GAUTHIER Aubin - Traité pratique du magnétisme et du somnambulisme - 1845.pdf

762
TRAITÉ PRATIQUE DU MAGNÉTISME ET DU SOMNAMBULISME.

Transcript of GAUTHIER Aubin - Traité pratique du magnétisme et du somnambulisme - 1845.pdf

  • TRAIT PRATIQUE DU

    M A G N T I S M E ET DU

    SOMNAMBULISME.

  • Librairie de Germer Baillire

    Ouvrages du mme auteur. INTRODUCTION* AIT MAGNTISME, examen de son existence

    depuis les Indiens jusqu' l'poque actuelle, sa thorie, sa pratique, ses avantages, ses dangers, et la ncessit de son concours avec la mdecine. 1840, 1 yol. in-8. 6 fr.

    HISTOIRE BU SOMNAMBULISME chez tous les peuples, sous les noms divers d'extases, songes, oracles et visions; examen des doctrines thoriques et philosophiques de l'antiquit et des temps modernes sur ses causes, ses efcts, ses abus, ses avantages, etc. Suivi d'une lettre S. S. le pape Grgoire XVI sur les altrations successives de la Bible pendant le Moyen-ge et la Renaissance. 1842, 2 vol. in-8. . 10 fr.

    LE MAGNTISME CATHOLIQUE, ou Introduction la vraie pratique, et rfutation des opinions de la mdecine sur le magntisme, ses principes, ses procds, ses effels. 1844, 1 vol. in-8. 6 fr.

    TRAIT DES SONGES par Hippocratc, traduction nouvelle avec des notes, exemples justificatifs et commentaires. 1 vol. in-3 (sow presse).

    TRAIT DES SONGES et de la DIVINATION par le sommeil, par Aristolc; traduits pour la premire fois avec notes et commentaires. 1 vol. in-8 (sous presse).

    LA REVUE MAGNTIQUE, journal des cures et des faits magntiques et somnambuliques, ainsi que des thories, recherches historiques , discussions scientifiques , jet progrs gnraux du Magntisme en France et dans tous les autres Etats de l'Europe. Prix : 24 fr. par anne. Bureaux, rue de Brda, 28. Rdacteur en chef : M. AUBIN GAUTIER.

    CHARDEL. Essai de psychologie physiologique, 3e dition augmente d'un appendice sur les phnomnes du somnambulisme lucide et les rvlations de Swedenborg sur le mystre de l'incarnation des mes et sur leur tat pendant la vie et aps la mort. 1844, 1 vol. in-8 6 fr.

    CHARDEL. Esquisse de la nature humaine, explique par le Magntisme animal, prcde d'un Aperu du sjstme gnral de l'univers, et contenant l'explication du Somnambulisme magntique et de tous les phnomnes du Magntisme animal. 1820, 1 vol. in-8. 5fr.

    DELEUZE. Mmoire sur la facult de^rvision, suivi de Notes et pices justificative* recueillies par M. Mialle. 1836, in-8 br. 2 fr. 60 c.

    DESFINE. De l'emploi du Magntisme animal et des eaux minrales dans le traitement des maladies nerveuses, suivi d'une Observation trs curieuse de gurison de nvropathie. 1840, 1 vol. in-8. 7 fr.

    rSIMONT (Charles). Le Magntisme animal considr comme moyen thrapeutique; son application au traitement de deux cas remarquables de nvropathie. 1843. 1 vol. in-8, br. 6 fr.

    PARIS. IMPRIMERIE SE BOURGOGNE ET MARTINET* RUS JACOB, 30*

  • TRAIT PRATIQUE DU

    MAGNTISME ET DU

    SOMNAMBULISME OU

    RSUM DE TOUS LES PRINCIPES ET PROCDS DU MAGNTISME, AVEC

    LA THORIE ET LA DEFINITION DU SOMNAMBULISME, LA DESCRIPTION DU CARACTERE ET DES FACULTES DES SOMNAMBULES,

    ET LES RGLES DE LEUR DIRECTION ;

    PAR

    AUBIN GAUTHIER.

    * si l'art nous abandonne, " la nature nous reste.

    MESMER.

    PARIS. GERMER BAILLIRE, LIBRAIRE-DITEUR,

    RUE DE L'COLE-DE-MDRCINE, 17; MONTPELLIER. Castel , Sevalle, libraires, f LYON. Savt, libraire, 48, quai dt-s Clt-blins LONDRES. IL Baill ihe, 219, Rrgcnt-Strcet. J FLORENCE. R icoadt et Cie, libraires.

    LEIPZIG. Baockiuus et AvEMir .ii's, Michelsek, libraires.

    1845.

  • WO ( (rl$

    R ^ T I

  • PREFACE.

    J'arrive la fin de mes travaux. Destin paratre en premier, le Trait du Magntisme et du Somnambulisme est au contraire, mon dernier ouvrage , moins qu'il ne plaise Dieu.de m'engager dans une autre voie o je puisse tre utile.

    Ce livre est un vritable Trait pratique ; je me suis efforc d'y runir tous les documents connus jusqu' ce jour; il est la porte de tous les hommes, et ceux mmes qui n'auraient-pas le temps de le lire en entier, pourront, au moyen de la table des matires, choisir le sujet qui les intressera davantage*

    Je n'ai pas regretter la route que j'ai suivie \ pour arriver mon but je crois avoir mis toute la persvrance possible ; le retard que j'ai apport dans la plus importante de mes publications en est une preuve, et l'ordre tabli dans mes travaux justifie que mon plan tait arrt l'avance.

    J'ignore le sort que cet ouvrage aura pendant ma vie, une poque o les livres srieux sont peu lus, et dans un temps o le magntisme est encore dni partant de personnes -f mais j'ai l'espoir qu'il restera comme une uvre utile et consciencieuse.

    Quelques observations bienveillantes m'ont t faites depuis le commencement de l'impression \ sur l'abon dance des notes et les frquentes citations des premiers et plus-clbres magntiseurs. Je crois que ma rponse a t entirement satisfaisante; la voici :

  • II PRFACE.

    La plupart des hommes du monde, et les mdecins eux-mmes, n ayant entendu parler que de somnambulisme, ne voyant le plus souvent que le ct merveilleux du magntisme, croient toujours que la science est l'tat embryonique et que le temps seul pourra l'clairer; ils ne connaissent le nom de Mesmer que pour y attacher l'pithte de charlatan; ceux de Puysgur, de Bruno et de Deleuze sont peine parvenus jusqu' eux; ils attendent toujours qu'un homme capable vienne apporter la lumire l o ils croient qu'il n'existe encore que des tnbres.

    Or, de deux choses l'une: ou la lumire n'existe pas encore en magntisme, et je me prsente comme rsumant en moi toute la science ; ou les tnbres ne sont que supposes, et alors j'ai eu d'autres matres que Mesmer. Dans le premier cas, quelle confiance puis-je inspirer, quelle qualification^dois-je m'attendre, puisque je suis connu pour tre l'apologiste de Mesmer et que je me fais gloire de suivre ses leons? Dans le second, on et certainement dout, sinon de ma bonne foi, au moins de l'exactitude de mes allgations prises au point de vue d'exprieces personnelles; il tait donc ncessaire que je m'appuyasse sur des autorits.

    A qui, par exemple, aurais-je persuad, sur une simple lecture et sauf examen , que l'imposition de la main sur les genonx dtermine le sang descendre et favorise, chez les femmes, le flux priodique? Si j'avais ajout que tout mouvement circulaire opr l'extrieur du corps se rpte au-dedans, et qu'un mouvement trop brusque peut blesser un malade dont on effleure peine les vtements , qui et voulu me croire? Personne assurment. Mais qu'aura-t-on m'opposer lorsque j'aurai avanc lin fait, recommand un procd , annonc un

  • PRFACE. III

    effet, si chacune de mes propositions est en quelque sorte contresigne par Jussieu, d'Eslon, Bruno, Puys-gur, Roullier et Deleuze? Ou ces hommes estimables sont des fous qui se sont succd les uns aux autres, ou la vrit qu'ils prirent toujours pour guide ma galement clair de son flambeau.

    Quel est l'homme sens qui persisterait soutenir devant moi que Mesmer tait un charlatan, si je lui prouve que M. de Bruno l'appelle un gnie qui a droit la reconnaissance de l'humanit entire, la mmoire duquel tout homme honnte et verlueux doit un tribut de vnration et de respect (1), et qu'il est impossible, suivant M. Deleuze, de ne pas reconnaitre en lui un j> mtaphysicien distingu et un profond observateur (2) ? Deleuze et Bruno n'ont-ils pas t des philosophes et des savants que l'estime publique a suivis jusque dans la tombe?

    J'ai multipli les notes! c'est vrai, et dans quelques annes la plupart seront inutiles; mais c'est que je connais la profonde ignorance et l'embarras dans lesquels se trouvent aujourd'hui les hommes du monde, les mdecins en gnral, et un grand nombre de personnes bien intentionnes qui voudraient s'instruire en magntisme. Je n'ai pas voulu qu'on pt leur fermer la bouche en leur disant que j'avais une doctrine part, c'est pour quoi les notes abondent-dans mon livre; et quand je dif fre, sous quelques rapports, avec les praticiens ou les mtaphysiciens que j'invoque habituellement, je cite encore, afin que Ion puisse contrler mes opinions. Je ne crois pas avoir besoin d'en dire plus long sur ce point, -et je passe la seconde objection, qui me parat encore moins fonde.

    (1) Bruno, tome I, Discours prliminaire, et page 2. (*2) Deleuze, Histoire critique, tome II, page 20. *

  • IV PRFACE.

    Vous citez trop souvent, m'a-t-on dit, et de plus vos extraits sont trop abondants; vous vous faites tort vous-mme; vous pouviez crire aussi bien, et votre ouvrage vous et fait plus d'honneur. Voici ma r ponse ; elle est grave.

    Je ne sais pas si j'aurais pu dire aussi bien que les auteurs cits ; je crois seulement qu'aprs eux et avec la facilit que j'ai crire, j'aurais effectivement retir plus d'honneur de mes propres inspirations ; mais je ne serais point arriv mon but, celui d'assurer le succs de la cause magntique.

    Ainsi quelles pages, si belles qu'elles eussent pit tre, produiraient aujourd'hui sur mes lecteurs le mme effet que la concordance successive, pendant un demi-sicle, des opinions de tous les savants hommes qtii m'ont prcd?

    Parce que je dfends les expriences f suis-je tin r

  • Pli F ACE. V d'autres qui font le dsespoir de la mdecine (1). J'ai ensuite ajout que les folies somnambuliques taient la cause du discrdit du magntisme (2). Mais je ne suis pas le seul qui dise toutes ces choses : Mesmer se plaignait aussi des exagrations, des abus et des ab- surdits auxquelles sa dcouverte avait donn lieu, et des tranges explications donnes par des hommes qui n'en avaient qu'une connaissance superficielle (3). Mesmer a parfaitement raison , reprend M. Deleuze, >> il parat penser qu'il et t avantageux de pratiquer le magntisme empyriquement et aprs une instruction convenable sans rechercher le somnambulisme, et cela peut tre vrai. Il est du moins certain que si l'observa- tion du somnambulisme a fait connatre de nouvelles vrits, elle a Jait dire aussi les plus grandes extrava- gances (4)- Or, il me semble qu'aprs soixante-dix annes de folies, il commence tre temps de devenir sages, et que les magntisants d'aujourd'hui ne feraient pas mal de retourner l'cole.

    Satisfaits de ces raisonnements et de mes explications, on s'est born me dire' : Mais vo6 traits passeront, aux yeux de bien des gens, pour une compilation; on croira qu'il n'y a rien de vous, et que tout appartient vos devanciers !

    D'abord, si mon livre est bon, c'est un grand point pour mes concitoyens, et c'est le plus intressant pour la cause magntique : Quand un succs est obtenu, nous en jouissons tous galement-, quel qu'en soit l'au- teur (5). Ensuite, une compilation bien faite est une

    (1) Introduction au magntisme, page 337. (2) Magntisme catholique, page 55 66. (3) Mesmer, Deuxime Mmoire, avant-propos. (4) Deleuze, Hist. crit., tome II, pages 18et 19, {o) Id., Jnstr. prat., page 7,

  • VI PRFACE.

    uvre utile, et je demanderai s'il existe aujourd'hui un ouvrage qui rsume utilement les opinions, les principes et les procds qui forment la science magntique? Certainement non ; ds lors mon livre, considr comme compilation, serait toujours un progrs.

    Mais une cause importante a besoin d'tre soutenue par de grands talents, et surtout par des talents reconnus , avous, non contests; les miens ne sont point tels. Ils le seraient que je n'aurais pas plus de confiance en eux, parce que les hommes n'ont en propre que leur persvrance et ne peuvent rpondre que d'elle ; les talents, grands ou petits, sont un prt mystrieux, de la Divinit , 011 n'en connat la puissance et l'tendue qu'aprs en avoir fait usage.

    11 n'et donc pas t prudent de compter uniquement sur moi, quand j'avais de puissants et gnreux auxi-liaires. Platon ne nous a-t-il pas transmis avec orgueil les leons de son matre Socrate, et la gloire de Gicron n'et-elle pas t encore plus grande et plus pure s'il n'avait pas donn, comme de lui, des penses sublimes et des pages magnifiques qu'il empruntait aux philosophes grecs pour instruire ses Romains ignares?

    En appelant au secours de la cause magntique, dans un moment dcisif, les hommes les plus capables de l'illustrer et de la soutenir, je crois avoir fait acte de bon sens, de raisonnement et de justice; si je leur dois ce livre, je le prsente au monde savant comme un hommage rendu leurs doctes leons., puisse-t-il tre aprs ma mort un monument ternel lev a leur gloire !

  • DU TRAIT

    MAGNTISME.

    PREMIRE PARTIE. P H I L O S O P H I E D U M A G N T I S M E .

    LIVRE PREMIER.

    EXPLICATION ET DFINITION DU MAGNTISME.

    CHAPITRE PREMIER.

    Du magntisme considr comme facult.

    L'me est un principe, la volont une puissance, le mouvement un effet.

    L'homme a un mouvement intrieur plus ou moins vif, plus ou moins soutenu, selon sa constitution, son ge, ses maladies ou ses habitudes; ce mouvement constitue la vie.

    Chaque corps exerant une action relative sur ce qui l'entoure, l'homme a d'abord une influence sur son sem-

  • 2 THILOSOPHIE DU MAGNTISME. blable (i). Quand il en use, sa volont produit un effet, et cet effet est une communication de mouvement (2).

    CHAPITRE IL

    Du magntisme considr comme agent physique.

    Le magntisme est un agent rpandu dans la nature, et dont tous les corps sont imprgns (3).

    Il chappe nos sens, on ne le voit pas. Les anciens lui avaient donn le nom d'esprit cach (4); les modernes Font appel esprit vital, fluide nerveux; on le nomme aujourd'hui fluide magntique.

    Si on ne le voit pas, on ressent et on peut observer ses effets, ce qui dj suffirait pour tablir son existence; mais rhomme (5) en tat de somnambulisme voit le fluide sous la forme d'un feu brillant qui sort particulirement des mains du magntiseur (6); ce qui explique pourquoi l'antiquit reprsentait les Dieux avec des flammes au bout des doigts (7) ; et comment Mesmer a pu dire : Le magntisme animal, considr comme agent, est un feu invisible (8).

    L'homme tant une intelligence lie des organes, mais servie par eux, il fait principalement usage de ses mains pour magntiser; ce qui explique encore pourquoi les sta-

    (1) Mesmer, Aphorisme 237. Deleuze, Instruction pratique, page 9. (2) Mesmer, Deuxime mmoire, page 73, dition Germer BaiUir. (3) Wirdig, Novamedicina spirituum, liv. I, chap. xxvn. Mesmer,

    deuxime proposition, Premier Mmoire, page 42. Id., Deuxime M-maire, page 61. Bruno ,91.

    (4) En grec, voo ou vofc;, en latin mens, ou spiritus intus. Aristote, Mtaphysique, liv. XII, chap. ix, Virgile, nide, liv. VI, vers 725.

    (5) L1 homme est pris ici dans une acception gnrale; les femmes peuvent magntiser comme les hommes, part le degr de force et d'instruction.

    (6) Mesmer, Aphprisms 269 275. Bruno, page 29. (7) Sonnerat, Voyages aux Indes occidentales, 1.1, liv. 11, pl. 32, p. 155. (8) Mesmer, Deuxime mmoire, page 75.

  • EXPLICATION ET DFINITION DU MAGNTISME. 3

    tues des Dieux paens avaient plusieurs bras (1), et com ment on disait de lu main $ qu'elle tait mdicale (a).

    Pour agir magntiquement, l'hnimel n'a besoin que de vouloir (3). Du moment o il veut, sa volont se K'duit eu acte visible OU sensible.

    CHAPITRE III. Du magntisme considr comme acte.

    Lef corps humain est comme une ponge: toujours prt recevoir et rendre.

    Le magntisme est l communication des forcs vitales d'un homme un autre lionim (4). *

    Toute action magntiq comporte detix tres, l'un actif, l'autre passif; le jiremier plus fort que l second: clh-ci reoit, cehii-l donne (5).

    Il s'opre alors chez l magntis un changement sensible : son mouvement ne lui appartient plus; d simple, il est devenu compos; peu peu il se rapproche de celui du magntiseur, il prend son ton (6).

    Avec le temp, il y uniformit de mouvement; Js deux corps sont aussi forts lun que l'autre : 1 action cesse (7).

    CHAPITRE IV. Du magntisme considr comme science;

    Parmi ls dcouvrtes, les unes s dveloppent instantanment et s dgagent de toute obscurit, dautres restent

    (1) Sonnerat, Idpages 158 175. (2) Virgile, nide, liv. XII, vers 402. (3) Deleuze, Instruction pratique, page 11. (4) Mesmer, Propositions 8,13, 17, Deuxime Mmoire, page 73

    Aphor. 159, 160 et 237. Bruno, page 55. Deleuze, JnstrucU prat pages 9 et 22.

    (5) Mesmer, Aph. 210. Bruno, page 60. - (6) Bruno, page 55.

    (7) Deleuze, UisU critt. I, p. 96.

  • U PHILOSOPHIE DU MAGNTISME.

    longtemps enveloppes d'an voile dont quelques hommes mditatifs et laborieux soulvent successivement quelques parties. Le temps donne leurs travaux consciencieux un cachet particulier qu'ils navaient pas obtenu dabord; la vrit parait alors dans tout son clat, et chacun est surpris de ne lavoir pas plus tt aperue.

    Depuis l'aurore d'une dcouverte jusqu'au moment o son existence reoit une conscration presque gnrale, on calcule les effets obtenus, on compte le nombre des phnomnes aperus, on les discute, on les compare, on cherche les moyens de les reproduire, on passe d'un moyen un autre, la pratique s'tablit, les faits sont rassembls, rapprochs, des observations partielles sont recueillies, et bientt une science nouvelle existe.

    Lorsque le docteur Mesmer appliqua le magntisme la gurison des maladies, il imagina une thorie et indiqua des procds; plus tard, M. de.Puysgur, s'occupant uniquement de somuambulisme, apprit de ses malades l'tendue du pouvoir del volont; enfin M. Deleuze, quarante ans aprs Mesmer, mettant profit les leons de ce grand gnie, les observations de MM. de Puysgur, de Bruno, de Lut-zelbourg, Roullier, Fournel, Tardy de Montravel, et de beaucoup d'autres savants magntiseurs, ainsi que les rsultats de sa propre exprience, publia une Instruction pratique l'usage des personnes qui voudraient magntiser. Dans cet ouvrage, il posa des principes invariables , indiqua des procds impratifs et facultatifs ; et partir de ce moment la science magntique a pu se rduire en art.

    CHAPITRE V.

    Du magntisme considr comme art.

    On entend par science, la connaissance d'une chose, Ct par f i t, sa plus hauto,apprcciation ; mais il y a des sciences qui ne peuvent pas se rduire en art.

  • EFFETS DU MAGNTISME. 5 Ainsi, l'observation du somnambulisme ne pourra jamais

    constituer qu une science, parce que les effets somnambu-liques varient selon les individus; la direction des somnambules, seulement, pourra constituer un art. Au contraire, la manire de magntiser, uvre de l'intelligence humaine, fruit de ses recherches et de ses mditations, est un art.

    Jusqu' ce jour, le magntisme n'tait point un art, parce que les hommes laborieux qui Font tudi et pratiqu ne pouvaient que rassembler les matriaux ncessaires la juste apprciation de tous les effets magntiques; mais ce sera ncessairement un art ds qu'on suivra les traces de M. Deleuze, et que l'on perfectionnera les procds magntiques dont l'exprience.aura prouv les heureux rsultats.

    LIVRE DEUXIME. EFFETS DU MAGNTISME.

    CHAPITRE PREMIER.

    Effets gnraux.

    Le magntisme est un moyen de rgulariser et de diriger les forces vitales (i); mais plus la marche de la nature est drange, plus il est difficile au magntiseur de rtablir l'quilibre (2).

    Le magntisme est par lui-mme un agent trs actif, dont la principale proprit est d'entraner hors du corps, et particulirment par les extrmits, tout ce qui drange l'harmonie naturelle (3).

    (1) Mesmer, Proposition 26, et Deuxime 1Mmoire, page 73. IJruno, page 50. Deleuze; Instruct. pratpag. iSf 205.

    (2) Deleuze, Instruct. pral., page 18. Puysgur, Mmoires, 309. (3) Alexandre de Tralles, liv. I. Grcalrakes, par Pechlin, Observa-

    tionum medicarum, liv. III. Deleuze, Instruct. prat., 30.

  • 6 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. Presque toujours,.'lorsque le magntisme agit, le pouls

    devient rgulier, la transpiration reprend son cours (i). Il est calmant, en ce qu'il rtablit l'quilibre (); tonique^

    en ce.qu'il facilite la circulation et qu'il augmente les forces vitales (3).

    l| hte la marche des maladies (4), rveille les douleurs anciennes (5), acclre les crises qui doivent amener la guri-on (6), et prouve sa puissance curative en cessant de produire des effets sur un corps rendu la sant (7) .

    CHAPITRE 1I? Effets particuliers.

    Il y a des symptmes qui tiennent la constitution des malades, et que F on rencontre plus particulirement chez les uns que chez les autres (8).

    Lorsqu'un malade est atteint de plusieurs maladies, dont une seule prdomine et a des symptmes plus apparents, il arrive souvent que le magntisme porte uniquement son action sur l'une de ces maladies. Puis, lorsqu'elle est en voie de gurison, il se dirige sur celle qui tait moins sensible et dont l 'existence se rvle alors tout entire (9) .

    Les effets sur le magntis consistent presque toujours dans un calme plus ou moins grand, au moral et au physique (10); mais il y a aussi des malades pour lesquels il est un agent trop actif; il porte quelquefois sur les nerfs (n).

    (1) Bruno, 207.Deleuze, Hist. crit., 150,151.Instruct. prat., 204. (2) Deleuze, Instr. prat., 237. (3) Id., Hist. crit., 135. Instruct. prat., 205, 210. Bruno, 51. (4) Mesmer, Aphor. 212 et 215. Deleuze, Hist. crit., 1.1, p. f>9. (5) Dcleuze, Hist. crit.j 1.1, p. 151. InstrucU prat., 20. (6) Mesmer, Aphorisme 327 et proposition 24. Deleuze, Hist. crit.,

    t. 1,151. Instr. prat., 205 , 288. (7) Mesmer, Aphorisme 211. Deleuze, Instruct prat., 257. (8) Deleuze, Instr. prat., 15, 196. Jussieu, Rapport au Roi, p. 8. (9) Puysgur, Mmoires, 141, 211. Id., Hist. crit, t. 1,170. (10) Deleuze, page 142. Jussieu, Rapport, pages 8 et 9. (11) ld., page 219. Instruct. prat., 62. Bruno, 207,208.

  • EFFETS DU MAGNETISME. 7 Presque toujours, chez les malades qui ont un vsi-

    catoire ou un cautre, cet exutoire se ferme (i), l'humeur suivant le cours que lui imprime le magntiseur; mais chez d'autres, l'abondance des matires devient extraordinaire, et les humeurs coulent au point de changer plusieurs fois par jour les compresses les plus paisses (2) .

    U est des malades sur lesquels 011 agira en deux ou trois minutes; chez d'autres, il faut plusieurs jours (3) ; et chez quelques uns plusieurs mois (4).

    Telle personne est insensible tant qu elle se porte bien, qui prouvera des effets certains en cas de maladie (5).

    Enfin telle autre n'prouvera aucun bien du magntisme dans une maladie grave, qui en sentira les effets dans une indisposition lgre (6).

    C H A P I T R E 1 I I . X ' . 1. ' .

    Effets apparents.

    Lorsque le magntisme fait mal, pn s'en aperoit ; il produit quelquefois des effets apparents, sans qu'il en rsulte aucun bien pour le malade (7).

    Les symptmes qui annoncent le plus ordinairement l'action du magntisme sont : l'engourdissement des jambes, l'impossibilit d'ouvrir les yeux, la tendance la transpiration, une communication de froid ou de chaud qui se fait sentir au visage, et mme travers les vtements* VassQU-

    (1) Id., Imtruct. prat., 380. (2) J'ai trait un ophthalmique qui avait presque abandonn un Y^sicat

    toire au bras gauche ; il ne le pansait plus qu'une fois par semaine. Ds l troisime jour, les humeurs afflurent Pexutoire, et pendant six semaines que dura le traitement qui lui rendit la vue, il mit deux fois par jour des compresses superposes au nombre de seize : un jour son habit fut travers par un ruisseau de matires.

    (3) Deleuze, Imtruct, prat., 38, 46, 47, 213. ? ' (4) KorefT; lettre M. Deleuze, Instruot. prat., page 403. (5) Mesmer, Aph. 210. Deleuze, nstruct. prat.18. (6) ld., ffist. crif., 1. 1, 242. Inttruct.prat.,18. (7) Deleuze, Hi$t. cri#., 1.1,147,220. nstruct. prat.> 223.

  • 8 *** PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. pissement, le sommeil, le somnambulisme, des spasmes, ou une transpiration considrable (i).

    Quelquefois Ja premire impression du magntisme produit uue crise passagre, caractrise par des mouvements convulsifs, de la roideur dans les membres, des accs de pleurs e t de r i res ( 2 ) .

    Quelquefois encore 1a crise est accompagne de billements 9 de mouvements nerveux, d'envies de vomir, de coliques ou de. besoins d'uriner (3).

    Lorsque la transpiration a t interrompue, Faction du magntisme rtablit la circulation (4).

    CHAPITRE IV.

    Effets latents.

    Il est des maladies dans lesquelles l'action du magntisme n'est point vidente (5).

    Telle personne prouvera des effets remarquables et trs apparents dans une maladie, qui n'aura aucune sensation dans une autre maladie, et n'en arrivera pas moins la gu-rison (6).

    11 arrive assez frquemment que le magntisme rtablit peu peu l'harmonie sans produire aucune sensation, et l'on ne s'aperoit de son influence que par l'amlioration de la sant ( 7 ) .

    Il y a des malades chez lesquels les effets vont toujours en augmentant; d'autres qui ressentent, ds la premire fois, tout ce qu'ils prouveront dans le cours d'un long traitement; d'autres enfin qui, aprs avoir obtenu ds le premier

    .J

    (1) Deleuze, lnstruct.prat.,;48 52. Hist. crit., 1.1,169,170. v (2) Id., Instr. prat., 59. Bruno, 208. Puysgur, Mmoires, 133. (3) Deleuze, Inst.prat., 42 52. Puysgur, Mmoires, 414. C4) Mesmer, Aphorisffies 333 347. Dfeleuze, lnstruct. prat. 237.4 (5) Deleuze, Instr. prat., 45.Id., Hist. crit., 1.1, 242i (6) Id-, Hist. crit., t. I, 252. Puysgur, Mmoires, 140,143, 211. (7) Deleuze, Instr. prat., 45. Hist. crit. 242.

  • EFFETS DU MAGNTISME. '9

    jour les effets les plus remarquables, n'prouvent plus la moindre impression (r).

    L'action curative s'annonce d'autant plus vite que la maladie est moins invtre; mais dans les maladies chro-' niques, il faut magntiser pendant un mois ou deux au inoins, quand mme on n'obtiendrait pas de crises apparentes (2 ) . ' .

    Dans les maladies nerveuses, s'il y a prostration de forces, atonie, engourdissement , le magntisme agit sans produire de crises apparentes (3). *.

    Enfin les gurisons ne sont pas toujours prcdes par des effets qui annoncent son action, et il ne fout pas se dcourager trop vite (4).

    C H A P I T R E V .

    Effets cura tifs.

    L'effet le plus ordinaire du magntisme est de rtablir la transpiration (5) et de faire redescendre les humeurs et le sang qui se portent aux rgions suprieures (6) ; trs souvent il rend la saigne inutile (7 ) .

    Si quelqu'un a la tte brlante et les pieds froids, en le magntisanude la tte aux pieds, avec quelques autres passes ou frictions sur les jambes, la tte se dgage et les pieds s'chauffent (8).

    Si quelqu'un a une douleur l'paule et qu'on fasse des passes de l'paule au bout des doigts, la douleur s'chappe

    %

    (1) Mesmer, Aph. 210 217. Deleuzc, Instr. prat47. (2) Deleuze . Instr. prat., 213. (3) Id., 243. Hist. ; crit^j 1.1, 242. - Korcf) Lettre M. Dcleuze,

    Instr. prat., 404. (4) Delcuzc , Instr. prat., 46. Koreff, tU, 407. (5) D'Eslon, Aph. 14.Delcuzc, Instr.prat., 37.Jussieu,Rapport, 40. (6) Mesmer, Aphor. 332. - Dcleuze; Hfst. cr/f., t. , pages 103,113,

    151. lruno, 211, 237. (7) Dcleuze, Hist. crit. , t. I, 153. (8) Deleuzc, Instr prat., 34.

  • 10 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. par les mains o il se manifeste une lgre transpiration (i).

    Un mal d'estomac se fait souvent sentir dans le bas-ventre avant de se dissiper entirement; c'est alors que le magntisme semble emporter avec lui tout ce qui trouble l'harmonie, et son action ne cesse que lorsque l'quilibre esfc rtabli^).

    Souvent il n'est pas possible l'instant mme ou dans une seule sance d'entraner une douleur loin de la partie o elle est fixe; on russit seulement>h l'en loigner progressivement et peu peu : un mal qui est sur le .sommet de la tte s'affaiblira en arrivant au centre ; il s'cartera droite jet gauche ; chaque passe on le dplacera et on en enlvera une partie. Il faudra plus pu moins de temps pour le dissiper entirement (3).

    Au contraire, en d'autres cas, le magntisme rappelle la vie au moment o elle parat s'teindre, comme le gaz oxi-gne rallume un charbon sur lequel il ne reste plus qu'une faible tincelle (4).

    On a vu des maladies aigus, parvenues au plus haut degr de violence , tre promptement guries par le magntisme seul, dont l'action calmante a suffi pour rtablir l'quilibre (5).

    Dans les maladies nerveuses, s'il y a prostration de forces, engourdissement, atonie, le magntisme est souverain (6).

    (1) Bruno, 211, 212. Deleuze, Instr. prat34, (2) Deleuze, Instr. prat., 35. (3) Puysgur Mmoires, 411. Deleuze , Instr. prat:, 38. (4) Deleuze, Instr. prat., 211. Foissac, Rapports sur le magn

    tisme, page 272. (5) Mesmer, Proposition 23. Deleuze, Instr. prat., 209. (6) Mesmer, Propositions 8 et 23. Deleuze, Instr. prat., 223.

  • EFFETS DU MAGNTISME. 11

    CHAPITRE VJ,

    Effets 'ractifs.

    La meilleure preuve que le magntis ressent l'effet de l'action, alors mme qu'il ne devient point somnambule, cest qu'il agit lui-mme son insu sur son magntiseur (i),

    ^Vinsi, une sensation de froid indique presque toujours une obstruction, un engorgement ou de l 'atonie (2 ) .

    Une chaleur sche et brlante annonce une tension dans les fibres (3) ; douce et humide, c'est un symptme favorable qui annonce une circulation plus libre, et quelquefois une vacuation (4).

    Les formications au bout des doigts indiquent l'existence de la bile et d'un sang acre, surtout lorsqu'elles se font sentir dans la magntisation de la tte ou des bras (5).

    L'engourdissement de la main, des doigts et de leurs extrmits, annonce^un dfaut de circulation (6).

    Le magntiseur sent quelquefois un mouvement de fluctuation dans les mains et les doigts, ce qui lui indique qu'il s'opre un mouvement sanguin chez le malade (7) Lorsqu'il y a des glaires dans l'estomac ou la poitrine, les doigts semblent se roidir; quelquefois on sent sur les doigts une pression circulaire, comme si un fil de soie les entourait (8). Cette pression remonte quelquefois jusqu'au poignet, qui semble nou comme par un bracelet troit, et quelquefois mme jusqu'au coude (9 ) .

    (1) D'Eslon, Aph. 10. Bruno, 62, 69, 72. (2) Bruno, 76, 79. Deleuze, Instr. prat., 341. (3) Bruno, 79. Deleuze, Instr. prat.> 342. (4) D'Eslon, Aph. 14. Bruno, 78 , 79 , 80. Deleuze, 342, (5) Bruno , 79. Deleuze, 342. (6) Bruno, 77, 78. Deleuze, Instr. prat., 342. (7) Bruno, 78.rDeleuze, id.y 342. (8) Deleuze , Instr. prat., 342. (9) D'Eslon, Aph. 10. Bruuo ,77.

  • 12 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME.

    Quand il y a relchement nerveux, les effets sont contraires ceux que je viens d'indiquer, la main se fatigue promptement, il y a une certaine faiblesse dans les doigts et le poignet (i).

    C H A P I T R E V I I .

    Effets dangereux.

    Ier, Effets dangereux par essence.

    On a dit cjuelqufois : si le magntisme ne fait pas de bien, il ne cause point de mal. Ceci a besoin d'explication.

    D'abord lact magntique consistant dans une communication de mouvement, il est dangereux de magntiser quand on est malade ou en proie des agitations nerveuses, parce que Ton transmettrait au magntis ses propres sensations; on le troublerait au lieu de le calmer (2).

    Ensuite le magntisme, comme toute espce de remdes, a besoin d'tre administr avec sagesse et? rflexion ; il a seulement ce grand avantage que s'il fait mal, 011 s'en aperoit et l'on cesse son usage (3).

    Ainsi, il est des cas o il faut affaiblir plutt que fortifier le malade; ici le magntisme ne convient pas, parce que, calmant par nature, il devient tonique (4)

    Dans la phthisie pulmonaire au dernier degr, il serait a craindre qu'en augmentant l'activit vitale, il n'acclrt la dernire crise (5).

    Quand on magntise par amusement, pour faire acte de

    (t) Bruno , 78. Deleuze, Jnstr343. (2) Deleuze, Jnstr. prat288. (3) Deleuze, Bist.> 220. Jnstr. prat., 281. Jussieu, Rapport, 37. (4) Deleuze, Bist., 320. Jnstr. prat., 205. M. Deleuze le compa

    rait l'opium, qui, employ pour calmer les douleurs et provoquer le sommeil , agite et rend furieux quand il est administr une forte dose, Jnstr. prat. -

    (5) Deleuze, Bist. crit., 163, 165. Jnstr prat., m. Jussieu, 42.

  • EFFETS DU MAGNTISME. 13 curiosit .et montrer sa force, on excite des mouvements nerveux qui fatiguent singulirement le malade et compromettent quelquefois sa sant (i); \

    Quand on excite des crises violentes dans un sujet, dit cet gard Mesmer, on entretient dans les organes un tat d'lasticit force qui diminue dans la-fibre la facult de ragir sur elle-mme, sur les humeurs qu'elle contient, d'o s'ensuit une sorte d'inertie qui entretient l'tat contre nature que Ton occasionne (2) .

    II. Effets dangereux par ignorance ou mpris des principes, et par oubli ou ngligence des procds en usage*

    Il faut d abord poser en principe qu'on ne doit magntiser que des personnes malades (3).

    En second lieu, il ne faut jamais faire de passes ou frictions ascendantes (4). L'quilibre du corps s'tablit et se maintient par les passes et les frictions descendantes; si on fait le contraire, l'harmonie cesse d'exister chez le malade (5). Si l'on magntisait de bas en haut dit d'Eslon, on donnerait un nouveau cours aux liquides du corps hu- maip; la tte du malade s'embarrasserait et on pourrait lui donner une commotion funeste au cerveau; petit-tre une apoplexie (6).

    On droge cependant cette rgle dans les cas suivants : i Si le malade est somnambule ; parce que, dans sa po

    sition, il apprcie les bons rsultats d'une magntisation en sens inverse, et il l'indique lui-mme, ainsi qu'en certaines occasions il se prescrit du poison comme moyen curatif (7) .

    (1) Deleuze, Inslr. prat.. 288. (2) Mesmer, Aphor. 342. (3) Deleuze, BisU crit., 96. Inslr. prat.. 45, 19, 180. (4) Mesmer, Aphor. 287. D'Eslon, Aphor. 12. Deleuze, H/sf.

    crit , 223. < * (3) Bruno, 177,211. Deleuze, Ilisl. crt.9 105, 223. (6) D'Eslon , Aphor. 12. Bruno, 211. (7) Deleuze, Inslr. },rat, 43.

  • 14 _ PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. a0 Lorsqu'un instinct particulier conduit le malade de

    mander tel ou tel genre de magntisation (i): Le magntisme devant tre administr avec prcaution et

    peu peu, si l'on emploie tout--coUp une force extraordinaire , c'est du mal que Ion fait au lieu du bien que le malade attend (2).

    Si 4 au lieu de penser la sant du malade, on ne cherche qu a le rendre somnambule, et qUe pour y parvenir on con-

    - centre l'action sur un organe> particulirement sur la tte, il en rsulte des inconvnients graves, ou au moins des tourclissements j de la pesanteur * du malaise (3);

    Il en est d tntn dii mpri t d Tindiff^eilce apports dans le choix de certains procds et dans leur application(4). Les ffets sont diffrents lorsque Ton emploie la magntisation palmaire (5) au lieu d l tngntistion digitale (6), t ls frictions au lieu des passes (7), car les procds doivent tre ctnploys et varis selon la dlicatesse dfefs fgans affects dtla nature de la maladie (8) ; Texprifeiice est J; il tfest pas possible de la braver sans s'eAposi* de justes reproches et defc regrets pnibles.

    (1) Mesmer, Aph. 195; = Deleuze, Bisti crit., 111. Il existe encore un troisime cas o le magntiseur parait devoir cder

    ses propres sensations pour magntiser en sens inverse, c'est celui o il est guid par les entranements.

    Ce qii je connais des entranements est si peu de chose, que je n'en parlerai pas dans ce trait. Mais oii verra plus loin ce que c'est qu'un entranement, suivant M. de Jruno, le cas que l'on doit en faire, et les rsultats o ils mnent. Je citerai seulement ici quelques lignes ce sujet :

    Lorsque l'on n'est point conduit par l'entrinemeM et que la volont seille dirige la main, il peut tre trs dangereux d'aller d bas en haut, parce que ce n'est pas le cours ordinaire du fluide vital. Bruno, 177.

    (2) Deleuze, Instr. prat. y 288. (3) Deleuze, Jnstr. prat., 288. Bist* crit.j 221. Bruno $ 213i (4) Mesmer, 2e Mmoire, 76.Deleuze, Instr. prat43. (5) Mesmer, Aphor. 328. ~ Deleuze, Instr. prat.* 39, 43 et 23&

    Bist. crit.f 149. (6) Mesmer, Aphor. 318, 332.Deleuze, Instr.prat., 39 et 40*

    Bist. crit., 113. (7) Mesmer, Aphor. 291,292, 331. Deleuze, Instr. prat, 28,31. (8) Mesmer, 2 Mmoire, 76 Deleuze, Instr. praUi 43.Bruno,206.

  • EFFETS DU MAGNTISME. 15

    III. ffet contractes (1).

    Dans lact magntique, la sympathie que le magntiseur cherche tablir entre le corps clu malade et le sien devient tellement forte, que les rsultats se font sentir non seulement du magntiseur au magntis > mais de celui-ci son magntiseur. Je vais expliquer cette proposition.

    L'homme sain agit sur le malade avec l'ensemble de toutes les parties de son corps, et sur chaque partie du corps malade par lai partie correspondante du sien. Lorsqu'il porte sur son semblable, dit M. de Bruno, Faction gnrale de toutes les parties de sou corps, il lui communique le raou- vement de toutes ces parties ddri 4'ordre o il .est tabli en elles. S'il est en sant, sans doute il doit en rsulter un effet trs favorable ; mais si l'harmonie de son individu est altre, s'il est malade, l'effet est ricessairiietfitpetoii- cietix, puisqu'il ne peut communiquer que des ltiV-*>' inehts contraires a i'harmni gnrale et transmettre les impressions des maladis dont il est afflig (2) .

    A son tour, le malade exerce son insu ii influence physique siir son magntiseur.

    Il sort de toutes les parties de notre corps, dit encore M. de Bi;iiri(j, t je l'ai prouv souvent, mais principale- ment d clles qui sont affectes de maladies, des ciirants de matire subtile qui se portent sur le magntiseur, et le plus souvent sur la partie qui est oppose la partie raa- lade, ou sur celle qui lui est semblable : dti foie la rdt, M o de l rate au foie (3). >/ .

    11 magntisant quelqu'un qui transpire, dit d'slon, ^ . % 1

    ' 1

    "

    (1) L'adjectif contracte ne s'est employ jusqu' prsent qu'en terme de grammaire; le Dictionnaire de l'Acadmie porte : CONTRACTE^ terme de grammaire qui se dit quand deux royelles se joignent en une. On va voir que J'en fais une juste application certains effets magntiques.

    (2) Bruno, 58. Deleuze, Instr. $rat.9 289* (3) Mesmer, 60,80,161. Bruno, 88-

  • 16 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. on ressent quelquefois une certaine fracheur, et le cou-M rant du fluide devient plus sensible (i).

    Il rsulte de ces expriences : i Que laction magntique communique la sant ou la

    maladie du magntiseur (2) ; d o cette condition, que ce dernier doit tre en bonne sant;

    20 Que le malade atteint par le courant magntique renvoie celui qui l'actionne un courant de matire morbi-fique qui peut influer sur la sant de ce dernier, s'il ne se purifie pas par les moyens en usage et dont je parlerai plus loin.

    CHAPITRE VIII. Effets critiques.

    Le magntisme excite souvent des douleurs dans la partie du corps o se trouve le sige du mal; il renouvelle des douleurs anciennes et assoupies. Elles ne .sont que passagres; c'est le rsultat des efforts que la nature, laquelle, le magntisme est venu en aide, fait pour triompher de la maladie ; le magntis se trouve mieux aprs les avoir prouves (3).

    On appelle ces douleurs ^ douleurs critiques, pour les distinguer de celles qui sont dues aux progrs du mal.

    (1) D'Eslon, Aphorisme 14. (2) Voici ce que rapporte Michel Montaigne, au sujet de la communi

    cation (les maladies : Simon Thomas toit un grand mdecin de son temps. Il me souvient

    que me rencontrant un jour Toulouse che^ un riche vieillard pulmo- nique, et traitant avec lui des moyens de sa gurison, il'lui dit que c'en toit un de me donner occasion de me plaire en sa compagnie, et que fichant ses yeux sur la fracheur de mon visage et sa pense sur cette al- lgresse et vigueur qui regorgeoit de mon adolescence, et remplissant j> tous ses sens de cet tat florissant en quoi j'tois alors, son habitude s'en pourroit amender. Mais il oubtioit dire que la mienne s'en pourroit empirer aussi. .Essais, 1.1. Bruno, 59.

    (3) Mesmer, Aphorisme 212. ' Deleuze, Iristr. prat., 20. Mit* crit.j 15. Puysgnr, Mmoires, 363et 364.

  • EFFETS DU MAGNTISME. 17

    Lorsque la main du magntiseur quitte le sige du mal pour entraner aux extrmits les causes morbifiqnes, le malade sent une lgre douleur; il semble que la main entrane un corps quelconque : la douleur suit la main; quelquefois elle s'arrte au coude ou au poignet, aux genoux ou au coude-pied. Si la main se rtire, la douleur se fixe et s'arrte l'endroit o la main a cess d'agir ; celle-ci l'y retrouve, et quand elle continue descendre, la douleur la suit (i).

    Dans les maladies de l'estomac, lorsqu'il y a inflammation ou irritation, il est rare que le malade puisse supporter l'imposition de la main sur le centre de l'affection (a); il suffoque, et retire de lui-mme la main du magntiseur.

    Lorsqu'il y a obstruction, il arrive un moment o il convient de dplacer le mal et de l'entraner aux extrmits; mais il faut, pralablement, dissoudre l'obstruction. Pour arriver a ce rsultat, on excute par imposition ou par ad-digitation, un-mouvement de rotation. Ce mouvement se rpte l'intrieur, comme si la main du magntiseur y pntrait, et un mouvement trop vif torturerait le malade (3).

    Lorsqu'il s'agit d'entraner, de l'estomac au bas-ventre, des matires agglomres ou des aliments mal digrs, l'ad-digitation tranante produit galement l'intrieur du corps une douleur trs vive ; il semble au malade que le magntiseur a saisi avec deux doigts un-corps qui a de la eine passer (4). . -

    Quelquefois, enfin, le magntisme produit les effets d'un remde que Ton se proposait d'employer, et d'utiles vacuations le prouvent (5). '

    (1) Deleuzc, Instr. prat34, 38. Jussieu, Rapport, il 13. (2) Bruno,"212, 213. Deleuze, Instr. prat., 43. Jussieu, 39. (3) Bruno, 239 241. Dleuze, Histoire crit., 111. Instruction

    prat., 217, 235. (4) Bruno, 71, 221, 241. Jussieu, 40. (5) Roullier, 54. Deleuze, Histoire crit.9 124, 162. Instruction

    prat., 74, 135. Jussieu, 37.

  • 1 8 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME.

    C H A P I T R E I X . Effets trompeurs.

    Hippocrat a dfini la mdecine : un art qui gurit les malades ou qui apaise leurs douleurs, et qui n'entreprend pas ceux que leur mal a mis dans un tat incurable (i).

    Il en est de mme du magntisme: il gurit ou soulage, et il ne peut rien pour les malades incurables. Mais quels sont les malades incurables? ceux-l que les mdecins ont rputs tels? Non, certainement; mais ceux que l'vidence nontre tous les yeux comme dsesprs. Ce sont ces derniers dont il est inutile d'entreprendre le traitement magntique. Si, dans le doute, on croit devoir tenter quelques efforts, il faut tre trs circonspect avec le malade, et ne pas lui faire concevoir des esprances que Faction du magntisme inspire quelquefois aux praticiens peu expriments (2).

    Il arrive, en effet, que dans plusieurs maladies chroniques devenues incurables, parce qu'elles ont attaqu et dtruit un organe essentiel, la magntisation produit un changement tout--fait inespr et inattendu. Si Ton n a pas d'exprience, on conoit l'espoir d'une gurison et on le fait partager au malade, qui est d'autant plus port s'en flatter, que la mdecine ordinaire n'avait rien produit de semblable.

    Mais bientt les effets cessent, le magntisme n'agit plus, le malade retombe dans son premier tat (3).

    En d autres cas, il faut tre trs avare sur les louanges que l'on est port faire de l'action curative du magntisme: ainsi, lorsque des gurisons promptes et instantanes ont lieu, on peut croire que l'on a tout fait, et. que le magntisme est l'unique cause de id gurisun; mais il e9t bon

    (1) Hippocrate, De VarU (2) Deleuze, Hisl* crit463 400. Jnsfr. prat., 232, (3) Deleuze, Bist, criU> 163 Jnstr. prat., 234.

  • . EFFJET5 DU MAGNTISME. 19 d'tre plus modeste et de supposer que le magntisme a seulement dtermin une crise laquelle la nature tait dispose. Jl faut compter sur la nature propre chaque individu, encore plus que sur le magntisme; Hippocrate a dit vodokov i^xpoi, les maladies se gurissent par leur

    . propre nature (i).

    CHAPITRE X.

    Impuissance relative du magntisme.

    Les personnes saines ne sont gnralement pas sensibles Faction du magntisme. Sur cent personnes bien portantes les'deux tiers lie ressentiront aucun effet, et autre tiers en prouvera de trs lgers (2). Le magntismg tant, en effet, une communication de forces vitales, il ny a lieu a aucune action entre deux personnes jouissant d'une bonne sant ; ni l'un ni lautre ne peuvent recevoir ce qu elles ont dj abondamment (3).

    Le magntisme n'est pas plus un remde universel que la mdecine ordinaire (4) ; il convient aux uns, et n'a point d'action sur d'autres; puis il aura une action sur des personnes qui en auront dj essay sans succs, si elles se trouvent une autre fois places dans des positions diffrentes (5).

    Pour dclarer que le magntisme est impuissant sur un malade, il faut au moins quinze jours (6), quelquefois deux mois {7) et mme beaucoup plus (8); enfin il en est encore de lui comme de$ remdes de la mdecine ordinaire, le

    (1) Epidmies, 1. 6, SecL 5. (2) Puysgur, Mmoires, 164.Deleuze, Hist. crit., 65,9G.Instr15. (3) Mesmer, Aphor. 205,210,211.Deleuze, JJist., 95,135.Instr, 46. (4) Mesmer, 2* Mmoirey 101 Deleuze, Hist., 147,171. Instr.,

    252 254. , (5) Deleuze, Instr,, 15,16. Jussieu, 37. (6) Deleuze, Instr45.Puysgur, Mmoires, 165. (7) Deleuze, Instr.> 227. (8) Koref, lettre M. Deleuze, Instr. prai, 403.

    1

  • 20 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. corps s'y habitue. Il fout dans son usage, comme dans celui des mdicaments, du discernement, de la sagesse, et une exacte connaissance de ses effets (i).

    LIVRE TROISIME. PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR.

    CHAPITRE PREMIER. Caractre du magntiseur.

    M. Deleuze a dit : Le meilleur magntiseur est celui.qui a un bon temprament, un caractre la fois ferme et tranquille, le germe des passions vives, sans tre subju- gu par elles^ une volont ferme, sans enthousiasme, de l'activit runie la patience, la facult de concentrer son attention sans efforts, et qui, en magntisant, s'oc- cupe uniquement de ce qu'il fait (2). .

    Il suit de l que le magntiseur doit runir, dans sa personne, plusieurs qualits prcieuses, physiques et morales. Je vais expliquer plus longuement ce que M. Deleuze a si bien analys en quelques mots. ~

    1er. Caractre physique.

    Une action magntique, bien entendue, entraine avec elle la position force de deux individus; l'un a des forces vitales qui suffisent son existence, et l'autre n'en a point' assez. En cet tat, le magntisme tant une communication des forces vitales, le mouvement, aprs la magntisation, devient gal chez le magntiseur et le magntis.

    Mais le magntiseur transmettant son mouvement, ses forces, sa vie, tels qu'il en jouit lui-mme, il est ncessaire qu'il soit en bonne sant, puisque s'il en tait autrement il

    . (1) Jussieu, 37, 38. (2) Deleaze, Hist. crilt. 1,136.

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR# 21 ne pourrait oprer qu'une communication nuisible. C'est l un principe dont on ne doit jamais s'carter; et l'histoire du magntisme fournit dj nombre de faits qui indiquent les dangers rsultant d'une magntisation exerce par des personnes malades (i).

    Il y a cependant distinguer entre une personne totale* ment et incessamment malade, et celle qui n'est atteinte que d'une affection locale. Ainsi, chez l'un, ce sont les voies urinaires qui sont affectes ; chez d'autres, c'est l'estomac ; celui-ci a la vue faible, celui-l est rhumatisant : voil des maladies avec lesquelles on passe quelquefois sa vie. Les personnes qui en sont atteintes peuvent magntiser, en prenant soin de ne point traiter les individus affects des mmes maux (2).

    IL Caractre moral.

    Il est indispensable qu'un magntiseur ait une vie sage et rgle. Il n'en est pas de lui comme du mdecin : quelques excs que fasse ce dernier, quelques travaux qu'il excute, il lui suffit de voir un malade, de rflchir, et de mettre sa science profit; mais le magntiseur, communiquant au malade ses propres impressions, son propre mouvement, doit tout faire pour tre dans un tat,de calme t de repos constant.

    Un homme sobre est toujours le mme toutes les heures du jour et dans toutes les circonstances de sa vie; un magntiseur doit donc vivre trs sobrement. Il est d'ailleurs de toute ncessit qu'il en soit ainsi; car si son malade rclame des soins ritrs, ou s'il en a plusieurs, il ne pour-

    (1)- C'est la pernicieuse habitude qu'avait feu mon ami d'Eslon, rap- porte M. de Bruno, de se laisser magntiser la journe par des personnes affectes des maladies les plus graves, que j'attribue la mort prmature qui l'a enlev ses amis;Je l'en avais averti vingt fois, mais nous ne marchions pas sur la mme route, quoique nous nous rencontrassions souvent dans la carrire que nous parcourions. Bruno, 59.

    (2) Deleuze, Instr. prat289. Je renvoie galement le lecteur ce que j'ai dit plus au long sur le mme sujet dans mon Introduction au ma-yntisme, p. 272 278.

  • Tl PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. rait pas les magntiser aprs des excs de table, moins de leur nuire et de se faire mal a lui-mme.

    Un magntiseur doit tre trs rserv et exempt d'enthou-siasme^Il y a des hommesqui, parleur ardeur inconsidre et irrflchie, compromettent le magntisme et les magn-, tiss; ils ont rarement raison aux yeux des incrdules, et ceux-ci conservent une impression de plus contre le magntisme.

    La curiosit, qui est un grand dfaut dans la vie ordinaire, est un vice radical chez un magntiseur. Un curieux ne laisse jamais de repos au malade, qu'il n'ait obtenu des* effets qui le distraient de l'ennui qu'il prouve magntiser. Aussi les personnes curieuses nobtiennent-elles aucun succs curatif, parce que ce n'est pas dans l'intrt du malade qu'elles agissent; leur attention est distraite et porte vers un autre but que le rtablissement de la sant, et il n'y a pas ou il y a peu de rsultats satisfaisants.

    Le calme est une des grandes qualits magntiques: avec un magntiseur qui conserve son sang-froid, un malade sortira toujours heureusement des crises que la nature ou la force de la maladie aura fait natre (i).

    J'ai longuement parl, dans mon Introduction au magntisme (2), des conditions ncessaires pour magntiser; j'y ai trait du degr ncessaire de bienveillance, de volont, de croyance, de confiance, d'attention et de patience. Je vais rsumer ici ce que j ai dit ce sujet.

    Ncessit de la bienveillance. Le but du magntisme tant de soulager ou gurir son semblable, celui qui veut oprer utilement doit avoir un fonds inpuisable de bienveillance. Hippocrate a dit : On ne peut point aimer la mdecine sans aimer les hommes (3).

    Le plus ou le moins de bienveillance fait une trs grande diffrence dans les rsultats magntiques : l'homme qui est trs bienveillant produira les effets les plus salutaires;

    (1) Bruno, 205. (2) Pages 239 271.. -(3) fiippocratc, Prceptes,

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR. 23 celui qui Test moins sera encore un-bon magntiseur; mais quand l'indiffrence existe, les rsultats sont peu prs nuls.

    Lavbienveillance n'est pas ncessaire pour agir, elle est indispensable pour tre'utile.

    Ncessit de la volont. Quand on ne met pas de Voloht dans une action magntique, u que la volont, qui entrane avec elle l'attention , se porte ailleurs j oft ne peut pas compter sur des rsultats remarquables et utiles", puisqu'on ne lient pas ce qu'on fait.

    Si un homme en magntise un autre avec une volont si faible qu'elle soit peu prs nulle, il ri'y aura pas d'effets,: ou il y en aura peu, ou enfin ils seront dsordonns> puisque le magntiseur n'a point de but ni d'intention. S'il n'y a pas d'effets, c'est une action nulle et du temps perdu; temps prcieux pour le malade. S'il y en a un peu, ils eussent t plus frappants, soutenus par line volont nergique, taudis qu'au contraire, on a chang l'tat du malade, on a port en lui un mouvement insuffisant auquel il va se trouver abandonn. s

    On peut magntiser sans volont; mais la volont est ncessaire pour diriger et soutenir une action.

    Ncessit de l'attention. Sans volont, il n'y a pas d'attention. Si l'attention s'carte du but, la volont faiblit. L'une dirige, l'autre claire, et le magntiseur est en sret.

    Aussitt que l'action est commence, le magntiseur doit s'isoler pour tre tout entier son malade; il y a plus, c'est que son attention va se porter autant sur lui-mme que sur le magntis.

    Les sensations de ce dernier ne sont point un sujet d'inquitude , parce qu'il sait fort bien en rendre compte, tandis que celles du magntiseur sont si dlicates,-qu'il les ignore lui-mme, s'il n'est pas attentif les observer et mme les surprendre.

    Quelque chose qui arrive, la curiosit ne doit jamais prendre la place de l'attention. Le vrai magntiseur n'a

  • 2 k PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. qu'un but : la gurison du malade ; il n'en rencontre pas moins fort souvent l'occasion de s'instruire.

    Ncessit de la confiance. La confiance double les moyens. Celui qui se dfie, qui doute, qui hsite, agit mollement; non seulement il fait peu de bien, mais il peut faire du mal.

    La volont et l'attention sont paralyses s'il n'y a pas de confiance; comment vaincre les obstacles, comment profiter des rsultats, quand on ne compte pas sur les moyens que l'on emploie? On craint un effet magntique, au lieu de le dsirer; s'il arrive, on ne le voit qu'avec inquitude. . La confiance, au contraire, donne de l'nergie la volont; avec elle , l'attention est sre de ne pas tre inutile.

    Ncessit de la croyance. Pour magntiser, il faut d'abord vouloir; la croyance ne vient qu'aprs. S'il fallait croire pralablement, les incrdules ne pourraient jamais se convaincre.

    La croyance n'est donc pas une qualit indispensable pour tenter une action magntique; elle vient naturellement, parce qu'il faut bien croire aux effets que l'on pro-" duit soi-mme.

    Lorsque la croyance est uniquement acquise par l'exprience, sans prparation par l'tude ou la rflexion, elle amne une conviction profonde, mais elle peut entraner des carts. Beaucoup de personnes qui ont magntis sans croire, se sont trouves saisies d'tonnement par les effets magntiques qu'elles ont produits malgr leur incrdulit, et l'enthousiasme leur a fait commettre des imprudences graves, qui sauraient pas eu lieu si elles avaienl appel la rflexion leur aide.

    Il faut donc toujours, pour soi-mme comme pour les autres, prparer les voies de la croyance, eh tudiant et en faisant tudier le magntisme dans les auteurs les plus estims, ou auprs de praticiens instruits et recomman-dables.

    L'incrdulit n'empche pas d'agir; mais' il ne peut y avoir de bons rsultats quand*il n'y a pas de direction, et

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR. 25

    Ton ne doit pas compter sur les effets salutaires d'une action exerce par un incrdule.

    Ncessit de la patience. Tous les efforts, toutes les tentatives choueront, si le magntiseur manque de patience dans le cours d'une action.

    La patience est la vritable base de toute action magntique ; sans elle, le bien peut devenir un mal.

    Celui qui croit pouvoir magntiser sans voir sa patience h l'preuve, prend une fausse ide du magntisme. On peut magntiser sans croyance ni confiance et arriver un rsultat^ si F on a de la patience.

    Un magntiseur doit s'attendre tout : la gurison peut venir en un instant; -le traitement peut, au contraire, consister simplement observer la maladie, de mme qu'il peut entraner l'emploi de tous les instants et de toutes les forces magntiques. Bien plus, la vie du magntiseur appartient au malade qui dvient somnambule ( i ).

    CHAPITRE II. l>e la tenue personnelle du magntiseur.

    Parmi les hommes qui ont besoin de conserver un caractre particulier et au-dessus des autres personnes, je vois en premire ligne le mdecin. Mais si du haut rang o la mdecine est place, je redescends celui o se trouvent les magntiseurs, j'estime qu'ils ont encore plus besoin de circonspection, de sagesse et de dignit, que les mdecins mmes.

    Avant de tracer les devoirs que-l'tat actuel des choses iiiipose aux magntiseurs modernes, je vais mettre sous leurs yeux, des principes de conduite qui semblent avoir t tracs pour eux, bien qu'ils aient t crits il y a deux mille deux cents ans pour les mdecins.

    L'austrit est repoussante pour ceux qui se portent

    (1) Voir de plus, sur le mme sujet, mon Introduction au magntisme pages 279 287.

  • 26 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME; bien, mais encore plus pour les malades. Un mdecin doit s'observer beaucoup ne pas parler longuement devant les gens peu instruits, et ne dire que ce qui est ncessaire. Un bon mdecin nglige tous moyens tran- gers et inutiles la gurison ; il ne veut rien d'inutile ni de fantastique...

    Tchez, avant d'aller chez les malades, de savoir ce que vous aurez faire ; c'est du soulagement qu'ils demandent et non des raisonnements...

    Souvenez-vous de parler peu; gardez-vous de vos troubler, et de troubler les autres. Abordez les malades avec prcaution. Que vos rponses se sentent du calme de votre esprit et non de l'agitation qui tous entourei et qu elles fassent connatre que vous tes prt agir selon la circonstance...

    I1 est essentiel que les malades ne vous, voient pas de crainte, mais de la srnit. Sachez les dtourner de leurs gots, en mlant propos une certaine svrit l'autorit et la douceur. Donnez-leur des consolations, sans nanmoins leur faire connatre exactement l'tat prsent de leur maladie et celui qui les attend; car il est arriv que, pour avoir manqu cette attention, des m- decins ont augment la maladie du moment, et acclr celle venir (i). Telles taient les leons d'Hippocrate, qui fut lui-mme mdecin et magntiseur.

    Les mdecins modernes pensent rarement Dieu et la toute-puissance divine, quand ils approchent leurs malades; mais vous, magntiseurs, qui que vous soyez, ne suivez pas leur exemple ; rptez souvent cette belle prire de M. de Bruno :

    O Dieu, crateur et conservateur de tout ce qui existe, je mets ma confiance en vous; permettez que je fasse votre crature tout le bien qu'il est en ma puissance de lui faire, et tout celui qu'elle est susceptible de recevoir.

    Et vus, tres immatriels et bienfaisants, s'il vous est (1) Hippocrate, De la dignit chez le mdecin

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR, 27 1

    permis d'avoir quelque influence sur mes opratiqns, ai^ u dez-moi en obtenir le succs ( 1 ).

    Si quelques uns se rient de vous et de cette invocation, ne vous troublez pas; restez digne de la mdecine , dfaut des mdecins, et ne rpondez qu'en citant ces sublimes paroles de leur matre tous :

    La mdecine avoue humblement qu'elle tient tout des Dieux, et elle rapporte tout eux ; car sa puissance ne r- side pas en elle-mme. Si les mdecins russissent en beaucoup de circonstances, dans combien d'autres ne sont-ils pas surpasss par les choses mmes! Tout ce qui a est au pouvoir de la mdecine doit tre rapport a la source divine; la route quelle a suivie jusqu' prsent, accompagne de la sagesse, lui a t indique par les Dieux; tontes ces choses sont leur ouvrage; les mdecins le reconnaissent, et ceux qui ne le pensent pas sont obli- gs d'en convenir, en voyant ce qui se passe dans nos corps et ce qu'ils obtiennent de leur art, en changeant ou dplaant les maladies, et en obtenant leur gurison par le secours de la chirurgie, celui des remdes ou du rgime. C'est qu'il existe un principe auquel ils sont rede-n vables de la connaissance de toutes ces choses (a).

    A ces nobles penses j'ajouterai quelques mots particuliers l'poque actuelle.

    Il ne faut jamais perdre de vue qu'il n'en peut tre du magntisme comme des autres sciences. Pour celles-ci, tous les moments, tous les lieux sont indiffrents, et l'on peut en parler avec tout le monde en gnral. Mais le magntisme offre l'observateur ou l'auditeur ds faits si extraordinaires , quelquefois mme tellement inexplicables, qu'il est souvent dangereux d'engager, avec certaines personnes , des discussions dont le rsultat est absolument nul.

    Quand une chose est inexplicable, il est inutile de se (1) Bruno, 62. (2) Hippocrate, De la dignit chez le mdecin. Traduction de l'auteur

    d'aprs le texte grec : Ilep% tvo^YjxoavvYj.

  • 28 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME.* perdre^dans des conjectures sans fin; il vaut mieux dire comme Cicron: La cause? Je l'ignore. Je vois, cela me v suffit (i). Le temps fera le reste, s'il y a lieu.

    Quand, dans une runion, on se trouve avec des personnes qui veulent une exprience uniquement pour amuser la socit, on ne doit pas attendre que l'exprience soit commence, pour se retirer; et si l'on sait par avance .quelle ~aura lieu; il faut se priver d'assister la runion; Le magntisme mdical est un acte religieux, et doit invariablement tre exerc comme tel.

    Lorsque Ion se trouve en concours'avec un mdecin, et qu'on ne Test pas soi-mm, il faut toujours lui cder le pas; c'est lui qui commande ^ il en a le droit, la loi le lui donne; elle ne reconnat qu' lui le droit d'exercer l'art de gurir. Mais lorsqu'il a ordonn la magntisation, et remis le malade aux soins du magntiseur, celui-ci n relve plus que de lui-mme, sauf compte ultrieur de ses oprations.

    En respectant ainsi les autres, on se fera respecter soi-mme, et l'on inspirera, pour le magntisme, cet intrt grave sans lequel il ne pourrait prendre son rang parmi les sciences; c'est enfin de cette manire, seulement, que l'on parviendra prouver que le magntiseur est vraiment l'mule du mdecin.

    Tel est le moyen d'tre estim des hommes de nos jours, dirai-je encore avec Hippocrate : S'il y en a qui soient privs du mrite de la science, qu'ils aient du inoins, en toute occasion, celui de la prudence (2).

    - CHAPITRE III. r*

    De la responsabilit du magntiseur et de celle du mdecin compares.

    Ier. Responsabilit morale. Le responsabilit du magntiseur est bien plus grave que

    celle du mdecin. Je parle ici de la responsabilit morale,

    (1) Cicron, Divination, litreI. (2) Hippocrate. Fin de l'ouvrage cit.

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR. 29 seulement , parce que je pose toujours comme un fait acquis qui! ne doit point y avoir de traitement, s'il n'est ordonn ou conseill par un mdecin, dont le magntiseur est l prpos. Dans ce dernier cas, l'un et l'autre sont couvert des vnements les plus imprvus.

    A l'poque actuelle, on n'a jamais recours au magntisme que dans les maladies qui ont rsist aux secours de la mdecine; on s'adresse ainsi au magntisme, non pas parce que l'on est convaincu de ses bons effets, mais parce qu'on n'en attend plus aucun de tous les remdes en usage : aprs quoi, si le magntisme ne gurit pas, on est persuad que c'est une chimre.

    De l, deux intrts distincts dont le magntiseur doit jre trs gravement proccup : celui du magntisme d'abord vet le sien propre ensuite ; raison de plus pour faire toutes les rflexions en i appprtavec l'importance de la proposition, et pour apporter la plus grande circonspection dans le cours du traitement, afin de ne point faire dire, du

    .magntisme, quil n'a point les vertus prtendues, et, de soi-mme , qu'on est un charlatan. Or, toutes les fois qu'un malade vient s'informer de la nature des effets du magntisme et de l'tendue de son action curative, il faut bien se garder d'en exalter les vertus. Beaucoup de malades tant assez draisonnables pour demander si l'on est sr de les gurir, il est vident qu'une pareille demande tend recevoir une rponse affirmative.

    Le magntiseur doit voir, dans ceux qui lui tiennent un pareil langage, des hommes dont l'esprit est naturellement faible ou momentanment distrait; quelquefois, c'est un pige tendu par des personnes mfiantes qui jugeraient le magntiseur comme un charlatan, s'il rpondait de lagurison.

    11 faut donc expliquer que le magntisme a gnralement guri toutes les maladies, mais que celles-ci varient dans les individus selon leur organisation ou leur temprament. On expose ensuite les cas o l'on a guri des jnaladies sembla-

  • 30 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. bles, ou au moins ceux qui sont signals par les praticiens ; et Ion termine* en disant, s il y a lieu, que tout porte croire que la magntisation aura un heureux effet ( i ).

    Si le malade se dcide, il faut avoir toujours prsents l'esprit les vnements, fcheux ou les contrarits qui sont aujourd'hui attachs la pratique du magntisme. Rien n'est plus facile que de les prvoir et de se conduire en consquence.

    Ainsi, on s'assurera, auprs du malade, qu'il mettra au traitement tout le temps ncessaire; on lui fera comprendre qu'une maladie chronique ne peut s'en aller comme par enchantement, et que le temps des gurisons varie ordinairement, de un mois six mois, quelquefois mme au-del; on cherchera connatre la nature de ses relations dans le monde, et quel est le degr d'influence des personnes qui l'entourent ou quiontdel'autorit sur lui, afinde lui donner le temps de dlibrer et de choisir entre l'opinion de ses amis et celle des personnes qui lui ont conseill le magntisme (2).

    Toutes ces prcautions ne sont pas vaines; car, on ne saurait trop le rpter, il est souvent dangereux d'interrompre un traitement; des crises surviennent, il faudrait les soutenir,"le rsultat en serait heureux; mais si le malade cessait de venir au traitement, le bien deviendrait un mal. S'agit-il dune affection locale, d'une tumeur, d'un abcs? malgr ses souffrances, le malade a encore une existence supportable; s'il n'a plus d'espoir dans la mdecine, il attend tout de la nature. Or, que fait le magntisme? Il acclre la marche de la nature.C'est trs bien, s'il arrive au but; mais s'il dplace le mal, si l'humeur commenee prendre cours, et que, tout--coup, la magntisation cesse, le malade se trouv-e ainsi abandonn lui-mme. Si la nature de son temprament est assez vivement sollicite, les humeurs s'cou-

    (1) Deleuze, Hist. crit.9 145, 222, 223^ Jnstr. prat18,183 194. Puysgur, Mmoires, 259,260.

    (2) Deleuze , /mfr, 24, 274.

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR. 31 leront sans danger; mais s'il avait encore besoin d'tre aid, elles se fixeront l o elles auront t amenes et dlaisses, Ou bien elles se porteront sur l'organe le plus faible, et la sant sera gravement compromise (i); c'est ce qu'il faut viter, et rien n est plus facile.

    II. Responsabilit judiciaire. La loi ne confre qu'au mdecin le droit d'exercer l'art

    de gurir (2). Beaucoup de personnes croient encore qu'il suffit de ne

    pas faire payer ses soins pour viter une condamnation; c'est une erreur.La loi ne distingue pas ; il serait trop facile deTjuder ; et, d'un autre ct", l'ignorant guid par des vues charitables ou dsintresses n'est pas moins, dangereux qu'un charlatan cupide.

    Si le magntisme gurit, peut-on le pratiquer, quand l'on n'est pas mdecin soi-mme? Voil une question sur laquelle on doit rpondre ngativement,- cause des principes , mais qu'il faut d'abord bien examiner, en raison des consquences.

    D'abord, le magntisme gurit-il les maladies? Si cette question tait prsente devant les tribunaux, les juges seraient fort embarrasss; surtout Paris, o uu grand nom* brede mdecins se rient de ceux de leurs confrres qui croient au magntisme et en font usage. Mais ce n'est pas la question elle-mme qui serait juge, on ne verrait que les faits. Tel aurait guri par le magntisme, tel autre aurait compromis un malade, ou serait accus d'avoir caus sa mort; conclusion force, malgr toutes les acadmies : le magntisme est un moyen de combattre les maladies, de gurir ou de soulager les malades.

    Si les tribunaux dclaraient que le magntisme est un moyen curatif,.il n'en est pas moins vrai que la mdecine

    (1) Mesmer, Aphorisme 205 220, et 338.Puysgur, Mmoires, 42, 370. Deleuze, Jlt., 221,222. Inslr., 232 235282 287,

    (2) Loi du 19 ventse an xi (10 mars 1803).

  • 32 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME.

    ne le reconnat point pour tel ; d o il semblerait rsulter que les cas magntiques n'tant pas prvus par la loi, aucune condamnation ne peut tre prononce. Mais la loi ne dfinissant point la mdecine, les juges, abandonns eux-mmes par les corps savants et les acadmies, auraient d abord recours au bon sens, et chercheraient ensuite s'instruire ailleurs.

    Si la loi ne dfinit pas ce quest la mdecine, si les mdecins de l'poque prtendent que l magntisme n'en fait pas partie, bien quil gurisse les maladis, comme les connaissances actuelles ne sont que le rsultat des enseignements anciens, les tribunaux auront recours ces derniers.

    Or, Hippocrate, ainsi quaje lai dit plus haut, dfinit la mdecine de la manire suivante :

    Je vais dfinir la mdecine ainsi que je la conois. La mdecine est un art qui gurit les malades, ou qui

    calme leurs- souffrances, et qui n'entreprend point ceux dont le mal-est incurable; car ce qui est sans remde, la mdecine n'essaie pas de le gurir (i).

    Ainsi, d'aprs les rgles anciennes, la mdecine consiste soulager ou gurir. Ds lors, tout magntiseur qui gurit ou soulage exerce la mdecine ; c'est vident.

    Si donc les tribunaux taient appels juger une gu-rison ou une erreur magntique, ils dclareraient certainement, comme la commission de l'Acadmie royale de mdecine de Paris, en 1831, que : le magntisme, consi-* d r comme moyen thrapeutique j doit trouver sa place dans le cadre des connaissances mdicales, et que les mdecins seuls doivent en faire o en surveiller l'em-ploi(2).

    (1) Hippocrate, De l'art. (2) Voici le texte des conclusions de la commission : XXIX. Considr comme agent de phnomnes physiologiques ,

    ou comme moyen thrapeutique, le magntisme devrait trouver sa place dans le cadre des connaissances mdicales, et par consquent les mde- cins seuls devraient en faire ou en surveiller l'emploi, ainsi que cela se

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTlSfcUl. 33 En cet tat, nul ne doit faire profession de magntiser,

    s'il n'y est autoris , soit par une loi qui lui en confrera le droit, soit par un mdecin qui lui en donnera l'autorisation.

    CHAPITRE IV.

    Du degr d'instruction ncessaire au magntiseur*

    Les arts naissent avec les besoins des hommes, et se composent du tribut de lumires que chacun apporte dans l vue d'tre utile la socit entire. Notre art, dit Hip- pocrate en parlant de la mdecine, s'est ainsi form, re- cevant de toutes parts, comparant ensuite les faits les uiis aux autres (i).

    Jusqu' ce moment chacun ayant t libre de magntiser, quelques liommes ont fait beaucoup de bien en particulier, et tous les autres en gnral. Le mal ne concerne que les individus qui en ont souffert; le bien constitue maintenant une science d'observations et un art de pratique.

    Puisque la pratique du magntisme est encore l'apanage commun de tous les citoyens, que d'ailleurs chacun d'entre eux possde en lui-mme la vertu magntique, il convient d'examiner quels sont les hommes qui peuvent pratiquer avec le plus de succs, par suite de leurs tudes et de leur exprience.

    O n p e u t , d i t M . D e l e u z e , c o n s i d r e r J e m a g n t i s m e sous deux points de vue : ou comme le simple emploi d'une facult que Dieu nous a donne, ou comme une science dont la thorie embrasse les plus grands probl- mes de la physiologie et de l psychologie, et dont, les ap- plications sont extrmement varies (2).

    M. Deleuze divise les magntiseurs en deux classes : l'une

    pratique dans les pays du Nord. Foissac , Rapports sur le magn-tisme, pages 199 200. Voir aussi mon Introduction au magntisme, pages 147 154.

    (1) llippocrate , Prceptes. . (2) Deleuze, Itittr. prat347.

    3

  • /I PHILOSOPHIE DO MAGNTISME. forme de personnes qui se sont reconnu les facults ina-gntiqs et se bornent en user par circonstance dans leur intrieur ou chez leurs amis; l'autre compose d'hommes qui veulent avoir une pratique suivie et faire une tude constante des faits magntiques. J'engage fortement mes lecteurs lire en entier les instructions de M. Deleuze sur ce grave sujet(i); mais je me bornerai ici aux conseils ncessaires au praticien ou celui qui veut le devenir. Ce que je dirai sera, du reste, un rsum des avis de M. Deleuze.

    Je ne conseillerai personne de magntiser sans avoir pris des instructions pralables dans les meilleurs auteurs ou auprs de bons praticiens. L'ignorance est un mau- Vais trsor (2).

    U Instruction pratique de M. Deleuze est un livre dont je recommande la lecture tous ceux qui n'ont aucune ide du magntisme^ On y trouve runis la pratique, la science d'observation et les plus nobles sentiments. Cet ouvrage t le rsum des observations de Mesmer, d M. de Puy*-sgur et de M. de Bruno, enrichi des connaissances acquises par M. Deleuze pendant trente annes.

    Aprs Y Instruction pratique,conseille la lecture de l'ouvrage que j'ai publi sous le titre de : Magntisme catholique, o# Introduction ta vraie pratique, parce qu'on y trouve nettement exposes les diffrences entre le magntisme et le somnambulisme, entre l'cole de Mesmer et celle de M. de Putysg-ur.

    Enfin; ce trait rsumant toutes les opinions mises jusqu' ce jour par les magntiseurs les plus expriments, indiquant les procds les plus en usage et les principales observations des plus grands matres, je le propose comme un livre crit pour venir en toute occasion au secours du praticien, qui et t trs embarrass de recueillir et classer dans sa mmoire les enseignements pars dans plusieurs ouvrages.

    (1) Deleuze, Instr. prat., ch. X, pages 347 374. (2) HippoeralCj Loi*

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR. 35

    Une tude que doit faire toute personne qui se propose de suivre la pratique du magntisme, cest celle de l'ana-tomie. La connaissance de la construction du corps humain est indispensable pour magntiser avec succs.

    Aprs ces tudes, si le praticien peut employer encore du temps des lectures, il ne doit pas se contenter des extraits des ouvrages des grands matres qui auront pu passer sous ses yeux; il devra lire les Mmoires et les Apho-rismes de Mesmer, les Aphorismes du docteur d'Eslon, les Mmoires et les Recherches physiologiques de M. de Puysgur, les Principes et Procds par M. de Bruno, publis par M. de Lausanne (t. I ) ,* Y Histoire critique du magntisme, par M. De-leuze, et les Annules ainsi que la Bibliothque du magntisme, qui sont remplies de matriaux prcieux mans des hommes les plus respects et les plus savants.

    Enfin il y a un dernier point trs important, et qu'il ne faut jamais ngliger, c'est de voir beaucoup de magntiseurs, afin de pouvoir comparer les faits qui ont pass sous leurs yeux avec ceux que Ton obtient soi-mme.

    Pendant la dure de toutes ces tudes, on suivra, s'il est possible, un cours thorique et pratique de magntisme.

    C H A P I T R E V .

    Bu dcfgr de sympathie ncessaire pour magntiser.

    Ier. Sympathie pliysique.

    Lorsqu'un malade se prsente pour recourir aux soins d'un magntiseur, celui-ci a de grandes rflexions faire, et autant d*observations non moins importantes a lui adresser.

    Si la maladie dont le consultant est attaqu lui donne un "aspect tellement repoussant que le magntiseur ne se sente pas le courage de l'entreprendrey il faut prendre un parti, sinon l'instant mme, au moins aprs quelques heures ou

  • 36 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. quelques jours de rflexion, et se bien garder surtout d entreprendre un traitement que Ton prvoit, d'avance ne pas pouvoir continuer (i). .

    Si la nature de la maladie est oppose au temprament particulier du magntiseur, et quil la juge capable d'influer sur sa propre sant, ce serait faire un acte de charit fort mal entendu, ou prouver videmment un dsir immodr du gain, en se chargeant del gurison, puisqu'il son tour le magntiseur se rendrait malade. Il faut donc aussi, dans ce cas, s'abstenir d'entreprendre un traitement dont les rsultats pourraient tre doublement fcheux (2).

    Aprs que le magntiseur s'est ainsi examin lui-mme, s'il croit pouvoir entreprendre le traitement, il doit encore s'assurer pralablement qu'il ne surviendra du ct du malade aucun autre obstacle (3).

    II. Sympathie relative.

    Si le malade est pauvre ou s'il est trs loign du lieu du traitement et qu'il ne puisse s'y rendre, le magntiseur doit aussitt calculer si remploi.de son temps lui permet d entreprendre le traitement.

    Il faut prendre garde de promettre ce quon aurait de la peine tenir; car, avant le traitement, le malade chercherait et trouverait probablement un autre magntiseur, tandis qu'une fois le traitement commenc, il y a beaucoup d'inconvnients changer de magntiseur; il y en.a encore plus pe pas tre soign rgulirement et convenablement (4).

    Les prcautions pralables sont plus ou moins importantes, selon le sexe du magntis.

    Si le malade est un homme, le magntiseur se bornera s'iuformer s'il est bien dtermin entreprendre un traitement. S'il est encore jeune, il lui demandera si ses parents

    (1) Dcleuze, Hist. crit., 59. Jnstr. prat282 2S7. (2) Bruno, 5S, 88. Dcleuzc, lnstr. prat.} 281. (3) Deleuze, lnstr., 54, 289. (4) Puysgur, Mmoires, 258. -Deleuze, Jnstr. prat., 282 284.

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR. - 37

    sont informs de ses intentions et ce qu'ils en pensent ; surtout s'ils sont opposs au magntisme, en lui faisant entrevoir que s'il arrivait au traitement aprs avoir t dtourn de s'y rendre, ou si l'on cherchait lui inspirer celte ide que le magntisme ne peut lui faire aucun bien et qu'il fut lui-mme dans l'indcision, il vaudrait mieux attendre le moment d'une conviction plus profonde.

    Si le malade affirme qu'il est bien dtermin, qu'il a confiance au magntisme et dans celui qui le pratique, et que d ailleurs il est matre de ses actions aussi bien que de lui-mme, 011 passe outre au traitement (i) ; mais quand le malade est du sexe fminin, il faut plus de circonspection.

    D'abord, si la malade est une jeune fille et qu'elle vienne seule ou accompagne d'une personne de son ge, on lui demandera si-elle a consult ses parents, et pourquoi ell rie se prsente pas-sus leur patronage; on l'coutera,, on lui dira ce qu'on pense de son affection; et si le traitement peut s'entreprendre, on l'engagera se faire accompagner par une personne plus ge qui assistera aux sances; sinon, non.

    Si la malade est une femme, on s'informera si elle est clibataire, marie ou veuve.

    Dans le premier*cas, on lui fera les mmes objections qu' un homme ; et si elle est fermement dcide commencer un traitement , on lui recommandera de venir avec

    . un tmoin. Si elle est marie, elle devra tre amene par son mari;

    en cas d'empchement, par quelqu'un de sa famille ou au moins un ami. Il est important pour Je magntiseur, dans le cas o l'absence du mari est allgue, de s'assurer de la vrit du fait ; et en aucun cas il ue doit recevoir en traitement particulier une femme marie , et mme non marie, sans qu'elle soit assiste d'un tmoin (2).

    Si ce tmoin fait dfaut, il faut remettre la sance; car il

    (1) Deleuze, Jnstr. prat, 24. (2) Deleuze, Instr. prat268.

  • 38 PHILOSOPHIE DU MAGNTISME.

    est impossible de prvoir jusqu'o iraient des imputations malveillantes sur les rsultats supposs d'une sance magntique entre un homme et une femme marie, sans tmoins.

    Si la malad est veuve, on agit avec elle ainsi que je l'ai dit tout--l'heure au sujet de la femme majeure et clibataire (i).

    Je dirai plus loin la marche particulire qu'il est convenable de suivre vis--vis des femmes, dans un traitement magntique.

    CHAPITRE VI .

    Examen de oonsoience pralable de tout traitement magntique.

    On ne peut trop le rpter : avant de se'charger du traitement d'un malade, le magntiseur doit s examiner lui-mme.

    D abord, il doit tre profondment pntr que le magntisme est une espce de sacerdoce; qu'en entreprenant la gurison d'un malade, c'est un acte religieux qu'il va faire, et qu'il doit y apporter les intentions les plus pures, un dnouement absolu, une entire discrtion et la tenue la plus svre (2).

    n Second lieu, l'argent doit rester pour lui une chose secondaire; il ne faut pas que Ton soit en droit de lui adresser le reproches qi^Hippocrate,faisait quelques mdecins de son temps et qui s'appliquent si bien plusieurs magntisants d'aujourd'hui : Ceux qui sont dans une profonde ignorance de l'art ne comprendront rien ces pr-* ceptes; leur conduite le prouve : car n'ayant aucune for- tune par eux-mmes et s'tant levs tout d'un coup par des moyens honteux, ils se tirent de leur pauvret en re- cherchant les riches, et n'en font pas moins payer les

    (1) Deleuze, Instr. prat., 267. (2) Puyscgur, Mmoires, 238. Deletwe, Jnsfr., 22. Bruno, 62.

  • PHYSIOLOGIE DU MAONTISEUJI. 31) pauvres. (i) Mais comme il peut malheureusement arriver que le magntiseur le plus port faire du bien ne soit pas en tat de donner ses soins gratis, son plan de conduite doit tre d'une notorit tout--fait publique, en sorte que tout le monde, en venant chez lui, soit parfaitement instruit qu'il a droit un salaire, et que, de son ct. le magntiseur ne soit pas oblig de le demander. Je traiterai ailleurs (2) de la quotit de ce salaire.

    Quand Je praticien s est bien assur de sa propre force magntique, qu'il croit parfaitement comprendre et pouvoir expliquer aux autres l'importance du ministre qu'il va remplir, il peut recevoir des malades en traitement.

    Il reste examiner, maintenant, quelles modifications les occupations journalires du magntiseur et la position du malade peuvent apporter.

    CHAPITHE VII .

    De la quotit du salaire du magntiseur.

    Dans un sicle comme celui o nous vivons, avec un excs de civilisation qui exige souvent, et surtout dans les grandes villes, une reprsentation particulire, il serait impossible l'homme qui a sacrifi une partie de sa vie aux tudes magntiques de donner ses soins et ses connaissances sans rien recevoir en change; dans l'tattle socit, toute peine mrite salaire

    A l'poque actuelle, aujourd'hui surtout que la rmunration des soins magntiques ne parat pas suffisamment justifie aux yeux de beaucoup de personnes qui parlent trs inconsidrment du magntisme, tout homme qui veut faire profession de magntiser doit, eu.se faisant connatre pour tel, fixer autant que possible le prix de ses soins.

    (1) Hippocr&te, Prcepte*. Traduction do Paufour. (2) Voir le chapitrr suivant.

  • U PHILOSOPHIE DU MAGNTISME.

    Dans l'tat o est encore le magntisme, une pareille mesure semble peut-tre trange; je ferai nanmoins observer qu'elle est rationnelle: il vaut certainement mieux que le malade soit averti du prix des soins qu'il rclame, que de rester tourmente par la crainte d'tre abandonn de son magntiseur lorsque le traitement est commenc.

    Ces principes ne sont d'ailleurs pas nouveaux; Hippo-craie a encore dit :

    Il y a un point important sur lequel je vais appeler l'at- tention du mdecin, et qui mrite une considration toute particulire : si vous commencez par fixer avec le malade le prix de votre salaire (et c'est l un point capital dans toute espce de traitement), le malade sera Tinsiantmme convaincu que vous comptez revenir, et que vous ne vous > proposez pas de l'abandonner lui-mme; si vous ne d- cidez rien ce sujet, il peut craindre que vous ne le ngligiez et que vous ne l'entouriez pas des soins qu'exigeront ls circonstances.

    Il est donc de toute ncessit que vous conveniez de votre salaire^ surtout dans les maladies aigus, afin que * le malade ne soit pas agit par des proccupations qui lui seraient certainement nuisibles (i).

    Ce prcepte, qu'il faut fixer d'abord le prix des soins que l'on donne aux malades, n'tait pas particulier Hippocrate et au peuple grec; chez les Hbreux, o la lpre exerait ses ravages, le prix de la gurison avait t fix par Mose.

    (1) Hippocrate, Prceptes. Voici le texte de ce passage important : Si h mcrcede initiuin duseris ( quod ad totum negotium aliquid con-

    fert), groto quidem istam injicies opinionem, te eo relicto non disces-surum. Quod nisi cum eo conveneris, quod et eum neglecturus sis, ne* que de quibusdam ad rem praesenlem necessariis sis adnioniturus. De mer- ce de igitur constituenda curain oportet habere. Ejusmodi enim animi inductioncm regro inutilem esse existimamus, idque mvlto magis in morbo acuto. Trad. latine par Fosius, p. 20, dit. de 1057.

    J'ai soulign ces derniers mots, multo magis m morbo acuto , parce que le mdecin Gardeil, dans sa prtendue traduction d'Hippocrate, les a rendus par : except dans les maladies aigus, tandis qu'il faut lire au contraire : surtout dans Us maladies aigus.

  • PHYSIOLOGIE DU MAGNTISEUR. Ui

    Il est dit au Lvitique, chapitre xiv, que le lpreux admis la purification doit tre prsent au tabernacle avec deux agneaux , une brebis, de l'huile et de la fleur de farine; et le verset i3 dit positivement : L'hostie qui s'offre pour l'of- fense et celle qui s'offre pour le pch appartiennent au prtre. C'tait l, chez les Hbreux, le prix de la gu-rison. Aussi, Jsus-Christ ayant guri le lpreux, lui dit: Allez vous montrer au prtre, et offrez-lui le don rgl par Mose (1).

    Mais le pauvre ne peut pas payer comme le riche, et d'un autre ct, le magntiseur qufhabit la campagne ne peut pas prtendre des honoraires aussi levs que celui de la ville; de mme que le plus humble doit attendre qu'il ait giandi en rputation, pour exiger des riches ce qu'il ne peut demander aux pauvres.

    L'antiquit nous offre des exemples de rmunration proportionne aux habitudes et l'tat de civilisation des hommes; chez les peuples paens comme chez les Hbreux, il y avait un mode de paiement en rapport avec l'tat des personnes. Hrodote (2), Pausanias (3), dcrivent souvent, dans leurs rcits, les dons immenses que les rois et les riches particuliers envoyaient Delphes et autres lieux, en reconnaissance des remdes indiqus dans leurs maladies; mais Pausanias dit aussi qu'auprs du temple d'Amphiaraus, il y avait une fontaine dans laquelle les malades qui avaient obtenu leur gurison jetaient des pices d'or ou d'aryen/ (4),

    Mose, aprs avoir fix le don du lpreux deux agneaux, une brebis, une mesure d'huile et trois diximes de fleur de farine (5), ajoute nanmoins par drogation : Si le lpreux

    (1) Saint Mathieu, chap. vu, v. 4.-Saint Marc, ch. 1, v. 44. Saint Luc, ch. v, v. 4.

    (2y Hrodote, I. I, 14,23,40, 80, M.- L. VIT, 27.- L. VllI 122. -L. XIX, 80.

    (3) Pausanias, 1. X, ch. ix XII. (4) Pausanias, 1. I, ch. xxxiv. (tt) Lvittque, ch. xiv, T. 10.

  • kl PHILOSOPHIE DU MAGNTISME. est pauvre, et s'il ne peut pas trouver tout ce qui vient d'tre prescrit, il prendra un agneau, un dixime de fleur de farine, une mesure d'huile et deux tourterelles (i).

    Chez les Perses, les Grecs, et en gvpte, les riches et les grands payaient magnifiquement leurs gurisons. Naa-man, gnral au service de la Perse \ tant afflig de la lpre, ne vint lise qu'avec dix talejits d'argentr six mille cus d'or et dix riches vtements (2). Mais les Hbreux n'avaient que faire de si riches prsents. Jroboam ayant son fils malade, dit sa femme : Prenez avec vous dix # pains, un tourteau, un vase plein de miel, et allez vous- en Silo, o est le prophte Ahis, afin qu'il vous dise ce qui doit arriver notre enfant (3). .

    Si, de l'antiquit, on revient aux usages modernes, on ne trouve pas qu'il y ait de rgles tablies pour le paiement des soins du magntiseur; et cela n'est pas difficile* concevoir.

    Mesmer prenait, par mois, dix louis, soit deux cent qua-vante livres, qui valaient bien le double d'aujourd'hui. Aprs lui, et cause des disgrces qu'il s'attira, malgr ses talents, en voulant arriver trop tt la fortune (4), plus encore parce que le magntisme tait regard comme une imposture et une chimre, chacun repoussa l'ide de faire payer ses soins,magntiques. Le magntime est un sacerdoce, disait-on; quiconque magntiserait pour de l'argent ne porterait plus l'intrt convenable aux malades. Aussi, dans les statuts de la Socit du magntisme de Paris, fonde en 1815 par MM. de Puysgur et Deleuze, on lisait, article XXV : Chaque membre s'engage pratiquer le magn- tisme gratuitement, sans autre but que celui de se rendre utile. Celui qui voudrait faire du magntisme une sp- culation cesserait par cela mme d'tre membre de la Socit.

    *(1) Lvitique, v. 2