1. La notion de champ lexicalDfinition : On appelle champ lexical l'ensemble des mots qui, dans un texte, se rapportent une mme ralit ou une mme ide. Ces mots ont pour point commun d'tre synonymes, d'appartenir la mme famille, au mme domaine ou encore de renvoyer la mme notion. Le champ lexical renseigne sur le thme du texte. Exemple : Voici des mots appartenant au champ lexical du travail : - des synonymes : labeur ouvrage - des mots de la mme famille : travailler, travailleur - des mots de mme domaine : cartable, manuels scolaires, bureau - des mots signifiant la mme notion : devoirs, exercices, leons Remarque importante: le champ lexical peut regrouper des termes dont les dnotations (=significations) sont voisines. L'tude des champs lexicaux rvle les thmes d'un texte. Il existe des champs lexicaux que l'on trouve de faon trs frquente dans les textes et qu'il est donc intressant de chercher systmatiquement reprer, en tenant compte des diffrents modes de classement. Ce sont, par exemple: - le champ lexical de l'abstrait (le vocabulaire de la pense) et du concret (le vocabulaire du monde matriel) - tous les champs lexicaux opposs: l'action et l'immobilit la vie et la mort le silence et le bruit la lumire et l'obscurit - les 5 sens: la vue l'oue le toucher

l'odorat le got - le champ lexical de l'affectivit et des sentiments - le champ lexical de l'apprciation positive ou ngative... Un seul champ lexical peut former le thme principal du texte, mais le passage d'un champ lexical un autre est aussi trs frquent. Ces diffrents champs lexicaux peuvent alors se succder, s'entrecroiser, tre compars les uns aux autres : leur tude permet de mieux comprendre les associations mentales de l'auteur. On peut ainsi analyser le texte de manire prcise et en donner une interprtation. Il est parfois utile de faire appel la notion de rseau lexical

2. La notion de rseau lexicalDfinition : Le rseau lexical regroupe l'ensemble des mots qui dsignent des ides ou des ralits qui renvoient un mme thme (=le champ lexical) plus tous les mots qui cause du contexte et de certains aspects de leur signification (du fait des connotations) voquent aussi ce thme. exemple:

RESEAU LEXICAL DE LA MORT noir, quitter, pleurs CHAMP LEXICAL DE LA MORT dcs, tombeau crmonie, cercueil,enterrement etc. perte etc fleurs

douleur

Certains mots peuvent appartenir au rseau lexical sans faire directement partie du champ lexical. Ainsi le mot "Fleurs" ne renvoie pas directement la mort, mais par certains aspects de sa signification (par connotations) il peut, dans un contexte particulier, voquer aussi la mort (couronnes mortuaires etc) de mme pour un mot comme "perte"

II. Applications1. Les trois sries suivantes voquent chacune un thme, lequel ? Elles comportent chacune un intrus, trouvez-le. a) Puits, crevasse, plonger, gouffre, descendre, caverne, abme, chute, dvaler. b) vague, bateau, poisson, voile, ville, dtroit, quille, port. c) Printemps, nid, nourriture, naissance, aube, dbut, berceau, commencement. d) Compact, foule, dense, successif, serr, nombreux, multitude, entasser.

2. Identifiez le champ lexical dominant dans cet extrait. En quoi cela claire-t-il le sens de la dernire phrase ? Il y eut la lessive, le linge qui sche, le repassage. Le gaz, l'lectricit, le tlphone. Les enfants. Les vtements et les sous-vtements. La moutarde. Les soupes en sachets, les soupes en botes. Les cheveux : comment les laver, comment les teindre, comment les faire tenir, comment les faire briller. Les tudiants, les ongles, les sirops pour la toux, les machines crire, les engrais, les tracteurs, les loisirs, les cadeaux, la papeterie, le blanc (1), la politique, les autoroutes, les boissons alcoolises, les eaux minrales, les fromages et les conserves, les lampes et les rideaux, les assurances le jardinage. Rien de ce qui tait humain ne leur fut tranger. Georges PEREC, Les Choses (1) le blanc: le linge de maison

3. Faites le reprage des principaux champs lexicaux utiliss dans ce pome d'Arthur RIMBAUD. Rdigez ensuite un paragraphe d'analyse du pome partir de l'tude de ces champs lexicaux.

Le dormeur du val C'est un trou de verdure o chante une rivire Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent ; o le soleil, de la montagne fire, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tte nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est tendu dans l'herbe, sous la nue, Ple dans son lit vert o la lumire pleut. Les pieds dans les glaeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au ct droit. Posies, 1870

Corrigs des exercices1. Les trois sries suivantes voquent chacune un thme, lequel ? Elles comportent chacune un intrus, trouvez-le. a) Puits, crevasse, plonger, gouffre, descendre, caverne, abme, chute, dvaler.

Dans cette srie, le thme voqu est celui de la chute (vers le bas, donc). L'intrus est le mot "caverne" : une caverne est seulement un espace creux. b) vague, bateau, poisson, voile, ville, dtroit, quille, port.

Dans cette srie, le thme voqu est celui de l'eau, voire de la mer. L'intrus est le mot "ville" : bien des villes ne sont pas situes au bord d'une rivire ou de la mer ! c) Printemps, nid, nourriture, naissance, aube, dbut, berceau, commencement.

Dans cette srie, le thme voqu est celui de la naissance. L'intrus est le mot "nourriture" : ce terme n'voque pas l'ide de naissance, mais plutt, dans certains contextes, celle de croissance d) Compact, foule, dense, successif, serr, nombreux, multitude, entasser.

Le thme gnral est celui de la foule (ou de l'abondance). L'intrus de cette liste est "successif", car s'il indique un pluriel, il n'insiste aucunement sur cette notion de foule.

Corrig de l'exercice 2 Identifiez le champ lexical dominant dans cet extrait. En quoi cela claire-t-il le sens de la dernire phrase ? Il y eut la lessive, le linge qui sche, le repassage. Le gaz, l'lectricit, le tlphone. Les enfants. Les vtements et les sous-vtements. La moutarde. Les soupes en sachets, les soupes en botes. Les cheveux : comment les laver, comment les teindre, comment les faire tenir, comment les faire briller. Les tudiants, les ongles, les sirops pour la toux, les machines crire, les engrais, les tracteurs, les loisirs, les cadeaux, la papeterie, le blanc (1), la politique, les autoroutes, les boissons alcoolises, les eaux minrales, les fromages et les conserves, les lampes et les rideaux, les assurances le jardinage. Rien de ce qui tait humain ne leur fut tranger. Georges PEREC, Les Choses (1) le blanc: le linge de maison

Dans cet extrait, le lexique dominant est celui de la vie quotidienne matrielle au XXe sicle : les activits domestiques (les repas, la lessive, la toilette...) ou professionnelles ("tudiants", "politique") ; le monde moderne (monde rural : "les engrais", "les tracteurs" ; univers urbain : "autoroutes").

L'adjectif "humain" de la dernire phrase renvoie l'ensemble de ce lexique. Or, il ne s'agit l que d'activits mcaniques dans lesquelles l'homme ne manifeste ni son intelligence ni sa sensibilit. Paradoxalement, donc, l'humanit de notre fin de sicle se rduirait sa matrialit. Au-del du paradoxe, elle serait donc menace de disparition, touffe par "Les Choses" ! 3. Faites le reprage des principaux champs lexicaux utiliss dans ce pome d'Arthur RIMBAUD. Rdigez ensuite un paragraphe d'analyse du pome partir de l'tude de ces champs lexicaux. On note dans ce texte la prsence de diffrents rseaux lexicaux. Leur analyse

permet de mieux comprendre le passage, les principaux thmes et surtout les relations qui unissent ces thmes: C'est un trou de verdure o chante une rivire Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; o le soleil, de la montagne fire, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tte nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est tendu dans l'herbe, sous la nue, Ple dans son lit vert o la lumire pleut. Les pieds dans les glaeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au ct droit.

Dans une nature luxuriante, baigne par une forte lumire, un soldat dont on dtaille les parties du corps semble dormir. Mais de nombreuses expressions sont inquitantes et on dcouvre bientt qu'en fait, il est mort.

NB: il ne s'agit l que d'une partie de l'analyse. Dans un commentaire de texte, il faudrait bien sr citer le texte, complter l'analyse (par exemple par le reprage de ce qui concerne les couleurs, les sensations, mais aussi les figures de style, les remarques grammaticales, etc. etc.)