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L’évolution conjoncturelle des banques en Suisse Août 2017 Baromètre bancaire 2017

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L’évolution conjoncturelle des banques en Suisse

Août 2017

Baromètre bancaire 2017

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Table des matières

Executive Summary 4

1 Le secteur bancaire suisse 10

1.1 Environnement économique des banques en Suisse 11

1.1.1 Politique économique 11

1.1.2 Mutation structurelle 14

1.1.3 Réglementation 16

1.1.4 Fiscalité et compliance 17

1.1.5 Compétitivité 18

2 Résultat des banques 22

2.1 Evolutions en 2016 23

2.1.1 Résultat par domaines d’activité 23

2.1.2 Résultat par groupes de banques 25

2.1.3 Bénéfice annuel et impôts 27

2.2 Evolutions en 2017 28

3 Opérations au bilan 30

3.1 Evolutions en 2016 30

3.1.1 Evolution des bilans 30

3.1.2 Evolution des opérations de crédit en Suisse 36

3.2 Evolutions en 2017 39

4 Gestion de fortune 42

4.1 Evolutions en 2016 42

4.2 Evolutions en 2017 48

5 Emploi dans les banques en Suisse 50

5.1 Evolutions en 2016 50

5.2 Evolutions en 2017 53

6 Bibliographie 58

3Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

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Les banques relèvent le gant et, dans ce contexte incertain, elles parviennent à se

développer avec vigueur.

Voici plus de deux ans que la Banque nationale suisse (BNS) a introduit des taux

d’intérêt négatifs. A fin 2016, ces taux concernaient CHF 234 milliards d’avoirs

bancaires en Suisse. Dans l’ensemble de la branche, ils ont pesé sur les marges

d’intérêts tout au long de l’année. Les opérations passives, de plus en plus,

atteignent ainsi leurs limites. La forte demande de crédit, stimulée par le bas niveau

des taux d’intérêt, a permis aux banques de compenser l’érosion de leurs marges

par un accroissement du volume de crédit.

Dans l’immédiat, le Brexit et la situation politique aux Etats-Unis restent des sources

d’inquiétude pour les banques suisses.

La transition numérique ouvre des perspectives non seulement pour le secteur

financier, mais pour l’économie suisse dans son ensemble. Dans un «rapport sur les

principales conditions-cadres pour l’économie numérique», le Conseil fédéral arrive

à la conclusion que la Suisse est bien positionnée pour faire face aux défis de la

mutation structurelle induite par l’avènement du numérique. La numérisation facilite

l’externalisation et la délocalisation de certains services et processus d’affaires, elle

fait aussi évoluer les profils professionnels des collaborateurs des banques.

Depuis peu, on observe une forte tendance à la coopération entre les entreprises

Fintech et les banques. Les banques établies ont comme atouts leur savoir-faire

dans le domaine réglementaire, la sécurité qu’elles offrent en matière de conserva-

tion des valeurs patrimoniales et de protection des données ainsi que la confiance

des clients en résultant, tandis que les start-up offrent un cadre idéal pour

développer de nouvelles idées commerciales.

Pour relever les défis de cette mutation structurelle, il convient d’impliquer en temps

utile tous les acteurs concernés et d’identifier sans tarder les initiatives à prendre.

A cet effet, l’Association suisse des banquiers (ASB) a mis en place à l’été 2016 le

groupe d’experts Fintech.

Executive SummaryLe secteur bancaire contribue de manière déterminante au succès de la place financière suisse, qui compte parmi les premières au monde et est restée en 2016 l’une des plus compétitives à l’échelon international. A fin 2016, 261 banques opéraient en Suisse, soit cinq de moins que l’année précédente.

Deux villes suisses, Zurich et Genève, se sont classées respectivement onzième et

vingtième dans le Global Financial Centres Index 2017. Elles ont reculé par rapport

aux années précédentes, ce qui reflète une nette perte d’attractivité.

Les banques en Suisse sont confrontées à des défis de taille: coûts croissants liés à

la réglementation, phase de taux d’intérêt négatifs, érosion des marges, exigences

accrues de la part des clients, transition numérique, incertitudes politiques et juri-

diques pendant les négociations sur le Brexit, incertitudes aussi quant à la politique

future des Etats-Unis. La compression persistante des marges et l’avènement du

numérique dans le domaine financier risquent fort d’accélérer la réorganisation

structurelle du secteur bancaire ces prochaines années.

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Executive Summary

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sensibles aux prix, les banques n’ont guère de latitude pour augmenter leurs com-

missions et répercuter ainsi les taux d’intérêt négatifs sur les clients. Le résultat des

opérations de commissions et prestations de services a donc enregistré une baisse

de 6,7 % en 2016, laquelle s’explique aussi par le volume globalement faible des

transactions boursières. Le résultat des opérations de négoce en a fait les frais

également, puisqu’il a diminué de CHF 2,4 milliards en 2016. Les autres résultats

ordinaires, en revanche, se sont inscrits en hausse de 27,9 % à CHF 11,4 milliards:

à fin 2016, ils représentaient 18,2 % du résultat des banques. Cette augmentation

résulte en particulier de l’amélioration de la situation conjoncturelle en Suisse entre

2015 et 2016 ainsi que de la gestion réussie du choc du franc survenu en 2015.

Le bénéfice brut a baissé de 16,8 % en 2016. Les banques ont versé

CHF 2,3 milliards aux caisses de l’Etat au titre des impôts sur le revenu et le

bénéfice.

En 2016, par rapport à 2015, le total consolidé des bilans de toutes les banques en

Suisse s’est affiché en hausse de 2,5 % à CHF 3 100,8 milliards. Les créances hypo-

thécaires ont augmenté de 2,6 % et sont restées le poste d’actif le plus important,

avec une part de 31,2 % environ. Les liquidités ont également augmenté de 10,9 %,

en lien avec les achats de devises de la BNS et le gonflement des comptes de vire-

ment des banques auprès de la BNS. Les portefeuilles de titres et stocks de métaux

précieux se sont inscrits en recul de 19,4 %, ce qui s’explique en particulier par la

baisse globale des opérations de négoce.

Du côté des passifs, les engagements résultant des dépôts de la clientèle ont aug-

menté de 2,7 %. A fin 2016, les dépôts à vue constituaient la plus grande part des

passifs (28,9 %). En revanche, le contexte de taux bas a fait perdre de leur attrait

aux dépôts à terme, dont la part s’est réduite (6,5 %). Les fonds propres ont enre-

gistré quant à eux une hausse de 7,1 %.

Sur les cinq premiers mois de l’année 2017, le total consolidé des bilans de toutes

les banques en Suisse s’est affiché en hausse de 0,8 %. L’évolution positive

observée en 2016 s’est donc confirmée. Les portefeuilles destinés au négoce et les

créances résultant d’opérations de financement de titres ont enregistré les plus

fortes augmentations. Cette évolution résulte du fait que le volume des transactions

Si divers indicateurs donnent à penser que la Suisse reste très compétitive, les coûts

liés à la densité réglementaire pèsent lourdement sur les banques. Des allègements

administratifs et une amélioration de la réglementation actuelle et future sont donc

nécessaires.

En outre, pour rester dans le peloton de tête des places financières internationales,

la Suisse doit avoir accès aux marchés étrangers. A cet effet, elle veut garantir

l’équivalence des législations et doit observer des normes internationales. La Loi sur

les services financiers (LSFin) et la Loi sur les établissements financiers (LEFin) sont

emblématiques à cet égard.

La Suisse applique des normes internationales, comme par exemple l’échange

automatique de renseignements (EAR) entré en vigueur le 1er janvier 2017. Plus

d’une centaine d’Etats, dont tous les grands centres financiers et toutes les places

financières concurrentes de la Suisse, se sont également engagés à appliquer

cette norme.

Pour que la Suisse puisse à nouveau progresser dans les classements internationaux

et conserver un marché financier solide et compétitif, il lui faut mettre en place des

conditions-cadres optimales et acceptées à travers le monde. Dans son rapport sur

la politique en matière de marchés financiers, publié en octobre 2016, le Conseil

fédéral reconnaît le rôle important que joue la place financière pour l’économie

suisse et œuvre en faveur d’une place financière compétitive, leader sur la scène

internationale. Afin de défendre les intérêts de la place financière suisse de manière

crédible et de positionner clairement cette dernière à l’échelon national et interna-

tional, une coopération étroite et active de tous les acteurs financiers, de l’écono-

mie, des autorités et des milieux politiques est indispensable. C’est dans cette

perspective que le Conseiller fédéral Ueli Maurer, accompagné de représentants du

secteur bancaire, a entrepris un voyage en Asie en avril 2017.

En 2016, le résultat consolidé des banques en Suisse s’est inscrit en baisse de 3,2 %

à CHF 62,5 milliards. Le résultat des opérations d’intérêts a perdu 2,7 % par rapport

à 2015, en raison notamment des taux d’intérêt négatifs. Il n’en reste pas moins le

principal contributeur au résultat consolidé des banques. Les clients étant très

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Executive Summary

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boursières s’est nettement accru au premier semestre 2017 par rapport à 2016. Du

côté des passifs, les engagements résultant d’opérations de financement de titres,

les engagements résultant des dépôts de la clientèle et les fonds propres sont restés

orientés à la hausse.

Les opérations de crédit des banques sont un pilier important pour le développe-

ment économique de la Suisse. L’octroi de crédit aux entreprises et aux particuliers

en Suisse est stable. Par rapport à 2015, le volume total de l’encours de crédit

national s’est inscrit en hausse de 2,9 % à CHF 1 107,5 milliards, dont

CHF 158,2 milliards provenant de créances gagées et en blanc sur la clientèle et

CHF 949,3 milliards provenant de créances hypothécaires suisses. La croissance des

crédits hypothécaires nationaux s’est établie en 2016 à 2,7 %, soit légèrement

au-dessus du niveau de l’année précédente (2015: +2,6 %). Les créances en blanc et

les créances gagées ont augmenté respectivement de 1,8 % et 7,7 %.

Malgré les exigences réglementaires accrues et le contexte de taux bas, la Suisse

reste leader dans le domaine du Private Banking transfrontalier à l’échelon interna-

tional, avec une part de marché de 24,0 %. Les actifs sous gestion en Suisse se sont

inscrits en hausse de 1,3 % en 2016, à CHF 6 650,8 milliards. La part des actifs des

clients étrangers a légèrement reculé, passant de 49,3 % à 48,2 %.

A fin 2016, les banques employaient en Suisse 101 382 personnes (en équivalents

plein temps). Le contexte économique difficile ainsi que les adaptations structurelles

du paysage bancaire ont eu un impact sur l’emploi qui, en 2016, s’est inscrit en

léger recul par rapport à 2015 avec 1 660 suppressions de postes (-1,6 %). On est

resté sur cette trajectoire au premier semestre 2017, mais la baisse des effectifs a

été moindre que par le passé (-1 % environ). Les résultats d’une enquête effectuée

par l’ASB auprès de quelque 160 banques révèlent un optimisme mesuré quant à

l’évolution de l’emploi sur les prochains mois.

98 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Executive Summary

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A fin 2016, 261 banques opéraient en Suisse, soit cinq de moins que l’année précé-

dente. Cette réduction du nombre d’établissements concerne au premier chef les

banques étrangères. Le groupe des grandes banques compte un établissement de

plus suite à la création de Credit Suisse (Suisse) SA, filiale intégrale de Credit Suisse

SA. Le groupe des banquiers privés compte quant à lui un établissement de moins,

puisqu’une banque est passée de ce groupe au groupe «banques boursières».

La BNS répartit les banques en huit groupes: banques cantonales, grandes banques,

banques régionales et caisses d’épargne, banques Raiffeisen, banques étrangères,

banquiers privés, banques boursières et «autres banques».

Graphique 1

Structure du secteur bancaire suisse à fin 2016

Nombre de Nombre de Etablissements:banques 2015 banques 2016 Nouveaux Répartition Réduction

Banques cantonales 24 24

Grandes banques 3 4 1

Banques régionales et caisses d'épargne 62 62

Banques Raiffeisen 1 1

Banques étrangères 111 107 1 5

Banquiers privés 7 6 -1

Banques boursières 44 43 +1 2

Autres banques 14 14

Total 266 261 2 7

Source: BNS

1.1 Environnement économique des banques en Suisse

1.1.1 Politique économique

Taux d’intérêt négatifs

La politique monétaire ultra-expansionniste qui perdure à l’échelon international

continue de préoccuper fortement la BNS. Le risque inhérent à cette politique, en

effet, ne fait que croître, tandis que d’autres interventions monétaires exception-

1 Le secteur bancaire suisseLe secteur bancaire contribue de manière déterminante au succès de la place financière suisse, qui compte parmi les premières au monde et est restée en 2016 l’une des plus compétitives à l’échelon international. Deux villes suisses, Zurich et Genève, se sont classées respectivement onzième et vingtième dans le Global Financial Centres Index 2017.1

Le secteur bancaire regroupe une multitude d’établissements qui appliquent des

modèles d’affaires diversifiés. Ils offrent une gamme complète de prestations de

services, avec des évolutions fulgurantes dans le domaine de la banque numérique.

Malgré un contexte économique exigeant depuis des années, le secteur bancaire a

généré en 2016 une part significative de la création de valeur du pays (5 %).2

1 Z / Yen Group Limited (2017).2 Office fédéral de la statistique (OFS).

1110 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Le secteur bancaire suisse1

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Dans les domaines de l’Asset Management et de la gestion de fortune pour la

clientèle institutionnelle, les incertitudes sont moindres, car la législation euro-

péenne en la matière (notamment la Directive AIFM et le MiFIR) prévoit des condi-

tions d’équivalence que la Grande-Bretagne est en mesure de remplir.

Aux Etats-Unis, avec la nouvelle administration, l’incertitude règne quant à la poli-

tique future du pays. La déréglementation et les réductions fiscales, mais aussi les

renégociations et les mesures unilatérales en matière commerciale, sont autant de

sujets qui pourraient rebattre les cartes sur le terrain de la concurrence entre places

internationales. En particulier, le dispositif Dodd-Frank devrait être partiellement

abrogé et la légitimité du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire et celle du Conseil

de stabilité financière (CSF) sont également remises en question. La Suisse se doit

de suivre de près les évolutions en ce qui concerne l’aménagement des condi-

tions-cadres internationales et, le cas échéant, de s’adapter sans délai en vue de

renforcer sa compétitivité.

Economie numérique

La transition numérique ouvre des perspectives non seulement pour le secteur

financier, mais pour l’économie suisse dans son ensemble. Aussi le Conseil fédéral

a-t-il approuvé en janvier 2017 un rapport sur les principales conditions-cadres

pour l’économie numérique3, qui vise à dresser un état des lieux dans le cadre de

la stratégie «Suisse numérique» arrêtée en avril 2016.

Ce rapport conclut que la Suisse est bien positionnée pour faire face aux défis de la

mutation structurelle induite par l’avènement du numérique. La législation actuelle

offre globalement une base appropriée, de sorte que des adaptations ponctuelles

suffisent. S’agissant du développement, de la production et de la distribution de

nouveaux produits et services numériques, la marge de manœuvre doit être aussi

grande que possible. Le Conseil fédéral a également chargé le Secrétariat d’Etat à

l’économie (SECO) d’effectuer une enquête intitulée «Test numérique» auprès des

acteurs de l’économie privée. L’objectif était d’analyser la pertinence en matière

numérique des lois existantes et économiquement importantes, ainsi que de pré-

senter l’éventuelle nécessité d’une révision.

3 «Rapport sur les principales conditions-cadres pour l’économie numérique», Conseil fédéral (2016).

nelles perdent en efficacité. La BNS est confrontée à ce qu’il est convenu d’appeler

le trilemme de la politique monétaire, à savoir: sur les trois objectifs que sont la

stabilité des taux de change, la liberté de circulation des capitaux et l’autonomie de

la politique monétaire, deux seulement sont susceptibles d’être atteints.

En complément de ses interventions sur le marché des devises, la BNS a introduit il y

a plus de deux ans des taux d’intérêt négatifs visant à atténuer la pression sur le franc

suisse. A fin 2016, ces taux concernaient CHF 234 milliards d’avoirs bancaires en

Suisse. Dans l’ensemble de la branche, ils ont pesé sur les marges d’intérêts. L’activité

de détail, de plus en plus, atteint ainsi ses limites. La forte demande de crédit, stimu-

lée par le bas niveau des taux d’intérêt, a permis aux banques de compenser l’érosion

de leurs marges par un accroissement du volume de crédit. S’agissant de l’octroi

d’hypothèques, qui dépassait la croissance économique ces dernières années,

l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et la BNS parlent

de déséquilibre et observent donc attentivement l’évolution de la situation.

A de rares exceptions près, dans les opérations passives avec la clientèle de détail,

les banques se sont jusqu’ici abstenues de répercuter les taux d’intérêt négatifs sur

les particuliers. Elles compensent en partie les pertes en résultant par les opérations

actives ainsi que par des hausses de commissions. En revanche, les clients institu-

tionnels et très fortunés se voient généralement facturer les taux d’intérêt négatifs.

Brexit et Etats-Unis

Dans l’immédiat, le Brexit et la situation politique aux Etats-Unis restent des sources

d’inquiétude pour les banques suisses.

Le choix du Brexit génère de l’insécurité juridique en Grande-Bretagne pendant la

phase de négociation et la période transitoire. C’est particulièrement lourd de

conséquences pour les opérations financières et, surtout, pour la distribution de

services financiers à la clientèle privée. Dans les scénarios alternatifs qu’elles éla-

borent, certaines banques prévoient de quitter Londres pour développer leurs

activités sur d’autres places financières. Quelques établissements servent d’ores et

déjà leur clientèle privée européenne à partir de Luxembourg ou de Francfort.

Ces canaux de distribution gagneront en importance si le gouvernement de la

Grande-Bretagne opte pour un Brexit «dur» et si les banques britanniques perdent

l’accès au marché intérieur de l’UE.

1312 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Le secteur bancaire suisse1

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La FINMA et le DFF réagissent à la numérisation dans le secteur financier

Les nouveaux écosystèmes et modèles d’affaires numériques que l’on voit émerger

ont de plus en plus de mal à s’inscrire dans le cadre réglementaire existant. Aussi, dès

novembre 2016, le Conseil fédéral a chargé le Département fédéral des finances

(DFF) d’élaborer à marche forcée un projet prévoyant des allégements réglementaires

pour les entreprises actives dans les technologies financières innovantes. Par exemple,

les nouvelles dispositions permettent d’accepter sans autorisation des dépôts du

public jusqu’à concurrence de CHF 1 million. Depuis le 1er août 2017, les prestataires

de services financiers numériques sont soumis à des règles moins strictes. Le Conseil

fédéral a adopté début juillet 2017 l’Ordonnance révisée sur les banques.

La FINMA a réagi elle aussi au développement des modèles d’affaires numériques,

notamment en créant début 2016 un «desk Fintech» pour les start-up. Cette struc-

ture permet désormais de répondre rapidement aux questions et est un facteur de

sécurité juridique.

Un contexte favorable pour les entreprises Fintech

Pour relever les défis de la mutation structurelle induite par le numérique, il convient

d’impliquer en temps utile tous les acteurs concernés et d’identifier sans tarder les

initiatives à prendre. C’est pourquoi l’ASB se penche sur la problématique Fintech

depuis un certain temps déjà et travaille en concertation étroite avec les autorités,

les régulateurs et les banques. A l’été 2016, elle a mis en place le groupe d’experts

Fintech, auquel participent des représentants de haut rang de tous les groupes de

banques. Ce groupe d’experts se penche notamment sur les évolutions Fintech

prometteuses et analyse l’adéquation des conditions-cadres dans la perspective de

renforcer le secteur financier et d’assurer aux banques un level playing field.

Un contexte propice aux entreprises Fintech est indispensable pour préserver et

renforcer la compétitivité de la place financière dans son ensemble. Mais à cet effet

et dans l’optique d’un level playing field, il importe de promouvoir les prestations

de services innovantes et non des segments spécifiques de prestataires. En d’autres

termes, les prestataires de services financiers existants doivent pouvoir participer

au marché Fintech innovant dans les mêmes conditions réglementaires que les

nouveaux prestataires. Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent en

particulier, il serait extrêmement risqué pour la place financière suisse d’assouplir

les obligations pour les entreprises Fintech.

1.1.2 Mutation structurelle

Délocalisation et externalisation de l’emploi

Le contexte de taux bas, le renforcement des règles régissant l’octroi de crédit et les

nouvelles exigences en matière de fonds propres continuent de peser sur les marges

des banques et requièrent des mesures pour accroître les revenus tout en réduisant

les coûts. La transition numérique ouvre à cet égard des pistes très dynamiques

permettant de proposer de nouvelles offres, mais aussi d’optimiser les processus

d’affaires et ainsi de réduire les coûts de main-d’œuvre. D’un autre côté, elle facilite

l’externalisation de certains services et processus d’affaires à des entreprises

sous-traitantes ou leur délocalisation vers des pays à moindres coûts de main-

d’œuvre. Enfin, elle fait évoluer les profils professionnels des collaborateurs des

banques. Sans surprise, c’est dans les métiers de l’informatique que l’excédent de

postes vacants par rapport au nombre de demandeurs d’emploi est le plus élevé,

tandis qu’il est nettement négatif dans les métiers de la vente.4

Transition numérique

Le numérique transforme l’univers bancaire à vive allure et cette évolution ne fait

que s’accélérer. Il y a quelques années, on n’hésitait pas à prédire que les start-up

Fintech, avec leur potentiel de disruption, remettraient en question jusqu’à la raison

d’être des banques. Or depuis peu, on observe une forte tendance à la coopération

entre les entreprises Fintech et les banques. Certes, cela oblige les banques établies

à repenser en profondeur leurs modèles d’affaires et leurs prestations, alors que

leur création interne de valeur se réduit en permanence. Néanmoins, s’agissant de

l’acquisition de clientèle, leur savoir-faire dans le domaine réglementaire, la sécurité

qu’elles offrent en matière de conservation des valeurs patrimoniales et de protec-

tion des données ainsi que la confiance en résultant leur confèrent un avantage

notable par rapport aux start-up. Ces dernières, quant à elles, offrent un cadre idéal

pour développer de nouvelles idées commerciales et sont capables de les mettre

en œuvre plus rapidement que les banques établies. Coopérer avec des start-up

permet donc aux banques de développer leur offre de prestations et d’accroître leur

productivité.

4 Moniteur Employeurs Banques (3 / 2017).

1514 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Le secteur bancaire suisse1

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LSFin et LEFin

Le Conseil des Etats, en sa qualité de conseil prioritaire, a examiné en décembre

2016 la Loi sur les services financiers (LSFin) et la Loi sur les établissements finan-

ciers (LEFin). Les projets ont fait l’objet de diverses adaptations et améliorations

(p. ex. exclusion des assureurs de la LSFin, refus de l’allègement des frais de procès

pour la clientèle professionnelle, refus du renversement du fardeau de la preuve en

cas de violation des obligations d’information et d’explication). Ils sont actuellement

entre les mains du Conseil national et les lois correspondantes devraient pouvoir

entrer en vigueur au plus tard début 2019.

Bâle III

En mars 2016, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a présenté de nouvelles

règles9 visant à limiter l’usage par les banques de modèles de risque internes pour

calculer leurs fonds propres.

L’adoption de ce nouveau train de mesures, initialement prévue en janvier 2017, a

été reportée sine die en raison de divergences persistantes entre les participants,

notamment entre les Etats-Unis et l’UE. Afin de préserver sa compétitivité, la Suisse

doit éviter d’appliquer précipitamment des prescriptions qui, en fin de compte, vont

au-delà des exigences du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire.

1.1.4 Fiscalité et compliance

Entrée en vigueur de l’EAR le 1er janvier 2017

La Loi et l’Ordonnance sur l’échange automatique de renseignements (EAR), qui

régissent l’échange international de données relatives aux comptes et dépôts de

contribuables entre les autorités fiscales des pays participants, sont entrées en

vigueur le 1er janvier 2017. Outre la Suisse, plus d’une centaine d’Etats, dont tous les

grands centres financiers et toutes les places financières concurrentes de la Suisse,

se sont engagés à appliquer cette norme. Les données seront collectées courant

2017 puis, dès 2018, les autorités suisses les échangeront avec 38 pays, y compris

tous les Etats membres de l’UE. La Suisse est convenue avec 43 autres pays de faire

de même à partir de 2019. L’approbation de ces accords par les Parlements natio-

naux reste toutefois à venir.

9 Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (2016).

1.1.3 Réglementation

Si divers indicateurs, comme le classement de l’IMD5, donnent à penser que la

compétitivité de la Suisse reste bonne, des analyses centrées principalement sur la

densité réglementaire font apparaître un tableau plus nuancé. Par exemple, la Suisse

a reculé entre 2005 et 2017 dans l’indice «Ease of Doing Business» de la Banque

mondiale: en tant que lieu d’implantation pour les entreprises, elle a perdu de sa

compétitivité à l’échelon international, ce qui s’explique notamment par la densité

réglementaire croissante. Des allègements administratifs et une amélioration de la

réglementation actuelle et future sont donc nécessaires, comme le relève le Conseil

fédéral dans son rapport «Politique de croissance 2016 – 2019».6 L’ASB elle aussi

prône le «concept pour une bonne politique réglementaire», articulé autour d’un

organe de contrôle indépendant.7

Les conditions-cadres issues d’une bonne politique réglementaire déterminent le

climat des affaires pour les prestataires et leurs clients: des prescriptions peu coû-

teuses, adaptées et proportionnées attirent les uns comme les autres, contribuant

ainsi à créer de la valeur et des emplois en Suisse.

Le premier rapport annuel du comité consultatif «Avenir de la place financière»

va dans le même sens.8 Institué par le Conseil fédéral et appelé à siéger jusqu’à fin

2019, ce groupe d’experts composé de dix-neuf membres est chargé d’examiner,

indépendamment de l’activité quotidienne et d’un point de vue stratégique, les

défis futurs et les perspectives d’avenir de la place financière. Fin 2016, il a

notamment soumis au Conseil fédéral la recommandation concrète de soumettre

les réglementations des marchés financiers à des analyses ex-post: quelques

années après l’introduction d’une réglementation, il s’agirait d’analyser ses coûts

et son utilité et d’élaborer des propositions d’amélioration.

5 Classement annuel de la compétitivité mondiale, Institute for Management Development (IMD).6 «Politique de croissance 2016 – 2019», Conseil fédéral (2016).7 «Konzeptionelle Grundlagen einer unabhängigen Regulierungsprüfstelle» (en allemand uniquement),

Büro Vatter (2016).8 «Jahresbericht 2016 zuhanden des Bundesrates» (en allemand uniquement), comité consultatif

«Avenir de la place financière» (2016).

1716 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Le secteur bancaire suisse1

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Les décideurs politiques ne s’y sont pas trompés. En octobre 2016, le Conseil fédé-

ral a publié son rapport sur la politique en matière de marchés financiers13, qui

présente les axes stratégiques à suivre dans ce domaine. Si la mise en œuvre des

normes internationales doit rester un élément central de la politique, il convient

aussi d’exploiter les marges de manœuvre subsistant sur le plan national ainsi que

d’aménager efficacement et dans une perspective d’avenir les conditions régissant

la place financière suisse. Le Conseil fédéral reconnaît dans ce rapport le rôle impor-

tant que joue la place financière pour l’économie suisse et entend œuvrer en faveur

d’une place financière compétitive, leader sur la scène internationale.

Promotion de la place financière suisse

Selon le Conseil fédéral, il incombe au DFF de jouer un rôle important dans la

promotion de la place financière suisse. Outre la conformité fiscale, divers aspects

sont à promouvoir à l’étranger, notamment la bonne capitalisation du système

bancaire, le savoir-faire, l’excellente qualité de la formation, la stabilité politique et la

prévisibilité de la législation. En avril 2017, le Conseiller fédéral Ueli Maurer a joint le

geste à la parole en effectuant un déplacement en Asie. Avec une délégation de

l’ASB et d’autres représentants du secteur financier, il s’est rendu à Pékin, Shanghai,

Singapour et Hong Kong où ont eu lieu une quarantaine de rencontres bilatérales

et quelques manifestations promotionnelles.

Sur des questions comme la réglementation, Fintech, l’accès au marché et la coopé-

ration avec les banques asiatiques, les interlocuteurs ont clairement exprimé leur

volonté de continuer à collaborer et se sont prononcés en faveur de projets com-

muns. L’environnement réglementaire et politique exige une transparence et une

sécurité accrues: dès lors, une nouvelle proportionnalité doit être trouvée en la

matière et la coordination avec des Etats partenaires partageant les mêmes préoc-

cupations, comme Singapour, revêt une importance croissante. Afin de défendre les

intérêts de la place financière suisse de manière crédible et de positionner claire-

ment cette dernière à l’échelon national et international, une coopération étroite et

active de tous les acteurs financiers, de l’économie, des autorités et des milieux

politiques est indispensable.

13 «Politique en matière de marchés financiers pour une place financière suisse compétitive», Conseil fédéral (2016).

L’EAR revêt une importance considérable pour la Suisse, qui concentre environ un

quart10 des actifs sous gestion transfrontalière dans le monde. Dès lors, la place

bancaire suisse n’en est que plus prompte à s’engager en faveur d’une norme

internationale unique présentant trois avantages majeurs: tous les Etats collectent

et échangent les mêmes données, les informations ne sont utilisées qu’aux fins

prévues dans les accords et la confidentialité des données est garantie. Dans la

mesure où la protection de la sphère privée et le devoir de discrétion concernant

leurs clients demeurent au centre des préoccupations des banques suisses, il est

essentiel que la protection juridique et technique des données soit suffisante.

Examen par pays du Groupe d’Action Financière (GAFI)

En 2014, le GAFI a révisé ses 40 Recommandations, de sorte que la Suisse a été

contrainte d’adapter son dispositif en matière de lutte contre le blanchiment

d’argent. Le nouveau texte est entré en vigueur le 1er janvier 2016.11

En décembre 2016, le GAFI a publié son quatrième rapport d’évaluation mutuelle

de la Suisse12, qui analyse la mise en œuvre des Recommandations révisées en

2012. Dans ce rapport, le GAFI reconnaît la qualité du dispositif suisse de lutte

contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et confirme que la

place financière suisse a atteint un meilleur résultat que d’autres pays examinés.

1.1.5 Compétitivité

Outre la transition numérique, les évolutions en cours dans certains domaines

d’activité exigent de la place financière suisse une adaptation constante de ses

conditions-cadres. Ainsi, s’agissant de la gestion de fortune transfrontalière, les

prévisions de croissance sont nettement plus modestes en Suisse que sur les places

financières concurrentes. Après des classements record en 2013, la place de Zurich

et celle de Genève ont reculé respectivement de la cinquième à la onzième place et

de la septième à la vingtième place dans le Global Financial Centres Index 2017, ce

qui montre que la Suisse doit impérativement valoriser ses atouts. Pour que le pays

progresse à nouveau en comparaison internationale et conserve un marché finan-

cier solide et compétitif, il lui faut mettre en place des conditions-cadres optimales

et acceptées à travers le monde.

10 The Boston Consulting Group (2017).11 Convention relative à l’obligation de diligence des banques (CDB 16).12 Rapport d’évaluation mutuelle, GAFI (2016).

1918 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Le secteur bancaire suisse1

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Nov 16 Mutation structurelle Le Conseil fédéral prend les premières décisions en vue de la réglementation Fintech. A partir d’un seuil de CHF 1 million, certains établissements financiers pourront désormais bénéficier d’une «licence Fintech» allégée.

Nov. 16 Mutation structurelle A partir du 11 novembre 2016, plus de mille distributeurs de billets CFF répartis dans toute la Suisse permettent d’acheter des bitcoins. Dans le cadre de cette phase de test de deux ans, les CFF souhaitent déterminer s’il existe un marché pour la vente de bitcoins.

Nov. 16 Compétitivité Le Conseil fédéral approuve les sept objectifs stratégiques de la FINMA pour la période 2017– 2020: veiller à une bonne capitalisation des banques et des assurances, influencer positivement et durablement le comportement commercial des établissements financiers, désamorcer le problème du too-big-to-fail grâce à des plans d’urgence fonctionnels, contribuer positivement à la stabilité du système et à la protection des créanciers et des assurés, créer des conditions-cadres appropriées pour les modèles d’affaires innovants, s’engager pour une réglementation des marchés financiers fondée sur des principes, maintenir la stabilité des coûts de la surveillance et réaliser de nouveaux gains d’efficience.

Nov. 16 Secteur bancaire Credit Suisse (Suisse), une filiale intégrale de Credit Suisse SA, démarre son activité.

Janv. 17 Réglementation Le Comité de Bâle reporte sa décision sur les règles de calcul des ratios de fonds propres.

Janv. 17 Réglementation Le Règlement sur les documents d’informations clés relatifs aux produits d’investisse-ment packagés de détail et fondés sur l’assurance (PRIIP-KID) entre en vigueur. C’est le premier règlement européen en la matière.

Janv. 17 Réglementation Le Conseil fédéral adopte de nouvelles prescriptions concernant les fonds propres des banques pour les dérivés et les parts de fonds. Celles-ci sont nécessaires car les an-ciennes méthodes de calcul sont périmées.

Janv. 17 Fiscalité et compliance Depuis le 1er janvier 2017, les banques suisses mettent en œuvre l’EAR avec l’étranger.

Janv. 17 Mutation structurelle Le Conseil fédéral adopte le rapport sur les principales conditions-cadres pour l’économie numérique.

Févr. 17 Compétitivité Dans leur étude intitulée «Le troisième cotisant en matière de prévoyance profession-nelle», des experts en Asset Management issus de diverses banques et de l’ASB for-mulent des suggestions visant à optimiser et renforcer la prévoyance vieillesse en Suisse.

Févr. 17 Fiscalité et compliance Le DFF ouvre la procédure de consultation concernant l’introduction de l’EAR avec de nouveaux pays. L’entrée en vigueur de l’EAR avec 42 nouveaux pays est prévue pour le 1er janvier 2018.

Avr. 17 Fiscalité et compliance Le Conseil fédéral rejette le contre-projet à l’initiative Matter.

Avr. 17 Mutation structurelle Fusion des apps de paiement Twint et Paymit.

Avr. 17 Compétitivité La population suisse fait confiance aux banques. C’est ce que montre une enquête effec-tuée par l’institut de sondage M.I.S. Trend sur mandat de l’ASB.

Juin 17 Secteur bancaire Selon le rapport sur la stabilité financière de la BNS, les banques ont amélioré leurs ratios de fonds propres. Des risques sont identifiés en matière d’octroi d’hypothèques.

Juin 17 Réglementation Le Conseil fédéral adopte l’Ordonnance révisée sur les banques. A partir du 1er août, les entreprises Fintech sont soumises à des règles moins strictes.

Graphique 2

Événements marquants pour la place financière suisse

Date Domaine Evénement

Janv. 16 Fiscalité et compliance La FINMA met en vigueur son Ordonnance sur le blanchiment d’argent intégralement révisée. Cette révision tient compte de celle de la Loi sur le blanchiment d’argent ainsi que des nouvelles normes internationales.

Janv. 16 Réglementation La Loi sur l’infrastructure des marchés financiers (LIMF), qui règle l’organisation et l’exploitation de l’infrastructure des marchés financiers et fixe des règles de conduite pour le négoce de titres et de dérivés, entre en vigueur.

Janv. 16 Mutation structurelle La FINMA crée un «desk Fintech» pour les start-up.

Janv. 16 Fiscalité et compliance La Convention révisée relative à l’obligation de diligence des banques (CDB 16) entre en vigueur.

Janv. 16 Réglementation Le Comité de Bâle publie les prescriptions révisées en matière de fonds propres, qui entreront en vigueur en 2019.

Janv. 16 Secteur bancaire La China Construction Bank (CCB) est la première banque chinoise à ouvrir une filiale à Zurich.

Févr. 16 Fiscalité et compliance Le ministère américain de la justice met fin au programme d’auto-dénonciation pour les banques suisses, dans le cadre duquel 80 établissements ont versé USD 1,3 milliard d’amendes pour complicité de soustraction fiscale.

Févr. 16 Secteur bancaire La banque privée EFG International rachète la banque tessinoise BSI pour CHF 1,3 milliard.

Mars 16 Fiscalité et compliance Le Conseil des Etats, en sa qualité de conseil prioritaire, approuve l’EAR avec l’UE.

Mars 16 Mutation structurelle La FINMA autorise l’identification par vidéo et en ligne lors de l’ouverture d’un compte.

Mars 16 Réglementation Le Comité de Bâle présente de nouvelles règles selon lesquelles les banques sont désormais autorisées à utiliser des modèles internes pour calculer leurs ratios de fonds propres réglementaires.

Avr. 16 Mutation structurelle Le Conseil fédéral adopte la stratégie «Suisse numérique».

Mai 16 Réglementation Le Conseil fédéral met en vigueur, à compter de juillet 2016, une ordonnance renforçant les règles applicables aux grandes banques en matière de fonds propres.

Juin 16 Secteur bancaire PostFinance devient membre de l’Association suisse des banquiers.

Juin 16 Fiscalité et compliance Le Parlement suisse approuve l’accord sur l’EAR conclu avec 28 Etats membres de l’UE.

Juin 16 Politique économique La Grande-Bretagne décide de sortir de l’UE.

Juin 16 Mutation structurelle Au guichet du contrôle des habitants de Zoug, à partir du 1er juillet 2016, il est possible de payer en bitcoins les prestations coûtant jusqu’à CHF 200.

Juil. 16 Fiscalité et compliance La nouvelle Loi sur les valeurs patrimoniales d’origine illicite (LVP) entre en vigueur. Elle per-met de prendre des mesures allant du blocage à la restitution des fonds aux Etats d’origine.

Août 16 Mutation structurelle La FINMA adapte ses règles au développement du numérique: les mandats de gestion de fortune peuvent désormais être conclus sous forme numérique et plus nécessaire-ment par écrit.

Oct. 16 Compétitivité Le Conseil fédéral publie son nouveau rapport sur la politique en matière de marchés financiers.

2120 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Le secteur bancaire suisse1

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2.1 Evolutions en 2016

2.1.1 Résultat par domaines d’activité

Le résultat consolidé se compose du résultat des opérations d’intérêts, du résultat

des opérations de commissions et prestations de services, du résultat des opérations

de négoce ainsi que des autres résultats ordinaires. En 2016, il a baissé de 3,2 % à

CHF 62,5 milliards, s’inscrivant en recul pour la première fois depuis 2012. Sur les

dix dernières années, c’est en 2008 que le résultat consolidé a atteint son étiage, à

CHF 49,0 milliards. Par rapport à 2008, il a augmenté de CHF 13,6 milliards

(+27,8 %).

2 Résultat des banquesSur les 261 banques présentes en Suisse, 226 ont affiché un bénéfice annuel en 2016, pour un montant total de CHF 11,8 milliards. Les pertes des établissements déficitaires se sont inscrites en légère hausse de CHF 0,1 milliard à CHF 3,9 milliards (+2,6 %). Les impôts versés par les banques se sont élevés à CHF 2,3 milliards (+3,2 %).

Le résultat consolidé a atteint CHF 62,5 milliards en 2016 (-3,2 %). Dans les bilans,

malgré la persistance d’un contexte de taux bas, le résultat des opérations

d’intérêts a été le contributeur majeur au résultat des banques à CHF 24,1 milliards.

Le résultat des opérations de négoce a enregistré le recul le plus marqué

(-CHF 2,4 milliards, soit -27,9 %). Les autres résultats ordinaires ont à nouveau

progressé nettement (+27,9 %).

80

70

60

50

40

30

20

10

0

-10

-20

Graphique 3

Source: BNS

Résultat par domaines d’activité

En milliards de CHF

Résultat des opérations d’intérêts

Résultat des opérations de commissions et prestations de service

Résultat des opérations de négoce

Autres résultats ordinaires

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

5,4

70,7 62,564,661,460,859,059,161,554,349,0

5,75,5

5,06,0 6,0 5,8 6,3

8,9 11,45,6

22,9 21,4 19,4

24,9 23,6 23,424,5

23,7

22,4 20,9

-8,1

25,8

19,8 20,8 20,9 22,2

23,9

24,8 24,1

36,8

30,011,8 8,7 8,6 8,3 7,6 8,6

6,2

80

70

60

50

40

30

20

10

0

-10

-20

3,5

2016

2322 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Résultat des banques2

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marges. En outre, le nombre de transactions s’est inscrit en baisse, comme le

montre par exemple l’évolution du nombre d’introductions en bourse à l’échelon

mondial par rapport à 2007. Autant d’éléments qui, globalement, ont eu un impact

négatif sur les opérations de prestations de services.

Baisse du résultat des opérations de négoce

En 2016, le résultat des opérations de négoce s’est inscrit en baisse de

CHF 2,4 milliards (-27,9 %) par rapport à 2015. Il s’est établi à CHF 6,2 milliards, soit

9,9 % du résultat des banques. L’essentiel de ce recul (-CHF 2,3 milliards) est impu-

table aux grandes banques. S’agissant de cette évolution, n’oublions pas toutefois

que la suppression du taux de change plancher EUR / CHF par la BNS au premier

trimestre 2015 avait entraîné une hausse supérieure à la moyenne des activités de

négoce. Quant à l’année 2016, elle a été marquée par des incertitudes écono-

miques et géopolitiques, de sorte que les clients des banques ont eu tendance à

réduire leurs activités de négoce: le volume des transactions boursières s’est donc

réduit par rapport à 2015.

Progression des autres résultats ordinaires

Les autres résultats ordinaires se sont inscrits en hausse de CHF 2,5 milliards à

CHF 11,4 milliards (+27,9 %), soit 18,2 % du résultat des banques. Cette nouvelle

progression résulte principalement de l’augmentation des produits des participa-

tions d’une part (+CHF 1,0 milliard à CHF 3,9 milliards) et des «autres produits

ordinaires» d’autre part (+CHF 1,0 milliard à CHF 7,4 milliards). Ces deux postes sont

largement conditionnés par les grandes banques. Leur augmentation s’explique en

particulier par l’amélioration de la situation conjoncturelle en Suisse entre 2015 et

2016 ainsi que par la gestion réussie du choc du franc survenu en 2015. Le résultat

des aliénations d’immobilisations financières (+CHF 0,4 milliard) et le résultat des

immeubles (+CHF 0,8 milliard) n’ont que peu varié, tandis que les «autres charges

ordinaires» ont baissé de CHF 0,3 milliard à CHF 1,2 milliard.

2.1.2 Résultat par groupes de banques

Les banques cantonales (+0,3 %), les banques Raiffeisen (+3,2 %) et les autres

établissements (+5,2 %), composés des groupes «autres banques» et «banques

boursières», ont vu leur résultat augmenter en 2016 par rapport à 2015. En

Contribution majeure du résultat des opérations d’intérêts au résultat des

banques

Le résultat des opérations d’intérêts est resté en 2016 le principal contributeur au

résultat des banques, à 38,6 %. Comme précédemment, il a pâti du contexte de

taux bas, passant de CHF 24,8 milliards en 2015 à CHF 24,1 milliards en 2016

(-2,7 %). Ce solde négatif résulte de la quasi-stagnation des produits d’intérêts

combinée à une légère augmentation des charges d’intérêts: la hausse des produits

d’intérêts et d’escomptes (+CHF 644 millions) a été absorbée par la baisse des

produits d’intérêts et de dividendes issus des placements financiers (-CHF 71 millions)

ainsi que des produits d’intérêts et de dividendes issus des portefeuilles de négoce

(CHF 575 millions). Les charges d’intérêts ont augmenté de CHF 675 millions en

raison notamment des taux d’intérêt négatifs. Cela concerne principalement les

grandes banques, dont les actifs en comptes de virement auprès de la BNS sont les

plus importants. En 2016, les banques en Suisse ont versé à la BNS des taux d’inté-

rêt négatifs à hauteur de CHF 1 523,2 millions.

Nouvelle baisse pour le résultat des opérations de commissions et

prestations de services

Le résultat des opérations de commissions et prestations de services constitue la

deuxième composante la plus importante du résultat des banques, à 33,4 %. Il a

toutefois encore baissé en 2016 (-6,7 %) pour s’établir à CHF 20,9 milliards. Ce

fléchissement s’explique par le recul des produits des commissions issues des opéra-

tions sur titres et opérations de placement, qui sont passés de CHF 20,9 milliards à

CHF 19,4 milliards. Les produits des commissions issues des opérations de crédit

sont restés stables à CHF 1,9 milliard. Les produits des commissions issues des

autres prestations de services n’ont que faiblement évolué (+CHF 0,2 milliard à

CHF 4,4 milliards), de même que les charges de commissions et prestations de

services (+CHF 0,1 milliard à CHF 4,8 milliards).

Les opérations de commissions et prestations de services régressent depuis 2008,

notamment au sein des grandes banques et des banques étrangères. Plusieurs

facteurs sont à prendre en compte pour expliquer le recul des produits issus de ces

opérations. Si certaines banques ont relevé leurs commissions en raison des taux

d’intérêt négatifs, ces mesures n’ont eu qu’un effet limité car la sensibilité des

investisseurs aux prix a continué de s’accroître et a accentué la pression sur les

2524 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Résultat des banques2

Page 14: Baromètre bancaire 2017 - swissbanking.org · 1 Le secteur bancaire suisse 10 1.1 Environnement économique des banques en Suisse 11 ... l’externalisation et la délocalisation

visible sur le graphique). Celle des banquiers privés et des banques étrangères a

régressé, passant de 3,6 % à 0,4 % pour les premiers et de 18,4 % à 11,8 % pour

les deuxièmes. Le recul des banquiers privés en termes de contribution au résultat

s’explique notamment par le changement de structure juridique décidé par certains

établissements depuis 2014. Ceux-ci figurent dès lors parmi les banques boursières,

d’où des ruptures structurelles dans les statistiques des groupes «banquiers privés»

et «banques boursières». Quant au recul des banques étrangères, c’est un phéno-

mène mondial: dans le cadre de restructurations, les banques réduisent leurs activi-

tés internationales à certains domaines spécifiques. S’agissant des autres groupes de

banques, leur contribution au résultat des banques n’a que faiblement évolué.

2.1.3 Bénéfice annuel et impôts

Le bénéfice brut généré par l’activité des banques en Suisse a baissé de

CHF 3,3 milliards (-16,8 %) en 2016 pour s’établir à CHF 16,5 milliards. Ce recul

s’explique principalement par la baisse du résultat des banques (-CHF 2,1 milliards)

et la hausse concomitante des charges d’exploitation (+CHF 1,2 milliard).

En 2016, sur les 261 banques présentes en Suisse, 226 ont affiché un bénéfice

annuel.15 Le total des bénéfices annuels s’est établi à CHF 11,8 milliards, soit une

baisse de CHF 7,8 milliards (-39,8 %) par rapport à 2015. A cet égard, il convient de

noter qu’une vente de participations intragroupe au sein d’une grande banque, à

hauteur de CHF 10,7 milliards, avait généré d’importants produits exceptionnels et

fortement impacté le résultat en 2015. Le bénéfice de 2016 est supérieur à celui

de 2014 (CHF 7,4 milliards) mais inférieur à celui de 2013 (CHF 10,5 milliards). En

dépit d’un bénéfice annuel en baisse par rapport à 2015, les banques ont versé

CHF 2,3 milliards aux caisses de l’Etat au titre des impôts sur le revenu et le béné-

fice, soit 3,2 % de plus qu’en 2015.16 Les pertes des établissements déficitaires se

sont inscrites en légère hausse de CHF 0,1 milliard à CHF 3,9 milliards (+2,6 %).

15 Le bénéfice annuel se calcule en déduisant du bénéfice brut les «amortissements sur l’actif immobilisé», les «correctifs de valeur, provisions et pertes», les «charges exceptionnelles» et les «impôts» et en y ajoutant le «résultat exceptionnel».

16 Si les impôts versés en 2016 sont supérieurs à ceux versés en 2015 malgré un bénéfice annuel en baisse, c’est vraisemblablement dû au fait qu’une part importante du bénéfice de 2015 provenait des produits exceptionnels (CHF 10,7 milliards) générés par une vente de participations intragroupe au sein d’une grande banque. Ce type d’opération est soumis à des règles d’imposition particulières.

revanche, les grandes banques (-4,9 %), les banques régionales et caisses d’épargne

Malgré une évolution contrastée du résultat, la contribution des groupes de

banques n’a guère varié en 2016 par rapport à 2015. Celle des banques cantonales

a augmenté de 0,4 % pour s’établir à 13,2 %. De même, la part des autres banques

dans le résultat est passée de 16,2 % à 17,6 % et celle des banques Raiffeisen de

4,4 % à 4,7 %. Celle des grandes banques, en revanche, s’est inscrite en baisse

(2015: 50,5 %, 2016: 49,6 %), tout comme celle des banques étrangères (2015:

13,1 %, 2016: 11,8 %). Les contributions des banques régionales et caisses

d’épargne ainsi que des banquiers privés sont restées quasiment inchangées.14

Depuis 2012, la contribution des autres banques au résultat des banques a pro-

gressé de 10,4 % à 17,6 % et celle des grandes banques de 46,8 % à 49,6 % (non

14 La part des grandes banques dans le résultat des banques oscille depuis 2009 entre 46 % et 51 %, soit un niveau nettement supérieur à celui des autres groupes de banques. Afin de rendre l’évolution de ces derniers plus visible, le graphique ne fait pas apparaître l’évolution de la part des grandes banques.

Source: BNS

Graphique 4

Résultat par groupes de banques (hors grandes banques)14

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 20162015

Banques étrangères

Autres banques

Banques cantonales

Banquiers privés

Banques Raiffeisen

Banques régionales et caisses d’épargne

30 %

25 %

20 %

15 %

10 %

5 %

0 %

2726 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Résultat des banques2

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2.2 Evolutions en 2017

Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe pour l’année 2017 une croissance

économique mondiale de 3,5 %.17 En Europe notamment, la situation s’est amélio-

rée après les élections françaises. Aux Etats-Unis et en Chine, l’évolution écono-

mique favorable observée au premier semestre 2017 s’est stabilisée. Malgré la

persistance de points d’interrogation géopolitiques et de tendances protection-

nistes, les risques politiques ont globalement décru. Les acteurs économiques sont

mieux à même d’évaluer les incertitudes actuelles, comme par exemple en ce qui

concerne les négociations sur le Brexit. De plus, les évolutions positives au sein

de l’UE ont quelque peu allégé la pression sur le franc suisse et entraîné une

appréciation de l’euro au premier semestre 2017.

Au vu de l’évolution conjoncturelle internationale, les perspectives sont raisonna-

blement optimistes pour l’économie suisse en 2017. La BNS table sur une crois-

sance d’environ 1,5 %. Compte tenu des incertitudes et des risques en résultant

pour la croissance mondiale, la politique monétaire reste expansionniste, comme

le montrent la hausse du total du bilan de la BNS à CHF 774,9 milliards au premier

semestre 2017, ou encore l’augmentation à hauteur de CHF 970,3 millions

(+CHF 278,4 millions par rapport au premier semestre 2016) des versements

d’intérêts négatifs à la BNS.

L’évolution économique a suscité un regain d’optimisme boursier. Au premier

semestre 2017, le volume des transactions boursières s’est établi à

CHF 723,6 milliards, en hausse de 5,3 % par rapport au premier semestre 2016.18

Le nombre des introductions en bourse à l’échelon mondial s’est établi quant à

lui à 772, soit une hausse de 70,0 % par rapport à l’année dernière et un chiffre

record depuis 2007, où l’on avait compté 941 introductions en bourse au premier

semestre.19 Cela laisse présager sur l’ensemble de l’année 2017, pour les banques,

une progression significative du résultat des opérations de négoce par rapport

à 2016.

17 World Economic Outlook.18 SIX (2017).19 EY (2017).

2928 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Résultat des banques2

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(+CHF 12,9 milliards). Les banques étrangères ont enregistré le recul le plus net

(-CHF 10,2 milliards) et le total des bilans des banquiers privés a baissé également

(-CHF 0,8 milliard).

Graphique 5

Total des bilans par groupes de banques

Total des bilans Evolution du total des bilans

Part du total des bilansEn milliards de CHF 2015 2016

Grandes banques 1 424,2 1 454,8 2,1 % 46,9 %

Banques cantonales 537,4 553,2 2,9 % 17,8 %

Banques étrangères 333,7 323,5 -3,0 % 10,4 %

Banques boursières 210,1 226,3 7,7 % 7,3 %

Banques Raiffeisen 202,4 215,3 6,3 % 6,9 %

Autres banques 198,6 205,7 3,6 % 6,6 %

Banques régionales et caisses d’épargne 113,1 116,1 2,7 % 3,7 %

Banquiers privés 6,7 5,9 -11,9 % 0,2 %

Total 3 026.2 3 100,8 2,5 % 100,0 %

Source: BNS

Les créances hypothécaires restent le poste d’actif le plus important

En 2016, les créances hypothécaires suisses et étrangères ont augmenté de

CHF 24,3 milliards (+2,6 %) par rapport à 2015, passant de CHF 943,2 milliards à

CHF 967,5 milliards. Elles sont ainsi restées le poste d’actif le plus important des

banques en Suisse, avec une part de 31,2 % environ. Cette hausse a été particuliè-

rement nette dans les banques cantonales (+4,3 % à CHF 343,5 milliards) et les

banques Raiffeisen (+4,3 % à CHF 164,9 milliards).

Nouvelle baisse des créances sur la clientèle

Les créances sur la clientèle sont restées le deuxième poste d’actif en volume et

représentaient 18,5 % du total des actifs en 2016. Elles ont baissé de

CHF 21,1 milliards (-3,5 %) à CHF 573,3 milliards. Cette réduction résulte d’un recul

de CHF 27,5 milliards des créances sur la clientèle étrangère, à CHF 415,1 milliards,

3 Opérations au bilanLe total consolidé des bilans de toutes les banques en Suisse s’est inscrit en hausse de CHF 74,7 milliards en 2016, à CHF 3 100,8 milliards. Les interventions monétaires de la BNS influent sur la composition des actifs des banques d’affaires. Depuis l’introduction du taux de change plancher EUR / CHF, à l’automne 2011, les comptes de virement des banques auprès de la BNS sont sur une trajectoire haussière constante. Et depuis l’introduction des taux d’intérêt négatifs et la suppression du taux de change plancher EUR / CHF, les banques en Suisse continuent de jouer pleinement leur rôle de fournisseurs de crédit et de partenaires financiers.20

3.1 Evolutions en 2016

3.1.1 Evolution des bilans

Le total consolidé des bilans de toutes les banques en Suisse s’est inscrit en hausse

en 2016, passant de CHF 3 026,2 milliards à CHF 3 100,8 milliards (+2,5 %). Les

grandes banques ont affiché la plus forte progression par rapport à 2015

(+CHF 30,6 milliards), suivies des banques boursières (+CHF 16,2 milliards), des

banques cantonales (+CHF 15,8 milliards) et des banques Raiffeisen

20 SECO (2017).

3130 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Opérations au bilan3

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Progression des placements financiers

Les placements financiers se sont inscrits en hausse de CHF 16,4 milliards (+7,3 %)

en 2016 par rapport à 2015. Cette progression concerne tous les placements finan-

ciers, qu’ils soient suisses (+CHF 7,3 milliards) ou étrangers (+CHF 9,1 milliards). Elle

a été particulièrement marquée pour les placements financiers des grandes banques

(+CHF 15,7 milliards à CHF 68,9 milliards) et du groupe «autres banques»

(+CHF 4,5 milliards à CHF 64,5 milliards). Les banques boursières, en revanche, ont

enregistré un recul des placements financiers (-CHF 4,0 milliards à

CHF 45,7 milliards).

Nouveau recul des portefeuilles de titres et stocks de métaux précieux

Les portefeuilles de titres et stocks de métaux précieux se sont une nouvelle fois

inscrits en recul à CHF 127,0 milliards (-CHF 30,6 milliards, soit -19,4 %). Cela tient

notamment à une plus grande efficacité de la gestion des ressources au sein des

banques, mais aussi au fait que les opérations de négoce sont globalement en

perte de vitesse par manque d’activité des clients.

Profonde évolution de la composition des actifs depuis 2007

Des changements notables sont intervenus dans la composition des actifs entre

2007 et 2016, notamment une augmentation spectaculaire des liquidités. Alors

qu’elles s’élevaient à CHF 28,9 milliards en 2007, elles ont atteint CHF 520,0 milliards

à fin 2016. Cette évolution s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, les inter-

ventions de la BNS pour lutter contre le franc fort ont été déterminantes puisque,

lorsqu’elle vend des devises étrangères, la BNS crédite la contrevaleur en francs

suisses sur les comptes de virement des contreparties. D’autre part, en raison de la

faiblesse des taux d’intérêt, les coûts d’opportunité liés à la détention de liquidités

étaient réduits, de sorte que les banques ont déposé d’abondantes liquidités en

comptes de virement auprès de la BNS. Elles ont porté leurs actifs détenus dans ces

comptes d’environ CHF 12 milliards en 2007 à CHF 447 milliards en 2016, et ce en

dépit des taux d’intérêt négatifs.

Les créances hypothécaires suisses et étrangères se sont aussi inscrites en

hausse constante entre 2007 et 2016 (+41,8 %, de CHF 682,3 milliards à

CHF 967,5 milliards). Leur part dans le total des actifs est ainsi passée de 19,7 %

à fin 2007 à 31,2 % à fin 2016. La faiblesse des taux d’intérêt, là encore, a joué

et est imputable principalement aux grandes banques (-CHF 27,2 milliards). Les

créances sur la clientèle suisse ont augmenté de CHF 6,5 milliards à

CHF 158,2 milliards.

Hausse des liquidités

Les liquidités ont augmenté de CHF 51,1 milliards pour s’établir à CHF 520,0 milliards

(+10,9 %). Comme en 2015, cette variation résulte d’une augmentation des réserves

détenues en Suisse, qui se sont accrues de CHF 61,5 milliards à CHF 460,4 milliards.

Quant aux réserves détenues à l’étranger, elles ont baissé de CHF 10,3 milliards à

CHF 59,6 milliards. La hausse des réserves détenues en Suisse s’explique principale-

ment par les achats de devises effectués par la BNS ainsi que par le gonflement

des comptes de virement des banques auprès de la BNS (+CHF 60,6 milliards à

CHF 447,0 milliards).

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

Source: BNS

Graphique 6

Composition des actifs

En milliards de CHF

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 20162015

Immobilisations financières

Portefeuilles de titres et stocks de métaux précieux

Autres actifs

Liquidités

Créances sur les banques

Créances résultant d’opérations de financement de titres

Créances sur la clientèle

Créances hypothécaires

3 500

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

0

3332 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Opérations au bilan3

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un rôle, de même que la forte demande immobilière en résultant – demande

dont la dynamique a toutefois ralenti quelque peu en 2016. Quant aux créances

sur les banques, elles représentaient 29,3 % du total des actifs en 2007. En 2016,

ce chiffre n’était plus que de 8,7 % (2007: CHF 1 013,6 milliards, 2016:

CHF 270,3 milliards). Cette diminution tient en particulier au fait que les banques

ont volontairement réduit ce poste du bilan pour atténuer les liens d’interdépen-

dance avec d’autres banques. Elle résulte aussi des exigences réglementaires accrues

en matière de fonds propres. Entre 2007 et 2016, les portefeuilles de titres et stocks

de métaux précieux ont enregistré une baisse de 75,2 % (2007: CHF 513,1 milliards,

2016: CHF 127,0 milliards). Leur part dans le total des actifs est tombée de 14,8 % à

4,1 %. Cette décrue constante reflète la volonté stratégique résolue des banques de

réduire leurs actifs pondérés des risques.

Hausse des engagements résultant des dépôts de la clientèle

Le poste «Engagements résultant des dépôts de la clientèle», qui comprend les

dépôts à vue, les dépôts à terme et les autres engagements résultant des dépôts

de la clientèle, a enregistré en 2016 une hausse de CHF 47,4 milliards (+2,7 %) à

CHF 1 770,6 milliards. Les engagements résultant des dépôts de la clientèle repré-

sentaient 57,1 % du total des bilans à fin 2016. Les dépôts à vue ont augmenté

de CHF 38,1 milliards (+4,5 %) à CHF 895 milliards et constituaient la plus grande

part des passifs (28,9 %). De même, les dépôts à terme ont augmenté de

CHF 21,6 milliards (+12,0 %) à CHF 202,4 milliards. Les autres engagements

résultant des dépôts de la clientèle se sont en revanche inscrits en baisse de

CHF 12,5 milliards (-1,8 %).

Hausse des fonds propres

Les fonds propres ont enregistré en 2016 une hausse de CHF 14,0 milliards (+7,1 %)

à CHF 211,2 milliards. Depuis 2015, on entend par «fonds propres» la somme du

capital social, de la réserve légale issue du capital, de la réserve légale issue du

bénéfice, des réserves facultatives issues du bénéfice, des propres parts du capital

(poste négatif) et du bénéfice reporté / de la perte reportée.

Baisse des engagements résultant des opérations de négoce

Les engagements résultant des opérations de négoce ont reculé de CHF 4,2 milliards

(-16,7 %) à CHF 21,1 milliards, en raison notamment de la baisse générale des

opérations de négoce.

Hausse des emprunts, lettres de gage et obligations de caisse

Le poste «Emprunts, lettres de gage et obligations de caisse» s’est inscrit en

hausse de CHF 24,3 milliards (+6,3 %). Cette évolution, qui résulte d’une augmen-

tation de CHF 26,0 milliards des emprunts et lettres de gage, est principalement

le fait des grandes banques (+CHF 14,5 milliards) et des banques cantonales

(+CHF 8,0 milliards).

Source: BNS

Graphique 7

Composition des passifs

En milliards de CHF

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 20162015

Fonds propres

Autres passifs

Emprunts, lettres de gage et obligations de caisse

Autres engagements résultant des dépôts de la clientèle

Engagements envers la clientèle à terme

Engagements envers la clientèle

Engagements résultant d’opérations de négoce

Engagements envers les banques

3 500

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

0

3534 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Opérations au bilan3

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Composition des passifs au fil du temps

Les engagements envers les banques, qui en 2007 constituaient encore le principal

poste de passif à 23,1 %, ont diminué depuis lors de 55,8 %, soit

CHF 445,7 milliards, pour s’établir à CHF 352,6 milliards. Cela montre que les liens

d’interdépendance entre les banques, notamment en Suisse, se sont relâchés. Le

graphique 7 illustre les arbitrages en faveur des dépôts à vue qui, entre 2007 et

2016, sont passés de CHF 331,3 milliards à CHF 895,0 milliards. Leur part dans le

total des passifs est passée quant à elle de 9,6 % en 2007 à 28,9 % en 2016,

faisant d’eux le principal poste de passif à fin 2016. Dans le même temps, la part

des dépôts à terme est passée de 24,5 % en 2007 à 6,5 % en 2016. Le contexte de

taux bas lié à l’expansion monétaire fait perdre de leur attrait aux dépôts à terme

par rapport aux dépôts à vue, d’où les arbitrages susmentionnés.

3.1.2 Evolution des opérations de crédit en Suisse

Le volume de l’encours de crédit national s’élevait en 2016 à CHF 1 107,5 milliards,

dont CHF 158,2 milliards provenant de créances gagées et en blanc sur la clientèle

(entreprises, corporations de droit public et crédits à la consommation) et

CHF 949,3 milliards provenant de créances hypothécaires. Par rapport à 2015, le

volume total de l’encours de crédit national s’est inscrit en hausse de 2,9 %. La

croissance des crédits hypothécaires nationaux s’est établie en 2016 à 2,7 %, soit

légèrement au-dessus du niveau de l’année précédente (2015: +2,6 %). Les créances

hypothécaires ont augmenté de CHF 284,2 milliards (+42,7 %) depuis 2007 et

leur part dans l’encours de crédit national est passée de 79,5 % à 85,7 %. Elles

représentent ainsi sans discontinuer l’essentiel de l’encourt de crédit. Les créances

en blanc (+1,8 %) et les créances gagées (+7,7 %) se sont inscrites en hausse par

rapport à 2015.

Trois quarts des crédits hypothécaires consentis aux ménages en 2016

L’encours total des crédits hypothécaires a augmenté de 2,6 % en 2016, à

CHF 967,5 milliards. L’essentiel de ce montant (CHF 949,3 milliards) concernait des

clients suisses. Sur l’encours national, 75 % étaient des hypothèques consenties

aux ménages. La part des crédits hypothécaires à taux fixe dans les crédits hypo-

thécaires consentis s’élevait en 2016 à 79 %. Le taux d’intérêt moyen applicable

aux créances hypothécaires nationales a baissé une nouvelle fois en 2016, passant

de 1,8 % à 1,6 %. Les créances hypothécaires d’une durée de plus de cinq ans ont

gagné en importance, dans la droite ligne d’une tendance observée depuis

quelques années: elles représentaient 26,4 % des créances hypothécaires en 2016,

contre 12,4 % en 2008.

Graphique 8

Source: BNS

Evolution du volume de crédit national

En milliards de CHF

Créances hypothécaires Créances sur la clientèle en blanc Créances sur la clientèle gagées

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

847,7 1 107,51 076,51 072,51 045,41 000,3953,9920,7902,7871,0

62,8 66,962,4

69,068,6 72,0 61,2

66,0

90,5 92,2

665,1

115,8

66,8 62,5119,3

724,8

95,7797,8

834,4869,8

689,2

115,1

758,1

900,993,796,8

106,9 99,6

924,7 949,3

1 200

1 000

800

600

400

200

0

2016

3736 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Opérations au bilan3

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Banques cantonales: la part du lion sur le marché hypothécaire suisse

A fin 2016, les banques cantonales drainaient un peu plus du tiers du volume de

crédit hypothécaire national. Elles étaient suivies des grandes banques, à 27,4 %

(cf. graphique 9). Au cours des dernières années, les grandes banques ainsi que les

banques régionales et caisses d’épargne ont peu étoffé leurs positions sur le marché

suisse du crédit hypothécaire, tandis que les autres banques gagnaient des parts de

marché.

Les crédits hypothécaires de premier rang nettement en tête

En termes de catégories de nantissement, la part des créances hypothécaires suisses

de premier rang s’est établie à 92,4 % en 2016. La catégorie de nantissement

«premier rang» comprend les créances hypothécaires jusqu’à deux tiers de la valeur

vénale de l’immeuble concerné. En 2015, ce chiffre était de 92,2 %. On n’observe

pas de différences significatives selon les groupes de banques. La forte proportion

de crédits hypothécaires de premier rang est révélatrice, d’une part, de la prudence

avec laquelle ces crédits sont octroyés et, d’autre part, d’un amortissement accru

des hypothèques de deuxième rang.

A en croire le rapport sur la stabilité financière de la BNS, les banques à vocation

nationale reposent sur des bases solides. Ces dernières années, leurs fonds propres

ont augmenté nettement plus vite que leurs actifs pondérés en fonction des

risques. Il en résulte des ratios de fonds propres pondérés en fonction des risques

qui sont nettement supérieurs aux exigences réglementaires minimales.21

Baisse de la demande de crédits à la consommation

Les crédits à la consommation restent d’importance relativement mineure en

Suisse. A fin 2016, 446 429 crédits à la consommation étaient en cours, pour un

volume de CHF 5,5 milliards. Cela correspond à une baisse en volume de 25,9 %

par rapport à 2015.

3.2 Evolutions en 2017

Hausse du total des bilans

Sur les cinq premiers mois de l’année 2017, le total consolidé des bilans de toutes

les banques en Suisse s’est affiché en hausse de CHF 26,4 milliards (+0,8 %),

passant de CHF 3 205,8 milliards en décembre 2016 à CHF 3 232,2 milliards en

mai 2017.22 L’évolution à la hausse observée en 2016 s’est donc confirmée.

Progression significative des opérations de négoce

Les opérations de négoce et les créances résultant d’opérations de financement de

titres ont enregistré les plus fortes hausses. Les premières ont augmenté de

CHF 21,7 milliards (+18,3 %) et les deuxièmes de CHF 17,4 milliards (+10,5 %). Cette

évolution résulte du fait que le volume des transactions boursières s’est nettement

accru au premier semestre 2017 par rapport à 2016, en réaction à l’évolution relati-

vement favorable de l’économie et au regain d’optimisme boursier. Les créances

hypothécaires ont augmenté quant à elles de CHF 11,6 milliards (+1,2 %) et les

créances sur la clientèle de CHF 7,3 milliards (+1,3 %). En revanche, les placements

financiers ont diminué de CHF 16,6 milliards (-6,6 %), les créances sur les banques

de CHF 13,2 milliards (-4,3 %) et les liquidités de CHF 5,4 milliards (-1,0 %).

21 Rapport sur la stabilité financière, BNS (2017).22 Les chiffres mensuels reposent sur des relevés partiels de la BNS et peuvent donc différer des statistiques

de fin d’année, qui reposent sur un relevé exhaustif.

0 % 40 %

36,1 %

27,4 %

17,4 %

9,7 %

9,3 %

Banques cantonales

Grandes banques

Banques Raiffeisen

Banques régionales et caisses d’épargne

Autres banques

Graphique 9

Source: BNS

Répartition du marché national du crédit hypothécaire 2016

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Opérations au bilan3

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Hausse des engagements résultant d’opérations de financement de titres,

baisse des engagements envers les banques

Du côté des passifs, les engagements résultant d’opérations de financement de

titres ont enregistré une hausse sensible de CHF 27,0 milliards (+31,9 %): les bourses

ont vu les activités de négoce reprendre des couleurs, de sorte que les opérations

de mise en pension et de prêt de titres se sont accrues et ont étoffé ce poste du

bilan. Les engagements résultant des dépôts de la clientèle ont augmenté de

CHF 12,1 milliards (+0,7 %) et les fonds propres de CHF 2,0 milliards (+1,0 %). Les

dépôts à vue ont progressé de CHF 2,4 milliards (+0,3 %), soit nettement moins

qu’en 2015 où ils s’étaient inscrits en hausse de CHF 33,9 milliards (+3,8 %) sur la

même période. Plusieurs facteurs expliquent ce ralentissement. Ainsi, par rapport au

premier semestre 2016, l’incertitude politique générale s’est atténuée au premier

semestre 2017, on a assisté à un regain de croissance et d’investissement. Parallèle-

ment, les effets des taux d’intérêt négatifs se font sentir. Les dépôts à terme ont

augmenté de CHF 10,0 milliards (+4,9 %) au premier semestre 2017, soit une pro-

gression comparable à celle du premier semestre 2016. Les engagements envers les

banques, toujours orientés à la baisse, ont diminué de CHF 14,6 milliards (-3,8 %)

sur les cinq premiers mois de l’année. Les emprunts, lettres de gage et obligations

de caisse ont enregistré un recul de CHF 6,6 milliards (-1,6 %).

Dynamique modérée en matière de crédit hypothécaire

Les crédits hypothécaires sont restés sur leur trajectoire ascendante au cours des

cinq premiers mois de l’année: ils ont augmenté de CHF 11,6 milliards (+1,2 %) à

CHF 959,6 milliards. Les créances gagées et en blanc, en revanche, se sont inscrites

en léger recul de respectivement CHF 0,7 milliard (-1,0 %) et CHF 1,1 milliard

(-1,2 %). Malgré l’évolution relativement favorable de l’économie, la phase de taux

bas devrait perdurer. En outre, on constate depuis un certain temps que des acteurs

extérieurs au secteur bancaire, par exemple des compagnies d’assurance et des

caisses de pension, se sont positionnés sur le marché et proposent des crédits à des

taux compétitifs: cette évolution se poursuit. Les conditions étant favorables pour

les débiteurs, une inversion de tendance en matière d’octroi de crédit n’est pas à

l’ordre du jour d’ici à la fin de l’année.

4140 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Opérations au bilan3

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4 Gestion de fortuneAu total, les actifs sous gestion dans les banques en Suisse s’établissaient fin 2016 à CHF 6 650,8 milliards. Cela correspond à une augmentation de CHF 83,0 milliards (+1,3 %) par rapport à 2015. La part des actifs des clients étrangers a légèrement reculé, passant de 49,3 % à 48,2 %. La Suisse reste le leader mondial du Private Banking transfrontalier: environ un quart des actifs sous gestion transfrontalière dans le monde sont gérés en Suisse.

4.1 Evolutions en 2016

Les actifs sous gestion se composent des portefeuilles de titres détenus en dépôt

pour le compte de clients (2016: CHF 5 654,1 milliards), des engagements envers la

clientèle hors dépôts à vue (2016: CHF 875,6 milliards) ainsi que des engagements

fiduciaires (2016: CHF 121,0 milliards). Au total, les actifs sous gestion dans les

banques en Suisse s’établissaient fin 2016 à CHF 6 650,8 milliards (+1,3 %). Cette

hausse est imputable principalement aux actifs des clients suisses, qui ont aug-

menté de CHF 119,0 milliards (+3,6 %) par rapport à 2015, alors que les actifs des

clients étrangers diminuaient de CHF 36,0 milliards (-1,1 %).

Jusqu’à la veille de la crise financière et économique, les actifs sous gestion s’affi-

chaient en forte hausse et ont atteint leur point culminant en 2007, pendant la phase

de boom boursier, à CHF 7 068 milliards. Mais en 2008, lorsque la crise a éclaté,

l’effondrement de nombreux indices boursiers a entraîné de lourdes pertes notam-

ment dans les portefeuilles de titres détenus en dépôt pour le compte de clients. En

l’espace d’une année, il en est résulté un recul spectaculaire des actifs sous gestion,

qui ont perdu 23,5 % pour s’établir à CHF 5 408 milliards. Grâce à l’évolution du

marché, ils ont toutefois repris CHF 1 242,4 milliards (+23,0 %) depuis 2008.23

23 A partir de novembre 2015, la BNS a commencé à effectuer des relevés sur la base des nouvelles prescrip-tions comptables pour les banques (PCB) édictées par la FINMA (Circ.-FINMA 15 / 01, qui remplace la Circ.-FINMA 08/02). Les PCB ont modifié la structure et le contenu des bilans et des comptes de résultat des banques. Ces modifications concernent notamment les «actifs sous gestion». En raison de la restructuration des postes pour la période 2006 – 2014, les chiffres peuvent varier par rapport à ceux indiqués jusqu’ici.

Source: BNS

Graphique 10

Actifs sous gestion en Suisse selon la provenance des clients23

En milliards de CHF

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 20162015

Etranger

Suisse

8 000

7 000

6 000

5 000

4 000

3 000

2 000

1 000

0

7 068 (2007) 5 602 (2009) 5 795 (2012) 6 656 (2014) 6 651 (2016)

4342 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Gestion de fortune4

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La part des actifs sous gestion des clients étrangers a baissé entre 2007 et 2016,

passant de 58,1 % à 48,2 %. Cela s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, il

y a l’effet monétaire. Les clients étrangers détiennent une part d’actifs libellés en

euros et en dollars américains nettement plus importante que celle des clients

suisses. Or les parts des actifs sous gestion sont calculées en francs suisses. Si le

franc suisse s’apprécie par rapport à d’autres monnaies, la part des actifs des clients

étrangers baisse automatiquement par rapport à celle des clients suisses. Mais outre

l’effet monétaire, il y a aussi l’effet de volume, sans doute plus significatif. En raison

des efforts entrepris depuis des années en matière de transparence fiscale, de

nombreux clients étrangers ont utilisé leurs actifs pour régulariser leur situation

fiscale et les ont transférés au moins partiellement dans leurs pays d’origine. Depuis

que la Suisse s’est prononcée en faveur de l’EAR en 2013, la part des actifs sous

gestion des clients étrangers n’a que peu varié.

Augmentation des portefeuilles de titres

En 2016, les portefeuilles de titres détenus en dépôt pour le compte de clients ont

augmenté de CHF 66,2 milliards à CHF 5 654,1 milliards (+1,2 %). Cette augmenta-

tion résulte pour l’essentiel d’une hausse des placements collectifs (+3,7 %) ainsi

que des obligations (+0,3 %). Les portefeuilles de titres libellés en euros se sont

réduits, passant de CHF 846 milliards en 2015 à CHF 837,6 milliards en 2016. Les

portefeuilles de titres libellés en francs ont évolué en sens inverse et s’affichaient à

CHF 2 920,6 milliards en 2016, contre CHF 2 918,6 milliards en 2015. On distingue

les portefeuilles de titres de type «Actions» (39,0 %), «Parts de placements collec-

tifs» (34,0 %), «Obligations» (22,6 %) et «Autres» (4,5 %). Ces quatre types de

portefeuilles ont connu des évolutions distinctes.

Léger recul des portefeuilles d’actions

Les portefeuilles d’actions détenus en dépôt pour le compte de clients se sont

réduits par rapport à 2015 (-1,5 %). A fin 2016, ils s’établissaient à

CHF 2 205,7 milliards. Les actions constituaient la position la plus importante dans

les portefeuilles de titres, dont elles représentaient 39,0 %.

Demande croissante de placements collectifs de capitaux

Les placements collectifs de capitaux – principalement des fonds de placement –

constituent la deuxième catégorie de titres par ordre d’importance, à 34,0 %.

En 2016, ils ont progressé de 3,7 % à CHF 1 919,7 milliards.

Graphique 11

Source: BNS

Portefeuilles de titres détenus en dépôt pour le compte de clients par types

En milliards de CHF

Obligations

Actions

Parts de placement collectifs

Autres

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

5 402,2 5 654,15 587,95 644,95 170,04 842,54 240,14 456,04 510,24 012,3

1 980,9

1 288,7

1 689,3

443,5

2 205,7

1 275,7

1 919,7253,0

2 238,4

1 271,3

1 851,1227,1

2 256,8

1 313,6

1 803,5271,0

2 081.3

1 277,7

1 555,2255,7

1 768,6

1 364,8

1 439,2269,9

1 458,5

1 231,5

1 272,0278,2

1 539,8

1 253,2

1 330,3

332,7

1 527,7

1 334,4

1 304,6

343,5

1 220,4

1 200,8

1 199,2

391,8

6 000

5 000

4 000

3 000

2 000

1 000

0

2016

4544 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Gestion de fortune4

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Stabilité des portefeuilles obligataires

Les portefeuilles obligataires sont restés quasiment inchangés. En 2016, ils ont

enregistré une légère hausse de 0,3 % à CHF 1 275,7 milliards. Ceux des clients

suisses ont augmenté (+1,3 %) tandis que ceux des clients étrangers diminuaient

(-0,9 %). La part des obligations dans les dépôts de la clientèle s’est établie à

22,6 %, de sorte que les obligations constituaient la troisième catégorie de place-

ment par ordre d’importance.

Les clients institutionnels détiennent la part des dépôts la plus importante

En 2016 encore, les portefeuilles les plus importants par la taille étaient détenus par

des investisseurs institutionnels, qu’ils soient suisses (35,0 % du total des portefeuilles

en dépôt) ou étrangers (40,5 %). Quant aux investisseurs privés suisses et étrangers,

ils détenaient des parts comparables (respectivement 10,4 % et 8,9 %). Si les porte-

feuilles des particuliers étrangers ont perdu quelque CHF 31,3 milliards (-5,9 %),

ceux des particuliers suisses ont augmenté, passant de CHF 573,2 milliards à

CHF 585,3 milliards (+2,1 %).

Part accrue du dollar dans les portefeuilles, au détriment de l’euro

L’euro a encore perdu de son importance comme monnaie de placement: la part

des placements en euros dans l’ensemble des portefeuilles de titres est passée de

15,1 % en 2015 à 14,8 % en 2016. En 2009, elle était encore de 25,0 %. Les porte-

feuilles libellés en dollars américains ont augmenté de CHF 95,8 milliards par rap-

port à 2015, de sorte qu’ils représentaient 26,3 % de l’ensemble des portefeuilles

de titres en 2016 (2015: 24,9 %). La monnaie de placement de loin la plus impor-

tante est le franc suisse, à 51,7 %.

Léger recul des engagements envers la clientèle sous forme d’épargne

et de placements

A fin 2016, les engagements envers la clientèle sous forme d’épargne et de place-

ments s’élevaient à CHF 673,2 milliards. Par rapport à 2015, cela correspond à un

recul de 1,8 %. Au total, les clients suisses détenaient 88,6 % des dépôts de la

clientèle sous forme d’épargne et de placements en 2016. Ces dépôts comprennent

en particulier les postes «Comptes de libre passage (2e pilier)» et «Avoirs de la

prévoyance liée (3e pilier)».

Graphique 12

Source: BNS

Structure des portefeuilles en dépôt par clients, fin 2016

Total

CHF 5 654,1 milliardsEtranger, particuliers | 8,9 %

Etranger, entreprises | 1,7 %

Etranger, institutionnels | 40,5 %

Suisse, particuliers | 10,4 %

Suisse, entreprises | 3,5 %

Suisse, institutionnels | 35,0 %

51,7 %

26,3 %

7,3 %

14,8 %

CHF

USD

EUR

Autres

Graphique 13

Source: BNS

Structure des portefeuilles en dépôt par monnaies, fin 2016

0 % 60 %

4746 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Gestion de fortune4

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Première hausse des dépôts fiduciaires depuis 2007

Les dépôts fiduciaires gérés par des banques en Suisse ont augmenté de

CHF 6,9 milliards en 2016 pour s’établir à CHF 121,0 milliards (+6,1 %). La majeure

partie de ces entrées (63 %) provient de l’étranger. Cette évolution est essentielle-

ment liée à un effet comptable dû à un changement de structure d’une grande

banque. Il s’agit là de la première hausse des dépôts fiduciaires depuis 2007, où ils

s’établissaient au total à CHF 482,9 milliards. Depuis lors, ils n’avaient cessé de

décliner jusqu’à atteindre un plus bas en 2015, à CHF 114,0 milliards.

Les dépôts fiduciaires représentent environ 2 % des actifs sous gestion en Suisse,

de sorte qu’ils n’ont guère d’incidence sur le Private Banking helvétique.

4.2 Evolutions en 2017

A fin mai 2017, le total des actifs sous gestion dans les banques en Suisse s’élevait

à CHF 6 871,4 milliards, ce qui correspond à une hausse de CHF 277,7 milliards

(+4,2 %) par rapport à fin 2016 (décembre 2016: CHF 6 593,6 milliards).24 Les porte-

feuilles de titres ont augmenté de CHF 268,8 milliards (+4,8 %), passant de

CHF 5 585,5 milliards à CHF 5 854,4 milliards. Les engagements envers la clientèle

hors dépôts à vue se sont également inscrits en hausse de CHF 9,8 milliards

(+1,1 %) à CHF 896,3 milliards. Les dépôts fiduciaires en revanche ont enregistré

une légère baisse de CHF 0,9 milliard (-0,7 %) à CHF 120,7 milliards. La hausse des

actifs sous gestion résulte de l’évolution relativement favorable de l’économie et,

dans une certaine mesure, d’un effet monétaire. Au premier semestre 2017, l’euro

s’est apprécié par rapport au franc suisse, entraînant dans son sillage les actifs

libellés en euros.

24 Les chiffres mensuels reposent sur des relevés partiels de la BNS et peuvent donc différer des statistiques de fin d’année, qui reposent sur un relevé exhaustif.

La Suisse conserve sa position de leader en matière de

Private Banking transfrontalier

Malgré les exigences réglementaires accrues et le contexte de taux bas, la Suisse

reste leader dans le domaine du Private Banking transfrontalier à l’échelon interna-

tional, avec une part de marché de 24,0 %.25 La concurrence est rude, toutefois,

avec des centres financiers du monde entier. En Asie par exemple, Hong Kong et

Singapour affichent une croissance plus forte que la Suisse et, à moyen terme, ces

places financières gèreront une part croissante des actifs. Pour défendre sa position

de tête face aux places asiatiques et à d’autres places concurrentes plus dynamiques

qu’elle, la Suisse devra continuer de miser non seulement sur les atouts de sa place

financière, mais aussi sur un Private Banking innovant, par exemple dans le domaine

de la banque numérique.

25 The Boston Consulting Group (2017).

4948 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Gestion de fortune4

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Selon le SECO, le taux de chômage dans le secteur bancaire suisse s’est établi en

moyenne à 2,8 % en 2016, soit un demi-point de pourcentage en dessous du taux

de chômage dans l’économie globale (3,3 %). En moyenne annuelle sur 2016, on

a compté au total 3 821 chômeurs inscrits relevant du secteur bancaire, soit 155 de

plus qu’en 2015.26 Compte tenu de l’ampleur des défis auxquels les banques sont

confrontées, le marché de l’emploi demeure extrêmement robuste.

La tendance à la consolidation dans le secteur bancaire est déjà ancienne. Le

contexte de taux bas, le renforcement des règles régissant l’octroi de crédit et les

nouvelles exigences en matière de fonds propres pèsent sur les marges. L’externali-

sation et la numérisation de certains processus d’affaires permettent de réduire

les coûts de main-d’œuvre tout en augmentant la productivité. Les suppressions de

postes consécutives à de telles mesures de rentabilisation sont donc un thème

récurrent en Suisse.

26 SECO (2017).

5 Emploi dans les banques en SuisseA fin 2016, les banques en Suisse employaient 101 382 personnes (en équivalents plein temps, sur le territoire national), soit 1,6 % de moins qu’à fin 2015. Le recul des effectifs s’est donc poursuivi, en réaction notamment à un contexte difficile. Le taux de chômage dans le secteur bancaire est relativement faible (2,8 %) et inférieur au taux de chômage dans l’économie globale.

Au premier semestre 2017, selon une enquête réalisée par l’ASB, les effectifs sont

restés stables dans les banques en Suisse. Près des deux tiers des établissements

interrogés anticipent une situation inchangée de l’emploi au second semestre 2017.

5.1 Evolutions en 2016

A fin 2016, les banques employaient en Suisse 101 382 personnes (en équivalents

plein temps). Le contexte économique difficile ainsi que les adaptations structurelles

du paysage bancaire – cinq établissements en moins – ont eu un impact sur l’em-

ploi, qui s’est inscrit en léger recul par rapport à 2015 avec 1 660 suppressions de

postes (-1,6 %).

5150 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Emploi dans les banques en Suisse5

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boursières ont créé au total 483 postes, dont 413 pour les seules banques bour-

sières (+3,3 %). Les banques Raiffeisen ont créé 61 postes (+0,7 %), les banques

régionales et caisses d’épargne en ont créé neuf (+0,2 %).

En raison de la baisse des effectifs, les salaires et rémunérations versés en Suisse

ont baissé de CHF 0,2 milliard (-1,0 %) en 2016 par rapport à 2015. Le nombre des

actifs a augmenté dans les classes d’âge des 15 – 24 ans et des 25 – 39 ans, passant

respectivement de 13 100 à 14 300 (+9,6 %) et de 41 700 à 42 300 (+1,4 %). En

revanche, il a diminué dans les classes d’âge des 40 – 54 ans et des 55 – 64 ans,

passant respectivement de 54 600 à 52 400 (-4,1 %) et de 16 100 à 14 400

(-10,6 %).27

La part des femmes dans les effectifs a légèrement progressé par rapport à 2015,

passant de 37,2 % à 37,3 %. Comme les années précédentes, les banques

régionales et caisses d’épargne ainsi que les banques Raiffeisen sont en tête des

employeurs de main d’œuvre féminine, à respectivement 45,5 % et 45,3 %. A fin

2016, les banques suisses employaient 37 858 femmes au niveau national (en

équivalents plein temps).

5.2 Evolutions en 2017

L’enquête annuelle de l’ASB relative à l’évolution du personnel dans les banques

fait apparaître pour le premier semestre 2017 un léger recul des effectifs en Suisse:

le nombre de postes est passé de 88 006 à 87 035 entre la fin 2016 et juin 2017.

Les effectifs comptent donc 971 postes de moins, ce qui correspond à une baisse

d’environ 1 %. En revanche, les effectifs à l’étranger se sont étoffés (+283 postes)

sur la même période.

27 ESPA (2017).

Les grandes banques, les banques cantonales, les banquiers privés, les «autres

banques» et les banques étrangères ont supprimé 2 142 postes en 2016. Ces

réductions de personnel sont pour l’essentiel le fait des grandes banques (-1 253

postes, soit -3,6 %), suivies des banques étrangères (-647 postes, soit -4,2 %). Les

banques cantonales ont réduit leurs effectifs de 66 postes (-0,4 %), les banquiers

privés de 93 postes (-4,2 %) et les «autres banques» de 84 postes (-1,1 %). En 2016,

les banques régionales et caisses d’épargne, les banques Raiffeisen et les banques

Graphique 14

Source: BNS

Emploi dans les banques en Suisse

En milliers d’équivalents plein temps

Grandes banques

Banques cantonales

Banques étrangères

Banques boursières

Banques Raiffeisen

Banquiers privés

Banques régionales et caisses d’épargne

Autres banques

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

106,1 101,4103,0104,1105,7105,2108,1108,0107,5110,1

43,7

16,8

20,0

9,7

7,2

42,5

16,9

21,6

9,4

7,7

40,0

17,3

20,9

9,2

8,0

39,9

17,4

21,2

9,1

8,1

39,7

17,4

20,7

9,6

8,2

39,3

17,4

19,8

8,6

8,2

37,3

17,2

18,5

9,3

8,3

36,1

17,1

18,3

12,6

8,4

35,8

17,3

16,2

12,5

8,8

34,5

17,3

15,6

12,9

8,9

120,0

100,0

80,0

60,0

40,0

20,0

0,0

2016

4,33,90,6

4,84,0

3,2

4,9

4,0

3,3

4,84,0

3,5

4,84,1

3,6

4,24,2

3,5

4,24,0

7,0

0,63,9

7,1

0,63,8

7,9

0,53,8

7,8

5352 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Emploi dans les banques en Suisse5

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Les banques prévoyant une baisse de l’emploi restent peu nombreuses

Dans les enquêtes relatives à l’évolution du personnel, la majorité des banques ont

toujours répondu «environ identique» par le passé. Mais depuis 2013, le nombre

des banques prévoyant une baisse de l’emploi diminue, tandis que le nombre de

celles anticipant une hausse de l’emploi augmente légèrement. En 2016, cette

tendance s’est maintenue en ce qui concerne les prévisions de hausse. Près d’un

quart des banques interrogées (chiffre non pondéré) tablent sur une hausse de

l’emploi au second semestre 2017.

Ce regain d’optimisme par rapport aux années précédentes se manifeste aussi par

le fait que la part des banques prévoyant une baisse de l’emploi au second semestre

2017 a baissé.

Graphique 15

Effectifs en Suisse28

En équivalents plein temps

Etat au 31. 12. 2016

Etat au 30. 06. 2017 Evolution au 1er semestre 2017

Variation nette Variation en % Entrées Sorties

Suisse 88 006 87 035 -971 -1,1 % 4 243 5 214

Remarque: nombre de réponses: 159

Source: Enquête de l’ASB (2017)

Au vu des chiffres détaillés des entrées et sorties, il apparaît que 4 243 postes ont

été créés en Suisse sur les six premiers mois de l’année. En revanche, 5 214 postes

ont été supprimés, d’où une réduction des effectifs légèrement supérieure à 1 %.28

Les banques tablent en majorité sur une stabilité de l’emploi

Pour le second semestre 2017, 63,9 % des banques ayant répondu anticipent une

stabilité de l’emploi, soit 3,4 points de pourcentage de moins que lors de la der-

nière enquête. Elles sont 24,7 % à prévoir une hausse de leurs effectifs et 11,4 % à

envisager une évolution inverse en Suisse. Celles qui anticipent une stabilité ou

une hausse de leurs effectifs représentant environ 87 % de l’emploi total, on table

sur une tendance au minimum inchangée au second semestre 2017.

28 Les effectifs en Suisse à fin 2016 tels qu’ils ressortent de l’enquête de l’ASB sont inférieurs à ceux résultant des statistiques de la BNS. Cet écart s’explique par le taux de réponse à l’enquête de l’ASB. L’enquête a été effectuée auprès de 220 banques en Suisse. Le taux de réponse a été de 72,3 %, ce qui représente 86,8 % des effectifs des banques en Suisse.

Graphique 16

Remarque: nombre de réponses: 159. Parts en % de toutes les réponses.

Source: Enquête de l’ASB (2017)

Evolution de l’emploi attendue pour le second semestre 2017

Total

100 %

en hausse | 24,7 %

en baisse | 11,4 %

environ identique | 63,9 %

5554 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Emploi dans les banques en Suisse5

Page 29: Baromètre bancaire 2017 - swissbanking.org · 1 Le secteur bancaire suisse 10 1.1 Environnement économique des banques en Suisse 11 ... l’externalisation et la délocalisation

négoce, on table sur une situation de l’emploi inchangée au cours des mois à venir.

Un certain pessimisme se manifeste en revanche quant à l’évolution dans le

domaine Logistique et Operations, motivé sans doute en particulier par la transition

numérique.

Graphique 18

Tendances de l’emploi au second semestre 2016

TotalRetailBanking

Private Banking

Asset Management institutionnel

Opérations de négoce

Logistique et Operations (back office)

Ú Þ Ú Ú Þ Ú Þ Ú Ú à

Remarque: le nombre de réponses varie entre 90 et 111 selon les domaines d’activité. Il est de 159 pour le «total». Les retours étant nettement plus nombreux pour le «total» que pour les différents domaines d’activité, le «total» est le résultat le plus représentatif. Les tendances sont définies au regard des réponses pondérées du nombre de collaborateurs en Suisse en juin 2017.

Source: Enquête de l’ASB (2017)

Taux de chômage inchangé dans le secteur bancaire

Selon les statistiques mensuelles du SECO, le taux de chômage dans le secteur

bancaire est resté inchangé au premier semestre 2017 par rapport à décembre

2016, à 2,8 %. Il se situe ainsi toujours en-deçà du taux de chômage moyen dans

l’économie globale, qui a pourtant baissé depuis décembre 2016 pour s’établir en

juin 2017 à 3,0 %.Stabilité de l’emploi dans presque tous les domaines d’activité

S’agissant des prévisions quant à l’évolution de l’emploi selon les domaines d’activité

à fin juin 2017, on observe que les banques anticipent majoritairement une stabilité

de l’emploi dans tous les domaines d’activité.29 Des nuances se dessinent néan-

moins. Ainsi, quelques-unes des banques interrogées ont tendance à se montrer

prudemment optimistes, en particulier dans les domaines du Private Banking et de

l’Asset Management institutionnel. Pour le Retail Banking et les opérations de

29 Employeurs Banques, l’Association patronale des banques en Suisse, publie chaque année une étude, le «Moniteur Employeurs Banques», dans laquelle elle propose une analyse prospective sur cinq ans de l’évolution de l’emploi dans les banques en Suisse. Cette analyse repose sur une enquête réalisée auprès des responsables du personnel des banques en Suisse. Il existe en outre un moniteur trimestriel qui examine rétrospectivement l’évolution des postes à pourvoir et des chiffres du chômage dans le secteur bancaire, y compris par régions et par catégories professionnelles. L’étude de l’Association patronale des banques en Suisse et la présente enquête diffèrent en termes de méthode et d’horizon temporel, de sorte que toute comparaison de leurs résultats est à effectuer avec précaution.

Graphique 17

Remarque: nombre de réponses: 159.

Source: Enquête de l’ASB (2017)

Prévisions d’emploi pour le second semestre 2017

En % de toutes les réponses

en baisse environ identique en hausse

2010 2011 2012 2013 2014 2015

24,7

63,9

11,4

21,0

67,3

11,7

19,1

69,8

11,1

18,5

66,1

15,4

14,7

66,5

18,8

17,5

65,5

17,0

23,2

68,1

8,7

30,0

61,1

8,8

100 %

90 %

80 %

70 %

60 %

50 %

40 %

30 %

20 %

10 %

0 %

20172016

5756 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Emploi dans les banques en Suisse5

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6 Bibliographie

Employeurs Banques

«Moniteur Employeurs Banques», 3 / 2017

Ernst & Young (EY)

«Global IPO Trends Q2 2017», juin 2017

Groupe d’Action Financière (GAFI)

«Rapport d’évaluation mutuelle», décembre 2016

Enquête suisse sur la population active (ESPA)

Banque nationale suisse (BNS)

«Rapport sur la stabilité financière 2017»

«Les banques en Suisse 2016»

«Portail de données», état juillet 2017

SIX Swiss Exchange

«Chiffres-clés SIX Swiss Exchange: juin 2017»

Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO)

«La situation sur le marché du travail», diverses éditions

The Boston Consulting Group (BCG)

«Global Wealth 2017: Transforming the Client Experience», juin 2017

Z / Yen Group Limited

«The Global Financial Centres Index 21», mars 2017

5958 Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017Association suisse des banquiers | Baromètre bancaire 2017

Bibliographie6

Page 31: Baromètre bancaire 2017 - swissbanking.org · 1 Le secteur bancaire suisse 10 1.1 Environnement économique des banques en Suisse 11 ... l’externalisation et la délocalisation

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+41 61 295 93 [email protected]