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1 Partie 3 : Des mondes en quête de développement Unité et diversité des Suds Introduction : Le développement désigne l’accroissement des richesses associé à l’amélioration des conditions de vie d’une population sur un territoire. Le développement ne se résume pas à la simple croissance économique. I L’inégal développement à l’échelle de la planète A. Comment mesurer le développement ? Depuis 1991, les Nations Unies ont créé un indicateur pour mesurer le développement : l’IDH (indice de développement humain). On regroupe différentes données pour ensuite établir un classement mondial (l’échelle va de 0 à 1). Document : carte de l’IDH doc 2 p. 245 Questions : 1. Combien d’éléments permettent de calculer l’IDH d’un pays ? 4 2. Répartir ces éléments selon 3 critères : - celui qui sert à mesurer la richesse économique : PIB ppa par habitant - celui qui sert à mesurer l’hygiène et l’état sanitaire : espérance de vie - ceux qui servent à mesurer le niveau d’instruction : taux d’alphabétisation des adultes et taux de scolarisation 3. Parmi les pays présentés, deux d’entre eux présentent une certaine richesse économique mais ne sont pas très bien classés : - lesquels ? Koweït et Emirats Arabes Unis - pourquoi ? Les taux d’alphabétisation et de scolarisation sont très inférieurs aux taux des pays très développés (retard dans l’instruction, notamment des femmes). Documents à utiliser : carte 1 p. 244, carte 2 p. 245 Questions : 1. En quoi ces deux cartes se ressemblent-elles beaucoup ? On retrouve la limite Nord/Sud qui coupe le monde en 2. On note les mêmes disparités : très grand retard pour l’Afrique et l’Asie, hormis la péninsule arabique. L’Amérique du Sud est le continent le plus proche des pays très développés ou très riches. 2. Quelle condition paraît nécessaire pour être un pays développé ? Il faut être un pays riche mais l’inverse n’est pas systématique (cf. dernière question de l’exercice précédent). 3. A l’aide de vos connaissances et de recherches personnelles, identifiez les quatre caractéristiques principales du développement. Le développement est une notion très subjective et parfois très difficile à mesurer. On peut cependant distinguer 4 grandes caractéristiques du développement : - Le critère le plus classique : la richesse économique d’un Etat : PIB ou PNB/hab. en parité du pouvoir d’achat. - Le bien être et l’hygiène des populations : espérance de vie à la naissance, mortalité infantile, juvénile, nombre de calories par jour par habitant, dépense de santé par an et par habitant, nombre de médecins ou d’hôpitaux par habitant… - L’épanouissement culturel des populations : taux d’alphabétisation, de scolarisation, pourcentage de femmes ayant accès aux études secondaires ou supérieures. - Le critère le plus contestable : le degré de développement démocratique. Critère de beaucoup d’ONG (nombre de prisonniers politiques…) mais aussi du PNUD qui a mis au point un

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Partie 3 : Des mondes en quête de développement Unité et diversité des Suds

Introduction : Le développement désigne l’accroissement des richesses associé à l’amélioration des conditions de vie d’une population sur un territoire. Le développement ne se résume pas à la simple croissance économique. I L’inégal développement à l’échelle de la planète

A. Comment mesurer le développement ? Depuis 1991, les Nations Unies ont créé un indicateur pour mesurer le développement : l’IDH (indice de développement humain). On regroupe différentes données pour ensuite établir un classement mondial (l’échelle va de 0 à 1). Document : carte de l’IDH doc 2 p. 245 Questions : 1. Combien d’éléments permettent de calculer l’IDH d’un pays ? 4 2. Répartir ces éléments selon 3 critères :

- celui qui sert à mesurer la richesse économique : PIB ppa par habitant - celui qui sert à mesurer l’hygiène et l’état sanitaire : espérance de vie - ceux qui servent à mesurer le niveau d’instruction : taux d’alphabétisation des adultes et taux

de scolarisation 3. Parmi les pays présentés, deux d’entre eux présentent une certaine richesse économique mais ne sont pas très bien classés :

- lesquels ? Koweït et Emirats Arabes Unis - pourquoi ? Les taux d’alphabétisation et de scolarisation sont très inférieurs aux taux des pays

très développés (retard dans l’instruction, notamment des femmes). Documents à utiliser : carte 1 p. 244, carte 2 p. 245 Questions : 1. En quoi ces deux cartes se ressemblent-elles beaucoup ? On retrouve la limite Nord/Sud qui coupe le monde en 2. On note les mêmes disparités : très grand retard pour l’Afrique et l’Asie, hormis la péninsule arabique. L’Amérique du Sud est le continent le plus proche des pays très développés ou très riches. 2. Quelle condition paraît nécessaire pour être un pays développé ? Il faut être un pays riche mais l’inverse n’est pas systématique (cf. dernière question de l’exercice précédent). 3. A l’aide de vos connaissances et de recherches personnelles, identifiez les quatre caractéristiques principales du développement. Le développement est une notion très subjective et parfois très difficile à mesurer. On peut cependant distinguer 4 grandes caractéristiques du développement :

- Le critère le plus classique : la richesse économique d’un Etat : PIB ou PNB/hab. en parité du

pouvoir d’achat. - Le bien être et l’hygiène des populations : espérance de vie à la naissance, mortalité infantile,

juvénile, nombre de calories par jour par habitant, dépense de santé par an et par habitant, nombre de médecins ou d’hôpitaux par habitant…

- L’épanouissement culturel des populations : taux d’alphabétisation, de scolarisation, pourcentage de femmes ayant accès aux études secondaires ou supérieures.

- Le critère le plus contestable : le degré de développement démocratique. Critère de beaucoup d’ONG (nombre de prisonniers politiques…) mais aussi du PNUD qui a mis au point un

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calcul de la gouvernance démocratique (participation aux élections, stabilité politique, liberté de la presse, indice de corruption…).

A ces différents critères, il faut désormais ajouter la notion de développement durable, défini par les Nations-Unies dans le rapport Brundtland de 1987, qui montre la nécessité d’une solidarité entre les générations à l’échelle planétaire (voir cours sur protocole de Kyoto, bassin méditerranéen, Rotterdam, Mégalopole japonaise…).

B. Un monde inégalement développé. Document à utiliser : carte 2 p. 245

La coupure Nord/Sud (à savoir cartographier) est la limite retenue pour différencier les inégalités de développement à l’échelle mondiale. La carte montre qu’elle est très arbitraire. Elle se justifie bien dans les zones d’interface : Etats-Unis/Mexique, Australie et Nouvelle Zélande/archipels de l’Asie du Sud-Est, bassin méditerranéen (malgré des nuances : voir chapitre d’introduction). Cette coupure reste quand même d’actualité. Selon la Banque Mondiale, 56% de la population mondiale vit sous le seuil de pauvreté (définition.: seuil de revenu fixé à 1 $ par jour en parité de pouvoir d’achat à l’échelle du monde. Pour les pays du Nord, il est calculé sur la base de 2 $ par jour. Il existe également des seuils nationaux). L’ONU a d’ailleurs mis au point un IPH (indice de pauvreté humaine : Pour les pays du sud, l’IPH mesure les déficits élémentaires : faible longévité (risque de décéder avant 40 ans), manque d’éducation de base (pourcentage d’analphabètes), non-accès aux ressources de santé et à l’eau potable, nombre d’enfants de moins de 5 ans victimes de malnutrition. Un indice spécifique (IPH 2) est calculé pour les pays du Nord). La sous-alimentation et la malnutrition touchent 800.000 personnes. La faiblesse de la production alimentaire peut entraîner une dépendance alimentaire qui est un critère de sous-développement. Chaque année, 17 millions de personnes meurent de maladies infectieuses (paludisme, sida, tuberculose) dont 97% dans les pays en développement. Enfin, la part du Sud dans la production de richesses reste faible : 30% du PIB mondial.

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II L’unité des Suds : son retard de développement

A. Les manifestations du sous-développement : 1) De profondes inégalités Les inégalités sont d’abord sociales : quelques fortunes considérables côtoient des populations

misérables qui s’accumulent de plus en plus dans les villes (fort exode rural). Une nouvelle source d’inégalité apparaît entre les catégories professionnelles qualifiées et non qualifiées. Enfin, des inégalités sanitaires sont très marquées : l’accès aux soins demeure un luxe dans beaucoup de pays.

2) Le lien entre fécondité et développement :

Titre : LA FORTE FECONDITE, UN FREIN AU DEVELOPPEMENT DANS LES PAYS PAUVRES Le développement passe nécessairement par une maîtrise de la croissance démographique. L’Etat a un rôle primordial dans le développement : s’il peut intervenir massivement, imposer ses décisions, favoriser la mise en place d’aménagements lourds (barrages comme celui des Trois Gorges en Chine, infrastructures de transport), les chances de se développer sont plus importantes. 3) Une urbanisation rapide et mal contrôlée : cf. étude de cas sur Sao Paulo dans la dernière partie du cours.

B. Diversité des stratégies de développement :

1) A partir de l’industrie Plusieurs stratégies peuvent être dégagées : - la stratégie de l’industrialisation massive (sur le modèle occidental). Elle consiste à développer d’abord les industries lourdes en s’appuyant sur les ressources en matières premières pour rechercher l’autosuffisance et en limitant les échanges avec l’extérieur. Les pays à tradition socialiste ont développé cette stratégie : Chine, Algérie. Le manque de compétitivité et le retard technologique ont freiné les résultats. - l’industrialisation à la place des importations. Elle consiste à privilégier la production nationale de biens de consommation (textiles, automobile, électroménager) pour satisfaire le marché intérieur. Il faut faire appel à des transferts de technologie et solliciter des capitaux étrangers. C’est la stratégie du Brésil, de l’Indonésie. Problèmes : endettement, inégalités croissantes dans la société avec l’enrichissement d’une minorité qui accède aux emplois plus qualifiés. - l’industrialisation par la promotion des exportations : cas des dragons asiatiques. Risques : forte dépendance vis-à-vis des firmes transnationales comme l’a montré la crise asiatique de 1998. Risque de devenir un pays atelier.

Croissance démographique

Population très jeune Forte demande pour

l’éducation Saturation du marché

de l’emploi

Très fortes dépenses de l’Etat

Hausse du taux de chômage

Frein au développement

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- l’industrialisation fondée sur les ressources naturelles : exploitation d’une ressource naturelle, d’un gisement (pétrole pour le Gabon, l’Angola, uranium pour le Niger), d’une agriculture d’exportation (bananes, café pour la Côte d’Ivoire…). Risques : dépendance vis-à-vis des marchés internationaux et des firmes transnationales.

2) A partir de l’agriculture Les sociétés des pays en développement reposent encore souvent sur le secteur agricole. La

modernisation qui passent par des investissements dans l’irrigation, la motorisation, les produits chimiques, peut être un facteur de développement. Les risques : négliger l’agriculture vivrière au profit de l’agriculture commerciale, remettre en cause l’environnement (problème du développement durable), dépendance par rapport aux firmes agroalimentaires, développement du chômage rural à l’origine de l’exode vers les villes.

3) A partir des services Le cas le plus répandu est celui du développement touristique : voir étude de cas sur Sousse en

Tunisie (début d’année). III La diversité des Suds Document à utiliser : croquis p. 265 Question : A l’aide de ce croquis, trouvez les différentes catégories de pays du Sud et en vous aidant du livre et de recherches personnelles, donnez-en les caractéristiques. (La localisation des pays du Sud doit être connue avec précision). Les Suds représentent les trois quarts des pays de la planète. Bien que majoritairement présents dans l’hémisphère sud, ils n’y sont pas tous situés. De plus, ces pays sont marqués par un retard plus ou moins important par rapport aux pays développés et par une intégration plus ou moins réussie dans le processus de mondialisation. Les Suds sont donc marqués par la diversité et peuvent se répartir dans trois grandes catégories en fonction de leur intégration dans le système mondialisé : - Les pays émergents : Ce sont les Etats intégrés avec des puissances régionales autonomes. Ces pays utilisent des processus bien particuliers. Ils s’appuient sur l’essor d’un secteur agricole modernisé qui accumule le capital et crée une demande interne dynamique. Puis développant initialement des secteurs industriels à forte intensité de travail à destination du marché international grâce aux faibles niveaux salariaux en comparaison de la qualification (ex : textile), ils remontent progressivement des filières technologiques de plus en plus élaborées (exs : mécanique, chimie, automobile, électronique). Ce processus se fonde sur un secteur privé dynamique et sur un Etat développeur fort (protection sélective du marché intérieur, crédits, éducation, infrastructures, relative égalité des revenus) et dispose de conditions sociales, culturelles et économiques favorables qui permettent l’émergence d’une classe moyenne urbaine. Leur insertion contrôlée dans la division internationale du travail tourne diamétralement le dos aux logiques libérales. On trouve dans cette catégorie : la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil et le Mexique. - Les Etats intégrés dominés : ils comprennent :

o les pays ateliers (Maghreb, Asie du Sud Est, pays de l’Europe de l’Est en transition)

o les pays fournisseurs de matières première végétales, minérales ou énergétiques (notamment les pays pétroliers). Ces pays ont des ressources dépendantes des cours mondiaux et leur développement reste déséquilibré et fragile face à la pression démographique, au népotisme (faveur faite aux membres des familles des dirigeants), et à la corruption des élites et aux fractures sociales et territoriales (villes-campagnes, métropole-reste du pays, intérieur-littoral)

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Ex des états pétroliers : Les flux des pétrodollars ont été importants mais irréguliers. Certains les gaspillent comme les monarchies de la péninsule arabique (dépense somptuaires, armement) alors que d’autres comme l’Algérie ou la Libye investissent dans l’industrie lourde. o les paradis fiscaux et les Etats proposant des pavillons de complaisance.

- Des marges évitées : Une grande partie de l’Asie du Sud, la majeure partie de l’Amérique Latine et surtout l’Afrique sub-saharienne restent exclues du développement. Dans cet ensemble de pays situés dans ces régions du globe, on trouve :

o les 49 PMA (Pays les Moins Avancés). Ces pays sont confrontés à la dépendance vis-à-vis des cours mondiaux des matières premières. Ils sont surendettés. Leur économie est peu efficace. Les élites et les pouvoirs locaux ne jouent pas le rôle de moteur de l’économie rendant un décollage possible et ils sont souvent responsables de graves dérives.

o les Etats considérés comme voyous soumis à l’embargo ou évités par les Etats-Unis.

o les pays ravagés par les crises et les guerres civiles IV Les inégalités de développement à l’échelle d’une nation : le cas brésilien : C’est un géant territorial (8,5 millions de km², soit 15 fois la France : 5ème pays le plus vaste du monde : cf. transparent n°1 de la doc photo) et un géant démographique : 183.000.000 habitants fin 2004. Accroissement naturel est de 1,5% par an, soit 2,5 millions de Brésiliens de plus chaque année. La population est abondante mais aussi très jeune : 28% a moins de 15 ans ! C’est un pays « émergent », dirigé par le président Lula, qui tente s’affirmer comme un leader de la contestation de l’organisation de la mondialisation mais qui est très dépendant des exportations pour assurer son développement.

A. A l’échelle nationale Selon Hervé Théry, in « Le Brésil : changement de cap ? », la doc. photo n°8042, « La

répartition des revenus au Brésil est l’une des plus inégales au monde, le rapport est de un à 30 entre le revenu moyen des 5% les plus riches et celui des 20% les plus pauvres ». De plus, ces inégalités sociales se creusent. Le Brésil a évolué d’un modèle à deux classes sociales (élite/masse) vers un modèle plus complexe mais encore plus inégalitaire.

1) Les inégalités sociales de plus en plus prononcées

Document à utiliser : doc 3 p. 255 et doc 10 p. 257, extrait de la documentation photographique n° 8042, Le Brésil, changement de cap. Document : Une société profondément inégalitaire, extrait de la documentation photographique n° 8042, Le Brésil, changement de cap. p. 6-7 Jusqu’aux années 30, on distingue deux groupes de taille très inégale : une mince partie de la population riche, éduquée, bien logée et vêtue qui dirige le pays (propriétaires fonciers, commerçants, membres des professions libérales, fonctionnaires), et une masse pauvre, analphabète, vouée aux durs travaux manuels. L’industrialisation, l’urbanisation, le développement de la société de production et la consommation de masse ont changé ce modèle. Se maintient une grande pauvreté dans les campagnes et les villes (37% de pauvres au Brésil). En effet, le maintien d’un prolétariat rural dans les régions les plus arriérées, en particulier le Nordeste, à la limite de la disette, de l’esclavage. Ce sont eux qui alimentent l’exode rural et les migrations à longue distance. Le prolétariat urbain très nombreux, en accroissement, qui n’est pas coupé de la campagne. Les migrants récents alternent emplois ruraux et urbains en fonction de l’offre et de la demande. Ils vivent dans les quartiers périphériques qui sont d’abord « des villes de paysans » puis qui finissent par s’intégrer à l’espace urbain. Le secteur informel important est très important dans ces favelas.

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Les classes moyennes sont plus nombreuses. Elles se sont développées à la faveur du « miracle » brésilien dans les années 60/70, lorsque le Brésil s’est ouvert sur l’extérieur et les capitaux étrangers à partir de 1964. En situation instable, ils veulent profiter de la société de consommation mais vivent de salaires médiocres et subissent de plein fouet les mesures économiques. Ils ont vis à vis des habitants des favelas une attitude qui va du rejet à la compassion mais qui évoluent de plus en plus vers la peur (multiplication des services de sécurité privés et des lotissement clos : condominios fechados). On constate également l’émergence d’une nouvelle classe supérieure. Cette classe supérieure est composée d’anciens riches qui ont su s’adapter et de nouveaux riches sortis des classes moyennes qui affichent leur luxe avec ostentation (Sao Paulo : 2ème flotte mondiale d’hélicoptères derrière New York, boutiques de luxe : 4 points de vente pour les stylos Mont Blanc, mode d’Armani à Zara, Vuitton, Dior…). 1. Montrez l’évolution sociale du Brésil en différenciant nettement les différents types d’évolution. Le Brésil est marqué par une société très inégalitaire. En effet, on constate que les pauvres concentrent la majeure partie de la population. Il s’agit d’un prolétariat rural travaillant pour les grands propriétaires terriens ou du prolétariat urbain, à la merci d’un patron et vivant dans les favelas. Ils survivent généralement grâce au clientélisme. Une classe moyenne est apparue notamment dans les villes mais son niveau reste fragile. Une classe très aisée, très riche composée de nouveaux riches et des familles de la très grande bourgeoisie des siècles précédents. On remarque que ces inégalités sont aussi marquées sur le territoire, le prolétariat rural pauvre étant le plus souvent situé dans le nordeste et le prolétariat urbain dans les grandes villes comme Sao Paulo. 2.

2) Des inégalités spatiales très fortes : Documents à utiliser : cartes p. 252-253 A l’aide des cartes et du fond de carte, réalisez un croquis répondant à la problématique suivante : Le Brésil, champion des inégalités spatiales. Une fois le croquis réalisé, vous déterminerez les principales inégalités spatiales du Brésil. Dans un premier temps, cherchez à réaliser une typologie des régions en fonction de leur dynamisme. Puis, mettez en valeur les mobilités humains. Et enfin, montrez qu’il existe une disparité de l’intégration des régions dans la mondialisation. Après avoir réalisé le croquis, mettez en place une conclusion.

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Correction : cf. croquis sur carte et croquis Conclusions à l’aide du croquis : - Opposition entre le littoral et l'intérieur du Brésil : littoral anciennement occupé, forte concentration de population grands pôles urbains, espace économique dynamique, structures portuaires... L'intérieur est moins mis en valeur, moins peuplé (Centre Ouest et Amazonie : 61% de la surface et 13% de la population) du fait de l’immensité, des coûts des infrastructures, d’où une exploitation anarchique... - Une opposition littorale entre le Nordeste et le Sud et Sudeste.

o Elle est humaine (population au sud), o démographique (transition démographique presque finie au sud pas dans le nord), o culturelle (différence d'alphabétisation), o économique (nord-est région pauvre, industrialisation faible alors que le Sud et le Sud-Est sont des régions dynamiques : plantations , industrialisation, ports ...)

De fortes migrations ont donc lieu du NE vers le SE. - Le cœur économique : Sao Paulo + Belo Horizonte + Rio de Janeiro : cumul des centres de décisions économiques, forte activité, marché de consommateurs, infrastructures performantes...

B. A l’échelle urbaine : le cas de Sao Paulo

Etude de cas : Les inégalités à l’échelle urbaine : la ville de Sao Paulo. Problématique : En quoi la ville de Sao Paulo est-elle un symbole des inégalités socio-spatiales du Brésil ? Documents à utiliser : Graphique d’évolution de la population urbaine, extrait de la géographie universelle, doc 12 p. 257, les favelas de Sao Paulo, l’hélicoptère signe extérieur de richesse (la documentation française) Document 1 : Croissance comparée de la population de São Paulo .

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Document 2 : La Vraie capitale du Brésil : Sao Paulo Sao Paulo est la vraie capitale du Brésil : la ville à elle seule regroupe 41 % des industries du pays, fournit 40 % du crédit et reçoit 45 % des dépôts bancaires. Mais c'est aussi un microcosme* du Brésil et, si la croissance rapide de la ville symbolise bien l'essor du pays, les oppositions sociales aiguës, qui s'y aggravent, reproduisent et amplifient celles qui marquent tout le territoire national. Les premiers traits frappants de Sao Paulo sont l'immensité de l'espace bâti et la rapidité de son expansion. L'agglomération s'étend sur 8 000 km², soit près de trois fois et demie l'agglomération parisienne. La trame urbaine est encore, dans le centre, à peu près celle du début du siècle, et l'on assiste donc à une nette « verticalisation », les grands immeubles remplaçant maisons et villas, comme sur l'avenida Paulista, naguère jalonnée** par les hôtels particuliers des barons du café, et qui est devenue un canyon*** bordé de tours de bureaux et de résidences de luxe. La croissance horizontale, simultanée, a depuis longtemps dépassé les limites de la commune de Sao Paulo, où ne vivent plus que 65 % de la population, gagné les zones industrielles, qui en regroupent 22 %, et trente autres communes, où vivent 13 % des Paulistanos, les habitants de l'agglomération. Une géographie sociale de l'agglomération se dessine donc, qui s'organise principalement, mais non exclusivement, sur le modèle centre-périphérie. Les quartiers les plus pauvres sont à la périphérie; ils se situent notamment à l'est, au nord-ouest et au sud; trois salariés sur quatre y gagnent moins de trois fois le salaire minimum, sept logements sur huit y sont classés comme « précaires », la mortalité infantile y reste élevée (de 90 à 130 °/oo). Dans le municipe même de Sao Paulo, les différences sont encore grandes, avec des concentrations très localisées de hauts revenus et de vastes zones de classes moyennes ou pauvres. Le centre tend à se dédoubler entre un « centre historique » dégradé et un nouveau centre qui se dessine au long de l'avenida Paulista, où se concentrent près de 15% des emplois du Grand Sao Paulo. Lui même est menacé par l'apparition d'un troisième centre en formation autour des grands centres commerciaux ou, pour dire comme les Brésiliens, des « shopping centers ». Dotés de vastes parcs de stationnement, ils regroupent commodément des commerces, services et aires de récréation, et deviennent les lieux privilégiés d'installation des grandes firmes tertiaires. Au total, Sao Paulo reflète le modèle brésilien, en juxtaposant des îlots de luxe et des océans de pauvreté. Mais cette opposition simple fonctionne à plusieurs échelles.

Amérique latine, Géographie universelle, sous la direction de R. Brunet, Hachette/Belin/Reclus, 1991, p. 415 et 416.

*Microcosme : un résumé, un monde en miniature / **naguère jalonnée : où se trouvaient il y a quelques années / ***canyon : une artère, une avenue

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Document 4 : Une photographie de Sao Paulo, doc 2 p. 273. Document 5 : doc. 11 page 281 du Manuel Magnard. Document 4 : Document 12 p. 257 Document 5 : Immeubles des classes moyennes et aisées séparées par un mur des favelas.

Document 3 : Les favelas à Sao Paulo Les favelas n'avaient encore que très partiellement gagné Sao Paulo il y a seulement une vingtaine d'années. Au milieu de la décennie 70, il n'y avait pas plus d'une quinzaine de milliers de « baraques » avec moins de 100 000 habitants. C'est dans les années 70, avec la dégradation du niveau de vie et l'intensification de l'immigration rurale que les favelas ont commencé à se multiplier (par dix entre 1972 et 1980), notamment à l'est (Sao Miguel, Itaquera, Guaianazes), au nord-ouest (Perus et Jaragua) et au sud de l'agglomération, le long des grands axes de circulation et à proximité des zones industrielles. Elles regroupent aujourd'hui 1,5 à 2 millions d'habitants, qui vivent dans une terrible misère, souvent sur des pentes ravinées*, où il n'est pas rare qu'une pluie un peu forte arrache quelques baraques; une misère qui explique sans doute les émeutes de la faim d'avril 1983. Ce développement des favelas a été très mal ressenti par les Paulistains : « leur » ville était la seule grande métropole brésilienne sans bidonvilles, la favela étant la version spécifique de Rio de Janeiro. L'embourgeoisement progressif du centre-ville, lié à la spéculation foncière et immobilière**, en a chassé les plus pauvres, encore appauvris par le déchaînement de l'inflation dans les années 80, et les a contraints à rejoindre la masse des ruraux nouveaux venus dans les immenses favelas qui flanquent l'agglomération.

Les Grandes métropoles du monde, R. Guglielmo, Armand Colin, Paris, 1996, pages 125-126 *Ravinées : sillons creusés par le ruissellement de la pluie / **Spéculation foncière et immobilière : montée des prix immobiliers due aux promoteurs

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Document complémentaire : L’hélicoptère, signe extérieur de richesse…, la documentation française, n° 8042 p. 31.

Questions : 1. Localisez Sao Paulo à l’échelle brésilienne et indiquez son poids démographique. Comment appelle-t-on ce type de ville ? Sao Paulo se situe au Sud-Est du Brésil, dans la région du Sudeste, en bordure de l’Océan Atlantique. L’agglomération de Sao Paulo regroupe plus de 16 millions d’habitants. Il s’agit d’une mégapole. 2. Documents 1 et 2 : comment a évolué la population de Sao Paulo ces dernières années ? Quelle partie de Sao Paulo connaît une croissance démographique élevée ? Justifiez en utilisant les données du document 1 et en citant une phrase du document 2. La population de Sao Paulo n’a cessé de croître ces dernières années mais à un rythme moins soutenu que dans les années 60 et 70. Les périphéries de l’agglomération connaissent la plus rapide expansion : le nombre d’habitants a triplé de 1970 à 1996 : 2,2 à 6,7 millions d’habitants. Doc 2 : « La croissance, horizontale, simultanée, a depuis longtemps dépassé les limites de la commune de Sao Paulo ». 3. Document 3 : quelles raisons expliquent la croissance démographique dans cette partie de Sao Paulo ? Trois raisons :

- dégradation du niveau de vie - exode rural massif - spéculation financière qui chasse du centre les plus pauvres

4. Documents 2, 4 et 5 : quel phénomène géographique mettent en valeur ces documents ? Quels sont les différents espaces urbains que vous pouvez identifier sur la photographie ? Décrivez chacun des espaces identifiés (type d'habitat, activités, aménagements). Ces documents mettent en valeur une forte ségrégation spatiale qui se retrouve dans le paysage. On trouve au premier plan une favela sur une zone en pente vraisemblablement. L’occupation humaine est

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très dense avec tout de même présence de quelques arbres nécessaires pour obtenir de l’ombre et retenir le terrain en cas de fortes précipitations. Le sol est en terre battue mais on note la présence de pylônes et de lignes électriques qui montrent que l’installation humaine est déjà ancienne. A l’arrière de la favela, au 2ème plan, se distingue une petite zone de végétation, ainsi qu’une rue goudronnée qui paraît constituer une limite dans l’espace séparant la favela d’un quartier composé de gratte-ciels, avec une architecture verticale. Il s’agit d’un quartier riche, peut-être d’un CBD même si l’image paraît montrer plutôt un quartier résidentiel (pas de panneaux lumineux, de marques…). A l’arrière plan, on distingue une zone urbanisée avec un habitat plus individuel puis les flancs d’une montagne. 5. Document 2 : « Une géographie sociale de l'agglomération se dessine donc, qui s'organise principalement, mais non exclusivement, sur le modèle centre-périphérie » : commentez cette affirmation en vous appuyant sur le document 5. Le document montre bien une opposition entre centre et périphérie à l’échelle de l’aire urbaine pauliste. Le centre concentre les personnes ayant les revenus les plus élevés alors que les périphéries nord et ouest sont au contraire peuplées par les personnes aux revenus les plus faibles. Cependant, cette opposition se doit d’être nuancée car les oppositions spatiales sont également nombreuses en périphérie : à l’ouest et au sud des quartiers dévolus aux classes moyennes jouxtent des quartiers très pauvres qui sont sans doute des favelas. 6. Document 2 : le phénomène géographique que vous venez d’identifier à la question 4 ne concerne pas seulement l’agglomération de Sao Paulo. A quelles autres échelles le retrouve-t-on ? Justifiez votre réponse par des éléments du texte. On retrouve ce phénomène à d’autres échelles :

- échelle nationale : Sao Paulo reflète le modèle brésilien en juxtaposant des îlots de luxe et des océans de pauvreté

- échelle urbaine : les villes brésiliennes fonctionnent sur ce modèle ségrégatif. 7. Documents 3 et 4 : quels indices permettent de prouver que les favelas concentrent les populations les plus défavorisées de l’agglomération de Sao Paulo ? Les indices sont :

- les favelas se situent près des axes de communication et des zones industrielles : forte pollution atmosphérique

- les favelas se trouvent dans des zones à risque (souvent sur des pentes ravinées) - utilisation de matériaux de récupération pour constituer les habitations

Compléments sur la ségrégation socio-spatiale à Sao Paulo :Sao Paulo, comme toutes les villes du Sud est confronté aux problèmes de la précarité de l'habitat, de l'insalubrité et de la ségrégation spatiale. Les quartiers les plus pauvres sont dépourvus d'infrastructures de bases (réseau d'eau, du réseau d'égout , électricité) et se trouvent sur des sites dangereux (pollutions industrielles, coulées de boues). La municipalité a lancé une politique de résorption des favelas par la destruction des logements précaires grâce à des immeubles collectifs avec équipement en eau et électricité. Mais les plus pauvres sont obligés de partir du fait de loyers excessifs et cela renforce la ségrégation spatiale. De plus, cette réhabilitation ne concerne que certaines zones, celles qui sont les plus visibles depuis les axes de communication. On constate également un développement de l’insécurité (taux d’homicides : 49 pour 100.000 habitants en 1999), mais qui est très inférieure à d’autres villes comme Récife (79 pour 100.000) mais aussi Washington (51 pour 100.000) ou Medellin (248 pour 100.000). Ce sentiment de peur, parfois injustifié, se traduit par la mise en place de résidences surveillées avec gardien et grillage (modèle américain : gated communities) qui accentuent les inégalités socio-spatiales.

Photographie : doc photo, campagne de désarmement de la population civile à Curitiba juin 2004