ATYPIQUES Magazine N°1

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Dossier : LE GUIDE DES VINS ALTERNATIFS cévennes OPÉRATION SAUVETAGE DE MIEL plaine du roussillon MA TROUSSE À PHARMACIE : ARGILE ET ÉLIXIR montpellier, nîmes, narbonne UNE VOITURE POUR SEIZE 3,80 € idées vertes pour changer d’ ère www.atypiques-mag.fr nouveau la question qui tue NANOTECHNOLOGIES : LE NIRVANA OU LA CATA ? ( A I Q U E S en languedoc-roussillon oct-nov 09 anduze L’ART-RÉCUP, ÇA EN JETTE ! 1

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Les alternatives du vin et de la vigne en Languedoc

Transcript of ATYPIQUES Magazine N°1

Page 1: ATYPIQUES Magazine N°1

Dossier : Le guide des vins aLternatifs

cévennesOpératiOn

sauvetage de mieL

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ma trOusse à pharmacie :

argiLe et éLixir

montpellier, nîmes,

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3,80 €

idées vertes pour changer d’ère

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anduzeL’art-récup, ça en jette !

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Édito AU MENUP. 4 : Vous ET(es) (A)typiquesP. 5 : Alors, ça bouge ?

P. 6 : Rencontre

UNE MÉDIATRICE DE CHOC, TOUTE EN DOUCEUR

P. 8 : + de liens

L’ART-RÉCUP’, çA EN jETTE !

P. 10 : Testé pour vousUNE vOITURE POUR sEIzE

P. 13 : LE GUIDE D’ICIvINs : ENIvREz-vOUs D’ALTERNATIvEs...P. 22 : CARTE DES INITIATIVES

P. 23 : La question qui tueNANOTECHNOLOgIEs :LE NIRvANA OU LA CATA ?

P. 26 : On a le choixBIEN DANs MEs BAskETs

P. 28 : TerritoiresOPÉRATION sAUvETAgE DE MIEL

P. 30 : C’est moi qui l’ai fait !MA TROUssE À PHARMACIE :ARgILE ET ELIxIR

P. 32 : S’’impliquer ?P. 33 : AgendaP. 34 : Abonnement et petites annonces

ça se passe ici

(A)typiques est un magazine bimestriel édité par l’association Efferv’ & Sens : 68, rue Louis-Roustan, La Pointe-Courte, 34200 Sète, 04 67 51 14 82.Conseil d’administration : Raquel Hadida, Emmanuel Guyot, Sylvain Fabre, Lulu Lugan, Laure Maton, Laurence Lormier, Sophie Ladoucette.Directrice de la publication et rédactrice en chef : Raquel Hadida, [email protected] et agenda : Halima Lakel, [email protected] Abonnements : [email protected] et Distribution : [email protected] Isabelle Deville 09 70 44 03 42Secrétariat de rédaction : Clémentine Bougrat et Halima Lakel.Ils ont collaboré à ce premier numéro : Valentine Ducrot, Emmanuel Guyot, Vincent Roussillat, Delphine De Lucia, Judicaëlle Rannou, Stéphane Clerc, Jean-Louis Estèves, Sylvie Francisco, Patrick Jean, Raquel Hadida.Couverture : Merci à Gérard Bru du domaine Puech-Haut pour ses barriques d’artistes, à Thomas Sheepman pour ses séances photos et à Delphine De Luca pour elle-même.Imprimé par Antoli à Carcassonne, avec des encres végétales sur papier 100 % recyclé.Pub : L’insertion d’encarts publicitaires est soumise à une charte éthique disponible sur le site web. Nous visons à réduire la part d’espaces réservés à la publicité dans le magazine.La reproduction totale ou partielle des articles et illustrations parus dans (A)typiques – Idées vertes pour changer d’ère en Languedoc-Roussillon est soumise à autorisation.

Ni baba ni bobo, 100 % indépendant, artisanal made in La Pointe-Courte, Languedoc-Roussillon

Vous tenez entre les mains le premier cru d’(A)typiques, un nouveau magazine local, pratique et engagé qui fait rimer « agir » avec « plaisir ». L’idée ? Agir pour donner un coup de pouce à l’environnement, à l’économie et au bien-être social, oui, tout en même temps. Et ça devient un vrai plaisir de tester de nouvelles façons de consommer, et surtout de vivre, plus écologiques, plus authentiques, plus humaines. De quoi se sentir malin et citoyen à la fois.

« On ne peut rien faire, ça dépend des politiques et des industriels » ? « On n’a pas le choix » ? « C’est comme ça » ?... Sans s’interdire de dénoncer, (A)typiques vous prouve le contraire. Pas avec de grandes théories, mais avec du concret, du terrain, proche de chez vous. Celui que vivent au quotidien des personnes de notre région, qui ont choisi de produire, de consommer autrement – moins et mieux. Souvent un peu en décalé par rapport à la « normalité », mais toujours avec les pieds sur terre, vers l’avenir. Des expériences originales sans « retour à la bougie », que nous vous proposons de tester, de valoriser par vos choix, ou de mettre en pratique, en vous fournissant un max d’infos. Des expériences atypiques qui peuvent grâce à nous tous devenir « typiques », et orienter positivement notre économie et notre société, sans dogmatisme. Et pas de panique, vous n’êtes pas tout seuls : à la rédaction aussi, on progresse cahin-caha, on fait des compromis (ben oui, on a une voiture pour les reportages, mais on ne la prend pas en ville...), on expérimente.

Changer d’ère, ça se passe ici. Et maintenant.Chiche.

Raquel Hadida

P. S. : Nous espérons que vous allez vous régaler en nous lisant, et vous invitons à mettre votre grain de sel dans (A)typiques par courrier ou sur

www.atypiques-mag.fr

AU FAIT, (A)TYPIQUES, C’EST FAIT COMMENT ?Dans chaque numéro, nous vous détaillerons de façon transparente nos choix pour le fonctionnement du magazine : impression, pub, reportages...

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Vous ET(es) (A)typiques

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Sur cette page, vous avez une place pour exprimer vos plaisirs, vos coups de gueule, partager vos bonnes idées...

Nous serons ravis de recevoir votre courrier de lecteur (1 000 caractères maximum),

votre petite annonce de partage (en page 34), ou des nouvelles de près de chez vous (page de droite)

sur l’e-mail [email protected]

CONCOURS PHOTO

AU STENOPÉTant attendus, voici les ré-sultats du concours photo

atypique ! D’étranges photos en noir et blanc

prises au sténopé – l’appa-reil photo maison, qui ne coûte que quelques euros à réaliser– par les lecteurs

du prototype du magazine (A)typiques. Explications.

De mars à août, nous avons parcouru les foires

de la région, en proposant aux visiteurs de prendre

des photos avec un drôle d’appareil : le sténopé.Modèle (très) artisanal, voire décroissant, de

l’appareil photo, il s’agit d’une boîte en métal ou

en carton, transformée en chambre noire : trouée,

peinte en noir à l’intérieur, avec pour tout « objectif »,

un trou d’épingle dans un papier d’alu

(scotché devant le trou).Dans le noir, nous y pla-çons un papier photo-

sensible, qui fait office...de négatif. Il suffit alors d’immobiliser la boîte

(sur une table, par terre), d’ouvrir le scotch noir qui protège l’orifice pendant 20 secondes à 6 minutes en fonction de la lumi-nosité... et c’est dans la

boîte !

Les appareils photo !

Le prix du média local indépen-dant de la région Languedoc-Roussillon a été remis en mai dernier par le réseau d’entrepreneurs REEL 34 pour valoriser l’économie locale vivante. Et c’est... (A)typiques, qui, avant même de sortir, a gagné les 1 500 € du prix avec le dossier sur les campings atypiques pré-paré pour le numéro zéro. Merci !!! www.reel34.net

C’est la photo gagnante ! Bravo à Delphine Mézière pour ce point de vue orignal

du verre de thé sur une esplanade montpelliéraine qui ne marche plus droit.

Il a gagné le coeur de l’association, et elle, un abonnement-surprise

au magazine (A)typiques.

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Alors, ça bouge ?

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Halles bio à Vézénobres (Gard)

Dans le village médiéval de Vézénobres, au sud d’Alès, des producteurs 100 % bio se sont réunis depuis le mois de juin dans les Halles bio de Vézénobres. Fruits, légumes, pain, vin, farine, fromage de chèvre... Quartier Lafare, au bord de l’ancienne route de Nîmes.Ouvert mar. et jeu. 16 h30-19 h 30et sam. 8 h-12 h

Le prix de l’article le plus raciste a été officiellement remis par l’organisation Survival international au quotidien péruvien El Correo. La réponse du journaliste aux manifestations indigènes contre l’exploitation du pétrole sur leurs terres est : « Allez vous faire f..., les porteurs de pagne et autres ». Avant de conclure : « Je ne sais pas ce qui retient le président de fournir à l’armée de l’air tout le napalm nécessaire... ».

Littoral · Un label « environnement » pour les restaurants du bassin de Thau qui récupèrent et font collecter leurs graisses alimen-taires usagées, histoire de ne pas polluer l’eau et boucher le réseau d’assainissement.

Nelly Talazac, 06 43 25 94 62, [email protected]· Les lagunes entre Montpellier et Sète reconnues zones humi-des d’intérêt international (zones Ramsar). 5 800 hectares où protéger sternes naines, flamants roses, anguilles... www.pole-lagunes.org

· Une nouvelle coopérative d’écomobilité : Mobileco loue, vend, répare des véhicules électriques à Mtp 0810 004 510 www.mobileco.fr· Un nouvel espace Info-énergie à Béziers pour une info indépendante sur les installations énergétiques de la maison : Caserne Saint-Jacques, av. de la Marne, 04 67 36 80 77, [email protected]

Dans l’Aude· Le SEL de Sault : Un nouveau Système d’échange local dans le Pays de Sault. Basé à Belvis, le 25e SEL de la région (et 4e de l’Aude) vous permet de donner et recevoir des services avec pour seule monnaie : le temps passé. Sylvie et Anne, 09 75 82 75 64, [email protected] Bourse d’échange le 3 oct.· Une nouvelle boutique paysanne dans les Corbières.À Villerouge-Termenes, un collectif de producteurs, d’artisans et d’artistes locaux a investi les travées de l’ancienne cave coopérative pour créer la boutique Esprit de garrigue. Vin, huile d’olive, plantes aromatiques et médicinales, fromage de chèvre, pain, miel, jus de fruits, maroquinerie de vache locale, vêtements d’une tisserande, expos de photos, de tableaux et d’artisanat.04 68 48 32 94, [email protected], Ouvert tlj 12 h-18 h (horaires évolutifs).· Une maternelle Steiner à Limoux. Une pédagogie où la « jardinière d’enfants » (de 2 à 6 ans) privilégie l’épanouissement des tout-petits par le jeu, les acitivités manuelles, sans compétition.À Saint-Couat-du-Razes, jardin d’enfants Les Capucines, association À petits pas,04 68 69 66 78, [email protected]

Autour de Lodève (Hérault)

· Terre en partage, un nouveau jardin partagé

04 67 44 66 81, [email protected]

· Une école Calendreta a ouvert à la rentrée

04 67 44 43 80

[email protected]

· Le lac du Salagou a son amphithéâtre

de verdure en pierre sèche !

Tout l’été, des fourmis bâtisseuses

l’ont construit en août en q+uatre

semaines, quatre jours par

semaine, quatre heures par jour.

Claude Froidevaux, 06 16 60 81 76

http://pierrevie.spaces.live.com

© Claude Froidevaux

L a zone était programmée pour l’urbanisation, mais les habitants se sont battus pour obtenir un parc, géré de façon écologique. À la

limite de Cabestany, à l’ouest de Perpignan, la mairie et l’agglo viennent d’ouvrir, en septembre, le nouveau parc Sant-Vincens.À la fois animé d’un parvis de quartier, et calme par 7 hectares d’espace « naturel » évoquant les berges, le parc devrait devenir un poumon de fraîcheur pour la ville. Son bassin entouré de roseaux et ses larges prairies, voire son stade, font office de réservoir d’eau de pluie en cas

d’inondations... et de lieu de bronzette avec brumisation. Adaptées au climat, les plantes utilisent l’eau des canaux d’irrigation existants, avec un arrosage programmé selon leurs besoins.Les déchets verts des habitants et des collectivités ont été réutilisés à la fois pour pailler le sol (afin d’éviter « mauvaises herbes » et l’assèchement) et sous forme de compost pour le rendre fertile. Pour éviter le recours aux bois exotiques (souvent coupés illégalement), les chemins en bois sont en mélèze européen. Une cohérence bienvenue dans le paysage.

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Un parc pilote à Perpignan

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Rencontre

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

U ne heure chrono pour l’interviewer : l’agenda de Fatima Bellaredj est aussi

sûrement rempli que celui d’un ministre. Son temps, c’est sur le terrain qu’elle le passe. Pour défendre les droits des femmes, tout en dou-ceur, en subtilité. Et sans se laisser enfermer dans les clichés : pour Fatima, « être féministe, c’est aimer les hommes ».Issue de l’immigration maghrébine – ses pa-rents sont algériens –, Fatima Bellaredj n’a jamais porté le poids d’une éducation patriar-cale. Contrairement à certaines de ses copines de collège ou d’université qui, menacées de mariage forcé, ont disparu du jour au lende-main : « Elles fuyaient vers d’autres villes pour étudier et ne plus subir les pressions familiales, ou partaient au pays pour les vacances et ne revenaient plus », se souvient Fatima. Aussi, lorsqu’à Montpellier un ami lui propose d’in-

Une médiatrice de choc,tout en douceur

Fatima Bellaredj

Elle se veut militante dans l’ombre, c’est son côté discret, modeste. Pour autant, Fatima Bellaredj, la présidente du planning familial de l’Hérault, mène au grand jour des batailles contre le mariage forcé et s’investit dans l’éco-nomie sociale. Un engagement apaisé mais efficace.

SCOP TOUJOURSAlter’incub, c’est elle aussi. Au-delà de son engagement au planning familial, dans son travail, Fatima Bellaredj s’investit dans lles projets d’économie sociale.Premier du genre dans la région, Alter’incub, un incubateur innovant, accompagne des projets d’entreprises sociales, quel que soit leur statut, pendant un an à un an et demi. « La recherche en sciences humaines peut aider les porteurs de projets : nous essayons de faciliter la coopération entre les deux, pour répondre aux besoins collectifs identifiés par des territoires ou des filières d’activité. »Dès son arrivée à Montpellier, Fatima avait intégré un bureau d’études des politiques sociales, monté en Société coopérative de production ( Scop ). La jeune femme y a découvert le fonctionnement de ce type d’entreprise ( un salarié-associé = une voix ), qui prône des valeurs humaines et équitables collant bien aux siennes. Peu de temps après, elle a accepté la gérance de la Scop. Avant de rejoindre, en 2007, l’Union régionale des Scop, qui travaillait alors sur le lancement d’Alter’incub.

Exemples de projets accompagnés : Casadura, coopérative d’artisans en écoconstruction ( neuf et réhabilitation d’envergure ) en Corbières-Minervois ( Aude ).www.casadura.frLogements DiogenUne forte mixité sociale et générationnelle dans des habitats collectifs et coopératifs, peu énergivores, c’est le pari constructif des deux porteurs du projet Diogen.Smart France MéditerranéeDonner un coup de main aux artistes en centralisant les paperasses administratives : c’est l’idée de Smart pour laisser plus de place à leur créativité, et moins à la précarité.Éthik’immo, une agence immobilière antidiscrimination.Télédraille, portail multimédia et web-TV des Cévennes.Une microcentrale de méthanisation à Vernet-les-Bains ( P-O ), pour transformer les déchets verts et organiques de la vallée du Cady en chaleur et en produits dérivés.Alter’incub – Dépôts de candidature, 04 67 06 01 20, [email protected]’est-ce qu’une SCOP ? www.scop-lr.coop

tégrer le Réseau Jeunes Filles confrontées aux violences et aux ruptures familiales, au sein du planning familial de l’Hérault, elle n’hésite pas. C’était il y a huit ans. Déjà.À maintes reprises, Fatima Bellaredj s’est exprimée publiquement pour faire reconnaître le mariage forcé comme une violence à part entière, qui nécessite une prise en charge adaptée. Pour finalement obtenir gain de cause. « Nous venons de signer une convention avec le ministère de la Justice : nous pourrons désormais mobiliser des avocats sur ces situations de mariages forcés, qu’ils connaissent peu. Le ministère reconnaît le travail du Réseau sur l’Hérault et montre qu’il voudrait le faire essaimer dans d’autres départements et régions. Mais avec l’Île-de-France, nous sommes les seuls à être un peu soutenus par les pouvoirs publics. Peu

Par Valentine Ducrot, illustré par Jean-Louis Estèves et Delphine De Lucia

« Le mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux. » Article 16-2 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme

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(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Victime de pressions pour un mariage forcé ? Si vous voulez dire « non », c’est votre droit ! Contactez le

planning familial Hérault : 06 75 23 08 19 Aude : 04 68 27 30 65 P-O : 04 68 51 09 68

Gard : 04 66 86 19 85 Lozère : 06 33 43 22 65www.mariageforce.fr

Témoignages et conseils juridiques.

AGIR

sensibilisés au problème du mariage forcé, ils traitent la question comme n’importe quelle violence », déplore celle qui, avec le Réseau de professionnels, a initié en 2005 l’hébergement au sein de familles d’accueil des jeunes femmes menacées par ces mariages forcés. Un cas unique dans l’Hexagone.

Éloigner sans rupture« Une discussion “sérieuse“ entre membres de la famille, la promesse d’une grande fête “là-bas“ ou même un silence suspect peuvent leur mettre la puce à l’oreille. Lorsqu’elles nous contactent, nous leur proposons un accueil dans des familles sur une base de trois semaines. La plupart du temps, cette durée suffit : les jeunes femmes ne sont pas détruites psychologiquement comme peuvent l’être celles victimes de violences conjugales ou d’enfance maltraitée. Certes, elles ont reçu un choc et subissent le poids des traditions. Mais lorsqu’elles évitent le mariage, cet épisode ne devient qu’un accident de vie, insiste Fatima Bellaredj. Notre intérêt n’est pas la rupture familiale. Il faut surtout que ces jeunes femmes puissent formuler un “non“. D’ailleurs la plupart d’entre elles désirent rapidement reprendre contact avec leurs parents. »En revanche, pas question de discuter si elles subissent des violences physiques ou se font séquestrer. « Notre rôle est d’être vigilants et

d’apporter une médiation sans mettre en danger la personne. » Pour Fatima, il ne s’agit pas de stigmatiser les familles. Surtout qu’un projet de loi-cadre voudrait traiter le mariage forcé comme une violence spécifique, assortie d’un jugement particulier. Pas d’accord :« Ce qui nous importe, c’est que les familles comprennent qu’il s’agit d’une violence sur leur fille et qu’elles sont donc coupables devant la justice, comme pour d’autres violences faites aux femmes. Et que c’est la même chose qu’elles soient marocaines, françaises, turques ou allemandes » Le combat est long mais porte peu à peu ses fruits. Depuis sa mise en place, le Réseau est de plus en plus visible et a pu intervenir pour 200 jeunes filles confrontées au mariage forcé ( deux tiers des cas de violences familiales qu’il a été amené à traiter ).Avec son centre de planification ( consultations pour la contraception, tests de grossesse, dé-pistages ), ses animations dans les écoles et les quartiers, ses formations, le planning familial et ses militants se battent ensemble pour le droit des femmes. Ils « militent » aussi pour une union qui fait la force.

Rassembleuse« Il y a quatre ans, nous avons évité la suppression des lits pour les IVG dans les hôpitaux. Ce type d’action concerne aussi

d’autres réseaux associatifs comme le Collectif contre l’homophobie, la Ligue des droits de l’Homme, Citoyennes maintenant... Mais, il faut l’avouer, concède Fatima, on s’épuise chacun de son côté sans arriver à s’organiser dans une démarche clairement identifiée. »Rassembleuse, Fatima Bellaredj ? Sans aucun doute. À l’image de cette autre féministe qu’elle admire beaucoup, Simone Iff, présidente du planning familial dans les années 1970 et qui initia le « manifeste des 343 salopes », une pétition pour le droit à l’avortement. Fatima Bel-laredj relance le combat, tout en douceur..

Fatima Bellaredj : « Ce qui nous importe,

c’est que les familles comprennent que le

mariage forcé est une violence sur leur fille et

qu’elles sont donc coupables devant

la justice au même titre que d’autres violences

faites aux femmes »

© Jean-Louis Estèves

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+ de liens

meuble « La mode, c’est la teinte mastic, mais ici, on se lâche sur les couleurs », précise Lae-titia dans un souffle, entre deux passages de papier de verre.

Faire du neuf avec du vieuxDe l’orange qui réapparaît sous de l’aubergine, pour un chevet à l’ancienne, ça claque ! « Après six ans à avoir élevé mes enfants, me retrouver dans un contexte de groupe, de contact, ça fait plaisir. Chez moi, je sculpte déjà du bois de récup’, mais je suis contente d’acquérir des techniques plus diversifiées. » Jacqueline penche ses boucles blondes sur sa chaise toute rose, Cathy examine en contre-plongée son étagère rouge et jaune, Nathalie, assise en tailleur, transforme un vieux lit en lit d’enfant à barreaux. Échanges de sourires concentrés,

de suggestions amicales. De temps à autre, pinceau à la main, tout le monde se rassemble pour faire un point pédagogique.Chaque plasticien, maître d’atelier, a ses méthodes, son antre. Où flottent ses petits mots. Il y a celui de Valérie de l’association Gard’robe, repaire de vêtements pliés avec soin qui couvrent les murs d’un patchwork coloré. « Tiens, ce rouge moiré, ça irait bien pour un fauteuil ! » Celui de Momo, à l’extérieur, pour forger, souder, bâtir ensemble un grand portail de vieux vélos : « La soudure, c’est accessible : en dix jours, on peut en apprendre les rudiments .» Celui d’Alain, l’ébéniste aux rangements scientifiques et aux petits messages punaisés à l’intention des apprentis récupérateurs. Pour le maître d’atelier, la récup’ a ses défauts : « Par esprit d’économie, ici on utilise des bois médiocres et bourrés de pointes qui abîment les outils ». Mais aussi un intérêt certain : « Le bois ne pardonne pas les erreurs : le réparer, c’est une école de rigueur ».

Art populaire pour déco unique

D’atelier en atelier, la mayonnaise prend, les stagiaires repartent ravis. Pour Catherine, la coordinatrice de la Recyclerie, nous sommes loin du simple loisir créatif : « Nous voulons transmettre des techniques de récup’ que les stagiaires peuvent réutiliser chez eux, pour se meubler, s’habiller, refaire leur déco à moindres frais. En valorisant le grenier ou les placards ». Des savoir-faire d’autant plus précieux que la Recyclerie propose des actions spécifiques aux bénéficiaires du RSA, financées par le Conseil général du Gard. Pour Nathalie, l’intérêt au quotidien est évident : « Moins consommer et réduire ses déchets,

Par Raquel Hadida, photos RH et Jean-Louis Estèves

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

V entilateur, ressorts, rétro, bouts de tuyaux et mini-tour Eiffel de touriste se

mêlent par la soudure à des chaînes de vélo. La créativité, elle, se déchaîne. Surmontée d’un couple de Ken et Barbie, bourrée de ré-cup’, la balustrade de la mezzanine surplombe l’atelier comme un pied de nez à la société de consommation. À Anduze, cet hangar de 320 m2 est une véritable caverne d’Ali Baba où sont stockés ferraille, tuyaux de plombiers, matériel électrique, bobines de fil et bougeoirs – étiquetés avec soin. Le résultat des prises d’une pêche à la benne – dûment autorisée – dans la déchetterie choisie pour voisine.Malin, pour une recyclerie qui s’appuie sur la récup’ pour transmettre savoir-faire et envies. Envie de créer, d’être fier de son travail, de par-tager un déjeuner commun, lors de journées entières d’ateliers de récup’ artistique, organi-sées avec la complicité de plasticiens de l’équi-pe ou d’intervenants extérieurs. Aujourd’hui, atelier sous la houlette de Nathalie, spécialiste de la patine, une technique de peinture de

Anduze (30) et Quillan (11)

L’art récup’,ça en jette !

À la Recyclerie d’Anduze, les objets délaissés

prennent leur revanche. Ici, ce qu’on sort des poubelles

se transforme en or, entre les mains d’alchimistes qui

découvrent le plaisir de créer. Bric et broc se muent

en déco inspirée, et les ateliers virent

à l’espace de liberté.

Brico féérique au Parchemin

Des pinceaux durcis en tableau de famille , une souris en moule à biscuits, un patchwork de fripes pour rideau. Un univers de récup’ bourré de fantaisie, à

observer depuis une chaise à bascule psychédélique. « Il faudrait avoir dix bras, dix vies pour bricoler toutes ces matières et ces formes », s’enthousiasme la timide

Yaël, artiste précaire désormais embauchée au Parchemin. À Limoux et Quillan (haute vallée de l’Aude), Le Parchemin est une des quatre autres recycleries de la région. Collecte, tri et réparations pour la vente occupent 48 salariés en insertion.

Désormais, les collègues repèrent les objets biscornus, insolites ou invendables pour Yaël : « Ce vieux canap’, ça t’intéresse ? Et cette pique ? ». Dans le débarras,

ils se muent en meubles et objets design, en pièces uniques pleines de vie.

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© Jean-Louis Estèves

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c’est tout bénéf’, on gagne en autonomie. » Et en créativité : « Un objet, tu peux le relooker de 10 000 manières possibles », assurent les expertes en récup’. Alors on teste ses affinités, avec le bois, le tissu ou le fer. En toute liberté, dans un cadre souple et expérimental. Selon Catherine, « piocher dans les formes, c’est faire des choix, donc se construire ». En visite ce vendredi, Gislaine et Annick sont

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

RECYCLERIESRecyclerie d’Anduze, ZA du Labahou, 30140 Anduze

04 66 30 73 80, [email protected]

· Dépôt d’objets au rebut aux mêmes heures que la déchetterie (lun.-mer.-ven.)

· Collecte à domicile possible sur RDV.

· Magasin ouvert tous les ven. 9 h 30-12 h et 14 h-17 h 30.

· Stand aux puces d’Anduze deux fois par mois.

· Ateliers de création une fois par semaine, autres ateliers selon

programmation. Ateliers périscolaires pour les primaires.

· En savoir plus : film L’Arbre de vie, de Brigitte Pégniard.

· La Recyclerie a reçu le prix 2006 de l’initiative en économie sociale de

la Fondation du Crédit coopératif.

Trouver ou créer une ressourcerie : www.ressourcerie.fr

Le Parchemin – http://le.parchemin.free.fr

· Boutique de récup’ artistique à Quillan (11) : 6, chemin de Carach,

04 68 20 26 64. Ouvert mar. après-midi, mer. et jeu. matin.

· À Limoux (11) : ZA d’Occitanie, 04 68 31 49 25

Ouvert du mer. au ven. et le sam. de 10 h 30 à 16 h.

Les autres recycleries-ressourceries de la région :

· À Perpignan (66) : AEPI 1245, av. du Languedoc,

04 68 52 57 16, [email protected]

· À Alès (30) : La Clède 2, rue Georges-Sand, 04 66 56 52 81,

www.la-clede.fr

· À Brenoux (48) : Yvonne Malzac, Route de Malaval-Langlade,

04 66 48 05 37, [email protected]

· À Montpellier (34) : Erca 9, rue du Lantissargues

04 67 12 85 50, [email protected]

En cours d’installation à Bédarieux (34) : Bon débarras,

04 34 98 65 31, [email protected]

sous le charme : « Le côté populaire rend l’art accessible. Et lorsque le monde artistique n’est plus réservé à une élite, ça devient plus facile d’oser exprimer son imaginaire... ». En coiffant un porte-manteau d’une boule de pétanque, en créant un dossier de chaise à ressorts, ou en contrastant les velours pour en faire un sac-fleur. « Créer des lignes complètes

d’objets réalisés en récup’ », c’est le rêve de Catherine, ancienne costumière de spectacles, qui gamberge derrière son bureau-secrétaire relooké avec d’anciennes BD. Des luminaires, des bureaux, des mobiliers, avec une même « patte technique ». La standardisation Ikea vous étouffe ? Pour refaire votre déco, venez donc vous resssourcer dans le recyclé.

On lève les pinceaux : Nathalie partage une technique de patine avec les participantes aux ateliers de récup’. Six jours de stage pour savoir relooker ses vieux meubles : pour Jacqueline, c’est autant d’autonomie de gagnée.

Les « déchets » font leur pied-de-nez.

Mis au rebut mais triés, classés, repassés, les tissus de-viennent des trésors. Ici, même les bobines de fil sont récupérées.

La recyclerie, caverne moderne d’un

Ali Baba manuel et créatif.

© Raquel Hadida

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(A)typiques #1 - Oct-nov 09(A)typiques #1 - Oct-nov 09

MA TITINE

Par Raquel Hadida, illustré par Thomas Sheepmann

Une voiture pour seize*

revanche, Modulauto se développe. L’entreprise fait partager 30 voitures à 500 adhérents ( soit une voiture pour 16 adhésions ), sur 18 stations à Montpellier et deux à Nîmes. Et plus il y a d’abonnés, plus l’entreprise peut acheter de voitures collectives, mieux elles sont réparties sur la ville... donc plus c’est pratique pour tout le monde. Avantage non négligeable, l’abonnement permet aussi de louer une voiture dans les autres villes, donc de bouger à petit prix en train + voiture dans les grandes villes de France et dans la région.

Sans attendre des voitures moins polluantes

Côté environnement, en France le système a déjà économisé la construction de plus de 2 500 voitures ( donc l’énergie et les matériaux

Et si on se passait de voiture... tout en ayant un véhicule en libre service dispo 24 h/24 dans toutes les grandes villes ? Pour les citadins qui peuvent aller travailler sans voiture, l’autopartage sabre le budget auto en toute souplesse, allège la circulation et rend moins dépendant. Nadine, Mickaël, Mark et Raphaëlle ont testé pour vous.

qui vont avec ), sans compter le gain d’espace : chaque nouvelle voiture implique 150 m2 de bitume en plus sur les parkings.Alors que les marques auto tentent de jouer à qui semblera le plus vert, pour Olivier de Broissia, gérant de Modulauto et spécialiste de l’écomobilité, « l’autopartage joue sur les comportements. Au lieu d’être tenté de prendre la voiture pour aller à la boulangerie, on rationalise les déplacements... et on se rend compte qu’on n’en a pas tant besoin que ça. On agit maintenant, sans attendre les promesses des constructeurs ». Parmi les adhérents, la moitié se séparent de leur voiture ou renoncent à en acheter. Le plus vieux d’entre eux a même connu le premier système d’autopartage éphémère en France... à Montpellier, en 1972, quand on glissait des jetons dans une Simca 1000 !

v ous habitez à Montpellier, Nîmes ou Narbonne et vous pouvez aller travailler

à pied, à vélo ou en transport en commun ? Si vous n’avez pas de voiture, fini la dépendance envers les autres. Si vous en avez une, vous pouvez la vendre. Et passer à l’autopartage, « pour avoir une voiture sans avoir de voiture », avec Libr’auto à Narbonne, ou Modulauto, à Montpellier depuis 2006, Nîmes depuis 2008 et bientôt Sète, voire Perpignan. Ce système de location à l’heure, déjà très au point par exemple en Suisse (70 000 adhérents), en Allemagne et dans une douzaine de grandes villes françaises, permet de réserver une voiture n’importe quand, en un clic ou un coup de fil, et d’aller la chercher sur la place de parking réservée la plus proche.On passe le badge sur le pare-brise, on tape le code à l’intérieur : c’est parti ! Fonction de la distance et du temps, le tarif comprend l’amortissement de la voiture, l’assurance, l’essence, la place de parking et l’entretien : non seulement le budget déplacements s’amaigrit (voir page de droite) et gagne en visibilité, mais en plus, on n’a à s’occuper de rien !À Narbonne, le système mis en place par l’ancienne mairie avec une filiale de Veolia ( Proxiway, ex-Comox ) patine à 10 voitures. En

*équivalent à 30 voitures pour 500 personnes

Montpellier, Nîmes, Narbonne

Testé pour vous

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L’AUTOPARTAGE, C’EST PRATIqUE ?Combien ça coûte ?

Les budgets autopartage varient de 30 à 350 €/mois.• Adhésion à Modulauto : 12 €/mois, ou combiné avec transports en commun + vélo à Mtp, 33,50 €/mois.• Utilisation : 2 €/h + 0,36 €/km  Autres tarifs pour locations à l’heure (hors abo) et pour les entreprises.Soit un après-midi à la plage : env. 12 €, un A/R au supermarché : env. 8 €,à la gare : env. 5 €, une journée de balade à 50 km : 60 €.• Pour 250 km et 25 h/mois, une petite voiture essence revient à 325 €, une voiture moyenne diesel à 533 € et Modulauto Panda... à 152 €, soit 2 à 4 fois moins cher, tout inclus (entretien, carburant, dépréciation du véhicule, crédits, carte grise, assurance, parking, contrôle technique...).

Comment ça marche ?• Réserver par tél. ou internet, avec heures de départ et de retour.• Confirmation par e-mail ou SMS, avec l’adresse où la voiture est garée.• Passer le badge sur le pare-brise. Les clefs sont dans la boîte à gants.• Essence payée par une carte Total ou remboursée.• Au retour, laisser la voiture propre + ¼ du plein.• Appuyer sur le bouton-poussoir pour envoyer informatiquement les infos de la course.• Réception du récapitulatif de la course par SMS ou e-mail.• Virement du coût de la course depuis votre compte bancaire.

C’est où ?• Modulauto à Mtp à côté de la gare, 27, rue de Maguelone chez Vélo magg 04 67 60 00 51, www.modulauto.net• Libr’auto à Narbonne (près des Halles)2 bis, pl. Émile-Digeon, 08 10 58 59 18 www.comox.fr En France : www.franceautopartage.com

Mickaël et Nathalie : « Jusqu’au bout ! »

On va au travail à pied ou à vélo et, pour le week-end, on avait la vieille Clio de mes parents. Mais les amortisseurs commençaient à lâcher et près du Corum, pour se garer, c’est l’horreur. Les Modulauto sont garées sur les meilleures places de parking, à côté de la sortie, elles sont neuves, entretenues... Nous en réservons pour faire des courses volumineuses, ou à la journée pour aller à la plage ou voir de la famille à 40 kilomètres. L’heure de location n’est pas chère, donc pour un même déplacement, autant prendre une marge, par exemple trois heures de large, quitte à revenir plus tôt et à avoir une remise. Mais comme on visualise le coût réel d’utilisation de la voiture, ça incite à l’utiliser de façon plus parcimonieuse. Et à prendre le train... Surtout qu’ensuite, à Nîmes, on peut reprendre une voiture !Le système est super ludique et tout est simplifié. C’est sûr qu’on réfléchit différemment : on anticipe un peu plus et on bouge de façon plus raisonnée, ça crée une façon de penser meilleure pour la planète. Quand Nathalie devait accoucher en pleine nuit, j’ai réservé à 1 h du mat’ ; à 1 h 15, on était à l’hôpital Saint-Roch. C’était l’occasion de tester jusqu’au bout !

Nadine : « Les réparations,

c’est fini ! »Il y a un an, j’avais de grosses réparations à faire avec ma voiture, alors j’ai opté pour Modulauto, pour tester. Déjà pour les économies, et... c’est un honneur de participer à diminuer la dépense en énergie, chacun à son niveau. Je réserve une voiture environ trois fois par mois, pour des courses lourdes ou pour aller voir des amis à Clermont-l’Hérault. Au bout d’un an, je réalise que je n’ai vraiment pas besoin de voiture. Il y en a toujours quand je veux, sans avoir besoin de réserver à l’avance, et je n’ai plus de problèmes de réparations. L’équipe, aimable et compétente, a fini de me convaincre : en cas de soucis, elle se rend vraiment disponible. Avec les autres adhérents, le lien me fait penser à un fonctionnement d’équipe, même si on ne se voit pas : on s’entraide et on se respecte puisqu’on ne fume pas et on laisse la voiture propre... C’est un bon outil citoyen !

En entreprise…Certes, en étant un des créateurs et investisseurs de Modulauto, Mark est particulièrement motivé. N’empêche, « aux Annonces vertes – journal de petites annonces, NDLR –, chaque commercial n’a besoin d’une voiture que deux fois par semaine et fait peu de kilomètres, mais évidemment nous bouclons le mercredi, donc ils ont tous leurs rendez-vous les lundi-mardi. Nous utilisons les voitures Modulauto : il y en a plein en ville et nous sommes complémentaires des particuliers. Au lieu de devoir gérer 4 voitures avec 100 € de parking pour chacune, ça ne nous coûte que 350 € par mois ».

... et en assoc’Dans le réseau d’associations d’éducation à l’environnement Coopere 34, c’était logique de se déplacer avec Modulauto. Mais Raphaëlle est un peu énervée : « Sur la voiture qu’on prend, à Saint-Éloi, il y a souvent un problème technique, il faut appeler pour le résoudre, ça nous fait perdre du temps ».

« Quand Nathalie devait accoucher en pleine nuit, j’ai réservé à 1 h du mat’ ; à

1 h 15, on était à l’hôpital Saint-Roch. C’était l’occasion de

tester jusqu’au bout ! »

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Vins : Le guide d’ici

L es vignes, on trouve ça beau. N’empê-che, pour le vigneron Christophe Beau

(p. 17) : « C’est épouvantable. Le Languedoc est un désert viticole. La viticulture est une monoculture simplifiée, en production inten-sive. Les vignes sont juxtaposées à la garrigue délaissée, sans échange de fertilité. »Aux Vignerons de Tornac (p. 14), Alain Privat est aussi catastrophé : « Partout dans les vignes, on retrouve du Round-Up (un désher-bant généraliste de Monsanto, NDLR) et il res-te de la cymazine, un désherbant interdit. »Sorti de la culture conventionnelle, il connaît bien le mécanisme : « Si on veut voir des ma-ladies, des insectes, il y en a toujours. Ça fait de bonnes raisons de traiter, on achète, et on passe sous la coupe des commerciaux. Lorsque les premiers désherbants, dits “biodé-gradables“, étaient vus comme une révolution de facilité, certains VRP n’hésitaient pas à en boire pour montrer leur inocuité. Dans la cabine du tracteur, avec les filtres, on ne sent pas le produit, mais il y a une tête de mort dessus...» En Europe, la vigne occupe 3 % de la surface

agricole, mais y concentre 20 % des pesticides... Non seulement ces produits toxiques s’écoulent dans nos rivières, mais ils empoisonnent les hommes. Premiers atteints : les familles de viticulteurs, comme le montre le film Nos enfants nous accuseront. Problèmes de fertilité, naissances à risques, malformations d’enfants, cancers précoces. À l’hôpital de Montpellier, le service pédiatrique du Pr Charles Sultan voit passer de nombreux cas. Les agriculteurs exposés risquent 2 à 6 fois plus que les autres de développer des tumeurs cérébrales, la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. Les capacités mentales des ouvriers viticoles exposés aux feuilles traitées se révèlent amoindries par rapport à d’autres ouvriers agricoles.

5 800 fois plus de pesticides que dans l’eau

Et les bons vivants en prennent aussi pour leur grade : selon une étude de 2008 du Pesticide Action Network, sur 40 bouteilles européennes, 100 % des vins conventionnels contenaient des résidus de 4 à 10 pesticides.

Les niveaux de contamination atteignent 5 800 fois les concentrations maximales autorisées pour l’eau du robinet (le vin n’a pour limites que celles liées au raisin-fruit). Côté goût, on n’est pas plus gâtés : les engrais standardisent le vin, et en cave (p. 16), le soufre « écrase » ses arômes.

En parrallèle, la « vigne qui pisse le vin » (aidée par une irrigation indécente) ne paie plus : caves et viticulteurs arrachent leurs vignes, et faute d’acheteurs, distillent leur vin à 32 € les 100 l. « Ils sont découragés, n’entretiennent pas leurs terres, accumulent les factures et l’endettement. La profession déraille », témoigne Alain Privat.Alors, constate Thierry Duchenne, directeur de l’Association des vins bio du Languedoc-Roussillon, « pour toutes ces raisons, les viticulteurs passent au bio, en particulier dans le Gard ». Dans les P-O, un programme de « vignes patrimoines » encourage la conversion lors de la transmission d’exploitation. Avec un triplement des surfaces en dix ans, la région compte 550 domaines en bio (1re en France), soit seulement 3 % de l’espace viticole. À votre santé !

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Enivrez-vous d’alternativesPour le premier cru d’(A)typiques, on a envie de trinquer avec vous. Un dossier sur le vin, banal ? Pas si sûr, vu la créativité et le courage de plusieurs vignerons de la région. Qui ont, eux aussi, à dépasser une crise économique ouverte et une crise écologique, voire sanitaire latente. Ceps rebelles.

Crise sur le marché du vin : les viticulteurs arrachent leurs pieds contre subvention, les caves coopératives souffrent, voire ferment comme ici celle de Castries, détruite en 2005.

Le Languedoc, désert viticole ? On a beau adorer les paysages de vignes, trop c’est trop ! La monoculture de vignes, cultivées avec force produits chimiques, élimine la diversité des plantes et des animaux et épuise les sols.

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Le guide des vins

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Texte Raquel Hadida, photo Jean-Louis Estèves

Bio : le bon tuyauLe vin bio ne se cantonne plus aux petites exploitations. Face à un marché de plus en plus difficile, coopératives et grands domaines tentent de tirer leur épingle du jeu en passant au bio.

U n logo AB sur le T-shirt, les vignerons coopérateurs de la cave de Tornac, près d’Alès (Gard), affichent leur

couleur... verte. Du moins pour les six qui ont décidé, il y a 7 ans, de reconvertir leurs 200 hectares en bio, alors que les 100 autres coopérateurs (sur 200 autres hectares), restaient en « conventionnel ». Pas façile à gérer quand on vinifie en commun : « Heureusement, pour séparer les deux, nous avions déjà deux quais de réception, et deux trémies. S’il avait fallu investir, cette “fantaisie“ n’aurait pas été acceptée », ex-plique Alain Privat, l’ancien président de la coopérative, à l’origine du virage. Trois tuyaux pour le vin conventionnel, trois tuyaux pour le vin bio, et un bâtiment de cuves béton spécifique. « Mais des deux côtés, on utilise les mêmes levu-res sans OGM pour éviter les erreurs. » Côté vignes, il a fallu apprendre la patience : « Les premières années, alors qu’on ne pouvait pas encore vendre en bio, on récoltait 6 t/ ha au

U ne corne de vache remplie de quartz pilé mélangé à de l’eau de pluie, le tout

enterré pendant six mois à 80 cm de profon-deur. Voici la silice de corne, une des prépara-tions utilisées en agriculture biodynamique qui favorisent la vigueur végétative des ceps. Pour la « dynamiser », le viticulteur la brasse pendant une heure exactement dans de l’eau de sour-ce. Il pulvérise la silice de corne deux fois par an à dates et heures précises, définies par un ca-lendrier lunaire. À une dose homéopathique : 4 grammes par hectare seulement ! Étrange... pourriez-vous dire. Pourtant, les pratiquants sont enthousiastes. Emmanuel Pageot, vigneron à Gabian (34), a découvert la biodynamie en 1999 dans les Côtes-du-Rhône. « Au début, ça me faisait rire, les planètes, les étoiles, la bouse de vache... Je n’y croyais pas. Puis j’ai vu la qualité des vendanges, alors j’ai commencé à m’y intéresser. Plus tard, en Australie, j’ai vu des terres mortes redevenir

fertiles en cinq ans. Depuis je suis convaincu. » Selon André Bertrand, du domaine de Malavieille, près de Clermont-l’Hérault (34), « la biodynamie apporte finesse, élégance et complexité au vin ». Pour Julie Aubert du domaine du Château-de-Bastet (30), cette agriculture est plus poussée, en accord avec les cycles de la vie. Elle précise : « Le vin devient meilleur pour la santé ». Et tous confirment : « La biodynamie crée des vins de qualité.» La meilleure preuve ? L’illustre domaine de La Romanée-Conti en Bourgogne la pratique depuis plusieurs années, sans toutefois afficher le label de l’agriculture biodynamique : Demeter.

Le sol, un être vivantInitiée en 1920 par Rudolf Steiner, la biodynamie vise à régénérer et maintenir la vie du sol : c’est sur un sol vivant, préservé des pesticides et engrais chimiques, que poussent des plantes saines. Pour cela, l’agriculteur

Texte et photo Emmanuel Guyot

Biodynamie La viticulture façon homéopathie

Astres, cristaux : ses méthodes surprennent ou

inquiètent, l’absence de preuves scientifiques la

rend controversée. Approche globale, la biodynamie se révèle

pourtant concluante en viticulture. Rencontre avec des vignerons conquis par

cette homéopathie agricole.

Association Demeter, 03 89 41 43 95www.bio-dynamie.org

Si tous ne l’affichent pas, ce logo indique des vins biodynamiques : Demeter est l’organisme certificateur des exploitations agricoles qui se placent dans cette démarche.

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Raisin raisonnéDans la région, une cinquantaine de viticulteurs et coopératives adhèrent à la marque Terra Vitis : ils doivent tenir un « carnet de vigne » où ils doivent justifier chacun des traitements chimiques, par l’observation des « attaques » de maladies ou parasites, et des besoins des ceps. La cave du Mont-Tauch (11) et la cave de Neffiès (34) sont particulièrement engagées dans la démarche. En lien avec un organisme de recherche technique agricole, le Cemagref de Montpellier, des viticulteurs de Neffiès ont analysé leur matériel et testé des systèmes GPS (photo ci-dessus) leur permettant de mieux cibler les vaporisations de pesticides – ni sur le sol, ni dans l’air.

Logo présent sur les vins :

Association Terra Vitis Rhône Méditerranée04 67 06 23 16 – 06 72 81 04 26Liste des viticulteurs sur www.terravitissud.comProjet Aware : www.lifeaware.org

dit : “Ça rapporte combien ?“», s’amuse Alain.Si « la première année, ça ne se vendait pas », ce choix courageux s’avère payant depuis 2006. Aujourd’hui, des camions allemands viennent chercher le vin bio ici (seul 1 % de l’export de vin est bio), et les « convertis » esquivent l’hécatombe du marché viticole. De nombreuses coopératives, comme celle du muscat de Mireval (Hérault), ont emboîté le pas et passent au bio à tour de bras, cette fois sans contrat avec l’Europe.Opportunité de marché ou prise de conscience ? Pionniers, les Vignerons de Tornac n’en restent pas moins convaincus sur le fond. Tout comme, plus au sud, Patrick Guiraud. En Petite Camargue (Gard), ce viticulteur incite 10 autres grands domaines, sur 750 ha, à passer au bio, en vue de vendre sous une marque commune, en partenariat avec des magasins de proximité : « Dans la zone, les oiseaux reviennent : l’impact du bio est réel. Mais on n’est efficace que si on est nombreux. » À Tornac (proche Anduze, 30) : Les Vigne-rons de Tornac, Hiver : 8 h-12 h/14 h-18 h 30,Juill.-août : Portes ouvertes ts les ven.15 h-18 h,04 66 61 81 31, www.vignerons-tornac.comÀ Aimargues (proche Aigues-Mortes, 30):Patrick Guiraud, domaine de Valescure04 66 88 03 77, [email protected]

lieu de 10 t/ ha. Et si on ne met plus de produits, il y a 40 % de plus de boulot : bio ne signifie pas “rien“ faire ! » En effet, il faut retourner la terre 4 à 5 fois au printemps pour déchausser les “mauvaises herbes“, ce qui coupe les racines de surface, et les oblige à puiser leurs ressources en profondeur. Traitées uniquement à l’engrais organique et à la « bouillie bordelaise »* au lieu de pesticides, les vignes retrouvent une diver-sité d’insectes et de plantes. Alain a confian-ce : « Il faut accepter une part de maladie, de “non-propreté“. » Une fois rééquilibrées, les vignes profitent mieux de l’eau et des miné-raux, donc sont plus résistantes. Plus épaisse, la peau des grains de raisins se révèle moins sensible aux champignons. Et, contrairement à sa réputation, le vin bio est bon : « Le rosé bio a un goût floral qu’on n’avait pas..»

Efficacité groupéeAu-delà du double défi technique, ce sont les mentalités que les vignerons bio doivent affronter : « On se foutait de nous, les techniciens n’y croyaient pas, mais on n’a écouté personne. Avant on nous demandait, “Le bio, ça coûte combien ?“, aujourd’hui, on

*Un mélange de cuivre et de soufre minéral, de plus en plus allégé. Deux domaines expérimentent le lait de vache ou de brebis à la place.

pulvérise régulièrement sur les plantes, le sol et le compost, des préparations à base de plantes fermentées dans des organes animaux. Elles développent la structure du sol, ses micro-organismes, et fortifient les plantes. Globale, l’approche biodynamique est aussi sensible aux « bonnes ondes » : « Pour faire un bon vin, il faut que les vendanges se passent dans la bonne humeur, que les vendangeurs aient envie d’être là ! », raconte Patrick Maurel, du pic Saint-Loup. Si les preuves scientifiques sont rares, les expériences sont convaincantes.

Emmanel Pageot : « les étoiles, la bouse de vache...la biodynamie, ça me faisait rire ! Puis j’ai vu le sol fertile, la qualité du vin : depuis, je suis convaincu.»

Les vignerons biodynamistes s’accordent : le sol devient fertile, les plantes résistantes aux maladies et aux parasites, les vendanges qualitatives. La diversification des « mauvaises herbes » les rend moins gênantes, aère le sol et augmente son drainage, le travail du sol est fa-cilité. Julie Aubert ajoute : « Les produits utilisés sont sains. On n’a pas besoin de protections. » Côté finances, aucune dépense de pesticides ou d’engrais de synthèse :« les produits que j’utilise ne me coûtent que 150 € par hectare et par an. » précise Emmanuel. En contrepar-

Merci à Bernadette Ruelle

Qui fait du vin biodynamique ?

Liste non exhaustive

· À Gabian (34) : Emmanuel Pageot, domaine Turner-Pageot, 04 67 00 14 33· À Mérifons (34) : André Bertrand,domaine de Malavieille, 04 67 96 34 67www.domainemalavieille.com· À Lauragel (11) : Sylvain Saux, domaine Pechigo, 04 68 31 61 68· À Sabran (30) : Julie Aubert,domaine de Bastet, 04 66 39 33 36· À Bellegarde (30) : Terre des chardons, 04 66 70 02 51, www.terre-des-chardons.fr· À Rivesaltes (66) : Domaine Cazes, 04 68 64 08 26, www.cazes-rivesaltes.comVoir p. 16-17: · Au Mas-de-Londres (34): Patrick Maurel· À Corconne (30) : Christophe Beau · À Banyuls (66) : Alain Castex

tie, quelques investissements sont nécessaires : un dynamiseur, un pulvérisateur adapté et des outils spécifiques pour le désherbage, la plus grosse contrainte. Dynamisations et pulvérisa-tions biodynamiques ne prennent que quel-ques demi-journées par an et permettent de diminuer de moitié les doses de cuivre et de soufre (minéral) utilisées en bio. Malgré des réticences, la biodynamie se développe, tout particulièrement dans la viticulture, même si tous ne l’affichent pas. Pour ne pas effrayer les consommateurs ?

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Le guide des vins

Par Raquel Hadida

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À bout de soufre

Banyuls-sur-mer (66)

Le vin vous donne mal au crâne ? Ne vous

privez plus : quelques rares viticulteurs bravent

les préjugés et rendent superflu l’ajout de

composés soufrés, les sulfites, pour transformer le raisin en vin « vivant ».

PLUS bIO qUE bIO ? Par Patrick JeanJusqu’à aujourd’hui, dans les vins « bio » il n’y a que le raisin qui est bio. Mais quid de l’élevage, où quantité de produits peuvent être ajoutés ? Certes, quand le vin contient plus de 20 mg/l de sulfites ou dioxyde de soufre (SO2), les viticulteurs doivent l’indiquer sur la bouteille. En attendant une charte de vinification européenne plus stricte en 2010, 14 viticulteurs bio de la région (200 en France) adhèrent à la charte de vinification de l’interprofession des vins bios (Fnivab), mise en place sur l’impulsion du domaine de la Triballe (Guzargues, 34). Les viticulteurs doivent noter toutes leurs méthodes et les produits bio utilisés lors de la récolte, de la fermentation, de l’assemblage, du suivi analytique, etc. La charte limite la dose de sulfites à 100 mg/l, au lieu de 210 mg/l par exemple pour le vin blanc. Les viticulteurs du label Nature & Progrès sont soumis à des normes encores plus strictes.

Pour boire du vin naturel, ouvrez-le à l’avance, puis goûtez-le : il évolue !

Où trouver des vins

« vivants » dans la région ?Seuls 20 à 50 vignerons d’ici ne mettent pas de soufre dans leur vin. Parmi eux :

· À Banyuls (66) : Le Casot de Mailloles Ghislaine et Alain Castex 17, av du Puig del Mas. Ouvert en saison 11 h-13 h et 17 h-20 h, ou sur RDV 04 68 88 59 37

· Au Mas-de-Londres (pic Saint-Loup, 34) : Patrick Maurel, Terres du Pic 04 67 55 06 57 www.terresdupic.comAu caveau tlj et le sam. aux Arceaux à Montpellier, Patrick fait pâturer des brebis d’éleveurs du Vigan dans ses vignes.· À Caux (près de Pézenas, 34) : Bernard et Cécile Belhasen, domaine Fontedicto, 04 67 98 40 22.Travail de la terre avec un cheval et élevage des vins à la musique classique.· À Cabrerolles (Faugères, 34) : le précurseur Didier Barral du domaine de Lanthéric a entraîné ses voisins Cédric Saur de la Grange d’Aïn et M. Andrieu du Clos Fantine.· À Saint-Jean-de-Minervois (34) : Le Petit Domaine de Gimios, 04 67 38 26 10· À Ribaute-les-Tavernes (30) : Domaine Louis et Chantal Julian, 04 66 83 06 54.· À Montesquieu des Albères (66) : domaine Les Foulards rouges.· À Argelès (66) : Stéphane Maurin.· À Feuilla (11) : Les Sabots d’Hélène (p. 21). · À Azille (11) : Domaine Saint-Julien, Le Zaparel.

En savoir plus : www.vinsnaturels.fr

« L es sulfites, ça dénature et ça stan-dardise le goût du vin, c’est une

négation du terroir... Les gens qui achètent notre vin seront peut-être bourrés, mais pas malades ! », s’amuse Alain, piochant sous le soleil de Banyuls, sur un somptueux versant planté de vieilles vignes. Sa compagne, Ghis-laine, est allergique aux autres vins : maux de tête, urticaire, sinusite, jusqu’à des œdèmes de Quincke, par trois fois ! Normal : si le blanc d’œuf (pour clarifier) n’a pas d’impact sur la santé, il n’en va pas de même des sulfites, un gaz toxique – surtout combiné aux sucres des vins – utilisé comme conservateur sous les

doux noms de E220 et consorts. Alors qu’il cultivait dans l’Aude, Alain se voyait « arriver à un palier de qualité. [...] On nous apprend que le vin se fait à la cave, par des œnologues. Mais à part le vin industriel sous perfusion technique, le vin s’élabore à la vigne. »Pour Alain, tout change avec la rencontre d’agronomes à la retraite qui osent enfin dire « on peut vinifier sans soufre ». Les vignerons en ajoutent pour favoriser les levures indus-trielles sélectionnées (les killer, souvent OGM) face aux levures « indigènes », naturellement présentes sur les grains de raisin et dans le sol. Spécifiques du terroir, mais pas toutes bénéfiques. « Tout le monde a les pétoches de laisser tomber le soufre. C’est vrai qu’on prend le risque que la fermentation se passe mal et que le vin tourne au vinaigre. Mais la qualité d’une chose, c’est la somme de ses défauts. »

Courageux et expérimentalSur ses 4 ha, Alain connaît tous ses pieds de vigne, les goûte, les observe, s’interroge sur l’harmonie de leur expression en bouteille : « Je me dis, té, je pourrais tester ça. » Se caler sur le calendrier lunaire améliore la fermentation. Le choix du « sans sulfites » impose aux vendan-

geurs (en fait des clients, devenus amis) un tri rigoureux des grains de raisin... foulés aux pieds, et une hygiène irréprochable en cave.À la dégustation, le goût du fruit n’est plus étouffé, le vin est plus acide, « donc rééqui-libré par rapport aux sucres », avance Alain. Et, s’il est dénigré par les amateurs de vins de garde, le vin « naturel » peut en réalité se transporter et se conserver :« les “ 1998 “ ont encore dix ans devant eux ».

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Que voulez-vous changer au commerce ?En commerce, dans une logique syndicale et corporatiste, chacun défend sa gamelle : les vignerons sont soudés contre les supermarchés, les restos, les cavistes. Dans la filière, chacun pèse sur ses fournisseurs et le vigneron pèse... sur le terroir : moins entretenu, c’est lui qui trinque.Des vignerons réagissent en faisant du « commerce-gesticulation » – marchés, salons, cavistes en direct, animations – dont ils deviennent esclaves. On fantasme aussi sur l’économie fusionnelle consommateurs-producteurs, mais les filières courtes ne pourront représenter plus de 5 % du marché ! 50 % du vin s’exporte, ce qui n’est pas incohérent si on rend l’export « associant ».

Alors comment créez-vous un commerce « associant » ?En réfléchissant à des filières longues où chaque maillon prend conscience des difficultés et des besoins du maillon voisin : le chef de rayon n’est pas un con, et l’autre n’est pas qu’un tiroir-caisse ! En discutant, on trouve des solutions… Avec le réseau Vin en tête, caviste, bar à vin et resto parisiens, nous avons fait des investissements croisés : j’ai pris des parts chez eux et ils ont acheté 2 hectares de terrain chez moi. En début de campagne, on fixe les prix

en partenariat, en fonction des coûts de production de chacun, rémunération

comprise. Sur une bouteille de 15 €, une fois que chacun a pris sa part de façon équitable et adulte, il peut rester 1 €. Ce n’est pas du bénef’ pour le distributeur final, c’est de l’argent libre ! Comme la filière entière devient responsable du terroir (le mode de production global, NDLR), elle peut avec cet argent essayer une livraison à vélo, installer un viticulteur. Ou promouvoir des expérimentations sur les vins produits en « bio social » (environ 15 % de nos ventes), sur le plan technique, paysager ou économique – créer une AMAP viticole, par exemple.

Justement, quelles sont vos relations avec les consommateurs ?Depuis vingt ans, des consommateurs coo-pératifs signent des Cépatou pour deve-nir « locaterre » de ceps de vigne pendant trois ans, en fonction du nombre de bou-

teilles qu’ils veulent boire dans l’année. Le prix de la bouteille – 5,14 € au lieu de 7 € au caveau, NDLR – est fonction des coûts de production et du rendement, donc déconnecté du prix de marché. J’invite les consommateurs à participer aux vendanges un dimanche, en autogestion : ils amènent caisse à outils, petits plats, font des as-semblages spontanés de vins à la cuve, trouvent des noms de cuvée…Parmi eux, 32 ont investi dans la SCI Jesaispastout et sont les propriétaires collectifs de 2 hectares de vignes du domaine, à 500 € la part, avec 2 % d’intérêt, comme la Caisse d’Épargne. Le loyer, ils ne se le sont jamais partagé : ils l’ont utilisé pour organiser des fêtes, retaper un ma-zet... Mais c’est important qu’ils reçoivent un loyer, sinon, ce serait du militantisme. Or, c’est de l’économique que je veux.Christophe Beau, domaine Beauthorey À Corconne (30), Chemin neuf, 04 66 77 13 11, 06 21 74 44 86, www.beauthorey.com

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

AbONNÉS AUX VINS À CLERMONT-L’HÉRAULT

par Emmanuel Guyot

Une bouteille pour un pied de vigne. Sur le même principe que les contrats de loca-tion, les Amis vignerons, une association de Clermont-l’Hérault (34), regroupent trois pro-ducteurs bio de l’Hérault : Arnaud l’Épine, de Pézenas, Patrick Maurel du pic Saint-Loup et

Commerçant expérimental

Corconne (30)Depuis le pic Saint-Loup, Christophe Beau teste de nouvelles formes d’échange de son vin, en direct avec les consommateurs, mais aussi en filière longue. Risque ou luxe ? Envie d’une économie plus « associante », sans dogmatisme.

Propos recueillis par Raquel Hadida – photo avec Delphine De Lucia

Ce sont les « clients » de Christophe Beau qui ont décoré collectivement son tracteur.

Jean-Michel Salvador, des terrasses du Larzac. En payant 15 % moins cher, mais d’avance, les bons vivants aident les producteurs à maintenir leur activité à flot. Gagnant-gagnant. Avec les journées de rencontres sur les domaines, on se sent plus proche du vigneron dont on descend les bouteilles, tout en favorisant une économie locale et solidaire. Bernard Bruzac, Les Amis vignerons, 04 67 44 10 80Adhésion 10 €, vins entre 3 et 10 €.www.amisvignerons.fr

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Page 18: ATYPIQUES Magazine N°1

Le guide des vins

Château des Hospitaliers

923, avenue boutonnet

34400 Saint-Christol

(près de Castries) 04 67 86 03 50

www.chateaudeshospitaliers.fr

+ web : D’autres caves atypiques

La cave de Banyuls (66) refroidie

au solaire, des caveaux en bois à

Grabels (près de Montpellier) et à

Lacoste (près du Salagou,34)...

qualité environnementale (HQE), il y a quatre ans. Conçu « en fonction d’une méthode et pour une meilleure qualité de travail », ce nouveau bâtiment en pierres de Vers-Pont-du-Gard (deux tonnes chacune !) est isolé par des matériaux naturels : ouate de cellulose et laine de lin.Sur les façades : fougères, iris japonais, saxifrages, helxines… Sur plus de 300 m2 de support non tissé en matières recyclées s’entremêlent des plantes spécialistes de l’escalade. L’entretien ? « Aussi simple que pour un jardin. » Inspiré des méthodes du paysagiste Patrick Blanc (auteur des murs végétaux du musée du quai Branly et des Grandes Halles d’Avignon), le revêtement de la cave crée un coussin d’air de quelques centimètres entre la façade végétale et le mur. Efficace pour l’isolation.Pour assurer une température constante de 16 °C, été comme hiver, et sans climatisation,

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Comme une falaise naturelle dans un patio de lumière… « Pour ma nouvelle cave à

6 mètres sous terre, je désirais amener la lumière du jour tout en gardant le vin à température fraîche, naturellement. Alors j’ai créé un patio aux murs ajourés de fenêtres et couverts de végétation. » Vigneron propriétaire des châteaux des Hospitaliers, à Saint-Christol (entre Lunel et Sommières), Serge Martin-Pierrat a reconstruit de ses mains une cave de Haute

par Judicaëlle Rannou

Ivresse végétale

Saint-Christol (34)

Mur fleuri, puits canadien, isolation naturelle : pour

refroidir son vin, à Saint-Christol, la cave des Hospitaliers

remplace la climatisation par l’imagination.

Serge complète l’installation par six puits canadiens enterrés, qui pulsent de l’air régulièrement dans chacune des six salles. Au contraire de la climatisation, ce système évite toute variation brutale de température du vin, qui conduit à un vieillissement accéléré, fatal pour sa qualité. Sans compter l’économie considérable à l’installation et en consommation électrique.Serge a le souci du détail. Jusqu’à faire recuire en fonderie l’Inox de ses cuves pour rendre le métal plus lisse et utiliser ainsi 2 000 fois moins d’eau pour les nettoyer ! Malin, Serge n’a pas équipé la cave de caniveaux : « Ça oblige les employés à couper l’eau au lieu de laisser filer. »Des méthodes qui refroidissent les autres vignerons... Mais n’empêchent pas Serge de continuer sur sa lancée. Prochains projets : une centrale photovoltaïque pour revendre de l’électricité et profiter d’un chauffage solaire. Des investissements qui font monter le prix de la bouteille ? « Je n’augmente pas mes prix, la qualité, c’est le minimum qu’on doit aux consommateurs ! »

À NARbONNE, DES VIGNERONS (PRESqUE) COMME LES AUTRES

« La bouteille symbolise le produit fini, la somme de travail effectuée tous ensemble… » Au domaine de Sainte-Johannès, à Narbonne, 22 handicapés mentaux trouvent un équili-bre social en élevant des vins de qualité. « Les travaux agricoles s’effectuent en même temps, de la même façon et aux côtés des autres viticulteurs. Cette intégration de fait dans la vie “normale“ est, elle aussi, particulièrement motivante », analyse Hélène Amigues, chef de service de cette Etablissement et service d’aide pa le travail (ESAT). Rien ne sem-ble altérer la cohésion du groupe : ni les différences d’âge, ni les différences d’auto-nomie, ni la technicité des tâches allouées à chacun en fonction de son handicap. Le travail de la vigne devient enthousiasmant pour tous. Une question de mental.

À Narbonne (11) : Domaine de Sainte-Johannès Route de Marcorignan, 04 68 42 09 40, www.apajh11.fr, [email protected] Corbières, rouges, rosés et muscats secs, en vente au caveau , tlj 8 h-17 h sauf dim., mais aussi sur le front de mer à Port-Leucate, aux restaurants Le Toucan et Le Fort de l’eau. De 3 à 4,50 €/bouteille.

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Texte et photo Patrick Jean

Page 19: ATYPIQUES Magazine N°1

le dernier transporteur de vin de mon espèce, Dionysos se rebiffe sur la révolte des vignerons de 1907. Adieu les entrecôtes-frites et les motels de routier !Au bout d’un mois de repos, on repart, direction l’est, pour prendre du miel ou du comté en passant. Et moi je tricote mes souvenirs : un dessous de plat en bouchons, un oreiller en liège râpé. Même un portrait de moi lors de ma première remontée, en 1996. Les « Remises à flots »** du transport fluvial, côté patrimoine, c’est déjà une bataille de gagnée.Niveau commerce, je reste expérimentale : pour payer l’équipage, et économiser du fioul – donc des émissions de gaz à effet de serre – par rapport au tout-routier (on en consomme 1 500 litres), il faudrait encore doubler notre chargement... ou aller à 2 km/h.N’empêche, pour 1 € par bouteille, je crée déjà un lien de plaisir liquide, et direct, entre des viticulteurs de la région et des réseaux de Parisiens (les consommateurs, comme on dit, qui achètent au même prix qu’au domaine. Des circuits courts, c’est mon côté barque, rebelle aux marques (de supermarchés). Tatatin !

** C’est le nom du groupement à l’initiative du nou-veau transport fluvial de vin. Pour y prendre part, ou le contacter, vous pouvez envoyer un mail au magazine, qui transmettra.

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

La péniche se rebiffeBéziers (34)

Texte Raquel Hadida, Illustration Vincent Roussillat

Appareillage, canal du Midi (dont je suis l’unique bateau de marchandises – la classe), étang de Thau, canal des étangs. Au passage, on prend un costières de Nîmes, du riz de Camargue, du savon de Marseille. Le Rhône, puis la Saône et les canaux du centre, en direction de la Seine, jusqu’à l’amarrage au bassin de la Villette.Plus tortueux que l’autoroute, pour sûr. Mais le vin est bien moins secoué – donc ne se déstructure pas. Et croyez-vous qu’on fête l’arrivée d’un camion sur une zone logistique ? Sur les berges, une cinquantaine de Parisiens ripaillent en mon honneur, tout en me délestant des bouteilles et autres cubis de rouge languedocien commandés en groupe.

Le vin qui flotte, un lien de potesAu bout de vingt-trois jours minimum sur les « Voies négligées de France *», à me débattre avec les crues, les écluses envasées... et surtout l’administration, faut avouer, ça fait du bien. Non pas que je m’ennuie : mon marinier accueille des enfants défavorisés, des voyageurs, et ma matelote préférée en profite pour faire des répétitions de Théâtre embarque (jouées l’été, sur mon dos). Pinardier 89 sur

* Détournement de Voies navigables de France (VNF).

V ingt-cinq tonnes de vin dans le bide, et même pas mal au crâne. Moi, le fleuve,

il m’a pris, j’me souviens, un mercredi. J’ai troqué mon quai bien tranquille à Béziers, contre une paire de canaux, et des éclusiers qui zonent. J’ai déserté les masses qui m’disaient « sois prudent, le fleuve, c’est pas rentable, les mariniers déposent le bilan ». Dès que le vin défil’ra, je repartira, dès que les vins m’combleront, nous repartirons.En octobre, après les vendanges. À la main, on me charge de cartons de minervois, de côtes-du-roussillon, de corbières de Ribaute, des vins « honnêtes » d’une dizaine de viticulteurs qu’on connaît. Qui préfèrent les cépages du cru comme le grenache et le carignan, qui ne bourrent pas les vins de pesticides, ni de soufre à la cave, et ne les enferment pas sous des bouchons en latex. Et puis une bonne quantité d’huile d’olive et de charcuterie... Bref, de quoi survivre quand on habite à Paris.

Si elle emmène les vins en croisière, c'est pour mieux

partir en croisade. Rencontre avec une

péniche atypique.

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Page 20: ATYPIQUES Magazine N°1

Le guide des vins

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Dégustations avec ou sans modération

+ web : Navigateur moderne cherche terroirs où accoster- Olivier Lebaron à Pézénas (34),responsable de la Boutique : www.showvin.com et du blog : www.showviniste.fr

Texte et photo Sylvie Francisco

VINS oublIéSle carignan , un vieux cépage à faible ren-dement, mais totalement adapté à la région, qui donne des vins puissants.

le rancio sec , un vin doux du Roussillon aux allures de noix fraîche et de menthol, qui se dé-guste frais, avec des an-chois salés. Production ar-tisanale menacée du fait de son fort degré d’alcool (plus de 15°), il est devenu une « sentinelle » du ter-roir, défendue par Slow Food. www.slowfood.frAss. Rancios secs du Roussillon, Silvio Marocchino 06 14 93 44 42 [email protected]

le clinton , cépage américain a sauvé la vi-gne languedocienne du phylloxera, mais produit un vin, interdit à la vente depuis 1934 : ce « vin qui rend fou » serait toxique à cause du méthanol qu’il contient (comme l’absinthe). Néanmoins, dans les Cévennes, il se redéveloppe en consom-mation familiale. Acide et peu alcoolisé, à boire jeune.

DEssINE-MOI UN BIB’ ROND...

Du raisin dans l’étiquette« Et si, au lieu de faire incinérer nos rafles* de raisins (bio), nous trouvions un moyen de les valoriser ? » En les

transformant en étiquettes pour les bouteilles de vin, par exemple ! Au domaine La Ventaillole, dans l’Aude, l’idée est venue un jour, comme ça, tout naturellement. Il suffisait de s’adresser au moulin à papier de Brousse, remis

en service en 1994 par une association dynamique. Depuis 2002, les cuvées Château Ventaillole AOC Cabardès sont donc habillées d’étiquettes écologiques, fabriquées manuellement et en quantité artisanale à une dizaine de kilomètres de distance. Une grande fierté pour les vignerons, Robert et Marie-Claude Curbières, qui n’en sont pas

à leur première expérience atypique : ils élèvent un cépage confidentiel, le fer-servadou... et consignent leur Bag’in Box, ce qui permet de les réutiliser au lieu de les jeter.

*le squelette de la grappe, qui porte les grains. À Ventenac-Cabardès (11), Domaine La Ventaillole, vin bio AOC Cabardès, 04 68 24 92 74,

[email protected] Caveau ouvert du lun. au sam. de 9 h à 12 h et de 15 h à 19 h, de pref. sur RDV.Visite commentée de la cave et du vignoble bio. Expo de matériels anciens. Label Accueil paysan.

Stage pour bleus dans l’univers du rouge

Après un week-end de dégustation chez un vigneron bio à Vauvert (30), vous ne boirez plus votre vin du même œil. À vos verres !

Parlez du vin par son acidité, sa couleur, évoquez les molécules et l’astringence : hop, le mythe du vin

élitiste et inaccessible s’évapore. Cette démystification est le but des week-ends de dégustation « enseignée » par Jean-Paul Cabanis, viticulteur bio de Petite Camargue, au mas Madagascar. Fierté nationale et régionale, le vin reste pourtant un patrimoine inconnu des consommateurs. On peut se targuer de ne boire que du bordeaux ou du corbières, mais fait-on réellement la différence ? « Faites le test entre amis : retirez les étiquettes des bouteilles servies à table pour faire deviner leur provenance à vos convives. » En fait, tout est une histoire de terroir : non seulement la terre ou les cépages, mais aussi l’homme et la manière. Au programme : apprentissage des techniques de dégustation, visite des caves et des vignes… Et, raisin sur le cep : le point de vue du viticulteur sur les productions régionales et mondiales,

sur l’histoire du vin et son évolution. Avis aux amoureux du breuvage... il faut cracher pour apprécier. Un stage proposé par Savoir-Faire et Découverte. www.lesavoirfaire.com0 820 820 186.Prochain stage les 7-8 nov., 168 €.À Vauvert (30) DomaineCabanis, mas Madagascar,04 66 88 78 33,

. Les tonneaux de la couverture, c’est lui, le château P u e c h - H a u t . O u plutôt eux, les artistes-amis, languedociens ou internationaux, qui se sont prêtés au jeu d’imaginer leur barrique dans leur style – le contenant en échange du contenu, le vin. Avion, poissons, abstractions, puzzle... De peintures en détournement d’objet, la collection s’enrichit au-delà des cent barriques et, après des expos, fait l’objet d’un livre à paraître en automne. Pour rendre votre apéro artistique, des Bib de 5 litres reproduisent les barriques en miniature. Superbes, mais non réutilisables, dommage. Vin de pays dispo en grandes surfaces et AOC chez les cavistes.À Saint-Drezery (près de Lunel, 34) : Domaine Puech-Haut, Gérard Bru, 2250 route de Teyran, 04 67 86 93 70 www.chateau-puech-haut.com

par Delphine De Lucia

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www.domainecabanis.com

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DESSINE-MOI UN bIb’ ROND...

Page 21: ATYPIQUES Magazine N°1

Le vin, comment ça se fait ?Dans un écomsée, une serre avec les différents stades de la vigne, des jeux interactifs pour tout comprendre sur les étapes de la vinification.À Gruissan (11) : la Cité de la vigne et du vin, domaine Inra de Pech Rouge, Les Ayguades 04 68 75 22 62 www.gruissan-mediterranee.comOuvert tlj 14 h-18 h, été 10 h-20 h 6 €/3 €.

J’irais dormir dans un tonneauLe temps d’un soir, prenez-vous pour

Diogène... et dormez à la place du vin, dans une cuve ou dans un fou-

dre transformé en gîte d’étape. Enivrement garanti pour 17 €

À Marseillette (11), Le Relais Occitan Josiane et Xavier le Gall, Le Beauvoir,

route de Capendu, 04 34 89 31 07 06 85 45 72 02, www.relaisoccitan.com

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Caviste de poche

E spaliers en bois, anciens instruments d’œnologues et paniers pour l’authenticité, déco rouge et gris pour le design. Coup de peps

pour un garage relooké en boutique depuis juillet dernier par un couple de trentenaires enthousiastes et plus qu’attachants. De petits boulots d’insertion en coups de main chez des viticulteurs bio, Alban Michel, le Lorrain, a fini par s’installer sur un domaine de 4 ha à Feuilla (Corbières). Sa fortune : une vieille 205, un sécateur et une presse à pommes, mais surtout ses voisins de l’Étoile du matin et du domaine des Balmettes, ses rencontres avec les producteurs de miel, de jus de pomme ou d’huile. La mini cave à vins a le cœur grand pour tous ces potes-là, installés presque au même moment.Et dans le même esprit : « Faudrait être con pour mettre des produits chimiques : plus tu rentres des raisins naturels, moins tu as besoin de mettre des produits en vinification. Si tu mets des fongicides, tu tues les levures, après t’es obligé d’en remettre des artificielles [...] Moi, je fais des vins qui saoûlent », insiste ce « Liber Terre » défenseur d’un carignan à « La mauvaise réputation » (les noms de ses cuvées). Si on cherche une langue de bois, faut pas aller là. À Rivesaltes (66) : La Galope chopine, 12, av. Victor-Hugo, 06 32 88 44 63, www.sabotshelene.com, ouvert sam.-dim-lun. 10 h 30-12 h 30 et mar.-jeu.-ven.-sam. 17 h-20 h

Où acheter du vin ? · À Montpellier (34) : La Soif du vivant, Nicolas Monestier 1, rue Parlier, derrière l’Atelier de Valérie, 04 67 58 15 22· À La Grande Motte (34) : La Cave milite pour des crus languedociens et des vins de pays. 226, rue des Artisans, 04 67 12 23 83. Les Primeurs du Port, 311, avenue Robert-Fages, 04 67 56 51 72 Une sélection de vins bio dans un cabanon d’épicerie fine. · À Nîmes (30) : Les Plaisirs de la table, Alain Bosc 1, Rue Racine,04 66 36 26 06, ouvert mar.au sam. 9 h-12 h et 15 h 30-19 h 30.· À Narbonne (11) : Le Comptoir de Célestin, Xavier Plegades,13, Place Voltaire, 04 68 27 55 78, www.comptoir-celestin.comCes deux derniers proposent une « épargne-vin », pour constistuer progressivement sa cave de vins bios et « naturels », sans avoir de cave.

· À Montarnaud (près de Montpellier, 34) : Ô Papilles trépidantes, Allée de l’Esplanade, 06 76 31 66 83, www.papillestrepidantes.fr Bar à vins régionaux (2 à 5 € le verre) et grignotages de savoureux tapas bio locaux, du jeu. au dim., de 18 h à 1 h.· À Béziers (34) : L’Instant vin, 72, av. Saint-Saëns, 04 67 94 24 02 www.linstantvin.com Du mar. au sam. de 18 h à 1 h. Vignerons indépen-dants du Languedoc dont une large part en bio et/ou naturel. Initiation à l’accord mets et vins, 2e mer. du mois, 35 €, sur résa. Soirées à thème. Apéro dégustation le 2e jeu. du mois. Buffet campagnard avec rencontre de vignerons.· À Sérignan (34) : Le Flamant rouge, 31, rue Gambetta, 06 84 57 81 59, www.leflamantrouge.fr À la fois resto, bar à vins régionaux, raisonnés et na-turels, et cave dans une ancienne épicerie, avec jeux de dégustation et concerts.Ouvert le midi du jeu. au dim., et tous les soirs, sauf le lun. (évolutif)· À Bédarieux (34): Chai Christine Cannac, 3, square Robert-Schuman,04 67 95 86 14, [email protected] endroit convivial où déguster des jus de raisin fermenté de qualité + caviste.· À Calvisson (30) : La Soif du vivant, 1, rue du Griffon, 06 76 88 77 20.Un bar à vins naturels, ouvert uniquement le dimanche (voir à droite, à Mtp)

boire et marcher, il faut y allerDes Corbières à la mer, à la découverte des châteaux cathares... et des vins bios. À pied. Paul Leberger, tenancier du gîte du Swan de Port-Vendres (66), vous détourne du droit chemin en organisant cette randonnée avec sacs portés, dès l’été prochain. À Port-Vendres (66) : 11, rue du 4-Septembre, 04 68 82 25 75, [email protected]

bars à vins et tapas du terroirTu M’M ? Ambiance moderne pour ce bar du vieux Montpellier. Au Mesdames Messieurs (MM), les tapas et assiettes de terroir s’accompa-gnent de vins naturels et bio de qualité, principalement du Languedoc, au verre ou à la bouteille. « Nous avons choisi de diffuser les produits d’artisans vignerons respectant les principes de la vinification naturelle, des vins produits en petites quantités, sans l’ajout de levures pour donner certains arômes. Des vins qui reflètent vraiment un terroir », explique David Aumont, qui a

ouvert le MM en juin 2008 avec Régis Toussaint. Le vin vous plaît ? Côté caviste, les bouteilles sont aussi à emporter. À Montpellier : 5, rue de Girone (proche Préfecture) 04 67 63 49 53 Soirées à thème www.mesdamesmessieurs.com À partir de 2,80 €/verre, 13 €/bouteille.

par Stéphane Clerc

Texte et photo Raquel Hadida

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© Xavier Le Gall

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La Triballe (Guzargues, 34)

www.la-triballe.com

bOUqUINS Où les trouver ?Dans les magasins bio, certains supermarchés, et pour les déguster, voir p. 20-21.Recherche de vignerons sur le web :www.vin-biologique.bien-boire.infowww.eco-bacchus.comNégociants : À Villeneuve-les-Béziers (34) La Maison des terroirs vivants www.terroirsvivants.comÀ Narbonne (11) Cellier du Languedoc Vins distribution CLVD, 04 68 90 12 80

Le guide des vinsVOUS ÊTES ICI

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Patrick Maurel, Terres du Pic p. 14-16-17

Alain et Ghislaine Castex, Casot des Mailloles p. 16

Les Vignerons de Tornac p. 15

Domaine Sainte-Johannès p. 18

VINS bIO D’ICI À MOINS DE 6 €

Terres du Pic (pic Saint-Loup, 34)www.terresdupic.com

Grand-corbière (Petite Camargue, 30)http://grandcorbiere.fr

Christophe Beau, domaine Beauthorey p. 17

Les Amis vignerons p. 17

Péniche Remises à flots p. 19

Serge Martin-PierratChâteau des Hospitaliers p. 18

Emmanuel Pageot, Domaine Turner-Pageot p. 15

André Bertrand, domaine de Malavielle p. 15

Sylvain Saux,domaine Pechigo p. 15

Patrick Guiraud,domaine de Valescure p. 15

Cave du Mont Tauch p. 15

Cave de Neffiès p. 15

Château de l’Ou p. 22

Domaine de Grand-Corbière p. 22

Olivier Lebaron, Showviniste p. 20

La Galope chopine p. 21

Mesdames Messieurs MM p. 21

Chai Christine Cannac p. 21

Les Plaisirs de la table p. 21

L’Instant vin p. 21

Jean-Paul Cabanis p. 20

Ô Papilles trépidantes p. 20

Narbonne

BéziersCarcassonne

Perpignan Le Flamant rouge p. 21

Territoire du Clinton (Vin oublié) p. 20Château Puech-Haut p. 20

Domaine Costeplane p. 22

La Soif du vivant p. 21

Le Comptoir de Célestin p. 21

La Cité de la vigne et du vin p. 21

Les Primeurs du port +La cave p. 21

Territoire du Rancio sec (Vin oublié) p. 20

Le Relais Occitan p. 21

Domaine La Ventaillole p. 20

Lieux de dégustations- revendeursDomaines viticoles-direct producteurs

Nîmes

Alès

Mende

Vignerons de Tornac (30)Magasins autour d’Alès

+ caveau à Anduze

© Jean-Louis Estèves

© Raquel H

adida

Costeplane (30)- Cuvée l’Arboussèdewww.costeplane.com

© V

incent Coste

© Judicaëlle Rannou

© Judicaëlle Rannou

Château de l’Ou(Roussillon, 66)

© Séverine et Philippe Bourrier

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Montpellier

Page 23: ATYPIQUES Magazine N°1

La question qui tue

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

le nirvana...

... oula cata ?

Recherche publique, multinationales et

médias les présentent comme une panacée, source de progrès et

de confort. Déjà dans plus de 800 produits, les nanotechnologies

nous font voir l’avenir manipulé façon

science-fiction. Le tout-petit augure-t-il

de grands dégâts ? Réactions dans la

région.

Q uel est le point commun entre une crème solaire, des médicaments, des

CD souples et des peluches antipoussière ? Tous peuvent contenir des nanoparticules. Dix mille fois plus petites qu’un cheveu, ces nouvelles reines de l’industrie s’immiscent dans plus de 800 produits de notre consom-mation courante*. Invisibles. Sans étiquetage. Sans réglementation. Elles sont dans tous nos placards… sans avoir demandé notre avis. Ça tombe bien, le ministère de l’Environnement lance cet automne un débat public sur les nanotechnologies, dont une session a lieu à Montpellier**. Pseudo-participatif ou réelle ré-flexion collective ? À vous de tester.

Un nouveau joujou pour savants fous

Difficile de garder la tête froide face à des technologies aussi fascinantes. Les nanotechs ne représentent pas une énième miniaturisa-tion : elles programment, atome par atome, la construction d’édifices chimiques tout neufs, qui n’existent pas dans la nature. Ver-sion nano, les propriétés des matériaux sont étonnantes : l’or est bleu, l’argent chasse les odeurs (!), l’oxyde de titane réfléchit les UV,

*Selon The Project on Emerging Nanotechnologies.**Au moment de notre bouclage, la date n’était pas encore connue.

les nanotubes de carbone renforcent les clubs de golf. De quoi nourrir notre soif de toujours plus beau, plus petit, plus puissant, plus repé-rable, bref, plus « confortable ».Sous les yeux – à microscope atomique – des chercheurs s’ouvre un nanomonde com-plet à explorer. À l’université Montpellier-II, Jean-Louis Sauvageol dirige un éminent la-boratoire public (CNRS) qui crée et essaye de mieux comprendre les nanotubes de carbone. Dans un autre bâtiment, Franck Martin, jeune créateur de la start-up Sikémia, confère à des matériaux comme des prothèses la propriété de repousser les bactéries, grâce aux nano-techs. Si ces chercheurs sont conscients des risques potentiels pour la santé – « Les nano-tubes de carbone sont dans le collimateur car ils ressemblent à l’amiante » –, ils ont avant tout pour idéal de faire avancer la médecine. Mais peut-on vraiment séparer les « bonnes » des « mauvaises » applications des nanos ?Car cette minuscule mécanique peut sin-ger les molécules biologiques pour agir de façon ciblée. Si bien qu’on ne ressent plus la limite entre naturel et artificiel... et que les nanoparticules peuvent facilement nous envahir. Avec des capacités bien accrues par rapport à leurs cousines biologiques : une capacité de mémoire phénoménale (« Tous les livres du monde dans un ordinateur de la taille d’une goutte d’eau », selon la pub HP)

et une aptitude à se connecter entre elles. Un nanocerveau, en somme. Radicale, cette innovation technologique nous conduit tout droit à une nouvelle révolution industrielle.

Le mégamarché de NanolandLorsque les nanotechnologies (N) s’hybrident avec les biotechnologies (B) – liées aux gènes – , l’informatique (I) et les sciences cognitives (C), le projet prend sens : ces « technologies convergentes », appelées NBIC ou encore BANG (Bit, atome, neurone, gène), ouvrent la voie au mélange du naturel et de l’artificiel, à l’amélioration des performances humaines…quitte à fabriquer des créatures qui nous échappent.Et, dans la foulée, à générer des profits considé-rables pour les multinationales qui développent ces technologies promises à un énorme mar-ché, sans en signaler les dangers : Exxon, Unilever, Nestlé, Monsanto, Bayer, Syngenta, L’Oréal... Appuyées par les médias, elles ca-nalisent l’émotion de la population sur les es-poirs suscités : réparer des nerfs, des oreilles, dépolluer ou capter le CO2... Et brossent le ta-bleau d’une longue vie sans maladies, noyée dans l’abondance matérielle.Le tout avec le soutien actif des capitaux- risques et de la recherche publique de 90 pays. Notamment aux États-Unis, mais aussi en Asie du Sud-Est : Shanghai y investit plus que

par Raquel Hadida

nanotechnologies

Alain et Ghislaine Castex, Casot des Mailloles p. 16

Christophe Beau, domaine Beauthorey p. 17

Patrick Guiraud,domaine de Valescure p. 15

Les Plaisirs de la table p. 21

La Soif du vivant p. 21

© ETC

Group

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Page 24: ATYPIQUES Magazine N°1

La question qui tue réactions

(A)typiques #1 - Oct-nov 09(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Les nanos et la démocratie, c’est quoi le rapport ?

Julien Colin, réalisateur du Silence des nanos

Association À bout de champ à Saint-Jean-du-

Gard (30)« De la science-fiction ? Nous sommes déjà de-vant le fait accompli. Mais est-on conscient du

monde qu’on est en train de créer, est-ce qu’on le désire ? Le tsunami technologique déferle,

alors que nos systèmes démocra- -tiques, bien moins avancés, se retrouvent en

faillite. Si je faisais le même film aujourd’hui, je montrerais les impacts dans la vie privée,

l’éthique, la géopolitique... de façon encore plus radicale et plus choquante. Et pour-

tant je suis loin d’être technophobe. »

Nous greffer des organes artificiels et améliorer nos capacités humaines,

pourquoi pas ?

L’invité: Ion Vezeanu, philosophe à l’université de Grenoble

« Associées aux biotech-nologies, les nanotechnologies peuvent “amé-liorer“ l’homme, en décuplant ses sens, ses possibilités physiques et intellectuelles (mais pas morales) grâce à des nanorobots. Mais elles agissent sur nous comme un dopage aliénant et autodestructeur. Les scientifiques ont beau être fascinés par ces technologies, l’homme n’est pas un cobaye !Aux États-Unis, le MIT* sait déjà faire des muscles artificiels 1 000 fois plus rapides que les nôtres, on pourra bientôt implanter des ré-tines artificielles...On loue les possibilités mé-dicales qu’offrent les nanos, mais où s’arrête

* Massachusetts Institute of Technology.

le soin, où commence la transformation de l’homme ?Devenir un “transhumain“ – un rêve d’immorta-lité – serait alors érigé en nouveau besoin.Mais grâce à ces technologies, on peut influer sur notre volonté, détecter à distance nos pensées, modifier notre sensibilité de manière irréversible.Si nous devenons ces hommes bioniques, nous ne serons plus libres. Nous ne pourrons ni penser par nous-mêmes, ni élever nos en-fants, ni nous comporter en citoyen responsa-ble Nous avons une chance : celle d’être spec-tateurs d’une grande tragédie, la disparition de notre propre espèce. »

>toute l’Europe de l’Ouest. En France, les pôles « nanos » se trouvent à Grenoble (Minatec), Paris-Orsay, Lille, Toulouse, et reçoi-vent le soutien du CNRS, du Commissariat à l’énergie atomique, de l’Agence nationale de la recherche. Ainsi, à coups de 90 milliards de dollars par an, la technique progresse à une vitesse vertigineuse.

Visionnaires à la vue courteQuant aux détournements possibles des re-cherches à des fins peu éthiques – pour faire la guerre, contrôler les gens ou modifier artificiel-lement le climat... –, ils semblent ne pas avoir été envisagés par les chercheurs. « Ce n’est pas notre rôle, mais c’est bien que des gens le fassent », approuve Jean-Louis Sauvageol. « Nous, on travaille avec de petites quantités,

on ne risque rien. Mais nous sommes de jeu-nes chercheurs, nous ne pouvons pas avoir d’avis sur la question », assure son équipe. « Maintenant qu’on a du recul, les lois sauront limiter les débordements, j’ai confiance », se tranquilise Franck Martin.Peut-être est-il déjà tard pour espérer inver-ser une tendance aussi lourde. Mais, pour les 40 ONG du monde entier réunies à propos du BANG à Saint-Martin-de-Londres (Hérault) en novembre 2008, impossible d’ignorer ce qui pose des questions cruciales pour notre avenir. Veut-on vraiment vivre dans un mon-de truffé de particules invisibles, puissantes et toxiques, de microbes synthétiques et de robots surhumains, où l’on serait constam-ment espionné ?À nous de décider.

Les nanos, c’est toxique ?

Les nanotubes de carbone, filaments hyperfins, font craindre un nouvel amiante.

Quant à la médecine à base de nanopar-ticules, difficile d’en connaître les effets

secondaires. Des risques que des sociétés de réassurance comme Swiss Reassurance

refusent de couvrir.

Carine Bruguière, chimiste à ChemSuD

Montpellier, Chaire européenne de chimie

nouvelle pour un développement durable

« Les nanoparticules adoptent un com-portement radicalement différent des

matériaux connus. Mille fois plus petites que nos cellules, elles peuvent s’infiltrer par

la peau, la bouche, le nez, aller jusqu’au cerveau et au fœtus. Et peuvent être

toxiques : l’Afsset* indique qu’ “on ne peut exclure des conséquences sur l’homme et l’environnement“. Mais il n’existe aucune

méthode de mesure de ce risque nouveau ni aucune protection connue, et aucun

pays n’applique le principe de précaution. Les sociétés n’ont aucune envie d’indiquer la composition des produits, et nulle part, les nanomatériaux ne sont réglementés. »

* Agence française de sécurité sani-taire de l fenvironnement et du travail.

Dans son labo Sikémia à Montpellier, Franck Martin met au point un revêtement antimicrobien pour une hanche artificielle. Les nanotechnos lui permettent de « souder » deux matériaux au ni-veau moléculaire. Bien plus efficace...

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Page 25: ATYPIQUES Magazine N°1

La question qui tue réactions

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

LA SUITE SUR www.atypiques-mag.fr

Avec les nanos, on est libre ?Selon le collectif Pièces et Main-

-d’Œuvre, les nanos nous promettent un monde sous contrôle électronique.

Les nanos nous rendent-ils plus égaux ?

Pour Georgia Miller, des Amis de la Terre Australie, les nanos pourraient

accroître les inégalités sociales.Un nanotube de carbone,

comment ça marche ?Explications avec l’équipe de Jean-Louis

Sauvageol, université Montpellier-II.Pourquoi une couche de nano,

c’est plus efficace qu’un simple revêtement ?

Explications avec Franck Martin, créateur de la start-up Sikémia basée à Montpellier.

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

• Connaître les dates et participer au débat public national : www.debatpublic-nano.org• Film : Le Silence des nanos, de Julien Colin, 17 € Commande : À bout de champ [email protected]

13, Grand-Rue 30270 Saint-Jean-du-Gard Dispo à Montpellier : Librairie Scrupule 6, rue du Faubourg–Figuerolles www.lesilencedesnanos.com• Livre : Le Meilleur des nanomondes de Dorothée Benoît-Browaeys, éd. Buchet-Chastel. The Project on Emerging Nanotechnologies recense produits et lieux investis pas les nanos (en anglais) : www.nanotechproject.org• L’ONG ETC Group demande un moratoire sur les nanos : www.etcgroup.org• Portail nanosciences et nanotechnologies du ministère de la Recherche : www.nanomicro.recherche.gouv.fr• Observatoire des nanotechnologies : http://nanotechnologies.fr.st• L’idéologie transhumaniste : www.transhumanism.org• Réflexions : Les informations et les interviews de cet article sont en grande partie issues d’un débat qui a eu lieu à l’université Montpellier-II, organisé par l’association étudiante L’Ouvre-Tête (www.ouvre-tete.fr) et BEDE biodiversité : échange et diffusion d’expériences (www.bede-asso.org). Voir aussi www.bangseminar.org

EN SAVOIR +

Va-t-on vivre dans « le meilleur des nanomondes » ?

Guy Kastler, paysan bio à Minerve (34),

coordinateur du Réseau semences paysannes,

chargé de mission à Nature & Progrès

« Améliorer l’humain, comme le veulent les “transhumanistes“, suit la même voie que

“l’amélioration“ des plantes qu’on pratique depuis un siècle. Et conduit à l’eugénisme. D’abord seront sélectionnés des individus-

élites... qui, comme les plantes, sans diversité, ne seront plus adaptables donc deviendront

complètement dépendants de l’industrie.Ensuite le fichage génétique permettra de

s’approprier et de suivre notre génome (comme ceux des plantes actuellement), de

supprimer les erreurs de la même façon que le font les fascismes, avec la peur

comme moteur. Troisième étape : la diversité manquera alors, il faudra recréer de toutes pièces des organismes vivants... grâce à la biologie synthétique. On sait déjà le faire avec des microbes entiers (NDLR : le bio-

logiste américain Craig Venter a déposé le brevet d’une bactérie 100 % synthétique).

Ce qui est arrivé à nos plantes et à nos animaux, les gens qui gouvernent l’éco-

nomie et le système politique le préparent pour nous. Impossible de leur confier ça ! »

Les nanos, et nous ?

Florian Olivier, citoyen informé

« La population n’est pas un

cobaye de labo, on s’expose à

des techniques dont on ignore les conséquences. Pour moi, demander l’étiquetage,

c’est déjà accepter les nanos. Mieux vaut s’informer et s’organiser pour réfléchir à ce qu’on veut faire, par

exemple dans les universités popu-laires. Pas besoin d’être expert ! »

Y a-t-il des nanos autour de nous ?Oui, dans notre conso : Dans les crèmes solaires puissantes, les vitres autonettoyantes, les textiles ou les raquettes high-tech, les écrans haute-résolution, la lessive qui lave plus blanc, la peinture antirayures ou antigraffs, le gel isolant, des emballages et additifs alimentaires, les parois de frigo et les chaussettes antiodeurs, des antirides, des lunettes qui se teintent à la lumière, des kits d’autodiagnostic médical, les bouteilles de bière qui conservent les bulles, les tasses antiglisse, les ampoules qui ne grillent pas, les pantalons antifroissement, des aliments amincissants, des cellules photovoltaïques, des vestes antiélectricité statique, des tissus antitaches...Oui, dans les milieux naturels : Pour changer le climat, des sociétés de géo-ingénierie jouent aux apprentis sorciers en en déversant dans la mer, en « ensemençant » les nuages, en injectant de l’ozone dans le sol... Plus simple et plus efficace, l’agriculture paysanne « refroidit » la planète en stabilisant les sols et en utilisant moins d’énergie fossile.Et dans le bio ? Seuls deux cahiers des charges garantissent une fabrication sans nanoparticules : le label bio du Royaume-Uni; et le label Nature & Progrès (qui va souvent plus loin que le label AB).

Ces plaques sont micro-gravées pour repérer les nanotubes de carbone (photo ci-dessous). Ces étranges structures créées dans des labos comme celui dirigé par Jean-Louis Sauvageol, à Montpellier, peuvent renforcer nos maté-riaux. Certes, elles fascinent les chercheurs, mais elles sont aussi filiformes que l’amiante...et encore plus invisibles. De quoi se poser des questions sur leur inocuité.

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Page 26: ATYPIQUES Magazine N°1

Pour les accros aux Converse... Essayez donc les Ethletic, en coton bio et caoutchouc naturel. La production de latex,

a servi par exemple à installer l’eau courante chez des producteurs du Sri Lanka. Au Pakistan, la fabrication des chaussures est assortie d’une

prime et d’un système de micro-crédit. Un peu rigides au départ, les Ethletic s’assouplissent pour se porter… comme des Converse. Pas très

originales dans le design, mais on peut les essayer dans les boutiques de la région www.ethletic.fr

On a le choix...Par Raquel Hadida

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Vejà : comme dans des chaussonsDans le style effilé des Adidas city-sport avec deux bandes sur les côtés, les Vejà ont le mérite d’être fabriquées à partir de coton bio et de caoutchouc naturel du Nordeste brésilien. Celui-ci est prélevé sur des hévéas sauvages et la coopérative de « seringueros » (les producteurs de latex) est payée 30 % de plus que le prix du caoutchouc sur le marché mondial. Ainsi, sa production devient rentable, ce qui contribue à la sauvegarde de la forêt amazonienne et de ses habitants. En ajoutant que l’entreprise est menée par deux charmants jeunes hommes, en faut-il plus pour se décider ? Des semelles à peine élimées et aucune couture défaite au bout de cinq ans d’usage intensif – testé pour vous, en conditions extrêmes – l’investissement est largement rentabilisé. On sent sa démarche toute souple et alerte dans ces baskets “alter“.

Bien dans mes basketsCaoutchouc équitable, coton bio

et matériaux de récup’ : l’inventivité des baskets alternatives défie

les marques-phares à gros budget pub. De quoi alléger son empreinte sur la planète.

C’est quoi qui

cloche dans les baskets ?

Pour la majorité des chaussures, les semelles sont fabriquées à partir de benzène (pour obtenir le PVC), le cuir est tanné avec des métaux lourds extrêmement polluants et le tout assemblé avec des colles toxiques. De plus, les 3/4 des chaussures sont importées de pays à bas salaires. La main-d’œuvre nécessaire à la fabrication d’une chaussure de sport coûte environ 0,50 €. Autrement dit, l’image attrayante de la marque, on la paye cher, et on n’est pas les seuls.Sans compter que fabriquer une chaussure de qualité prend deux heures contre six minutes pour du bas-de-gamme.Autant se concentrer sur une ou deux paires écoconçues qui valent vraiment le coup, et/ou sur les chaussures d’occas’ aux puces ou dans les

dépôts-vente.

Sur le web :

les SimplesDifficile d’essayer des baskets sur le web, mais on peut souvent les renvoyer gratuitement si la taille ne sied pas. Les anglo-saxonnes Simples sont un condensé à la fois de notre vie industrielle – pneus, bouteilles, moquettes, papier recy-clés, de coton bio, et de ressources naturelles – bambou, fibre de coco, chanvre, laine, latex. 70 à 100 € la paire www.chaussures-ecolo.com

El Naturalista Design inspiré de voyages pour des espagnoles qui valorisent les productions traditionnelles, payées équitablement, et

permettent de mener un projet d’écoles pour des enfants péruviens. Les teintures des tissus sont végétales, le cuir est

tanné sans métaux lourds et les semelles sont en caoutchouc de récup’ ou en latex naturel.

115 € la paire www.elnaturalista.comÀ Nîmes (30) : Schoes, CC Carr. – À Alès (30) : Flash, 23, rue St-Vincent

À Lunel : (34), Tendance 41, rue Gustave Eiffel À Uzès (30) : By Debo- Next Door 20, rue Jacques-d’Uzes.

À Sète (34) : Dianys 29 pass. du Dauphin – À Ganges (34) : rue Biron À Montpellier : Othello18, rue des Etuves,

et Staggy 52, Grand’rue Jean-Moulin. À Perpignan (66) : Sanson, 44, rue Maily.

Patagonia s’aventure dans le recycléBaskets techniques et légères de la marque engagée dans le « 1% (du chifre d’affaire) pour la planète », avec 20 à 70 % de matériaux recyclés, et des fibres naturelles, tannées selon de hauts standards écologiques... Mais les Patagonia sont toujours fabriquées en Chine. www.patagonia.com

À Perpignan : Kulteco,26, rempart Villeneuve 04 68 80 23 39

À Narbonne : Des bouts du monde6, rue Benjamin Crémieux 04 68 90 78 86

Combien ça coûte ? 30 à 55 € la paire

Où trouver les Ethletic ?

À Montpellier : chez

People’s rag, un magasin de style

urbain 13, rue de l’Argenterie

www.peoplesrag.com

En ligne : www.veja.fr

Combien ça coûte ? 80 € la paire

Où trouver les Vejà ?

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uv

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égio

n ? · À Cabestany (66) : TDS mille sports, Mas Guerido 11, rue Maurice-de-Broglie

· À Carcassonne (11) : Mountain sport 11, rue de Verdun

· À Font-Romeu (66) : Mille et une montagne10, av. Emmanuel-Brousse

· Aux Angles (66) : Le Chalet du ski av. de Mont-Louis

· À Nîmes (30) : Aquaterra 1, ter, rue Emile-Jamais

· À Saint-Jean du Gard (30) : Ecosite Laborie

· À Montpellier : La Randonnée, 9, rue de Belfort

· À Jacou (34) : Le Yeti, 13, rue Louis-Breguet Combien ça coûte ? 90 € à 100 € © Jean-Louis Estèves

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Territoires

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

À Montpellier, le congrès Apimondia s’achève mais les abeilles sont décimées

dans le monde entier. Dans les Cévennes, l’apiculteur-

réalisateur Yves Elie et sa compagne Chantal Rigaut

restaurent les ruches-troncs du passé et les re-

peuplent d’abeilles noires, race locale délaissée,

au sein de l’association L’Arbre aux abeilles.

Une façon de sortir des cadres et d’explorer

une autre voie pour le miel de demain. À la fois scientifique et poétique.

L’apiculture moderne privilégie la Buckfast, un hy-bride docile et très productif, une « Ferrari » fragile et dépendante qui peut vite souffrir du froid, de la chaleur, de parasites (comme le varroa), de fa-mine. Car envahi par la monoculture et la forêt, le territoire s’appauvrit en fleurs, donc en nour-riture. L’abeille noire est une sous-espèce locale, naturellement présente dans le Nord et l’Ouest de l’Europe. Rustique, elle a été évincée pour son agressivité, « mais, si elles sont peu stressées par l’homme, elles demeurent très paisibles ».Quitte à être « moins gourmands » en produc-tion, Yves et Chantal ne veulent que cette abeille, rare, mais adaptée et costaude. Alors L’Arbre aux abeilles, leur association, installe un rucher- conservatoire de l’abeille noire entre Pont-de- Montvert et Florac. Dans ces ruches modernes, elle identifie les différentes lignées génétiques avec la complicité scientifique de Lionel Garnery, le spécialiste de l’abeille. Et n’hésite pas à met-tre à l’épreuve les championnes de l’endurance : « Nous observons leurs capacités de résistance sur le Mont Lozère à 1000 m d’altitude et au-dessus. »

C omme de gros champignons dans des amphithéâtres de schiste ou des cryptes

de rochers. Des figures de bois qui ont traversé les siècles auprès des mas cévenols, jusqu’à leur abandon dans les années 1950. Aujourd’hui, très peu de ruches-troncs (un garde du parc des Cévennes en a recensé huit cents dans la vallée Longue) abritent encore des abeilles. Creusées dans un épais tronc de châtaignier imputrescible, abritées du vent et de l’humidi-té, tournées vers le soleil, isolées de la terre par des dalles de pierre, et entourées d’une flore diversifiée : les ruches-troncs étaient installées idéalement pour le bien-être des abeilles. Donc leur bonne santé. C’est ce savoir-là que veut retrouver L’Arbre aux abeilles pour ressourcer l’apiculture moderne, notamment en dimi-nuant les transhumances : « Les ruches-troncs sont une réponse au manque de sens. Parce qu’elles sont rondes, elles peuvent nous aider à sortir des impasses de l’angle droit ». Autre-ment dit, de la technicité et de la productivité, dont les abeilles payent aujourd’hui le prix.

Sur la piste des trésors de miel Des ruchers-troncs, on ne sait presque rien. Peu d’écrits, beaucoup d’oral. Alors Yves et Chantal remontent le fil en discutant avec les gens. « J’en ai vus, venez voir ! » Ils explorent, relèvent, notent les coordonnées GPS, analysent la logique d’installation, l’aménagement patrimonial. Persistant en hiver, le buis devient un indicateur de ruches-troncs. Puis il faut rechercher le propriétaire du terrain : cadastre, rencontres. Raconter, ça crée des liens. Avec celui qui cherche le vieux journal de bord du rucher, enfoui. Avec l’ami qui redécouvre les activités de son grand-père. Avec mamie Roque qui, petite, lorsqu’elle gardait les moutons, soulevait la lauze, la pierre plate qui sert de « chapeau » à la ruche-tronc, pour se tailler un peu de miel.

L’AbEILLE NOIRE PIqUE LA CURIOSITÉ

Texte Raquel Hadida Photos : Jean-Louis Estèves

fUTURISTES,LES RUCHERS-TRONCS ?

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Page 29: ATYPIQUES Magazine N°1

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Opération sauvetage de miel

Le Pont-de-Montvert Cévennes (48)

Pourquoi les abeilles meurent-elles ?

« Les abeilles souffrent de malbouffe et sont stressées comme des Parisiens sur le périphérique »....Comment greffe-t-on une ruche ?

Retrouvez la suite du reportage sur

www.atypiques-mag.fr

· Voir un rucher-tronc : près du parking de Saint-Maurice-de-Ventalon (48). Restauré cet automne avec des écoles· Déguster du miel de ruchers-troncs et conférence-diaporama avec images en 3D : sur RDV· Visite guidée de ruchers-troncs : en été, sam. de 17 h à 19 h (s’inscrire); en hiver, sur RDV, dès 5 participants. 6 €/3 €.· W.-E. initiation pour fabriquer, restaurer et conduire une ruche-tronc : 100 €.Au Pont-de-Montvert (48), Association L’Arbre aux abeilles, Grand-Rue 04 66 45 83 16, www.ruchetronc.fr, [email protected] livre, Chronique des ruches-troncs, vient de paraître (ed. Gabriandre) et Yves-Elie prépare un docu-fiction en 3D, La Forêt des abeilles, www.laforetdesabeilles.comIl a déjà réalisé 4 films sur les abeilles, dont L’Arbre aux abeilles (sur les ruchers-troncs) et Témoin gênant (sur les insecticides accusés d’intoxiquer les abeilles), téléchargeables en DivX sur www.matissefilms.com (3 €).Le repeuplement des ruchers-troncs est soutenu par le Parc national des Cévennes et la Fondation de France.

Ils croulaient sous les ronces, la ferraille et la

terre : les ruchers-troncs – comme ici, à Saint-Frézal-de-Ventalon–

sortent désormais de l’ombre grâce à l’énergie

de L’Arbre aux abeilles. « On a nettoyé, gratté,

colmaté avec un mé-lange chaux-chanvre-

sable, remis en place les terrasses en pierre sè-

che… » Seconde étape : repeupler cinq ruches.

Une fois la colonie mul-tipliée dans le rucher-conservatoire, il suffit de secouer les cadres

pour la transférer dans une ruche-tronc. Puis de l’aider à survivre..

Ruchers-troncs et abeilles noires : à vous !

Sur le rucher retrouvé en contrebas de Grizac, les abeilles ne squattent plus qu’un seul tronc : pour repeupler les ruches-troncs avec les « gènes » de ces héroïnes résistantes, Yves et Chantal vont prélever les larves de cette souche puis les « greffer ». « Il faut faire vite avant l’hiver. » Ils basculent la ruche, la calent. À plat ventre, Yves découpe par en dessous un morceau de rayon : « L’été, la reine et les bébés cherchent la fraîcheur en bas ». Dans les alvéoles, y a-t-il des larves de moins de deux jours ? À travers son masque, Yves examine les cires, à la recherche de ces minuscules croissants brillants. La tension monte. Au quatrième rayon, « c’est bon ! » Yves le brosse et l’enveloppe dans un torchon humide. Grâce à une cellule royale artificielle, les larves seront greffées dans une ruche moderne... Mais cette année, il fait trop sec, le greffage échoue.

Un tapotement sur le bois : elles sont bien là. Le soleil se lève, les abeilles se réveillent. Nous enfilons les combinaisons, Chantal farcit l’enfumoir d’aiguilles de pin avant d’aider Yves à soulever la lourde lauze, toit de la ruche-tronc. En décollant le plafond de planchettes, Yves découvre des cathédrales d’alvéoles de cire dorée « claffies » de miel. Un rayon de miel à pleine bouche : le bonheur. Du gâteau de miel, Yves ne découpe que le quart pour laisser des provisions hivernales. Il récolte 3,5 à 5 kg dans chacune de ses cinq ruches, contre 15 kg habituellement. Le miel est extrait avec une presse à vin, ou carrément avec les mains.

RÉCOLTER UNE RUCHE-TRONC

DES RUCHERS-TRONCS À

REP

EUPLER

LE GREffAGE DES RÉSISTANTES

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Page 30: ATYPIQUES Magazine N°1

C’est moi qui l’ai fait !

Textes et photos de Judicaëlle Rannou

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

Ma trousse à pharmacie : argile et élixir

Santé en plaine du Roussillon

Rhume, gastro, égratignures : pour

guérir nos petits bobos, plus besoin de cachets ni pommades industrielles !

Isabelle et Jean-Pol se soignent à l’élixir du Suédois et à l’argile.

Recettes de puissants remèdes naturels, en direct de la plaine du Roussillon.

L ivres écornés, odeur de plantes séchées, bocaux de macération… La préparation

de l’élixir du Suédois et de l’argile verte a de quoi transformer la table du salon d’Isabelle et Jean-Pol en laboratoire de Panoramix.

végétale aux origines controversées, occupent une place de choix dans leur pharmacie. Pour Isabelle, « si on le fait soi-même, ce n’est vraiment pas coûteux ! ».Et c’est surtout très efficace. Comme pendant ces vacances en camping. Urticaire géante, gonflement, étouffement soudain, aucun médecin aux alentours et les pharmacies sont fermées. Que faire ? Pour soigner Jean-Pol, Isabelle sort « les seules choses qu’on avait sur place : de l’élixir du Suédois et des compresses d’argile. Le lendemain matin, Jean-Pol avait dégonflé et a même pu manger des croissants sans soucis. Un mois avant, pour la même allergie, le médecin lui avait donné des médicaments : il avait mis trois jours à s’en remettre. » Idem près d’Alès. Lulu se brûle les poignets à la chaux : « J’ai essayé plein de choses, rien n’y a fait. Puis j’ai découvert l’élixir du Suédois. La brûlure a tout de suite commencé à s’estomper, incroyable ! »

Une façon de résister (encore et toujours) à l’invasion des médicaments de synthèse…Entre cueillette, jardin naturel et lectures, ce couple de Montescot (P-O) se passionne pour les plantes médicinales : buis, l’ennemi des virus, et sureau pour soigner des angines chroniques par exemple, romarin pour la digestion, thym et lavande antiseptiques. Mais l’argile verte et l’élixir du Suédois, une puissante mixture

S eule ou en mélange, l’argile peut puri-fier, nettoyer, tonifier, cicatriser, adoucir et

nourrir n’importe quel type de peau. Simple d’utilisation et peu coûteuse, cette « terre magique » reconnue a déjà soigné bien des bobos, Isabelle raconte son expérience.

Pour la peau, les plaies, la digestion

Mélangée à de l’eau, l’argile fine peut se boire « pour un bon nettoyage du corps au prin-temps ou en automne, ou pour des maux de ventre ». On peut aussi l’appliquer en masques de cheveux ou de peau.L’argile « cailloux » (plus granuleuse) s’utilise en pâte (mélangée à de l’eau). Elle s’applique directement sur les endroits douloureux : courbatures, blessures, plaies, maux de dents ou de gencives. « En sortant de voiture, je suis tombée sur des gravillons et me suis égratigné le genou. Je n’avais que de l’argile sur moi : j’en ai mis sur la plaie tous les jours jusqu’à

ce que ça forme une croûte », raconte Isabelle. Pour les ulcères, « ma mère a essayé toutes les pommades, mais seules les compresses d’argile lui permettent de cicatriser rapide-ment ». Elle protège même des coups de soleil, « les Africains l’ont bien compris »...

... les animaux et les arbres

Et les animaux apprécient : « Ma chienne a eu une épine entre les coussinets, qui se sont mis à gonfler, raconte Jean-Pol. J’ai mélangé de l’ar-gile avec de l’eau afin d’obtenir une sorte de boue que j’ai appliquée entre ses coussinets. Une fois séchée, je l’ai retirée : l’épine est partie avec. Les animaux supportent très bien l’argile car, contrairement aux pommades vétérinai-res, elle n’a pas d’odeur et ils n’essayent pas de l’enlever ». Dans le jardin, les arbres aussi profitent de l’argile : après une coupe, Isabelle protège la branche coupée avec, pour éviter que les maladies n’investissent la plaie de coupe.

En cure purifiante comme pour les bobos des hommes

et des animaux, l’argile prouve son efficacité

Me soigner avec de la terre ??

L’occasion de présenter Isabelle : si vous vous

abonnez ou distribuez (A)typiques,

c’est elle que vous aurez au bout du fil !

30

Page 31: ATYPIQUES Magazine N°1

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

PRÉCAUTIONSAttention : le métal modifie les propriétés

de l’argile. Pour la préparer, utiliser des ustensiles en bois.Où TROUVER DE L’ARGILE ?Dans les magasins bio et dans de

nombreuses pharmacies. 7,80 € pour 3 kilos d’argile « cailloux ».BON À LIRERaymond Dextreit, L’Argile qui guérit,

éd. Vivre en harmonie

L’ARGILE PRATIqUE

De quoi ai-je besoin pour faire mon

élixir ?– 100 g d’herbes du Suédois (mélange de dizaines de plantes et de substances végétales vendu en pot en herboristeries) : aloès, angélique, myrrhe, camphre, rhubarbe, carline, séné, thériaque vénitienne, zédoaire, safran– 1,5 l d’alcool pour fruits (alcool à 40 °C minimum)ou ½ l de rhum blanc + ½ l d’eau – 1 grand bocal (ou plusieurs petits)= 30 € environ pour 1,5 l d’élixir maison ou 350 ml d’élixir déjà prêt, pour une utilisation intensive pendant six mois.

L’élixir du Suédois, ça soigne quoi ?

À boire, il peut être utilisé pour les gastro-entérites, les digestions difficiles, les rhumes, les problèmes de foie, maux de tête, yeux fatigués, etc. Il est particulièrement efficace en prévention (début d’hiver). Pour des boutons ou des brûlures, appliquez-le directement sur la peau !

Comment le préparer ?3 minutes+ 3 semaines de repos

· Transvaser le mélange d’herbes du Suédois dans un bocal.· Ajouter l’alcool, remuer.· Laisser macérer au soleil ou à côté d’une source de chaleur pendant trois semaines et remuer tous les jours : l’alcool extrait l’essence des plantes.

L’argile, j’en fais quoi ?Argile fine : à boire

Pour une cure de nettoyage automne/printemps pendant trois semaines :

1 cuillerée à café mélangée avec de l’eau dans un verre, pré-paré le soir pour le matin (ou trois à quatre heures à l’avance).

On boit seulement l’eau, en laissant l’argile au fond, pendant deux semaines.

La troisième et dernière semaine, on mélange l’argile avec l’eau et on boit le tout.

Argile « cailloux » : sur la peau Pour des compresses ou des cataplasmes :On mélange l’argile avec un peu d’eau (froide ou chaude).On attend que l’argile se compacte et on l’appose sur la blessure ou les courbatures.

1

2

31

Les plantes, je les trouve où ?À Perpignan (66) : L’Herberie Isabelle de Fremery (Herboristerie) 48, rue du Mal-Foch, 04 68 34 49 69À Montpellier (34) : La Quintessence

Herboristerie, 26, rue de l’Aiguillerie, 04 67 60 58 22 À Anduze (30) : Pharmacie d’Anduze 17, plan de Brie, 04 66 61 70 42Plusieurs pharmacies de la région ont également développé un espace herboristerie.

Et ça se boit ?Pour plus de praticité, transvaser dans une bouteille (en verre). Uti l isat ion : 1 cui l lerée d’él ix i r diluée dans un verre d’eau ou une tisane, matin et/ou soir. Mais aussi en utilisation externe, directement sur la peau.

Bon à lireMaria Treben, La Santé à la pharmacie du bon Dieu, éd. Ennsthaler.

Jean-Marie Pelt, La Médecine par les plantes et Fleurs, fêtes et saisons, éd. Fayard.www.elixirdusuedois.com

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Page 32: ATYPIQUES Magazine N°1

S ’ IMPL IQUER ? Épinglés !Prix Pinocchio du développement

durable : votez pour l’entreprise

française la plus menteuse... et

irresponsable. Qui n’a de vert

que la couverture de son rapport

de développement durable ?

À l’heure du bouclage, nous

ne connaissons pas encore les

heureuses nominées des trois caté-

gories – environnement, droits humains et greenwashing (com-

munication « verte » sur des actions pourtant peu reluisantes).

Mais nul doute qu’elles ne sauront nous décevoir. Il leur faudra

notamment dépasser la brillante Areva, une des lauréates l’an-

née dernière, et son cortège de mines d’uranium destructrices

au Niger, de radioactivité potentielle, savamment couverte par

l’assurance d’« une énergie sans CO2 ». Les entreprises doivent

assumer leurs responsabilités: avec le prix Pinocchio, l’ONG les

Amis de la Terre relancent le débat public.

Votez sur www.prix-pinocchio.org

Carnet d’observations

Regardez les papillons, les insectes, les

fleurs et les dauphins : les scientifiques

seront ravis ! Surtout si vous notez pré-

cieusement vos observations. Change-

ment climatique oblige, les écologues

ne savent plus où donner de la tête...

et ne peuvent avoir les yeux partout.

Alors des associations comme Téla Botanica

créent des outils internet collaboratifs pour

que nous puissions recenser nos observa-

tions. Sept projets sont basés dans notre

région. Et c’est à Montpellier qu’a lieu les

22-23 octobre un colloque sur

les sciences citoyennes et la biodiversité

www.tela-botanica.org 04 67 52 41 22

Une tribune de réflexion citoyenne sur la

science débute à Mtp en nov. sur 6 séances

Pour faire partie du panel des « non-experts » :

http://medsci.free.fr/pcsa

Le 24 octobre à 14 h, le monde occitan se donne rendez-vous à Carcassonne pour demander la reconnaissance des langues minoritaires comme cultures vi-vantes à part entière. L’occasion de faire la fête avec des groupes d’ici. Anem Òc ! 06 75 78 58 39 – 04 68 25 45 06 http://anemoc.macarel.net

32 (A)typiques #1 - Oct-nov 09

Discrimination ? Saisissez la Halde

Si vous êtes victime ou témoin d’une inégalité de traitement liée au sexe, à l’âge ou au handicap, au niveau de l’éducation, du lo-gement, de l’emploi... n’hésitez pas à « saisir » la Halde, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égallité. Au 08 1000 5000, par e-mail sur le site : www.halde.frou par courrier à La Halde 11, rue Saint-Georges 75009 ParisDélégué régional : Étienne Marty au 01 55 31 61 91 ou [email protected] la région, trois professionnels engagés et spécialistes du droit du travail peuvent vous recevoir lors de permanences : · À Montpellier, Martine [email protected] Quartier de la Mosson tous les mardis ap. de 14 h à 17 h, sur RDV au 04 67 72 76 80, à la Maison de la justice et du droit 66, rue de Bari. · À Lunel (34), le 4e lundi ap. du mois de 14 h à 17 h, sur RDV au 04 67 35 83 60, à la Maison de justice et du droit , 19, rue Alphonse Ménard – Houcine Arab, [email protected].· À Nîmes, Jean-Marie Harson [email protected] RDV au 04 66 23 73 90 les trois 1ers mer. de chaque mois

9 h-12 h, Maison de la justice et du droit de Nîmes, 19, place de Pythagore.· À Vauvert (30)-Idem, sur RDV au 04 66 88 88 40 les derniers ven. du mois de 9 h à 12 h Maison de justice et du droit de Vauvert, La Salicorne, 310, rue Emile-Zola

Adoptez un zébu

Sans formalités administratives, il suffit de cliquer pour adopter… un arbre ou un animal. En retour, on reçoit un certificat d’adoption, ainsi que les fruits de son petit protégé. Surfant sur le « friendship marketing », de petites entreprises responsables proposent par exemple de parrainer un cacaoyer en Équateur contre

deux sachets de chocolat équitable. Un couple d’Anglais installés sur 7,5 ha en Italie permet d’adopter un olivier contre 2 à 3 litres d’huile vierge bio ainsi que des savons. Et on peut aussi adopter une chèvre bolivienne pour 15 €/an pour aider à la construction d’une chèvrerie ou à la formation vétérinaire des éleveurs. Une idée reprise par Zébu overseas board – le ZOB – qui, eux, proposent carrément l’investissement dans un Plan épargne zébu (PEZ) pour un paysan malgache. À Montbazin (34), un groupe de voisins a même investi ensemble. De l’épargne insolite dans le concret, sans doute moins volatile que les cours du CAC 40.Adopter un zébu www.zob-madagascar.orgAdopter un cacaoyer www.yachanagourmet.comAdopter un olivier www.nudo-italia.comAdopter une chèvre www.pacha-asso.org

Votre banquier

ne vous a pas encore conseillé

le Plan épargne zébu ??

Page 33: ATYPIQUES Magazine N°1

En complément du magazine, nous éditons un agenda

hebdomadaire sur internet et par mail : RDV dans la rubrique

agenda du site web www.atypiques-mag.fr

pour vous y inscrire

Vous organisez un événement lié à des initiatives alternatives dans la région ? Signalez-le nous sur [email protected]

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

AGENDA

Mois de l’économie sociale et solidaire

Dans toute la région, portes ouvertes dans des associations, des Scop (sociétés coo-pératives), des Scic (sociétés coopératives d’intérêt collec-tif) : débats sur l’insertion, la création d’entreprise sociale, soutien aux initiatives des femmes, habiter autrement, l’économie sociale locale (Cévennes, Aigoual, Aude..), les régies de quartier, l’intérêt de l’économie sociale pour les jeunes diplômés, pour les artistes, expo-photo. Le Mois se terminera les 3 et 4 décembre par Coven-tis, une rencontre des acteurs de l’économie sociale régionale, au Corum à Montpellier.Chambre régionale de l’économie sociale, 04 67 60 20 28.www.creslr.org/mois-ess - www.lemois-ess.org

Retrouvez-nous...

· Les 26-27 sept. au Forum sur « l’éco-

nomie responsable entre les gens et

la nature » à la Fourmilière d’Alès (30),

06 69 55 40 80.

· Du 16 au 18 oct. au salon Bio-Alès (30)

au Parc des expos, Goral-Expo.

· Le 17 oct. au 15e anniversaire de la

Biocoop Tournesol à Carcassonne (11),

avec des ateliers interactifs. Zone Salvaza,

Allée Gutenberg.

· Le 18 oct. à Paulhan (34), la Circulade

du livre sur le thème : « Idées alternatives :

comment vivre autrement ? » Salle des fêtes,

Ass. Les sons, la voix, 04 67 25 38 47.

· Du 29 oct. au 1er nov. à la Fête de la soupe à

Florac (48) Gens de la soupe, 04 66 45 01 14.

Mais aussi : · Le 4 oct., Grande Foire de la petite agri-

culture au Pouget (34). Domaine équestre

des 3-Fontaines. Ass. Terres vivantes

04 67 96 41 05 www.terresvivantes.org

· Le 4 oct., Rondo Bio (sport et alimentation)

à Fillols (66) Nature & Progrès 66

06 17 40 59 94, [email protected]

· Le 16 oct. Journée de l’alimentation

· Du 27 au 29 novembre, la Fête de

l’arbre, de la plante et du fruit à

Saint-Jean-du-Gard (30) sur le thème

des olives et des épices, 04 66 85 32 18.

www.dimanchesverts.org

Fêtes, foires, salons...

Semaine de la solidarité internationale

Du 14 au 22 novembre, participez à la Se-maine de la solidarité internationale, aux journées à thèmes, conférences, spectacles, projections, marchés solidaires, repas équi-tables, ateliers, débats, expositions... pour ne pas baisser les bras face au désastre fi-nancier et surtout humain mondial engen-dré par notre modèle de développement.Le programme sur www.lasemaine.org ouHérault et région : Maison des Tiers Mon-des et de la Solidarité Internationale Marianne Campagne, 04 67 02 13 42, http://mtmsi.asso.free.frGard : Collectif c/o Conseil général du Gard Zoé Valat, 04 66 27 70 06, [email protected] : Comité de coopération décentraliséeMichel Barthes, 04 68 08 11 15, [email protected]

ça déborde !Du 21 au 29 novembre, la Semaine de la

réduction des déchets prend une dimen-

sion européenne. Découvrez comment

moins jeter en réutilisant et en consom-

mant mieux, comment faire son compost

(y compris en appartement)...

Liste des animations locales sur :

www.reduisonsnosdechets.fr

33

Ciné engagé :

Festival de films Alimenterre

du 16 oct. au 30 nov. Alors qu’une

personne souffre de la faim, ali-

mentons les débats. Projections de

documentaires suivies de débats avec des

spécialistes. Les thèmes :

· les émeutes de la faim avec Crash alimentaire,

· la propriété des semences avec Pirates du vivant,

· La Faim des paysans, une ruine programmée,

· l’agriculture durable avec Bioattitude sans

béattitude,

· et les accords de pêche, poison d’avril, avec

Une pêche d’enfer.

Pour connaître les diffusions dans les cinémas de

votre ville et les événements liés

www.cfsi.asso.fr ou les relais locaux :

· Lafi Bala (34) 04 67 79 27 67

· Action Solidarité Gard (30) 04 66 79 92 95

· Syfia International (Montpellier) 04 67 52 79 34

Page 34: ATYPIQUES Magazine N°1

(A)typiques #1 - Oct-nov 09

ENVOYEZ-NOUS VOS PETITES ANNONCES

DE PARTAGE, DE PROJETS, DE COVOITURAGE,

D’ÉCHANGE DE MATÉRIEL, D’ATELIERS...

Sous réserve d’espace disponible, elles paraîtront gratuitement

sur cette page dès le n° 2 (+ sur le site web)Avant

Et après…

© Vincent Roussillat

MES COORDONNÉES (en CAPITALES svp) :

Prénom :______________________Nom :________________________

Adresse complète :_________________________________________

Code postal :

Ville :_____________________________________________________

E-mail :_________________________________________________

Téléphone :

Je joins un chèque à l’ordre de :EFFERV’ & SENS – 68, rue Louis-Roustan

La Pointe-Courte - 34200 SÈTEou je m’abonne directement sur le site www.atypiques-mag.fr

EFFERV’ & SENS68, rue Louis-Roustan, La Pointe-Courte

34200 SÈTE OU

[email protected]

Je m’abonne à (A)typiques à partir du numéro 2 pendant : Un an (6 n°) en version web pour 16 €.

Un an (6 n°) en version papier pour 22 €.

Un an et demi (9 n°) en version papier pour 32 €.

Deux ans (12 n°) en version papier pour 40 €.

(A)typiques est un magazine indépendant des groupes de presse, porté par l’association EFFERV’ & SENS.Comme nous, vous êtes convaincus que c’est au niveau local que nous pouvons agir pour favoriser l’environnement, le climat social et l’économie ?Soutenez l’initiative en vous abonnant au mag !Pour vous renseigner, ou faire un petit coucou, nous vous invitons à nous écrire sur [email protected]

vu par Vincent Roussillat

Idées vertes pour changer d’ère en Languedoc-Roussillonwww.atypiques-mag.fr

34

Allez, zou ! Je m’abonne à

Page 35: ATYPIQUES Magazine N°1

SALON DE THÉpetite RESTAURATION

BIOCommerce équitable

ExposCAFÉ-DÉBATTerrasse

sur le canal Royal1 quai Léopold Suquet34200 SETE

04 67 51 46 [email protected] tous les jours

sauf le mercredi

(A)typiques #1 - Oct-nov 09 35

Page 36: ATYPIQUES Magazine N°1

ALTERnatives

BÂTiment

Aude-Hérault

Un

col

lect

if d’entrepreneurs du bâtiment «tous corps de métiers»

PARQUET, CARRELAGE, MOSAÏQUE, ENDUITS À LA CHAUXJeremy BEQUET 06 32 77 85 77 [email protected]

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Gwendal LE CROHENEC 06 83 96 34 99 [email protected]

Philippe NIVOGIN 06 26 06 52 55 [email protected]

Mylène MEDELGI 06 87 28 45 52

Sylvain FABRE 06 77 40 61 96

les [email protected] - www.lescouleursdethau.fr

Alternatives Bâtiment 25 bd du Général de Gaulle 11 100 Narbonne 04 68 90 65 81 [email protected]

agenda, points de vente : www.atypiques-mag.fr