ATHLÉTISME LE SAUT À LA CORDE -...

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LE SAUTÀL A C O R D E ATHLÉTISME PAR O. PAULY Utilité du saut à la corde. Un exemple dans l'apprentissage de la course placée en athlétisme. La corde à sauter faisait partie des jeux traditionnels des jeunes filles dans les cours de récréation il y a encore quelques années. Considérée, à tort, comme une activité « de fille » elle est sou- vent boudée par les garçons qui lui préfèrent le ballon. Pourtant les boxeurs l'utilisent abondam- ment dans leur entraînement et lui attribuent de nombreuses ver- tus en particulier pour le dévelop- pement cardio-vasculaire et l'amélioration de la qualité des appuis (« jeu de jambes »). En tant qu'exercice de cardio-trai- ning, il est admis que quinze minutes de corde à sauter équiva- lent à une demi-heure de footing ou de squash, trois quarts d'heure de ski ou une heure de volley- ball. Outre sa simplicité, cet outil pré- sente plusieurs avantages tant sur le plan de la préparation physique que pour le développement d'une motricité de base ou plus spéci- fique, telle que l'apprentissage de la course placée en athlétisme. INTÉRÊT POUR LE DÉVELOPPEMENT D'UNE COORDINATION GÉNÉRALE Lors d'un exercice de saut à la corde classique, à deux pieds (photos 1, 2 et 3), pour arriver à sauter correctement et enchaîner plusieurs cycles consécutifs, il est nécessaire de respecter les cri- tères de réussite suivants : - garder le tronc droit, - regarder devant soi, - coordonner les actions des bras et des jambes (notion de rythme), - avoir un rebond de qualité (ne pas s'écraser sur les appuis). Ces critères de réalisation tou- chent des éléments fondamen- taux de la motricité humaine qui interagissent les uns avec les autres pour assurer la réussite dans de nombreuses activités sportives. Placement par rapport à la gravité La gravité, comme le rappelle A. Berthoz, « est un référentiel important, c'est un invariant de l'espace terrestre [...]. Le cer- veau utilise la gravité pour stabi- liser la tête, qui peut alors servir de référence pour la coordination des membres [...]. Il utilise la détection de la gravité par le sys- tème vestibulaire pour créer une plate-forme mobile comme réfé- rentiel. » [1]. Le saut à la corde sollicite en per- manence ce placement par rap- port à la gravité en réclamant des rebonds alignés si l'on veut les enchaîner. Cela signifie que l'ar- chitecture du squelette doit être parfaitement placée au-dessus des appuis : tronc vertical, regard horizontal. Orientation du regard L'orientation du regard fonc- tionne en parfaite symbiose avec la détection de la gravité. « Le regard guide la locomotion. Il uti- lise une stratégie de type : "allez là où vous regardez" [...]. Lors de la marche ou de la course la tête est stabilisée en rotation autour de positions déterminées par la direction du regard » [1]. Suivant cette logique, regarder le sol pour sauter à la corde conduit inévitablement à une erreur pré- judiciable à l'enchaînement des rebonds. Coordination Pour Bernstein, cité par A. Ber- thoz, « la coordination d'un mou- vement "est le processus qui consiste à se rendre maître de degrés de liberté redondants de l'organe en mouvement, en d'autres termes sa conversion en un système contrôlable. Plus brièvement, la coordination est l'organisation du contrôle de l'appareil moteur." [...] La nature a trouvé des astuces pour réduire ce nombre de degrés de liberté. Une des astuces est que chez l'Homme l'anatomie de la colonne cervicale a été dictée par la nécessité de réduire le nombre de degrés de liberté à contrôler. La tête est maintenue dans une posture horizontale, c'est-à-dire telle que le plan des canaux semi- circulaires horizontaux est per- pendiculaire à la gravité. Cette invariance de sa position par rap- port à la gravité transforme la tête en une plate-forme stabilisée, ce qui simplifie considérablement le traitement des informations vesti- bulaires et visuelles, de même que leur coordination. La stabili- sation de la tête simplifie donc la fusion des informations visuelles et vestibulaires. Elle diminue aussi, bien sûr, le glissement réti- nien et permet au réflexe vesti- bulo-oculaire de compléter la sta- bilisation du monde visuel sur la rétine. » [1]. On comprend mieux ainsi le rôle de la posture et de l'orientation du regard dans la mise en place de la coordination générale. Le défi de coordination que représente le saut à la corde, décliné dans les exercices que nous présentons, est un excellent préliminaire à toute activité spor- tive. Par ailleurs la coordination des bras et des jambes, incontour- nable lors du saut à la corde, est une des bases essentielles sur les- quelles repose la locomotion. Le saut permet également de com- prendre par l'action que ce sont les bras qui imposent le rythme aux jambes, comme dans beau- coup d'autres activités. C'est en particulier le relâchement des épaules et l'action des bras qui permettent de piloter le rythme d'enchaînement des rebonds et c'est précisément cela qui est recherché dans la course à pied par exemple. Qualité de l'impulsion Savoir mettre en oeuvre et utiliser une synergie musculaire com- plète et bien coordonnée afin de réaliser une impulsion de qualité fait également partie de ce que l'on pourrait définir comme « la grammaire » de la motricité. Outre la base de renforcement musculaire, sur le pied en particu- lier, c'est l'exigence de maintien de l'alignement lors des rebonds qui contribue à un excellent tra- vail de gainage et de posture en mettant à contribution les muscles profonds du bassin et des gouttières vertébrales. 13 Revue EP.S n°322 Novembre-Décembre 2006 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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LE S A U T À L A C O R D E ATHLÉTISME

PAR O. PAULY

Utilité du saut à la corde. Un exemple dans l 'apprentissage de la course placée en athlétisme.

La corde à sauter faisait partie des j e u x t r ad i t ionne l s des j e u n e s filles dans les cours de récréation il y a encore quelques années. Considérée, à tort, comme une activité « de fille » elle est sou­vent boudée par les garçons qui lui préfèrent le ballon. Pourtant les boxeurs l'utilisent abondam­ment dans leur entraînement et lui attribuent de nombreuses ver­tus en particulier pour le dévelop­pemen t c a r d i o - v a s c u l a i r e et l 'amélioration de la qualité des appuis (« jeu de jambes »). En tant qu'exercice de cardio-trai­n ing , il est admis que quinze minutes de corde à sauter équiva­lent à une demi-heure de footing ou de squash, trois quarts d'heure de ski ou une heure de volley-ball.

Outre sa simplicité, cet outil pré­sente plusieurs avantages tant sur le plan de la préparation physique que pour le développement d'une motricité de base ou plus spéci­fique, telle que l'apprentissage de la course placée en athlétisme.

INTÉRÊT POUR LE DÉVELOPPEMENT D'UNE COORDINATION GÉNÉRALE

Lors d 'un exercice de saut à la corde c lass ique , à deux pieds (photos 1, 2 et 3), pour arriver à sauter correctement et enchaîner plusieurs cycles consécutifs, il est nécessaire de respecter les cri­tères de réussite suivants : - garder le tronc droit, - regarder devant soi, - coordonner les actions des bras et des jambes (notion de rythme),

- avoir un rebond de qualité (ne pas s'écraser sur les appuis). Ces critères de réalisation tou­chent des éléments fondamen­taux de la motricité humaine qui in te rag issen t les uns avec les autres pour assurer la réussi te dans de nombreuses act ivi tés sportives.

Placement par rapport à la gravité

La gravité, comme le rappelle A. Berthoz, « est un référentiel important, c 'est un invariant de l 'espace terrestre [ . . . ] . Le cer­veau utilise la gravité pour stabi­liser la tête, qui peut alors servir de référence pour la coordination des membres [ . . . ] . Il utilise la détection de la gravité par le sys­tème vestibulaire pour créer une plate-forme mobile comme réfé­rentiel. » [1]. Le saut à la corde sollicite en per­manence ce placement par rap­port à la gravité en réclamant des rebonds alignés si l 'on veut les enchaîner. Cela signifie que l'ar­chitecture du squelette doit être parfaitement placée au-dessus des appuis : tronc vertical, regard horizontal.

Orientation du regard

L'or ien ta t ion du regard fonc­tionne en parfaite symbiose avec la détection de la gravité. « Le regard guide la locomotion. Il uti­lise une stratégie de type : "allez là où vous regardez" [...]. Lors de la marche ou de la course la tête est s tabi l i sée en rota t ion autour de positions déterminées par la direction du regard » [1].

Suivant cette logique, regarder le sol pour sauter à la corde conduit inévitablement à une erreur pré­judiciable à l 'enchaînement des rebonds.

Coordination

Pour Bernstein, cité par A. Ber­thoz, « la coordination d'un mou­vemen t "es t le p r o c e s s u s qui consiste à se rendre maître de degrés de liberté redondants de l'organe en m o u v e m e n t , en d'autres termes sa conversion en un sys tème con t rô l ab l e . Plus brièvement, la coordination est l ' o rgan i sa t ion du con t rô le de l'appareil moteur." [...] La nature a trouvé des astuces pour réduire ce nombre de degrés de liberté. Une des as tuces est que chez l ' H o m m e l ' a n a t o m i e de la colonne cervicale a été dictée par la nécessité de réduire le nombre de degrés de liberté à contrôler. La tête est maintenue dans une posture horizontale, c'est-à-dire telle que le plan des canaux semi-circulaires horizontaux est per­pendiculaire à la gravité. Cette invariance de sa position par rap­port à la gravité transforme la tête en une plate-forme stabilisée, ce qui simplifie considérablement le traitement des informations vesti-bulaires et visuelles, de même que leur coordination. La stabili­sation de la tête simplifie donc la fusion des informations visuelles et ves t ibula i res . Elle d iminue aussi, bien sûr, le glissement réti­nien et permet au réflexe vesti-bulo-oculaire de compléter la sta­bilisation du monde visuel sur la rétine. » [1 ] .

On comprend mieux ainsi le rôle de la posture et de l'orientation du regard dans la mise en place de la coordination générale. Le défi de coo rd ina t i on que r ep résen te le saut à la co rde , décliné dans les exercices que nous présentons, est un excellent préliminaire à toute activité spor­tive. Par ailleurs la coordination des bras et des j ambes , incontour­nable lors du saut à la corde, est une des bases essentielles sur les­quelles repose la locomotion. Le saut permet également de com­prendre par l'action que ce sont les bras qui imposent le rythme aux jambes, comme dans beau­coup d'autres activités. C'est en par t icul ier le re lâchement des épaules et l 'action des bras qui permettent de piloter le rythme d'enchaînement des rebonds et c 'es t préc isément cela qui est recherché dans la course à pied par exemple.

Qualité de l'impulsion

Savoir mettre en œuvre et utiliser une synergie musculaire com­plète et bien coordonnée afin de réaliser une impulsion de qualité fait également partie de ce que l'on pourrait définir comme « la g r a m m a i r e » de la mo t r i c i t é . Outre la base de renforcement musculaire, sur le pied en particu­lier, c'est l'exigence de maintien de l'alignement lors des rebonds qui contribue à un excellent tra­vail de gainage et de posture en met tan t à con t r i bu t i on les muscles profonds du bassin et des gouttières vertébrales.

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EXEMPLES D'EXERCICES BASIQUES

Ces exercices peuvent être utilisés en échauf­fement, ou bien lors d'une séance de prépara­tion physique générale ou spécifique, ainsi que pour le développement et l 'enrichisse­ment de la coordination. Notez dans tous les exercices le respect des exigences : tronc droit, regard horizontal, qualité du rebond (ali­gnement), synchronisme bras-jambes.

Sur deux pieds

C'est l'exercice classique de saut où le rebond s'effectue sur deux pieds simultanés (photos 4 à 6).

Sur un pied

Il s'agit du même exercice que précédemment mais les rebonds sont effectués sur un pied (plusieurs rebonds pied droit, puis plusieurs rebonds pied gauche). Le passage en alter­nance du pied droit au pied gauche peut constituer un premier travail de coordination. L'intensité du rebond est bien entendu plus importante que lors du travail à deux pieds. L'alignement de l'architecture du corps doit être maintenu lors des rebonds (photos 7 à 9).

En alternant deux pieds - un pied

Lors de cet exercice, on demande d'enchaîner un rebond sur deux pieds, puis sur un pied. Le travail de coordination est favorisé puisque le sportif doit veiller au changement de structure 2 pieds - 1 pied. On peut envisager de lui demander de réaliser l 'alternance 2 pieds -pied droit (ou gauche) en permanence, ou bien 2 pieds - pied droit - 2 pieds - pied gauche, ce

qui exige encore plus de vigilance (photos 10 à 13).

En alternant pied droit et pied gauche sur place

Le passage d'un appui à l'autre nécessite, évi­demment, des rebonds sur un pied, mais éga­lement impose un cycle de pied qui se fait vers l'avant afin de ne pas accrocher la corde der­rière soi avec un pied qui traînerait (photos 14 à 17). Ceci constitue un exercice basique mais qui se révélera, comme nous le verrons par la suite, très utile pour l 'apprent issage de la course placée (voir le dessin du cycle de pied, photo 17).

Évolutions possibles

Ces quatre exercices de base peuvent être enri­chis en variant les passages de la corde, en alternant par exemple avec une corde qui passe bras croisés, mais également en accélé­rant le rythme de rotation de la corde. Ceci amène à réaliser des « double », voire des « triple », c'est-à-dire que la corde va effec­tuer deux ou trois passages pendant le temps du rebond. Il est possible de réaliser plusieurs « double » à la suite par exemple, ou bien d'alterner simple et « double ». On peut éga­lement envisager de réaliser les exercices en se déplaçant vers l 'avant, vers l 'arrière, ou latéralement (photos 18 à 21).

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Avec un peu d'imagination et en variant les exercices cela permet d'enrichir aisément les situations d'entraînement.

INTÉRÊT POUR L'INITIATION À LA COURSE PLACÉE EN ATHLÉTISME

Rappel sommaire sur la technique de course

Le maintien de l'équilibre et la production de force nécessaire à l'accélération ou au main­tien de la vitesse en position redressée, impli­quent (entre autres choses) le maintien du tronc droit, le regard à l'horizontale, et autant que possible, un cycle de course antérieur. Le bassin doit donc être placé de telle sorte qu'il favorise un trajet de pied qui se prépare en avant de la verticale du centre de gravité, per­mettant la prise d'appui de haut en bas et sur­tout de l'avant vers l'arrière. Ainsi au moment du contact du pied au sol, le corps est aligné au-dessus de l'appui, en position de force et équilibré, et l'on peut accélérer en plaçant son bassin vers l 'avant sans risquer le déséqui­libre. Le trajet du pied, lorsque la technique de course est cor rec te , prend la forme d 'un « haricot », dont une bonne partie se situe en avant de la verticale du bassin (photo 22). Bien évidemment, en fonction des différents morphotypes rencontrés ainsi que des qualités manifestées par les individus, cette technique de course devra trouver une adaptation opti­male.

Notons également que les bras, lors d 'une course de sprint, jouent un rôle non négli­geable. Ils contribuent à l'équilibre, favorisent

la production de mouvement vers l'avant, mais aussi, élément plus souvent négligé, ils favorisent le rythme. Les jambes vont se caler sur le rythme des bras et non l'in­verse . Ce t t e i m p o s i t i o n du rythme par les segments supé­r ieurs est une réal i té dans de nombreuses activités sportives. Les conditions de réussite exi­gées par le saut à la corde (place­ment par rapport à la gravi té , orientation du regard, coordina­t ion , qua l i t é de l ' i m p u l s i o n ) concernent particulièrement la technique de course en sprint.

E X E M P L E S D ' E X E R C I C E S SPÉCIFIQUES

« Foulées enfantines »

Il s'agit de réaliser deux rebonds consécutifs sur un pied, puis changer de jambe et faire deux rebonds consécutifs sur l'autre pied (et ainsi de suite). C'est ce que nous appelons « foulées enfantines », en référence au type de déplacement qu 'ut i l isent fréquemment les enfants dans une cour de récréation, à savoir : cloche-pied droit - cloche-pied gauche, etc. (photos 23 à 27).

Le coureur est contraint d'utiliser un cycle de pied antérieur, pour ne pas accrocher la corde vers l 'arrière. L'exercice impose également une qualité de rebond lors de l'appui permet­tant le cloche-pied sur une jambe quasiment tendue, mais il laisse le temps de faire tourner

la corde pendant le rebond. Les deux jambes doivent se croiser en suspension à une vitesse relativement importante, ce qui est le propre de la course.

Course jambes tendues avec rotation de la corde (photos 28 à 30) Notez que le segment inférieur se déplace tou­jours en extension (photo 30). La qualité du rebond, le cycle avant du pied, ainsi que le maintien d 'une posture avec le tronc vertical sont absolument nécessaires pour réaliser cet exercice.

Course vers l'avant

C'est, à notre sens, un des exercices les plus judicieux pour apprendre à courir placé car il requiert à lui seul une grande majorité des exi­gences d'efficacité. Il s 'agit d 'une course

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simple vers l 'avant, en passant d'un appui à l'autre (photos 31 à 3 3 , p . 15) . Cec i néces s i t e un main t i en de l ' a l i g n e m e n t sur l'appui, une impulsion efficace et complè t e , le t ronc droi t et le regard orienté vers l 'avant, un cycle avant de pied complet (fer­meture et ouverture), une coordi­nation correcte bras-jambes (le rythme étant piloté par les bras). On notera également (mais rien ne vaut l'essai pour s'en rendre parfaitement compte !), la vitesse à laquelle doivent s'effectuer les changements d'appui pour ne pas se prendre la corde dans les pieds. Ceci a pour conséquence d'avoir, à la prise d 'appui , un segment libre qui revient rapidement et qui a largement dépassé la verticale, ainsi qu'un temps de contact au sol bref et explosif.

Course vers l'arrière

Pour ceux qui maîtrisent correc­tement l 'exercice précédent, on peut leur demander de le réaliser en se déplaçant en marche arrière, la corde continuant à tourner vers l'avant (photos 34 à 37). Outre les intérêts techniques pour l'appren­tissage de la course, cet exercice sollicite avec exigence la faculté de se placer par rapport à la gra­vité (équilibre et posture).

Bien évidemment de nombreux autres jeux et exercices peuvent être inventés avec une corde à sauter. Le but de ces situations est avant tout de varier les contenus tout en respectant des exigences majeures et spéci f iques de la motricité du terrien qui pourront

ê t re ré invest ies dans de nom­breuses ac t iv i tés spo r t ives . Comme nous l ' avons montré , certains exercices ont une spécifi­cité qui permet d 'appor ter des réponses originales et efficaces pour l 'apprentissage de la tech­nique de course. Il ne reste plus q u ' à souhai te r que le « grand balancier de l 'Histoire » fasse réapparaître un jour prochain les cordes à sauter dans les cours de récréation pour le plus grand bien de nos enfants et futurs sportifs.

Olivier Pauly Entraîneur d'athlétisme, Athletic Club de Cannes

Enseignant d'EPS, UFRSTAPS, Nice.

[1] Berthoz A., Le sens du mouvement, Odile Jacob Ed.. 1997.

L'activité gymnique du lycéen « De l'initiation au perfectionnement »

Éric Berthiller et Jean-Pierre Olinger

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