Chapitre I de macroéconomie

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Niveau : 1 ère année Chapitre I de Macroéconomie Professeur : Imane ELGHAZALI

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Niveau : 1ère année

Chapitre I de Macroéconomie

Professeur : Imane ELGHAZALI

Année universitaire   : 2006-2007

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Chapitre I : Approche générale de l’économie

Section 1 : Le caractère scientifique de l’économie et les lois économiques

Le mot Science peut être entendu au sens large ou étroit.

Au sens large : une science est un ensemble cohérent de connaissances sur une question. Ainsi, on parle de science politique ou juridique…

Au sens étroit : une science implique la mise en évidence de lois c'est-à-dire de relations mesurables dont on connaît les conditions, ce qui permet de prévoir leur répétition et d’effectuer des prévisions.

L’économie possède de lois, elle est, donc, une science non seulement au sens large mais aussi au sens étroit.

Cependant, il faut distinguer deux types de lois économiques : les lois d’évolution et les lois de réaction.

1- Les lois d’évolution :

Ces lois décrivent des évolutions, en général constatées, appelées logiquement à se poursuivre. Il s’agit soit de tendances (évolution de même sens) de longue période (c'est-à-dire qui se manifestent dans une période supérieure à10 ans) soit de fluctuations (évolution alternative de hausses et de baisses) de longue ou de courte période.

a) Les tendances de longue période :

Les plus célèbres sont :

1- La loi de CLARK et FOURASTIE relative à l’évolution de la structure de la production nationale : Cette loi précise que l’accroissement de la production tend nécessairement à s’accompagner d’un changement de sa structure, caractérisée par une diminution relative de la production agricole compensée par une augmentation relative de la production industrielle et des services. Or, cette évolution est effectivement constatée, à l’échelle décennale, dans la plupart des pays, mais elle ne permet pas de mesurer l’importance des diverses productions pour les années futures ;

2- La courbe logistique de croissance : qui exprime une croissance successivement croissante et décroissante. Elle est représentée graphiquement, en portant le temps en abscisses et la production en ordonnées, par un S majuscule penché vers la droite. Cette évolution est perceptible sur une période d’environ 150 ans et apparaît nettement entre 1830 et 1980 en Angleterre ainsi qu’aux Etats-Unis, mais ne permet aucune prévision mesurable ;

3- La loi marxiste de la prolétarisation : c'est-à-dire de l’accroissement du nombre de salariés dans la population active. Cet accroissement est

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manifeste dans tous les pays industriels au cours de l’expansion du système capitaliste mais exclut toute mesure pour l’avenir.

b) La fluctuation de longue période :

Il s’agit de la fluctuation (ou cycle) KONDRATIEFF de la production nationale. KONDRATIEFF est le nom de l’économiste soviétique qui a été le premier, vers 1925, à constater cette fluctuation. Celle-ci est perceptible sur une période d’environ 50 ans et est liée à l’apparition successive d’industries motrices, chacune assurant une expansion. Ainsi, on a enregistré des expansions successives : par le textile (de 1780 à 1810), par la métallurgie et les chemins de fer (de 1850 à 1875), par l’électricité et la chimie (de 1890 à 1914), par l’électroménager et l’automobile (de 1945 à 1970), par l’électronique après…

Entre deux expansions, la production nationale baisse ou croît faiblement.

c) La fluctuation de courte période :

Elle se développe sur une période de 3 à 7 ans. Elle est beaucoup plus manifeste que la fluctuation de longue période et son mécanisme est mieux connu car elle permet une meilleure compréhension surtout que la période est relativement brève. Ce qui a permis de penser que cette fluctuation pouvait faire l’objet de prévisions mesurables.

2- Les lois de réaction :

Elles expriment des réactions de très courte période (de quelques mois à 1 an). Chaque loi mesure, avec une marge d’erreur relativement faible, la réaction qu’engendrera un phénomène donné.

Nous en donnerons quelques exemples :

e dP/P = - dD/D où P désigne le prix d’un bien et D sa demande.

a dR = dC où R désigne le revenu national et C la consommation.

b dC = I où I désigne l’investissement.

k dI = dR

« d » désigne des variations absolues faibles. « e », « a », « b » et « k » sont des coefficients exprimant le degré de réaction.

Or, ces lois sont conditionnelles, ce qui est normal. En effet, même les lois de la nature le sont. Ainsi, l’eau congèle à 0 degré, à la double condition d’être pure et que la pression atmosphérique soit 750 altimètres. Donc, il est normal que les lois économiques soient également soumises à des conditions, mais à la différence des lois de la nature, ces conditions sont non seulement objectives mais subjectives.

Exemple : une hausse du prix provoque une réduction de la demande à condition que l’on ne s’attende pas à une nouvelle hausse encore plus forte.

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Or, ces deux types de conditions mettent en cause, d’une part l’existence même de la réaction mise en évidence par la loi, d’autre part sa mesure.

a) L’action des conditions sur l’existence de la réaction :

Ainsi, dC n’engendre un investissement que si les producteurs de biens de consommation ont un équipement insuffisant (condition objective) et s’ils estiment que dC a un caractère durable (condition subjective).

De même, dR n’engendre un dC que si les biens désirés supplémentaires sont disponibles (condition objective) et si la consommation est préférée à l’épargne (condition subjective).

b) L’action des conditions sur la mesure de la réaction :

Le coefficient qui mesure le degré de la réaction attendue est calculé à partir de l’observation du passé, dans des conditions données et il faudrait que ces dernières demeurent identiques pour qu’il indique exactement la réaction qui va se produire, ce qui n’est pas le cas. Et même si on corrige les coefficients par ce que l’on croit savoir de l’avenir, l’importance de la réaction ne sera pas exactement celle annoncée. Par conséquent, les lois économiques ne permettent pas d’effectuer des évaluations précises et ne peuvent exprimer que des relations stochastiques.

Une relation est stochastique lorsqu’à une valeur donnée de la variable indépendante correspond diverses valeurs possibles de la variable dépendante, dont une seule se réalisera, mais on ne sait à l’avance laquelle.

Ainsi, bien que l’économie possède de véritables lois c'est-à-dire des relations mesurables dont on peut prévoir la répétition, elles n’ont pas la rigueur de celles de la physique ou de la chimie. C’est pourquoi on évite le plus souvent d’utiliser le mot loi. On préfère parler de « relation », de « mécanisme » ou d’« effet ».

Section 2 : Les divers types d’économie

On constate aujourd’hui des différences plus ou moins importantes entre les diverses économies nationales. Ainsi, les économies américaine, européenne, marocaine ne fonctionnent pas de la même façon, car chacune relève d’un type d’économie différent.

Un type d’économie est la combinaison de 3 éléments : le système, le mode de régulation et le niveau de développement.

- Le système : concerne la propriété et la gestion des unités de production c'est-à-dire les entreprises ;

- Le mode de régulation : concerne la façon dont les productions et les demandes s’ajustent ;

- Le niveau de développement : concerne l’état de l’appareil de production et le niveau de vie qui en résulte.

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1- Le système :

Deux systèmes fondamentaux s’opposent :

- D’une part, le capitalisme qui se développe depuis le 19ème siècle et tend aujourd’hui à devenir universel ;

- D’autre part, le socialisme, réalisé en URSS à partir de 1917, puis étendu à partir de 1945 aux pays sous contrôle soviétique et à la Yougoslavie ainsi qu’à la chine. Mais depuis 1985, le socialisme est en voie de disparition.

Le capitalisme a pour caractéristique fondamentale que les biens de production (terres, machines, outils…) sont la propriété de personnes ou de sociétés privées, lesquelles sociétés les utilisent par l’intermédiaire de travailleurs salariés.

Le socialisme se définit par la caractéristique inverse, à savoir la propriété collective des biens de production. Ce qui doit en principe mettre fin à la séparation entre ceux qui possèdent ces biens et ceux qui les mettent en œuvre.

Cependant, il faut distinguer deux socialismes : celui de l’Etat et celui de l’Entreprise. Dans le premier, le plus réalisé, c’est l’ensemble de la collectivité et, donc, son représentant l’Etat qui est propriétaire et gérant des biens de production.Dans le deuxième cas, c’est le personnel de chaque entreprise, mais ce dernier peut éventuellement être seulement gérant.

On remarque que le socialisme d’Etat n’exclut pas le salariat, mais seulement les capitalistes. Par contre, le socialisme d’entreprise l’exclut car les travailleurs de chaque entreprise sont des associés.

La tendance actuelle à l’universalité du capitalisme n’implique pas son extension, dans chaque pays, à l’ensemble de l’économie. En effet, une économie est dite capitaliste si c’est ce système qui est le plus dominant. Ainsi, toutes les économies dites capitalistes comprennent un secteur privé et un secteur public plus ou moins étendu, constitué par les entreprises dites publiques.

2- Le mode de régulation :

L’ajustement de la production des entreprises et de la demande (émanant d’autres entreprises ou des consommateurs) peut s’effectuer selon trois procédés :

- Le mécanisme pur du marché ;- Le mécanisme du marché et l’action de l’Etat ;- L’action exclusive de l’Etat.

a) Le mécanisme pur du marché :

L’expression « mécanisme du marché » dans son sens strict, désigne le mécanisme des prix qui peut être résumé de la façon suivante : Lorsque la demande d’un bien excède sa Production, le prix augmente, ce qui stimule la production et réduit la demande ; lorsque la

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production excède la demande, le mécanisme inverse se réalise. D’où un ajustement de la production et de la demande de chaque bien.

Ce mécanisme est intimement lié à un autre, celui du revenu. Ce dernier repose sur le fait qu’un accroissement du revenu, notamment des salaires, accroît la demande et qu’une réduction du revenu la réduit.

En conséquence, l’expression « mécanisme du marché » désigne, dans son sens large, le mécanisme des prix et du revenu.

Le mécanisme pur du marché a été associé au système capitaliste pendant le 19 ème

siècle et au début du 20ème siècle.

b) Le mécanisme du marché et l’action de l’Etat :

Le mécanisme libre du marché implique une fluctuation des prix et du revenu qui perturbe l’activité économique et engendre une structure de la production qui n’est pas nécessairement la plus favorable au développement économique. D’où la nécessité d’une action étatique correctrice qui peut prendre la forme d’une direction non planifiée ou d’une planification souple.

- La direction non planifiée :

Cette direction comporte deux sortes d’actions étatiques : globale et/ou sectorielle :

Une action globale : sur la production et les revenus, cette action est destinée à régulariser l’activité économique, elle est réalisée essentiellement en faisant varier le montant des investissements publics et en contrôlant l’accroissement de la masse monétaire ;

Une action sectorielle : limitée à un petit nombre de secteurs productifs que l’on veut protéger. Par exemple : l’agriculture.

Ces deux actions globale et sectorielle visent, donc, la première à régulariser, la deuxième à préserver.

- La planification souple :

Il s’agit pour l’Etat de réaliser une structure plus efficace de la production ; c'est-à-dire une structure capable d’assurer une amélioration à long terme du niveau de vie.

Pour ce faire, l’Etat schématise la structure de la production et des revenus dont il souhaite la réalisation au terme d’une certaine période et prend les mesures fiscales et financières propres à inciter les entreprises à réaliser la structure souhaitée. Ces mesures sont combinées avec une politique globale de régulation.

c) L’action exclusive de l’Etat :

L’action étatique prend alors la forme d’une planification dite impérative, cette planification est décisionnelle et non pas prévisionnelle.

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En effet, chaque entreprise reçoit l’ordre de réaliser les productions inscrites dans la planification. La structure de la production est donc imposée par l’Etat. Or, étant donné que la demande des consommateurs demeure libre, l’Etat doit fixer, pour chaque bien de consommation, le prix qui provoquera une demande correspondant à la production réalisée.

Donc, conformément au mécanisme des prix, ces derniers agissent sur la demande, mais l’action inverse n’est plus possible et par conséquent les consommateurs n’influencent plus la production.

3- Le niveau de développement :

Lorsqu’on parle du niveau de développement, on évoque principalement le critère de développement ou de sous développement de l’économie.

Le sous-développement est une situation très complexe, pour la faciliter on donnera ses 3 caractéristiques les plus manifestes, qui sont :

1) L’importance de l’emploi agricole ;2) Le caractère incomplet de l’industrie ;3) L’importance du secteur informel.

a) L’importance de l’emploi agricole :

Une grande partie de la population des pays sous-développés, parfois la majorité exerce une activité agricole, alors que c’est l’inverse dans les pays développés.

Le pourcentage de la population travaillant dans l’agriculture se situe, dans les pays sous-développés entre 30% et 90% au lieu d’un pourcentage généralement inférieur à 10% dans les pays développés.

Or, on enregistre une relation inverse entre l’importance de l’emploi agricole et le revenu moyen de la population nationale. Les pays où l’emploi agricole est le plus important sont les pays qui ont le plus faible revenu par habitant.

On pourrait également caractériser les pays sous développés par l’importance de la production agricole dans la production totale.

Le fait d’avoir une bonne production agricole ne pose pas problème mais la croissance de cette production doit être moins importante que celle de l’industrie (Clark, Fourastié).

b) Le caractère incomplet de l’industrie :

Il s’agit de l’industrie au sens étroit du terme, plus précisément de l’industrie manufacturière (c'est-à-dire sans l’extraction minière, le bâtiment et les travaux publics, l’électricité, l’eau et le gaz). Il s’agit des activités qui consistent à transformer successivement les matières premières jusqu’à la réalisation d’un équipement ou de biens de consommation.

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Les pays sous-développés se caractérisent par l’absence d’un nombre plus ou moins grand d’industries manufacturières et surtout celles productrices de biens d’équipement (biens destinés à équiper les entreprises, machines par exemple). D’où la nécessité de les importer, ce qui implique une dépendance à l’égard de l’étranger.

On soulignera que les pays développés importent aussi des biens industriels y compris d’équipement principalement d’autres pays développés et accessoirement de pays sous développés. Mais, la situation est différente car l’importation là ne couvre qu’une partie de la demande nationale et est réalisée car elle est différente soit par la qualité soit par le prix.

Donc, l’importation pour les pays développés rentre dans le jeu de la concurrence alors que l’importation faite par les pays sous-développés est due à l’absence de productions nationales ou à leur insuffisance.

c) Le secteur informel :

Le « secteur informel » est une expression relativement récente, elle est apparue entre 1970 et 1980. Théoriquement, le secteur informel est le secteur traditionnel non agricole c'est-à-dire le secteur qui réalise des activités non agricoles par des techniques dépassées.

Pour analyser le secteur informel, il faut le répartir en deux parts, inférieure et supérieure :

- La part inférieure : est constituée par des travailleurs indépendants, ceux-ci exercent généralement une activité qui n’exige pas de qualification (porteurs, laveurs de voitures, gardiens, cireurs de chaussures, marchands et restaurateurs ambulants), comme ils peuvent exercer des activités qui exigent une certaine qualification (jardiniers, plombiers, électriciens, cordonniers, horlogers…).Cette part ne paye généralement pas d’impôts.

- La part supérieure : est constituée par des entreprises c'est-à-dire des groupements de travailleurs utilisant un équipement commun. C’est la partie fondamentale intéressante du secteur informel. On peut la caractériser par les 4 particularités suivantes :

1) Les productions sont réalisées avec un équipement inférieur à celui du secteur moderne. Les productions informelles comprennent : l’habillement, l’ameublement, la réparation automobile, la construction d’habitations simples…Ces biens produits ne sont pas directement concurrents de ceux du secteur moderne car ils sont de moins bonne qualité, moins chers et donc s’adressent à une clientèle à bas revenu qui peuvent ainsi acquérir à bas prix les biens qui constituent leur minimum psychologique.Il faut souligner que les entreprises informelles produisent surtout pour les particuliers et peu pour les entreprises.

2) La main d’œuvre utilisée comprend, en plus des membres de la famille, des travailleurs salariés, généralement mal payés. Ces travailleurs ne sont pas nombreux. En général, l’effectif total des entreprises informelles (patron, membres de la famille, apprentis non payés et salariés) n’excède pas 10 personnes. Ces travailleurs sont généralement issus de l’exode rural.

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Ces entreprises informelles sont de petite dimension et ont, donc, chacune une faible production.

3) La gestion n’a pas la rationalité de celle du secteur moderne, le calcul des prix est fait de façon approximative.On ajoutera que les entreprises informelles n’ont généralement pas de stocks de matières premières, car celles-ci sont achetées au fur et à mesure des besoins et pas de stocks de biens en attente de vente, car la production se fait sur commande.

4) La charge fiscale des entreprises informelles est légère. Contrairement à ce qu’on peut croire, ces entreprises n’échappent pas à l’impôt, notamment au Maroc où elles sont soumises à la patente (impôt sur la capacité productive des entreprises).

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Section 3 : Les divers types d’analyse

Toute étude économique se distingue par un type général d’analyse qui a un ensemble de caractéristiques. En effet, une analyse économique peut être :

1- Microéconomique ou macroéconomique ;2- De courte ou de longue durée ;3- Statique ou dynamique ;4- Marginaliste ou non ;5- Littéraire ou mathématique.

1- L’analyse micro ou macroéconomique :

L’analyse est microéconomique lorsqu’elle concerne les unités élémentaires de l’activité économique, telles que : une entreprise, un produit, un revenu, un consommateur. Ainsi, elle peut consister à étudier le fonctionnement d’une entreprise, la demande et l’offre d’un produit, le calcul d’un ménage…

L’analyse est macroéconomique lorsqu’elle concerne des agrégats de grandeurs micro-économiques de même nature, réalisé dans un espace donné. Ces agrégats sont appelés grandeurs globales et comprennent principalement la production, le revenu, la consommation, l’épargne, l’investissement d’une nation.

Le but de l’analyse macroéconomique est de mettre en évidence les activités d’ensemble effectuées dans l’espace considéré et de faire apparaître leurs relations (par exemple : l’action du revenu sur la consommation, l’action de l’investissement sur le revenu…).

Une étude peut être intermédiaire entre la micro et la macro économie. Elle est alors dite méso économique. L’expression désigne :

- Soit des études semi globales. Ainsi, on peut distinguer, au sein du revenu national, le revenu des salariés et celui des capitalistes ;

- Soit des études relatives à des entreprises très importantes. C’est le cas des entreprises multinationales qui possèdent ou contrôlent des centres de fabrication dans plusieurs pays.

2- L’analyse de courte ou de longue période :

- On entend par courte période un espace de temps où les conditions fondamentales de l’activité économique restent relativement stables. Ces conditions sont : l’organisation sociale, la technique de production, l’importance respective des divers secteurs de la production nationale, la part du commerce extérieur, la répartition du revenu national…

Ces éléments varient, changent peu d’une année à l’autre c'est-à-dire qu’ils n’enregistrent pas des modifications notables importantes.

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C’est difficile de préciser la durée moyenne de cette période, mais généralement c’est la période allant de quelques années à, maximum, 10 ans.

- On entend par analyse de longue période, les analyses effectuées dans une durée où les éléments stables de la courte période enregistrent désormais des modifications notables. La période est généralement supérieure à10 ans.

3- L’analyse statique ou dynamique :

La distinction entre l’analyse statique ou dynamique permet de préciser comment les mouvements économiques sont étudiés dans le temps.

- L’analyse dynamique  : est l’étude d’un engendrement de phénomènes au sein d’un temps structuré. C'est-à-dire qu’elle consiste à répartir la période en plusieurs mini-périodes puis à montrer comment les variables d’une période engendrent les variables d’une autre période ;

Par exemple, le revenu d’hier engendre la consommation d’aujourd’hui, laquelle engendre l’investissement de demain, on écrira :

a Rt-1 = Ct et Ct = It+1

Ainsi, l’analyse dynamique essaye d’exprimer les relations entre les variables à des dates différentes.

- L’analyse statique  : ne date pas les variables et donc fait abstraction des délais de réaction, les engendrements économiques sont représentés comme instantanés. Par exemple : a R = C.

4- L’analyse marginaliste :

Lorsque l’on analyse un mouvement économique de courte période, on analyse les augmentations successives ou les diminutions successives ou les diminutions successives, de chaque grandeur et confronter les valeurs absolues de ces variations. Si on le fait, on procède à une analyse dite marginaliste, car on se réfère aux marges qui existent entre les grandeurs.

Le raisonnement marginaliste présente deux intérêts principaux :

Il fait apparaître des mécanismes fondamentaux qui ne se manifestent que de façon marginale. Soit par exemple la relation suivante entre le revenu et la consommation :

T1 T2 T3

R 100 110 120

C 60 65 70

On constate l’existence d’un mécanisme marginal qui est constitué par la consommation de la moitié du revenu additionnel et on peut écrire :

dC / dR = 0,5

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Il permet d’effectuer des calculs de maximisation en assurant un aménagement rationnel des ressources.

On peut illustrer la méthode en déterminant la répartition rationnelle d’une somme monétaire donnée entre deux emplois productifs.

Exemple : Supposons qu’un Producteur dispose d’une certaine somme d’argent, 3 millions par exemple ; ce producteur doit faire le choix d’affectation pour l’expansion de deux productions : A et B dont les valeurs actuelles sont de 100 millions et 50 millions.

L’analyse marginaliste consistera à répartir les 3 millions, en confrontant les valeurs additionnelles que chaque million peut procurer et à adopter, choisir la répartition qui maximisera la valeur additionnelle totale.

- Le premier million permet d’accroître A de 100 à 108 ou B de 50 à 56. Le producteur choisit A puisqu’il gagne 8 au lieu de 6 ;

- Le deuxième million permet d’accroître A de 108 à 115 ou B de 50 à 56. Le producteur choisira encore A puisqu’il gagne 7 au lieu de 6 ;

- Le troisième million permet d’accroître A de 115 à 119 ou B de 50 à 56. Le producteur choisit désormais B puisqu’il gagne 6 au lieu de 4.

Cette affectation des 3M assure une valeur additionnelle totale de 8 + 7 + 6 = 21. Ce qui est le maximum possible.

Le tableau ci-dessous montre clairement que les autres affections possibles donnent une valeur inférieure, soit 19, 13 et 18.

Valeur produite par l’emploi de 3M de dirhams dans deux productions A et B

Production A Production BValeur totale Accroissement Valeur totale Accroissement

1M 100 - 108 8 50 - 56 62M 108 - 115 7 56 - 60 43M 115 - 119 4 60 - 63 3

Valeur résultant des diverses affectations possibles des 3M

3M à A 19 (8 + 7 + 4)3M à B 13 (6 + 4 + 3)

1M à A + 2M à B 18 (8 + 6 + 4)2M à A + 1M à B 21 (8 + 7 + 6)

5- L’analyse mathématique (les modèles) :

Les mécanismes économiques étaient généralement décrits de façon littéraire. Aujourd’hui, au contraire, ils sont le plus souvent exprimés de façon mathématique. Ce qui donne au raisonnement économique un caractère plus rigoureux.

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Plus précisément, l’analyse économique actuelle tend à être effectuée sous forme de modèles. Le mot modèle ici a un sens technique et désigne une représentation simplifiée et mathématisée d’un ensemble de relations économiques généralement de courte période. Il se présente donc sous la forme d’un ensemble d’équations.

Nous allons voir successivement :

- La nature de ces équations ;- Leur articulation.

a) La nature des équations :

Il y a, en général, 5 groupes d’équation :

Les équations de comportement : elles expriment des réactions humaines qui ont des bases psychologiques. Exemple :

dC = a dRdI = i dZ (Z est le profit)

Les équations techniques   : elles mettent en évidence les rapports existant entre les productions et les ressources matérielles et humaines nécessaires à leur réalisation.

Le rapport le plus utilisé est dK= kdP où K est le capital et P est la production.

K désigne l’équipement nécessaire à la réalisation de la production c'est-à-dire l’ensemble des moyens de production durables dont dispose l’entreprise (machines, terrains, bâtiments…).

Or, le coefficient k, qui exprime le rapport dK/dP ou I/dP (car dK=I) et qui est appelé coefficient marginal de capital, à un caractère technique, car il dépend de la nature de la production, il est par exemple plus élevé pour la production automobile que pour celle du textile.

Les équations mixtes   : elle combinent une relation technique et de comportement. Par exemple : b dC = dK, appelé accélérateur.

C’est une relation technique car l’action de C sur K s’exerce par l’intermédiaire du coefficient marginal de K. En effet, dC engendre dP, lequel exige dK.

C’est aussi une relation de comportement car le producteur n’accroît pas K c'est-à-dire n’investit que si l’accroissement de C est durable.

S’il décide de ne pas investir, l’accroissement de la consommation se réalisera seulement dans la limite du stock disponible et de la capacité de production de l’équipement. Elle n’engendrera donc aucun investissement.

Les équations structurelles et institutionnelles : elles expriment l’existence d’un rapport constant entre certaines grandeurs.

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- Dans le cas des équations structurelles, la relation est relativement stable dans la courte période et l’économiste, pour simplifier, la considère comme constante.

Par exemple : W = y R où W désigne le total des salaires car la part des salaires dans le revenu national est relativement stable dans une période courte de quelques années.

- Dans le cas des équations institutionnelles, le rapport est constant car il exprime l’action d’une institution par exemple celle de l’impôt.Par exemple : Rd = R – tR où Rd est le revenu disponible et t le taux de l’impôt sur le revenu.

Les équations de définition : elles expriment l’équivalence qui existe, par définition entre certaines grandeurs et se caractérisent par l’absence de coefficients.

Par exemple : R = C + I ou R = W + Z

b) L’articulation des équations (modèles) :

Un modèle peut être statique ou dynamique. Il est statique lorsque ses équations sont statiques et il est dynamique lorsque l’une ou plusieurs de ses équations sont dynamiques.

Le modèle statique : le modèle présenté est très simple et comprend 4 équations : 2 de définition (1) et (4), une structurelle (2) et une de comportement (3).

(1) R = W + Z R = revenu national, W = salaires, Z = profits(2) W = y R y = 0.6(3) C = a1 W + a2 Z C = Consommation nationale avec a1 = 0.9 et a2 = 0.5(4) I = R – C I = Investissement

Donc, ce modèle comporte 5 variables (R, C, I, W, Z). Si on donne une valeur à la variable choisie comme indépendante, on peut déterminer la valeur des autres variables dites dépendantes.

Exemple 1 : R = 100

Ainsi :

(2) W = y R où y = 0.6 Donc : W = 0.6 100

W = 60

(1) R = W + Z 100 = 60 + Z Z = 100 – 60

Z = 40

(3) C = a1 W + a2 Z où a1 = 0.9 et a2 = 0.5 C = (0.9 60) + (0.5 40)

C = 54 + 20C = 74

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(4) I = R – C I = 100 – 74 I = 26

Le modèle dynamique   : Les modèles dynamiques n’ont pas le même objet que les modèles statiques. L’objet des modèles statiques est de mettre en évidence des situations d’équilibre provisoires où tous les ajustements impliqués par les équations sont effectués.

L’objet des modèles dynamiques, au contraire, est d’expliquer le passage d’une situation à une autre, en montrant comment les variables d’une période agissent sur celles des périodes suivantes.

Pour le montrer, le temps est réparti en périodes et les équations expriment des relations entre des variables datées, ce qui nous permet de savoir si ces relations concernent des variables appartenant à la même période ou bien des périodes différentes.

Le modèle examiné ici est dû à l’économiste américain SAMUELSON, son but est d’expliquer la fluctuation du revenu national pendant une courte période de 7 ans.

Ce modèle comporte 3 équations :

- Une équation de comportement : Ct = a Rt-1- Une équation mixte : It = b (Ct – Ct-1)- Une équation de définition : Rt = Ct + It + It exogène

Le modèle distingue deux investissements, l’un endogène c'est-à-dire déterminé par le modèle, l’autre exogène, déterminé en dehors du modèle.

L’investissement exogène pourrait être privé et être déterminé en fonction du profit, donc, par des variables qui ne figurent pas dans le modèle. Mais l’investissement endogène est public. Il est réalisé par l’Etat au sein de chaque période. Pour simplifier, on donne une valeur de 1 à l’investissement endogène.

Le modèle est développé ci-dessous, pour les valeurs a = 0.5 et b = 1.

Période InvestissementExogène

Consommation InvestissementEndogène

Revenu national

1 1 - - 12 1 0.5 0.5 23 1 1 0.5 2.5 (sommet)4 1 1.25 0.25 2.55 1 1.25 0 2.256 1 1.25 - 0.125 27 1 1 - 0.125 1.875 (creux)8 1 0.9375 - 0.0625 1.8759 1 0.9375 0 1.9375

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