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( A I Q U E S 3,80 IDéES VE R TES POUR CHANGER DèRE EN LANGUEDOC -ROUSSILL ON le bio local fait UN cabaS ! Nouveau ! nature Les rapaces du Gardon architecture L’expérience Cantercel argent On choisit sa banque ! (A)typiques n°3 / février-mars 2010 — www.atypiques-mag.fr régioNaleS Voter pour… quoi ? ET AUSSI… Amap, paniers paysans, web-légumes... Les amoureux au ban public 12 PAGES POUR S’Y RETROUVER couples franco-étrangers

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I QUES 3,80 €

Idées vertes pour changer d’ère en languedoc-roussIllon

le bio localfait UN cabaS !

nouveau !

nature Les rapaces

du Gardonarchitecture

L’expérience Cantercel

argentOn choisit sa

banque !

(A)typiques n°3 / février-mars 2010 — www.atypiques-mag.fr

régioNaleS Voter pour… quoi ?

et aussi…

amap, paniers paysans, web-légumes...

Les amoureux au ban public

12 pages pour s’y retrouver

couples franco-étrangers

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RÉSOBIO... il est temps de changer

3 magasins dans les P.-O.

· à PERPIGNAN av. d’Espagne04 68 55 35 31

· au BOULOU Zone commerciale04 68 83 33 29

· à CÉRET rue Saint-Ferreol04 68 87 18 72

La bio au quotidien, près de chez vous

Alimentation biologique : produits frais, fruits et légumes, pains, épicerie, boissonsProduits diététiques, cosmétiques, d’hygiène et d’entretien biologiques

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

Vous êtes (a)typiques P. 4Vos réactions

aLoRs, ça bouge ? P. 5Les initiatives en région

RencontRe P. 6Les amoureux au ban public

+ de Liens P. 8Cantercel : une architecture en osmose avec le paysage

testé pouR Vous P. 10Bébé : on en remet une couche

Le guide d’ici P. 12Paniers solidaires : le bio local fait un cabas !

P. 13 Paroles d’experts…P. 15 …et de court-circuiteursP. 16 Web-légumesP. 18 C’est du boulot !P. 20 AmapP. 22 Étudiants et coop d’achatP. 23 Carte

La question qui tue P. 24Régionales :voter, pour quoi ?

on a Le choix P. 29Banques : décidez où va votre argent

teRRitoiRes P. 30Gardon(s) les rapaces

s’impLiqueR P. 32Agir, oui, mais comment ?

agenda P. 33Les rendez-vousde février-mars-début avril

abonnement P. 34et ateliers

édito menu

Ils ont collaboré à ce 3e numéro : Emmanuel Guyot, Sylvie Francisco Dominique-Laurence Repessé, Imajam, Ghislaine Guibaud, Vincent Roussillat.

Imprimé à 3 500 exemplaires par Antoli à Carcassonne, avec des encres végétales, sur papier 100 % recyclé.

Pub : l’insertion d’encarts publicitaires est soumise à une charte éthique disponible sur le site web. Nous visons à réduire la part d’espaces réservés à la publicité dans le magazine.

La reproduction totale ou partielle des articles et illustrations parus dans (A)typiques, idées vertes pour changer d’ère en Languedoc-Roussillon est soumise à autorisation.

(A)typiques, c’est financé comment ?

(A)typiques : ni baba ni bobo, 100 % indépendant, artisanal made in La Pointe-Courte, Languedoc-Roussillon

(A)typiques est un magazine bimestriel édité par l’association Efferv’ & Sens :68, rue Louis-Roustan, La Pointe-Courte, 34200 Sète, 04 67 51 14 82, www.atypiques-mag.fr

Conseil d’administration : Raquel Hadida, Philippe Lugan, Sylvain Fabre, Laure Maton, Clémentine Bougrat, Claire Dewilde, Jean-Louis Estèves.

Directrice de la publication et rédactrice en chef : Raquel Hadida, [email protected]étariat de rédaction et iconographie : Leïla Pichoir et Clémentine Bougrat. Maquette : Xavier Catherinet.Communication, agenda web :Leïla Pichoir, [email protected] : Isabelle Deville, [email protected] : [email protected]

Couverture : © Papirazzi-Fotolia.com

« C omment une si petite association peut-elle faire un magazine

comme ça ? » Serions-nous financés par un parti politique, une secte, une multinationale ? Continuez à nous poser ce genre de questions, c’est bon pour la gym de l’esprit critique ! Pour boucler les financements nécessaires du magazine (mise en place, mais aussi le fonds de roulement1), il nous a fallu une année de rencontres, paperasses, passages en commissions et autres coupages de cheveux en quatre. Avec un projet forcément atypique, seules de bonnes volontés ont pu nous faire rentrer dans les cadres administratifs.À partir d’un apport personnel, nous avons pu débloquer un prêt à taux zéro de l’Airdie 2, un financeur solidaire issu du microcrédit, avant de contracter un emprunt auprès d’une banque éthique, la Nef 3. Spécialisée dans l’économie sociale et solidaire, la fondation Macif nous a ensuite accordé une subvention. Tout comme la Région, ainsi que le Conseil général de l’Hérault. Nous nous sommes certes refusés à demander de l’argent aux fondations de multinationales (Veolia, etc.), mais tout financement étant susceptible d’interférer dans l’indépendance éditoriale du magazine, nous restons vigilants. En nous donnant par exemple le droit d’écrire des articles qui pourraient ne pas plaire aux élus

des collectivités locales qui nous soutiennent 4. Ensuite, chers lecteurs, la survie financière du magazine est entre vos mains…Bonne lecture !

Apport associatif perso (prêt à taux zéro) : 10 000 €+ Airdie (prêt à taux zéro) : 10 000 €

+ La Nef (prêt bancaire à 5,2 %) : 20 000 €+ Fondation Macif (subvention) : 6 000 €

+ Région (subvention) : 15 200 €

+ Département de l’Hérault (subvention) : 12 000 €

TOTAL : 73 200 €

1. Charges à payer entre le moment où nous publions le magazine et celui où nous touchons l’argent des ventes, trois à quatre mois après… 2. Association interdépartementale et régionale pour le développement de l’insertion par l’économique (www.airdie.org). 3. Coopérative de finances solidaires, voir « Banques » p. 29. 4. Voir « Agrexco » dans (A)typiques n°2 et « Régionales » p. 24.

Raquel Hadida

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

InstructifJ’ai sous les yeux un numéro d’(A)typiques […] c’est un régal tant c’est frais, agréable et instructif. Et je me dis que ça devrait être remboursé par la « sénilité sociale » et que tout un chacun finirait par le lire et changerait peut-être un peu son regard sur le monde…Véronique Cinus, esthéticienne bio à Frontignan (34)

AgréableIl faut vous encourager, vous le méritez. Votre magazine est d’excellente qualité, intéressant, agréable à lire (et aux encres végétales !). Irène

Réaliser d’étranges photos en noir et blanc, avec, pour tout appareil des boîtes de métal ou de carton peintes en noir, c’était le défi proposé l’été dernier par (A)typiques aux visiteurs de ses stands.

Le concours continue !

vous êtes (a)typiques

Photos au sténopé

Vous avez découvert,

testé, ou changé des

choses suite à la lecture

d’(A)typiques ?

Racontez-nous !!

Pour nous envoyer

photos, courrier ou

petites annonces :

[email protected]

Les eaux usées de la centaine d’habitants de Montbrun, dans les gorges du Tarn, seront bientôt traitées par filtration biologique, avec des roseaux et des bambous. Une façon de préserver la qualité bactériologique de l'eau du Tarn. Naturel et efficace…mais peu souvent autorisé par les autorités sanitaires.Mairie, 04 66 48 55 21SAGE Tarn amont 04 66 48 47 95

CulotEh ben, l’en fallait du culot pour monter un magazine pareil. Moi je dis bravo et […] bonne chance pour arriver à vos fins. Bravo aussi au site internet, à la mise en page, […] à l’envie apparente de l’équipe rédactionnelle d’écrire des choses intéressantes en toute indépendance. Pourvu que ça dure !C. , sur internet

TalentNous ne sommes pas accros au « faire parce qu’il faut »… mais on a bigrement envie de vous souhaiter une sacrée atypiquement belle année : du talent, des idées, de la bonne humeur et de la joie d’écrire, vous en débordez… alors nous vous souhaitons plein plein de lecteurs tout aussi passionnés ! Et au lieu de vous souhaiter un bon courage, allez zou… on s’abonne ! Chris & Chris

D'un côté le cheval de labour, de l'autre un centre d'art contemporain : notre capitale régionale

se lance dans des projets de culture qui sortiront fin 2010. Dans le quartier Croix-d'Argent, l'agriparc du Mas Nouguier (jouxtant le futur écoquartier des Grisettes), non content de sa première récolte de miel, expérimente pour ses vignes le labour à cheval et le semis de graminées entre les rangs… avant de planter des oliviers en mars.En centre-ville, un ancien bâtiment de médecine va devenir la Panacée, un laboratoire artistique – peinture, vidéo, photo, web – soutenant les talents émergents par neuf ateliers et trois résidences d'artistes. Innovation : il accueillera une cité U de 59 logements dès la rentrée prochaine.La Panacée, 14 rue de l'École-de-Pharmacie,Agriparc Mas Nouguier, tramway 2 arrêt Sabines.

Montpellier se cultive

Montbrun (48)Des roseAux pour épurer les eAux

Cantines bio… logique ! à Limoux (11)

Comment introduire des produits frais et de proximité dans les cantines scolaires ? Nature & Progrès a organisé un forum sur les cantines bio dans l’Aude les 7 et 8 février. Grand public, élus et pros ont désormais toutes les cartes en main pour bouger ! N & P : 04 68 20 94 75

Zen sur les toits de Montpellier.

Aude Delorgil a réalisé cette photo contemplative

avec une grande boîte rouge tapissée de trois papiers photo. Bravo !

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© Aude Delorgeril

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

alors, ça bouge ?

Donnez l'alerte et allez directement à la case « tribunal » !

Corinne Gouget, auteur du guide Les Additifs alimentaires : danger, et fustigeant sur des bases scientifiques l'aspartame et le glutamate, susceptibles de provoquer de graves troubles psychiatriques (agoraphobie, dépression, paranoïa, Alzeihmer), a reçu des menaces, et comparaissait au tribunal de Montpellier le 20 janvier dernier sur pression indirecte. Elle dénonce la vendetta des labos de l'agroalimentaire et de la justice.Pesticides : www.mdrgf.orgAdditifs alimentaires : www.santeendanger.net, livre dispo en magasins bio.

Pour qualifier pros ou futurs pros du bâtiment en énergie propre, le centre de formation pour adultes (AFPA) nîmois a créé des pavillons de démonstration et d'entraînement. Deux bâtiments enduits à la chaux produisent électricité, eau chaude voire chauffage au solaire, un bâtiment en ossature bois et murs en paille se construit. On peut déjà y expérimenter la chaufferie au bois ou la géothermie… et bientôt le retraitement des eaux usées et la gestion des déchets du chantier.AFPA, 168 route de Beaucaire, 04 66 02 60 07, www.afpa.fr

Comment réduire nos dé-chets le plus efficacement ? 40 foyers-témoins audois ont testé pour vous pen-dant sept mois en 2009. Les participants devaient choisir quatre nouveaux gestes et peser régulièrement leurs poubelles. Ils les ont réduites à 250 g de déchets par jour contre 1 kg par jour et par personne, la moyenne nationale. Le plus efficace ? Faire son compost (-35 %), placer un « Stop-pub » sur sa boîte aux lettres et boire l'eau du robi-net. Et dans la foulée, ils ont réduit de moitié leur conso de sacs et de

Trop de pesticides dans les raisins ? Les additifs alimentaires, bombes à retardement ? Pour faire taire les « empêcheurs de nous polluer la santé en rond », une solution : les assigner en justice ! Suite à la publication d'analyses révélant les pesticides retrouvés sur tous les raisins de supermarchés, le Mouvement pour les droits et respect des générations futures (MDRGF) s'est vu demander 500 000 € en janvier pour dénigrement par la Fédération des producteurs de raisin de table.Eco-dialogues

au Vigan (30)Pas de blabla sans action concrète. Le Vigan a lancé un cycle de week-end de réflexion (films-débat-rencontres) avec la présence de « pointures » scientifiques, pour mieux « penser l'homme dans son environnement ». Après la biodiversité les 5 et 6 février, les 30 avril et 1er mai seront consacrés à la « domestication ou manipulation de la nature ? », puis « préserver la nature : exclusion ou partage ? » en novembre.En parallèle, la cité cévenole s'engagera à chaque fois dans une nouvelle « écoaction ». Premier pas, une éco-charte pour tous les événements organisés par la ville : écocommunication, covoiturage, vaisselle réutilisable (comme les Écocup au lieu de 27 000 gobelets jetables), alimentation bio, locale, équitable, tri…www.levigan.fr

Resto coopératif à PerpignanÀ vos babines ! La Table de Cana ouvre son restaurant d'insertion avec des recettes catalanes (commes les boules de picoulat) aux produits locaux et de saison. Côté traiteur, le chef Jean-Marc Carmine assure des buffets « zéro déchets ». Le tout, en donnant un coup de main à l'emploi de personnes qui en sont éloignées. Comme sa version montpelliéraine, cette coopérative est née sur l'initiative de Replic, un groupement régional public/privé dédié à la création d'entreprises utiles au territoire, pour l'emploi et l'environnement. À Perpignan : 200 rue Louis-Delaunay, 04 68 73 40 85,ouvert tous les midis du lundi au vendredi. Soirs et WE : groupes sur réservation.À Montpellier : 515 rue de l'Industrie, 04 67 60 45 81, www.tabledecana.com

Village écoénergies à Nîmes

Aude Les poubelles font le régime

bouteilles plastique, de piles, et d'impressions, ont fait attention aux choix des emballages et des la-bels… « Une dynamique se crée, les gens ont envie de faire bouger les choses. » Pour Boris Landsberger, le coordinateur du réseau d’associations d’éducation à l’environnement Gée Aude, qui suit les participants, « c’est

ça qui est important ! ». Cette année, l’expé-

rience continue dans un lycée de C a r c a s s o n n e ,

une école du Laurageais, un

collège de Couiza.Résultats complets : Gée Aude,

www.geeaude.org (projets), 04 68 31 86 53.

Montpellier se cultive

attention danger !

© Studio G

i-Fotolia.com

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(A)typiques n°3 - février / mars 2010

Les amoureux au ban public

[par Raquel Hadida]

« Épelez-moi le nom de votre époux ? Quand et comment l’avez-vous rencontré ? Avez-vous des rapports sexuels

avec lui ? » Contrôles inopinés de la police aux frontières, files d’attente à 5 heures du matin devant la préfecture, traductions d’état civil impossibles, peur de sortir, angoisse d’être séparés, suspicion de l'entourage, et l’attente, l’attente… Tous les couples franco-étrangers, ou « mixtes », dont l’un se retrouve sans papiers sont passés par là. Avant ou après le mariage, chaque étape vers la vie « normale » – obtention de la carte de séjour (1 an) ou de résidence (10 ans), voire de la nationalité – devient un calvaire, pour le sans-papiers comme pour le conjoint français. À Montpellier et à Nîmes, nous avons rencontré plusieurs couples mariés qui sont ou ont été confrontés à des situations difficiles. Muriel a dû attendre sept mois son mari, reparti chercher l’indispensable visa au Maroc. Réinscrit trop tard à la fac, Étienne, Gabonais, a perdu sa carte de séjour et dû aller trente fois à la préfecture : « À chaque fois, ma femme était en larmes ». « Je suis déçu de mon pays, j’ai honte », avouent souvent les conjoints français. Suite à l’expulsion de leur mari, certaines femmes doivent accoucher seules. D’autres couples, séparés de force, multiplient les voyages épuisants et onéreux, ou subissent des gardes à vue dégradantes.

Couples au bord de la crise de nerfsEn réalité, la plupart des sans-papiers cherchent à se régulariser autrement que par le mariage, pour ne pas se sentir redevables. « Ça me dérangeait de me marier pour avoir le visa, mais pour rester avec Yannick, c’était la seule solution », explique Maki, Japonaise. Alors ils acceptent un déséquilibre de départ. Car pendant qu’on joue aux Douze travaux d’Astérix dans l’administration, l’amour est pris dans la tourmente. « Tout le monde est stressé, ça crée forcément des tensions dans le couple », se souvient Muriel. Pendant l’attente, le conjoint étranger est souvent bloqué à la maison – par impossibilité de travailler et par peur de se faire arrêter

le soir –, et le conjoint français doit assumer toutes les charges. « Je crois que l’administration fait exprès de faire traîner pour fragiliser l’amour des Français, et

les dissuader », analyse Étienne. À La Cimade, association spécialisée dans l’aide aux étrangers migrants, ces couples recevaient déjà un conseil juridique. Mais pour Nicolas Ferran, de La Cimade Montpellier, l’individuel ne suffisait pas. Alors en 2007, il donne naissance à un groupe d’« Amoureux au ban public » pour aider les couples mixtes à « passer du statut de victime à celui d’acteur ». Et montrer qu’il ne s’agit pas d’un dysfonctionnement incompréhensible des dossiers, mais bien d’une oppression généralisée. « Nous voulions réveiller l’opinion publique en montrant que, sous prétexte de protéger les Français, la législation les réprime aussi dans leur droit d’aimer ! Et brise de vraies vies de famille… », appuie-t-il.

« Pas tout seuls »Premier effet des réunions entre couples mixtes : « Ça permet de relativiser notre situation et surtout, on se rend compte qu’on n’est pas seul », témoignent tous les couples du collectif. Un espace d’expression et d’échanges important,

Sans papiers, pas de quartier.

Difficile, la vie d’un couple

franco-étranger non « régulier »,

même marié, quand les lois

anti-immigration se durcissent,

les dossiers administratifs rendent fou et

le regard des autres devient pesant. Alors,

sur une idée montpelliéraine, La Cimade réunit

ces couples mixtes en collectifs

d’« Amoureux au ban public »,

capables de se soutenir, mais

aussi de se faire entendre de façon

ludique. Quand l’amour se fait

action politique.

rencontre

« Et mon mariage, il est de quelle couleur ? Vert ? », se demande Marie dans l’hilarité générale. Car Éric Besson a décidé de lutter contre le « mariage gris ». Certains étrangers manipulateurs feraient semblant d’aimer en vue d’obtenir leurs papiers : le gouvernement veut en protéger les Français, en « luttant contre la fraude »… « ce qui revient à une réduction de liberté de plus », selon Nicolas Ferran, le coordinateur des Amoureux au ban public. « On attire la suspicion et on fouille dans les sentiments de tous les couples, alors que seuls 0,45 % des mariages mixtes ont été annulés pour mariage blanc. Juridiquement, il n’y a aucune obligation d’aimer la personne avec laquelle on se marie. La lutte contre la fraude donne à la population un objectif consensuel et fait passer la

Lois sur les couples franco-étrangers : peu de meilleur et trop de pire

À droite, Maki (japonaise) et Yannick ( français) ont résolu leurs souci de papiers, mais continuent de soutenir d’autres couples en galère comme Rabiha et Hassan.

Clip et chanson : les Amoureux se mettent en scène

Merci à Erick Cyrilles pour les extraits de clips et les photos de manifestation.

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(A)typiques n°3 - février / mars 2010

Collectifs de la région• Montpellier :La Cimade, 28 rue du Faubourg-Boutonnet, 04 67 06 90 36, [email protected] Permanences jeudi, 14 h-17 h, sans RDV. Anissa, 06 25 30 14 93.• Béziers (34) : Permanences sur RDV, [email protected]• Nîmes : 12 rue Hugues-Capet, 04 66 21 76 07, [email protected] mer., 9 h-17 h.• Alès (30) : 06 31 16 47 17, [email protected]• Perpignan : 22 rue Émile-Zola, 06 87 43 19 53-Permanences Mer. et ven. [email protected]

Montpellier, Béziers (34), Nîmes, Alès (30), Perpignan

alors que certains hésitent à avouer à leurs amis qu’ils sont sans-papiers. « Quand tout peut jouer contre nous, c’est dur de faire confiance. On passe pour des criminels, …mais la valeur des personnes dépend-t-elle du fait d’avoir une carte de séjour ? », s’interroge Étienne. Lui et son ami Érick, qui a créé le site web des Amoureux, s’investissent pour recevoir d’autres couples mixtes à Montpellier, le jeudi après-midi, après le conseil juridique : « On les encourage à avoir une vie normale, à sortir. Et on se passe des bons filons, par exemple pour arriver à avoir les deux noms sur une facture d’électricité ». « Échanger quelques mots permet de nous soutenir, de donner envie d’agir et d’espérer, alors que souvent, la seule chose à faire est d’attendre », assurent Yannick et Maki qui, comme Muriel, continuent à se battre alors qu’ils ont réglé leur situation perso.Mais dans les réunions, l’engagement collectif n’est pas évident : peu ont déjà cette culture, et chacun a envie de parler de son histoire. Nicolas Ferran a néanmoins réussi à élargir le champ de vision et d’action d'une trentaine de couples… jusqu’à leur donner une véritable formation au militantisme. Avec doigté : « Le risque est que le lien entre

les gens ne soit que celui de la souffrance : ajouter ses pleurs à ceux des autres, ce n’est pas durable ! ». Alors les Amoureux organisent des repas conviviaux, avec des plats de chaque culture, et imaginent des actions ludiques. En novembre 2008, ils font venir Tiken Jah Fakoly et Ayo au Zénith de Montpellier, et témoignent devant 4 000 personnes.

Militer en chantant…Pendant deux mois, ils répètent la chanson de Brassens avec un chef de chant : « Ça permet de voir les couples dans un contexte différent, de créer d’autres liens, de rigoler, de chanter », s’enthousiasme Yannick. La chorale est prête pour tourner le clip des Amoureux en décembre 2008. « Le centre chorégraphique de Montpellier nous a prêté studio et techniciens, les frères Pourcel ont offert le repas, la réalisatrice Claire Denis a organisé la mise en scène. Le tout dans une super ambiance, on s’est régalé. » Ils énoncent ensuite la Déclaration universelle du droit des amoureux, écrite collectivement, avec des articles récités alternativement dans une langue étrangère. Événements pour la sortie du disque en avril, manifestations avec de faux mariages, bal de la Saint-Valentin en pied-de-nez : les collectifs imaginent, organisent… jusqu’à avoir envie de monter une pièce de théâtre.En parallèle, les Amoureux montent au créneau juridique. En diffusant une fausse circulaire aux préfets, ou encore un guide à l’usage des maires « qui se croient souvent obligés de saisir le parquet face à un mariage mixte, ce qui aboutit à une expulsion, alors qu’ils n’y sont tenus qu’en cas de doute pour mariage blanc », pointe Nicolas.À l’initiative de celui de Montpellier, les collectifs se sont multipliés dans la région et en France. Les 23 et 24 janvier, des délégués de chaque collectif sont montés à Paris pour structurer le mouvement et réfléchir à « comment pérenniser l’engagement ». Pas encore gagné. Mais au moins, au lieu d’être ballotés de main en main, les Amoureux au ban public prennent en main leur destin. Ils espèrent ainsi pouvoir continuer à se bécoter, « en s’foutant pas mal du r’gard oblique des passants honnêtes »… Jusqu’à se lever du ban public. www.amoureuxauban.net – CoordinationNicolas Ferran.

Jouer une pièce de théâtre, L’amour au ban, sur les couples franco-étrangers ? Contactez Massamba Diadhiou, 06 50 81 02 07 [email protected]

CD et DVD des Amoureux au ban public (témoignages, pétitions, clip) : 15 €, en vente sur le web.

Lois sur les couples franco-étrangers : peu de meilleur et trop de pirepilule. Mais derrière, l’objectif moins avouable du gouvernement est d’empêcher les conjoints français de vivre avec la personne de leur choix, pour restreindre l’immigration subie », analyse-t-il. Une étape supplémentaire dans la dégradation de la situation des couples franco-étrangers accélérée avec la loi Sarkozy de 2003, puis avec la loi Hortefeux de 2007. Si auparavant, le mariage conduisait « automatiquement » (mais non sans difficultés) à l’obtention d’une carte de séjour puis d’une carte de 10 ans, les couples doivent aujourd’hui attendre plusieurs années avant d’être protégés de l'inhumaine « rétention administrative » et de la reconduite à la frontière.Rapport Peu de meilleur et trop de pire, La Cimade, avril 2008. www.cimade.org

Un faux-mariage pour faire valoir leurs droits, lors de la manifestation à Montpellier, en octobre 2009

© Amoureux au ban public

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

Ils se laissent guider par le paysage, par leurs sensations, et créent en plein Larzac une architecture connectée avec l’environnement. Les architectes

du site de Cantercel partagent vingt ans d’expérimentations libres, accueillent des activités d’écoconstruction et, au-delà, s’ouvrent

à des projets connectés avec la nature. En avant-goût de l’esprit Cantercel, visite de leur dernière création architecturale : la maison Horizon.

+ de liens

D epuis le chemin qui part de l’atelier, la maison Horizon donne l’impression d’un simple pavillon

perché sur une colline. Mais en arrivant, surprise : la façade est enrobée de plaques transparentes ondulées. Nous entrons par une véranda. À l’intérieur, plusieurs niveaux créent des volumes distincts. La lumière filtre de tous côtés, couleurs chaudes, sensation d’espace. En formant un véritable duo avec le paysage, cette habitation représente bien l’approche des architectes de l’atelier Cantercel, non loin de La Vacquerie, dans le Nord de l’Hérault. L’entrée donne dans la cuisine, légè­rement en contrebas du salon. Un mur de fenêtres baigne de lumière ce lieu social et convivial. Curieusement, cette large ouverture sur l’extérieur est orien­tée au nord­ouest, face au mistral ! Dans une construc­tion bioclimatique « classique », on s’attend plutôt à trouver les grandes ouvertures vitrées orientées au sud, pour béné ficier de la chaleur du soleil. « Mais ce n’est pas nous qui décidons, c’est le lieu, le seul élément permanent, explique Étienne Alriq, un architecte de Cantercel. L’orien­tation naturelle du site, ce que nous ressentons à son contact

guident notre approche de l’architecture. Les projets d’éco­construction bioclimatiques inspirés de livres très techniques, sont parfois complètement contradictoires avec le terrain. »

Intérieur, extérieur : une double natureAlors le site a mené les architectes à placer cette maison ici, dans un repli de la colline tourné vers le nord­ouest. Afin de créer une continuité entre intérieur et extérieur, le lieu social d’une maison est tourné et ouvert vers la vue

la plus large. D’où la « doublure » transpa­rente sur toute la façade nord, une véri­table innovation technique : « Un double vitrage classique doublé d’une "peau" en plaques de polycarbonate à 30 centi­mètres de la façade, donne l’équivalence

thermique d’un mur isolé par 40 centimètres de ouate de cellulose. Ce qui permet d’utiliser moins de matériaux, d’économiser du chauffage, et de l’argent. », conclut Étienne.À l’autre bout du salon, un lieu plus intime donne sur un rocher proche de la maison, à travers une petite véranda. « Pour favoriser la continuité entre la maison et le paysage, nous avons créé ce lieu de tranquillité, caractéristique du paysage de garrigue alentours. »

Cantercel

« C’est le lieu qui décide

avant tout »

Une architecture en osmose avec le paysage

Habitations (Arborescence, Horizon…), ateliers, cuisine collective :

à Cantercel, chaque nouvelle construction est prétexte à repousser

les limites de l’expérimentation.

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

Côté sud, chambres et salon se prolongent par des véran­das pas forcément en plein sud. Étienne décrypte : « En construction bio climatique, une grande serre orientée plein sud chauffe la mai­son, mais trop chaude, elle est généralement inuti­lisable. Nous avons choisi de créer plusieurs petites serres, qui sont non seulement des réponses techniques au problème de chauffage, mais également des lieux de vie ».Des murs en terre crue séparent les serres des autres pièces. « Ce matériau accumule la chaleur dans la journée et la restitue pendant la nuit. Là où nous avons seulement besoin d’isoler, nous utilisons de la paille ou de la ouate de cellulose… »

Histoire d’être indépendantSens et Espace est un groupe de travail né à l’École d’architecture de Paris dans les années 1970. Sa motivation : se libérer de la théorie et se mettre en situation de perception. Sentir, ressentir, écouter, observer le lieu avant de créer, construire. Trop novatrice ? Cette conception est mal acceptée. Jean-Pierre Campredon et Annick Lombardet partent, en 1989, continuer leurs expérimentations sur un site vierge, aux reliefs, courbes et expositions variés, entre garrigue et causse. Ils le baptisent Cantercel, un lieu « qui chante la terre et le ciel », et s’y installent sous le statut spécial de « zone d’expérimentation en architecture ». Depuis l’atelier inauguré en 1996, le site s’est aujourd’hui enrichi de maisons et de structures légères.

Larzac (34)

Un nid à projets« Si vous croyez que la nature et l’homme ont encore des choses à se dire… » Le site de Cantercel s’ouvre pour accueillir sur ses 100 ha des projets professionnels dans les domaines de la biodiversité, du patrimoine rural, de l’éco-construction, des énergies renouvelables, de la pédagogie, de l’art… Avec des premiers semis sous serre, un projet agricole est déjà lancé. Cantercel pourrait devenir un modèle de microsociété viable, liée à des activités économiques artisanales et locales, en osmose avec le patrimoine naturel, motivée par la complémentarité et l’échange. Ça vous tente ? La porte est ouverte.

Participer, se former, échanger L’association Sens Espace Europe qui gère le site Cantercel développe la formation, en partenariat avec des entreprises et des artisans : écoconstruction en bois de pays et qualité thermique des bâtiments, approche spatiale, autoconstruction…w Visites du site : Avec un architecte, le premier samedi de chaque mois ou le vendredi après­midi en été. w Stages printemps-été : Gratuits (hors gîte et couvert) et ouverts à tous. w Formations professionnelles : Architecture, autoconstruction, écoconstruction. Permanents et intervenants extérieurs vous aident à approfondir des techniques. Organisations à la demande possibles.w Accueil de groupes : Pour stages ou séminaires, possibilité d’utiliser lieu de réunion, atelier, logements, cuisine.w L’atelier d’architecture Cantercel propose conseils, accompagnement de projets, prestations d’architecte sur tout type de projet. Tarifs équivalents à ceux d’un cabinet d’architecture classique. 04 67 44 64 39. w À La Vacquerie, Saint-Matin-de-Castries (34), Cantercel, 04 67 44 60 06, www.cantercel.com

Combien a coûté la maison Horizon ?Pour 230 m2 habitables, cette maison expérimentale a coûté 142 000 € en matériaux et nécessité 1 200 heures de travail en autoconstruction (à 2,5 permanents).

La galerie eau et soleilLa prochaine phase d’aménagement de Cantercel

sera riche en innovations : un gîte bioclimatique « passif » pour accueillir les stagiaires, un nouvel atelier,

des coursives reliant les bâtiments entre eux… Sous le signe du soleil et de l’eau, les travaux permettront de couvrir les 6 000 m2 de toiture de panneaux photovoltaïques

et de récupérer l’eau de pluie pour des bassins d’agrément, des systèmes de phytoépuration ou

de climatisation… Inauguration du premier bâtiment

en février.

Car la maison n’est chauffée qu’à 16 °C par l’énergie puisée dans la

terre. « Au­delà de cette tempé­rature, la géothermie n’est plus économique », assure mon guide. Deux cheminées font alors office de chauffage d’appoint dans le salon. Autre

innovation : chauffée par un poêle à granulés de bois, l’eau

chaude sanitaire circule à l’inté­rieur de parois et de banquettes afin

de chauffer très localement les endroits où on prend le temps de lire ou de discuter.

Une façon d’optimiser la conso d’énergie en fonction de l’utilisation des pièces de la maison au cours de la journée. Et de se prendre à rêver d’une maison design, chaleureuse et économique, lovée en plein milieu de la garrigue…

Une architecture en osmose avec le paysage

La cuisine

Jean-Pierre Campredon dans son atelier

Le salon De pinède… … en garrigue

[ Texte Emmanuel Guyot ][ Photos Emmanuel Guyot et Cantercel ]

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

de tea-tree antiseptique, ou du savon d’Alep. Ensuite, je fais une lessive de couches tous les deux jours. De toute manière, on a tellement à laver…

(A) : Ça vous arrive d’utiliser des couches jetables ?Oui : à la maternité, en voyage, ou quand on va chez le médecin, on ne peut pas prendre le temps de laver, de faire sécher… Alors je prends des couches jetables écolo-giques. Nous pouvons composter jusqu’au sachet… mais le stockage, les poubelles, ça devient affolant !

(A) : Pour le bébé, c’est vraiment mieux ?Difficile à savoir. On dirait qu’il est très rarement irrité (rou-geurs aux fesses), par rapport aux autres enfants chez la nounou. Le tissu est sans doute plus agréable, mais ça lui fait un gros popotin, peut-être est-il moins à l’aise au début ? Peut-être qu’il a plus la sensation d’être mouillé ? Mais comme il se rend compte qu’il fait pipi, l’apprentissage de la propreté semble aussi plus facile.

testé pour vous

[ Texte et photos Raquel Hadida ]

(A)typiques : Pourquoi avez-vous choisi d’utiliser des cou ches lavables ?Laurent : Un gamin produit plusieurs tonnes de dé-chets de couches avant d’être propre ! C’est énorme !Laurence : Pour la santé de Gaspard, nous préférions le coton bio, le chanvre ou le bambou au coton blanchi au chlore : directement sur la peau, c’est toxique. Et nous avons calculé que nous pouvions faire 1 000 à 1 500 € d’économies en 3 ans : pas rien ! Alors nous nous sommes lancés.

(A) : Revenir aux langes d’antan, ce n’est pas galère ?Aucun rapport (rires) ! Ces nouvelles couches sont étudiées pour être pratiques : grâce aux boutons- pressions, elles s’adaptent même à la taille de l’enfant. Après une petite période de rodage et d’organisation, ça se passe bien. Mieux vaut commencer tôt – sinon on s’ha-bitue aux jetables –, mais pas forcément dès la première semaine ! Au début, on peut mettre des lavables le jour et des jetables la nuit.

(A) : Vous passez votre temps à laver ?Je les fais tremper dans un seau d’eau (souvent l’eau du bain) avec un peu de lessive et 3 gouttes d’huile essentielle

Peu de déchets, pas de produits toxiques, mais pas mal d’entretien. Super ou galère, les couches lavables ? Sur les hauteurs d’Argelès-sur-Mer, dans les P - O, Laurence et Laurent ont choisi d’utiliser des couches en tissu pour le petit Gaspard. Une organisation bien rodée pour un bébé au naturel.

Adieu lingettes !En lotion pour les fesses, le liniment oléocalcaire permet à la fois de nettoyer comme un savon, de nourrir la peau avec l’huile et de neutraliser l’acidité de l’urine avec la chaux. Le tout, sans conservateurs de synthèse et sans les déchets des lingettes !

Peser les ingrédients et mélanger une part d’huile d’olive bio de première pression à froid (7 €/l) + une part d’eau de chaux (6 €/l en pharmacie). Bien secouer. Pour faire tenir l’émulsion, battre pendant 5 minutes au batteur à œufs. Coût : 2,60 € par mois, contre 22 € pour 70 lingettes.

Bébé

On en remet une couche

Autour, une culotte étanche, dedans une mini- serviette et un papier de protection : pas de fuites dans les couches en tissu modernes !

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

Argelès-sur-mer (66)

À développer : les « couches-services »Utiliser des couches lavables sans devoir les laver ? C’est possible dans de nombreux pays (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni et même États-Unis), avec un système de location, ramassage au domicile, au travail ou à la crèche, et lavage de couches. Ce « couches-service » se développe dans plusieurs villes de l’Hexagone, mais pas encore dans la région.

De 50 à 100 € par mois tout compris, soit à partir de 1 800 € pour 3 ans.www.couches-services.org

CouChes : le Comparatif

Choisir et utiliser des couches lavables : à l’aide !Des associations itinérantes « maman-bébé » organisent des ateliers thématiques pour savoir par quoi commencer, le budget à prévoir, l’entretien, les différents systèmes et modèles… Elles peuvent aussi vendre des couches lavables.

• Dans les P-O, Cerise Cannelle (voir ci-contre).• Dans l’Aude, Être porté : côté mer, Émilie, 06 88 46 42 36 ; côté terre, Christelle, 06 26 53 68 26, http://etreporte.canalblog.comLavandin : 04 68 43 26 53, 06 61 33 31 68, [email protected]• Autour de Béziers (34), Papoti-Papota : Christina, 06 26 86 34 19, www.papotipapota.com, www.ecopitchoun.com. Lieu d’accueil sur la péniche Berbère, à Villeneuve-lès-Béziers.• Autour de Nîmes, Mamayaya : Yaël, 64 rue Porte-Cancière-Prolongée, 04 66 23 96 57, www.mamayaya.org• Branche « Gard » de l’association L’Arbre à bébés : Morgane, http://larbreabebes.free.fr

Où trouver des couches lavables ?• Dans les magasins bio.• À Montpellier : La Terre vous aime, 26 rue du Faubourg-du-Courreau, 04 67 02 87 18, www.laterrevousaime.com• À Nîmes : Lolinat, 1 rue des Marchands, 04 66 84 17 87, www.lolinat.fr• Sur internet : www.maman-naturelle.com, www.eco-bebe.comwww.laptitesauterelle.fr, www.bebe-au-naturel.com, www.grandir-nature.com, www.bulledecoton.org

Des créatrices de couches lavables dans la région Motifs fun, colorés, à pois, avec des animaux, en polaire ou en laine pour avoir les fesses au chaud l’hiver, et broderies à la carte :

• À Saint-Laurent-de-la-Salanque (66), Cerise Cannelle : Marianne Markmann, 32 chemin des Salins, 04 68 59 17 87, www.cerisecannelle.com• À Céret (66), Un brin d’air : Delphine Besse, 06 82 18 37 77, http://unbrindair.blogspot.com• À Gagnière (30), Ethangelie : Annick Arnaud, 09 66 83 88 03, www.ethangelie.fr

COUCheS jetABleS CLASSiquES

COUCheS jetABleS éCOlOGiqUeS

COUCheS lAvABleS

Pour environ 7 500 couches :• grande marque : 2 250 € • discount : 831 € (+ déplacements au supermarché).

Achat, espace de stockage et poubelles à jeter.

COût tOtAl SUr 3 ANS

CONtrAiNteS PRATiquES

Pour environ 7 500 couches : 2 800 € (marques Naturae, Wiona, Moltex), (+ déplacements).

• 670 € (30 couches et accessoires : 580 € + coût des lessives : 90 €).

3 lessives par semaine. Pas forcément acceptées en crèche.

• Irritations causées par les parfums et autres produits chimiques.• Élévation de la température dans la couche non « respirante », donc de celle des testicules des petits garçons (cause possible d’infertilité).• Gel absorbant en polyacrylate toxique.• Présence de TBT, dioxines qui peuvent être nocives pour les systèmes immunitaire et hormonal.

SANté et BieN-être De l’eNfANt

• Sans chlore.

• Les compostables (brunes) ne contiennent pas de polyacrylate.

• Label Oeko-Tex (pour la santé).

• Innocuité pour la santé.

• « Respirantes » : la peau reste fraîche.

• Sensation du « mouillé », apprentissage de la propreté plus rapide.

• Douces et pleines de couleurs, agréables à porter.

Production :• 67 kg de pétrole brut pour le plastique. • 3 t de pâte à papier blanchie générant des dioxines (toxiques). • Tests sur les animaux.

Déchets :• Plus de 4 500 couches jetées aux ordures ménagères (de quoi remplir un petit camion de 35 m3). • Le gel pétrochimique ne se dégrade pas, le reste le fait en 200 ans minimum.

iMPACT éCOlOGiqUeSUr 3 ANS

Production :• Non blanchies au chlore.• Fabriquées avec une plus grande part de matières premières renouvelables que les couches classiques.

Déchets :• Autant de déchets que les couches classiques, mais ils sont plus biodégradables, voire compostables.

Malgré l’impact des lessives, le bilan écologique des couches lavables est favorable : elles consomment 3,5 fois plus d’énergie (production + utilisation) que des couches classiques, mais :• 2,3 fois moins d’eau ;• 8,3 fois moins de matières premières non renouvelables ;• 60 fois moins de déchets solides.Lavées en machine pleine, séchées à l’air et réutilisées pour l’enfant suivant, elles ont un bilan optimal.

Données issues de la thèse d’Anne-Sophie Ourth, Les Couches lavables constituent une alternative moderne, écologique et économique aux couches jetables, faculté de Gembloux, 2003.

Bouquins• Les Couches lavables, le retour !, Marianne Markmann, éd. Jouvence, 2008.• Les Couches lavables, ça change tout !, Christelle Beneytout, éd. La Plage, 2008.

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Paniers solidairesQuel type de

panier choisir ?Pour les différents paniers présentés

(non exhaustif), outre la zone de livraison, nous

vous indiquerons :

le guide d’ici

Le prix du panier avec le poids global moyen. Il existe souvent des « demi-

paniers » pour deux personnes,

La proportion de produits régionaux

dans le panier en hiver, en été.

La proportion de produits bio

Le pictogramme Bio seul signifie 100 %

Le nombre de Légumes (et de fruits) différents

dans un panier.

La possibiLité d’intégrer des produits « annexes »

au panier : oeufs, pain, viande, confitures, épicerie…

L’importance d’un Lien avec Le(s) producteur(s)

Rencontres, visites de fermes, transparence…

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Le bio LocaL fait un cabas ! interviews croisées de court-circuiteurs

P. 12 à 15

arrivage de web-Légumeset bons plan(t)s paysans

P. 16-17

insertionLes paniers, c’est du boulot !

P. 18-19

amap Les paniers engagés

P. 20-21

et aussi coop’ d’achats, étudiants, carte et accessoires

P. 22-23

Paniers solidairesLe bio local fait un cabas !Les carottes sont-elles cuites pour nos petits maraî-

chers ? « À se tuer 15 heures par jour, pour qu’on leur achète (les carottes, NDLR), à 10 cents le kilo, nombreux sont ceux qui mettent la clé sous la porte. C’est de l’autonomie et des sa-voir-faire qui se perdent. Les supermarchés écrasent les prix et l’agriculture française est en train d’en crever », témoigne Syl-vère Gonzalvès, directeur de l’association de producteurs Terroir direct. En sept ans, notre région a perdu 9 000 em-plois agricoles (soit 20 %), et un quart de sa super ficie en légumes frais 1. Soit une perte de surface équivalente à 36 hypermarchés par semaine, vouée à l’urbanisation ou à la déprise. notre région est la seconde pour l’artificialisation des sols. Avec la croissance démographique, Montpellier a urbanisé 1 000 ha en quatre ans. Alors on devient dépen-dant des importations du Sud de l’Espagne, de l’Italie ou du Maroc, où les travailleurs sont peu déclarés et s’intoxiquent aux pesticides tout en épuisant les sols. Ou, plus loin, des haricots du Kenya, des poires du Chili, des pommes de Chine qui voyagent au long cours.À travers l’ensemble de sa filière – culture au tracteur, engrais et pesticides, transformation, conservation, emballage, transports, distribution en supermarchés réfrigérés… – notre (mal)bouffe est responsable d’un tiers de nos gaz à effet de serre 2. Il faut

donc en moyenne neuf fois plus d’énergie pour produire nos aliments que les calories qu’ils nous apportent. Plus que « riche en fibres », « riche en vitamines et en calcium », notre alimentation est surtout riche… en pétrole ! Mais qu’importe, puisque les enseignes de supermarchés nous promettent d’écraser toujours plus les prix alimentaires (même en bio) pour renforcer notre pouvoir d’achat. Car c’est devenu un poncif : « tout aug mente ». Et pourtant, en monnaie constante – et malgré des variations ponctuelles – ,les prix agricoles n’ont fait que baisser : la baguette de pain est deux fois moins chère que dans les années 1970, et notre budget alimentaire s’est réduit de moitié pour n’atteindre que 14 % de notre pouvoir d’achat total… Ce qui nous permet d’accéder aux fleurons de l’industrie chinoise. Alors, puisqu’on peut avoir du goût pour pas cher, comme le vante Jean-Pierre Coffe dans une pub Leader Price, pourquoi se priver ? Pourquoi tenter de relocaliser son assiette, en s’ap-provisionnant par exemple sous forme de paniers ?Deux citoyens-spécialistes de l’alimentation locale en circuits-courts nous répondent. stéphane Linou, agent de développement rural du Laurageais -Montagne Noire.

Non content d’avoir créé six Amap 3 (voir p. 20) à Castelnaudary (11), ce « locavore » vient de passer

un an à ne manger que des denrées produites dans un rayon de 150 km (15 km si possible) autour de chez lui. Pionnière des Amap, la professeure maud david -Leroy est auteure du livre Amap,

repla çons l’alimentation au cœur de nos sociétés.

(a)typiques : pourquoi les « paniers » de légumes se développent-ils ?maud david-Leroy : Suite à tous les dossiers de santé publique : l’obésité, les cancers, allergies, vache folle, OGM, de nombreuses personnes ne veulent plus faire les courses les yeux fermés, mais savoir ce qu’il se passe derrière leur assiette. Parmi elles, des personnes âgées, mais aussi de jeunes parents qui avouent « avoir mangé n’importe quoi pendant des années » et, pour leurs enfants, veulent moins de pesticides et une meilleure qualité nutritionnelle. Les marchés, ont souvent lieu les matins de semaine et il faut

Si vous en avez gros sur la patate de faire le poireau aux caisses de supermarchés, nous vous avons préparé aux petits oignons un tour des paniers de fruits et légumes de la région. Amaps, mais aussi jardins d’insertion, paniers paysans, ou sur le web : depuis trois ans, ces systèmes pratiques et conviviaux poussent comme des champignons. Histoire de manger bio, frais et sain, mais aussi de soutenir les petits producteurs locaux… avant que ça ne soit la fin des haricots.

Local : et les magasins bio ?Pour répondre à la demande de leurs clients, la majorité des commerces bio

propose une gamme élargie de fruits et légumes, en recourant souvent à l’import via les grossistes bio (Biocash, Pronatura…). Certains distributeurs

mènent une politique volontariste pour se fournir en fruits et légumes locaux, d’autres se heurtent aux difficultés d’approvisionnement. Pourquoi ?

Les volumes et le suivi demandés par cette distribution spécialisée sont souvent difficiles à tenir pour les producteurs, d’autant plus que ces derniers préfèrent

vendre en direct. C’est souvent le même problème que rencontre la restauration collective avec ses appels d’offre. Une solution possible : recenser et regrouper la production des petits producteurs sur une plate-forme de produits locaux. ®®

1 Source : statistiques agricoles Agreste, recensement 2007.2 Source : Jean-Marc Jancovici, spécialiste des énergies, auteur du livre Le Plein s’il vous plaît. www.manicore.com 3 Association pour le maintien de l’agriculture paysanne.

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Pour aller plus loinwww.mangeonslocal.fr

AMAP : replaçons l’alimentation au cœur de nos sociétés, maud

david-Leroy et stéphane girou, éd. dangles, 2009.

AMAP : un nouveau pacte entre producteurs et

consommateurs ? claire Lamine,

éd. Yves michel,

2008.

y repérer les producteurs locaux. Le bio « à tout prix » conduit à avaler des tomates d’Argentine. Les paniers ont un côté local, pratique, et comme on n’a pas le choix du contenu, ils nous aident à resaisonnaliser notre alimen-tation. Manger du chou ou du radis noir en hiver agit par exemple comme dépuratif. À cela s’ajoute souvent une démarche d’engagement pour soutenir directement la personne qui nous livre. En sortant du supermarché, on modifie son regard sur son territoire. Ainsi, à partir de motivations égoïstes, on en vient à s’interroger sur notre habitat, nos transports, on entre dans la complexité sans tomber dans le moralisme. Les paniers, en particulier les Amap, deviennent alors un outil de transformation indivi-duelle et collective incroyable.stéphane Linou : Les listes d’attente sont monstrueuses, même à la campagne. Les circuits courts, ce n’est pas une question de mode, mais le rapport en face-à-face avec le producteur : pour le consommateur, ça donne une âme à ce qu’il mange – en s’intéressant à ses méthodes de culture, son histoire, son lien au ter ritoire, dans une démarche gagnant-gagnant. Et si la qualité n’est pas au rendez-vous, il sait à qui s’adresser, il fait donc confiance à des petits producteurs en général plus honnêtes et plus « propres ». C’est du commerce équitable Nord-Nord !

(a) : un panier doit-il être forcément bio ?maud : La production ne doit pas être intensive, sans tomber dans le bio industriel. Car le label bio (européen, NDLR) laisse aujourd’hui la porte ouverte à la bio intensive, hors-sol, de supermarché, issue du lobby agro-industriel. Celle-ci utilise les mêmes outils marketing que le non-bio, et n’est plus gage d’un changement de pratiques agricoles et d’un rapport à la terre différent.stéphane : À choisir entre du bio qui vient de loin et du local non bio qui fait des progrès, je préfère accompagner un producteur local vers le bio. Comme un éleveur du Laurageais, à qui six familles se sont engagées à acheter son lait sous réserve qu’il ne donne plus de soja OGM à ses vaches : ça l’aide à rendre sa production moins intensive.

(a) : soutenir l’agriculture vivrière locale, à quoi bon ?maud : Si les transports sont bloqués, il suffit de quelques jours pour vider les rayons ! Alors, avoir assez de maraîchers pour nourrir chaque ville nous permet d’anticiper les crises de l’après-pétrole. Notre santé et notre survie dépendent de cette agriculture de proximité. Et celle des populations des pays du Sud aussi : en y envoyant nos excédents (de lait,

de blé… NDLR), on les empêche aussi d’avoir une autonomie alimentaire. Les 210 millions d’euros d’aide à l’export de lait feraient mieux de servir de revenu de transition pour désintensifier l’agriculture. stéphane : Relocaliser est une forme de reprise en main de notre capacité à décider de notre alimentation, qui permet de fixer la richesse sur notre territoire au lieu de la laisser s’accumuler chez Carrefour ! À l’inverse, la Politique agricole commune (PAC) et le syndicat agricole majoritaire, le FNSEA, poussent à spécialiser les exploitations. Donc à faire venir de loin des légumes que nous pourrions produire dans l’Aude, par exemple. Cette absurdité nous coûte cher ! Au-delà du produit lui-même, on paie les subventions de production, les dégâts de la pollution sur l’eau et sur la santé via les impôts, la sécu… Et comme les prix alimentaires dépendent du pétrole, le jour où il flambe…on peut s’attendre à des conflits tels que les révoltes frumentaires (émeutes de marché contre des prix trop élevés, et ceux qui détiennent des denrées rares, NDLR).

(a) : pourrait-on tout commercialiser par paniers ?stéphane : Il y a de la place pour des centaines de maraîchers, ça peut être un réel outil de développement local ! 1 Mais accéder à la terre, c’est le parcours du combattant. La libération des terres se dédie en priorité, et en catimini, à l’agrandissement, pour les voisins, plutôt que pour le jeune qui peut s’installer.maud : Ce n’est ni réaliste ni souhaitable que les paniers deviennent le mode principal de commercialisation : tous les systèmes doivent s’articuler pour qu’on se dote d’une agriculture vivrière de qualité, qu’on préserve les terres de l’urbanisation. Alors qu’une zone commerciale empiète sur 500 ha, un maraîcher n’a besoin que de 3 ha pour vivre.

(a) : alors quel est le rôle des élus locaux ?maud : Les mairies ont tendance à fuir, mais elles peuvent racheter des terres, par exemple 1 % de leur surface chaque année pour y installer en location maraîchers, formations, jardins partagés… Par les PLU (Plans locaux d’urbanisme), et les SCOT (Schéma de cohérence territoriale), les collectivités peuvent « réserver » des terres pour l’agriculture (comme le font Montpellier ou Lunel, NDLR)stéphane : Ils peuvent créer des zones d’activités agri-coles. Mais dans l’inconscient des élus, l’économie corres-pond au béton, pas à l’agriculture, vue comme obsolète ! Je prône un « service minimum alimentaire » (en pourcen-tage d’autonomie) à l’échelle d’un territoire, s’inspirant de la loi sur le logement social.

1 Équal Croc, un projet européen mené en Languedoc-Roussillon par l’INRA et des acteurs locaux, entend analyser et développer des circuits-courts. www.equal-croc.eu, mais aussi www.mangetic34.fr

Que peut-on trouver dans un panier ?

Toujours une salade, souvent des oignons

et des pommes de terre, plus…

en HiverChoux variés, poireaux,

carottes, betteraves, blettes, panais, navets, kiwis…au printemps

Haricots, fèves et pois, pommes de terre

nouvelles, radis, cresson, concombres, persil…

en étéTomates, poivrons,

aubergines, courgettes, aromates, fraises, cerises.,

pêches, melons…en automne

Courges variées, fenouil, carottes, ail, mâche, pommes, poires, …

le guide d’ici

®®

Quelle idée de commander des paniers ?!

pour les maraîchers comme élian Faussié (aude), les paniers permettent de passer plus de temps à cultiver et assurent une sécurité financière. essentiel pour

survivre alors que l’urbanisation grignote les terres et fait grimper leurs prix.

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paniers de saison

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ils dévalent les escaliers pour ouvrir la porte ou descen-dent de leur vélo en bonnet, le nez rougi, les doigts gelés

sur un parking : aujourd’hui, c’est jour de panier ! Tous les témoi gnages concordent : « Chaque semaine, les Gûmes ramènent leur fraise chez nous. Ces croquants couverts de terre s’im posent en tribu avec leurs bout’ de choux, mais sans prendre racine. Histoire qu’on se sente moins courge quand on les cuisine, ils nous racontent des salades ou leur dernier navet. Un bon moyen de se donner la pêche ! ». Stéphanie au panier paysan, Sylvain au panier à domicile, Franck * au panier étudiant, Nadia en jardin de Cocagne, Anne-France, Gré-goire, Paul-Marie, Lucie, Annie, Valérie et Nicolas en Amap : ils ont tous choisi de s’alimenter en paniers de légumes. mesclun de paroles.* Gros doute sur le prénom du fait de la prise de notes sous la pluie naissante. Qu’il veuille nous excuser d’avance.

Paroles de court-circuiteurs

« On inaugure de nouveaux légumes à chaque fois ! », « C’est la surprise : j’ai découvert les côtes rouges, les fèves, les choux romanesco… », « J’apprends ce qu’est le mizuna, le panais… », « J’aime le concept : tout dépend de la production, c’est à nous de nous adapter et non l’inverse, comme en grandes surfaces, où on nous impose… de choisir. », « On a tendance à choisir toujours la même chose, sans prendre de risques : des courges, je n’en achetais jamais, de l’oseille non plus. Là, on a des tomates de toutes les couleurs, on sort des habitudes ; et comme ma copine déteste la routine… », « Avant on préparait des recettes à l’avance pour faire les courses, maintenant on les adapte en fonction de ce qu’on récupère dans le panier »,« Je ne laisse plus perdre les blettes, je les cuisine et les recommande ».

un panier imposé, ça n’est pas frustrant ?

« L’hiver, chou sur chou, c’est vraiment du militantisme », « C’est moins marrant, c’est sûr. Même si nous sommes habitués autrement, nous apprenons à considérer comme normal qu’il n’y ait pas de tout en toutes saisons, et à l’accepter. »

même l’hiver ?

« Ça va plus loin qu’un lien marchand. Le producteur nous parle de ses projets, il y a une petite relation qui se construit, on relie un visage à ce qu’on mange. », « En discutant avec les autres, on prend de bons conseils, pour peler et cuisiner… », « À chaque saison, on prend le temps de se retrouver autour d’un pique-nique partagé. »

c’est sympa comme système ?

« Franchement, je me régale », « Il n’y a pas de pesticides, pas d’engrais de synthèse… », « On n’est pas du tout arc-bouté sur le bio, mais là on est certain que c’est de saison, sinon on n’en n’aurait pas ! », « Il récolte le jeudi et vient le vendredi, donc c’est super frais », « Je ne suis jamais déçue. On trouve des escargots, des vers de terre, des chenilles, c’est vivant, c’est sympa… ».

c’est de la qualité, au moins ?

« Je suis allé 5 ou 6 fois à la ferme de Stéphane pour boire des verres ou pour des chantiers collectifs. Il ne nous fait pas faire des trucs techniques, comme semer des épinards ! On a fait des conserves, remis en ordre après le passage d’un sanglier… », « On est déconnectés, ça m’a vachement appris d’aller à la terre ! », « Ça me fait du bien d’aller à la ferme, de faire un travail physique, quand je sue trois heures à ramasser des pois, je vois le fruit de mon travail, ça détend et ça nous repositionne… », « Les haricots verts, c’est une misère à ramasser, je comprends pourquoi c’est cher ! ».

et quand on va voir sur place…

« Aucune idée si c’est plus ou moins cher », « Le prix était clair dès le départ », « Je ne compare pas car je n’achetais pas autant de légumes avant, et je ne cuisinais pas », « Au moins je suis certain d’avoir des légumes dans le frigo chaque semaine ».

niveau prix, on s’y retrouve ?

lparce que « c’est local » : « Pour faire vivre la productrice d’ici et encourager tout le monde. », « Ça aide au maintien de l’agriculture du pays. », « Dans un contexte de changement climatique, les producteurs sont à quelques kilomètres, ça fait moins de CO2. », « Les produits de la terre où on habite répondent à nos besoins nutritionnels, pour la santé aussi, c’est cohérent. » lparce que « c’est un circuit court » : « Sans intermédiaires, toute la valeur ajoutée va au producteur ».lparce que « c’est de saison » : « Avant j’allais en grandes surfaces, mais pour la qualité gustative, on ne veut plus manger à contre-saison, c’est plein d’eau et pas très bon… », « Pour la santé et le goût, on préfère manger systématiquement de saison ».lparce qu’« il n’y a pas de gâchis » : « Le producteur récolte exactement ce qu’il faut, rien n’est jeté ».lparce que « c’est engagé » : « C’est une démarche à notre portée pour agir localement. » , « C’est une forme de désobéissance civile par rapport au système de marché où l’on ne sait jamais comment les choses sont produites. », « On dénonce à sa petite manière. », « On n’est pas juste consommateur, mais aussi acteur dans une certaine mesure. », « J’aime bien le principe du partage communautaire ».

Quelle idée de commander des paniers ?!

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ajam

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adida

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ajam

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

le guide d’ici

Quelques clics, et zou ! Un panier de primeurs frais à sa porte ou en point de dépôt. Rencontre avec une nouvelle profession : préparateur de paniers. 100 % Rencontres avec le producteur. Livraisons à la ferme, mais aussi

autour, dans des points de dépôt, voire à domicile dans certains cas. Liste non exhaustive.

Dans le Gardl Mas Canet Vin 8 + 2 fruits 10 €, 18 €, 24 € et 36 €.Retrait des paniers à la ferme (+ autres produits sur place), mar. au jeu. de 16 h 30 à 19 h à Rousson (entre Alès et Saint-Ambroix), ou aux Matériaux verts à Alès.Rens. Marc et Gillian Bruzard, 04 66 85 83 15, 06 19 57 63 68, http://panier.bio.free.frl Mas des Bussières à Saint-Brès. Rens. famille Friedli-Seiler, 04 66 24 63 43. l Famille Rekika 7-8 18 à 26 € sans abo (-3 € avec). En conversion. Livraison en points-relais mar., jeu. et ven. à Nîmes, Aigues-Mortes, Beaucaire, Bellegarde, Redessan, Manduel. Rens. 04 66 64 75 68, 06 18 67 29 46, http://panier-de-legumes.coml Paniers de l’ASAP (Association de sensibilisation et d’action pour la planète) le jeu. à Aigues-Mortes, Rens. Jeff Maerten, 06 10 92 56 30, [email protected] l La Ferme de Valcrose (Sommières) Élisabeth Belière : 04 66 77 16 06, 06 03 36 90 40.l Bio-Terre, à Quissac, Olivier Nef : 04 66 35 49 96, 06 16 22 17 36.l Les Jardins de Malbos (autour du Vigan) : 04 67 99 01 53, [email protected] Loïc Perre, à Saint-Gilles, 06 12 40 63 54.

Dans l’Héraultl Les Potagers de la Minjanelle, à Plaissan : Anaïs Trichard, 06 75 52 20 38.l GAEC des Natalys, au Grau d’ Agde : 04 67 21 20 20, [email protected] Origine Bio, à Thézan-lès-Béziers : Olivier Bonnafous, 06 84 27 13 82, [email protected] Les Jardins du Barthas, Saint-Drezery : Yves Le Roux, 06 16 69 12 44, [email protected] l Philippe Debattista à St-Nazaire-de-Pezan : 06 74 05 28 29, [email protected] jardin d’Émeraude, à St-Gervais-sur-Mare : 06 82 69 24 21, [email protected] Jérôme Filaquier, à Mèze : 70% 8-9 15 /20 €, Livraison à domicile. En devenant voisin-relais, demi-tarif pour 5 paniers accueillis, et gratuit, pour 10, 06 74 04 60 27.

Dans les Pyrénées-Orientalesl Alain Michaut, à Elne : 06 67 42 65 87, [email protected] Daniel Toffaloni, à Ortaffa : 04 68 81 20 71, [email protected] La Pépinière catalane, à Théza : Josie Cosme, 06 76 74 49 44, [email protected]

Dans les magasins bio l La Casa Bio 70 % 7 légumes + 7 fruits 16 € (7,2 kg), 22 €, ou 28 €. À Perpignan : 04 68 39 09 28, [email protected] Alternatives 12 (au choix dans une liste) 15 €. À Nîmes : 28 bis rue Notre-Dame, 04 66 64 60 22. À Lunel (34) : 91 av. des Quatre-Saisons, 04 67 20 96 15.l À Montpellier : Le panier paysan, 9 rue Boussairolles, 04 99 06 87 28. Biotiful, 15 rue des Trésoriers-de-la-Bourse, 04 67 58 18 54.

Des fanions colorés aux fenêtres, des enfants qui jouent en culotte sur le lino, et une cuisine de fortune pour préparer la tisane d’accueil : dans cette remise,

le petit marché bio concocté par Gabrielle Biget se donne un air familial inattendu. Avec ses étagères en cartons de fruits ou en palettes blanchies, et le chat chargé de courser les rats,

adieu rayons rutilants, bonjour bric et broc. Au départ, « l’idée était d’aider une productrice de Poulx, Annie Damblin,

qui n’écoulait pas sa production. Et de faire profiter des paniers à petits prix à d’autres, en toute souplesse ». Alors Gabrielle s’investit : « Tout l’été avec les enfants, nous sommes allés l’aider ». De bouche à oreilles et par SMS,

elle fait connaître le rendez-vous et l’étal s’enrichit. Finalement, l’ancienne attachée commerciale, au départ bénévole, se décide à jouer à la petite marchande : « Je vais ouvrir une épicerie bio ici, sans investir ni employer, pour faire du bio 5 à 30 % moins cher. Et les paniers seront toujours réglés directement à Annie. Il y aura aussi une ludothèque pour les enfants – Gabrielle fait l’école à la maison, NDLR– et une cuisine pour préparer une soupe sur place ». Le « slow-commerce » deviendra-t-il le concept-store de demain ?À Nîmes (30) :18 rue des Platanettes 10 €,lun. et ven., 06 22 42 17 92, http://crocobio30.canalblog.com

Arrivage de web-légumes

Ils vont glaner pour vous les fruits et légumes des produc-teurs et de la centrale d'achats bio, vous confectionnent

des paniers et vous les livrent au plus près… Du moins si vous habitez entre Montpellier et Nîmes, où l'offre de paniers se multiplie comme des petits pains depuis deux ans. « Ce genre de paniers s'adresse à une clientèle citadine relativement aisée », expliquent ces nouveaux préparateurs de paniers. Mais pour Francis Calmette, de La Patate à la maison, « c'est aussi un ser-vice aux personnes âgées à la campagne ». Souvent jeunes et forcément sensibles à l'écologie, au « manger sain » voire au végétarisme, ils ont pu se lancer avec peu d'investissement et un emploi du temps souple comparé à un magasin bio. Le plus souvent seuls, ou bien, de Terre 2 Sens, à trois copains, Fred, Carine et Philippe. Ils peuvent ainsi répondre aux fa-milles (les femmes passent 80 % des commandes) qui veu-lent découvrir le bio. Première difficulté : trouver des pro-ducteurs bio près de chez eux ayant des surplus à vendre lorsque « le maraîchage manque cruellement », comme le constate Hélène Dijon de Délic-bio.

Secrets d’organisationUne fois qu'ils ont formé leur réseau, 5 à 10 réguliers, ils télé-phonent chaque semaine pour vérifier prix et disponibi-lités, et en fonction, composent leur panier sur le papier : « Si la salade est plus chère, je mets moins d'un autre produit » indique Hélène, « La subtilité réside dans le fait de varier chaque semaine, de conserver de la diversité, et un poids cohé-

Paniers paysans : les bons plan(t)s

Un pool de légumes et de fruits en direct d’un producteur local. Si le prix est fixe, le contenu est généreux, mais les quantités varient en fonction des prix du marché. Un système sympa, souple, (avec ou sans abonnement), et moins « impliquant » que les Amap.

[ Texte Raquel Hadida, Illustration Vincent Roussillat ]

Croco-Bio

paniers de saison

+ Web

Plus d’adresses sur www.bio34.com

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Page 17: ATYPIQUES-Mag3.pdf

(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

Oui, si vous voulez une grande diversité

de produits avec un fonctionnement souple,

si vous avez peu de temps et un minimum

de budget à y consacrer.

C’eSt pour moI ?

Terre 2 Sens de 30 à 90 % 7 ou 8 + à la carte 20 €, 30 € et 40 €.

3 producteurs principaux. Commande la veille pour le lendemain.Livraisons à domicile (paniers) du mar. au ven., et en points-relais (fleuristes). Montpellier-Ganges-Lunel-Nîmes-Alès.Fred, 06 13 79 84 69, www.terre2sens.fr

Déclic-Bio de 40 à 100 % entre 9 et 11, dont 2 fruits

(+ à la carte) 20 € pour 4-5 kg Transparence. 10 producteurs. Agglomération de Montpellier.Hélène Dijon (Mauguio, 34), 06 88 23 73 57, www.declic-bio.fr

Néobio 80 % légumes à la carte.

5 producteurs, dont lui-même. Livraisons en paniers plastique, à domicile ou au travail à partir de 40 € (ven. ap.). Vente à la ferme : mer. mat., ven. ap., sam. mat. Agglomération de Montpellier.M. Fallieri, Le Hameau agricole, Le bastidou, Villeneuve-les-Maguelone (34), 09 77 64 32 20, www.neobio.fr

Naturatable à 90 % de 7 à 11 + œufs (+ à la carte) entre 18 € et 27 € Transparence.

8 producteurs. Livraisons gratuites à domicile en 48 h.Bassin de Thau-Montpellier-Cœur d’Hérault.Patrice Rafols à Pignan, 04 67 73 99 30, www.naturatable.com

La Patate à la maison de 50 à 100 % : en provenance de la vallée de l’Orb,

avec la Sica du Caroux (coopérative de 700 adhérents) de 20 à 30 %, démarche qualité de 7 à 11 parmi

un choix de 20 produits entre 19,50 € et 29 €.Livraison en 48 h à Béziers-Pézenas, Clermont-l’Hérault et Bédarieux, entreprises sur Montpellier (34).Francis Calmette (Poujol-sur-Orb, 34), 06 77 23 98 15,04 67 95 25 46, http://lapatatealamaison.fr.gd

L’Étal bio à 70 % + en direct d’une ferme écologique espagnole 7 (3 choix possibles pour chacun) 20 € pour 6 kg

(idem pour une corbeille de fruits de 3,5 kg) Transparence.Autour de Nîmes.Christophe Clément (Nîmes, halles centrales),04 66 21 49 63, www.etal-bio.com

Épicerie disponible en plus sur tous ces sites web.

Arrivage de web-légumes

Terroir direct, l’alternative complètePas de paniers tout fait chez Terroir direct, mais un panel de 500 produits

goûteux essentiellement des Cévennes, du Gard, de l’Hérault et de l’Aveyron, fermiers ou transformés artisanalement, complétés par des laitages de vache AOC d’Auvergne ou du Jura, et du café, du thé, du cacao issus du commerce

équitable Nord-Sud. « L’idée est de proposer une alternative alimentaire complète (au supermarché, NDLR), au maximum au niveau local, quitte à préférer, au

bio d’Italie, du non-bio comme des pommes du Vigan en lutte raisonnée, ou des poulets élevés en plein air sans OGM. », assure Sylvère Gonzalvès, son directeur. Pionnière en 2001, cette association de producteurs-consommateurs de cinq

salariés fournit un complément de revenus à 90 producteurs, soit un équivalent de 15 emplois créés, pour fournir 500 à 1 000 paniers chaque semaine.

rents » raconte Fred. Et pour trouver cet équilibre, ils doivent souvent recourir à une centrale d'achats comme Biocash, surtout l'hiver… pour les oranges d'Espagne, les endives du Nord, les bananes, etc. Ils envoient ensuite un mail ou une newsletter à leurs contacts, avec les nouveautés ou le panier de la semaine. Les commandes arrivent : ils ont une centaine de paniers à livrer, à domicile, en entreprises, ou dans des points de dépôt choisis, comme un fleuriste, un vi-ticulteur ou un particulier. Côté consommateur, au lieu d'un choix laborieux devant un étal, on a droit à la surprise, et à des cueillettes de la veille, mais sans pour autant créer du lien avec le producteur : « Les gens ne sont pas demandeurs et sont souvent pressés », constatent les livreurs. En revanche, on peut retrouver de semaine en semaine les différents pro-duits d'une exploitation… À condition que les sites internet jouent la transparence totale.

Agglomérations de Nîmes (30), Montpellier et bassin de Thau (34)

à 80 %, fermier à 100 % pour les légumes, 50 % pour le reste 500 produits différents, 90 producteurs tous produits alimentaires,

y compris la viande 110 € environ, suivant la commande, pour toute l’alimentation de la semaine pour 2 (légumes < 2,50 €/kg) Transparence.

Commande sur internet ou par téléphone (lun.-mar.). Livraisons en sacs papier les jeu. et ven. en point-relais. À domicile, possible au centre de Montpellier :

le jeu. entre 17 h et 19 h, pour 7,90 €. Secteur Frontignan-Montpellier-Nîmes-Sommières. Rens. 04 67 79 01 26 (Castelnau-le-Lez, 34), www.terroir-direct.com

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Page 18: ATYPIQUES-Mag3.pdf

Créer un Jardin de CocagneL’objectif des Jardins de Cocagne est la réinsertion de personnes en difficulté (chômeurs,

bénéficiaires du RSA, handicapés, jeunes en difficulté scolaire, anciens détenus…). Un Jardin vit de la vente des produits, des aides allouées aux contrats de travail (CDD de 26 heures) et des subventions. En moyenne, un Jardin comporte une trentaine de postes d’insertion, 6 encadrants, 200 adhérents et tourne sur 48 semaines de livraisons. Le réseau Cocagne

accompagne les porteurs de projet en apportant expertise technique, aide à la recherche de financements, conseils… Jardins de Cocagne, 03 81 21 21 10, www.reseaucocagne.asso.fr

« Il ne suffit pas qu’un aliment

soit bon à manger, encore faut-il qu’il soit bon à penser » Claude lÉvi-StrauSS

paniers de saison

(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

[ texte dominique-laurence repessé ][ Photos imajam et Jardins de l’amitié ]

le guide d’ici

Cinq entreprises maraîchères d’insertion ont fait le choix du bio et

de l’accompagnement social par le travail. Rendez-vous aux Jardins de l’amitié, aux portes de la Cerdagne,

qui, loin du schéma d’assistance, recréent de l’autonomie pour le plaisir

de nos papilles !

D ehors le froid se fait sentir, les Jardiniers doivent protéger les mâches de la semaine et préparer les

livraisons du lendemain. « On se sent bien ici. Pas de triche possible avec la terre, les saisons. » Jordi Auvergne, l’en-cadrant technique maraîcher des Jardins de L’Amitié à Prades (P-O), prend le temps (une vraie valeur ici) de dis-cuter dans la tiédeur du casot. Pause-déjeuner entre les paniers à superviser, l’équipe à soutenir, la mécanique à faire après le départ des jardiniers à 15 h 30, le froid et la neige qui se mettent de la partie : « Cultiver bio, ça a été une volonté double : respecter la terre et s’inscrire dans un circuit économique durable. C’est-à-dire gérer notre environnement dans toute sa biodiversité avec, au cœur du dispositif, la pré-sence d’hommes et de femmes qui voulaient reprendre leur vie

en main par le travail. Dès les débuts du Jardin, en 1995, quand deux Pradéens au RMI ont décidé de monter une exploitation maraîchère capable d’aider les personnes en difficulté ». Peu de moyens, 3 ha cultivables sur les différentes terrasses, des bénévoles qui aident quand ils peuvent et une production subvenant aux besoins des jardiniers, uniquement. Mais la « graine » est plantée et l’association rejoint deux ans plus tard le réseau des Jardins de coca-gne (voir encadré). « Il a fallu faire venir des bulldozers,

débroussailler, investir sur l’irrigation, apprendre à tirer partie des ressources naturelles. La présence de haies, de talus, constitue une réserve d’auxiliaires naturels qui permet de lutter contre les parasites sans insecticides chimiques. Les agriculteurs du coin étaient sceptiques. Maintenant ils viennent nous voir, par-

Les paniers, c’est du boulot !

« En bossant à l’extérieur, sur du

vivant, les salariés des Jardins de

Cocagne visualisent le fruit de leurs efforts :

l’estime de soi revient vite. L’expérience leur

met le pied à l’étrier pour rebondir, ou même

s’installer en maraîchage.» assure Baskaya Gulsum, au

au Pré de chez vous.

aux Jardins de l’amitié de Prades, le travail de la

terre se vit en équipe.

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Page 19: ATYPIQUES-Mag3.pdf

« Quelles sont les intelligences rentables aujourd’hui dans notre société ? Cette question est fondamentale ! Car ceux qui, un jour ou l’autre, ne rentrent plus dans les cases sont très vite exclus aujourd’hui ».Véritable pôle écono mique, les Jardins emploient six salariés per-manents et accueillent 25 person nes, en contrats de six mois à deux ans, qui se répartissent entre l’activité maraîchère et la Brigade verte, chargée par exemple de l’entre-tien des berges de la Têt’.Et les clients-adhérents ? Jordi sou pire : « Le travail

est tellement considérable que nous nous sommes par-fois éloignés de nos adhérents. Nous nous sommes

bien retrouvés autour d’une expo consacrée à nos artistes à la média thèque de Prades,

en 2008, et lors d’une journée portes ouvertes cette année. Mais il faut que nous pensions à alimenter ce lien parce qu’il vivifie tous les éléments de la chaîne du Jardin. » Il crée aussi des paniers qui racontent des his-

toires d’hommes, et de terre. Et donne un caractère bien trempé à nos légumes.

Tous les paniers que proposent les structures ci-dessous sont 100% (légendes des pictos p. 12).

À Prades (66), les Jardins de l’amitié : 10 route de ria, 04 68 05 75 90, [email protected] recevoir un panier : adhésion annuelle 18 € .

2 pers : 10 à 12,50 € + 0,50 € /livraison (4 pers. : 18 € Payable d’avance par mois ou par trimestre.

7 légumes + 1 fruit.Livraisons dans la Cerdagne le jeu., à Prades le mar. ou le jeu., à domicile le ven. et à Perpignan le mar. dans les Biocoop de Perpignan/Cabestany, Ille-sur-Têt, Thuir, Ferme du Cambre d’Aze, Saint-Pierre-dels-Forcats. Mais aussi Eus, Taurinya, Marquixanes, Los Masos…

À aniane (34), le Pré de chez vous : Pré de la ville,04 67 57 26 63,www.predechezvous.com

16 €, 22 €, 30 €. Abonnements mensuels.

Options pain et œufs.

Exploitation agricole d’insertion (depuis 2000) Le Pré de chez vous livre les paniers (dans un sac consigné) sur 17 points-relais les mar., mer. et jeu. après-midi.

À Mauguio (34), les Jardins de Bentenac : route des cabanes, 04 67 29 52 45, 06 82 10 53 06, www.bentenac.fr/bentenac/jardins.htm

L’association ETAP gère 5 ha de maraîchage bio, mais aussi des ateliers de fer-ronnerie, d’ébénisterie, et de l’élevage.

Les paniers sont livrés chaque semaine sur commande à des points-relais à Mauguio, Clapiers, Baillargues et Montpellier. Achats sur place et visite sur RDV.

À villeneuve-les-Maguelone (34), les Jardins du cœur : Chemin du Flès, 04 67 07 97 23, [email protected]

Sur un hectare, douze jardiniers assurent la production maraîchère et fruitière offerte aux Restos du cœur et parfois au Secours populaire.

Hors-période, la production est valorisée par un restaurant d’inser tion, La Table de Cana, au 515, rue de l’Industrie, à Mont pellier,

tandis qu’un espace paysager dédié aux espèces exotiques accueille les visiteurs pour des pique-niques. Pas de paniers.

À lézignan-Corbières (11), le Jardin du moulin de Justin : 49, rue alsace-lorraine, 04 68 27 41 74,

association-le-marche [email protected]

C’est l’association Le Marchepied qui porte le chantier d’insertion de douze jardiniers,

situé au milieu d’un vignoble, au pied des Hautes-Corbières. L’association a aussi

créé un atelier de recyclerie.Paniers à retirer sur place ou

à Narbonne (à l’Adaff et à Creyf’s interim). Magasin-brocante

ouvert tous les jours.

Oui, si vous pensez qu’une

économie durable doit profiter à tous, et si vous voulez être

solidaire avec une exploitation agricole particulière, tout en

profitant d’une variété de fruits et légumes.

Pyrénées-Orientales

Montpellier agglo-sud

Cœur d’Hérault - Montpellier agglo

(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

ce que ça fonctionne ! Et de plus en plus de restaurateurs s’in-téressent à nos produits. Parce qu’ils sont frais, variés (le Jardin cultive 40 espèces différentes, soit une cinquantaine de variétés, NDLR) et que ces clients veulent connaître la totalité de la filière. Ici, tout est traçable. »

Loin du schéma d’assistance « Le personnel a beau être en insertion, nous ne sommes pas des pauvres ! C’est plutôt dehors que la pauvreté existe, morale, sociale. » Yves parle dru et ses propos sont relayés par Christian, Marie-Pierre. « Nous sommes arrivés avec des projets, des métiers parfois. Ici, il y a un luthier, une artiste en batik, un naturaliste… Nous avons souvent des parcours professionnels forts et des vies très riches. Et puis un jour le provisoire est devenu précarité. L’argent se fait rare, le logement difficile à garder. »L’objectif du Jardin est de leur assurer une sortie posi-tive adaptée aux besoins de chacun. Mais cette « sortie » est rendue difficile par la lourdeur et l’inadéquation des différents systèmes sociaux, aux critères souvent “bloquants“. Si on sent une lassitude chez Yves et Christian, ils précisent : « En tout cas, ici, nous travaillons la tête haute et dans le respect, quel que soit notre parcours ». Ce que résume Jordi Auvergne avant de redescendre au bureau, route de Ria :

Cerdagne (66), Coeur d’Hérault et littoral (34), Corbières (1 1)

Les paniers, c’est du boulot !

c’est pour moi ?

Corbières

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le guide d’ici

Amap :Les paniers

engagés

Un des principes des Amap est d’éviter les paniers tout prêts pour permettre au producteur d’économiser du temps au profit du travail de la terre et de profiter, sans être derrière d’étal, d’un des rares moments de contact avec les consommateurs. Un quart-d’heure pour récupérer ses légumes, pendant lequel les discussions, même simples, créent du lien. Souci : comme il n’y a pas de « ticket », on peut avoir tendance à se servir plus que les quantités indiquées, ou des personnes extérieures à l’Amap peuvent venir jouer les pique-légumes. Certaines Amaps (comme celle de Carcassonne) abandonnent alors pour passer aux paniers prêts-à-emporter… au risque de voir les adhérents s’éclipser rapidement une fois leur panier récupéré avec leur nom dessus. D’autres, comme celle du Lamalou à Montpellier, tentent de rétablir le « cadre » en faisant passer chaque personne après l’autre pour vérifier les quantités. Dans de nombreuses Amaps, chacun s’inscrit une fois par saison pour être responsable de la distribution.

Que la production soit maigre ou généreuse, on se la partage, et on

paie d'avance. Les Associations pour le maintien de l'agriculture paysanne engagent avant tout consommateurs

et producteurs dans une solidarité active et réciproque, pour réinventer une agriculture nourricière durable.

Des liens subtils, à construire avec tact.

La cariole de Stéphane se gare sous les Arceaux bleutés, en deux temps trois mouvements les

amapiens le déchargent de cagettes et de grands seaux. Un petit panneau indique les quantités à se servir. Cabas, caddie, panier, sac à dos : chacun pioche, les habitués diffusent les conseils culinaires, les nouveaux tentent de se faire une place dans le groupe. « Ce qu'on achète, c'est le travail du fermier ! » assure Paul-Marie. Pour Stéphane et Sylviane, les producteurs du Pic-Saint-Loup, cette première Amap de l'Hérault se veut à la fois aventure et soulagement : « On ne fait que deux heures de vente par semaine au lieu de une à deux journées en marché et on ne gaspille rien. Même les salades invendables, on en fait du mesclun, les radis chinois, forts, les adhérents les mangent… ça nous permet de survivre en tant qu'agriculteurs, d'avoir un revenu. Mais aussi de s'essayer à de nouveaux légumes : choux chinois, mizuna, tomates roses, jaunes et rouges, le cime di rapa, un épinard italien… ». Avant l'Amap, Stéphane livrait déjà une cinquantaine de paniers autour de chez lui, mais « en deux ans, je les ai abandonnés : les ruraux, même néos, sont bien moins investis que les urbains. Ici, mes méthodes agro-écologiques, mes calendriers culturaux, mon mode de vie sont compris et valorisés. Les amapiens se sentent impliqués ». La preuve ? Paul-Marie gère le tas de compost : « On voit que la qualité de la terre s'améliore, je suis ravi ». Pour cette saison, Grégoire s'occupe des listes, mais « chacun signe un contrat avec le producteur » et ensuite, « pendant six mois, on ne parle plus d'argent ». Les amapiens peuvent suggérer de nouvelles productions, dans la limite de la technique. Informel, le groupe fait aussi pousser la culture… artistique. En créant des soirées d'été sur l'exploitation où on peut acheter un « panier » de concert, théâtre… pour soutenir les artistes locaux. Pour Stéphane, « c'est une façon de donner de bonnes vibrations à la terre ! ».

« Prêt-à-emporter » ou distribution ?

Un soir aux Arceaux

paniers de saison

[ Texte Raquel Hadida et Sylvie Francisco ] [ Photos Imajam ]

+ Web Un soir à Carcassonne, par Sylvie Francisco

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

À Montpellier : l Amap du Lamalou : aux Arceaux, le ven., (mais aussi amap fromages de chèvre, de vache, pain…).www.alternatives34.ouvaton.org/doku.phpl Amap Rimbaud : Tram Pompignagne, le jeu., même adresse internet.l Le Jardin des Vesses : aux Arceaux, le jeu., Laurent et Clotilde Chabaud, 06 88 98 41 34, http://jardin-des-vesses.over-blog.coml Amap de la Triballe : aux Beaux-Arts, le mar., [email protected] Amap des paniers solidaires : Hôtel du département, le mar., [email protected] À Saint-André-de-Sangonis (Ferme du Trescala), Homme de terre, Didier et Isabelle Vidal : 04 67 54 66 19.l À Saint-Mathieu-de-Tréviers : 04 67 66 07 47, http://amapdesaintmathieu.blogspot.coml À Saint-Bauzille de Montmeil : Patrice Revel, 04 67 86 19 42, [email protected] À Clermont-l'Hérault : sur l'esplanade, le mar., Hélène Baltus, [email protected] l À Bédarieux : 04 67 23 83 20, [email protected] À Villeveyrac, Sète (lun.), Poussan (jeu.), Amap Cantagal, 04 67 18 17 80, [email protected] À Montbazin, au Moulin de Juffet, le mer., Nathalie Spieterie,06 80 59 66 82.

l À Roujan (lun. et ven.) et à Pézenas mer., La Révolte des Ciflorrettes, Julien et Dorothée Jolicoeur, 04 67 38 24 35, 06 07 38 79 34, [email protected], www.larevoledesciflorettes.coml À Nézignan-l'Évêque : Le Jardin des 4 vents, Marie Pothier, 04 67 11 92 83, http://lejardindes4vents.over-blog.com

l À Narbonne : Bioréseau, le mar., 6 place Belfort (près de l'école maternelle Helvète, derrière l'hôpital de l'Hôtel-Dieu), Christian Rieussec, 06 66 82 36 99, www.bioreseau-de-narbonne.over-blog.coml À Carcassonne : Amap Éthique, à la FAOL, 11 rue des Trois-Couronnes, le mar., 04 68 24 92 64 ou 04 30 18 91 97, [email protected] À Castelnaudary : cinq Amap Laurageaises (dont les Paniers d’Émile) au lycée agricole, le mar., ou sous la Halle de Verdun, le lun. pain, œufs. www.mangeonslocal.fr,

l Perpignan : Le jardin d’Antoine, à Perpignan, le ven., 18 h 30-20 h 30, au Mas Delfan à Argelès (Palau del Vidre) le mar., 06 67 32 12 11, [email protected] AMAP de Pézilla-la-Rivière en créa-tion, à partir d’avril, Jacques Basset, 06 80 96 00 82, [email protected]

l À Nîmes : À Nîmes Toi, le ven.,133 ch. du grand champ dans Saint Césaire, 06 06 71 01 07, http://animestoi.servhome.orgl À Nîmes : Le Jardin de Cidamos, place de l'ambiance, mer. Ch. de Russan, et lun. place des Gerfaults (Quartier Clos-Venet). Mais aussi à Villeneuve-les-Avignon, place du marché, le ven. Martine et Benoît Hertz, 04 90 54 63 20, [email protected] À Nîmes : Amap Marigoule, à la Biocoop Marigoule le lun. et à Castillon -du-Gard le ven., Laurent Dambrin, 06 82 41 19 44.l À Alès : Le panier du potager gour-mand, à la Fourmilière, 04 66 61 56 33, [email protected] À Aubais : le mer., Laurent Blochet, 06 21 07 18 28, 04 66 73 39 81.

l À Mende : Amap du Gévaudan, Guillaume Azéma, 04 66 32 19 24, 4 producteurs. www.mappemende.org Viande (bœuf, volailles, porc),

fromages, lait, confitures, miel, pain.

Comment créer une Amap ? lQUI eN PReNd L'INITIATIVe ?Un groupe de consommateurs (deux au minimum), un producteur qui s'installe ou se développe.lCoMMeNT TRoUVeR UN PRodUCTeUR ? En discu-tant dans les marchés, ou à partir d’annuaires bio ou locaux

lPoURQUoI Se FAIRe PARRAINeR ? Seul, l'organisation est trop lourde, autant profiter de l'expérience ! Contactez l'amap référente (soulignée dans la liste) pour avoir un kit pra-tique (contrats, feuilles d'émargement, règlement, gestion des chèques, de la distribution, du renouvel lement, promotion et info des adhérents), une base qui permet de se concentrer sur ce qu'on veut vivre ensemble. Ensuite, consommateurs d'un côté et producteurs de l'autre conti-nuent à s'appuyer. Notamment pour réagir lors d'une situation de crise – gel, tempête, invasion de rats taupiers…lQUe FAUT-IL dÉFINIR ? La part de la capacité de production destinée à l'Amap (par ex. deux parcelles, mais pas « 20 % de la production »), son évolution vers la mise en AMAP de la totalité de la production, ainsi que le lieu de distribution – local fermé, lieu public à voir avec la mairie, chez l'agriculteur ou un adhérent.lCoMMeNT CALCULeR Le PRIx dU PANIeR ? Le calcul du prix n’est pas en fonction du prix de marché, mais correspond au coût de production des légumes, plus le salaire du ou des exploitants, divisé par le nombre de paniers distribués. Les adhérents se partagent donc la production, qu’elle soit maigre ou généreuse. Il ne s’agit pas d’un « bon plan bio », mais d’une solidarité active.1 www.annuairebioeco.fr, www.colibris-lemouvement.org, www.bio34.com

c’est pour moi ? Oui, si vous

avez envie de vous investir dans l’évolution et

les choix d’une exploitation maraîchère en particulier, avec

une dimension collective, et si vous avez envie d’échanger

idées et recettes avec d’autres personnes.

En pratique 100 % 8 à 15

environ 15 € pour 2 (6-7 kg) / 20-25 € pour 4

(8-10 kg) + adhésion annuelle Transparence,

rencontres, participation à des chantiers collectifs.

Inscription en début de saison suivant les places disponibles (juin et décembre) – environ 20 % des places se libèrent.Engagement sur six mois

ou un an. Paiement en une à six fois (chèques libellés

en début de saison). Les producteurs sont situés environ à 20 km max. du lieu de vente.

RDV un soir de semaine, sur une place ou un parking,

dehors, ou dans une boutique, à partir de 17 h-18 h 30, jusqu’à 18 h 30-20 h 30.

On compose son panier avec les légumes présents le jour

de la distribution et dans les quantités indiquées.

DeS SOupleSSeS : On peut…… ne prendre qu’un panier tous les 15 jours, en s’organisant en alternance entre deux familles.… s’organiser avec un autre amapien pendant les vacances.… échanger des légumes qu’on n’aime pas contre des légumes qu’on aime grâce à un « panier de rechange », voir Cantagal.… faciliter l’accès des paniers aux jeunes ou sans ressources (-1€ par ex.) en choisissant de payer un peu plus (+2 € par ex.), voir Lamalou.

lPoUR UN PRodUCTeUR, C'eST CoMPLIQUÉ ?ça implique de cultiver en fonction des besoins d'une Amap. Donc anticiper les semis, rotations, l'arrosage, l'organisation des cueillettes et tenir le rythme pour avoir de tout, tout au long de l'année. « Pour un maximum de vitamines, je récolte les légumes arrivés à maturité la veille et le jour-même de la li-vraison. J'essaie de mélanger légumes racines, légumes feuilles, légumes fruits, mais faire du sur-mesure, c'est impossible ! Le producteur doit apprendre à composer le juste panier pour

satisfaire les adhérents et rentrer dans ses frais, à gérer la régularité des livraisons et le creux de produc-

tion à la fin de l'hiver », explique Elian Faussié, producteur dans la Montagne Noire

(Aude). La charte implique en outre de ve-nir au bio, diversifier les cultures, produire sur place l'essentiel de l'alimentation animale, respecter les salariés.lQUeLS PRoJeTS PeUT-oN MeNeR ?

On peut se cotiser pour investir dans un ver-ger, augmenter le nombre de paniers (donc

les alléger) pour aider l'embauche d'un apprenti ou d'un parent bénévole. Mais aussi organiser des ate-

liers de semis pour les jardins, des visites, pique-nique et chantiers collectifs sur l'exploitation (repiquage d'oignons, montage de serres…), des projections…lQUeLS SoNT LeS ÉCUeILS À ÉVITeR ? Vouloir en faireune boutique où tout acheter. Si d'autres producteurs pro-fitent de la clientèle pour la vente, ils se mettent en porte- à-faux. Il faut d'abord prendre le temps (2 ans) de construire la relation, avant de créer de nouvelles amaps pour la viande, le fromage, le pain, sinon l'Amap risque un manque de trans-parence, et des tensions pour savoir qui s'en occupe.

HérauLt

Lozère

pyrénées-orientaLes

aude

gard

Merci à Patrick Jean et Magali Dorques, président et agricultrice de l'Amap Cantagal, à Maud David-Leroy, auteur d' Amap, replaçons l'alimentation au coeur de nos sociétés (voir p. 13), ainsi qu'à Elian Faussié, agriculteur de l'Amap de Carcassonne, interviewé par Sylvie Francisco.AMAP France, www.reseau-amap.org, AMAP du Languedoc-Roussillon, http://amap-lr.over-blog.com

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Page 22: ATYPIQUES-Mag3.pdf

(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

le guide d’ici

Il est 18 h 30, dans une rue de Viols le Fort, dans

l’Hérault, ce soir la réunion Miam Miam mensuelle se tient chez Cathy. Les convi-ves arrivent peu à peu. Éric ouvre une glacière conte-nant près de 10 kg de truites. Il revient de chez un copain, pisciculteur dans les Céven-nes, puis arrive Alexandra chargée de pains. Marianne déballe, elle, la charcuterie fabriquée par un éleveur de porcs fermiers…De tous âges et milieux, cette vingtaine de consom-mateurs, riverains d’un rayon de 25 km autour du village, a décidé de s’organiser en groupement d’achats pour se nourrir mieux. Avec des produits locaux et fermiers, de préférence bio.Chaque aliment a un parrain (ou une marraine), chargé de se rendre chez le producteur pour récupérer les commandes des autres. Après un débat sur l’orga-nisation et la démarche de la coop’, vient le

Miam-miamCoopérative conviviale

Les emplettes locales, ça s’organise aussi entre copains, sous forme de « groupements d’achats » relativement

informels. Échanges de trouvailles gustatives.

Bolino, chips et autres snacks : le régime alimentaire des résidents universitaires n'est pas des plus équilibrés.

Pourtant, trois asso’ motivées ont créé des ponts avec des producteurs, histoire d'introduire des légumes frais et lo-caux dans les assiettes de leurs potes de promo. Sous forme d'Amap dans les facs de Perpignan (Énergie citoyenne) et de Montpellier (Papillons). Dans les écoles d'Agro et à Chimie-Montpellier, Ève Saymard a initié les Paniers Piano avec Thierry Collignon, qui fait pousser des kiwis bio à Sérignan. Original, ce système de panier à petits prix mixe l'engagement de l'Amap – « sinon, les étudiants oublieraient de venir : on vit trop au jour le jour ! » –, la souplesse – suspen-du pendant les vacances – et la diversité avec les légumes et fruits de 14 producteurs, qui déterminent eux-mêmes leurs prix, en fonction de leurs coûts de production.Une démarche logique, pour Thierry : « C’est difficile d'être bon et d'avoir des terres adaptées pour toutes les productions. Paniers Piano permet d'offrir un débouché en payant mieux (+30 % par rapport à un grossiste conventionnel) et de struc-turer la production biterroise vers la démarche bio, tout en douceur. Les producteurs sont sur le même marché : avant, ils se sentaient concurrents, aujourd'hui, ils se parlent, échangent leurs pratiques et utilisent mon purin d'orties ». Thierry n'en est pas à son panier d'essai : il a créé une « boîte à outils » pour permettre aux profs de collège de Béziers de mon-trer la saisonnalité à leurs élèves. Objectif : « Empiéter à fond sur les 80-90 % de commercialisation par les supermarchés et sans élitisme. Je sais que c'est le seul avenir. »

Paniers Piano : 100 % 20 % 7 (dont 2 fruits) 5 € / 10 €. 14 producteurs, réservé aux étudiants Agro et

Chimie, sur le parking de la cité des Élèves. À Montpellier : Ève Saymard, 06 75 08 87 66. À Béziers (34) : Thierry Collignon, 06 72 26 96 54 (+ en direct).

Amap Papillons, le mar., parking de la fac de sciences de Montpellier, devant l’Ouvre-Tête, [email protected]

Amap Énergie citoyenne : Pain et fromages de chèvre 18 € (pour 4). Sans engrais, sans pesticides, sans OGM.

Distribution le lun. à 19 h en salle CE4.À Perpignan : http://energiecitoyenne.free.fr

Viols-le-fort( 34), Montpellier...

[ Texte et photo Ghislaine Guibaud ]

[ Texte Raquel Hadida, photo Imajam ]

Groupements d’achats Lien privilégié avec un producteur et transparence.

À Viols-le-fort (34), Coop Miam-Miam, coordonnées non communiquées.

À Montpellier, le Raar-es (Réseau autogéré d’achats réfléchis), qui échange ses « charmandises » – jus de fruits, « café rebelle zapatiste », fromages, et autres produits d’épicerie engagée, mais aussi lampes, paniers, tissus…Réunion tous les 1ers jeudis du mois à 18 h 30 à la librairie Scrupule, 26, rue du Faubourg Figuerolles, www.alternatives34.ouvaton.org

À Alès (30), projet de groupement d’achat à la Fourmilière : réunions ouvertes à tous les 1ers et 3es jeudis de chaque mois à 19 h. Collectif créatif cévenol, 1188 av. des Frères-Lumière, 06 69 55 40 80, [email protected]

Champ libre aux étudiants

partage des commandes. On s’échange victuailles et rembour sements, et la soirée se termine par un repas, préparé en commun. « Ça ne nous revient pas for-cément moins cher sauf pour certains produits de base comme l’huile, mais c’est plus écologique au niveau des transports… Et surtout c’est une formule qui génère convivialité et solidarité. », ex-plique Claudette, marraine d’un grossiste bio d’Alès et d’un jeune producteur local

de gelées et de sirops de plantes. Il lui arrive parfois de faire profiter le groupe de sa production d’œufs ou de cerises.Que de l’informel, sans contrat écrit avec les agricul-teurs. La coop Miam Miam tient à la liberté. Malgré tout, la charte adoptée en début d’année pourrait ne sélectionner que les consommateurs motivés, voire militants. Au-delà du seul côté pratique des em-plettes collectives.

paniers de saison

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

Le filet designPour aller chercher vos légumes ou les emmener au boulot, rien de tel qu’un filet à provisions ou qu’un cabas revisité… en bâche de camion récupérée. Sakafilet (22 €) et Sakaba (79 €), en modèle unique, de l’écodesign Réversible.À Montpellier : chez Art’Maniac6 rue Bonnier-d’Alco (Préf.), 04 67 92 22 18.À Perpignan : chez Kulteco, 26 rue Rempart-Villeneuve, 04 68 80 23 39.Ou sur le web : www.reversible.fr

L

a bross

e à légumes

Le lombricomposteurTêtes, queues et mauvaises feuilles de légumes : bon appétit les vers de terre ! Pour faire disparaître nos déchets « organiques » (356 kg / an / pers.), on connaissait le composteur… mais en appartement, pas évident. Sur un mètre carré, le lombri-composteur digère votre poubelle à travers ses deux ou trois étages de vers (500 g pour 2 pers.) et au robinet, vous récupérez de l’engrais liquide concentré, parfait pour donner aux jardiniers ! 100 à 200 €.À Pézenas (34) : Vers la Terre, ZA les Aires, rue Pierre David, 04 67 31 75 23, www.verslaterre.fr À Clapiers (34) : LombriTek, Cap Alpha, 04 67 02 87 72, www.lombritek.comÀ Saint-Laurent-la-Vernède (30) : La Fabrique à Ver, rue du Fort, 04 66 72 85 53, www.dyn-agri.fr

Le livre de recettes

Ne vous prenez plus le chou ! Ce bouquin de

cuisine spécial néophytes avec de « vraies » photos

pas à pas, nous donne les clés de quatre

à cinq recettes pour chacun des 20 principaux

légumes d’un panier. Avec des astuces pour

les couper, les vider, les conserver ainsi

que des infos sur leurs qualités nutritionnelles.

Que faire de simpleaujourd’hui avec des

légumes frais ?, éd. Chronoprint, 2007, 15 €,

points de vente sur www.leslegumesfrais.fr

Existe aussi pour les fruits.

La panoplie du croqueur de carottes

Adoptez un hérisson ! Cette brosse

en fibre de coco éradique terre, pesticides s’il faut, et bestiaux invisibles

de vos patates et carottes, jusque dans les crevasses. Le must pour éviter la corvée

d’épluchage, et garder tous les minéraux, fibres, vitamines concentrés sous la peau

(jusqu’à 25 %). Un plaisir ! À utiliser dans un bain d’eau et, pour les agrumes, rajouter une

goutte de liquide vaisselle écologique. Plus efficace que la brosse longue, et disponible

dans les magasins bio. 3 à 5 €.

Montpellier

Amap : voir pp. 21-22.

Zone de livraisons des paniers sur le web : voir p. 17.

Panier paysan : voir p. 16, et sur www.bio34.com

Jardin de Cocagne et zones de livraison : voir page 19.

Nîmes

Béziers

Narbonne

Perpignan

Carcassonne

Mende

Alès

Les listes et localisation ne sont pas toujours exhaustives.N’hésitez pas à nous signaler d’autres bonnes adresses.

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La carteLocalisez toutes les bonnes

adresses du dossier

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010 25

problèmes de pollution de l'air et de circulation… Pour Emmanuel Négrier,

chercheur CNRS en politiques publiques à Montpellier : « Attractive, la région est une cible de

choix pour les tendances les plus libérales de l’urbanisation où résidences gardées et lotissements standardisés se multiplient, pendant que l'accès à un logement devient di�cile. Ce scéna-rio comporte des risques sociétaux importants : les populations moins aisées s’éloignent du centre-ville pour trouver moins cher, là où il y a peu d'espace public. Le lien social se distend, et l'isolement s'ajoute à la précarité : les personnes deviennent plus vulnérables. La mécanique sociale est cassée. Pour la droite comme la gauche, c'est un véritable enjeu économique et politique. »La concentration dans l'aire de Montpellier induit une fracture entre la capitale, censée « tirer toute la région », et le monde rural, pendant que les zones commerciales, non contentes d'empiéter sur l'espace (voir p.14), déstructurent les commerces des bourgs et villages. Alors que la demande en énergie augmente, la région reste dépendante à 90 % de l'énergie fossile et du nucléaire. Déjà concernée par le réchau�ement climatique – érosion du littoral et des lidos… – elle subit un approvisionnement en eau irrégulier, entre sécheresses et inondations. Certes, avec la viticulture et le tourisme, elle joue ses atouts. Mais la première est

en pleine crise (lire (A)typiques n°1) et le second sou�re de vacanciers trop saisonniers, créant des emplois trop précaires. Vous l'aurez compris : l'équipe élue le 21 mars aura du mal à s'ennuyer.

Equilibrer le territoireSi le constat semble noir, il est partagé par l'ensemble des candidats. Pour y remédier, chacun sort ses cartes maîtresses. Quand Georges Frêche (Div G) entend développer des pôles de compétitivité dans notre « Green Valley », �nancer de grandes entreprises (qui peuvent délocaliser, comme Dell), des ports d'importance, des parcs d'activité, mais aussi l'export, les autres candidats appellent à un dévelop-pement économique autocentré et plus coopératif, par une relocalisation de l'économie. Quand G. Frêche mise sur le rayon nement d'une mégapole à Montpellier 2, les autres veulent tous développer un maillage territorial plus équi-libré et multi polaire en faveur des villes moyennes (Perpi-gnan, Narbonne, Béziers…), voire des bourgs-villes (Lodè-ve, Limoux, Ganges, Mende…), mais aussi de l'espace rural trop délaissé à leur goût. Comment ? En aidant les petites entreprises, les commerces et les services publics de proxi-mité (poste, hôpital…), en bloquant l'extension des grandes

VOTER OU NE PAS VOTER ?

« S’abstenir au premier tour, c’est renoncer à faire valoir ses

choix et à dire quoi que ce soit » EMMANUEL NÉGRIER, CHERCHEUR EN SCIENCES POLITIQUES

Qui a-t-on rencontré ? Outre un ingénieur et un chercheur en politique publique, pour réaliser cet article, nous avons rencontré France Jamet (FN, www.fn-languedocroussillon.com), Jean-Louis Roumégas (Europe Écologie, http://languedoc-roussillon.regions-europe-ecologie.fr), Raymond Couderc (UMP, www.laregion2010.fr), René Révol (Gauche antilibérale, www.agauchemaintenant.fr) ainsi que Xavier Marchand, citoyen investi sur sa liste À Gauche maintenant. En revanche, n'ayant pu rencontrer Georges Frêche (Div G) malgré nos multiples sollicitations, nous nous sommes appuyés sur une revue de presse ainsi que sur son site internet, www.languedocroussillon2010.fr

Alors que Marc Dufour (Modem), renonçait à créer une liste peu avant notre bouclage, Hélène Mandroux (www.

parti-socialiste.fr) s'est décidée à en créer une, mais trop tard pour que nous puissions connaître son

programme. Malgré tout notre respect pour les autres listes, nos ressources humaines ne nous ont pas permis de solliciter Patrice Drevet (Écologiste indépendant, www.patricedrevet.com), Christian Jeanjean (Union républicaine

populaire, www.jeanjean2010.com), Jean-Claude Martinez (Parti de la France, www.martinezlavie.com), ni Liberto Plana (Lutte ouvrière, www.lutteouvriere.org).

FRANCE JAMETHÉLÈNE MANDROUX CHRISTIAN JEANJEANJ.-LOUIS ROUMÉGAS RENÉ RÉVOLGEORGES FRÊCHE

2 La Région n’est pas en mesure de nous fournir d’informations concernant l’utilisation des subventions par secteur géographique.

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

[ Texte Raquel Hadida ]

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À la fois la plus pauvre et la plus attractive, la plus divisée pour le PS et la plus unie pour

la gauche radicale : sans jeu de mots, notre région est atypique. Avec 12,7 % de chômage, et des indi cateurs de richesse et de santé sociale 1 au plus bas, elle garantie aussi les plus bas salaires de l'espace français métropolitain. Le Languedoc -Roussillon est loin d’être devenu la quatrième région de France, malgré les promesses de l'équipe sortante, malgré son « inscription dans la compétition internatio-nale ». Parallèlement, notre « Sud de France » bat aussi des records démographiques : chaque mois, plus de 1 500 nouveaux habitants se pressent vers le soleil. Une explosion de population qui lance de nombreux dé�s en terme de qualité de vie : comme l'habitat urbain s'étale, le sol devient une denrée rare. Ainsi l'installation agricole devient di�cile, et les prix des loyers grimpent, alors même qu'il faut former et créer de l'emploi pour plus de monde. Un monde qui demande des équipements publics, qui génère plus de déchets et d'eaux usées… De plus en plus éloignée de son lieu de travail, cette population nécessite des transports adaptés : le TER littoral est surchargé, et la route génère 60 % des émissions de CO2 (le double de la moyenne nationale), entraînant

LA QUESTION QUI TUE

ÉLECTIONS RÉGIONALES

VOTER pour quoi ?

Les 14 et 21 mars, nous allons élire une

(nouvelle ?) équipe aux manettes de

notre région. Quelle vision de l'économie

et de l'écologie locale veut-on

défendre ? Au milieu de l'imbroglio

politicien, (A)typiques tente de

démêler l'essentiel des enjeux de

territoire. Logement, transports,

agriculture, énergie, tourisme, formation :

les stratégies peuvent faire

la di�érence en profondeur,

et sur la durée. Regards.

RAYMOND COUDERC PATRICE DREVET

1 Voir www.idies.org

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010 25

problèmes de pollution de l'air et de circulation… Pour Emmanuel Négrier,

chercheur CNRS en politiques publiques à Montpellier : « Attractive, la région est une cible de

choix pour les tendances les plus libérales de l’urbanisation où résidences gardées et lotissements standardisés se multiplient, pendant que l'accès à un logement devient di�cile. Ce scéna-rio comporte des risques sociétaux importants : les populations moins aisées s’éloignent du centre-ville pour trouver moins cher, là où il y a peu d'espace public. Le lien social se distend, et l'isolement s'ajoute à la précarité : les personnes deviennent plus vulnérables. La mécanique sociale est cassée. Pour la droite comme la gauche, c'est un véritable enjeu économique et politique. »La concentration dans l'aire de Montpellier induit une fracture entre la capitale, censée « tirer toute la région », et le monde rural, pendant que les zones commerciales, non contentes d'empiéter sur l'espace (voir p.14), déstructurent les commerces des bourgs et villages. Alors que la demande en énergie augmente, la région reste dépendante à 90 % de l'énergie fossile et du nucléaire. Déjà concernée par le réchau�ement climatique – érosion du littoral et des lidos… – elle subit un approvisionnement en eau irrégulier, entre sécheresses et inondations. Certes, avec la viticulture et le tourisme, elle joue ses atouts. Mais la première est

en pleine crise (lire (A)typiques n°1) et le second sou�re de vacanciers trop saisonniers, créant des emplois trop précaires. Vous l'aurez compris : l'équipe élue le 21 mars aura du mal à s'ennuyer.

Equilibrer le territoireSi le constat semble noir, il est partagé par l'ensemble des candidats. Pour y remédier, chacun sort ses cartes maîtresses. Quand Georges Frêche (Div G) entend développer des pôles de compétitivité dans notre « Green Valley », �nancer de grandes entreprises (qui peuvent délocaliser, comme Dell), des ports d'importance, des parcs d'activité, mais aussi l'export, les autres candidats appellent à un dévelop-pement économique autocentré et plus coopératif, par une relocalisation de l'économie. Quand G. Frêche mise sur le rayon nement d'une mégapole à Montpellier 2, les autres veulent tous développer un maillage territorial plus équi-libré et multi polaire en faveur des villes moyennes (Perpi-gnan, Narbonne, Béziers…), voire des bourgs-villes (Lodè-ve, Limoux, Ganges, Mende…), mais aussi de l'espace rural trop délaissé à leur goût. Comment ? En aidant les petites entreprises, les commerces et les services publics de proxi-mité (poste, hôpital…), en bloquant l'extension des grandes

VOTER OU NE PAS VOTER ?

« S’abstenir au premier tour, c’est renoncer à faire valoir ses

choix et à dire quoi que ce soit » EMMANUEL NÉGRIER, CHERCHEUR EN SCIENCES POLITIQUES

Qui a-t-on rencontré ? Outre un ingénieur et un chercheur en politique publique, pour réaliser cet article, nous avons rencontré France Jamet (FN, www.fn-languedocroussillon.com), Jean-Louis Roumégas (Europe Écologie, http://languedoc-roussillon.regions-europe-ecologie.fr), Raymond Couderc (UMP, www.laregion2010.fr), René Révol (Gauche antilibérale, www.agauchemaintenant.fr) ainsi que Xavier Marchand, citoyen investi sur sa liste À Gauche maintenant. En revanche, n'ayant pu rencontrer Georges Frêche (Div G) malgré nos multiples sollicitations, nous nous sommes appuyés sur une revue de presse ainsi que sur son site internet, www.languedocroussillon2010.fr

Alors que Marc Dufour (Modem), renonçait à créer une liste peu avant notre bouclage, Hélène Mandroux (www.

parti-socialiste.fr) s'est décidée à en créer une, mais trop tard pour que nous puissions connaître son

programme. Malgré tout notre respect pour les autres listes, nos ressources humaines ne nous ont pas permis de solliciter Patrice Drevet (Écologiste indépendant, www.patricedrevet.com), Christian Jeanjean (Union républicaine

populaire, www.jeanjean2010.com), Jean-Claude Martinez (Parti de la France, www.martinezlavie.com), ni Liberto Plana (Lutte ouvrière, www.lutteouvriere.org).

FRANCE JAMETHÉLÈNE MANDROUX CHRISTIAN JEANJEANJ.-LOUIS ROUMÉGAS RENÉ RÉVOLGEORGES FRÊCHE

2 La Région n’est pas en mesure de nous fournir d’informations concernant l’utilisation des subventions par secteur géographique.

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surfaces, y compris la plate-forme logistique de Super-U à Clermont- l'Hérault. Car les annonces de créations d'emploi cachent souvent des destructions d'em-ploi plus importantes en centre -ville ou dans l'agriculture. Pour la reconquête écono-mique et sociale des centres-villes, France Jamet (FN) propose plus de sécurité, et l'aide à l'installation des ménages fran-çais. René Révol veut inciter à l'expansion du logement social par des réserves foncières, un des fers de lance de son programme. Pour Jean-Louis Roumégas (Europe Écologie), la réno-vation énergétique des logements peut être un levier de choix pour l'emploi et le social.

Se réapproprier l'énergieCôté énergie, tous veulent favoriser la formation en énergies renouvelables et la fabrication locale de panneaux solaires, en encou rageant le solaire sur les bâtiments publics ou les décharges (UMP), tout en redoutant la surenchère sur les terres agricoles. France Jamet refuse de subventionner leur installation « qui pro�te aux revenus élevés » et R. Couderc se veut prudent sur l'éolien, alors que J.-L. Roumégas opterait pour le vent (deux centrales o�-shores, et trente sites « moyens » de 20-30 éoliennes). Sans pour autant délaisser l'énergie de la biomasse – bois, marc de raisin – en �nançant les collectivités se dotant de chau�eries au bois (G. Frêche), mais aussi en investissant dans des �lières locales de production de bois de chau�age en granulés ou copeaux (J.-L. Roumégas). Ce dernier souhaite un service transversal de montage de projets pour maîtriser l'énergie dans les bâtiments collectifs. René Révol veut créer une agence régionale aidant les collectivités à produire leur propre énergie. Tous deux proposent une réappro priation citoyenne par le biais de coopératives – à la place de structures appartenant à des fonds de pension.

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LA QUESTION QUI TUE

Idem, au lieu de favoriser l'agriculture et la viticulture indus-trielle destinée à l'export, les candidats (hors-Frêche) veulent acheter des terres, ou négocier des cessions sur le terrain pour y installer de jeunes agriculteurs en location, voire créer des conservatoires viticoles (Verts et FN). Pour Jean-Louis Roumégas, « on peut installer facilement 1 000 producteurs, en maraîchage ou en élevage. Et soutenir conversion et label-lisation du bio, où la région peut exceller. » Si, pour l'UMP, les circuits courts ne sont qu'une niche périurbaine, la gauche radicale, Europe Écologie, comme le FN veulent appuyer cette forme de distribution. La marque Sud de France ? Tous les candidats lui reconnaissent un intérêt à l'idée de G. Frêche promu par Alexandra Rosenfeld, à condition qu'elle ne s'applique que sur des produits à forte typicité, strictement produits dans la région, « et non des ananas, ou des salades d'Espagne conditionnées à Perpignan », se désole Raymond Couderc. Mais pour produire, encore faut-il rendre l'eau disponible. C'est le grand projet Aqua Domitia promulgué par Georges Frêche, pour conduire l'eau du Rhône jusque dans l'Aude et les P-O. Les autres candidats l’accusent de ne pas être �nançable, de dilapider l'eau pour la vendre à l'Espagne, et d'être un moyen d'imposer une gestion de l'eau totalement privée et opaque. À l'inverse, René Révol tient à un service public de l'eau, aidant les communes à la remunicipaliser et proposant des tarifs incitatifs (une base gratuite et la consommation abusive surtaxée).

Remailler l'espacePour créer une solidarité entre le rural et l'urbain, tous proposent le développement du télétravail et du très haut débit. Mais surtout une politique ambitieuse de transports. Si Georges Frêche pousse le doublement de l'A9 tout en mettant en ligne un site de covoiturage, les autres veulent augmenter le budget du TER, la cadence de la ligne Nîmes-Perpignan (chaque 20 min. ou ½ h), moderniser

◗ Elle coordonne le développement économique par l'attribution d'aides à la création d'entreprises, à l'emploi, et développe des liens entre recherche et entreprise. ◗ Elle élabore un schéma régional d'aménagement et de développement durable du territoire, y compris du réseau hydraulique (depuis 2008).◗ Elle s'occupe du transport en Train express régional (TER) (dessertes, acquisition de trains, rénovation de gares), mais aussi, plus récemment, des aéroports et des ports maritimes.◗ Elle est responsable des lycées (bâtiment et personnel), de l'éducation spécialisée, de l'apprentissage, et des formations professionnelle et continue.◗ Elle gère les archives et les musées régionaux.◗ Au-delà, elle préserve et promeut l'identité de la région, ainsi que son développement économique, social, sanitaire, culturel et scienti�que. Ce qui se traduit par des actions dans les domaines de l'agriculture, du tourisme, du bâtiment, de l'énergie, de la culture occitane et catalane, des espaces naturels…

de la RégionLes compétences

Si R. Couderc reste prudent sur les éoliennes (ici à Aumelas), J.-L. Roumégas veut les développer. Selon R. Révol, l’énergie doit être aux citoyens.

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surfaces, y compris la plate-forme logistique de Super-U à Clermont- l'Hérault. Car les annonces de créations d'emploi cachent souvent des destructions d'em-ploi plus importantes en centre -ville ou dans l'agriculture. Pour la reconquête écono-mique et sociale des centres-villes, France Jamet (FN) propose plus de sécurité, et l'aide à l'installation des ménages fran-çais. René Révol veut inciter à l'expansion du logement social par des réserves foncières, un des fers de lance de son programme. Pour Jean-Louis Roumégas (Europe Écologie), la réno-vation énergétique des logements peut être un levier de choix pour l'emploi et le social.

Se réapproprier l'énergieCôté énergie, tous veulent favoriser la formation en énergies renouvelables et la fabrication locale de panneaux solaires, en encou rageant le solaire sur les bâtiments publics ou les décharges (UMP), tout en redoutant la surenchère sur les terres agricoles. France Jamet refuse de subventionner leur installation « qui pro�te aux revenus élevés » et R. Couderc se veut prudent sur l'éolien, alors que J.-L. Roumégas opterait pour le vent (deux centrales o�-shores, et trente sites « moyens » de 20-30 éoliennes). Sans pour autant délaisser l'énergie de la biomasse – bois, marc de raisin – en �nançant les collectivités se dotant de chau�eries au bois (G. Frêche), mais aussi en investissant dans des �lières locales de production de bois de chau�age en granulés ou copeaux (J.-L. Roumégas). Ce dernier souhaite un service transversal de montage de projets pour maîtriser l'énergie dans les bâtiments collectifs. René Révol veut créer une agence régionale aidant les collectivités à produire leur propre énergie. Tous deux proposent une réappro priation citoyenne par le biais de coopératives – à la place de structures appartenant à des fonds de pension.

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LA QUESTION QUI TUE

Idem, au lieu de favoriser l'agriculture et la viticulture indus-trielle destinée à l'export, les candidats (hors-Frêche) veulent acheter des terres, ou négocier des cessions sur le terrain pour y installer de jeunes agriculteurs en location, voire créer des conservatoires viticoles (Verts et FN). Pour Jean-Louis Roumégas, « on peut installer facilement 1 000 producteurs, en maraîchage ou en élevage. Et soutenir conversion et label-lisation du bio, où la région peut exceller. » Si, pour l'UMP, les circuits courts ne sont qu'une niche périurbaine, la gauche radicale, Europe Écologie, comme le FN veulent appuyer cette forme de distribution. La marque Sud de France ? Tous les candidats lui reconnaissent un intérêt à l'idée de G. Frêche promu par Alexandra Rosenfeld, à condition qu'elle ne s'applique que sur des produits à forte typicité, strictement produits dans la région, « et non des ananas, ou des salades d'Espagne conditionnées à Perpignan », se désole Raymond Couderc. Mais pour produire, encore faut-il rendre l'eau disponible. C'est le grand projet Aqua Domitia promulgué par Georges Frêche, pour conduire l'eau du Rhône jusque dans l'Aude et les P-O. Les autres candidats l’accusent de ne pas être �nançable, de dilapider l'eau pour la vendre à l'Espagne, et d'être un moyen d'imposer une gestion de l'eau totalement privée et opaque. À l'inverse, René Révol tient à un service public de l'eau, aidant les communes à la remunicipaliser et proposant des tarifs incitatifs (une base gratuite et la consommation abusive surtaxée).

Remailler l'espacePour créer une solidarité entre le rural et l'urbain, tous proposent le développement du télétravail et du très haut débit. Mais surtout une politique ambitieuse de transports. Si Georges Frêche pousse le doublement de l'A9 tout en mettant en ligne un site de covoiturage, les autres veulent augmenter le budget du TER, la cadence de la ligne Nîmes-Perpignan (chaque 20 min. ou ½ h), moderniser

◗ Elle coordonne le développement économique par l'attribution d'aides à la création d'entreprises, à l'emploi, et développe des liens entre recherche et entreprise. ◗ Elle élabore un schéma régional d'aménagement et de développement durable du territoire, y compris du réseau hydraulique (depuis 2008).◗ Elle s'occupe du transport en Train express régional (TER) (dessertes, acquisition de trains, rénovation de gares), mais aussi, plus récemment, des aéroports et des ports maritimes.◗ Elle est responsable des lycées (bâtiment et personnel), de l'éducation spécialisée, de l'apprentissage, et des formations professionnelle et continue.◗ Elle gère les archives et les musées régionaux.◗ Au-delà, elle préserve et promeut l'identité de la région, ainsi que son développement économique, social, sanitaire, culturel et scienti�que. Ce qui se traduit par des actions dans les domaines de l'agriculture, du tourisme, du bâtiment, de l'énergie, de la culture occitane et catalane, des espaces naturels…

de la RégionLes compétences

Si R. Couderc reste prudent sur les éoliennes (ici à Aumelas), J.-L. Roumégas veut les développer. Selon R. Révol, l’énergie doit être aux citoyens.

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Ils ont du mal à se donner la main en national, mais ici, ils sont unis sur la liste « À gauche main-

tenant ! », menée par René Révol, le maire de Cla-piers. Le Languedoc-Roussillon est l’une des rares régions où le Front de Gauche 1 et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ont réussi à s'allier plei-nement 2 en incluant des mouvements citoyens – les Alternatifs, les Objecteurs de Croissance et les Collectifs unitaires pour une alternative au libéralisme (CUAL). Désormais, « on apprend à travailler ensemble, à se remplacer l'un l'autre, et, au-delà des militants, l'unité nous rend plus crédi-bles » con�e René Révol après un meeting de 3 500 personnes. Au second tour, la liste est prête à fusionner avec Europe Écologie, mais aussi avec la liste PS d’Hélène Mandroux.Ce sont des citoyens, originaires de tous horizons politiques, syndicaux et associatifs qui ont réussi l'alchimie. Au sein de la récente Fédération pour une Alternative sociale et écologique (FASE), ces derniers ont activement oeuvré pour l'unité. Parmi eux, Xavier Marchand, professeur d'histoire à Mèze et coordinateur de la campagne : « Sur les programmes, en une

Gauche rouge et verte : une unité exceptionnelledemi-heure, tout le monde était d'accord. Ce sont plutôt des di�érences dans les pratiques politiques, les alliances, les têtes de liste, qui nous ont donné du �l à retordre dans les négociations. » L'idée de la FASE ? Faire de la politique autrement : « Les partis sont des outils qui n'ont jamais rien changé en soi. La plupart des citoyens, y compris des militants pensent que "la politique, ça pue“, que ces querelles de chapelle sont stériles. Ils ne s'impliqueront donc dans la politique que si les partis arrivent à s'entendre entre eux, mais aussi avec les associations, les syndicats, sur le même plan, et dans une perspective de transfor-

mation sociale ! » L'unité semble inatteignable au niveau national ? Au �l des luttes, la gauche anticapitaliste du Languedoc-Roussillon se fait laboratoire politique. Au sens large.En savoir plus : FASE Languedoc-Roussillon, www.fase-lr.fr 1 Le Front de Gauche regroupe déjà le Parti communiste français PCF, le Parti de gauche PG (Mélenchon) et la Gauche unitaire, sous l'égide de Mélenchon.2 Deux autres listes unitaires : en Limousin et en Aquitaine (où le NPA ne participe qu’en partie)

Discutons « gouvernance » de la Région : tous les candidats (sauf un) semblent parler d'une même voix. Ils comparent le pouvoir actuel à la dictature d'un roi « qui a sa cour, ses dépenses somptuaires, qui coupe, tranche et envoie croupir dans les geôles celui qui ne lui porte pas allégeance absolue ». Aucun espace d'expression à gauche comme à droite : selon des témoignages d'élus, l'autocratie est assurée, y compris en conseil régional. Tous les candidats fustigent le clientélisme et le copinage comme méthodes de l'actuel président, qui biaisent toute la vie de la région : selon eux, l'esssentiel des subventions à une commune ou à un festival ne se décident pas sur la qualité du projet, mais selon la préférence politique du porteur de projet. Tous se disent attérés devant le coût de la politique de communication quali�ée de « propagande » – près d'un million d'euros – et des Maisons du Languedoc-Roussillon à New-York et à Pékin, dispendieuses en frais de bouche et de transport, et à la rentabilité quasi-nulle.Plus largement, tous refusent la propension du pouvoir actuel à « aider les forts, pas les faibles ». Autrement dit, tout donner pour la mégalopole montpelliéraine au détriment des zones périphériques ou plus rurales de la région, préférer les grands projets aux nécessaires « pis-sotières » – réparation de toits, épuration des eaux –, vouloir �nancer des hôtels 5 étoiles et des marinas sur l'étang de Thau, et se lancer dans une vaine compétition avec Toulouse, Marseille ou Barcelone. Fantasme de super-agglo et vitrines de prestige : de quoi tor-piller l'économie régionale… « surtout que Georges Frêche méconnaît souvent les réali-tés du terrain, comme en achetant un parc d'activité à Sallèles-d'Aude, en zone inondable, loin des routes, qui reste une friche… » dénonce Raymond Couderc (UMP).Mais que proposent-ils ? « Une présidence plus modeste, en phase avec les besoins de la population. Être à l'écoute des acteurs locaux – collectivités, associations… –, favoriser la concertation, sans grand-messe, et ne pas décider du 9 ème étage du Conseil Régional. La présidence, c'est de l'animation d'équipe ! » assurent-ils de concert. Quand à la consulta-tion directe des citoyens : si Raymond Couderc n'irait pas jusque-là, sur les grands enjeux régionaux, René Révol (G) et France Jamet (FN) envisagent des référendums d'initiative populaire, ou des « votations citoyennes ».

+ d'infos sur la gouvernance de la Région avec les compte-rendus et analyses de Montpellier Journal www.montpellier-journal.fr

Démocratie ou dictature ?La polémique médiatique n'est pas toujours où l'on pense

À en juger par sa volonté de faire venir la société israëlienne Agrexco – import de produits des colonies israëliennes en Palestine – (voir (A)typiques n°2), Georges Frêche a beau utiliser des méthodes populistes, il semble, en revanche loin d'être antisémite. Ainsi le prétexte 1 « peu catholique » dégoté par l'État-Major du PS pour installer une liste concurrente, menée par la mairesse de Montpellier, Hélène Mandroux, ne convainc pas. Pis, il légitime des étalages pro-frêchistes dans les quotidiens et les hebdos locaux, indécemment dévolus à sa cause, tout comme une grande partie de la population, alors qu'il indique lui-même que « les électeurs sont des cons, c'est pour ça qu'ils votent pour moi ».Le même fameux article de l'Express ressortait pourtant un autre fait plus intéressant : la main-mise de Georges Frêche sur la presse locale. En cas d'articles désagréables, la Région pourrait faire perdre à Midi Libre la manne publicitaire et partenariale qu’elle lui accorde (1,2 millions d'euros en 2008), ce que Georges Frêche a fait en 2006, pendant huit mois. Carotte et bâton. En étalant toujours ses projets et son portrait en double-page, les Gazettes de Montpellier, Sète et Nîmes font, elles, peu d'e�orts pour dissimuler leur allégeance 2. Le 20 janvier dernier, tous les journaux titraient sur un sondage donnant Georges Frêche gagnant dans tous les cas de �gure. En petit était mentionné la source : « Sondage TNS/Sofres pour le compte du Parti socialiste… », plus précisément la fédération de l'Hérault qui soutient G. Frêche. Journalistes et citoyens, jusqu'où nous laisser sciemment manipuler ?

1 Georges Frêche trouve que Laurent Fabius a une « tronche pas catholique » indique un article de l'Express du 28 janvier. En matière de dérapage verbal, on lui connaît bien pire…2 Et nous ? Lisez l'édito p.3.

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LA QUESTION QUI TUE

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Ingénieur du bureau d'études Ecorégion Concept et Territoires, Emmanuel Bailly ne connaît pas spéci�quement le Languedoc-Roussillon. Mais son approche d'une

région comme un écosystème, tel une « cellule » vivante avec ses structures et son métabolisme apparaît innovante et porteuse d'avenir.

En quoi les programmes politiques classiques pêchent-ils ?Tous les politiques font les mêmes constats, et interprètent selon leur tendance : la droite va chercher du côté du libre-échange sans limite, la gauche traditionnelle dans le social quitte à se mettre une balle dans le pied, l'extrême-droite dans la protection de l'identité impliquant la xénophobie. Ils proposent tous un « catalogue de La Redoute », secteur par secteur, saupoudré d'opportunisme écologique. lls s'entêtent dans des « mono solutions » préconçues, au lieu d'imaginer de la diversité, de la complexité. Au lieu d'arracher des vignes ou de dépenser des sommes folles en communication pour sauver la �lière, on pourrait faire du raisin de table – au lieu de l'importer d'Italie –, de l'alcool comme énergie de demain, des polyphénols pour enrichir le sol… Au lieu de casser les bâteaux de pêche et de perdre le savoir-faire, les pêcheurs pourraient être revalorisés pour surveiller la biodiversité marine… Il faut imaginer d'autres modes de richesses : avec des monnaies locales, des �lières de récupération, et surtout en relocalisant l'alimentation et l'économie en général. Subventionner l'exportation, c'est le symbole de la bêtise pour un politique, cela signi�e qu'il ne connaît pas sa région.

Quelle vision adopter, selon vous ?Il faut regarder la région comme un écosystème et rechercher un maximum d'auto nomie du territoire : la région est une échelle tout à fait pertinente pour cela. En concertation avec les acteurs locaux, il s'agit de plani�er de façon stratégique les capacités de productions, les �lières de commercialisation, etc., en fonction des besoins de la population présente… mais aussi future, pour éviter les réactions d'exclusion, du type « Ils nous prennent le pain de la bouche ! » Et ce, tout en gérant les risques climatiques (anticiper sécheresses, montée des eaux, tempêtes, inondations, surneige…), énergétiques (�ambée du coût de l'énergie), alimentaires (di�cultés d'approvision nement), sanitaires (produits toxiques, remontée des insectes vers le Nord). Tout est à revoir.

OK, on commence par quoi ?On dé�nit un régime alimentaire « type », souhaitable, selon des indicateurs de santé publique (diabète, obésité), en respectant les pratiques culinaires locales. Multiplié par la population (future), cela dé�nit des besoins en produits de première nécessité. Pour les couvrir à 80 % par la production locale, il faut développer la capacité de production régionale. Ce qui implique de doubler le nombre de paysans – donc de « relocaliser » des urbains sur les terres –, de redonner des terres, d'aider l'installation pour produire ce qui manque, et avec des modes de culture plus écologiques. Il s'agit ensuite de réor-ganiser la transformation – à la ferme par ex. – et les �lières courtes pour la restaura-tion collective et les particuliers – amaps, jardins de cocagne (voir dossier p.13). Tout cela est déjà « bricolé » aujourd'hui, mais sans cohérence au niveau de la répartition dans l'espace, de la mutualisation de la main-d'oeuvre… On n'est pas obligés de concentrer tout le monde en ville : le « mitage » de l'espace peut être fait de façon intelligente, en remaillant le territoire avec des jardins collectifs et des maisons moins énergivores, dont l'architecture s'adapte aux risques climatiques.

Mais la relocalisation, ça donne du travail ?Oui, rien que l’emploi agricole et lié à l’alimentation implique de repenser d'une part des formations, des pluriactivités, des reconversions, donc le modèle éducatif, tout au long de la vie. L'emploi créé ainsi n'est plus délocalisable en Asie et peut être redistribué. Il faut donc construire une économie sociale et solidaire, moins hiérarchique, et où les projets et les envies de chacun sont pris en compte et permettent l'acceptation des projets des autres et des collectivités. C'est di�cile d'imposer une éolienne à une personne au chômage…une question de reconnaissance sociale !

En savoir plus : http://ecoregion.frTerres d’avenir, pour un mode de vie durable, avec P. Desbrosses et T. Nghiem (éd. Alphée, 2007). L’appel d’associations aux candidats Alimentons nos régions, www.alimentons-les-regions.fr

Comment construire une Écorégion ?Une région qui développe un maximum d'autonomie et qui anticipe les risques pour le bien-être social et écologique, c'est le concept d'« Écorégion » développé par Emmanuel Bailly.

les lignes de train secondaires (Alès-Langogne, Béziers- Clermont…), voire réhabiliter des lignes abandonnées (Lodève…), créer une police ferroviaire (FN), ou des extensions de tramway autour de Montpellier (EE3). Pour le rendre attractif, Georges Frêche propose le TER à 1 €, René Révol le veut totalement gratuit pour les jeunes, les actifs et les demandeurs d'emploi (70 millions d'euros) car « les 1 € ne paieront pas les frais de contrôle… ». Alors que Georges Frêche est prêt à sortir 300 millions d'euros des poches régionales pour �nancer la Ligne à grande vitesse (LGV) en quasi- totalité, les autres candidats entendent renégocier avec l'État pour obtenir un concours de sa part. Sur le port de Sète, au lieu de faire venir Agrexco (lire (A)typiques n°2), René Révol préfère investir dans un pôle multimodal privilégiant le ferroutage.J.-L. Roumégas veut arrêter d’aider les lignes intérieures, R. Révol entend fermer les lignes aériennes low-cost, alors que Raymond Couderc veut les dynamiser tout en couvrant les équipements touristiques, a�n de jouer la carte du tou-risme « quatre- saisons » d'une clientèle nord-européenne. Georges Frêche vise à �nancer des écofestivals, mais sur-tout un tourisme luxueux et bétonné (ports de plaisance, locations en littoral, et grands projets), à l'inverse des autres, qui aspirent à développer l'écotourisme d'arrière-pays – gîtes, chambres d'hôte, chemins de randonnées, activités de pleine nature –, tout en contrecarrant l'exploitation des saisonniers par un label de qualité (G3).

Soutenir l'emploi solidairePour la formation, G. Frêche imagine un fonds d'urgence et une aide au permis de conduire pour les apprentis démunis, mais aussi un ordinateur portable gratuit pour les élèves. René Révol est prêt à braver la loi Borloo (qui oblige à mettre en concurrence les acteurs du marché de la formation) en créant un service public de formation professionnelle, pour « investir dans la qualité au lieu du moins- disant social ». Pour accompagner les entreprises, ils proposent tous des outils facilitant le micro crédit, en par-tenariat avec la Banque de France et les fonds privés (UMP) ou totalement indépendants des banques privées (G). G. Frêche propose un guichet unique TPE-PME, un réseau des cadres en appui, et une agence d'ingénierie pour les grands projets, J.-L. Roumégas, un chèque à l'emploi pour l'économie sociale et solidaire, France Jamet un viager éco-nomique cautionné par la Région pour favoriser les reprises d'activité. Face à la politique nationale, cette dernière désire améliorer la sécurité, alors que la gauche radicale créerait des observatoires régionaux sur les pratiques d'expulsion et de discrimination des immigrés par les Préfectures, sur les atteintes aux libertés publiques, et sur l'égalité hommes -femmes. À vos bulletins ! 3 EE = Europe Écologie, G = liste de rassemblement À gauche maintenant.

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Le tourisme vert (ici en Haut-

Languedoc), une carte à jouer

pour la région ?

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on a le choix

BanquesDécidez où va votre argent

Du mal à faire confiance à votre

banque ? Optez pour des enseignes

et des placements transparents qui

n’utilisent pas vos économies pour

mieux détruire environnement et

droits humains. Un levier d’action

simple, éthique et efficace.

la banque, comment ça marche ? L’argent de nos comptes bancaires ne reste pas au chaud dans un

coffre. 90 à 97 % sont prêtés à des particuliers et surtout des entreprises pour financer des projets. Réinjecté dans l’économie à chaque échange marchand, l’argent qui circule devient, en France, trois fois plus important que celui des comptes bancaires … Aux agences bancaires, la plupart des enseignes superposent un service de « gestion

[ Texte Raquel Hadida ][ illustration vincent Roussillat ]

la Banque postale est traditionnel-lement celle qui accepte ses clients sans conditions de res-sources et elle n’a pas d’actions à l’international. Mais avec la restructuration de La Poste, ça peut changer.

Banque populaire, caisse d’épargne, crédit mutuel-cic et crédit coopératif

sont des banques du secteur de l’économie sociale et solidaire qui ont peu d’activités à l’international. Les deux premières ont toutefois créé une filiale com mune, Natixis, qui s’est lancée dans des affaires controversées et dans un fiasco financier. La Caisse d’épargne offre un éti-quetage de ses placements selon les risques financiers, la responsabilité sociale, environnementale et climatique. Le Crédit coopératif est la banque des associations, coopé-ratives (supermarchés compris) et mutuelles. Elle propose de nombreux placements éthiques.

la société générale, Bnp paribas, le crédit agricole-lcl. Non contentes d’être présentes dans les paradis fiscaux, ces banques financent, essentiellement dans les pays du Sud, barrages, mines, oléoducs, bombes à sous-munitions et antipersonnel, extraction de pétrole, de charbon ou de gaz, nucléaire, agro carburants ou encore armement, selon les Amis de la terre 1. Le point commun de tous ces projets ? Non seulement ils épuisent les ressources énergétiques fossiles et mettent en péril le climat, mais localement, ils déstabilisent des populations (destruction de la forêt où vit une tribu de 8 000 personnes en Inde, déplacement de 78 000 Kurdes en Turquie par un barrage), font peser des risques sur elles (une centrale nucléaire sur une zone sismique en Bulgarie, nombreuses pollutions aux produits toxiques) et menacent l’environnement (projet gazier à Sakhaline en Russie éradiquant les baleines grises).Si de nombreux acteurs financiers se retirent désormais de ces projets, nos trois banques françaises persistent. Ce qui revient à avaliser corruptions et viols de lois internationales, à valider l’emprisonnement et le harcèlement de citoyens qui tentent, là-bas, de faire respecter leurs droits et leur vie.

la nef. Société coopérative de finances solidaires, la Nef s’est donné pour mission de soutenir des projets exclusivement liés aux domaines environnemen-taux, sociaux et culturels (dont (A)typiques, voir p. 3). C’est le seul acteur financier à décrire de façon transparente tous les projets qu’il a financés dans l’année. Elle va se regrouper avec d’autres acteurs (en Italie, par ex.) pour former une banque éthique européenne d’ici 2011. La Nef propose des livrets d’épargne, mais l’ouverture d’un compte courant s’effectue en partenariat avec les agences du Crédit coopératif.

Ne vous laissez pas avoir !« Faîtes un geste pour l’environnement, refusez le reçu bancaire ! » nous proposent les distributeurs

ornés de coccinelles. Restez critique face à cette bonne conscience à peu de frais. Les actions « environnement »

affichées par les banques (tri du papier, rapport « développement durable »…) servent surtout leur image de marque : par les projets qu’elles financent (voir « Les + controversées »), elles émettent indirectement 1 000 fois plus de CO2 que leurs agences… elles ont donc un impact

3 fois plus fort que la France entière ! Le Livret « Développement durable » porte mal son nom : il ne sert qu’à 10 % aux éco-prêts, le reste étant indentique à l’ancien Codévi. Des associations

essaient de pousser l’Europe à créer un « livret climat » pour répondre aux besoins en économies d’énergie

et énergies renouvelables.

MERCI à yann louvel, RESPONSABLE FINANCE AUX AMIS DE

LA TERRE, AINSI QU’à Jean-louis BézeRT, CONSEILLER INDÉPENDANT EN

PLACEMENTS ÉTHIQUES à BÉZOUCE (30), 04 66 75 64 26,

www.epargne.equitable.over-blog.fr

la nef, 114, bd du 11-Novembre-1918, 69 626 Villeurbanne Cedex, 0811 90 11 90, www.lanef.comcrédit coopératif : www.credit-cooperatif.coopÀ montpellier (34), 8 bd Victor-Hugo, 04 67 06 18 18.À carcassonne (11), 8 place Davilla, 04 68 10 26 00.À nîmes (30), 49 av. Jean-Jaurès, 04 66 36 31 21.

+ Web w www.financeresponsable.orgwww. argentsale.orgw Où placer son argent solidaire et éthique ? Placements « partage », « responsables » ou « verts » : informez-vous avant d’investir, en suivant par exemple les labels novethic et Finansol.w Qui analyse les activités des banques ?w1 Le guide des Amis de la Terre : comment choisir ma banque ?

de portefeuille » et une « banque d’affaires » pour financer les grandes entreprises. Et c’est souvent là où le bas de laine blesse. changer de banque, c’est facile ? Oui, surtout depuis que la nouvelle banque doit se charger de transférer vos virements et prélèvements sur votre compte. Ouvrez le nouveau compte, vérifiez que tous vos chèques ont été débités avant de clôturer l’ancien, et profitez-en pour indiquer les raisons de votre départ.

La + éthique

La + ouverte ?

Les + controversées

Les + mutualistes

et coopératives

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

territoires

Gardon (s) les rapaces

Loisirs ou entraînements militaires : les activités humaines peuvent déranger les quelques couples d’aigles de Bonelli, de vautours percnoptères ou d’autres rapaces réfugiés dans les somptueuses gorges du Gardon. La cohabitation est-elle possible ? Sécurité civile, sportifs, bergers : le Syndicat mixte des gorges du Gardon les appelle tous à s’adapter. Vol au-dessus de nids de négociations.

Cadavres exquis

Sur les 1 500 mérinos de Philippe Bonnet, deux à trois meurent chaque semaine, naturellement. Basé à

Poulx, le long des gorges du Gardon, ce berger n’est « plus obligé d’attendre jusqu’au lundi » l’équarrisseur qui mènera les cadavres jusqu’à une usine d’incinération de l’Ain. Il peut désormais les déposer sur son terrain, en pleine garrigue, à l’intérieur d’un carré grillagé de 25 m de côté, une « placette » accessible aux charognards ailés que sont les vautours percnoptères et les milans noirs. Une déro-

À fleur de plumes

Une tache blanche entre les ailes :

c’est l’aigle de Bonelli. Au-dessus de lui, la lunette pointe sur deux amas de branchages entassés sur un mètre de haut, dans un creux à flanc de falaise. Des nids qu’il réutilise périodiquement, pour la ponte en février et jusqu’à l’envol des aiglons, mi-juin. Trop souvent électrocuté sur les lignes à haute tension, cet aigle méditerranéen se fait rare : les trois couples des gorges du Gardon font figure de joyaux. C’est pour cela que « la reproduction ne doit pas échouer, nous en sommes responsables », appuie l’ornithologue Guillaume Fréchet. Mais comme les deux couples de vautours percnoptères – des charognards migrateurs de la taille d’une poule – ou les circaètes jean-le-blanc qui ne pondent qu’un œuf, le fier rapace est sensible. S’il est dérangé par une présence ou un bruit inhabituels – une seule personne suffit –, il peut abandonner son nid, vouant ses aiglons à une mort certaine.

Vivre ensemblePour redresser les populations de rapaces, déjà

faut-il dépasser leur mauvaise réputation de nuisibles, de voleurs de gibier, qui leur a valu

tirs et empoisonnements. Mais aussi respecter les fortes exigences de ces princes de l’air, qui

ont besoin d’espaces calmes. « Il n’y a que nous, Occidentaux, qui sommes capables de dire “on n’a pas besoin des vautours“, alors qu’ils recyclent les

cadavres écologiquement et gratuitement. Mais notre société hygiéniste et organisée, s’exclut de

la nature. Que le vautour percnoptère reste ici ou non, ce n’est pas fondamental pour l’espèce.

Mais pour nous, humains, si ! Comme symbole et outil de concertation : sommes-nous capables

de laisser une place aux espèces qui survivent dans les falaises, ou allons-nous les éliminer pour nos activités récréatives ? », s’interroge

Guillaume Fréchet. L’équilibre reste précaire…

[ Texte Raquel Hadida ][ Photos Imajam et le Syndicat mixte des gorges du Gardon ]

Guillaume Fréchet

Vautour percnoptère

Aigle de Bonelli

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Gorges du Gardon (30)

w Balade de La Baume – Sainte-Vérédème, au cœur des gorges, menant à une chapelle romane, un moulin à eau submersible, une grotte…Départ à Sanilhac-Sagriès, sur le GR6.

w Le Syndicat mixte des gorges du Gardon organise de nombreuses sorties naturalistes à la découverte des castors ou des chauves-souris, y compris de nuit. À Sainte-Anastasie, hameau de Russan : 2 rue de la Pente, 04 66 03 62 59.

w Pour découvrir les oiseaux de la réserve, c’est le Centre ornithologique du Gard qui s’occupe des balades. 04 66 63 85 74, www.cogard.org

Gardon (s) les rapaces

MeRci À G. FRéChet, oRnItholoGUe DU SynDICAt MIxte DeS GoRGeS DU GARDon. eT à MARC leCACheUR, SPéCIAlISte De l’AIGle De BonellI AU ConSeRvAtoIRe DeS eSPACeS nAtURelS DU lAnGUeDoC- RoUSSIllon.

Les grimpeurs ne lâchent pas priseescalade, VTT, course à pied, canoë, spéléo : sauvages et abruptes, les gorges du Gardon sont un terrain de jeu rêvé pour les amateurs de loisirs de pleine nature. encore faut-il faire des compromis pour éviter de déranger l’aigle de Bonelli ou le vautour percnoptère… y compris là où il ne sont pas encore – pour leur permettre de s’y installer.

Alors des stagiaires sensibilisent les promeneurs en été, un livret informe les grimpeurs, on discute du tracé des courses, et de l’ouverture des voies d’escalade ou des grottes (pour les chauves-souris). Malgré des engagements signés, rien n’est acquis. Les plus mordus rechignent quelquefois à lâcher prise : certains grimpeurs refusent de déséquiper des voies d’escalade – utilisées par une élite – dans les zones de nidification. Quelques jours après notre visite, le Syndicat mixte a fait venir un grimpeur étranger avec sa disqueuse… Une façon de déterrer la hache de guerre ?

Les militaires à l’écoute des piafs

il a été objecteur de conscience ; aujourd’hui, il signe des chartes avec des généraux de l’armée. ornitho-

logue du Syndicat mixte des gorges, Guillaume Fréchet travaille avec le camp militaire, situé le long de la rive droite du Gardon, qui rend la zone inaccessible à la fois à l’urbani-sation et aux présences dérangeantes. le déclencheur de cette collaboration ? leur lutte commune contre l’émission « la Carte au trésor », qui projetait d’y organiser sa finale avec quatre hélicoptères. Depuis, ils s’entendent pour pro-téger les cavités à chauves-souris, déterminer le tracé des courses sportives… Côté sécurité civile, les pilotes d’hé-lico s’entraînent souvent depuis nîmes, dans les gorges, aux vols stationnaires avec treuillages, pendant plusieurs heures. Depuis 2007, les pilotes évitent de le faire au-dessus des zones de nidification des aigles de Bonelli et, de mi-mars à mi-septembre, de celles des vautours percnoptères. et même en transit, ils conservent une alti-tude de plus de 150 m au-dessus du point culminant.

gation validée par les services vétérinaires sur huit zones des gorges du Gardon et des garrigues de lussan, plus au nord. Quatre placettes chez des éleveurs et quatre appro-visionnées en direct par Guillaume Fréchet du Syndicat mixte, à partir de déchets d’abattoirs, de boucheries et de la coopérative d’élevage de chevreaux Cabri d’oc. Sa stra-tégie ? Créer des garde-manger fixes (et tranquilles) pour les « percs », de façon à les inciter à revenir, et finalement s’installer dans les gorges du Gardon.

Somptueuses

Des méandres turquoise au milieu d’un calcaire abrupt couvert de garrigue : entre

Russan et Collias, sur 20 km en amont du pont du Gard, le Gardon se fait vertigineux. Au-delà de la réserve naturelle au cœur des gorges du Gardon, ce site de 10 000 ha est classé Natura 2000 au titre de la Directive oiseaux pour ses rapaces en situation précaire, ainsi que Grand Site de France pour la préservation du paysage, de l’esprit des lieux et la participation de partenaires à la vie du site. Ce travail est mené par le Syndi-cat mixte des gorges du Gardon, qui regroupe dix communes ainsi que le Conseil général. Il parti-cipe à la relance du pastoralisme, restaure le bâti en pierre sèche à travers un chantier d’insertion et s’attache à protéger et faire connaître plantes et animaux du site.

Une placette d’alimentation pour les charognards

Rando et sorties naturalistesComment se balader dans les gorges du Gardon sans déranger les rapaces ?

© D

RAC, ww

w.languedoc-roussillon.developpem

ent-durable.gouv.fr

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

s’impliquer ?

Changer à petits pas Le 26 février à 20 h 30, projection de Trip à la mode de Caen et discussions, salle polyvalente de Saint-André de Sangonis (34) à 20h30. Santé nature, 06 23 01 68 96.

Maternage avec Mamayaya à Nîmes1er mars à 10 h : portage de bébé.4 mars à 14 h : Café santé naturelle. 9 mars à 20 h : Cercle de femmes.64 rue Porte-Cancière-Prolongée, 04 66 23 96 57, www.mamayaya.org

Créatif Le 1er mars, Café des Créatifs culturels à Montpellier, La consomm’action, avec les magazines Alfafa et (A)typiques à 19 h 30 à la Teranga,

7 rue Marioge, repas à 10 €.Sur réservation au 04 67 56 64 51.

forêt Le 3 mars, rencontres de la forêt à Céret (66), salle Saint-Pierre à 18 h. Les réserves naturelles de Py et de Mantet.04 68 83 39 70, [email protected]

loCavore Le 6 mars, près de Castelnaudary (11), bilan d’un an d’alimentation locale de Stéphane Linou (voir p. 13) avec

des spécialistes qui l’ont suivi. 06 17 98 54 40, www.mangeonslocal.fr

haBiter aUtreMent Les 6 et 7 mars à Saint-Jean-du-Gard (30), séminaire critique de l’urbanisme et du capitalisme. http://habiter.les-oc.info

Bistr’eaU Les 5, 17 et 31 mars à 18 h dans la vallée de l’Orb (34), Économies d’eau au jardin et sur le territoire, www.payshlv.com

DéCroissanCe Le 18 mars, Café des créatifs culturels à Nîmes dans la galerie Chez moi, chez toi, 9 rue GauthierRens. : Marie-Pierre, 06 29 55 04 08.

repas DU MonDe Le 20 mars à la salle des fêtes de Ganges (34). Cévenol, Breton ou Portoricain, partagez votre culture culinaire en cuisinant pour 20 à 30 personnes lors d’une soirée festive façon cabaret tzigane.Achat d’ingrédients pris en charge. Agantic, 04 67 73 80 05, www.csc-agantic.fr

ça se passe…

DeDans

[ Pages réalisées par Raquel Hadida ][ Photo d’arrière-plan Imajam ]

Embellir nos plagesConserves, mégots, bouts de plastique… Pas très ragoûtant pour faire bronzette. Redonnons leur vraie nature aux plages, mais aussi aux lacs et aux cours d'eau en ramassant les déchets abandonnés sur le littoral, dégradé et fragile. Avec ses Initiatives Océanes, la Surfrider Foundation coordonne les opérations bénévoles de nettoyage des plages. Pour participer à un nettoyage de printemps près de chez vous, il suffit de trouver les opérations organisées, sur le site, de s’inscrire et de se rendre au point de rendez-vous. Depuis le 1er mai dernier, les navires n'ont plus

le droit de jeter leurs déchets domestiques par-dessus bord, mais chaque jour, 123 000 tonnes de déchets sont versées dans les océans, ce qui tue chaque année un million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins qui les avalent. Une bouteille en plastique jetée sur la plage mettra plusieurs siècles à disparaître. Ramasser les déchets est donc une façon d’embellir les lieux qu’on aime, tout en alertant les citoyens et les pouvoirs publics. Pas question d’oublier de s’amuser pour autant : à Sète, l’assoc’ Recycled’mod fait par exemple du land art, éphémère sur la plage avec les déchets trouvés. En 2009, Initiatives océanes a

motivé 20 000 personnes sur les côtes européennes.P-O : Le 20 mars à Port-Vendres à 10 h et à Saint-Cyprien à 9 hHérault : Le 18 mars à Frontignan-plage, à la voile à 9 h, le 20 mars à 10 h à Villeneuve-les-Maguelone, et à Montpellier à la maison du Lez, le 21 mars au Yacht-Club de Mèze à 14 h, et à l’étang d’Ingril à Frontignan à 9 h, le 25 mars à la Grande Motte au Grand-Travers à 10 h.

Qui veut faire Ispagnac-Mende tous les jours à 8 h et à 17 h ? Qui va de Nîmes à

St-Hyppo ? Quelques clics, un rendez-vous sans détour, et montez en voiture Simone ! Outre les sites de covoiturage classiques, des associations locales ont mitonné ces services de mise en relation offre-demandes spécialement pour nos départements. Voisine 48 en Lozère, Agantic (basé à Ganges) pour le Gard et l'Hérault. Économies, convivialité et impact sur le climat, c'est tout bénéf' : si vous devez parcourir 20 km pour aller au boulot, selon la calculette éco-déplacements de l'Ademe, vous dépenserez 2070 € et 500 litres de pétrole de moins en préférant le covoiturage à être seul en voiture. Du moins si vous alternez le conducteur ou établissez un défraiement équitable. Mais pour les

associations, le covoiturage est aussi une réponse aux difficultés de déplacement en zone rurale, donc une forme de solidarité, notamment pour les personnes âgées. Et comme tout le monde n'a pas accès à internet, Voisine 48 vous transmet même les coordonnées qui vous intéressent par téléphone ! Un service de proximité ludique qui met en confiance et pourrait être mis à profit par les mairies et les entreprises pour leur plans de déplacements.

Infos : www.initiativesoceanes.org ou 05 59 23 54 99

Pétition contre les macro-déchets : www.pasdecasurnosplages.com

Cov

oitu

rons

!

Salons biow Sésame au parc

des expos de Nîmes du 5 au 8 mars et w l’Orbio, tout

nouveau, les 13 et 14 mars aux Tuileries

à Bédarieux (34). www.goral-expo.com

expo et sorties par la Maison de l’environnement de prades-le-lez et d’olargues, les 10, 19, 22-23 février, 7, 19, 21 et 28 mars.www.herault.fr/environnement/

Penser la ville durablePour comparer l'impact de ses modes de déplacements : http://www.ademe.fr/eco-deplacementsLozère : www.voisine48.fr, 06 22 00 84 67.Hérault et Gard : www.aganticovoiture.org,04 67 73 80 05.Sites classiques de covoiturage : www.carstops.orgwww.123envoiture.comwww.covoiturage.frhttp://fr.sitocar.comwww.laroueverte.com (trajets domicile-travail)www.envoituresimone.com (billets de covoiturage)

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© Surfrider

© Surfrider

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

agendafévrier / mars / avril

En complément du magazine, nous éditons un agenda hebdomadaire

sur internet et par e-mail : RDV sur www.atypiques-mag.fr

pour recevoir les infos ! Vous organisez un événement lié à des initiatives alternatives dans la région ?

signalez-le-nous sur [email protected]

ça se passe…Dehors

grain De saBle Une expo sur les gravières du 24 mars au 10 avril à la médiathèque de Gignac (34), avec jeu de rôles le 24 mars, pour mieux comprendre les enjeux écologiques et économiques des abords des fleuves.

aUtoConstrUCteUrs Le 28 mars à Pézenas (34) : bâtir en bois, paille, chaux, chanvre, terre, pierres sèches. Gare du Nord, 04 67 94 11 24, www.atelierbiocreation.com

végétal Le 6 avril à Alès, conférence avec Jean-Marie Peltà la Fourmilière (voir p.suivante).

seMenCes reBellesLe 7 avril « La biodiversité dans nos assiettes » par Pascal Poot. Salle polyvalente de Saint-André de Sangonis (34), à 20 h 30. Santé nature, 06 23 01 68 96, [email protected]

MoneY MoneY Du 8 au 10 avril à Montpellier, 1ère biennale européenne de la finance responsable et durable, au Corum.www.befrd.org

Bar Des sCienCes Le 4 mars à Montpellier : L’ économie une science en crise ? Le 1er avril : Défendre la biodiversité ?, à 20 h 30 au Baloard, 21 bd Louis Blanc, www.barsciences.fr

Semaine sans pesticidesDu 20 au 30 mars, sorties, conférences, spectacles, portes ouvertes, pour montrer que, face aux risques inac ceptables sur notre santé et notre environnement, des alterna-tives aux traitements chimiques existent et sont viables.

Programme sur www.semaine-sans-pesticides.fr

raQUettes De nUit Le 27 février à Camprieu (30), Les sommets de l’Aigoual, pour randonneurs moyens, à 18h30 à la station de ski de Prat-Peyrrot.20€, Réservation : 06 30 38 17 64.

BalaDe photo Le 6 mars à Florac (48), à 14 h à la salle communale, rue Sipple Sert, 04 66 45 01 14 .

salaDes saUvages Le 14 mars à Corconne (30), Marche façile de 6 h, 30 € (nourriture et vin inclus).

Départ 10 h « Sous le Chêne » (voir p.suiv.).Le 20 mars à Saint-Côme (5 km N

de Calvisson (30) : 35 espèces à reconnaître, cueillir, manger. RDV 14 h au Foyer communal, www.euziere.org28 mars à Prades-le-Lez (34) 14 h-17 h , inscriptions au magasin

Nature & Découvertes.

flor’ranDo Randos tous les mardis (8 h 45) et dimanche (13 h 15) à Florac, Rdv parking de l’ancienne gare, 04 66 45 11 50.

aveC DeMain la terre 06 69 32 19 92, http://demainlaterre.frLe chauffage est dans le pré ! Le 20 mars, à 10 h à Montpeyroux (34), visite d’une maison équipée de géothermie.Au pied des éoliennes, le 27 mars à 14 h, à Aumelas.

gUarrigUes en fête Du 3 au 6 avril au Pont du Gard (30). Ateliers terroir, artistes en chemin, paysages de garrigue sur le thème de l’eau. Réserver le pique-nique fermier (13 €), 0820 903 330.

Organisée par des étudiants du 7 au 14 mars à Montpellier et du 13 au 21 mars à Perpignan, la semaine regorge de fiestas, d’expos, de confs’ et de projections sur les alternatives citoyennes, d’un forum asso ciatif, d’énigme, de vélo-rution, de théâtre de rue, d’ateliers, et de balades. Le tout dans une démarche ultra-cohérente qui recourre à la débrouille avec des matériaux locaux et des déchets minimum. On est fan !À MonTPeLLier : L’Ouvre-tête , 06 08 68 72 13. [email protected]À PerPiGnan :Énergie citoyenne, 04 68 08 25 12. http://energiecitoyenne.free.fr,www.reseaugrappe.org

Semaine de l’environnement

Koâ ? Branchez-vous sur Fréquence grenouille !

expo et sorties par la Maison de l’environnement de prades-le-lez et d’olargues, les 10, 19, 22-23 février, 7, 19, 21 et 28 mars.www.herault.fr/environnement/

Penser la ville durable

Du 1er mars au 31 mai, le réseau des espaces naturels propose de nombreuses sorties autour des grenouilles, crapauds et tritons,

histoire d’apprécier marais et lagunes, des espaces à la mauvaise réputation, dont les deux tiers ont disparu en un siècle.

Programme sur www.enf-conservatoires.orgAgrirurales

Les 26-27 février au lycée agricole de Théza, près de Perpignan (66).

Créer du lien pour l’agriculture de demain, par Terres vivantes.

www.rencontresagrirurales.org

du 1er au 7 avril : moultes manifestations Semaine du développement durable

Et aussi © Énergie citoyenne

© Raquel Hadida

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www.semainedudeveloppementdurable.gouv.fr pour changer nos comportements.

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(A)typiques n° 3 / février-mars 2010

AteliersAvec le Collectif créatif cévenol, à la Fourmilière d’Alès :w Le 6 mars : stage clown. w Du 11 au 14 mars : stage d’ossature bois. w 10-11 avril : exposition et ateliers papier végétal.1188, av. des Frères Lumière,Martina : 06 69 55 40 80, [email protected]

CIVAM du Vidourle w 27 février et 20 mars : Cuisiner sans gluten à Marguerittes (30). Rens. : 04 66 77 11 12.

À Paillères (30) w 27 février : Tailler les fruitiers à Pépins, 06 20 16 66 86.

Jardin botanique de Durban-corbières (11) : w 3 avril de 14 h à 17 h : Les plantes sauvages comestibles – herbier de salades, confitures sauvages, 04 68 45 81 71.

MJC DE CARNONw26 mars à 20 hCafé éco-consommation, www.mjcmauguiocarnon.fr

ABONNEMENT ANNONCESEFFERV’ & SENS68, rue Louis-Roustan, La Pointe-Courte34200 SÈTE

[email protected] vos petites annonces de partage, de projets, de covoiturage, d’échange de matériel, d’ateliers… mais non commerciales. Sous réserve d’espace dispo, elles paraîtront gratuitementsur cette page dans le prochain numéro.

Sous le chêne à Corconne (30). Ateliers à partir de 16 h pendant 2 h 30, en option récolte des plantes-ingrédients à 14 h. 20 € la séance sauf spécifié.20 février : Cosmétique maison : crème, déo, dentifrice, 30 €.24 février : Teinture aux pigments naturels 15 €.27 février et 20 mars : Cuisine aux plantes

de garrigue.*13 mars : Les savons de soin

ou fantaisie (niveau II).27 mars : Produits d’entretien économiques et écologiques.3 avril : Atelier

savon niveau I.10 avril : Cuisine bio-

locale et repas 30 €. Rens. : 04 66 77 15 85,

http://corconnesouslechene.free.fr

Stages Savoir-faire et découvertes

www.lesavoirfaire.fr

Confiture naturelle des 4 saisons des Pyrénées audoises à Puivert (11), 20 février ou 20 mars, 72 €.

Construire une yourte à Saint-Andéol de Clerguemort (48), du 22 au 26 février (et du 19 au 23 avril), 358 €.

Initiation aux enduits à la chaux, aux Matériaux verts au Crès (34), 27 mars, 86 € (inscriptions aussi sur www.scopecobatir.com).

Guider les chèvres en montagne : la mise-bas et nourrir les chevreaux, à Ceilhes-et-Rocozels (34)27-28 mars, 148 €.

Fabriquer des pommades et des huiles essentielles aux plantes sauvages à Sainte-Croix-Vallée-Française (48), du 1er au 3 avril, 268 €.

Jardiniers de FranceCatherine Garnier,04 67 86 98 03, 06 12 55 48 00.Tout le programme sur http://clublocaljardiniers.site.voila.frw 6 mars : Cueillette de salades sauvages, 14 h à Lavérune.

Vannerie à Ispagnac (48)Tous les samedis jusqu’au 30 mars Salle du Pavillon , Mme Coubes, 04 66 44 24 64.

ASAP (Association de sensibilisation et d’action pour la planète) à Aigues-Mortes (30)w 7 mars : Cosmétique bio, récup’ de palettes, produits d’entretien, et film : The age of stupidà 14 h au Chalet Malbois, Rens. : 06 10 92 56 30.

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