AU MIT, LE CROWDSOURCING AU SERVICE DU Mathieu Vidard

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1 Photo : Nathalie Guyon Mathieu Vidard "La tête au carré", France Inter www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre @LaTacfi | @mathieuvidard "La tête au carré" est présente à l’antenne depuis 11 ans : comment expliquer ce succès pour une émission scientifique ? AU MIT, LE "CROWDSOURCING" AU SERVICE DU CLIMAT Le MIT (Massachusetts Institute of Technology, USA) a mis en ligne une plateforme collaborative de résolution de problèmes, "Climate CoLab", l’objectif étant d’aider à construire des stratégies détaillées et efficaces pour atteindre les objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique. Après une inscription simple sur la plateforme, tout membre est libre de soumettre des propositions, d’évaluer et de commenter les autres, combiner des propositions compatibles, trouver des collaborateurs ou demander à rejoindre une équipe, soutenir une idée, la partager, voter. Les membres peuvent également s’inspirer des idées déposées pour proposer des plans d’actions locaux, nationaux et mondiaux. En outre, il est possible d’utiliser certains outils sur la plate-forme et travailler avec une équipe spécialisée du MIT pour estimer l’impact d’une proposition sur les émissions de gaz à effet de serre. d'info : www.france-science.org/Au-MIT-le- crowdsourcing-au- service.html?mc_cid=60ef078309&mc_eid=7fc9401c 04 et https://climatecolab.org/ UNE SAISON CYCLONIQUE ACTIVE SUR L’ATLANTIQUE Ophelia n’avait pas le droit de s’appeler "ouragan" en quittant les latitudes tropicales. Il n’empêche que ce "cyclone extra-tropical" avait atteint le niveau de catégorie 3 des ouragans lorsqu’il s’est précipité sur l’Irlande le 16 octobre dernier. Une rafale à 191 km/h a été mesurée au phare du Fastnet. D’une manière générale la saison 2017 aura été particulièrement active : il y a eu six ouragans de catégorie supérieure à 3 au lieu de deux habituellement. d'info : https://public.wmo.int/en/media/news/active-atlantic- hurricane-season-continues-ophelia Météo et Climat Info n°63 – Novembre 2017 73, av. de Paris 94165 Saint-Mandé cedex. T: 01 49 57 18 79 [email protected] www.meteoetclimat.fr @MeteoClimat MeteoetClimat Rédactrice en chef : Morgane DAUDIER (Météo et Climat). Autres membres : Jean-Claude ANDRÉ (Météo et Climat), Guy BLANCHET (Météo et Climat), Philippe BOUGEAULT (Météo-France), Jean-Pierre CHALON (Météo et Climat), Daniel GUÉDALIA (OMP, Laboratoire d'Aérologie et Météo et Climat), Claude PASTRE (Météo et Climat), Catherine SENIOR (IPSL). Il faut tout d’abord souligner que l’auditoire de l’émission n’est pas scientifique : il est donc de la plus grande importance de bien choisir tant les sujets traités que les intervenants. Au rythme de 250 émissions par an il faut donc varier les thèmes abordés, bien sûr en fonction de l’actualité scientifique, de l’originalité de la recherche, et de l’importance vis-à-vis des préoccupations du public, mais aussi en respectant une bonne variété de ceux-ci. Le choix du thème n’est pas tout, celui de l’intervenant est tout aussi important : il ou elle doit maintenir l’intérêt sur la durée des 35 à 40 minutes d’antenne, et ne pas utiliser de langage spécialisé, de jargon, qui exclurait une grande partie de l’audience. La préparation d’une émission réussie est le résultat d’un travail d’équipe avec deux attachés de production et une réalisatrice ; elle commence environ un mois avant le passage à l’antenne. Le temps nécessaire à cette préparation peut être évalué à environ deux journées de travail pour l’équipe. Après avoir identifié la ou les questions à aborder, la recherche du "bon" intervenant peut commencer : compétence indiscutable, ce qui résulte des travaux publiés et consultables sur le Net, mais aussi capacité à s’exprimer et à faire passer les messages. Pour ceci, la consultation d’interventions préalables, par exemple disponibles sur YouTube, sont très utiles. Le choix définitif du scientifique qui passera à l’antenne doit aussi permettre d’entendre des voix nouvelles, de laisser la parole à de jeunes chercheurs, … Mais, en toute hypothèse, ce choix est toujours précédé d’un échange téléphonique pour bien caler le niveau de l’intervention. Je prends connaissance de l’ensemble de la documentation préparée par l’équipe le matin de l’émission, me laissant quelques heures pour "finir d’entrer dans le sujet". Comment construisez-vous vos émissions traitant du climat ? Le climat et son évolution sont bien sûr des sujets à traiter dans la durée… A l’heure où la plus grande puissance mondiale est dirigée par un climato-sceptique, il est important de ne pas laisser la communauté scientifique seule face au mépris d’un Président comme Donald Trump. Il est important de rappeler qu’il existe un consensus scientifique sur la question climatique et que ce sont les évaluations du GIEC qui font référence en la matière. En ce qui concerne le traitement qu’on peut apporter à l’antenne, les émissions sur le climat peuvent aborder différents angles : soit par l’aspect scientifique, soit par les conséquences économiques et sociales, soit encore du point de vue de l’approche politique. Il est ainsi possible de bien expliquer toutes les complexités du système climatique, de se faire l’écho des publications nouvelles les plus importantes, de réfléchir aux nombreux impacts du changement climatique… Une préoccupation qui doit rester présente à l’esprit est bien sûr de ne pas tomber dans un catastrophisme systématique. Une dernière question plus personnelle : comment devient-on responsable d’une émission scientifique sur une radio de grande écoute ? Par hasard ! Je suis de formation littéraire, et n’avais pas de vocation d’animateur scientifique. C’est la radio elle-même qui m’a fait la proposition de prendre cette émission et qui, depuis, me laisse pleine latitude dans les choix que je fais. N’étant pas scientifique de formation, je pense que je me pose moi-même les mêmes questions que celles que les auditeurs se posent. Peut-être ceci contribue-t-il à maintenir les savants dosages et la bonne alchimie de "La tête au carré". Propos recueillis par Jean-Claude ANDRÉ Météo et Climat p.2 COUP DE PHARE CLIMERI-France p.4 FOCUS Les signaux d’opportunité pour surveiller "l’or bleu" p.7 CHRONIQUE Les tempêtes d’octobre 1984 p.8 FOCUS Partenariat Météo- France/Continental

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Photo : Nathalie Guyon

Mathieu Vidard "La tête au carré", France Inter www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre

@LaTacfi | @mathieuvidard

"La tête au carré" est présente à l’antenne depuis 11 ans : comment

expliquer ce succès pour une émission scientifique ?

AU MIT, LE "CROWDSOURCING" AU SERVICE DU

CLIMAT Le MIT (Massachusetts Institute of Technology, USA)

a mis en ligne une plateforme collaborative de

résolution de problèmes, "Climate CoLab", l’objectif

étant d’aider à construire des stratégies détaillées et

efficaces pour atteindre les objectifs mondiaux de

lutte contre le changement climatique.

Après une inscription simple sur la plateforme, tout

membre est libre de soumettre des propositions,

d’évaluer et de commenter les autres, combiner des

propositions compatibles, trouver des collaborateurs

ou demander à rejoindre une équipe, soutenir une

idée, la partager, voter. Les membres peuvent

également s’inspirer des idées déposées pour

proposer des plans d’actions locaux, nationaux et

mondiaux. En outre, il est possible d’utiliser certains

outils sur la plate-forme et travailler avec une équipe

spécialisée du MIT pour estimer l’impact d’une

proposition sur les émissions de gaz à effet de serre.

d'info : www.france-science.org/Au-MIT-le-

crowdsourcing-au-service.html?mc_cid=60ef078309&mc_eid=7fc9401c04 et https://climatecolab.org/

UNE SAISON CYCLONIQUE ACTIVE SUR

L’ATLANTIQUE Ophelia n’avait pas le droit de s’appeler "ouragan"

en quittant les latitudes tropicales. Il n’empêche

que ce "cyclone extra-tropical" avait atteint le

niveau de catégorie 3 des ouragans lorsqu’il s’est

précipité sur l’Irlande le 16 octobre dernier. Une

rafale à 191 km/h a été mesurée au phare du

Fastnet. D’une manière générale la saison 2017

aura été particulièrement active : il y a eu six

ouragans de catégorie supérieure à 3 au lieu de

deux habituellement.

d'info :

https://public.wmo.int/en/media/news/active-atlantic-hurricane-season-continues-ophelia

Météo et Climat Info n°63 – Novembre 2017

73, av. de Paris 94165 Saint-Mandé cedex. T: 01 49 57 18 79 [email protected] www.meteoetclimat.fr

@MeteoClimat MeteoetClimat Rédactrice en chef : Morgane DAUDIER (Météo et Climat). Autres membres : Jean-Claude ANDRÉ (Météo et Climat), Guy BLANCHET (Météo et Climat), Philippe BOUGEAULT (Météo-France), Jean-Pierre CHALON (Météo et Climat), Daniel GUÉDALIA (OMP, Laboratoire d'Aérologie et Météo et Climat), Claude PASTRE (Météo et Climat), Catherine SENIOR (IPSL).

Il faut tout d’abord souligner que l’auditoire de l’émission n’est pas scientifique : il est donc de la

plus grande importance de bien choisir tant les sujets traités que les intervenants.

Au rythme de 250 émissions par an il faut donc varier les thèmes abordés, bien sûr en fonction

de l’actualité scientifique, de l’originalité de la recherche, et de l’importance vis-à-vis des

préoccupations du public, mais aussi en respectant une bonne variété de ceux-ci. Le choix du

thème n’est pas tout, celui de l’intervenant est tout aussi important : il ou elle doit maintenir

l’intérêt sur la durée des 35 à 40 minutes d’antenne, et ne pas utiliser de langage spécialisé, de

jargon, qui exclurait une grande partie de l’audience.

La préparation d’une émission réussie est le résultat d’un travail d’équipe avec deux attachés de

production et une réalisatrice ; elle commence environ un mois avant le passage à l’antenne.

Le temps nécessaire à cette préparation peut être évalué à environ deux journées de travail pour

l’équipe. Après avoir identifié la ou les questions à aborder, la recherche du "bon" intervenant

peut commencer : compétence indiscutable, ce qui résulte des travaux publiés et consultables

sur le Net, mais aussi capacité à s’exprimer et à faire passer les messages. Pour ceci, la

consultation d’interventions préalables, par exemple disponibles sur YouTube, sont très utiles.

Le choix définitif du scientifique qui passera à l’antenne doit aussi permettre d’entendre des voix

nouvelles, de laisser la parole à de jeunes chercheurs, … Mais, en toute hypothèse, ce choix est

toujours précédé d’un échange téléphonique pour bien caler le niveau de l’intervention.

Je prends connaissance de l’ensemble de la documentation préparée par l’équipe le matin de

l’émission, me laissant quelques heures pour "finir d’entrer dans le sujet".

Comment construisez-vous vos émissions traitant du climat ? Le climat et son évolution sont bien sûr des sujets à traiter dans la durée… A l’heure où la plus

grande puissance mondiale est dirigée par un climato-sceptique, il est important de ne pas

laisser la communauté scientifique seule face au mépris d’un Président comme Donald Trump.

Il est important de rappeler qu’il existe un consensus scientifique sur la question climatique et

que ce sont les évaluations du GIEC qui font référence en la matière.

En ce qui concerne le traitement qu’on peut apporter à l’antenne, les émissions sur le climat

peuvent aborder différents angles : soit par l’aspect scientifique, soit par les conséquences

économiques et sociales, soit encore du point de vue de l’approche politique.

Il est ainsi possible de bien expliquer toutes les complexités du système climatique, de se faire

l’écho des publications nouvelles les plus importantes, de réfléchir aux nombreux impacts du

changement climatique… Une préoccupation qui doit rester présente à l’esprit est bien sûr de ne

pas tomber dans un catastrophisme systématique.

Une dernière question plus personnelle : comment devient-on responsable d’une émission

scientifique sur une radio de grande écoute ? Par hasard ! Je suis de formation littéraire, et n’avais pas de vocation d’animateur scientifique.

C’est la radio elle-même qui m’a fait la proposition de prendre cette émission et qui, depuis, me

laisse pleine latitude dans les choix que je fais. N’étant pas scientifique de formation, je pense

que je me pose moi-même les mêmes questions que celles que les auditeurs se posent.

Peut-être ceci contribue-t-il à maintenir les savants dosages et la bonne alchimie de "La tête au

carré".

Propos recueillis par

Jean-Claude ANDRÉ Météo et Climat

p.2

COUP DE

PHARE

CLIMERI-France

p.4

FOCUS

Les signaux

d’opportunité pour

surveiller "l’or bleu"

p.7

CHRONIQUE

Les tempêtes

d’octobre 1984

p.8

FOCUS

Partenariat Météo-

France/Continental

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CLIMERI-France : l’infrastructure nationale de modélisation du climat

Sous l’égide du Programme mondial de

recherche sur le climat, la communauté

internationale de modélisation du climat

coordonne la réalisation de simulations

numériques qui servent de référence à un

grand nombre d‘utilisateurs.

Ces expériences coordonnées visent à

comprendre le fonctionnement du

système climatique et de sa variabilité, à

évaluer les capacités des modèles de

climat par la définition d’expériences

standard, à soutenir des études de

mécanismes et de processus et à produire

des projections de l’évolution future du

climat. Elles sont largement utilisées pour

étudier les impacts du changement

climatique sur différents secteurs

(énergie, ressources en eau, agriculture,

écosystèmes, santé…). Les résultats

servent de base à la réalisation des

rapports du Groupe Intergouvernemental

d’experts sur l’Evolution du Climat (GIEC).

Ils sont également au cœur du

développement des portails d’information

des services climatiques, tant à l’échelle

de la métropole qu’aux échelles

européennes et internationales.

Ces ensembles de simulations

numériques nécessitent la mobilisation

importante et régulière de moyens

humains et matériels ainsi qu’une

coordination à la fois internationale et

nationale. C’est la raison pour laquelle, à

la demande de la communauté

scientifique, le Ministère de la recherche a

inclus pour la première fois la

modélisation du climat dans la liste de ses

infrastructures de recherche.

CLIMERI-France s’appuie sur les deux

plateformes françaises de modélisation

du climat, celle de l’Institut Pierre-Simon

Laplace et celle de Météo-France et du

Cerfacs. Principalement portée par

l’Institut national des sciences de l’Univers

(INSU) du CNRS, le CEA et Météo-France,

avec une participation d’autres

organismes et universités, elle comprend

le développement et la maintenance des

deux plateformes, le développement

d’outils logiciels de pré et post-traitement,

la réalisation des simulations numériques

associées aux expériences internationales

et la mise à disposition des résultats, au

sein de la base internationale de données

ESGF "Earth System Grid Federation" (plus

de 14000 utilisateurs).

Répartition géographique du réchauffement et du changement de précipitations pour les deux modèles français. Les différences entre 2080-2099 et 1986-2005 sont rapportées à un 1°C de réchauffement global, de façon à mieux comparer les distributions géographiques.

CLIMERI-France permet de coordonner les efforts de développement et d’infrastructure

au niveau national et d’identifier les besoins spécifiques à la communauté climat vis-à-

vis des centres de calcul nationaux, en particulier en ce qui concerne le calcul intensif

et le stockage.

Actuellement, les équipes sont fortement impliquées dans la 6ème phase du projet

international de comparaison des modèles de climat, CMIP6, qui servira de référence

pour le 6ème rapport du GIEC. En France, CMIP6 mobilise plus de 120 ingénieurs et

chercheurs et requiert l’attribution de 500 millions d’heures de calcul et 24

Pétaoctets(1) de stockage fournis par l’infrastructure nationale de calcul intensif GENCI

et par Météo-France.

Ces expériences, réalisées à l’échelle globale, seront complétées à l'échelle régionale

par des expériences multi-modèles coordonnées à l’échelle régionale, auxquelles la

France contribue principalement sur l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique.

La réalisation de ces expériences de référence représente un effort considérable de la

communauté scientifique, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau

européen où l’infrastructure IS-ENES "Infrastructure for the European Network for Earth

System Modelling" financée par la Commission Européenne permet de soutenir des

développements communs.

Cette démarche répond au besoin croissant d’information de référence face aux défis

du changement climatique.

Pour en savoir plus : https://climeri-france.fr/

Sylvie JOUSSAUME

Directrice de recherche au CNRS, responsable de l’infrastructure CLIMERI-France

(1) Pétaoctet : million de gigaoctets, ou million de milliards d’octets

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"Appréhender les changements climatiques, environnementaux, et sociétaux

(ACCES)" : un Master 2 pour journalistes et communicants

Sciences de la Terre et des Planètes, Environnement

L’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et l’École

supérieure de journalisme de Lille ont développé un master 2ᵉ année à distance sur les liens entre climat et médias.

Son objectif est d’apporter aux journalistes et aux

communicants professionnels francophones les éléments de

méthodologie et de contenus scientifiques leur permettant

d’intégrer l’information climatique et environnementale dans le

traitement de l’actualité.

Les cours, proposés en e-learning et co-construits par des

scientifiques et des journalistes, ont démarré au début du mois

d’octobre 2017.

La formation aborde les différents enjeux et impacts du

changement climatique concernant l’économie, l’énergie,

le vivant, la politique, ou encore le droit. Elle est animée par des

journalistes professionnels et des scientifiques spécialistes des

différentes questions traitées.

Pour cette première année, la formation est suivie par dix

personnes aux profils variés de masters scientifiques et de

professionnels journalistes et communicants. Cinq auditeurs libres

professionnels sont également inscrits.

d'info : ww.universite-paris-saclay.fr/fr/education/master/m2-apprehender-les-changements-climatiques-environnementaux-et-societaux-acces-0#presentation-m2

Catherine SENIOR Institut Pierre-Simon Laplace

QUAND LE NCAR SE LANCE DANS LE PERFECTIONNEMENT DES MÉTHODES DE GÉO-INGÉNIERIE CLIMATIQUE ….

Une équipe américaine composée de chercheurs du NCAR (National

Center for Atmospheric Research), du Pacific Northwest National

Laboratory (PNNL) et de l’Université de Cornell vient de réaliser des

simulations permettant de "calibrer" de possibles injections

stratosphériques d’aérosols sulfurés pour combattre le réchauffement

climatique. Contrairement aux études précédentes où étaient estimées

les possibles conséquences d’injections réalisées uniquement dans la

stratosphère équatoriale, ce nouveau travail cherche à mettre en

évidence une stratégie d’injection mieux différenciée, à la fois dans

l’espace (plusieurs lieux d’injection) et dans le temps (avec une

réévaluation annuelle des injections nécessaires), ceci afin de réduire les

effets de sous-refroidissement aux hautes latitudes et de sur-

refroidissement aux basses latitudes. Les résultats, qui viennent d’être

publiés dans une série de 5 articles parus dans un numéro spécial du

"Journal of Geophysical Research – Atmosphere" de ce mois, semblent

montrer des effets de refroidissement beaucoup plus uniformes …

Ces études appellent toutefois de nombreuses remarques : comme les

précédentes, elles ne permettent pas de contrôler les possibles "effets

secondaires", comme par exemple ceux sur la physico-chimie de l’ozone

stratosphérique, de même qu’elles restent sujettes à caution quant aux

effets sur la répartition spatiale des précipitations, entre autres des

moussons. Certes ces réserves sont présentes dans les articles eux-

mêmes, mais il paraît tout à fait nécessaire d’insister sur un point

fondamental : ce n’est pas en spatialisant une méthode de géo-

ingénierie dont les fondements scientifiques sont encore insuffisants que

l’on fait vraiment progresser la science climatique ni que l’on avance en

quoi que ce soit dans la lutte contre le réchauffement …

Pour en savoir plus sur ces articles :

www2.ucar.edu/atmosnews/news/129835/

Jean-Claude ANDRÉ Météo et Climat

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Les signaux d’opportunité pour surveiller "l’or bleu"

Avec l’avènement des satellites, de

nouvelles sciences sont apparues qui se

nourrissent de mesures fortuites

provenant des différentes constellations

de satellites. Ces sciences "opportunistes"

vont permettre dans les prochaines

années de suivre avec une grande

précision, aussi bien temporelle que

spatiale, différents processus intervenant

dans le cycle de l’eau. Ces sciences

nouvelles, souvent innovantes, s’appuient

aussi bien sur les signaux de

télécommunication que sur les signaux de

positionnement GNSS, ou sur la trajectoire

même des satellites.

Ainsi on peut déjà intégrer dans les

systèmes d’analyse et de modélisation de

l’atmosphère et des surfaces

continentales de nouveaux types de

données hyper-fréquences issues de

l’atténuation des signaux des réseaux de

télécommunication, non conçus à la base

pour la mesure environnementale. L’idée

d’exploiter la perturbation des réseaux de

téléphonie par la pluie pour quantifier

celle-ci est apparue depuis une dizaine

d’années (idée originale de Messer et al.

en 2006).

Les services météorologiques des Pays-

Bas et d’Israël expérimentent cette

méthodologie aux échelles nationales et

régionales. D’autres pays, comme

l’Allemagne, testent la faisabilité en zone

montagneuse ou pour l‘hydrologie

urbaine.

Les signaux de positionnement

permettent aussi de mesurer la vapeur

d’eau atmosphérique ou l'eau

"précipitable", une technique qui était

prospective dans les années 2000 mais

qui est maintenant utilisée en

opérationnel par Météo-France et bien

d’autres services météorologiques à

travers le monde (voir l’article sur la radio-

occultation des signaux GNSS dans le

numéro 59 de mars dernier).

Figure : Les signaux d’opportunités mesurés actuellement dans un but environnemental dédié au suivi du cycle de l’eau. Notez l’existence des différentes échelles spatiales de mesures simultanées avec des pas temporels pouvant atteindre le dixième de seconde qui autorise le suivi d’évènements extrêmes et très rapides : tsunami, crue éclair etc.

Autre nouveauté : la surveillance des tempêtes tropicales, qui est un enjeu économique

et sociétal majeur et qui, avec le lancement par la NASA en décembre 2016 de la

constellation CYGNSS, ou le lancement prévu en 2018 de FORMOSAT-7/COSMIC-2, va

permettre d’obtenir de nouvelles informations jusque-là inaccessibles, c’est à dire

celles qui sont issues de signaux réfléchis au sol après avoir traversé l’œil du cyclone.

Plus surprenant encore, certaines missions ont été "sauvées" et ont vu leurs objectifs se

réaliser grâce aux mesures d’opportunité comme les mesures de réflectométrie GNSS

faites par le satellite SMAP dont le radar était tombé en panne mais dont les données

GNSS ont permis d’établir des cartes mondiales d’humidité du sol et de la biomasse.

Enfin, la communauté scientifique semble maintenant se tourner vers des approches

encore plus innovantes basées sur les orbites dynamiques des satellites et les

trajectoires dynamiques des drones et avions pour calculer le champ de gravité local

avec une grande précision. L’objectif est alors de regarder une source encore inexploité

: les eaux souterraines. Cependant, il est primordial de combiner l’ensemble des

méthodes d’opportunité pour pouvoir extraire les signaux provenant des eaux

souterraines. Cette nouvelle approche est susceptible dans un futur proche de mieux

approcher le cycle de l’eau, en permettant de mieux dissocier l’impact des différentes

sources sur le cycle global, de mieux évaluer les effets anthropiques (e.g. pompage,

contamination des eaux) et ainsi d'ouvrir de nouvelles perspectives aussi bien

scientifiques qu’applicatives.

José DARROZES, Guillaume RAMILLIEN, Marielle GOSSET

GET-OMP, Toulouse

LES TOURBIÈRES, DES RÉSERVOIRS À CARBONE…IMPERTURBABLES Qu’elles soient exposées au vent froid de Suède ou au soleil d’Italie, les tourbières – des milieux humides riches en matière organique – ne changent pas leur

mode de fonctionnement et, au final, stockent toujours autant de carbone. C’est en étudiant les communautés végétales de 56 tourbières d’Europe, et leur

évolution en fonction du climat, qu’une équipe de chercheurs européens incluant le CNRS et l’Université de Toulouse en est arrivée à cette conclusion.

Un constat qui laisserait à penser que les tourbières demeureraient de bons réservoirs à carbone, même en cas de réchauffement climatique.

Ces résultats ont été publiés dans le journal Nature Communications. d'info : www.cnrs.fr/inee/communication/breves/b310.html

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SENTINEL 5P LANCÉ LE 13 OCTOBRE

L’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé le 13 octobre le

satellite Sentinel 5P du programme Copernicus. Ce satellite est

dédié à l’observation de la qualité de l’air. Il est doté d’un

spectromètre-imageur qui mesure avec une résolution spatiale

de quelques kilomètres les concentrations en aérosols, O3, SO2,

NO2, CO et CH4. Ses données seront utilisées principalement par

le Centre de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS)

piloté par le CEPMMT pour le compte de Copernicus. d'info :

www.esa.int/Our_Activities/Observing_the_Earth/Copernicus/Sentinel-5P/Ready_to_reap_the_benefits_from_Copernicus_Sentinel-5P

ÉRUPTIONS VOLCANIQUES, MOUSSON AFRICAINE, EL NIÑO : LES

PROCESSUS PHYSIQUES IDENTIFIÉS

Une étude internationale montre que les éruptions volcaniques

stratosphériques peuvent déclencher des événements El Niño

dans le Pacifique. Les chercheurs ont identifié pour la première

fois les mécanismes physiques à l’œuvre : le refroidissement de

la surface du continent africain qui diminue l’intensité de la

mousson et provoque une "anomalie de chaleur" à l’origine d’un

coup de vent d’Ouest responsable du déclenchement d’El Niño.

Ces résultats ont été publiés en octobre 2017 dans la revue

Nature Communications. d'info : www.insu.cnrs.fr/node/7387

ANTARCTIQUE : LE VENT SUBLIME LES FLOCONS DE NEIGE

Grâce à une récolte de données inédites, une équipe de

chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne

(EPFL), du Laboratoire de météorologie dynamique (LMD/Paris),

de l’Institut des géosciences de l'environnement (IGE/Grenoble)

et du European centre for medium-range weather forecasts

(ECMWF), a observé et expliqué une diminution significative des

précipitations neigeuses à proximité du sol sur les régions

côtières de l’Antarctique. Celle-ci serait due aux vents

catabatiques qui sublimeraient les flocons de neige avant qu’ils

ne puissent atteindre le sol. Cette diminution va avoir une

incidence sur l’estimation du bilan de masse de la calotte

glaciaire et donc de la hausse ou la baisse du niveau des mers. d'info : www.insu.cnrs.fr/node/7189

DÉTECTER LA RECONSTITUTION DE LA COUCHE D’OZONE

Le protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone

stratosphérique a conduit, depuis la fin des années 90, à une

diminution significative des concentrations des gaz halogénés

d’origine industrielle responsables de la dégradation de la

couche au cours des décennies précédentes. L’analyse

conjointe de mesures et de résultats de modèle réalisée par

une équipe internationale comprenant des chercheurs du

Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales

(LATMOS/Paris) montre que, comme prévu, la reconstitution de

la couche d’ozone a bien lieu, mais qu’elle est encore largement

masquée par la variabilité naturelle, principalement d’origine

dynamique, dans la plupart des régions du globe. Les signes

manifestes de ce rétablissement se trouvent dans la haute

stratosphère et, dans une moindre mesure, en Antarctique. À

plus long terme, le devenir de la couche d’ozone va de plus en

plus dépendre des émissions des gaz à effet de serre. d'info : www.insu.cnrs.fr/node/7222

MESURE PLUS PRÉCISE DU POTENTIEL OXYDANT, NOUVEL INDICATEUR

SANITAIRE DES PARTICULES ATMOSPHÉRIQUES

Une équipe de l’Institut des géosciences de l'environnement

(IGE/Grenoble) a mesuré le potentiel oxydant, métrique de

l’exposition aux particules atmosphériques qui sont

responsables de pathologies cardio-pulmonaires, après que

celles-ci aient été extraites de fluides pulmonaires artificiels.

Leurs résultats indiquent que l'extraction dans l'eau des

particules, technique largement utilisée jusqu’à présent pour

mesurer ce pouvoir oxydant, tend à le surestimer. d'info : www.insu.cnrs.fr/node/7183

LA VARIABILITÉ DES STOCKS BIOLOGIQUES DE CARBONE DANS

L’OCÉAN AUSTRAL RÉVÉLÉE PAR LES FLOTTEURS BGC-ARGO

Plusieurs décennies de recherche ont été nécessaires pour faire

émerger le rôle majeur joué par l’océan Austral dans le cycle du

carbone et le contrôle du climat. Toutefois, son éloignement et

les conditions météorologiques extrêmes ont rapidement

imposé de sérieuses limites à l’acquisition de nouvelles

données par les approches classiques, essentiellement basées

sur des campagnes océanographiques. Des chercheurs du

Laboratoire d’océanographie de Villefranche (LOV) et du

Laboratoire d’océanographie microbienne (LOMIC/Banyuls) ont

relevé ce défi dans le cadre du projet SOCLIM (Southern ocean

and climate) en utilisant principalement des instruments

autonomes pour étudier le cycle du carbone dans cet océan. Les

premiers résultats démontrent qu’il est possible de décrire la

répartition des stocks de carbone entre différents

compartiments biologiques à partir de la nouvelle génération de

profileurs instrumentés BGC-Argo, avec une résolution spatiale

et temporelle jamais atteinte jusqu’à présent. Cette

connaissance est essentielle pour comprendre les mécanismes

par lesquels l’océan Austral absorbe le CO2 atmosphérique. d'info :

www.insu.cnrs.fr/node/7507?utm_source=DNI&utm_medium=email&utm_campaign=DNI

LES ANCIENS TSUNAMIS EN MÉDITERRANÉE, MYTHE OU RÉALITÉ ?

De nos jours, environ 130 millions de personnes vivent sur le

pourtour de la Méditerranée, une zone qui peut être touchée par

des tsunamis et des tempêtes. Or, il est très difficile de

distinguer les deux dans les archives géologiques. Déterminer la

fréquence passée de ces deux types d’événement en

Méditerranée, tel a été l’objectif d’une équipe de chercheurs du

CNRS, des universités Paul-Sabatier Toulouse et Aix-Marseille,

de l’université d'Exeter (Royaume-Uni) et de l’université de New

South Wales (Australie). Pour cela, elle a examiné les dépôts de

135 événements considérés comme des "tsunamis" dans des

archives sédimentaires issues du pourtour méditerranéen

depuis 4500 ans. Les scientifiques les ont ensuite comparés

aux données existant sur les tempêtes pour cette même période

en Méditerranée. Dans les deux cas, ils ont constaté que les

événements se déroulaient tous les 1500 ans environ. Ils sont

arrivés à la conclusion que près de 90% de ces "tsunamis" sont

en fait des périodes de fortes tempêtes. De plus, ces résultats

suggèrent que la plupart de ces événements intenses sont liés à

un refroidissement du climat dans l'hémisphère Nord. d'info :

www.insu.cnrs.fr/node/7495?utm_source=DNI&utm_medium=email&utm_campaign=DNI

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Météo-France va automatiser le Réseau Climatologique d'État

L'un des premiers postes automatisés du nouveau RCE, installé à Mesnil-Saint-Père (DIR Nord)

Le Réseau Climatologique d’État (RCE) de métropole est constitué

d'environ 2 300 postes manuels, tenus par des bénévoles, qui

relèvent quotidiennement les précipitations et l’occurrence de

certains phénomènes météorologiques (brouillard, orages, grêle,

neige…). Parmi eux, environ 800 postes relèvent également la

température. Ce réseau constitue une source de données

essentielles pour l'étude de l'évolution du climat car de nombreux

postes possèdent un historique de plusieurs décennies.

Toutefois, le RCE est de plus en plus difficile à maintenir pour

diverses raisons :

Il est de plus en plus difficile de trouver des bénévoles qui

acceptent les contraintes du RCE (passage quotidien à la

station) ; par exemple la Gendarmerie Nationale, qui tient

environ 15% des postes, demande à être libérée de cette tâche ;

La fermeture de nombreux centres de Météo-France rend plus

difficile la prospection et les visites permettant de maintenir la

motivation des bénévoles ;

Les coûts de fonctionnement sont importants.

Par ailleurs, d'autres sources d'observations participatives,

basées sur les nouvelles technologies (téléphones mobiles,

capteurs des voitures, mini-stations netAtmo, etc..) se

développent rapidement.

Ces nouvelles données vont progressivement apporter des

observations de plus en plus nombreuses, et rendent moins

nécessaire un RCE très dense.

Pour faire face au besoin d'observation de l'évolution du climat,

Météo-France a donc décidé de moderniser ce réseau en ne

conservant qu'environ 740 postes de mesures, correspondant

notamment aux séries existantes les plus longues, mais couvrant

l'ensemble du territoire de manière homogène. Tous ces postes

seront équipés de stations automatiques mesurant et

transmettant en temps réel la température et les précipitations.

Les bénévoles resteront indispensables, mais leur rôle changera.

En sus de leur rôle d'hébergeur, ils seront chargés de la

maintenance de premier niveau des stations, et à l'instar des

observateurs bénévoles non retenus au réseau cible, ils seront

invités à enrichir les données automatisées en utilisant l'outil

"avancé" d'observation participative de Météo-France afin de

collecter des informations complémentaires (mesure de hauteur

de neige au sol, temps sensible).

Le réseau cible a été finalisé au printemps 2017. Un projet pilote

portant sur 25 stations se déroule actuellement. Le déploiement

de l'ensemble du réseau automatisé se poursuivra ensuite, avec

un achèvement prévu en 2022.

Cette évolution aura de forts impacts sur la production

climatologique de l'établissement, et de nouveaux outils de

traitement des données seront développés. L'accompagnement

des bénévoles est également un volet important du projet afin de

faciliter l'adaptation au changement en interne et en externe.

Une stratégie pour l'outremer sera définie en 2018, en

capitalisant sur les premiers enseignements de l'évolution en

métropole (180 sites outre-mer sont concernés).

Philippe BOUGEAULT

Météo-France Avec le concours de la Direction des Systèmes d'Observation de Météo-France

OCTOBRE 2017 CHAUD, ENSOLEILLÉ ET SEC

En France, la température moyenne a été supérieure de 1,4°C à la

normale 1981-2010. Certains maximums journaliers ont dépassé

30°C dans le sud-ouest (30,9°C à Dax le 15, 30,5°C à Mont-de-

Marsan le 16, 30,3°C à Pau le 15, 30,2°C à Tarbes le 13).

Les précipitations ont été très déficitaires, notamment en région

PACA où plusieurs stations ont reçu moins d’un mm (0,8 à

Marignane et Carpentras, 0,6 à Avignon, 0,4 à St-Auban et 0,2 à

Nice, Cannes et Le Luc). En moyenne sur la France, le déficit est

proche de 70%. L’ensoleillement a été très excédentaire, sauf près

des côtes de la Manche. À Lyon, octobre 2017, avec 199 heures,

est au 2ème rang des mois d’octobre ensoleillés depuis 1926, à

égalité avec 1989, derrière 1967 (208 heures). d'info : www.meteofrance.fr/actualites/55210442-octobre-2017-chaud-et-

exceptionnellement-sec

LA PRÉVISION DES TRAJECTOIRES CYCLONIQUES … VUE DES USA

Un article du service scientifique de l’Ambassade de France aux

Etats-Unis revient sur la façon dont ont été gérés outre-Atlantique

les récents cyclones Harvey et

Irma.

Au-delà de quelques généralités

sur la prévision météorologique,

qu’il n’est toutefois pas sans

intérêt de rappeler, cet article

met une nouvelle fois en

évidence l’avance prise par

l’Europe, et singulièrement par le

CEPMMT, dans la prévision de trajectoire des cyclones tropicaux… d'info : www.france-science.org/Epilogue-pour-la-cooperation.html

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La tempête du 4 octobre 1984

Fig. 1 - Tempête Hortense du 4 octobre 1984

À la fin de l’été ou au début de l’automne, on

assiste de temps à autre à l’arrivée sur les

côtes européennes d’anciens cyclones

tropicaux venus de la région des Caraïbes.

C’est ainsi que le 4 octobre 1984, l’ancien

ouragan Hortense génère une violente tempête

sur le sud-ouest de la France. Celle-ci est

responsable de la mort de 6 personnes et de

dégâts s’élevant à 100 millions de francs.

ÉVOLUTION DE LA SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE

(fig.1)

Le 2 octobre, l’ancien cyclone tropical Hortense

devenu dépression "tempérée" se rapproche

des Açores et une dépression venue du

Labrador se dirige vers le Cap Finisterre.

Dans la nuit du 3 au 4 octobre, ces deux

dépressions fusionnent en une seule qui se

creuse rapidement (chute de près de 25 hPa

en 24 heures), à cause de la présence en

altitude d’un jet vigoureux (260 km/h).

La dépression (966 hPa) aborde le golfe de

Gascogne le 4 octobre en début de matinée

(fig.2) et atteint le littoral charentais dans la

soirée (fig.3).

Fig. 2 - Situation le 04/10/1984 à 06h UTC

Dpt Poste Altitude (m) Vent instantané maximal (km/h)

Heure locale

33 LEGE-CAP FERRET 9 166 18h30

33 CAZAUX 35 137 18h55

33 BORDEAUX 47 119 19h25

33 BISCARROSSE 36 119 20h05

17 MATHES 6 115 Entre 17h et 20h

12 MILLAU 712 126 13h40

30 MONT AIGOUAL 1567 169 Entre 8h et 17h

26 MONTELIMAR 73 112 18h05

Fig. 6 - Valeurs remarquables des rafales mesurées le 04/10/1984

Fig. 3 - Situation le 04/10/1984 à 18h UTC

Fig. 4 - Situation le 05/10/1984 à 06h UTC

Fig. 5 - Situation à 500 hPa le 05/10/1984

Elle continue ensuite sa progression vers

le nord-est en se comblant lentement (fig.

4). En altitude (500 hPa), un minimum

situé le 4 octobre à l’ouest de l’Ecosse se

positionne sur la France le lendemain

(fig.5).

LE VENT (fig.6)

Dès la seconde partie de la nuit du 3 au 4

octobre, à l’avant de la dépression au

niveau du Cap Finisterre, les rafales de

sud-ouest dépassent 100 km/h sur les

Pyrénées (252 km/h au Pic du Midi), puis

sur le Massif central (169 km/h au Mt-

Aigoual). Dans la journée, le vent de sud-

ouest à sud devient tempétueux sur la

Gironde et les Charentes et perdure

pendant plus de 9 heures. À Cazaux, les

rafales supérieures à 90 km/h se

succèdent de 12h à 21h (rafale maximale

de 137 km/h à 16h55 UTC). Au Cap

Ferret, la vitesse maximale atteint 166

km/h. Dans la nuit du 4 au 5 octobre, le

vent s’oriente à l’ouest ou au nord-ouest

sur le littoral, tout en faiblissant, alors que

la dépression s’éloigne vers le nord-est et

se comble progressivement.

INCIDENCES DE LA TEMPÊTE

On déplore la mort de six personnes, par

chute d’arbres ou d’éléments de

maçonnerie, accidents de la route et

même chute en mer depuis un

catamaran. Sur le plan matériel,

d’innombrables arbres sont déracinés sur

le littoral des Landes à la Charente-

Maritime et également dans le Béarn et

l’ouest de la Dordogne. De nombreuses

toitures s’envolent (300 maisons sont

sinistrées à Andernos). Près de 90 000

foyers sont privés d’électricité. Sur la côte,

plus de 140 bateaux de plaisance coulent

ou partent à la dérive ; le port de Bordeaux

est fermé à la navigation pendant

plusieurs heures et les parcs à huîtres du

bassin d’Arcachon sont endommagés.

Au total, les dégâts provoqués par la

tempête s’élèvent à 100 millions de

francs de 1984.

Guy BLANCHET Météo et Climat

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Partenariat Météo-France/Continental sur les véhicules connectés

Interface Homme-Machine du véhicule connecté de démonstration de Continental

Demain, le véhicule connecté fera partie de "l’internet des

objets". En agrégeant en temps réel des informations issues des

capteurs du véhicule avec des données externes, comme les

observations/prévisions météorologiques, le trafic ou l’état de la

route, le véhicule peut anticiper ce qui se passe au-delà de son

champ de vision.

Depuis 2016, Météo-France et l’équipementier automobile

Continental, deux acteurs de référence dans leurs domaines

respectifs, ont noué un partenariat pour développer une solution

d’aide à la conduite contribuant à renforcer la sécurité. Par une

approche pragmatique et incrémentale, ces deux acteurs

souhaitent définir des services pertinents et préparer

l’émergence du véhicule autonome.

Au cours de l’hiver 2016-2017, 200 véhicules conduits par des

collaborateurs de Continental et Météo-France ont été équipés

pour collecter et transmettre des données sur les conditions

météo. En retour les collaborateurs de ces deux entités

bénéficient tout au long de leur trajet d’alertes météorologiques

diffusées via leur smartphone et vocalisées. Ces alertes,

réactualisées en temps réel, informent le conducteur des

phénomènes pouvant impacter sa conduite dans les 30

prochaines minutes.

Cette expérimentation à grande échelle a permis de couvrir les

principaux axes routiers français sur plus de 700 000 km et de

collecter plus de 1,5 millions de données.

Les premiers résultats sont positifs ; l’apport des données de

température (écart quadratique moyen de l'erreur de l'ordre de

1° par rapport à des observations) permet d’améliorer la

cartographie du type de précipitations et des zones de glissance.

Cependant, l'utilisation du déclenchement des essuie-glaces pour

la détection de l'occurence des précipitations s'est montrée

beaucoup plus complexe. La comparaison avec des précipitations

mesurées par radar a montré une détection satisfaisante (taux

de détection de l'ordre de 79%) mais un nombre de fausses

alarmes relativement élevé (taux de fausses alarmes d'environ

60%). Une nouvelle campagne expérimentale qui intègrera

d’autres flottes de véhicules sur des zones ciblées viendra

compléter ces résultats et l’analyse d’autres types de données

issues des véhicules connectés. Elle permettra notamment

l'amélioration de l'estimation de l'occurence des précipitations

grâce à une approche multi-véhicules.

Pour Continental, cette flotte de véhicules constitue les prémices

d’un laboratoire d’expérimentation ouvert qui pourra également

être mis à disposition d’autres partenaires pour tester des

services auprès des conducteurs et des algorithmes

d’intelligence artificielle sur la base des données récupérées.

Pour Météo-France, ces expérimentations ont pour objectif de

proposer un système d’alertes encore plus fiable et pertinent.

En effet, intégrées dans les outils spécifiques de prévisions et

d’alertes météorologiques de Météo-France et combinées à

d’autres sources de données (radars de précipitations,

observations in situ, modèles numériques de prévision du temps,

expertise des prévisionnistes), les données issues des véhicules

connectés contribuent à définir une gamme de produits et

services innovants dédiés à la conduite.

Supperposition de la précipitation mesurée par radar avec l'utilisation des essuie-glaces (+ off; + on) par les véhicules de l'expérimentation ayant circulé le 20 novembre 2016 entre 10h10 et 10h15.

Ludovic BOUILLOUD, Matthieu CRÉAU et Nadine ANIORT

Météo-France

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Nos manifestations La Météorologie Revue de l'atmosphère et du climat

Le Train du Climat s'expose à la Gare de l'Est

Paris 10e | Gare de l'Est | 7-15 décembre 2017

Après le succès rencontré par l’édition 2015, les Messagers du

Climat, Météo et Climat et SNCF ont développé un nouveau projet

de partage des connaissances scientifiques orienté sur la

mobilisation autour des solutions dans les territoires.

Avant son départ pour une tournée des régions de France en 2018

et 2019, le train du Climat s'expose à la Gare de l'Est du 7 au 15

décembre 2017 et organise un cycle de conférences gratuites, animées

par les Messagers du Climat et en présence de personnalités du

monde public, territorial, économique et associatif, engagées dans

la lutte contre le changement climatique.

Sur les thèmes de la mobilité, des plans Climat territoriaux, de

l'éducation aux transitions, de l'énergie ou encore de la gestion de

l'eau, venez écouter et débattre avec les Messagers du Climat, de

grands témoins issus du monde public et politique et des experts.

d'infos : www.trainduclimat.fr

Appel à candidatures - Prix André Prud'homme 2018

Prix 2014 Prix 2015 Prix 2016 Prix 2017

Adrien Gilbert Pierre Nabat Neige Calonne Casimir de Lavergne

Le prix Prud'homme 2018, d'un montant de 1800 €, s'adresse à des

chercheurs qui ont soutenu une thèse de doctorat en 2016 ou

2017 dans une université française ou une école doctorale dans

les domaines de la météorologie, de la paléoclimatologie, de la

climatologie ou de l'océanographie.

Pour concourir, il suffit d'envoyer les éléments suivants au format

pdf par e-mail à [email protected] :

Une lettre de candidature précisant le titre de votre thèse,

lieu et année de soutenance, directeur de thèse ainsi que vos

coordonnées postales, adresse e-mail et numéro de

téléphone.

Votre thèse (également par courrier à : Météo et Climat

73, avenue de Paris, 94165 Saint-Mandé cedex)

Le résumé de la thèse (une page A4 maximum).

La liste de vos publications

Les avis des rapporteurs de votre thèse

La date limite pour la réception des dossiers est fixée au 1er février 2018

d'infos : www.meteoetclimat.fr/prix-chercheurs-et-scolaires

PRÉ-SOMMAIRE N°100 "SPÉCIAL 25 ANS" Février 2018

http://irevues.inist.fr/la-meteorologie

ARTICLES

ENSEIGNEMENT - Analogue du balancier pour

les rétroactions (V. Journé et J.-L. Dufresne)

Histoire de l'utilisation des radiances en

assimilation (Sylvain Lenfle)

Les modèles à aire limitée (Claude Fischer)

La prévision d’ensemble (François Bouttier et Robert Buizza)

Le métier de prévisionniste d'hier à aujourd'hui : deux

témoignages (Blandine Belin et Patrick Santurette, par Michel

Hontarrède)

Arrivée de la vigilance (Catherine Talmet)

Prévisions spécialisées (Jean-Marie Carrière)

Energie (S. Cros)

Système PREV’AIR (Sylvie Guidotti)

Avalanches (Cécile Coléou)

Evolution de l'observation in situ dans l'atmosphère

(Yann Guillou)

Evolution de l'observation in situ dans l'océan (Anne

Guillaume)

Histoire du GIEC (Jean Jouzel)

La coopération européenne en météorologie (Dominique

Marbouty et Claude Pastre)

La coopération internationale en météorologie : le rôle de

l'OMM dans les 25 dernières années (Michel Jarraud et Christian

Blondin)

Le développement du secteur privé en météorologie

Autres manifestations

12 déc. 2017

One Planet Summit Boulogne-Billancourt | La Seine Musicale

Le 12 décembre 2017, deux ans jour pour jour après l’accord

historique de Paris, le One Planet Summit est organisé par la

Présidence de la République française.

Au cœur de cette journée, il sera question de la manière dont les

acteurs engagés dans la finance publique et privée peuvent innover

pour soutenir et accélérer notre lutte commune contre le

changement climatique.

d'info : www.oneplanetsummit.fr

12-14 déc. 2017

Salon World Efficiency 2017 Paris | Porte de Versailles

World Efficiency Solutions est le premier rendez-vous international

de l'économie sobre en ressources et carbone. Ce salon s’articule

autour de 5 objectifs économiques issus des Objectifs de

Développement Durable.

d'info : www.world-efficiency.com