Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative...

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PROGRAMME HYDROLOGIQUE INTERNATIONAL Conception et stratégie de mise en oeuvre de l’initiative HELP Document établi par l’Équipe spéciale chargée de HELP janvier 2001 Dot. N” HOO/l Gi HELP est une initiative conjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) PHI-V Documents techniques en hydrologie no 44 UNESCO, Paris 2001

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PROGRAMME HYDROLOGIQUE INTERNATIONAL

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

Document établi par l’Équipe spéciale chargée de HELP janvier 2001

Dot. N” HOO/l

Gi

HELP est une initiative conjointe de l’Organisation des Nations Unies

pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM)

PHI-V Documents techniques en hydrologie no 44 UNESCO, Paris 2001

Les appellations employées darrs cette publication et la pr&entatian des données qui y figurent n’impliquent de la part de I’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoiresi, ,$Ues ou, ,z~nes, ou de leurs a#wjt&a, ni quant au tract9 de J’a:~‘ts frvnti’hres ou limites. :

SC-2OOllWSl7

DES SOLUTIONS RÉELLES

DANS UN CONTEXTE HUMAIN

ET HYDROGRAPHIQUE RÉEL

CONCEPTION ET STRATÉGIE DE MISE EN CEUVRE DE L’INITIATIVE HELP

DOCUMENT ÉTABLI PAR L’ÉQUIPE WÉWUE M~FGÉE DE HELP

La 9 Conférence internationale UNESCO/OMM sur l’hydrologie (Genève, 8-12 février 1999) a approuvé à l’unanimité une nouvelle initiative mondiale intitulée HELP (L’hyd ro o 1 g ie au service de l’environnement et de la vie et de la formulation de politiques) visant à la mise en place d’un réseau mondial de bassins hydrographiques afin de mieux articuler les liens entre l’hydrologie et les besoins de la société; la Conférence a recommandé la création d’une Équipe spéciale composée de spécialistes, de gestionnaires des ressources en eau et de spécialistes de la politique de l’eau chargée de définir ce concept. Elle a également demandé à l’Équipe spéciale de préparer un descriptif du pro- jet. Le présent document répond à cette demande. Il fait l’historique de l’initiative HELP et indique les problèmes auxquels elle s’attaque, ses objectifs et sa stratégie de mise en ceuvre.

Le présent document fait le point sur la planification de l’initiative HELP en octobre 2000. Il s’agit d’un projet final incluant des observations faites par un large éventail d’intervenants. On obtiendra de plus amples informations sur la page Web de HELP à l’adresse suivante :

www.unesco.org/science/HELP

ou en s’adressant à: M. Bonell, UNESCO, Division des sciences de l’eau, 1, rue Miollis 75732 Paris Cedex 15 France Courrier électronique : [email protected]

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

TABLE DES MATIÈRES

GLOSSAIRE DES SIGLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

RÉSUMÉ ANALYTIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1. INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1.1 HISTORIQUE ..................................................................................................... 11 1.2 FINALITE ET OBJECTIFS DE L’INITIATIVE HELP .............................................. 14 1.3 L’INITIATIVE HELP DANS L’OPTIQUE DE L’UNESCO ET DE L’OMM ................ 15 1.4 FORME ET FONCTION DE L’INITIATIVE HELP ................................................ 16

1.4.1 Raison d’être de l’initiative HELP .................................................................... 16 1.4.2 Le rôle des disciplines en jeu ............................................................................ 18

2. RÔLE DE L’INITIATIVE HELP DANS LA GESTION DES TERRES ET DE L’EAU . . . . 19

2.1 GESTION INTÉGREE DES TERRES ET DE L’EAU ............................................... 2.2 L’EAU ET LALIMENTATION .............................................................................

2.2.1 L’alimentation et la politique de l’eau ................................................................ 2.2.2 L’alimentation et la gestion de l’eau ................................................................... 2.2.3 Contribution des sciences hydrologiques ...........................................................

2.3 QUALITÉ DE L’EAU ET SANTE .......................................................................... 2.3.1 Qualité de l’eau et politique en la matière ........................................................... 2.3.2 Qualité et gestion de l’eau ............................................................................... 2.3.3 Contribution des sciences hydrologiques ...........................................................

2.4 L’EAU ET LENVIRONNEMENT ......................................................................... 2.4.1 La politique de l’environnement et de l’eau ........................................................ 2.4.2 Gestion de l’environnement et de l’eau .............................................................. 2.4.3 Contribution de l’hydrologie ...........................................................................

2.5 L’EAU ET LE CLIMAT ......................................................................................... 2.5.1 Climat, politique et gestion de l’eau .................................................................. 2.5.2 Contribution de l’hydrologie ...........................................................................

2.6 CONFLITS LIES A L’EAU .................................................................................... 2.6.1 Conflit, politique et gestion de l’eau .................................................................. 2.6.2 L’eau et les conflits liés à l’eau dans le cadre de l’initiative HELP ........................... 2.6.3 Contribution de l’hydrologie ...........................................................................

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3. SIGNIFICATION PRATIQUE DE L’INITIATIVE HELP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

3.1 LE RESEAU MONDIAL HELP DE BASSINS HYDROGRAPHIQUES ..................... 31 3.2 CARACTERISTIQUES DES BASSINS APPARTENANT AU RÉSEAU HELP ............ 31 3.3 IDENTIFICATION DES BASSINS QUI CONSTITUERONT LE RÉSEAU HELP ...... 31 3.4 RENFORCEMENT DES CAPACITES .................................................................... 33 3.5 COMMUNICATION ............................................................................................ 33

4. ORGANISATION ET GESTION DE L’INITIATIVE HELP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

4.1 BESOINS ............................................................................................................. 35

4.2 STRUCTURE ORGANIQUE PROPOSÉE .............................................................. 35 4.3 MISE EN CEUVRE ET GESTION ........................................................................... 37

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

5. RAPPORT ENTRE I3NITIATIvE HELI? ET D’AUTRES PROG RAMMES INTERNATIONAUX 38

5.1 PROGRAMMES MONDIAUX ............................................................................... 5.1.1 Le programme hydrologique international de I’UNESCO (PHI) ........................... 5.1.2 Régimes d’écoulement déterminés à partir de séries de données internationales

expérimentales et de réseaux (FRIEND) ............................................................ 5.1.3 Organisation météorologique mondiale (OMM) ................................................. 5.1.4 Système mondial d’observation du cycle hydrologique (WHYCOS) ....................... 5.1.5 Programme climatologique mondial (PCM) ....................................................... 5.1.6 Système mondial d’observation du climat (SMOC) .............................................. 5.1.7 Système mondial d’observation terrestre (GTOS) ............................... ............... 5.1.8 Partenariat mondial pour l’eau (GWP) ............................................................... 5.1.9 Système mondial de surveillance continue de l’environnement (GEMS/EAU) .......... 5.1 .lO Conseil international pour la science (CIUS) ......................................................

5.2 PROGRAMMES RÉGIONAUX ............................................................................ 5.2.1 UNESCO .................................................................................................... 5.2.2 Groupes de travail régionaux de I’OMM ............................................................ 5.2.3 Structures intergouvernementales régionales ....................................................... 5.2.4 CATHALAC ................................................................................................ 5.2.5 Réseau interamericain sur les ressources en eau (IWRN) .......................................

38 38

38 39 39 39 40 40 40 40 40 41 41 41 41 41 41

6. ÉTAPES SUIVANTES ..................................................................................................

6.1.1 Phase 1 - Élaboration du cadre stratégique ......................................................... 6.1.2 Phase 2 - Définition d’un plan opérationnel ....................................................... 6.1.3 Phase 3 - Mise en œuvre des projets de bassins ................................................... 6.1.4 Phase 4 - Établissement de rapports internationaux .............................................

APPENDICE 1 ORGANIGRAMME DE L’ÉQUIPE SPÉCIALE ......................................

APPENDICE II MANDAT DE L’ÉQUIPE SPÉCIALE .....................................................

APPENDICE III VISION DU CONSEIL MONDIAL DE L’EAU POUR L’EAU, LA VIE ET L’ENVIRONNEMENT AU XXI~ SIÈCLE ............................................

APPENDICE IV ÉCHANGE DE DONNÉES HYDROLOGIQUES TREIZIÈME CONGRÈS DE L’OMM, GENÈVE, MAI 1999, .....................

APPENDICE V QUESTIONS RELATIVES AU DROIT ET À LA POLITIQUE DES EAUX.,

APPENDICE VI EXEMPLE FICTIF DE BASSIN HELP ...................................................

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42 42 42 43

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APPENDICE VII EXEMPLE D’ÉTUDE D’UN BASSIN HELP NÉO-ZÉLANDAIS t< <. 61

6

AIEA

AISH

AMHY

AMIGO

AOC

BAHC

BALTEX

CAC SWR

CATHALAC

CDD

CIUS

CLIVAR

CME

COI

DFID

DHI

FAO

FRIEND

GAME

GCIP

GCTE

GECHS

GEMS/EAU

GEWEX

GIEC

GPCC

GRDC

GTOS

GWP

HELJ?

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

GLOSSAIRE DES SIGLES

Agence internationale de l’énergie atomique

Association internationale des sciences hydrologiques

Composante de FRIEND concernant l’hydrologie alpine et méditerra- néenne

Composante de FRIEND concernant la région de l’Asie et du Pacifique et les Caraïbes

Composante de FRIEND concernant l’Afrique de l’Ouest et du Centre

Aspects du cycle hydrologique se rapportant à la biosphère

Expérience en mer Baltique

Comité administratif de coordination, Sous-Comité sur les ressources en eau

Centre de l’eau pour les régions tropicales humides d’Amérique latine et des Caraïbes

Commission du développement durable

Conseil international des unions scientifiques

Programme sur la variabilité et les prévisions climatiques

Conseil mondial de l’eau

Commission océanographique intergouvernementale

Ministère du développement international (Royaume-Uni)

Décennie hydrologique internationale

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

Régimes d’écoulement déterminés à partir de données internationales expérimentales et de réseaux

Expérience GEWEX sur la mousson d’Asie

Projet international à l’échelle continentale de GEWEX

Changements planétaires et écosystèmes terrestres

Changements environnementaux à l’échelle planétaire et sécurité humaine

Système mondial de surveillance continue de l’environnement

Expérience mondiale sur les cycles de l’énergie et de l’eau

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

Centre mondial de climatologie des précipitations

Centre mondial de données sur l’écoulement

Système mondial d’observation terrestre

Partenariat mondial pour l’eau

L’hydrologie au service de l’environnement, de la vie et de la formulation de politiques

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

HKH

ICM

ICWE

IHDP

II!hSA

INRE

IWRN

LOICZ

MAB

MAGS

MOST

OMM

ONG

ONU

PH1

PH0

PHRE

PIGB

PMASC

PMC

PMDC

PMIC

PMRC

PNUE

RCU

SIG

SMOC

UNESCO

WHYCOS

WWAP

WWF

wwv

Composante de FRIEND pour la régi& de 1’Hindu Kush et de 1’Himalaya

Gestion intégrée des bassins hydrographiques

Conférence internationale sur l’eau et l’environnement: Le développe- ment dans la perspective du XXI~ siècle

Programme international sur ies dimensions humaines des changements de l’environnement planétaire

Institute of IJaiCllic and Arabie Sciences in America

Institut national de recherche sur les eaux, Canada

Inter-American Water Resources Network (Réseau interaméricain des ressources en eau)

Interaction terre-océan dans les zones côtières

Programme de 1’UNESCO sur L’homme et la biosphère

Étude GEWEX portant sur le bassin du Mackenzie

Gestion des transformations sociales

Organisation météorologique mondiale

Organisation non gouvernementale

Organisation des Nations Unies

Programme hydrologique international

Programme d’hydrologie opérationnelle

Programme d’hydrologie et de mise en valeur des ressources en eau

Programme international sur la géosphère et la biosphère

Programme mondial des applications et des services climatologiques

Programme climatologique mondial

Programme mondial des données climatologiques

Programme mondial concernant l’étude des incidences du climat

Programme mondial de recherche sur le climat

Programme des Nations Unies pour l’environnement

Unité régionale de coordination

Système d’information géographique

Système mondial d’observation du climat

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

Système mondial d’observation du cycle hydrologique

Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau

Forum mondial de l’eau

Vision mondiale de l’eau

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

RÉSUMÉ ANALYTIQUE

HELP est un programme conjoint UNESCO/OMM visant à la mise en place d’un réseau mon- dial de bassins hydrologiques afin de mieux articuler les liens entre l’hydrologie et les besoins de la société. Il s’agit d’un programme transversal du Programme hydrologique international de 1’UNESCO qui contribuera au Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau (WWAP) et au Programme d’hydrologie et de mise en valeur des ressources en eau de I’OMM.

L’importance vitale de l’eau pour garantir durablement la santé des populations et de l’envi- ronnement a été reconnue par de nombreuses instances nationales et internationales (par exemple la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies de 1997), lors d’examens de

1

. . a politique en la matière réalisés par les Nations Unies (par exemple par la Commission du déve- oppement durable de 1’ONU en 1994) et par des instances n’appartenant pas au système des

Nations Unies (comme la Commission européenne en 1998). Plusieurs conférences internationa- les récentes, dont le deuxième Forum mondial sur l’eau, axé sur la sécurité de l’approvisionne- ment en eau au XXIe siècle (La Haye, mars 2000), a marqué l’apogée, ont souligné que « l’eau » était le plus grave problème d’environnement qui se présente au XXI~ siècle. La principale contrainte que subissent les ressources en eau douce tient à l’augmentation constante de la popu- lation mondiale. La variabilité climatique et les changements climatiques potentiels aggravent encore la pénurie. Simultanément, la qualité de l’eau se dégrade, d’où une réduction dramatique de la quantité d’eau douce disponible pour l’approvisionnement des populations en eau potable et à des fins agricoles et industrielles.

Cependant, malgré cette pléthore d’activités de très haut niveau, aucun programme inter- national de recherche en hydrologie traitant les principaux problèmes concernant les ressources en eau rencontrés sur le terrain et les intégrant à la politique et aux besoins en matière de gestion n’a été entrepris. L’initiative HELP va modifier la situation en instaurant une nouvelle approche de la gestion intégrée des bassins hydrographiques qui consistera à utiliser des bassins réels, ayant des problèmes réels liés à l’eau, comme lieu de rencontre entre spécialistes de l’hydrologie, gestionnai- res des ressources en eau et spécialistes de la politique et de la législation relatives en la matière.

Une telle intégration est nécessaire en raison de la séparation traditionnelle entre responsables de la politique de l’eau et de la gestion des ressources en eau et communautés scientifiques, sur- tout lorsqu’il s’agit de définir les programmes de recherche et d’assurer la libre circulation de l’information aux fins de la gestion. On tarde de ce fait beaucoup à faire profiter la société des fruits de la recherche scientifique. De plus, la politique de gestion de l’eau repose en général sur des connaissances et une technologie dépassées. Bien souvent, on suit des procédures sans que les parties intéressées aient conscience des solutions de rechange qui s’offrent à elles et sans que les scientifiques saisissent les impératifs de la situation. Ce « verrou paradigmatique » (figure 1) s’est formé du fait de l’isolement progressif des deux principaux acteurs, à savoir: les scientifiques d’une part, faute d’être parvenus à prouver l’utilité de leurs conclusions et les parties prenantes de l’autre, en raison de précédents juridiques et professionnels et de l’éclatement des institutions. Actuellement, aucune initiative mondiale n’encourage les milieux responsables de la politique de l’eau, de la gestion des ressources en eau et la communauté scientifique à ceuvrer de concert dans une optique concrète, afin d’associer étroitement la science à la satisfaction des besoins en matière de formulation des politiques et de gestion. L’initiative HELP a pour but de combler cette lacune.

HELP est donc une initiative orientée vers les problèmes et adaptée à la demande qui sera essentiellement axée sur cinq’ grandes questions à savoir:

1. A sa 29e session, en avril 2000, le Bureau du PH1 a également recommandé d’ajouter les deux questions ci-après : amélioration de la communication entre les hydrologues et la société, et l’eau au service du développement socio-économique. Ces questions sont considérées comme liées au cinq questions initiales et ne devraient par conséquent pas être examinées séparément.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

l l’eau et le climat2; l l’eau et l’alimentation; l la qualité de l’eau et la santé humaine; l l’eau et l’environnement; l les conflits liés à l’eau.

L’importance relative de ces questions variera en fonction des régions et les priorités définies pour chaque bassin hydrographique appartenant au réseau HELP seront définies localement par les parties prenantes.

HELP nouera des liens appropriés avec un certain nombre d’autres initiatives internationales concernant l’eau (par exemple la GEWEX, le PIGB, le GWP, etc.) et offrira un excellent moyen de communication de l’information scientifique à l’appui de la gestion des ressources en eau et de la formulation de politiques y afférentes.

HELP fournira dans les cinq domaines susmentionnés de nouvelles données et de nouveaux modèles mieux adaptés à la définition d’une bonne gestion et à la formulation d’une bonne poli- tique de l’eau visant à satisfaire les besoins des populations et à profiter davantage à la société en faisant bon usage de l’eau et en instaurant un développement durable.

La finalité globale de l’initiative HELP est donc:

D’apporter des avantages sociaux, juridiques, économiques et environnementaux aux communautés par le biais d’une utilisation durable et appropriée de l’eau, en faisant appel à l’hydrologie pour mieux assurer la gestion intégrée des bassins hydrographiques.

On obtiendra de plus amples informations sur le Programme HELP à l’adresse suivante: http://www. unesco.org/science/help

ou auprès de:

M. Mike Bonell UNESCO Division des sciences de l’eau 1, rue Miollis 75732 Paris Cedex 15 France Courrier électronique : [email protected]

M. Wolfgang Grabs Département d’hydrologie et des ressources en eau Organisation mét&rologique mondiale 7 bis avenue de la Paix Case postale 2300 CH-1211 Genève 2 Suisse Courrier électronique : [email protected]

2. Ce qui comprend la prévention des catastrophes (inondations et sécheresses).

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

1. Introduction

1.1 Historique

De nombreuses instances nationales et internationales ont reconnu l’importance vitale de l’eau pour garantir durablement la santé des populations et de l’environnement. Plusieurs conférences récentes et documents d’orientation internationaux soulignent la nécessité d’une utilisation viable à long terme de nos ressources limitées en eau douce. La principale contrainte qu’elles subissent tient à l’augmentation constante de la population mondiale. La variabilité climatique et les changements climatiques potentiels aggravent encore la pénurie d’eau. Simultanément, sa qualité se dégrade, d’où une réduction dramatique de la quantité d’eau douce disponible pour l’approvi- sionnement des populations en eau potable, et à des fins agricoles et industrielles.

Pour répondre à ces préoccupations, les institutions du système des Nations Unies favorisent depuis plus de 40 ans la collecte et l’analyse de données hydrologiques et le renforcement des capacités. Toutes leurs évaluations les plus récentes montrent qu’il est effectivement urgent d’agir et de traiter les questions de gestion des ressources en eau dans le monde. La Commission du développement durable (CDD) des Nations Unies a par exemple souligné, en partie pour donner suite aux recommandations de la Conférence de Rio et d’Action 21, l’apparition du problème de la pénurie d’eau à l’échelle mondiale. En 1994, la CDD a instamment demandé que soit établi « un inventaire exhaustif des ressources en eau douce afin d’identifier la disponibilité desdites res- sources, de faire des projections des besoins futurs, et des problèmes à examiner devant être exa- minés ». Trois ans plus tard, l’« Inventaire exhaustif des ressources mondiales en eau douce » a été présenté à la 5e session de la CDD et à la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce document a été établi par un comité directeur comprenant des représentants de toutes les institutions du système des Nations Unies qui s’occupent de l’eau douce, et en coopération avec l’Institut de Stockholm pour l’environnement. La publication de la mono- graphie du Programme hydrographique international de 1’UNESCO intitulée « World Water Resources » (Ressources mondiales en eau) constitue une étape importante vers la réalisation de l’objectif de la CDD. Cet ouvrage établit un vaste corpus d’informations de base, mais conclut:

qu’il reste encore beaucoup à faire et que de nombreux aspects doivent être améliorés, en particulier les réseaux hydrologiques mondiaux et la collecte et le traitement des données, afin que l’évaluation des ressources en eau soit plus précise et plus fiable.

La Commission européenne a examiné la problématique de l’eau dans toute l’Europe (Freshwater: a challenge for innovation, 1998). Ce document, largement consulté, souligne que l’eau est une ressource stratégique et reconnaît que:

même dans des zones où les précipitations sont élevées et dans de grands bassins fluviaux, la surexploitation et la mauvaise gestion des ressources en eau ont sévèrement limité l’approvisionnement. Ces problèmes sont largement répandus et s’aggraveront encore car le développement économique croissant amplifiera encore la demande d’eau douce.

Une récente conférence internationale du Programme hydrologique international de 1’UNESCO portait sur le problème de « L’eau: une crise imminente? » et concluait qu’il fallait prendre des mesures concrètes dans un certain nombre de domaines pour éviter les pires catas- trophes.

Plus récemment, la Vision pour l’eau, la vie et l’environnement au XXI~ siècle, du Conseil mon- dial de l’eau, et le deuxième Forum mondial sur l’eau, qui allait de pair et portait sur le thème de la sécurité de l’eau au XXIe siècle (La Haye, mars 2000) ont souligné que « l’eau » était le plus grave problème d’environnement qui se présente au XXIe siècle.

La Déclaration ministérielle de La Haye sur la sécurité de l’eau énonce les sept principaux défis à relever pour assurer la sécurité de l’eau, à savoir satisfaire les besoins fondamentaux, assurer

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

l’approvisionnement alimentaire, protéger les écosystèmes, partager les ressources en eau, gérer les risques, valoriser l’eau et gérer l’eau de manière responsable. Afin de relever ces défis, la Déclaration ministérielle préconisait « . . . la collaboration et des partenariats à tous les niveaux.. . et.. . [l’intensification] de la collaboration afin de traduire les principes convenus en actions.. . » dans le cadre de la gestion intégrée des ressources en eau. Cette même déclaration indiquait égale- ment que « . . . les actions préconisées.. . [comprenaient] la planification et la gestion, convention- nelle et non conventionnelle, des ressources en eau et de la terre, qui prend en compte les facteurs sociaux, économiques et environnementaux, qui englobe les eaux de surface et les eaux souter- raines ainsi que leurs écosystèmes.. . ». La Déclaration ministérielle mettait aussi particulièrement l’accent sur les problèmes de qualité de l’eau.

Malgré cette pléthore d’activités très en vue, aucune initiative mondiale cherchant à trouver, dans un contexte concret, les solutions technologiques nécessaires et à les intégrer à la politique et à la gestion, n’a été entreprise. Au contraire, les réseaux hydrométriques et ceux relatifs à la qua- lité de l’eau, indispensables pour fournir des données valables permettant de savoir en quoi la politique de l’eau a besoin d’être actualisée, et d’y parvenir, se détériorent dans le monde entier depuis les années 80. Parallèlement, le soutien des donateurs en faveur de la recherche hydrolo- gique orientée vers des problèmes concrets afin de mieux comprendre les processus liés à l’eau et à la façon dont les contaminants pénètrent dans les bassins hydrographiques, les traver- sent et en ressortent, diminue, toutes choses qui ont de graves répercussions sur la gestion des bassins fluviaux.

De plus, la séparation traditionnelle entre responsables de la politique de l’eau et de la gestion des ressources en eau et communautés scientifiques demeure, surtout lorsqu’il s’agit de définir les programmes de recherche et d’assurer la libre circulation de l’information utile à la gestion. On tarde de ce fait beaucoup à faire profiter la société des fruits de la science. De plus, la politique de gestion de l’eau repose, à l’échelle mondiale, sur des connaissances et une technologie dépassées. Bien souvent, des procédures sont suivies sans que les scientifiques saisissent les impératifs de la situation et sans que les parties prenantes aient conscience des solutions de rechange dont elles disposent. Ce « verrou paradigmatique » (figure 1) s’est formé du fait de l’isolement progressif

Verrou paradigmatique

Hydrologie des processus Gestionnaires des ressources en eau et parties prenantes

compréhension

Isolée son utilité n’ayant pas été prouvée

mise en œuvre

Isolés en raison de l’éclatement des institutions

Figure 1 Le verrou paradigmatique, où les pratiques acceptées reposent sur des connais- sances dépassées et l’absence de transfert technologique.

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Conception et stratégie de mise en ceuvre de l’initiative HELP

des deux principaux acteurs, à savoir: les scientifiques d’une part, faute d’être parvenus à prouver l’utilité de leurs conclusions et les parties prenantes de l’autre, en raison de précédents juridiques et professionnels et de l’éclatement des institutions. Actuellement, aucune initiative mondiale n’encourage les milieux responsables de la politique de l’eau, de la gestion des ressources en eau et la communauté scientifique à oeuvrer de concert dans une optique concrète afin d’associer étroitement la science à la satisfaction des besoins recensés en matière de formula- tion des politiques et de gestion. L’initiative sur L’hydrologie au service de l’environnement, de la vie et de la formulation de politiques (HELP) a pour objectif de combler cette lacune.

On peut faire remonter HELP à la première décennie hydrologique internationale (DHI), qui a débuté en 1965 pour se terminer en 1974, et qui incluait des études systématiques de l’environ- nement hydrologique. Elle a connu un succès remarquable et a donné lieu à toute une série de programmes de suivi, parmi lesquels les phases successives du Programme hydrologique interna- tional (PHI) de l’UNESC0, au nombre de cinq à ce jour. La sixième, qui couvrira la période 2002-2007, est actuellement en cours de planification.

L’idée qu’il fallait une nouvelle grande initiative internationale est née en 1996, lors de la 17e session (Paris, octobre 1996) du Sous-Comité des ressources en eau du Comité administratif de coordination de I’ONU (CAC SWR de l’ONU), q ui recommandait le lancement d’une initia- tive mondiale sur la question de la qualité de l’eau. Entre-temps, des particuliers et des groupes de scientifiques ont admis, de leur côté, la nécessité d’une entreprise de ce genre et appelé à lan- cer un projet international dans lequel la science jouerait un rôle moteur. Certains des participants à la GEWEX ont ensuite proposé d’étudier la possibilité pour 1’UNESCO d’organiser une seconde Décennie hydrologique internationale.

Le concept d’initiative internationale répondant aux besoins de la formulation de politiques et du développement, qui est le pivot du programme HELP, est apparu pour la première fois lors de la Conférence internationale de la British Hydrological Society sur le thème « Hydrology and Water Resources Development in an Uncertain Environment » (L’hydrologie et la mise en valeur des ressources en eau dans un environnement incertain) qui s’est tenue à Exeter du 5 au 10 juillet 1998. La Conférence a adopté et défini ce concept dans un appel officiel lancé dans la « Déclaration d’Exeter », qui recommandait:

d’envisager d’organiier une deuxième Décennie hydrologique internationale, qui constituerait l’un des grands projets entrepris dans le cadre des activités en cours de I’UNESCO, de 1’OMM et d’autres organisations, reconnaîtrait les programmes mondiaux d’observation en cours dans les disciplines scientifiques connexes et viserait à fournir les ensembles exhaustifs de don- nées et les interprétations scientifiques nécessaires pour réduire l’incertitude des prévisions hydrologiques dans des domaines importants sur le plan environnemental, économique et social.

Pour répondre à ces demandes, 1’UNESCO et I’OMM ont coparrainé la réunion d’un groupe informel d’experts (organisée à Wallingford, Royaume-Uni, en décembre 1998), qui recomman- dait la mise au point d’une nouvelle initiative internationale en hydrologie. Le cadre conceptuel de cette initiative devait conjuguer hydrologie expérimentale et questions relatives à la gestion et à la politique des ressources en eau. Ce concept a été présenté à la cinquième Conférence inter- nationale mixte UNESCO/OMM sur l’hydrologie (Genève, février 1999), qui l’a entériné à l’unanimité. La Conférence a recommandé la création d’une nouvelle initiative mondiale qui, grâce à la mise en place d’un réseau mondial de bassins hydrographiques établirait un nouveau programme scientifique correspondant mieux aux questions les plus cruciales concernant la poli- tique et la gestion de l’eau. Cette nouvelle initiative est intitulée HELP (L’hydrologie au service de l’environnement, de la vie et de la formulation de politiques). La Conférence a recommandé la création d’une équipe spéciale, composée d’hydrologues, de gestionnaires des ressources en eau et de spécialistes de la politique et de la législation relatives à l’eau et chargée de définir cette notion. La structure de 1’Equipe spéciale qui en est découlée, ainsi que son mandat, sont indiqués aux appendices 1 et II. La Conférence a également demandé à 1’Equipe spéciale de rédiger le pré- sent descriptif de projet.

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

L’initiative HELP a été approuvée par la 28e session du Bureau du PHI, qui a recommandé qu’à l’instar de FRIEND, elle soit considérée comme un thème transdisciplinaire à part au sein du Programme hydrologique international de I’UNESCO. Le Bureau a également recommandé que l’initiative HELP établisse des liens solides avec les composantes pertinentes d’autres pro- grammes mondiaux tels que PMRC de l’OMM, le Programme international sur la géosphère et la biosphère (PIGB) du CIUS, d ‘autres institutions du système des Nations Unies, des organisa- tions non gouvernementales, des programmes internationaux et la vision pour l’eau, la vie et l’en- vironnement au xxIe siècle du Conseil mondial de l’eau (appendice III). Ces différentes instances ont à cette fin été invitées à envoyer des représentants et à participer à la première réunion de l’Équipe spéciale pour HELP qui s’est tenue en Arizona, du 20 au 26 novembre 1999. La plupart des organisations concernées étaient représentées et celles qui étaient dans l’impossibilité de le faire, ont manifesté un vif intérêt pour HELP et demandé à être informées des résultats de la réunion. De plus amples détails sur celle-ci figurent dans le rapport la concernant que l’on peut se procurer sur demande auprès de l’UNESC0, à Paris. Ce document présente le cadre straté- gique établi par 1’Equipe spéciale.

1.2 Finalité et objectifs de l’initiative HELP

La finalité globale de l’initiative HELP est:

d’apporter des avantages sociaux, juridiques, économiques et environnementaux aux communautés par le biais d’une utilisation durable et appropriée de l’eau, en faisant appel à l’hydrologie pour mieux assurer la gestion intégrée des bassins hydrographiques.

HELP fonctionnera selon le principe de l’adaptation de la recherche aux problèmes de poli- tique et de développement liés à l’eau, et aura pour principale activité la mise en place d’un réseau mondial de bassins hydrographiques expérimentaux.

HELP, qui s’appuiera sur les réseaux existants et développera de nouvelles connaissances scientifiques là où existent des lacunes, aura les principaux objectifs ci-après :

1. créer un cadre qui permette aux experts en droit et en politique de l’eau, aux gestionnaires des ressources en eau et aux spécialistes de l’eau de travailler en plus étroite collaboration à la résolution des problèmes liés à celle-ci;

2. briser le « verrou paradigmatique » ; changer l’optique de l’hydrologie afin que les obser- vations relatives à l’eau, qu’elles soient d’ordre matériel (techniques, hydrologiques, clima- tologiques, écologiques) ou non (sociologiques, économiques, administratives et juri- diques) soient faites dans de véritables bassins hydrographiques opérationnels. Ces observations porteront sur les problèmes de politique et de gestion les plus cruciaux aux yeux des utilisateurs dans différents contextes biophysiques et socio-économiques, et compte tenu de la nécessité d’un développement durable;

3. mettre l’accent sur les résultats; en faisant participer les principales parties prenantes afin que les résultats scientifiques obtenus satisfassent plus directement les besoins de la société.

On atteindra les objectifs susmentionnés en créant un programme intégré à long terme dans le cadre duquel l’hydrologie des processus sera étudiée à l’échelle de bassins hydrographiques plus vastes qu’auparavant, ce qui accroîtra son intérêt pratique pour les gestionnaires des ressources en eau et des terres, ainsi que pour les spécialistes de la politique et de la législation relatives à l’eau.

Reconnaissant que les pays développés et en développement n’ont pas les mêmes possibilités, HELP mettra l’accent sur le transfert de technologie, l’éducation et les initiatives en matière de renforcement des capacités afin de permettre au monde entier d’atteindre ces objectifs.

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

1.3 L’initiative HELP dans l’optique de I’UNESCO et de I’OMM

HELP est une initiative mondiale à laquelle peuvent contribuer des particuliers et des organisa- tions intéressés qui participent à la gestion intégrée des ressources en eau. La contribution à ce programme peut prendre de nombreuses formes, mais doit respecter les principes directeurs de base énoncés dans le présent document. L’UNESCO et 1’OMM en sont les deux principaux chefs de file.

LUNESCO considère HELP comme un programme transdisciplinaire, ayant une assise géo- graphique, susceptible de contribuer aux cinq thèmes scientifiques de la prochaine phase du PH1 (PHI-VI) à savoir:

l évolution à l’échelle mondiale et ressources en eau; l dynamique intégrée des bassins hydrologiques et des aquifères ; l hydrologie de l’habitat terrestre; l eau et société; l éducation et formation relatives à l’eau.

HELP est également en mesure de contribuer aux phases ultérieures du PH1 sur les thèmes complémentaires que sont la gestion, la législation et la politique relatives aux ressources en eau. Le document qui présente le PHI-VI contient des détails sur les liens essentiels, mais c’est surtout le fait que l’initiative HELP soit axée sur les bassins hydrographiques, et fasse appel à des scien- tifiques, des gestionnaires des ressources en eau et des experts de la politique et de la législation relatives à l’eau dans un contexte concret et de manière intégrée, qui la distingue du programme existant du PHI-VI. HELP peut aussi bien participer aux divers travaux de synthèse et aux grou- pes de travail novateurs de réflexion « en amont » du PHI, qu’aux contributions nationales affé- rentes aux thèmes actuels du PHI-VI et les compléter en incorporant et testant leurs résultats sur le terrain.

L’OMM soutient les efforts visant à améliorer l’efficacité des services hydrologiques nationaux sur lesquels s’appuient la planification des ressources en eau et l’atténuation des effets des cata- strophes. Les activités de ces services en matière d’évaluation des ressources en eau, et des risques et prévisions des inondations, sont tributaires d’une bonne compréhension scientifique des pro- cessus naturels et socio-économiques en jeu et d’un bon approvisionnement en données, qui devraient l’un et l’autre profiter de la mise en œuvre de l’initiative HELP.

L’adoption par 1’OMM de la résolution 25 (Cg-XIII) - Échange de données et de produits hydrologiques (appendice IV) atteste que l’Organisation est consciente de la nécessité de collec- ter des données et de les mettre à disposition. Dans cette résolution, les membres de I’OMM sous- crivaient « à l’engagement d’élargir et de renforcer dans toute la mesure du possible l’échange international libre et gratuit des données et des produits hydrologiques ». La résolution ajoutait que :

les membres devraient aussi fournir, lorsqu’ils en disposent, les données et produits supplémen- taires nécessaires pour appuyer les programmes et projets de I’OMM, ceux des autres institutions des Nations Unies, ceux du CIUS et des organisations jouissant d’un statut équivalent, qu’il s’a- gisse de programmes d’hydrologie opérationnelle ou de programmes de recherche sur les res- sources en eau à l’échelle mondiale, régionale et nationale.

C’est pourquoi le Congrès de I’OMM a accepté que l’Organisation continue d’étudier la fina- lité et la faisabilité de l’initiative HELP, sous réserve que, par son ampleur et sa nature, sa partici- pation au projet relève de son champ de compétence et serve ses objectifs.

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP -

1.4 Forme et fonction de l’initiative HELP

Parce que le bassin hydrographique est l’unité naturelle en hydrologie, il constitue la base de l’initiative HELP. Habituellement, les hydrologues étudient l’écoulement ,de l’eau à travers un bassin hydrographique et en déduisent les répercussions de ses variations. Etant donné toutefois que l’initiative HELP est axée sur la population et l’environnement - c’est-à-dire orientée vers les problèmes et modulée en fonction de la demande, elle adopte une approche différente, part de problèmes sociétaux, puis y recherche des solutions dans le domaine hydrologique. Cela suppose une approche multidisciplinaire ayant comme point de départ des problèmes relatifs à l’environ- nement, la vie et la formulation de politiques et faisant appel à l’hydrologie pour les résoudre.

HELP s’efforcera donc d’entreprendre de nouvelles études interdisciplinaires dans toute une gamme d’échelles appropriées, qui favorisent des solutions intégrées à des problèmes liés à l’eau, définis localement, et ayant trait à l’environnement, la vie et la formulation de politiques. Pour y parvenir dès le départ, l’initiative HELP aura recours à des spécialistes des sciences physiques et sociales appartenant aussi bien à des milieux opérationnels qu’à ceux de la recherche, à des experts en politique de l’eau, à des gestionnaires et à des utilisateurs. Là où les compétences techniques font défaut, HELP s’efforcera d’en favoriser l’acquisition par le biais de l’éducation et du renfor- cement des capacités.

HELP fournira donc un cadre multidisciplinaire permettant de traiter les cinq aspects mon- diaux ci-après de la politique de l’eau douce, à savoir:

l l’eau et l’alimentation; l la qualité de l’eau et la santé humaine; l l’eau et l’environnement; l l’eau et le climat”; l les conflits liés à l’eau;

‘+ Note : La prévention des catastrophes (inondations et sécheresses) relève de la rubrique Eau et climat.

1.4.1 Raison d’être de l’initiative HELP

L’environnement

Dans la mesure où l’on considère de plus en plus l’environnement non seulement comme un moyen de stockage de l’eau, mais aussi comme un utilisateur légitime, il est désormais admis qu’il a lui-même une valeur économique intrinsèque. L’environnement souffre toutefois aussi bien de pollution ponctuelle que de pollution diffuse en raison des diverses activités des utilisateurs d’eau. Il est de ce fait moins apte à fournir de l’eau propre à la consommation et en produit moins. L’alluvionnement est une forme de pollution qui diminue la disponibilité de l’eau dans le temps et dans l’espace. Une approche intégrée alliant génie écologique, hydrologie des processus, poli- tique environnementale, législation et économie, ainsi que gestion environnementale aura partiel- lement recours à HELP pour traiter les problèmes liés à l’environnement. HELP préconisera une meilleure gestion environnementale afin d’assurer la disponibilité durable des ressources en eau dans quelque bassin que ce soit.

La variabilité et les changements climatiques peuvent également avoir de profondes répercus- sions sur les ressources en eau. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du cli- mat (GIEC) a récemment conclu que le coût de plus en plus élevé des phénomènes climatiques, en vies humaines et en capital, imputables aux crues, tempêtes et sécheresses, tenait à l’inertie de la société qui n’adaptait pas sa politique et son mode d’utilisation des ressources. Cela souligne l’importance de la gestion des ressources en eau et la nécessité de quantifier et de prévoir les éventuelles modifications qu’elles risquent de subir du fait des changements et de la variabilité climatiques.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELI?

La vie

D’après certaines projections actuelles, la majeure partie de la population mondiale risque d’ici à 2025, de manquer d’eau pour cultiver les produits nécessaires à la satisfaction de ses besoins alimentaires de base. Cet énorme déficit vivrier semble inévitable dans les régions pauvres en eau, à moins que l’on ne parvienne à utiliser plus efficacement les ressources existantes: il faut pour cela étudier comment, sur les plans techniques et autres, rendre l’utilisation de l’eau de plus en plus efficace, aussi bien pour les cultures pluviales que pour les cultures irriguées. Pour s’assurer que d’éventuelles répercussions importantes sur les utilisateurs d’eau situés en aval (et/ou en amont) sont prises en compte, ce travail doit être effectué dans le cadre d’un bassin hydro- graphique.

La rivalité que suscite l’approvisionnement en eau est également une source grandissante de conflits potentiels. Dans des régions pauvres en eau, la croissance démographique aura inévita- blement pour effet une rivalité accrue, tant au niveau national qu’international, pour l’utilisation des ressources restreintes disponibles dans les cours d’eau et les aquifères. D’un autre côté, l’eau est également un excellent moyen de coopération, et a souvent servi à réunir diverses parties. Une meilleure information sur les ressources en eau est indispensable afin de prévoir, d’empêcher et de traiter les conflits potentiels liés à l’eau.

La santé humaine est gravement compromise par la pénurie d’eau de boisson salubre, ce qui est un problème sérieux dans de nombreux pays en développement, et qui ira probablement en s’aggravant, les sources existantes d’approvisionnement étant de plus en plus sollicitées du fait de la croissance démographique. A l’échelle mondiale, l’information sur la qualité de l’eau est extrê- mement rare, mais elle est indispensable si l’on veut évaluer correctement les risques encourus par une grande partie de la population mondiale et y remédier.

Politiqtte et législation

HELP offrira des informations plus fiables aux législateurs et aux décideurs (et responsables de l’application des lois et autres décisions), ce qui leur permettra de s’attaquer aux principales ques- tions que posent les inévitables conflits liés à l’utilisation de l’eau par les parties prenantes aux niveaux local, régional et international. La législation et les politiques applicables à la gestion durable des ressources en eau exigent une bonne compréhension des processus hydrologiques et une appréciation exacte des besoins et contraintes que subissent tous les utilisateurs d’eau. Les scientifiques doivent jouer un rôle vital dans l’élaboration d’un cadre juridique et politique effi- cace qui garantisse l’utilisation équitable et rationnelle de l’eau dans chaque cas particulier.

Le deuxième Forum mondial de l’eau est favorable à une intégration plus étroite de la science et de la politique et part du principe que pour prendre de bonnes décisions il faut s’appuyer sur de solides connaissances qui exigent à leur tour des analyses scientifiques. La science n’est par conséquent pas un luxe. Il lui faut de surcroît des bases de données suffisantes pour tirer des conclusions et le Forum préconise d’encourager la communauté scientifique à participer plus activement au débat public et les décideurs à tenir compte de leur avis.

Dans un premier temps, il convient d’identifier avec la plus grande précision la qualité de l’eau disponible et son volume, afin de délimiter précisément ce cadre. Dans un deuxième temps, il faut identifier les différents utilisateurs d’eau, les besoins de chacun et définir tout un éventail de sys- tèmes possibles d’affectation de l’eau y compris, dans l’idéal, en indiquant dans chaque cas quelle serait son utilisation optimale et durable.

Des relations de travail efficaces entre législateurs et décideurs et entre gestionnaires de l’eau et scientifiques devraient aboutir à l’établissement d’un régime de répartition de l’eau acceptable par toutes les parties prenantes, qui devra être contrôlé d’une façon ou d’une autre pour en garan- tir le constant respect. Cette surveillance devra faire l’objet d’une évaluation. En cas de différends entre utilisateurs, ou de litige quant à l’utilisation de l’eau, HELP peut fournir des modèles inté- grés de scénarios de remplacement qui satisferaient de façon optimale des besoins antagoniques.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

En bref, HELP permettra la mise au point de systèmes rationalisés et équitables d’attribu- tion de l’eau, capables d’évoluer avec le temps, visant à éviter les conflits et à rendre possible l’utilisation durable des ressources.

1.4.2 Le rôle des disciplines en jeu

Spécialistes des sciences de l’eau

Le savoir scientifique devrait être transmis sur le terrain, au moyen de dispositifs expérimentaux novateurs alliant observations matérielles et autres, relatives à l’eau. La science devrait s’intéres- ser de manière globale aux effets d’échelle et reconnaître que ceux-ci peuvent varier selon que les problèmes sont d’ordre matériel ou non. La principale motivation est d’améliorer la compréhen- sion des processus hydrologiques qui régissent la qualité de l’eau comme son volume, leur rap- port avec les processus écologiques (biodiversité, échanges terre/eau, hydromorphologie) et com- ment ceux-ci influent sur les structures sociales, économiques et juridiques ou sont affectés par elles. Les spécialistes des sciences de l’eau doivent aussi communiquer leurs résultats de recherche aux gestionnaires des ressources en eau concernés.

La législation et les décideurs

Législateurs et décideurs doivent apprécier la science à sa juste valeur et poser aux scientifiques des questions pertinentes afin de garantir à tous les utilisateurs actuels et futurs un accès équita- ble à des ressources adéquates en eau.

Les principales préoccupations des législateurs et des décideurs sont de déterminer le volume des ressources, les besoins de toutes les parties prenantes et de mettre au point un cadre souple, prévisible et applicable qui répartisse équitablement l’utilisation des ressources entre toutes les parties prenantes. L’appendice V donne des extraits de la Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation qui exigent une contribution scientifique.

Les gestionnaires des ressources en eau

Les gestionnaires des ressources en eau sont chargés d’atteindre les résultats pratiques en vue des- quels œuvre l’initiative HELP; ils sont probablement aussi les plus conscients des problèmes que pose le passage de l’idée à l’action et, parce qu’ils se trouvent aussi à l’interface entre science, droit et politique, ils peuvent fournir des informations cruciales sur les moyens d’éviter et de résoudre les conflits. Ils ont par conséquent un rôle crucial à jouer dans la formulation du programme de l’initiative HELP.

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2. Rôle de l’initiative HELP dans la gestion des terres et de l’eau

2.1 Gestion intégrée des terres et de l’eau

Les travaux effectués au titre de l’initiative HELP se feront dans le contexte holistique de la ges- tion intégrée des terres et de l’eau. Lorsqu’on étudie la gestion des ressources en eau à l’échelle d’un bassin hydrographique (ou à une échelle plus grande encore), il nous faut tenir compte des interactions entre les différentes composantes du paysage (forêts, savanes, prés et pâturages, ter- res cultivées et zones humides par exemple). Il faut également penser à l’eau en termes écono- miques, sociaux et environnementaux aussi bien qu’en termes physiques. Les technologies et les techniques de gestion susceptibles d’améliorer considérablement la gestion de l’eau à un endroit donné peuvent réduire l’approvisionnement en eau d’usagers en aval. Des variations locales de l’écoulement et du drainage peuvent également modifier le débit des cours d’eau, le stockage de l’eau dans les réservoirs et la réalimentation des nappes souterraines. Par conséquent, améliorer la gestion de l’utilisation de l’eau à un niveau donné peut profiter aux utilisateurs qui s’y trouvent, mais au détriment d’usagers habitant d’autres parties du bassin. Le problème est donc de com- prendre comment l’eau est utilisée dans les différentes parties d’un bassin afin d’améliorer la ges- tion de l’ensemble de celui-ci.

2.2 Ceau et l’alimentation

Le plus gros utilisateur d’eau douce est de loin l’agriculture, qui représente actuellement près des trois quarts de la consommation mondiale d’eau. Si, comme cela est presque certain, la popula- tion augmente de 65 % au cours des cinquante prochaines années, cette future population mon- diale sera, à 70 % environ, confrontée à une pénurie d’eau et 16 % n’aura pas suffisamment d’eau pour cultiver les produits nécessaires à la satisfaction de ses besoins alimentaires de base. On ne parviendra pas à augmenter la production alimentaire dans les propositions nécessaires sans accroître la productivité des terres existantes et avec les ressources en eau existantes. Une ques- tion cruciale pour HELP est donc de savoir « dans quelle mesure il est possible d’utiliser l’eau plus efficacement dans l’agriculture ? ».

Bien que l’irrigation soit souvent proposée comme étant le moyen d’augmenter la productivité par unité de surface, elle sollicite davantage encore les ressources en eau douce. En outre, étant donné que l’agriculture irriguée ne fournit qu’un tiers environ de l’alimentation mondiale, il n’en faudrait pas moins une assez forte augmentation de la production. D’un autre côté, améliorer l’efficacité de l’agriculture pluviale aurait pour double effet d’accroître la production alimentaire en même temps que de réduire la demande d’eau douce. La plupart des évaluations relatives à la production alimentaire future ne tiennent pas compte de la possibilité d’améliorer la production de l’agriculture pluviale par unité de surface. Et pourtant, dans des régions comme l’Afrique sub- saharienne, où la croissance démographique est très élevée, la plupart des produits alimentaires (plus de 90 %) p roviennent de ce type d’agriculture, situation qui perdurera probablement dans un avenir prévisible. Il est donc essentiel d’utiliser l’eau plus efficacement, tant dans l’agriculture pluviale que dans l’agriculture irriguée.

2.2.1 L’alimentation et la politique de l’eau

On recense cinq grands problèmes concernant l’eau et l’alimentation:

l le taux d’expansion futur de l’irrigation et la gravité de la pénurie alimentaire prévue si l’irrigation n’est pas développée; et les pénuries d’eau prévues en aval si l’irrigation est développée ;

l la sécurité de l’approvisionnement alimentaire national par rapport au commerce inter- national des produits alimentaires ;

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l l’augmentation de la productivité alimentaire totale (aussi bien pluviale qu’irriguée) ; l les moyens de combler l’écart de rendement plutôt que de repousser les limites de celui-ci

(en s’efforçant avant tout de réduire les variations qui font tomber les rendements en des- sous de la moyenne sur une même exploitation, plutôt que d’augmenter le rendement moyen par unité de facteur de production) ;

l la transition entre des organisations s’occupant d’irrigation et des entreprises de service, et le transfert aux utilisateurs de la gestion des systèmes les plus petits.

2.2.2 L’alimentation et la gestion de l’eau

Nous ne pouvons améliorer la gestion de l’eau dans l’agriculture et simultanément accroître la production alimentaire qu’en utilisant l’eau de manière plus efficace. C’est vrai aussi bien pour les cultures irriguées que pour les cultures pluviales et signifie qu’il faut produire autant ou davan- tage de nourriture avec moins d’eau. Si une meilleure efficacité d’utilisation de l’eau est avant tout une question quantitative, améliorer ou maintenir sa qualité est également une tâche essentielle de la gestron de l’eau dans l’agriculture. Dans de nombreux pays, augmenter la production alimen- taire est le problème le plus urgent, mais pour d’autres, c’est le maintien et l’amélioration de la qualité de l’eau qui prime.

Nous pouvons utiliser l’eau plus efficacement en:

l modifiant les pratiques agricoles de labourage ; l changeant de types de cultures ; l réduisant l’évaporation du sol ; l optimisant la sélection des cultures ; l améliorant les technologies ; l réduisant les pertes lors du transport ; l définissant et appliquant une politique de tarification.

11 convient de mesurer l’efficacité de l’utilisation de l’eau dans l’ensemble du bassin hydrogra- phique en tenant compte d’une éventuelle réutilisation. Alors que la réduction des pertes par éva- poration, qui sont improductives, est un objectif essentiel pour utiliser l’eau de manière plus effi- cace, il n’est peut-être pas souhaitable pour les prélèvements en aval de diminuer la réalimentation des nappes phréatiques. La gestion de l’eau doit par conséquent distinguer les différentes voies suivies par l’eau à l’intérieur du bassin et tenir compte des interactions et rétroactions au sein du système.

Pour garantir l’approvisionnement futur en nourriture et en eau, il nous faut intervenir et agir comme suit :

1. revoir les mesures prises aux plans institutionnel et normatif; 2. perfectionner les techniques ; 3. veiller à la préservation environnementale et écologique; 4. procéder à des modifications sociales et culturelles ; 5. reconnaître la demande urbaine et la demande rurale; 6. reconnaître les méthodes de gestion de la demande et de gestion participative; 7. renforcer les capacités et les transferts de technologie.

2.2.3 Contribution des sciences hydrologiques

Techniquement parlant, pour utiliser l’eau plus efficacement dans l’agriculture, il est fondamental d’augmenter le volume total d’eau dont disposent les végétaux et/ou d’accroître l’efficacité de la production de biomasse à partir de l’eau fournie par la transpiration des sols et des végétaux. Les principaux moyens de parvenir au premier objectif sont d’améliorer l’infiltration (c’est-à-dire de réduire le ruissellement de surface), de réduire l’évaporation directe de l’eau du sol (ou de l’eau d’irrigation) et de réduire le drainage. Nous connaissons certaines des techniques de base per- mettant de diminuer le ruissellement de surface, l’évaporation de l’eau du sol et le drainage, mais

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il convient d’étudier de manière plus approfondie l’opportunité et l’effet net d’une méthode don- née dans un environnement particulier.

L’efficacité peut également être améliorée grâce à la fixation accrue du carbone par unité de volume éliminée par transpiration. Cette « efficacité de transpiration » varie avec le type de culture et le taux d’hygrométrie, l’efficacité étant plus élevée dans les milieux plus humides. On pourrait donc, en principe, obtenir davantage de biomasse pour une même quantité d’eau utilisée en sélectionnant des espèces ayant une forte efficacité de transpiration, ou en cultivant des végé- taux dans une atmosphère plus humide. On pourrait avoir recours à cette dernière solution à une macro-échelle, c’est-à-dire en cultivant des végétaux et/ou utilisant de l’eau d’irrigation à des moments, ou en des endroits, où le taux hygrométrique est élevé. Il existe également une certaine marge de manipulation du microclimat dans les régions semi-arides, là où l’étage sommital des arbres peut accroître le taux d’humidité relative aux abords des cultures. Là encore on a pu déter- miner dans quelle mesure l’efficacité de la transpiration végétale pouvait être améliorée, mais il faut étudier systématiquement les solutions qui ont de fortes chances de donner de bons résultats dans des environnements particuliers. Il convient également de noter qu’un excès d’eau peut entraîner la saturation du sol et des problèmes de salinité.

En bref, la principale question scientifique relative à l’alimentation et à l’eau qui exige des recherches, est la suivante:

Comment peut-on utiliser léau plus efficacement dans l’agriculture et dans quelle mesure la nécessité et l’ampleur de cette amélioration, ainsi que les méthodes employées pour y parvenir, varient-elles à l’échelon régional et local ?

L’étude pourrait en outre examiner les questions suivantes :

l les techniques les plus appropriées pour réduire les pertes en eau des terrains agricoles dues au ruissellement de surface, à l’évaporation du sol et au drainage;

l la quantité d’eau susceptible d’être économisée en améliorant la transpiration et les tech- niques utilisables à cette fin;

l la mesure dans laquelle l’efficacité de l’eau pourrait être améliorée par l’utilisation de cul- tures différentes et/ou de cultures mixtes ;

l les économies relatives à faire dans l’agriculture pluviale et irriguée, et les possibilités d’uti- lisation complémentaire de l’eau entre les deux;

l la possibilité de gagner significativement en efficacité en évaluant la manière dont l’eau peut être utilisée en différents endroits et à différents moments dans l’ensemble d’un bassin hydrographique;

l les répercussions en aval d’une efficacité accrue de l’utilisation de l’eau dans les zones agri- coles ;

l les raisons pour lesquelles les agriculteurs locaux n’adaptent pas des techniques apparem- ment simples, propices à une utilisation plus efficace de l’eau.

L’efficacité de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture peut être considérablement améliorée, mais les solutions appropriées doivent être mises au point en fonction de caractéristiques phy- siques, sociales et économiques spécifiques. Il faut intensifier les efforts afin d’apporter aux struc- tures sociales, politiques et institutionnelles des innovations techniques susceptibles d’encourager les agriculteurs à adopter les améliorations. Si l’on y parvenait, alors davantage de régions du monde seraient en mesure de produire la nourriture dont elles ont et auront besoin pour alimen- ter leur population.

2.3 Qualité de l’eau et santé

En 1992, un cinquième de la population mondiale ne bénéficiait pas d’un approvisionnement sûr en eau, et environ la moitié ne disposait pas d’installations sanitaires satisfaisantes. Selon un rap- port récent des Nations Unies, plus de 5 millions de personnes meurent chaque année de maladies

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imputables à une eau de boisson insalubre et à l’absence d’installations sanitaires et d’adduction d’eau pour assurer l’hygiène publique. D’après l’Organisation mondiale de la santé, des milliards de personnes sont menacées par des maladies d’origine aquatique. La croissance démographique entraîne une dégradation de la qualité de l’eau qui est peut-être plus immédiate et plus grave que l’impact prévu d’autres phénomènes comme les changements climatiques à l’échelle planétaire sur les ressources en eau.

2.3.1 Qualité de l’eau et politique en la matière

Toutes sortes d’agents chimiques et biologiques sont nocifs pour la santé humaine et il est impor- tant que les pouvoirs publics prennent des mesures concernant les activités qui nuisent à la qua- lité de l’eau et à la santé des utilisateurs situés en aval. Il faut mettre en place des moyens juri- diques et autres, y compris l’établissement de normes de qualité de l’eau, faisant appel à une approche interdisciplinaire et interinstitutions. L’importance relative des agents chimiques et bio- logiques varie en fonction des différences culturelles et socio-économiques et hydrologiques, ce dont les politiques doivent tenir compte. Pour les pays développés, les questions essentielles concernent les polluants micro-organiques et les micro-organismes, et il faut sans cesse élaborer des politiques adaptées, à mesure que le transport et le devenir de ces constituants sont mieux compris.

L’approvisionnement en eau potable et l’installation de systèmes sanitaires sont, pour les pays en développement, des priorités absolues qui exigent des politiques soigneusement définies, adap- tées aux besoins humains et environnementaux. Même dans les pays développés, il peut s’avérer nécessaire de formuler des politiques tenant compte des particularités de certains sous-groupes.

La législation (les normes) relative à la qualité de l’eau potable, de l’eau destinée aux loisirs aquatiques et à l’agriculture, ainsi qu’aux effluents contenus dans les eaux usées, est une compo- sante essentielle à la protection de la santé humaine. Il faut non seulement qu’elle favorise le ren- forcement des capacités en matière de qualité de l’eau, mais également qu’elle habilite des parti- culiers et organisations compétents à mettre en oeuvre les mesures appropriées. Sensibiliser davantage le public et accroître sa participation sont des éléments indispensables des politiques et mesures visant à protéger et gérer la qualité de l’eau et la santé humaine. La politique d’aménage- ment du territoire et d’autres (en matière de biotechnologie et de rejets d’organismes génétique- ment modifiés) doivent tenir compte des répercussions de ces opérations pour la qualité de l’eau et la santé humaine. L’un des grands objectifs d’HELP est d’éviter l’adoption d’approches trop étriquées pour résoudre les problèmes relatifs à l’eau et à la santé. Il s’agit de problèmes pluridis- ciplinaires qu’il faut aborder simultanément sous plusieurs angles, et en partenariat.

2.3.2 Qualité et gestion de l’eau

Veiller à la qualité de l’eau devient l’un des principaux aspects de la gestion de celle-ci. Certains pays, en particulier en développement, ne se concentrent que sur les problèmes de pollution dus à sources ponctuelles, en raison de leur grave impact sur l’environnement. Dans les pays déve- loppés, où la plupart des cas de pollution ponctuels sont désormais maîtrisés, on s’inquiète sur- tout de la pollution diffuse et de l’hydro-écologie des masses d’eau. Les procédures de gestion sont donc très différentes d’un pays à l’autre. Une connaissance plus complète du cycle hydrolo- gique aidera les gestionnaires des ressources, parce que l’eau est l’un des principaux vecteurs de la pollution dans le cadre naturel. L’évaporation augmente la concentration, ce qui peut, en défini- tive, entraîner un empoisonnement du milieu naturel par salinisation des terres. Au contraire, les précipitations, et le ruissellement qui va de pair, collectent sur leur passage des contaminants dans l’ensemble d’un site et les en évacuent et l’importance relative des contributions de l’eau le long des divers trajets hydrologiques a de grandes conséquences pour le transport de polluants qui en résulte.

La capacité d’absorption du milieu aquatique est importante pour déterminer dans quelle mesure on peut maîtriser la pollution. La connaître pour différents polluants et dans divers milieux aidera les gestionnaires à établir un ordre de priorité pour contrôler les sources de pollu-

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tion et à déterminer les meilleures pratiques de gestion qu’il convient d’adopter. La capacité d’absorption du milieu aquatique est, à divers titres, importante pour la gestion de la qualité de l’eau. Premièrement, il s’agit d’une sorte de ressource, qui est limitée et peut être consommée. Il faut donc préciser la capacité maximale d’une masse d’eau à recevoir un polluant, de façon à déter- miner jusqu’à quel seuil l’eau peut être utilisée. La capacité d’absorption est peut-être toutefois partiellement renouvelable, si bien qu’en contrôlant judicieusement son degré d’utilisation, il est possible de s’en servir durablement. Par contre, lorsqu’elle est détruite, il est très difficile de la rétablir.

La pollution diffuse est plus courante et plus grave que la pollution ponctuelle et constitue un problème plus épineux à gérer. Elle provient de vastes zones productrices de polluants solubles et solides. Lorsque ceux-ci pénètrent dans des masses d’eau, comme les rivières, les lacs et les réser- voirs, ils peuvent provoquer une pollution et une eutrophisation de l’eau. Les principales sources de pollution sont normalement l’érosion du sol, l’utilisation de pesticides, d’engrais chimiques et d’engrais d’origine animale sur des terres agricoles et le ruissellement de surface dans les zones urbaines. La pollution diffuse est donc un processus complexe et aléatoire. Plus alarmant encore, nous ne savons pas combien de temps les contaminants transitent et restent dans les eaux sub- superficielles et ne pouvons par conséquent pas conseiller les gestionnaires de l’eau sur les modi- fications à apporter à la politique de gestion des eaux et des terres. La gestion de la pollution dif- fuse sera un important volet de l’initiative HELI?

L’importance de l’eau pour la santé humaine est un autre aspect crucial sur lequel il convien- drait de mettre suffisamment l’accent dans la gestion de la qualité de l’eau. L’eau potable et celle destinée au système sanitaire ne représentent qu’un petit pourcentage de la quantité totale d’eau consommée par l’humanité. Et cependant, c’est cette eau qui est vitale pour la santé humaine et c’est la composante qui provoque ou risque de provoquer des maladies d’origine aquatique en cas de consommation d’eau de boisson insalubre et de contact de la peau avec de l’eau contaminée.

L’eau de boisson et celle destinée au système sanitaire sont prélevées soit dans les eaux de sur- face, soit dans les eaux souterraines. Pour les sources d’eau de surface, il faut tenir compte de l’incidence des rejets et émissions en amont. L’eau souterraine est également pour beaucoup de pays, surtout des zones arides et semi-arides, une très importante source d’eau de boisson et à usage sanitaire. Le principal défi de la gestion de la qualité de l’eau est donc de prendre des mesu- res appropriées pour prévenir la pollution des eaux souterraines, la combattre et la faire diminuer et pour atténuer l’impact (y compris transfrontières) de la pollution de l’eau de boisson et à usage sanitaire.

Nous savons que la gestion intégrée des bassins hydrographiques est un moyen efficace de gérer aussi bien les ressources en eau que la qualité de celle-ci. Plusieurs institutions ont récem- ment été créées pour gérer des bassins fluviaux internationaux conformément à des accords signés par les parties concernées. On peut citer en exemple la Commission du Mékong, la Commission internationale pour la protection du Danube, la Commission internationale pour la protection de la Meuse et la Commission internationale pour la protection de 1’Escaut. Les dispositions énon- cées dans les accords définissent les pouvoirs et fonctions de ces instances dont la principale tâche consiste notamment à harmoniser l’action entre les utilisateurs des zones riveraines, à mettre en place des systèmes unifiés de surveillance, à gérer l’échange d’informations et à veiller à ce que les participants respectent les accords. La convention ou l’accord est donc une condition préalable à la mise en place d’une telle institution unifiée de protection de bassins fluviaux internationaux.

Des institutions nationales, de bassins ont été créées il y a longtemps, avec succès, dans certains pays développés comme les Etats-Unis d’Amérique, la France et le Royaume-Uni. D’après leur expérience, lorsque les bassins sont gérés séparément par plusieurs organismes indépendants, la qualité de l’environnement a tendance à se dégrader. Lorsqu’ils sont gérés comme des entités, il est possible de tirer le meilleur parti de leurs multiples usages et de leur potentiel économique. Simultanément, de telles institutions peuvent traiter au niveau central les différends qui découlent de l’utilisation des divers affluents, segments de cours d’eau et secteurs. Aucun modèle général ne peut être appliqué à tous les bassins, car la forme, la structure et la fonction de telles institutions

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dépendent des conditions locales. Le champ d’application et la fonction de ce type de gestion inté- grée peut comprendre la gestion des ressources en eau, la lutte contre la pollution de l’eau, les pêcheries, la protection contre les inondations, la conservation des sols, l’hydro-écologie et la pré- servation des masses d’eau ainsi que la collecte des redevances. Les procédures de gestion de la qualité de l’eau sont le fondement de ladite gestion puisqu’elles servent à appliquer la législation et les politiques en la matière. Chaque pays définit ses propres procédures. Elles peuvent s’appli- quer à la lutte contre la pollution de l’eau par le biais de projets en cours ou prévus, à la lutte contre les polluants ou à la protection de l’hydro-écologie et du milieu aquatique. Elles seront dif- férentes d’un pays à l’autre parce que les conditions environnementales y seront différentes, mais devraient toutes :

l définir de manière identique les modalités de planification de la protection; l mettre en ceuvre un programme intégré de surveillance; l utiliser le SIG pour aider à la prise de décision; l privilégier la régénération hydro-écologique; l déterminer les liens entre qualité de l’eau et santé humaine; l promouvoir la compréhension mutuelle, l’échange d’information et la participation des

institutions et du public à tous les niveaux.

De nombreux pays ne planifient pas uniformément la protection du milieu aquatique pour chaque bassin hydrographique. Soit la planification est particulière à chaque bassin, soit elle est régionale, et ne s’applique qu’à certains secteurs ou subdivisions du bassin. Certains pays ont mis sur pied une planification intégrée, mais ne disposent pas de moyens d’évaluation intégrée de l’impact des fluctuations des ressources en eau (dues à la variabilité climatique) sur la qualité de celle-ci. En outre, l’accent n’est pas mis sur les questions juridiques et institutionnelles et sur la participation du public. Dans le cadre de la gestion du milieu aquatique, il est donc très impor- tant de formuler des plans intégrés de protection, en fonction de la situation actuelle et des ten- dances futures particulières à chaque bassin, en tenant compte de l’harmonisation de l’économie, de la société et de la mise en valeur de l’environnement.

2.3.3 Contribution des sciences hydrologiques

Le principal objectif scientifique est de définir la vision d’ensemble du mode de fonctionnement des bassins hydrographiques, indispensable pour comprendre les liens entre la qualité de l’eau et son volume à des échelles spatio-temporelles variables. Il faut comprendre comment divers modes d’utilisation des terres et méthodes de gestion influent sur la qualité de l’eau - c’est-à-dire com- prendre l’évolution fondamentale de la qualité de l’eau. Jusqu’à présent, l’effort de recherche por- tant à la fois sur l’hydrologie des processus et les phénomènes qui régissent la qualité de l’eau a été insuffisant. Les processus liés au transfert des contaminants et à leur adsorption (ou absorp- tion) temporaire à travers le système topographique - avant qu’ils ne pénètrent dans un système organisé de drainage de surface - sont fort mal connus. Lorsque nous les comprendrons, il sera possible d’évaluer les relations de cause à effet entre les processus physiques, chimiques et biolo- giques, par exemple entre l’hydrologie et les agents pathogènes, ou entre l’hydrochimie et les espèces toxicogènes.

Pour atteindre les objectifs susmentionnés, la priorité des priorités est la mise en place de pro- grammes appropriés de surveillance continue de la qualité de l’eau.

2.4 L’eau et l’environnement

Le milieu naturel et sa biodiversité sont menacés à la fois par les prélèvements d’eau et par la pol- lution de celle-ci. Il faut trouver un équilibre entre la protection de services écologiques essentiels et les besoins d’eau de l’humanité. Là où il n’y a pas suffisamment d’eau pour les deux, il faut trouver des éléments quantitatifs cohérents sur lesquels se fonder pour décider de la valeur des différentes utilisations de l’eau. La valeur implicite de l’environnement, plutôt que sa valeur éco- nomique immédiate, doit être incluse dans toute analyse qui attribue un ordre de priorité aux dif-

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férentes utilisations de l’eau. Les zones humides où l’eau est nécessaire pour assurer la pérennité du fonctionnement écologique en sont un exemple patent, mais il faut estimer la valeur de toute zone ayant une importance environnementale ou écologique. Ce n’est pas uniquement la quan- tité d’eau, mais également le degré et l’ampleur de la pollution qui risquent de nuire aux écosys- tèmes. Les niveaux de pollution tolérables et le rôle éventuel de l’environnement dans l’atténua- tion des effets de la pollution doivent également être plus clairement déterminés si l’on veut parvenir à gérer ce problème grandissant dans l’intérêt de l’ensemble du système hydrologique.

2.4.1 La politique de l’environnement et de l’eau

L’eau et l’environnement sont des questions récentes auxquelles s’intéressent surtout des pays développés capables de satisfaire les besoins fondamentaux en eau de leur population. En Californie par exemple, la législation prescrit de garantir un débit réservé, c’est-à-dire un débit minimal à maintenir en permanence pour préserver les rivières sauvages offrant de très beaux panoramas, protéger les espèces menacées de poissons et autres animaux, ainsi que pour éviter l’intrusion d’eau salée.

Dans toute société, le degré de protection de l’environnement à atteindre sera une question de choix et d’engagement politiques. Les pays en développement seront en général les moins capa- bles, ou les moins désireux, de prendre en considération la question de l’eau nécessaire à la pro- tection de l’environnement, car leur priorité essentielle sera de veiller à satisfaire les besoins fon- damentaux immédiats de leur population. Il conviendrait donc de faire des efforts de sensibilisation afin que ces deux objectifs ne soient pas contradictoires.

L’économie environnementale est une discipline relativement nouvelle qui élabore des méthodes d’évaluation des avantages des services écologiques offerts par la nature, lesquels ne sont toutefois pas toujours inclus dans les analyses économiques traditionnelles. L’élaboration de ces méthodes est indispensable et il est impératif que les décideurs les acceptent afin que des mesures soient prises pour allouer de manière rentable une partie des rares ressources en eau à la protection,de l’environnement. La manière dont, en 1976, l’Agence de protection de l’environne- ment de 1’Etat de Rio de Janeiro a pu sauver les mangroves de la Baie de Guanabara est un excel- lent exemple de ce qui peut être fait. Cette action a incité les autres États à promulguer des lois fédérales visant à la protection des mangroves dans tout le Brésil.

2.4.2 Gestion de l’environnement et de l’eau

Même s’il s’agit d’un truisme, il convient de réaffirmer qu’il n’y a pas que les populations, mais aussi l’environnement - c’est-à-dire les écosystèmes - qui ont besoin d’eau. Le cadre naturel de gestion de l’eau est le bassin hydrographique, qui comprend non seulement les écosystèmes aqua- tiques, mais également les écosystèmes terrestres connexes. Pour gérer un bassin fluvial de manière intégrée, il est impératif de mettre en place des mécanismes de planification et de gestion de l’utilisation des terres et de l’eau fonctionnant à l’échelle du bassin. La demande en eau de l’environnement n’est pas toujours évidente et peut être difficile à quantifier. Elle est de ce fait souvent négligée ou sous-estimée en termes globaux, mais de telles pratiques risquent d’entraîner des problèmes environnementaux et sociaux. Bien que tous les écosystèmes d’un bassin doivent être pris en compte pour la gestion de l’eau, compte tenu du peu de place disponible ici, l’accent sera mis sur les zones humides et, pour les grands cours d’eau coulant à basse altitude, sur l’importance des plaines alluviales.

Bien que les zones humides se présentent généralement comme de petites parcelles éparpillées, elles occupent approximativement 6 % de la surface terrestre et représentent environ 25 % de la production nette des écosystèmes de la planète. En dehors de cette contribution à la productivité terrestre, les zones humides font office d’infrastructures naturelles et de régulateurs hydrolo- giques. Du point de vue du cycle de l’eau elles ont notamment pour principales fonctions le stockage de l’eau (régulation du débit, atténuation du débit, réalimentation des nappes phréa- tiques, évacuation des eaux souterraines), le contrôle de la qualité de l’eau (purification de l’eau, rétention des polluants, nutriments et sédiments) et la régulation du climat local (précipitations,

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température et évaporation). On pourrait donc considérer l’utilisation rationnelle des zones humides, ainsi que leur protection et leur restauration, comme un moyen d’assurer durablement l’approvisionnement en eau nécessaire à tout un éventail d’utilisations humaines.

Dans les systèmes des plaines alluviales de basse altitude, les ouvrages d’art bâtis pour se défen- dre contre les inondations, produire de l’électricité et transporter l’eau, ou le dragage, la défores- tation et l’intensification de l’agriculture sont les principales raisons de la baisse de qualité de l’eau des rivières, de la perturbation du régime des cours d’eau, et de la disparition des forêts desdites plaines et des zones humides. La plupart des modifications apportées ont abouti à la domesti- quation, à la régularisation et à la « fossilisation » des cours d’eau. A basse altitude, les cours d’eau naturels sont des hydrosystèmes très dynamiques, qui créent et détruisent constamment dans la plaine alluviale des ensembles de masses d’eau aussi divers que complexes qui jouent un rôle important dans le cycle de l’eau. Les rivières et fleuves « fossilisés » ne peuvent pas assumer ces fonctions. Il est par conséquent vital de conserver des « espaces libres » afin que les cours d’eau conservent leur dynamique et leurs processus écologiques naturels et d’encourager l’utilisation rationnelle des écosystèmes fluviaux.

Cela ne signifie pas qu’aucune digue, aucun barrage ni aucun ouvrage d’art ne doit être cons- truit sur les cours d’eau de basse altitude, mais qu’il faut trouver un équilibre entre les besoins humains et le fonctionnement naturel des écosystèmes.

2.4.3 Contribution de l’hydrologie

Nos capacités de modélisation et de prévision fiable des effets conjugués des multiples modifica- tions apportées à l’utilisation des terres dans des bassins hydrographiques à l’échelle opération- nelle (10 000 km2 ou davantage), ou des effets cumulatifs de ces changements à long terme sont encore faibles, voire inexistantes, car même après 65 ans d’étude des bassins hydrographiques et 35 ans, ou davantage, d’étude des processus et de modélisation mathématique, trop peu de tra- vaux ont été faits sur les processus d’intégration au sein des bassins. Nous ne connaissons pas suf- fisamment les principaux processus conjuguant les divers apports, variables d’état et mécanismes de modulation pour produire des résultats indiquant le débit et la composition chimique de l’eau. Nous nous sommes fiés au caractère intégrateur du bassin hydrographique, mais aucune étude des modalités de ce processus n’a été faite. Par conséquent, les prévisions des effets de change- ments multiples fournies par les modèles ne sont pas suffisamment bonnes pour être utiles et les interactions et rétroactions entre l’hydrologie et l’écosystème et l’environnement restent pour une large part inconnues.

Il faut déterminer, décrire et modéliser ces processus, et tester les modèles par rapport aux changements qui interviennent dans la réalité. Parmi les questions à examiner d’urgence, on peut notamment citer les impacts potentiels sur l’environnement de :

l la croissance démographique; l l’industrialisation et la pollution; l les modifications de la couverture du Sol/de l’utilisation des sols ; l l’extinction de certaines espèces et l’introduction de nouvelles; l la vision que la société a de l’environnement et son attitude à son égard.

Les questions suivantes sont notamment à étudier:

l Quel est le rôle de l’environnement dans la sauvegarde des ressources en eau ? l Comment déterminer la valeur de l’environnement « naturel » ? l Comment déterminer les répercussions des changements environnementaux sur les res-

sources en eau ? l Comment minimiser les conflits d’intérêt entre impératifs environnementaux et humains ? l Quelle est l’efficacité de la législation environnementale sur les ressources en eau ?

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2.5 L’eau et le climat

Ces dix dernières années, on a consacré beaucoup d’attention et de ressources à l’établissement d’une documentation et de prévisions sur la variabilité et les changements climatiques. Simultanément, des technologies de pointe se sont rapidement développées pour la collecte et le transfert des données, mais les progrès réalisés pour transformer ces percées techniques et scien- tifiques en informations utiles aux gestionnaires et responsables de la politique de l’eau du monde entier ont été beaucoup moins importants. Ressources en eau et systèmes de ressources en eau sont encore généralement gérés dans le cadre d’une politique de « statu quo ».

2.5.1 Climat, politique et gestion de l’eau

Depuis les années 80 environ, notre compréhension de la nature et de l’origine des statistiques concernant les variables hydrologiques mesurées dans un bassin ou une région donné(e), a nette- ment changé. Auparavant, on partait de l’hypothèse que ces statistiques avaient un caractère tota- lement aléatoire et une origine parfaitement indéterminée et restaient immuables. C’est pourquoi les variables hydrologiques les plus importantes (comme les précipitations, le ruissellement et l’évaporation potentielle) sont échantillonnées tout au long d’une période d’étalonnage (de quelques décennies seulement peut-être) et que les statistiques observées pendant cette période servent ultérieurement de base à l’aménagement hydrologique et à la gestion des ressources en eau. De nos jours toutefois, on est de plus en plus conscients du fait que la nature des statistiques relatives aux variables hydrologiques observées localement n’est pas immuable et peut inclure des tendances à long terme dues à des phénomènes à l’échelle planétaire.

A l’échelle saisonnière à interannuelle, l’influence des phénomènes El Nifio et La Nina sur les sta- tistiques hydrologiques (et l’apparition de phénomènes hydrologiques extrêmes tels qu’inondations et sécheresse) est désormais largement reconnue, puisque même des bassins éloignés du Pacifique peu- vent en subir les effets. Les observations réalisées ont également apporté des preuves du rapport exis- tant entre la force de la mousson en Asie et en Australie et El N%o, ainsi que des indications selon les- quelles ces phénomènes sont tous liés aux variations saisonnières de la couverture neigeuse sibérienne. De même, des études récentes laissent à penser qu’il existe un lien entre 1’Oscillation dans le Pacifique Nord et les précipitations en Europe et au Moyen-Orient. Ces rapports (et d’autres qu’il reste à déter- miner) peuvent susciter des distorsions saisonnières des statistiques des variables hydrologiques, mena- çant ainsi la validité des règles opérationnelles appliquées aux systèmes de gestion de l’eau.

Selon certaines indications, l’intensité d’importantes fluctuations climatiques planétaires (comme celles liées au phénomène El NiÎio et à la mousson d’Asie et d’Australie) peut elle-même varier à l’échelle décennale, ce qui remet en question des projets hydrologiques reposant sur des observations effectuées sur une période de 30 ans ou moins. En outre, l’étude de certains modèles laisse à penser, et certains facteurs observés tendent à confirmer que l’accélération du cycle hydro- logique est probablement l’une des grandes conséquences des changements climatiques planétai- res imputables au « réchauffement par effet de serre ». Certains pays développés sont désormais en mesure d’utiliser des modèles et des données collectées à l’aide de technologies de pointe (comme la télédétection), afin de mieux prévoir l’impact des multiples contraintes subies par les différents bassins hydrographiques. Ces outils de gestion améliorés sont toutefois rarement utili- sés dans les vastes régions du monde où les problèmes liés aux ressources en eau sont les plus extrêmes et où leur intérêt potentiel pour le bien-être des populations est le plus grand.

Il ne fait donc aucun doute que le paradigme de base, c’est-à-dire l’immuabilité supposée sur laquelle se fondent l’aménagement et la gestion hydrologiques (par exemple la gestion des crues) est remise en question mais, en l’absence d’autres explications et méthodes fiables, la pratique actuelle est bloquée par les précédents professionnels et juridiques.

De nos jours, les possibilités d’améliorer la compréhension des facteurs hydrologiques concer- nant ces problèmes sont considérables. Le succès qu’a connu dans le passé la communauté scienti- fique qui participe aujourd’hui à l’expérience mondiale sur les cycles de l’énergie et de l’eau (GEWEX), au Programme international sur la géosphère et la biosphère (PIGB) et au programme

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relatif à la Variabilité et aux prévisions climatiques (CLIVAR) suscite l’optimisme. Il est probable qu’une interprétation nouvelle et utile du cycle hydrologique terrestre émergera au cours des dix prochaines années dans le cadre du Programme mondial de recherche sur le climat. Les systèmes de télédétection sont désormais mieux à même de fournir des observations mondiales permettant de surveiller les fluctuations et changements de l’atmosphère terrestre, des océans et des continents. 11 est aujourd’hui possible d’effectuer des mesures sur le terrain au moyen d’instruments fiables ne nécessitant aucune supervision et dont les données sont recueillies par télédétection. Entre-temps, la croissance débridée de l’informatique nous promet que d’ici quelques années il sera possible de décrire le monde entier à l’aide de modèles ayant une échelle de quadrillage de quelques dizaines de kilomètres seulement. Elle a de surcroît favorisé une révolution du transfert de l’information en offrant la possibilité de communiquer des données et des connaissances à des vitesses sans précédent.

HELP viendra compléter les données à l’échelle planétaire que fournissent la GEWEX et CLIVAR par des observations hydrologiques in situ réalisées dans des bassins de recherche repré- sentatifs disséminés dans le monde entier. Les phénomènes extrêmes (inondations et sécheresses) seront étudiés avec une attention toute particulière. Un programme d’enseignement est également nécessaire pour faire connaître les modalités d’utilisation des techniques modernes de surveillance hydrologique continue et de transfert des données, faire savoir quels sont les rapports entre phé- nomènes mondiaux et hydrologie régionale, et diffuser les applications de ces connaissances.

2.5.2 Contribution de l’hydrologie

La question primordiale qui motive la recherche sur l’eau et le climat est de savoir:

Comment utiliser la connaissance, la compréhension et la modélisation prédictive de l’injluence de la variabilité et des changements à l’échelle planétaire sur les variables hydrologiques et les données obtenues par télédétection pour améliorer la gestion et l’aménagement des ressources en eau, ainsi que des systèmes écohydrologiques ?

Les questions complémentaires ci-après pourraient également être étudiées :

l Quelle est l’importance des rapports entre les statistiques relatives aux variables hydrolo- giques et celles concernant des phénomènes observables à l’échelle mondiale, et comment varie-t-elle en fonction du lieu ?

l Comment utiliser au mieux la saisie des données par télédétection et les technologies les plus perfectionnées de transfert de l’information, pour améliorer la gestion et l’aménage- ment des systèmes d’eau ?

l Comment utiliser les prévisions des variations saisonnières à interannuelles pour améliorer la gestion de l’eau, et notamment pour éviter les catastrophes (crues et sécheresses) ?

l Quelle est l’importance des fluctuations multidécennales pour le climat et comment la connaissance de ces fluctuations peut-elle servir à améliorer l’aménagement des systèmes d’eau ?

l Quelle est l’importance hydrologique des changements climatiques anthropogéniques potentiels et comment tirer le meilleur parti des prévisions les concernant pour améliorer l’aménagement des systèmes d’eau ?

2.6 Conflits liés à l’eau

L’augmentation de la demande d’eau va sans nul doute intensifier les rivalités entre utilisations et uti- lisateurs aux niveaux local, national et international et, par conséquent, accroître les risques de conflits. Dans le monde en développement, l’agriculture est une composante essentielle de l’écono- mie nationale et du tissu social. Les deux tiers ou davantage de la consommation totale d’eau (et par- fois jusqu’à 90 %) vont à l’agriculture, mais les agriculteurs ne peuvent pas payer intégralement le coût de l’eau et les redevances qu’ils versent sont souvent très inférieures à celui-ci. Dans de nom- breux pays en développement, l’eau est donc presque entièrement subventionnée et fournie par l’État aux agriculteurs à titre pratiquement gratuit. Dans les pays développés, où l’agriculture est moins

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importante pour l’économie nationale, c’est plutôt devenu une activité économique qu’un mode de vie. Le pourcentage de la population vivant de l’agriculture est tombé en dessous de 5 %, en général 2 à 3 %, mais l’eau utilisée à des fins agricoles représente souvent encore de 50 à 65 % du total, si bien qu’il y a concurrence entre l’agriculture et les autres secteurs pour l’utilisation de l’eau.

L’eau destinée à l’irrigation est presque toujours subventionnée. La plupart des pays subven- tionnent ainsi l’eau destinée à l’agriculture, d’où une utilisation inefficace. A mesure que les besoins en eau augmentent dans les zones urbaines, le public s’inquiète et souhaite une augmen- tation du volume d’eau attribué au maintien de la qualité de l’environnement. La rivalité avec l’agriculture s’intensifie donc et l’utilisation inefficace de l’eau aux fins de l’irrigation devient une préoccupation nationale.

L’utilisation efficace de l’eau dans l’agriculture, d’une part, et, l’attitude nationale vis-à-vis de l’eau à usage agricole, de l’autre, devraient par conséquent être les piliers de la politique et de la gestion de celle-ci. Les attitudes adoptées à l’égard de l’environnement doivent constituer un troisième pilier de la politique de l’eau. Les pays développés accordent davantage de valeur à l’environnement et lui attri- buent davantage d’eau qu’auparavant, ce qui crée de nombreux conflits avec les consommateurs des secteurs urbain, industriel et agricole. Les pays en développement déclarent ne pas pouvoir s’offrir le luxe de consacrer de l’eau à la sauvegarde de la qualité de l’environnement puisqu’ils doivent encore faire face à la pauvreté, ainsi qu’à un approvisionnement en eau et à des conditions d’hygiène insatis- faisantes pour la majeure partie de leur population. Alors que les pays développés peuvent imposer leurs normes environnementales aux pays en développement, ils peuvent et devraient leur indiquer comment éviter les erreurs qu’ils ont faites eux-mêmes lorsqu’ils en étaient au stade du développement.

La rivalité entre les secteurs utilisateurs, agriculture, communautés urbaines, industrie et envi- ronnement, est donc largement répandue et va croissant, ce qui provoque souvent des conflits entre eux et n’est pas non plus étranger aux positions adoptées par les entités politiques (villes, comtés, provinces, nations) vis-à-vis de la coopération avec leurs voisins. La rivalité surgit aussi entre districts d’un même pays, comme par exemple lorsque des objections sont faites à des pro- jets de transfert d’eau. Les entités politiques ne renoncent pas volontiers à leur contrôle souverain sur l’eau et ne sont pas convaincues lorsqu’on leur fait valoir que l’élargissement de l’horizon politique qu’offre la gestion conjointe peut apporter d’importants avantages économiques à toutes les parties concernées, car l’eau est considérée comme une ressource stratégique et sa répar- tition est liée à la rivalité interne entre secteurs.

2.6.1 Conflit, politique et gestion de l’eau

Le principal défi de la politique et de la gestion de l’eau est de tourner le dos aux rivalités et conflits, pour s’orienter vers la coopération. L’eau ne connaît pas de frontières politiques et c’est au niveau du bassin hydrographique que l’on parvient à la gérer de façon optimale, par-delà les frontières politiques si nécessaire. La coopération est donc un élément vital de la gestion régio- nale de l’eau même si l’on peut, dans certains cas, préférer la solution des transferts d’eau entre bassins. Il faut considérer les questions quantitatives et qualitatives simultanément et de concert lorsqu’on réfléchit à la gestion de l’eau en coopération ou coordination avec d’autres utilisateurs et par-delà les frontières politiques.

Les chances d’éviter les conflits relatifs à l’eau, et de les résoudre lorsqu’ils surgissent, seront bien meilleures si les données concernant l’hydrologie, la qualité de l’eau et ses utilisations, les dimensions sociales, les institutions et les politiques en la matière sont bonnes et bien interprétées. Ces données et leur interprétation doivent être présentées sous des formes utilisables pour la prise de décision. HELP a une occasion unique de contribuer à cet effort en fournissant des indicateurs utiles pour déterminer les droits légitimes, permettre de mieux éviter litiges et différends et veiller au respect des lois. Le droit international offre un cadre normatif pour la répartition et la gestion de l’eau. Les législations nationales sont l’expression des objectifs et politiques nationales et dif- fèrent par conséquent d’un pays à l’autre; elles devraient être compatibles avec les principes du droit international. La législation représente l’une des composantes de l’ensemble du système nécessaire à la gestion de l’eau, mais n’offre en soi aucune assise pour la gestion des conflits.

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2.6.2 L’eau et les conflits liés à l’eau dans le cadre de l’initiative HELP

Pour être au service de la société, l’initiative HELP doit non seulement tenir compte des décideurs officiels, mais aussi du public tout entier. Elle comprendra par conséquent une composante édu- cation du public, c’est-à-dire qu’elle transcrira les résultats obtenus et les présentera sous une forme qui les rendra accessibles aux membres du public qui en auront besoin.

HELP comprendra une composante spéciale pour l’examen des aspects transdisciplinaires de . . la polnique et de la gestion de l’eau, tels qu’ils émergeront de l’étude des bassins expérimentaux sélectionnés. Il conviendrait de tenir tout particulièrement compte du rôle que l’hydrologie peut et devrait jouer dans l’évolution des stratégies, institutions et politiques de gestion.

L’initiative inclura une solide composante consacrée à la communication avec le public et les décideurs, qui sera gérée de concert avec des spécialistes des sciences sociales et politiques, afin que l’opinion publique et la prise de décisions politiques aient davantage de chances de se fonder sur des données scientifiques.

HELP comprendra également une composante relative au rôle des données, de l’information et de la compréhension des processus hydrologiques dans la gestion des ressources en eau, ainsi que dans la coopération dans ce domaine et dans la prévention et la résolution des conflits.

Les principes directeurs appliqués lors de la création de bassins expérimentaux pour HELP devraient tenir compte des utilisateurs et des utilisations actuelles et prévues de l’eau, ainsi que des dimensions culturelles, sociales, juridiques, politiques et institutionnelles de l’opération. Dès le départ, l’étude du bassin devrait comprendre l’observation et l’analyse de ces dimensions, et de leur mode d’interaction avec tous les autres aspects concrets de l’eau, pour aboutir à la formula- tion de la politique et de la gestion de l’eau, aux conflits existants ou potentiels et tenter de défi- nir les moyens de les gérer.

2.6.3 Contribution de l’hydrologie

La gestion des ressources en eau est gênée par une mauvaise compréhension des variations, dans le temps et l’espace, de la quantité et de la qualité de l’eau et par une pénurie d’informations adé- quates. Le rôle de l’hydrologie est de fournir une base solide aux décideurs en:

l procédant à une évaluation de l’inventaire des ressources en eau et de leur variabilité à court terme (heures, jours), moyen terme (saisons, année) et long terme (décennies) ;

l évaluant la qualité de l’eau et le rapport entre qualité et quantité.

Il existe d’ores et déjà, aussi bien en théorie qu’en pratique, une discipline reconnue d’analyse et de gestion des conflits, tantôt dénommée règlement extrajudiciaire des différends ou litiges, tantôt négociations, médiation, établissement d’un consensus ou partenariat. L’un des domaines d’intérêt de cette discipline est la gestion des ressources, qui comprend certaines activités spéci- fiques relatives à l’eau. HELP établira des liens avec les initiatives professionnelles et inter- nationales visant à élaborer et mettre en œuvre des techniques extrajudiciaires de règlement des différends et litiges, en particulier pour la gestion de l’eau, afin d’intégrer ces considérations dans ses programmes. Il conviendrait notamment de favoriser les composantes ci-après d’un pro- gramme visant à élaborer de telles techniques et à les appliquer à la gestion de l’eau:

l étude du rôle de l’information hydrologique pour établir les fondements nécessaires à la gestion rationnelle de l’eau dans un pays et dans les pays voisins;

l promotion d’études de base sur la gestion des conflits, intégrées à un programme de recherche disposant des bases de données nécessaires relatives à l’hydrologie des processus. Cet objectif peut, par exemple, être atteint par le biais d’une coopération avec le Programme de négociations de 1’IIASA;

l soutien d’études de cas spécifiques dans certains bassins fluviaux; l réalisation de simulations en conditions réelles à l’appui de la gestion conjointe.

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3. Signification pratique de l’initiative HELP

3.1 Le réseau mondial HELP de bassins hydrographiques

L’initiative HELP reposera sur un réseau mondial de bassins hydrographiques permettant d’étu- dier les problèmes que posent les corrélations entre hydrologie, environnement, vie et politique et, potentiellement, de les résoudre dans l’intérêt des populations desdits bassins. Elle tirera pro- fit de la communication entre les différents spécialistes de l’eau et parties prenantes, au sein des bassins participants et entre eux, et notamment:

l de la connaissance des nouvelles technologies d’acquisition et d’analyse des données ; l de l’utilisation des nouvelles connaissances par les agences de gestion de bassins ; l du partage des compétences entre les participants au programme HELP; l de la possibilité de traiter les conflits existants et naissants grâce à l’accès à des compéten-

ces et expériences extérieures en matière de gestion des conflits; l de l’enseignement tiré de l’expérience et des connaissances acquises dans d’autres bassins

appartenant au réseau HELP.

3.2 Caractéristiques des bassins appartenant au réseau HELP

Pour contribuer au programme HELP, les bassins hydrographiques devront posséder les caracté- ristiques nécessaires pour atteindre les objectifs de l’ensemble du programme et en respecter les principes directeurs. Certaines sont considérées comme souhaitables, d’autres, indiquées ci-après, sont jugées essentielles :

l le bassin doit offrir la possibilité d’étudier une question relative à la politique ou à la ges- tion de l’eau qui exige des recherches sur les processus hydrologiques;

l pour garantir une participation durable, les organismes nationaux et locaux compétents doivent accepter de coopérer à l’exécution du programme HELP;

l les capacités locales doivent être suffisantes pour permettre une participation à part entière au programme;

l un minimum de variables et paramètres clés devront être surveillés ; l les données, l’information et les compétences technologiques devront être librement parta-

gées dans le respect des normes internationales, de l’assurance de la qualité et des contrôles de qualité relatifs aux données.

3.3 Identification des bassins qui constitueront le réseau HELP

L’initiative HELP se concentrera sur des « bassins hydrographiques réels » permettant la résolu- tion intégrée de multiples questions relatives à l’hydrologie des processus, à la législation et à la politique en matière d’eau, à la gestion des ressources en eau et à la participation des parties pre- nantes.

L’expérience a montré que dans certaines parties du monde, comme le Royaume-Uni, des questions matérielles, de gestion et de politique très diverses se posent même dans des bassins de taille relativement réduite. Le réseau mondial doit donc comprendre toutes sortes de bassins pour appréhender l’intégralité des questions en jeu, qui constituent donc un critère de choix plus important que la taille du bassin.

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELI?

Les diverses questions n’auront pas le même degré de priorité dans toutes les parties du monde, mais les critères de choix des bassins pourraient notamment comprendre les paramètres ci-après :

l viabilité menacée; l impact de problèmes à l’échelle mondiale (changements climatiques par exemple) ; l aspects transfrontières ; l tendances à long terme ; l dégâts écologiques ; l incidences sociales et politiques ; l croissance/déclin économique ; l pression démographique, croissance potentielle de la demande à l’avenir à mesure que la

population devient plus prospère; l risques pour la santé humaine; l possibilités de gestion de la demande.

Une fois déterminés les problèmes clés d’un bassin, et leurs causes premières, il conviendra également de spécifier les points ci-après :

l cadre physique; l utilisation et utilisateurs de l’eau; l conflits existants et attendus liés à l’utilisation et à la gestion de l’eau; l cadre juridique et institutionnel de la gestion de l’eau et des ressources connexes, comme

les terres et l’énergie, et organismes participant à cette gestion; l politique nationale de l’eau et ses répercussions sur la gestion de l’eau dans le bassin; l compétences professionnelles disponibles en la matière, et modalités de leur utilisation pour

l’exécution du programme; l situation actuelle et éventuelles lacunes connues en matière d’acquisition et d’analyse des

données ; l utilisation actuelle des modèles hydrologiques pour l’analyse des données et la gestion de

l’eau.

Afin de montrer comment peuvent être préparées les propositions visant à l’inclusion de bas- sins dans le programme HELP, un cas d’école basé sur un bassin fictif est décrit à 1’Appendice VI. Cet exemple est complété par l’étude du cas d’un bassin réel situé en Nouvelle-Zélande (bassin de Motueka) et administré par le NZ Crown Research Institute, Landcare Research (Appendice VII). Il convient de noter que la planification de cette étude de cas a pris plus de deux ans avant que sa mise en œuvre sur le terrain puisse être envisagée. Il a notamment fallu procéder à plusieurs étapes systématiques de consultation entre parties prenantes, propriétaires terriens, gestionnaires des sols et de l’eau, et scientifiques. Les principes directeurs essentiels ci-après qui se sont dégagés de l’étude du bassin de Motueka:

l consultations préalables avec les communautés intéressées sur principaux problèmes qui se posent concrètement;

l détermination par les chercheurs des questions susceptibles de faire l’objet de recherches par des méthodes scientifiques actuelles et de celles pour lesquelles ce n’est pas possible;

l conception concertée de la recherche, y compris de la manière dont les gestionnaires, les décideurs et les chercheurs la mèneront et l’intégreront à l’enseignement;

l définition par la communauté de modèles conceptuels du mode de fonctionnement et d’interaction des mécanismes à l’échelle du bassin et de leurs répercussions en aval;

l effort concerté pour réunir des informations rétrospectives sur le climat, l’utilisation des terres, les changements socioéconomiques afin de contribuer à vérifier les prévisions du modèle en fonction des circonstances passées, d’envisager des scénarios quant à l’état futur du bassin;

l mise au point et transformation de modèles conceptuels en modèles de simulation en bonne et due forme se prêtant à la gestion intégrée;

l collecte de données sur le terrain afin de réunir non seulement des informations sur les conditions biophysiques, mais également sur les processus socioéconomiques pertinents ;

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

l étude de scénarios des changements et de la variabilité afin de donner des conseils en matière de gestion et de décisions relatives aux processus.

Pour de plus amples informations sur la manière dont ce bassin hydrologique a été réalisé et sur le bilan de ses objectifs de recherche, s’adresser à M. A. Pearce, au CRI, Landcare Research, I?O. Box 40, Lincoln 8152, Canterbury, Nouvelle-Zélande. Tél.: 64 3 325 6700, Fax: 64 3 325 2127.

3.4 Renforcement des capacités

Le renforcement des capacités, ou des établissements existants, sera un élément important à tous les niveaux de l’initiative HELP. La présente section décrit les objectifs qu’elle cherche à attein- dre dans ce domaine.

Confrontés à la nécessité de renforcer les capacités dans les pays en développement, les pro- fessionnels chevronnés occupant des postes de responsabilité sont tentés, et cela est tout à fait compréhensible, de préconiser la formation, souvent dans les pays développés, de davantage encore de spécialistes hautement qualifiés. Cette optique « eurocentrique » du renforcement des capacités est jugée inappropriée, car les deux hypothèses sur lesquelles elle repose pèchent. La première, en supposant les possibilités en matière d’éducation de base analogues dans les pays en développement et dans les pays développés, et la seconde en considérant les problèmes de gestion de l’eau des pays en développement comme identiques à ceux des pays développés.

HELP propose une approche plus interdisciplinaire en ce sens que le renforcement institu- tionnel se fait à tous les niveaux des organisations. En Afrique, par exemple, une approche « a ri- f ’ centrique » consisterait à accorder autant d’importance à la formation donnée au technicien qui fait fonctionner les stations de jaugeage du débit et du niveau des cours d’eau, qu’à celle du ges- tionnaire des bases de données qui contrôle la qualité des données et les stocke, et à celle du scien- tifique qui utilise les données dans un modèle de bassin. Tous sont des éléments membres indispensables de l’équipe. Cela signifie aussi attacher la même importance à la formation de l’ex- pert juridique qui rédige les accords de partage des eaux au niveau national, qu’à celle de la per- sonne qui, au quotidien, organise au niveau des villages les groupes chargés d’appliquer ces accords, entretient les relations avec eux et doit à cette fin gagner leur confiance.

Il faudrait adopter pour la gestion des bassins hydrographiques une approche holistique consistant à « traiter le patient, non la maladie » et faire de même au niveau régional afin de dûment renforcer les organisations et les institutions. La nature exacte du renforcement des capa- cités en termes d’éducation, de formation et de consolidation des institutions sera, tout comme le programme scientifique, déterminée à l’échelle locale par les parties prenantes.

3.5 Communication

La communication entre scientifiques, gestionnaires, planificateurs, décideurs et utilisateurs finaux ou parties prenantes fait souvent gravement défaut. Trop souvent aussi, des précédents juridiques et professionnels, empêchent les parties prenantes du secteur de l’eau d’avoir accès à la quintessence des connaissances scientifiques du moment. L’un des principaux objectifs de l’ini- tiative HELP est de veiller à ce que dans la pratique la gestion et l’aménagement des eaux reflè- tent les connaissances actuelles en matière de processus hydrologiques. Cet objectif ne sera pas atteint si l’on n’établit pas une bonne communication entre les milieux hydrologiques et les responsables de la gestion de l’environnement aquatique. Pour HELP, parvenir à établir de bon- nes communications est un objectif en soi. Les milieux hydrologiques sont donc chargés de pré- senter l’information de manière compréhensible aux non-initiés. HELP encouragera l’élaboration de méthodes permettant:

l de fournir un ensemble restreint d’informations fiables et comparables sur l’état des bassins ;

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

l d’interpréter les résultats scientifiques de manière utile aux gestionnaires ; l d’inclure des critères relatifs aux ressources en eau, à l’environnement et à la situation

socioéconomique; l de mettre bien en évidence l’« essence » des bassins hydrographiques grâce à quelques sta-

tistiques ; l de fournir des comparaisons entre pays et entre régions; l de indiquer les tendances dans le temps et dans l’espace; l de mesurer les réussites (et échecs) de la gestion, des programmes et des politiques relatifs

aux bassins ; l de garantir la comparabilité des projets.

La communication doit se faire à de nombreux niveaux différents, tant de façon formelle qu’informelle. La communication formelle consiste par exemple à participer à la formulation de conventions internationales ou de politiques et de plans nationaux de gestion des bassins. La com- munication informelle peut se faire par le biais des médias, c’est-à-dire de la télévision, de la radio, des journaux, de l’Internet et de réunions publiques. Dans tous les cas il est indispensable de bien choisir son moment et de communiquer des informations pertinentes.

On dit souvent que l’utilisateur de l’eau en est le meilleur gestionnaire. L’éducation du public est probablement le moyen le plus efficace à long terme pour modifier la gestion de l’eau à la base, à domicile, dans les champs ou au travail. Il n’existe toutefois pas un seul et unique moyen d’at- teindre cet objectif. Des campagnes à long terme d’éducation et d’information par le biais des médias, organisées en coopération avec les gouvernements, les services d’utilité publique et les agences de gestion de l’eau sont nécessaires. Il faut étudier les moyens les plus efficaces de diffu- sion des connaissances en hydrologie dans des situations et des contextes culturels différents. HELP peut favoriser le processus de communication en utilisant son propre réseau. Il devrait s’instaurer une communication constante entre projets HELP afin d’échanger au plan scienti- fique, politique et de la gestion, des informations, conclusions, résultats, techniques et méthodes permettant de résoudre les problème liés à l’eau. Les différents projets HELP devront établir leurs propres comités communautaires officiels, afin d’instaurer une communication bilatérale avec les utilisateurs finaux et le grand public et de s’assurer de la participation des médias.

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

4. Organisation et gestion de l’initiative HELP

4.1 Besoins

Les travaux scientifiques à entreprendre dans le cadre du programme HELP seront fonction de la politique et des besoins de développement des différents bassins hydrographiques et définis lors de consultations locales et régionales. La gestion du programme scientifique HELP se différencie donc de celle d’autres programmes internationaux, puisque son contenu scientifique n’est pas fixé par un organisme central. HELP aura une structure décentralisée, tenant compte de l’équilibre des initiatives régionales, qui soutiendra la création d’institutions interdisciplinaires nationales ou régionales chargées de mettre ses activités efficacement en œuvre.

Il importe également qu’existe un petit noyau interdisciplinaire, composé d’hydrologues, de gestionnaires de l’eau et de spécialistes de la politique, en mesure de surveiller et d’examiner régu- lièrement l’évolution du programme HELP dans son ensemble et de s’assurer que ses activités sont conformes aux principes et objectifs fondamentaux qui lui sont fixés. Ce groupe devra éga- lement assurer la liaison entre HELP et d’autres programmes internationaux à vocation purement scientifique, administrés au niveau central.

La mise en œuvre efficace de l’initiative HELP exige l’existence à l’échelon mondial d’un secrétariat technique chargé d’assurer la liaison avec les différentes unités HELP aux niveaux national et régional. Le secrétariat assurera la communication entre les projets participants et répondra à leurs demandes d’orientation et de conseils. Les unités régionales de coordination (URC) contribueront à encourager le lancement de projets et donneront des indications sur les normes techniques. Il conviendra de donner quelques instructions générales sur le mode de sélec- tion des projets, qui devraient, dans toute la mesure possible, être respectées dans la mise en œuvre de ceux-ci. La plupart des projets HELP devraient, surtout dans les pays en développe- ment, comprendre une composante formation et transfert des connaissances.

Lors de la mise en œuvre du volet scientifique de l’initiative HELP, il importe de fixer des résultats, des indicateurs et des étapes. C’est ainsi qu’on pourra évaluer dans quelle mesure la fourniture des informations hydrologiques nécessaires pour répondre aux questions de gestion, d’environnement et de politique liées à l’eau est assurée.

4.2 Structure organique proposée

Au niveau mondial, l’initiative HELP sera administrée par un comité directeur composé de 15 experts internationaux environ, dont trois issus des milieux politiques, trois des milieux de la gestion et trois des milieux scientifiques (voir la figure 2). Des représentants des organisations partenaires (par exemple I’OMM, I’AIEA, le PIGB, la GEWEX, 1’IAHS et des ONG) devraient également y siéger et il faudra veiller à y maintenir une représentation régionale équilibrée.

Le comité directeur sera conseillé par des groupes de spécialistes et cherchera à obtenir le concours de comités spécialisés existants. Il bénéficiera du concours d’un secrétariat composé de trois membres du cadre organique, un spécialiste des communications et une secrétaire.

Il est vital que le programme HELP soit pleinement soutenu par les gouvernements nationaux. Dans la plupart des pays, l’organisme qui gère les ressources en eau rend directement compte aux instances gouvernementales qui lui donnent des orientations, des instructions et un soutien tech- nique et financier. Pour réussir, et obtenir à long terme les améliorations souhaitées en matière de gestion des ressources en eau, il faut que les organismes de gestion de l’eau et les pouvoirs publics

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

participent pleinement aux études HELP. Ces dispositions inciteront les pouvoirs publics à s’intéresser aux résultats du programme, encourageront la diffusion et l’assimilation des connais- sances et résultats obtenus lors des différentes études de bassin et contribueront à accroître le financement des études en cours et futures.

Les structures régionales et nationales devraient donc être souples afin de s’adapter aux méca- nismes institutionnels locaux, mais il conviendrait de créer dans chaque région une unité régio- nale de coordination (URC) p our HELP située dans une institution nationale ou régionale exis- tante. De manière générale, chaque URC pourrait se composer d’un scientifique, d’un gestionnaire des ressources en eau ou d’un expert de la politique de l’eau chevronné, assisté d’un/une secrétaire.

Grâce à l’adoption progressive du cadre HELP par les États membres et les organisations régionales, une part considérable du programme devrait être financée par des sources nationales, surtout dans les pays développés. L’Allemagne, l’Irlande, le Japon et le Royaume-Uni prennent déjà des mesures en ce sens. Pour soutenir HELP dans les pays en développement, il faudra pro- bablement avoir recours au soutien de partenaires dans le cadre d’une coopération bilatérale afin de renforcer les activités nationales existantes. Le secteur privé, auquel il sera demandé d’assumer un rôle essentiel dans le financement de l’initiative HELP, tirera de nombreux avantages du pro- gramme scientifique.

3 scientifiques 3 gestionnaires 3 spécialistes des questions politiques 6 représentants des organismes partenaires/ONG

Comité directeur de l’initiative dHI-IP(iu

Unité de coordination de l’initiative HELP Unité de coordination de l’iitiative HELP (au niveau nationahégional) (au niveau nationaL+égional

Unité de coordination de l’initiative HELP (au niveau nationaVrégional

Projets HELP (locaux, nationaux, régionaux)

Projets HELP (locaux, nationaux, régionaux)

Projets HELP (locaux, nationaux, régionaux)

Figure 2: Structure proposée pour HELP

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- Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

4.3 Mise en œuvre et gestion

Des systèmes institutionnels très divers existent déjà dans les bassins hydrographiques et la mise en oeuvre de l’initiative HELP doit être souple et conforme aux mécanismes existants de diffusion des connaissances en hydrologie. Les modalités d’exécution du programme ne devraient donc pas être trop dogmatiques, et quatre étapes devront sans doute être respectées pour mettre en place le projet HELP de manière probante :

Première étape - Proposition initiale de projet

Les auteurs de nouveaux projets HELP locaux seront probablement issus des milieux scienti- fiques, politiques ou de la gestion. Lors de la préparation d’une proposition initiale, ils établiront sans doute des contacts avec d’autres disciplines représentant tout l’éventail des participants à l’initiative HELI? Le secrétariat mondial donnera, par le biais des unités régionales de coordina- tion, des indications sur le cadre recommandé pour établir une proposition initiale de projet HELI?

Deuxième étape - Communication et consultation

Une fois établie, la proposition initiale de projet devrait être communiquée à un large éventail d’institutions, d’organisations et de particuliers afin qu’ils la commentent et lui apportent leur soutien. L’objectif est de définir:

l les problèmes et questions à traiter dans le bassin considéré; l les structures institutionnelles nécessaires pour gérer le projet; l les partenaires et bailleurs de fonds.

Troisième étape - Établir des partenariats

L’établissement de partenariats entre disciplines scientifiques, gestion et politique constitue l’une des particularités de l’initiative HELI? Ces partenariats doivent être clairement définis et leur mis- sion clairement fixée, ce qui suppose notamment de préciser les dispositions relatives à leur finan- cement et à leur parrainage, en liquide ou en nature.

Quatrième étape - Proposition finale de projet

La proposition finale de projet devrait être soumise au secrétariat de l’initiative HELP. Les pro- jets qui répondent sur le fond aux objectifs d’HELP seront agréés et inscrits dans le registre inter- national HELP.

Politique des données

Les bassins participant à l’initiative HELP utiliseront toutes sortes de sources de données et d’in- formations nouvelles ou existantes et il faudra, dans certains domaines, passer des accords de par- tage des données avec d’autres programmes scientifiques et sociaux. Chaque fois que possible, les- dits accords devraient être rédigés conformément aux principes directeurs de 1’OMM (Appendice IV), permettant ainsi l’échange gratuit des données et de l’information dans l’intérêt mutuel des participants.

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Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

5. Rapport entre l’initiative HELP et d’autres programmes internationaux

5.1 Programmes mondiaux

Tant au sein du système des Nations Unies que parmi les ONG (au CIUS par exemple), des tra- vaux de recherche liés aux objectifs de l’initiative HELP sont réalisés dans le cadre de certains projets. C’est par exemple le cas à l’UNESC0, avec les activités relatives à l’eau en cours au titre du PHI, du MAB et d’autres initiatives scientifiques connexes comme MOST, ainsi qu’à 1’OMM au titre du programme d’hydrologie des ressources en eau. Ces programmes ont des missions différentes et ne traitent par conséquent pas les mêmes questions scientifiques, mais ils ont de nombreux domaines d’intérêt communs.

5.1.1 Le Programme hydrologique international de I’UNESCO (PHI)

La mission scientifique de 1’UNESCO concernant les océans, les côtes, l’hydrologie, la géologie, la biosphère et les sciences sociales prévoit l’étude intégrée des éléments solides et liquides du système terrestre et la prise en compte des considérations écologiques et sociales en guise de thèmes inter- disciplinaires. La question de l’eau intéresse tous les thèmes scientifiques, c’est donc essentiellement le programme hydrologique international (PHI) q ui est chargé de promouvoir la science de l’eau. Depuis 1965, l’UNESC0, dont le Siège est à Paris, veille à développer l’hydrologie à l’échelle internationale sous la direction du Conseil intergouvernemental, du Bureau, des comités nationaux et du Secrétariat du PHI. L’objectif de ce dernier est actuellement de favoriser le resserrement des liens entre la recher- che scientifique, l’application de ses résultats et l’éducation. Pendant la période 2002-2007, le PH1 concentrera ses activités sur les systèmes aquatiques menacés et les défis sociaux qui s’y rattachent en traitant les cinq thèmes ci-après : évolution à l’échelle mondiale et ressources en eau, dynamique inté- grée des bassins hydrologiques et des aquifères, hydrologie de l’habitat terrestre, eau et société, éduca- tion et formation relatives à l’eau. Il propose des initiatives interdisciplinaires afin de renforcer la mise en oeuvre de son programme régional et d’intensifier l’application des résultats scientifiques.

5.1.2 Régimes d’écoulement déterminés a partir de séries de données internationales expérimentales et de réseaux (FRIEND)

FRIEND, qui est une composante du Programme hydrologique international de l’UNESC0, a pour principal objectif de faire mieux comprendre la variabilité et la similarité hydrologiques dans le temps et dans l’espace grâce à l’échange mutuel de données, de connaissances et de techniques. Depuis son lancement en Europe du Nord, en 1985, le projet s’est considérablement développé et intéresse actuellement environ 100 pays du monde entier. A ce jour, huit composantes régionales de FRIEND ont été créées en Europe du Nord, dans la région alpine et méditerranéenne (AMHY), en Afrique australe, dans le bassin du Nil, en Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC), dans la région de l’Hindu-Kush et de 1’Himalaya (HKH)? en Asie et dans le Pacifique et dans les Caraibes (AMIGO). L’élaboration de nouveaux projets aux Etats-Unis d’Amérique et en Asie centrale est à l’étude.

Le réseau international FRIEND déjà en place peut manifestement servir à mettre en œuvre l’initiative HELP, ce qui devrait être profitable aux deux projets.

Dans les régions du monde où FRIEND est présent et actif, il est par exemple peut-être possible d’utiliser ses réseaux pour appuyer/lancer des projets HELP Cela pourrait se faire par le biais d’un sous-projet dans chaque région FRIEND, par exemple le Projet 5 (hydrologie et processus biochi- mique des bassins hydrographiques dans un environnement en mutation) en Europe du Nord. Des projets HELP régionaux pourraient également être mis sur pied dans les régions où FRIEND n’existe pas encore, par exemple en Amérique du Sud, au Moyen-Orient, dans des îles en dehors des Caraibes et dans certaines régions de l’Inde et y assurer à leur tour la diffusion des travaux de recherche de FRIEND. Les projets régionaux HELP pourraient alors, tout comme FRIEND, être mis en réseau.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

5.1.3 Organisation météorologique mondiale (OMM)

L’OMM assure la liaison avec les Services hydrologiques nationaux, c’est-à-dire avec le secteur hydrologique opérationnel, par le biais de son Programme d’hydrologie et de mise en valeur des ressources en eau (PHRE), ce qui est indispensable à la création des nouveaux réseaux hydrolo- giques nécessaires dans les bassins HELP. Le Centre mondial de données sur l’écoulement (GRDC) de C bl o ence, Allemagne, collecte des données à l’échelle régionale et mondiale. Il fonc- tionne sous les auspices de 1’OMM en guise de contribution au PHRE et, par son intermédiaire, au Programme climatologique mondial (PCM) et à d’autres programmes internationaux.

5.1.4 Système mondial d’observation du cycle hydrologique (WHYCOS)

Le WHYCOS est une activité du PHRE dont l’importance ne cesse de croître. La possibilité d’établir des liens entre l’initiative HELP et le Système mondial d’observation du cycle hydrolo- gique (WHYCOS) tient aux objectifs du WHYCOS, qui sont:

l de renforcer les capacités techniques et institutionnelles des services hydrologiques natio- naux de recueillir et de traiter des données hydrologiques et de répondre aux besoins des uti- lisateurs finals en matière d’informations sur la situation et la tendance des ressources en eau;

l d’établir un réseau mondial d’observatoires hydrologiques nationaux chargés de fournir des informations d’une qualité homogène, transmises en temps réel aux bases de données natio- nales et régionales ;

l de promouvoir et de faciliter la diffusion et l’exploitation des informations sur l’eau, au moyen de techniques modernes d’information.

5.1.5 Programme climatologique mondial (PCM)

Le Programme climatologique mondial de 1’OMM comprend quatre composantes :

l le Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC), exécuté de concert avec le CIUS et la Commission océanographique de l’UNESC0, et dont la GEWEX (Expérience mon- diale sur les cycles de l’énergie et de l’eau) constitue un élément important mis en œuvre régionalement dans six grands bassins fluviaux (GCIP, MAGS, LBA, BALTEX, GAME, CATCH). Il est possible d’entreprendre des activités conjointes GEWEX/HELP dans cer- tains bassins hydrographiques ;

l le Programme mondial des applications et des services climatologiques (PMASC), qui concerne l’application des informations climatiques, et dans le cadre duquel un sous- programme consacré à l’eau (PMASC-Eau) traite tous les aspects liés à l’eau des questions relevant du PCM. Le Centre mondial de données sur l’écoulement (GRDC) de Coblence, Allemagne, où sont rassemblées toutes les données relatives à l’écoulement collectées dans le monde, fait partie de ce programme;

l le Programme mondial d’évaluation des incidences du climat et de la formulation de straté- gies de parade (PMICSP), q ui comporte une composante socioéconomique, est mis en œuvre en coopération avec le PNUE ;

l le Programme mondial des données météorologiques et de surveillance du climat (PMDSC) dont relève le Centre mondial de climatologie des précipitations (GPCC) d’offenbach, Allemagne.

Des activités relatives à l’eau sont entreprises dans le cadre de chacun des quatre programmes sus- mentionnés, ainsi que dans le programme conjoint OMMKJNESCO d’activités réalisé au titre du PCM-Eau qui offre un facteur supplémentaire d’intégration.

Tous ces programmes du PCM comportent d’importants volets relatifs à la collecte et à l’ana- lyse mondiales des données qu’il serait possible de rapprocher de la pratique concrète de la ges- tion et de la politique des ressources en eau en établissant des liens étroits entre eux et l’initiative HELP.

38

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

5.1.6 Système mondial d’observation du climat (SMOC)

Le SMOC a été créé et est géré conjointement par l’OMM, la Commission océanographique de l’UNESC0, le PNUE et le CIUS afin de répondre aux besoins en données de la surveillance continue du système climatique, de l’évaluation des incidences de la variabilité et des changements climatiques, et des applications de ces études au développement économique national. Il est pos- sible d’entreprendre un certain nombre d’activités conjointes HELP/SMOC.

5.1.7 Système mondial d’observation terrestre (GTOS)

Le GTOS est un programme commun au PNUE, à l’UNESC0, à la FAO, au CIUS et à 1’OMM dont l’objectif est de collecter les données nécessaires pour détecter, quantifier, localiser et com- prendre la capacité des écosystèmes terrestres à favoriser le développement durable et pour pré- venir de ses éventuels changements. Les activités du GTOS sont importantes pour HELP.

5.1.8 Partenariat mondial pour l’eau (GWP)

Le Partenariat mondial pour l’eau est une organisation internationale non gouvernementale qui œuvre en faveur de la gestion intégrée des ressources en eau par l’intermédiaire d’un large éven- tail de parties intéressées. Les structures mondiales de direction du Partenariat comprennent un groupe consultatif, un comité directeur, un groupe de soutien financier et un secrétariat. Des structures de direction régionales existent dans huit régions du monde. Le GWP favorise l’inté- gration de la gestion de l’eau en créant des instances de dialogue, en instaurant une assistance stra- tégique (par le biais du Programme d’action et de programmes associés) et en améliorant les communications. HELP sera très utile pour faire connaître d’importants aspects du Cadre d’action du GWP.

5.1.9 Système mondial de surveillance continue de l’environnement (GEMS/EAU)

Le GEMS/Eau est un programme du PNUE mis en œuvre par 1’OMS en collaboration avec 1’OMM. Il s’intéresse à l’état des eaux intérieures, souterraines et de surface, et à leurs tendances sur le plan qualitatif et a pour principales activités des programmes internationaux conjoints de collecte des données et la surveillance continue; le partage des données et de l’information; des évaluations mondiales et régionales ; le renforcement des capacités et les compétences techniques ; l’assurance-qualité/contrôle de la qualité; une fonction de conseil auprès des gouvernements et des organismes internationaux; l’élaboration de produits d’information et des partenariats. L’Institut national canadien de recherche sur les eaux (INRE), situé dans l’Ontario, abrite le Centre de collaboration du GEMS/Eau. En matière de planification stratégique, le GEMS/Eau s’efforce actuellement de resserrer la coopération avec des services mondiaux d’archives quan- titatives sur l’eau et d’accroître la participation des pays. Des données HELP peuvent servir à compléter les bases de données du GEMS/Eau et vice versa.

5.1.10 Conseil international pour la science (CIUS)

Certaines composantes des programmes relatifs aux changements à l’échelle planétaire parrainés par le CIUS, ainsi que les unions et associations qui y sont affiliées (AISH et autres), y compris le PIGB, 1’IHDP et le PMRC ( en coopération avec l’OMM), sont extrêmement pertinentes pour les questions d’hydrologie (GEWEX ( voir ci-dessus), CLIVAR, BAHC, LOICZ, LUCC, GECHS). Tous ces programmes ont des objectifs présentant à tout le moins un certain intérêt sur le plan sociétal, mais la plupart trouvent difficile de transférer les résultats obtenus aux secteurs de la politique et de la gestion. Les programmes relatifs aux changements à l’échelle planétaire (PIGB, IHDP et PMRC) entendent lancer une nouvelle initiative interdisciplinaire sur l’eau dans leurs domaines de compétence, ce qui reliera les activités existantes au sein de ces programmes et permettra de déterminer les lacunes de la recherche qu’il convient de combler.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

L’initiative HELP devrait collaborer avec plusieurs composantes du PIGB (par exemple le Programme international sur les dimensions humaines des changements de l’environnement pla- nétaire (IHDP)), 1 es aspects du cycle hydrologique se rapportant à la biosphère (BAHC) et les changements planétaires et écosystèmes terrestres (GCTE).

5.2 Programmes régionaux

5.2.1 UNESCO

Les bureaux régionaux et programmes de l’UNESC0, de même que les comités nationaux du PHI, peuvent jouer un rôle important, dans la sélection de bassins hydrographiques appropriés et dans la coordination d’activités pertinentes au sein des régions.

5.2.2 Groupes de travail régionaux de I’OMM

Les groupes de travail régionaux de 1’OMM en hydrologie étudient les effets des changements climatiques sur les ressources régionales en eau. Dans certaines régions, ils étudient aussi des

’ questions concernant des bassins expérimentaux. Leurs connaissances et leur expérience seraient utiles pour trouver des bassins convenant à l’initiative HELP.

5.2.3 Structures intergouvernementales régionales

Des structures intergouvernementales régionales bien établies, composées de fonctionnaires des ministères compétents, joueront un rôle important dans la mobilisation des pouvoirs publics en faveur de l’initiative HELP et en créant des possibilités d’utilisation de ses résultats.

HELP pourrait nouer avec de nombreux programmes régionaux des liens mutuellement pro- fitables. Deux exemples, pris aux Amériques sont donnés ici.

5.2.4 CATHALAC

Dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, le Centre de l’eau pour les régions tropica- les humides d’Amérique latine et des Caraïbes (CATHALAC) est idéal pour assurer la coordi- nation et la gestion du programme HELP. Il a une vaste expérience de la mise en œuvre et de la gestion de programmes de recherche sur les interactions air-mer-terre, des études des processus hydrologiques et du transfert d’information et de technologies. Le CATHALAC est également le nœud régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes du Réseau interaméricain sur les res- sources en eau (Inter-American Water Resources Network - IWRN). Le CATHALAC peut ser- vir de mécanisme de diffusion d’information sur le programme HELP et encourager les gouver- nements à y participer.

5.2.5 Réseau interaméricain sur les ressources en eau (IWRN)

Des possibilités de coopération avec I’IWRN, dont l’objectif général est de favoriser la mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources aquatiques et terrestres aux Amériques, existent notamment dans les domaines de la sélection des bassins et de la diffusion et de l’échange d’information.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

6. Étapes suivantes 6.1.1 Phase 1 - Élaboration du cadre stratégique

La première phase de mise en œuvre de l’initiative HELP sera achevée lorsque les institutions internationales qui soutiennent l’initiative (1’UNESCO et 1’OMM) en intégreront le cadre straté- gique dans leurs propres programmes. Le calendrier des travaux qui aboutiront à son approba- tion est le suivant:

l réunion de la 29e session du Bureau du Programme hydrologique international (PHI) de l’UNESC0, avril 2000 (initiative HELP désormais approuvée) ;

l 14e session du Conseil intergouvernemental du PHI, juin 2000 (initiative HELP désormais approuvée) ;

l Commission d’hydrologie de 1’OMM (CHy - XI), novembre 2000; l 31e session de la Conférence générale de l’UNESC0, octobre-novembre 2001.

Il importe toutefois aussi d’offrir à tous ceux qui sont susceptibles de participer au programme, en qualité de parrains ou de participants, la possibilité de faire connaître leurs réactions et leur avis. Il en sera tenu compte dans le cadre stratégique, avant son approbation finale. On deman- dera l’avis et les réactions des instances ci-après :

l deuxième Forum mondial de l’eau, La Haye, mars 2000; l partenariat mondial pour l’eau; l structures intergouvernementales régionales; l organismes opérationnels de gestion de l’eau; l organisations non gouvernemental& ; l institutions des Nations Unies et structures de coordination interinstitutions.

Grâce à ces informations et après approbation de son cadre stratégique par le Programme hydrologique international de I’UNESCO et par l’OMM, l’initiative HELP pourra passer à la phase 2.

6.1.2 Phase 2 - Définition d’un plan opérationnel

Les priorités seront les suivantes :

l obtenir un budget et fixer un calendrier en vue de l’établissement d’un plan international; l créer le secrétariat de l’initiative HELP; l désigner des correspondants et établir des communications à l’échelon régional pour l’ini-

tiative HELP; l définir une structure et des protocoles mondiaux et régionaux; l rédiger un modèle de mémorandum d’accord en vue de passer des accords avec des parte-

naires, qu’il s’agisse d’agences, d’institutions ou de programmes ; l négocier des partenariats internationaux en vue de promouvoir et de financer HELP; l définir une stratégie mondiale et régionale de communication et de promotion; l établir des documents d’orientation pour l’initiative HELP; l définir pour HELP des procédures de consultation, d’examen et d’habilitation; l créer un groupe de réflexion composé d’experts pour guider la mise en œuvre technique de

l’initiative HELP; l encourager l’élaboration de projets de bassins HELP par le biais du WWW.

6.1.3 Phase 3 - Mise en œuvre des projets de bassins

Compte tenu de la large diffusion et de la diversité de l’initiative HELP, tous les cas seront diffé- rents, mais en général la mise en œuvre d’un projet reposant sur un bassin supposera:

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

l l’organisation d’ateliers spécialisés pour orienter la mise en œuvre de l’initiative HELP; l la préparation d’un plan de projet local conforme aux principes directeurs de l’initiative

HELP; l la soumission d’une proposition préliminaire de projet de bassin pour orientation et habi-

litation; l l’obtention de fonds; l la mise en œuvre locale du plan du projet relatif au bassin; l la soumission au secrétariat de l’initiative HELP de rapports annuels sur l’état d’avance-

ment des projets.

6.1.4 Phase 4 - Établissement de rapports internationaux

L’un des rôles du secrétariat international sera de rassembler les résultats des diverses initiatives régionales et nationales et de les diffuser. Il établira:

l tous les deux ans des rapports mondiaux sur les résultats obtenus par les bassins hydrogra- phiques appartenant au réseau HELP;

l un rapport de synthèse sur les progrès réalisés en vue d’atteindre les objectifs de l’initiative HELP, qui sera présenté aux partenaires du programme;

l un site Web mondial constamment mis à jour.

Appendice I Organigramme de l’équipe spéciale

Président Scientifique

I

Secrétaire K 1 I Co-Vice-Président Co-Vice-Président I Co-Vice-Président

1 Scientifique I I Politique de l’eau I I

Gestionnaire des ressources en eau 1

1 er rapporteur Scientifique

t

Gestionnaires des ressources en eau

Ingénieurs, administrations, etc.

r PMRC, PIGB, PDHI, etc

il - OrganismesdegestiundeI’eau

m- /@enas de l’eau

11 - Ulilllts d’eau

I I

1 Dualll de l’eau

l WWF, UICN, etc. I

1 Eaux soukmines I

i Etc. Etc.

I I I I

Conception et stratégie de mise en ceuvre de l’initiative HELP

Appendice II Mandat de l’équipe spéciale

1. Définir l’optique et les objectifs de l’initiative HELP afin d’activer la recherche en hydrologie et écologie sur le terrain nécessaire pour s’attaquer aux principaux problèmes mondiaux en matière de gestion et de politique de l’eau.

2. Étudier les moyens de faire en sorte que l’initiative serve à diffuser les volets pertinents des travaux du Conseil mondial de l’eau, de Vision 2000, du Partenariat mondial pour l’eau (GWP) et d’autres initiatives nationales et internationales en matière de politique de l’eau.

3. Élaborer un plan technique de mise en ceuvre souple, adapté à des conditions biophysiques et socioéconomiques variables, en veillant tout particulièrement à définir clairement les étapes suivantes de mise en œuvre de l’initiative.

4. Préciser les avantages du projet et les questions scientifiques et sociétales qu’il traitera.

5. Étudier les liens qu’il conviendrait d’établir entre HELP et des ONG et organismes d’aide participant à des projets de développement.

6. Expliquer la complémentarité du projet avec d’autres projets prévus au titre de la sixième phase du Programme hydrologique international de 1’UNESCO et du Programme d’hydro- logie et de mise en valeur des ressources en eau (PHRE) de 1’OMM; ainsi que les aspects potentiellement complémentaires de HELP et des projets liés à l’eau de l’expérience mondiale sur les cycles de l’énergie et de l’eau (GEWEX) du PMRC et du Programme international sur la géosphère et la biosphère (PIGB) du CIUS.

7. Préparer un résumé du descriptif du projet à soumettre au Conseil intergouvernemental du PH1 en tenant compte des recommandations faites par celui-ci à sa 14e session et par la 5e Conférence internationale UNESCO/OMM sur l’hydrologie, ainsi que des conseils du Groupe préparatoire informel.

8. Faire au Conseil international du PH1 des recommandations concernant la gouvernante, le financement, la gestion et la coordination du projet.

En s’acquittant des tâches susmentionnées, l’Équipe spéciale devrait veiller:

1. A tenir compte des questions les plus urgentes en matière de politique et de gestion de l’eau dans le contexte économique existant et dans différents cas (Vision 2000 par exemple, ou les scénarios climatiques envisagés par le GIEC), 1 iés à la planification future des ressources en eau. Observation: il s’agit là d’un des aspects les plus importants et les plus novateurs de l’initiative HELP, que 1’Equipe spéciale doit étudier avec beaucoup de minutie et qui exige d’elle des compétences appropriées.

2. A tenir compte des observations et instructions de la réunion du groupe préparatoire de 1’UNESCO qui a eu lieu à Coblence les 20 et 21 juin 1999.

3. A tenir compte des observations de la 28e session du Bureau du PHI, y compris la session mixte avec le groupe de travail consultatif de la Commission hydrologique (CHy) de l’OMM, du 13 au 16 septembre 1999.

4. A tenir compte des observations de la 20e session du Sous-Comité des ressources en eau du CAC (ONU), q ui s’est tenue à l’OMM, Genève, du 5 au 8 octobre 1999.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

5. A faire en sorte que cette initiative soit un projet scientifique en hydrologie reposant sur le tra- vail de terrain et soucieux des méthodes à suivre, qui traite des besoins sociétaux associés à la gestion de l’eau douce. Que dans le même temps, le plan concorde avec les divers besoins socioéconomiques liés à l’eau dans les différentes régions, et aille de paire avec les conceptions expérimentales les mieux adaptées et les plus novatrices en hydrologie.

6. A donner son avis sur les moyens qui conviennent le mieux aux essais sur le terrain, et sur les connaissances hydrologiques actuelles dans différents environnements biophysiques et socio- économiques.

7. A faire en sorte que le projet soit conçu pour l’analyse scientifique des données hydrologiques, écologiques et socioéconomiques nécessaires à la gestion intégrée des ressources en eaux.

8. A consulter des programmes internationaux, institutions nationales et ONG compétents en la matière et à donner des conseils sur les possibilités de collaboration avec HELP.

9. A faire en sorte que le projet soit conçu comme un programme distinct, mais transversal, du PH1 à l’instar de programmes intégrés multidisciplinaires comme FRIEND.

10. A faire en sorte que le projet soit conçu comme une initiative à long terme ayant des objec- tifs/résultats intermédiaires clairement définis.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

Appendice Ill Vision du conseil mondial de l’eau pour

l’eau, la vie et l’environnement au XXIe siècle

Le Projet de Vision mondiale de l’eau tente de décrire, dans ses grandes lignes, la transition entre les pratiques actuelles et celles que nous devrons adopter si nous voulons satisfaire à l’avenir nos besoins en eau. Dans le cadre de ce projet nous avons élaboré trois scénarios reposant sur des stra- tégies différentes d’utilisation de l’eau et sur des résultats différents, à savoir le Scénario mondial de gestion traditionnelle des ressources en eau (maintien du statu quo), le Scénario de la crise de l’eau et le Scénario mondial de gestion durable des ressources en eau. Nous avons également convoqué des groupes thématiques chargés de débattre de l’incidence de l’évolution future des institutions, des biotechnologies, des technologies de l’énergie et de la technologie de l’informa- tion. La Vision mondiale de l’eau décrit les objectifs d’une gestion rationnelle des ressources en eau et les mesures que nous devons prendre pour en assurer la pérennité.

Les trois principaux objectifs d’une gestion intégrée des ressources en eau sont :

l de donner aux femmes, hommes et collectivités les moyens de décider de leur niveau d’accès à de l’eau potable et à des conditions de vie hygiéniques, à choisir le type d’activités écono- miques se prêtant à l’utilisation d’eau qui leur convient et à s’organiser pour y parvenir;

l de produire davantage de nourriture et de concevoir des moyens d’existence durables par unité d’eau utilisée (un rendement agricole accru et un plus grand nombre d’emplois pour chaque goutte d’eau), et de s’assurer que toute la population a accès à la nourriture dont elle a besoin pour vivre de façon saine et productive;

, . . . l de gerer l’utlhsatron de l’eau afin de conserver le nombre et la qualité des écosystèmes

d’eaux douces et terrestres qui procurent des services aux êtres humains et à tous les orga- nismes vivants.

Les cinq principaux moyens d’action permettant d’atteindre ces objectifs, sont:

. de faire participer toutes les parties intéressées à la gestion intégrée;

l d’instaurer la tarification de tous les services relatifs à l’eau en fonction de la totalité des coûts ;

l d’augmenter le financement public de la recherche et de l’innovation dans l’intérêt de la population ;

l de reconnaître la nécessité de renforcer la coopération afin d’améliorer la gestion interna- tionale des ressources en eau dans les bassins internationaux;

l d’accroître massivement les investissements dans le domaine de l’eau.

Références

Conseil mondial de l’eau. Page Web de la « Vision mondiale » à l’adresse suivante: www.water- vision. org 1999, Vision mondiale de l’eau. L’eau: l’affaire de tout le monde.

47

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

Appendice IV Échange de données hydrologiques

Treizième congrès de I’OMM, Genève, mai 1999

RÉSOLUTION 25 (Cg-XIII) ÉCHANGE DE DONNÉES ET DE PRODUITS I-IYDROLOGIQUES

LE CONGRÈS

NOTANT:

1. la résolution 40 (Cg-XII) - Politique et pratique adoptées par 1’OMM pour l’échange de don- nées et de produits météorologiques et connexes et principes directeurs applicables aux rela- tions entre partenaires en matière de commercialisation des services météorologiques,

2. le fait que l’exécution d’observations spécifiques du système climatique (portant notamment sur des phénomènes hydrologiques) constitue l’une des quatre principales orientations du pro- gramme Action pour le climat, entériné par le Congrès à sa douzième session,

3. le fait que selon le Règlement technique de 1’OMM - section [D.l.l] 8.3.1(R) - l’une des fonctions courantes des services hydrologiques nationaux en général devrait être de faire le nécessaire pour que les utilisateurs aient accès aux données en respectant leurs exigences quant à l’heure, le lieu et la forme de présentation; le fait aussi que le Règlement technique de 1’OMM contient la liste complète des données et des produits nécessaires à l’appui de tous les pro- grammes de l’Organisation,

4. le fait que l’Assemblée générale des Nations Unies, à sa dix-neuvième session extraordinaire convoquée aux fins de l’examen et de l’évaluation d’ensemble de la mise en œuvre d’Action 21, est convenue qu’il était urgent « de faciliter la diffusion et l’échange d’informations dans le cadre d’une coopération régionale et internationale plus étroite, notamment entre les organismes des Nations Unies, . . . » (A/RES/S-19/2, paragraphe 34 (f),

5. le fait qu’à sa cinquante et unième session, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté, aux termes de la résolution 51/229, la Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux autres que la navigation, dont l’article 9 porte sur l’« échange régulier de données et d’informations »,

6. le fait qu’à sa douzième session, le Conseil intergouvernemental du Programme hydrolo- gique international de I’UNESCO a adopté la résolution XII-4 qui a trait à l’échange des données et d’informations hydrologiques requises pour la recherche, aux plans régional et international,

CONSIDÉRANT:

1. l’importance accordée par la Conférence internationale sur l’eau et l’environnement (Dublin, 1992) au développement des connaissances sur l’eau et à l’amélioration de la capacité des spécialistes du secteur de l’eau à appliquer tous les aspects de la gestion intégrée des ressources en eau,

2. l’appel lancé par les dirigeants du monde entier lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) (R io d J e aneiro, 1992) en faveur d’une inten- sification de l’évaluation des ressources en eau, d’un renforcement des capacités dans ce domaine et d’un engagement international plus marqué s’agissant d’assurer l’échange de données et d’analyses scientifiques ainsi que l’accès aux observations systématiques,

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

3. le fait que la Commission du développement durable (CDD), dans sa décision 6/1 concer- nant la stratégie relative à la gestion des ressources en eau douce, a fortement encouragé les Etats à promouvoir l’échange et la diffusion de données et d’informations relatives à l’eau et a reconnu la nécessité de procéder à des évaluations périodiques « afin de brosser un tableau mondial des ressources en eau douce et des problèmes qui peuvent se poser »,

4. l’appel lancé par l’Assemblée générale des Nations Unies lors de sa dix-neuvième session extraordinaire concernant la nécessité « de donner la priorité absolue aux graves problè- mes d’approvisionnement en eau douce que connaissent de nombreuses régions, et en par- ticulier les pays en développement », et de « renforcer [d’urgence] la capacité des gouver- nements et des institutions internationales de recueillir et de mettre à jour des informations.. . environnementales de manière à mieux coordonner l’évaluation et la ges- tion des ressources en eau »,

5. la nécessité d’assurer et de faciliter l’échange rapide de tous les produits et données hydrolo- giques nécessaires à l’appui de diverses conventions internationales, telles que la Convention sur la diversité biologique, la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements cli- matiques ou la Convention sur la lutte contre la désertification,

6. la nécessité de mettre sur pied un échange international d’informations hydrologiques à l’appui des études scientifiques du changement planétaire et du cycle hydrologique mon- dial ainsi que des programmes et projets pertinents de I’OMM, des autres institutions des Nations Unies, du CIUS et des organisations ayant le même statut,

7. les perspectives offertes de mieux gérer les ressources en eau et la nécessité d’une coopéra- tion pour atténuer les risques liés à l’eau dans les masses d’eau des bassins fluviaux inter- nationaux, coopération tributaire de l’échange international de données et d’informations hydrologiques,

8. l’importance accrue, mise en évidence par des entreprises scientifiques et techniques telles que GEWEX, des données et produits hydrologiques s’agissant de mieux comprendre les proces- sus météorologiques afin de pouvoir améliorer l’exactitude des produits hydrologiques,

RECONNAISSANT:

1. que les membres et leurs Services hydrologiques nationaux (SHN) ont le devoir de contribuer à la sécurité et au bien-être des populations de leur pays par le biais d’une réduction des risques associés à l’eau et d’une gestion durable des ressources en eau,

2. qu’un échange accru de données et d’informations hydrologiques au niveau des bassins flu- viaux et des aquifères partagés dans le cadre d’accord conclus entre les membres concer- nés, pourrait avoir des avantages,

3. qu’il est en permanence nécessaire de renforcer les capacités des SHN, dans les pays en déve- loppement en particulier,

4. que les gouvernements ont le droit de choisir de quelles manière, et dans quelle mesure, ils diffuseront des données et des produits hydrologiques à l’échelle nationale et internationale,

5. que les gouvernements ont aussi le droit de choisir dans quelle mesure ils diffuseront interna- tionalement des données vitales pour la défense et la sécurité nationales, étant entendu qu’ils coopéreront en toute bonne foi avec d’autres membres de façon à fournir le plus grand nombre de données possible dans des circonstances données,

6. que certains membres imposent à leur SHN de percevoir une taxe auprès des utilisateurs et/ou d’adopter des pratiques commerciales,

49

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

7. que de nombreux produits et services hydrologiques sont fournis de longue date sur une base commerciale et dans un marché concurrentiel, ce qui comporte des aspects à la fois positifs et négatifs,

SOUSCRIT à l’engagement d’élargir et de renforcer dans toute la mesure du possible l’échange international libre3 et gratuit4 des données et des produits hydrologiques pour tenir compte du fait que les programmes scientifiques et techniques de I’OMM sont de plus en plus solicités;

ADOPTE la pratique ci-après en matière d’échange international d’informations hydrologiques :

1. les membres fourniront gratuitement et sans restriction les données et produits hydrologiques requis dans le cadre des services destinés à sauvegarder les personnes et les biens et à assurer le bien-être de toutes les nations ;

2. les membres devraient aussi fournir, lorsqu’ils en disposent, les données et produits sup- plémentaires nécessaires pour appuyer les programmes et projets de I’OMM, ceux des aut- res institutions des Nations Unies, ceux du CIUS et des organisations jouissant d’un sta- tut équivalent, qu’il s’agisse de programmes d’hydrologie opérationnelle ou de programmes de recherche sur les ressources en eau à l’échelle mondiale, régionale et natio- nale et, en outre, pour aider d’autres membres à fournir les services hydrologiques requis dans leurs pays ;

3. les membres devraient mettre gratuitement et sans restriction à la disposition des chercheurs et des enseignants pour leurs activités non commerciales toutes les données et tous les produits hydrologiques échangés, sous les auspices de 1’OMM;

4. s’agissant des paragraphes 2 et 3 ci-de&, les membres peuvent soumettre à condition la réex- portations à des fins commerciales de leurs données et produits hydrologiques par un pays, ou un groupe de pays formant une entité économique;

5. les membres devraient faire connaître à tous les autres membres, par l’intermédiaire du secré- tariat de l’OMM, les données et les produits hydrologiques soumis à une condition telle que celle stipulée en 4 ci-dessus ;

6. les membres devraient s’assurer dans toute la mesure possible que les conditions imposées par le fournisseur d’origine pour l’acquisition de données et produits hydrologiques supplémen- taires soient connues des destinataires, initiaux et ultérieurs ;

7. les membres doivent s’assurer que l’échange des données et produits hydrologiques aux termes de la présente résolution est conforme aux dispositions de la résolution 40 (Cg-XII) ;

PRIE INSTAMMENT les membres, s’agissant de l’application pratique et scientifique des don- nées et des produits hydrologiques :

1. de faire tout leur possible pour mettre en œuvre la pratique concernant l’échange international de données et de produits hydrologiques, telle qu’elle est décrite aux paragraphes 1 à 7 de la partie du dispositif intitulé « ADOPTE »;

3. Au sens de la présente résolution, le terme « échange » désigne la circulation de données et de produits entre pays ou, ce qui est plus souvent le cas dans le domaine de l’hydrologie, d’un pays à l’autre.

4. « Libre et gratuit » veut dire sans rétribution ni discrimination aucune. Dans le contexte de la présente résolution “sans rétribution” signifie que seuls les frais de reproduction et d’expédition sont facturés, à l’exclusion des données et des produits eux-mêmes.

5. Dans le contexte de la présente résolution « réexportation » veut dire redistribution des données et des produits, directement ou par l’intermédiaire d’un tiers, sur un support électronique ou par d’autres moyens, par pays destinataire, groupe de pays formant une entité économique ou centre de données régional ou mondial.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

2. de prêter leur concours à d’autres membres, dans la mesure du possible et comme convenu, pour mettre en œuvre la pratique décrite aux paragraphes 1 à 7 de la partie du dispositif inti- tulé « ADOPTE »;

PRIE le Conseil exécutif:

1. d’inviter la Commission d’hydrologie à prodiguer conseils et assistance en ce qui concerne les aspects techniques de la mise en œuvre de la pratique relative à l’échange international des données et des produits hydrologiques;

2. de suivre de près l’application de la présente résolution et de faire rapport au Congrès à sa quatorzième session;

DÉCIDE de faire le point sur l’application de la présente résolution à sa quatorzième session.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

Appendice V Questions relatives

au droit et à la politique des eaux

Extraits de la Convention internationale sur l’eau qui exigent une contribution scientifique

Extraits de la Convention des Nations Unies de 1997 sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation.

Article 2

Expressions employées

Aux fins de la présente Convention:

a) L’expression « cours d’eau » s’entend d’un système d’eaux de surface et d’eaux souterrai- nes constituant, du fait de leurs relations physiques, un ensemble unitaire et aboutissant normalement à un point d’arrivée commun.

Article J .

Utilisation et participation équitables et raisonnables

1. Les États du cours d’eau utilisent sur leurs territoires respectifs le cours d’eau international de manière équitable,et raisonnable. En particulier, un cours d’eau international sera utilisé et mis en valeur par les Etats du cours d’eau en vue de parvenir à l’utilisation et aux avantages opti- maux et durables - compte tenu des intérêts des Etats du cours d’eau concernés - compa- tibles avec les exigences d’une protection adéquate du cours d’eau.

Article 6

Facteurs pertinents pour une utilisation équitable et raisonnable

1. L’utilisation de manière équitable et raisonnable d’un cours d’eau international au sens de l’article 5 implique la prise en considération de tous les facteurs et circonstances pertinents, notamment:

a) les facteurs géographiques, hydrographiques, hydrologiques, climatiques, écologiques et autres facteurs de caractère naturel;

b) les besoins économiques et sociaux des États du cours d’eau intéressés; c) la population tributaire du cours d’eau dans chaque Etat du cours d’eau; d) les effets de l’utilisation ou des utilisations du cours d’eau dans un Etat du cours d’eau sur

d’autres Etats du cours d’eau; e) les utilisations actuelles et potentielles du cours d’eau; fi la conservation, la protection, la mise en valeur et l’économie dans l’utilisation des res-

sources en eau du cours d’eau ainsi que les coûts des mesures prises à cet effet; g) l’existence d’autres options, de valeur comparable, susceptibles de remplacer une utilisa-

tion particulière, actuelle ou envisagée.

2. Dans l’application de l’article 5 ou du paragraphe 1 du présent article, les États du cours d’eau intéressés engagent, si besoin est, des consultations dans un esprit de coopération.

52

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

3. Le poids à accorder à chaque facteur est fonction de l’importance de ce facteur par rapport à celle d’autres facteurs pertinents. Pour déterminer ce qu’est une utilisation raisonnable et équitable, tous les facteurs pertinents doivent être examinés ensemble et une conclusion tirée sur la base de l’ensemble de ces facteurs.

Article 7

Obligation de ne pas causer de dommages significatifs

1. Lorsqu’ils utilisent un cours d’eau international sur leur territoire, les États du cours d’eau prennent toutes les mesures appropriées pour ne pas causer de dommages significatifs aux aut- res États du cours d’eau.

2. Lorsqu’un dommage significatif est néanmoins causé à un autre État du cours d’eau, les États dont l’utilisation a causé ce dommage prennent, en l’absence d’accord concernant cette utili- sation, toutes les mesures appropriées, en prenant en compte comme il se doit les dispositions des articles 5 et 6 et en consultation avec 1’Etat touché, pour éliminer ou atténuer ce dommage et, le cas échéant, discuter de la question de l’indemnisation.

Article 9

Échange régulier de données et d’informations

1. En application de l’article 8, les États du cours d’eau échangent régulièrement les données et les informations aisément disponibles sur l’état du cours d’eau, en particulier celles d’ordre hydrologique, météorologique, hydrogéologique, écologique et concernant la qualité de l’eau, ainsi que les prévisions s’y rapportant.

2. Si un État du cours d’eau demande à un autre Etat du cours d’eau de fournir des données ou des informations qui ne sont pas aisément disponibles, cet Etat s’emploie au mieux de ses moyens à accéder à cette demande, mais il peut subordonner son acquiescement au paiement, par 1’Etat auteur de la demande, du coût normal de la collecte et, le cas échéant, de l’élabora- tion de ces données ou informations.

3. Les États du cours d’eau s’emploient au mieux de leurs moyens à collecter et, le cas échéant, à élaborer les données et informations d’une manière propre à en faciliter l’utilisation par les autres États du cours d’eau auxquels elles sont communiquées.

Article 10

Rapport entre les utilisations

1. En l’absence d’accord ou de coutume en sens contraire, aucune utilisation d’un cours d’eau international n’a en soi priorité sur d’autres utilisations.

2. En cas de conflit entre des utilisations d’un cours d’eau international, le conflit est résolu eu égard aux articles 5 à 7, une attention spéciale étant accordée à la satisfaction des besoins humains essentiels.

Article 11

Renseignements sur les mesures projetées

Les États du cours d’eau échangent des renseignements, se consultent et, si nécessaire, négocient au sujet des effets éventuels des mesures projetées sur l’état d’un cours d’eau international.

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

Article 12

Notification des mesures projetées pouvant avoir des effets négatifs

Avant qu’un Etat du cours d’eau mette en œuvre ou permette que soient mises en œuvre des mesures projetées susceptibles d’avoir des effets négatifs significatifs pour les autres Etats du cours d’eau, il en donne notification à ces derniers en temps utile. La notification est accompa- gnée des données techniques et informations disponibles y compris, le cas échéant, les résultats de l’étude d’impact sur l’environnement, afin de mettre les Etats auxquels elle est adressée à même d’évaluer les effets éventuels des mesures projetées.

Article 19

Mise en œuvre d’urgence de mesures projetées

1. Si la mise en œuvre des mesures projetées est d’une extrême urgence pour la protection de la santé ou de la sécurité publiques ou d’autres intérêts également importants, 1’Etat qui projette ces mesures peut, sous réserve des articles 5 et 7, procéder immédiatement à leur mise en œuvre nonobstant les dispositions de l’article 14 et du paragraphe 3 de l’article 17.

2. En pareil cas, une déclaration formelle proclamant l’urgence des mesures accompagnée des données et informations pertinentes est communiquée sans délai aux autres Etats du cours d’eau visés à l’article 12.

3. L’État qui projette les mesures engage promptement, à la demande de l’un quelconque des États visés au paragraphe 2, des consultations et des négociations avec lui, de la manière indi- quée au paragraphe 1 et 2 de l’article 17.

Article 20

Protection et préservation des écosystèmes

Les États du cours d’eau, séparément et, s’il y a lieu, conjointement, protègent et préservent les écosystèmes des cours d’eau internationaux.

Article 21

Prévention, réduction et maîtrise de la pollution

1. Aux fins du présent article, on entent par « pollution d’un cours d’eau international » toute modification préjudiciable de la composition ou de la qualité des eaux d’un cours d’eau inter- national résultant directement ou indirectement d’activités humaines.

2. Les États du cours d’eau, séparément et, s’il y a lieu, conjointement, préviennent, réduisent et maîtrisent la pollution d’un cours d’eau international qui risque de causer un dommage signi- ficatif à d’autres Etats du cours d’eau ou à leur environnement, y compris un dommage à la santé ou à la sécurité de l’homme, ou bien + toute utilisation positive des eaux ou bien aux ressources biologiques du cours d’eau. Les Etats du cours d’eau prennent des mesures pour harmoniser leurs politiques à cet égard.

3. A la demande de l’un quelconque d’entre eux, les États du cours d’eau se consultent en vue d’arrêter des mesures et méthodes mutuellement acceptables pour prévenir, réduire et maîtri- ser la pollution telles que: a) définir des objectifs et des critères communs concernant la qualité de l’eau; b) mettre au point des techniques et des pratiques pour combattre la pollution de sources

ponctuelles ou diffuses;

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

c) établir des listes de substances dont l’introduction dans les eaux d’un cours d’eau interna- tional doit être interdite, limitée, étudiée ou contrôlée.

Article 22

Introduction d’espèces étrangères ou nouvelles

Les États du cours d’eau prennent toutes les mesures nécessaires pour prévenir l’introduction dans un cours d’eau international d’espèces étrangères ou nouvelles qui risquent d’avoir des effets préjudiciables pour l’écosystème du cours d’eau et de causer finalement un dommage significatif à d’autres États du cours d’eau.

Article 23

Protection et préservation du milieu marin

Les États du cours d’eau, séparément et, s’il y a lieu, en coopération avec d’autres États, prennent toutes les mesures se rapportant à un cours d’eau international qui sont nécessaires pour protéger et préserver le milieu marin, y compris les estuaires, en tenant compte des règles et normes inter- nationales généralement acceptées.

1.

2.

3.

1.

2.

3.

Article 25

Régulation

Les États du cours d’eau coopèrent, selon que de besoin, pour répondre à la nécessité ou pour exploiter les possibilités de réguler le débit des eaux d’un cours d’eau international.

A moins qu’il n’en soit convenu autrement, les États du cours d’eau participent sur une base équitable à la construction et à l’entretien ou au financement des ouvrages de régulation qu’ils ont pu convenir d’entreprendre.

Aux fins du présent article, le terme « régulation » s’entend de l’utilisation d’ouvrages hydrau- liques ou de toute autre mesure employée de façon continue pour modifier, faire varier ou contrôler d’une autre manière le débit des eaux d’un cours d’eau international.

Article 33

Règlement des différends

En cas de différend entre deux ou plusieurs parties concernant l’interprétation ou l’applica- tion de la présente Convention, les parties intéressées, en l’absence d’un accord applicable entre elles, s’efforcent de résoudre le différend par des moyens pacifiques, conformément aux dispositions ci-après.

Si les parties intéressées ne peuvent parvenir à un accord par la voie de la négociation deman- dée par l’une d’entre elles, elles peuvent solliciter conjointement les bons offices d’une tierce partie - ou lui demander d’intervenir à des fins de médiation ou de conciliation, ou avoir recours, selon qu’il conviendra, à toute institution mixte de cours d’eau qu’elles peuvent avoir établie, ou décider de soumettre le différend à une procédure d’arbitrage ou à la Cour inter- nationale de justice.

Sous réserve de l’application du paragraphe 10, si après un délai de six mois à compter de la date de la demande de négociation mentionnée au paragraphe 2, les parties intéressées n’ont pu résoudre leur différend par la négociation ou par tout autre moyen mentionné dans ledit para- graphe, le différend est soumis, à la demande de l’une quelconque d’entre elles, à une procédure d’enquête impartiale, conformément aux paragraphes 4 à 9, sauf accord contraire des parties.

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4. Il est établi une commission d’enquête, composée d’un membre désigné par chacune des par- ties intéressées plus un membre n’ayant la nationalité d’aucune desdites parties, choisi par les deux autres, qui fait fonction de président.

5. Si les membres désignés par les parties ne parviennent pas à s’entendre sur un président dans un délai de trois mois à compter de la demande d’établissement de la Commission, toute par- tie intéressée peut demander au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies de désigner le Président, lequel n’aura la nationalité d’aucune des parties au différend ou d’aucun Etat riverain du cours d’eau visé. Si l’une des parties ne procède pas à la désignation d’un membre dans un délai de trois mois à compter de la demande initiale faite conformément au paragraphe 3, toute autre partie intéressée peut demander au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies de désigner une personne n’ayant la nationalité d’aucune des parties au différend ni d’aucun Etat riverain du cours d’eau visé. La personne ainsi dési- gnée sera le membre unique de la Commission.

6. La Commission arrête elle-même sa procédure.

7. Les parties intéressées ont l’obligation de fournir à la Commission les renseignements dont elle peut avoir besoin et de lui permettre, sur sa demande, d’entrer sur leur territoire et d’inspecter les installations, établissements, équipements, constructions ou accidents topogra- phiques présentant un intérêt pour l’enquête.

8. La Commission adopte son rapport à la majorité de ses membres, sauf si elle n’en compte qu’un seul, et soumet ce rapport aux parties intéressées en y énonçant ses conclusions moti- vées et les recommandations qu’elle juge appropriées en vue d’un règlement équitable du dif- férend, que les parties intéressées examinent de bonne foi.

9. Les dépenses de la Commission sont supportées à parts égales par les parties intéressées.

10. Lors de la ratification, de l’acceptation et de l’approbation de la présente Convention, ou de l’adhésion à cet instrument, ou à tout moment par la suite, une partie qui n’est pas une orga- nisation d’intégration économique régionale peut déclarer, dans un instrument écrit adressé au Dépositaire, qu’en ce qui concerne tout différend non résolu conformément au paragraphe 2, elle reconnaît comme obligatoire ipsofacto et sans accord spécial concernant l’une quelconque des parties acceptant la même obligation :

u) la soumission du différend à la Cour internationale de justice; et/ou

b) l’arbitrage par un tribunal arbitral dont la compétence est établie et qui exerce ses pou- voirs, sauf accord contraire entre les parties au différend, conformément à la procédure énoncée à l’annexe de la présente Convention.

Une partie qui est une organisation d’intégration économique régionale peut faire une décla- ration dans le même sens concernant l’arbitrage, conformément à l’alinéa b).

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Appendice VI : Exemple fictif de bassin HELP

L’objet de la présente section est de montrer comment la candidature des bassins proposés pour inclusion dans le programme HELP devrait être présentée. On a à cette fin construit un bassin fictif, le bassin du Rio Aqua, au MyLand. On a jugé préférable de ne pas utiliser un bassin réel, car il aurait fallu pour cela un degré de spécificité et de précision impossible à atteindre lors de la préparation du présent document. Des controverses quant à ce qui se passait réellement dans ce bassin auraient également risqué d’éclater.

Cet exemple fictif n’est pas conçu pour être un exemple à suivre impérativement par tous les bassins HELP; il s’agit simplement d’une suggestion sur la manière de présenter une proposition visant à l’inclusion d’un bassin dans le programme HELP. Les différents bassins HELP se distin- gueront les uns des autres par leurs caractéristiques physiques, leur régime juridique et institu- tionnel et les questions et problèmes à traiter, ce pourquoi la participation au programme HELP peut être profitable.

Le bassin du Rio Aqua, au MyLand

Taille: 8 000 km* Cours d’eau: Rio Aqua et deux affluents : le Rio Beta et le Rio Gamma Dans une partie du bassin, d’une superficie de 3 000 m*, existe une nappe phréatique Moyenne des précipitations annuelles : 400 mm Saisons: six mois d’été sans aucune précipitation et six mois d’hiver

Volume d’eau annuel dans des conditions normales : l débit du Rio Aqua à l’exutoire du bassin: 200 millions de m3 par an; l débit du Rio Beta au confluent avec le Rio Aqua: 30 millions de m3 par an; l débit du Rio Gamma au confluent avec le Rio Aqua: 45 millions de m3 par an; l volume estimatif de l’apport d’eau réalimentant l’aquifère: 120 millions de m3 par an; l volume d’eau normalement prélevé dans l’aquifère : 150 millions de m3 par an.

Topographie: essentiellement plate avec des montagnes aux limites Nord et Ouest du bassin.

Population: 1 million de personnes, dont 500 000 habitent Villa, l’unique grande ville située dans le bassin, le reste de la population vivant en zone rurale. Un quart de la population de Villa vit à MyTown, un bidonville situé en aval de la ville principale.

Villa est dotée d’un système de distribution d’eau, d’un réseau d’égouts et d’un système de drainage des eaux d’orage. MyTown ne dispose d’aucun de ces équipements : la population puise directement de l’eau dans la rivière et y rejette les eaux usées non traitées.

Utilisation des terres : l agriculture : 380 000 hectares dont 150 000 irrigués ; principales cultures : maïs, blé, coton,

arbres fruitiers ; l forêts dans les régions de l’ouest du bassin : 80 000 hectares; l zones urbaines et autres zones de peuplement : 70 000 hectares ; l campagne, y compris une réserve naturelle au sud de la ville et une vaste étendue de terres

humides au confluent du Rio Gamma et du Rio Aqua : 270 000 hectares.

Un barrage situé sur le Rio Aqua, en amont de la ville, sert: l à la production d’électricité (mais il n’alimente pas tout le bassin en énergie; le reste est

importé) ; l à la défense contre les inondations ;

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l à l’approvisionnement de la ville en eau de manière fiable; l aux loisirs.

Utilisateurs d’eau dans le bassin: l les citadins, qui utilisent l’eau de la rivière; l l’agriculture, qui utilise l’eau de la rivière et les eaux souterraines ; l ceux qui ne consomment pas d’eau mais pêchent dans le Rio Beta et le Rio Gamma et en

aval de la ville; l la zone humide riveraine du Rio Gamma; l la production hydroélectrique du barrage situé en amont de la ville.

Utilisations et préoccupations actuelles et prévues : l la croissance rapide de la demande urbaine; l les utilisations environnementales - les poissons des cours d’eau et en particulier les zones

humides - auxquelles on prête de plus en plus d’attention; l la défense de la ville contre les crues est une préoccupation croissante; l la qualité de l’eau en aval de la ville se détériore; l l’approvisionnement en eau et les conditions sanitaires à MyTown sont très préoccupantes.

Il faut améliorer l’état de santé des résidents et restaurer la qualité de l’eau du Rio Aqua en aval de MyTown.

Cadre juridique et institutionnel Une loi nationale sur l:eau stipule que : l l’eau appartient à 1’Etat; l sa gestion et l’application de la loi sont déléguées aux autorités chargées du bassin; l la priorité absolue doit être accordke à la satisfaction des besoins fondamentaux de la popu-

lation; l l’eau est attribuée aux utilisateurs par le biais de licences susceptibles d’être modifiées par

les autorités en fonction de la situation hydrologique; l la protection de l’environnement constitue un volet de la loi; l il convient d’étudier les problèmes de gestion des risques; l toutes les informations relatives à l’eau appartiennent au domaine public.

La politique et la gestion de l’eau posent les problèmes suivants : l comment répartir l’eau entre les différents usages et usagers - principes et pratique; l entretenir la qualité de l’eau au profit de la santé humaine et de la protection de l’environ-

nement - des poissons des cours d’eau, des zones humides.

Structure institutionnelle : l un service national de l’eau, responsable de la définition de la politique en la matière et

fixant des principes de gestion; l une instance nationale de protection de l’environnement, qui n’a pas de bureau dans le

bassin ; l une instance locale, l’Agence du bassin du Rio Aqua (RARBA) chargée de la gestion de

l’eau dans le bassin.

Instances responsables : l service météorologique national ne disposant pas d’un bureau local; l service hydrologique national disposant d’un bureau local dans le bassin; l instance nationale chargée de la gestion des eaux souterraines, distincte du service chargé de

l’eau et disposant d’un représentant local; l agence nationale de l’environnement dépourvue de bureau local ; l département de l’agriculture disposant d’un bureau local; l compagnie électrique locale.

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ONG: l une ONG, de petite taille mais active, lutte pour la conservation des zones humides ; l un groupe de militants fait pression pour obtenir l’installation d’un système de distribution

d’eau et d’un système sanitaire à MyTown.

Compétences professionnelles : l bonnes compétences professionnelles dans les services météorologiques et hydrologiques

centraux situés dans la capitale, à 1 000 km de distance; l compétences moyennes en hydrologie dans la ville locale; l bonne capacité de planification de la RARBA, mais pas d’expérience de l’utilisation de

modèles pour aider à prendre des décisions.

Données et modèles: l données existantes: nombreuses données météorologiques collectées sur une période de

30 ans, données relatives à l’écoulement fluvial relevées pendant 25 ans mais comportant de nombreuses lacunes, quelques données sur la qualité de l’eau pour un petit nombre de para- mètres ;

l accès aux données : limité par les différentes instances à leur propre personnel; l modèles existants : modèle SIG préliminaire et quelques analyses statistiques, modélisation

hydrologique traditionnelle partielle, mais pas de modélisation exhaustive de la gestion des ressources en eau - tout se trouve dans la capitale et très peu de choses dans le bassin lui-même.

Problèmes et conflits : Les prélèvements excessifs d’eau souterraine par les agriculteurs a entraîné : l une baisse de la nappe libre de l’aquifère; l la réduction du débit du cours d’eau; l une concurrence avec les utilisateurs en aval (pour la production électrique, le débit et la

qualité de l’eau de la rivière, l’approvisionnement en eau de la ville).

Réserver une partie du débit aux zones humides rivalise avec l’accroissement du débit du cours d’eau au profit de tous les utilisateurs situés en aval (qui exigent la réduction et même l’élimina- tion des zones humides).

La salinisation du sol diminue la production agricole; les agriculteurs demandent à utiliser l’eau de la rivière.

Les rejets agricoles posent dans le Rio Aqua des problèmes de qualité de l’eau.

Les bureaux locaux des différentes instances officielles ne coopèrent pas comme il faudrait et il n’existe pas de liens adéquats entre certains bureaux locaux et leur siège dans la capitale.

Justification de l’intégration du bassin au réseau HELP

La RARBA cherche à améliorer la gestion intégrée du bassin afin: l d’accroître les avantages dont profitent toutes les parties prenantes au sein du bassin; l de résoudre, ou à tout le moins, de gérer les conflits existants ; l d’éviter de futurs conflits.

La RARBA et les instances nationales sont convenues de ce qui suit: l les diverses options de gestion de la demande n’ont pas été définies de façon satisfaisante; l les possibilités de gestion de l’offre et de la demande doivent être examinées de concert; l les données hydrologiques et connexes sont incomplètes; l de nouvelles technologies de collecte et d’analyse des données pourraient être utiles ; l les informations sur la qualité de l’eau manquent; l les aspects socioéconomiques doivent être étudiés et intégrés à ceux concernant la gestion

des ressources en eau;

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l les problèmes d’environnement augmentent et doivent être mieux intégrés au dispositif de gestion;

l il existe des politiques permettant une meilleure gestion, mais elles ne sont pas appliquées pour toutes sortes de raisons, notamment parce que les processus hydrologiques et les processus physiques connexes sont mal connus ;

l le manque de compétences professionnelles adéquates aux niveaux appropriés (local) de gestion entrave les progrès.

C’est pourquoi les autorités souhaitent profiter des avantages qu’offre l’appartenance d’un bassin au réseau HELI? Le principal interlocuteur de HELP sera la RARBA, des professionnels désignés par le Siège participant au projet.

La RARBA et les autorités nationales sont disposées à: l respecter la politique formulée par HELP en matière d’échange et de partage des données

et de l’information; l participer au processus HELP et partager l’information, les techniques et les résultats

obtenus au sein de la structure de HELI?

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Appendice VII Exemple d’étude d’un bassin HELP néo-zélandais

Bassin de Motueka, Nouvelle-Zélande

Intégration de l’hydrologie, de l’écologie de l’eau douce et de la recherche sur les processus sociaux en vue de la gestion à l’échelle d’un bassin hydrographique

A. Peurce, Landcare Rerearch, Nouvelle-Zélande WB. Bowden, Landcare Research, Nouvelle-Zélande

T Dunne, Université de Californie, Santa Barbara, Etats-Unis d’Amérique A. Fenemor, Conseil du District de Tasman, Nouvelle-Zélande

G. Harding, Institut Cawthron, Nouvelle;Zélande G. Likens, Institut d’étude des écosystèmes, New York, Etats-Unis d’Amérique

1. Aperçu du bassin hydrographique de Motueka l Il s’agit d’un véritable bassin (de plus de 2 000 km*) et non d’un bassin expérimental l Problèmes réels : 1. incidences de l’utilisation des terres sur le débit d’exploitation, 2. conflit

concernant l’utilisation des eaux de surface et des eaux souterraines, 3. incidence de la fai- blesse du débit et de la présence de sédiments sur la pêche à la truite, 4. effets de l’utilisa- tion des terres sur la qualité de l’eau (nutriments, bactéries)

l En quoi la recherche aide-t-elle à gérer l’incidence de toutes ces utilisations et à résoudre ou gérer les conflits relatifs aux ressources en eau ?

2. Utilisation des terres l Des montagnes (plus de 1600 m) à la mer; précipitations comprises entre plus de 3 500 mm

et moins de 1 000 mm l Parcs nationaux et réserves naturelles dans la forêt primaire - tourisme, conservation l Vastes peuplements forestiers d’origine artificielle l Élevage d’ovins et de bovins sur les collines, en cours de remplacement par des plantations l Industrie laitière au fond des vallées - irrigation complémentaire l Culture irriguée de fruits rouges, de houblon, de kiwis au fond des vallées et dans la plaine

inondable

3. Conflits l Dans certaines régions montagneuses, l’exploitation forestière produit une grande quantité

de fins sédiments l Les sédiments endommagent l’habitat des truites et nuisent à la pêche l Conflits liés aux eaux de surface - irrigation contre débit minimum/habitat des poissons l Mesures juridiques visant à protéger le débit minimal nécessaire à la pêche à la truite l L’accès du bétail aux cours d’eau entraîne une contamination par des nutriments et des bac-

téries l Conflits liés à l’utilisation des eaux souterraines: 1. prélèvement à proximité des cours

d’eau contre faible débit et 2. plantations contre réalimentation des nappes souterraines

4. Aperçu du processus l Réunion initiale de deux jours rassemblant 40 parties prenantes et utilisateurs pour cerner

les problèmes locaux et les possibilités de recherche (mars 1998). Rapport envoyé à tous les participants.

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l Discussion de suivi en 1998 et 1999 afin de confirmer les problèmes recensés - Un consensus se dégage sur les principales questions et sur le choix du bassin de

Motueka comme sujet de recherche - Le Conseil du district de Tasman (TDC) approuve les propositions

l Des experts internationaux (Dunne et Likens, des Etats-Unis d’Amérique) acceptent au milieu de l’année 1999 de procéder à une étude et de concevoir le projet, début 2000

l Des experts se réunissent pour trois semaines en Nouvelle-Zélande pour les trois étapes suivantes

l Quatre réunions rassemblant différents groupes d’intérêts ont lieu pour vérifier et préciser les problèmes recensés (janvier 2000) - avec des agriculteurs installés en amont - avec des agriculteurs installés en aval - avec des représentants des Iwi (des tribus) et du secteur économique - avec des utilisateurs des ressources marines

l Un questionnaire est envoyé à 160 parties prenantes locales afin d’établir l’ordre de priorité des questions relatives au bassin qui devront faire l’objet de recherches

l Sept réunions sont organisées avec les chercheurs de l’Institut Cawthron, du Landcare Research, du Conseil du district de Tasman et cinq autres instituts de recherche qui colla- borent au projet - Définition des principales questions susceptibles de faire l’objet de recherches.

l Février 2000, Rapports des groupes d’experts sur les différents problèmes, sur les questions susceptibles de faire l’objet de recherches et sur les recherches proposées

l Approbation des travaux de recherche par les bailleurs de fonds et exécution des recherches (à partir de juillet 2000)

5. Principaux problèmes : l’eau l Incidences des peuplements forestiers artificiels sur l’écoulement fluvial et la réalimentation

des nappes phréatiques l Incidence du pompage des eaux souterraines à proximité du cours d’eau sur les faibles écou-

lements fluviaux l Incidence des crues sur la stratification de la baie de Tasman et sur le transport des polluants

sédimentaires, chimiques et microbiens vers les bancs de crustacés

6. Problèmes clés : les sédiments l Risques pour les chenaux et l’habitat des truites imputables aux sédiments produits par

l’exploitation forestière l Incidences à court et à long terme des sédiments dans la baie de Tasman (très peu profonde)

7. Principaux problèmes : la qualité de l’eau l Teneur en azote et en bactéries dans les tronçons de cours d’eau situés en aval et dans la baie

de Tasman l L’accès des animaux aux cours d’eau et les engrais utilisés pour la culture irriguée des fruits

rouges font l’objet de suspicion

8. Principaux problèmes : les biotes aquatiques l Fort déclin de la fameuse pêche à la truite - opinions diamétralement opposées quant aux

causes de ce phénomène l Préoccupations au sujet des poissons et des invertébrés d’origine locale, ainsi que du main-

tien de la biodiversité en eau douce

9. Principaux problèmes : les zones riveraines l Pas de consensus et peu d’informations sur la situation des zones riveraines, leur incidence

sur la qualité de l’eau ou sur l’habitat des oiseaux et autres biotes terrestres

10. Questions susceptibles de faire l’objet de recherches l Compilation d’informations historiques sur le bassin de Motueka depuis le premier peu-

plement humain (il y a moins de 1 000 ans) jusqu’à aujourd’hui

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

l Approvisionnement en eau souterraine et de surface l Sources et dispersion des sédiments l Nature et répartition spatiale de l’habitat aquatique l Nature, répartition et fonction des zones riveraines l Qualité de l’eau et exportation de nutriments et de contaminants vers la baie de Tasman l Définition de la façon d’utiliser les résultats de la recherche lors de la prise de décisions

et évaluation des connaissances acquises et de leur mode d’acquisition lors d’un tel pro- cessus

11, Recherche au cours des deux premières années l Intégration et communication des connaissances en vue de la gestion intégrée du bassin

- Constitution d’une base de connaissances relatives à l’environnement historique et actuel (cartes, base de données, récits) avec le concours des principaux utilisateurs et des principales parties intéressées

- Création d’un site Web permettant l’accès aux données, des recherches et des contribu- tions

- Création d’un Groupe consultatif communautaire et travail avec celui-ci afin de communiquer avec la communauté et de la faire participer au projet

l Incidences de l’utilisation des terres sur le volume d’eau et sa qualité - Quantifier les composantes du bilan hydrologique de surface pour les principales utili-

sations des terres et les principaux types de terrain - Chiffrer les grandes composantes du bilan hydrologique souterrain des principaux aqui-

fères dans la partie supérieure du bassin - Simuler le bilan hydrologique à l’échelle du bassin à l’aide d’un modèle simple, spatia-

lement explicite en peu de temps, afin d’établir des scénarios de l’utilisation actuelle, pas- sée et future des terres

- Fournir les résultats du modèle sous forme visuelle, les incorporer dans des bases de connaissances et en discuter avec les utilisateurs et les groupes communautaires

- Déterminer les principales lacunes en matière de connaissance des processus afin d’affi- ner ces simulations et la conception des expériences sur le terrain pour combler les lacu- nes qui doivent absolument l’être en priorité (travaux futurs)

- Concevoir et mettre sur pied un réseau de stations d’échantillonnage de l’environnement chargées de prélever des échantillons d’eau, de sédiments, de nutriments, de contami- nants et d’agents pathogènes

l Zones riveraines - Élaborer une typologie des zones riveraines et cartographier le bassin - Insérer les cartes sur le site Web - Faire une étude de la santé du cours d’eau, de la qualité de l’habitat et des conditions

régnant dans les zones riveraines, à des endroits représentatifs

l Incidences de l’utilisation des terres sur les écosystèmes d’eau douce et côtiers - Élaborer un modèle de l’ensemble de la production d’invertébrés fluviaux et benthiques - Production de cartes SIG de la répartition des types de substrats et des biotes dans les

zones intertidales et du delta - Élaboration d’un modèle conceptuel d’écosystèmes côtiers pour la répartition des

microalgues sur les bancs de coquilles Saint-Jacques et de pétoncles dans le panache flu- vial de Motueka

- Déterminer la dynamique de la structure communautaire des microalgues et la quan- tité/qualité des particules en suspension dans les eaux proches du fond

l Connaissances sociales - Travailler avec les parties intéressées et les propriétaires fonciers autochtones afin de

mettre au point des moyens de relier les diverses bases de connaissances, d’améliorer la compréhension et de favoriser l’apprentissage

- Utiliser ces résultats pour élaborer et améliorer le site Web et les modèles de simulation

Conception et stratégie de mise en œuvre de l’initiative HELP

- Essai d’approche participative afin de peaufiner les priorités de recherche et les outils de gestion pour deux des problèmes choisis

- Evaluer les avantages économiques marginaux du maintien de l’habitat des poissons pour les pêcheurs, et de l’eau d’irrigation pour les utilisateurs des terres

- Mettre au point et tester des indicateurs de la compréhension et de l’utilisation des scien- ces dans la gestion intégrée des bassins

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