant, voilà bien un sujet qui mérite discussion. Fort heureusement, deux comédiens, le Burkinabè Ousmane Bamogo et le Français Gilles Ostrowsky se sont penchés sur cette question. L’un et l’autre bien placés, puisqu’Ousmane est « ouistiti du meilleur humoriste du Burkina Faso » et Gilles a joué Le Plancher des vaches d’Eugène Durif.

Tous deux ont aussi interprété Stephano et Trinculo, les deux ivrognes shakespeariens de La Tempête ; de cette gémellité théâtrale est née leur amitié et leur envie de créer un spectacle.

Sur scène, la situation est grave. Un fameux cataclysme a eu raison de l’humanité tout entière. Sauf deux. Sauf eux. Il va falloir reconstruire, définir les priorités, choisir un chef… Alors, ils confrontent les rires et les réflexions, abordent les sujets qui fâchent et s’amusent du choc des cultures à renaître. Ils étalonnent les dents blanches et comparent la taille des sexes. Ils n’éludent aucun sujet, prévoient la durée de leur mandat, commentent le discours de Dakar, dissertent sur la répartition des richesses, l’effacement de la dette, l’énergie solaire, le port des tongs et la consommation des escargots de Bourgogne.

Ainsi, les lieux communs, les clichés et les idées reçues passent à la moulinette zygomatique dans ce spectacle d’anticipation décapante, en noir et blanc mais haut en couleurs (locales ou non !).

Hennit soit qui mal y pense !

© D

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THIERRY ROISIN

NOTE D’INTENTION

Ce projet de duo est né de la rencontre entre deux acteurs à forte inclination comique : Gilles Ostrowsky et Ousmane Bamogo. L’un est français, l’autre burkinabè. Il se sont rencontrés dans La Tempête de Shakespeare, que j’ai mis en scène où ils interprétaient Stefano et Trinculo, le fabuleux duo d’ivrognes prêts à crâner à la moindre occasion.

Dès les premières improvisations, le feeling entre Gilles Ostrowsky et Ousmane Bamogo était incroyable. Déjà, leur façon de se regarder déclenchait les rires de toute l’équipe, les Européens et les Africains. Bamogo est un des humoristes les plus appréciés en Afrique de l’Ouest, où tout le monde connaît gombo.com, couple comique qui traite de l’actualité politique et sociale du Burkina-Faso et des pays de la région. Gilles, en arrivant à Ouagadougou, ne connaissait rien de l’Afrique.Quand Bamogo a débarqué à l’aéroport de Roissy, c’était la première fois qu’il venait en Europe. L’Europe, pour lui, était un monde de science-fiction. En fait, chacun ignorait le monde de l’autre. La découverte a commencé à prendre forme sur le plateau.

Aujourd’hui, tous les deux souhaitent reprendre leur confrontation culturelle sur le plateau. Ou plutôt... comment dire ? Il y a bien chez chacun d’eux une furieuse envie de percer les secrets de celui qui est en face de lui, de comprendre les mécanismes de l’histoire, de l’évolution de leur société qui rend leur relation si complexe. Mais il faut expressément ajouter qu’entre eux, l’expression monte rapidement vers des sommets de loufoqueries, la moindre intuition se transforme en certitude antédiluvienne, la plus petite crainte en peur millénariste, le début du commencement d’une joie, en enthousiasme ravageur. Difficile entre eux de poser une thématique dans un cadre qui tient debout. Le bancal est la norme, le dérapage, la règle.

Loin d’un chapelet de sketches, le spectacle vise à toucher là où ça fait beaucoup de bien par le rire mais aussi là où ça fait très mal. Une fiction est en construction dont le point de départ sera pour nos deux héros de trouver un mode de survie dans un monde qui vient de subir un gigantesque cataclysme. On pourrait bien y croiser la dette et les bijoux touaregs, le discours de Dakar, la taille des sexes, l’énergie solaire, les dictateurs au long cours, l’excision, les billets de banque au sol qu’il suffit de se baisser pour les ramasser, les esprits avec lesquels on entretient un commerce régulier, les seconds bureaux et les maîtresses, la polygamie et les familles recomposées, Aimé Césaire, les dents blanches, les nez qu’on masse pour devenir pointus, les tongs, le climat, les escargots de Bourgogne, l’extrême misère et l’extrême richesse. Comment retraverser certains lieux communs pour leur tordre le cou ? Mais surtout, comment vivre la catastrophe dans un rire qui fracasse et des larmes qui réconfortent.

Thierry Roisin

Thierry Roisin fonde avec la complicité de François Marillier, percussionniste et compositeur, la compagnie Beaux-Quartiers. Puis, de 2004 à 2013, il dirige la Comédie de Béthune, CDN du Nord-Pas-de-Calais. Il reprend ensuite ses activités au sein de la compagnie, avec La Tempête de Shakespeare, créé à Ouagadougou en novembre 2015 et repris en tournée en France en 2016.Il a aussi mis en scène : La Vie dans les plis d’après l’œuvre d’Henri Michaux, co-mis en scène avec Blandine Savetier, Le Tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé, Ennemi public d’après Un Ennemi du peuple de Henrik Ibsen, Deux Mots de Philippe Dorin, La Grenouille et l’Architecte, variations libres sur la démocratie, création collective, Montaigne, d’après les Essais, L’Émission de télévision de Michel Vinaver, Crave de Sarah Kane, Kilo, pièce de cirque avec les étudiants du CNAC, co-mise en scène avec Jean-Pierre Larroche, Dialogues têtus d’après les Operette Morali de Giacomo Leopardi, À Distances, création avec Jean-Pierre Larroche et Benoît Fincker, Cheek to cheek de Jonas Gardell, au Theater Lübeck, Woyzeck d’après Georg Büchner, Antigone d’après Sophocle et Les Pierres d’après Gertrude Stein, avec I.V.T.Il conçoit avec Andreas Heinecke l’exposition Scènes de Silence, à la Villette-Cité des Sciences, et avec Jochen Gerz, il crée Les Mots de Paris.

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Ousmane Bamogo décide de consacrer sa vie au théâtre. Il se forme au Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO), au Cartel, à l’espace Gambidi. Il y rencontre Ildevert Meda, Alain Hema, Joseph Kabore. Il participe ensuite aux créations suivantes : L’Os de Morlam de Biraogo Diop, un spectacle mis en scène par Issaka Sawadogo, L‘Éléphant du roi, mis en scène par Alain Hema et Ildevert Meda, Sia le rêve du python, mis en scène par Ildevert Meda, La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, mis en scène par Issaka Sawadogo, Les Bacchantes mis en scène par Irène Tassembedo et La Tempête mis en scène par Thierry Roisin .Ousmane Bamogo est aussi un grand penseur et fait de chaque création une école du donné et du recevoir. C’est dans cette optique qu’avec Irissa Nikiema, il crée en 2005 le célèbre groupe gombo.com développant les techniques de l’humour. Ensemble, ils révolutionnent l’humour burkinabé. Gombo.com accompagne les événements culturels importants du pays, tels que les prix Galian ou encore la semaine de la « Parenté à plaisanterie » organisée par le gouvernement.Ousmane Bamogo reçoit le ouistiti du meilleur humoriste burkinabè, ainsi que le trophée des 12 PCA 2014 (récompensant les 12 personnalités culturelles de l’année) et le Lompolo 2014 du meilleur spectacle apparenté au théâtre.

Gilles Ostrowsky co-fonde avec Sophie Cusset et Jean-Matthieu Fourt, la compagnie Octavio. Ils écrivent et mettent en scène Le Retable, le Christ et le Clown, Men at work (en collaboration avec Eugène Durif), Hop là ! Fascinus !, Marilyn était chauve, Bang Bang, Un Miracle ordinaire et Héroïnes, Les caissières sont moches.De 1993 à 1995, complice de Pierre Guillois, il joue dans L’Œuvre du pitre, La Fête et Roméo et Juliette. En 1997, il rencontre Pierre Blaise, avec qui il crée Fantaisies et Bagatelles. Avec Pascale Siméon, il découvre Beckett et, en 2003, il rencontre Eugène Durif qui lui écrit Le Plancher des vaches, créé au Théâtre du Rond-Point. Il joue ensuite avec Jean-Michel Rabeux, d’abord dans un Feydeau, puis dans deux Shakespeare : Le Songe d’une nuit d’été et La Nuit des rois. Il travaille avec Marc Prin dans Klaxons, trompettes et pétarades de Dario Fo, avec Julie Bérès dans Sous les visages, et Rodolphe Dana dans Merlin de Tankred Dorst. Il joue aussi dans Saga des habitants du val de Moldavie de Marion Aubert, mis en scène par Marion Guerrero, Love and Money de Denis Kelly, mis en scène par Blandine Savetier, Lancelot du Lac de Jacques Roubaud et Florence Delay, mis en scène par Olivier Besson. Il travaille aussi avec Sylvain Maurice, Matthew Jocelyn, Sophie Rousseau, François Rodinson et Antoine Lemaire. En 2013, il co-écrit avec Jean-Michel Rabeux Les Fureurs d’Ostrowsky. Puis en 2015, il co-adapte avec Olivier Martin-Salvan, Ubu, spectacle créé au Festival d’Avignon, et programmé en 2017 au Théâtre des Bouffes du Nord. En 2016, il part trois mois au Burkina Faso avec Thierry Roisin, pour répéter et jouer La Tempête de Shakespeare. Il y rencontre Ousmane Bamogo. Gilles Ostrowsky co-écrit également Le Grand entretien avec Guillaume Durieux, et prépare également King Lear remix d’Antoine Lemaire, avec Sophie Cusset.

OUSMANE BAMOGO

GILLES OSTROWSKY

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mercredi 14 > vendredi 16 mars 2018à 20h

De et avec David-Minor IlungaMise en scène | Roland Mahauden

Lumières | Xavier LauwersScénographie | Olivier WiameCréation sonore | Marc DoutrepontDiffusion | Matthieu Defour

Durée | 1h15

COPRODUCTION | LE TARMAC - LA SCÈNE INTERNATIONALE FRANCOPHONE, THÉÂTRE DE POCHE DE BRUXELLES, LA CHARGE DU RHINOCÉROS, LES RÉCRÉÂTRALES DE OUAGADOUGOU - BURKINA FASO

SOUTIENS | WALLONIE-BRUXELLES INTERNATIONAL, LE TARMAC DES AUTEURS À KINSHASA, LOTERIE NATIONALE

DÉLESTAGE République démocratique du Congo| Belgique

EN ÉCHODAVID-MINOR ILUNGA ET SES « KINOISERIES »JEUDI 15 MARS 2018À l’issue du spectacle Délestage, rencontre avec David-Minor Ilunga.

PASSAGE-S- EN ITINÉRANCEEXPOSITION DE BENOÎT SERRE ET EUGÉNIA ATIENZA / COMPAGNIE HORS-PISTEDU MERCREDI 14 AU VENDREDI 16 MARS 2018Depuis plusieurs mois, Benoît Serre et Eugénia Atienza rencontrent des femmes sans abri à l’Espace Solidarité Insertion (E.S.I Halte Femmes) du 12e arrondissement et leur pro-posent de tracer les chemins réels ou oniriques qu’elles effectuent sur le territoire parisien. L’exposition, essentiellement composée de vidéos, présentera une nouvelle carte de notre territoire faisant apparaître ces groupes singuliers.

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Au lendemain des attentats survenus en Europe, un jeune Congolais, en situation irrégulière à Bruxelles, est arrêté lors d’un contrôle. Suspect (forcément suspect !), il est interrogé par deux policiers. Plus tard, il raconte sa mésaventure à son avocate.

Seul en scène, David-Minor Ilunga est ce jeune homme qui se souvient et raconte sa vie à Kinshasa, son quotidien, l’article 15 de la survie au jour le jour (« débrouillez-vous »), les toilettes sans porte dans la cour commune, les « délestages » (les suppressions… momentanées !) de l’eau, de l’électricité, des salaires, des soins, les taxis où l’on « se sardine » pour entrer… Autant de tranches de survie livrées dans la gouaille des mots et des langues de la rue, autant de vérités sous la farce, mais aussi autant d’amertumes bien trempées.

Ici, c’est froid et difficile.

Là-bas, « au pays, la mort est un état civil qui nous colle à la peau et on s’en moque ». Là-bas, il y a le fleuve, le « pondu frais », le poisson braisé et le souvenir de Nadège.

Comédien, auteur, David-Minor Ilunga est un Congolais de trente ans qui préfère le rire aux larmes, le rire aux armes. Un « humouriste » à la « kinoiserie » facile qui joue, plaisante, se moque... et raconte des histoires dont il préfère sourire et faire rire.

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NOTE D’INTENTION

« Humour congolais » et « kinoiseries », tels sont les mots qui me venaient assez vite à l’esprit à chaque fois que je discutais avec Roland sur notre nouvelle recette : cuisiner ses envies nordiques de communier une fois de plus avec le Sud et son théâtre, et ma nouvelle confession de foi : « Me foutre des malheurs du bled, la RDC ». Et oui ! Je suis fatigué de pleurer sur le pays qui va mal, je vais plutôt suivre son exemple à lui (le bled) : rire de tout ce qui me persécute. Pourquoi ? Parce que c’est bon pour la santé. Parce que si on va se faire guillotiner, autant y aller en souriant à la mort. Parce que Sa Majesté le fleuve Congo est bien plus joyeux, plus grand, plus profond et plus vivant que tous les morts et les déchets qu’on y jette. Parce qu’on n’a pas de psy au Congo, et que soigner son trauma, ça aussi ça relève de l’article 15 : débrouillez- vous !

David-Minor Ilunga

David Ilunga, tout comme le personnage qu’il interprète est un Kinois pur jus : il se débrouille. C’est l’article 15, le seul article de la constitution populaire à Kinshasa : « Débrouillez-vous ». Une question de survie pour les Kinois. Alors sur scène comme à la ville, David se débrouille et c’est magistral : du flic bruxellois à l’usurier congolais en passant par la pimbêche kinoise, c’est avec la même énergie vitale qu’il nous propose une vision très personnelle de la galerie de personnages qu’il a lui-même imaginés. Et s’il arrive à nous faire sourire alors qu’il évoque les drames de son pays, c’est que là-bas, chez lui, la blague est la voisine de palier du drame...Sans doute aussi une question de survie...

Roland Mahauden

Oui, m’dame, à Kinshasa, la mort est un état civil qui nous colle à la peau et on s’en moque. Comme ces gamins qui jouent au football avec elle dans le quartier, pieds nus, en chevauchant des câbles électriques dénudés et béants au sol et on s’en moque.

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DAVID MINOR ILUNGA

David-Minor Ilunga est un auteur et comédien né à Kinshasa (RDC). Le théâtre lui tombe dessus alors qu’il est encore adolescent. Depuis, il navigue entre les planches et la plume. Il a joué dans plusieurs pièces, entre autres Amours Bunkers dont il est l’auteur (mise en scène de Noël Kitenge et direction d’acteur de Roland Mahauden), Musika (texte et mise en scène d’Aristide Tarnagda), Cyrano de Kinshasa (d’après Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, adaptation et mise en scène d’Israël Tshipamba). Il s’affirme en tant qu’auteur au sein du Tarmac des Auteurs et ne cesse de faire de belles rencontres : Slimane Benaïssa, Gustave Akakpo, Denis Mpunga, Koffi Kwahulé, Carole Fréchette, Roland Mahauden, Kouam Tawa, et tant d’autres. Il bénéficie souvent de résidences d’écriture en Afrique comme en Europe, et participe à des événements artistiques d’envergure tels que les festivals Ça se passe à Kin de Kinshasa et Les Récréâtrales à Ouagadougou, où il avait intégré un laboratoire de recherche théâtrale de trois ans (le Laboratoire Elan). Il a aussi écrit Einsteinnette (dans le recueil Théâtre congolais contemporain, Lansman 2011), La Nuit des trois morts, La Barrière (présélectionnée lors du prix RFI théâtre 2015) et d’autres pièces inédites. Il a été l’un des lauréats 2014 du programme Afrique et Caraïbes en Création de l’Institut français de Paris.

Roland Mahauden est l’ancien directeur du Théâtre de Poche de Bruxelles. Ayant remis, début 2013, les rênes du théâtre, il s’investit désormais dans les projets d’échanges internationaux Nord/Sud développés par le théâtre. Il a noué depuis longtemps des liens étroits et singuliers avec la République démocratique du Congo, en y menant notamment avec de nombreux artistes locaux, deux campagnes théâtrales de sensibilisation : Tous en scène pour la paix autour de la problématique des enfants-soldats, de leur démobilisation et réinsertion sociale et familiale ; et Un enfant c’est pas sorcier dénonçant la maltraitance et la diabolisation des enfants accusés de sorcellerie par les églises de réveil. Roland Mahauden a joué un rôle prépondérant dans la concrétisation du parrainage d’une troupe théâtrale de Kisangani par des formations techniques et artistiques régulières. Il met notamment en scène Verre cassé d’Alain Mabanckou, L’Île d’Athol Fugard, Le Bruit des Os qui craquent de Suzanne Lebeau, Les Travaux d’Ariane de Caya Makhélé et1000 Francs de Frank Mweze.

ROLAND MAHAUDEN

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mardi 20 > mercredi 21 mars 2018à 20h

Texte, mise en scène | Raharimanana

Regard extérieur | Nina VillanovaMusiques | Tao Ravao (cordes), Jean-Christophe Feldhandler (percussions)Interprétation, voix | Raharimanana, Géraldine KellerSons | Claude Valentin

Durée estimée | 1h30

PRODUCTION | COMPAGNIE SOAZARA, ARTS ET PARTAGECOPRODUCTION | THÉÂTRE ANTOINE VITEZ - IVRY-SUR-SEINE ; THÉÂTRE-STUDIO D’ALFORTVILLE

Tournée 2018- vendredis16, 23 & 30 mars, jeudis 22 et 29 mars, samedi 31 mars : Théâtre Antoine Vitez, Ivry-sur-Seine- vendredi 20 et samedi 21 avril : Théâtre Studio, Alfortville- septembre (dates à définir) : La Pyramide, Romorantin, dans le cadre des 60 ans de la MAJO- vendredi 9 novembre : Plumes d’Afrique, St Pierre des Corps- novembre 2018 (dates à définir) : Festival Les rencontres à l’échelle, Marseille

PARFOIS LE VIDE Madagascar

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Depuis ses premiers écrits, le poète, romancier et dramaturge malgache Raharimanana traque la musique des mots dans ses lignes. Il en joue, tel un musicien de ses notes sur la portée. Il en goûte l’harmonie comme la discorde. Il fait vibrer les cordes des voyelles, le souffle des consonnes.

« Les mots lents à tant de vents les mots sans à l’auvent des ans. »

Pas étonnant, dès lors, que la musique soit si présente dans ses spectacles. Il ne s’agit pas d’une musique d’accompagnement ou d’ornement, mais d’une musique consubstantiellement liée à la parole, toutes deux exigeantes, radicales, dressées drues au service du propos.

Au bord du vide, sur une crête fragile, avec son complice Tao Ravao, la voix lyrique de soprano Géraldine Keller et les percussions de Jean-Christophe Feldhandler, le poète scande le scandale du monde, et par la force de la poésie, fait face à sa violence.

« Mondialisation. Monde fait aliénation. »

Ensemble, ils font entendre une parole insurgée, insoumise et mutine, portée par « un seul chant, la rhapsodie du vent porteur et du vent migrateur ».

Raharimanana n’a pas la poésie candide et, s’il suggère la douceur pour vaincre, s’il crée le beau pour abattre le laid, il offre un spectacle intransigeant et fort, conspuant les « pourvoyeurs de démocratie ».

« La fierté est le socle de mon debout. »

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Intentions d’écritureJ’ai écrit Parfois le vide comme un chemin de pensée et une partition des possibles en ce temps de défaite du sens et de la parole, nos mondes de l’absurde qui hissent des fous au pouvoir, qui érigent des addictions et des pulsions à la place de la culture et de la vérité, les hontes sont dissoutes, le scandale banalisé, tout est relatif, alternatif, la place est prête pour qu’on accepte les systèmes totalitaires. C’est un face-à-face avec le vide et la violence, et rester debout sans en être contaminé, en peignant la beauté de l’être –peut-être pas du monde, mais de l’être.

Une double écriture, littéraire et musicaleDepuis une quinzaine d’année, je travaille avec Tao Ravao, sillonnant le monde avec nos textes et nos musiques. De cette collaboration sont nés des contes, Le Tambour de Zanahary, Les Contes de la Grande île... des lectures musicales, Par la Nuit, Rêves d’îles, une pièce de théâtre Rano, rano, quatre albums de Tao Ravao, dont Vazo, pendant musical de la pièce Rano, rano. Tao Ravao m’influence tout comme je l’influence. Nous portons tous les deux une écriture singulière, des racines sans terre, l’origine bien identifée et assumée, et un enracinement volontairement libre, parfois éphémère, face à la violence des frontières.

Depuis cinq ans, je travaille également avec Jean-Christophe Feldhandler, à l’écoute du monde, à l’écoute des oiseaux, à l’écoute de ce qui fait son et sens, à rebours de l’écoute actuelle qui formate et repousse les sons bruts et qu’on dit faux. Nous avons écrit ensemble un conte opératique Imaintsoo (Centre de Beaulieu, Poitiers, Opéra de Reims). Parfois le vide tient là sa source, dans des performances sur des sentiers inattendus, proches de l’éphémère et de l’infinitude.Il s’agit maintenant de faire rencontrer ces deux écritures musicales qui m’accompagnent dans mes tête-à-tête avec le brouillon, la rature, le recommencement et l’enfer de la fixation.

Intentions de mise en scèneParfois le vide sera cet endroit où l’on se doit de se détacher de la violence tout en la contemplant. Face au vertige qui vient et la tentation de tomber, provoquer l’éblouissement pour rester dans la verticalité, debout. Éblouissement de la poésie, éblouissement de la musique.

La violence du mondeAvoir conscience de la violence du monde, mais creuser néanmoins un chemin de douceur, la douceur non pas comme un masque mais comme une arme. Comment faire poésie sans lisser le propos ? Quelle réponse donner à notre monde d’aujourd’hui. Reproduire la violence sur scène ? Je dirais que je suis dans l’urgence de la non-violence, mais sans illusion, sans faire penser ou faire croire que ce monde n’est que de poésie.

Le trombaRessortir les voix, celles qui permettent de se transcender pour aller au-dessus de la violence. Chercher ces voix dans la tradition malgache du tromba. Lorsque la violence et la souffrance sont telles, on fait appel au tromba, un état d’être où l’on accepte d’être le réceptacle d’une voix qui vient de loin, qui n’est pas celle du passé, mais celle du Verbe, qui ignore les époques et les frontières, qui rappelle toutes les luttes qui ont permis de rester debout. Une métamorphose de la douleur en vaste éblouissement, une métamorphose de la voix dans les nœuds de la musique, un univers autre qui s’ouvre, face au vide justement.

Des migantsJ’ai voulu être oiseau, observant la terre des hommes, témoin des migrants flottant en mers et océans. Et j’ai voulu de la terre, de l’océan, faire renaître cette voix des âges qui reprend l’humanité dans l’abîme de sa folie. Une mise en scène avec le son des éléments, les cordes, les percussions, les feuilles, les peaux, les matériaux de fer, d’acier... De cette violence du monde, de ce fracas et de ce bruit, plier matière pour faire musique et poésie. Et rester debout.

NOTE D’INTENTION

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BIOGRAPHIES

Jean-Luc Raharimanana est né en 1967 à Antananariv (Madagascar). Après un DEA en littératures et civilisations et une première pièce de théâtre censurée, Raharimanana devient journaliste pigiste à RFI. Il enseigne ensuite le français, métier qu’il quitte pour se plonger dans la littérature sans modération. S’attaquer aux mots et malaxer le sens jusqu’à ce que la musicalité des mots pénètre au plus profond du lecteur, devient sa préoccupation principale, ancrer la mémoire dans le corps, et faire acte de beauté dans le dire et l’écrit. Son œuvre, conséquente déjà, va du roman à la poésie (Nour, 1947, Éditions du Serpent à plumes, Enlacements, Éditions Vents d’ailleurs) du théâtre à l’essai (Le Prophète et le Président, Ndzé éditions, Madagascar, 1947, Éditions Vents d’ailleurs). Raharimanana est par ailleurs directeur de collection aux éditions Vents d’ailleurs et parraine le Festival Plumes d’Afrique.

Tao Ravao est musicien-compositeur, poly-instrumentiste. Compagnon de longue route de Raharimanana, il est considéré comme le créateur du blues malgache, s’engage régulièrement dans des interventions bénévoles dans les instituts de soin et d’éducation. D’abord mandoliniste puis banjoïste, c’est avec la guitare que le musicien de rue sillonne l’Europe. La rencontre avec Homesick James, le père du blues électrique, devenu son mentor, sera déterminante. En 1988, de retour à Madagascar, où il est fasciné par la musique de la grande île, il fonde avec Justin Vali un trio de musique traditionnelle malgache. Tao Ravao participe à de nombreux festivals : Vancouver, Toronto, Winnipeg, Montréal, Austin, Tokyo, Musiques métisses à Angoulême, Africolor, etc. Il se produit régulièrement dans les clubs parisiens et dans les grands festivals de blues américains.

Jean-Christophe Feldhandler a étudié la percussion avec Sylvio Gualda et la composition avec Carlos Alsina. Il travaille très tôt avec des artistes partageant ses questionnements sur le rapport entre théâtre et musique (Giorgio Battistelli et Vinko Globokar, ainsi que les metteurs en scène Thierry Bedard et Marc Feld, puis avec Georges Aperghis pour la création de Seul à seuls pour le Quatuor Hêlios en 2006). En 1986, il fonde avec Isabelle Berteletti, Florent Haladjian et Lê Quan Ninh, le Quatuor Hêlios. Avec cette formation, il collabore avec de nombreux compositeurs afin de développer différents langages alliant percussion contemporaine (Kaija Saariaho, George E. Lewis, Jean-Pierre Drouet, Vinko Globokar...), instruments « classiques », nouvelles technologies et théâtre musical.Il travaille également sur la composition de pièces musicales acoustiques et mixtes. Son répertoire compte aujourd’hui une vingtaine d’œuvres, dont Imaïntsoo, conte musical sur un texte de Raharimanana. Il est compositeur associé de Césaré, Centre national de création musicale à Reims.

Géraldine Keller est interprète. Son répertoire s’étend de la musique ancienne à la création d’œuvres contemporaines privilégiant la complémentarité des musiques écrites et improvisées. Elle a collaboré avec des compagnies de danse, de théâtre musical et de théâtre d’objet dont les compagnies Adèle Riton (Strasbourg), Blu (Italie), Le Grain (Bordeaux), Malene Hertz (Danemark), Archipel Indigo (Strasbourg), Médiane (Strasbourg), Toujours après minuit — Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna (Paris), avec lesquelles elle crée de nombreux spectacles sur les scènes françaises et européennes.

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vendredi 23 > samedi 24 mars 2018vendredi à 20hsamedi à 16h

Conception, direction artistique | Bienvenue Bazié, Auguste Ouédraogo

Chorégraphie, interprétation | Bienvenue Bazié

Assistanat chorégraphie | Auguste OuédraogoScénographie | Marc VallandonComposition musicale | Adama Kouanda Vidéo | Grégory HiétinCréation lumière | Fabrice Barbotin

Durée estimée | 50 minutes

PRODUCTION | COMPAGNIE AUGUSTE-BIENVENUEPARTENAIRES FINANCIERS ET COPRODUCTEURS | MINISTÈRE DE LA CULTURE - DRAC NOUVELLE-AQUITAINE, VILLE DE BORDEAUX - FONDS D’AIDE À LA CRÉATION, OARA - OFFICE ARTISTIQUE DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE, IDDAC - INSTITUT DÉPARTEMENTAL DE DÉVELOPPEMENT ARTISTIQUE ET CULTUREL, LA BRIQUETERIE - CENTRE DE DÉVELOPPEMENT CHORÉGRAPHIQUE DU VAL-DE-MARNE, LE PALACE - MONTATAIRE, LE GLOB THÉÂTRE, M270 - MAISON DES SAVOIRS PARTAGÉS

SOUTIENS LOGISTIQUES | LES ÉCLATS - PÔLE RÉGIONAL DÉDIÉ À LA DANSE CONTEMPORAINE, LE GLOB THÉÂTRE, M270 - MAISON DES SAVOIRS PARTAGÉS, CENTRE DE DÉVELOPPEMENT CHORÉGRAPHIQUE LA TERMITIÈRE - OUAGADOUGOU

REPRÉSENTATIONS ACCUEILLIES AVEC LE SOUTIEN DE L’OARA - OFFICE ARTISTIQUE DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE.

Création et tournée 2018- 8 au 16 mars : Glob Théâtre – Bordeaux (création)- 23 mars et 24 mars : Le Tarmac - La scène internationale francophone – Paris- 3 mai : co-organisation du M270, Maison des savoirs partagés – Floirac / La Manufacture CDCN Bordeaux- 17 mai : Centre culturel de Thourotte, Salle Saint-Gobain – Thourotte- 18 mai : Le Palace - Montataire

PEUBLÉTO (Rêves et réalité) Burkina Faso

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Bienvenue Bazié et Auguste Ouedraogo, les deux compères burkinabès, sont de retour au Tarmac. Cette fois, Bienvenue est seul en scène. Auguste l’accompagne à la chorégraphie.

Le danseur et chorégraphe a choisi de revenir sur les traces de son adolescence, de questionner ses parents, de feuilleter ensemble le livre des souvenirs et surtout de s’interroger sur ce qui a fait du jeune homme qui poursuivait des études de comptabilité, un danseur.

L’adolescence est pour tous la croisée des chemins, l’instant fragile où il s’agit de faire de ses rêves une réalité. Ou de la réalité un rêve !

Bien sûr, il y eut la mère, ses balancements et ses berceuses. Le père qui le mit pour la première fois en scène. Mais pas facile pour l’adolescent d’oser tout plaquer pour faire l’artiste. Pas facile pour les parents d’accepter le choix audacieux de leur fils, et risquer de subir l’opprobre de la famille et des autres…

Entre les images des parents, leur silence et le regard qu’ils portent sur leur fils, entre les instants de doute et la certitude de l’envie, le danseur croise ses gestes avec la vidéo de Gregory Hiétin en contrepoint de la danse. Il nous invite dans la marge de ses souvenirs pour un solo de mémoire.

Heureusement, le père a su donner son accord. « J’espère que tu sais ce que tu fais ! » a-t-il seulement dit. Pour Bienvenue Bazié, de la comptabilité à la danse, il n’y eut qu’un pas.

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À PROPOS DU SPECTACLE

En Afrique, et en particulier au Burkina Faso, la pratique artistique est loin d’être considérée comme une profession prometteuse. Dans un contexte marqué par la précarité et la prégnance des questions matérielles, le métier d’artiste est associé à l’oisiveté. Choisir de faire une carrière artistique c’est se condamner à un échec social, et par ricochet, faire de ses parents la risée du voisinage.

Dans ce contexte socialement défavorable, les parents du chorégraphe et danseur Bienvenue Bazié n’ont pas dérogé à la règle. Pourtant, c’est son père lui-même qui l’avait entraîné dans cette voie. « J’espère que tu sais ce que tu fais », lui a-t-il lancé un jour, comme un aveu d’impuissance face à la détermination du jeune danseur. Telle une bénédiction, audacieuse, pour s’engager professionnellement dans la danse. Cette autorisation parentale a changé le cours de sa vie et a fait de lui l’un des chorégraphes les plus en vogue du Burkina Faso et plus largement du continent africain.Après plus de vingt ans de carrière, le chorégraphe continue de s’interroger et sollicite ici la parole familiale pour mettre en mouvement leurs souvenirs respectifs et les projetter dans le présent.

Rêves et Réalités est une odyssée au cœur de la trajectoire artistique de l’artiste Bienvenue Bazié. Ce solo questionne ses choix artistiques et met en dialogue son corps dansant avec le regard critique de ses parents. Pour y déceler les secrets, les non-dits, les lieux interdits. Que pensent-ils à présent ? Que gardent-ils en souvenir de lui, de ses choix ? Quels étaient et quels sont leurs rêves ?

La vidéoSous la forme d’un documentaire réalisé à Ouagadougou en décembre 2016, Bienvenue Bazié et le vidéaste Grégory Hietin saisissent les paroles, les silences, les regards des parents... Filmées en intérieur et en extérieur, autour de la maison et dans la ville, les images traduisent l’ambiance familiale au cœur de laquelle la parole se déploie. Et pas seulement. Il se pourrait bien que la mère de Bienvenue y soit aussi danseuse et que ses pas inspirent ceux de son fils. Grégory Hietin est le témoin et le rapporteur d’images des premiers élans du danseur.

La danseCe solo s’élabore à partir des paroles et impressions des parents du chorégraphe et surtout des pas de la mère lorsqu’elle chante une certaine berceuse et qu’elle la danse. Bienvenue Bazié s’inspire de cette improvisation, la traduit, la développe, en fait son langage chorégraphique. La danse se fait l’écho des paroles des parents, c’est le parcours d‘un fils qui s’émancipe du cadre familial jusqu’à devenir l’artiste qu’il est aujourd’hui avec son équipier et complice, Auguste Ouédraogo.

La scénographieLe décor est un espace permettant de distinguer les différents univers dans lesquels le danseur se risque à évoluer. En fond de scène défilent des images-paysages qui dialoguent avec deux écrans mobiles dédiés aux visages, aux portraits. Du passé au présent, Bienvenue Bazié mêle souvenirs et réalités, l’espace physique vient se superposer à l’espace de la rêverie.

La musiqueAdama Koanda, figure emblématique du groupe burkinabè Kalyanga compose ici une œuvre originale mêlant instruments classiques, traditionnels et sons électroniques. Sonorités, paroles, mélodies traditionnelles enregistrées à Ouagadougou se glissent dans la création musicale. Il signe ici sa quatrième collaboration avec la compagnie Auguste-Bienvenue.

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BIENVENUE BAZIÉ

Les premiers pas sur scène de Bienvenue Bazié remontent à 1993 lorsqu’il est lauréat du deuxième prix du concours inter-établissements de poèmes récitals, organisé par la direction des arts et des métiers d’arts. Il intègre la troupe polyvalente et artistique le Bourgeon du Burkina, où il suit une formation artistique pluridisciplinaire en danse, théâtre, conte et musique. Il participe à plusieurs tournées nationales et internationales et devient, à deux reprises, lauréat du grand prix national de la création chorégraphique.Il se spécialise par la suite dans la danse et la chorégraphie et multiplie les rencontres en participant à des formations à Ouagadougou avec des chorégraphes tels Salia Sanou, Seydou Boro, Xavier Lot... avec qui il collabore quelques années plus tard.En 1993, il rencontre son partenaire Auguste Ouédraogo, avec qui il crée la compagnie Auguste-Bienvenue en 2000. Depuis, huit créations voient le jour.Parallèlement, il poursuit ses collaborations en tant qu’interprète pour la compagnie Kongo Ba Téria (Vin Nem et Nagtaba), la compagnie ULAL DTO de Xavier Lot (Welcome to Bienvenue et Derrière les Mur/murs), la compagnie Pambè Dance Company (Étrange Étranger), la compagnie Seydou Boro (Le Tango du cheval et Le Cri de la chair).Il co-écrit les spectacles Converse et Idiom avec Jennifer Dallas de Demi Dance Project (2011-2013), et M-Im avec Salia Sanou pour les danseurs de la formation « je danse donc je suis » du centre de développement chorégraphique (CDC) la Termitière (2012). En 2013, il est invité par Seydou Boro pour la réalisation des spectacles d’ouverture et de clôture du FESPACO (festival panafricain du Cinéma de Ouagadougou).

Né en 1979 à Ouagadougou au Burkina Faso, Auguste Ouedraogo intègre la troupe Le bourgeon du Burkina en 1993, où il suit jusqu’en 2000 une formation en danse, théâtre, conte et musique sous la direction artistique de Théodore L. Kafando, Salia Sanou et Amadou Kienou.Entre 1996 et 2001, il suit des formations proposées par le centre culturel français Georges Méliès de Ouagadougou avec Nana Nilson, Christophe Chelleux, Robert Seyfried, Seydou Boro...Puis, il se forme auprès de Opiyo Okach, Xavier Lot et Angelin Prejlocaj, à l’occasion des éditions 2002, 2003 et 2005 du Festival Dialogues de corps à Ouagadougou.En 2001 et 2002, il est invité par le Festival Montpellier Danse dans le cadre des Ateliers du Monde dirigés par Susan Buirge, Bernardo Montet et Benoît Lachambre. Il participe au stage international de danse (Laboratoire de Création) dispensé par Claude Brumachon et Benjamin Lamarche au centre chorégraphique de Nantes.En 1993, il rencontre son partenaire Bienvenue Bazié avec qui il crée la compagnie Auguste-Bienvenue en 2000. Depuis, huit créations voient le jour.En 2008, Auguste Ouedraogo et Bienvenue Bazié mettent en place le projet Engagement Féminin qui offre un cadre adéquat aux artistes féminines africaines en leur donnant accès à des formations longues, des résidences de création et des tournées. De ce projet est née en 2010, la pièce Dans Un S’y mettre.Parallèlement, il participe en tant qu’interprète et chorégraphe à plusieurs créations : Kôyan Kôté avec Salia Sanou, Seydou Boro et Cyril Viallon (2000), Transpace de la Cie DIT de Robert Seyfried (2002), Sèg Sègbo avec la collaboration de Hind Benali (2004), Toupie or not toupie présenté dans le cadre du Laboratoire de création au CNDC Châteauvallon (2006), L’Opéra Urbain Leena de Boris Boubacar Diop et Guy Lenoir (2011), Biface Concert-Chorégraphique de Perrine Fifadji et Khanzaï (2012), et Pourquoi la hyène... de Seydou Boro (2013).

AUGUSTE OUEDRAOGO

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mardi 27 > vendredi 30 mars 2018à 20h

Texte | Fiston Mwanza MujilaMise en scène et adaptation | Julie Kretzschmar

Avec | Aurélien Arnoux, Astrid Bayiha, Frédéric Fisbach, Lorry Hardel, Moanda Daddy Kamono, Charles Ouitin Kouadjo

Collaboration artistique | Lauren LenoirScénographie | Claudine BertomeuLumières, vidéo | Camille MauplotMusique | Aurélien ArnouxCostumes | Claudine Bertomeu, Julie Kretzschmar

Durée | 1h40

PRODUCTION | L’ORPHELINE EST UNE ÉPINE DANS LE PIEDCOPRODUCTION | LE TARMAC – LA SCÈNE INTERNATIONALE FRANCOPHONE, LES FRANCOPHONIES EN LIMOUSIN - LIMOGES, LA CRIÉE – THÉÂTRE NATIONAL DE MARSEILLE, LE PÔLE DES ARTS DE LA SCÈNE – FRICHE LA BELLE DE MAI - MARSEILLE, LES BANCS PUBLICS - MARSEILLESOUTIENS | CONSEIL RÉGIONAL PACA, DRAC PACA, SPEDIDAM, FONDS D’INSERTION POUR JEUNES ARTISTES DRAMATIQUES (DRAC ET RÉGION PACA), VILLE DE MARSEILLE, INSTITUT FRANÇAIS DE KINSHASA (R.D. CONGO), LIEUX PUBLICS – CENTRE NATIONAL DE CRÉATION EN ESPACE PUBLICRÉSIDENCE DE RECHERCHE | AUX RÉACRÉATRÂLES 2016 - OUAGADOUGOU - BURKINA FASO, INSTITUT FRANÇAIS DE KINSHASA / LE TARMAC DES AUTEURS 2017 (KINSHASA, R.D.CONGO)

CRÉATION LE 22 SEPTEMBRE 2017 AUX FRANCOPHONIES EN LIMOUSIN - LIMOGES

LE TEXTE TRAM 83 EST PUBLIÉ AUX ÉDITIONS MÉTAILIÉ

SPECTACLE SÉLECTIONNÉ AUX PREMIÈRES LIGNES 2016 DE L’ATELIER À SPECTACLE DE VERNOUILLET

Tournée 2018- 10 au 12 janvier : Théâtre national de la Criée – Marseille- 21 et 22 mars : Théâtre de la Vignette – Montpellier- 25 mars : Théâtre jean Vilar – Vitry-sur-Seine- 12 et 13 avril : Bois de l’Aune – Aix-en-Provence- décembre : présentation du spectacle en République démocratique du Congo

TRAM 83 République démocratique du Congo

EN ÉCHO MERCREDI 28 MARS 2018 - DU ROMAN À LA SCÈNEÀ l’issue du spectacle Tram 83, rencontre avec Julie Kretzschmar.

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Le Tram 83 est un bar du bout de nulle part dans un lieu ravagé par la guerre et la folie des hommes. C’est aussi un livre déroutant et chaotique à la langue enflammée, un texte à la démesure de Lubumbashi, cette « ville-pays » de la République démocratique du Congo où est né Fiston Mwanza Mujila, l’auteur de ce premier roman adapté à la scène.

Dans ce bar de passes d’une ville minière où « les creuseurs, les somnanbules, les canetons et les biscottes » constituent la clientèle fidèle, la bière coule à flots au rythme du jazz, de la rumba des mots et des pulsions d’une libido tarifée. C’est ici que se fêtent les retrouvailles de Lucien, l’étudiant-écrivain, l’intellectuel, avec son ami d’enfance Requiem dit Le Nègus, petit empereur local de la très profane trinité débrouille, embrouille et magouille.

Lucien et Requiem, étrange duo des marges et des contraires, flanqué d’un éditeur et encalminé dans ce réceptacle des misères où les acolytes s’appellent Mortel Combat, Dysenterie ou Rougeole invincible, où les filles contrôlent la marche à suivre « de la Genèse à l’Épître aux Corinthiens » et où se mêlent épaves interlopes, Marilyn d’un soir, truands à la longue semaine et autres touristes à but lucratif…

Devant une palissade de tôle ondulée, dans une distribution cosmopolite et une narration épurée, Julie Kretzschmar dresse une fresque-chaos, un tableau choral syncopé d’une Afrique fantasmée et revisitée.

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NOTE D’INTENTION

Je développe une écriture scénique qui mêle théâtre, littérature et musique. Elle s’empare de sujets qui ne peuvent se dire qu’en mettant à jour le dessous des choses, ce qui ne s’articule pas, ce qui ne peut être résolu ou simplifé de la complexité du monde.L’esthétique des spectacles vise une forme de beauté cinématographique, une recherche plastique pour tendre à rendre compte de la violence des rapports de force et la possibilité d’un espoir noué par des communautés de pensées et d’actions.

Tram 83 s’attache à la représentation de l’Afrique contemporaine, question qui est le fruit d’enjeux imaginaires infiniment grands.Il s’agit de faire un théâtre qui travaille les écarts entre l’uniformité des représentations géo- politiques et des représentations poétiques, de creuser la question des identités multiples et composites qui s’articulent dans le monde contemporain.Longtemps reliée à la littérature contemporaine arabe ou orientale, souvent avec des textes qui inventent des formes narratives pour investir les rapports Nord/Sud, j’ai cherché, dans la littérature africaine la plus récente, de nouveaux ressorts d’imaginaire.La curiosité vers le geste − au sens propre − littéraire est le point de départ, la création est le fruit d’une expérience de lecture. Ainsi, le dialogue avec l’auteur se déploie dans un cadre communément posé par deux altérités, deux imaginaires.Le roman écrit par le jeune auteur congolais, Fiston Mwanza Mujila, est un tableau choral de la République démocratique du Congo, le récit éclaté et chaotique de ce « beau monde cassé » plus vaste que la géographie dans laquelle il s’inscrit.C’est le portrait de sa ville natale, Lubumbashi, capitale minière de l’ex-Congo Zaïre, dans laquelle le bar Tram 83 est l’épicentre de ce monde qui dégénère. L’auteur s’empare d’une réalité géo-politique avec laquelle il entretient un rapport d’intimité, par le prisme de sa trajectoire d’écriture : le roman déroule la naissance du geste romanesque. Poète et auteur de théâtre avant d’être romancier, Tram 83 est aussi la fable de cet avènement − celle du premier roman. Adossé à la simplicité de l’argument narratif, celui des retrouvailles de deux copains, le livre déploie une Afrique cinématographique, et précisément en empruntant certains registres du western. Tram 83 ne déroule pas de réelle intrigue, il pose une dramaturgie ouverte, incomplète. On y parle d’un Théâtre Conte impossible à achever, autour duquel s’épuise la figure centrale, Lucien, qui est le reflet à l’épreuve, sorte de mise en abîme du romancier confronté aux fantômes de son pays.

L’adaptation structure le temps et l’espace autour de quatre tableaux : la musique, la nuit, la mine, la littérature. Ils sont quatre mouvements dans lesquels le récit est récupéré en style indirect par chaque acteur-narrateur, et troué par le passage au style direct avec des parties dialoguées − qui sont écrites dans le roman − par des acteurs qui portent chacun un personnage. Les cinq acteurs sont l’auteur, l’escroc, l’éditeur européen, la prostituée, la diva. La partition textuelle entrelace oralité poétique et saillies triviales, éclatée entre une multitude de points de vue. Elle dépeint la valse des corps au bord du précipice par le biais d’une structure narrative qui, telle un synopsis déroule des plans qui sont autant de scènes à jouer. L’adaptation travaille à transposer la fragmentation et la déconstruction du récit, à prendre appui sur sa syncope récurrente.L’enjeu de cette adaptation est celui de la langue, des langues, et peut-être plus encore, de cet espace intermédiaire que crée la littérature, un espace linguistique qui « traduit » le pays de l’auteur.

Natif de la région minière dont il dépeint les marges, les endroits tenus à l’écart de la lumière, Fiston Mwanza Mujila m’accorde une totale liberté dans l’adaptation. Je cherche à retrouver et déplacer l’Afrique fantasmée jonglant avec une iconographie qui va du Douanier Rousseau au cinéma de Claire Denis.

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FISTON MWANZA MUJILA

Considéré comme l’une des nouvelles voix de la littérature congolaise, Fiston Nasser Mwanza Mujila est né en 1981 à Lubumbashi en République démocratique du Congo. Il vit actuellement à Graz, en Autriche, où il a terminé des études de lettres et de sciences humaines en 2007, et où il prépare un doctorat sur la littérature congolaise. Il a obtenu de nombreux prix dont la médaille d’or de littérature aux VIe jeux de la Francophonie à Beyrouth et le prix de la littérature de la ville de Graz en 2014.En même temps que ses humanités littéraires et ses études universitaires, il participe régulièrement aux activités littéraires organisées dans sa ville natale (Libre-écrire, Fabrik Artistik...), à Kinshasa (Écritures Kinoises au Tarmac des Auteurs, à savoir : des stages d’écriture animés par Sonia Ristic, Gustave Akakpo, Guy Régis Junior, Olivier Coyette...) et à l’étranger (Festival International de Littérature Kwani à Nairobi et Lamu, Manifestation Yambi en Belgique...).Tram 83 est son premier roman édité aux éditions Métailié en 2014, et a depuis été traduit en huit langues.Fiston Mwanza Mujila a été en résidence tout au long de la saison 2014-2015 au Tarmac, dans le cadre du Quartier des auteurs.

Julie Kretzschmar a commencé petite à jouer et à inventer des histoires dans un lieu utopique des Cévennes, dans lequel son père et d’autres prenaient le soin de transmettre et de fabriquer de l’imaginaire pour une communauté d’enfants issus de foyers d’accueil et aussi de famille d’artistes connus.Puis elle s’est formée au Conservatoire d’art dramatique de Montpellier, et fonde, en 2001, la compagnie l’Orpheline est une épine dans le pied, compagnie associée aux Bancs Publics à Marseille. Elle a aussi suivi de longues études juridiques. Depuis une vingtaine d’années, elle voyage beaucoup, notamment dans les pays du monde arabe et en Afrique.Elle travaille à partir de conversations avec des auteurs, plutôt des romanciers que des dramaturges. Elle initie une collaboration avec Mustapha Benfodil, notamment à partir d’une adaptation de son roman Archéologie du chaos (amoureux), qu’elle décline sous plusieurs formes de lectures présentées à Marseille et en Algérie (2010). En 2011, elle créé De mon hublot utérin je te salue humanité et te dis blablabla au théâtre des Salins - Scène nationale de Martigues. Elle travaille aussi avec Kamel Daoud et Alain Kamal Martial en 2012.En 2013, à partir d’un adaptation d’un texte du conteur Salim Hatubou, elle crée Kara’ une épopée comorienne avec une équipe artistique de 35 personnes, fruit d’une commande de Marseille Provence 2013 - Capitale européenne de la Culture. Ses dernières mises en scènes : Sosie(s) d’après un texte de Jean-Luc Raharimanana, Portrait d’une femme arabe qui regarde la mer d’après un texte de Davide Carnevali, La vie est belle ? d’après une adaptation des livres I et III de Dédales de H’mida Layachi, Kara’ une épopée comorienne de Salim Hatubou et Damir Ben Ali, Congo de Eric Vuillard (lecture co-mise en scène par et avec Thomas Gonzalez), Cicatrices de Alain-Kamal Martial / La Préface du nègre de Kamel Daoud (lectures co-mises en scène par et avec Thomas Gonzalez), De mon hublot utérin, je te salue humanité et te dis blablabla de Mustapha Benfodil.

JULIE KRETZSCHMAR

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mardi 3 > vendredi 13 avril 2018mardi 3 avril à 10hmardi, mercredi, jeudi, vendredi à 20h

Texte | Bernard MagnierMise en scène | Hassane Kassi Kouyaté

Avec | Habib Dembélé, Tom Diakité (chant, multi-instruments)

Lumières | Cyril MulonCostumes | Anuncia Blas

Durée 1h

PRODUCTION | LE TARMAC - LA SCÈNE INTERNATIONALE FRANCOPHONECOPRODUCTION | THÉÂTRE JEAN VILAR - VITRY-SUR-SEINE ; TROPIQUES ATRIUM - SCÈNE NATIONALE DE MAR-TINIQUE

Tournée 2018- 6 mars : Théâtre Jean Vilar - Vitry-sur-Seine : création de la forme « hors-les-murs »- 9 mars : Théâtre de Chelles : création de la forme « plateau »- 13 et 14 mars (3 représentations) : Tropiques Atrium - Scène nationale de Martinique- 22, 23 et 24 mars : L’Artchipel - Scène nationale de Guadeloupe- 18 avril : Espace Senghor - Verson

En avril - mai 2018, « hors les murs », dans des établissements scolaires et sociaux :- 5 avril,11h : Lycée Jacques Prévert, Combs-la-Ville- 5 avril, 15h30 : Lycée de la Mare Carrée, Massy-Cramayel- 6 avril : Lycée Jean Jaurès, Argenteuil- 11 avril : Lycée de Roissy-en-Brie- 13 avril : Lycée Georges Sand, Domont- 18 mai : Collège Monod, Vitry-sur-Seine- 19 mai : Foyer Manoukian (travailleurs maliens), Vitry-sur-Seine

LE FABULEUX DESTIN D’AMADOU HAMPÂTÉ BÂ Mali

EN ÉCHO MARDI 3 AVRIL 2018 UN THÉÂTRE DOCUMENTAIRE POUR DÉCOUVRIR AMADOU HAMPÂTÉ BÂ, SON ŒUVRE ET SON ACTUALITÉÀ l’issue du spectacle Le fabuleux destin d’Amadou Hampâté Bâ, rencontre avec Bernard Magnier (auteur) et Hassane Kassi Kouyaté (metteur en scène).

Cycle Écrivains d’Afrique et des Caraïbes : portraits en scèneCe spectacle fait partie du cycle théâtral Écrivains d’Afrique et des Caraïbes : portraits en scène dont l’objectif est de faire (re)découvrir et entendre à la scène 5 auteurs majeurs des littératures africaines et caribéennes francophones à travers des pièces documentaires écrites par Bernard Magnier.Le cycle a été inauguré en 2015 avec la pièce Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi, mis en scène par Hassane Kassi Kouyaté, et se poursuivra autour des auteurs suivants : Kateb Yacine, Ahmadou Kourouma et Frantz Fanon.

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En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle. Souvent reprise, parfois tronquée ou attribuée à la tradition, cette phrase a pourtant bien été prononcée en 1960 par Amadou Hampâté Bâ.

De la falaise dogon au Mali où il est né en 1900 aux assemblées de l’Unesco, des bureaux de l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) à Dakar aux pupitres des conférences internationales, des correspondances échangées de par le monde aux audiences accordées dans sa résidence d’Abidjan jusqu’à la fin de sa vie en 1991, Amadou Hampâté Bâ a connu une destinée exceptionnelle dont son œuvre porte la trace.

Il s’est saisi de tous les genres littéraires : contes et légendes, bien sûr, mais aussi récits aux accents romanesques, poèmes, essais, livres pour enfants et, publiés juste après sa mort, deux volumes de mémoires, Amkoullel l’enfant peul et Oui, mon Commandant. Profondément attaché à sa culture traditionnelle comme à sa religion, il a fait de l’une et de l’autre une lecture tolérante, à l’écoute de l’Autre.

Nourri de citations puisées dans l’œuvre de l’écrivain et sur une trame resituant l’auteur dans le contexte géopolitique, ce spectacle met en lumière cette personnalité remarquable et son œuvre accessible, d’une grande sagesse, teintée d’humour et d’un extraordinaire sens de la formule qui s’avère aujourd’hui d’une urgente et immédiate actualité.

Le Fabuleux destin d’Amadou Hampâté Bâ comme tous les spectacles du cycle théâtral Écrivains d’Afrique et des Caraïbes : portraits en scène, s’adresse à une très grande diversité de publics : les amateurs de théâtre, de littérature ou, plus spécifiquement, de l’auteur sujet de la pièce ; les néophytes curieux ; les publics scolaires pour qui il constitue un bon outil d’approche de la littérature. Calibré dans son format (2 interprètes, scénographie et technique légères) et dans sa durée (autour d’une heure), le spectacle peut être présenté en (presque) tout lieu : les théâtres ; les centres culturels et socio-culturels ; les médiathèques disposant d’un auditorium ; les établissements scolaires ou universitaires disposant d’un espace adapté ; etc. Et en tout territoire : aires urbaines, périurbaines et rurales.

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NOTE D’INTENTION | L’ÉCRITURE

« En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ». Une phrase. La phrase ! Souvent citée, reprise, parfois tronquée ou attribuée à « la tradition », à « l’oralité »... Pourtant, c’est bien Amadou Hampâté Bâ qui l’a prononcée à l’Unesco en 1960 et dont il a donné, à plusieurs reprises, lecture et interprétation.

Amadou Hampâté Bâ n’a cessé de s’adresser au plus grand nombre. Les multiples variantes de ses contes en attestent, de la version savante à la traduction littérale et à la version aménagée pour les jeunes lecteurs, une même volonté de transmettre, de partager.

Profondément attaché à sa culture traditionnelle, comme à sa religion, il a fait de l’une et de l’autre une lecture ouverte, tolérante, à l’écoute de l’autre. Il s’est saisi de tous les genres littéraires : contes et légendes, bien sûr, mais aussi récit aux accents romanesques (L’étrange destin de Wangrin), poèmes (en langue peule en particulier), essais (Jésus vu par un Musulman), livres pour enfants et, enfin, publiés juste après sa mort, ses deux volumes de mémoires, Amkoullel l’enfant peul et Oui mon Commandant.

Dans cette œuvre, l’historien apporte la rigueur, l’homme manie l’humour, le conteur sait trouver l’équilibre subtil pour se jouer des contraintes de l’écrit sans perdre les élans et les libertés de la langue orale. Ses livres, accessibles et parsemés d’anecdotes et de maximes savoureuses, dispensent, sans jamais le laisser paraître et en se préservant de tout didactisme pesant, une authentique leçon de vie. Ils recèlent aussi, et ce n’est pas le moindre de leurs attraits, des propos d’une urgente et immédiate actualité.C’est donc de ce fabuleux destin d’un homme et d’un artiste immense que j’espère rendre compte à travers le texte que je lui dédierai.

Bernard Magnier

NOTE D’INTENTION | LA MISE EN SCÈNE

En voulant mettre en scène Le Fabuleux destin d’Amadou Hampaté Bâ, la question qui m’est venue tout de suite est : comment parler au théâtre d’un homme aux multiples vies pendant 1h15 ? Après une longue réflexion, comme le texte de Bernard Magnier le permet, j’ai décidé d’utiliser la technique de l’acteur pour y parvenir. Le faisant passer de l’incarnation des personnages du récit au conteur qui fait avancer l’histoire.

Pour cette pièce, j’ai choisi de travailler avec le grand acteur et conteur malien Habib Dembélé, qui a lui-même connu et côtoyé Amadou Hampâté Bâ. Il sera accompagné par Tom Diakité, musicien et chanteur multi-instrumentiste (collaborateur de Manu Dibango, Touré Kunda, Salif Keïta, Mory Kanté...) qui, par sa musique, nous fera voyager à travers différentes sonorités des musiques de l’Afrique de l’Ouest. Cet univers sonore aidera à matérialiser les régions parcourues par Hampâté Bâ.

Des contes, des citations et des proverbes que Bernard a intégrés au texte seront interprétés tout au long de la pièce afin de donner à voir et à entendre un échantillon de l’immense œuvre d’Hampaté Bâ.

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L’homme nous apparaîtra probablement à travers des documents sonores ou audiovisuels qui viendront émailler les moments de jeu, de musique, de chant...Nous aurons un décor léger ; certes, parce que c’est la contrainte pour que le spectacle se joue en tout endroit, mais aussi parce que l’essentiel doit être le texte et le jeu. Le sol sera de couleur rouge, de ce rouge terre des pays du Sahel. Peut-être y en aura-t-il deux versions : un sol en terre ou un autre matériau pour les représentations dans les théâtres et un tapis lorsqu’il s’agira de voyager léger. Deux bancs et un écran pour les projections complèteront l’espace de jeu. La lumière sobre matérialisera les moments de la journée.

Le spectacle sera comme un voyage, plein d’humour et de sagesse. J’espère qu’il donnera envie de connaître d’avantage ce grand homme et son œuvre.

Hassane Kassi Kouyaté

Bernard Magnier I AuteurJournaliste, il collabore à diverses revues et radios et dirige la collection « Lettres africaines » aux Éditions Actes Sud. Programmateur du festival Littératures métisses à Angoulême, il est depuis 2005 conseiller littéraire pour Le Tarmac - La scène internationale francophone à Paris. Il a notamment publié : L’Afrique noire en poésie (Gallimard-Folio Junior, 1986), Poésie d’Afrique au sud du Sahara (Unesco / Actes Sud, 1995), Anthologie de 200 poètes, J’écris comme je vis (La Passe du vent, 2000 / Boréal), Entretien avec Dany Laferrière, La Poésie africaine (Mango, 2005), Anthologie illustrée pour jeunes lecteurs, Renaissances africaines (Bozar books/Bruxelles, 2010), 30 textes inédits d’écrivains africains sur le thème des indépendances, Panorama des littératures francophones d’Afrique, 250 chroniques de livres et 140 biographies.

Hassane Kassi Kouyaté I metteur en scèneNé au Burkina Faso d’une famille de griots, Hassane Kassi Kouyaté est conteur, comédien, musicien, danseur et metteur en scène. Son apprentissage est traditionnel. Il joue d’abord dans plusieurs compagnies africaines avant d’aborder le théâtre européen.

Directeur artistique de la compagnie Deux Temps Trois Mouvements à Paris, il a mis en scène une vingtaine de spectacles dont Kouta d’après la trilogie de Massa Makan Diabaté, Le Decameron de Léo Frobenus, L’Étrangère de Caya Makhélé, L’Affaire de l’esclave Furcy d’après l’œuvre de Mohammed Aïssaoui (Le Tarmac à Paris), The Island d’Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona, La farce de Maître Pathelin de François Villon (La Comédie de Saint Étienne – artiste associé 2010-2011), Une nuit en palabre de D’ de Kabal, Une Iliade de René Zahnd, Maître Harold d’Athol Fugard, Colonel Barbaque de Laurent Gaudé, Paysage sur fond de Merengue, En attendant Godot de Samuel Beckett, Abribus de Laurent Van Wetter, Le Papalagui, Les Mouches de Jean-Paul Sartre, La Noce chez les Petits Bourgeois de Bertolt Brecht, Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi (Le Tarmac), Quatre heure du matin d’Ernest J. Gaines, Le But de Roberto Carlos de Michel Simonot.

En tant que comédien, il a également participé à différentes créations notamment en France, en Italie, en Suisse, en Allemagne, à La Réunion, et au Sénégal : Bab et Sane mise en scène Jean-Yves Ruf, Monné et Sozaboy mises en scène Stéphanie Loïk, Mokhor mise en scène Philippe Morand, Le Pont mise en scène Sotigui Kouyaté, Le Costume mise en scène Peter Brook, Le Ventriloque de Larry Tremblay, Le Lien du sang de Athol Fugard...

En novembre 2014, il est nommé directeur de l’établissement public de coopération culturelle réunissant le centre martiniquais d’action culturelle et le centre culturel départemental Atrium. Cette structure, renommée Tropiques Atrium, reçoit en 2015 le label Scène nationale.

BIOGRAPHIES

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vendredi 6 > samedi 7 avril 2018vendredi à 20hsamedi à 16h

Danseur, chorégraphe | Qudus Onikeku

Vidéo | Isaac LarteyMusique | Fela Kuti revisitée par Charles Amblard

Durée 50 min

PRODUCTION | COMPAGNIE YK PROJECTS / QUDUS ONIKEKUCOPRODUCTION | FONDATION ZINSOUAVEC LE SOUTIEN | D’ARCADI ÎLE-DE-FRANCE , DE L’ONDA - OFFICE NATIONAL DE DIFFUSION ARTISTIQUE

AFRICAMAN ORIGINAL NIgeria

EN ÉCHO SAMEDI 7 AVRIL 2018, À PARTIR DE 16H TRANSVERSANTES AUTOUR DU SPECTACLE AFRICAMAN ORIGINALRencontres et événements aux intersections entre performance, politique et poétique (programmation en cours).

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Qudus Onikeku est un artiste aux multiples talents. Né à Lagos au Nigeria, il offre un spectacle à l’image de cette ville et de ce pays, tour à tour inattendu, pluriel, furieux, inspiré et à chaque fois à l’écoute des lieux et des publics rencontrés. Il cause (c’est une conférence dansée) en français, il chante, il danse, accompagné d’une création vidéo travaillée par Isaac Lartey, sur des musiques « piratées » du saxophoniste et chanteur Fela Kuti…

Africaman Original est un mélange audacieux et pertinent des rythmes de l’afrobeat avec des images d’archives, aussi étonnantes que diverses, et, en surimpression vivante, une gestuelle dont le vocabulaire semble emprunter tantôt aux danses traditionnelles, tantôt à la capoeira brésilienne, tantôt au hip-hop urbain ou bien encore à l’acrobatie circassienne.

Tour à tour conférencier et acrobate, chanteur et bateleur, danseur et professeur, Qudus Onikeku offre un spectacle qui porte bien son titre et surtout son épithète, tant il défie les genres dans son geste chorégraphié qui se joue des âges et des géographies.

Un spectacle comme une invitation au voyage. Comme une invitation à danser.

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NOTE D’INTENTION

Après avoir créé de façon continue des pièces durant ces sept dernières années, je suis arrivé à un moment de ma vie où j’avais besoin de dire stop à un mécanisme que l’on peut appeler « le marché du spectacle vivant et sa gourmandise spectaculaire ». Un marché où, finalement, le spectaculaire et le spectacle lui-même deviennent plus importants que la personnalité et la singularité de l’artiste qui a pourtant tant de nouvelles choses à dire, à exprimer et à comprendre. Les éléments ajoutés, comme la technique, la lumière, la scénographie, la production enferment et étouffent, petit à petit, l’art dans une gangue...

Aussi, en 2014, après notre création pour le Festival d’Avignon 2013, j’ai finalement décidé de tout arrêter et de retourner dans mon pays d’origine, le Nigeria.

Là-bas, j’ai eu l’envie de faire une création sobre, débarrassée de toute contrainte inutile, sans coproduction, sans technique, juste moi, mon corps et un propos simple et flexible selon les moments. C’est ainsi que je suis arrivé à la création de cette forme inclassable, qui s’apparente en fait à une « conférence ».

Cette pièce est un clin d’œil, et non une pièce sur Fela Kuti. Le propos est d’examiner une esthétique propre à l’Afrique qui soit en même temps universelle, une esthétique qui ait un point de repère autre que l’Occident. C’est pourquoi, comme pour la chorégraphie et la production, il été nécessaire de proposer une forme sans contrainte, au sein de laquelle le fonds prend le pas sur la forme.

Fela est pour moi un héros de mon enfance. À l’âge de huit ans, c’est sa musique qui m’a interpelé pour la première fois. Fela m’a éveillé comme personne ne l’avait fait auparavant. Cinq ans plus tard, quand j’ai commencé à pratiquer la danse, j’ai tout de suite compris que si je devais devenir artiste, il n’y aurait pas, dans mon parcours artistique, d’autre repère que Fela Kuti auquel me référer. La musique de Fela et le monde qu’il a rêvé sont toujours parfaitement d’actualité. Il a inspiré tant d’artistes, et pas seulement des musiciens... Je dirais même qu’un artiste africain contemporain qui ne comprendrait pas la musique de Fela, son univers artistique et le futur qu’il a imaginé, n’aurait pas compris grand-chose à la vie.

Qudus Onikeku

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QUDUS ONIKEKU

Qudus Onikeku nait à Lagos en 1984 où il grandit. Il est diplômé du Centre national des arts du cirque en 2009. Son parcours est influencé par les danses traditionnelles nigériannes, le hip hop, la capoeira, les vocabulaires contemporains et acrobatiques. Dans le même temps, il est attiré par la culture Yoruba et d’autres influences qui tissent des questionnements sur la tragédie humaine.

Depuis plus de dix ans, il évolue sur la scène chorégraphique internationale, et est connu en Europe, en Afrique, aux États-Unis et dans les Caraïbes pour ses pièces solos et ses projets de recherche. Il a participé en tant qu’interprète aux travaux de chorégraphes comme Heddy Maalem, Sidi Larbi Cherkaoui, Christophe Abdul Onibasa, George Lavaudant, Jean-Claude Gallota, Mouise Touré et Boris Charmatz.

Il a dirigé et produit un projet alternatif de danse itinérante en Afrique, aboutissant au film documentaire Do We Need Coca Cola to Dance ?. Qudus est élu danseur de l’année par le Future Awards (Nigéria). En octobre 2010, il gagne le premier prix solo au concours « Danse l’Afrique danse » à Bamako avec sa création My Exile is in my Head. En juillet 2011, il est invité avec Damien Jalet à présenter sa création intitulée STILL / life lors des Sujets à vif, au Festival d’Avignon en coproduction avec la SACD. En décembre 2011, il est invité pour une carte blanche au festival Torino Danza, où il présente une première étape de travail de QADDISH. En mai 2012, Qudus est invité au festival La voix est libre à présenter un duo avec l’auteur/metteur en scène congolais Dieudonné Niangouna. Il obtient le prix de nouveau talent chorégraphique de la SACD en juin 2012. Il est artiste associé de la Maison de la danse de Lyon pour le réseau MODUL DANCE, jusqu’en 2014.

Il a été nommé Visiting Professor à l’Université de Californie-Davis (États-Unis). Depuis 2014, Qudus partage son temps entre Paris et Lagos (Nigéria) où il développe des projets divers tel que le QDanceCenter à Lagos. Il crée en 2015 une conférence dansée intitulée Africaman Original pour le festival Dansons Maintenant, à Cotonou. En 2016, il crée une pièce pour 8 danseurs et 1 comédienne-conteuse : We almost forgot, qui«  interroge notre mémoire charnelle et la façon dont nos corps s’expriment en gardant le souvenir des traumatismes passés que l’on s’est efforcé d’oublier ».

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jeudi 12 > vendredi 13 avril 2018à 20h

Texte | Hakim BahDirection artistique, mise en scène | Guy Theunissen

Interprétation | Ousmane Bangoura

Assistanat à la mise en scène | Fatoumata SagnaneScénographie, costumes | Michel SuppesDJ live, création sonore | Tanguy Haesevoets alias « Témé Tan »Création vidéo | Grégory Hiétin

Durée 1h20

COPRODUCTION | LA MAISON EPHÉMÈRE, COMPAGNIE THÉÂTRALE - BELGIQUE, LA COMPAGNIE ZONE DE TURBULENCE - GUINÉE, CENTRE CULTUREL FRANCO-GUINÉENPARTENARIAT | LA VÉNERIE - CENTRE CULTUREL DE WATERMAEL-BOITSFORTSOUTIENS | COMMISSION INTERNATIONALE DU THÉÂTRE FRANCOPHONE (CITF), ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE (OIF), WBI, THÉÂTRE DE FOLLE PENSÉE - FRANCE

LA MAISON EPHÉMÈRE, COMPAGNIE THÉÂTRALE EST SOUTENUE PAR LA FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES – SERVICE DU THÉÂTRE, LA RÉGION WALLONNE – MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DE L’EMPLOI, LA PROVINCE DU BRABANT WALLON. ELLE EST EN RÉSIDENCE ADMINISTRATIVE AU THÉÂTRE LES TANNEURS – BRUXELLES.

UN CADAVRE DANS L’ŒIL Guinée | Belgique

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En Guinée, à Conakry, le pont du 8 novembre est un lieu de sinistre mémoire, comme le camp Boiro qui lui est associé. Un pont chargé de souffrance. Un lieu chargé de morts, le « pont des pendus ».

Le jeune dramaturge guinéen Hakim Bah conte une histoire vraie, celle de Dani qui est né et a grandi en prison où ses parents étaient internés sans savoir pourquoi. La mère, une « beauté d’ange couleur café au lait plutôt bien façonnée », avait épousé un jeune métis français… Il n’en fallait pas plus pour être interné, torturé, exécuté sous la dictature de Sékou Touré.

Dani, qui a vu son père pour la première et la dernière fois au bout d’une corde, sous le pont des pendus, est l’unique personnage de la pièce. Il livre sa propre histoire, dans une langue blessée, meurtrie, un « cadavre dans l’œil », dans la gorge, dans les mots.

Dans sa mise en scène, Guy Theunissen prend le texte à bras les mots, lui offre un surcroît de vie et d’émotion avec des photos de famille, des documents d’archives, quelques pas de danse esquissés et la présence complice du musicien Témé Tan, bien connu de la scène électro-pop.

Aujourd’hui, le pont des pendus a été détruit pour faire place à un échangeur. Oublié dans les lourds silences de l’histoire. Par ce texte, Hakim Bah a souhaité écrire « les traces des cordes de ce pont ».

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Un jour de novembre 2012, le matin, il fait chaud déjà. Les organisateurs du Festival des Récréâtrales à Ouagadougou décident de mettre sur pied un speed dating entre les participants désireux de se rencontrer. Un jeune homme s’approche de moi, une serviette sous le bras, lunettes d’intellectuel, compromis physique entre Lumumba et Spike Lee. Il attaque bille en tête :

Et c’est comme ça que je me lance dans la lecture du Cadavre dans l’œil, que j’avale d’une traite. Plus tard, j’en apprends un peu plus. Ce projet d’écriture est né de la rencontre avec un homme. Cet homme est né dans un camp de détention dans les années 70 sous la dictature de Sékou Touré. Plus de 5000 prisonniers y sont morts. Son père y fut interné, un peu plus tard, sa mère aussi, pour des raisons qu’elle n’a jamais comprises. Durant leur détention, lui et sa mère ont pu sortir une seule fois. C’était pour assister à la pendaison du mari et père.

MÉMOIRE

Il y a quelques années déjà, j’avais commencé à travailler ce sujet avec Papier d’Arménie de Caroline Safarian : comment vivre avec ces morts qui, à travers le temps, nous regardent et nous interdisent d’oublier ?

C’est encore ce sujet qui m’intéresse ici. Car il ne faut pas être Guinéen pour comprendre, pour partager la douleur du personnage de Dany. Il nous touche car tous, nous avons ou nous avons eu un père. Ceux qui, comme moi, ne l’ont plus, connaissent l’absence, connaissent le manque. Ils savent que perdre un père, c’est perdre l’enfance, quel que soit notre âge. C’est entrer brutalement dans l’âge adulte. Ce n’est pas uniquement la dictature de Sekou Touré qui m’intéresse ici, mais bien ce mort-là et le désir – le devoir peut-être – que j’ai de remettre le père de Dany à sa place dans l’Histoire. Cette Histoire dont tous, nous faisons partie.Car je suis persuadé, et c’était d’ailleurs mon propos lorsque, récemment, j’ai mis en scène avec Brigitte Baillieux, Celui qui se moque du crocodile n’a pas traversé la rivière (2012) et Georges Dandin in Afrika (2012), que la reconnaissance de l’Autre passe par la reconnaissance de sa mémoire. Elle est indispensable même si elle est douloureuse, cette mémoire. Même si parfois, elle sépare ceux d’ici et ceux de là-bas, cette mémoire : celle de l’esclavage d’abord, de la colonisation ensuite et de la néo-colonisation enfin.Ce questionnement, devenu évident pour moi, s’est nourri des rencontres, des frottements, des éclats et des embrassades qui ont jalonné depuis plus de 14 ans mon parcours d’artiste et de citoyen en Afrique sub-saharienne. Il m’a permis de franchir une rivière en me laissant porter par un courant qui m’emmène toujours un peu plus loin et le plus souvent, du bon côté.

Les artistes qui participeront à ce spectacle et, bien sûr, les protagonistes de cette histoire ont un lien direct et intime avec la réalité historique de la Guinée Conakry et particulièrement avec l’histoire du Camp Boiro. Ce lien, je veux le rendre visible à travers ma mise en scène, à travers la création sonore et vidéo. Ce réel et cette intimité tiendront une place dramaturgique capitale dans ce projet.

Guy Theunissen

NOTES D’INTENTION

Hakim – Je suis très intéressé par ce que vous avez dit hier lors du débat : la question de la mémoire. J’ai écrit une pièce là-dessus, vous pourriez la lire ?Guy– Heu oui, pourquoi pas ? Ça parle de quoi ?Hakim – C’est l’histoire d’un pont qui ... Ou plutôt, c’est l’histoire d’un homme que j’ai rencontré. Son père a été pendu à ce pont comme beaucoup d’autres avant lui, et beaucoup d’autres après. Sekou Touré, vous connaissez ?Guy – C’est lui qui a dit « Merde » à de Gaulle ?!?Hakim – Oui c’est ça. J’habite à Conakry et ce pont, ils l’ont détruit... pour construire un grand échangeur. Et l’histoire de ce pont, tout le monde s’en moque. Alors moi, j’ai écrit l’histoire de cet homme dont le père a été pendu. Et j’ai écrit les traces des cordes sur ce pont.

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GUY THEUNISSEN

Licencié en psychologie sociale à l’université de Liège, il se forme à l’art dramatique au Conservatoire de Liège. L’essentiel de sa formation passera par des ateliers internationaux. À partir de 1988, il crée sa compagnie et entame une carrière d’acteur d’abord, de metteur en scène ensuite.En 2002, une rencontre décisive avec des acteurs congolais récemment sortis de la guerre, va orienter son travail de création vers la mise en scène de spectacles qui mélangent acteurs belges et africains. Il intégrera théâtre et musique dans sa mise en scène du spectacle international Le Collier d’Hélène de Carole Fréchette. Depuis, il développe une éthique de coproduction entre la Maison éphémère et des institutions ou compagnies africaines. C’est dans ce cadre que se crée La Résistante de Pietro Pizzuti en coproduction avec la compagnie camerounaise Annoora et que cette pièce part en tournée africaine (Togo, Mali, Bénin et Burkina) en avril 2007. Riche d’une expérience artistique à l’étranger, il développe un travail d’écriture avec des artistes camerounais pour Celui qui se moque du Crocodile, n’a pas traversé la rivière. Fruit d’une coproduction internationale, cette pièce a été créée à Ouagadougou durant la saison 2010-2011.En 2003-2004, il co-réalise Yalla, un documentaire qui retrace l’aventure de la création du Collier d’Hélène au Sénégal. En 2007, à l’invitation du Théâtre Le Public-Bruxelles, il écrit et met en scène Au doigt et à l’œil. Mêlant théâtre, musique et chorégraphie, cette pièce pour deux comédiens rencontrera un vif succès auprès du public et de la presse.Aujourd’hui, il poursuit sa carrière en privilégiant les auteurs vivants et plus particulièrement les auteurs belges. En novembre 2011, il crée Dandin in Afrika d’après Molière, une nouvelle pièce dont il a signé l’adaptation et assuré la co-mise en scène avec Brigitte Baillieux au Théâtre Le Public à Bruxelles.

HAKIM BAH

Né en 1987 à Mamou (Guinée-Conakry), Hakim Bah est licencié en informatique et auteur de pièces de théâtre, nouvelles et poésies. Ses textes, Le Cadavre dans l’œil et Sur la pelouse, publiés par Emile Lansman dans la collection Tarmac 2013, ont très vite rencontré l’intérêt des metteurs en scène européens et africains. Répondant parfois à des commandes et participant souvent à des résidences d’écriture, Hakim Bah est un jeune auteur au talent prometteur. Le poème Tend leur la main a été lauréat national 2008 du concours scénarios d’Afrique, et le texte Sur la pelouse lauréat du comité de lecture de la Comédie de l’Est à Colmar (France). Il sera en résidence au Tarmac, dans le cadre du Quartier des auteurs, de février à novembre 2018.

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SAISON 2017 | 2018

DANSE | 11 > 14 OCT. 2017NÉANT - RE-CRÉATIONDAVE ST-PIERRE

THÉÂTRE | 17 > 20 OCT. 2017MACHIN LA HERNIESONY LABOU TANSI | JEAN-PAUL DELORE |DIEUDONNÉ NIANGOUNA

THÉÂTRE | 15 > 16 NOV. 2017GONZOO PORNODRAME - CRÉATIONRIAD GAHMI | JULIEN MOREAU

DANSE | 22 > 25 NOV. 2017NARCOSEAÏCHA M’BAREK | HAFIZ DHAOU

THÉÂTRE | 28 NOV. > 2 DÉC. 2017AVANT LA RÉVOLUTIONAHMED EL ATTAR

MUSIQUE | 7 DÉC. 2017CELUI QUI TRANSPORTE LES ŒUFS NE SE BAGARRE PAS - CRÉATIONROBERTO NEGRO | VALENTIN CECCALDI | MARCEL BALBONÉ | BART MARISavec le festival Africolor

THÉÂTRE D’OBJET | 18 > 22 DÉC. 2017GÉOLOGIE D’UNE FABLEAURÉLIEN ZOUKI | ÉRIC DENIAUDspectacle jeune public

DANSE | 16 > 19 JAN. 2018KALAKUTA REPUBLIKSERGE AIMÉ COULIBALY

THÉÂTRE | 29 JAN. > 2 FÉV. 2018ARTHUR ET IBRAHIM - CRÉATIONAMINE ADJINA spectacle jeune public

DANSE | 6 >16 FÉV. 2018NEGOTIATIONOLÉ KHAMCHANLA | PICHET KLUNCHUN

DANSE - THÉÂTRE | 14 > 18 MAI 2018ALIX AU PAYS DES POUBELLESMARIA CLARA VILLA LOBOS spectacle jeune public

THÉÂTRE | 23 MAI > 1ER JUIN 2018ROCK TRADING MARIELLE PINSARD

TRAVERSÉES AFRICAINES6 MARS > 13 AVRIL 2018

THÉÂTRE | 6 > 9 MAR. 2018LE CRI DU ZÈBRE - CRÉATIONOUSMANE BAMOGO | GILLES OSTROWSKY | THIERRY ROISIN

THÉÂTRE | 14 > 16 MAR. 2018DÉLESTAGEDAVID-MINOR ILUNGA | ROLAND MAHAUDEN

THÉÂTRE - MUSIQUE | 20 > 21 MAR. 2018PARFOIS LE VIDERAHARIMANANA

DANSE | 23 > 24 MAR. 2018PEUBLÉTO (RÊVES ET RÉALITÉS)BIENVENUE BAZIÉ | AUGUSTE OUÉDRAOGO

THÉÂTRE | 27 > 30 MAR. 2018TRAM 83FISTON MWANZA MUJILA | JULIE KRETZSCHMAR

THÉÂTRE | 3 > 13 AVR. 2018LE FABULEUX DESTIN D’AMADOU HAMPÂTÉ BÂBERNARD MAGNIER | HASSANE KASSI KOUYATÉ

DANSE | 6 > 7 AVR. 2018AFRICAMAN ORIGINALQUDUS ONIKEKU

THÉÂTRE | 12 > 13 AVR. 2018UN CADAVRE DANS L’ŒILHAKIM BAH | GUY THEUNISSEN

OUTRE MER VEILLEAVEC TROPIQUES ATRIUM,LA SCÈNE NATIONALE DE MARTINIQUE

THÉÂTRE | 6 > 8 JUIN 2018MON AMI N’AIME PAS LA PLUIEPAUL FRANCESCONI | FARGASS ASSANDÉ | ODILE SANKARA+THÉÂTRE | 11 > 12 JUIN 2018UN DIMANCHE AU CACHOTPATRICK CHAMOISEAU | SERGE TRANVOUEZ+MUSIQUE | 14 > 15 JUIN 2018ET PARFOIS LA FLEUR EST UN COUTEAUCRÉATIONMÉLISSA LAVEAUX | PIERRE-VINCENT CHAPUS