Macroéconomie approfondie2016

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Master Économie Internationale, Gouvernance et Développement Semestre 1 Abdelhamid EL BOUHADI Abdelkader EL KHIDER Université Cadi Ayyad Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales, Marrakech Département de Sciences Economiques Macroéconomie approfondie

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Master Économie Internationale, Gouvernance et Développement

Semestre 1

Abdelhamid EL BOUHADI Abdelkader EL KHIDER

Université Cadi Ayyad

Faculté des Sciences Juridiques,

Économiques et Sociales, Marrakech

Département de Sciences Economiques

Macroéconomie approfondie

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Le vocable de « macroéconomie » a été inventé par Frish, R. en 1933. Avec

Tinbergen, J., il participe à l’émergence de cette discipline qui porte l’ambition

d’unifier les recherches quantitatives, théoriques et empiriques de la science

économique. Il est ainsi l’un des premiers à opposer l’analyse microéconomique à

l’analyse macroéconomique.

La logique macroéconomique, vue comme rouage et interdépendance entre

quantités ou variables ou encore classes sociales se trouve déjà dans l’œuvre des

physiocrates, celle en particulier de François Quesnay, dans son tableau économique

reliant les trois classes sociales : les paysans, les propriétaires terriens et les artisans.

Introduction :

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En revanche, la distinction véritable[1], savante et assez argumentée entre la

microéconomie et la macroéconomie est apparue dans la théorie générale de

l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de John Maynard Keynes, publiée en 1936.

L’ouvrage est conçu et publié en période de crise économique (la « Grande

dépression des années 1930 »). Cette crise, appelée crise de surproduction est

précédée d’une crise financière et bancaire d’une brutalité, historiquement, jamais

sentie par le capitalisme auparavant.

[1] Alphandéry, E., parle d’une opposition avant tout méthodologique. « L’analyse

microéconomique appréhende les phénomènes économiques par l’intermédiaire de la

formation de l’équilibre sur tous les marchés. En revanche, l’analyse macroéconomique

simplifie ces mécanismes à un petit nombre d’équilibres, en établissant certaines relations

entres des agrégats ». Cours d’analyse macroéconomique, Economica, 1976, p. xvi.

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Chapitre 1. Origines et Évolution de la macroéconomie

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La macroéconomie est l’étude des équilibres économiques globaux, généraux

d’un État ou d’un secteur, à court terme[1]. Ces équilibres sont liés à des

phénomènes ou à des comportements de consommation, d’épargne,

d’investissement, de production, de revenu, de répartition, etc. Il ne faut pas

confondre ces équilibres globaux avec l’équilibre général walrassien. Ce dernier est

un équilibre d’interdépendance des marchés, considérés isolément (si l’équilibre

existe sur un des marchés, tous les autres marchés s’auto-équilibrent

automatiquement et spontanément).

Les équilibres macroéconomiques sont des équilibres en nombre limité, parfois

indépendants ou partiels, voire isolés. La logique de fonctionnement et de

réalisation de ces équilibres est liée à la relation qui existe entre les agrégats à

travers le principe de circuit. Qui dit circuit, dit flux ; qui dit flux, dit niveau ; qui

dit niveau, dit stock ; qui dit stock, dit stock initial et stock final.

[1] Le court terme en macroéconomie est une période comprise entre une année et trois ans.

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A l’opposé de ce que prêchent les classiques et les néoclassiques, le degré et

l’importance des flux ne se gèrent, ne se débitent et ne se créditent pas d’une manière

régulière et automatique. Autrement dit, la valeur ou le volume des stocks ne se

réalise, ne se compense pas automatiquement. Ce que conteste et réfute, en-dessus de

tout Keynes et avant lui Marx, c’est cette logique prétendant que ce qui existe en

termes de stock pour une variable est compensé par le même niveau de stock pour

une autre variable.

Pour tendre vers ces équilibres et stimuler ces flux entre les agrégats (revenu,

épargne, investissement, consommation, production et emploi), il est impératif de

donner à l’État un rôle actif à travers une politique économique active et en se basant

sur l’augmentation des dépenses budgétaires.

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Tandis que les néokeynésiens défendaient et affiner les idées du « Maître de

Cambridge », les postkeynésiens prenaient le contre-pied de l’analyse keynésienne

dans sa globalité en refusant le rôle actif de l’État, en déplorant les dépenses

budgétaires excessives à cause, en particulier, de l’éviction du secteur privé du

champ économique. Les monétaristes par exemple attribuaient au patrimoine (le

revenu permanent) et à la monnaie des rôles primordiaux dans l’activité économique

(croissance) et à la maîtrise de l’inflation que Keynes et les néokeynésiens ont

souvent négligé.

Selon les monétaristes, il faut que le marché joue son rôle pleinement par le jeu et

la spontanéité de ses mécanismes. Le marché du travail ne peut aboutir à un équilibre

de plein-emploi car le chômage est structurel, inhérent à la structure économique,

géographique et sociale d’un pays.

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De même, selon les théoriciens de l’offre, la demande lorsqu’elle est excessive,

elle comprime les conditions de production ; la baisse des profits (à cause de la

hausse des salaires, des taxes et des coûts de production d’une manière générale)

emmène les entrepreneurs à réduire leur offre.

Ce chapitre retrace brièvement le développement de la pensée

macroéconomique depuis les physiocrates. Nous passons en revue trois points

essentiels, à savoir l’apport des physiocrates et des classiques et l’apport décisif de

Keynes et des keynésiens ainsi que leurs détracteurs rangés au sein du courant

libéral ou plus exactement néolibéral, celui en particulier des monétaristes et des

théoriciens de l’offre.

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Section 1. L’apport des physiocrates et des classiques

On peut historiquement situer les origines de l’analyse macroéconomique dans

l’œuvre des physiocrates, au 18ème siècle. Les physiocrates estiment que la richesse

se crée en termes d’échange de flux entre les classes sociales d’un point de vue

global (ou sectoriel). Seul le secteur agricole est producteur de produit net, de

richesse économique. Le schéma de production est pour l’essentiel basé sur la

distribution des revenus dont la création émane des paysans.

L’ag arianisme des physiocrates rend stérile toute tentative en termes de pensée

économique novatrice donnant du sens à l’activité, à la création économique, à la

croissance économique et enfin à la valorisation humaine des objets

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en un mot à la valeur. La théorie physiocratique est une théorie de la valeur-

substance incomplète puisqu’elle se base à la fois sur le travail (mais pas n’importe

quel travail) et sur la terre (et seule la terre).

La théorie physiocratique est aussi une théorie de l’offre avec tous les

défauts[1] que celle-ci comporte, comme l’est et par excellence celle des classiques.

La théorie physiocratique demeure une théorie de classes sociales, celle des

propriétaires terriens, en l’occurrence.

[1] L’un des défauts majeurs des théories de l’offre demeure son incapacité à prévoir les

crises de surproduction.

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Le principe macroéconomique énoncé dans la pensée physiocratique par le

« docteur » Quesnay dans son tableau économique (1758) ne résout en rien

théoriquement la problématique épineuse de l’époque, c’est-à-dire celle relative à la

répartition des revenus (la classe montante de l’époque, celle des propriétaires

terriens, des marchands et des entrepreneurs agrariens avait pour but le recentrage

du produit net de la terre pour qu’il soit orienté et distribué différemment, à leur

profit, au profit des nouveaux féodaux mais à l’exclusion du clergé et des cerfs). Il

ne résout pas non plus le problème de crises liées tantôt aux disettes tantôt à la

surproduction.

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Avec les classiques, en particulier chez les plus optimistes parmi eux (Smith et

Say), on avait l’habitude de faire « fi » des crises et des périodes de leur

survenance. L’approche macroéconomique des classiques, vue comme optimum

social, ou comme le résultat de la somme des intérêts individuels, est une approche

où seule l’offre règle spontanément toutes les questions de demande. Le système

productif de la fin du 19ème siècle et de début du 20ème siècle était un système

basé sur une accumulation élargie du capital, une gestion de production à la Taylor

(organisation scientifique du travail, OST) puis à la Ford (introduction du travail à

la chaîne et du système de convoyage) dans les années 1920, c’est-à-dire celle

débouchant sur l’affaiblissement du pouvoir syndical et une légère hausse des

salaires (« Five dollars Day » comme politique pratiquée dans les usines Ford).

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Durant cette période, de nombreux bouleversements économiques et sociaux

ont véritablement secoué le monde. Le résultat en est la grande dépression des

années 1930, celle notamment liée à une politique de l’offre, héritage notamment

des thérapeutiques issues de politiques économiques classiques et néoclassiques :

l’offre crée sa propre demande et le marché est spontanément autorégulateur de

déséquilibres économiques et sociaux par le seul et unique jeu de la flexibilité des

prix et des salaires. Les années 1930 vont marquer l’histoire par l’apparition du

fléau de chômage de masse, chômage que ces mêmes thérapeutiques n’ont pas pu

éradiquer.

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Section 2. L’apport de Keynes et des keynésiens

Avec Keynes, une nouvelle manière d’expliquer théoriquement les problèmes

économiques et de mettre en avant des solutions de politique économique va

apparaître. Son ouvrage Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie,

édité en 1936, donna naissance à un courant de pensée nouveau et novateur : le

« courant keynésien ». Keynes défendait une vision où l’État devrait jouer un rôle

important par son interventionnisme budgétaire et fiscal, voire monétaire. En

mettant en place une politique de gestion de la demande globale, l’État devrait être

en mesure de réguler l’activité économique, d’empêcher les récessions et de

maîtriser les périodes de forte croissance et de surchauffe.

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La période 1945-1973, baptisée par Jean Fourastié les « trente glorieuses »,

marqua l’histoire par l’application des politiques keynésiennes dans de nombreux

pays. Le consensus autour des idées keynésiennes ne peut en aucun cas laisser ni

les ralliés, ni les détracteurs indifférents. De nombreux macro économistes,

appartenant à deux bords, ont contribué, d’un coté, à asseoir une certaine

sophistication de la théorie keynésienne et de l’autre à la faire démonter.

En tout état de cause, globalement, ces politiques ont bel et bien connu un

succès malgré un niveau d’inflation chronique qui s’est enchérit vers la fin des

années 1960 et surtout à partir de 1973, date du premier choc pétrolier.

La pensée keynésienne est une pensée qui va révolutionner non seulement la

manière de rendre compte des comportements économiques des agents, mais aussi

la façon dont les richesses devront se créer (ou s’accumuler) et se distribuer. La

théorie keynésienne va se donner les moyens pour se procurer les outils lui

permettant une analyse fine des rouages macroéconomiques.

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A l’opposé de ce que prêchent, en filigrane, la pensée physiocratique et la pensée

classique, la « société keynésienne », au fond, est une société sans véritable

stratification sociale. Comme le note Di Ruzza, c’est une société qui « n’est

constituée que de deux types d’agents économiques : les entreprises (dirigées par

des entrepreneurs) et les ménages. Pour Keynes, ces agents économiques ne

raisonnent jamais sur des biens ou des marchandises, mais uniquement sur des

grandeurs monétaires globales, prenant ainsi le contre-pied de la théorie

marginaliste et fondant ce qui deviendra la macroéconomie par opposition à la

microéconomie des économistes néoclassiques »[1].

[1] Di Ruzza, R., « L’actualité de Keynes (1883-1946) », Institut d’Histoire Sociale de la

CGT, Conférence du 7 juin, 2007, p. 3.

http://www.ihs.cgt.fr/IMG/pdf__l_actualit_351_du_keyn_351sianisme__1__.pdf

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A l’opposé des néoclassiques, mais aussi de tous ses prédécesseurs, Keynes ne

fait pas d’inventaire (de nomenclature) de biens sous forme de paniers Il n’établit

pas non plus de relation en termes de prix relatifs (rapports d’échanges) entre ces

différents biens. De ce dernier point, Keynes en tire l’idée selon laquelle les biens

ont une expression monétaire : les biens équivalent à un stock de monnaie. Les

agents économiques ne doivent raisonner que sur des grandeurs monétaires. L’unité

monétaire (le nominal) est la première unité de mesure économique des biens.

Autrement dit, les prix et les salaires devront être exprimés en termes nominaux :

les recettes et les coûts globaux pour les entrepreneurs, les revenus pour les

ménages.

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La deuxième unité économique de mesure utilisée par l’approche keynésienne

est le « temps ». Selon Keynes, « le plus court intervalle du temps après lequel il est

possible à l’entreprise de réviser sa décision relative au volume d’emploi à offrir.

Cet intervalle est pour ainsi dire l’unité effective minimum de temps économique ».

La notion du temps, à court terme, chez Keynes n’a pas de durée préétablie : elle

peut varier entre six mois et trois ans. Elle dépend d’une série de considérations, à

la fois politiques, économiques et commerciales. Le temps chez Keynes est un

temps statique ; Keynes refuse les comparaisons inter temporelles et les processus

dynamiques, c’est-à-dire ceux qui se déroulent dans le temps : « Dire que la

production nette est plus considérable, mais le niveau du prix plus bas aujourd’hui

qu’il y a un an ou dix ans,

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c’est énoncer une proposition analogue par sa nature à l’affirmation que la Reine

Victoria était une souveraine meilleure mais non une femme plus heureuse que la

Reine Elisabeth. Cette proposition n’est dépourvue ni de sens ni d’intérêt, mais elle

est impropre à servir de matière au calcul différentiel. Notre précision serait

dérisoire si nous prétendions placer de semblables concepts en partie vagues et non

quantitatifs à la base d’une analyse quantitative ».

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2.1. La révolution keynésienne

La théorie générale est une théorie qui a révolutionné l’analyse économique ou

d’au moins réhabilité et mis à jour certains raisonnements qu’on trouvait déjà dans

l’œuvre de Marx ou dans celle de Wicksell.

La théorie générale est essentiellement une théorie de l’emploi, en rupture

totale avec les théories classique et néoclassique. Pour Keynes, le chômage ne se

démontre pas à partir du marché de l’emploi comme le prétendent les

néoclassiques. Le chômage doit être recherché sur le marché des biens et services.

C’est la faiblesse de la demande qui est à l’origine du chômage. Ce n’est pas en

baissant les salaires que le chômage sera définitivement éradiqué. L’idée d’un

chômage volontaire, c’est-à-dire si un reliquat du chômage persiste, c’est par ce

que les travailleurs n’accepteraient pas d’être payés à un salaire inférieur au

salaire d’équilibre est une idée fausse.

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Pour Keynes et les keynésiens, le chômage est involontaire. Autrement dit, il

existe des demandeurs d’emploi qui acceptent de travailler à un salaire inférieur au

salaire d’équilibre et qui ne se trouvent pas être embauchés.

Dans l’œuvre de Keynes, la monnaie joue un rôle stratégique pour déterminer la

demande globale. Keynes a inversé le schéma classique selon lequel l’offre

détermine la demande. C’est la demande globale anticipée qui détermine la

production dans le niveau peut être insuffisant pour réaliser le plein-emploi.

Pour Keynes, l’expansion du revenu global est le corollaire de l’accroissement

de l’investissement. Ainsi, en modifiant la quantité de monnaie en circulation,

l’autorité monétaire contribue à accélérer ou à ralentir la progression de revenu.

Keynes est parti de l’idée ou de constat de fait des années 1930, celui montrant la

crise de production. Le schéma keynésien de dépression peut être décrit de la

manière suivante :

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Baisse de la demande globale

Baisse de revenu global

Baisse de la demande d’encaisses à des fins de transaction et de

précaution

Baisse du taux d’intérêt

Contraction de la demande et ses effets sur l’emploi

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Les autorités monétaires peuvent renforcer ce mouvement par une politique

d’expansion monétaire. Si la baisse de taux d’intérêt incite les entrepreneurs à

investir plus, la demande globale augmente, tend à être supérieure à l’offre, ce qui

produit un effet expansif sur la production et l’emploi avant d’entraîner une

hausse des prix[1]. Ainsi la politique monétaire semble être un excellent instrument

de la politique conjoncturelle. Cependant, Keynes s’est lui-même longuement

interrogé sur l’efficacité et la crédibilité des autorités monétaires en émettant d’une

part de sérieux doutes sur la volonté et la capacité de la banque d’Angleterre à

modifier rapidement et en profondeur le taux d’intérêt et il a d’autre part craint

que, dans certaines circonstances, les chefs d’entreprises pouvaient être insensibles

aux variations de taux d’intérêt.

[1] Sur ce point, les monétaristes, à leur tête Friedman, expriment une opposition claire et nette dans la

mesure où l’expansion monétaire a pour conséquence immédiate la hausse des prix sans pour autant

varier les niveaux de l’investissement et de l’emploi. Comme le dit Friedman dans sa célèbre formule :

« l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire ».

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En effet, selon Keynes et les keynésiens, l’inefficacité de la politique monétaire

peut théoriquement résulter des caractéristiques de la demande et de l’offre de

monnaie.

En période de marasme économique, les agents économiques sont fébriles à toute

demande supplémentaire et conséquente d’encaisses monétaires. D’autant plus que

ceux-là passeront majoritairement par le canal de crédit et/ou corrélativement par le

biais des hausses des salaires (endettement public ou planche à billets[1]).

[1] La planche à billets ou « seigneuriage » est un procédé discrétionnaire de la banque

centrale qui consiste à créer de la monnaie supplémentaire sans contrepartie réelle dans

l’économie.

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De même, comme Marx, Keynes rejette l’hypothèse d’équilibre sur les marchés

formulée par les classiques et les néoclassiques. Pour lui, l’offre et la demande ne

s’égalisent pas quasi-automatiquement[2].

[2] Pour Marx, « Rien n’est plus niais que le dogme d’après lequel la circulation implique

nécessairement l’équilibre des achats et des ventes, vu que tout achat est vente, et

réciproquement (...) Si l’on n’achète pas, l’autre ne peut vendre (...) Personne ne peut vendre

sans qu’un autre achète ; mais personne n’a besoin d’acheter immédiatement parce qu’il vient

juste de vendre (l’identité parfaite entre le fait de vendre et d’acheter, la circulation les scinde

(...)). Si la scission entre l’achat et la vente s’accentue, leur liaison intime s’affirme - par une

crise ».

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La formule sayienne de « l’offre crée sa propre demande » est une aberration. La

demande peut se détourner de l’offre comme l’offre ne peut répondre à la demande.

Cela entraîne ipso facto un chômage de déséquilibre qui persiste et perpétue.

Ce déséquilibre persistant existe à la fois sur le marché du travail et sur le marché

des capitaux.

Le déséquilibre sur le marché du travail est causé par une certaine rigidité des

salaires à la baisse. Selon Keynes, les salaires ne diminuent pas, ou pas assez vite,

pour que le marché s’auto-équilibre.

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Le salaire nominal

Quantité du travail 0

FIG1. Déséquilibre sur le marché du travail suivant la vision keynésienne

W1

QL1

SL

DL1

DL2

W2

QL2

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À partir de la figure 1, toute récession peut provoquer une diminution de la

demande de travail émanant des entreprises de DL1 à DL2. Si le niveau des salaires

reste à W1, le marché n’est plus à l’équilibre, il y a un excès d’offre (QL1 – QL2) et

un chômage de déséquilibre.

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Le déséquilibre sur le marché des capitaux est induit par la hausse sensible de

l’épargne. L’approche classique suppose que lorsque l’épargne augmente,

l’investissement augmente automatiquement. Pour les classiques et les

néoclassiques, toute l’épargne est investie. Tout investissement est synonyme de

croissance économique et toute offre de biens et services est écoulée sur le marché

en respectant le principe de « l’offre crée sa propre sa demande ». Keynes rejette

cette vision des choses car, pour lui, tout accroissement de l’épargne provoque un

déséquilibre sur le marché des capitaux. C’est tout à fait vrai que par

l’augmentation de l’épargne que les taux d’intérêt baisseront ;

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c’est vrai aussi que cette baisse des taux d’intérêt (de r1 à r2 sur la figure 2)

induira une certaine hausse de l’investissement (de I1 à I2 sur la figure 2). Mais

cette hausse de l’investissement n’est que provisoire car toute augmentation de

l’épargne lui correspond une baisse de la consommation. Ainsi, les entreprises, par

l’effet de la baissez des ventes, sont amenées à réduire l’offre des biens et des

services et de facto leurs investissements. Cela a pour conséquence le déplacement

de la courbe de demande de capitaux vers la gauche. Il est donc possible que le

taux d’intérêt qui équilibre l’offre et la demande soit inférieur à r2.

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Taux d’intérêt

Capitaux investis (I = S) 0

FIG2. Déséquilibre sur le marché des capitaux suivant la vision keynésienne

r1

I2

S2

I

I1

S1

r2

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L’analyse keynésienne du cycle des affaires est basée sur la confiance et sur les

anticipations (prévisions des entrepreneurs). Elle est fondée aussi sur la crédibilité

affichée et ressentie des autorités monétaires à appliquer une politique monétaire et

budgétaire. Dans le cas d’une amorce de récession et du manque de confiance et de

crédibilité, les entrepreneurs (les dirigeants) réduisent leurs investissements et

aggravent ainsi la récession. Pour noircir le tableau et aggraver la situation, ni

l’offre, ni la demande de capitaux ne réagissent fortement et adéquatement aux

changements de taux d’intérêt, seules des modifications très fortes du taux d’intérêt

auraient un impact positif sur le niveau de l’investissement. Une situation

d’équilibre sur le marché des capitaux est alors difficile à escompter.

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Keynes réagit farouchement contre l’hypothèse de neutralité de la monnaie ; il

critique le principe sayien du « voile monétaire ». Il rejette la théorie quantitative de

la monnaie de Fisher (MV = PT[1]) selon laquelle toute augmentation de la masse

monétaire a pour corollaire une augmentation du niveau général des prix. La

monnaie est très active. Elle agit sur les quantités et peut avoir un rôle de lutte

contre le chômage. Dans une économie avec des capacités de production

inemployées, tout accroissement de la masse monétaire peut conduire à une

augmentation de la production et du revenu national sans pour autant que le niveau

des prix soit en situation de changer considérablement.

La révolution keynésienne peut aussi être lue et appréhendée à travers le rôle

actif octroyé à l’État. L’intervention de l’État dans le domaine économique est

primordiale ; elle est le moyen de lutte contre le chômage.

[1] M reflète la masse monétaire en circulation, V est sa vitesse, P est le niveau général des

prix et T est le volume des transactions.

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2.2. Les continuateurs de Keynes

Dès sa publication en 1936, la Théorie Générale de Keynes a suscité de

nombreuses réactions. Des auteurs comme Harrod, Meade, Lerner, Robinson,

Kaldor, Shackle, Kalecki, Lange, Hicks, Hansen, Phillips, etc. s’interrogent sur

l’efficacité de l’outil monétaire à comprimer le chômage ou sur les relations qui

peuvent exister entre la demande effective, le taux d’intérêt, la demande de

monnaie pour le motif de spéculation et la préférence pour la liquidité, ou encore

les interactions entre la sphère monétaire et la sphère réelle.

Page 35: Macroéconomie approfondie2016

En effet, les premiers disciples de Keynes peuvent être classés en deux grands

groupes ou tendances selon qu’on considère qu’ils acceptent quelques principes et

postulats de base de l’orthodoxie néoclassique ou qu’ils la récusent.

Incontestablement, les néokeynésiens de l’école de la synthèse néo-classique font

partie du premier groupe[1].

Ils ont constitué le courant dominant de la révolution keynésienne depuis la fin

des années 1930 mais surtout après la seconde guerre mondiale et jusqu’au début

des années soixante-dix. Ils ont eu à s’opposer parfois farouchement aux

postkeynésiens de l’université de Cambridge (Angleterre). Cela donna lieu à la

célèbre controverse des deux Cambridge.

[1] Il s’agit de Hicks, Hansen, Samuelson, Tobin, Modigliani, etc.

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La synthèse néoclassique du keynésianisme a commencé avec le célèbre

article[1] de Hicks en 1937, juste une année à peine après l’édition de la théorie

générale.

En avril 1937, John Hicks publie un article dans la revue Econometrica intitulé «

Keynes and the classics ; a suggested interpretation » (Keynes et les classiques :

une interprétation), dans lequel il explique le modèle IS-LM, une sorte

d’interprétation de la Théorie Générale en ce qu’elle est un outil (en prenant l’appui

sur l’équilibre général walrasien) de se rapprocher de plein-emploi des facteurs de

production.

[1] Hicks, J.R., “Mr. Keynes and the “Classics”: A Suggested Interpretation”, Econometrica,

Volume 5, n°2, 1937, pp. 147-159.

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L’article de Hicks tente de faire une synthèse des deux approches : classique et

keynésienne. Hansen[1], ne se cachant pas d’être keynésien, reprendra et diffusera

l’idée de base de Hicks, en 1952, dans son livre Théorie monétaire et politique

fiscale.

Le modèle Hicks-Hansen est considéré par certains auteurs comme une version

formalisée des idées de Keynes. Néanmoins, nombreux sont les keynésiens qui

récusent cette idée galvaudée de synthèse néo-classique dont ils nient le caractère

keynésien.

[1] Hansen a publié avant cela son ouvrage, « Full Recovery or Stagnation ? », dans lequel défendait

clairement les idées keynésiennes de relance par la demande. Hansen témoignait à plusieurs reprises

devant le congrès pour s’opposer à l’utilisation du chômage comme moyen de comprimer les prix. Il

pensait comme Keynes qu’une petite dose d’inflation ne fera pas du mal aux agents économiques et

suggérait qu’une vraie politique de lutte contre l’inflation, lorsque celle-ci prenait des taux à deux

chiffres, débutait par des contrôles des prix et des salaires et par des mécanismes fiscaux

discrétionnaires mais équitables en vue de réduire la demande globale.

Page 38: Macroéconomie approfondie2016

Cette synthèse théorique entre l’approche néoclassique et l’approche

keynésienne, visualisée dans le modèle IS-LM porte en son sein deux idées

essentielles : l’une purement néoclassique, à savoir l’idée selon laquelle « toute

l’épargne est investie », l’autre keynésienne selon laquelle le mécanisme

économique à l’origine de lutte contre le chômage est celui privilégiant la relance

par la demande effective à travers deux outils de la politique économique : la

politique budgétaire et la politique monétaire. Le modèle IS-LM est conçu dans le

cadre d’une économie fermée.

Page 39: Macroéconomie approfondie2016

Section 3. La contre-révolution monétariste et de la nouvelle école

classique :

Le monétarisme est fondé sur une variable macroéconomique clé qui est la

monnaie. Celle-ci est fondamentalement à l’origine des fluctuations économiques,

de l’inflation en l’occurrence. Milton Friedman, dans

The New Palgrave Dictionnary of Economics (1987) a écrit : « L’inflation est

toujours et partout un phénomène monétaire dans le sens où elle est, et peut être,

simplement provoquée par une augmentation plus rapide de la quantité de monnaie

que du niveau du produit ».

Page 40: Macroéconomie approfondie2016

C’est un monétariste, Karl Brunner, qui a inventé le mot monétarisme en 1968.

Comme l’a dit lui-même, « Premièrement, les impulsions monétaires sont

déterminantes dans les variations de la production, de l'emploi et des prix.

Deuxièmement, l'évolution de la masse monétaire est l'indice le plus sûr pour

mesurer l'impulsion monétaire. Troisièmement, les autorités monétaires peuvent

contrôler l'évolution de la masse monétaire au cours des cycles économiques ».

(Brunner, FED de St-Louis, 1968).

Comme pour le keynésianisme, le monétarisme s’autoproclame comme une

théorie révolutionnaire. Mais Friedman préfère, lui, le concept de « contre-

révolution », en réaction quasi-viscérale aux théories keynésiennes alors

dominantes pendant la période des « trente glorieuses ».

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Comme le précise Alan Meltzer dans The Structure of Monetarism (1998), « en

économie comme dans les autres sciences en développement, le changement érode

la valeur de la terminologie populaire. Le monétarisme est un nom qui a été donné à

un ensemble particulier de propositions à un moment particulier. Comme le

keynésianisme, le budgétarisme (Fiscalism), ou encore la « vue ou l’opinion du

Trésor », l’ensemble particulier de propositions appelé monétarisme ne décrit pas

entièrement le corps de la pensée acceptée par un groupe peu structuré

d’économistes qui pratiquent plus que des termes tels que Chicago, Cambridge ou

école autrichienne mais décrit la pensée de tous ceux à qui les conditions sont

appliquées ».

Les oppositions postkeynésiennes sont anciennes. Mais, celles de Friedman en

particulier, datent de la seconde moitié des années 1950.

Nous faisons allusion ici à la fameuse controverse entre keynésiens et monétaristes.

Page 42: Macroéconomie approfondie2016

On peut situer le point de départ de cette controverse à la parution du livre

« Études sur la théorie quantitative de la monnaie » (Studies in Quantity of Money)

publié sous la direction de Friedman, en 1956.

La controverse s’est d’abord développée et entretenue entre économistes

américains avant de s’étendre pour englober les économistes européens et

mondiaux.

Au début des années 1960, le problème principal de l’économie américaine était la

faiblesse de la croissance. L’économie américaine s’est évoluée au-dessous de ses

capacités de production et le chômage était supérieur au niveau considéré à

l’époque comme incompressible (structurel). Aussi, à partir de 1967/68, c’est le

problème de l’inflation et corrélativement de déficit de la balance des paiements qui

dominent les problèmes conjoncturels américains.

Page 43: Macroéconomie approfondie2016

L’évolution de la conjoncture américaine et celle du système monétaire

international, étroitement liées, expliquent que la controverse entre économistes

keynésiens et monétaristes se soit développée en deux temps :

* De 1956 à 1968, la controverse a porté sur le rôle de la monnaie dans la

détermination de la demande globale et donc dans l’explication des fluctuations de

l’activité économique. La controverse théorique se traduit au plan politique dans un

débat sur l’efficacité relative de la politique monétaire et de la politique budgétaire ;

* Depuis 1968, la controverse s’est concentrée sur les causes de l’inflation est

depuis 1970 sur celles de la stagflation. La controverse théorique se traduit au plan

politique différemment de la précédente : le débat porte sur l’efficacité relative des

politiques du contrôle de la demande globale (quelle soit monétaire ou budgétaire)

et les politiques du contrôle directe des revenus.

Page 44: Macroéconomie approfondie2016

Guillaumont, S.G., dans son livre « Pour la politique monétaire »[1], tente de

montrer pourquoi les keynésiens réduisent le rôle de la politique monétaire au profit

soit de la politique budgétaire soit de la politique des revenus, tandis que les

monétaristes affichent une préférence marquée pour la politique monétaire, mais en

minimisant les résultats qu’on peut attendre de la politique monétaire et en

préconisent enfin de compte la « neutralisation ».

Bien que les deux écoles aient des conclusions politiques en complète

opposition, ils ont curieusement en commun de renoncer à toute action monétaire

conjoncturelle.

Depuis 1945 jusqu’au l’an 1955, les keynésiens ont développé leur conception de la

régulation conjoncturelle fondée sur un usage prédominant, sinon exclusif de la

politique budgétaire sans rencontrer de véritables oppositions.

[1] Guillaumont, S.G., Pour la politique monétaire, PUF, 1982.

Page 45: Macroéconomie approfondie2016

Depuis 1956, la tentation monte, les monétaristes contestent les arguments de la

politique budgétaire au profit de ceux de la politique monétaire.

Les critiques monétaristes débutaient avec la remise en cause de la loi

psychologique fondamentale de consommation et du multiplicateur Keynésien.

Selon Friedman, la consommation ne devrait évoluer que d’une manière erratique.

La consommation est intimement liée au revenu permanent et non au revenu

courant. En effet, toute variation du revenu ne peut agir et modifier le niveau de la

consommation que si le revenu courant modifie le niveau du revenu permanent.

Cette idée sera confirmée par Friedman dans ses écrits et investigations empiriques

sur la demande de monnaie qu’il estime stable au cours du temps.

Page 46: Macroéconomie approfondie2016

Pour illustrer l’idée de Friedman, prenons l’exemple des heures supplémentaires

financées ou subventionnées par l’État dans le cadre d’un programme à court terme,

de soutien aux entreprises. L’augmentation conséquente des revenus pour certaines

catégories professionnelles n’influence en rien le niveau de consommation global.

Pour ces ménages, les revenus reçus sont théoriquement non appelés à se renouveler

puisque le programme est circonscrit dans un cadre strictement ponctuel. La

propension à dépenser ces revenus est théoriquement nulle ou très faible.

Quand le revenu courant augmente ou baisse pour des raisons aléatoires,

temporaires ou sur une courte période, les ménages ne changent pas radicalement et

structurellement leur mode et niveau de consommation. En règle générale, lorsque le

revenu courant baisse temporairement, les ménages continuent de maintenir leur

consommation en puisant dans leur épargne. Lorsque le revenu courant augmente

temporairement, les ménages reconstituent ou augmente leur épargne au lieu

d’augmenter leur consommation indéfiniment.

Page 47: Macroéconomie approfondie2016

Une autre critique monétariste, moins technique que celle relative à la fonction

de demande de monnaie provient du caractère expulsif et d’éviction de la dépense

publique. L’intervention de l’État dans l’économie évince le secteur privé de la

sphère de l’investissement et de la production. L’effet de cette action publique pour

relancer la machine économique et soutenir la demande de consommation et

d’investissement est, selon les monétaristes, quasi-nul. L’éviction prend deux

formes : la première se manifeste sur le marché des biens et services et par voie de

conséquence sur le marché du travail. Lorsque l’État prend l’initiative d’investir et

de produire des biens et des services, il le fait aux dépens du secteur privé et fait

enchérir les prix des ressources disponibles (matières premières, main-d’œuvre,

technologie, etc.). Une seconde forme est relative à l’éviction financière des

investisseurs privés sur les marchés de capitaux. Les dépenses publiques entraînent

une hausse des taux d’intérêt et la compression des dépenses de consommation.

Page 48: Macroéconomie approfondie2016

Une dernière critique adressée aux keynésiens, plus radicale que celle des

monétaristes, est attribuée aux tenants de la nouvelle école classique comme Robert

Lucas, Finn Kydland, Thomas Sargent, Robert Barro, Neil Wallace, Edward Prescott

et d’autres.

Ce courant de pensée monte et déduit des modèles macroéconomiques à partir des

actions et comportements des agents considérés d’un point de vue

microéconomique. Ces agents individuels sont réputés être des agents parfaitement

rationnels. On connaît la critique de Lucas adressée contre la politique monétaire

d’obédience keynésienne et visualisée dans la courbe de Phillips. Par le jeu des

anticipations rationnelles, toute politique monétaire expansionniste est vouée à

l’échec car individuellement tous les agents vont rationnellement l’anticiper et de

facto celle-ci n’aura aucun effet sur la production et l’emploi.

Page 49: Macroéconomie approfondie2016

Toutes ces critiques méritent une certaine prudence quant à leur validité et

acceptation dans la mesure où les politiques volontaristes de relance par les dépenses

publiques peuvent entraîner une dynamique économique par la consommation et par

la demande pour les biens d’investissement. De même, une politique monétaire axée

sur une bonne crédibilité des autorités monétaires et conjuguée d’une politique

industrielle vigoureuse et volontariste, peut à certaines des périodes être très utile.

Les exemples ne manquent pas pour étayer ces propos : les trente glorieuses, le plan

Reagan après l’échec du plan monétariste durant le premier mandat, etc.

Page 50: Macroéconomie approfondie2016

Chapitre 2. le Modèle Keynésien

Simplifié

Page 51: Macroéconomie approfondie2016

Dans un modèle Keynésien simplifié, on considère que l’économie est

composée de deux d’agents, les entreprises et les ménages. Les entreprises sont les

seules à investir et à produire, les ménages sont les seuls à travailler et à

consommer. Cette spécialisation implique que les entreprises doivent distribuer aux

ménages une part du revenu qu’elles tirent de la production.

Dans le modèle keynésien simplifié, Keynes considère que les ménages

cherchent à répartir l’augmentation de leur revenu entre la consommation et

l’épargne en proportion relativement stable au cours du temps. Cette hypothèse est

extrêmement essentielle d’un point de vue équilibre économique. A contrario, les

économistes classiques considéraient que la production étant déterminée sous les

conditions du plein-emploi des facteurs, toute diminution de la consommation était

nécessairement compensée par une augmentation de l’investissement et de

l’épargne. Pour Keynes, ce n’est plus le cas, la consommation et l’épargne évoluent

dans le même sens.

Page 52: Macroéconomie approfondie2016

Une augmentation du revenu se traduit par une hausse à la fois de la

consommation et de l’épargne, une baisse du revenu se traduit par une baisse de la

consommation et de l’épargne.

La conséquence en est extrêmement importante. Reprenons le point de vue des

économistes classiques et considérons que la production totale reste constante car

déterminée par le plein-emploi des facteurs. Supposons une baisse normale de

l’investissement due à des facteurs conjoncturelles et/ou structurelles[1], cette

baisse n’a pas d’impact aussi bien sur la production que sur le revenu qui restent

inchangés. Or, un revenu inchangé implique une consommation inchangée. Comme

la production est la somme de l’investissement et de la consommation, la baisse de

l’investissement ne peut se traduire que par une baisse de la production, ce qui est

en contradiction avec l’hypothèse retenue par les économistes classiques.

[1] Épuisement de la demande, redéploiement des branches et secteurs économiques, etc.

Page 53: Macroéconomie approfondie2016

Ainsi, une baisse de l’investissement ne peut que générer une baisse de la

production et donc du revenu. Cette baisse du revenu va générer elle-même une

baisse de la consommation et donc à nouveau de la production et du revenu. Si la

situation de départ correspondait au plein-emploi, la baisse de la production peut

amener du chômage.

Keynes a développé sa théorie en période de crise des années 1930 qui est connue

par un chômage de masse. Ainsi, le thème central qui est au cœur des idées de

Keynes se trouve dans l’analyse des causes du chômage et des moyens d’y remédier.

L’outil qui permet la lutte contre le chômage selon Keynes est l’intervention de

l’État à travers la politique monétaire et la politique budgétaire. Et le but essentiel de

cette intervention est de soutenir la demande globale dans ses « composantes » :

investissement et consommation.

Page 54: Macroéconomie approfondie2016

Section 1. Les fonctions de consommation et d’épargne

Comme nous l’avons rappelé ci-dessus, l’analyse keynésienne privilégie un

raisonnement en termes de circuit et que les variables de ce circuit entretiennent

entre elles des relations circulaires de cause à effet : l’investissement cause la

demande, l’épargne cause l’investissement, etc.

Le modèle keynésien simplifié à deux agents (ménages et entreprises) se traduit

par la coexistence de deux fonctions de comportement : celle de consommation et

celle de l’investissement.

Page 55: Macroéconomie approfondie2016

Les ménages dont la fonction principale est de consommer consacrent une partie

de leur revenu à cet effet. Pour traduire ce raisonnement en termes mathématiques,

nous pouvons définir donc une « fonction de consommation » qui introduit une

relation simple entre la consommation des ménages et leur revenu.

1.1. La fonction de consommation

A la différence de l’analyse néoclassique (microéconomique) qui construit la

fonction de demande d’un bien en privilégiant la relation prix-quantité demandée,

l’analyse keynésienne propose de relier la consommation globale au revenu. Et la

loi psychologique fondamentale à l’origine de cette relation est la suivante :

« Les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu croît,

mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement de revenu ». Keynes,

Théorie générale.

D’après l’interprétation de cette loi psychologique fondamentale, trois

hypothèses relatives à la fonction de consommation peuvent être mises en avant :

Page 56: Macroéconomie approfondie2016

C C 2C 2C c

1C

1C 0C

c

1Y 2Y Y

1Y 2Y Y

1. Fonction linéaire 2. Fonction affine

cYC avec 10 c 0CcYC avec 10 c

Y

Cc

dY

dC et 0)0( 0 CC

Y

Cc

Y

Cc

dY

dC 0

C

2C

1C

0C

1Y 2Y Y

3. Fonction concave : )(YfC avec 0dY

dC et ,0)0( 0 CC 0

2

2

dY

Cd

Les fonctions keynésiennes de consommation.

Page 57: Macroéconomie approfondie2016

La relation entre consommation et revenu s’exprime par la propension à

consommer; il faut en effet distinguer:

la propension moyenne à consommer ou rapport de la consommation totale au

revenu, soit C/Y;

La propension marginale à consommer ou rapport de la variation de (dC) à la

variation correspondante de revenu (dR), soit dC/dY=f’(y).

Dans le premier cas de figure (1), la consommation est proportionnelle au

revenu: C=cY. La propension moyenne à consommer C/Y est constante et égale à

la propension marginale:

dY

dCc

Y

Ccte

Y

C

Y

C

Y

C

i

i ...2

2

1

1

Page 58: Macroéconomie approfondie2016

Dans le deuxième cas de figure (2), la consommation incompressible

0C est positive ; on a : .0CcYC La proportion moyenne à consommer

varie et est fonction décroissante du niveau de revenu : .0

Y

Cc

Y

C La

propension marginale à consommer est une constante : elle est inférieure à la propension moyenne qui est fonction décroissante du niveau de revenu :

dC Cc

dY Y

Page 59: Macroéconomie approfondie2016

Enfin, dans le dernier cas de figure (3), la propension marginale et la propension moyenne varient suivant le niveau de revenu ; compte tenu de l’hypothèse de concavité de la fonction de consommation, la proportion moyenne à consommer (C/Y ) diminue avec le niveau de revenu ; la propension marginale à consommer (définie comme la dérivée de la fonction) a une valeur donnée par la pente de la tangente aux différents points de la courbe ; on peut vérifier sans difficulté que la propension marginale à consommer diminue avec l’augmentation de niveau de revenu

et de consommation (le tracé retenu correspond à 0dY

dC et ).0

2

2

dY

Cd

Remarque : Il est commode de retenir comme hypothèse de travail, la

relation correspondant au deuxième cas de figure qui est : 0CcYC et

qui facilite la représentation graphique.

Page 60: Macroéconomie approfondie2016

1.2. La fonction d’épargne L’épargne (notée S) apparaît chez Keynes comme un résidu (le reste) ;

c’est-à-dire la partie du revenu qui n’est pas consommée.

CYS [1] La proportion moyenne à épargner : (S/Y) ; la propension marginale à épargner est : (dS/dY).

De [1], on peut tirer la formule de revenu global :

SCY Si on divise les deux membres de l’égalité par Y, on a :

1Y

S

Y

C

Page 61: Macroéconomie approfondie2016

La somme des propensions moyennes à consommer et à épargner est égale à l’unité ; il en va de même pour les propensions marginales ; en effet, si on raisonne sur des accroissements, il est bien clair qu’un accroissement de revenu n’a que deux emplois possibles, la consommation et l’épargne, soit

dSdCdY et en divisant les deux membres par dY, il vient :

scdY

dS

dY

dC1

La fonction d’épargne se déduit par simple soustraction de la fonction de consommation ; l’épargne est donc fonction du revenu

).()( YSYfYCYS

Dans le cas de la fonction de consommation affine 0CcYC :

00 )1()( CYcCcYYS

Page 62: Macroéconomie approfondie2016

Et puisque, ,10 c 01 cdY

dS

La formulation [2] montre que l’épargne est fonction croissante du niveau

de revenu ; la propension marginale à épargner ctecdYdS )1(/ et il

sera commode de la représenter par s (on a par conséquent : ).1 cs La

propension moyenne à épargner est évidemment variable suivant le niveau de revenu et on remarque que pour un niveau de revenu qui est

nul, l’épargne serait négative, elle est égale à );( 0C c’est la contrepartie de

l’hypothèse de consommation incompressible : si la consommation est positive pour un niveau de revenu nul, c’est qu’il y a eu « désépargne », épargne négative, prélèvement sur des avoirs antérieurs qui ont permis de financer cette consommation incompressible. L’épargne ne devient

positive qu’au-delà d’un certain niveau de revenu rY dit « seuil de

rupture », seuil au-delà duquel la collectivité cesse de désépargner ; ce

seuil de rupture est défini par ,0S avec 0)1( CYcS d’où

0)1( 0 CYc et le seuil de rupture Y est au niveau ).1/(0 cCYY r

Page 63: Macroéconomie approfondie2016

Revenu disponible

Consommation

C=0,7Y+14

Epargne

S=0,3Y-14

0 +14 -14

10 +21 -11

20 +28 -8

46,66 +46,66 0

100 +84 +16

200 +154 +46

500 +364 +136

Exemple chiffré pour des fonctions de consommation et d’épargne affines:

Page 64: Macroéconomie approfondie2016

D’après les calculs consignés dans le tableau ci-avant, nous remarquons que le

seuil de rupture ne permettant pas de dégager encore ou à partir duquel ce ménage

pourra dégager éventuellement une épargne positive (dans le cas bien évidemment

où le revenu est supérieur à 46,66).

Graphiquement, cela peut être représenté de la façon suivante :

Page 65: Macroéconomie approfondie2016

W = Y (première bissectrice) C = 0,7Y+14 C0 = +14 S = 0,3Y – 14 45° 0 46, 66

rY Y

C0 = – 14

Utilisation de Revenu et « Seuil de Rupture ».

Page 66: Macroéconomie approfondie2016

Nous remarquons qu’à gauche de seuil de rupture rY , la consommation est

supérieure au revenu et le résidu (le solde entre revenu et consommation)

est donc négatif (désépargne) ; il s’annule pour 46,66rY Y pour lequel

on a CY et (S = 0) et devient positif pour tout .rYY

Section 2. Le multiplicateur d’investissement et de dépense D’emblée il faut rappeler que l’analyse de Keynes n’est pas seulement une analyse de court terme. Il est vrai que le court terme (entre 1 an et 3 ans) chez Keynes prend une place importante pour la seule raison de l’état de la conjoncture ; Keynes a été amené, dans le cadre de ses écrits, à trouver des solutions conjoncturelles pour des crises conjoncturelles, celles en particulier liées au chômage de masse qui a frappé l’ensemble des pays occidentaux dans les années trente. Mais, il ne faut pas perdre de vue que la dynamique de court terme envisagée par Keynes est intimement liée aux

Page 67: Macroéconomie approfondie2016

prévisions de moyen et long terme, celles notamment issues de la dynamique de

la demande effective.

En effet, Keynes fait dépendre le niveau de l’investissement de la période

actuelle de l’état de la prévision à long terme, c’est-à-dire de l’état et de la qualité

des prévisions du profit que génèrera un investissement pendant toute sa durée de

vie. Les entrepreneurs ne décideront d’investir que si les profits qu’ils espèrent tirer

de cet investissement sont suffisamment importants. Suffisamment importants pour

couvrir l’ensemble des charges engagées et que toute initiative d’investissement

soit en mesure de réaliser des gains supérieurs à la rémunération escomptée d’un

placement théoriquement sans risque (placements alternatifs en achat

d’obligations).

Page 68: Macroéconomie approfondie2016

A l’opposé de ce que prêche la théorie classique, la théorie keynésienne fait

relativement dépendre l’investissement de la consommation. La théorie classique

considère à tort que le plein-emploi est facilement atteignable même si le niveau de

la consommation est en baisse car toute baisse de la consommation est compensée

par une hausse du niveau de l’investissement consécutif à celle du niveau de

l’épargne. Pour Keynes et les keynésiens, toute baisse de la consommation se traduit

forcément par une baisse de l’investissement. L’analyse keynésienne, il faut le

rappeler, est une analyse qui se base sur la confiance de l’opinion collective dans les

perspectives d’avenir quant à la croissance économique nationale.

Page 69: Macroéconomie approfondie2016

2.1. Le multiplicateur d’investissement et le niveau de revenu

Selon les keynésiens, l’augmentation de l’investissement entraîne un

accroissement plus important (effet multiplicatif) de la production, de l’activité et

de l’emploi.

Concrètement, nous pouvons donner, comme exemple, le projet de port

Méditerranée de Tanger qui a aujourd’hui des effets multiplicatifs sur la

production, l’activité et l’emploi.

2.1.1 Les hypothèses du modèle keynésien simplifié

Théoriquement pour que l’effet multiplicatif d’un investissement fonctionne, il

faut que le système économique dans son ensemble satisfasse à trois

hypothèses essentielles :

Page 70: Macroéconomie approfondie2016

Hypothèse 1 : Relation en forme de « L » renversé entre le niveau de production ou revenu et la variation des prix ;

P

Variation du niveau des prix

Niveau de production YPE Y

Relation entre niveau de production et la variation des prix.

Page 71: Macroéconomie approfondie2016

En période de sous-emploi, tant que le niveau de production est inférieur à un

certain seuil YPE (qui est le niveau de revenu de plein-emploi), le système productif

national répond (avec notamment les perspectives d’amélioration du niveau de la

productivité) aux variations de la demande sans accroissement des prix. Au

contraire, lorsque le revenu atteint le seuil de plein-emploi, tout accroissement de la

demande se traduit par un accroissement des prix.

Une autre forme, moins rigide, de « L » renversé nous donne l’idée sur une

éventuelle augmentation des prix avant même d’atteindre le niveau de plein-emploi.

Page 72: Macroéconomie approfondie2016

Hypothèse 2: Constante des capacités de production

Il est supposé, dans le court terme, que le niveau de la force du travail disponible

(le nombre de demandeurs d’emploi) reste constant; les techniques de production

sont données et exogènes. Autrement dit, il n’y a pas de changement dans la

technologie utilisée. De ces hypothèses, découlant deux conséquences:

L’emploi suit la production;

Toute variation de l’emploi se traduit par une variation égale et de sens

opposé du chômage;

Hypothèse 3: les modalités d’ajustement en situation de sous-emploi

L’ajustement se fait non pas par la variation des prix, mais par la variation des

quantités. Dit autrement, en stimulant la demande globale, on aboutit à relever le

niveau de l’activité et par voie de conséquence l’emploi.

Page 73: Macroéconomie approfondie2016

2.1.1. L’équilibre des prix et le multiplicateur statique

Par équilibre, on entend l’égalité entre l’offre globale (le niveau de la production

Y) et la demande globale D ; soit :

(1) Y = D (condition d’équilibre sur le marché des

produits)

(2) D = C + I (équation de définition)

C est la consommation et I est l’investissement.

Page 74: Macroéconomie approfondie2016

(3) Y = C + S (équation de définition)

Compte tenu des équations de définition (2) et (3), la condition (1) d’équilibre

sur le marché des produits s’écrit :

Y (= C + S) =D (= C + I) C + S = C + I

D’où après simplification, la condition (4) est équivalente à la condition (1) :

(4) I = S Y = D

On peut donc écrire de deux façons strictement équivalentes la condition

d’équilibre sur le marché des produits. L’égalité de l’épargne et de

l’investissement

(la condition I = S) n’est qu’une autre façon, équivalente, d’écrire l’égalité entre

offre et demande globale (Y = D).

Page 75: Macroéconomie approfondie2016

Le multiplicateur d’investissement est le coefficient qui compare l’ampleur de

modification subie (la variation de revenu) à l’ampleur de perturbation initiale (la

variation de l’investissement).

Soit donc une économie en situation de sous-emploi avec équilibre sur le

marché des produits ; cette condition s’écrit :

(5) Y = C + I (= D) avec Y < YPE

On va maintenant prendre en compte explicitement les comportements ; ceci

signifie que, à côté des équations de définition et des conditions d’équilibre, on

introduit des équations de comportement. Par exemple, pour le comportement des

consommateurs :

(6) C = C(Y) avec dC/dY = c et 0 < c < 1

Page 76: Macroéconomie approfondie2016

Quant à l’investissement, il est supposé exogène ; il est déterminé, par exemple,

par l’Etat ; il en maîtrise l’effort ; d’où :

(7) I = Io

Dans ces conditions, l’équation (5) devient, après prise en compte de (6) et (7) :

(8) Y = C(Y) + Io

L’équation (8) traduit les conditions d’équilibre initial sur le marché des

produits. C’est cet équilibre qui va être modifié par un accroissement de

l’investissement ; il s’agit alors de mesurer l’accroissement du niveau de

production (ou de revenu) (dY) qui découle de l’augmentation du volume

d’investissement (dI) ; rappelons que l’on est en situation de sous-emploi.

Page 77: Macroéconomie approfondie2016

Soit dC le supplément de consommation réalisé dans la nouvelle situation

d’équilibre, celle-ci étant définie la condition d’égalité entre le nouveau volume

de production (Y a été accru de dY, inconnu) et le nouveau volume de demande

(l’investissement a été accru de dI, connu et la consommation C de dC, inconnu) ;

soit la condition d’équilibre final (après réalisation des ajustements nécessaires).

(9) Y + dY = C + dC + Io + dI (= D + dD)

Compte tenu de l’équation (5) qui traduit la condition d’équilibre initial et de

(7), l’accroissement de niveau d’activité, s’écrit :

(10) dY = dC + dI dI = dY – dC

Définition :

Le multiplicateur d’investissement (k) est le rapport de l’accroissement du

niveau de production ou de revenu (dY) à l’accroissement initial de

l’investissement (dI).

Page 78: Macroéconomie approfondie2016

(11) dI

dYk (équation de définition)

A partir de (10) et en remplaçant dI dans (11) par sa valeur, on a :

dCdY

dYk

En divisant le numérateur et le dénominateur par dY, on obtient :

dY

dCk

1

1

Comme dC/dY est la propension marginale à consommer, la valeur k de multiplicateur d’investissement est donc égale à :

(12) c

k

1

1

Page 79: Macroéconomie approfondie2016

Ou encore :

(13) s

k1

Comme 0 < s < 1, on a k > 1, d’ou le nom de multiplicateur. Ainsi, la valeur du multiplicateur d’investissement est d’autant plus forte que la propension marginale à consommer est élevée ou que la propension marginale à épargner est faible. Le multiplicateur d’investissement est égal à l’inverse de la propension marginale à épargner.

Page 80: Macroéconomie approfondie2016

Exemples :

Si c = 1/2, s = 1/2, k = 2

Si c = 4/5, s = 1/5, k = 5

Si c = 9/10, s = 1/10, k = 10

Si c = 99/100, s = 1/100, k = 100

Un investissement supplémentaire de 1 million de dirhams engendre donc un

supplément de production et d’activité de k millions de dirhams ; il s’agit bien d’un

effet de multiplication puisque k est toujours supérieur à 1 dès lors que c est positif.

La variation dans le niveau du revenu et de l’activité est une fonction directe du

supplément injecté dans le système économique :

(14) dY = k dI

Page 81: Macroéconomie approfondie2016

2.2. Le multiplicateur de dépense

En rappelant le principe keynésien de circuit simplifié à deux agents, nous

pouvons dire que les revenus des ménages sont (en partie ou en totalité) des

dépenses potentielles de consommation qui constituent par voie de conséquence les

revenus des entreprises. Une partie de ces revenus va être engagée pour

l’investissement. Par ailleurs, lorsque l’État intervient, ce qui est son rôle selon la

conception keynésienne, la dynamique d’investissement est systématiquement

soutenue à travers les subventions et les transferts (dépenses publiques).

Le circuit économique simplifié à trois agents, d’après Keynes est le suivant :

Page 82: Macroéconomie approfondie2016

Ménages

État

Entreprises

B&M

C

Y

G

T

S I

E

C : Consommation

I : Investissement

G : Dépenses de Gouvernement

S : Épargne.

Y : Revenu disponible (C + S)

T : Taxes (G - E)

E : emprunts (Dettes publics)

B&M : Banques et marchés financiers

Page 83: Macroéconomie approfondie2016

2.2.1. L’intervention de l’État et la politique budgétaire

L’analyse keynésienne a permis d’intégrer le rôle des finances publiques dans l’activité économique générale.

On a : TYYd ( dY désigne le revenu disponible, c’est-à-dire après

impôt)

Et : )(00 TYcCcYCC d

Et donc, la propension à consommer des ménages dépend non pas du

revenu distribué ,Y mais de revenu disponible dY .

La condition d’équilibre Y D s’écrit donc ici de la manière suivante :

GITYcCY 00 )( ( G désigne l’intervention de l’État relative à sa

dépense pour soutenir la demande globale). D’où le niveau de revenu d’équilibre :

0 0

0 0

1

Y cY C I cT G

C cT I GY

c

Page 84: Macroéconomie approfondie2016

2.2.2. L’action sur le niveau de la demande globale

Nous prévoyons deux grandes hypothèses quant à l’action de l’État pour

soutenir la demande globale. La première hypothèse est celle de la hausse des

dépenses publiques sans augmentation des impôts et la seconde est celle de la

hausse des dépenses publiques financées entièrement par une augmentation

équivalente des impôts.

Page 85: Macroéconomie approfondie2016

Première Hypothèse: Hausse des dépenses publiques sans augmentation

des impôts

Dans l’équation de Y précédente, il l’on dérive Y par rapport à G, on obtient le

multiplicateur de dépense publique (ou multiplicateur budgétaire) suivant :

1

1 1G

dY dGk dY

dG c c

Page 86: Macroéconomie approfondie2016

Une augmentation de la dépense publique entraîne donc un accroissement plus

que proportionnel (effet multiplication) du niveau de revenu Y.

Cette hypothèse peut aussi être démontrée de la manière suivante :

Reprenons le revenu d’équilibre avant la prise en considération de

l’investissement public, déjà avancée dans l’équation ci-dessus :

0 0 0 0

1initial

C cT I GY

c

Page 87: Macroéconomie approfondie2016

En pratiquant une politique de relance de la demande globale, l’État

augmente ses dépenses de ;G le montant de l’investissement public

s’élève donc à : 0G G G

Le revenu correspondant est :

0 0 0 0

1final

C cT I G GY

c

Il en découle que :

1final initial G

GY Y Y k G

c

On s’aperçoit, à l’évidence, que le multiplicateur budgétaire est identique

au multiplicateur d’investissement 1

( ).1G Ik k

c

On conclut, par

conséquent, qu’une hausse de dépenses publiques (avec probablement un déficit budgétaire) a le même effet sur le revenu national qu’un investissement supplémentaire.

Page 88: Macroéconomie approfondie2016

Seconde hypothèse : Hausse de dépenses publiques financées entièrement par une augmentation équivalente des impôts

Dans l’équation deY ci-dessus, si l’on dériveY par rapport à ,T on obtient

le multiplicateur fiscal suivant :

1 1T

dY c cdTk dY

dT c c

La variation du niveau de production est de sens opposé à celle du niveau des prélèvements ; une augmentation des prélèvements de l’État entraîne

une diminution du niveau de revenu et de la production ;Y une

diminution des prélèvements publics entraîne une augmentation de celui-ci.

dG

dY

dT

dY

Page 89: Macroéconomie approfondie2016

Une conséquence importante en résulte : pour lutter contre la récession et le chômage, il est plus efficace d’augmenter les dépenses publiques que de diminuer les impôts. Si maintenant nous supposons que la hausse des dépenses publiques est financée entièrement par une augmentation équivalente des impôts. Techniquement, cela revient à poser l’égalité suivante :

G T En effet,

Le montant de l’investissement public s’élève à 0G G G et celui des

impôts s’élèvent à 0 .T T T Le nouvel niveau du revenu d’équilibre

( )finalY après cette action compensatoire de l’État ( )G T est le suivant :

0 0 0 0 0 0 0 0( )

1 1final

C c T T I G G C cT c T I G GY

c c

Page 90: Macroéconomie approfondie2016

Dans ce cas, la variation du revenu est :

( )

1final initial

G c TY Y Y

c

Par hypothèse ,G T alors :

( ) (1 )

1 (1 )final initial GE

G c G cY Y Y G k G

c c

, où 1.GEk

Le multiplicateur GEk est dit « multiplicateur du budget équilibré ». Il est

dû à l’économiste norvégien Haavelmo. Dans son étude réalisée en 1945, Haavelmo a démontré pour la première fois qu’un accroissement de dépenses publiques financé intégralement par une variation identique du niveau des impôts accroît le revenu national d’un montant égal à l’accroissement des dépenses publiques. L’effet multiplicateur n’est pas nul, car le budget de l’État n’est pas neutre. En d’autres termes, un accroissement de dépenses et un accroissement de recettes d’égal montant ne se neutralisent pas quant à leur impact sur le revenu national : la demande globale et le revenu national sont durablement accrus d’un

montant égal à .G

Page 91: Macroéconomie approfondie2016

EXERCICE

Soit la fonction de consommation keynésienne, affine, suivante :

C = 350 + 0,65 Y

Questions :

1. Qu’indiquent les variables C et Y ?

2. Que représentent les nombres 350 et 0,65 ?

3. Trouvez la fonction d’épargne en la dérivant de la fonction de consommation : C =

350 + 0,65 Y.

4. Déterminez les niveaux de consommation et d’épargne lorsque Y = 800, puis Y =

1000 et ensuite Y = 1200. Établir, pour chaque cas de figure, le compte du secteur

institutionnel « Ménages ». Interprétez les résultats obtenus.

5. Représentez sur le même graphique les fonctions de consommation et d’épargne

affines.

6. Calculer les propensions moyenne et marginale à consommer pour Y = 800, 1000 et

1200. Interprétez.

Page 92: Macroéconomie approfondie2016

Réponse :

1. C indique la consommation finale des ménages et Y indique le revenu disponible.

2. 350 et 0,67 représentent respectivement la consommation incompressible (ou autonome) et la part du revenu consacrée à la consommation (ou la propension marginale à consommer).

3. Nous savons que le revenu se répartit entre la consommation finale et l’épargne :

Y C S S Y C En effet, la fonction d’épargne se définit de la manière suivante :

350 0,65 0,35 350Y Y S S Y

Page 93: Macroéconomie approfondie2016

4. Le tableau suivant consigne les valeurs de C et S pour les trois valeurs de Y :

Y C S

800 870 -70

1000 1000 0

1200 1130 70

Page 94: Macroéconomie approfondie2016

Le compte du secteur institutionnel « Ménages » se présente dans les trois cas comme suit :

Chapitre 3 : Le modèle keynésien simplifié

Emplois Ressources C = 870 Y = 800 S = – 70 800 800 Emplois Ressources C = 1000 Y = 1000 S = 0

Emplois Ressources C = 1170 Y = 1200 S = 70 1200 1200

1000 1000

Page 95: Macroéconomie approfondie2016

Le premier cas (Y = 800) présente une insuffisance de revenu. Le revenu dont

dispose les ménages ne suffit pas à combler toutes les dépenses de consommation

finale. Les ménages sont obligés de recourir à la désépargne de 70 pour satisfaire

leur besoins en consommation. Dans le second cas, le niveau de revenu de 1000

permet justement de satisfaire les besoins de consommation. Il en découle une

épargne nulle. Dans ce cas, nous sommes en présence du seuil de rupture, une

phase charnière entre la désépargne et l’épargne positive. Dans le troisième cas, les

ménages dégagent une épargne positive de 70. Leur revenu qui est de 1200 permet

à la fois de combler et de satisfaire les besoins de consommation des ménages et de

dégager une épargne de 70.

Page 96: Macroéconomie approfondie2016

5. Pour représenter les deux fonctions de consommation et d’épargne, il suffit de

tracer dans un diagramme à 90° (sur l’axe des abscisses le revenu et sur l’axe des

ordonnées la consommation et l’épargne) les droites des deux fonctions (ce sont

des fonctions affines, linéaires).

6. Calcul des PMc et Pmc pour Y = 800, 1000 et 1200 et leur signification :

a. La propension moyenne à consommer : Pour Y = 800 : PMc = C/Y = 870/800 = 1,0875 Pour Y = 1000 : PMc = C/Y = 1000/1000 = 1 Pour Y = 1200 : PMc = C/Y = 1130/1200 = 0,94

b. Les deux propensions marginales à consommer :

Pmc = ΔC/ΔY = (1000 – 870) / (1000 – 800) = 0,65 Pmc = ΔC/ΔY = (1130 – 1000) / (1200 – 1000) = 0,65

Page 97: Macroéconomie approfondie2016

On remarque que les propensions moyennes à consommer baissent reflétant la

loi psychologique keynésienne de consommation, c’est-à-dire que la part de la

consommation dans le revenu baisse avec l’augmentation de revenu. Dit

autrement, lorsque le revenu augmente, la consommation augmente mais d’une

proportion inférieure à celle de revenu.

On remarque aussi que la propension marginale à consommer est inférieure à

l’unité. Cela confirme le principe énoncé dans le cadre de la loi psychologique

keynésienne de consommation.

Page 98: Macroéconomie approfondie2016

Chapitre 3. Équilibre keynésien de sous-

emploi et modélisation IS/LM

Page 99: Macroéconomie approfondie2016

Le modèle IS/LM est dû à deux auteurs atypiques, difficilement classables que

sont Hicks et Hansen. Les deux auteurs adoptent une approche dite de synthèse,

une synthèse néoclassique du keynésianisme. Cette synthèse combine deux idées

essentielles : l’une purement néoclassique, à savoir l’idée selon laquelle « toute

l’épargne est investie », l’autre keynésienne selon laquelle le mécanisme

économique à l’origine d’une possible lutte contre le chômage est celui privilégiant

la relance par la demande. Le modèle IS/LM est conçu dans le cadre d’une

économie fermée.

Hicks, J.R., “Mr. Keynes and the “Classics”: A Suggested Interpretation”, Econometrica,

Volume 5, n°2, 1937, pp. 147-159.

Page 100: Macroéconomie approfondie2016

Le modèle IS/LM tente de présenter sous forme de graphiques les conditions

d’équilibre sur le marché des biens (IS) et sur le marché de la monnaie (LM).

Quand il y a équilibre sur ces deux marchés, mais l’équilibre ne correspond pas

nécessairement au plein-emploi. Il s’agira alors d’examiner les politiques

conjoncturelles permettant de se rapprocher du plein-emploi.

Page 101: Macroéconomie approfondie2016

Section 1. Les conditions d’équilibre sur le marché des biens et services

Sur le marché des biens et services, pour qu’il y ait équilibre, il faut que

l’épargne soit égale à l’investissement. Parallèlement, on pose que pour Keynes,

l’investissement est fonction du taux d’intérêt tandis que la consommation est

fonction de revenu.

On a par conséquent :

Page 102: Macroéconomie approfondie2016

(1) SIICY (équation de définition : il

s’agit d’une condition néoclassique relatant le fait que toute l’épargne est investie ; l’équation de base étant :Y C S ) ;

(2) cYCC 0 avec 10 c (relation de

comportement) ;

(3) giII 0 avec 0g (relation de

comportement et g est la propension

marginale à investir, c’est-à-dire, la variation de l’investissement par rapport à la variation du taux d’intérêt).

Il faut noter que dans cette dernière relation de comportement, il y a deux

types d’investissement : un investissement 0I indépendant de taux

d’intérêt et un investissement qui est une fonction décroissante de taux d’intérêt ( 0g ).

Page 103: Macroéconomie approfondie2016

En remplaçant dans Y, C et I par leurs valeurs, on a :

(2) giIcYCY 00

D’où :

giICcY 00)1(

Et la relation implicite : c

ICi

c

gY

1100 (5)

que l’on peut également écrire sous la forme :

(6) Yg

c

g

ICi

100 qui est la forme générale i = a –

bY

avec : g

ICa 00 et

g

cb

1

Page 104: Macroéconomie approfondie2016

A partir des formulations ci-dessus, on peut déduire immédiatement le signe de la pente ; on a en effet :

(7) 0/)1(/ gcdYdi puisque 0g et 10 c

La relation IS est alors représenté dans le plan (i, Y) par une droite décroissante comme sur le graphique ci-dessous :

Page 105: Macroéconomie approfondie2016

i

g

IC 00

IS Yg

c

g

ICi

100

0 c

IC

100 Y

La courbe IS et l’équilibre sur le marché des biens.

Page 106: Macroéconomie approfondie2016

On note que si 0I s’accroît, l’ordonné à l’origine s’accroît aussi et la droite

se décale vers la droite. De même si 0g (le taux d’intérêt n’exerce

aucune influence sur le niveau de l’investissement), la droite IS est alors

représentée par l’équation )1/()( 00 cICY qui est une droite parallèle

à l’axe des ordonnées. Section 2. Les conditions d’équilibre sur le marché de la monnaie Qui dit équilibre sur le marché de la monnaie dit qu’il y a une offre et une demande de monnaie ; ce qui constitue une rupture majeure avec la tradition néo-classique pour laquelle la monnaie ne pouvait jamais être demandée en tant que telle mais simplement pour acheter d’autres biens. La monnaie est conçue alors pour être un voile. La demande de monnaie n’étant envisagée que comme une modalité détournée et indirecte de la demande de biens que l’on ne pouvait acquérir directement.

Page 107: Macroéconomie approfondie2016

• Selon Keynes, la monnaie peut être demandée pour elle-même et pas seulement

pour acheter d’autres biens, il y a une demande de monnaie aux motifs spécifiques.

2.1. Les motifs de la demande de monnaie

Keynes indique quatre motifs à la demande de monnaie :

le motif de revenu ou de transaction: les dépenses sont échelonnées dans le temps

et les revenus, en attente d’être utilisés, sont donc conservés sous forme liquide ;

le motif d’entreprise : il est l’équivalent du motif de revenu pour les ménages.

L’entreprise conserve des liquidités (encaisses monétaires);

le motif de précaution : la monnaie sert à faire face aux aléas (achats futurs

importants ou nécessaires, maladies, dépenses non prévisibles) de la vie

quotidienne ;

le motif de spéculation : les agents économiques conservent de la monnaie sous

forme liquide pour effectuer des achats d’obligations.

le motif de finance: La monnaie est utilisée comme un moyen de financement sur

les marchés monétaires et de la dette.

Page 108: Macroéconomie approfondie2016

2.2. La fonction de demande de monnaie

Keynes est amené à présenter, en première approximation, une fonction de

demande de monnaie notée L composée de deux fonctions L1 et L2 qui s’ajoutent,

soit : L = L1 + L2.

La première composante, notée L1, représente les quantités de monnaie demandées

par les agents économiques à la fois pour le motif de revenu et d’entreprise (que

l’on regroupe souvent sous l’appellation de demande de transaction ou encaisse de

transaction) et le motif de précaution. Cette demande ne subit pas l’influence du

taux d’intérêt ; elle dépend du revenu ; ce que l’on écrit :

L1 = L1 (Y) avec L’1 > 0.

Page 109: Macroéconomie approfondie2016

La deuxième composante, notée L2, représente la demande de monnaie pour la

spéculation ; elle dépend du taux d’intérêt, la fonction étant décroissante soit : L2 =

L2 (i) avec L’2 < 0.

Keynes pense qu’il existe un taux d’intérêt minimum (noté im) en dessous

duquel le taux d’intérêt du marché ne peut pas baisser (Keynes estime qu’il peut

être de l’ordre de 2%). L’explication se trouve dans la liaison inverse entre taux

d’intérêt et niveau des titres ; quand le taux de l’intérêt est très faible (2%), le cours

en bourse est très élevé et il n’est pas raisonnable d’espérer des plus-values

supplémentaires. Cette situation se caractérise le plus souvent par une récession

économique et par une certaine morosité dans les affaires. Les agents économiques

préfèrent thésauriser aux dépens de l’investissement.

Page 110: Macroéconomie approfondie2016

La décroissance de L2 en fonction du taux d’intérêt ne vaut donc que pour un

niveau de l’intérêt supérieur à im, seuil pour lequel la demande de monnaie devient

infiniment élastique par rapport au taux de l’intérêt (the liquidity trap). Mais on

peut également envisager la situation inverse, celle où le taux d’intérêt atteint un

niveau (iM) tel que la demande aux fins de spéculation s’annule ; les agents

économiques, compte tenu du niveau élevé de la rémunération offerte pour les

placements et du bas prix des titres renoncent à toute détention de monnaie aux fins

de spéculation (speculation).

Page 111: Macroéconomie approfondie2016

i iM iYL pour ),( Mm iii

im L1(Y) L

La courbe de la fonction de demande de monnaie.

Page 112: Macroéconomie approfondie2016

Pour ,Mii 0)(2 iL et donc )(1 YLL qui ne dépend pas du taux

d’intérêt mais du seul niveau de revenu et de production ; ce dernier étant fixe en courte période, la courbe de demande de monnaie en fonction du taux de l’intérêt est donc représentée par une parallèle à l’axe des ordonnées dont l’abscisse dépend de la quantité de monnaie demandée pour le motif de transaction et de précaution ;

Pour ,mM iii en posant par exemple une fonction de demande de

monnaie linéaire, il vient :

iYLLL 21

Pour ,mii la demande devient infiniment élastique par rapport au

taux de l’intérêt et peut donc être représentée par une droite parallèle à l’axe des abscisses. N.B. Avec des hypothèses moins simplificatrices quant à la forme des

fonctions, on aurait une demande de monnaie de type ci-dessous :

Page 113: Macroéconomie approfondie2016

i iM ),( iYLL im L

La courbe d’une fonction de demande de monnaie concave.

Page 114: Macroéconomie approfondie2016

2.3. Offre de monnaie et équilibre sur le marché monétaire

L’offre de monnaie est la quantité de monnaie offerte, mise à la disposition du

public, des utilisateurs éventuels du système bancaire (banque centrale et banques

commerciales). Elle ne dépend pas du taux d’intérêt ; on peut donc la représenter

dans le plan (i, Y) par une perpendiculaire à l’axe des abscisses.

Page 115: Macroéconomie approfondie2016

M2 M1 i2 M M3 M4 M5 i1 i i3 ),( iYLL im L Restriction Expansion monétaire monétaire

Offre de monnaie et équilibre sur le marché monétaire.

Page 116: Macroéconomie approfondie2016

Sur le marché monétaire, il y a équilibre entre l’offre de et demande de

monnaie ; sur le graphique, cet équilibre correspond à i. on a supposé par ailleurs,

ici, que la banque centrale contrôle complètement les conditions d’émission de la

monnaie. Lorsque le taux d’intérêt atteint le seuil de im, toute quantité de monnaie

supplémentaire tombe dans une trappe, disparaît sans modifier le taux d’intérêt. Les

agents préfèrent garder de la monnaie sous forme liquide que de la placer avec un

taux très faible.

2.4. La courbe LM

Les coordonnées des points d’intersection des courbes d’offre et de demande

dépendent de la préférence pour la liquidité et de l’offre de monnaie.

Puisque la demande de monnaie L dépend à la fois de i et de Y, alors que l’offre de

monnaie M est indépendante de ces deux variables, il est impossible de définir

l’ensemble des couples (i, Y) tel que L = M ; c’est cette condition qui définit la

relation LM. On a donc l’ensemble d’équations suivant :

Page 117: Macroéconomie approfondie2016

a) L = M

b) 21 LLL (La demande de monnaie peut s’exprimer en termes

réels L/P et on peut des fois lui adjoindre une demande incompressible de monnaie (L0), donc, elle peut finalement s’écrire :

0 1 2( ) ( )L L L Y L i )

iYL pour ,mM iii

avec 0

Y

L et 0

i

L

c) :OMM l’Institut d’émission (Bank Al-Maghrib) a la maîtrise

complète de l’offre de monnaie et la fixe au niveau ).OM

Page 118: Macroéconomie approfondie2016

i iM LM

im YM

i O

OM

MY Y

i LM i (Y) im

O

M

MY Y

La courbe LM et l’équilibre entre offre et demande de monnaie.

Page 119: Macroéconomie approfondie2016

Il vient :

OMiY pour Mm iii

D’où dans ce même intervalle :

iMY O

YM

i O

; soit 0

dY

di

La relation LM est donc croissante pour Mm iii ; lorsque ,Mii on sait

que L2 devient nul, d’où /OM MY dont la représentation est une droite

parallèle à l’axe des ordonnées.

Page 120: Macroéconomie approfondie2016

En outre, quand ,mii la demande de monnaie devient infiniment

élastique par rapport aux variations du taux de l’intérêt (le taux de l’intérêt

ne peut descendre en dessous de );mi la courbe LM est alors représentée à

ce niveau par une droite parallèle à l’axe des abscisses et d’ordonnée .mi

Ce tracé de la courbe LM s’explique sans difficulté. Lorsque le revenu et l’activité Y sont faibles, il faut relativement peu de monnaie pour assurer les transactions. Puisque l’offre de monnaie est constante (au niveau

),OM une quantité importante de monnaie 1 2OM L L est disponible

pour alimenter les encaisses de spéculation. Plus l’activité est faible, plus les encaisses de spéculation pourront être élevées, plus le taux de l’intérêt sera bas. (Sous réserve bien entendu de l’existence de la trappe à liquidités,

d’un niveau minimum du taux de l’intérêt ).mi

Page 121: Macroéconomie approfondie2016

Avec le développement du niveau de l’activité, le taux d’intérêt croît jusqu’à

atteindre iM, seuil supérieur pour lequel toute l’encaisse de spéculation

disparaît ; toute la monnaie est alors absorbée par les besoins de transaction ;

dans cette situation, il y aurait pénurie de monnaie, en ce sens que le niveau

d’activité est limité, borné par la quantité de monnaie disponible pour les

transaction ; (il faut supposer que l’on est toujours en situation de sous-emploi ;

si le seuil de plein- emploi YPE était atteint avant, l’arrêt de l’expansion

découlerait non de l’insuffisance de la quantité de monnaie, mais des limitations

dans les capacités de production disponibles).

Page 122: Macroéconomie approfondie2016

Section 3. Équilibre conjoint des marchés

Les analyses précédentes ont pour objet de montrer l’équilibre pour chaque

marché (marché de biens et services et marché de la monnaie) dans le cadre de

plan (i, Y). L’existence de l’équilibre sur les deux marchés ne garantit en rien

l’existence de l’équilibre sur le marché de travail. Il y aura au contraire un

équilibre de sous-emploi.

Page 123: Macroéconomie approfondie2016

i LM

i IS

Y PEY Y

Équilibre conjoint sur les deux marchés de biens et services et monétaire.

Page 124: Macroéconomie approfondie2016

Le point d’intersection entre les deux courbes (qui sont des droites) représente le couple unique de valeurs de Y et de i assurant à la fois l’équilibre sur le marché des produits (biens et services) et sur le marché de la monnaie ; selon les intuitions de Keynes, il s’agit bien de l’équilibre

de sous emploi ; YYPE étant l’écart déflationniste (de récession ou de

chômage). Cette situation de l’équilibre de sous emploi a été remarqué par Keynes dans les années 1930 aux Etats-Unis et en Europe. Pourquoi cet équilibre est-il stable ? Pourquoi le déséquilibre sur le marché de l’emploi ne se résout-il pas de lui-même ? 3.1. La rigidité des salaires à la baisse est-elle responsable du chômage ? Le profit des entreprises est le suivant :

Page 125: Macroéconomie approfondie2016

wNpQ ;

En d’autres termes, le profit est égal à la quantité Q multipliée par le prix p ; le tout diminué du salaire versé w multiplié par la quantité de travail N.

Les profits seront maximums pour un nombre de travailleurs employés tels que ,0/ dNd soit :

0;Npf w c’est-à-dire, le prix multiplié par la productivité marginale de

travail moins le salaire est égal à zéro. Dans ce cas, le prix de vente est égal au coût de revient. Cette dernière équation peut s’écrire de la manière suivante :

Nfp

w ;

p

w étant le salaire réel.

Page 126: Macroéconomie approfondie2016

La condition de maximisation du profit indique donc qu’il doit y avoir égalité entre le salaire réel et la productivité marginale du travail. Comme

la productivité marginale du travail diminue avec l’emploi ( 0Nf ), il

s’ensuit que l’accroissement de l’emploi nécessite l’abaissement du salaire

réel (la relation entre le nombre de travailleurs demandés DN et le salaire

réel est représentée par une droite sur le graphique ci-dessous).

Page 127: Macroéconomie approfondie2016

p

w

1

p

w

pw

fNO

p

w

pw

N D

1DN N 1

ON N

Équilibre sur le marché du travail et position néoclassique.

Page 128: Macroéconomie approfondie2016

Nous avons :

p

wND avec 0 ; cela veut dire que la demande du travail

(qui émane des entreprises) est fonction décroissante du salaire réel ;

p

wfNO avec 0f ; cela veut dire que l’offre du travail (qui

émane des travailleurs) est fonction croissante du salaire réel. Il y a équilibre sur le marché de l’emploi pour un niveau de salaire réel

.

p

w

Page 129: Macroéconomie approfondie2016

Explication du graphique :

Au niveau du salaire ,1

p

w la quantité de travailleurs demandée par les

entreprises est 1DN inférieure à l’offre de travail 1

ON ; il y a donc une

situation d’insuffisance de la demande (ou d’excès d’offre) ; le nombre de travailleurs désireux de travailler au taux de salaire considéré est supérieur au nombre de postes de travail proposés par les entreprises à ce même niveau de salaire. Cette situation doit se résoudre par une

diminution du prix : quand le salaire est revenu au niveau ,

p

w le

marché se trouve en équilibre ; le chômage a disparu par l’ajustement qui s’est produit sur le niveau du salaire réel. Pour les néoclassiques, ce sont les rigidités du salaire à la baisse qui sont responsables du chômage ; le salaire est très élevé, les organisations syndicales trop exigeantes (rigidités institutionnelles) ; l’ajustement à la baisse du salaire ne pouvant être réalisé, il apparaît un chômage : il s’agit du chômage « volontaire » car les travailleurs n’acceptent pas de travailler avec un salaire qui reflète la

situation du marché du travail ; d’où un chômage 1DN 1

ON .

Page 130: Macroéconomie approfondie2016

3.2. La position de Keynes La rupture essentielle avec la théorie néo-classique est que Keynes constate que les contrats de salaire portent sur les salaires nominaux et non sur les

salaires réels. L’offre de travail dépend donc du salaire nominal )( 0w et

non du salaire réel )/( 00 pw où 0p est le niveau des prix. Au niveau du

salaire )( 0w , l’offre du travail est infiniment élastique entre 0 et .N Ce qui

signifie qu’en dessous de ce seuil, le salaire nominal )( 0w et donc le salaire

réel )/( 00 pw sont indépendants du niveau de l’emploi ; une baisse de

l’emploi est sans conséquence sur le salaire. Par contre, bien que le salaire monétaire ne puise diminuer, il augmentera quand tous ceux désireux de

travailler à 0ww auront été employés et que davantage de travailleurs

sont nécessaires. En conséquence, la courbe d’offre de travail est fortement

croissante au-delà de .N Sur le graphique ci-dessous, la courbe de demande de travail coupe la courbe d’offre dans sa portion horizontale ; il est tentant (séduisant) de

voir dans l’écart NN1 une mesure de chômage, du nombre de travailleurs

souhaitant travailler à ce niveau de salaire )( 0w et ne trouvant pas de

travail.

Page 131: Macroéconomie approfondie2016

p

w

0p

wfN O

0

0

p

w

0p

wN D

1N N N Équilibre sur le marché du travail et position néoclassique.

Page 132: Macroéconomie approfondie2016

Deux remarques quant à la position réfutable de l’approche néoclassique de

Keynes peuvent être avancées :

non seulement Keynes ne dit pas qu’il faut que les salariés acceptent des baisses de

salaire pour augmenter l’emploi mais il ajoute qu’il est heureux que les salariés

s’opposent aux réductions de salaire. A la différence de l’analyse néoclassique, les

causes de chômage se situent non sur le marché de l’emploi, mais sur celui des

biens et services et sur celui de la monnaie ;

en opposition avec ses prédécesseurs néoclassiques, Keynes affirme que l’essentiel

du chômage ne peut être considéré comme « volontaire » mais au contraire

« involontaire ».

Page 133: Macroéconomie approfondie2016

0p

wfN O

p

w

0p

wfN O

DN

0

0

p

w

p

w

0

1N 2N N N

Équilibre sur le marché du travail et position keynésienne.

Page 134: Macroéconomie approfondie2016

Selon Keynes : « il existe des chômeurs involontaires si, en cas d’une légère hausse du prix des biens de consommation ouvrière par rapport aux salaires nominaux, l’offre globale de main d’œuvre disposée à travailler aux conditions courantes de salaire et la demande globale de main d’œuvre aux mêmes conditions s’établissent toutes deux au-dessus du niveau antérieur de l’emploi ». Explication du graphique : Que se passe-t-il s’il y a une légère hausse du prix des biens de

consommation ouvrière de 0p à p ? Les salaires nominaux restant

constants, la courbe d’offre de travail ON se déplace vers le bas, la courbe

de demande de travail DN reste au même niveau. Dans ces conditions, la

quantité de main-d’œuvre utilisée est plus élevée que dans le cas

précédent );( 12 NN dans ce cas il existait bien du « chômage

involontaire ». Envisageons maintenant une situation, représentée sur le graphique suivant :

Page 135: Macroéconomie approfondie2016

NO

p

w

DN

0

0

p

w N’O

p

w

0

DN 2N 1N N N

Hausse des prix, impact sur la demande du travail selon les néoclassiques.

Page 136: Macroéconomie approfondie2016

Explication : La légère hausse du prix des biens de consommation ouvrière entraîne comme dans le cas précédent, un déplacement vers le bas de la courbe d’offre de travail ; mais la courbe de demande de travail se déplace

également vers la gauche (en DN ) car la hausse des prix des biens de

consommation ouvrière a réduit le pouvoir d’achat des travailleurs et donc la demande de biens de consommation (la courbe de demande de travail n’est qu’une courbe de demande dérivée : les entreprises ne demandent de travail que parce qu’il y a une demande de biens à satisfaire). La quantité de travail effectivement employée après cette double modification est ici

encore 2N mais cette fois on a ;12 NN ici il n’y a donc pas de chômage

involontaire. Autrement dit, la seule observation de la situation initiale des courbes ne permet pas de déduire l’existence de chômage involontaire.

Page 137: Macroéconomie approfondie2016

3.3. L’inefficacité de la politique néoclassique des ajustements par les prix

Le retour au plein emploi selon les néoclassiques ne peut se faire que par la

baisse des prix sur tous les marchés. Il s’agit d’une baisse profitable pour les

salariés puisque ceux-ci peuvent demander plus de biens et services sur le marché

des produits. Ceci peut engendrer une augmentation de production. Le graphique

suivant montre à travers les courbes IS/LM comment on parvient à augmenter le

niveau de l’emploi et de revenu (en particulier le salaire réel, c’est-à-dire, le

pouvoir d’achat des travailleurs).

Page 138: Macroéconomie approfondie2016

LM0 i LM1 LM2 IS

0Y 1Y 2Y PEY Y

L’influence de l’expansion monétaire sur la baisse des prix et l’augmentation de l’emploi.

Page 139: Macroéconomie approfondie2016

Explication du graphique :

Le déplacement de la courbe LM n’est pas synonyme de l’expansion monétaire.

La baisse des prix a engendré une augmentation de l’encaisse réelle (M/p). Ceci

veut dire tout simplement que le pouvoir d’achat des consommateurs a augmenté.

Ceci peut se réaliser à condition qu’il n’y ait pas d’illusion monétaire (c’est-à-dire,

une baisse des prix qui est suivie d’une baisse des salaires plus importante).

La position keynésienne est que cette politique de baisse des prix ne peut être

efficace à cause de la trappe à la liquidité (causée par un niveau le plus bas de taux

d’intérêt). Ceci a pour conséquence la rigidité de l’investissement ou son

inélasticité.

Page 140: Macroéconomie approfondie2016

i LM0 LM1 LM2

Y PEY Y

L’inefficacité de la baisse des prix selon les keynésiens.

Page 141: Macroéconomie approfondie2016

Explication du graphique :

A un certain seuil de taux d’intérêt, le plus faible (le minimum qui correspond

à la trappe à la liquidité), toute baisse de prix devient inefficace car deux

phénomènes peuvent en résulter :

baisse de la consommation suite à la baisse des revenus à cause du niveau bas

des taux pratiqués sur les placements à termes et à cause aussi du manque de

confiance dans l’achat des obligations à prix très élevés ;

baisse de l’investissement qui provient notamment du manque de confiance de

public dans le système de production et d’épargne.

La solution keynésienne, en matière de politique économique, consiste alors

non pas à faire baisser les prix, mais faire augmenter les quantités. C’est donc le

principe de soutien à la demande effective. A cet effet, deux politiques peuvent

être à l’origine de cette politique économique : la politique budgétaire (et fiscale)

et la politique monétaire (et financière).

Page 142: Macroéconomie approfondie2016

Cas N° 4

Soit une économie keynésienne fictive se caractérisant par les relations entre les variables macroéconomiques exprimées dans les équations suivantes:

0

0

0

1

2

0,7 150

5880 350

550

750

7500

( ) 1,5

( ) 7350 150

d

S

C Y

I i

G G

T T

M M

L Y Y

L i i

a. Déterminer l’équation de la droite IS.

b. Déterminer l’équation de la droite LM.

c. Montrer que le couple d’équilibre de cette économie est (Y* = 108,37 ; i* = 8,37%).

En supposant qu’un revenu d’équilibre de 300 permettrait d’employer la totalité du capital humain de cette économie, une politique monétaire

expansive augmentant l’offre de monnaie de : 150SM suffirait-elle à

résorber totalement le chômage involontaire ?

Page 143: Macroéconomie approfondie2016

Correction Cas N° 4 :

a. Il faut tout d’abord définir les fonctions des courbes (droites dans notre cas) IS et LM : - la droite IS est l’ensemble des couples Taux d’intérêt/Revenu pour lesquels le marché des Biens et Services est à l’équilibre. Sur ce marché, le Taux d’intérêt est la variable déterminante et le Y la variable déterminée : lorsque le Taux d’intérêt varie, cela influence l’investissement et de facto le

revenu. - IS : Y = C + I + G

0 0

0 0

0 0

( )

(1 )

(1 )

Y C c Y T I gi G

c Y C I G cT gi

C I G cT giY

c

Page 144: Macroéconomie approfondie2016

La courbe IS peut s’interpréter ici de deux manières équivalentes :

Interprétation keynésienne : C’est le niveau de produit (ou de revenu) Y qui

équilibre le marché des biens étant donné le niveau de taux d’intérêt i. C’est alors le

niveau de l’épargne S qui s’ajuste au niveau de l’investissement I afin que soit

respectée l’égalité comptable Y = C + I + G, c'est à dire, S = I + (G - T).

Interprétation néoclassique : C’est le niveau du taux d’intérêt i qui équilibre le

marché des biens étant donné le niveau du produit (ou de revenu) Y. C’est alors le

niveau de l’investissement I qui s’ajuste au niveau de l’épargne S afin que soit

respectée l’égalité comptable Y = C + I + G, cd, S = I + (G - T).

Application numérique :

150 350 550 0,7 750 5880

(1 0,7)

525 58801750 19600

0,3

1750 19600

iY

iY i

Y i

Page 145: Macroéconomie approfondie2016

b.

- la droite LM est l’ensemble des couples Taux d’intérêt/Revenu pour lesquels le

marché de la monnaie est en équilibre. Comme Y est déterminé sur le marché des

biens et services, sur le marché monétaire, le Taux d’intérêt devient la variable

endogène (déterminée) et Y la variable exogène (déterminante) : lorsque Y varie, la

demande de monnaie de transaction en est affectée, ce qui se répercute sur le Taux

d’intérêt.

La demande de monnaie : (elle peut s’exprimer aussi en termes réels L/P et on peut

des fois lui adjoindre une demande incompressible de monnaie (L0), donc, elle

peut finalement s’écrire : ).

L’offre de monnaie est parfaitement exogène : Bank Al c'est à dire en assure

parfaitement le contrôle :

Page 146: Macroéconomie approfondie2016

0 1 2

2 0 1

( ) ( )

( ) ( )

S D

S

S

M M

P PM

L L Y L iP

ML i L L Y

P

L’équilibre sur le marché de la monnaie est alors celui qui assure l’égalité entre

l’offre de monnaie réelle et la demande de monnaie réelle :

Page 147: Macroéconomie approfondie2016

Si 2 0,L on aboutit alors à l’expression de la courbe LM (qui est un

ensemble de points exprimant les couples (i, Y)) suivante :

0 1

2 2 2

1 SL MLi Y

L L L P

Application numérique :

7500 1,5 7350 150

0,01 1

100 100

S DM M

Y i

i Y

Y i

c. Pour montrer que le couple (Y* = 108,37 ; i* = 8,37%) est l’équilibre de cette économie à travers sa représentation par le modèle IS/LM, il suffit d’égaliser les deux équations des deux courbes IS et LM. En effet, on a :

Page 148: Macroéconomie approfondie2016

: 1750 196000,0837 8,37% 108,37

: 100 100

IS Y ii Y

LM Y i

d. Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord définir le chômage volontaire. Ce dernier désigne une situation dans laquelle l’individu accepterait de travailler au salaire existant (courant, d’équilibre), mais ne se trouve pas à être embauché. Pour les néoclassiques, une réduction supplémentaire du salaire d’équilibre conduirait automatiquement à une réduction du chômage involontaire. Pour les économistes keynésiens, cette solution n’est valable qu’en équilibre partiel (sur un seul marché, celui de l’offre et de la demande du travail), ne durera que brièvement, ne touchera en réalité que très peu d’actifs au chômage. Elle est donc tronquée. Car, dès lors que cette situation n’a plus cours, la baisse du salaire peut affecter la demande globale et conduire les entreprises à licencier. De même, il semble logique selon les keynésiens que la source du chômage ne se trouve pas sur le marché du travail ; il faut la situer sur les marchés des biens et services et de la monnaie.

Page 149: Macroéconomie approfondie2016

Alors, si nous utilisons l’arme monétaire en augmentant l’offre de monnaie afin de réduire les taux d’intérêt et de relancer l’activité à travers la relance de la demande effective dans sa composante essentielle, c’est-à-dire,

l’investissement. Donc, désormais, SM augmentera de 150 et passera à:

0 7650SM M

Retrouvons donc le nouvel équilibre sur le marché de la monnaie :

7650 1,5 7350 150

0,01 2

200 100

S DM M

Y i

i Y

Y i

Page 150: Macroéconomie approfondie2016

Nous cherchons maintenant le nouvel point d’équilibre correspondant à l’intersection entre la courbe IS et la courbe LM. Nous égalisons en effet les deux équations des deux courbes IS et LM. On a :

: 1750 196000,0794 7,94% 207,94

: 200 100

IS Y ii Y

LM Y i

Nous constatons que cette expansion monétaire de 150 qui a permis effectivement une baisse de taux d’intérêt de 0,43% n’a pas suffit à atteindre le niveau du revenu souhaitable (300), càd, celui permettant le plein emploi du facteur travail.

Page 151: Macroéconomie approfondie2016

Chapitre 4. Le modèle IS/LM en Économie

Ouverte

Page 152: Macroéconomie approfondie2016

Jusqu’à une date assez récente, les thérapeutiques keynésiennes de politique

économique s’appliquaient avec succès pour un bon nombre de pays occidentaux.

Les économies de ces pays juste sorties de la seconde guerre mondiale étaient

complètement épuisées et détruites. Elles se sont trouvées dans une atmosphère

caractérisée par un repli et une quasi-fermeture sur le monde extérieur. En effet,

durant les trente glorieuses, toute politique utilisant le budget (politique

budgétaire) ou l’arme monétaire (politique monétaire expansive) était conçue,

même appuyée par des plans extérieurs de restructuration et d’aide, dans une

atmosphère de guerre idéologique et politique (guerre froide, etc.). Les effets

positifs de toute intervention de l’État utilisant ces instruments de politique

économique étaient ressentis localement.

Page 153: Macroéconomie approfondie2016

Mais, avec la montée de la mondialisation économique, l’intensification des

échanges commerciaux et la globalisation financière (mobilité de capitaux) durant

les années 1980 et 1990, les économies développées et moins développées de

l’après-guerre acceptaient de s’ouvrir de plus en plus sur le monde extérieur.

Le propos de Robert Mundell selon lequel : « le monde reste une économie

fermée, mais ses régions et pays sont de plus en plus ouverts… », reste toujours

d’actualité. L’ouverture économique et commerciale était et est considérée comme

une nécessité. Le « Big Bang » financier de la City (place financière de Londres),

les innovations financières introduites sur les marchés de capitaux américains,

l’engouement pour l’endettement souverain mais aussi privé a permis une

intégration financière sans précédent, tant avec ses avantages que ses

inconvénients.

Page 154: Macroéconomie approfondie2016

L’objet de ce chapitre est de traiter ou d’étudier les politiques conjoncturelles

(politique budgétaire et politique monétaire) dans le cadre d’une petite économie

ouverte avec mobilité parfaite et sans restriction des capitaux et où le niveau du

taux d’intérêt national est déterminé par un taux qui prévaut au niveau

international.

Robert Mundell dans son article de 1963 « Exchange Rate Depreciation, Financial

Policy and the Domestic Price Level » et Marcuse Fleming dans son article de

1962, « Capital Mobility and Stabilization Policy under Fixed and Flexible

Exchange Rates », ont indépendamment exposé et étendu le modèle IS/LM à une

économie ouverte.

Page 155: Macroéconomie approfondie2016

Comme le modèle IS/LM, le modèle Mudell-Fleming fait l’hypothèse forte de

l’érogénéité de l’inflation à court terme. Autrement dit, le niveau des prix est une

donnée, est une variable exogène, explicative du modèle. Cela permet d’étudier les

sources de fluctuations à court terme du revenu agrégé et partant de la demande

agrégée. De même, l’un des intérêts cruciaux du modèle de Mundell-Fleming est

que le comportement et l’évolution d’une économie quelconque dépendent de sa

capacité à gérer son régime de change.

Section 1. Le modèle de base de Mundell-Fleming

La formulation de Mundell-Fleming est une formulation d’équilibre général (ou

global) d’un pays avec une ouverture sur l’extérieur, couplée à la fois de

mouvements de biens et d’une mobilité parfaite de capitaux. La formulation

initiale est un modèle de synthèse néoclassique, Hicks-Hansen (IS/LM) en

économie ouverte.

Page 156: Macroéconomie approfondie2016

Le début des années 1960 formait à peine une époque ayant permis une

croissance économique assez soutenue et quasiment dans tous les secteurs, le

niveau de vie des populations occidentales commençait à s’améliorer sensiblement.

Les échanges de marchandises entre pays était plus ou moins limité et concernaient

moins les produits manufacturés ; ils portaient essentiellement sur les matières

premières et les biens semi-finis. Les régimes de change étaient fixes. Le flux des

capitaux étrangers étaient très limité. La quasi-totalité des économistes

n’envisageaient pas d’étendre l’analyse de la politique économique dans un

système de change autre que celui jadis dominait à l’époque.

Page 157: Macroéconomie approfondie2016

En revanche, une politique monétaire expansive devient, sous les mêmes

conditions, largement plus efficace. En effet, la baisse des taux d’intérêt consécutive

à une expansion de la masse monétaire décourage l’entrée des investissements de

portefeuille (obligations et bons d’État) et favorise la fuite de capitaux étrangers.

Cela entraîne en conséquence une baisse du taux de change de la monnaie nationale

qui, à son tour, relance les exportations et appelle la reprise de l’activité

économique.

Que se passe-t-il dans l’hypothèse d’un régime de change fixe ? Les effets de

toute action de politique économique conjoncturelle s’inversent : une politique

budgétaire expansive tend à rehausser le niveau des taux d’intérêt mais sans

conséquence sur celui du taux de change qui reste stable. Une politique monétaire

expansive fait baisser le taux d’intérêt qui engendre une sortie de capitaux sans pour

autant que le taux de change soit affecté. Le danger qui pourra éventuellement en

résulter demeure néanmoins la possibilité d’un épuisement, d’un tarissement total

des réserves.

Page 158: Macroéconomie approfondie2016

L’hypothèse de fixité pure des monnaies semble aujourd’hui être révolue. Les

monnaies, dans leur fonctionnement, sont interdépendantes. Les monnaies

accessoirement fortes (l’euro, le yen, le franc suisse, la livre sterling, etc.)

dépendent étroitement de la monnaie la plus forte (le dollar). Celle-ci, en tant que

moyen de paiement le plus utilisé au niveau international oblige les autres devises à

s’y attacher, à exprimer une bonne partie de réserves mondiales de tous les pays du

monde en billet vert. Les rouages du SMI (système monétaire international) sont

fondés sur une unité de compte en premier et en dernier ressort sur le dollar. Même

les DTS (Droits de Tirage Spéciaux) sont exclusivement convertibles (ou

transformables) en dollar. Les monnaies les plus faibles (le Franc CFA, le Dinar, le

DH, etc.) n’existent et ne prévalent que localement pour servir d’instrument

d’échange pour les transactions internes. Les monnaies des pays émergents (Russie,

Chine, Inde, Brésil, Afrique de Sud, etc.) tentent de s’autonomiser mais avec

beaucoup de difficultés.

Page 159: Macroéconomie approfondie2016

Il en découle que le système monétaire et de change mondial est amplement

hiérarchisé, à l’image d’une pyramide : au sommet, on trouve la bonne monnaie, le

dollar, au milieu (au flanc ?), les monnaies internationales peu utilisées comme

l’euro, le yen, la livre et le franc suisse, juste au-dessus de la base, les monnaies

régionales comme le rouble, le yuan, le ringgit, le rial, et à la base les monnaies

locales africaines, du monde arabe et des petits pays asiatiques et de l’Amérique

Latine.

Cette hiérarchisation monétaire en appelle une autre, la hiérarchisation financière et

de financement. Les marchés financiers américains (Wall Street) dominent les

autres marchés mondiaux.

Cette globalisation en chaîne de la finance de marché aboutit par l’ouverture

forcée à la dépendance financière (dette souveraine, paniques bancaires, recours à

l’emprunt en dernier ressort des instances internationales FMI et Banque Mondiale,

etc.) mais aussi commerciale.

Page 160: Macroéconomie approfondie2016

L’hypothèse forte d’une petite économie totalement ouverte sur l’extérieur avec

une mobilité parfaite des capitaux

Dans cette économie, de taille petite, le taux d’intérêt national i est y déterminé en

se référant au taux d’intérêt mondial i* : i = i*

Le taux d’intérêt mondial i* est considéré pour cette petite économie ouverte

comme une donnée exogène dans la mesure où cette dernière ne peut exercer

aucune influence sur son niveau[1]. Elle peut en outre, à chaque instant qu’elle le

souhaitera, emprunter (et prêter) sans limite.

En revanche, des écarts d’ajustement peuvent être observés de temps à autre

entre i et i* : lorsque le niveau de l’épargne nationale est assez faible, le taux

d’intérêt i pourra en conséquence augmenter et s’écarter provisoirement du taux

mondial.

Page 161: Macroéconomie approfondie2016

Et comme cette économie est largement ouverte sur l’extérieur, les capitaux

étrangers cherchant une meilleure rémunération peuvent s’affluer en profitant de la

hausse du taux. La conséquence en est le retour à l’équilibre de taux i pour s’ajuster

et se caler, toute chose égale par ailleurs, sur le taux i*. De même, lorsque le niveau

de l’épargne est assez important et celui de l’investissement est au contraire assez

faible (à cause du manque des opportunités d’investissement), cela entraîne

immédiatement une fuite (ou sortie) des capitaux induisant un réajustement du taux

d’intérêt national à la hausse pour retrouver son niveau d’équilibre : i = i*

[1] Une goute d’eau dans l’océan.

Page 162: Macroéconomie approfondie2016

1.1.1. Les conditions d’équilibre sur le marché des biens et services : la courbe IS*

*, ,X YY C Y T I i G e M Y e

*,Y C Y T I i G XN Y e

[aa]

Suivant cette équation, le produit global (la production agrégée et implicitement le niveau global du revenu) est la somme de la consommation C (fonction de comportement), de l’investissement I (fonction de comportement), de la dépense budgétaire G et des exportations nettes XN. La consommation est une fonction croissante du revenu disponible. L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt. Les exportations nettes sont une fonction décroissante du taux de change e, défini, comme vu antérieurement, comme la quantité de devises étrangères par unité de monnaie nationale, soit, par exemple e = 100 dirhams par dollar.

Page 163: Macroéconomie approfondie2016

Dans la littérature, il est commode de lier les exportations nettes d’importations au taux de change réel (TCR). Il est communément simple de distinguer le taux de change nominal qui est un taux exprimant le rapport entre la monnaie nationale et la devise étrangère du taux de change réel qui est un taux exprimant le rapport d’échange (exprimé en termes de prix relatifs entre les biens et services nationaux et les biens et services étrangers. Si e est le taux de change

nominal, le taux de change réel er est égal à : ,rPe e

P où P est le niveau

général des prix intérieurs et Pest le niveau général des prix étrangers. Dans le modèle Mundell-Fleming, on suppose constants les niveaux des prix intérieurs et étrangers. Cela nous amène à constater que le taux de change réel est proportionnel au taux de change nominal. Ainsi, si la monnaie nationale se déprécie et le taux de change nominal diminue en passant de 0,12 à 0,10 euro par dirham par exemple, le TCR diminue également et proportionnellement. En effet, les biens étrangers dans ce cas deviennent plus chers par rapport aux biens intérieurs et cela entraîne une amélioration des exportations et une chute des importations.

Page 164: Macroéconomie approfondie2016

A partir de l’équation [aa], ci-dessus, en admettant que la mobilité des capitaux est parfaite (i = i*), l’équilibre sur le marché des biens et services est le suivant :

*Y C Y T I i G XN e [bb]

Cette équation, reflétant l’équilibre sur le marché des biens et services, peut être visualisée par une courbe reliant le revenu en abscisse et le taux de change en ordonnée :

Page 165: Macroéconomie approfondie2016

Exportations Nettes, XN

Y1 Y2

e1

? XN

e1

e2 e2

Taux de change, e

Taux de change, e

Revenu, Production, Y

Revenu, Production, Y

Dépenses

Y2 Y1

Dépense prévue

Dépense effective

XN(e2) XN(e1)

IS*

45°

1. La hausse de taux de change…

2. fait diminuer les exportations nettes…

3. fait déplacer vers le bas la courbe de dépense prévue…

4. …et réduit le revenu.

5. La courbe IS* synthétise les variations de l’équilibre sur le marché des biens.

Fig. ??? La courbe IS* en économie ouverte.

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 416.

EXPLICATION : La courbe IS* se dérive ou se déduit à la fois de la courbe des exportations nettes et

du diagramme à 45°de l’équilibre keynésien. L’enchaînement (ou la logique) de cette déduction est le suivant : Toute hausse de taux de change de la monnaie nationale (de e1 à e2) entraîne une baisse des exportations nettes [voir le point A],

une baisse de la dépense prévue et de revenu [voir le point B]. Le point [C] synthétise cette relation

(illustrée dans la courbe IS*) entre le niveau du taux de change e et celui de revenu Y.

A. LE POINT DE

DEPART : LA

COURBE DES

EXPORTATIONS

NETTES

B. L’EQUILIBRE

KEYNESIEN : BAISSE DE LA

DEMANDE

EFFECTIVE

C. LA COURBE IS*

Page 166: Macroéconomie approfondie2016

1.1.1. Les conditions d’équilibre sur le marché monétaire : la courbe

LM

A partir de l’équation de la courbe LM du modèle IS/LM en économie fermée, nous pouvons tirer l’équation qui représente la courbe LM (en termes réels) dans sa version Mundell-Fleming :

,M L i YP [cc]

Cette équation reflète l’équilibre sur le marché monétaire entre l’offre

réelle de monnaie (les encaisses réelles : MP ) et la demande de

monnaie ( , )L i Y . La demande de monnaie est une fonction décroissante

du taux d’intérêt et une fonction croissante de revenu : les agents demandent moins de monnaie lorsque le taux d’intérêt est élevé et demandent plus de monnaie lorsque le revenu est élevé. L’offre de monnaie est exogène car elle est supposée parfaitement déterminée par les autorités monétaires (la banque centrale) qui en compose la quantité d’une manière indépendante et neutre.

Page 167: Macroéconomie approfondie2016

De même, étant donné que le modèle de Mundell-Fleming étudie les fluctuations économiques dans le cadre de court terme, il suppose de facto le caractère exogène du niveau général des prix. En effet, si i = i*, l’équation d’équilibre du marché monétaire se réécrit

comme suit :

*,M L i YP [dd]

Page 168: Macroéconomie approfondie2016

LM Taux d’intérêt, i

Taux de change, e

LM*

Revenu, Production, Y

Revenu, Production, Y

i = i*

1. La condition d’équilibre du marché monétaire.

2. …avec le niveau du taux d’intérêt mondial, considéré comme exogène.

3. …déterminent le niveau du revenu indépendamment du taux de change.

Fig. ??? La courbe LM* en économie ouverte.

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 417.

EXPLICATION : Si le taux d’intérêt est supposé se caler sur le taux mondial (i devient de facto exogène) et la courbe LM conventionnelle coupe la droite (i = i*), cette intersection

détermine le niveau de revenu indépendamment du taux de change. L’équilibre sur le marché monétaire LM se détermine lui aussi d’une manière exogène et indépendamment du

niveau du taux de change.

Page 169: Macroéconomie approfondie2016

1.1.3. Équilibre conjoint des marchés

En combinant les deux marchés (les deux équilibres ou les deux équations

d’équilibre des marchés) des biens et services et de la monnaie, nous obtenons le

modèle de base de Mundell-Fleming. Ce modèle décrit l’équilibre simultané d’une

petite économie ouverte sous l’hypothèse d’une parfaite mobilité des capitaux.

**

* *

:

, :

XN e ISY C Y T I i G

M L i Y LMP

Page 170: Macroéconomie approfondie2016

Les variables exogènes dans les deux équations d’équilibre sont : G, T, M, P et

i*. Les variables endogènes sont : Y et e.

L’équilibre combiné des deux marchés nous renseigne sur l’état global, sous

l’ouverture et la parfaite mobilité des capitaux, des variables macroéconomiques ;

le point d’intersection des deux courbes (IS* et LM*) reflète un niveau de revenu

d’équilibre (et implicitement celui de la production) sous la condition d’un niveau

de taux de change d’équilibre.

Page 171: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

LM*

Revenu, Production, Y

Taux de change d’équilibre.

Fig. ??? Equilibre conjoint dans le cadre du modèle de Mundell-Fleming

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 418.

EXPLICATION : L’équilibre conjoint des deux marchés, celui des biens et services et celui de

la monnaie détermine un niveau de revenu issu des conditions de production et de demande des biens au niveau national et international. La demande et l’offre des biens et

services au niveau international dépendent du niveau de taux de change de cette économie complètement ouverte, avec mobilité parfaite des capitaux.

IS*

Revenu d’équilibre.

Page 172: Macroéconomie approfondie2016

Le modèle de Mundell-Fleming : le cas d’une petite économie ouverte

sous le régime de taux de change flottant

Une petite économie ouverte sur le monde doit mesurer l’impact de sa politique

économique, financière et commerciale sur l’ensemble des secteurs institutionnels

(agents économiques).

Une économie qui s’engage dans un processus d’intégration économique et

commercial international doit aussi s’engager dans un processus monétaire et de

change qui lui semble adapté pour réussir le pari de croissance et de

développement.

Le régime du flottement des monnaies est considéré comme le plus répandu parmi

les nations du monde.

Page 173: Macroéconomie approfondie2016

Dans le cas d’un régime de flottement pur, le taux de change s’ajuste

automatiquement, par la voie de la loi de l’offre et de la demande, en réaction

spontanée et immédiate aux variations et aux changements dans les conditions

économiques. Un équilibre simultané sur le marché des biens et services et sur le

marché des capitaux s’en résulte. Par feed back (enchaînement circulaire), toute

variation engendrant un déséquilibre sur ces deux marchés (marché des biens et

marché des capitaux), aboutit par un mécanisme de transmission direct à un

changement dans la valeur d’équilibre e sur le marché de change.

Page 174: Macroéconomie approfondie2016

La politique budgétaire

Le modèle de Mundell-Fleming précise qu’en régime de taux de change flottant,

toute politique budgétaire expansive (hausse des dépenses publiques ou baisse des

impôts) déplaçant la courbe IS* vers le haut et à droite n’a pas d’impact sur le

niveau du revenu qui demeure inchangé. La cause en est la verticalité de la courbe

LM*.

L’application de cette même politique budgétaire, expansive, dans le cadre d’une

économie fermée nous donne un effet contraire : une hausse de revenu. Le

mécanisme de cette élévation de revenu agit sur le niveau des taux d’intérêt qui ne

cesse d’augmenter entraînant de facto un accroissement de la demande de monnaie.

Page 175: Macroéconomie approfondie2016

A l’opposé, dans le cadre d’une économie fermée, toute élévation du taux

d’intérêt national, i excédant le taux d’intérêt mondial i* entraîne un afflux massif

de capitaux étrangers sur le territoire national. Cet afflux massif entraîne en

conséquence une appréciation de la monnaie nationale, c’est-à-dire, un

accroissement du taux de change qui influe négativement sur les exportations (les

prix des biens intérieurs se trouvent renchéris) et sur le niveau des revenus.

L’impact positif d’une politique budgétaire expansive sur le niveau des revenus se

trouve neutralisé (compensé) par l’impact négatif du mouvement des capitaux sur

les exportations.

Page 176: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e LM*

Revenu, Production, Y

2…ce qui accroît le taux de change… d’équilibre.

Fig. ??? La politique budgétaire expansive en régime de flottement des monnaies

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 420.

EXPLICATION : Une hausse des dépenses budgétaires (ou une baisse des impôts), déplaçant

la courbe IS* en haut et à droite, engendre une hausse du taux de change et une stagnation

du niveau de revenu.

IS*1

3… et laisse le revenu inchangé.

IS*2

1. Une politique budgétaire expansive déplace la courbe IS* en haut et à droite…

Page 177: Macroéconomie approfondie2016

La politique monétaire

Supposons un accroissement de l’offre de monnaie décidé par la banque

centrale. Supposons aussi que le niveau général des prix est resté constant (rigidité

des prix à la hausse). Dans ces conditions, toute offre supplémentaire de monnaie

induit un accroissement dans les encaisses réelles. D’un point de vue graphique,

cela se traduit par le déplacement à droite de la courbe (droite) LM qui engendre

en conséquence à la fois une hausse de revenu et une baisse du taux de change.

En économie fermée, le mécanisme de transmission qui permet la hausse du

revenu est la baisse du taux d’intérêt. En économie ouverte, ce sont les

mouvements de capitaux qui engendrent une hausse de revenu et une baisse du

taux de change ; le taux d’intérêt étant fixé et calé (tôt ou tard) sur celui observé au

niveau mondial.

Page 178: Macroéconomie approfondie2016

Sur le court terme, si les autorités monétaires font tout pour que le niveau du

taux d’intérêt national baisse, la réaction des investisseurs internationaux est

immédiate : ils quittent avec leurs devises le territoire national à la recherche d’une

meilleure rémunération à l’étranger. Cette sortie immédiate de capitaux impacte et

empêche le taux d’intérêt national i de baisser en-dessous du taux d’intérêt mondial

i*. Comme la sortie de devises persiste sur le court terme, cela enclenche une

baisse du taux de change de la monnaie nationale et de facto une hausse des

exportations et une baisse des importations. Le résultat de ce processus en est la

hausse du revenu.

Page 179: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

LM*1

Revenu, Production, Y

2. … ce qui réduit le taux de change…

Fig. ??? La politique monétaire expansive en régime de flottement des monnaies

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 421.

EXPLICATION : Une hausse de l’offre de monnaie déplace la courbe LM vers la droite, ce qui

réduit le taux de change et accroît le revenu.

IS*

3. … et accroît le revenu.

LM*2

1. Une politique monétaire expansive déplace la courbe LM* vers la droite…

Page 180: Macroéconomie approfondie2016

La politique commerciale

Supposons que le gouvernement de cette petite économie ouverte décide de

mener une politique commerciale volontariste consistant à booster ses exportations

par le moyen d’une hausse des droits de douane (barrières tarifaires) ou par le

contingentement (barrières non tarifaires). Une réduction des importations est

synonyme d’un accroissement des exportations nettes. Provisoirement,

l’augmentation des exportations nettes engendre une hausse du revenu qui à son

tour entraîne une hausse de la demande de monnaie et parallèlement celle du taux

d’intérêt d’équilibre (i > i*). Cette hausse substantielle du i pousse les capitaux

étrangers à affluer sur le territoire national, ce qui, à terme, mène à l’égalisation

(retour à l’équilibre) du taux d’intérêt : (i = i*).

Page 181: Macroéconomie approfondie2016

Graphiquement cela se traduit par le déplacement vers la droite de la courbe

des exportations nettes. Ceci impacte positivement le niveau des dépenses

publiques qui ne cessent d’augmenter entraînant par la même dynamique le

déplacement à droite de la courbe IS*. Mais, à cause de la verticalité de la courbe

LM*, pour l’unique raison de la rigidité du taux d’intérêt (qui se cale sur celui

observé au niveau mondial), le déplacement de la courbe IS* à droite n’engendre

qu’une augmentation du niveau de taux de change sans pour autant occasionner

un accroissement du revenu.

Page 182: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

LM*

Revenu, Production, Y

3…et accroît le taux de change… d’équilibre.

Fig. ??? La politique commerciale de restriction des échanges en régime de flottement des monnaies

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 422.

EXPLICATION : Une hausse des droits de douane entraîne une hausse des exportations nettes et

fait déplacer la courbe IS* vers la droite causant par là une hausse du taux de change et laissant

inchangé le niveau de revenu.

IS*1

4… et laissant inchangé le revenu IS*

2

2. …ce qui déplace vers la droite la courbe IS*…

Taux de change, e

Exportations Nettes, XN

1. Une restriction des échanges déplace la courbe XN vers la droite…

XN2 XN1

Page 183: Macroéconomie approfondie2016

Le modèle de Mundell-Fleming : le cas d’une petite économie ouverte

sous le régime de taux de change fixe

Le régime de fixité de change des monnaies est issu des accords de Bretton-

Woods. Ce régime consiste à fixer et surtout à défendre une parité fixe de la

monnaie nationale par rapport aux autres devises étrangères. La banque centrale est

là, sur le marché de change, en permanence pour soutenir par l’achat (lorsque le

cours de la monnaie nationale baisse) et par la vente (lorsque le cours de la monnaie

nationale augmente) de la monnaie nationale.

D’un point de vue technique, toute fixation du taux de change par les autorités

monétaires (la banque centrale) est source d’une détermination ou baromètre de

l’offre de monnaie. Deux cas peuvent se présenter : le cas où le taux de change de la

monnaie nationale devrait être fixé à un niveau supérieur à celui du taux de change

d’équilibre sur le marché et le cas où le taux de change de la monnaie nationale

devrait être fixé à un niveau inférieur à celui du taux de change d’équilibre.

Page 184: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

Revenu, Production, Y

Fig. ??? Comment le taux de change fixe régit l’offre de monnaie

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 424.

EXPLICATION : Au graphique A, le taux de change d’équilibre est supérieur au taux de change fixe (fixé

par la banque centrale). Dans ce cas, les arbitragistes (ou les traders) vendent, en réalisant un profit,

les devises, la banque centrale vendent de la monnaie nationale en contrepartie (création de la monnaie centrale). D’où, le déplacement de la courbe LM* vers la droite, la réduction du taux de

change et la hausse de revenu. Au graphique B, le taux de change d’équilibre est inférieur au taux de

change fixe. Dans ce cas, les arbitragistes (ou les traders) vendent, en réalisant un profit, la monnaie nationale, la banque centrale vendent en contrepartie les devises (destruction de la monnaie centrale). D’où, le déplacement de la courbe LM* vers la gauche, l’élévation du taux de change et la baisse de

revenu. Lorsque nous parlions du taux de change fixe, nous faisons allusion au taux de change nominal. Le taux de change réel est décrit et appréhendé plutôt sur un horizon temporel assez important. Par ailleurs, il est à noter que sur le moyen et long terme, les prix deviendront assez flexibles et le taux de change réel se modifie assez amplement alors que le taux de change nominal est resté quasiment

inchangé. La mesure de la compétitivité d’une économie doit en effet se baser sur le taux de change réel puisque le taux de change nominal n’influence aucune variable réelle ; il n’agit que sur l’offre de monnaie. Le modèle de Mundell-Fleming, qui est un modèle de court terme, a cette faiblesse de considérer le niveau des prix invariable. L’économie marocaine, assez ouverte sur l’extérieur et dont le taux de change est fixé par rapport à un

panier (un niveau de flottement géré déguisé) ressemble assez à ce modèle de petite économie ouverte de Mundell-Fleming.

IS*

LM*1 LM*2

Taux de change, e

LM*1 LM*2

Revenu, Production, Y

IS*

Taux de change fixe

Taux de change D’équilibre

Taux de change d’équilibre

Taux de change fixe

Graphique B Graphique A

Page 185: Macroéconomie approfondie2016

La politique budgétaire et politique monétaire en régime de fixité de

change

Toute politique budgétaire expansive (accroissement des dépenses publiques et/ou

réduction des impôts) en régime de fixité de taux de change induit (par le

déplacement vers le haut et à droite) une hausse de taux de change. Mais, comme

nous sommes dans un régime de fixité, l’Etat, à travers la banque centrale est

amené à vendre (acheter) de la monnaie nationale (les devises) en répondant à la

forte demande de monnaie nationale (offre de devises étrangères), celle exprimée

par les arbitragistes sur le marché. Ce processus d’offre de monnaie (expansion

monétaire) des autorités engendre le déplacement de la courbe LM* vers la droite.

A l’opposé de la situation décrite dans le cadre du régime de change flexible, la

politique budgétaire expansive sous le régime de fixité de change occasionne un

accroissement de revenu.

Page 186: Macroéconomie approfondie2016

Si maintenant l’Etat, à travers la banque centrale, s’efforce d’accroître l’offre de

monnaie en émettant des titres (bons de Trésor) sur le marché monétaire. Cela se

traduit, graphiquement, par le déplacement de la courbe LM* vers la droite et par la

baisse du taux d’intérêt national. Comme le taux d’intérêt national doit se caler sur

celui observé au niveau mondial, cela engendre, à court terme, une sortie de devises

qui influe, de facto et négativement, sur la baisse du taux de change d’équilibre.

Page 187: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

LM*1

Revenu, Production, Y

2. … une expansion budgétaire déplace vers la droite la courbe IS* ...

Fig. ??? La politique budgétaire expansive sous le régime de change fixe

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 426.

EXPLICATION : Une politique budgétaire expansive hausse de l’offre de monnaie déplace la

courbe IS vers la droite. Pour maintenir inchangé le taux de change, la banque centrale doit

accroître l’offre de monnaie, ce qui déplace vers la droite la courbe LM. En conséquence, à l’opposé de ce qui survient sous le régime de taux de change flottant, régime de change fixe, l’expansion budgétaire accroît le revenu.

IS*1 1. … avec un taux de change fixe…

LM*2

3. ce qui induit un déplacement de la courbe LM*.

4. … et accroît le revenu.

IS*2

Page 188: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

LM*1

Revenu, Production, Y

Fig. ??? La politique monétaire expansive sous le régime de change fixe

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 427.

EXPLICATION : Si la banque centrale est amenée à accroître l’offre de monnaie, elle pousse à

la baisse du taux de change. Pour maintenir la condition de fixité de leur monnaie, les autorités monétaires vendent les devises (ou achètent de la monnaie nationale). Cela se traduit par le retour de la courbe LM et du taux de change vers leur position initiale. En

effet, il est à remarquer que la politique monétaire expansive, sous le régime de change fixe, n’a pas d’effet sur les variables réelles.

IS*

Taux de change fixe.

LM*2

Page 189: Macroéconomie approfondie2016

Comme le dit Mankiw, « dans le modèle de Mundell-Fleming, une dévaluation

déplace la courbe LM vers la droite, tout comme une hausse de l’offre de monnaie

en régime de taux de changes flottants. De ce fait, la dévaluation accroît les

exportations nettes et augmente le revenu agrégé. A l’inverse, une réévaluation

déplace vers la gauche la courbe LM*, ce qui réduit les exportations nettes et le

revenu agrégé »[1].

[1] Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 427.

Page 190: Macroéconomie approfondie2016

La politique commerciale sous le régime de fixité de change

Supposons que le gouvernement de cette petite économie ouverte décide de

mener une politique commerciale volontariste consistant à restreindre ses

importations par le moyen d’une hausse des droits de douane (barrières tarifaires)

ou par le contingentement (barrières non tarifaires). Une réduction des

importations est synonyme d’un déplacement vers la droite, à la fois de la courbe

des exportations nettes et de la courbe IS*. Cela engendre une augmentation du

niveau de taux de change d’équilibre. Pour maintenir ce dernier inchangé, les

autorités monétaires doivent répondre par une augmentation de l’offre de monnaie,

ce qui fait décaler la courbe LM* vers la droite.

Comme le mentionne Mankiw, « le résultat des politiques commerciales restrictives en

régime de taux de changes fixes est différents de celui que l’on a constaté en régime de taux

de changes flottants. (…) en régime de taux de changes fixes, la restriction des échanges

provoque une expansion monétaire plutôt qu’une hausse du taux de change. A son tour,

l’expansion monétaire accroît le revenu agrégé ».

Page 191: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

LM*1

Revenu, Production, Y

2. … une restriction des échanges déplace vers la droite la courbe IS* ...

Fig. ??? La restriction des échanges sous le régime de change fixe

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 429.

EXPLICATION : Une politique commerciale restrictive déplace vers la droite la courbe IS*. La

hausse de l’offre de monnaie est alors nécessaire pour maintenir inchangé le taux de change. La conséquence en est une hausse du revenu agrégé.

IS*1 1. … avec un taux de change fixe…

LM*2

3. ce qui induit un déplacement de la courbe LM*.

4. … et accroît le revenu.

IS*2

Page 192: Macroéconomie approfondie2016

Section 2. Le différentiel de taux d’intérêt

Le modèle de Mundell-Fleming de base fait l’hypothèse forte de l’égalisation

des taux d’intérêt mondiaux lorsqu’il s’agit d’une petite économie ouverte sur

l’extérieur et avec une mobilité parfaite des capitaux. La réalité semble être toute

autre d’un pays à l’autre. Il existe, certes, des différences, parfois substantielles,

entre d’une part les grandes économies elles-mêmes, les petites économies elles-

mêmes et entre les premières et les dernières d’autre part.

Page 193: Macroéconomie approfondie2016

2.1. Le rôle des anticipations des taux de change et des anticipations des

agents dans la formation du différentiel des taux d’intérêt

Les anticipations des taux de change par les agents économiques sont liées à des

facteurs objectifs tels que la dépréciation de la monnaie nationale, la baisse des

réserves de change, le manque de compétitivité et de réactivité des économies

nationales. Les anticipations à la hausse ou à la baisse des taux d’intérêt peuvent

être amplifiées par le manque ou l’excès de confiance et de crédibilité.

Si les anticipations confirment le caractère morose d’une économie et le

caractère dégradant de la valeur de sa monnaie, les agents prêteurs exigent des

taux d’intérêt élevés.

De même, en cas de troubles sociaux, économiques et politiques (risque-pays

et risque politique) causant une méfiance des investisseurs, les taux d’intérêt

peuvent augmenter très sensiblement dans le but d’octroyer une prime de risque

conséquente à ces derniers en contrepartie de cette prise de risque d’un éventuel

défaut de paiement.

Page 194: Macroéconomie approfondie2016

2.2. Le différentiel de taux d’intérêt dans le modèle de Mundell-Fleming Pour intégrer le différentiel de taux d’intérêt dans le modèle de Mundell-Fleming, il faut tenir compte de la prime de risque (θ) que peuvent exiger les investisseurs en prêtant leurs fonds en faveur d’une petite économie ouverte :

*i i Le modèle qui en résulte est formulé comme suit :

**

* *

:

, :

XN e ISY C Y T I i G

M L i Y LMP

En se référant aux conditions d’exogénéité des prix et de la prime de risque, toute politique budgétaire, toute politique monétaire, ces deux équations déterminent le niveau de production (et implicitement celui de revenu) et du taux de change qui établissent l’équilibre sur le marché des produits et sur le marché de la monnaie.

Page 195: Macroéconomie approfondie2016

équations déterminent le niveau de production (et implicitement celui de

revenu) et du taux de change qui établissent l’équilibre sur le marché des produits

et sur le marché de la monnaie.

Pour toute valeur de θ donnée, les politiques conjoncturelles (politique

budgétaire, politique monétaire et politique commerciale) ont les mêmes

conséquences précédemment citées.

Prenons le cas d’une forte instabilité politique et sociale d’un petit pays ouvert

sur l’extérieur. Ce cas de figure peut facilement engendrer l’exigence d’une hausse

de la prime de risque θ qui entraîne à son tour la hausse du taux d’intérêt national i.

Les deux conséquences directes sur les variables réelles (l’investissement et la

production) qui en découlent sont décrites dans le graphique (Fig. ???) ci-dessous :

Page 196: Macroéconomie approfondie2016

Taux de change, e

LM*1

Revenu, Production, Y

1. Quant une hausse de la prime de risque conduit à un accroissement du taux d’intérêt, la courbe IS* se déplace vers la gauche, …

IS*2

3. … ce qui se traduit par une baisse du taux de change

LM*2

2. et la courbe LM*se déplace vers la droite,…

4. … et une hausse de revenu.

IS*1

Fig. ??? La politique budgétaire expansive sous le régime de change fixe

Source : Mankiw, G., Macroéconomie, De Boeck, 2013, p. 426.

EXPLICATION : La première conséquence de la hausse de θ et corrélativement de i est la baisse de l’investissement qui fait déplacer la courbe IS* vers la gauche. La seconde

conséquence est la suivante : le niveau élevé du taux d’intérêt entraîne une réduction de la demande de monnaie, déplaçant par la même occasion la courbe LM* vers la droite qui à

son tour fera baisser le taux de change et de coup entraînera l’élévation de la production qui serait substantiellement appuyée par les exportations à condition bien sûr que l’hypothèse de la rigidité des prix est maintenue.

Page 197: Macroéconomie approfondie2016

Conclusion

Ces analyses sont d’une relativité importante. Les politiques économiques

poursuivies dépendent de la réactivité des décideurs, de la réaction des agents, des

délais, des contextes nationaux et internationaux, etc.

Page 198: Macroéconomie approfondie2016

Chapitre 5.

Dilemme Inflation/Chômage : La Relation

de Phillips

Page 199: Macroéconomie approfondie2016

Keynes dans son « Traité de la monnaie »a fait une analyse stricte et

pédagogique de l’inflation dont les économistes keynésiens et néokeynésiens se

sont inspirés pour appréhender le dilemme l’inflation/chômage.

Page 200: Macroéconomie approfondie2016

Section 1. L’apport de Keynes : l’inflation par la demande et

l’inflation par les coûts

Pour Keynes, l’inflation n’est pas uniquement un phénomène monétaire. Il en

tire deux causes : l’une provient de revenu (inflation par les couts) et l’autre de

profit (dénommée par la suite, inflation de demande). De ces deux types

d’inflations, seule la deuxième est d’origine monétaire. L’inflation par les coûts

quant à elle dépend des facteurs institutionnels et sociologiques qui déterminent la

fixation des salaires nominaux.

De ces deux causes d’inflation, Keynes en tire des thérapeutiques en matière de

politique monétaire à mettre en œuvre. Les autorités monétaires exercent une

action directe sur l’inflation de profit (de demande). Par contre, elles ne peuvent

agir qu’indirectement sur l’inflation du revenu (par les coûts).

Page 201: Macroéconomie approfondie2016

En effet, quand on a affaire à une inflation par les coûts, la stabilité des prix

passe nécessairement par la déstabilisation de l’économie.

Keynes marque nettement sa préférence pour la stabilisation de l’économie

c’est-à-dire, le plein-emploi, au détriment de la stabilité de prix. Mais il faut

préciser que Keynes raisonne dans le cadre de l’hypothèse explicite où l’inflation

de revenu reste modérée.

Les économistes keynésiens ont repris cette idée d’une alternative entre le

plein-emploi et la stabilité des prix (ou plutôt l’inflation) en la fondant sur la

fameuse relation de Philips.

Page 202: Macroéconomie approfondie2016

Section 2. Le dilemme : inflation ou chômage

Si la relation de Phillips a eu un tel succès dans la littérature néokeynésienne,

c’est qu’elle venait de combler une lacune importante : dans le modèle IS/LM de

Hicks et Hansen, le niveau général des prix était une donnée, une variable exogène

non expliquée par le modèle lui-même.

En outre, lorsque le modèle Hicks-Hansen a été appliqué à des économies ouvertes

sur l’extérieur, l’introduction d’une courbe de Phillips a permis d’expliquer

pourquoi en régime de change fixe (appliqué durant les trente glorieuses), les taux

d’inflation nationaux ont tendance à s’égaliser[1].

Certes, Phillips a mené une étude sur l’économie anglaise en se basant sur des

variables comme le niveau du chômage et le changement dans les salaires

nominaux, entre 1861 et 1957. Phillips a pu montrer une relation décroissante (ou

négative) entre le taux de croissance des salaires nominaux et le taux du chômage.

[1] Voir, pour plus de détails, le chapitre 5 à propos du modèle Mundell-Fleming.

Page 203: Macroéconomie approfondie2016

1 dw

w dt

Taux de Δ des salaires nominaux

Taux de chômage, u

Fig. ??? La courbe de Phillips initiale basée sur l’étude de 1861-1957

EXPLICATION : Il existe une relation négative entre la variation des salaires nominaux et le taux du chômage. Toute augmentation des salaires nominaux (synonyme d’une inflation par les coûts)

entraîne une réduction du taux de chômage.

0

Taux de chômage d’équilibre (considéré

comme naturel ou incompressible par les monétaristes), avec un taux nul de Δ des salaires nominaux.

Page 204: Macroéconomie approfondie2016

Si nous nous référons à la période pré-phillipsienne de l’arbitrage

inflation/chômage, nous pouvons constater deux analyses quelque peu en

opposition, voire en complète opposition concernant cette question d’arbitrage :

l’analyse classique[1] (néoclassique) qui postule la permanence à long et moyen

terme du plein-emploi et que le chômage n’est que provisoire. Si ce dernier

persiste, il ne serait que volontaire. La variation des salaires nominaux (préconisée

par Keynes) n’influence en rien le niveau de l’emploi.

[1] Lorsque Keynes parle de l’analyse classique, il fait allusion en fait aux néoclassiques.

Page 205: Macroéconomie approfondie2016

Comme expliqué dans le graphique ci-dessous, l’économie évolue tout au

long de l’axe des ordonnées suite à une politique monétaire largement

expansionniste. Celle-ci impacte exclusivement, et comme indiquée dans le

graphique, le niveau des prix.

Page 206: Macroéconomie approfondie2016

Salaire réel

w

p

Niveau de l’emploi, N

Fig. ??? La relation d’exclusion et d’indépendance entre le chômage et la variation des salaires réels selon les néoclassiques

EXPLICATION : Aucune relation d’arbitrage selon les néoclassiques n’existe entre le niveau des

salaires réels et le niveau de l’emploi.

0

Taux de chômage d’équilibre (considéré

comme naturel ou incompressible par les monétaristes), avec un taux nul de Δ des salaires nominaux.

P-E

Toute augmentation des salaires se répercute entièrement sur le niveau des prix sans pour autant influencer le niveau de l’emploi.

Page 207: Macroéconomie approfondie2016

La position keynésienne est différente de celle des néoclassiques. La relation

d’exclusion décrite ci-dessus ne peut pas exister. Pour Keynes, les secteurs

économiques ne peuvent, en aucun cas, avoir en même temps le plein-emploi.

Page 208: Macroéconomie approfondie2016

Salaire nominal

w

Niveau du chômage, u

Fig. ??? La relation d’arbitrage entre le chômage et la variation des salaires nominaux selon les Keynes et les keynésiens

EXPLICATION : Il existe une relation d’arbitrage selon Keynes et les keynésiens entre le niveau des

salaires nominaux et le niveau du chômage. Une stabilisation des salaires permet une certaine réduction du chômage jusqu’à un certain niveau où il est nécessaire, pour réduire le chômage et

atteindre le plein-emploi d’augmenter les salaires nominaux.

0

Taux de chômage d’équilibre (considéré

comme naturel ou incompressible par les monétaristes), avec un taux nul de Δ des salaires nominaux.

Toute augmentation des salaires se répercute entièrement sur le niveau des prix sans pour autant influencer le niveau de l’emploi.

P-E

Page 209: Macroéconomie approfondie2016

Une autre explication (plutôt d’obédience keynésienne) de l’arbitrage est celle

qui combine non seulement la hausse mais aussi la baisse des prix. A un certain

moment de l’activité économique caractérisé par le marasme (la récession)

économique, où le niveau du chômage est très élevé, une baisse des prix permet de

réduire le chômage. Cette situation ne durera pas assez avant de se transformer en

situation de hausse des prix.

Page 210: Macroéconomie approfondie2016

u

Inflation

Π

Fig. ??? Relation quasi-linéaire, par paliers entre le chômage et l’inflation

EXPLICATION : La baisse du chômage se fait par la baisse puis par la hausse moins importante des prix. Une fois le plein-emploi est atteint, toute politique monétaire expansionniste voulant réduire le niveau du chômage se soldera par une hausse assez importante de l’inflation.

P-E 0

Page 211: Macroéconomie approfondie2016

1. L’introduction théorique de Lipsey

L’assise théorique de Lipsey est basée sur le fait qu’un excès de demande de travail augmente les salaires et réduit le chômage. Donc, le taux de variation des salaires nominaux est fonction de l’offre « O » et de la demande « D ». L’originalité de l’analyse de Lipsey a été de relier la variation du salaire en fonction de la demande excédentaire comme le stipule la théorie néoclassique, c’est-à-dire, en étudiant et en suivant la fonction de réaction :

D O D OW f

O O, avec est le paramètre d’ajustement.

Page 212: Macroéconomie approfondie2016

ND

Q

NS

W

N0 N2

W2

W0

W1

N1 N

M

I J

N

Fig. 5. Assise théorique de Lipsey et relation inverse et indirecte (à travers la hausse des salaires nominaux) entre la demande

excédentaire et le chômage.

EXPLICATION : L’écart positif entre la demande et l’offre de travail

Page 213: Macroéconomie approfondie2016

R

D S

S

w

Droite de réaction

Fig. 6. Relation théorique de Lipsey entre la demande excédentaire et la variation des salaires nominaux à travers la droite de

réaction.

EXPLICATION : La réaction de la variation des salaires nominaux est d’autant plus forte que la demande excédentaire est forte.

Page 214: Macroéconomie approfondie2016

La quantité D S

S

est difficilement chiffrable. C’est la raison pour

laquelle Lipsey avait introduit une relation supplémentaire : Demande de travail : DDT N N V

Offre de travail : SOT N N U

Avec N le nombre de postes occupés, V nombre de postes vacants et U le nombre de chômeurs. La demande excédentaire s’écrit alors :

D S

S S

N N V Uv u

N N

avec v le taux de vacance et u le taux de chômage.

Page 215: Macroéconomie approfondie2016

u

D S

S

La courbe de BEVERIDGE

Fig. 7. Relation de Beveridge entre la demande excédentaire et le taux de chômage.

EXPLICATION : Il existe une relation inverse ou décroissante entre la demande excédentaire du travail et le taux de chômage.

Page 216: Macroéconomie approfondie2016

William Henry Beveridge[1], économiste et homme politique britannique, exprime

cette relation entre la demande du travail excédentaire et le chômage à travers une

courbe reliant simplement le taux de vacance avec le taux de chômage.

[1] William Henry Beveridge est devenu célèbre pour son rapport « Social Insurance and

Allied Services » qui date de 1942. Ce rapport est connu sous l’appellation de « Premier

rapport Beveridge ». Il fournit les premières bases à l’instauration de l’État-providence, en

Angleterre, par le gouvernement travailliste de l’après-guerre. Dans ses premiers écrits,

Beveridge attribue le chômage aux fluctuations de la demande et à la mauvaise circulation

de la main-d’œuvre de secteur en secteur (chômage structurel et chômage frictionnel) et aux

coûts salariaux (les charges du travail). Suite aux travaux d’économistes keynésiens,

Beveridge change radicalement son point de vue et explique la hausse du chômage par

l’insuffisance de la demande effective et préconise enfin de compte l’intervention de l’État

pour réaliser le plein-emploi.

Page 217: Macroéconomie approfondie2016

v u v u

Salaires bas

u

v

v u

Salaires élevés

45°

Fig. 8. Relation de Beveridge entre le taux de vacance et le taux de chômage.

EXPLICATION : Il existe une relation inverse ou décroissante entre le taux de vacance et le taux de chômage : lorsque le taux

de vacance augmente, le taux de chômage diminue.

La courbe de BEVERIDGE

Page 218: Macroéconomie approfondie2016

L’ampleur de la demande excédentaire élève le niveau des postes vacants qui à

son tour une pression sur le marché du travail, en poussant notamment à la hausse

le niveau des salaires nominaux. La hausse des salaires nominaux entraîne une

hausse de la demande globale qui induit en conséquence une élévation du niveau

de la production et une baisse du chômage. Cet enchaînement entre les deux

variables clés de l’analyse est visualisé dans la courbe de Phillips.

( )

( )

D Sf u

SD S

w f g uS

La combinaison des deux équations nous donne le graphique suivant :

Page 219: Macroéconomie approfondie2016

u

w

La courbe de Phillips

u

Fig. 9. Relation de Phillips entre le taux de variation des salaires nominaux et le taux de chômage.

EXPLICATION : Il existe une relation inverse ou décroissante entre le taux de variation des salaires nominaux et le taux de chômage.

Page 220: Macroéconomie approfondie2016

En 1970, Bent Hansen a essayé d’améliorer l’analyse de Lipsey ; il considère que pour chaque taux de salaire (w), il existe un niveau du chômage (u) et des offres d’emplois non satisfaites (V). Entre u et v (taux de vacance), il a constaté une relation négative.

Au niveau du salaire d’équilibre W (avec : u v ), pour un taux de salaire élevé, le nombre de chômeurs est important et inversement. Ce qui permet de confirmer la relation selon laquelle :

1v h

u

On sait que D S

S

N Nv u

N

et

D Sw f

S

, donc :

1

:w v u h uu

Ce qui nous donne une forme hyperbolique de la

courbe. La valeur de mesure le taux de flexibilité des salaires.

Page 221: Macroéconomie approfondie2016

2. L’apport de Solow et Samuelson

Une autre contribution a été apporté par Solow et Samuelson. Ces deux auteurs

précisent que la relation de Phillips est une sorte d’arbitrage (« tradeoff ») entre

deux objectifs de la politique économique, à savoir le taux d’inflation (et non

seulement le taux de variation des salaires nominaux) et le taux de chômage.

Solow et Samuelson (1960) ont, effectivement, dans leur étude sur les États-Unis,

observé une relation négative du type Phillips entre le taux d’inflation et le taux de

chômage.

Les deux auteurs partent de la simple relation entre le niveau du salaire et le

niveau de l’emploi, puis de la relation susceptible d’exister entre le taux de

variation des salaires nominaux et le taux de chômage.

Les deux graphiques, mentionnés ci-dessous nous montrent les deux relations

précitées :

Page 222: Macroéconomie approfondie2016

R

ND

Q

NS

2u Q

S

0

dW

W

1u

dW

W

N

W

N

R

S

1N 2N

WR

W0

WS

u

Fig. 10. Apport théorique de Solow et Samuelson.

EXPLICATION : L’arc QR représente l’excès de la demande sur

l’offre de travail. Cela nous donne une pression à la hausse des

salaires. L’arc QS représente l’excès de l’offre sur la demande de

travail. Cela nous donne une pression à la baisse des salaires.

Fig.10a

Fig.10b

Page 223: Macroéconomie approfondie2016

La quantitéU U représente l’excédent de la demande sur le marché de travail. Sa valeur négative correspond à l’offre excédentaire. En effet, on peut écrire que :

( )

:

masse salariale + masse des profits

1

Tx moyen des salaires qté du travail

production NGP

le salaire réel

productivité moyenne du travail

dWW U U

WSachant

Y W Z

Y W Z

Y Y Yw

W w L PyY y PL

Page 224: Macroéconomie approfondie2016

Cette part ne reste constante – et celle des profits – que si le salaire réel varie

en parallèle avec la productivité du travail.

Envisageons maintenant une économie où le salaire nominal (W) est croissant

(Fig.11) :

Page 225: Macroéconomie approfondie2016

Q

0

dW

W

dW

W

u

Une augmentation légère des salaires sans inflation tant que le plein-emploi n’a pas été encore atteint.

A ce niveau de plein-emploi, le taux de croissance des salaires nominaux par période n’est pas égal à zéro.

( 1)

0

Page 226: Macroéconomie approfondie2016

( )dW

u uW

, comme dans le cas de figure (Fig.10b) ci-dessus. Donc :

( )

( ) ( 1)

dW

Wu u

u u

Page 227: Macroéconomie approfondie2016

u

u 0

On atteint le plein-emploi sans que le niveau des prix augmente.

Page 228: Macroéconomie approfondie2016

0

Ce graphe résume la situation précédente où le taux d’inflation est nul si également 1 ou bien 1 , c’est-à-dire, l’augmentation des salaires est supérieure au gain de

productivité.

1

( 1)

( 1)

u u

Page 229: Macroéconomie approfondie2016

2. Anticipations, taux de chômage naturel et courbe de Phillips

verticale : la contribution monétariste

2.1. Les progrès théoriques

Chez les monétaristes, l’analyse de l’arbitrage (tradeoff) inflation/chômage se

base sur la dynamique des anticipations inflationnistes.

Il en découle selon Friedman, Phelps et les autres monétaristes que la version

keynésienne, d’origine, de la courbe de Phillips est incapable d’expliquer les

variations et le mouvement des prix et des salaires. La courbe de Phillips n’est pas

stable dans le temps. Les déplacements de cette courbe sont dus aux variations des

prix et des salaires anticipés. C’est là la contribution la plus fondamentale de

Friedman et Phelps. En effet, selon ces derniers, le taux de variation des salaires

nominaux sera égal au taux d’inflation anticipé plus un supplément de demande

excédentaire du travail.

Page 230: Macroéconomie approfondie2016

Friedman définit un taux de chômage naturel (Natural Rate Hypothesis) ou

NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment) comme un taux

irréductible, issu des conditions économiques structurelles, frictionnelles et

comportementales des agents économiques. Comme son nom l’indique, c’est un

taux n’accélérant pas le niveau d’inflation. Toute politique monétaire

discrétionnaire de l’État tentant de le baisser engendrera une hausse du niveau

d’inflation.

Ce taux naturel du chômage n’est ni minimum, ni constant. Il change dans le

temps (entre le court terme et le moyen et long terme) suivant les conditions

économiques et sociales.

Les monétaristes estiment que ce sont les retards d’ajustement entre le taux

d’inflation effectif et le taux d’inflation anticipé qui induit un tel arbitrage entre

l’inflation et le chômage que les keynésiens et néokeynésiens essaient de défendre.

Page 231: Macroéconomie approfondie2016

2.2. L’interprétation de la courbe de Phillips Une différence importante concernant la version de la courbe de Phillips entre celle de Lipsey et celle de Friedman et Phelps. Celle de Lipsey est exprimée en termes nominaux :

( )dW

u uW

Celle de Friedman et Phelps est exprimée en termes réels :

*

*

( )

ou

( )

a

dW dPu u

W P

dWu u

W

Page 232: Macroéconomie approfondie2016

*

*

*

On sait que :

Avec :

( )

Alors :

( )

( ) ( 1)

dW

W

dWu u

W

dW

W

u u

u u

Page 233: Macroéconomie approfondie2016

u

1u u

1L

2L

3L

G

D E

C

B

F

A

3

2

1

La courbe de

Phillips de long terme

Page 234: Macroéconomie approfondie2016

A partir de cette courbe, nous constatons qu’à court terme la politique monétaire

expansionniste peut ramener le taux de chômage naturel en deçà de sa position

initiale. Cette dernière est considérée par les monétaristes comme étant une position

de plein-emploi des facteurs de production.

La possibilité de faire baisser le niveau du chômage n’est en définitive, selon les

monétaristes, qu’un état provisoire. Elle est due à une double illusion monétaire, à

la fois des travailleurs et des employeurs.

La thèse accélérationniste qui résulte de l’hypothèse d’après laquelle le taux

d’inflation anticipé dépend des taux d’inflation effectifs constatés dans le passé ne

fait qu’aggraver le niveau de l’inflation sans pour autant faire baisser le niveau du

chômage :

*1 2 3, , ,..., t t t t t nf

Page 235: Macroéconomie approfondie2016

Dans la courte période, la relation d’arbitrage est constamment déplacée vers le haut, tandis qu’à long terme, à partir du moment où les changements de prix sont correctement anticipés, les agents économiques en tiennent compte et la relation d’arbitrage est caractérisée par une famille de courbe de Phillips (L1, L2, L3, …). Chacune de ces courbes correspondant à un taux d’inflation continu et donc anticipé. Le lieu géométrique des différents points d’équilibre sur le marché du travail est

représenté par une droite verticale d’abscisses u (TCN) qui représente la courbe de Phillips à long terme.

Page 236: Macroéconomie approfondie2016

2.3. Y a-t-il une courbe de Phillips qui ne soit pas verticale à long terme ? Selon les néokeynésiens, la courbe de Phillips n’est pas verticale à long terme. Cette hypothèse est une réplique à la thèse monétariste selon laquelle, à long terme, la courbe de Phillips deviendra verticale.

*

*

( )

( ) ( 1)

dWu u

W

u u

* remplace * , avec : 1. Jusqu’à présent, nous avions envisagé le cas

où 1. Que ce passe-t-il maintenant si 1?

Page 237: Macroéconomie approfondie2016

u

1u u 2L

4L

D

C’

B

B’

A

2

1

W

La courbe de Phillips de long terme non verticale et de pente négative.

1L

3

2u 3u 4u

3L

D’

C

3

2

1

Par hypothèse (celle des monétaristes), , l’inflation anticipée

est égale à l’inflation réalisée car on avait supposé que 1. Si maintenant, en suivant notamment l’hypothèse keynésienne,

1, est donc la variable d’ajustement car les travailleurs dans

ce cas n’obtiennent pas une hausse des salaires qu’ils attendaient.

La hausse des salaires n’était pas suffisante pour engendrer une

dynamique de la demande qui permettra d’élever le niveau de la

production qui permettra à son tour de réaliser le plein-emploi.

Page 238: Macroéconomie approfondie2016

De la première réplique naitra une seconde, une contre-réplique, celles des monétaristes. Ces derniers postulent, en substance, d’après les faits économiques, ceux des années 1970, que le monde occidental avait été secoué par une vague stagflationniste (coexistence du chômage et de l’inflation). Si l’inflation poussait les salariés à revendiquer une hausse des salaires, celle-ci prenait une ampleur dépassant le niveau de la productivité apparente du travail (c’est l’hypothèse où 1 ). En effet, la courbe de Phillips serait non seulement verticale mais ayant une pente positive.

Page 239: Macroéconomie approfondie2016

u

B

D C

L

L3 L2

L1

1u 2u

1

2

u A

2

1

Pente positive