Al-Fakhrî, histoire des dynasties Musulmanes depuis la mort de ...
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fi'NO/NGL,ST OCT 1
192f
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ARCHIVES MAROCAINES
Volume XVI
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DU MME AUTEUR
La pierre de touche des ftwas de Ahmad Al-Wanschars.Choix de consultations juridiques des faqihs du Maghreb,
traduites par Emile Amar, 2 vol. in-S".
{Archives marocaines, volumes XII, XIII.)
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ARCHIVES
MAROCAINESPUBLICATION
MISSION SCIENTIFIQUE DU MAROC
Volume XVI
PARISERNEST LEnOUX, DITEUR
28, HUE BONAPARTE, Vl"
1910
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AL-FAKHRTRADUIT DE L'ARABE ET ANNOT
PAR
EMILE AMAR
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AL-FAKHR
HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES
depuis la mort de Mahomet
jusqu' la chute du khalifat 'Abbsde de Baghddz
(11-656 de l'hgire = 632-1258 de J.-C.)
Avec des prolgomnes sur les principes du gouvernement
PAR
IBN AT-TIQTAQA . .^\uWam'.'v^i -.U '.'^i; Won TTaV^atuabS ,^ -,.i.^ JU \_Ti'vstzvV^"?v.
TRADUIT DE LARABE ET ANNOT
PAR
EMILE AMAR
PARISERNEST LEROUX, DITEUR
28, RUE RONAPARTE, Vl"
1910
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PRFACE
Ce n'esi pas le dsir cVaiigmenlc)', sans profiL la
liste (les li-aduclions qui ma pouss entreprendrecelle-ci. /^'Histoire des Dynaslies musulmanes, d'Ibn
al- Tiqlaq occupe une place pari parmi les ouvrages
similaires, grce aux renseignements que lauleur adonns sur les vizirs, et quil a jniiss dans des ouvrages
dont une jjartie ne nous est gure parvenue. C'est ce
qui en fait la principale originalit \ Pour le reste,je voudrais chapper aux reproches auxquels s'exposesouvent le traducteur, toujours enclin exagrer l'im-
portance de l'uvre quil traduit. A ce point de vue,j'ai cherch, au contraire, en tudiant les sources du
Fakhr, faire le dpart entre ce qui est vraiment
ruvre personnelle dlbn a-Tiqta(j() et ce quil a copitextueUemeni- d' Ibn al-Alhir au d'autres ouvrages. Et
il g a lieu de croire que ces investigations, pousses
plus loin, feraient dcouvrir tes sources, peu nom-breuses je crois, oii l\iulcur a puis les passages queje nai pu identifier. Ce ne sera pas un cas isol, la
1. Voy. les loges qui ont l l'ails du style dlbn at-Ti(ifaI : Iaruier de Meynard,Prairies d'or, t. II, avertissement, p. v ; IIartwk; DEREMiOuitr., Al-Fakhr4,Introduction, p. 27; le P. L. Cheikho, S. J., Madjni-l-adab, VII, p. 12.
2. La plupart des passages copis textuellement ont l identifis etindiqus en note.
ARCH. MAROC. O
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ARCHIVES MAROCAINES
plupart des /lisloriens poslrieiirs Tabar n'aijanl
[ail que se copier les uns les autres; mais Ibii al-Tiq-
laq u perdra peut-tre la rputation r/' crivain
loquent >*, r/' crivain original S dont il jouit de-
puis si longtemps en Europe. Son rcita dont on a
vant si souvent le style, apparat ds maintenant commeune mosaque, dont les diffrents fragments ont t
emprunts des auteurs auxquels Ibn at-Tiqtaqa a fait
allusion dans sa prface, mais qu'il na pas toujourscits.
Ce rsum de fhistoire des dynasties musulmanes a
eu, comme on le sait, une fortune prodigieuse, depuisqu'en 1806 Silvestre de Sacy lui a donn, pour lapremire fois, droit de cit dans renseignement de
l'arabe. Non seulement, tout auteur de chrestomathiearabe se croyait oblig d'y insrer, en bonne place, un
extrait' du F,-ikhr, mais les tentatives de traduction
partielle ou intgrale n'ont pas manqu. S. de Sacy ^,
Amable Jourdain ', Hartivig Derenbourg\ Cherbon-neau '', Jules (i(uilin~, pour ne ciler que les morts, ont
1. Voy. page i, noU' 1.2. En dehors des extraits, dont on trouvera la liste ci-aprs, louvraue
a t dit en entier, trois reprises, par Ahhvardt, Hartwig Derenbourget la Socit ljijplienne pour l'impression des ouvrages arabes. Voy. plusloin la Bibliofjraphie.
ji. Voyez plus loin la Biblioi/raphie.4. Id.
5. M. Hartwig Derenbourg avait form le projet d'une traduction fran-aise intgrale du Fulihri et lavait annonc en 1885 (Voy. Chrestoma-thie lmentaire de l'aralje littral. T' dition, par II. Derenbourc. et .1. Simro^p. vin). En 1SII2, lor.-; de la 2' dition de cette Chrestomathie (p. viii). il di-sait prparer unetiition nouvelle du texte et une traduction lrancjai>e>i.Enfin, en 18;t.5, lors de rapi)arition de l'dition du texte arabe. M. H. De-renbourg crivait : Voici le texte qui parait: quant au projet de traduc-tion, il est abandonn en ce qui me concerne. Cf. H. Derendocrc;, .1/-Falihri, Introduction, p. :>!, note 4.
G. Voy. plus loin la Diblioijraphie.7. Ilenscigneuient Nerhal.
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PREFACE III
l'ail au Faklir /t's honneurs cl une raduclion partielle
ou d'un projet de traduction complte.
La belle ordonnance du plan, plus encore que la va-leur relle de Vouvrage, les dtails sur le vizii'at, enfin
la commodit dan rsum qui n'omet rien d'essentiel,sont peut-tre les principales raisons de ce succs, qu'un
sicle d'existence ne semble pas avoir puis.
Dans cette traduction intgrale du Fakhi'. J'ai tenucompte et cherch tirer profit des travaux de mes de-vanciers. Les trois fragments qui ont t traduits en
franais. les seuls qui existent ma connaissance, sont dus S. de Sacg, Jourdain et Cherbonneau.
J'ai pens quil et t tmraire de ma part de porterune main sacrilge sur la belle traduction du premier
fragment, due notre grand Sacg. Je ne me suis per-mis d'y toucher que pour la mettre en harmonie avec lereste de Vouvrage, et dans les cas, peu nombreux, oh
fai os me sparer de l'opinion de ce patriarche deVorientalisme. On en trouvei'a les raisons dans les notesqui accompagnent cette partie de Vouvrage.
Le court fragment traduit par Amable Jourdain^ ne
m'a rien fourni d'utile.
Quant aux trois chapitres dus la plume de Cher-bonneau, ils laissent beaucoup dsirer. En maint pas-sage, on pourrait qualifier la traduction de fantaisiste.
Il me rpugnent de relever systmatiquement chaquepas les nombreuses inadvertances du traducteur; quel-
ques-unes seulement ont t indiques dans les notes.
L'dition qui a servi de base la prsente traduction
est celle de M. Hartwig Derenbourg', qui a ra-
1. Dans les Fundyruben des Orienls. Wian. \So[)-\S\(). t. \'. pp. 28-4ci.2. Voyez plus loin la Bibliographie.
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AHCHIVES MAROCAINES
Us, comme on le sait, un incontestable progrs sur
celle de rminent orientaliste M. Ahlwardt^ Mais,
au crible de la traduction, le texte le mieux imprim
rvle la moindre inadvertance et met en lumire toutes
les difficults de la constitution d'un texte d'aprs un
seul manuscrit, ft-il aussi parfait que celui du
Fakhr.
.Tcn d dans ces cas, assez nombreux^ recourir
mon tour au manuscrit unique' pour retrouver la
bonne leon, ou recli/ier la lecture, ou rtablir le pas-
sage omis.
Dans quelques autres cas. moins nombreux, mais
plus difficiles, il a fallu prendre parti contre le ma-
nuscrit lui-mme. Les raisons et les autorits ont t
alors indiques dans les notes. Enfin les ervaia placs
en tte de la traduction donnent la liste complte de ces
petites modifications. Une main plus experle en aurait
peut-tre dcouvert un plus grand nombre, mais le tra-
ducteur serait suffisamment l'compens de ses efforts,
si son travail pouvait contribuer fixer avec plus de
prcision un texte, qui a dj eu l'honneur de trois di-
tions dans trois pags diffrents ''\
Pour faciliter P utilisation de cette traduction, on ga joint, en dehors de la Tal)lc des Matires, les instru-
1. Voy. plu>i loin la Bibliojraphie.2. Fonds arabe de la Bibliothque Nalionale, n" 2441.H. Cette notorit n'a pas empch un auteur d'crire tout derniremenl
qu'El Fakliri est un clbre historien (jui vivait sous les Ahbasides. andeuxime sicle de l'Hgire. \'oy. J. Cattan, Traduction de Vllisloire de lacivilisation musulmane de Georgi Zaidn, in Revue Tunisienne, n" ()8(mars litOS), p. 107, note 10.
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PREFACE
menls de travail siiivanh : 1^ an index gnral alphab-tique et analytique des noms propres et des choses;2" une table des mots arabes qui ont donn lieu uneexplication spciale dans les notes; 3 une table desouvrages cits dans les notes; 4" un erratum du textearabe.
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INTRODUCTION
Cette introduction eut t beaucoup plus longue, si
deux minents arabisants, ceux-l mmes qui ont publile texte arabe, MM. Ahlwardt et Hartwig Dereubourg,n'avaient pas dj puis le sujet, cliacun son tour, dans
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ARCIin i:s .MAliOCAINES
retenant que ce qui parat dfinitivement acquis ou s'appuie
sur des donnes fournies par l'ouvrage lui-mme.
Nous ne dirons rien de Thistoire du manuscrit unique',dj faite, trois reprises, par Sacy -, Ahhvardt^ et
Derenbourg- '. Nous tudierons seulement Ja vie de l'au-teur, les caractres de son uvre, et nous terminerons
par la bibliograf)hie. Pour cette dernire partie, je repro-
duirai, dans un autre ordre et en la compltant, la liste
donne par M. Ilartwig Derenbourg '.
L AUTEUR
C'est M. Ahhvaidt ((ui a identifi notre auteur et
publi une notice sur- son pre le surintendant des
Alides, le naqb an-noKjah Tdj ad-Dn 'Ali ibn at-
Tiqtaq. C'est encore lui qui a trouv et publi d'autres
extraits d'un manuscrit arabe de Berlin, qui nous fournis-
sent quelques renseignements nouveaux sur l'auteur.
Les sources d'informations sur la vie d'Ibn t-Tiqtaq
sont peu nombreuses. On n'a eu jusqu'ici que son proprelivre et une notice sur ses ascendants contenue dans un
1. L'accession du petit manuscrit incomplet dcouvert par M. Derkn-coriu; n'a pas modifi sensililement la constitution du texte. Au momentde mettre sous presse, j'ai eu connaissance de l'existence d'un troisimemanuscrit du Fakhr, qui proviendrait de la collection de lex-sultan deTurquie, 'Abdu-1-Haiuid. Un examen sommaire de ce manuscrit, lalibrairie W'elter, ma donn la conviction que je me trouvais en pr-sence dune copie sans aucune valeur, excute d'aprs idition deM. Ahlwardt.
2. Chreslonialliie arabe, 2' dition, I, p. 30 et suiv.H. Elfaciiri, Geschichle der islamischen Reiche vom Anfang bis zuni
Ende des Chalifales, Introduction, p. 13 et suiv.4. AL-I'AKiiRi. Introduction, p. 29 et suiv.">. Idem, p. 3.T et suiv.
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INTRODUCTION IX
ouvrage sur la gnalogie des 'Alides '. Depuis 1897,nous avons les renseignements que M. Ahhvardta trouvsdans le manuscrit arabe 9i03 de la Bibliothque de Ber-lin ^, et qu'il a publis dans son catalogue de cette Biblio-
thque. C'est d'aprs ces documents ([ue l'on [)eut tablirle nom exact de notre auteur.
D"aj)rs les frontispices des deux manuscrits"' du FakhrLle laqab ou surnom honorifique de notre auteur serait iSa/"/ad-Din. Mais dans le manuscrit 9/a03 ' de Berlin, dont
M. Ahhvardt a extrait le passage relatif notre auteur,celui-ci est appel Djall ad-Din et non Saf ad-Din. Cettedivergence sur le laqab n'a rien d'tonnant; sans tre trs
frquente, la coexistence de deux laqab diffrents pour
une mme personne parat tablie par des exemples assez.nombreux. En plus du laqab, le manuscrit de Berlin^^nousfait connatre |)our la premire fois la kouni/a ou surnompatronymique de notre auteur : c'est Abo Dja'far. Enfince mme manuscrit, en donnant la gnalogie de notreauteur, y introduit deux gnrations de plus et quelques
modifications dans les noms de ses anctres. Voici sonarbre gnalogicjue jusqu'au khalife 'Al : Djall ad-Din
Abo Dja'far Mouhammad^ fils de Tdj ad-Dn Abo-1-Hasan '^4//, fils de Chams ad-Dn "^Ali, fils de Hasan, filsde Bamadn, fils d'Al, fils d"Abd Allah, fils de Hamza,fils de Moufridj, fils de Moiis, fils d"Al, fils de Osim
ar-Ra'is, fils de Mouhammad, fils de Osim ar-Rassi, filsd'ibrhm Tabtab, fils d'ism'l ad-Dbdj, fils d'Ibrahim
al-Ghamr, fils de Hasan, fils de Hasan, fils d'Al le kha-
life.
1. Djaml ad-Dn Ahmad idx 'Inada, 'Oumdal at-llib f nasab l AinTlib, manuscrit 2021 du fonds arabe de la Bibliotlique nationale.
2. \V. Ahlwardt, Verzeichniss der arabischen Ilaridschriflen, XI ^1897),p. 26.
3. Manuscrits 2441 et 2442 de la Bibliothque nationale.4. Folio 25'>.
5. Ibidem.
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ARCHIVES MAROCAINES
AL (le khalife).
2.
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INTRODUCTION XI
gnrations depuis notre Ibn at-Tiqtaq jusqu'au ivhalife
'Al. Mais il y a lieu de croire que la gnalogie que nous
avons donne d'aprs le manuscrit O/iOS de Berlin est
plus exacte, car, partir de Odsim av-Bci's, c'est--dire partir de la neuvime gnration, Ibn Inaba ne suit plus
les ramifications de cette famille, et se borne mentionner,
parmi les illustres descendants de Qsim ar-Ia's, lafamille de Bamaddn dont l'auteur du Fakhr est issu '.
Les deux gnalogies diffrent donc sur deux points :1 Ibn 'Inaba compte, au total, dix-huit gnrations
depuis le khalife 'Al jusqu' notre auteur, au lieu des
vingt que nous avons adoptes d'aprs le manuscrit de
Berlin. Il omet les numros 13 et 17 du tableau gnalo-gique ci-dessus;
2 D'aprs ce mme Ibn Inaba, le grand-pre de notreauteur se nommerait Moiihammad-, tandis que, d'aprs le
manuscrit de Berlin^, il s'appellerait 'Ali, comme sonpropre fils, le pre de notre auteur.
Quoi qu'il en soit, les anctres d'ibn at-Tiqtaq furent
tous des hommes connus, sur lesquels nous avons desrenseignements soit dans les ouvrages consacrs aux
gnalogies des 'Aldes, soit dans les ouvrages histo-
riques.
Notre auteur est issu de la famille de Ramadan, le
seizime anctre depuis 'Al. Cette famille, qui habitait
d'abord Wsit, se transporta '', une poque qu'onnepeut
prciser, H illa, c'est--dire tout prs de Baghddz. Le sur-nom d'Ibn at-Tiqtaq, sur lequel on a form toutes sortesd'hypothses"', et qui devint partie intgrante du nom de
1. Ms. cit f" 108 r".2. Ibidem.3. Folio 2.")i>; Ahlwardt. Verzeichnisi^, IX. p. 2
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XII ARCHIVES MAROCAINES
la famille, ne semble pas remonter au del de la troisime
gnration, c'est--dire du grand-pre de notre auteur.
Nous savons dj que le nom de ce grand-pre ' est l'ol)-jet d'une divergence entre les deux manuscrits que nous
avons utiliss pour cette notice : Moiihammad d'aprs lemanuscrit- de Paris, .4// d'aprs le manuscrit-' de Berlin.
Quoi qu'il en soit, ce grand-pre dont le surnom honori-fique, laqab, tait Chams ad-Dn et qui jouissait d'unegrande rputation de pit et de modestie ^, fut surnommIbn at-Tiqtaq^ cause de sa mre qui tait de la famille
de Tiqtaq] c'est elle qui transmit ce nom ses descen-dants '. Cette explication de l'origine de ce surnom don-n la famille d'Ibn Tabtab parat vraisemblable.
Le pre de notre auteur, le nomm Tdj ad-Dn 'Al,fut un personnage marquant, occupa les hautes fonctions
d'intendant des Alides, Ililla, puis Kofa, et enfin
celles de surintendant des Aldes Baghddz; il mou-rut assassin en J281, sous Tintigation d'At Mlik al-
Djouwain, ministre des Finances d'Abq, fils d'Hol.
go^. Nous ne reviendrons pas ici sur l'anecdote quej\IM. Ahlwardt et Derenbourg ont publie et traduite
d'aprs le manuscrit 2021 de Paris', et qui montre le
surintendant Tdj ad-Din profitant d'une anne de sche-
resse pour vendre trs cher les denres qu'il avait dans
ses magasins et arriver ainsi une trs grande fortune.
Tdj ad-Dn 'Al tait mari une femme de Qm >* ;c'est de cette union que naquit l'auteur du T^r/A/?/'/, Djall
ad-Dn Aboii Dja'far Mouhammad. Nous avons peu de
1. N" 18 du tableau gnalogique.2. N 2021, f 108 V.A. N" 9403, f 25 V.4. Ibid.
5. (JU*Jl (_J r^ Y^ J; Undem.
6. Ms. arabe 2021 de Paris, f- 108.7. Ibidem.
8. AiiLWAiDT, Verzeichniss, IX, p. 20.
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INTRODUCTION XIII
renseignements sur ce dernier, en dehors de ce qu'il nous
a laiss lui-mme dans son livre. L'auteur du manuscrit
arabe n" U'iOo de Berlin ' nous dit seulement qu'il tait
mari une Persane du Ivhorsn, cl ([u'il eut d'elle un
(ils appel 'Al as-saghr.
Nous ne savons rien sur la jeunesse d Ibn at-Tiqlaq,n vers 1262^, c'est--dire vingt ans environ avant l'assas-
sinat de son pre. On a conclu ^ de l'inscription con-serve au frontispice du manuscrit arabe 2/iV2 ^ de la
Biblioth(|ue nationale, qu'Ibn at-Tiqtaq avait fini par
reconqurir tous les jjiens qui avaient t contisqus
son pre et par tre nomm surintendant des 'Aldes{naqb an-noiiqab) Baghddz. Cela est possible, mmevraisemblable, mais ne rsulte pas ncessairement du
texte invoqu. Ce texte emploie, il est vrai, le titre denaqb an-noiiqab (surintendant, gnralement rserv
au grand naqb de Baghddz, mais c'est probablement une
pithte due seulement au copiste, car le manuscrit 9/i03de Berlin ' nous dit qu'lbn at-Tiqtaq succda son
pre, Tdj ad-Dn, comme intendant des 'Aldes llillaet aux Machhid ".
Nous passons galement sur les prtendues" relationsd'ibn at-Tiqtaq avec le shib 'At Mlik, qui ne paraissent
pas suffisamment tablies malgr les quelques indices qui
ont t relevs par M. Ahlwardt '^. Tant qu'on n'aura
pas trouv dans quelque manuscrit une biographie de
notre auteur, il est difficile de tracer avec prcision les
1. Ahlwardt, Verzeichniss, IX, p. 2(i.2. H. Dekenbourg, op. cit., p. 7.3. Idem, p. 11.4. F 1 r.. Loc. cit.
. 4^1 Jau AJbLi4^ J i^'lj ^;liuJl Jy.7. Ahlwardt, Elfachri, pp. xvii-xvui. Cf., en sens contraire, II. Dkin-
BOURG, Al-Fakhri, ntroduclion, p. 7.8. Loc. cil.
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XIV ARCHIVES MAROCAINES
grandes lignes d'une vie qui nous chappe presque com-
pltement. La connaissance certaine qu'lbn at-Tiqtaq
avait de la langue persane ', son mariage avec une Per-
sane du Khorsn ', les observations personnelles qu'il
donne sur les Persans ^ , tout cela pourrait faire sup-
poser qu'il avait pass une partie de sa vie en Perse, peut-
tre toute son adolescence. Mais ce n'est l qu'une hypo-
thse.
On a conclu ' aussi de certains passages ' de sonlivre, que notre auteur s'tait rendu, antrieurement
1301, date de la composition de son livre, Irbil,
Basra, lvofa, et probaljlement Ispahn. C'est possible,
mais les passages invoqus ne le prouvent pas. Tout ce
qu'on peut affirmer avec certitude. c'est qu'lbn at-Tiqtac[
a t, en 1297, Margha, o il visita le tombeau de Mous-
tarchid, dont il admira la belle coupole ", et qu'il entre-
prit, en 1301, un voyage vers Tabrz, au cours duquel
il dut s'arrter, par suite du mauvais temps, Mos-
soul, o il composa son livre, comme nous le dirons plusloin".
Le cercle des relations d'ibn at-Tiqtaq parat assez
tendu, malgr le petit nomj^re des personnes qu'il a
cites, surtout dans la partie anecdotique de son ouvrage.
Ce sont, pour la plupart, des hommes importants et bienplacs pour le renseignei-.
^lalheureusement, nous ne pouvons tirer de l aucun
indice sur la date approximative de la mort d'Ibn at-Tiq-
taq ; son ouvii'age tant dat de 1301, il se trouve que
1. Il cite des vers persans, pp. 02 et 43'.t du texte arabe: Traducl.. pp. 7-i
et 560.
2. Voy. ci-dessus, p. xni.8. Voy. traducl., p. 22 : Les I^ersans aiment passionnment ce livre
(al-Yamn) et le recherchent avec ardeur.
4. H. Dehexuouhc, Al-Falihrl, Introduction, p. lo.5. Texte arabe, pp. 41-42; 122: 141; 41(); traduction, p. 52.(i. Texte arabe, p. 40S; traduction, p. 522.7. \"oy. in/'r. p. xv et texte .ira!)e. p. S: traduction, p. 8 et suiv.
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INTRODUCTION XV
cette date est postrieure tout ce que nous pouvons
induire des rapprochements des dates de naissance ou de
dcs de tous les personnages t[u'il a cits. C'est pour
cette raison que nous ne reproduisons pas ici les pas-
sages du Fakhri qui les concerne ', et qu'on trouvera plus
loin dans la traduction.
Tels sont les renseignements, peu nombreux, que nous
avons actuellement sur l'auteur. Peut-J;re trouverons-
nous un jour, dans quelque manuscrit indit, une notice
qui nous en fera connatre davantage.
L OEUVRE
L'auteur nous a renseigns lui-mme sur son uvre,
sur les raisons qui la lui ont fait entreprendre et sur le
plan qu'il s'tait propos de remplir. Nous n'avons aucun
autre renseignement que ceux qu'il nous a laisss lui-
mme.En l'anne 1302, Ibn at-Tiqtaq entreprit un voyage
vers Tabriz, la capitale de l'Adzrabidjn, mais les rigueurs
d'un hiver exceptionnel le contraignirent faire halte
Mossoul -, o il ne comptait pas s'arrter. Il ne nous a
pas dit, dans son rcit, quel avait t son point de dpart.
On a conjectur ?' qu'il habitait Baghddz . La vritest que nous n'avons pas de donnes prcises sur ce
point. Et si l'on peut hasarder une conjecture, c'est que
notre auteur habitait vraisemblablement Hilla, o il fut,
1. Ces pa.-sages ont t analyss par M. H. Dkrenbourc. dans son Inlro-
duclion au Fakhri, pp. 10-18.
2. Voy. la traduction,, p. 8.3. Hartwig Dekenbolrg, fnlroduclion, p. 1 in fine.
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XVI ARCHIVES MAROCAINES
aprs son pre Tdj atl-Din Ali, intendant (naqb) des
Wldes '.
Quoi qu'il en soit, notre auteur fut oblig de sjour-
ner ]Mossoul le temps ncessaire pour que le froid
diminut , sauf continuer ensuite sa route vers Ta-
brz.
C'est l, Mossoul, qu'il entendit parler des qualits
minentes du seigneur de cette ville, le matre obi,
le roi auguste, le plus excellent et le plus grand parmi
les rois, le plus noble et le plus longanime des juges "~,
le principicule Fakhr ad-Dn Isa, fils d'Ibnlhim, qui gou-
vernait Mossoul, avec le titre de roi, malik, au nom dusouverain mogol Arghon -K Fakhr ad-Din, de son ct,apprit la prsence Mossoul de cet hte de marque et le fit
mander auprs de lui ^. Ibn at-Tiqtaq fut charm de
l'accueil que lui fit le prince, et, pour lui tmoigner sa
gratitude et son attachement, il rsolut d'employer son
sjour forc Mossoul la composition d'un livre d'his-
toire, pour l'offrir en hommage son protecteur '.
Telle est la gense de la conception de ce livre. Je ne
m'tendrai pas sur le plan adopt par l'auteur, qui Ta
expliqu lui-mme en tte de son livre et qu'il a relle-
ment suivi, comme on peut le voir dans cette traduction. J'ai*^ divis mon ouvrage, dit-il, en deux sections.Dans la premire, j'ai trait de la conduite des sultans etdes procds de la politique royale, des qualits par les-
quelles le souverain se distingue des sujets, de celles quil
doit possder et des vices dont il doit tre dpourvu;jai
parl galement de ses devoirs envers ses sujets et des
1. Voy. ci-dessus, p. xui.2. Traduct., p. 8.3. De IIammer, Geschichle der llchane. I, 343, 347 ;Deremolrg, ibid.,
pp. 17-18).
4. Traduct., p. 15.5. Id., p. 16.
6. /(/., ]). 17.
-
INTRODUCTION XVII
devoirs de ses sujets envers lui. J'ai orn mon discourssur ce sujet en l'incrustant de versets du Qoran et deparoles authentiques [hadlhs) du Prophte, d'anecdotespiquantes et de vers agrables.
(' La seconde section suit, dynastie par dynastie, l'histoiredes empires les plus fameux, dont l'autorit a t univer-sellement reconnue et dont les beauts ont atteint la per-fection. J'ai commenc par la dynastie des quatre premierskhalifes : Abo Bakr, Omar, 'Othmn et 'Al (qu'Allahsoit satisfait d'eux !) en observant l'ordre o ils se sontsuccd. Puis j'ai pass la dynastie qui reut l'empire
de leurs mains, et qui est la dynastie des Oumayyades,puis la dynastie qui succda ceux-ci, celle des 'Abb-
sdes. J'ai expos ensuite l'histoire des dynasties qui
rgnrent concurremment avec les dynasties principales,comme celles des Boydes, des Saldjoqdes, des Fti-mdes d'Egypte, le tout succinctement, car ce sont desdynasties qui ont exist concurremment avec les 'Abb-sdes, mais dont l'autorit ne fut pas gnralement
reconnue. Dynastie par dynastie, je parlerai d'une manire
gnrale de la vue d'ensemble qui est rsulte dans monesprit de la lecture des biographies et des annales. Je
dirai quel fut leur commencement et quelle fut leur fin, etj'ajouterai un certain nombre de renseignements suffisantssur les belles qualits des rois de ces dynasties et sur
les histoires de leurs sultans. Et si quelque renseigne-
ment les concernant chappe mon esprit et que j aiebesoin de l'insrer, ou un vers remarquable, ou un verset
du Qoran, ou une tradition ihadith] du Prophte, je le pui-
serai dans ses sources les plus sres. Puis, en mention-
nant les dynasties l'une aprs l'autre, je parlerai d'abord
des gnralits qui les concernent; ensuite, je passerai en
revue, l'un aprs l'autre, leurs rois, en parlant des
batailles clbres et des vnements mmorables qui ont
eu lieu sous son rgne. Puis, la fin du rgne de ce
ARCH. MAROC. b
-
XVIII ARCHIVES MAROCAINES
prince, je mentionnerai ses vizirs, l'un aprs l'autre, ainsi
que les anecdotes curieuses qui les concernent. Aprs
avoir puis l'histoire du prince et de ses vizirs, j'aborde
le prince suivant et je raconte les vnements qui eurent
lieu sous son rgne, de mme que les biographies de sesvizirs et ainsi de suite jusqu' la fin de la dynastie abb-
side.
Ce cadre, Ibn at-Tiqtaq Ta efl'ectivement rempli, mais
d'une manire ingale, suivant les sources dont il pouvait
disposer. Dans la premire partie ', rserve l'tude
de la conduite des sultans et des procds de la poli-
tique royale ^, l'auteur n'aborde nullement les pro-
blmes de la politique et n'expose aucune thorie per-
sonnelle sur la transmission du pouvoir, ou sur la forme
du gouvernement. 11 nous dit lui-mme qu'il ne s'tait
pas propos d'tudier ces questions dans son livre :
Parler de l'origine de la royaut et de sa vritable
nature, de sa division en matrises religieuses et tempo-
relles, comme le khalifat, le sultanat, l'mirat et lawilyat, dire ce qui dans tout cela a t rgl conform-
ment la loi divine et ce qui ne l'a pas t, exposer les
systmes divers soutenus par les penseurs au sujet de
Vimmal (la souverainet), tel n'est pas le but de ce livre
qui n'a pas t crit pour ces investigations ; il n'a t
compos qu'en vue des principes de la politique et des
rgles de conduite dont on tire profit dans les vnements
qui se produisent et dans les conflits qui surviennent,
dans la manire de gouverner, dans Torganisation dfen-
sive du royaume, dans l'amlioration des murs et de laconduite '.
Son sujet tant ainsi dlimit, Ibn at-Tiqtaq se place,
pour rsoudre ces questions, un seul point de vue : le
1. Traduct., p. 24 et suiv.>. Id., p. 17.
3. Id., pp. 24-25.
-
INTRODUCTION XIX
souverain. Tout dpend des (|ualits, J)onnes ou mau-
vaises, du prince. Il taljlit, j)ar des citations de j)aroles
authentic|ues (^liadiths) du Prophte et par des exemples,
que les sujets suivent gnralement, en tous points, la
manire d'tre de leur souverain. C'est ainsi que lorsque
le roi aime une chose, les gens aiment cette mme chose;
ce qu'il hait, ils se prennent le har ; lorsqu'il s'adonne
quelque chose, ils s"}' adonnent de mme, soit natuielle-ment, soit qu'ils y j)lient leur naturel pour gagner les
bonnes grces du souverain'. Et l-dessus, Ibn at-Tiq-
taq cite comme exemple le changement profond qui seproduisit dans les murs et dans la civilisation des paysautrefois soumis au khalifat, du jour o ils tombrent au
pouvoir des Mogols -. C'est la justification du dicton
po})ulaire :
-
XX ARCHIVES MAROCAI.NES
Dieu \ rinclulgence ', la gnrosit ', la dignit ', la sagesse
politique ', la fidlit aux engagements '\
A ces dix qualits, l'auteur oppose" les dfauts dontun grand roi doit tre exempt, et montre, par des exemples
et des anecdotes piquantes, les inconvnients qui peuvent
en rsulter aussi bien pour le roi que pour les sujets. Aunombre de ces dfauts, il range : la colre^, la prcipita-
tion-', l'inquitude et l'ennui'".
Le roi, qui mrite le titre de grand roi parce qu'il
runit les qualits numres ci-dossus et est exempt des
dfauts que leur oppose notre auteur, a des droits sur ses
sujets et peut les contraindre les respecter. Le roi peut
exiger, en premier lieu, lobissance ^^^ qui est le prin-
cipe sur lequel repose le bon ordre dans les affaires de
l'tat, celui grce auquel le roi peut protger le faible
contre le fort et rendre une gale justice distributive .
L'auteur profite de cette occasion pour faire un grand loge
de la dynastie des Mogols, qui rencontra, de la part de ses
armes et de ses sujets, une obissance telle qu'aucune dy-
nastie au monde n'en a joui '-.Et Ibn at-Tiqtaq de passeren revue toutes les dynasties musulmanes qu'il compareTune aprs l'autre celle des Mogols, toujours l'avan-
tage de cette dernire. Ces apprciations, sur ce point, ne
manquent gnralement ni de justesse ni d'impartialit.
Enfin le roi a encore droit aux hommages, aux bonsconseils et la discrtion de ses sujets '^'.
1. Traducl.. p. 29.
2. Idem, p. 30.
3. Idem, p. 35.
4. Idem, p. 3o.
5. idem. p. 37.
6. Idem, p. 37.
7. Idem. p. A'2 et suiv.
8. Idem, p. 42.
y. Idem, p. 43.
10. Idem, p. 43.
11. Idem, p. 43.
12. Idem, p. 44.
13. Idem, j). .55.
-
INTRODUCTION XXI
Les devoirs du roi envers ses sujets sont naturellementla contre-partie de ses droits sur eux. 11 doit notammentprotger et dfendre le royaume aussi bien contre l'tran-ger que contre ceux qui en troubleraient l'ordre l'int-
rieur ' ; faire preuve de patience et de douceur envers les
sujets en faute'; tenir la balance gale dans ses juge-
ments entre le plus humble et le plus lev ; tre recon-naissant envers Dieu et le louer de ses faveurs; distribuer
honneurs et largesses aux hommes minents ; viter lafrquentation des gens vils du bas peuple ', la socit
des femmes.Ayant ainsi dfini les droits et les devoirs du prince,
Ibn at-Tiqtaq passe ensuite la conduite qu'il doit tenir
envers ses sujets, autrement dit la politique gouverne-
mentale. Ici galement, il ne faudrait pas s'attendre ren-
contrer des vues profondes sur la politique, ni une dis-
cussion thorique sur les principes du gouvernement.
C'est encore du prince que dpend la marche, plus ou
moins bonne, des affaires publiques; et c'est pourquoi, le
comparant un mdecin '% Ibn at-Tiqtaq exige
-
XXII ARCHIVES MAROCAINES
dans la limite du strict ncessaire et la condition d'vi-
ter les raffinements et les mutilations inutiles.
Enfin, Ibn at-Tiqtaq termine cette premire partie de
son ouvrage en recommandant au prince la rsolution, la
gnrosit et beaucoup d'autres qualits louables, et en
illustrant le tout par des exemples et des anecdotes choi-
sies ad hoc.
Si les ides gnrales manquent dans celte partie de
l'ouvrage, qui eut pu tre plus philosophique, plus tho-
rique, du moins sa lecture est-elle agrable, son style
simple, mais non sans lgance, son plan bien ordonn.
Et, d'ailleurs, on ne peut tenir rigueur notre auteur de
ce que les vues philosophiques soient absentes de son
ouvrage, car, l'exception de l'illustre Ibn Khaldon,
chez quel historien araire trouve-t-on ce qu'on appelle la
philosophie de l'histoire ?
Cette premire partie du Fakhr est-elle personnelle
Ibn at-Tiqtaq ? On n'oserait pas l'affirmer, si l'on songeaitaux nombreux passages que l'auteur a emprunts ensilence d'autres dans la seconde partie de son livre.
Dans tous les cas, s'il y a plagiat, nous ne connaissons pas
l'original et, jusqu' plus ample inform, on peut attribuer
11)11 at-Tiqtaq la paternit de cette premire section.
Il n'en est pas de mme de la deuxime section '. quiforme la principale [)aitie de l'ouvrage : celle-ci est,
croyons-nous, forme de passages emprunts dillerents"
auteurs, tantt textuellement, tantt en abrg quand
l'tendue de l'original n'en permettait pas la rej)roduction
intgrale. Dans cette partie, il n'y a, vrai dire, de per-
sonnel notre auteur que les transitions et, couime dans
la premire partie, la disposition matrielle du j)lan. Xousconnaissons dj ce plan, qui consiste parler de cha(|ue
khalife, de sa conduite, des vnements les plus impor-
1. Trad., p. 118 et suiv.
-
INTRODUCTION XXIII
tants de son rgne, de sa mort, et enfin de ses vizirs dans
l'ordre o ils se sont succd. Ici, notre auteur me sembleavoir pris surtout pour guide Il)n al-Alhr, en retournant,
pour ainsi dire, le plan de cet historien. On sait qu'Ibnal-Athir a rang son vaste Kmil d'aprs l'ordre chrono-
logique, c'est--dire qu'il en a fait de vritables annales.
En ce qui concerne les khalifes, il donne la biographiede chacun d'eux sous la dernire anne de son rgne,
c'est--dire celle de son abdication ou dposition ou celle
de sa mort. Ibn at-Tiqla([, avons-nous dit, a retourn ce
plan : il a commenc par o finissait Il^n al-Athir; il estall puiser chez cet historien, la fin du rgne de chaque
khalife, la biographie de celui-ci, pour le mettre commeintroduction son rgne dans son propre ouvrage ; puis,
revenant sur ses pas, il choisissait dans Ibn al-Athr les
faits les plus importants qui ont illustr ce rgne et en
reproduisait le rcit, gnralement abrg, qu'il faisait
suivre de l'indication de la date du dcs de ce khalife.
Telle est, invariablement, la mthode qu'il a suivie. Mais
il ne s'est pas born prendre comme guide Ibn al-Athr;il l'a gnralement copi textuellement pour la biographie
des princes, et abrg, tout en conservant la majeure
partie de ses expressions, pour les vnements politiques.
On aurait pu tre tent, en comparant les deux textes,de croire qu'Ibn at-Tiqtaq a suivi le rcit de Tabari pour
la priode (jui va jusqu' la fin du troisime sicle de
rilgire. Mais nous ne pensons pas qu'il ait utilis l'ou-
vrage de Tabari; quant la ressemblance qu'on relve entre
les deux rcits, elle tient ce fait qu'Ibn al-Athir, que nous
croyons avoir servi de modle au Fakhr, a lui-mme copi
Tabar, pour les trois premiers sicles de iTlgire. A par-tir de cette poque, l'identit des rcits d'Ibn at-Tiqta([
et d'Ibn al-Athr est indniable. Nous avons gnrale-
ment indiqu, dans notre traduction, les passages qui
nous ont paru copis textuellement du Kmil al-tawnrlkh.
-
XXIV ARCHIVES MAROCAINES
Il y a aussi de grandes prsomptions de croire que
VHisloire moyenne ou les Annales de Mas'od figuraient
au nombre des ouvrages qui ont t mis contribution parIbn at-Tiqtaq. Ces ouvrages ne sont pas mentionns une
seule fois dans le Fakhr ; nanmoins l'auteur a d leur
faire des emprunts, comme cela ressort d'un passage quej'ai relev dans cette traduction. Le rcit de la dposition
du khalife Qhir ' est absolument identique celui qu'on
trouve chez Dzahab, dans son Ta'rikh al-islm^-. Or cet
auteur dit ^ qu'il a emprunt textuellement son rcit
Mas'odi, sans nommer l'ouvrage. Ce ne peut tre auxPrairies d'or, qui ne contiennent rien de pareil. L'ex-
trait a donc t emprunt aux Annales, ou Hislire
moyenne.
En dehors de ces deux ouvrages d'Ibn al-Athr et de^las'odi, l'auteur a pu en utiliser d'autres ; cela est mmesr, puisqu'il nous dit lui-mme 'avoir tudi les biogra-
phies et les chroniques et y avoir recouru, toutes les fois
que sa mmoire le trahissait. Nanmoins, pour ce qui
concerne l'histoire proprement dite des khalifes, je crois
qu'il a fait surtout des emprunts Ibn al-Athr^'.
A ct de cet auteur, qui fut son principal guide, Ibnat-Tiqtaq a utilis certainement des ouvrages spciaux
sur les vizirs. On sait que c'est principalement grce auxdtails qu'il a donns sur ces hauts fonctionnaires, qu'Ibn
at-Tiqtaq occupe une place honorable parmi les histo-
riens. Ceux-ci ne donnent gnralement que bien peu de
renseignements sur les vizirs, qui se trouvent, pour ainsi
dire, crass par le voisinage de la personnalit plus mar-
quante du khalife. Ibn at-Tiqtaq a renvers les rles :
1. Ti-ad., p. 478.
2. Manuscrit arabe de Paris, n" 1580, f" lu-t reclo.3. Idem.-t. Idem, p. 17 et suiv.
5. Cet auteur est cit expressment, pp. 112, .362 et 45G.
-
INTRODUCTION XXV
chez lui, co sont plutt les khalifes qui sont clipss par
leurs vizirs, l'our cette partie de son livre, notre auteur a
utilis deux ouvrages spciaux, dont l'un ne nous est pasparvenu, et dont l'autre existe incomplet, en deux exem-plaires, manuscrits, Paris ' et Gotha'-. Le premier estl'histoire de Sol-' sur les vizirs, qu'Ibn at-Tiqtaq a d
principalement goter et apprcier, cet auteur tant ch'ite
comme lui ^. Le deuxime ouvrage est celui de Ilill as-Sbi' ', beaucoup moins tendu que l'autre mais que
notre auteur a connu certainement''. Il a t publi par
M. H. -F. Amedroz ". On peut encore conjecturer quibnat-Tiqtaq a utilis tel ou tel ouvrage, mais nous n'en
avons pas d'indices certains, et dans le doute il vaut peut-
tre mieux s'en tenir ce qui parat tabli.
Pour terminer cet aperu sur les sources du Fakhr, on
doit encore citer les renseignements personnels qu'lbn
at-Tiqtaq a recueillis auprs de certains de ses amis, dont
il nous a donn les noms. C'est surtout la partie anecdo-
tique de son livre qui a gagn en originalit cette source
d'informations.
Si l'on veut maintenant dterminer les caractres de
l'ouvrage, il est ais de reconnatre que nous nous trou-
vons en prsence d'un rsum d'histoire, fait d'aprs de
bons auteurs, notamment Ibn al-Athr, pour la partie con-
1. M^. arabe n 'JOl. Cf. Catalogue des Manuscrits arabes de la collectionSchef'er, parHARTWK, Oerexbourc, p. 10.
2. W. Pertscii, Die arabischen Handschriflen, III, p. 33(5.3. Sur l'auteur vov. Brockelmann, Geschichte der arabischen Litteratur,
I, 143.
4. Sul est cil expressment : pp. 249, 308, 447, 4S et 4(53 de celletraduction.
5. Sur cet auteur et son uvre, voy. Brockelmann, Geschichte der ara-bischen Litteratur, pp. 323-324. Sb' juge trs svrement son devancierSoiili. Voy. l'introduction de son histoire des vizirs de Mou(}tadir. Manu-scrit arabe de Paris, n 5i(l, f 2 recto.
(i. Sb' est cit page 101.7. il.-l'. Amedroz. The historical remains of Ilillal-Sbi, first part of his
Kilab al-Wuzara iGotha.ms. 1756) and fragment of liis Hislory 389-393 a.H. (B. M. ms. ad. 19360, Levde, 1904.
-
ARCHIVES MAROCAINES
cernant les khalifes, Sol et Sbi" pour la partie relative
aux vizirs.
C'est, en outre, une histoire anecclotique, dune compo-sition htive, bien ordonne quant au plan, mal propor-
tionne quant au rcit. De tendance nettement chiite,cette uvre ne manque cependant pas d'impartialit. Ona peut-tre un peu exagr le parti pris de l'auteur contreles khalifes abbsdes. La plupart de ses apprciations,
bonnes ou mauvaises, sont copies textuellement d'Ibn
al-Athr'. D'autres attestent une certaine pntration d'es-
prit et un esj)rit philosophique, si j'ose dire, qui manquegnralement aux auteurs arabes -'.
Enfin le style est ce qu'est, en gnral, le style arabe,
si l'on peut dire qu'il y en a un. On a beaucoup vant lestyle d'Ibn at-Tiqtaq'^; mais il est bien difficile djuger
sur ce point un auteur dont le rcit est form de mor-ceaux emprunts textuellement des devanciers, moins
qu'on ne veuille le juger sur les quelques anecdotes qu'il
a rapportes et o il a tenu lui-mme un rle. Ce seraitpeut-tre insuffisant. En tout cas, Ibn at-Tiqtaq n'ygagnera pas beaucoup, et son meilleur titre sera toujours
d'tre une des principales sources de l'histoire des vizirs.
Je ne terminerai pas cet aperu sans signaler l'exis-
tence d'un manuscrit persan qui parat contenir une tra-
duction libre et fortement remanie du FakhrL Cemanuscrit provient de la collection Schefer et tait cot
1552 dans le catalogue provisoire que ]\E Blochet a dress
de cette collection^. 11 est rang aujourd'hui, dans le nou-
veau classement, sous le n 1054 du Supplment persan
1. ^'oy. iiotaminent p. 8;G du texte arabe; traduction, p. 420.2. Voy., par exemple, la traduction, p. 119 et sq. {apprciation de la
dynastie des quatre khalifes orthodoxes); p. 2S3, etc.
3. Voy. ci-dessus la Prlace, p. i, note 1.4. Blochet (E.), Catalogue de la collection de manuscrits orientaux
arabes, persans et turcs, forme par M. C/iarles Schefer et acquise parVtat (Paris, 1900), n" l.").j2 de la partie persane.
-
INTRODUCTION XXVII
de la Uibliothque Nationale. Son titre est wjUj' ^\S
^_i,LJI '( L'exprience des anciens , qui rappelle d'assez
prs le (.-Vl ^jl^' s^' U5 a L'exprience des |)euples ,
d'Ibn Miskawaihi, en cours de publication par les soins
de M. le Prince de Teano'.
Voici la description du manuscrit persan emprunte aucatalogue provisoire de M. Blochet : Histoire trs
dtaille de Mahomet et du Khalifat jusqu'aux conqutesdllolgo, par Ilindoushh b. Sindjar b. 'Abd AUh el-Sahilj el-Kiraii. L'auteur nous apprend dans sa [)rface
qu'il a compos cet ouvrage pour un souverain nommNasret ed-Dn Ahmed, lils de rat])ek "^'osouf Shah, fils deratt\bek llezarap, aux environs tle l'anne 730 de THgire
(= 1329deJ.-C.),ms.datde 130/i (= 1886), 15 U-, 22/1 /i,nesta'lik persan. Dans le tome II du Catalogue des ma-nuscrils persans de la Bibliothque Nationale, actuellement
sous presse, M. E. Blocheta discut cepointd'histoirelitt-
raire, ainsi qu'il a bien voulu ni'en faire part ^. Je laisse
mon minent confrre le plaisir et le soin de communiquerla primeur de sa trouvaille ceux qu'elle peut intresser,
et je ne voudrais pas d'ailleurs empiter sur un terrain o
il a, depuis longtemps dj, concentr ses efforts. Je cite-
rai seulement ([uelques lignes de la lettre qu'il a bien
voulu m'adresser ce sujet : Dans la traduction persane
du Fakhr, traduction d'ailleurs fortement remanie, le
Fakhri est intitul d'une faon trs explicite :
1. The Tajrih al-Umam, or Hislori/ of Ibn Miskawaijh (AIj 'Ali Ahmadibn Muhammad) ob. A. II. 421, reproduced in fac-simil from thc Ms. atConslanlinople in Ihe Ay Sfiyya Libiary, with a Prelace anrl Siiinmaryby Leone Caetani, Principe di Teano. Volume I, to A. II. 37 (=Tal)ar, 1,3300). Leyden, E. .1. Brill; London, Luzac and C, 1909, pet. in-S,L-631 pages (Publication du Gihb Mmorial, vol. Vil, 1).
2. Par lettre date du Hi mai l'.UO.
-
XXVIII ARCHIVES MAROCAINES
et le nom de l'auteur est donn sous la forme de Safi ed-Dn Mohammed ibn Ali el-Alvi. D'un autre ct, le titredu manuscrit de Paris est certain.
Comme on le voit, il s'agirait d'une traduction forte-ment remanie. D'ailleurs le fait que l'auteur a donnaussi l'histoire de Mahomet, montre qu'il n'a pas suivi
exactement le plan d'ibn at-Tiqtaq. Mais laissons
M. Blochet le soin de nous renseigner d'une faon prcisesur ce point d'histoire littraire, qu'il a tudi d'une ma-
nire spciale.
-
BIBLIOGRAPHIE
EDITIONS COMPLETES DU TEXTE ARABE
1860. W. Ahlwardt : Elfachii. Geschichle der ishunisrhcnReiche vom Anfanrj bis ziiin Ende des Chalifales.von Ibn eththiqtaqa.Arabisch. Herausgegeben von W. Ahlwarclt. Gotha, 1860, iii-8, LXVIet 390 pages de texte arabe.
'1893. H. Derenbourg : Al-Fakhr. Histoire du khalifal el duviziral, depuis leurs origines jusqu' la chute du khalifal 'abbssde
de Baghddh (11-056 de l'Hgire = 632-l'258 de notre re), avec desprolgomnes sur les principes du gouvernement ^\)^y Ibn At-Tiktak.
Nouvelle dition du texte arabe, par Hartwig Derenbourg. Paris,
1895, in-8. Forme le fascicule i05 de la Bibliothque de l'colepratique des Hautes tudes (section des sciences historiques et
philologiques)
.
1900. Socit gyptienne pour l'impression des ouvragesarabes : Al-Fakhrl. (C'est une reproduction de l'dition de M. De-renbourg, moins l'introduction.)
EXTRAITS DU TEXTE ARABE
18"23. G. W. Freytag : Lokmani Fabula' el plura loca ex codi-cibus parlem hisloricis selecla, Bonnic, 1823, in-8, pp. 23-33.
(Cet extrait correspond aux pages 118 136 de notre traihiclion.)
18-28. D. R. Henzius : Fragmenta a/'a^/ca, Peiropoli, 18-28, iii-8,pp. 1-104.
(Cet extrait corrcsi)ond auxi)ages 118 165 i\e notre traduction.)
1832. A. Boldyref : Chreslomathie arabe, Moscou, 1832, in-8,
-
XXX ARCHIVES MAROCAINES
})p. 22-70. Reproduit d'aprs la Chredomalhie arabe de S. de Sacy.
(Cet extrait correspond aux pages 323-362 et 371-579 de uotre
traduction.)
1834. G. W. Freytag : Chreslomalhia arabica grammalica his-lorica, Bonnie, 1834, in-8, pp. 84-96.
(Cet extrait correspond aux pages 24 43 de notre traduction.)
1834. _j. lluMBERT : Arabica Chreslomalia facilior, Parisiis, 1834,in-8, pp. 88-101, 233-260. Reproduit d'aprs la Chreslomalhie arabe
de S. DE Sacy.
(Cet extrait correspond aux pages 331-:341 et 330-363 de notre tra-
duction.)
1870. W. Wright : An Arabie Reading Book, 1, London, 1870,in-8, pp. 64-67. Publi d'aprs Sacy et Ahlwardt.
(Cet extrait correspond aux pages 349 360 de uotre traduction.)
4882. BohhiG : Brevis Chreslomalhia arabica in usum scholaruni,Roma, 1882, pp. 77-82. Reproduit d'aprs la Chresiomalhie arabe de
S. DE Sacy.
(Cet extrait correspond aux pages 347-331 et 332-333 de notre
traduction.)
1883. Les PP. J.-B. Belot et A. Rodet S. J. : Xoukhab al-Moiilah, Chreslomalhie arabe, Beyrouth, 1883-1884, in-8, 1, ii, pp. 30-
76. Reproduit d'aprs Sacy et Ahlwardt.
(Cet extrait correspond aux pages 327-362 et 571-379 de uotre
traduction.)
1883-1884. Le P. L. Cheikho S. J. : Madjni-l-adab, Beyrouth,1883-1884,6 vol. petit in-8. (Les extraits donns ici font t d'aprs
l'dition Ahlwardt. Ce sont gnralement des extraits de quelques
lignes; on en trouvera l'numration la table des matires des
Madjdni, sous les mots ,_^^^p=-a'l et ^QhahW ^y\.)
1883. Hartwig Dere.xbolrg et Jean Spiro : Chreslomalhie l-mentaire de Varabe lillral, Paris, 1885, in-12, pp. 12-13 (1'-* et
2^ dition).
(Traduction, pp. 169-170.)
-
lilBI.IOGr^APHIE XXXI
EXTRAITS ACCOMPAGNES D UNE TRADUCTION FRANAISE
IHOG. SiLVF.sTRE DE Sacy : Chreslomalhie arabe, Paris, 1800,3 vol. in-8, 1, texte, pp. '2-73. Tradiiclion Iraiiraise, pp. 1-GG, 404-410.
i^Ces extraits correspondent aux paires 327-303, 571-579 et 43-.53 de
notre traduction). La deuxime dition de la Chreslomalhie (1820)donne les mmes extraits ; I, texte, pp. 2-49, et traduction franaise,pp. i-92.
1810. A.MABi.E Jourdain : Exlrail de iHisloire des Dijnasliesallribae Fakhr eddin Razy, dans les Fiindgruben des Orients, Wien,4809-1818, vol. in-fol., V, pp. 28-40.
(Cet extrait correspond aux pages 220-243 de noire traduction.)
l8'iG. Cheruoxnau : Hisloire des khalifes 'abbsides Al-Aminel Al-Mmoun, par Mohammed ben-Ali-ben Thabathba, connusous le nom d'Ibn Thafthafa, traduite en franais et prcde d'unecritique historique, dans le Journal asialiqiie de Paris, 1840, I,
pp. 297-359.
(Cet exirait correspond aux pp. 362-398 de notre traduction.)
t8i0. Le .mme : Hisloire du khalife 'abbside Al-Mo'lassem,dans le Journal asiatique, 1846, II, pp. 310-338.
(Cet exfi-ait correspond aux pages 398-410 de notre traduction.)
1847. Le mme : Hisloire des khalifes Al-Ouciq, Al-Moulawak-kel el Al-Mounlasir, dans le Journal asiatique de 1847, 1, pp. 134-147.
(Cet extrait correspond aux pages 410-417 de notre traduction.)
DIVERS
1895. HartwigDere.nbouru : Introduction au Fakhri d'Ibn Al-Tiqlak. (Hxtrait de l'dition complte du texte arabe.)
lilOli. Le mme : in passage tronqu du Fakiiri sur Abo "AbdAllah Al-Baridi, vizir d'Ar-Itdt Billh et dAl-Moultaqi Lilldh, dans
les Orientalische Studien Theodor Xuldeke, zuni siebzigslen ge-
burtslaij (2 mars 1900). Zwei iJande 1, pp. 193-190.
-
TABLE DES OUVRAGES CITS
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Abo Hilal al 'Askar, Kilb " section, pp. 1-21 ;il en existe un tirage part.
Le mme, Xolice sur Mohammed Cheibni, jurisconsulte hanfiledu huitime sicle, tirage [)art du ./. A. P.. 1852.
Le mme, Voy. Mas'od.
ARCH. MAROC. c
-
XXXIV ARCHIVKS MAROCAINES
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1873, o vol. in-8.
-
TABLK DES ADDIT10\S ET C0KREf.TI01\S Al TEXTE ARAKE
(DITION H. DERENBOURG ')
Page
-
XLII
-
TABLE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS AU TEXTE ARABE XLIII
lisez :ge
-
Page
316
324
340
346
355
356
ligne
10
12
5
8
16
6
11
362
-
TABLE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS AU TEXTEARABE XLV
au lieu de :ge
-
TABLE DES MOTS ARABES
OUI ONT DONN LIEU A. UNE EXPLICATION SPECIALE DANS LES NOTES
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HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES
Au nom d'Allah le Clment, le Misricordieux !
1 Louange Allah qui j)roduit les causes, qui ouvre lar-
gement les portes, qui dcrte les vnements, qui rglela srie des temps, qui existe ncessairement, qui cre les
nobles caractres et est l'auteur des actes gnreux, qui r-
pand abondamment Tintelligence et qui donne toute chose !Je reconnais qu'il est Celui qui possde le monde exis-
tant, le tenant asservi sa grandeur. Je tmoigne qu'il
est le Crateur et que l'invisible - n'est pas voil pour sa
sagesse. Je me rfugie dans la majest de sa Toute-Puissance pour qu'il m'pargne la honte du voile "^; dans
son abondante gnrosit, pour qu'il ne me demande pas
1. CeUe doxologie est toute empreinte de mysticisme et rappelled'assez prs certains passages du Zohar, telle jue la Peliha d'Eliahou,
,jLw il k,^^.*,^.* (qui produit les causes) rpond m^D" 7120 du Zohar
>^\y^i\ ^rJLi* (qui ouvre largement les portes) nil"*!? iiniS du Rituel
Juif (Prire du soir). Les analogies sont faciles tablir au cours de toutce passage. Cf. Adolphe Franck, La Cabbale, p. 170 et passim.
2. Ce terme est emprunt la langue qoranique. Cf. Ooran, X, 21 etpassim. Djourdjni, dans ses Ta'n'fl, et d'auti-os lexicographes arabesdcmnent diverses dfinitions de ce terme, en se ph'Kjant dilTrenls pointsde vue. Il rsulte de la plupart de ces dfinitions que ce mot s'ai)plique tout ce qui ne tombe pas sous le sens de la vue, cest--dire tout cequi est invisible.
3. Cest le voile ou la cloison qui, au Paradis, spare les bienheureux desrprouvs. Ooran, VII, 41 ei passim. Dans la thologie musulmane, le voile,
hidjb. ,^L>ts-, s'entend du fait de mourir dans l'infidlit, c'est--dire
avant d'avoir embrass l'Islamisme. On rapporte, ce sujet, un Itadilli duPnii)hte, transmis par Abo Dzarr, d'aprs letpiel Mahomet aurait lit : Certes Allah pardonne son serviteur, lant
-
ARCrilVES MAROCAINES
un compte^ trop rigouioiix, et dans le mystre de sa
science, pour qu'il me ])rscrve des chtiments annoncsdans le Livre ^.
Et je prie pour les mes clestes, rendues exemptesd'impurets, et pour les corps terrestres que ne ternit
aucune souillure. Ce qu'il y a de plus excellent parmi lesprires les plus pures, ce qu'il y a de plus parfait dans les
bndictions les plus abondantes, je le rserve particulire-
ment celui qui a fait entendre sa voix alors que les lan-gues taient acres % celui qui a le mieux indiqu le
droit chemin, alors que les mes taient tomljes dans
la grossiret et les curs dans l'endurcissement, ^lou-
hammad, le Prophte illettr 4, qui a reu les marques del'assistance divine ' et les confirmations de la Toute-Puis-
sance.
Je distingue aussi dans mes prires les saints membresde sa famille et ses pieux compagnons, qui avaient cru en
lui lors de sa mission, qui l'ont aid alors (jue tous l'aban-
donnaient, et je prierai pour eux, tant qu'un homme gn-reux rpandra ses bienfaits, tant qu'un briquet fera jaillir
du feu.
Et ensuite, ce qu'il y a de meilleur dans les occupations
des plus distingus d'entre les rois, de plus excellent dans
leur conduite, aprs les soins apports par eux aux affai-
res du peuple et leur exactitude assumer les char-
ges du pouvoir dont ils ont reu sans conteste le dpt,
tomb. Et qu'est-ce que le voile, Ajjlre d'AUh ? denianda-t-on. C'est, dit-il, quand l'me meurt alors qu'elle est infidle. Cf. Moiihltal-mouhL s. v., et d'autres hadilhs relatifs ce mol dans le TCidj al-'aros, s. V.
1. Cf. Ooran. XIII, 40 et possini.2. Le Qoran.8. Ces expressions sont emprunles au Ooran, XWlIl. 1!',4. On sait que cest lpithte que Mahomet se donne lui-mme dans le
Qoran ; voy. la sourate Vil, versets 156 et 158 et pa.ss/ni.5. Allusion au Ooran. VIII, 64: S'ils te trahissent les infidles), AlUih
te suffira : C'est lui qui l'a aid par son assislance.
-
HISTOIRE DES DYNASTIES MlSl LMANKS 3
c'est l'tude des sciences et l'ardeur rechercher ' les
livres mans des plus nobles esprits. Quant la sup-riorit de la science, elle est vidente comme le soleil,elle ne laisse aucune prise au doute ni l'incertitude.
Parmi les passages de la Rvlation relatifs ce sujet,
il y a ces paroles du Trs-Haut : Seront-ils donc gaux ceux qui savent et ceux qui
ne savent pas-? Et dans les hadths paroles authen-tiques de ^Mahomet (que les bndictions d'Allah et son
salut soient sur leur auteur !) il est dit : Certes, les
anges abaissent leurs ailes j)Our porter celui qui recherche
la science.
Et au sujet du mrite des livres on a dit : Le livre est
le compagnon qui ne trahit pas, qui ne se lasse pas, quine te fait pas de reproches quand tu le traites durement
et qui ne divulgue pas ton secret. Mouhallab a dit
ses fils : mes fils, lorsque vous vous arrterez dansles marchs, ne vous arrtez que devant les marchands
d'armes ou les marchands de livres.
Lorsque Fatli * fils de Khqn, sigeant en prsence du
1. C'est pour viter la rptition du mot ludier, que nous avons tra-
duit jJlsI par rechercher,
2. Ooran, XXXIX, 12.3. Abo Sa'id Mouhallab, fils d'Abo Soufra, gouverneur du Khorsn
en 79 de l'Hgire i= 698 de J.-C), mort en Dzo-1-hidjdja de l'anne fdcembre 702-2i janvier 703) selon la meilleure opinion, fameux par sonintelligence et surtout par les recommandations qu'il fit ses enfantssur son lit de mort. Cf. Mas'od, Prairies d'or. Index, p. 199; Idx Khal-LiKN, Wafyl al-a'yn, 764 : J.-B. Prier, Vie d'Al-IIadjdjdj ibn You-souf. p. 24 et passini : Molbarrad, Al-h'niil, p. 617 ; Ib.\ Qoutaiba, Ma'rif,p. 202. Kilb al-Aghni, Index, p. 657.
4. Il existe deux personnages portant ce nom. L'un est un clbre cri-vain arabe dEspagn e. auteur du Malmah et de Qal'id al-iqyn. deux antho-logies littraires trs renommes. Cet auteur est mort assassin Marr-kouch (Merrakech), au Maroc, en .529 (= 1134). Voy. Brockelmann, Gesch.derarab., Lill.,l. 339: Ibn K'hallikn. Wafayl. d. ^^ listenfeld, notice .".36:
Cl. IIlart, Ilist. de la LUI. arabe, p. 2M3 : de IIa.mmer-Plr(;stall. LUI.
Gesch. der Araber. VI. 443. 682. Sur le deuxime dont il est ici (jues-lion, voy. plus loin la traduction corresi)ondante la page 326 du texlearabe.
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ARCHIVES MAROCAINES
khalife Moutawakkil ', dsirait se lever pour aller au bas-
sin des ablutions, il tirait de la tige de sa botte un petit
volume et ne cessait de le parcourir l'aller et au retour.
Une fois de retour auprs de sa Majest le khalife, Fathremettait le livre dans la tige de sa botte.
Un khalife envoya chercher un savant pour passer lasoire causer avec lui. Lorsque le serviteur du khalife
arriva auprs du savant, il le trouva assis entour de livres
qu'il consultait. Le serviteur lui dit : L'Emir des Croyants
te demande. Le savant rpondit : Dis-lui qu'il y a
chez moi une socit de sages avec qui je m'entretiens.
Ds que j'en aurai fini avec eux, je me prsenterai devantlui. De retour auprs du khalife, le serviteur lui fit partde cette rponse : Malheur toi ! s'cria le khalife,
quels sont donc ces sages qui taient chez lui ? ParAllah, mir des Croyants, rpondit le serviteur, il n"yavait personne chez lui. Le khalife reprit : Fais-le donc
comparatre sur l'heure dans quelque tat qu'il se trouve.
Lorsque le savant fut en prsence du khalife, celui-ci lui
dit : Quels sont donc ces sages qui se trouvaient chez
toi ? Il rpondit :
mir des Croyants,
Nous avons des compagnons dont la conversation ne nouslasse jamais, qui ont notre confiance et qui la mritent loin
de nous comme prs de nous.Ils nous font acqurir, grce leur science, la science du pass
et nous donnent bons conseils, bonne ducation, gloire et dignit.
Si tu dis qu'ils sont morts, tu ne te seras pas tromp leur
gard, et si tu dis qu'ils sont vivants, tu ne seras pas non plus
trait de menteur.
Le khalife reconnut alors que le savant faisait parla allu-
sion aux livres, et il ne lui reprocha pas son retard.
1. Voy. plus loin la traduction correspondante aux pages 325 327 dutexte arabe.
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HIST01H1-: DES DYNASTIES MUSULMANES 5
Djhiz ' a dit : J'enli'ai auprs de Mouliaiumad lils
d'Ishq, mir de Baghddz rpo(jue o il tait investi du
pouvoir. Il sigeait dans la salle du conseil, et les assis-
tants se tenaient devant lui comme s'ils eussent eu chacunun oiseau sur la tte ~. Puis, quelque temps aprs, j'entraichez lui; il venait d'tre destitu. Il tait assis dans sa
bibliothque, ayant autour de lui ses livres, ses cahiers,
ses encriers, ses transparents -^ Jamais je ne l'ai trouv
plus imposant qu'en cette circonstance.
Moulanabbi ' a dit :
La place qu'il est le plus honorable d'occuper en ce monde,
c'est la selle d'un coursier rapide. Le meilleur compagnon sera jamais un livre.
La science pare les rois plus encore qu'elle ne pare le 6
1. 'Amr ibil Bahi" al-Djhiz, clbre polygraphe, mort en 255 de l'Hgire(869 de J.-C). Voy. la bibliographie dans Brockelmann, Geschichte derarabischen Litleralur. 1, 153 ; cf. aussi Cl. Huait. Hisl. de la lilt. arabe,
p. 212-2U : DE HAMMER-PuRr.sTALL. IV, 585 ; Kilb al-aghn. Index,p. 259 ; IiN KuALLiKx Wafaijal. d. Wiistenfeld. notice 517 ; Mas'od,Prairies d'or, III, 22-25, et VIII, 38-3f;.
2. Ces expressions, devenues proverjjiales, sont empruntes une tra-dition {hadth) o le Prophte, parlant de la gravit et du calme de sescompagnons {ashb), disait : Comme si chacun d'eux avait eu un oiseau surla tte. Les commentateurs de ce hadth ajoutent que les compagnons duProphte se tenaient ainsi par crainte et dfrence envers Mahomet.Quant l'origine de cette locution, les uns l'expliquent en disant ([uel'oiseau ne se pose que sur une chose immobile iCf. Mouht al-mouht,II, 130!)), d'autres disent que celte locution vient de ce que le corbeau sepose sur la tte des chameaux el de son bec leur enlve la teigne : pen-dant ce temps, la bte ne bouge pas. (Djauhari, apud Tdj al-'aros,s. V.). Maid.\n, Proverbes, d. du Caire, II, p. 78.
3. Ces transparents sont d'un genre spcial. Ils consistent dans uncarton ayant gnralement les dimensions du papier employ ; sur cecarton on colle des licclles fines qui figurent les lignes. Il ne reste plusqu' appliquer la feuille de papier sur ce carton et la presser avec lamain pour obtenir l'empreinte des fils sur le papier.
4. Ce fameux pote, qui vcut longtemps la cour du Prince de Ha-madzn, Sayf ad-Daula. est trop connu pour qu'il soit besoin de donnerici sa biographie dtaille. Je me borne donner la date de sa naissance Kofa, 905 (de J.-C.) et celle de sa mort, prs de Baghddz, 'Mo, et jerenvoie pour le surplus et pour la bibliographie Brockelmann. Gcsch. derarab. LUI., I,8t)-89; de IIam.mkr-Purgstall. Lilleralurt/esch. der Araher, V,
712; VI, 461-779.
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ARCHIVES MAROCAINES
vulgaire. Lorsque le roi est savant, le savant devient roi.
Les plus utiles parmi les livres que lisent les rois sont
ceux qui embrassent toutes les rgles de la conduite des
rois, qui contiennent les rcits historiques ^ et qui renfer-
ment dans leurs plis les curieuses anecdotes et les mer-
veilleux vestiges du pass.
Toutefois, les vizirs dtestaient jadis que les rois eussent
la moindre notion des biographies et des annales, de peur
que les rois ne parvinssent comprendre certaines choses
que les vizirs n'aimaient pas que les rois comprissent.
Mouktaf ' demanda un jour son vizir des livres qui
le divertissent et dont la lecture lui ft passer le temps. Le
vizir ordonna ses lieutenants de lui procurer ces livres
et de les lui soumettre avant de les porter au khalife. Ils
runirent donc quelques livres d'histoire o se trouvaient
rapports quelques-uns des vnements du temps pass,
guerres faites par les rois, rcit de la vie des vizirs, con-
naissance des artifices employs pour extorquer Fargent
des contribuables.
Le vizir, lorsqu'il vit ces livres, dit ses lieutenants :
Par Allah, vous tes, parmi tous les hommes, mespires ennemis. Je vous ai dit : Procurez-lui des livres qui
l'amusent et qui l'absorbent, de manire qu'il ne s'occupe
ni de moi, ni d'aucun autre. Et voil que vous lui avez
j)rocur des livres qui lui feraient connatre les endroits o
les vizirs trouvent leur perte, qui lui feraient dcouvrir
les moyens par lesquels on pressure le peuple, et qui le
mettraient mme de distinguer la prosprit du pays,de sa ruine. Rendez-les donc, ces livres, et apportez-lui en
d'autres, contenant des historiettes qui l'amusent et des
posies qui le mettent en joie.
De mme, il dplaisait fort aux vizirs que les khalifes et
1. Opposs aux romans, comme ceux d'Antar et autres.2. Khalife 'abbsde. Voy. plus loin la traduction correspondante aux
pages 350 et suivantes du texte arabe.
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HISTOIRE DKS DYNASTIES MUSULM.\M:S 7
les rois eussent ([uelqiie comprhension et quelque con-
naissance des affaires.
A la mort de Mouklafi, son vizir se proposa de faireproclamer khalife 'Abd Allh fils de Mou'lazz ', qui avait
des talents, de l'intelligence, le got de s'instruire. iNIais
un des secrtaires les plus aviss du vizir prit celui-ci part et lui dit : vizir, ce dessein que tu as de faire pro-
clamer khalife Ibn al-Mou'tazz ne vaut rien. Commentcela ? dit le vizir. Le secrtaire reprit: . Quel besoin as-tu de faire asseoir sur le trne du khalifat un homme quisait ce que c'est qu'une coude, une balance et qui connat
les prix des denres, qui s'entend aux affaires et sait distin-
guer le mal du bien, qui connat ta maison, ton jardin, ton
domaine ?Le meilleur avis est que tu fasses asseoir sur letrne un tout jeune garon, en sorte qu'il portera le titre
de khalife, tandis que tu le seras en ralit. Tu feras sonducation jusqu' sa majorit, et ce moment-l il recon-
natra qu'il te doit son ducation, et toi, pendant le temps
qu'aura dur sa minorit, tu auras eu tout loisir d'arran-
ger tes affaires.
Le vizir remercia son secrtaire de ses bons avis et
abandonna 'Abd Allh fils de Mou'tazz au profit de ^louq-
tadir-, alors g de treize ans.
Dans les runions intimes de Badr ad-Dn Lou'lou' '
{qu'Allah l'ait en misricorde!), matre de Mossoul, ce qui
faisait surtout l'objet de la conversation, c'tait la rcita-
tion de vers badins et d'historiettes divertissantes. Mais,
ds le commencement du mois de Ramadan, on apportait
1. Voy. plus loin la Iraduelion correspondante aux paies 359 et siiiv.
du texte arabe.2. Voy. sur ce prince 'abbside, plus loin, la traduction correspondant!;
aux pages 3.)2 et suiv. du texte arabe.3. Prince de Mossoul de (i3l (= 1233) 57 (= 1259). Cf. Stanley I.ane-
PooLE, Tlie Mohamnuidan Dynasties, 163-I(i4. Ano-L-MAHsiN {Al-Manhal
as-sdfi, manuscrit arabe de Paris, n" 2072, 57 r" et v) doiuie une intres-
sante notice sur ce prince.
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8 ARCHIVES MAROCAINES
Badrad-Dn des ouvrages historiques et biographiques,et Zain ad-Dn le secrtaire et Izz ad-Dii le traditionniste
prenaient place auprs de lui pour lui lire les vnementsde rUnivers.
Ce que je viens d'avancer l m'amne exposer lefait suivant : Lorsque le dcret du destin m'eut impos defaire halte Mossoul la Bossue ^ je m'y arrtai sans que
je me fusse expos ni ses averses ni ses pluies fines-.J'y tais entr suivant cette parole du Tout-Puissant '
(gloire Celui qui l'a dite !) : Et il entra dans la ville dansun moment d^inattention de ses habitants.
J'avais form l'intention de sjourner Mossoul le tempsncessaire pour que le froid diminut, pour que mon man-teau me pest, et ensuite de me diriger de l vers Tebrz.Une fois install Mossoul, il me revint de nombreux etdivers cts et de difFrentes personnes qui ne s'taient pas
concertes pour cela combien tait minent le mrite deson illustre possesseur, le matre obi, le roi auguste, le
plus excellent et le plus grand parmi les rois, le plus no-ble et le plus longanime des juges, Fakhr al-milla wadDN '\ Allah l'a gratifi de qualits telles que si le temps les
possdait, aucun homme bien n n'aurait sujet de seplaindre de ses vicissitudes, et personne n'en prouverait
plus de dommage' ; et si elles appartenaient la mer, soneau ne serait plus ni sale ni saumtre '% et le navigateur
n'en craindrait plus les flots ; et si les lunes les avaient
1. Sur cette pithte, voy. les rfrences donnes par M. Ilarlwig De-renbourg dans son Inlroduclion Vdit. arabe, p. 2, note '>.
2. C'esl--dire sans un dessein prconu de sa part, mais involontai-rement et fortuitement. C'est une locution proverbiale. M. Derenhourg, /oc.cit., traduit : sans y tre atleinl ni par les averses, ni par les pluies fines.
S. Qoran, XXVIII, U, o il est question de Mose, lors de son entredans la capitale de Pharaon : voyez YInlroduclion, de M. Deremourg,p. 2, note 6.
4. Voy. Hartwig Derenbourg, Inlroduclion idilion arabe, p. 18.n. Ooran, XXX, 32; XXXIX, 11 et 50.0. .\llusionau Qoran, LVI, (19 ; aussi XXV, 55 ; XXXV, 13.
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llISrOlKE I)i:S UVMASTS MUSULMANES 9
conquises, le derniei- jour du mois ne les atteindrait
jamais.
[C'est Fakhr-ad-Dn] 'Isa qui a fait revivre les vertus
mortes ', et dploy le rouleau des actions gnreuses, qui a
rendu achaland le march des nobles actions une poque
o ce march tait dans le marasme. 11 a rig les pidestaux
des bonnes uvres, alors que leurs bases devenaient trop
faibles pour en supporter le poids; il s'est constitu le
dfenseur des hommes bien ns dans un temps o ilssont moins que peu. Par sa gnrosit, il a empli leurs
mains de bienfaits clatants comme les taches blanches quele cheval porte au front et aux pieds ~, et il a projet sur
eux une ombre de bont qui ne se dplace jamais, et les
a couverts d'une aile de misricorde. Jamais il ne se lasse
de les combler de ses largesses et de ses dons. Plus il
augmente en puissance et en autorit, plus il se montre
modeste et doux, et il n'atteint les sommets du pouvoir
que pour y planter l'tendard de la gnrosit. Ce prince
c'est Fakhr-ad-Dn 's, fils d'iBRAHM: Puisse Allah raffer-
mir sa victoire, ne laisser transgresser ni son interdiction
ni son ordre! cet homme qui a fait oublier la rputationdes hommes les plus gnreux, l'inbranlable fermet desmontagnes et la bravoure des lions :
Il runit les qualits naturelles du soleil, des vents, des nua-
ges, des mers et des lions !
C'est lui qui est au front de notre sicle une aigrette 9
1. Allusion au miracle accompli par Jsus. L'auteur a jou sur le nomdu Prince 'IsA, qui est le nom de Jsus on arabe.
2. CeUe image, pour indiquer la noblesse, l'excellence d'une chose, estassez frquente chez les auteurs arabes. Zamakhchar. dans sa prface
du A'ac/2c/ia/',dit en parlant de Mahomet : ij^f^t^^] ^c^ijJl ^ ^\ ^ ^^UJi.Cf. S. DE Sacy, Anthologie grammalicale, p. 125, 1. 12, de la partie arabeet la note 17 sur ce fragment.
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10 ARCHIVES MAROCAINES
au collier de notre temps une perle dont aucune perle
n'approche ici-bas, qui a confirm ce qu'on raconte des
hommes du pass et dmontr la vracit de ce qui a tcrit sur les murs des premiers anctres.
Et cependant Ibn ar-Rom ^ a dit :
Je crois que les choses se sont toujours passes telles que
nous les voyons, et que ce qu'on raconle de l'ancienne libraht
est sans fondement.
Admettons mme qu'il y aurait ou dos hommes gnreux,ainsi qu'on Ta prtendu, n'y aurait-il donc parmi eux aucun qui
ait fait souche ?
Mais si Ibn ar-Romi avait connu le seigneur de Mos-
soul, il aurait certes ajout foi ce qu'il avait entendu
conter sur les hommes gnreux, et la maladie du douten'aurait pas agit ses flancs.
Cet Arbitre (Fakhr-ad-Dn), lorsqu'il fait rgner sa noble
intelligence et sa pense fine sur les affaires du gouver-
nement et sur les choses de la royaut, pour lui les diffi-cults s'aplanissent, les rochers lesplus durs s'amollissent,
les secrets se dvoilent, et il devient difficile de rpter
avec [le dicton populaire] : dans les recoins se cachent tes
secrets. Chez lui, la vigueur de la justice est entire, ses
bases inbranlables. Aussi, que son imposante majest ne
soit pas pour toi un sujet d'inquitude, car derrire elle
se cachent de la bont pour le faible, de la compassion pour
le pauvre et de la consolation pour l'homme bris par l'in-
fortune.
1. D'origine grecque, Il^n nr-Roin, qui fut un pote trs got, naquit Baghddz en 221 (= 836. Par ses satires, il sallira lininiili de Qsim,fils d"Obaid Allah, le vizir le Mou'tdid (voy. infra, la traduction corres-pondante h la page 350 du texte arabe) et fut empoisonn un jour en pr-sence du vizir lui-mme. Voy. la relation de ce l'ait dans Cl. Illa ht. ///.
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HISTOIRE nr.S DYNASTIES MUSULMANES H
Il a de> habit luU's de l)elle iiidiilfi^cnce ' par lesquelles il cap-
tive l'homme libre, et dlivre de ses liens l'afflig-.
J'assistai un jour son auguste audience. C'tait unjour o la pluie tombait avec violence. Il avait fait consi-
gner sa porte. Mais la pluie redoublant, il dit aux huis-
siers :
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12 ARCHIVES MAROCAINES
de son discernement parfait, je crois que les plus intelli-
gents parmi les rois anciens, s'ils avaient assez vcu pour
le voir l'uvre, auraient appris son cole comment ongouverne les foules et comment on administre les aflairespubliques.
Et pour sa fconde gnrosit, qui dpasse toutes limites
et qui dborde de toutes parts, c'est une mer;parles-en
sans crainte (d'tre tax d'exagration) K
Car s'ils vivaient encore, ces hommes dont la gnrositest passe en proverbe, et qui sont rests sans rivaux,
sans gaux, ils apprendraient de lui les profonds secrets
de la gnrosit et acquerraient, son exemple, les belles
qualits du caractre. Et si j'tais juste, je devrais renon-
]1 cer dcrire chez lui cette qualit minente entre toutes,
vu mon impuissance embrasser l'ensemble de cettedescription, et remplir le cadre comme il convient.Mais ce que je dirai du moins, dans la mesure de montalent et de mes moyens, c'est qu'il a pour ce bas mondele mme mpris qu'en ont les saints et qu'il en est dta-ch autant que les asctes, au point que si, dans sa g-
nrosit, il donnait le monde entier et y ajoutait encorele double, son mpris est tel pour les richesses de ce
monde qu'il croirait s'tre montr avare. 11 donne la ma-nire de celui qui ne laisse pour lui que la bonne renom-
me et qui la ressuscite; il puise ses richesses et ils'acharne les dtruire. C'est d'un tel homme qu'on a dit :
critique importun, ce n'est pas la libralit qui me fera
1. C'est une locution proverbiale, que le Mouhit al-mouhil, I, 370,
explique ainsi 4jiJL4l ^^ iJA^]^ ^\Ss-\ V(_$l C'est--dire, sans qu'on
puisse le taxer d'exagration. Celte locution est employe dans un hadilh(tradition), o Mahomet aurait dit :
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HISTOIRi: DES DYNASTIES MUSULMANES 13
prir, et ce n'est pas l'avarice sordide qui rendra ternelle l'me
qu'elle possde.
Les belles qualits de l'homme de cur seront encore vantes,alors que ses os seront enfouis dans la terre, alors que leurs dbris
seront tombs en poussire.
Les nobles [)roccupatious du prince de Mossoul s'l-
vent jusqu' toucher les cieux et dpasser les Gmeaux;de l sa connaissance intime de la science des astres. Car
un tel homme est arriv les connatre en s'levant jus-qu' eux et en les abordant de prs, non pas en appelant son aide les calculs et l'astrolabe. Parvenu ces hauteurs
clestes, les astres des cieux lui ont confi leurs secrets.
S'tant lev ces sublimes rgions il a heurt les sphres
clestes, et de l'Orient l'Occident les sphres clestes
lui ont cont leur histoire.
Ses grandes penses ne connaissent pas de limites ; la moindre
d'entre ses penses est plus vaste que le temps.
Les prcieuses richesses qu'il possde ne restent pas
entasses dans ses coffres, elles n'ont pas d'autres mai-
sons pour y tre gardes que les maisons de ses sollici-
teurs.
Pour nous, si quelque jour nos dirhems se runissent, c'est 12pour se disputer qui s'envolera le plus tt vers les chemins
des nobles actions.
Le dirhem orn d'empreintes ne se familiarise pas avec noire
bourse, il ne fait que passera cl et s'en va '.
L'ivresse n'influe pas autrement sur sa gnrosit que
ne le fait le rveil de lvresse, lorsqu'il fait pleuvoir les
ondes bienfaisantes de sa gnrosit.
1. Ce vers est cit dans le Mouhlt al-mouliit, II, n. 117t;, avec les deux
lgres variantes suivantes: ^o "Jj LT^ ^j^^Ja4l *Aj-vJl ^^\ V^i-LUl* aJfc j L/s^-lc- 'i Le dirhem frapp ne se familiarise point avec notre
bourse ; mais il passe cl en conlinuanl son chemin. "
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14 ARCHIVES MAROCAINES
Dgris, il renouvelle les prsents qu'il a faits tant ivre, alin
qu'on sache bien que chez lui cette gnrosit est consciente.
Ainsi, quand il rpand ses bienfaits, ce n'est pas de lui qu'un
envieux pourrait dire : c'est seulement sous l'empire de la bois-
son, fille de la vigne, qu'il se montre gnreux.
Un des secrets de sa gnrosit, c'est qu'elle ne dg-nre jamais en gaspillage, tout en tant la plus large du
monde, car elle se rpand sur le terrain le plus excellent
et se dploie sur le sol le plus propice. Chaque fois qu'un
homme se prsente lui plein d'esprance ou implorantsa charit, il s'empresse de venir son secours avec la
rapidit du torrent courant vers les basses valles.
S'tant pris des actions gnreuses, il en a passionn-
ment aim la gloire. Qu'ils sont rares les amoureux des actions
gnreuses !
Il a achaland le march de la gloire, alors que le march de
la gloire n'tait pas jusque-l compt au nombre des marchs.
Clbre donc ses bienfaits : ce sont moins des bienfaits que
des colliers dignes d'orner les cous des belles.
Et baise le bout de ses doigts, car ce sont moins des doigts que
des clefs du bien-tre.
Et j'imagine, lecteur de ce livre, que tu as tax
18 d'exagration ce que tu viens d'entendre. Si tu as conu
quelque doute, considre les principaux personnages de
ce sicle, tu trouveras qu'ils se disputent pour un atome,
tandis que lui ne tient pas compte mme d'une perle ; tutrouveras qu'ils sont ardents pour thsauriser, tandis que
lui ne recherche avidement que la gloire voyageuse et
la renomme aile ; tu les trouveras comme possds parl'amour de leurs enfants, alors que lui, c'est l'amour des
mendiants et des solliciteurs qui l'absorbe tout entier ; tu
trouveras (|u'ils se soustraient au paiement des dettes,
tandis (pie lui le regarde comme le plus excellent desprofits.
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llISTOIRi: DES DYNASTIES MUSULMANES 1.-,
Et regarde encore une fois, lu trouveras que, chez eux.
les pomes composs leur louange sont dans le ma-rasme, tandis qu'ils sont chez lui d'une bonne vente ; elconsidre, tu verras que, chez eux, les nobles actions sont
liges comme la glace, tandis que chez lui elles coulent pleins bords. Et regarde sa porte enfin, tu la trouveras
j)euple de ceux qui lui ajiportent le tribut de leurslouan-
ges, encombre par les lettrs, les j)otes, les hommes degrands talents et les hommes d'loquence :
L'oiseau s'abat partout o il trouve ramasser des grains;
c'est ainsi (pie les demeures des hommes gnreux sont frquen-tes.
Et par Allah ! il n'y a de vrai monde que le sien, et lavritable vie est celle qu'il mne et dont Allah l'a gratifi.
La vie, pour l'homme bien n, ne consiste pas se coucher lesoir rassasi satit, le corps alourdi par l'embonpoint,
Ni s'adonner passionnment l'usage du vin et l'amour desgazelles du harem'.
La vraie vie, pour l'homme bien n, consiste abaisser sesennemis et prter main-forle son client,
De manire devenir la fois un objet de crainte et d'esp-rance, faire remarquer sa fortune et son luxe.
Et appliquer son activit soit aux belles-lettres, soit au com-mandement-.
Mais reprenons le fil de notre rcit et achevons notre 11
discours. Les destins combinrent donc qu'on pronont
mon nom en sa prsence et qu'on lui donnt quelquesdtails mon sujet. Ce qu'on lui dit de ma personne fitentrevoir la clairvoyance de son esprit et la justesse
1. Lillralement : les gazelles du rideau. Cliez les Araltcs, comme on lesait, les femmes ne se montreiil pas et se lieunenl dans la partie arrirede la lente, dissimulc'-es derrii-e un rideau, r|ui porlago ainsi la lente endeux pices.
2. A devenir soil lulHh, soil mir.
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16 ARCHIVES MAROCAINES
de sa conception la ralit de ma situation avant que nousnous fussio