Crowdsourcing, concept ou réalité ?

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Projet de système d'information Le crowdsourcing, quels enjeux pour les entreprises ? Master management des systèmes d'information IAE Grenoble 2007-2008 Le Crowdsourcing Analyse et définition Jacques Blanc Julien Canard Maxime Carrara Miao Cheng Sébastien Delorme Valérian Reynaud

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Projet de système d'information Le crowdsourcing, quels enjeux pour les entreprises ?

Master management des systèmes d'information

IAE Grenoble 2007-2008

Le Crowdsourcing

Analyse et définition

Jacques Blanc Julien Canard

Maxime Carrara Miao Cheng

Sébastien Delorme Valérian Reynaud

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Sommaire

1 . Introduction ............................................................... 3

2 . Crowdsourcing : état de l'art ........................................... 6

2.1. Contexte et naissance du terme ........................... 6

2.2. Une part d'open source ...................................... 7

2.3. Une part d'open innovation ................................. 9

2.4. Où situer le crowdsourcing ? .............................. 10

3 . Crowdsourcing : grille d'analyse ..................................... 11

3.1. Les critères d'analyse ...................................... 11

Critère 1 : Internet, Web, Web 2.0 .............................. 11

Critère 2 : Entreprise et business model ....................... 12

Critère 3: Communauté de partage ............................. 13

Critère 4: Grand public / Spécialistes .......................... 17

Critère 5: Produits immatériels .................................. 18

Critère 6: Rémunération des acteurs (contributeurs, bénéficiaires) ........................................................ 20

3.2. Application de la grille d'analyse ......................... 26

4 . Domaines stratégiques ................................................. 29

4.1 . Gestion de la communauté .................................. 29

4.2 . Gestion de la rémunération ................................. 30

4.3 . Gestion de la propriété intellectuelle ..................... 31

4.4 . Gestion du modèle de travail ............................... 34

4.5 . Business Model propre au Crowdsourcing ................. 35

5 . Le crowdsourcing au service des entreprises ...................... 37

6 . Bibliographie et webographie ........................................ 39

7 . Annexes .................................................................. 41

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1. Introduction

Remontons quelques années en arrière, lors de l'avènement du Web. Ce nouveau média, alors synonyme d'incroyables possibilités et de réussites rapides, attire de nombreux jeunes entrepreneurs qui se lancent à la recherche du profit. En 2001, ils devront faire face à l'explosion de la bulle Internet, combien d'entre eux essuieront un échec, combien de start-up fermeront leurs portes aussi rapidement qu'elles se sont créées ? Modèles économiques fragiles, voire inexistants, manque d'expérience et de recul, quoiqu'il en soit cet événement allait marquer de profonds changements pour le Web. La situation est aujourd'hui bien différente, les technologies ont évoluées, elles tendent à se standardiser, plus d'un milliard de personnes utilisent Internet dans le monde

1. Les

entreprises qui ont traversé l'éclatement de la bulle Internet sont entrées dans une phase certaine de maturation.

Le Web n'est plus un simple média de communication mais il tend à devenir une plate-forme où peuvent interagir différents acteurs. Partant du constat qu'une nouvelle ère du Web était née, Tim O'Reilly

2, lors d'une conférence en 2005,

imagine une nouvelle expression « Web 2.0 » qui souligne un changement avec le précédent Web que l'on pourrait appeler « Web 1.0 ».

1 1 810 000 personnes utilisent Internet au moins une fois par an (source: janvier

2007, eMarketer, données de l'International Télécommunications Union, base de données de l'US Census Bureau).

2 Tim O'Reilly est le fondateur d'O'Reilly Media, société d'édition américaine spécialisée dans l'informatique. Il a été l'un des initiateurs du premier sommet de l'Open Source.

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Il est difficile de donner une définition précise à ce terme, il s'agit davantage d'un concept qui souligne les deux principales nouvelles tendances du Web, l'une technologique, l'autre sociale. Les techniques ont en effet évolué, les navigateurs deviennent plus puissants et les connexions plus rapides. Il est désormais possible de développer des services plus interactifs, plus ergonomiques, plus fluides. Ces évolutions technologiques représentent surtout un support au développement de la seconde tendance qui semble être celle la plus caractéristique des changements observés aujourd'hui, une tendance sociale centrée sur l'utilisateur. Désormais l'internaute n'est plus un simple visiteur, il devient un acteur à part entière sur le Web. De façon individuelle ou intégré au sein de communautés, l'internaute participe à l'évolution de services, à la rédaction de contenus, à la notation de produits... Les services en ligne en vogue illustrent bien cette tendance, les réseaux sociaux en ligne ne se comptent plus et certains d'entre eux comme MySpace ou Facebook rencontrent d'incroyables succès

3.

Dans cette tendance de services Web 2.0, de nombreuses entreprises se mettent à imaginer ou à adapter sur le Web des modèles économiques intégrant l'internaute comme un nouvel acteur autre que le client final. De nouveaux termes font alors leurs apparitions afin de pouvoir distinguer des modèles communs derrière ces nouveaux concepts. Jeff Howe, fut le premier à faire mention du terme « crowdsourcing » dans un article paru dans la revue Wired

4 en

juin 20065. S'approchant, par certains aspects, de l'open source

ou de l'open innovation, que nous définirons plus précisément

3 Plus de 69 millions de visiteurs uniques et 67 milliards de pages vues pour

MySpace, plus de 26 millions de visiteurs uniques et 15 milliards de pages vues pour FaceBook (source: Compete, mesure d'audience et de trafic, août 2007).

4 Wired Magazine est une revue américaine traitant de l'incidence de la technologie sur l'économie, la politique et la culture.

5 Premier article paru dans Wired Magazine à propos du crowdsourcing : The Rise of Crowdsourcing (www.wired.com/wired/archive/14.06/crowds.html).

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dans la suite de ce document, le crowdsourcing semble renfermer un concept différent, plus précis. La traduction littéraire du terme, « approvisionnement par la foule », ne reflète pas l'ensemble des critères qui composent le crowdsourcing. Jeff Howe définit lui-même ce concept comme « the act of taking a job traditionally performed by a designated agent (usually an employee) and outsourcing it to an undefined, generally large group of people in the form of an open call »

6. Il illustre ses propos en citant plusieurs exemples

dont celui du site iStockPhoto qui met à disposition, à faible coût, un grand ensemble de photographies en provenance d'une communauté composée de divers contributeurs amateurs comme professionnels

7.

6 Traduction : Le fait de prendre un travail habituellement réalisé par un agent

désigné (généralement un employé) et de l'externaliser à un groupe important de personnes sous la forme d'un appel ouvert à contribution.

7 iStockPhoto est une plateforme Web d'achat de photographies sous licence. Des contributeurs amateurs ou professionnels mettent à disposition des photographies aux visiteurs. Chaque photographie peut être achetée, permettant ainsi de rémunérer l'entreprise qui gère iStockPhoto ainsi que les photographes concernés par les téléchargements.

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2. Crowdsourcing : état de l'art

2.1. Contexte et naissance du terme

Lorsque que Jeff Howe mentionne pour la première fois le concept de crowdsourcing dans son article intitulé « The rise of crowdsourcing », il illustre ses idées en évoquant différentes entreprises créées récemment sur la toile comme iStockPhoto ou Innocentive, un service en ligne qui regroupe plus de 135 000 personnes de 175 pays

8 qui répondent à des problématiques de

recherche et développement lancées par des entreprises privées.

Revenons-en à iStockPhoto et présentons cette entreprise ainsi que les acteurs qui y gravitent. iStockPhoto est une plate-forme en ligne d'achat de photographies. Jeff Howe raconte l'anecdote de Claudia Menashe, elle contacte un photographe car elle est à la recherche d'une série de clichés pour illustrer une exposition qu'elle organise sur le thème de la santé. Mark Harmel, photographe professionnel, lui fait une proposition avec une ristourne (entre 100$ et 150$ une photographie) mais la somme reste trop importante pour Claudia qui préfère réfléchir. Quelques semaines plus tard, celle-ci contacte le photographe pour lui annoncer qu'elle a pu trouver une centaine de photographies à 1$ l'unité sur un site Web dénommé iStockPhoto. Cette entreprise propose aux photographes, professionnels mais surtout amateurs, de mettre en vente leurs créations. Les photographies sont vendues à très bas prix et les

8 Données officielles www.innocentive.com en janvier 2007

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contributeurs se voient attribués quelques centimes pour chaque photographie achetée par un visiteur du site. Ce système ne permet pas à un photographe professionnel de gagner suffisamment sa vie, mais il représente pour n'importe quel amateur, qui peut aujourd'hui s'équiper d'un appareil photographique haut de gamme pour un coût raisonnable, un excellent moyen pour arrondir ses fins de mois grâce à une passion ou un loisir. Les banques d'images en ligne basées sur ce modèle rencontrent un succès important, iStockPhoto possède une collection de près de 2 662 000 photos

9. En avril 2007, dans un

article publié par Les Echos10, Bruce Livingstone, PDG d'iStockPhoto annonce recevoir 35 000 clichés par semaine et avoir vendu 3,6 millions de photos sur le seul dernier trimestre 2006. Dans le même article, Fotolia, le principal concurrent d'iStockPhoto, basé sur un modèle similaire, annonce un chiffre d'affaires de 400 000 à 500 000 dollars par mois et près de deux millions d'euros de revenus en 2006. Jeff Howe souligne que ce phénomène d'utilisation de la foule existe depuis bien longtemps également dans le monde de l'informatique avec l'open source et dans le Web avec comme exemple le désormais célèbre projet d'encyclopédie collaborative Wikipedia. La question à se poser à ce niveau est de savoir ce qui distingue le crowdsourcing des wikis ou autres projets open source.

2.2. Une part d'open source

L'open source, comme son nom pourrait le faire deviner, ne signifie pas seulement « accès au code source ». Le terme de

9 Données officielles www.istockphoto.com en janvier 2007 10 Les Echos, article: Les photos de particuliers concurrencent les banques d'images

sur le Net (www.lesechos.fr/info/innovation/4567506.htm)

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distribution open source implique le respect de la licence qui lui est associée définissant 10 conditions à remplir pour une libre distribution

11.

Le terme d'open source est à différencier de celui de logiciel libre qui implique un autre mode de distribution et une autre philosophie du monde du logiciel. Les logiciels open source sont développés selon un mode de travail en commun et en ligne grâce à des plates formes de travail communautaire comme SourceForge ou GForce

12.

On parle de communauté open source pour l'ensemble des contributeurs au développement de ces logiciels liés par ce travail en commun. Chacun de ces contributeurs apporte sa touche de développement pour des projets logiciels de plus ou moins grande ampleur. Bien que l'on puisse penser qu'un tel fonctionnement mène à une désorganisation qui n'aboutisse jamais, ces méthodes de travail en commun donnent des résultats bien souvent satisfaisants

13. Aujourd'hui, la plupart de ces modes de

développement est gérée par un organisme ou une communauté structurée permettant une organisation correcte des contributions. Jeff Howe décrit parfois le crowdsourcing comme l'application des principes de l'open source à des domaines hors logiciels. Cependant, on retrouve dans l'open source une cohabitation assez hétérogène d'innovation, d'absence d'innovation, de business model, d'absence de business model, avec des notions de propriétés intellectuelles et des formats de licences différents.

11 Détail de la licence open source sur www.opensource.org/docs/osd. 12 SourceForce (www.sourceforge.net), Gforge (www.gforge.org). 13 Un exemple équivoque traduit d’Eric S. Raymond:

www.freescape.eu.org/biblio/article.php3?id_article=69

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Nous préfèrerons dans un premier temps la définition qui consiste à dire que le crowdsourcing est le fait de prendre un travail habituellement réalisé par un employé et de l'externaliser à un groupe important de personnes sous la forme d'un appel ouvert à contribution. On se rapproche alors d'un second concept : l'open innovation.

2.3. Une part d'open innovation

Si nous devions donner une définition de l'open innovation en quelques mots, nous pourrions dire que c'est l'utilisation de savoirs internes et externes pour accélérer l'innovation interne. Le paradigme open innovation peut être compris comme l'antithèse du traditionnel modèle d'intégration verticale où les activités internes de recherche et développement mènent à des produits développés en interne qui sont alors distribués par la société. Henry Chesbrough

14, auteur de « open innovation -

researching a new paradigm », ne dissocie pas l'open innovation d'un business model, au contraire, l'open innovation doit explicitement intégrer un business model qui sera la source à la fois de la valeur créée et de la valeur récupérée. Le business model utilise à la fois des idées internes et externes pour créer de la valeur et en même temps des mécanismes internes pour récupérer une partie de cette valeur. L'open innovation prévoit que les idées développées en interne peuvent être commercialisées à travers des réseaux externes, en dehors des activités actuelles de la société pour générer de la valeur ajoutée. En ce sens, nous distinguons également de grandes similitudes entre le crowdsourcing et l'open innovation.

14 Henry Chesbrough est professeur et directeur du centre pour l'open innovation à

l'Haas School of Business de l'université de Californie à Berkeley. Il est l'auteur de « open innovation - researching a new paradigm » publié en 2005.

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2.4. Où situer le crowdsourcing ?

Alors que Jeff Howe rapproche le crowdsourcing de l'open source, après quelques lectures, nous avons également trouvé de nombreux points communs entre l'open innovation et le crowdsourcing tel qu'il a été défini auparavant. Aujourd'hui nombreux sont les sites qui se considèrent ou qui sont considérés comme utilisateurs du concept de crowdsourcing sur le Web. Paradoxalement ils se présentent souvent sous des formes bien différentes avec des business models clairement établis, sans business model, on retrouve des « appels à la foule pour résoudre des problèmes de connaissance »

15 ou des formes plus

simple de collaboration en ligne sur des sujets divers et variés (productions photographiques, objets high-tech

16, ...).

Nous avons alors décidé de mettre en place une grille d'analyse qui permettra d'identifier les services conçus sur le modèle de crowdsourcing. Pour cela nous avons établi une liste de critères à partir de différentes lectures sur les modèles d'open source et d'open innovation. Nous avons également analysé différents sites Web qui se considéraient comme utilisant le crowdsourcing ou qui s'en approchaient (sans que le terme ne soit explicitement cité) pour faire ressortir certains critères communs qui s'appliquent au crowdsourcing. Sur cette base nous avons défini le crowdsourcing et identifié ses différentes variantes.

15 Extrait tiré de « Crowdsourcing et recherche », article d'un blog de rédacteur du

Monde (pisani.blog.lemonde.fr/2007/07/27/crowdsourcing-et-recherche) 16 Exemple, Crowdspirit (www.crowdspirit.com)

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3. Crowdsourcing : grille d'analyse

Cette démarche permet d'identifier les éléments caractérisant le crowdsourcing mais elle est également un moyen de modéliser le crowdsourcing et ses différentes variantes d'applications. La grille d'analyse permet enfin de mieux situer le crowdsourcing au milieu des concepts voisins d'open source et d'open innovation. Les critères suivants sont soit essentiels à tout modèle de crowdsourcing, soit ils permettent de différencier des variantes d'applications du modèle selon l'environnement ou le type de produit sur lequel porte la démarche. Nous détaillerons chacun de ces éléments dans la partie suivante.

Internet, Web, Web 2.0 Entreprise et Business Model Communauté de partage Grand public / Spécialistes

Produits immatériels Rémunération des acteurs (contributeurs, bénéficiaires)

3.1. Les critères d'analyse

Critère 1 : Internet, Web, Web 2.0

Internet, le Web et le Web 2.0 sont des composantes essentielles du crowdsourcing. Internet est le réseau informatique public mondial qui permet de délivrer des services comme le courrier électronique ou la messagerie instantanée. Le Web (World Wild Web) est lui-même une des applications

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d'Internet qui permet d'afficher dans un navigateur des pages, des images, des éléments multimédias, des liens hypertextes, ... Le Web est le support au développement du crowdsourcing, il est l'outil pour réunir la foule et faire interagir les participants. Le terme crowdsourcing est apparu à un moment où le Web 2.0 est très à la mode. Cette notion souligne une étape de l'évolution du web dont l'utilisateur et le partage d'information sont la clé. Ce web est notamment caractérisé par l'apparition de nouveaux matériels l'utilisant (pda, téléphones, ...) et l'apparition d'outils favorisant l'interaction entre les internautes (blogs, wiki, social networking, partage de photos et de vidéos, ...). Le tout s'est rapidement développé grâce à de nouvelles technologies qui permettent de créer des sites plus intuitifs, plus fluides et plus conviviaux. Les sites Web autrefois composés principalement de simples pages tendent à devenir de réelles applications. Le crowdsourcing se positionne comme étant une spécificité du Web 2.0. Le Web 2.0 est un pré-requis indispensable à tout modèle de crowdsourcing.

Critère 2 : Entreprise et business model

L’entreprise est un regroupement d'une ou plusieurs personnes dans une structure sociale présente dans un environnement économique, elle est généralement caractérisée par la présence d'un business model. Le business model est une façon de faire des affaires qui est décrite par deux éléments suivant

17 :

la proposition de valeur pour les clients le réseau de valeur

17 D'après les travaux de Voelpel et Al. (2004)

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L'entreprise cherche à fournir des biens et des services. Nous nous intéressons ici aux entreprises privées à but lucratif. Leur objectif principal est de générer du profit en vendant des services ou des produits aux prix permis par le marché tout en diminuant au maximum le coût des ressources pour les produire. Ce critère permet d'écarter du crowdsourcing les services et modèles non-lucratifs (comme Wikipedia) où le contexte de mise en place est différent et les motivations des contributeurs et bénéficiaires ne sont pas les mêmes que pour une structure à but lucratif. Nous avons également fait le choix d'appliquer ce critère comme pré-requis car nous souhaitons analyser les enjeux du crowdsourcing pour les entreprises et leurs business models.

Critère 3: Communauté de partage

Une communauté est un groupe de personnes ayant des similitudes communes, ils partagent un bien ou une ressource. C'est en ce sens que l'on parle de communauté de partage. Ce terme intègre un sens sociologique fort. On retrouve aujourd’hui par le biais d'internet des communautés informelles. Elles représentent des personnes ayant pour point commun d’utiliser des ressources issues d’Internet. Nous voyons également par le biais des nouvelles technologies de l’information et de la communication la création de communautés de travail. Dans ce cas, la communauté est composée des personnes constituant les parties prenantes d’un projet. Par exemple le monde du logiciel libre s’appuie sur une communauté comprenant à la fois des développeurs et des utilisateurs. Ici le terme est plus large et amène vers une notion de communauté vue comme un ensemble de personnes aidant au développement d’un projet. Nous perdons ici le sens de la similitude exprimée dans la définition primaire du mot communauté.

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Nous distinguerons enfin la communauté d’intérêt. Celle ci est un groupe de personnes échangeant sur une même passion. Elle créé un sentiment de forte appartenance. Ces communautés n’intègrent pas la notion de rassemblement géographique. Les fondateurs de ce terme sont Licklider et Taylor dans un article intitulé « The Computer as a Communications Device » qui donne une analyse sur les nouvelles utilisations d’internet. A partir de ces trois catégories de communauté, nous retiendront comme critère qu’une communauté est un ensemble de personnes qui utilisent des ressources (comme Wikipédia par exemple), qui peuvent travailler en commun (SourceForge), ou qui ont en commun une passion (Sellaband

18) et n’ont pas

forcément de rattachement géographique. Au sens sociologique du terme, une communauté peut être définie comme un ensemble de personnes qui communiquent entre eux, échangent des informations ou des ressources et partagent des idées ou des biens. Certains sites parmi ceux que nous avons étudiés affichent clairement leur volonté de créer une communauté en faisant remplir une inscription pour pouvoir voter sur des articles et sur les projets (comme Wikipédia). D'autres proposent des forums de discussion sur les projets (Sellaband) ou sur l’évaluation des idées (Cambrian House

19).

Il apparait donc que toute communauté partage quelque chose que ce soit matériel (du code pour du développement, des graphismes...) ou immatériel (des idées, des votes...) : il est

18 SellaBand (www.sellaband.com) est un site permettant d’aider des artistes

anonymes à diffuser leur musique à travers une communauté de fans ou simples amateurs de musique.

19 Cambrian House (www.cambrianhouse.com) est en quelque sorte un incubateur d'idées et de projets. L'objectif est de découvrir, concrétiser et commercialiser des projets basés sur des idées novatrices en exploitant l'intelligence collective et le modèle participatif.

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alors impossible de séparer le mot communauté de la notion de partage. La participation des membres d’une communauté peut se faire au travers de divers moyens techniques que sont les wikis

20, les blogs (qui permettent aux visiteurs de laisser un

commentaire à un article) ou le système de flux de syndication21 qui permet une diffusion à un ensemble de personnes d’informations propres à un site ou un sujet. Par rapport à cela on s’attachera à différencier trois fractionnements communautaires au sein du crowdsourcing :

a) Une différenciation entre une communauté de contributeurs et communauté de bénéficiaires.

Les contributeurs sont les personnes apportant les ressources ou les idées. Les bénéficiaires sont les personnes utilisant ces ressources ou ces idées. Le processus de crowdsourcing peut comprendre soit une communauté de contributeurs soit une communauté de bénéficiaires soit les deux.

Présence d’une communauté de bénéficiaires : par exemple iStockPhoto comprend uniquement une communauté de bénéficiaires. Les personnes notent les photos et font évoluer de façon interactive le classement des photos. Nous ne distinguons pas dans le principe de ce site une communauté de contributeurs. Les contributeurs mettent de façon individuelle leurs photographies sans concertation avec les autres contributeurs.

Présence d’une communauté de contributeurs : par exemple le site la fraise comprend une communauté de graphistes et dessinateurs (une communauté de

20 Le wiki est un système de gestion de contenu permettant une participation

collaborative 21 Flux de syndication, plus connus sous le nom de flux RSS

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bénéficiaires est également présente pour évaluer les différentes contributions).

b) Une différenciation entre communauté de partage de ressources et communauté de partage d’idées.

Par le terme « ressources », nous entendons tous les apports des différents contributeurs. Le terme d'idée représente tous les apports intellectuels. On notera que le crowdsourcing comprend soit une communauté de ressources ou d'idées.

Présence d’une communauté de partage de ressources : l’idée développée par Zopa

22 qui consiste à la mise en

commun de ressource financière afin de prêter de l’argent.

Présence d’une communauté de partage d’idées : il existe une communauté de partage au niveau des idées sur des sites comme « Cambrian House » ou « La Fraise »

23.

c) Une différenciation entre une communauté de partage d'idées ou de ressources avec ou sans intérêt.

Par le terme intérêt, nous représentons la reconnaissance (financière ou non) reçue par le contributeur ou le bénéficiaire à participer.

Présence d’une communauté de partage d'idées sans intérêt : nous pouvons distinguer ainsi les contributeurs de Wikipédia qui, sans intérêt particulier participent à

22 Zopa (www.zopa.com) est une banque peer-to-peer, les contributeurs prêtent de

l'argent à un taux qu'ils choisissent, Zopa fait office de plateforme de rencontre entre prêteurs et emprunteurs et prend un pourcentage sur chaque prêt réalisé.

23 La Fraise (www.lafraise.com) organise des concours de création de motifs pour tee-shirts, rachète les dessins préférés des internautes pour les imprimer sur des vêtements et les revendre.

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l’amélioration des articles (hormis la reconnaissance pour quelques rares contributeurs très impliqués).

Présence d’une communauté de partage d'idées avec intérêt : Cambrian House est composée d'une communauté de contributeurs qui ont un intérêt financier à participer puisque leurs idées peuvent être amenées à trouver des financements.

La présence d'une communauté s'avère être un pré-requis à la création d'un modèle basé sur le crowdsourcing. La façon dont sera gérée la communauté et les intérêts qu'auront les internautes à y participer déterminera ainsi différentes applications du crowdsourcing.

Représentation schématique de la décomposition existante

de la notion de communauté au sein du Crowdsourcing.

Critère 4: Grand public / Spécialistes

Nous avons vu que le crowdsourcing est basé sur une forme de business model et celui-ci donne donc lieu à une activité économique. Dans ce cas le grand public est assimilé au

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BtoC, c'est-à-dire au Business to Customer. En effet lorsque l’on parle de grand public nous désignons une activité économique qui se destine aux consommateurs finaux, on désigne une activité dont les acteurs proviennent du grand public. C'est une particularité remarquable que de s'appuyer sur un public créateur de produits qu'il aimerait consommer. C'est peut être une évolution vers une utopie: le réseau social à l'origine d'un marché dont il est lui même le premier consommateur... Tout au contraire un spécialiste est une personne ayant des connaissances approfondies (théoriques, techniques, pratiques...) dans un domaine (métier, science,...). Une personne spécialiste peut faire partie intégrante du grand public, mais elle apporte une vision plus technique, plus élaborée et parfois plus complexe. Cette vision peut être nécessaire et recherchée pour un certain type de produit. Un modèle de crowdsourcing peut aussi bien cibler une communauté grand public, une communauté d'experts, ou les deux, soit de façon distincte soit au sein d'une communauté unique mêlant les différents profils.

Critère 5: Produits immatériels

On peut définir le matériel comme un objet dont on peut se servir. On peut donc assimiler le matériel comme un bien. Ce bien peut très bien être un produit que l’on peut acheter, louer, etc. Quand on parle de matériel on parle très souvent de moyens financiers, de quelque chose de réel et fait de matière. L'immatériel fait parti, d’une certaine façon, du matériel mais en amont de sa création. Avant de créer quelque chose de matériel, c’est d'abord un raisonnement, une idée floue qui a commencé à être pensé (le partage de connaissance, la réflexion). L’immatériel est donc toute cette partie en amont

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nécessaire afin de parvenir à quelque chose de matériel. Dans cette perspective moins industrielle, les entreprises valorisent dans leurs actifs une part de plus en plus grande d'immatériel :

Fichier clients Brevets Retour d'expériences

Bonnes pratiques ...

Le crowdsourcing, s'appuyant sur des communautés rassemblées via le Web, ne peut être considéré que pour des biens immatériels.

Positionnement du crowdsourcing (Biens matériels et immatériels).

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Critère 6: Rémunération des acteurs (contributeurs, bénéficiaires)

La rémunération des différents acteurs est une composante essentielle du crowdsourcing. Rappelons qu'il s'agit d'utiliser le temps disponible, les compétences ou les idées d'individus extérieurs à l'entreprise pour remplacer une activité qui pourrait être interne à celle-ci. Ainsi le recours à ce type d'activité nécessite pour l'entreprise qui la met en place d'être capable d'en générer un revenu direct ou indirect. Selon les cas que nous avons été amenés à étudier, nous avons distingué des modèles de rémunération assez différents. Nous observons ainsi des rémunérations directes liées à la revente des apports des contributeurs, des rémunérations indirectes en transformant l'apport initial ou encore des rémunérations annexes. Selon le modèle sélectionné par l'entreprise, la rémunération des contributeurs sera elle aussi différente.

Rémunération directe L'entreprise s'appuie dans ce cas sur une importante communauté de contributeurs, le service Web de l'entreprise permet de regrouper en un seul endroit un maximum de contributions afin d'en assurer une meilleure visibilité. Les contributeurs mettent à disposition leurs créations ou leurs ressources et l'entreprise se charge de trouver des acheteurs. Les clients paient directement l'entreprise qui en reverse ensuite une partie aux contributeurs concernés par les achats.

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Crowdsourcing: rémunération directe (ici les contributeurs et les clients sont dessinés séparément, mais nous avons précédemment vu que les deux profils pouvaient parfois interagir directement

entre eux ou posséder des acteurs communs)

L'entreprise fait alors office de plateforme d'échange, la rémunération des deux parties est financière mais généralement d'un faible montant par contribution, il s'agit par exemple de photographies (iStockPhoto.com), de créations artistiques (comme des logos pour Wilogo.com) ou encore de ressources comme de l'argent pour Zopa (banque peer-to-peer, les contributeurs prêtent de l'argent à un taux qu'ils choisissent, Zopa fait office de plateforme de rencontre entre prêteurs et emprunteurs et prend un pourcentage sur chaque prêt réalisé).

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Illustration tirée du site zopa.com

Rémunération indirecte Un second modèle consiste, cette fois, à créer une valeur ajoutée à la contribution initiale avant de la revendre à de tierces personnes. Il peut s'agir comme dans le cas précédent de créations artistiques, par exemple, le site de vente en ligne LaFraise.com, qui organise des concours de création de motifs pour tee-shirts, rachète des dessins pour les imprimer sur des vêtements et les revendre. La rémunération de l'entreprise se fait de manière classique sur les marges du produit qu'elle vend. Dans cette situation le contributeur n'est généralement pas payé en fonction du nombre de ventes puisque l'entreprise rachète intégralement la contribution et ses droits auprès du créateur. Dans ce type de modèle la rémunération du créateur est double, d'une part financière, de l'autre basée sur la reconnaissance, car certains participants auront plus de succès que d'autres (les contributions acceptées étant très minoritaires).

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Crowdsourcing: rémunération indirecte

Certaines structures tentent d'appliquer ce modèle sur des idées d'innovations ou concepts technologiques, nous le verrons par la suite, les problématiques de propriétés intellectuelles deviennent alors bien plus importantes.

Rémunération annexe

Enfin d'autres structures offrent toutes les contributions à leurs clients (ou visiteurs), dans ce cas, l'entreprise ne tire aucun bénéfice direct des apports des contributeurs. L’enjeu est de pouvoir créer du contenu via une communauté externe et donc de baisser voire supprimer les coûts. Le contenu peut donc être proposé à titre gratuit aux clients et la rémunération est

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annexe, en attirant un maximum de visiteurs par la gratuité, il est possible de tirer, par exemple, davantage de revenu de la publicité (comme c'est le cas pour Obiwi.com, site Web d'information grand public). Il est également possible de proposer des services annexes payants.

Crowdsourcing: rémunération annexe

En suivant ce modèle, il est plus difficile de rémunérer le contributeur puisque ses apports sont proposés à titre gratuit aux clients. La plupart du temps si il s'agit d'une rémunération basée sur la reconnaissance, où les contributeurs de part leurs apports se font une réputation dans un domaine particulier. Il est possible de rémunérer les meilleurs contributeurs (comme

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 25

c'est également le cas sur Obiwi.com) mais cela reste faible et rare.

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 26

3.2. Application de la grille d'analyse

Afin de valider notre grille d'analyse, nous l'avons testée sur différents sites Web. Vous retrouverez ici un tableau d'application de la grille sur le site Sellaband. L'ensemble des sites analysés est disponible en annexe à la fin du document. SellaBand est un site permettant d’aider des artistes anonymes à diffuser leur musique. Un artiste s’inscrit sur le site SellaBand, il dépose au maximum trois démos musicales. Cet artiste doit alors obtenir le soutien budgétaire d’anonymes pour obtenir une somme de 50000$. Chaque personne croyant en lui et souhaitant l’aider à sortir son premier CD peut participer en donnant 10$ pour le lancement de son projet. Une fois la somme de 50000$ atteinte, SellaBand aide l’artiste à enregistrer son premier CD et permet de télécharger les morceaux enregistrés sur son site. Les personnes ayant participé financièrement à l’aventure peuvent alors orienter par l’intermédiaire de forum les décisions de l’artiste. Le site est surtout alimenté par une communauté de musiciens et de plus en plus par des investisseurs individuels. Les trois parties prenantes que sont l’artiste, SellaBand et les investisseurs perçoivent alors une rétribution sur les ventes.

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 27

Critère Explication

Internet, Web, Web

2.0

Le site fait intervenir les internautes comme votants et/ou « actionnaires » d'un groupe de musique dans lequel ils croient et qui a été mis en ligne par un autre internaute. Il y a donc un vote et un investissement d'internaute d'un coté et inscription et publication de contenu avec la proposition de musique de l'autre, c'est un des fondements du Web 2.0.

Entreprise Sellaband est une société avec un réel business model. Elle se rémunère sur la publicité du site ainsi que sur la vente des chansons produites en ligne.

Communauté de partage

Communauté de partage d'idées puisque il y a investissement sur les groupes pour lesquels on croit. L'idée est donc que la musique créée par ce groupe peut marcher. Communauté de partage d'idées avec intérêt puisque si le groupe atteint 50000$ de votes, il est produit en studio et il y a rémunération des membres du groupe et des internautes à raison de 50%-50% sur les ventes de chanson en ligne.

Grand Public et/ou

spécialiste

Grand public et spécialiste. En effet n'importe quel internaute peux voter pour un groupe de musique du site en revanche il faut être du monde musical et/ou membre d'un groupe de musique pour mettre en ligne un morceau de musique.

Niveau et type de

rémunération du

contributeur

Le contributeur, ici l'internaute qui vient voter en investissant 10$ pour un groupe de musique se verra reverser 50% des bénéfices net de la vente du CD du groupe si ce dernier arrive à obtenir 50000$ d'investissement des internautes et donc à se produire en studio.

Niveau et type de

rémunération du

bénéficiaire

Le bénéficiaire, ici le groupe de musique, sera produit en studio s’il arrive à obtenir 50000 $ de vote des internautes sur le site. Il pourra donc vendre ses chansons sur le site mais devra reverser 50% de ses bénéfices net de la vente du CD correspondant au morceau qu'il a diffusé sur le site aux internautes qui ont investi pour sa production.

Type de produit

Immatériels puisqu'il s'agit de musique, de votes et d'argent.

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 29

4. Domaines stratégiques

4.1 . Gestion de la communauté

La gestion d’une communauté doit s’articuler autour de certains principes fondamentaux. Il est nécessaire de formaliser par un règlement les règles régissant la communauté afin de créer un sentiment d’appartenance et de permettre d’instaurer des mécanismes et formalisme pour les discussions et le mode de fonctionnement de la communauté. Toute discussion de la communauté doit être encadrée par des modérateurs afin d’augmenter la qualité des échanges. De ce coté là, on discernera la notion de modération avant la contribution d’un membre de la communauté qui consiste à ne publier une contribution qu’après validation. Au contraire de la modération après publication qui permet de supprimer des contributions sans intérêt pour la communauté. Dans certaines communautés, on sélectionne pour devenir modérateurs des personnes issues de la communauté. Pour son bon fonctionnement, il est important que les modérateurs aient une capacité analytique à gérer les échanges néfastes au bon fonctionnement. Il faut, pour fédérer une communauté, mettre en place des services destinés aux membres de la communauté (informations sur les sujets intéressants les membres d'une communauté, concours, calendriers des événements), ouvrir des espaces de discussion et créer des rites qui fidéliseront la

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 30

communauté. Seulement dans ce cas, l'évolution de la communauté pourra se faire dans des conditions optimum.

4.2 . Gestion de la rémunération

La rémunération est une composante essentielle du crowdsourcing. Les contributeurs sont généralement issus du grand public, l'aspect financier n'est pas le seul intérêt des participants, la motivation par la visibilité, la réputation ou la reconnaissance se doivent d'être pris en compte. Le problème est de trouver une rémunération qui doit être assez importante pour attirer les contributions tout en étant adaptée pour que le coût ne devienne pas trop important lorsque la communauté de contributeurs augmente. L'objectif est, rappelons le, de réaliser la rémunération d'une prestation provenant d'une source externe à l'entreprise. La structure travaille alors avec des ressources temporaires pour qui la rémunération correspond à une petite somme qui dans le meilleur des cas permettra d'arrondir les fins de mois. Lorsque l'entreprise fait appel à une communauté d'experts, la rémunération devient un critère plus important pour eux puisque, à moins de participer par conviction ou pour développer leur réputation, l'expert connaît les tarifs de ses éventuels apports et ne participera pas si la somme ne lui semble pas justifiée ses travaux. Dans certains cas de crowdsourcing la communauté mêle des experts et des amateurs. Faut-il distinguer les deux profils et leur proposer des rémunérations différentes ? Comment faire valoir son expertise si elle n'est pas différenciée de celle des amateurs ? A l'inverse, comment un amateur peut développer une expertise si elle n'est pas reconnue en tant que telle ?

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Ce cas se rencontre dans iStockPhoto où amateurs et professionnels vendent leurs travaux aux mêmes tarifs. C'est alors la demande qui génère la réputation d'un contributeur, amateur ou professionnel. iStockPhoto a récemment été acheté par une agence de photographies GettyImages qui a décidé de réaliser des concours pour embaucher comme professionnels les meilleurs contributeurs amateurs de la banque d'images. On retrouve alors ici un processus inverse au crowdsourcing où des contributeurs extérieurs sont sélectionnés pour devenir des salariés. Est-ce une dérive du modèle pour sélectionner les meilleures ressources à un coût très économique ?

4.3 . Gestion de la propriété intellectuelle

L’étude des différentes manifestations du « crowdsourcing » à travers notre projet de recherche montre que tout ce qui concerne la propriété intellectuelle est un sujet qui est soit soigneusement traité soit consciencieusement évité. Nous allons présenter cette problématique et l’illustrer. Voici une définition de la propriété intellectuelle : « On peut définir la propriété intellectuelle comme l'ensemble de tous les instruments juridiques et administratifs qui permettent de protéger et de valoriser les inventions, les innovations et les créations dans les métiers, les arts et les lettres. »

24

Même si cela ne s’applique pas en droit, en pratique on peut diviser la propriété intellectuelle en trois branches: La propriété industrielle, qui concerne les brevets, les

licences, le savoir-faire, la contrefaçon, les dessins et modèles, les obtentions végétales et les topographies de produits semi-conducteurs, et, c'est nouveau, les logiciels informatiques ;

24 Définition extraite du site : www.progexpi.com

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 32

La propriété commerciale, qui traite des « signes distinctifs » : marques de fabrique, de commerce, de service, appellations, indications d'origine, enseignes, noms commerciaux, etc., ainsi que des règles de concurrence ;

La propriété littéraire et artistique qui gère les droits d'auteurs et droits voisins (le « copyright » des anglo-saxons), ainsi que les logiciels, que l'on retrouve encore ici.

Une étude menée en 2007 par le cabinet de conseil Ernst & Young

25 auprès de grandes entreprises, montrent que les 2/3

de leur valorisation est immatérielle. Elle repose sur des brevets, de la connaissance, des fichiers clients – Exemple cité dans le même article qui présente le rachat de Neuf Télécom par SFR sur la base d’une valorisation du fichier clients. Notre environnement est fortement influencé et encadré par les brevets que les industries essayent de faire respecter à une échelle planétaire. Le « crowdsourcing » est selon les travaux de notre groupe de recherche, la participation d’un groupe de personnes à un processus de création, de recherche et développement pose un certain nombre de questions.

A qui appartient le procédé, produit, ... issu de ce travail collaboratif ?

Est-ce que les participants peuvent ultérieurement invoquer leur contribution pour demander une rétribution ?

Comment rémunérer les participants ? Peut-on utiliser le fruit de ce travail comme composant

d’un produit plus complexe protégé par un brevet ?

Existe-t-il un cadre juridique traitant de ce sujet ? Cette liste n’est pas exhaustive. Elle montre simplement que le sujet mérite au premier plan d’être traité par les sociétés

25 Source : Les Echos – cahier économique du 24/01/08

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qui s’appuient sur le « crowdsourcing » pour développer leurs activités. Notre étude montre en extrême que le transfert de propriété intellectuelle est contractualisé dans certains cas et complètement occulté dans d’autres. Par exemple, sur le site Wilogo.com la propriété intellectuelle est gérée et contractualisée par un contrat de reconnaissant implicitement des droits aux transferts de propriété contributeurs. A l’opposé, le site WeAreTheMarket.com où il semble que cette partie là ne soit pas gérée ou bien SourceForge où le code source est normalement sous licence GPL (libre de droit) mais le site revendique la propriété du code qui est hébergé d’où des problèmes récents sur cette notion. Ce critère d’analyse semble pertinent compte des enjeux qui sont encore liés à la propriété intellectuelle chaque fois que des ressources extérieures à l’entreprise sont utilisées même à titre ponctuel. Pour la production intellectuelle pouvant déboucher sur un procédé ou invention d’un salarié dans le cadre de l’entreprise ; on attribue la propriété des brevets à l’entreprise. Il faut donc que l’on soit contributeur ou bénéficiaire s’assurer que :

La propriété intellectuelle soit gérée ; Il existe une contractualisation pour le contributeur

comme pour le bénéficiaire Un principe de rémunération existe

Nous nous trouvons à un moment particulier où la notion de propriété intellectuelle est remise en question implicitement par une nouvelle génération qui est née dans Internet et qui remet en question certains business modèles où le contenu est payant.

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 34

Il est facile de mettre évidence ce comportement par rapport à la musique, à la vidéo, aux jeux ; à voir la perplexité des producteurs de contenus, la réponse idéale n’existe pas. Pour le « crowdsourcing » c’est encore plus flou ; le curseur est difficile à positionner. Les grands groupes internationaux qui revendiquent l’externalisation d’une partie de leur R&D le font d’une manière très contrôlée (IBM, P&G...). Nous sommes sans doute au début d’une démarche qui va évoluer par rupture entre les extrêmes tout ouvert ou tout fermé.

4.4 . Gestion du modèle de travail

Le système économique lié au Crowdsourcing risque de se poser comme problématique. Le marché pourrait être sollicité pour effectuer des prestations qui étaient jusque là réalisées en interne. Les conséquences sont difficiles à évaluer, une remise en question du modèle de l'organisation du travail est à envisager. Il relancerait le débat sur les tâches pouvant être réalisées en externalisation. De nouvelles tâches actuellement faites en interne dans les entreprises seraient alors demandées à des personnes externes. Ceci entraînera une libéralisation du marché qui risque d’engendrer une diminution des revenus et un dumping social du fait que chaque tâche pourra être confiée aux personnes proposant leur service au prix le plus bas tout en apportant une qualité de travail suffisante. Les tâches complexes, certainement les mieux rémunérées, s’adresseront principalement à des spécialistes moyennant finances. Par opposition, dans le cas d’une vision plus optimiste, on pourrait voir le Crowdsourcing comme la chance de mettre en commun des millions de connaissances sur un sujet unique afin d’avoir une connaissance unique. Le Crowdsourcing permettrait alors d’avoir avec exhaustivité toutes les informations. Il permettrait ainsi à certaines personnes de

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 35

travailler de façon rémunérée sans être contraint de travailler dans une structure définie. Dans cette perception de l’utilisation du crowdsourcing, on a conscience que tout ne sera pas externalisé. Il pourrait libérer des énergies permettant de mettre à jour des services ou des biens encore non présent sur le marché. De ce phénomène, deux tendances pourront alors se dégager, soit le fait d’ouvrir le travail à une plus grande partie des personnes voulant travailler, soit le fait que cette pratique risque d’engendrer une diminution des personnes travaillant dans les entreprises. En restant attentif à ne pas créer encore un écart plus important, il pourra cependant servir à avoir une visibilité sur la réelle valeur d’un bien ou d’un service en l’ouvrant aux lois du marché.

4.5 . Business Model propre au Crowdsourcing

Il est intéressant dans une optique d’application à l’entreprise du Crowdsourcing d’établir un Business Model qui lui est propre. Pour le définir nous nous sommes appuyé sur un model sous forme de questions auxquels nous apportons les réponses qui constitue tout autant de critères formant le BM. Celui-ci peut être résumé sous la forme d’un tableau :

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 36

1 Quel est le concept ?

Partager des idées ou des

ressources avec un ou des objectifs

communs

2 Qui sont les

clients-cibles ?

Entreprises pour le concept et particulier ou

entreprises pour le produit réalisé

3

Quelle est la valeur ajoutée

apportée au client ?

Permet d'apporter des

solutions techniques

Permet d'apporter des idées sur des thèmes

Permet d'apporter

une évaluation

sur des produits

Permet de mettre des ressources

en commun

Offre un produit au plus prêt

de la demande du public

visé

4 Quelles sont les

compétences requises ?

biens immatériels (connaissances

ou idées)

5 Compétences :

interne ou externe Externe

6 Accès aux

compétences Internet (création de communauté)

7 Accès aux clients

Par le biais des entreprises (internet ou

services marketing)

8

Est-ce que l'offre est standardisée ou personnalisée

?

Doit etre personnalisé

9 Comment génère-t-on des revenus

?

Vente des produits réalisés

Diminution des

ressources servant à réaliser le

produit

Augmentation des

ressources humaines réalisant le

produit

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5. Le crowdsourcing au service des entreprises

Au vue des recherches précédemment effectuées, nous sommes désormais capables de fournir une définition plus précise du crowdsourcing : Il s'agit pour une entreprise d'utiliser le support Web 2.0 pour une ou plusieurs de ses activités concernant des produits immatériels (idées, concepts, musique, photographies, ...) en s'adressant à une communauté de partage, experte ou non en prévoyant une forme de rémunération pour tous les acteurs (contributeurs et bénéficiaires). De récentes études le montrent, les multinationales ont développés leur capacité interne d'innovation au maximum de leur capacité financière en enregistrant quelques milliers de brevets par exercice. Le manque d'innovations qui répondent aux attentes du marché ainsi que le nombre d'inventions qui resteront au stade de brevets interpellent de plus en plus les administrateurs de ces organisations. Ils se trouvent en effet au centre de grands courants opposés:

Ouvrir ses brevets à l'extérieur afin de récupérer des revenus de licences ;

Protéger encore plus les innovations « maison » au risque qu'elles ne profitent à personne ;

Entrer en concurrence avec des sociétés plus légères, plus réactives, plus proches des clients ;

Laisser l'innovation se développer en dehors de l'entreprise. La question mérite d'être développée: comment les entreprises peuvent-elles s'approprier le « crowdsourcing » ?

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Nous avons prévu dans la suite de notre projet de comprendre et d'étudier :

Comment les entreprises perçoivent le sujet ?

Comment envisagent-elles l'évolution du business model basé sur la propriété intellectuelle ?

Comment utiliser le meilleur des mondes (interne et externe) ?

Comment la technologie est un formidable accélérateur de performance dans le domaine de l'innovation ?

Cette partie permettra à notre projet de recherche de réunir un ensemble de bonnes pratiques nécessaires à la création et au développement d'un projet s'appuyant en partie ou totalement sur le « crowdsourcing ». Comme l'ont défini D. Tapscott et A. Williams dans leur ouvrage « Wikinomics », la wikinomie, l'économie des wikis, est devenue un des enjeux du futur: « les réseaux sociaux » au coeur de la nouvelle économie.

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 39

6. Bibliographie et webographie

Chanal, V., 2007. « Intérêts et limites de l’approche lead-

users » Conférence AUEG

Chesbrough, H., 2006. « Open Innovation – researching a new

paradigm » Oxford University Press

Howe, J., 2006. « The rise of Crowdsourcing » Wired

Tapscott, D., and A. Williams. 2006. « Wikinomics – how mass

collaboration changes everything » Atlantic Books

Von Hippel, E., 1998. « The sources of innovation » Oxford

University Press

Von Hippel, E., 2005. « Democratizing innovation » MIT Press

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 40

Blogosphère:

crowdsourcing.typepad.com blog de Jeff Howe

cecrowdsourcing.blogspot.com blog de Lionel David

blog.webu.fr/blog/190

crowdsource.wordpress.com/

crowdsourcingdirectory.com

www.wikinomics.com

www.openinnovation.net

Articles:

http://www.wired.com/wired/archive/14.06/crowds.html (us)

http://www.internetactu.net/?p=6470 (fr)

http://www.internetactu.net/index.php?p=5995 (fr)

http://cefrio.qc.ca/pdf/PerspecTIves_article3.pdf (fr)

http://cmo.uqam.ca/pipermail/controversesdulibre/2005-

June/000114.html (fr)

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 41

7. Annexes

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Grille d'analyse

Web 2.0 Entreprise Communauté Grand public et/ou experts

Produits matériels ou immatériels

Rémunération contributeur

Rémunération bénéficiaire

Propriété intellectuelle

Prérequis Prérequis Prérequis et

différenciateur Différenciateur Prérequis

Prérequis et différenciateur

Prérequis et différenciateur

Différenciateur

Innocentive Oui Oui

Oui (solvers & seekers)

Grand public (dont experts)

Procédés ou concepts de

produits Oui, monétaire

Oui, revente de licences

Géré: Innocentive rachète l'ensemble des droits des

procédés ou produits www.innocentive.com

Obiwi Oui Oui Oui Grand public

Immatériels (articles)

Oui, reconnaissance (monétaire rare)

Oui, publicités Géré: Obiwi est propriétaire du

contenu de part www.obiwi.com

Wilogo Oui Oui Oui Experts

Immatériels (logos)

Oui, monétaire pour les

graphistes

Oui, sur les ventes de logos

Géré et contractualisé par un contrat de transfert de

propriété www.fr.wilogo.com

EurekaMed Non Oui Non Experts

Procédés ou concepts de

produits

Soutien et aide financière pour

création

Oui, pourcentage sur les ventes

Géré, le contributeur est reconnu comme le créateur ou

la source de l'idée. www.eurekamed.com

NineSigma Oui Oui Oui Experts

Procédés ou concepts de

produits

Soutien et aide financière pour

création

Oui, pourcentage sur les ventes

Géré, le contributeur est reconnu comme le créateur ou

la source de l'idée. www.ninesigma.com

YourEncore Non Oui Oui Experts

Procédés ou concepts de

produits

Oui, monétaire (élevé)

Oui, revente de licences

Géré contractuellement

www.yourencore.com

LaFraise

Oui Oui Oui (créateurs &

clients) Grand public et

experts Immatériels (dessins)

Oui, monétaire (faible) et

reconnaissance

Oui, revente de tee-shirts

Géré, achat des dessins et des droits pour ceux qui seront

imprimés www.lafraise.com

IStockPhoto

Oui Oui Oui (utilisateurs

plutôt que contributeurs)

Grand public (dont experts)

Immatériels (photos)

Oui, monétaire (faible)

Oui, revente de photos

Géré, licence sur les photos

www.istockphoto.com

WeAreTheMarket

Oui Oui Oui Grand public (dont experts)

Concepts de produits

Aide pour lancement

activité ?

Il semblerait que cela ne soit pas géré

www.wearethemarket.com

Ebay

Oui Oui Oui Grand public et

experts Matériel

Oui, vente d'articles

Oui, frais, pourcentages sur ventes et

publicité

N/A

www.ebay.com

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Crowdsourcing, concept ou réalité ? 43

Zopa Oui Oui Oui Grand public

Immatériels (argent)

Taux d'intérêt Pourcentage sur

taux du prêt N/A

www.zopa.com

PHPSolutions Non Oui Non Experts

Immatériels (articles)

Reconnaissance, publicité, parfois

monétaire

Vente de magazines

Géré par un contrat, l'auteur reste propriétaire de l'article

www.phpsolmag.org

SourceForge Oui Oui Oui Experts

Immatériels (code source et

logiciels)

Reconnaissance dans quelques

cas

Services annexes

Code source sous licence, mais SourceForge propriétaire

du code. Problématique récente

www.sourceforge.net

Google Non Oui Non Grand public

Immatériels (information)

Rémunérer par l'information

trouvée

Services annexes, publicité

Par d'autorisation préalable à la diffusion

www.google.com

Grid Non

Oui (selon le projet)

Non Grand public Immatériels

(puissance de calcul)

Non Puissance de

calcul (non monétaire direct)

N/A

www.gridcomputing.com

Sellaband Oui Oui

Oui (utilisateurs plutôt que

contributeurs)

Grand public et experts

Immatériels (musique)

Oui, sur vente Oui, sur vente Gérée, respect du droit

d'auteur www.sellaband.com

Wikipedia

Oui Non, association à but non lucratif

Oui Grand public et

experts Immatériels

(articles)

Reconnaissance dans quelques

cas Non

Licence de documentation libre GNU

www.wikipedia.org

Actblue

Oui Non, parti politique

Oui Grand public Immatériels

(idées et argent)

Reconnaissance dans quelques

cas Argent collectée Licence Creatives Commons

www.actblue.com

CambrianHouse

Oui Oui (mais pas à

l'origine) Oui

Grand public et experts

Immatériels (idées,

concepts) Oui, royalties Oui, royalties

Il semblerait que cela ne soit pas géré

www.cambrianhouse.com