Aubin

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Communication pour le 7e colloque GeCSO Gestion des Connaissances dans la Société et les Organisations 4, 5 et 6 Juin 2014 Aix-en-Provence LA SURCHARGE D’INFORMATIONS, UNE DIFFICULTÉ DE PLUS POUR DÉCIDER À L’HÔPITAL : PROBLÉMATIQUE ET SOLUTION Cédric AUBIN 1, 2 1 IFROSS / GRAPHOS – Université Jean Moulin Lyon 3 – France 2 KEYRUS – Le Techlid – ZAC du Sans Souci Route de Paisy - 69760 Limonest – France Tél. : +33 6 65 49 89 32 – E-mail : [email protected] / [email protected] Thématique choisie : Les dynamiques cognitives. RÉSUMÉ : Au sein du système d’information hospitalier, les volumes de données augmentent de manière exponentielle et dépassent de loin les capacités humaines d’analyse. Cette « surcharge » d’informations entrave le traitement d’informations pertinentes pour les managers hospitaliers, provoque des pertes de temps et d’efficacité, et génère une difficulté à décider. Il faut donc disposer d’un environnement informationnel plus lisible. L’une des solutions pour réduire ce problème, consiste à disposer d’un système d’information décisionnel (SID) qui filtre et restitue les données sous la forme d’informations qui seront mieux interprétées pour mieux décider. Pour s’approprier un tel système, l’organisation hospitalière mettra en place des dispositifs efficients appelés dispositifs de prescription réciproque, qui redonneront l’initiative à l’acteur : en présentant mieux l’information, on laisse ainsi plus de places aux intentions, à la production d’idées, à la réflexion en vue d’une meilleure prise de décision. Cette communication illustre la mise à l’épreuve dans un hôpital français d’un modèle à trois dimensions utilisé pour analyser les mécanismes d'appropriation du SID pendant la transformation de son organisation. Elle aborde aussi l’évaluation du changement social et cognitif engendré par son usage pendant la conduite du plan stratégique de l’établissement. MOTS CLEFS : Hôpital – Aide à la décision – Système d’Information – Surcharge – Conception – Usage – Sens – Prescription – Appropriation

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  • Communication pour le 7e colloque GeCSO Gestion des Connaissances dans la Socit et les Organisations 4, 5 et 6 Juin 2014 Aix-en-Provence

    LA SURCHARGE DINFORMATIONS, UNE DIFFICULT DE PLUS POUR DCIDER LHPITAL : PROBLMATIQUE ET SOLUTION

    Cdric AUBIN 1, 2 1 IFROSS / GRAPHOS Universit Jean Moulin Lyon 3 France 2 KEYRUS Le Techlid ZAC du Sans Souci Route de Paisy - 69760 Limonest France Tl. : +33 6 65 49 89 32 E-mail : [email protected] / [email protected]

    Thmatique choisie : Les dynamiques cognitives.

    RSUM :

    Au sein du systme dinformation hospitalier, les volumes de donnes augmentent de manire

    exponentielle et dpassent de loin les capacits humaines danalyse. Cette surcharge

    dinformations entrave le traitement dinformations pertinentes pour les managers

    hospitaliers, provoque des pertes de temps et defficacit, et gnre une difficult dcider. Il

    faut donc disposer dun environnement informationnel plus lisible.

    Lune des solutions pour rduire ce problme, consiste disposer dun systme dinformation

    dcisionnel (SID) qui filtre et restitue les donnes sous la forme dinformations qui seront

    mieux interprtes pour mieux dcider. Pour sapproprier un tel systme, lorganisation

    hospitalire mettra en place des dispositifs efficients appels dispositifs de prescription

    rciproque, qui redonneront linitiative lacteur : en prsentant mieux linformation, on

    laisse ainsi plus de places aux intentions, la production dides, la rflexion en vue dune

    meilleure prise de dcision.

    Cette communication illustre la mise lpreuve dans un hpital franais dun modle trois

    dimensions utilis pour analyser les mcanismes d'appropriation du SID pendant la

    transformation de son organisation. Elle aborde aussi lvaluation du changement social et

    cognitif engendr par son usage pendant la conduite du plan stratgique de ltablissement.

    MOTS CLEFS :

    Hpital Aide la dcision Systme dInformation Surcharge Conception Usage

    Sens Prescription Appropriation

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    LA SURCHARGE DINFORMATIONS, UNE DIFFICULT DE PLUS POUR DCIDER LHPITAL : PROBLMATIQUE ET SOLUTION

    Thmatique choisie : Les dynamiques cognitives.

    RSUM :

    Au sein du systme dinformation hospitalier, les volumes de donnes augmentent de manire

    exponentielle et dpassent de loin les capacits humaines danalyse. Cette surcharge

    dinformations entrave le traitement dinformations pertinentes pour les managers

    hospitaliers, provoque des pertes de temps et defficacit, et gnre une difficult dcider. Il

    faut donc disposer dun environnement informationnel plus lisible.

    Lune des solutions pour rduire ce problme, consiste disposer dun systme dinformation

    dcisionnel (SID) qui filtre et restitue les donnes sous la forme dinformations qui seront

    mieux interprtes pour mieux dcider. Pour sapproprier un tel systme, lorganisation

    hospitalire mettra en place des dispositifs efficients appels dispositifs de prescription

    rciproque, qui redonneront linitiative lacteur : en prsentant mieux linformation, on

    laisse ainsi plus de places aux intentions, la production dides, la rflexion en vue dune

    meilleure prise de dcision.

    Cette communication illustre la mise lpreuve dans un hpital franais dun modle trois

    dimensions utilis pour analyser les mcanismes d'appropriation du SID pendant la

    transformation de son organisation. Elle aborde aussi lvaluation du changement social et

    cognitif engendr par son usage pendant la conduite du plan stratgique de ltablissement.

    MOTS CLEFS :

    Hpital Aide la dcision Systme dInformation Surcharge Conception Usage

    Sens Prescription Appropriation

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    INTRODUCTION

    Au sein du systme dinformation hospitalier, les donnes traiter partir des dossiers

    patients lectroniques, des applications de gestion ou de toutes autres sources, augmentent de

    manire exponentielle et dpassent de loin les capacits humaines danalyse : il nest gure

    facile de matriser le volume et la diversit des donnes exploiter. Cette surcharge

    dinformations entrave le traitement dinformations pertinentes pour les managers

    hospitaliers, provoque des pertes de temps et defficacit, et gnre une difficult dcider.

    Les prises de dcision sont moins fiables (Eppler & Mengis, 2004) et cela peut mme aller

    jusqu la perte de sens du travail des oprateurs (Farhoomand & Drury, 2002). A lheure du

    Big Data et de la dferlante des donnes dans les systmes dinformation (Citton, 2012), il

    devient donc essentiel que tous les dcideurs dune organisation disposent dun

    environnement informationnel plus lisible et matrisent la signification des donnes quils

    manipulent quotidiennement.

    Cette communication tire dun travail doctoral, aborde dans une premire partie (1) le

    concept de surcharge dinformations et le constat quen milieu hospitalier, cette surcharge

    entrane des difficults dcider. La deuxime partie (2) propose une solution pour rduire ce

    problme de surcharge, consistant disposer dun systme dinformation dcisionnel (SID)

    qui filtre les donnes contenues dans les applications oprationnelles et qui les restitue sous la

    forme dune information qui sera mieux interprte pour mieux dcider. La troisime partie

    (3) illustre le travail de construction du cadre thorique et des outils mthodologiques

    ncessaires lvaluation du changement social et cognitif engendr par lusage de tels

    systmes dinformation dcisionnels lhpital. Lorganisation hospitalire peut alors avec

    ces outils et procdures daide la dcision, mettre en place des dispositifs efficients appels

    dispositifs de prescription rciproque (Hatchuel, 1994), qui redonnent linitiative lacteur.

    La partie rsultats (4) montre par exemple, quen prsentant mieux linformation, on laisse

    plus de places aux intentions, la production dides, la rflexion. On propose ainsi un

    environnement de travail pour unifier la vision ncessaire laction collaborative et la

    promotion dun dialogue de pilotage, en vue dune meilleure prise de dcision. Un axe

    important sera de montrer en conclusion que la promotion dun dialogue de pilotage entre la

    direction et les ples dactivits hospitaliers nest possible qu travers la conduite du plan

    stratgique de ltablissement.

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    1. LE CONCEPT DE SURCHARGE DINFORMATIONS

    Comment dfinir la surcharge informationnelle ? Est-elle une ralit dans la vie des managers

    lhpital ? Quels sont les risques que fait peser cette surcharge sur lorganisation

    hospitalire, dont on sait quelle prsente des spcificits dans sa prise de la dcision ?

    1.1. Les dfinitions de la surcharge informationnelle

    Dans le langage courant, le terme surcharge dinformations est souvent utilis pour

    voquer la simple notion de recevoir trop d'informations. Dans de nombreuses recherches

    acadmiques, on trouve trs tt diverses constructions, synonymes et termes apparents,

    comme la surcharge cognitive (Vollmann, 1991), la surcharge sensorielle (Libowski, 1975), la

    surcharge de communication (Meier, 1963), la surcharge de connaissances (Hunt & Newman,

    1997), et le syndrome de fatigue informationnelle (Wurman, 2001). Ces constructions, pour

    n'en citer que quelques unes, ont t appliques une varit de situations, allant de laudit

    (Simnet, 1996) l'laboration de stratgies (Sparrow, 1999), sans oublier le conseil aux

    entreprises (Hansen & Haas, 2001). Eppler et Mengis (2004) dressent une liste plus

    exhaustive partir de lexamen quils font de la littrature acadmique en sciences de gestion.

    Ils rvlent que des recherches pertinentes sur la surcharge d'informations ont surtout t

    entreprises dans les domaines de la comptabilit (Schick et al., 1990), des systmes

    dinformation de gestion (initialement soulign par Ackoff, 1967), des sciences de

    lorganisation (par exemple Galbraith, 1974 ; Tushman & Nadler, 1978), du marketing et plus

    spcialement des tudes de consommation (par exemple, Jacoby, 1984 ; Keller & Staelin,

    1987 ; Malhotra, 1984). Dans ces diffrentes disciplines, l'objectif principal est de savoir

    comment les performances d'un individu (en termes de prise de dcision adquate) varient

    avec la quantit d'informations qu'il est sens recevoir. Les chercheurs constatent que la

    performance d'un individu (c'est dire, la qualit de ses dcisions ou de son raisonnement en

    gnral) est positivement corrle jusqu un certain point, avec la quantit d'informations

    qu'il reoit. Au-del de ce point, si d'autres renseignements sont fournis, la performance de

    l'individu va rapidement diminuer (Chewning & Harrell, 1990). Les informations fournies au-

    del de ce point ne sont plus intgres dans le processus de prise de dcision et la surcharge

    d'informations en est le rsultat (O'Reilly, 1980). La surcharge d'informations se produit donc

    lorsque l'offre dpasse la capacit. Les consquences entranent alors des dysfonctionnements

    tels que le stress ou l'anxit, et une qualit de dcision diminue : dcision irrationnelle dans

    le contexte, dcision trop tardive, voire dcision absurde (Morel, 2002).

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    Une autre faon de concevoir le phnomne de surcharge d'informations est de comparer la

    capacit de traitement de linformation de l'individu (c'est dire, la quantit d'informations

    quil peut intgrer pendant le processus de prise de dcision dans un dlai de temps donn)

    aux exigences de traitement de l'information (c'est--dire la quantit dinformations quil

    doit intgrer afin de raliser une action). C'est la dfinition classique de la surcharge

    d'informations, du point de vue du traitement de l'information, propose par Galbraith (1974)

    et dveloppe par Tushman & Nadler (1978). En suivant leur raisonnement, la surcharge

    dinformations peut tre explique par la formule suivante :

    [ Exigences de traitement de l'information > Capacits de traitement de l'information ]

    Dans cette dfinition, les termes Exigences et Capacits peuvent tre mesurs en

    termes de temps disponible. Les exigences se rfrent une quantit donne d'informations

    qui doit tre traite dans un certain laps de temps. Si la capacit d'un individu permet

    seulement de traiter une petite quantit d'informations dans l'intervalle de temps disponible,

    alors une surcharge d'informations sera observe. Tushman et Nadler (1978, p. 614)

    dfinissent le traitement de l'information comme la collecte, l'interprtation et la synthse de

    l'information dans le contexte de la prise de dcision organisationnelle.

    Il existe de nombreuses variantes de cette dfinition. Schick et al. (1990) soulignent le facteur

    temps comme la question la plus importante en ce qui concerne le problme de surcharge

    d'informations. Fait intressant galement, Schroder et al. (1967) considrent que le

    chargement de l'information et la capacit de traitement ne sont pas indpendants, le premier

    pouvant influencer la seconde, cest--dire un grand volume dinformations contraint

    daugmenter la capacit de traitement jusqu' un certain point (voir aussi Schultze &

    Vandenbosch, 1998). Dans d'autres tudes (Iselin, 1993 ; Keller & Staelin, 1987 ; Owen,

    1992 ; Schneider, 1987), non seulement la quantit d'informations et le temps de traitement

    disponible (c'est dire la dimension quantitative) sont souligns, mais les caractristiques de

    l'information (c'est dire la dimension qualitative) sont aussi considrs comme des lments

    majeurs de surcharge. Keller et Staelin se rapportent la qualit globale ou lutilit de la mise

    disposition de l'information (1987, p. 202), tandis que Schneider (1987) distingue diffrents

    attributs de l'information, tels que son niveau de nouveaut, l'ambigut, l'incertitude,

    l'intensit ou la complexit. Ces caractristiques ou attributs de qualit peuvent contribuer soit

    augmenter, soit rduire les risques de surcharge.

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    Au-del de ces approches qui tentent de conceptualiser et de mesurer objectivement le

    phnomne de surcharge, il faut savoir quil en existe d'autres qui la conoivent sur la base de

    l'exprience subjective. Les auteurs qui suivent cette approche sont O'Reilly (1980), Haksever

    et Fisher (1996), et Lesca et Lesca (1995). Ils considrent que les sentiments de stress, la

    confusion, la pression, l'anxit et le manque de motivation sont les facteurs cruciaux qui

    signalent aussi l'apparition de la surcharge d'information.

    Voyons maintenant si cette surcharge dinformations est une ralit dans la vie des

    organisations de sant.

    1.2. Le constat de la surcharge informationnelle

    Pour se raliser, toute activit ici cest lactivit hospitalire qui nous intresse utilise et

    produit de linformation qui permet l'organisation et lacteur de se situer dans son

    environnement et de prendre des dcisions de faon claire (Latour, 1994). Cette

    information, interprte et structure, intervient comme rducteur dincertitude et devient

    connaissance. Selon Davenport et Prusak (1998), ce sont les gens qui transforment des

    donnes en informations et des informations en connaissances. Lacteur sinsre dans un ou

    plusieurs systmes dinformation juxtaposs quil faut savoir identifier. Un systme

    individuel tout dabord : pour accomplir ses taches, lacteur rsout des problmes, il prend des

    dcisions, avec une marge dautonomie relle, mme sil agit dans le cadre de directives,

    rgles et chances qui constituent autant dinformations grer. Un systme dinformation

    plus global ensuite, limage du systme dinformation hospitalier (SIH), avec des instances

    de rgulation et de contrle de lactivit qui produisent galement des informations (le

    dpartement dinformation mdicale par exemple). Enfin, des rfrentiels, propres certains

    groupes dacteurs et utiliss titre individuel ou collectivement, et qui dtiennent chacun

    leurs langages, leurs rfrences, leurs reprsentations (rfrentiel des actes mdicaux CCAM,

    rfrentiel du PMSI, comptabilit analytique hospitalire, etc.). Laccroissement tant de la

    quantit dinformations que de sa vitesse rend particulirement complexe leur slection et leur

    utilisation. Les dcideurs et cadres hospitaliers expriment de plus en plus souvent le sentiment

    dtre confronts une surabondance dinformations quils ne parviennent plus absorber,

    traiter et hirarchiser. Les principaux problmes auxquels ils doivent faire face relvent de la

    matrise de linformation et de la matrise dans lorganisation. Ces facteurs sont illustrs dans

    lencadr suivant.

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    Encadr 1 : Extrait de la Synthse des questionnaires - Projet Partnia - tape 1 (Aubin, 2013, p. 247)

    Matrise de linformation

    Quels sont les principaux problmes auxquels vous devez faire face ?

    - Comprhension de linformation : manque de connaissance des sources mtier, - La complexit des indicateurs, la manire de les construire. Ex. Un indicateur = agrgats de plusieurs donnes Ex. Effectifs des mdecins / activit des mdecins : difficult de les associer simplement

    Comment associer plusieurs donnes pour avoir une vision claire dun problme ?

    - Ractivit, fiabilit et facilit dans le recueil et le traitement de linformation dans les logiciels mtiers : aucun traitement des rejets, beaucoup de corrections faire manuellement sur les donnes provenant des diffrents logiciels mtiers. - Sources dinformation multiples issues de logiciels incompatibles qui peuvent transmettre pour une mme requte un rsultat diffrent notamment sur lactivit, Divergence entre certaines donnes mdicale et administrative dans la trajectoire du patient Ex. Unit Fonctionnelle dhbergement / Unit Fonctionnelle de responsabilit mdicale - Les interfaces entre les logiciels : perte de dossiers, perte dactes.

    Matrise dans lorganisation

    - Trop de dpendance du DIM et de la DAF envers le Contrle de Gestion pour produire certaines statistiques - Manque doutils simples utiliser pour lanalyse dactivit (pas doutil commun) - Inadquation des systmes Informatiques qui nont pas t orients T2A - Manque doutil de restitution derrire les logiciels mtiers

    Quelles en sont les consquences sur votre organisation ?

    - On ne parle pas tous, toujours de la mme chose. Il peut y avoir des anomalies que lon nexploite pas toujours pour btir un vrai systme qualit. On fait malheureusement une dmarche court terme : il y a une erreur, on la corrige, point final - Perte de temps et pertes financires : dbauche dnergie et rsultats pas toujours satisfaisants - Crdibilit du SI : rsultats diffrents entre le Contrle de Gestion/DIM et les Units de Soins ; Manque de preuves - Manque de prcision, de rapidit, dans les rponses (sortie papier) - Le service attendu nest pas rendu tel quon attend aujourdhui : pas assez arm (cf. problme de crdibilit) et pas de vision assez prvisionnelle car trop de temps assembler la donne

    Comment identifiez-vous ces problmes ou leur ventualit ?

    - Trop de croisement de donnes raliser avant dobtenir un rsultat - Beaucoup de traitements manuels - Pas de prise en compte des rejets - Manque de validation par les oprationnels : les services mdicaux ne voient pas toujours lintrt dans le renseignement, et la saisie informatique est imparfaite - Identification des incohrences, au coup par coup, par analyse (grosse masse vers le dtail, par constat, par manque de rsultats, par volont)

    Difficults dans lobtention des informations qui vous sont ncessaires ?

    - Manque de cohrence des rsultats - Processus de saisie des actes et diagnostics rparti sur plusieurs logiciels mtiers diffrents. Interfaces non matrises entre ces logiciels : Informations non saisies dans le SI (Ex. nombre dheures de bloc secondaire) ou informations absentes dans la table activit (Ex. Gynco-obsttrique par praticien, uniquement dans un logiciel)

    Par ailleurs, la surcharge informationnelle est corrle la surcharge dactivit, entranant

    moins de temps pour prendre des dcisions, comme le montre lencadr 2.

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    Encadr 2 : Les managers se noient dans la dcision (Aubin, 2013, p. 94)

    videmment, lincohrence des dcisions peut sexpliquer par dautres facteurs, comme la

    dissonance cognitive (modle de Festinger, 1970), lmotivit du dcideur (modle de Janis,

    1977), et la personnalit mme du dcideur, son profil psychologique mme si nous

    pensons que la prolifration des informations reste un critre principal discriminant. Pour

    Shenk (1997), cette surinformation produit un brouillard informationnel qui rduit la capacit

    dattention et rend insensible tout ce qui peut prsenter un caractre prioritaire. Sauvajol-

    Rialland (2010) va jusqu souligner quen raison de ce brouillard informationnel, la baisse de

    visibilit sur la stratgie de lorganisation entrane une baisse de la confiance et de la

    motivation. Si un acteur ne sait pas o il va, ni pour qui (perte de sens, dmotivation), il ne

    peut plus jouer son rle dans lorganisation. La crise en interne lie la surcharge

    informationnelle peut aussi entraner une baisse de son image de soi et de sa fiert

    dappartenance son institution.

    La surcharge informationnelle peut tre galement corrle avec le sentiment durgence (Isaac

    et al., 2007). Bien que certains services du secteur des urgences, de par leur spcialit, ont

    videmment lexigence de prendre des dcisions dans un laps de temps plus court, pour les

    autres, c'est--dire les services cliniques, lurgence devrait rester naturellement lexception

    alors quelle est pourtant en train de devenir la rgle. Elle renvoie limpratif dagir vite et

    mme aujourdhui dagir en temps rel. Beaucoup dacteurs sur le terrain hospitalier dclarent

    travailler dans lurgence (devoir toujours ou souvent se dpcher). Les personnels insistent

    sur la complexit croissante des savoirs et savoir-faire matriser du fait des technologies

    sophistiques (imagerie mdicale) et du perfectionnement du traitement des pathologies. Ils

    soulignent surtout la place que tendent acqurir des tches qui ne faisaient pas partie de ce

    qui tait jusqualors compris comme le cur de lactivit comme, par exemple, pour les

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    soignants, les actes administratifs. Raveyre et Ughetto (2002) constatent juste titre que

    linformatisation a eu tendance faire remonter vers les services dhospitalisation

    lenregistrement des entres et sorties des malades, tche dautant plus lourde que les dures

    dhospitalisation baissent et, donc, que la rotation des personnes saccrot. Par ailleurs, ils

    prcisent que le dossier mdical du patient fait lobjet dun suivi de plus en plus prcis,

    ncessitant lenregistrement par le personnel de soins des actes effectus, tant pour sassurer

    dune traabilit des interventions (et dune imputation de responsabilit plus vidente)

    que pour calculer la performance comptable des actes mdicaux. Le malade lui-mme est

    davantage suivi (par exemple, la grossesse est plus surveille) et les proccupations de

    scurit sintensifient. Les protocoles savrent, ds lors, occuper une place en constante

    augmentation, dans le but de mieux codifier et encadrer les pratiques. Enfin, ils observent que

    les personnels des hpitaux font galement tat dune sollicitation croissante de leur attention

    et de leur nergie par les malades ou leur famille, ressentis comme plus exigeants, demandant

    davantage dexplications et de justification. La matrise du temps devient donc cruciale. Les

    personnes hospitaliers dcrivent ce surcrot de travail comme venant sadditionner

    progressivement, insensiblement, lexistant : on nous en demande chaque jour encore un

    peu plus, disent-ils en substance, mais tout en exigeant que lon se montre capable dassumer

    toujours aussi parfaitement le cur de notre fonction.

    Pour finir, noublions pas non plus que le dploiement gnralis actuel dune nouvelle

    gnration de technologies de linformation et de la communication (TIC), contribue lui-

    mme cette surcharge dinformations (Wolton, 2009) : le courrier lectronique, les agendas

    partags, laccs aux ressources de lInternet, les smartphones sont les nouveaux outils de

    linstantanit qui exposent leurs correspondants encore plus de vulnrabilit. La situation

    devient donc paradoxale : les TIC, senses amliorer la gestion des flux dinformation, leur

    diffusion et fluidifier les processus dcisionnels, conduisent de facto, la situation inverse par

    le dveloppement de leur usage (Guyot, 2006).

    1.3. Un risque pour lhpital ?

    Le risque immdiat pour lorganisation hospitalire est celui li la qualit du processus

    dcisionnel. En effet, pour prendre une dcision, il existe un nombre optimal dinformations

    recueillir (Guadagnoli & Lee, 2004), et au-del dune certaine quantit, le processus

    dcisionnel se dgrade, tant dun point de vue de la qualit (dcision rationnelle dans le

    contexte), que du temps pour prendre la dcision (une dcision qui intervient trop tard nest

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    pas bonne). Par exemple, il est frquent de voir des directeurs hospitaliers avoirs plus de 100

    courriels par jour. Le temps pour les lires est trop important et seulement quelques uns leurs

    sont pertinents. Du coup, l'information tue l'information : beaucoup d'informations ne sont

    que survoles. Dans cette masse plthorique d'informations (ou de donnes), l'objectif est de

    trouver celles qui sont utiles et de qualit. L'utilit implique que l'on rutilise l'information

    (pour agir, ragir, changer sa connaissance). Autre observation, combien de dcisions ou

    dactions sont prises partir de fausses statistiques ? (erreur de statistique, dsinformation...).

    Par exemple, la mconnaissance des informations exactes en temps rel sur loccupation

    actuelle et prvisionnelle des lits lhpital serait la premire cause de la difficult de prise en

    charge des patients (MeaH, 2008). Enfin, dernier phnomne observ : pour dcider, les

    managers ont tendance augmenter naturellement le volume dinformations qui leur est

    ncessaire. Ils veulent se rassurer, tre sr de tout savoir sur le problme (O'Reilly, 1980), et

    prennent finalement leur dcision trop tardivement. Dautant que la mmorisation de

    linformation se fait qualit dcroissante. La surinformation mne donc tout comme la

    dsinformation dailleurs la dgradation du processus dcisionnel, lequel prsente de

    surcrot, des spcificits dans lorganisation hospitalire.

    1.4. Les spcificits de la prise de la dcision lhpital

    Lhpital constitue une des configurations organisationnelles des plus complexes qui

    existent : de par leurs structures et leurs fonctionnements, les organisations hospitalires

    demeurent des systmes complexes o sigent de multiples interactions de natures diverses. Il

    apparat ds lors que la prise en compte de cette complexit est aujourdhui le principal enjeu

    organisationnel de lhpital (El Hiki, 2008). Face lextraordinaire varit des prestations

    hospitalires, dont tmoigne indirectement la classification en GHM (groupes homognes de

    malades) pour le seul secteur de lhospitalisation de soins aigus, un grand nombre dacteurs

    de cet cosystme sont amens prendre des dcisions parfois simultanment tout en

    ayant des mtiers diffrents, des comptences, des modes de fonctionnement, des cultures, des

    liens hirarchiques et des intrts dissemblables.

    Qualifies souvent d anarchies organises , les organisations de sant se caractrisent par

    une absence de ligne hirarchique unique et claire entre le sommet stratgique et les centres

    oprationnels (Stefanini, 1997). Classiquement considrs comme un exemple type de

    bureaucratie professionnelle, telle que Mintzberg la dfinit, les tablissements de sant font

    face un problme de double filire hirarchique (Holcman, 2006). Les mdecins dirigent

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    lactivit de leur service avec du personnel soignant et paramdical quils nont gnralement

    pas recrut et souvent mme pas choisi. En parallle, les quipes de direction assurent la

    gestion de ltablissement dont lactivit dpend de mdecins quils nont pas recruts et dont

    ils ne grent pas la carrire. Cet parpillement des responsabilits a un impact sur les

    organisations. Notamment, plus lactivit est diffrencie (spcialisation accrue des

    professionnels et augmentation de leur nombre, dpartementalisation et segmentation de

    lactivit), plus lactivit doit tre intgre autour du patient par des mcanismes de

    coordination puissants. Lclatement de la trajectoire du patient [] ncessite une

    organisation ad hoc pour combiner et agencer les diffrentes tches autour dune mme

    personne, organisation fonde sur les deux principes de diffrenciation et dintgration.

    Fortement diffrencie au niveau local, lorganisation hospitalire doit alors tre fortement

    intgre au niveau global (Teil, 2002). La loi Hpital, Patients, Sant, Territoires (HPST)

    tente justement de modifier certains aspects de cette organisation, en particulier en proposant

    la gouvernance par ples dans les tablissements hospitaliers publics.

    Plusieurs confrenciers du GERHNU (2009) attestent que les dcisions, quelles soient

    mdicales, soignantes, ou administratives, se prennent de plus en plus dans le cadre dune

    communaut dactivit, et deviennent donc collectives. Elles doivent sappuyer sur une

    information factuelle, objective, complte et vrifiable, prenant autant que possible appui sur

    des standards extrieurs. Les donnes sous-jacentes doivent tre nonces dans un langage

    commun tous les acteurs en prsence. Les cls de la russite sont de dvelopper une culture

    partage, des rles clairement dfinis, une confiance mutuelle et un respect indfectible. Parce

    que les moteurs naturels sont les directeurs et les mdecins, il faut donc opter pour un

    dispositif qui respecte ces particularits, o les quipes laborent et prsentent leurs dcisions,

    [] o la communaut mdicale a un rle dexamen, de validation de coordination. La prise

    de dcision et la conduite de la mise en uvre ncessitent moins un chef que la mise en

    place dun systme o les comptences et les capacits dinnovation peuvent se dvelopper en

    transversal et o le portage des projets est collectif. Il faut chercher les points de convergence,

    trouver le juste milieu entre consensus improductif et dcision personnelle. Le management

    doit dans ce cheminement utiliser clairement recherche dadhsion, concertation et

    ngociation.

    De plus, lobligation de ractivit de lorganisation hospitalire et lvolution des

    technologies modifient en profondeur les processus organisationnels et les processus cognitifs

    dans les tablissements de sant. Avec la Nouvelle Gouvernance Hospitalire, davantage

  • Page 12 / !Fin de formule inattendue

    dacteurs sont appels participer la dcision et responsabilits et initiatives tendent tre

    plus distribues. En contrepartie, la ncessit de rendre compte et dinformer devient un

    impratif gnralis. Cependant, une difficult de faire ensemble survient et est aggrave par

    des outils de gestion plus centrs sur le reporting que le diagnostic, laide la dcision et la

    recherche de leviers daction, et qui, dfaut danalyse des activits et des procdures

    ncessaires la production de soins, fonctionnent laveugle, en contrlant les ressources

    sans sattacher comprendre et modifier les causes profondes des dysfonctionnements du

    systme (Pascal, 2000). Une grande partie de lactivit des managers hospitaliers consiste

    donc faire participer, impliquer et motiver le plus grand nombre dacteurs concerns.

    Mme lorsque la dcision est assume organisationnellement par un seul, la dcision est

    presque toujours prpare par un travail collaboratif. Cette intensification des changes et des

    interactions permet de mieux connatre les objectifs des autres acteurs, ce qui favorise

    davantage les comportements coopratifs (Zachary & Roberston, 1990). Dans cette activit

    collective, la prise de dcision suit un cheminement de ngociations entre les acteurs qui y

    participent, dans une sorte de va-et-vient que Simon (1977) appelle problem setting /

    problem solving. On doit donc concevoir des sortes d assistances pour aider dcider,

    tenant compte de la profusion dinformations et favorisant les processus de ngociations et

    autres processus collectifs. Le dcideur hospitalier est plac en effet dans une situation qui se

    caractrise par un accs trs large linformation voire une plthore dinformations, et par

    une participation accrue beaucoup dinstances, de runions, de groupes transversaux. Il doit

    donc faire face des dlais raccourcis de prise de position et un ensemble de situations qui

    aboutissent frquemment au Cognitive Overflow Syndrom (Lahlou, 2000). Pour grer ces

    nouvelles situations, un des processus cognitifs utilis par lacteur est la slection de

    pertinence et la vigilance quelle implique :

    La pertinence dun fait est perue par un individu en fonction des hypothses fortes quelle

    suscite chez lui (Sperber & Wilson, 1990). Cest donc un attribut de lobjet qui svalue en

    fonction de leffet produit chez le sujet qui le peroit. La cognition est considre ici comme

    tant situe . Percevoir la pertinence suppose une implication forte de lindividu par

    rapport sa tche et par rapport lorganisation.

    La vigilance est une attitude volontaire de lacteur qui lui permet daugmenter ses chances

    de percevoir des lments pertinents dans son environnement. Pour percevoir la pertinence

    dune information et saisir les opportunits quelle peut reprsenter pour la prise de dcision,

    lacteur doit exercer une fonction de vigilance.

  • Page 13 / !Fin de formule inattendue

    On doit dsormais proposer lacteur une solution renforant la pertinence de son analyse

    face cette surcharge dinformations, augmenter ses processus de vigilance et de veille, et

    favoriser un langage commun partag entre tous.

    2. UN SYSTME DINFORMATION DCISIONNEL POUR RDUIRE LA SURCHARGE

    Grce aux progrs raliss en technologies de l'information (logiciels, bases de donnes),

    les systmes dinformation dcisionnels (SID), dont l'architecture technique sappuie en rgle

    gnrale sur un entrept (et/ou des magasins) de donnes, peuvent aujourd'hui recueillir,

    traiter, stocker et diffuser de gros volumes d'informations, dans un temps record et un cot

    raisonnable. Lenjeu devient alors plutt lorganisation de cette information dans une base de

    donnes dcisionnelle pour permettre son analyse et son exploitation des fins de prise de

    dcisions.

    2.1. L'apport des technologies de l'information dans laide la dcision

    Reix (2000) distingue six niveaux d'aide possibles qu'il reprsente par la pyramide suivante.

    Encadr 3 : les niveaux d'aide la dcision (selon Reix)

    Au bas de la pyramide se trouvent le stockage des donnes lmentaires (observation,

    transmission, saisie), puis la restitution des donnes demandes (gestion des interrogations).

    Ensuite, apparat la slection des donnes pertinentes (modle de slection et de traitement de

    donnes). Les trois niveaux suprieurs concernent l'laboration d'lments de dcision

    (modles partiels combinant des donnes lmentaires pertinentes pour produire des rsultats

  • Page 14 / !Fin de formule inattendue

    intermdiaires), la simulation des rsultats de dcision (modle complet paramtrable par des

    critres simples ou multiples) et enfin la slection et le choix (modle complet avec mthodes

    de recherche de la solution optimale ou d'une dcision acceptable). Cette classification des

    degrs d'aide a le mrite de caractriser les formes envisageables des technologies de

    traitement de l'information et celles d'aide la dcision. Aux trois premiers niveaux infrieurs,

    l'apport des technologies de l'information se limite aux fonctionnalits classiques des

    systmes de gestion de bases de donnes. Aux trois niveaux suprieurs, l'aide la dcision fait

    appel des modles de plus en plus complets.

    L'apport des technologies de l'information dans laide la dcision se traduit aujourd'hui par

    la mise en uvre doutils d'aide la prise de dcision (d'individus ou de groupes) associant,

    travers un dialogue, l'outil informatique et l'utilisateur. Reix (2000) dfinit un SID comme un

    systme d'information assist par ordinateur, fournissant une assistance aux dcideurs

    essentiellement pour des problmes non totalement structurs et combinant le jugement

    humain et le traitement automatis de l'information ; un systme o le contrle du

    droulement du processus de dcision incombe au dcideur dans le cadre d'une recherche de

    type heuristique, amliorant plutt l'efficacit du processus de dcision (qualit de la dcision

    prise) que son efficience (cot du processus).

    2.2. Lanatomie du SID pour lhpital

    Pour pouvoir prendre les bonnes dcisions, il faut pouvoir accder en temps rel aux donnes

    de ltablissement situes dans les bases de production des applications oprationnelles

    (dossier patient, PMSI, Gestion conomique et Financire, SI RH, etc.), traiter ces donnes, et

    en extraire linformation pertinente, affiche sous forme de tableaux de bord. Une solution

    dcisionnelle intgre sappuie sur un entrept de donnes ou data warehouse dans lequel les

    donnes des applications de production sont charges aprs extraction, et modlises en

    indicateurs pouvant tre analyss selon plusieurs dimensions. Des outils de restitution fournis

    par des diteurs du march, diffusent les informations aux utilisateurs.

    Les composantes fonctionnelles d'un SID se distribuent dans une architecture organise en

    trois phases : lalimentation des donnes, leur stockage et leur exploitation.

    1) La premire phase est celle de l'acquisition des donnes qui vont alimenter l'entrept de

    donnes. L'htrognit des supports d'o sont issues les donnes extraire, a pour corollaire

    la complexit de la phase d'alimentation de l'entrept de donnes. En effet, les systmes

    dinformation oprationnels sont, le plus souvent, composs dapplications multiples,

  • Page 15 / !Fin de formule inattendue

    destines chacune traiter un domaine dactivit spcifique (activit, production des actes,

    finance, RH). Loutil d'acquisition des donnes (ETL) a donc pour vocation d'unifier les

    donnes oprationnelles qui, la base, ne sont pas normalises. Il est important de porter une

    grande attention la nature et la qualit des donnes avant de les extraire destination du

    systme d'information dcisionnel. Aprs avoir identifi toutes les donnes prsentes dans les

    systmes oprationnels ou issus de bases de donnes externes, il est ncessaire d'analyser leur

    qualit, tant en termes de capacits de rapprochement d'un mme rfrentiel lors de leur

    arrive dans l'entrept de donnes, qu'en termes de nettoyage. Si l'on souhaite conserver une

    cohrence entre les donnes visualises du ct transactionnel et du ct dcisionnel, leur

    nettoyage s'effectuera la source plutt que dans l'entrept de donnes.

    2) La seconde phase est celle de la gestion des donnes. Sa principale vocation est d'assurer

    leur stockage dans une base dcisionnelle (de synthse). Les donnes sont structures en

    contexte d'analyse dcisionnelle et sont orientes pour l'utilisateur. Les donnes, ncessitant

    des stockages volumineux, sont le plus souvent structures selon deux formes :

    un entrept de donnes ou data warehouse, pouvant stocker des traoctets de donnes,

    modlises en toile,

    des cubes multidimensionnels (ou applications On Line Analytical Processing : OLAP). Le

    composant de gestion des donnes permet alors au travers de ces cubes de raliser des

    interrogations sur plusieurs dimensions (diffrents points de vue) des donnes contenues dans

    l'entrept.

    Lutilisateur peut interroger les donnes stockes et structures autour de diffrents axes

    d'analyse, et de naviguer d'une dimension une autre (sans avoir formuler de nouvelles

    requtes) et ainsi changer d'axes d'analyse pour visualiser les donnes sous un autre point de

    vue (fonction Slice and Dice). Il peut galement aller du synthtique au dtail (fonction drill

    down) ou visualiser des donnes plus agrges (fonction drill up). Ainsi, selon ses besoins,

    l'utilisateur peut crer les informations (leur donner un sens), les prsenter selon diffrents

    axes Par exemple, l'analyse du chiffre d'affaires ralis par service, pour un type de

    pathologies donn, sur une priode de temps donne.

    3) La troisime phase est celle des restitutions des informations dcisionnelles dans des

    applications pouvant se greffer sur la base dcisionnelle. Cette fonction est assure par des

    outils dcisionnels varis comme des outils de reporting, des outils de tableaux de bord, des

    outils de Balanced Scorecard ou des outils de fouille de donnes (data mining).

  • Page 16 / !Fin de formule inattendue

    De Lignerolles (2005) fait remarquer que pour un mme outil, le type d'utilisation est

    galement de diffrents ordres. Ainsi, pour un outil de requtage, l'utilisateur peut vouloir

    accder des rapports prdfinis fixes, modifier les paramtres de rapports prdfinis ou crer

    son propre rapport. De la mme manire, un rapport peut tre excut directement par

    l'utilisateur ou le rsultat envoy dans sa messagerie. Les personnes qui produisent les

    tableaux de bord n'auront pas saisir des donnes, ce qui a pour effet d'augmenter les qualits

    des tableaux de bord au niveau notamment de la fiabilit et de la rapidit d'obtention des

    informations. Muckenhirn (2003) prcise que le composant de mise disposition des donnes

    a pour vocation de dispenser lutilisateur de toute manipulation technique directe sur une base

    de donnes. Par ailleurs ces outils de restitution doivent intgrer une dimension de

    coopration. En effet, lclatement gographique et temporel du processus de dcision,

    implique une coopration entre les divers acteurs. Cela passe essentiellement par la mise en

    place dun portail daccs et/ou lintgration de fonction groupware (collecticiel en

    franais) la solution. Dans le cas du portail, lutilisateur accde linformation dcisionnelle

    sous forme dun guichet unique. Des tableaux de bord presse-bouton sont sa disposition

    ainsi quun environnement de requtage ad hoc. La figure suivante dcrit larchitecture

    gnrale dun SID.

    Encadr 4 : Larchitecture gnrale dun SID

  • Page 17 / !Fin de formule inattendue

    2.3. Lenjeu de lappropriation

    En synthse, on aurait donc aujourdhui des mthodes et outils efficaces face au problme de

    la surcharge , pour donner voir plus rapidement aux acteurs une information de

    qualit quils pourraient mieux interprter pour mieux dcider. Cependant, au-del de cette

    rponse technique, il nous parait intressant dtudier aussi lappropriation par les acteurs de

    ce systme dinformation dcisionnel, car mme si une direction limpose, il est ncessaire

    que les acteurs ladoptent ou lacceptent pour quil fonctionne. Nous allons voir surtout quen

    milieu organis et hirarchis tel que lhpital, lappropriation dun tel systme rsulte surtout

    dun processus constant dinteractions entre acteurs autour de trois dimensions : la

    Conception, les Usages et le Sens apport la stratgie de ltablissement (Aubin, 2013).

    En effet, pour rpondre aux contraintes dune situation spcifique de management ou

    renouveler leur stratgie, les dcideurs hospitaliers se livrent un travail de construction du

    sens, et dfinissent les activits et une faon de travailler ensemble au sein des projets de

    pilotage de ltablissement. Ces projets rassemblent des individus qui disposent de

    connaissances et de comptences varies. Ces individus sont souvent issus de fonctions

    diffrentes (directeurs, gestionnaires, mdecins, soignants), dorganisations diffrentes (ples

    et/ou services, grands groupes de disciplines, acteurs en dtachement), ce qui implique la mise

    en interaction de schmes cognitifs multiples. Lorganisation hospitalire peut ainsi concevoir

    et utiliser des outils et procdures daide la dcision, tout en mettant en place des dispositifs

    efficients appels dispositifs de prescription rciproque, qui redonnent linitiative lacteur :

    en prsentant mieux linformation pour minimiser l'effet surcharge , on laisse ainsi plus de

    places aux intentions, la production dides, la rflexion en vue dune meilleure prise de

    dcision. Notre problmatique est par consquence de comprendre les enjeux de

    linformatique dcisionnelle, comme dispositif de gestion o les ncessits de coproduction et

    de partage de linformation sont multiples dans ce contexte de surcharge.

    3. MTHODOLOGIE

    Pendant quatre annes, nous avons mis lpreuve notre modle d'analyse au sein dun

    hpital priv but non lucratif (ESPIC) franais, lhpital Partnia [son nom a t

    anonymis], qui devenait le thtre dune srie doprations de transformation, dans

    lesquelles nous avions la chance de participer ce moment-l dans notre activit

    professionnelle (nous sommes en 2005, en pleines rformes des modes de financement lis

  • Page 18 / !Fin de formule inattendue

    la T2A et celles de la nouvelle gouvernance). Cet tablissement participe au service public

    hospitalier, tout en disposant dune relle autonomie de gestion, celle du priv.

    Selon la typologie de Junker (1960), notre posture de recherche sapparente au statut de

    participant complet en raison du fait que nous navons pas dvoil lhpital notre

    identit de chercheur ; Seul notre engagement dans la mission professionnelle lui importait.

    Autrement dit, nous avons adopt un positionnement hybride de consultant-chercheur :

    entre engagement et distanciation.

    Engagement dans lexercice de notre mission professionnelle situe clairement dans le

    registre de laction, avec ses propres normes de fonctionnement et ses critres spcifiques ;

    Ceux-ci taient plutt de lordre de limplication, de lefficience et de la rentabilit, de la

    motivation.

    Distanciation, car il nous semblait indispensable doprer en mme temps, un recul par

    rapport notre terrain de recherche, dobtenir un autre regard sur la ralit tudie.

    Notre rle de consultant-chercheur sest voulu tmoin, ou plus exactement tmoin des

    tmoins , en faisant connatre de lintrieur la capacit dinnovation ordinaire des

    acteurs, leur nergie pour dpasser et contourner les enfermements dont ils taient victimes

    sur leurs terrains quotidiens.

    La mthodologie adopte a t de nature qualitative, par une dmarche dite abductive partir

    de thories support, par la conduite dentretien au cours de laccompagnement de

    ltablissement et par notre situation dobservateur, praticien-chercheur. Les donnes

    collectes par la tenue dun journal de recherche et par lutilisation de tous les documents

    produits par lhpital (rapports, notes, comptes-rendus de runions) dans llaboration de son

    plan stratgique et de son Contrat dObjectifs et de Moyens, ont t trs nombreuses et ont

    permis une description dtaille dans lespace et dans le temps du projet de lhpital.

    Cette tude de cas unique nous a permis de mener un examen en profondeur, de mettre en

    place des mcanismes dactions participatives, et danalyser les mcanismes d'appropriation

    du SID pendant la transformation de lorganisation engage dans ltablissement, ainsi que

    celle de son systme dinformation.

  • Page 19 / !Fin de formule inattendue

    4. RSULTATS

    4.1. Les thories support mobilises

    Pour rpondre notre problmatique, nous avons runit dans une seule thorie, trois thories :

    Dun cot, la perspective structurationniste dOrlikowski (2000) qui rejette lide daffirmer

    quune fois la technologie dveloppe, celle-ci devient stable, et en mme temps difficilement

    modifiable et adaptable aux nouveaux usages. Pour elle, lappropriation serait une suite

    ditrations. Si dans de nombreux cas, les technologies sont conues dun ct, puis diffuses

    de lautre (cest le cas des technologies packages ou vendues sur tagre par exemple), il

    nous paraissait vident que dans le cas des systmes dinformation dcisionnels, il sagit

    plutt de considrer lexpression des besoins des utilisateurs et de les associer pleinement

    dans les phases de conception des tableaux de bord.

    A cot de cela, nous avons travaill sur les interactions entre acteurs, particulirement les

    prescriptions rciproques proposes par la thorie de la conception collective dHatchuel

    (1994, 1996). Elle a pour intrt de mettre en vidence limportance des dynamiques de

    coordination entre les individus, autour du processus de conception. Selon lui, la notion de

    prescription rciproque cre du savoir et cette cration de savoir senracine dans un

    collectif pour y prendre son sens. Ce principe de coopration repose sur le pari implicite

    dune compatibilit et dune efficience croises entre les diffrents acteurs en scne. La

    mise en uvre dun processus de validation devient alors stratgique car il est le meilleur

    moyen de fonder les savoirs disponibles et danalyser les rapports de prescription. Il est le

    garant de la survie de la coopration au cours du processus de conception.

    Pour finir, entre usage et conception, il y a le sens. Et il y aura appropriation que sil y a

    adhsion au sens donn par la stratgie. La construction de sens, que les dcideurs hospitaliers

    doivent traduire dans les indicateurs et les tableaux de bord, doit tre au cur de llaboration

    de la stratgie de ltablissement. Elle apporte selon nous un lment explicatif

    supplmentaire au phnomne dappropriation du systme dinformation dcisionnel. Nous

    nous sommes appuy sur les travaux de Weick (1995) et en particulier sur le concept du

    sensemaking pour analyser la fois les aspects cognitifs et comportementaux du travail

    stratgique : cognitifs pour linterprtation et la comprhension du contexte,

    comportementaux dans les actions mises en uvre. Un des postulats de la thorie du

    sensemaking est la complexit de la ralit du monde : lacteur doit simplifier la complexit

    afin de pouvoir apprhender cette ralit et agir dans le monde. Le processus de sensemaking

  • Page 20 / !Fin de formule inattendue

    consiste donc en extraire des lments et les relier au sein dune reprsentation qui, en

    redonnant de lordre, donne du sens. Loprationnalisation du concept de sens pouvait donc

    trouver clairement sa place dans notre cadre danalyse pour tudier lappropriation des

    dispositifs de pilotage.

    Ces lments thoriques sont assembls dans un cadre associant Conception / Usage / Sens

    pour analyser le comportement des utilisateurs et des dcideurs dans la mise en uvre du

    systme dinformation dcisionnel.

    4.2. Nos interventions dans le cas dtude

    Nous avons tudi les dynamiques dappropriation des dispositifs dcisionnels lhpital

    Partnia, en superposant notre modle danalyse bas sur le triptyque Conception, Usage et

    Sens, sur les tapes de transformation que ltablissement traversait.

    Depuis quelques annes, lhpital Partnia avait lambition damliorer sa performance en

    travaillant sur trois axes : un retour lquilibre financier, une nouvelle gouvernance, et un

    programme de rnovation immobilire. En parallle de ces 3 axes, ltablissement souhaitait

    aussi porter une attention sur son systme dinformation, en particulier sur son systme de

    pilotage, qui deviendrait linstrument central du support au management de la performance. Il

    constituerait l'outil essentiel pour la dlgation de gestion accorde aux ples. Pour autant,

    plusieurs acteurs avaient soulign assez tt des difficults disposer des informations

    ncessaires leur prise de dcision et des problmatiques de surcharge face la multiplicit

    des sources de donnes situes dans les nombreuses applications oprationnelles (encadr 1).

    Notre mission sest droule en 3 tapes :

    Premire tape, celle de mettre en place une premire version de ce systme de pilotage,

    capable de remonter parfaitement les niveaux dactivit, de recettes et de dpenses. Cette

    premire version est limite en premire intention au contrle de gestion et au dpartement de

    linformation mdicale (DIM). Dans cette premire tape, nous avons surtout employ deux

    des trois dimensions de notre triptyque que sont la conception et les usages.

    Deuxime tape, avec la mise en place dun Observatoire Mdico-conomique (OME) et la

    prparation dun projet plus global de transformation. Ici, nous avons intgr le concept de

    sens comme troisime dimension de notre triptyque ; une construction de sens, opre par les

    acteurs en charge de la conduite de cette transformation.

  • Page 21 / !Fin de formule inattendue

    Troisime tape consistant mettre en uvre le projet stratgique de ltablissement appel

    Projet Partnia-2012 et concevoir un nouveau systme de pilotage. Dans cette tape, on

    convient de gnraliser lusage des outils daide la dcision lensemble des nouveaux

    acteurs des ples, de mettre en place des dispositifs de prescription rciproque pour concevoir

    un systme dcisionnel commun et partag, tout cela dans une dmarche managriale globale.

    Nous avons voulus montrer dans cette tape que les trois dimensions de notre triptyque

    apportaient un clairage sur les cooprations mettre en place pour mener une telle

    transformation.

    4.3. Les principaux rsultats, les limites et les perspectives de recherche

    Face la surabondance dinformations constate lhpital, la mise en place dun systme

    facilitant leur slection et leur utilisation, apparait comme une solution viable pour amliorer

    la prise de dcision. Mais au-del de la rponse technique, nous montrons aussi que son

    appropriation doit tre effectivement ralise.

    A laide du cadre associant Conception / Usage / Sens et des observations de terrain, nous

    constatons quune interaction doit soprer entre dcideurs, concepteurs et utilisateurs du

    systme dinformation sanitaire et quune dynamique dappropriation rsulte des relations

    entre concepteurs et utilisateurs, alimentes et orientes par le sens port dans le projet

    stratgique de ltablissement.

    Si on se rfre ltape 1, le premier projet de SI Dcisionnel vocation limite (contrle de

    gestion et dpartement de linformation mdicale), constitue une premire tape de rsolution

    de la surcharge sur un groupe dacteurs de rfrence, et marque clairement lutilit dun tel

    systme. Cependant, bien que ce projet nait pas associ tous les acteurs-cls (c'est--dire sans

    les responsables de ple), il montre lvidence que la construction du sens ne sest pas

    opre sans eux. Ceci est trs souvent observ dans notre pratique professionnelle : on voit

    encore trop frquemment des hpitaux concevant leur projet stratgique de faon totalement

    dconnecte du contexte technologique des systmes dinformation, qui se dveloppe par

    ailleurs. Inversement, on voit aussi encore des projets SI Dcisionnel, compltement

    dconnects du contexte stratgique, comme si on concevait pour les acteurs mais sans

    acteurs. Cette tanchit gnre des conceptions non ralistes de solutions, sans liens directs

    avec les objectifs stratgiques et surtout dpourvues de sens commun. Elle entrane galement

    des usages mal dfinis et finalement dtourns vers des pratiques qui ne devraient pas voir le

    jour (par exemple, certains utilisateurs vont quand mme par manque de confiance envers la

  • Page 22 / !Fin de formule inattendue

    nouvelle solution, continuer dinterroger un grand volume de donnes dans les gisements

    sources, en pensant pouvoir faire face la surcharge qui en dcoulera, au dtriment dutiliser

    la nouvelle solution commune).

    Dans ltape 2, nous observons quavec la mise en place de lobservatoire mdico-

    conomique, un dbut de rflexion sur le sens des indicateurs sinstalle en collaboration avec

    les ples. Linformation, mieux structure et donc mieux interprte, agit comme rducteur

    dincertitude et contrebalance le problme de surcharge.

    Enfin, dans ltape 3, nous montrons que lacteur du ple, par sa participation dans

    llaboration dun dispositif global de pilotage, contribue aux diffrents volets qui le

    composent. savoir, un volet organisationnel, avec la mise en place de la nouvelle

    gouvernance, un volet stratgique avec le projet mdical, un volet communicationnel, et un

    volet technologique avec le projet dinformatique dcisionnelle. On montre ainsi que le

    processus dcisionnel peut samliorer par une meilleure maitrise de linformation (rduction

    de la surcharge) et par une meilleure matrise de lorganisation (participation par interaction).

    Ainsi, par toutes ces dimensions contributives, le poids de lacteur du ple devient dcisif

    dans llaboration dun projet stratgique global.

    Le second rsultat porte sur lhypothse de considrer lappropriation du SI Dcisionnel

    comme point de rencontre entre trois processus bass sur la Conception, lUsage et le Sens.

    Nous confirmons que le processus par lequel lacteur va rendre le systme propre son usage

    (et se dfaire dune quelconque surcharge qui entrane, on la vu, une incapacit exploiter

    les informations utiles sa prise de dcision) est en totale interaction avec les deux autres

    lments processuels : le processus de conception qui renvoie aux rles de lacteur autour de

    la prescription rciproque, et la construction de sens que lacteur associe lobjet

    technologique dans la stratgie de transformation. Cette approche tridimensionnelle nous

    conduit confirmer, sur un plan thorique, que les 3 courants conceptuels mobiliss peuvent

    tre apprhends de manire complmentaire, voire intgre, et non de manire alternative ou

    fragmente.

    Notre recherche comporte cependant des limites. La premire limite porte sur la mobilisation

    de certaines sous-disciplines : le domaine gestionnaire, celui de la stratgie, la sociologie des

    organisations, le management des systmes dinformation. Nous considrons que ce

    croisement est un atout pour enrichir le phnomne tudi, mais est-il suffisant ? Ltude des

    risques psycho-sociaux gnrs par la surcharge informationnelle auraient permis sans doute

  • Page 23 / !Fin de formule inattendue

    dclairer le dbat sur dautres dysfonctionnements, comme des situations de stress et

    dangoisse qui mnent certains acteurs au dcouragement et la culpabilit, et qui entranent

    des rsistances passives utiliser le systme dinformation dcisionnel. La deuxime limite

    est de nous tre attaqu lanalyse simultane de trois processus, la conception, lusage et le

    sens, ce qui peut apparatre un peu ambitieux. Notre tude de cas nous a permis de centrer

    lanalyse surtout sur les sphres des concepteurs et des constructeurs de sens ; beaucoup

    moins sur la sphre des usages , comme nous le souhaitions. Enfin, la troisime limite,

    mthodologique cette fois, concerne la question de la validit des donnes prsentes dans le

    cadre dune tude de cas unique, et de la porte gnrale de ses rsultats.

    En perspective, le prototype issu de cette tude de cas prtend proposer une sorte dexpression

    des besoins. Dans notre tude de cas, nous avons en effet avanc de marche en marche, mais

    il resterait au pralable un travail mener sur la mthode, pour quelle soit plus prcise et

    quelle puisse oprationnaliser davantage les liens entre les trois dimensions de notre modle.

    Il faudrait en formaliser les diffrentes tapes et la mettre lpreuve de la pratique sur de

    nouveaux terrains. Une premire orientation serait de s'intresser au secteur des cliniques

    prives par exemple, o par nature, les acteurs sont en grande partie indpendants les uns des

    autres car fonctionnent sur le mode rticulaire. La question centrale porterait sur la

    construction du sens commun dans ce type dorganisation apparemment moins

    collaborative . Une seconde orientation serait dexaminer galement des organisations dans

    lesquelles le sens serait, en quelque sorte, moins stabilis . Par exemple, les structures du

    secteur mdico-social o la formalisation des critres de performance est encore

    embryonnaire. Enfin, une possibilit de tester notre modle lchelle dun territoire ou dune

    communaut de territoire. On peut penser en effet, que dans ce type dorganisation, la notion

    de sens peut tre exacerbe car on saffranchit des limites de ltablissement.

    CONCLUSION

    Dans le contexte de prise de dcision lhpital, rendue difficile par la surabondance

    dinformations qui entraine une perte de repres, nous proposons une solution rductrice

    dincertitude, capable daider le dcideur hospitalier y voir plus clair, et linvitant

    simpliquer davantage dans la construction de sens dont il a perdu souvent lobjectif ou la

    motivation. Il peut ainsi jouer pleinement son rle dans lorganisation et dans la stratgie.

  • Page 24 / !Fin de formule inattendue

    Cette solution est la mise en place dun dispositif de prescription rciproque, permettant aux

    acteurs la fois de concevoir et dutiliser un systme dinformation dcisionnel capable de les

    aider prendre des dcisions claires et de redonner du sens la stratgie de ltablissement.

    Trois rsultats principaux se dgagent. Concernant l'usage, llargissement des parties

    prenantes des dcisions aux ples cliniques montre la fois l'effet de la structure

    organisationnelle sur les besoins en information dcisionnelle et la difficult pour les

    concepteurs faire face au problme de la surcharge dinformation lie la pluralit des

    usages. Concernant la conception, l'tude met en lumire le rle capital dun prescripteur bien

    identifi, lobservatoire mdico-conomique, qui assigne les objectifs de cration et garantie

    l'quilibre entre les prescriptions et les stratgies individuelles de l'ensemble des acteurs

    inclus dans le projet de transformation. Enfin, le rsultat le plus marquant concerne le double

    effet de la variable cration de sens sur les usages et motivations : effet direct travers

    l'engagement des dcideurs des ples dans llaboration du plan stratgique de lhpital et

    indirect via le processus de conception du systme coopratif daide la dcision.

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